Réconciliation Pour l’Afrique
Réconciliation pour l’Afrique
Une ressource pour la réconciliation ethnique à partir de la Bible et de l’histoire
By, Craig S. Keener et MédineMoussounga Keener
First Fruits Press
Wilmore, Kentucky c2023
ISBN: 9781648171963
Réconciliation pour l'Afrique : une ressource pour la réconciliation ethnique à partir de la Bible et de l'histoire / Craig Keener et Médine Moussounga Keener.
First Fruits Press, ©2023.
Translation of: Reconciliation for Africa : resources for ethnic reconciliation from the Bible and history.
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Keener, Craig S., 1960Réconciliation pour l'Afrique : une ressource pour la réconciliation ethnique à partir de la Bible et de l'histoire [electronic resource]/ Craig Keener et Médine Moussounga Keener. – Wilmore, Kentucky : First Fruits Press, ©2023.
1 online resource (74 p. : port.) : digital.
Translation of: Reconciliation for Africa : resources for ethnic reconciliation from the Bible and history
Reprint. Previously published: Saint-Albain : Publications pour la jeunesse africaine, 2009
ISBN: 9781648171956 (paperback)
ISBN: 9781648171963 (uPDF)
ISBN: 9781648171970 (Mobi)
OCLC: 1398226486
1 Reconciliation Africa Religious aspects Christianity 2. Reconciliation Religious aspects Christianity. 3 Reconciliation Biblical teaching. 4 Africa Race relations. I. Title. II. Keener, Médine Moussounga
BT738.K4414 2023eb
Cover design by Amanda Kessinger
261.8096
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Préface
Je crois que notre monde est au bord de l’autodestruction et de la mort parce que la société dans son ensemble a profondément négligé ce qui est plus humain, plus précieux et plus fondamental : l’activité de l’amour – le travail de la communication humaine, le fait de prendre soin et de veiller sur les liens de la communauté.
Notre voyage humain doit être guidé par notre compréhension de la façon dont Jésus a vécu. Ceci est l’expérience commune des humains : lorsqu’on nous fait violence, nous luttons contre des sentiments de colère et d’amertume, nous luttons contre le fait de ne pas nous accrocher à nos heurts, nous luttons contre le fait de pardonner. Plus l’offense est grande, plus profonde est la blessure, et alors plus nous avons des difficultés à prier avec Jésus, « Père, pardonneleur, car ils ne savent pas ce qu’ils font ».
Le genre d’instruction le plus important est de trouver un moyen de faire la paix avec nous-mêmes et de l’offrir à d’autres, tant sur la plan spirituel que politique. Accepter nos limites et nos différences d’avec les autres c’est trouver le contentement qui donne à la vie sa plus grande valeur. Cela nous donne la liberté de croître sans restriction et de régler les disputes sans pression externe.
La réconciliation est un concept chrétien d’importance. Dans 2 Corinthiens 5.18-19, Paul dit :
Et tout cela vient de Dieu qui nous réconciliés avec lui-même par Christ, et qui nous a donné le ministère de la réconciliation. Car Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même, en n’imputant point aux hommes leurs offenses, et il a mis en nous la parole de la réconciliation.
Par Christ, nous faisons l’expérience de la réconciliation avec Dieu et nous aspirons aussi à la réconciliation dans nos relations humaines, surtout ces relations qui ont été brisées par des conflits.
Les auteurs de ce livre, le professeur Craig Keener et son épouse africaine, ont une expérience personnelle de la souffrance causée à plusieurs dans notre monde divisé. En raison de leur passion pour la réconciliation, les auteurs discutent d’une façon claire et érudite des conflits divers dans différentes parties du monde et des effets désastreux qu’ont ces conflits sur les relations humaines. Ils montrent clairement l’importance de la réconciliation ethnique pour une coexistence pacifique entre les peuples ayant des origines raciales, tribales et religieuses différentes, en particulier dans les pays africains aujourd’hui. Ils présentent l’enseignement scripturaire sur ce que Dieu attend de nos relations interculturelles.
J’encourage les pasteurs, les dirigeants de l’église, les amoureux de la paix qui désirent une bonne entente entre les peuples, et tous ceux qui veulent être de véritables disciples du Prince de la Paix, à avoir en leur possession une copie de ce livre pour leur bibliothèque et leur famille. Ce livre important montre la voie vers la paix dont on a sérieusement besoin sur le continent africain et en fait dans chaque partie du monde qui est divisée par des guerres et d’autres conflits permanents.
— Professeur Joseph Ilori Président de la Faculté Théologique Baptiste du Nigéria, OgbomosoChapitre 1
L’histoire de l’église primitive et le besoin pour la réconciliation
L’enseignement biblique sur la réconciliation ethnique se trouve au centre de ce livre. Nous commençons cet ouvrage en parlant de ce que l’histoire et les événements récents nous montrent au sujet de l’intérêt et de l’importance de ce sujet aujourd’hui.
« Ethnique » vient du mot grec pour « peuples », qui apparaît fréquemment dans le Nouveau Testament. Le monde d’aujourd’hui est rempli de conflits ethniques et de haine, c’està-dire d’affrontements entre les peuples. La plupart des nations ont des minorités et des tensions. L’égoïsme motive une grande partie du péché humain, et lorsque cet égoïsme va au delà des individus pour atteindre des groupes, il peut engendrer le préjudice, la discrimination, et même le génocide. Cependant la Bible nous offre à la fois une chance et une exigence pour la réconciliation ethnique.
L’enseignement chrétien sur la réconciliation ethnique n’est pas seulement une doctrine qui doit être placée sur une étagère théologique comme beaucoup de doctrines que les étudiants en théologie ont la satisfaction d’apprendre. L’histoire chrétienne démontre que c’est une question de vie ou de mort, à la fois pour l’individu et pour l’église de Christ. A des moments critiques dans l’histoire chrétienne, les églises dans différentes
parties du monde ont provoqué leur affaiblissement possible et leur destruction en faisant faillite dans leur unité.
L’extinction de la chrétienté orientale
Compte tenu du fait que l’enseignement de l’histoire de l’église en Afrique a été fait par ceux qui ont appris cette discipline auprès des occidentaux (des Européens ou des NordAméricains), l’accent est naturellement mis sur les éléments européens et occidentaux de l’histoire de l’église ; l’église dans d’autres régions est ainsi négligée.
Aujourd’hui, lorsque les chrétiens africains pensent aux chrétiens de l’époque médiévale, ils pensent souvent à l’Europe de l’Ouest ou peut-être à l’église florissante en Afrique de l’Est. Mais le puissant empire d’Axoum en Afrique de l’Est, situé là où se trouve l’actuelle Éthiopie, s’était converti au christianisme au début du quatrième siècle, à peu près au même moment que l’empire romain s’était converti. Le christianisme s’était répandu en Nubie, au Sud de l’Égypte, là où se trouve le Soudan actuel, tout au long du siècle suivant jusqu’à ce que les royaumes dans cette partie du monde se fussent convertis au sixième siècle. Ces royaumes étaient demeurés, pour la plupart, chrétiens, forts et prospères jusqu’à leur conquête finale au seizième siècle.
Souvent, nous passons à côté de la grande histoire de l’église en Égypte, en Asie de l’Ouest et au Moyen-Orient. Nous ignorons particulièrement la forte église dans des terres qui s’appellent maintenant la Turquie et la Syrie. Plusieurs historiens croient qu’à travers une grande partie du Moyen Âge, plus de chrétiens habitaient dans ces terres qu’en Europe occidentale où la population était en plus petit nombre. Le christianisme s’est d’abord répandu, de façon plus rapide et avec la persécution la moins sévère, dans la partie occidentale de l’empire romain, y compris l’Égypte et les régions fortement
peuplées et prospères de l’Asie Mineure (La Turquie) et de la Syrie. Sa force a persisté dans cette partie du monde pendant plus d’un millénaire.
Plusieurs historiens soutiennent qu’au Moyen-Orient, les chrétiens sont restés majoritaires parmi la population, et ce jusqu’aux siècles récents ; surtout dans le monde méditerranéen oriental. Ceci est resté vrai pendant des siècles même sous les gouvernements islamiques. Les nombres des chrétiens ont diminué avec le temps à cause de divers moyens de pression économique et civile (certains régimes étaient plus tolérants que d’autres), mais une large présence chrétienne a continué à exister en tant que minorité même jusqu’au vingtième siècle. Toutefois, le génocide des Arméniens par les Turcs au début du vingtième siècle et l’émigration massive des chrétiens hors des pays de l’Orient islamique dans les dernières décennies de ce siècle, ont produit une minorité plus petite des populations chrétiennes au Moyen-Orient aujourd’hui.
Le malaise et l’émigration des chrétiens étaient provoqués en partie par l’insensibilité culturelle de l’ingérence politique occidentale au Moyen-Orient. Auparavant, certaines parties de la Turquie étaient même restées sous le contrôle des gouvernements chrétiens jusqu’à la chute de Constantinople qui constituait les dernières restes de l’empire romain oriental. Cependant, ce qui a détruit Constantinople en 1453 est instructif pour nous. Peu de temps avant sa conquête, les dirigeants à Constantinople et à Rome avaient ourdi un plan pour une alliance qui pouvait repousser les envahisseurs ; ils espéraient sauver Constantinople en unissant les églises orientales et occidentales. Mais, la majorité des personnes à Constantinople rejetèrent l’aide occidentale. Ils disaient, « nous préférons tomber aux mains des Musulmans que de compter sur les chrétiens latins ». Et cela arriva ainsi.
Pourquoi la plupart des citoyens de Constantinople étaient-ils hostiles aux chrétiens dirigés par l’église occidentale ? Une grande partie de la réponse se trouve dans la terrible période des croisades. A cette époque, l’Europe occidentale était désunie à la suite d’un système féodal préchrétien
emprunté auprès de l’empire romain rural. Différentes régions étaient souvent en guerre contre d’autres régions jusqu’à ce que quelques dirigeants de l’église aient trouvé une nouvelle direction commune pour leurs hostilités.
Pendant des siècles, les chrétiens en Orient vivaient paisiblement sous des dirigeants musulmans, de la Syrie en Irak, sauf lors des troubles sporadiques sous des dynasties plus répressives. Les chrétiens occidentaux pouvaient faire des pèlerinages en Terre Sainte, une pratique que plusieurs chrétiens occidentaux au Moyen Âge ont commencé à regarder comme étant leur devoir religieux nécessaire. Le problème s’est présenté lorsque les Turcs Slejuks ; des convertis relativement récents à l’Islam, ont pris le pouvoir et ont remplacé les régimes islamiques plus tolérants qui les ont précédés. Ces Turcs Slejuks se sont montrés plus durs envers les chrétiens et ils ont interdit aux chrétiens occidentaux de faire le pèlerinage. Nous ne saurons jamais si les moyens diplomatiques occidentaux auraient pu résoudre la crise. Mais, certains prédicateurs occidentaux ont décidé d’une stratégie pour « libérer » la Terre Sainte de la loi islamique. Les partisans chrétiens de ces croisades ont fait tout ce que les Turcs Slejuks ont fait en termes de conquête et de violence, mais contrairement aux chrétiens, les Slejuks n’ont jamais affirmé être un modèle de charité chrétienne. Parmi ces chrétiens occidentaux, il y avait un mélange de chrétiens authentiquement pieux d’une part et d’aventuriers à la recherche de butin d’autre part. La grande majorité de ces personnes avait une compréhension insuffisante des traditions chrétiennes non-occidentales. Bien qu’ils regardent les chrétiens locaux comme des alliés naturels plutôt que des ennemis, ils étaient impatients d’établir la
suprématie des pratiques chrétiennes occidentales. Les églises orientales et occidentales étaient déjà divisées à cause de certaines questions doctrinales ; et les églises orientales, tout en respectant l’évêque de Rome, n’avaient jamais accepté son autorité suprême sur leurs propres domaines.
Cependant, l’acte le plus abject contre la chrétienté orientale a eu lieu lorsque la quatrième croisade (1198-1204) est devenue incontrôlable et a fait un détour sur Constantinople, au comble de l’horreur de Rome. Une croisade qui était soidisant destinée à attaquer une dynastie en Égypte, a plutôt saccagé la capitale de la chrétienté orientale, se terminant avec trois jours de massacre. Constantinople s’était éventuellement rétablie, mais elle ne put jamais retrouver sa force d’antan. Comme résultat de son état affaibli, Constantinople est finalement tombée aux mains des envahisseurs islamiques en 1453. Parmi ces envahisseurs, il y avait des janissaires ; c’est-àdire des guerriers islamiques arrachés originairement auprès des familles chrétiennes en tant qu’enfants, car la plupart des sujets des Turcs ottomans étaient encore des chrétiens et les Turcs étaient obligés de recruter leurs armées parmi eux. Ils avaient enlevé un cinquième des enfants de leurs sujets pour leur armée, leur interdisant le mariage, sauf pour les officiers ayant subi une formation musulmane. L’armée avait aussi des mercenaires chrétiens, et elle utilisait des canons conçus pour eux par un ingénieur allemand.
Constantinople est finalement tombée, les envahisseurs ont assassinés des prêtres à l’autel de l’église la plus spectaculaire de la chrétienté, et presqu’immédiatement la plupart des églises de la ville ont été transformées en mosquées. Mille ans de pouvoir chrétien en Orient où le christianisme a été numériquement très fort, ont pris fin de façon soudaine.
La division parmi les chrétiens de l’Afrique du Nord
Ce n’est pas l’Islam par lui-même qui a détruit l’empire chrétien byzantin dont le siège se trouvait à Constantinople. Les chrétiens ont ruiné leur propre cause, et les musulmans ont simplement fini le travail.
Les chrétiens auraient dû connaître les risques de leur division, car l’histoire offre déjà des témoignages éloquents du danger de la désunion. L’église en Afrique du Nord orientale avait été divisée entre les éléments locaux (alliés surtout au mouvement donatiste) et les éléments latins. L’église de l’Afrique du Nord avait engendré certaines des premières et des plus grandes théologies de l’église occidentales avec des érudits et des dirigeants comme Tertullien, Cyprien et Saint Augustin. Mais ils écrivaient et argumentaient surtout dans la culture latine de l’empire romain au détriment de la culture locale berbère. Plus tard, l’église avait enduré de terribles souffrances aux mains des envahisseurs barbares venant de l’Europe septentrionale, des barbares qui tenaient à une version sérieusement déficiente des enseignements chrétiens (l’arianisme qui niait la pleine divinité de Jésus, un peu comme les témoins de Jéhova aujourd’hui). Comme conséquence, l’église ne put offrir une réponse unie aux invasions des arabes musulmans, et certains chrétiens locaux se souciaient peu des personnes qui contrôlaient la région aussi longtemps qu’ils vivaient dans une paix relative.
Pendant ce temps, la puissante église d’Égypte, qui avait fourni à l’église primitive les plus grands théologiens (comme l’évêque noir africain Athanasius), luttait cependant contre l’impérialisme de l’empire byzantin gouverné par Constantinople. La ville d’Alexandrie en Égypte rivalisait avec Antioche en Syrie, comme étant le centre principal de théologie et de leadership de l’église en Orient. Maintenant les conflits avec
Antioche, et surtout avec le gouvernement de Constantinople, ont divisé l’église. La presque totalité de l’église en Égypte, en Nubie et en Éthiopie tenait à une doctrine qui était un peu différente de celle en vigueur à Constantinople. Tandis que la plupart des théologiens aujourd’hui considèrent ce désaccord comme une question de sémantique de peu d’importance, les répercussions politiques se sont avérées sérieuses.
Lorsque les envahisseurs arabes musulmans sont entrés en Égypte dans les années 600, les chrétiens égyptiens les ont principalement accueillis comme des libérateurs venus les délivrer de la répression byzantine. (Une telle délivrance a probablement été l’effet initial sous des régimes islamiques tolérants. Mais quelques unes des générations ultérieures étaient moins tolérantes, et au fil des siècles la position majoritaire de l’église dans la société a été sérieusement affaiblie jusqu’à son statut minoritaire actuel).
La Nubie, au sud de l’Égypte, était demeurée une civilisation fortement chrétienne pendant à peu près mille ans. Cependant, les chrétiens nubiens dépendaient des centres théologiques situés en Alexandrie et en Éthiopie pour leur envoyer un clergé instruit. Lorsque l’Égypte et l’Éthiopie ne pouvaient plus prêter leur prêtres, la capacité nubienne d’enseigner son peuple a décliné dans les quelques années suivantes. La civilisation qui avait finalement succombé aux envahisseurs venus du Nord, s’était affaiblie non seulement sur le plan politique, mais aussi sur le plan théologique. Est-ce possible que parfois Dieu utilise les envahisseurs pour juger les régions qui se disent chrétiennes lorsque nous lui désobéissons, comme il avait jugé Israël ?
L’histoire offre une série de leçons douloureuses à une église divisée.
Des exemples dans l’histoire plus récente
Des exemples de l’importance vitale de la réconciliation ethnique, surtout parmi les chrétiens, apparaissent non seulement dans l’histoire de l’Église primitive, mais aussi dans l’histoire plus récente. Du côté négatif, on pense au nationalisme au sein de divers pays européens ayant de larges populations chrétiennes, nationalisme qui a conduit au déclin de la foi chrétienne en Europe. Mais, il y a aussi des histoires encourageantes. Nous racontons simplement ici des exemples de quelques unes d’entre elles.
Quelques exemples en Occident
Bien que la Bible ait beaucoup à dire au sujet de la réconciliation ethnique, les chrétiens occidentaux enseignaient souvent très peu à ce sujet parce que beaucoup d’entre eux considéraient cela comme étant un aveuglement culturel. Certains chrétiens aux États-Unis (d’où l’un des auteurs de ce livre est originaire) pensaient très peu au sujet de la réconciliation ethnique dans leur pays pour le considérer ailleurs. Néanmoins plusieurs d’entre eux ont été instruits à ce sujet. En effet, on peut fournir beaucoup plus d’exemples de chrétiens travaillant pour la réconciliation ethnique avec d’autres chrétiens, et en tant que partisans de la paix parmi les peuples, que l’espace que nous utilisons ci-dessus ne nous permet.
Même si la plupart des Africains savent que les Africains ont participé dans le commerce et le transport des esclaves, et dans la guerre contre les membres des tribus rivales, les trafiquants d’esclaves occidentaux et arabes ont introduit les conditions les plus brutales dans la traite des esclaves noirs.
Les Arabes utilisaient les esclaves depuis le début de l’Islam (et même avant), et vers le neuvième siècle ils avaient développé plusieurs stéréotypes négatifs des Africains. Malgré le fait que les premiers Africains avec lesquels ils sont entrés en contact étaient des chrétiens nubiens qui ont repoussé leurs assauts pendant des siècles, au dix-neuvième siècle beaucoup d’Arabes associaient les Africains avec le commerce des esclaves, surtout en Afrique de l’Ouest.
Ces stéréotypes négatifs ont été transmis aux Espagnols et aux Portugais, et à partir d’eux ils ont été transmis aux Anglais et aux Américains qui se sont joints plus tard à la traite des noirs à une échelle plus massive que leurs prédécesseurs. Cependant, comme résultat du mouvement de réveil des Wesley en Grande Bretagne, certains chrétiens ont commencé à réclamer l’abolition du commerce des esclaves africains. Les méthodistes avaient dénoncé l’esclavage depuis le début de leur mouvement. Ils avaient profondément influencé William Wilberforce et ses alliés, parmi lesquels il y avait un trafiquant d’esclaves converti, répondant au nom de John Newton et auteur de « Amazing Grace » (Grâce merveilleuse). Ces chrétiens ont organisé des groupes de pression contre l’esclavage jusqu’à ce qu’enfin, lorsque Wilberforce était sur son lit de mort, l’esclavage a été aboli au sein de l’empire britannique.
Mais pendant que l’esclavage était aboli dans toutes les colonies britanniques, les États-Unis n’étaient plus une colonie britannique. Malgré les idéaux américains de liberté vis-à-vis de la loi britannique, les états du Sud ont refusé d’accorder la liberté aux esclaves africains. Toutefois, plusieurs chrétiens
s’efforçaient de traverser les barrières raciales, certains même dans le Sud. Au début, plusieurs pasteurs noirs dirigeaient des églises interraciales malgré la persécution que de tels ministères attiraient de la part des racistes. David George (1743-1810), un Africain-Américain né dans l’esclavage, qui avait affronté la persécution pour avoir baptisé une femme blanche, a établi plus tard la première église baptiste en Afrique de l’Ouest.
Beaucoup de chrétiens noirs et blancs ont dénoncé l’esclavage, de l’évêque anglican William Fleetwood en 1710 aux quakers, méthodistes, et d’autres dans le même siècle. Dans les années 1830, Charles Finney et d’autres évangélistes dévoués au réveil de la foi, ont conduit des centaines de milliers de personnes dans un nouvel engagement à Christ. Ensuite, ils ont enrôlés leurs convertis dans la cause antiesclavagiste. Bien que la plupart des chrétiens qui étaient opposés à l’esclavage le faisaient de façon pacifique, d’autres se sont engagés dans des révoltes d’esclaves. Un grand nombre de ceux qui ont dirigé ces révoltes étaient esclaves eux-mêmes, mais quelques chrétiens blancs, comme John Brown et George Boxley, ont aussi mené des révoltes d’esclaves.
Malheureusement dans les années 1800, plusieurs Américains considéraient l’abolitionnisme (le mouvement pour l’abolition de l’esclavage) comme étant trop radical, surtout lorsque l’extrême gauche du mouvement abolitionniste commençait à demander l’abolition de toute autorité et celle du gouvernement. Déjà marginalisés comme « extrémistes » à cause de leur point de vue sur l’abolition, beaucoup d’abolitionnistes avaient peur de prendre une position publique pour « l’amalgamation », c’est-à-dire le mélange des Noirs et des Blancs dans les réunions publiques. Par conséquent en 1838, la plupart des hommes abolitionnistes conseillèrent à la Convention Antiesclavagiste des Femmes de Philadelphie (Philadelphia Women’s Antislavery Convention) de ne pas
provoquer des troubles en allant aux réunions ensemble comme un groupe racialement mixte. Le tollé public contre de telle « amalgamation » était si grand que les habitants de Philadelphie brûlèrent de fond en comble le lieu où les femmes blanches et noires s’étaient réunies. (Et Philadelphie était à l’époque un des endroits où les Afro-Américains se sentaient le plus en sécurité).
Néanmoins, les femmes noires et blanches se rencontrèrent encore le jour suivant et elles publièrent une résolution déclarant que « le préjugé contre la couleur de la peau est l’esprit même de l’esclavage », que cela était « inique » et qu’elles allaient continuer à se rencontrer dans des maisons, des églises, et partout ailleurs. On peut multiplier d’autres exemples, beaucoup plus au vingtième siècle qu’au dix-neuvième siècle, mais ceux-ci illustrent la manière dont les convictions chrétiennes peuvent conduire les membres d’un groupe ethnique à travailler pour la justice et pour l’unité avec les personnes d’un autre groupe ethnique.
Quelques exemples en Afrique
On peut proposer de nombreux exemples en Afrique, mais, comme en Occident, nous apportons ici seulement des échantillons. Joséphine Munyeli, par exemple, s’est enfuie de son village au Rwanda lorsque le génocide est arrivé là-bas. Elle a aussi aidé certains voisins à se sauver. A présent elle travaille avec World Vision Rwanda. Son travail lui permet d’aider les auteurs des crimes et leurs victimes à se réconcilier. Beaucoup d’autres personnes travaillent dans ce sens. La seule voie vers une guérison actuelle et future est de s’attaquer au problème du passé et de travailler pour la restauration de ce qui reste.
L’évêque Macleord Ochola de l’Église de l’Ouganda a passé plusieurs années en exile, loin de son pays. Sa femme
est morte en 1977 à cause des mines antipersonnel et sa fille est morte après avoir été violée par des rebelles. Il parle de la peine causée par ces expériences. Cependant, il conclut en disant, « Dieu m’a donné la puissance de l’amour pour pardonner ».
Jacob Oyoro de l’Alliance Évangélique du Soudan a enduré la torture et l’assassinat de ses deux fils. Néanmoins, il continue à travailler dans son pays malgré l’opposition qu’il rencontre pour cette cause. Ces récits ne sont que des échantillons ; les trois derniers proviennent du rapport de 2006 sur le rassemblement pour la réconciliation des Grands Lacs. Les exemples peuvent être multipliés à partir de presque tous les mouvements chrétiens et aussi de la plupart des pays. Certains d’entre vous qui lisez ce livre, avez vos propres récits.
Notre ami, Dr Katho Bungishabaku, le directeur du séminaire théologique de Bunia au Congo Kinshasa, a fait l’expérience des difficultés qui résultent des conflits ethniques. Parce qu’il appartient à un petit groupe ethnique méprisé, un chrétien qui fait partie d’un groupe ethnique proéminent lui a dit un jour, « il te faut couper ma main avant que je ne te fasse une recommandation » pour le séminaire. La plupart des pasteurs que le Dr Bungishabaku connaissait, avaient envoyé leurs fils participer à la guerre qui avait dévasté son pays ; une guerre qui a laissé un total d’au moins 4 millions de morts, des centaines de femmes violées et mutilées, et un grand nombre de sans abris.
Lorsque Monsieur Bungishabaku travaillait sur sa thèse de doctorat en 2001, il repartait quelquefois dans son pays pour de courtes visites, et souvent trouvait des centaines de réfugiés vivant dans les environs de sa maison. Plus tard, au cours de cette année, un massacre avait tué plus de 1 000 personnes dans un hôpital tout près de chez lui et parmi les morts il y avait son
frère et sa sœur. Il connaissait certains des tueurs qui se disaient être chrétiens.
Parler de l’amour et du pardon de Christ ne vient pas à moindre coût ; parfois c’est très douloureux. Mais, si Christ est véritablement Seigneur, nous devons lui être plus loyaux qu’à notre groupe ethnique ou tribu, même si beaucoup d’autres refusent d’en tenir compte. Le frère Katho insiste sur le fait que l’église doit jouer un rôle primordial dans la construction d’une nouvelle société fondée sur l’amour du Christ et elle doit aider les gens à penser d’une nouvelle façon.
Des exemples de la part des auteurs
Nous prenons une pause ici pour offrir quelques exemples de première main qui illustrent des événements qui ont contribué à notre propre engagement pour la réconciliation.
Les Noirs américains et les Blancs d’Amérique vivaient souvent dans des voisinages séparés, même lorsque Craig grandissait. Quand Craig s’est détourné de l’athéisme et s’est converti à travers une rencontre avec le Christ, il est devenu un ami très proche d’un autre converti récent qui était d’origine afro-américaine. Ils commencèrent à témoigner l’évangile ensemble auprès des autres personnes. Parfois les Noirs américains étaient méfiants à l’égard des Blancs et vice-versa. Mais en travaillant en équipe, Craig et son ami ont pu partager Christ avec toutes les personnes qu’ils rencontraient dans leur ville.
Tout juste avant de commencer ses études doctorales, alors que Craig traversait la tragédie la plus difficile de sa vie, des chrétiens afro-américains l’ont adopté de façon non officielle dans leur famille. Puisque leurs églises avaient eu à faire face à l’esclavage et à la discrimination, ils savaient comment s’occuper
de la douleur, et ils soignèrent Craig avec amour jusqu’à son rétablissement. Bien que Craig soit originaire du Nord des États-Unis, c’est dans le Sud qu’il avait rencontré ces chrétiens et allait dans leur église. On n’apprend pas la réconciliation à partir d’un livre, mais à partir des amitiés authentiques avec des personnes appartenant à d’autres groupes ethniques. Et, de la part de ces frères et sœurs en Christ que Craig aimait, il fut exposé à leur souffrance.
Après cela, il commença à lire et à apprendre beaucoup de choses sur leur culture, et il fut choqué de découvrir ce que des personnes qui lui ressemblaient avaient fait aux personnes qui ressemblaient à ses amis. Il réalisa ce que cela coûtait à ses amis de l’aimer de l’amour de Christ. Il décida de se joindre à eux et de travailler pour la justice en leur faveur. Même si avant de venir dans le Nord il était pasteur d’une congrégation multiculturelle, il était à présent ordonné dans une église afroaméricaine. Et, depuis cet événement, il a servi, pour la plupart des années, comme pasteur associé dans des églises noires américaines, sous la direction des pasteurs afro-américains. Craig a vécu pendant cinq ans environ comme étant la seule personne blanche dans des quartiers noirs, et il a enseigné pendant quatre ans dans une faculté théologique afroaméricaine.
Lorsqu’il a commencé à enseigner dans une faculté théologique multiethnique, son meilleur ami, Emmanuel Itapson, était un pasteur nigérian qui étudiait aux États-Unis. Grâce aux instances d’Emmanuel, Craig a passé trois étés à enseigner au Nigeria. Il a appris beaucoup de choses au sujet du Nigeria à partir de ses étudiants, y compris la rivalité et le préjudice qui existent parfois entre les différents groupes ethniques. Il a appris que le « racisme » n’était pas seulement un problème entre « Noirs » et « Blancs » et qu’il n’existait pas seulement aux États-Unis.
Pendant toutes ces années, Craig est resté en contact avec une amie chrétienne engagée qu’il avait rencontrée pendant ses études doctorales, et qui était une étudiante étrangère venant du Congo-Brazzaville. Elle faisait ses études en France et était venue aux USA pour une année académique dans le cadre d’un programme d’échange d’étudiants. A la fois en France et aux États-Unis, son amie Médine a connu des Blancs racistes, mais elle a aussi connu des Blancs chrétiens comme Craig, qui ont pris soin d’elle de façon authentique. Après avoir soutenu sa thèse de doctorat, elle est retournée dans son pays et a rencontré un problème ethnique plus difficile, qui l’a affecté personnellement : les conflits entre les différentes régions au Congo-Brazzaville.
Ces conflits ont finalement explosé en une guerre à l’échelle nationale, forçant Médine et sa famille à fuir dans la forêt en poussant leur père invalide dans une brouette. Avant de fuir, Médine confia une lettre auprès d’un cousin qui voyageait à l’étranger. Elle savait que lorsque Craig l’aurait reçu, il prierait sans cesse pour elle.
Au moment où Craig reçu la lettre, la maison des parents de Médine, et une grande partie de la ville où elle était, avaient déjà étés détruites. Chaque jour il demandait à Dieu de protéger son amie, chaque jour il allait vers sa boîte aux lettres dans l’espoir de trouver une lettre de Médine lui disant qu’elle avait pu s’échapper. Il y avait peu de raison d’espérer pour sa survie, sauf l’assurance que Craig avait reçu dans son cœur en priant que Dieu avait un plan pour lui et pour Médine.
Cependant, même lorsque la famille n’était pas en pleine fuite, Médine et ses sœurs marchaient pendant des kilomètres pour se procurer de la nourriture, souvent à travers des marécages infestés de serpents et de fourmis. Chaque personne dans la famille de Médine avait frôlé la mort à un
moment donné. En fait, ils avaient accidentellement laissé les médicaments de diabète et de hausse de tension de leur père sur la table. Lorsque la maman avait voulu repartir pour les chercher, le papa avait insisté qu’il préférait aller être avec Jésus que de laisser quelqu’un d’autre risquer sa vie pour ces médicaments. Mais, chacun d’eux avait miraculeusement survécu, du papa aux petits enfants.
Après une année et demie, Craig trouva un jour, dans sa boîte aux lettres, une autre lettre venant du CongoBrazzaville. « Je suis vivante », commençait la lettre. « Je suis Médine Moussounga, je suis en vie ». Après un cessez-le-feu, la famille était enfin sortie de la forêt, sans abri, affaiblie par la malnutrition et la maladie. Quelque temps après cela, Craig et Médine se fiancèrent, et après un long délai causé par les réglementations de visa, ils se marièrent.
Médine et sa famille étaient des réfugiés dans la forêt pendant 18 mois. Cependant, même dans ces conditions difficiles, ils ont été compatissants non seulement envers les personnes de leur propre tribu, mais aussi envers les personnes nécessiteuses venant des régions en guerre contre eux. De même, lorsque les soldats de leur village ont capturé et battu un mercenaire étranger qui était du côté de leurs ennemis, Médine et sa famille l’ont nourri et ont été gentils envers lui. Ils croyaient que l’amour de Christ leur exigeait de s’occuper de tout le monde.
Ce n’est pas toujours prudent au début de faire confiance à tous. Joseph avait d’abord éprouvé ses frères pour s’assurer qu’ils traiteraient bien Benjamin et qu’ils amèneraient son père une fois qu’il se serait révélé à eux. Mais, même avant de faire confiance, nous sommes obligés d’aimer.
Les divisions aujourd’hui
Dans plusieurs parties du monde aujourd’hui, il y a des divisions ethniques parmi les chrétiens. Bien sûr, de telles divisions ne sont pas des problèmes distinctifs des chrétiens. Le tribalisme existait en Afrique depuis avant l’arrivée des chrétiens. Il était souvent exacerbé par les autorités coloniales, mais l’église l’opposait plutôt. Pareillement, des tribus musulmanes se font la guerre en Somalie ; en Irak, des musulmans shiites et sunnites ont des relations tendues entre eux. La société indienne a été divisée il y a longtemps, surtout par caste.
En fait, beaucoup de chrétiens ont travaillé dur pour briser les barrières. Chacun connaît, par exemple, les divisions érigées par le régime blanc sud-africain à travers l’apartheid, et les efforts que des chrétiens (comme l’archevêque anglican Desmon Tutu) ont faits pour apporter la justice et la réconciliation.
Cependant, nous n’avons pas toujours réussi. En Inde, la conversion à la foi chrétienne brise et abandonne le système indien des castes. Mais dans certains milieux, les chrétiens indiens appartenant à une caste inférieure, font face au préjudice de la part des chrétiens venant d’une caste supérieure. Au Congo-Brazzaville, pays d’origine de la femme de Craig, Médine, les chrétiens venant de différentes tribus et régions ne se font pas souvent confiance les uns aux autres à cause de ce qu’ils ont vécu dans les autres régions. Heureusement, elle a aussi été témoin de la façon dont les chrétiens engagés originaires de tribus et ethnies diverses ont surmonté ces divisions.
Souvent, les personnes qui travaillent pour la réconciliation se trouvent elles-mêmes en danger dans un
large conflit dans lequel les parties opposées ne veulent pas se réconcilier. Au Rwanda, les employés évangéliques du GBU (Groupes Bibliques Universitaires) ont traversé les barrières ethniques dans leur travail. Il semble que dans le terrible génocide de 1994-1995, tous les soixante-six dirigeants des études bibliques avaient été tués. Dans l’ancienne Yougoslavie, beaucoup de leaders chrétiens avaient parlé contre la haine ethnique nationaliste parmi les peuples, mais en le faisant, ils sont allés à l’encontre des principes de leurs cultures. Au Sri Lanka, les chrétiens sinhalais et tamouls s’efforcent de travailler ensemble, mais ceci fait naître souvent contre les chrétiens la colère des Bouddhistes sinhalais et des Indous tamouls qui ont une longue histoire de conflits entre eux.
En 1993, dans le pays de Médine, une guerre précédente avait éclaté entre les « Ninjas » (les laris de la région du Pool) et les « Niboleks » (des régions du Niari, de la Bouenza et de la Lékoumou). Beaucoup de personnes venant des régions du NIBOLEK vivaient à Bakongo, un des quartiers de Brazzaville la capitale du pays, mais la plupart des gens qui y habitaient, venaient de la région du Pool. Lorsque la guerre éclata, les Niboleks étaient obligés de fuir Bakongo pour sauver leurs vies (tout comme les Ninjas devaient évacuer les quartiers à majorité niboleks). Pendant cette période, une femme lari qui habitait à Bakongo rencontra un jeune homme nibolek qui n’avait pas réussi à sortir du quartier à temps. On tuait les niboleks, et elle senti dans son cœur que le Christ lui demandait d’aider ce jeune homme car si elle l’abandonnait là, il allait être assassiné. Elle dit au jeune nibolek de prétendre qu’il était malade, ensuite elle le porta sur son dos pour le sortir du quartier. Elle était obligée de passer par différentes barricades, et à chaque arrêt, les gardes lui demandaient l’identité de l’homme sur son dos. Et chaque fois elle répondait que l’homme était un parent malade qu’elle emmenait à l’hôpital. Enfin elle le déposa hors de Bakongo ; elle sauva sa vie. Beaucoup de personnes dans plusieurs nations
ont des histoires similaires de courage sacrificiel pour l’amour de Christ.
Dans beaucoup de conflit, certaines personnes qui affirmaient aimer le Christ, ont plus aimé leur propre groupe ethnique au point de prendre part dans la violence. Mais Jésus nous averti que nous ne pouvons pas aimer quelqu’un d’autre plus que lui et être vraiment ses disciples (Matthieu 10.37). Les personnes réellement soumises à Christ comme étant leur Seigneur, ont défendu les autres et travaillé pour la paix.
La plus haute loyauté
Dans l’histoire ancienne et récente, les chrétiens dans des cultures variées ont parfois été divisés par région ou par ethnicité. Cependant, si Jésus Christ est notre Seigneur, notre loyauté envers ceux qui partagent notre foi commune en Lui doit aller au delà de notre loyauté envers des groupes basés sur la parenté, la tribu ou la langue. Au ciel, des personnes de toutes tribus, de toutes langues et de tous peuples se rassembleront devant le trône de Dieu (Apocalypse 5.9 ; 7.9). Si le ciel est l’endroit où nous voulons être, nous devons apprendre à apprécier ce à quoi le ciel ressemblera et à travailler de façon authentique pour que la volonté de Dieu « soit faite sur la terre comme au ciel » (Matthieu 6.10).
Si nous avons une loyauté plus forte que le lien de la foi en Christ, alors nous pouvons traiter Christ comme une autorité parmi tant d’autres, mais nous ne disons pas la vérité lorsque nous l’appelons notre Seigneur. Ceci ne nie pas le fait que nous puissions avoir des suspicions vis-à-vis des personnes qui nous ont fait du tort (cf. Genèse 42.9). C’est pour dire qu’en tant que chrétiens, nous avons une loyauté plus élevée que notre tribu, notre caste, notre région ou notre nation ; une loyauté plus élevée que le sexe auquel nous appartenons ou même notre
humanité commune. Notre loyauté la plus élevée c’est envers notre Seigneur et Roi, Jésus Christ, et il nous demande de nous aimer les uns les autres comme il nous a aimé (Jean 13.34-35).
Puisqu’il nous a aimés au point d’en mourir sur la croix, nous devons aussi tout risquer pour nous aimer les uns les autres. Si nous ne pouvons pas aimer notre sœur ou frère que nous voyons, nous ne pouvons pas honnêtement affirmer que nous aimons Dieu que nous ne voyons pas (Jean 4.20).
Nous devons commencer à tisser des relations avec des personnes appartenant à d’autres groupes ethniques, même si ceci nous met dans la situation la plus difficile. Les conflits présentent un danger pour les ponts de réconciliation ; les malentendus entre les groupes rivaux nous mettent en danger d’être rejetés par les peuples que nous aimons des deux côtés. Prêter une oreille aux autres jusqu’à ce que nous allions au delà de nos stéréotypes de leur groupe, peut nous conduire à apprendre les stéréotypes désagréables qu’ils donnent à l’égard de nos groupes. Si nous nous humilions au point d’écouter, apprendre et aimer, nous allons souffrir. Mais est-ce que la croix de Jésus nous demande moins que cela ? Et comme la résurrection a suivi la croix, ainsi nos épreuves et nos souffrances pour l’amour de Christ ne seront pas en vain.
Que nous appelons le problème tribalisme (comme on le dit souvent en Afrique), nationalisme ou racisme, le problème reste celui de conflit ethnique. Que dit la parole de Dieu pour défier ce fléau endémique ? C’est vers cette question que nous devons maintenant nous tourner.
Chapitre 3
La réconciliation ethnique dans l’Ancien Testament et les Évangiles
L’évangile est-il authentiquement applicable aux conflits ethniques contemporains ? Après tout, le Nouveau Testament s’adressait à un monde tout à fait différent du nôtre ; un monde où on remarquait les traits physiques, mais on les comprenait rarement d’une manière préjudiciable. Néanmoins, plusieurs cultures se croyaient supérieures aux autres. Les Grecs considéraient les peuples non-grecs comme étant des « barbares », et le peuple juif regardait avec raison la vaste majorité des non-Juifs comme des adorateurs d’idoles.
La division ethnique la plus proéminente parmi les premiers chrétiens était la division entre Juifs et Gentils ; c’était un des points cardinaux traités dans le Nouveau Testament. Les barrières ultérieures créées par les péchés de certaines personnes contre d’autres, sont différentes de la barrière ancienne entre les Juifs et les Gentils, une barrière que Dieu lui-même avait établie dans l’histoire. Cependant, si l’évangile de Christ va au delà d’une barrière que Dieu lui-même a établie, alors à plus forte raison doit-il transcender toutes les autres barrières érigées par les péchés des hommes ? Le fait de voir comment Dieu a fait face à cette barrière à l’époque des premiers apôtres, nous fournit un modèle qui nous permet de comprendre combien il est important de traverser les barrières aujourd’hui.
Après une analyse rapide de quelques cas de réconciliation ethnique dans l’Ancien Testament, nous allons examiner quelques passages dans les Évangiles, le livre des Actes et les lettres de Paul.
Les modèles de réconciliation ethnique dans l’Ancien Testament
Dieu avait choisi une culture spécifique pour porter son nom et préparer la venue du Messie. Cependant, une fois que Jésus est venu, l’évangile a commencé à se répandre parmi tous les peuples. Bien que la réconciliation ethnique soit surtout une notion du Nouveau Testament, elle était déjà présente dans l’Ancien Testament. Nous allons analyser brièvement la sollicitude de Dieu pour tous les peuples. Ensuite, nous allons examiner l’accueil des Gentils par le peuple de Dieu. Et enfin nous noterons la présence des Gentils dans le cercle le plus intime des relations israélites.
La sollicitude de Dieu pour les Gentils. Est-ce que Dieu a pris soin seulement d’Israël, ou de tous les peuples aussi ? Si son plan ultime était pour tous les peuples, alors nous aussi, nous devons prendre soin de tous les peuples. Puisque nous tous qui ne sommes pas Juifs, nous sommes ethniquement Gentils, nous pouvons nous réjouir du fait que le plan divin comprend tous les peuples, et nous devons considérer de quelle façon nous pouvons mieux servir son plan.
Dès le début, Dieu avait choisi Abraham, non seulement à cause de sa descendance immédiate, mais pour que toutes les nations soient bénies en lui (Genèse 12.3). Ainsi, lorsque Dieu avait accordé une grande victoire à Abraham, Melchisédek, le sacrificateur du « Dieu très-Haut », bénit Dieu et il prit un repas d’alliance avec Abraham (Genèse 14.18-20). Plus tard, lorsque Dieu donna à Israël une autre victoire en les libérant
de l’esclavage, Jéthro, le sacrificateur de Madian, loua Dieu et il prit un repas d’alliance avec Moïse et les dirigeants d’Israël (Exode 18.8-12). De même la reine de Séba bénit Dieu pour les merveilles de la grâce de Dieu qu’elle reconnut à travers Salomon (1 Rois 10.9).
Dieu avait choisi Israël comme un véhicule spécial pour le glorifier, mais en même temps il prenait soin de tous les peuples (Amos 3.1-2 ; 9.7). Dieu a utilisé Joseph pour bénir non seulement ses frères, mais aussi toute l’Égypte et beaucoup d’autres nations (Genèse 50.20). Plus tard, Dieu a suscité un méchant Pharaon afin qu’il puisse juger les « dieux » d’Égypte (Exode 12.12). Ainsi, les Égyptiens apprendraient que Lui seul était Dieu (Exode 7.5 ; 8.10, 22 ; 9.29 ; 10.2 ; 14.4, 18) ; tout comme les Israélites avaient besoin d’apprendre la même chose (Exode 6.7 ; 16.6, 12 ; 29.46). Plus tard, lorsque Dieu a jugé Israël pour leurs péchés contre lui, il a aussi néanmoins châtié les Philistins pour les empêcher de penser que leurs dieux étaient plus forts. Il voulait que les Philistins sachent qu’il était Dieu, que les Israélites se soucient de le leur faire connaître ou pas (1 Samuel 4-6). Dieu continue à se soucier que les nations comprennent qu’il est Dieu (Ezéchiel 39.21-24).
La compassion de Dieu pour d’autres peuples, même les peuples oppressifs et militaristes, est un point très accentué dans le livre de Jonas. Dieu donna l’ordre à Jonas d’annoncer le jugement de Ninive. Jonas ne voulait pas y aller parce qu’il savait que Dieu était compatissant et qu’il allait leur pardonner s’ils se repentaient. Le livre se termine avec Jonas entrain de bouder parce que Dieu avait pardonné les péchés des Ninivites repentants, et Dieu lui posa la question suivante, « et moi, je n’aurai pas pitié de Ninive la grande ville » dans laquelle un grand nombre de personnes et d’animaux vivent (Jonas 4.10-11)?
En d’autres mots, Dieu prenait soin des autres nations même lorsque ces nations étaient des terribles oppresseurs du peuple de Dieu. Il les punissait lorsque le besoin se faisait sentir, mais il leur pardonnait quand ils se détournaient de leurs péchés. Plus tard, Jésus utilise la repentance des Ninivites comme un exemple de la manière dont les peuples hors d’Israël pouvaient entendre et répondre à l’évangile (Matthieu 12.41 ; Luc 11.32).
L’accueil des Gentils. La loi de Dieu accueillait les étrangers dans le pays aussi longtemps qu’ils obéissaient aux règles de l’alliance qu’il a donnée à Israël (Lévitique 19.33-34 ; 23.22 ; 24.22 ; 25.35 ; Zacharie 7.10 ; Malachie 3.5). Parmi les gardes du corps du roi David, il y avait des Kéréthiens et des Péléthiens (2 Samuel 8.18 ; 15.18 ; 20.7, 23 ; 1 Rois 1.38, 44), qui étaient des Gentils (1 Samuel 30.14 ; Ezéchiel 25.16 ; Sophonie 2.5). Beaucoup d’étrangers qui avaient rejoint le peuple de Dieu et l’adoration du Dieu d’Israël, étaient haut placés au service de la nation. Parmi eux, il y avait Urie le Hétien (2 Samuel 23.39) ; Ittaï de Gath (2 Samuel 6.10-11) et Aravna le Jébusien (2 Samuel 24.16-18 ; prononcé différemment dans 1 Chroniques 21.15-18, 28). Plus tard, la maison royale comprenait des Cuschites ; c’est-àdire des Africains du sud de l’Égypte (Jérémie 36.14 ; Sophonie 1.1). D’autres Africains travaillaient aussi pour David et ses descendants (2 Samuel 18.21-23), y compris l’un des supporters du prophète Jérémie (Jérémie 38.39).
Le Psalmiste a visionné un jour où ceux qui obéiraient au roi et au Dieu d’Israël viendraient des terres lointaines comme l’Afrique (Psaume 68.32). Les prophètes ont proclamé que les nations seraient instruites au sujet du vrai Dieu (par exemple Esaïe 49.6 ; Zacharie 14.16). En effet, Dieu voulait que l’Égypte et l’Assyrie se joignent à Israël comme son peuple (Esaïe 19.2325 ; cf. Zacharie 2.11). Nous ne devrions pas être surpris que l’Égypte, la Syrie et certaines parties de l’Orient fussent en
majorité chrétiennes pendant des siècles, même après leur capitulation aux Arabes musulmans. Contrairement à ceux qui pensaient que Dieu allait seulement bénir les Israélites, Dieu avait promis qu’il accueillerait les étrangers qui obéiraient à sa loi (Esaïe 56.1-8).
Les mariages impliquant les Gentils. Les mariages interethniques couronnés de succès démontrent un niveau élevé de l’engagement à traverser les barrières culturelles. Notons que les mariages interethniques n’étaient pas sages sous toutes les circonstances : la fidélité à Dieu est la plus haute demande dans le mariage. Puisqu’Israël était un porteur unique du message du seul Dieu dans l’Ancien Testament, la plupart des Gentils sur le plan ethnique étaient spirituellement incompatibles avec le peuple de Dieu. Ainsi, Dieu mettait souvent son peuple en garde contre les mariages avec ceux qui adoraient d’autres dieux (par exemple, Deutéronome 7.3-4 ; Josué 23.12-13 ; Esdras 9.13-15). Le cœur de Salomon s’était détourné du Seigneur parce qu’il avait épousé plusieurs femmes qui adoraient d’autres dieux (1 Rois 11.1-8 ; cf. Deutéronome 17.17). Esdras et Néhémie étaient en colère lorsque le peuple de Dieu, et même certains prêtres ont épousé des femmes qui adoraient des faux dieux et ont engendré des enfants qui se compromettaient dans des coutumes impies (Esdras 9.2 ; 10.3 ; Néhémie 13.23-24).
Toutefois, le problème était religieux, il n’était pas ethnique. Le livre d’Esther nous montre que même lorsqu’une Israélite était dans un mariage interethnique et interreligieux, Dieu pouvait utiliser cette Israélite pour aider son peuple. Parfois Dieu a aussi permis de tels mariages là où aucun autre n’était disponible. Ce n’est pas par coïncidence que Joseph et Moïse ont tous les deux épousé des femmes étrangères. Chacun, rejeté par son propre peuple et vivant dans une terre étrangère, avait épousé la fille d’un prêtre local et avait donné à son premier fils un nom en rapport avec son séjour dans un pays étranger.
Cependant, c’est clair dans le cas de Moïse (et probablement dans celui de Joseph) que la bénédiction de Dieu leur a conféré une grande influence pour Dieu dans la famille dans laquelle ils se sont mariés. Le beau-père de Moïse a fini par reconnaître le Dieu d’Israël comme le plus grand Dieu (Exode 18.9-12).
Cependant, d’autres exemples sont plus clairs. Lorsque la sœur de Moïse s’était plainte parce qu’il avait épousé une femme africaine, Dieu a fait justice à ce dernier (Nombres 12 .1-15). En fait, Miriam qui s’était plainte d’une femme de teint plus sombre, fut temporairement frappée de lèpre blanche en punition (Nombre 12.1, 10) ! L’histoire de Ruth est même beaucoup plus significative. Puisque les Moabites étaient les adversaires d’Israël, Dieu leur avait interdit de faire partie d’Israël (Deutéronome 23.3). Mais, lorsque Ruth la Moabite avait pris la résolution de servir le Seigneur, à travers sa relation avec Naomi (Ruth 1.16), Dieu l’accepta. Elle épousa un Israélite et devint l’arrière grand-mère du roi David (Ruth 4.21-22). L’Évangile de Matthieu signale d’autres mariages interethniques.
L’Évangile de Matthieu : le Roi d’Israël gouverne les gentils
Matthieu a probablement écrit son Évangile pour des chrétiens juifs qui avaient beaucoup souffert de la part des Romains. Toutefois, il l’a écrit en partie pour affronter leurs préjudices. Il commence son Évangile avec quatre mariages interethniques dans la généalogie de Jésus (Matthieu 1.3, 5-6) et il conclut avec la sollicitude de Jésus pour toutes les nations (Matthieu 28.19).
Les ancêtres royaux de Jésus. Matthieu développe de manières plus complètes les allusions de la sollicitude de Dieu pour les Gentils comprises dans l’Ancien Testament. Ces allusions comprennent les mariages interethniques que nous
avons déjà traités. En fait, Matthieu utilise l’histoire de Ruth comme étant l’un des quatre mariages interethniques dans la généalogie de Jésus. Bien que les anciennes généalogies juives ne mentionnent normalement que les hommes, Matthieu inclut quatre femmes dans sa liste. On pouvait s’attendre à ce que Matthieu ait inclus quatre matriarches renommées d’Israël : Sarah, Rebecca, Léa et Rachel (ou au moins les quatre mères des douze tribus, c’est-à-dire les femmes et les concubines de Jacob). Au lieu de cela, il nous surprend en mentionnant Tamar, Rahab, Ruth et la veuve d’Urie (Matthieu 1.3, 5-6). Tamar et Rahab étaient des Cananéennes ; Ruth était une Moabite, et Bath-Schéba était une Hétienne soit par naissance soit (plus probablement) par son mariage dans la famille de Urie le Hétien avant d’avoir épousé le roi David.
Certaines de ces unions étaient moins pures sur le plan moral que le mariage de Ruth, mais toutes avaient un facteur commun ; c’est que la femme était d’origine païenne. En énumérant seulement ces femmes parmi les ancêtres de Jésus, Matthieu souligne le fait que l’investissement de Dieu dans la vie des Gentils et dans la lignée de Jésus remonte à très longtemps dans l’histoire. Trois ancêtres du roi David et la mère du roi Salomon avaient des relations avec les Gentils. Pour être sûr, elles n’étaient peut-être pas techniquement les ancêtres de naissance de Jésus à travers Marie ; mais de façon plus importante encore, elles faisaient partie de sa lignée royale en tant que fils adoptif de Joseph. (Dans le monde ancien, ce sont les fils légitimes, et non les fils génétiques, qui étaient reconnus comme héritiers royaux).
Alors que la plupart des généalogies juives cherchaient à mettre l’accent sur la pureté de la lignée de leurs sujets, Matthieu souligne spécialement l’héritage de Jésus parmi les nations. Ceci permet à Matthieu de commencer son Évangile avec un point d’emphase qui sera articulé tout au long du livre,
jusqu’à la fin (Matthieu 28.19) : le Messie d’Israël est le véritable Seigneur légitime non seulement des Juifs, mais de tous les peuples.
Les Cananéens et les Romains. L’intérêt de Matthieu pour les femmes cananéennes comme Tamar réapparaît plus tard dans l’Évangile, lorsqu’il mentionne une femme cananéenne qui est venue à Jésus pour la guérison de sa fille. Dans l’Évangile de Marc, la femme est décrite comme une Grecque « syrophénicienne » (Marc 7.26). Les Grecs constituaient la classe dominante de tous les citoyens qui vivaient dans les villes syrophéniciennes comme Tyr et Sidon. Ils exploitaient les Juifs qui étaient plus pauvres et les fermiers syriens qui travaillaient à la campagne, s’appropriant d’une bonne partie de grains qu’ils cultivaient pour leur propre subsistance. Cette femme faisait donc partie d’une classe élitiste qui privait les enfants des autres peuples de leur pain. A présent, Jésus oblige cette femme appartenant à l’élite à reconnaître que la situation est renversée : elle doit s’humilier devant le roi d’Israël et prendre les miettes sous la table de son peuple. Elle s’humilie et Jésus lui accorde ce qu’elle a demandé (Marc 7.25-30).
Mais, alors que Marc met l’accent sur la question de classe sociale, Matthieu met l’accent sur le problème géographique. La femme habitait dans une région où beaucoup d’adorateurs des autres dieux étaient des descendants des Cananéens, les anciens ennemis d’Israël. Certains des premiers lecteurs juifs de Matthieu avaient peut-être été offensés par le fait que Jésus avait répondu à la prière d’une Cananéenne. Mais Matthieu a bravé les préjudices de son peuple.
Il y avait un groupe de personnes que les Juifs du temps de Matthieu haïssaient plus que les cananéens, c’étaient des soldats, surtout les soldats romains. Les soldats romains avaient oppressé la Judée pendant longtemps ; ils avaient violemment
étouffé une révolte quelques années après la naissance de Jésus ; et ils avaient finalement détruit le temple de Jérusalem. Certains auditeurs judéo-chrétiens de Matthieu avaient peut-être des parents qui avaient été tués ou asservis par les Romains. Or, aucun chrétien, quelque soit son origine, ne doit haïr d’autres peuples. Cela n’aurait pas été juste non plus pour des chrétiens juifs de haïr des Romains.
Toutefois, Matthieu parle d’un centurion romain dont la foi a été louée par Jésus et dont la requête a été accordée. Matthieu le présente même à ses lecteurs comme un exemple spécial de la foi (Matthieu 8.10-12) ! Au lieu de haïr de tels Romains, les chrétiens juifs étaient exhortés à les aimer, même si les Romains non-chrétiens et les Juifs non-chrétiens ridiculisaient un tel amour ! Et, si certains Romains mettaient leur confiance en Jésus, cela voulait dire que c’était possible pour d’autres Romains de devenir chrétiens aussi, un avenir pour lequel Matthieu désirait voir les chrétiens travailler.
Un nombre des auditeurs de Matthieu auraient peutêtre protesté que les cas des soldats romains qui avaient plus directement opprimé le peuple devait être différent de celui de ce centurion.
Matthieu contrecarre une telle notion en leur rappelant que les premières personnes à reconnaître Jésus en tant que fils de Dieu, après la crucifixion, étaient les mêmes soldats romains qui l’avaient exécuté (Matthieu 27.54).
Le préjudice appose des stéréotypes sur les gens comme étant hors de la portée de l’évangile. La croix a fait voler en éclats notre droit à tenir de tels préjugés, parce qu’elle nous rappelle que ce sont nos péchés qui ont cloué notre Seigneur sur la croix. Celui qui nous a pardonné, peut aussi pardonner aux autres. Celui qui a répandu l’évangile d’abord au Moyen
Orient et en Afrique du Nord, puis en Europe et en Afrique de l’Est, plus tard en Amérique, en Afrique de l’Ouest, en Corée du Sud et partout, ne s’en tient pas seulement à un seul groupe ethnique. Son peuple c’est l’église, et notre loyauté à son égard nous invite à aimer et à atteindre tous les peuples avec l’évangile, à aimer et à servir nos frères et sœurs en Christ.
Les Mages. Ces références aux Gentils, dans l’Évangile de Matthieu, ne sont pas par hasard, mais elles rentrent dans le cadre d’un modèle consistant. Des personnes viendront adorer Jésus de l’orient et de l’occident (Matthieu 8.11), de l’occident comme les Romains, et de l’orient comme les Mages (Matthieu 2.1).
Les Mages étaient des astrologues païens, et la Bible prohibe toute forme de divination, y compris l’astrologie, sous peine de mort (Deutéronome 13.5 ; 18.10-12 ; 2 Rois 17.17 ; 21.6 ; Esaïe 47.13). Le terme utilisé pour « mages » dans Matthieu, était utilisé dans la traduction grecque du livre de Daniel pour les persécuteurs de Daniel. On s’attendait à ce que les Mages soient des ennemis de Jésus, mais au lieu de cela, Matthieu insiste qu’ils sont venus pour adorer le véritable roi des Juifs (Matthieu 2.2-11). Bien que l’Écriture montre que Dieu n’approuve pas l’astrologie, il a choisi ce seul instant dans l’histoire pour parler à travers elle et attirer ces Gentils à son fils. Ils ont agi comme de véritables sujets du roi.
Par contre, Hérode qui se proclamait le roi des Juifs, avait massacré les bébés de sexe masculin à Bethléem pour protéger son propre trône (Matthieu 2.16-18). Il avait agi comme Pharaon, qui tua les bébés israéliens de sexe masculin pendant la période de l’enfance de Moïse (Exode 1.22) ! Ainsi, nous voyons dans ce récit que des sages d’origine païenne ont agi comme de véritables sujets du roi, et un roi juif a agi comme un
oppresseur d’origine païenne d’Israël. L’ethnicité ne garantit pas la fidélité.
D’autres exemples. Matthieu fournit aussi d’autres exemples. La descendance ethnique d’Abraham n’est pas suffisante pour le salut (Matthieu 3.9). Jésus s’est établi dans une région qu’Esaïe avait appelé la terre des « Gentils » (Matthieu 4.15). Jésus a libéré des démoniaques dans la région des Gentils de la Décapole où on élevait des cochons (Matthieu 8.28). Dieu jugerait la Galilée aussi sévèrement qu’il avait jugé Sodome et Gomorrhe, et il utiliserait la foi de Ninive et de la reine de Schéba pour témoigner contre lui (Matthieu 10.15 ; 11.23-24 ; 12.40-42). Jésus invite d’abord ses disciples à reconnaître son état de Messie à Césarée de Philippe, une ville païenne connue pour sa pratique de la sorcellerie et de la religion païenne (Matthieu 16.13). Les nations seront jugées par la façon dont elles ont traités les frères et les sœurs de Jésus (Matthieu 25.32), une fois que la bonne nouvelle sera prêchée dans le monde entier (Matthieu 24.14).
Le point culminant de l’Évangile de Matthieu est son ordre de faire de toutes les nations des disciples pour Jésus (Matthieu 28.19). Cette fin vient à peine comme une surprise, étant donné le reste de l’Évangile de Matthieu ! Le contexte nous donne un exemple positif et un exemple négatif de la manière dont nous proclamons le message de Jésus. Bien que ni la loi juive ni la loi romaine n’accordent de la valeur au témoignage des femmes, Jésus envoie d’abord les femmes fidèles, qui sont venues au tombeau, annoncer sa résurrection (Matthieu 28.110). A l’inverse, les gardes au tombeau préfère l’argent et la sécurité à la vérité, et ils font circuler un faux récit (Matthieu 28.10-15). Comme les femmes au tombeau, nous aussi en tant que disciples de Jésus, nous devons aider les autres à devenir ses disciples. Pour accomplir complètement cette commission
finale de Jésus, nous devons traverser les barrières culturelles et apporter l’évangile à tous les peuples.
Jésus était le véritable roi d’Israël, mais comme son ancêtre David, il a accueilli des Gentils consentants dans son royaume. Étant donné que ses disciples proclamaient son royaume, ils devaient traverser les barrières culturelles jusqu’à ce que tous les peuples eussent entendu la bonne nouvelle du règne de Dieu (Matthieu 24.14).
Jean : la femme samaritaine
Dans l’Évangile de Jean, Jésus prie particulièrement pour que tous ses disciples soient un (Jean 17.20-23), et il demande surtout qu’ils montrent leur fidélité à son égard en s’aimant les uns les autres (Jean 13.34-35). Ceci comprend des personnes qui allaient croire plus tard (Jean 17.20), parmi lesquelles il y aurait probablement des Gentils (Jean 10.16). Mais les Samaritains y sont probablement inclus, les samaritains comme ceux qui ont reçu Jésus dans Jean 4, qui l’ont reconnu comme le « sauveur du monde » (Jean 4.41-42).
Comme Jésus a seulement rarement rencontré des Gentils, parfois les auteurs des Évangiles ont traité la question de la réconciliation sous forme de ses rencontres avec les Samaritains (par exemple Luc 10.29-17 ; 17.16). Ceci est vrai dans l’Évangile de Jean, où Jésus rencontre une femme samaritaine.
Jean montre que Jésus traverse trois barrières avec la femme samaritaine. Au plus grand étonnement de ses disciples (Jean 4.27), Jésus a traversé une barrière de sexe : dans sa culture, les hommes ne devaient pas parler avec des femmes hors du foyer familial, surtout sur une place sociale ambiguë comme un puits. Il a aussi traversé une barrière de position sociale (comme lorsqu’il avait mangé avec les pécheurs) : en considération de
ses coutumes culturelles, le fait qu’elle est allée au puits toute seule (Jean 4.7) suggère vraisemblablement qu’elle n’était pas accueillie dans la compagnie des autres femmes, probablement à cause de son histoire maritale (Jean 4.18). La plupart des personnes religieuses, juives ou samaritaines, l’auraient exclue pour cette raison. Cependant, Jésus connaissait les cœurs des personnes et le Père l’a envoyé là-bas pour trouver de vrais adorateurs pour Dieu (Jean 4.23).
Mais ce qui est plus important pour nous c’est que Jésus a traversé une barrière culturelle en parlant avec une Samaritaine, comme elle le reconnaît elle-même (Jean 4.9). Étant donné que les Juifs rigoureux considéraient les femmes samaritaines comme étant continuellement impure, boire de l’eau venant de son pot allait rendre Jésus rituellement impur, selon leurs règles de vie. Cependant, Jésus lui a demandé à boire (Jean 4.7). Cette ouverture pour la réconciliation ne s’est pas faite facilement, car les Juifs et les Samaritains avaient une tragique histoire de conflit à laquelle la discussion de Jésus avec la Samaritaine a fait allusion. Elle a rappelé Jésus que Jacob était le père des Samaritains, comme si elle voulait contrecarrer la notion juive selon laquelle Jacob était leur père (Jean 4.12). Plus tard, elle parle de l’adoration de son peuple au mont Garizim en utilisant le temps passé, probablement une allusion à sa destruction par un dirigeant juif environ deux siècles auparavant (Jean 4.20).
Mais, alors que Jésus affirme la priorité d’Israël dans l’histoire du salut (Jean 4.22), il transcende rapidement la question ethnique et identifie la Samaritaine comme une personne que le Père invite à l’adorer en Esprit (Jean 4.23-24). Alors, elle le proclame à son peuple et les apporte à Jésus, sans doute à la consternation des disciples de Jésus (Jean 4.28-30, 3738) ! Le fait que Jean invite ses auditeurs à utiliser ces principes pour leurs relations chrétiennes interculturelles est ressenti de
façon implicite dans la prière de Jésus pour l’unité parmi tous ceux qui croiraient à travers le témoignage des apôtres (Jean 17.20-23).
La mission de l’église
Nous faisons souvent allusion au livre des Actes comme étant l’histoire de l’église primitive. Cependant, Actes nous fournit seulement un échantillon de cette histoire, et insiste presqu’exclusivement sur un thème unique : l’expansion de l’évangile, de Jérusalem jusqu’aux extrémités de la terre (Actes 1.8). Heureusement pour les auditeurs de Luc vivant dans l’empire romain, celui-ci était capable de définir la narration de l’histoire une fois que l’évangile avait atteint Rome ; mais Rome était seulement un avant-goût de ce qui allait venir.
Toutefois, Luc narre non seulement les conversions, mais aussi les dilemmes que les premiers chrétiens rencontraient lorsqu’ils traversaient des barrières culturelles. Une fois que les chrétiens juifs avaient commencé à atteindre les Gentils avec l’évangile, ils ont eu un autre problème. Puisque les chrétiens forment un seul corps en Christ, les chrétiens juifs ne pouvaient pas évangéliser les Gentils et ensuite se séparer d’eux. Dans le passé, certains missionnaires européens, suivant les préjugés européens fondés sur la « science » erronée de leur époque, se sont tenus à l’écart de leurs convertis. (Néanmoins plusieurs missionnaires efficaces, comme David Livingstone et Mary Slessor, se sont identifiés de très près avec la culture dans laquelle ils servaient le Seigneur). Mais une telle séparation allait à l’encontre de l’évangile même que les missionnaires étaient entrain de prêcher.
Le ministère de Jésus
Luc a écrit son récit en deux volumes ; l’évangile de Luc (qui raconte le ministère de Jésus) et le livre des Actes (qui relate le ministère de quelques uns de ses principaux disciples). Le premier volume introduit certains thèmes qui deviennent proéminents dans le second volume. Jésus est rejeté dans sa propre ville en partie parce qu’il s’identifie avec le ministère d’Élie et d’Élisée auprès des Gentils (Luc 4. 26-28). De cette manière, Luc nous avertit que la mission auprès des Gentils sera polémique même parmi ceux qui déclarent avoir une relation très étroite avec Jésus.
Dans l’évangile de Luc, celui-ci parle de Jésus accueillant les profanes, les gens qui étaient normalement méprisés par les Juifs d’un niveau élevé. Parmi ses disciples il y avait des femmes (Luc 8.1-3 ; 10.38-42), contrairement à la pratique normale de ses contemporains. Il refuse de porter un jugement sur les Samaritains (Luc 9.54-55) et raconte une histoire polémique sur un « bon » Samaritain lorsqu’un Juif lui demande quel genre de voisin il doit aimer (Luc 10.27-37). Il guérit aussi un lépreux samaritain qui s’était avéré plus reconnaissant que les autres lépreux (Luc 17.11-19). Plusieurs siècles auparavant, un prophète avait guéri un lépreux païen (2 Rois 5.10-14 ; Luc 4.27), mais pas les lépreux israélites qui vivaient en Samarie (2 Rois 7.3). Alors qu’un lépreux samaritain était considéré comme un profane en Israël, Jésus en a aussi guéri un.
Peut-être d’une façon plus controversée, Jésus a mangé avec ceux qui étaient normalement marginalisés. Dans la culture juive ancienne, prendre un repas avec quelqu’un voulait dire qu’on s’engageait dans une alliance relationnelle avec cette personne. Par conséquent, la plupart des personnes religieuses à l’époque de Jésus évitaient de manger avec les pécheurs réputés. Cependant, Jésus a mangé avec les pécheurs,
y compris des collecteurs d’impôts, les amenant à la repentance (Luc 5.29 ; 15.1). Les collecteurs d’impôts étaient connus pour leur oppression des pauvres et leur travail, soit parmi les Romains soit pour les dirigeants juifs supportés par les Romains. Donc les enseignants de la Bible et l’élite religieuse s’étaient plaints du comportement de Jésus (Luc 5.30 ; 15.2), si bien que Jésus devait leur enseigner que Dieu se réjouit lorsque ceux qui sont éloignés de lui viennent à lui (Luc 5.31-32 ; 15.3-32).
Le thème du livre des Actes
Jésus laisse à l’église la mission d’atteindre toutes les nations avec la bonne nouvelle au sujet de sa conquête du péché et de la mort (Luc 24.46-49 ; Actes 1.8). Pourtant, aussi loin que le chapitre 7 du livre des Actes, personne n’est partie vers les nations, et aussi loin qu’Actes 15, la plupart des apôtres restent à Jérusalem. Pourquoi les apôtres n’ont-ils pas commencé plus tôt leur mission auprès des Gentils ?
En dépit du ministère de Jésus auprès des marginaux, les disciples n’étaient pas prêts à porter l’évangile, et peut-être ils n’étaient pas prêts à comprendre la nature de la mission qui leur avait été confiée. La plupart d’entre eux avaient probablement peu de contact avec les Gentils, à l’exception de quelques contacts d’affaires à travers leurs anciennes occupations. Cependant, leur ministère a commencé à atteindre des Juifs étrangers qui se sont installés à Jérusalem, des Juifs qui connaissaient la culture grecque (Actes 6.1). Un de ces Juifs parlant la langue grecque commença à poser les fondements théologiques pour porter l’évangile aux Gentils. Étienne résonnait que Dieu n’était pas localisé à Jérusalem. Le Dieu qui était apparu à Abraham en Mésopotamie (Actes 7.2), qui avait exalté Joseph en Égypte (Actes 7.10) et qui était apparu à Moïse dans le désert hors de l’Égypte (Actes 7.30, 33), n’avait pas besoin de temples humains
(actes 7.48-49). Une telle théologie hâta l’exécution d’Étienne, de telle sorte qu’il suivit l’exemple de Jésus (Actes 7.57-60).
Un des amis d’Étienne, un Juif parlant Grec, déjà versé dans d’autres cultures, commença à exécuter la mission.
Philippe évangélisait la Samarie (Actes 8.5-13) ; la plupart des Juifs considéraient les samaritains comme étant à mi-chemin entre Juif et Gentil. Mais après cette préparation, Dieu envoie
Philippe auprès de quelqu’un qui était complètement païen. L’officier royal africain dans Actes 8.27 venait de l’ancien royaume de Méroé dont certaines de ses reines portaient le titre de « Candace ». L’officier croyait déjà au Dieu d’Israël, mais il ne s’était pas converti au judaïsme parce qu’il n’était pas capable de le faire. La loi israélite interdisait à Israël d’accepter des « eunuques » au sein de son peuple (Deutéronome 23.1). Cependant, une nouvelle ère était à présent arrivée ; Dieu avait promis qu’il allait pleinement accueillir des étrangers et de eunuques (Esaïe 56.3-5). Cet officier royal africain devint le premier chrétien parmi les Gentils (Actes 8.36-39).
Mais, alors que Philippe avait déjà commencé à évangéliser les Gentils, l’idée était plus difficile pour les apôtres d’accepter. Étant témoins du succès de Philippe en Samarie, ils l’approuvèrent et se joignirent à cette mission (actes 8.15-17, 25). Mais, accueillir des Gentils incirconcis était un autre problème ! Les apôtres appelaient les Israélites à retourner vers Dieu et à accepter Jésus comme leur véritable Roi et Seigneur. A coup sûr, Dieu ne voulait pas qu’ils fussent à présent distraits par des récents adorateurs d’idoles !
Qu’est-ce qui avait changé le cœur de leur dirigeant Pierre ? Le livre des Actes met l’accent sur le fait que c’était une révélation directe de Dieu (Actes 10.9-20). Luc désire souligner pleinement ce point qu’il raconte cette unique histoire trois fois et de différentes façons (Actes 10.1-48 ; 11.4-17 ; 15.7-9, 14) !
Dieu oblige l’église de Jérusalem à reconnaître qu’il est entrain d’accueillir les Gentils aussi (Actes 1.8). Une fois que Dieu eût bénit les Gentils avec l’Esprit Saint, c’était évident qu’il les avait acceptés ; qui était quelqu’un d’autre pour les rejeter (Actes 10.47 ; 11.17) ?
La communion fraternelle avec les Gentils
Tous les Juifs permettaient aux Gentils de se convertir tant que ceux-ci étaient d’abord d’accord de se faire circoncire et qu’ils acceptaient ensuite les coutumes juives. Le problème que l’église de Jérusalem avait avec Pierre n’était pas le fait qu’il avait prêché à certains païens, mais le fait qu’il n’exigeait pas la circoncision et ensuite qu’il avait mangé avec ces Gentils incirconcis (Actes 11.30). Pierre lui-même avait un problème culturel en ce qui concerne le fait de partager la communion fraternelle avec des Gentils (Actes 10.28), et il n’avait surmonté ses réserves qu’à l’ordre de Dieu (Actes 10.13-15 ; 11.8-12, 15-17).
Bien que convaincue que Dieu avait accepté le centenier romain Corneille, l’église de Jérusalem a peut-être pensé que ceci était simplement une exception. Toutefois, les Juifs parlant Grec qui avaient fuit à Jérusalem plus tôt (Actes 8.1, 4) ont commencé à évangéliser les Gentils dans d’autres régions (Actes 11.19-21). L’église dans la ville cosmopolitaine d’Antioche, où des peuples venant de plusieurs cultures habitaient, a commencé à en faire une question délibérée de mission. L’équipe dirigeante de cette église comprenait peut-être deux Nord-Africains (Siméon appelé Niger et Lucius de Cyrène), ainsi qu’au moins deux autres Juifs qui n’étaient pas nés en Judée (Saul et Barnabas ; Actes 13.1). C’était cette église qui avait envoyé Paul et Barnabas dans le but de commencer la mission à laquelle Dieu les avait appelés (Actes 13.2-4), d’être une lumière pour les nations (Actes 13.47 ; Esaïe 49.6). Le ministère de Paul a, par la suite, inclus le fait de vivre dans des villes à prédominance
païennes et de travailler dans des marchés fréquentés par les Gentils (Actes 18.3 ; 20.34).
Cependant, les membres conservateurs de l’église de Jérusalem refusaient d’accepter les Gentils parmi le peuple de Dieu, sans la circoncision et l’obéissance aux coutumes d’Israël (Actes 15.5). Les visiteurs en provenance de Jérusalem étaient mal à l’aise à Antioche vis-à-vis des Juifs et des Gentils qui mangeaient ensemble, provoquant même Pierre à se défiler temporairement (Galates 2.12-14). Au concile de Jérusalem, Pierre et Paul étaient obligés de rappeler à l’église les œuvres de Dieu parmi les Gentils, démontrant que Dieu lui-même les avait acceptés (Actes 15.7-12). Les chrétiens juifs étaient libres de conserver les coutumes juives et les chrétiens d’origine païenne étaient libres de conserver les coutumes païennes aussi longtemps que celles-ci obéissaient aux enseignements de Dieu (Actes 21.25 ; 1 Corinthiens 9.19-23). Puisque Dieu a accepté certaines personnes comme étant ses enfants, comment pouvons-nous en tant que ses enfants aussi refuser de les traiter comme nos frères et sœurs ?
Plus tard, Paul a apporté une offrande de la part des églises des Gentils pour aider les croyants appauvris à Jérusalem, œuvrant de cette manière pour la réconciliation (Actes 24.17 ; Romains 15.25-27). Sur le plan numérique, l’église la plus grande et la plus prospère de l’époque de Paul était l’église de Jérusalem. Les croyants de Jérusalem savaient comment s’identifier avec leur culture et l’atteindre de façon efficace. Mais, puisque leur culture devenait de plus en plus aliénée des Gentils (qui les avaient maltraités), ces croyants ne parlaient pas beaucoup de réconciliation ethnique ou du fait d’atteindre d’autres peuples. Ils expliquaient à leur propre culture qui était Jésus et attiraient des milliers de disciples (Actes 21.20). Mais autant que nous puissions le dire, ils n’ont pas enseigné directement au sujet du
danger de la mentalité antipaïenne de leur société (peut-être qu’ils ne pensaient pas qu’ils oseraient le faire).
Paul au contraire, commençait à diriger des petits groupes d’études bibliques à travers l’empire romain, faisant confiance en Dieu pour les faire croître. Paul mettait l’accent sur le fait que Jésus était pour tous les peuples. Paul n’avait pas la plus grande église, mais il avait la vision de Dieu pour l’avenir. Après la destruction de Jérusalem, ce n’était pas la grande église de Jérusalem, mais plutôt les églises de la diaspora souvent mixtes, composées de Juifs et de Gentils, qui ont continué à accomplir la majeure partie de l’œuvre de Dieu. L’église de Jérusalem avait accompli un excellent travail pour le Seigneur, mais l’investissement pour atteindre d’autres peuples s’était avéré être un investissement pour l’avenir. De même, lorsque la Turquie était tombée aux mains des musulmans, le flambeau de l’église orthodoxe orientale était passé à la Russie qui avait été récemment évangélisée. Avant que l’athéisme et d’autres idéologies ne se propagent dans la plus grande partie de l’Europe et en Russie, le flambeau était passé à l’Afrique et à d’autres régions. Le travail de Dieu ne consiste pas seulement en gros chiffre (aussi beau que cela apparaisse), mais il consiste à poser des fondements pour l’église de l’avenir. Cela veut dire que nous devons commencer à construire des ponts pour l’évangile pour tous les peuples.
En reliant son récit de l’Église primitive avec son récit de la mission de Jésus, Luc nous montre comment l’église de Jérusalem avait tort d’avoir peur. Lorsque Jésus avait mangé avec les profanes, les Pharisiens l’avaient critiqué. Lorsque Pierre et Paul ont mangé avec les Gentils, certains chrétiens de Jérusalem les ont critiqués, s’opposant ainsi à l’œuvre de Dieu comme l’ont fait les pharisiens dans l’Évangile de Luc. Jésus a donné l’Esprit pour nous permettre d’avoir la puissance de traverser les barrières culturelles (Actes 1.8). L’Esprit de Dieu
continue à pousser les chrétiens à traverser ces barrières (Actes 8.29 ; 10.19, 45 ; 11.12, 15-16 ; 13.2, 4 ; 15.8 ; 28.25). Ceux qui opposent une résistance au fait de traverser les barrières résistent au Saint Esprit ; ils considèrent leur culture ou tradition comme étant plus importante que l’évangile. Il importe peu qu’ils soient Pharisiens, chrétiens conservateurs de Jérusalem, ou chrétiens venant des groupes qui rejettent la communion fraternelle avec des chrétiens appartenant aux peuples différents d’eux.
Le pouvoir de la Pentecôte
Ce n’est pas la tendance naturelle des disciples, mais plutôt la puissance de l’Esprit de Dieu, qui a conduit l’église à traverser les barrières culturelles. Différentes parties de la Bible insistent sur des ministères différents de l’Esprit, mais le livre des Actes met beaucoup l’accent sur la puissance de l’Esprit qui aide à rendre témoignage à Christ jusqu’aux extrémités de la terre (Actes 1.8) – c’est-à-dire de façon interculturelle. Aussitôt après que Jésus ait dit à ses disciples d’attendre la promesse, celle-ci voit le début de son accomplissement le jour de la Pentecôte.
Un signe dramatique du jour de la Pentecôte est celui des disciples remplis de l’Esprit et adorant Dieu en langues qu’ils ne connaissaient pas (Actes 2.4). Deux fois dans Actes après cet événement, Luc fait état de croyants parlant en langues lorsqu’ils sont remplis de l’Esprit (toutefois, Luc ne mentionne pas ce fait à chaque occasion). Étant donné tous les événements que Luc peut raconter sur l’église primitive, pourquoi consacre-t-il de l’espace pour insister trois fois sur ce signe ? Rappelons-nous de son point de concentration sur la puissance de l’Esprit pour les missions interculturelles. Quelle meilleure illustration de la puissance de l’Esprit pour parler de Dieu de façon interculturelle peut-il présenter que l’inspiration
pour les disciples venant de différents horizons d’adorer Dieu en langues qui ne sont pas les leurs ?
Ce signe devient surtout important le jour de la Pentecôte, où les Juifs venant de différentes nations sont assemblés (Actes 2.5-11). Ces peuples juifs sont familiers avec une variété de langues locales, et ils en reconnaissent quelques unes parmi celles qui sont entrain d’être parlées. Ce passage fait appel à un passage semblable dans la Genèse : après avoir donné une liste de plusieurs nations dans Genèse 10, (tout comme le fait Luc dans Actes 2.9-11), l’auteur du livre de la Genèse raconte que Dieu est descendu et il a confondu les langues, divisant les peuples (Genèse 11.1-9). Ici, par contre, Dieu descend et confond les langues pour le bien du peuple, pour les unir. Ainsi Pierre prêche l’évangile et annonce que le même Esprit est disponible à tous ceux qui se tournent vers Christ (Actes 2.38-38). Dieu équipe non seulement les premiers apôtres, mais aussi l’église, à traverser les barrières dans l’évangélisation et à devenir un, avec toutes nos diverses cultures et langues.
Alors que l’Évangile de Luc commence et se termine à Jérusalem, mettant l’accent sur l’héritage de l’évangile dans l’histoire, le livre des Actes commence à Jérusalem mais il se termine à Rome, mettant l’accent sur le fait que l’héritage doit céder la place à la mission. Actes s’ouvre là où l’Évangile de Luc prend fin, avec l’ordre d’évangéliser les nations (Luc 24.47 ; Actes 1.8). Il conclut avec Paul étant au cœur de l’empire romain, mettant l’accent sur la mission vers les Gentils (Actes 28.28). Luc nous dit aussi que là où il y a une mission prospère, l’église va représenter différentes cultures – et que les chrétiens de tous les peuples et cultures doivent apprendre à s’accueillir, même lorsque nous devons nous opposer au nationalisme de notre propre groupe ethnique.
Chapitre 5
Un nouveau temple
Pour les Juifs au premier siècle, le temple était un symbole de leur unité nationale et ethnique, même lorsqu’ils habitaient dans des pays lointains. Cependant, longtemps avant la destruction de ce temple en l’an 70 avant Jésus Christ, les chrétiens avaient déjà commencé à parler d’un nouveau temple. Jésus avait dit à la femme samaritaine que le véritable lieu d’adoration ne serait plus ni à Jérusalem ni sur le Mont Garizim, mais en « Esprit et en vérité » (Jean 4.20-24).
Paul avait expliqué que ce nouveau temple ne serait pas un symbole de l’unité ethnique, au moins pas dans le sens traditionnel du mot « ethnique ». Il serait plutôt le symbole de l’unité de ceux qui ont une relation d’alliance avec le seul Dieu d’Israël – les disciples du véritable roi Jésus. Ce nouveau temple, avait-il dit, comprendrait à la fois les Juifs et les Gentils comme co-citoyens dans le royaume de Dieu (Ephésiens 2.11-13, 19). Cette réalité, accomplie par le sacrifice personnel de Christ, exige que tous les chrétiens s’efforcent à préserver l’unité que Christ a créée (Ephésiens 4.3-6).
La barrière brisée
Dans Ephésiens, Paul cherche à apporter l’unité à une église divisée en partie entre Juifs et Gentils. Il commence en assurant les chrétiens d’origine païenne que Dieu les
a greffés dans son peuple, adressant à l’endroit de l’église entière la désignation de l’Ancien Testament concernant Israël (Ephésiens 1.3-14 ; par exemple le fait d’être choisi, l’héritage, la possession).
Comme il se prépare à discuter le nouveau temple contenant à la fois Juifs et Gentils dans Ephésiens 2.20-22, Paul déclare que Christ les a rendu un (Ephésiens 2.14). Une telle déclaration est extraordinaire, surtout lorsqu’on considère ce qui se passait à l’époque de Paul : peu après que Paul ait eu dicté ces mots, des émeutes éclatèrent à Césarée, la ville dans laquelle Paul avait récemment été emprisonné, avec les Juifs et les Syriens s’entre-tuant dans les rues. Qui pouvait croire au concept de réconciliation ethnique dans un tel monde ? Parfois l’évangile nous exige de dire des choses que la plupart de nos contemporains ne souhaitent pas entendre.
Paul continue dans Ephésiens 2.14 en disant que Christ a renversé « le mur de séparation » entre Juif et Gentil. Il écrit comme si ses auditeurs vont tout de suite comprendre ce à quoi le mur de séparation fait référence. De quel mur lui et ses premiers auditeurs faisaient-ils allusion ?
La purification du temple. Les auditeurs de Paul dans la région autour d’Ephèse devraient exactement connaître pourquoi Paul leur écrivait de sa détention romaine (Ephésiens 3.1 ; 4.1 ; 6.20) : il avait été accusé d’avoir violé un « mur de séparation » dans le temple.
Dieu n’avait jamais établi cette barrière dans le temple. L’Ancien Testament avait accueilli les Gentils dans le temple aux côtés du peuple de Dieu (1 Rois 8.41-43). Mais au premier siècle, le temple était devenu une institution ségréguée. A cause des règles strictes sur la pureté, « la cour extérieure » avait été divisée en trois cours différentes. Celle qui était la plus proche
du sanctuaire des prêtres était la cour d’Israël, limitée aux hommes juifs. Ensuite, à un niveau plus bas et loin du sanctuaire des prêtres était située la cour des femmes, au delà de laquelle les femmes juives ne pouvaient pas aller. Enfin, beaucoup plus loin du sanctuaire et sur un niveau beaucoup plus bas, était la cour extérieure, au delà de laquelle les Gentils à la recherche du Dieu d’Israël ne pouvaient pas aller. Des signes affichés à des intervalles appropriés entre la cour extérieure et la cour des femmes annonçaient aux personnes d’origine païenne que tout Gentil allant au delà de ses limites serait responsable de sa propre mort.
Certains Juifs, qui connaissaient le ministère interculturel de Paul à Ephèse, avaient reconnu un Ephésien d’origine païenne qui était avec Paul près du temple de Jérusalem, et ils avaient décidé que Paul devait avoir mis en action son idéal de briser les barrières ethniques. Mais Paul était réellement entré dans le temple pour une commission de réconciliation ethnique ; il affirmait son identité juive pour ceux qui croyaient qu’il s’était trop accommodé aux Gentils (Actes 21.21-26). Néanmoins ses ennemis étaient convaincus à tort que Paul avait emmené un Gentil dans le temple au delà du mur de séparation que les Gentils ne devaient pas dépasser. Une fois que cette fausse alerte fut propagée, une émeute s’ensuivit rapidement (Actes 21.27-30).
Dès que les gardes debout sur la forteresse d’Antonia, sur la colline du temple, eurent reconnu qu’une émeute se formait, des soldats de la garnison romaine se précipitèrent dans la cour extérieure et se saisirent de Paul au milieu de la foule (Actes 21.31-36). Dans cette situation ethniquement tendue, le tribun assuma que Paul était un Juif égyptien notoire qu’il associa à tort avec un groupe d’« assassins » (Actes 21.38). (Sous le couvert des foules dans le temple, ces « assassins » avaient poignardé
des aristocrates juifs qu’ils regardaient comme des laquais de Rome).
Un peu plus tôt, Étienne avait offensé les auditeurs en affirmant que Dieu n’était pas localisé dans le temple. L’accusation contre Paul (Actes 21.28) ressemble de très près à l’accusation par laquelle Étienne avait trouvé la mort (Actes 6.13). Mais Paul peut s’identifier aux habitants de Jérusalem d’une manière qu’Étienne n’aurait pas pu être capable de faire. De toute façon, il utilise toutes les ressources culturelles à sa disposition. La plupart des Juifs palestiniens étaient probablement bilingues, mais très peu d’entre eux étaient tout aussi compétents dans leur seconde langue. Par conséquent, lorsque l’interrogateur de Paul l’entend parler en bon grec et apprend qu’il est un citoyen d’une ville d’importance (Actes 21.37, 39), il permet à Paul de s’adresser à la foule – ce que ce dernier fait en parlant en araméen (Actes 21.40). Impressionnés par sa facilité de parler la langue de leurs ancêtres, les gens dans la foule décident que la personne qui leur parle mérite leur attention (Actes 22.2).
Dans son discours, Paul insiste sur chaque point possible qui lui permet de s’identifier à ses auditeurs nationalistes, y compris le fait d’avoir été élevé à Jérusalem aux pieds du renommé sage Gamaliel et celui d’avoir reçu le ministère de la part d’un chrétien juif ferme dans la loi (Actes 22.3-5, 12). Peut-être à cause du fait que l’église de Jérusalem s’était déjà identifiée si efficacement à sa culture (Actes 21.20-21), personne ne s’était senti offensé alors que Paul racontait sa rencontre avec le Christ ressuscité (Actes 22.6-20). Par contraste aux années d’avant (Actes 12.2-3), le simple fait de parler de Jésus ne suscitait plus beaucoup de violence, tout comme le fait de parler du « salut » ou du « christianisme » ne fait plus appel à la violence dans certaines de nos cultures d’aujourd’hui.
Mais, alors Paul a dit quelque chose qui a provoqué la colère de ses auditeurs, même s’il n’était qu’au début de son discours planifié. (Les discours d’alors commençaient normalement par une narration, ce qui constitue la partie du discours que Paul était entrain de donner). Paul savait comment se rapporter à ses auditeurs, mais il ne compromettait pas le cœur de son message. Il avait, plus tôt, fait appel aux valeurs stoïques lorsqu’il avait prêché aux philosophes, trouvant un terrain d’entente avec ses auditeurs à travers une grande partie du discours qu’il leur adressait (Actes 17.22-29). Cependant, il avait offensé plusieurs membres de cette audience lorsqu’il insista sur une partie essentielle de l’évangile qu’il ne pouvait pas accommoder avec la perspective mondiale de ceux-ci, à savoir : la résurrection de Jésus (Actes 17.30-32).
A présent, Paul offense à nouveau ses auditeurs, mais la partie essentielle de l’évangile sur laquelle il insiste –probablement à l’embarras public des chrétiens locaux – est que la véritable obéissance à Christ inclut le fait d’accepter le plan de Dieu pour d’autres peuples (Actes 21.21). En écoutant cela, ses auditeurs nationalistes, qui avaient beaucoup souffert aux mains des Romains et étaient sûrs que Dieu était de leur côté, reprirent leur émeute (Actes 22.22-23). Paul finit par se retrouver en état d’arrestation d’abord à Césarée, puis à Rome, parce qu’il avait refusé de compromettre une occasion de proclamer les pleines implications de l’évangile.
Lorsque Paul avait écrit aux congrégations chrétiennes autour d’Ephèse, au sujet de la réconciliation entre Juifs et Gentils, ils avaient compris ce qu’il voulait dire par « une barrière de séparation ». Pour Paul et pour les chrétiens d’origine juive et païenne de l’Asie Mineure occidentale, il ne pouvait exister un plus grand symbole de la barrière entre Juif et Gentil que le mur de séparation dans le temple. Paul déclare que dans le
nouveau temple de l’Esprit de Dieu (Ephésiens 2.20-21), la croix de Christ a aboli cette séparation (Ephésiens 2.14-16) !
La purification du temple de Jérusalem. En défiant le caractère ségrégué du temple, Paul et Étienne ont simplement suivi l’exemple de Jésus.
Les Évangiles montrent que non seulement Jésus savait d’avance qu’il allait mourir, il avait aussi provoqué sa mort de façon délibérée. En nettoyant le temple, il avait défié l’honneur des autorités qui affirmaient gouverner le temple pour Dieu. De telles provocations conduisaient toujours à la punition. Des siècles auparavant, des autorités menacèrent le prophète Jérémie de mort pour avoir simplement prophétisé contre le temple (Jérémie 26.8-9). Quelques décennies après le ministère de Jésus, l’aristocratie sadducéenne excita le procurateur romain à exécuter un prophète répondant au nom de Josué Ben Hananiah, pour avoir prophétisé contre le temple. Parce que Josué était inoffensif, le gouverneur épargna sa vie, mais il le fit toutefois flagellé jusqu’au point où on pouvait voir ses os. Le fait que Jésus avait, non seulement prophétisé contre le temple, mais qu’il avait aussi traversé la cour extérieure en renversant les tables, voulait dire qu’à partir de ce jour, les autorités s’étaient vouées à regagner leur honneur en le faisant mourir.
Les savants ont avancé diverses raisons pour expliquer l’acte de Jésus dans le temple, mais Jésus lui-même a fournit au moins une interprétation partielle de ses actes à travers les Écritures qu’il avait citées. Dans Marc 11.17, il cite deux textes ; Esaïe 56.7 et Jérémie 7.11. Le premier texte indique le dessein ultime de Dieu pour le temple : une maison de prière pour toutes les nations. Le temple du temps de Jésus, à la différence de celui de l’époque de Salomon, séparait les Gentils des autres adorateurs. En outre, les transactions d’affaire dans la cour
extérieure distrayaient et détournaient les visiteurs d’origine païenne de la prière multiethnique.
C’est donc probable que Jésus protestait en partie contre la ségrégation ethnique de la maison de Dieu. Quelles implications cela peut-il avoir sur les chrétiens d’aujourd’hui, si certains ne sont pas pleinement accueillis dans des maisons d’adoration des autres chrétiens, simplement parce qu’ils appartiennent à un groupe ethnique différent ? Bien sûr, cela ne veut pas dire que nous devons tous être semblables. Tout comme les chrétiens juifs et ceux d’origine païenne ont adoré différemment à l’époque de Paul (Actes 21.25 ; Romains 14.16), de même les langues et les coutumes des divers peuples sont différents aujourd’hui. Mais, nous devons toujours nous aimer les uns les autres, travailler ensemble pour le royaume de Dieu, et nous accueillir les uns les autres avec la complète hospitalité due aux membres de notre famille, car ensemble nous constituons la famille de Dieu.
Le second texte que Jésus cite est tiré de la prophétie de Jérémie contre le temple. Le peuple de Dieu croyait que le temple allait les protéger (Jérémie 7.4), mais Jérémie les avait prévenu que s’ils n’abandonnaient pas leurs actes d’injustice envers les pauvres, les victimes de crime, leurs époux (ses) et les immigrants, Dieu allait détruire sa maison (Jérémie 7.5-15). Il ne permettrait plus à son temple d’être leur « caverne des voleurs » (Jérémie 7.11) – comme les lieux où les voleurs assemblent leur butin, sûrs d’être en sécurité. Son temple deviendrait comme Silo (Jérémie 7.14), l’endroit où son arche avait une fois été capturée et le tabernacle avait probablement été détruit (1 Samuel 4.4, 11). Comme Jérémie, Jésus a promis un prompt jugement sur la maison de Dieu où les dirigeants religieux toléraient l’injustice. Quelques quarante années plus tard, le temple s’est retrouvé en ruine.
Jésus demandait que le temple soit une pure maison d’adoration et de prière pour tous les peuples. Si ce n’était pas le cas, prévenait-il, il serait détruit comme le temple du temps de Jérémie. Si Jérusalem rejetait le nettoyage de son temple par Jésus, Dieu allait construire un nouveau temple qui frapperait au cœur du problème même que les autorités de Jérusalem rejetaient ! Aujourd’hui, en tant que chrétiens, nous sommes le temple de Dieu. Mais si nous sommes divisés, nous déshonorons le temple de Dieu comme les leaders de Jérusalem avaient déshonoré le temple à l’époque de Jésus. Nous aussi nous pouvons ainsi inviter la discipline de Dieu !
Le salut par grâce ou par race
Lorsque nous, les chrétiens aujourd’hui, lisons la lettre de Paul aux chrétiens romains, nous mettons d’habitude l’accent sur le fait que cette lettre explique la façon dont on peut se réconcilier avec Dieu. Alors que la réconciliation avec Dieu est au cœur de la lettre, Paul l’a aussi écrite pour nous exhorter à nous réconcilier les uns avec les autres.
Le problème. Les salutations finales de Paul, qui mentionnent Prisca et Aquilas (Romains 16.3-5), fournissent un indice pour la situation que Paul adresse. Lorsque Paul avait pour la première fois rencontré ces amis, ils venaient de quitter Rome parce que l’empereur Claude avait sommé les Juifs de partir (Actes 18.2). Cependant, lorsqu’il les salue à la fin de sa lettre aux chrétiens romains, ils étaient déjà de retour à Rome (Romains 16.3-4), ce qui indique que l’édit de Claude n’était plus en vigueur (probablement parce qu’il était mort). Cette salutation suggère aussi que l’église qui avait été pendant quelques années une église constituée entièrement de chrétiens d’origine païenne à Rome, expérimentait à présent une affluence nouvelle et probablement soudaine de chrétiens juifs. Le reste de la lettre de Paul suggère que ces chrétiens
juifs et ceux d’origine païenne, ayant des coutumes différentes, n’avaient pas de bons rapports.
Les chrétiens d’origine païenne, imprégnés par la perspective dominante de leur propre culture romaine, semblaient avoir méprisés les chrétiens juifs sur la nourriture et les jours saints (Romains 14.1-6). Réciproquement, plusieurs chrétiens juifs questionnaient probablement l’orthodoxie des chrétiens d’origine païenne qui n’observaient pas les lois que Dieu avait établies dans la Bible.
Un seul chemin de salut. Paul, répondant à ce conflit entre les chrétiens juifs et les chrétiens d’origine païenne à Rome, soutient dans les onze premiers chapitres de sa lettre que les Juifs et les Gentils viennent à Dieu sur les mêmes conditions et que Dieu les reçoit tous de la même façon (Romains 1.16 ; 2.9-10 ; 10.12).
Premièrement, Paul établit que toute l’humanité est pareillement sous le jugement de Dieu. Dans Romains 1.1827, Paul démontre ce que probablement personne ne conteste dans l’église : les Gentils non-chrétiens étaient perdus. Il insiste sur leur comportement idolâtre et homosexuel que les Juifs considéraient presqu’exclusivement comme étant des péchés des Gentils. Mais il se tourne alors vers une liste de vices qui inclut des péchés que les Juifs reconnaissaient aussi comme étant les leurs (Romains 1.28-32). Romains 1 prépare ses auditeurs pour Romains 2, dans lequel Paul établit que son propre peuple est aussi perdu. Il conclut ainsi au chapitre 3 que toute l’humanité est pareillement perdue et a besoin de Christ (Romains 3 .23-31).
Deuxièmement, Paul montre que Dieu a offert le salut pour tous les peuples sur les mêmes termes. Les Juifs croyaient très souvent qu’ils seraient sauvés en vertu de leur descendance
d’Abraham. Paul, au contraire, insiste que ce qui importe c’est la descendance spirituelle d’Abraham, plutôt qu’une simple descendance physique (Romains 4). Après tout, Dieu avait choisi Abraham lorsqu’il était encore un Gentil (Romains 4.10-12), comme le reconnaissaient les contemporains de Paul. Mais, sans se soucier de quiconque revendique la descendance d’Abraham, Paul fait remarquer que nous sommes tous des descendants d’Adam ; ainsi, nous partageons le péché et la sentence de mort d’Adam (Romains 5.12-21). Ceci était aussi un argument que les chrétiens juifs comprenaient bien, même s’ils ne l’aimaient pas.
La loi, le bien le plus cher d’Israël, ne garantissait pas nécessairement la supériorité spirituelle des Juifs sur les Gentils (Romains 7). (Bien sûr, Dieu avait donné la loi à Israël comme un don spécial [Romains 3.2], et elle était bonne [Romains 7.12, 14]. Mais la loi en elle-même ne pouvait qu’enseigner la justice, elle ne pouvait pas rendre une personne juste. La loi allait les aider seulement s’ils l’approchaient à partir de la perspective de la foi en Christ [Romains 3.27 ; 8.2 ; 9.30-32 ; cf. Jérémie 31.33 ; Ezéchiel 36.27]). Paul dépeint la vie sous la loi comme un combat terrible : la loi permettait à quelqu’un de connaître ce qui était bon, mais elle ne pouvait pas amener le cœur humain à être bon. Par conséquent, la possession de la loi de Dieu par Israël ne leur garantissait pas le salut plus facilement que les Gentils – un argument qui aurait horrifié ses contemporains juifs.
Troisièmement, Paul parle plus précisément de la relation entre Israël et les Gentils du chapitre 9 au chapitre 11. Le peuple juif croyait que Dieu les avait choisis en Abraham. Cependant, Paul établit que ce ne sont pas tous les descendants d’Abraham dans la Bible qui sont qualifiés pour la promesse (Romains 9.6-13). Il soutient que Dieu est tellement souverain qu’il peut choisir sur la base qui lui plaît. Dans ce contexte, ce n’est pas simplement sur la base de l’ethnicité mais plutôt sur
celle de la réponse à son Christ (Romains 9.24-33). Les Juifs ne peuvent pas se fier à leur nature ethnique juive pour le salut.
Les chrétiens d’origine païenne ne devraient pas non plus se fier à leur sous-culture adoptée récemment pour le salut, tout comme nous n’osons pas nous fier à notre ethnicité, dénomination ou méthode spirituelle au lieu de nous confier en Christ lui-même. Paul signale que les Gentils étaient greffés dans le peuple de Dieu. Mais si Dieu peut ainsi arracher des branches juives incrédules qui étaient naturellement rattachés à l’héritage, il peut certainement arracher les branches étrangères (Romains 11.17-22). En outre, Paul croyait qu’un jour Dieu allait ramener une grande récolte des branches juives à l’arbre, les préparant pour le retour de Christ (Romains 11.2327). En d’autres termes, Paul reprend les chrétiens d’origine païenne de ne pas mépriser les chrétiens juifs, tout comme il conseille aux chrétiens juifs de ne pas mépriser les Gentils chrétiens. Nous devons tous être un en Christ (1 Corinthiens 12.13 ; Galates 3.28 ; Colossiens 3.11).
Les implications pour la réconciliation. Enfin, Paul explique les implications pratiques pour les chrétiens romains. Ils doivent s’aider les uns les autres comme un seul corps avec des membres divers (Romains 12). Ils doivent reconnaître que le cœur de la loi c’est l’amour (Romains 13.8-10). Ils doivent respecter les coutumes les uns des autres tant qu’elles sont utilisées pour glorifier Dieu (Romains 14). Ils doivent aussi embrasser des modèles de réconciliation ethnique comme Christ (Romains 15.8-12) et Paul lui-même (Romains 15.25-27).
L’exhortation finale de Paul est de prendre garde à ceux qui causent la division (Romains 16.17).
La réconciliation ethnique était au cœur de l’évangile de Paul. Il était toujours prêt à abandonner des pratiques simplement culturelles si cela pouvait l’aider à communiquer
Christ avec plus de succès (Actes 16.3 ; 1 Corinthiens 9.19-23). Pourtant, il n’était jamais disposé à compromettre l’évangile qui déclare que tous les êtres humains sont sauvés non par leurs coutumes, mais par Christ (Galates 2.1-14). Ceci élimine toute raison de mépriser ceux dont les coutumes sont différentes des nôtres, car c’est Christ qui nous rend agréables à Dieu. Et si Dieu accepte une personne, qui sommes nous pour la rejeter ?
Conclusion
A travers Jésus Christ, nous avons été réconciliés avec Dieu, et les uns avec les autres. Nous sommes le corps de Christ. Si nous sommes divisés, cela cause une grande peine à notre seigneur Jésus, qui déjà était mort pour nous. Son plus grand commandement était de s’aimer les uns les autres. Allons-nous lui obéir ? Mettrons-nous de côté notre orgueil et nos autres loyautés pour lui être loyaux ? Allons-nous commencer à nous écouter les uns les autres dans l’humilité, pour apprendre de quelle façon nous pouvons ensemble travailler pour Christ ? Allons-nous établir des relations à travers les limites ethniques dans le but de montrer l’amour de Christ à tous ? Si nous agissons de la sorte, il y aura inévitablement des heurts et des malentendus. Mais tout comme Christ ne nous a pas délaissés, nous aussi nous ne devons pas nous négliger les uns les autres.
Ce que nous enseignons sur le salut devrait directement affecter notre façon de penser au sujet de l’église — par conséquent, notre façon de traiter les autres. Les écrivains bibliques ont proclamé la réconciliation ethnique sur la base de notre moyen commun de salut en Christ. Si la réconciliation ethnique est si proche du cœur de l’évangile, nous devons travailler efficacement à produire des fruits de cette réconciliation parmi le peuple de Christ aujourd’hui.
Bibliographie : ressources pour une étude approfondie
En dépit du fait que nous avons essayé d’écrire ce livre sur un niveau accessible et non celui d’érudit, toutes ses affirmations peuvent être amplement documentées. Même si nous n’avons pas fourni de notes importantes en bas des pages, une grande partie des informations est disponible dans d’autres œuvres écrites par Craig S. Keener. (Nous les mentionnons ici parce que nous en avons fait recours, mais il y a des centaines d’autres ressources qui existent, y compris celles par des auteurs (et amis) comme John Dawson, Curtis Paul DeYoung, Moss Ntlha, Spencer Perkins et Chris Rice, et Alexander Venter).
> Sur l’histoire africaine et afro-américaine, voir Glenn J. Usry et Craig S. Keener, Black Man’s religion: Can Christianity Be Afrocentric? (Downers Grove, IL: InterVarsity, 1996) ; une partie de ce matériel est répétée dans Defending Black Faith (InterVarsity, 1997).
> Pour des exemples bibliques de réconciliation ethnique, voir l’article de Craig S. Keener, « The Gospel and Racial Reconciliation », pages 117-130, dans The Gospel in White & Black: Theological Resources for Racial Reconciliation, ed. Dennis L. Ockholm (Downers Grove, IL : InterVarsity, 1997). Après avoir omis les notes en fin de chapitre, nous avons emprunté et adapté une partie de ce matériel ici, surtout Jean et Paul, avec la permission d’InterVarsiry Press. On peut trouver plus de détails dans l’article de Craig S. Keener, « Some New Testament
Invitations to Ethnic Reconciliation », dans Evangelical Quarterly 75 (3 July 2003): pages 195-213.
> Tout l’arrière-plan biblique utilisé dans ce livre est disponible à partir du livre de Craig S. Keener, The IVP Bible Background Commentary: New Testament (Downers Grove, IL: InterVarsity, 1993), aussi disponible à travers Africa Christian Textbooks. Des études fortement documentées sur Matthieu et Jean sont mentionnées ci-dessous.
> Ceux qui désirent plus de lecture peuvent consulter les informations ci-dessous. Il y a aussi beaucoup d’autres bons livres ; nous offrons simplement un échantillon de quelques uns des plus utiles.
Chapitre 1 : L’histoire de l’église primitive et le besoin pour la réconciliation
> Pour l’histoire ancienne de l’église en Afrique, voir Elizabeth Isichei, A History of Christianity in Africa (Grand Rapids, Cambridge: Eerdmans, 1995), pages 13-73; Craig S. Keener et Glenn Usry, Defending Black Faith: Answers to Tough Questions About African-American Christianity (Downers Grove, IL: InterVarsity, 1997), pages 13-18; Bengt Sundkler et Christopher Steed, A History of the Church in Africa (Cambridge: University Press, 2000), pages 7-80.
> Pour des perspectives multiculturelles sur l’histoire de l’église, y compris l’église dans l’empire byzantin, voir Paul Spickard et Kevin Cragg, A Global History of Christians (Grand Rapids: Baker, 1994); Dale Irvin et Scott Sunquist, History of the World Christian Movement (Maryknoll, NY: Orbis, 2001), vol. 1; Philip Jenkins, The Next Christendom: The Coming of Global Christianity (Oxford: Oxford University, 2002, pages 15-38.
> Pour la persistance des chrétiens dans une grande partie du Moyen Orient au vingtième siècle, et pour les dommages causés par l’interférence occidentale, voir des informations pertinentes dans Edward R. Kantowicz, The World in the Twenthieth Century, 2 vols. (Grand Rapids: Eerdmans, 1999).
> Pour des perspectives de la Méditerranée ancienne sur les Africains, voir Frank M. Snowden, Jr., Blacks in Antiquity: Ethiopians in the Greco-Roman Experience (Cambridge, MA: The Belknap Press of Harvard University Press, 1970); idem, Before Color Prejudice: The Ancient View of Blacks (Cambridge: Harvard University Press, 1983).
> Pour le christianisme dans un contexte global, voir Lamin Sanneh, Whose Religion Is Christianity? The Gospel Beyond the West (Grand Rapids: Eerdmans, 2003); en plus du livre de Philip Jenkins, cité ci-dessus.
Chapitre 2 : Des exemples dans l’histoire plus récente
> Pour des exemples à partir du mouvement chrétien pour l’abolition de l’esclavage et à partir de l’histoire des EtatsUnis, voir la documentation dans Usry et Keener, Black Man’s Religion, pages 52-54, 98-110, 122-124; Keener Gospel and Racial Reconciliation, pages 125-127; Keener et Usry, Defending Black Faith, pages 33-41.
Chapitre 3 : La réconciliation ethnique dans l’Ancien Testament et dans les Évangiles
> Pour des mariages interethniques dans la Bible, y compris une plus grande documentation qu’ici, voir Craig S. Keener « The Bible and Interracial Marriage », pages 2-27 dans Just Don’t Marry One: Interracial Dating, Marriage, and Parenting,
ed. George A. Yancey and Sherelyn Whittum Yancey (Valley Forge, PA: Judson Press, 2002).
> Nous fournissons une documentation complète sur les passages dans Matthieu, dans Craig S. Keener, A Commentary on the Gospel of Matthiew (Grand Rapids: Eerdmans, 1999); ou dans une forme moins académique, idem, Matthiew, IVP New Testament series (Downers Grove: InterVarsity, 1997).
> Une complète documentation sur Jean 4 se trouve dans Craig S. Keener, The Gospel of John: A Commentary, 2 vols. (Peabody, MA: Hendrickson Publishers, 2003), pages 584-628; idem, « Some New Testament Invitations to Ethnic Reconciliation », Evangelical Quarterly 75 (3, July 2003): pages 195-202.
Chapitre 4 : La mission de l’Église
> Sur la parabole du bon Samaritain, voir Keener, Some Invitations, pages 202-207.
> Sur la mission des Gentils dans Luc-Actes, voir par exemple, Jacques Dupont, The Salvation of the Gentiles: Essays on the Acts of the Apostles, tr. John R. Keating (New York: Paulist Press, 1979).
> Sur le schéma géographique de Luc, y compris l’intérêt sur l’Afrique, voir surtout James M. Scott, « Luke’s Geographical Horizon », pages 483-544 dans The Book of Acts in Its GraecoRoman Setting, ed. David W. J. Gill, et Conrad Gempf, vol. 2 dans The Book of Acts in Its First Century Setting (Grand Rapids: Eerdmans; Carlisle: Paternoster Press, 1994).
> Pour la documentation sur ces affirmations dans Romains, voir Keener, « Some Invitations », pages 208-210; idem, « Gospel and Reconciliation », pages 122-125.
> Pour la documentation sur ces affirmations au sujet du nouveau temple, voir Keener, « Some Invitations », pages 210-213; idem « Gospel and reconciliation », pages 118-122; nous avons aussi traité 1 Corinthiens 9.19-23 dans plus de détails dans Keener, 1-2 Conrithians (Cambridge: Cambridge University, 2005), pages 80-81.
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