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Novembre > DĂŠcembre 2012
Ravis de vous avoir connus ! À en croire le calendrier maya, ce 12ème numéro d’AS de PIXEL serait le dernier. Oui, le compteà-rebours a commencé, prenez pour preuve cette 12ème couverture qui sent le chaos, signée Stéfane Moscato. La fin du monde approche, mais nous ne nous laisserons pas faire ! AS de PIXEL est bel et bien décidé à continuer de se faire un nom et ça se passera sur une autre planète s’il le faut. Vous êtes chaque jour de plus en plus nombreux à nous suivre et votre touchante fidélité survivra à cette satanée fin du monde. Car oui, s’il s’avérait que les mayas avaient raison et que l’au-revoir aurait bien lieu ce 21 décembre 2012, est-il écrit dans leur fameux calendrier qu’AS de PIXEL ne continuerait pas son ascension ?!? Notre magazine aura deux ans en janvier prochain et nous avons déjà préparé les bougies. Profitez bien de ce numéro #12, dernier numéro de cette année 2012, en attendant le numéro #13, premier numéro de 2013 ! AS de PIXEL #12 3
MICK BULLE P. 6
STEFANE MOSCATO P. 16
ALL IF P. 28
THOMAS DE LUSSAC P. 36
4 SOMMAIRE
FRANÇOIS CHATELAIN P. 46
DEUX FILLES EN FIL P. 58
MAÏA BRAMI P. 68
FRENCH TOUCH P.78
AS de PIXEL #12 5
6 PHOTO / Mick Bulle
MICK BULLE Utilisant l’image pour extérioriser ses angoisses les plus profondes, Mick Bulle nous invite dans un univers sombre et ambigu, rappelant par certains aspects Cocteau, Lynch ou Hitchcock. À travers ses photographies se créent ainsi des ambiances équivoques, entre onirisme et romantisme noir. Très vite, de nombreux artistes sont attirés par cet univers, dont Melissa Mars, Cartel Couture et Pierre Pascual. Au travers de ces collaborations, Mick Bulle s’essaie au court métrage, domaine qu’il choisira d’approfondir. C’est d’ailleurs avec ses deux dernières réalisations, « Chaperon Noir » et « Bubble Park », qu’il se fait remarquer lors de plusieurs festivals de films fantastiques. Lauréat du concours « Cycle Jeunes talents » du Loir et Cher, cet artiste complet a publié cette année son premier livre photo : « Les Egarés ». Site internet : www.mickbulle.com Par Pauline Detavernier
AS de PIXEL #12 7 La désorientée
8 PHOTO / Mick Bulle La bienvenue
Quelle pourrait-être votre devise ?
Un artiste connu qui vous inspire : Grégory Crewdson Un artiste moins connu qui mérite de le devenir : Est-ce prétentieux de penser à soi-même ? Une personne qui a beaucoup compté pour vous : Celle qui m’a mis au monde Une personne connue que vous admirez : Pascal Laugier. Un des réalisateurs français les plus prometteurs du moment et dont le travail me hante à chaque fin de ses films.
AS de PIXEL #12 9
Une phrase culte : « L’avenir appartient a ceux qui se lèvent tôt » ...manque de bol, je ne suis pas du tout du matin ! Un film : « Les amants criminels » de François Ozon et « Calvaire » de Fabrice Du Welz. Ces deux films ont vraiment été une révélation pour moi. Aussi bien psychologiquement qu’artistiquement. Il y aurait aussi « Funny games » de Michael Haneke et « Hôtel » de Jessica Hausner... dur de n’en citer qu’un seul ! Un livre : « Stupeurs et tremblements » d’Amélie Nothomb Une chanson : « Love will tear us apart » de Joy Division Un voyage : En ce moment, c’est l’atmosphère des paysages d’Irlande qui m’attire... Un rêve : Savoir s’il y a de la lumière au bout du tunnel et voir si les personnes qui nous ont quittés nous y attendent vraiment. Un cauchemar : Perdre mes yeux lors de mon sommeil et me réveiller en entendant ma chatte s’amuser avec sur le parquet et les terminer dans sa gamelle. Une cause à défendre : Réapprendre le sens du respect.
10 PHOTO / Mick Bulle
La liaison interdite (Part 1)
AS de PIXEL #12 11
La main inerte
12 PHOTO / Mick Bulle
La renversée
AS de PIXEL #12 13
Je viens de sortir mon premier ouvrage photographique : « Les égarés » aux Éditions Dubuisson. Un livre mêlant réalité étrange et onirisme. Des moments de vie suspendues où chaque personnage attend une destinée qui lui est inconnue. 84 photographies y sont regroupées pour y former un voyage solitaire au bord de la folie... si frontière il y a ! Mis à part le fait de faire découvrir ce livre aux yeux d’un plus grand nombre, je suis actuellement à la préparation d’un nouveau projet photographique pour représenter les douze mois de l’année dans l’univers d’un ami artiste chanteur à l’esprit décalé. Un mélange d’idées qui vont me permettre de développer une facette de moi-même encore inconnue. C’est ça qui est passionnant en photographie : c’est cette envie d’explorer de nouvelles choses avec un nouveau regard... et de se surprendre.
14 PHOTO / Mick Bulle
Les enfants du noir
AS de PIXEL #12 15
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Stéfane Moscato Originaire de Marseille et après avoir parcouru le monde, Stéfane Moscato se lance dans l’art du pochoir et se passionne pour ce média. Sa culture alternative/punk/ rock pousse cet autodidacte de 36 ans vers ce médium et ses influences s’en ressentent dans ses créations. Le mouvement du « street art » ayant déjà pas mal cerné la question du pochoir, il essaie de trouver sa propre technique et réussit là où tout semblait déjà avoir été fait. Il choisit avec grand soin ses fonds et joue avec en y déposant ses pochoirs. Ainsi, il se réapproprie le message de certaines affiches arrachées dans la rue et propose une autre lecture. Ses supports sont issus d’éléments trouvés dans la rue et sa vision décalée engendre des œuvres originales et uniques. Stéfane Moscato expose à présent ses oeuvres dans plusieurs galeries et festivals. ite internet : www.stf-pochoirtiste.fr S
AS de PIXEL #12 17 Our Spaceship Earth
Urban Wildlife
Quelle pourrait-être votre devise ?
Un artiste connu qui vous inspire : Y en a un tas à vrai dire, mes aînés pochoiristes indéniablement, mais Ernest Pignon-Ernest et la grâce qui se dégage de ses collages poétiques et engagés reste le plus important. Un artiste moins connu qui mérite de le devenir : Je ne vais pas me faire que des amis là, je risque d’y répondre maladroitement. De ceux dont j’ai croisé la route, il y aurait (dans le désordre, s’il vous plaît) Rnst, Ohido et Ipin et son canon à peinture. Mais ils seraient des dizaines à le mériter, travailleurs sans relâche... Il suffit de s’intéresser au mouvement pour prendre conscience de son ampleur et des limites que certains essaient de repousser. Tous ceux-là seraient à nommer...
AS de PIXEL #12 19
Way of Life
Beyond Apollo
Amazon rules À la porte du temple
20 ILLUSTRATION / Stéfane Moscato
AS de PIXEL #12 21
Une personne qui a beaucoup compté pour vous : Mon professeur de boucherie appliquée Une personne connue que vous admirez : Flipper le dauphin, qu’est-ce qu’il est beau gosse ! Une phrase culte : « The Future is unwritten » Joe Strummer Un film : Ou plutot un dessin animé qui m’angoissait tout petit. Terrible. « Le Roi et l’Oiseau » de Paul Grimault. « Les oiseaux, symboles de liberté, et les enfants qui s’aiment vaincront le totalitarisme et la terrifiante technologie »... U n livre : Mon livre de chevet, maintes et maintes fois lu, « Paroles » de Jacques Prévert Une chanson : Un seul titre ? Dur... tiens le player passe « Ghost town » des Specials, c’est pas mal ça... Un voyage : Le prochain, loin, histoire de se confronter à la vie et à la culture des autres. Sur la Lune sinon, j’y suis fréquemment. Point de vue imprenable sur la Terre. Un rêve : Je vole Un cauchemar : Je vole et j’ai le vertige Une cause à défendre : Liberté, Égalité, Fraternité... c’est bête mais fallait pas nous l’apprendre à l’école pour ensuite nous persuader du contraire.
22 ILLUSTRATION / Stéfane Moscato Tentative d’évasion
AS de PIXEL #12 23
L’offrande au crépuscule
La chasse à l’oiseau rare
AS de PIXEL #12 25
Quelques expos à venir, notamment sur Marseille, avec l’asso Juxtapoz et dans la foulée la participation au M.U.R Marseille. Une page dans un chouette livre objet Stencil Republique ou une vingtaine de pochoiriste se sont prêtés au jeu de la découpe au service des moins manuels. Des apparitions par-ci par-là sur des expos collectives à Marseille, Paris... Des collages au détour de quelques rues. Certainement une expo à Bâle en marge de la foire en juin chez Guillaume Daeppen, et d’autres projets mystères et top secret. Affaire à suivre...
AS de PIXEL #12 27 Big Bad Boss Beat
28 musique / All If
ALL IF All If est une créature indie pop inventée à Paris en 2008 par Olivier Rocabois. Le groupe se compose de : Marie Moriette / violoncelle et chœurs, Gilles François / batterie et chœurs, Antoine Pinchot / basse et chœurs, et Olivier Rocabois / chant, guitares et claviers. Un orchestre de poche au service de compositions baroques sous influence Beatles / Bowie / Beach Boys. Ou plus récemment Divine Comedy ou Grizzly Bear. Jamais avare de mélodies raffinées et d’arrangements luxuriants, le groupe offre sur scène des prestations assez jouissives, mêlant grand élan populaire ( on pense à Dexy’s Midnight Runners ) et élégance. De plus, le groupe s’offre de fins enregistrements en studio et des salles bien connues des Parisiens pour ravir nos oreilles. ite internet : wwww.myspace.com/ifparis S soundcloud.com/all-if www.facebook.com/pages/ALL-IF/140410144329 Photos : Florent Drillon
AS de PIXEL #12 29
Quelle pourrait-être votre devise ?
Beaumarchais
30 musique / All If
Un artiste connu qui vous inspire : Olivier : Damon Albarn Marie : Jacques Audiard Gilles : Kate Bush Antoine : Paddy McAloon
Une personne qui a beaucoup compté pour vous : Olivier : Papy Marie : Mes grand-parents Gilles : Mon frère Antoine : Captain Igloo
Un artiste moins connu qui mérite de le devenir : Olivier : Citizen Helene Marie : Ma mère Gilles : David Chazam Antoine : Citizen Helene
Une personne connue que vous admirez : Olivier : Paul McCartney Marie : Ricky Gervais Gilles : Kate Bush Antoine : Lino Ventura
AS de PIXEL #12 31
32 musique / All If
Une phrase culte : Olivier : « L’art est à la vie ce que le sperme est au sang » Léon-Paul Fargue Marie : « Il ne faut pas se retourner sur son passé ou il vous saute à la gorge comme un chat enragé » Jacques Prévert Gilles : « La raison c’est l’intelligence en exercice ; l’imagination c’est l’intelligence en érection » Victor Hugo Antoine : « Je me satisfais aisément du meilleur » Winston Churchill Un film : Olivier : « Shining » de Stanley Kubrick Marie : « Les Enfants du Paradis » de Marcel Carné Gilles : « La Nuit du Chasseur » de Charles Laughton Antoine : « Les Duellistes » de Ridley Scott
U n livre : Olivier : « Le Festin Nu » de William Burroughs Marie : « Dirty Weekend » d’Helen Zahavi Gilles : « Correspondance » de François Truffaut Antoine : « Sans nouvelles de Gurb » d’Eduardo Mendoza Une chanson : Olivier : « Sun In Your Eyes » de Grizzly Bear Marie : « Sound of Silence » de Simon & Garfunkel Gilles : « Someday Man » de Paul Williams Antoine : « Wuthering Heights » de Kate Bush Un voyage : Olivier : Cinque Terre – Italia Marie : Le tour du monde Gilles : San Francisco Antoine : Verkhoïansk (Sibérie) – Newman (Australie) en février, pour les 100° C d’amplitude thermique
AS de PIXEL #12 33
Un rêve : Olivier : Sortir un double album Marie : Vivre de sa musique Gilles : #9 Dream Antoine : Voler Un cauchemar : Olivier : Ne plus pouvoir chanter Marie : La vie de bureau Gilles : Perdre l’ouïe Antoine : Prendre l’avion Une cause à défendre : Olivier : La fantaisie Marie : Le métro obligatoire pour tout le monde Gilles : Une cause perdue Antoine : La réintroduction du vélociraptor dans les Hautes-Pyrénées
Actuellement en enregistrement, All If publiera un album courant 2013. Le chanteur du groupe collabore par ailleurs à d’autres projets plus électroniques : • KOOL BANDITS http://www.youtube.com/ watch?v=YDT2ANE1vV8 • SLOVE http://www.youtube.com/ watch?v=pdFmZvYr4Gc
34 musique / All If
AS de PIXEL #12 35
36 DESIGN / Thomas de Lussac
THOMAS DE LUSSAC Lorsqu’on regarde les diverses créations de Thomas de Lussac, on se demande s’il sagit bien du travail d’un seul et même designer. Son univers jongle entre le luxe, avec des matériaux nobles et des lignes pures, et un univers ludique, coloré, qui s’intéresse à des objets bien loin du luxe tels que les poubelles. Et ce qui étonne encore plus, c’est la facilité avec laquelle il s’adapte à chacun de ces milieux. Permettant à la fois de découvrir de nouvelles formes, de voir de nouvelles utilisations pour un matériau (du parquet en pierre !), de s’étonner devant un banc… À cela s’ajoute un brin d’écologie : les lampes, tables basses et consoles de sa marque « T2L » étant élaborées par des artisans vendéens. Site internet : www.thomas-de-lussac.com
Par Cécile Cette par Cécile Cette Propos recueillis
AS de PIXEL #12 37 Fauteuil Spider
Lampadaire Facetts
38 DESIGN / Thomas de Lussac
Quelle pourrait être votre devise ?
Un artiste connu qui vous inspire : Robert Panton Un artiste moins connu qui mérite de le devenir : Jean-Bernard, cordonnier à Asnières Une personne qui a beaucoup compté pour vous : Chantal de Bertier, architecte Une personne connue que vous admirez : Raymond Loewy, designer Une phrase culte : « La prochaine fois, il y aura pas de prochaine fois » (The Sopranos)
AS de PIXEL #12 39
À gauche : Poubelman / À droite : Toi & Moi
Un film : « Furyo » de Nagisa Oshima Un livre : « Le parfum » de Patrick Süskind Une chanson : « Otherwise » de Morcheeba Un voyage : Vilnius en Lituanie 40 DESIGN / Thomas de Lussac
Un rêve : Marcher sur Mars Un cauchemar : Rêver que ce cauchemar soit la réalité, bien qu’une partie de moi espère que cela ne le soit pas ! Une cause à défendre : Le patrimoine bâti
AS de PIXEL #12 41
Dîne-Amitié
42 DESIGN / Thomas de Lussac
Fauteuil Spider
AS de PIXEL #12 43
Projecteur Stoneage - Déclinable également en vasque
D’une pierre 4 coups ! Thomas de Lussac investit dans la pierre. La Pierre de France, le leader européen de la filière pierre et marbre a confié au designer français la mission d’apporter le Design et l’Innovation au sein du groupe. À l’occasion de la Paris Design Week du 10 au 16 septembre 2012, Thomas de Lussac présentera 4 collections qui seront dévoilées dans le showroom de la Pierre de France, au 332 rue Saint-Honoré à Paris. Dallage Dune - Pierre de lave de Bouzentes et pierre de Magny
44 DESIGN / Thomas de Lussac
Pierre de lave de Bouzentes
Dallage Puzzle - Pierre de lave de Bouzentes et pierre de Magny
AS de PIXEL #12 45
46 MOTION / Franรงois Chatelain
François chatelain François Chatelain commence par la fac de cinéma de Saint-Denis puis est embauché dans une agence de production comme assistant. Il découvre iMovie qui lui ouvre une première porte sur le montage de films, de manière simple et rapide, puis évolue rapidement vers Final Cut Pro et After Effect qui bouleversent sa vie. En 2006, avec l’avènement des sites de vidéos Dailymotion et Youtube, il met en ligne une carte de vœux qui a un très grand succès immédiat. Il décide alors de faire la suit, intitulée « Saint Valentin », qui l’amènera à se faire connaître et travailler en tant que graphiste à la télévision. Devenu indépendant en 2008, François Chatelain a la particularité de tout gérer dans une production : écriture, réalisation, montage, graphisme, ce qui lui vaut d’être sollicité sur des projets de génériques TV et des films de communication notamment. ite internet : www.francoischatelain.com S
Générique de la série « + ou - Geek »
AS de PIXEL #12 47
Quelle pourrait-être votre devise ?
If you don’t stop and look around once in a while, you could miss it !* * L a vie passe plutôt vite, si tu ne t’arrêtes pas pour regarder autour, tu pourrais la manquer !
ln gestion animation Voeux 2012
48 MOTION / François Chatelain
Cite u voeux 2011
Un artiste connu qui vous inspire : Ils sont nombreux. Edouard Salier dont chaque film force le respect, Michel Gondry dont l’esprit me fascine. Un artiste moins connu qui mérite de le devenir : Moi ? (rires). Ce serait surtout dans le but de réaliser des projets plus ambitieux, pas forcément pour être reconnu dans la rue. Une personne qui a beaucoup compté pour vous : Le producteur auprès duquel j’ai débuté, qui m’a appris le métier et m’a fait confiance.
AS de PIXEL #12 49
Une personne connue que vous admirez : J’admire ceux qui font tout, les Carpenter, les Soderbergh et autres qui écrivent, produisent, réalisent, font la musique de leur film, etc… Ça m’impressionne beaucoup. Une phrase culte : « Tou a touwé mon fwèw à ‘chtah ! tou wa mouwii ! » Un livre : Les mangas de Naoki Urasawa
50 MOTION / François Chatelain
Ma Valentine Musique : «The Fratelli Car Chase» - Dave Grusin Avec : Camille Dian, François Chatelain Image : Pascal Louis
Un film : « Un Monde sans pitié », d’Eric Rochant Une chanson : Impossible d’en choisir une seule alors que j’aime autant la soul que l’électro, que les musiques de films et autres encore… La chanson que j’écoute en boucle dernièrement : « Sidewalk Safari » par le groupe Chairlift. Un voyage : Le psilocybe cubensis, mémorable...
Un rêve : Brian de Palma m’appelle pour me proposer de faire le générique de son prochain film. Un cauchemar : Je suis à nouveau en terminale et je dois repasser le bac... Une cause à défendre : Sorry, je sèche…
AS de PIXEL #12 51
52 MOTION / Franรงois Chatelain
Parfums Salvador Dali Musique : «Don’t let me be misunderstood» / SANTA ESMERALDA Avec : Clara Huet Images : Olivier Dessalles Production : MAS Productions
AS de PIXEL #12 53
Le Figuier Blanc Musique : «Swan Lake» SHAWN LEE Avec :Alexandra Michel / François Chatelain Images : Fay Brahimi Production : F&C
54 MOTION / François Chatelain
j’ai eu la chance et le plaisir de créer le générique de l’émission « + ou - Geek » dont j’étais déjà fan de la saison 1. C’était l’occasion d’expérimenter de nouvelles techniques de tournage et de post-prod, le tout dans le monde de la culture geek, je ne suis pas malheureux ;) http://www.francoischatelain.com/Geek.html
AS de PIXEL #12 55
56 MOTION / Franรงois Chatelain
Showreel 2012 présentation des travaux de François Chatelain INTRO
AS de PIXEL #12 57
58 MODE / Deux filles en fil
DEUX FILLES EN FIL Il était une fois deux filles… Claire Batardière, designer, et une amie d’enfance modéliste qui ont l’idée folle de récupérer les matières premières délaissées par des usines du Maine-et-Loire qui ont du fermer… De fil en fil, elles ont su leur donner une nouvelle vie ou le cuir recyclé, tel de l’origami, se plie à toutes les envies : sac d’un jour, il peut devenir pochette en trois tours de main ou se métamorphoser en cabas de toujours ! Un seul fil conducteur : l’unicité qui rythme les découpes, où les formats dits « classiques » se mêlent à des jeux de pressions pour devenir terriblement originaux en quelques clips. Site internet : www.deuxfillesenfil.fr Par Mélanie Launay
AS de PIXEL #12 59 59 Sac Madame modulable cuir recyclé
60 MODE / Deux filles en fil Sac Enveloppe modulable cuir recyclĂŠ
Quelle pourrait-être votre devise ?
Un artiste connu qui vous inspire : Matali Crasset Un artiste moins connu qui mérite de le devenir : Mon dernier coup de cœur : Mark Bradford ! Une personne qui a beaucoup compté pour vous : Ma grand-mère ! Une personne connue que vous admirez : Audrey Hepburn Une phrase culte : « Quand le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt. »
AS de PIXEL #12 61
62 MODE / Deux filles en fil Sac Feuilleté modulable cuir recyclé
Sac Pop’ins modulable cuir recyclé
Un film : « Edward aux mains d’argent » de Tim Burton Un livre : « Nouvelles histoires extraordinaires » d’Edgar Poe Une chanson : « O Green World » de Gorillaz Un voyage : Les pays du Nord, Norvège, Islande…
Un rêve : Habiter dans une bulle au fond de l’océan, mais dans mon rêve il faisait jour. Un cauchemar : Être dans une piscine remplie d’araignée. Une cause à défendre : Sauvez la planète !
AS de PIXEL #12 63
Sac Cartable modulable cuir recyclĂŠ
64 MODE / Deux filles en fil
Sac Kaba modulable cuir recyclĂŠ
AS de PIXEL #12 65
Nous créons et réalisons des sacs modulables en cuir à partir des excédents de l’Industrie de la mode. Nous réutilisons des matières déjà existantes pour leur donner une nouvelle vie. Basées dans le Maine-et-Loire, nous avons choisi de soutenir le savoirfaire de cette région, connue pour ses compétences en maroquinerie, mais fortement sinistrée par les fermetures et délocalisations d’usines qui sévissent depuis plusieurs années. Ainsi, toute la production est réalisée chez les derniers sous-traitants autour de Cholet, dans l’ouest de la France. Un nouveau concept de sac vient d’être présenté à M&O en septembre : Au lieu d’être à plat et à monter soi-même par un système de scratchs et de pression, ces nouveaux sacs se transforment en 4 formes différentes : ils peuvent se porter à plat, en cabas, en berlingot ou en cube.
66 MODE / Deux filles en fil
AS de PIXEL #12 67 Sac Marquise modulable cuir recyclĂŠ
68 PORTRAIT / Ma誰a Brami
MAÏA BRAMI Née en 1976, Maïa Brami est écrivain, journaliste et directrice de collection. Après un premier roman pour adolescents, « Vis ta vie Nina » couronné du Prix Chronos en 2002, elle a reçu en juin 2005 le Prix Matti Chiva de l’Institut Danone pour l’album « Goûte au moins ! », qui a depuis donné lieu à plusieurs traductions. Avec son roman « Norma », Maïa Brami a reçu le Prix du Premier Roman lors de la 20ème édition du Festival de Chambéry en 2007. Pour adultes, elle a également publié « 9 mois par moi », un carnet de grossesse à remplir et « Karma Sutra, 30 positions à fantasmer » avec la complicité de l’illustrateur Barroux. La création, dans tous les sens du terme, est un thème qui lui est cher. Nous l’avons rencontrée lors de l’exposition « Dans le ventre des femmes », projet parallèle à son dernier livre du même nom, dont elle est l’organisatrice et qui avait lieu à la Galerie 59, dans le centre de Paris. S ite internet : www.maiabrami.fr
AS de PIXEL #12 69
AS de PIXEL : Bonjour Maïa, dans votre dernier livre, « Dans le ventre des femmes » aux Éditions BSC Publishing, 57 écrivains et artistes du monde entier font ricocher le mot « utérus » sur les tabous et les clichés pour approcher le mystère de la création. La création, dans tous les sens du terme, est un thème qui vous est cher. Quelle est l’origine de ce projet ? Maïa Brami : À l’origine, il y a mon parcours de femme et d’artiste, ma lutte pour devenir mère, mon questionnement sur la féminité. Inspirée par les Monologues du vagin et par la démarche d’Eve Ensler – briser les tabous en tissant une fiction à partir de témoignages –, j’ai eu envie de faire les « dialogues de l’utérus » en invitant des artistes, toutes générations et nationalités confondues, à répondre à la question suivante : qu’évoque pour vous le mot « utérus » ? À vrai dire, sur ce projet, je ne me suis mis aucune barrière : Internet m’a permis d’atteindre des écrivains du monde entier. Pour la majorité d’entre eux, cela a été un engouement immédiat. Même ceux qui étaient pris par d’autres projets m’ont écrit pour m’encourager. Il était très important pour moi de donner aussi la place aux hommes dans ce recueil, et qu’ils s’interrogent sur l’origine, évoquent l’émotion provoquée à la vue du corps féminin — nu, durant la grossesse ou suturé après une hystérectomie —, disent l’amour, le désir, la solitude, l’aventure de la paternité, notamment en passant par la case adoption, ou au contraire avouent leur peur mêlée de dégoût pour cet organe qui leur est étranger. Chacun a apporté sa pierre (précieuse) à l’édifice ! 70 PORTRAIT / Maïa Brami
AS de PIXEL : Vous êtes à la fois écrivain, journaliste et directrice de collection, pensez-vous que la polyvalence soit le propre des personnes passionnées par leur métier ? M.B. : Non, je ne crois pas. Passion et polyvalence ne vont pas de paire. Certains auteurs ont bien assez de leur écriture ! Je pense que c’est une question de caractère. J’aime aller à la rencontre des autres, j’aime exprimer et partager mon ressenti sur une œuvre d’art ou sur un artiste. À l’âge de 20 ans, quand j’ai commencé à faire mes premières piges pour un magazine littéraire, c’était apprendre l’art de l’interview qui m’intéressait, l’art de dresser un portrait, au-delà des questions posées. Plus tard, j’ai découvert la photo et c’est le même plaisir, la même recherche pour moi : essayer de toucher à l’essence de l’autre, à sa vérité, à sa complexité. Il ne s’agit d’ailleurs jamais de vouloir saisir ses contours, de l’enfermer, mais d’approcher son mystère.
de PIXEL : D’autant que votre polyvalence ne s’arrête pas AS là, vous avez également travaillé à la radio, à la télé… Quel était votre rôle dans ces médias ? M.B. : Pendant deux ans, j’ai eu une chronique hebdomadaire de huit minutes sur RCF dans l’émission littéraire « Au fil des pages » de la fantastique Elise Fischer. C’est elle qui m’a proposé de parler de l’actualité de la littérature jeunesse et j’ai sauté sur l’occasion. Je trouve accablant qu’en France, on étiquette les artistes et qu’on se permette d’émettre des jugements de valeurs sur ce qui doit être la grande littérature ! Résultat, on ne parle plus que du roman. C’est lamentable ! Quant à mon incursion à la télé, l’histoire est amusante. En 2006, je pleurais de rire devant l’émission littéraire de Laurent Seksik sur I-télé, un format de 20 minutes et une grande liberté de ton. J’ai donc décidé de lui écrire pour lui proposer de choniquer des livres jeunesse. On a pris un café ensemble et il a dit banco ! Malheureusement, son émission trop avantgardiste n’a pas été reconduite.
AS de PIXEL #12 71
72 PORTRAIT / Maïa Brami
En haut : La série « Moelleux » de BauBô En bas : « Cri d’effroi » de Jean-Paul Brugidou
Sébastien Lecca et son « Super Fœtus » lors du vernissage de l’exposition
de PIXEL : Vous avez récemment ouvert un nouveau AS chapitre dans votre carrière, celui de l’organisation d’expositions. Vous avez entièrement organisé l’exposition du même nom que votre livre « Dans le ventre des femmes », à la Galerie 59 Rivoli à Paris. Comment vous est venue l’opportunité de créer cet événement ? M.B. : Cette anthologie est l’une des plus belles expériences de ma vie. J’ai l’impression que désormais tous les artistes ayant participé à l’aventure forment une grande famille. Des amitiés existaient déjà, d’autres se sont créées et les projets n’arrêtent pas de fuser ! C’est très stimulant ! Lors du lancement du livre, j’avais organisé un cocktail chez moi pour permettre à chacun de se rencontrer et ce soir-là,
Sébastien Lecca, artiste plasticien résidant au 59 Rivoli, m’a soumis la possibilité d’une expo autour du livre. J’ai sauté sur l’occasion ! de PIXEL : Sébastien Lecca a justement été la tête AS d’affiche de cette exposition, pouvez-vous nous parler de son travail et de son fameux Super Foetus ? M.B. : Je dirais qu’il a été notre hôte et co-organisateur, mais il n’en a pas été la tête d’affiche. Il n’aurait pas aimé ça d’ailleurs. J’ai conçu l’expo à l’image de l’anthologie : un dialogue entre artistes (28 au total !), une mise en résonance des arts plastiques et de l’écriture. Il y avait même une incursion sonore avec un ventre haptophonique, AS de PIXEL #12 73
« La femme tambour » de Sigolène Valax
74 PORTRAIT / Maïa Brami
« La femme tambour » de Sigolène Valax, qui travaille sur les sons perçus par le fœtus ! Avec « Super Fœtus », Sébastien travaille sur le principe de propagation du symbole du fœtus : street art, vêtement, sculpture sur bois, pierre, terre, bijoux, peinture, body painting, tatouage, etc. Je le cite : « C’est un work in progress qui affirme la capacité des humains à s’élever en conscience pour changer le monde. Il invite à se poser la question « D’où venons-nous ? Que faisons-nous ? Où allons-nous ? ». Il encourage chacun à créer ses propres réponses et sa propre vie en suivant son propre désir le plus profond. Vous pouvez aller visiter son site www.superfoetus. com et entrer en contact avec lui sur Facebook. Pendant l’exposition, il a d’ailleurs été pris à partie par un groupe de féministes qui ont établi une cartographie de ses fœtus dans les rues de la capitale, invitant à les détruire, pour revendiquer le droit à l’avortement. Elles ont aussi remis en cause l’exposition, car selon elles, les hommes n’ont pas à se mêler du ventre des femmes ! Mais l’origine même du livre est de sortir la femme d’une image sociale qui en fait avant tout une procréatrice, un ventre ! Quoi de plus féministe, non ?!
« Silence 2, coquille brisée » de Jean-Paul Brugidou
Sébastien a essayé d’entrer en contact avec ce groupe pour expliquer qu’il partageait leurs convictions. Pourtant la destruction a continué et se poursuit toujours. de PIXEL : Êtes-vous prête à organiser une nouvelle AS exposition en parallèle avec l’un de vos futurs livres ? M.B. : J’en serais ravie ! Mieux, je cherche un lieu à Paris pour organiser des lectures musicales — notamment autour de la collection poétique « Arts en résonance », que j’anime aux Editions Caractères. Il y a un an, j’ai initié et coordonné à Pompidou la première édition d’un festival, Zeitkunst, créé par trois amis berlinois, un éditeur, un pianiste et un violoncelliste, qui offre justement un dialogue sur scène entre des musiciens et des poètes autour de plusieurs pièces commanditées à des compositeurs, qui travaillent en binôme avec les poètes. Peut-être parce que mon premier amour a été la danse et que j’ai longtemps joué du violon, faire résonner les arts entre eux me semble une évidence et surtout me procure un plaisir immense !
« Cri d’effroi » de Jean-Paul Brugidou
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Sculptures « Super Fœtus » de Sébastien Lecca
76 PORTRAIT / Maïa Brami
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78 À voir / French Touch
French Touch
graphisme, vidéo, élecTro En 1994, Éric Morand, co-fondateur du label de musique techno F Communications avec le DJ Laurent Garnier, déclare : « We give a french touch to house music ». Ce terme « French touch » qualifie un mouvement de musique électronique français représenté par des groupes comme Air, Daft Punk ou encore Cassius... Ce mouvement s’est illustré sur la scène internationale et s’est étendu à tous les créateurs visuels qui accompagnent cette musique. Ainsi, du début des années 1990 au début des années 2000, jamais en France graphisme et musique n’ont été aussi proches. À travers plusieurs centaines de flyers, de pochettes de disques, de vidéos, le musée des Arts Décoratifs retrace cette histoire commune, mise en scène par le collectif 1024, dont la portée internationale a permis à ces graphistes : les M/M, H5, La Shampouineuse, Geneviève Gauckler, Alex Courtès ou encore Agnès Dahan, de s’imposer et de s’ouvrir à d’autres champs d’application. Site internet : www.lesartsdecoratifs.fr Visuels : Musée des Arts Décoratifs H5, Super Discount, 1996, Label Solid, vinyle
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C
ette synergie entre musique et graphisme s’explique par la nature même de la musique électronique et par l’attitude partagée de ces artistes qui rejettent en bloc le star system et les codes marketing qui l’accompagnent. Au début des années 1990, les labels indépendants se mettent en place à l’insu des majors, tandis que les ateliers de graphistes voient le jour à l’ombre des agences de publicité. Ces nouveaux labels se tournent vers les modèles anglais et américains en s’inspirant de collaborations qui existent déjà : comme le label Warp et le studio de graphisme Les Designers Republic ou entre le label mo’Wax et le graffeur Futura2000. Graphistes, labels et musiciens nouent des liens forts : H5 avec les labels Solid ou Pamplemousse, Restez Vivants ! avec le label Artefact puis avec Yellow Production, Tom Kan avec le label Pro-Zak Trax, M/M avec le groupe The Micronauts, Serge Nicolas avec Benjamin Diamond, Sylvia Tournerie avec Bosco, Alex Courtès avec Cassius. Ces jeunes graphistes, qui au début des années 1990 n’ont pas encore d’écriture marquée, ne se revendiquent pas d’un mouvement ou d’une idéologie commune. Ce qui les réunit est leur âge, leur cursus, leur intérêt pour la musique électronique et les références graphiques anglosaxones. Ils rejettent l’idée d’un graphisme exclusivement culturel ou engagé qui leur a été enseigné, tournant le dos aux grands courants suisse et polonais ou au graphisme social et politique incarné par Grapus.
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L’absence de cadre que leur offre l’univers de la musique les séduit. Producteurs et musiciens veulent accompagner leurs créations d’un univers visuel original avec comme principe premier l’absence de représentation des artistes. Dès lors, la pochette de disque et les flyers deviennent les pages blanches de leurs expérimentations. Chacun élabore son univers graphique : Michel Poulain, alias La Shampouineuse, réalise des flyers inspirés des années 1970, tandis que les images technoïdes de Geneviève Gauckler côtoient les pochettes dessinées des M/M ou de Seb Jarnot. Alexandre Courtès revisite les comics et Agnès Dahan l’image de mode. Dans cette hétérogénéité on peut pourtant distinguer deux approches, l’une graphique, l’autre photographique, qui participent d’un même questionnement de l’esthétisme convenu.
Michel Gondry, «Around the World» DAft Punk , Clip 1997
Les graphistes français s’intéressent au courant post-moderniste anglais et américain. Ils sont marqués par le refus du formalisme figé du style international et la revendication d’un éclectisme puisant ses références dans la société de consommation : La pochette Superdiscount (1997), qui marque les débuts d’une longue collaboration de H5 avec le label Solid fondé par Alex Gopher, Etienne de Crécy et Pierre Michel Levallois, fait directement référence aux codes de la communication de la grande distribution en évoquant les affichettes annonçant les soldes. Dans cet album-concept, les titres des morceaux relèvent de la même thématique (Tout doit disparaître, Prix Choc). Ces références au consumérisme, et plus directement aux
Alexandre Courtes, Cassius. Cassius 1999, Virgin, Vinyle
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La Shampouineuse 1994-2002 Flyer
M/M, eDEN #5 mars-avril 1993 Fanzine
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Mr Oizo, Quentin Dupieux, Flat Beat, 1999 Clip
publicités des années 1970, marquent également les pochettes du label Pamplemousse de 1997 à 2001. Ce détournement de la culture populaire, empreint d’humour, participe de la culture du mix pour les uns, de celle du copié-collé pour les autres, générées par l’outil informatique commun aux graphistes et aux musiciens de cette génération. Les musiciens s’amusent à sampler des tubes de la musique funk et disco américaine des années 1970, les graphistes les codes vernaculaires. Les flyers pour les soirées aux Folies Pigalle et les pochettes de disques de Michel Poulain pour Bob Sinclar jouent sur le même registre. Geneviève Gauckler et Loïc Prigent conçoivent le fanzine Idéal VPC, sous la forme d’un magazine de vente par correspondance.
Le label Pro-Zak Trax à travers Tom Kan, choisit de centrer son identité visuelle sur le logo retravaillé d’une entreprise pharmaceutique américaine des années 1950, choisi comme motif. La photographie, utilisée par les graphistes, remet elle aussi en question la notion d’esthétisme. Elle s’inscrit dans le sillage du courant américain de « l’antiphotographie » des années 19601970, privilégiant l’aspect documentaire des sujets : Vincent Bergerat, directeur artistique des soirées Respect, confie l’identité visuelle de ses flyers à la photographe Agnès Dahan qui pendant plus de trois ans, immortalise chaque semaine les clubbers du Queen, à la façon d’un journal intime.
Tandis que le collectif M&M’s (Moche et Merveille) créé par Olivier Degorce et Alexandre Moggi, photographie à la volée la plupart des DJ’s français et internationaux, venus mixer à Paris. À partir de 1993, ils s’intéressent à leur environnement direct le plus banal, le plus insignifiant, constituant une véritable base de données du presque rien. Leurs travaux sont régulièrement publiés dans les magazines (Coda, Self Service, Crash) pour illustrer des articles consacrés à la scène électronique. Pour des raisons financières mais aussi motivée par une démarche artistique, la graphiste Sylvia Tournerie choisit de son côté d’utiliser, pour les albums de Bosco (Paramour, À poil & poli et New Pax) des photographies anonymes récupérées dans de vieux magazines. AS de PIXEL #12 83
H5, Alex Gopher, The Child , 1999, clip
Sensibles au thème de l’accident graphique ou photographique, le duo de graphistes Restez Vivants ! prend le parti d’utiliser des clichés de vacances techniquement ratés comme en témoigne le singe albinos surexposé pour la pochette de l’album de More, Baronsamedi. Dans le même esprit, Serge Nicolas utilise des visuels de récupération trouvés sur Internet ou photographie de gros plans du corps féminin pour concevoir les flyers des soirées « Paradise Massage » qu’il organise au Pulpe puis au Rex Club de 1999 à 2004. Cette production est extrêmement prolifique et se propage au gré des concerts et manifestations. Elle s’accompagne de nombreuses vidéos. Graphistes et réalisateurs tels que H5, Alex et Martin, Michel Gondry ou Spike Jonze réalisent les clips de ces différents labels. Leur qualité visuelle a de toute évidence participé au succès de la French Touch. Grâce à la musique, le graphisme français s’exporte pour la première fois à l’étranger. Il intéresse l’univers de la mode, de la publicité, de l’art contemporain et sort enfin du champ limité des institutions culturelles… Une nouvelle génération est née. 84 À voir / French Touch
Pochette du premier album Homework de Daft Punk sortie en 1997
Tom Kan, Pro Zak trax, 1994, Prozak trax, vinyle
Sylvia Tournerie, Sodex , Move me, 2003, 20 000 ST, vinyle
Sylvia Tournerie, Bosco. Novo Screen, 2002Vinyle
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illustration
Paris vs New York Auteur : Vahram Muratyan Éditeur : 10/18 Paris vs New York est avant tout un livre pour les yeux et pour les amoureux de la dérision malicieuse. Un match visuel entre deux des villes les plus visitées au monde et leurs vilains défauts, leurs clichés, leurs endroits, places, monuments et leurs imaginaires qui se confrontent amicalement. Ainsi, Vahram Muratyan nous livre une vision plan par plan de ses différentes réflexions et clins d’oeil de ces deux villes où il a vécu assez longtemps pour en saisir tous les aspects, positifs et négatifs. Un voyage plaisant vous y attend. C’est sûr, vous esquisserez quelques sourires sur ces comparaisons bien trouvées. Texte : AS de PIXEL
GRAPHISME
Le livre des livres Graphisme des livres au fil du temps Auteur : Mathieu Lommen Éditeur : Pyramid édtion
Sur près de 500 pages, ce magnifique ouvrage invite à découvrir les évolutions graphiques du livre, depuis les premiers livres imprimés jusqu’à aujourd’hui. Les grands noms de la composition, de l’impression, de la typographie et du graphisme se succèdent au fil des pages, retraçant plus de 500 ans d’histoire. Des premières créations européennes aux réalisations américaines contemporaines, Le livre des livres propose également un voyage international. Des textes explicatifs et historiques accompagnent de très belles reproductions d’ouvrages, pour la plus grande joie des graphistes, des bibliophiles et de tous les amateurs d’objets imprimés. Source : pyramyd-editions.com
86 À LIRE - À écouter
URBANISME
G*ing Public: Public Architecture, Urbanism and Interventions Écrit par : S. Ehmann, S. Borges et Lukas Feireiss Éditeur : Die Gestalten Verlag Les artistes qui présentaient leurs travaux dans « Installation Art » de Gestalten paru en 2010 sont devenus des professionnels. Les projets personnels éphémères, drôles et originaux, donnaient déjà à la ville l’espace d’un instant ou de quelques semaines, un autre visage. Aujourd’hui, la tendance nouvelle qui conçoit le développement d’espace public comme un moyen d’accueil et d’échange donne à ces artistes la possibilité de créer de manière durable. G*ing Public qui parle du « refaçonnage » de notre environnement est d’autant plus passionnant que la tendance ne fait que prendre de l’ampleur. Source : artazart.com
CHANSON FRANÇAISE
HIP HOP
ELECTRO
-M-
Public Enemy
Crystal Castles
Îl
The Evil Empire of Everything
(III)
Nouvel album, nouveau défi : Matthieu Chedid a laissé tomber son costume rose bonbon pour endosser une veste en cuir. Ce 6ème opus est en effet placé sous le signe du rock’n’roll. Pour preuve, « Mojo », le premier single issu de l’album, est une ode tonitruante à l’énergie et au dynamisme. Une toute nouvelle équipe, dont Brad Thomas Ackley, a participé à la création de cet album, d’ores et déjà annoncé comme étant le meilleur de l’artiste. Enfin, c’est la fille de Matthieu, Billie, qui a créé le design de la pochette sur son iPad ! -M- défendra les couleurs de ce nouvel album lors d’une tournée prévue de février à juin 2013.
Les activistes du groupe de hip-hop américain Public Enemy ne chôment pas, c’est le moins que l’on puisse dire ! Après leur album «Most of My Heros Still Don’t Appear On No Stamp» sorti en juillet, les voici revenus avec un nouvel opus : « The Evil Empire of Everything ». Trente ans d’existence et l’équipe de Chuck D est loin de l’essoufflement. Cet album, tant politique que vindicatif, surprend par la diversité de ses textures. De la soul à l’électro en passant par le jazz, P.E. ose tout et s’entoure des meilleurs : Ziggy Marley, Henry Rollins ou encore le saxophoniste Gerald Albright on en effet collaboré à l’album. Tous les textes sont disponibles sur leur site internet : www.publicenemy.com
Après de nombreux mois de reports, les canadiens électro-punk de Crystal Castles reviennent pour de bon avec ce troisième opus, intitulé sobrement «III». Enregistré à Varsovie, il s’annonce plus aérien que les précédents mais toujours aussi mystique. La moitié masculine de ce duo déjanté, Ethan Kath, l’a produit en intégralité. Deux singles ont déjà été extraits de l’album, dont «Wrath Of God», un morceau instrumental dans la pure tradition électro. Alice et Ethan seront en concert au Trianon de Paris en décembre prochain (concert d’ores et déjà complet), puis à l’Olympia en juin 2013.
Parution : 12/11/2012 Label : Barclay
Texte : Pauline Detavernier
Parution : 12/11/2012 Label : Enemy Records
Parution : 05/11/2012 Label : Polydor
Texte : Pauline Detavernier
Texte : Pauline Detavernier
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;) COURT MÉTRAGE
Tenas présente sa nouvelle création : « Station » ! Nous vous présentions le talentueux réalisateur Tenas dans AS de PIXEL #05. Suite à sa collaboration avec Shahmen, groupe de musique implanté entre New York et Amsterdam, Clément Boghossian, qui signe donc par le nom de Tenas, vient de publier sa vidéo intitulée « Station », en partenariat avec Dailymotion et AS de PIXEL. Découvrez la vidéo en exclusivité à cette adresse : www.tenas-graphism.fr/station Texte : AS de PIXEL
LIEU
La Loge Paris Plus d’excuses, plus le droit de dire que vous vous ennuyez ! Un concept inédit dans la capitale : La Loge Paris. Une salle de spectacles parisienne dédiée à la jeune création (théâtre, concert, danse, one man show, soirées...). Située dans le 11ème à Paris, elle accueille 80 personnes assises et 100 debouts. Chaque jour, une activité différente est proposée. Et ce n’est pas tout ! En attendant que le spectacle commence, quoi de mieux que de siroter un petit verre avec une assiette bien fournie en charcuterie, fromage, ou encore de tartes faites maison ? Le prix n’excédant pas les 6€. La salle est adaptable aux projets de chaque artiste, tout en gardant une vraie proximité avec le public. Vous savez quoi faire maintenant ! Texte : Sandra de Almeida
88 À ; ) !
EXPO
Le peintre Edward Hopper au Grand Palais Le Grand Palais accueille les peintures du célèbre peintre Edward Hopper. Il avait des idées bien à lui. Il a aimé reproduire le monde qui l’entoure en l’adaptant à ses sentiments. Cinéphile, ses œuvres se sont principalement inspirées du cinéma américain des années 30. Edward Hopper est un peintre reflétant la classe moyenne, dans une simplicité et une beauté poignante. Romantique, réaliste, symboliste et même formaliste, il a su se faire aduler. L’exposition a lieu jusqu’au 28 janvier 2013 au Grand Palais à Paris. Texte : Sandra de Almeida
THÉÂTRE
Le Journal d’Anne Frank adapté au théâtre La célèbre histoire d’Anne Frank, la jeune fille révolutionnaire, se joue au théâtre Rive Gauche, 6 rue de la Gaité à Paris. En 1945, période de guerre, Otto Frank, revenu des camps, attend tous les jours ses deux filles sur le quai de la gare d’Amsterdam. Mais hélas, il ne les a plus jamais revus. C’est au travers du journal intime de sa fille cadette, Anne, que le père apprend tout le courage et la souffrance qu’elle a subi. Une pièce subtile, drôle et touchante. Réalisé par Eric-Emmanuel Schmitt. On apprend à apprécier le personnage d’Anne Frank avec des moments de crainte mais de joie aussi. Au théâtre jusqu’au 31 décembre 2012.
PHOTO
Randy Scott Slavin photographie New York après l’ouragan Sandy Présent à New-York lors de l’ouragan Sandy, le photographe et cinéaste Randy Scott Slavin a réalisé une série de clichés nommée « NYC Unplugged » suite à la catastrophe. Utilisant un temps d’exposition allant jusqu’à 1 minute, il immortalise la grosse pomme plongée dans le noir. Son travail, reflétant la solitude d’une ville habituellement illuminée par technologies et publicités, est visible sur son site internet : www.randyscottslavin.com
LIEU
Parcours Street House à Montpellier Investir un bâtiment voué à la destruction pour en faire un lieu d’expression libre et éphémère ? Pari relevé par trois artistes montpelliérains : Al Sticking, Salamech et Smole. Graffitis, collages, installations… cette bâtisse est aujourd’hui devenue Centre d’Art Urbain, pleine de couleurs et de poésie. À voir très vite car tout sera démoli en janvier 2013 ! C’est au 2 rue Marcel de Serres à Montpellier. Plus d’infos à cette adresse : parcoursexpo.blogspot.fr Texte : Pauline Detavernier
Texte : Pauline Detavernier
Texte : Sandra de Almeida
AS de PIXEL #12 89
19.11.2010 Berlin «Immenses espaces! La ville respire.»
90 L’ESCAPADE D’HUGO
Une Aspiration des Lointains, correspondances d’espaces.
Photos : Hugo Hébrard
23.09.2009 Massif des Aiguilles Rouges «Éboulis. On est passé à l’Ouest du massif. Ici, la roche est bleue.»
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AS de PIXEL #12
www.asdepixel.com Directeur de la publication : Romain HACQUARD romain@asdepixel.com Directeur artistique : Jean-Noël GAUTHIER jn@asdepixel.com Maquette : Romain HACQUARD Jean-Noël GAUTHIER Webmaster : Mathias FREY Rédacteurs : Cécile CETTE Sandra DE ALMEIDA Pauline DETAVERNIER Mélanie LAUNAY
92 ours + remerciements
Couverture : Stéfane Moscato - Time Machine Artistes AS de PIXEL n°12 : Mick Bulle, Stéfane Moscato, All if, François Chatelain, Maïa Brami, Thomas de Lussac, Deux filles en fil, French Touch. Remerciements : Mathias Frey, Mélanie Launay, Agence Ex’Céterra, Cécile Cette, Pauline Detavernier, Sandra de Almeida, Samantha Longhi, Hugo Hébrard, Florian Adam, Olivier Rocabois, Lionel Raimond, Maïa Brami, Jean-Bernard Chardel, Matthieu de Youko. AS de PIXEL est publié tous les 2 mois et est généré sur issuu.com. Tous les droits d’auteur appartiennent exclusivement aux artistes. Les visuels présentés dans ce magazine ne seraient pas utilisés sans permission. AS de PIXEL n’est pas responsable des droits d’auteur des œuvres présentées. Aucun visuel ou texte, ou tout autre contenu, ne peut être altéré ou modifié.
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AS de PIXEL #12 93
Martin Luther