Etude d'un corpus de contes oraux au Maroc oriental (volume 1)

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f, rt

UNIYER§ITE MOHAMMED I

FACI'LTE DE§ LETTRE§ ET DES §CIENCE§ HUMÀINES üuJD.4.

Etude

d'un corpus de contes oraux au Maroc oriental Lexique, configurolions el énonciafion

Ihêse pour l'ohtention du Doctorat d'Etat en Linguistique

Présenté par: Abdelÿ,ader BEZZAZI

Sous la direction de

:

MM. Les Professeurs Jean - Claude COQUET

MiIoud TAÏFI


profond souhait est que ce travaiJ ne déçoive pas confiance et 7a patience de ceux dont. j 'ai été entouré, A ÿll't. J--c. coquet et M. Taiti, d'avoir accepté de Mon

La

me

diriger

et de prendre,sur l-eurs charges l-e tenps de suivre cet,te thèse; qu'77s t,rouvent ici ma prof onde reconnaissance pour Leur soutien, sens Jequel- ce travail n,aurait pas été .achevé dans de bonne s crsndi

.tioDS

;

â M, P. GeoJtrain, de rn'avoir encouragé à continuer réf1échir sur Les contes oreux; à mon pêre et â

de

nère; à mes ^soeurs et à mon f rère; à M, A. sabid d'avoir pris sur r-e tenps cie ses prop"es occupations et sur ceLui de sa familie pour suiyre Je parcours tna

de cette t.hêse jusqu'à ,s'â f in; puisse ce t,ravaiJ être à la ij?e,sure de sa patience et de ses ccnseils; à tous

intortnateurs et. inf orTnat,rices paur jes chaleu-r'eux qu'iLs n'ont toujoürF accordés; .ine§

accu

eils

à M. ]4. Handaoui, qui a contribué â asseoir certains pcints cont.enus dans ce travai 1 ,, â ma f enne, Çui a ,su supparter fian absence; à mes beauxpaîents i

à mes amis iI. Lhednat, KheTlouf i et ,sa f aniJJe , Sabia Said, Kchikach; à tous

l??es

coLlêgues du départenent.


TT\TITrTlnnIT,.rryTnhT I J-\JtË -LIï I l\\J!-tlJrv


TXTRODUCTTO}I

Le titre que nous avons donné à ce travair retrace dans une certaine mesure 1e parcours effectué pour proposer une étude sur 1es contes oraux que nous présent,erons de manière détai11ée dans 1e volume des annexes. Les axes déclarés dans ce titre témoignent d'un niveau de généralités sous forme de premlères études de ces contes.

consclent que nous sommes que 1'ensemble du travail est à juste t,it,re un ensembre de premières études, nous f introduisons par un aveu que re lecteur peut aisément

reconstruire: f idée de t,ravailler sur des contes se heurte d'une manière ou d'une autre au fait que ,,Le conte Je pLus sinpJe en apparence cache des richesses insoupçonnables" l comme 1'a écrlt, L. schnitzer dans son introduct,ion à ce que disent 1es contes, idée largement partagée par nombre de chercheurs sur les con*ues et ditef généralernent dans des styi-.es plus ou moins proches 1es uns des autres. ces richesses, quoique nous puissions en dlre sur 1a base d'anaryses eoncrètes, demeureront inépuisables. La part de raisonnement, dans not,re travair sur des contes oraux au Maroc oriental sera Ie résultat d'un choix que nous 1

Pari

s,

L.

SCHNTTZER

1981 , p. 8.

Ce que disent les contes

Le Sorbier,


2

avons fait pour exprimer indirectement quelques ré§erves sur toute prise de posit,ion ou de parti pris déclarés pour éviter

de rétrécir le champ d'apprication de notre étude qui se fera, pour alnsi dire, de 1'lntérieur de I'objet, d,étude afin de ne pas Ie réduire à quelques paramètres de vision. Ce choix, nous 1'avons fait, dans Ie souci de rester

à

1'abri d'éventuels dangers d'applicat,ion mécanique de règ1es déjà é1aborées par nos prédéc"="uur=1, tout en sachant pert,inemment que sans ces travaux déjà fait,s dans ce domaine, nous n'aurions pas pu entrevoir 1a possibilit,é de rechercher

les caractéristiques des contes qui continuent de se faire t,ransmettre en particuller dans nos milieux ruraux. ce cholx que nous avons fait dé1ibérément, sachant que 1es conLes, même s'ils ne reconnai-ssent pas 1es frontières, demeurent porteurs de caractéristiques part.iculières à chaque peuple, consistera à déchiffrer quelques unes de ces caractéristiques résidant déjà dans 1es utilisations de mots en vue de produire des effets porteurs de significatj.ons organisées pour s'adapter à 1'univers soelo-cuIturel construit par des discours narratifs comme univers de valeurs. Les tendances qui aspirent à trouver un système valable pour 1'anaryse de tous 1es contes ont aujourd'hui une valeur qui peut,, nous semble-t,-i1, faire un pas pour reconsidérer ra nature nomade de ces contes qui comportent des particularités adaptées aux divers univers culturels et contextes de leurs 't

^ Pour plus de précisions, voir entre autres, C. VELAYL'histoire des contes, Fayard, paris, lgg2r pp. L140i voir aussi G, JEAN, Le pouvoir des contes, casterman, paris, 1990, pp. 97-L49,

VALLÂNTIN,


3

transmissions t,out en ignorant reurs "auteurs". ce pas peut, à nos yeux, enrichir f idée eü'uaucune société n,est le double d'ttne autre» 1 même Si Ies Cont,es qui s, y f ont transmettre Se ressemblent des fois de manière surprenanLe pour assurer leur caractère universel.

ces quelques indicat,ions nous pernett.ent de sit,uer notre tâche par un travail qui t,entera de traiter 1e conte comme

unlvers de vareurs comportant des représentations d, ordre socio-culturel. ceci exigera que 1'ëlaboration de not,re corpus réponde à quelques critères en tenant compte des parlers arabe et berbère pratiqués dans notre aire d,enquête pour t,ransmettre des contes. ces critères se confondent avec les objectifs qui s'efforceront, de retenir des contes sélect,ionnés comme productions orales réa1isées par des informateurs et des informatrices: nous sérectionnerons pour chaque conte une version parmi d'autres que nous avons pu recueillir; 1a versi.on sêlectionnée et qui sera consicérée conme conte est en généra1 ce1le qui îegroupe I'essentiel de tout,es Ies autres. Quant aux contes qui forneront..notre corpus, i1s ont été

retenus pour une ralson essent,ielle: nous permettre d'j.nterroger Ie rôle du lexique dans des configurations dlscursives en considérant, pour être plus précls, un point de vue qui essaiera de donner quelques ébauches sur Ia récurrence d'unit,és lexicales dans des micro-récits { configuraÈions discursives) dotés d'organisations syntactico-sénantiques autonomes

et int,égrés dans des contes différents.

1 D. PAULME dévorante; essai su des contes afrlcains , Gallimard, Paris, 1976r pp. LL-LZ.


4

Cet objectif est ce dont traitera notre première partie par une approche pratlque appelée à éclairer 1es actualisations de mots clans des contextes configuratifs. Pour ce faire, nous évoquerons dans un premier chapit,re quelques généra1ités sur

unités linguistiques porteuses d'investissements et de valeurs sémantiques dans des contextes d'ut1lisation. L'hypothèse de travail portera sur les utllisations de ces 1es mots comme

unités linguistiques en ce sens qu'e11es ne sont ni hasardeuses ni laissées au soin des informateurs; elles sont plutôt déterminées par des organisations syntact,ico-sémanLiques et par 1a paroJ-e même des contes qul Les utilisent comme moyens appropriés pour produire cette parole. Ces organisations montrent que 1'usage lexical est régi par des déterminalions qui sont loin de dépendre uniquement des informateurs-con."eurs. En sonme, nous avancerons f idée que 1'usage des mots dans 1es contes dQns notre corpus forme un volet, d'étude dans lequel

régularit,és d'utilisations peuvent éclairer les conditions de mise en contexte pour assurer un rô1e de conslruction de

cles

En d'autres terme s 1a reconnaissance d'unités lexicales propres aux contes par des effets part,iculiers et producteurs en quelque sorte d'une parole se réalise essentiellement par 1'observation de récurrences dans des contextes configuratifs sous forme de micro-récits. À ce niveau, nous utiliserons Ia notion de la configuration et ce1le du mot,if pour retenir les unités dont Ia frêquence d'utilisat,ion est récurrenLe et y intégrer ensuite celles dont les utilisations ne sont pas du même ordre

conf igurations

discursives.

,


5

d'intérêt. Pour ce faire, nous avons réa1isé une organisation en champs lexicaux des occurrences d'un dépoui1lement, syst,ématique, soumis à des statistiques que nous ne reproduirons pas car cecl nous aurait engagé dans une voie de reprise d'un travail que nous avons jugé long e't alourdissant comme préLiminaire aux objectifs proprement dits de notre t.bèse. Soulignons t,out de même que de ce Lravail, nous avons retenu les remarques qu'i1 nous a été possible de faire pour trouver un point de départ, à 1'étude du rôLe du lexique dans les conf igurat j.ons discurslves. Une mise au point, sur 1'hypot,hèse de travail sera nécessaire pour abandonner 1a voie d'élaborat,ion des champs lexicaux et orient,er 1'étude vers 1a manière dcnt ces champs s'actualisent dans nos conLes par une sélection de motifs effectuée pour 1a mise en forme de configuratlons intégrées eette dans différents récits. Pour parvenir à justifier orientation, nous ferons une enquêt,e sur 1a base de recherches qui s'appliqueront à une délimltation de configurations relatives à I'espace comme cadre, en prenant deB exemples dont 1'étude sera ensuite mise en valeur pour élaborer un point de vue mét,hodologique. Ce volet constituera 1e second chapitre de notre premlère partie qui sera suivi( par une ouverture qui de quelques motifs, pris consist,e à interroger 1a lisibilité comme exemples d'application du point, de vue méthodologique. A ce niveau, noLre but est de repérer des régularités organisatrices qui permettent 1a saisie de notifs tels que ceux qui se rapportent au corps humain, à 1'habit,, aux organisations parentales. dans 1es dispositifs narratifs où ils .


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apparaissent,. ces régularités seront par 1a suite considérées

principes sur lesquels nous construirons un autre point, de vue sur 1es dispositifs d'ensemble qui intègrent ces mj.crorécit.s où s'actualisent diverses unités de type figuratif. Enf in, dans 1e derni.er chapitre de cette part,ie, nous résumerons 1es acquis de 1'ét,ude dans son ensemble par une dernière application au temps comme cadre. Nous émeLtrons quelques remarques générales comme évaluation globale pour conclure ensuite le parcours de not,re recherche sur 1e rô1e du lexique dans 1es configurations discursives. La deuxième partie, organisée en cinq chapitres, essaiera, compte tenu des résurt.ats auxquels nous aboutirons grâce à 1'étude du lexique, êt particulièrement, grâce à 1a récurrence des motifs comme unités figuratives dans des micro-récits, d'exploiter les régularités syntactico-sêmantiques observées pour proposer quelques traits définitoires de /1-mHajya/ eui, précj-sons-Le, est, un terme ambigu signif1ant en même temps " une hist.oire de f aits ou d'événenent,s" (un récit) eL " conte" comme univers de valeurs. cette ambiguité connue aussj- bien en berbère qu'en arabe sera éc1airée par des traces relevables dans Ie conte lui-même dans Ia mesure où ce produil n,a guère besoin de recevoir de 1'extérieur des paramètres pour 1e définir: i1 se dit 1ui-mênre qul iI est et ce qu,i1 est. Dans 1e souci de rester fldè1e à not,re principe d'étudler nos contes de f int.érieur, nous essaierons de montrer comment i1s offrent des possibilit,és de désambiguiser ce qui sert à 1es désigner comme genre de Ia t,radition orale. Dans ce cadre, nous considérerons 1e falre-savoir assuré par 1e conte comne univers comme


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de valeurs suivant, 1'êt,re et 1e paraLt,re, 1e rée1-vral et. f irrée1-mensong€r, modalités par lesquelles nous traiterons respectivement /1-mHajya/-univers de valeurs ( conte ) et /1-mHajya/-histoire i récit) Ce chapit,re sera suivi de 1a reconsidératlon de 1'acte de réciter une /mHa)ya/ en nous appuyant essentiellement sur quelques formules inaugurales et finales pour siLuer la posit,ion du sujet-récitant ( informateur) dont émanent ces formuLes. ceci imposera de dépasser 1e stade de voir en 1e conle un récit. dans 1e sens d'histoire ei de 1e considérer .

relativement, à une st,ructure hiérarchique de contenu: 1e conre ne sera plus alors une /qSiya/ (histolre de faits), ce sera à proprement parler un univers de valeurs.

Par 1a même occasion, nous nous pencherons sur Ie semblable qu'i1 y a entre 1e conte et le rêve sans pour autant pouvoir a1ler jusqu'à montrer, faute de connaissances approfondies, que 1e conLe est tissé d'é1émenÈs semblables à ceux du rêve. Nous nous contenterons de décrire 1a manière dont le rêve comme micro-récit peut apparal.tre dans 1e conte et s'y intégrer pour s'y constituer comme base de construction.

Enfin, nous ne manquerons pas de suivre une autre voie comme pour proposer une pièce de rechange à nos lacunes sur 1e semblabre du conte au rêve et cê, en explolt,ant une des remarques d'ordre sémarrtique qul montre de manière tout, à fait claire que 1e conte est un unj-vers où s'unlssent des contraires tels eu€, pour ne cit,er qu'un exenple parmi d'autres que nous étudlerons dans ce chapiLre, le bien et Ie ma1 en la flgure de I {^ogresse. En somme , cet aspect sera repéré dans des exemples


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pÈis dans le corpus au point où 1'union de contraires sera considérée comme 1'une des caractéristiques essentielles de ce gue nous considérerons comme conte-univers de valeurs indépendanmenL de versions particulières donL une 1eçon particulière serait prise comne modèIe de ce qui doit, être ou dolt se faire. C'est d'ai1leurs à ce niveau que s'expliquera pour nous 1e caractère universel du conte dans la mesure où i1 sera considéré comme univers qui se situe au dessus des réalisations particulières de récits dits /mHajyat/. Ceci nous amènera à prévoir une t,roisième partie dans laque11e nous essaierons de reconsldérer la mise en f onctionnenent des motif s. Cet,te reconsidérat,ion cherchera à élucider

cette

mise

en

fonctionnement

en

étudiant

1'anthroponymie et 1a motivation/non motivation dans quelques exemples Lels que /mqidef/, lLgelb bla hemm/, /mHend themm/...

L'intérêt de 1'étude de ces exemples aura une valeur dont l'anthroponymj-e n'est qu'un prétexte; ]e plus important sera de voir dans quelles mesures i1 est possible de reconnaitre des règ1es d'atLribution des anthroponymes en général dans 1e but de rendre aisées les opérat,ions de mémorisation des contes. ta reconnaissance de ces règ1es sera reconduj-te pour éclairer /aHaji/ et /aeaweô/ (rcont,ageÈ et récitati.on) comme actes qui se soumeLtent à des conditions qui reviennent au conte lui-même et qui sont dictée§ par lui. Nous organiserons ce volet à partir des règ1es d'att,ribut,ion des anthroponymes en deux chapitres suivis d'un troisième dans lequeI nous essaierons de proposer une esquisse de lisibilité de /l-mHaj yat/ en considérant Le niveau


l

9

présupposé de 1'énonciation par une

distinction théorique entre ce que nous appellerons "énonciation narrative,, propre à /aHa)i/ et "énonciation comnunicative" propre à /aeawe6/. Un dernier exemple d'étude du moÈ1f du mariage dont Ia récurrence est si frappant,e qu'un travail sur 1es contes ne saurait 1e nég1iger, nous servira d'appui pour éclairer cette distinctlon dans 1e niveau présupposé qui serl de filt,re à Ia mise en fonctionnement des mi.cro-récits récurrenLs. Enfln, nous ne saurions conclure cette int,roduction sans préciser une remarque générale faite à 1a suite d'une relecture de notre travail. cette remargue concerne Ia quête du sens par 1'observation de cas de natures diverses pour assurer à 1a démarche une cert,aine crédibilité du déslr de traiter nos contes sous des angles aussi différent,s que possi.ble tout en essayant de ne pas perdre de vue 1a progressi-on de i'étude. cette progression réside dans un parcours qui essaiera de combiner entre deux attitudes, 1'une micro-analytique tenant compte dé j à du rô1e du lexique dans les configurations discursives et des motifs; l'autre, macro-analyti_que , exploitant 1es résultat,s de 1a première en vue de donner des ouvertures §ur des interrogation§ relatives à /1-mHajyat/ sous 1'angle de leur énonciation comme filtre de mise en fonctionnement des moyens nécessaires pour les (re)produire.


PREMTERE PARTTE

T.Æ .ROT.E .DU .LEXTQIE"TE

.DAJUS -T*ES COAæ:TGTàRATZO;N,S .D.T,SCTIFIS.TTEE,3


L0

CHâPTTRE

GÉNÉRÀTITÉS

Le point. de départ dans cette étude t,entera d,asseoir une t,radition de 1'histoire du parcours de recherche dont l,horizon

n'est pas assez défini: r'ignorance préméditée ou 1e soucl d'être suffisamment naif aux yeux du part,enaire, re conte populaire oral, nous conduira à examiner, dans une première étape/ non pas ce dont Ie conte parle, mais plutôt, ce qu'i1 utilise comme "unités" du lexique et la manière dont 11 tisse

entre e1les des relations pour parrer, parler de 1ui-même et faire parler de Iu1. À titre provisoire, une hypothèse d'approche portera sur 1'ut,ilisation de données lexicales dans 1es contes de notre corpus sel0n des environnements syntaxiques et sémantiques. Au fur et à mesure que le parcours de recherche tentera d,ét,udier 1e produit sous cet angle , 1es condltions d, ut,irisat, j.on de ces données lexicales émergeront, à un auLre palier d,analyse,

ce qui rend cette approche asse z tévêlatrice de préoccupations relat,ives à une quest,ion principaler quel usage fait-on du mot dans Ie conte populaire oral? comme


11

Étant de portée générale, ceLte hypot,hèse permettra d'élargir 1e débat sur les spécificltés du conte populalre oral êL, peut-être aussi, d'apporter de nouveaux cri.tères définit,oires de cette littérature. Parallè1ement, à cette hypothèse, nous envisaqerons un point de vue d'ordre technique et méthodologique afin d'organiser 1'angle *probabl-ement réducteur à première vue auquel nous essaierons de ramener 1e conte en tant que <ilscours narrati f Ce

.

point, de vue est un choix d'approche dont 1es résultats

ne se prêtent pas à 1'exploration proprenent dite puisqr:'i3-s étayent une hypothèse sur 1es observations qu'iL nous a été donné de faire à la suite d'un dépouillement lexical d'un corpus restreint de contes ( environ 4A contes ) . Les manifestations de "mots" seront, dans un premier Lemp§, trait,ées selon une "démarche exploratoire"l: les unit,és-moLs seront examinées selon leurs contextes d'apparition et d'utilisation. Ce travail préliminaire permettra enLre autres, d'obtenir des champs dont Ies limites et les apports seront i

di scuté

s

.

Pour mieux situer nos propos dans la littéraLure linguistique , rappelons que l'unité linguistique esL à considérer selon deux direct,ions différentes2, elle peut êt,re saisie soit selon un état virtuel soit selon son actualisation 1 R. J. GREIMÀs, sémantigue struct.urale, Larousse, Paris,

1966, p. 43.

2 voir entre autre s , A. J . GREIMAS et J . COURTES Séniotique. Dict,ionnaire raisonné de 1a théorie du lanoaqe. Hachet,te, Paris, L976, art. "Lexème".


L2

dans 1e discours, selon sa mise en fonctionnement ou en contexte. Le premier ét,at correspond à des propriét,és hors emploi et. i1 est considéré ccmme virtuel en attendant gue 1'unité soit mise en discours pour que soit possible 1'établissement de ses propriétés1.

préciser que 1'état virtuel d'une unité n'a d'intérêt pour nous gue dans la mesure où i1 prétend répondre à 1'exigence de voi-r d'abord dans quelles "rubriques" Ce rappel nous amène à

ou champs ) de termes i1 s'insère; ensuite, de quelles rubriques se constituent 1es contes. Par 1à même, 1e second état. ouvre 1a possibil,ité à 1'analyse de repérer des configurations discursives. C'est, d'ailleurs dans ce sens que se justifie 1e dépou1l1ement lexlcal des contes puisgue nous rre sommes guère suffisamment renseigné slir 1a quesiion principale: de quelles unités virtuelles, €D attente cl'ôtre mises en contexte, se constitue le lexique du conte populaire (

oral?"^

lmplicitement, nous insistons icj. sur 1'utiLisaticn restrictiüe par le conte d'un lexique par rapport à 1a langue. d'une unité En effet, i1 est clair que 1'utilisation linguistique dans Ie conte ne doit, pas engendrer de confusi.on, car 1a conLextualisation est icl particulière: analyser un terme en contexte est en soi une tâche qui s'inscrit, dans un L " On ne peut établir des propriétés d'un te rne linguistique qu'en cont,exte" , J.-C. MILNER Introduction à une

science du lanqaqe, Seui1, Paris, 1989, p. 315. 2A

notre connaissance 1'étude 1a mieux développée dans ce sens, revient à C. LACOSTE-DUJARDIN, Le conte kabvle . Étude et,hnoloqique. I'. Maspéro, Paris , L982


13

itinéraire de recherche sur un genre littéraire 1e conte populaire oral.

particulier,

Au-de1à du fait qu'i1 n, y a de propriétés que relationnelles articulées en structuresl, il semble que la force opérat,oire de ce principe tient compte de référent,iâlisations internes et externes au texte-conte part,icurier, Expliquons-nous. La reconnaissance d'un t,erme quel que soit l'ordre de cette reconnaissance- suppose une compétence qui sache manipuler un savoir cognitif. L,une des capacités organisatrices du conte tire ses compétences de la construction du sociai, ou plus exactement du socio-culture1. cet.t,e construction a un rapport ét,rolt avec les subtilit,és du langage ou de " 1a parole socia1e" . En d'autres termes 1'organisation lexlcale laisse supposer qu'e11e n'est pas conditionnée uniquemenl par 1es "coextensivités" avec 1es organisations relationnelles à strictement parler dans 1e discours narratif . Des "charges cult,urerl-es" que nous rencontrerons lors d'analyses de certaines uni1,és Lexj_ca1es mises dans des configurat,lons discursives, montrent, que 1e conte, pêr une technique de réf érent,ial j-sations internes et externes, propose des pistes d'appréhensions de sens qui sont des constructions du socio-culLurel. ,

1 "L' articulat,lon en st,ructures" ut,i.Iisée par l, auteur de sémantique structurale , op . ciL. , re j oint 1es notions de "différence" et de "secours" d'un terme à un autre, dont rend compte 1'enseignement de saussure. pour prus de détai1s, se référer à J.-c. coguET, sémiotique littéraire, contribut.ion à 1'analvse sémantisue du discours, Mame, rar.i1 rsze . voii particurièrement "Quest.ions de sémantique structurale".


t4 Quelques propositions

qui dolvent, êt,re précisées, peuvent

être faites à ce sujet: f. indépendammenL de contextes -que cet acquis soit rappelé au passage- l-es mots constj-tuant 1es données lexicales ne sont et ne peuvent être des indices puisqu'ils " sont insuftisants sj on ne Les conplète au moyen d'infornations tirées de contextes en reJatian avec 7es fragnents anaLysés (... ) et, de connais,sances sur 7e paradigne dans leque7 prennent place textes et contextes au sein de la discipJjre"l. Ceci dit, 1a saisie de nos données iexicales par un dépouillement systématique du corpus, guant à sa rentabilité, ne peut être nulle; mieux encore, e11e cessera de prêsenter des inconvénients si e11e met en place et 1égitime une questlon qui semble d'une grande utilité:

2. le lexique du conte populaire ora1, qu'i1 soit d'expression arabe ou berbère, se fait-i1 reconnaLtre dans des " ensembles " de t,ermes-mots , dans des champs qu j- , comme nous 1e verrons, sont utilisés aussi bien dans des versions d'un conte que dans des contes différents ? 3. S'i1 y a une relative stabilit,é d'utiLisation lexicale, 1'analyse est alors en droit d'en faire un critère déflnitoire d'une " sémanLique du conte " et de prévoir un pro j et de "modélisation" dont 1e but est de poser, à des niveaux plus compiexes que 1a simple saisie, 1e problène de productions paralIè1es de plusieurs feuillet,s du produit dit. conte. I1 1

u.-t. BoREL, "Le discours descrlpt,i-f , 1e savoir et ses signes" in ÀDAM, J. -M. et a1ii, Le discours anthropologique,

Klincksieck, Paris, 1990, p.

62.


15

s'agit pour cette dernière ouverture d'une réflexion sur 1es présupposés du produit en tant, que stratégies de production du conLe populaire orar sous 1'angre dit, lexicar. Tout 1e problème,

on peut s'y at,tendre, est de voir s'ii y a une articulation quelconque entre 1e lexical eL ce plan où nous espérons situer une réflexlon sur les implicites du conte qui comme

".focarisent" 1e choix d'unit,és constituant, 1a

composant,e

1exlca1e.

cette perspective, nous pensons Çuê: 1. s'il s'avère que les moyens linguistiques ne sont plus de simples termes-mots au sens où i1s ne seraient pas arbitrairement choisis, i1 devient effectlvemenr, 1ntéressant Dans

de 1es examiner, car i1s présenteraient des restrictions dans leurs choj-x par rapport et dans 1e lexique "généra1,,. A tit.re d'exemple, peut-on imaginer, ou du moins, supposer 1'appar"r rion

du mot /Tiyyara/ (avion) ou /kursi/ (chaise) dans un corrte populaire oral? Au cas où ces mots, pris comme exemples, ), apparaissaient, à coup sûr, i1s seraient des "efforts de traduction " 1. C'est bien 1e cas de /Lirifun/ ( té1éphone utilisé dans 1'une (1a seule) des versions de c36, ou encore, celui de /)a'!za/ (cadeau) dans une version de C15; 2. de ces remargues, découle la nécessité de revoir, ne seralL-ce que partierlement,, 1a problématigue de ce que 1e conte expose en utilisant des moyens linguistiques spécifiques non seurement du point, de vue d'une syntaxe narrative et )

1 Généralement, i1s apparaissenL en une seule occurrence,

ce qui signifie que leur énonciat,ion est relative ]'informateur lndividuel . Nous y reviendrons dans notre

part,le.

à

3e


15

discursive, mais aussi, en tant que dépositaire d'une certaine "parole appropriée" dite dans des nots relativement appropriés. C'est cela même qui constituera une descriptlon sous un angile qui ne soit pas réducteur du conte à quelgues trait,s simplificat,eurs, mais qui soit sous-jacent, à ce qui attribue au produit des traits définitoires d'un point de vue -s,âmant,ique. Dans ce sens, 1a

"f

écondat,ion" en matière

de

'uradition ora1e, comme disait Lévi-strauss il y a plus de vingt ans en parlant de "la structure et ra forme", nous semble

possible en examinant essentiellement l-es ut.ilj-sations lexicales comme actualisations dans des cont,extes formant, des unités de valeurs; 3. les champs, auxquels un lexique spéciflque donne naissance, s'actualisent par des unités dont 1es traits s'apparentent et dont le choix n'est pas tout, à fait libre comme nous 1'avons déjà laissé entendre. Ainsi, même Les "efforts de t.raduction", quand i1s se réalisent en occurrences resLreintes, se soumett,ent aux parent,és sémantiques gui 1es relient nécessairement aux autres unité§ qui const.ituent tel ou tel autre champ. 4. Vu sous cet angle et grâce aux acguis des études déjà faites par nos prédécesseurs, 1e conte sera évaIué ou analysé dans et par ce qu'i1 est en tant que "document orai" gui se donne 1es moyens de se particulariser, ou du moins, de se faire distinguer des autres produits semblables à lui mais dont les fins -queI que soit,1'ordre de ces fins- sonL différentes ne serait-ce que par les stratégies et 1es modalités par lesquelles 11s communiquent au sens large du terme. D'ai11eurs,


!7

1e dépouillement que nous avons effect,ué nontre que 1'usage lexical dans le conte est largement déterminé, donc sélectionné, pêr des fins de communication propre au conte. I1 est cerlain que ces propos sont tirés du constat que pour correspondre à des usages 1e lexique, utilisé particuliers/ est te1 parce que sa spécificlté ne peut être confondue aux usages quotidiens de 1a langue. Essayer de ramener ce lexique à celuj-, à strictement parler, des usages pratiqués quotidiennemenL, ne peut certainement, pas aboutir à des fonctions sous-jacentes.. à 1a production de contes. Cependant,, pâr des usages pratiqués quotidiennement, on peut produire un conLe à condition que ceci soit structuré au moyen de modalités de mise en discours. Cette condition, eui n'es-.pas relative à 1a seule morphologie, sera à l-a base de 1'étude des données lexicales que nous proposons dans cette partle. En effet, Ia construction d'un conte ne réside pas dans

formelles "schématisantes". CelLes-ci, à e11es seules, ne peuvent se donner 1e privilège de se démarquer de tout un réseau de champs en tant que " résidus" responsables de production de sens et en tant 1a seule observation iies constantes

qu'implicite d'une énonciation particulière. Cette composante forme, à notre avis , 1'un des ressorts du conte dont 11 faudrait retenir 1e choix des mots pour dire... Ce choix est sous-jacent à un processus qul consiste à invest,ir ces mots par des valeurs qui rejoignent ceIles dont dépendra la communicat,ion du savoir cognit,if véhiculé par 1e conte. En somme, pour peu qu'on tienne compte de ces considérations préllminaires, i1 devient clair que 1a narration


18

d'un conte est, en soi déjà, uû contexte d'utilisat,ion d'un lexique donné. Ce lexique aussi "quoLidien" qu'i1 puisse paraltre est régi par 1a " qualité " des investissements sémarrt,iques qul, de ce fait, se trouveraient à Ia base du choix des mots pour proférer un conL.e. Ce sont, donc, ces inve stisse$ents

qui

"

canalisenL"

les

compo

rtements

linguistiques du récitant, vis-à-vls de 1a langue. De fi1 en aigul1le, i1 apparal.t que toute abstraction faite de cette distinctj-on entre 1e discours narratif appelé conte et 1es discours que nous nommerions "quotidiens", détruit 1a possibilité de reconnaitre un conte. En esL révé1at,rice 1a simple expression qui rejett.e l'adhésion selon: "ceci n'est pas un conte" sans que 1'on ait pour autant défini manifest,ement et de manière rigoureuse ce gu'est un conte; d'autant plus qu'on sait que cette êvaluation se fait presque spontanémenL surtout si le produit s'éloigne quelque peu du contel. Partant de ces formulations hétérogènes d'idées, nous pensons qu'au delà du fait que 1e conte possède une morphologie propre, i1 est sensiblement clair qu'iI possède aussi la faeulté de puiser son lexique dans une langue naturetle pour 1es fins qu'i1 prédlt et dont i1 tient 1'un de ses. traits

1 Nou* avons

fait 1'expérience en racontant des récits qui s'apparentenL à des contes à certains niveaux et qui s'en élolgnent, à d'autres, à des auditeurs non avertis dans 1a mesure où iIs ne sonL guère initiés à une quelconque méthode d'anaIyse. Ces auditeurs n'ont pas manqué d'évaluer nos récits selon "ceci (n')est (pas) un conte" sans pour autant pouvoir expliquer Ie pourquoi. Inutile de préciser ici qu"'on ne peut, dire que tous les récits soient des contes", voir JEAN, G. Le pouvoir des contes, op. cit., p. 20.


19

définitoires avant

même

qu'on y reconnaj-sse les champs qu'i1

déveIoppe.

Le corrle n'est pas réduct.ible à un ensemble de champs: certes, comme récit, toute lecture peut y reconnaltre des champs; mais 1'opération de reconnaissance du conte proprement dit, ne dépend pas de ces champs. Àutrement dit,, de notre point, de vue, ce n'est pas seulement pour dlre t,e1Ie chose -que 1'on nous pardonne cette généralité- ou pour produire 1it,téralement t.e1 champ, euê Ie conte choisit son lexique -sinon i1 serait difficile d'adnettre f idée selon 1aque11e Ie conte use d'un

lexique relativement approprié- mais pour signifier qu'i1 choisit un lexique approprié dont, f intention est aussi de présenter sa tendance dislinctive à divers niveaux par rapport à d'autres genres de discours, L'idée que nous essayons de développer consiste à préclser que puisque le conte est, en soi déjà, un discours qui indique les positions -au sens large- des termes utilisés en fonction d'une intent,ion narrative, ces termes, puisque régis par des propriétés d'ordre intentionnel, sont employés relativement à leurs insertions dans 1es positions que leur attribue 1e conte. C'est dire que 1'emploi sé1ect,if des Èermes dépend de leurs posit,ions dans des conflgurations discursives. En d'autres termes, d'un côté , une unité linguistique se définit, par 1'ét,ablissement de ses propriétés linguistiques, d'un autre côté , L'établissement de ces propriét,és se fonde sur les contextes d'utilisation dans Ies configurations discursives. du terme En inversant les condit,ions d'intelligibilité linguistique, nous poserons güêr sachant que les contextes


20

d'utilisation sont relat.if s à des configurations discursives, du coup, 1es propriét,és du Lerme en dépendront; en outre, de ces propriét,és dépendra 1e choix du terme "capable" de 1es traduire.

1. t'usaqe du mot dans le conte

fois reconnue comme unité au service d'une utllisat,ion par 1e conte, suppose qu'une analyse est faite: Eêconnaitre cette unité suppose qu'une analyse sêmantique et syntaxique intrinsèque à 1'acte utilisateur est fait,e. Cette analyse doit être en mesure de rendre compte de qu1 tend vers 1'apport cette unité en tant gu'intelligibilité "Urre donnée 1exica1e"1, une

utile à 1'acte désireux de communiquer quelque chose de nouveau par rapporl à des usages donnés dans des discours autres que 1es contes. De ce point, de vue émergent trois questions principales: 1. à quelles conditions un terme (un mot) répond pour se constituer en unit,é lexicale du conte ? 2. Cette unit,é ne comporte-t-e11e pa§ fondamentalement pour se faire reconnal.tre, des strates dont, les propriétés 1 L"" notions comme "donnée 1exica1e", "unité lexi-ca1e",

"terme" et "moÈ" que nous utilisons, sont tout à fait imprécises; nous en SommeS Conscient. Ceci dit, notre obiect,if n'est pas 1à, i1 se situe ailleurs: 1e lecteur Peut résoudre cet éventuel problème en se rëférant' à J.-C. Milner, op.cit., voir "Le Iexique comme t,héorie des terme§", pp. 317-355.


27

dist,inct,ives par dif f érence à d'autres unités, sont 1es seules à être pertinentes dans un système relationnel dans 1e genre clit, conte populaire oral?

3. A un niveau de régularités relatlves à ce genre litt,éraire , eette unité n'aclmet-e1le pas un type de fonctionnement auquel seraient, sous- jacents des investissements

sémantiques en ternes de valeurs spéclfiques dans

des

configurations dlscursives ? À travers ces questi-ons, i1 semble bien possible d'examiner les unités lexicales selon des propriÉtés organisat,rices de leurs formes généra1es. Leurs rô1es dans 1es configurations discursives -car c'est bien de cela qu'i1 s'agit dans notre projet,- est aussi leur appartenance à un univers de référence par au moins 1'une de leurs propriétés significatives

qui les intégrera dans une catégorie dont 1a constif,ution fera appel à d'autres propriét,és de réf érence sémantiques d'unit,és voisines êt, donc, de configurations voisines. Trop de mots, par exemple, exigent un repérage des catégories auxguelles chaque mot app.artient selon t,el ou te1 angle de Iecture du tissu dans leque1 i1'"rn"r"rr. Mais ceci n'arrange en rien }e problème de l-a méthodologle pour examiner 1e vocabulaire dans

notre corpus. A juste t,itre, comme 1'a écrit J. C. Coquet, " Idécidénent], il est hunainenent inpassible d'identifier un objet quelcongue en en donnant une descript,ion exhaustiye"l. Nous avons pensé à une voie pour slmplifier notre t,âche: isoler des classes selon des critères t,out à fait 1

,1.

-C.

COQUET,

Sémiotlque 1iÈtéraire , op. cit.

p.

34.


22

tradit.ionnels, à savoir 1e recours aux parties du discours. Àinsl, I'appartenance d'un mot à une catégorie vise à segmenter le relevé en noms, verbes et adject,ifs. Ce sont Ies parties que nous avons privilégiées dans cette classification. Si ces parties du discours permettent, l'identificat,ion de ce qui intéresse 1a description selon un point de vue syntaxique et classificatoire,

1'orientation hypothét.1que de description soulignera que 1es propriétés référentielles clésigneront des manifestat,ions de significations 1iées à des champs. Autrement dit, 1e premier volet de 1a t,âche n'apparaltra certainement pas dans 1e travail que nous présentons. De 1a manière 1a plus condensée qui soiL, nou§ dirons qu'il nous a servi à 1'élaboration de chanps en prenant comme partie ce11e des noms que 1'analyse reprendra forcément pour aller au delà de 1a simple tâche classificat,oire -combien épuisante!- pour viser Ies configurations discursives relatives

à 1'examen des occurrences en contextes. A ce niveau, i1 est évident que 1es autres parties surglront d'e1Ies-mêmes dans 1'analyse des conf igurat,ions. En ce qui concerne les champs, ils seront consldérés

comme

des "traces" d'univers référentlels {ui, à leur tour, garantissenL Ia construction d'univers narratlfs constructeurs, à leur tour, de représentations soeio-cu1turel1es. Pour revenir aux "données lexicales" sous un autre vo1et, nous supposerons que chacune d'entre e1les aspire à produire quelque chose dans 1e "presque-esprit"1.

* u. ECO,

1

recherche

sém

La

structure absente. introduction à

j.otique , Mercure de f'rance , Paris ,

L97 2

, p.

66

1a .


À1nsi, pâr sa richesse en significations, 1e mot convoque d'autres mots selon des rapports "assoclatifs"; et, rà, i1 cesse d'être un slmple lexème puisqu'i1 ent,re en jeu dans une

circulation a\l service de sa propre fonction et de celles des eutres qu'i1 convoque et qui Ie convoquent: un jeu qui serait 1e propre de 1'utilisation ou de 1a mise en fonctlonnement de 1a langue pour des fins de constructions de discours. Redisons1e, 1e "meaning" du mot réslde moins en 1ul qu,en ce qu,i1 devient, lorsqu'i1 est dé1ivré aux paramètres de mise en discours.

Dans ce sens , \'ldentification

d'une unité au rnoyen d'autres qui s'y rapportent suppose aussi qu, un niveau présupposé à son utllisation soit, pris en considération. Dans 1e cadre de notre débat, il semble alors qu'iI y a un rapport interactionnel entre 1e cont,e en tanL que discours narratif et une visi-on réf érentielle de "nondes" qui s,1, développe: c, êsi. ce point précls qui nous a amené à poser la t,rolsième guestj_on supra. Le plus important, comme 1'a suggéré U. Eco " I esË/ d'ét.udier dans quelles civilisations f onct,ionne un chanp sénantique t à queT moment i1 connence â se déËaire pour faire pJace â un autre systène et conrîent dans une nêne civiTisation, peuvent coexister deux ou pTusieurs chanps sénantiques'!. ce qui pourrait être problématique dans le point de vue sur les champs2, qu'i1 nous faut réviser, est 1,hypot,hèse que 1

inia. p. is

.

2 Nous distinguerons entre "champ" et ,univers,, sémantiques dans 1a mesure où, justement,, 1'univers sémantique dans un conte n'est pâs, à strictement parler, sous-tendu de (suite... )


24 .t,

ces champs articulent, une vision du monde dans 1e conte populaire oral. Dès 1ors, l' hypothèse de reconnaissance de champs sous forme de "rubriques" en 1es ramenant à'des rapports relationnels, à un certal-n niveau d'étude, est, plutôt fraEile quant, à sa force opératoire pour mettre à j our une ( des vision(s) du monde dans 1e conte. I1 semble que seule une redéfinltion de "Ia valeur", Iaissée jusque 1à sous silence, par 1es usages visés par 1e produit, peut démasquer les impondérables dans les ut,ilisations des unitês lexicales. Ainsi, 1a prudence de 1'analyse s'impose par 1'hypothèse qui gère 1e type de lecture adopt,ée. Et, nême si des constant,es lexicales, repérables dans des contes différent.s, semblenc s'intégrer dans des chanps qui leur servent de rubrj.ques, 1'analyse ne peut en aucun cas poser comne déflnitifs 1es univers sémantiques déployés puisque 1a description du sens n'exige pas seulement 1'examen des articulations de mot,s dans 1e discours. En outre, une déflnition de 1a slgnifisation par 1e transcodage 1 exige que 1a description soit aussi falte selon 1es conditions d'utilisat,ion d'un vocabulaire par 1e )

2(...suit.e) manière directe par 1'établissement des champs: si on admet qu'à des champs soit sous-jacent,e une technique d'élaboration dont 1'objectif est de relever ce gu'on pourrait, appeler "thèmes", 1'univers sémantique du conte n'est pas forcément, réductible à ces thèmes. f1 revient à 1'analyst,e de procéder, à un âutre niveau d'ana1yse, à un examen de 1a manière dont les champs et les univers sémantiques peuvent s'.articuler. 1 "Iune] description du sens n'est autre chose gu'une opération de transcodage. ExpJiquer ce gue signifie un not ou une phrase, c'e§t utiliser d'autres nots et d'autres p/rrases en essayart de donner une nouveTTe vision de la nnêne choserr" , A. J. GREIMAS , Du sens , Seui-1 , Paris , 1970 , p. 43.


25

conte pour rendre compte de vareurs qui se rapportent, à univers socio-culturels.

des

I1 est évident que nous sommes conscient, que nos propos se situent à des niveaux distincts: 1es champs proposent des lectures d'univers constructeurs de représentations socioculturelles. Toutefois , celte distinction, nécessaire , bien entendu, n'empêche pas 1'analyse d'en faire abstraction pour

se placer à un niveau hiérarchique des conditions d'utilisations lexical-es. Dans cette perspective, i1 ne s'agira plus de 1a manière dont 1es mots const,ituent des champs première ét,ape de notre étude- mais plutôt de la manière dont i1s sont, exploités pour que ne soient ret,enues que 1es valeurs qui se prêt,ent à un décodage en t,ant qu'inf orrnations langagières et, en tant qu'" att,itude gu'une société adopte yjs,i-yjs des signes de son Tangtage"t, A ce niveau, nous aurons cessé de voir en 1'unité lexicale

un é1énent, at,taché uniquement à 1'élaboration de champs puisqu'e11e renvoie à une "unité eulturelle" qui n,est pas 1'ensemble ext,ênsionnel de ses propriétés sémant,iques ni même 1'unique "référence innédiate que 7e code assigne aux t,ernes dans une cuJture donnée"2, "La référence immédiate,,, dite aussi "dénotation", se prle en quelque sorte à une mise en jeu d'un ensemble d'unités culturelles codifiables non pas selon

p. 98.

1

Ibid.,

2

U. ECO, op. cit.

p.

87


26

un a priori d'uÈilisations symboliques ou connotativesl mais par des glissements successifs de traits "addltionnés,, 1es uns aux autres dans et par les récurrences des occurrences d,un terme {ui, lui-même, entretient comme nous 1'avons dit, des relations avec d'autres termes. Aussi faut-i1 rappeler 1e principe selon lequer la mise en relat,ion entre Lermes dans un discours 1es prédestine déjà à avoir des valeurs données: selon deux vlsées, un terne donné aura ainsi accumulé et fourni par

ses occurrences dans des configurat,ions données ce qui 1ui at.tribue des compétences opératoires dans des parcours de sens à reconstruire. A ce stade, 1a descri-ptlon témoignera de i'apparition de plusieurs niveaux d'acËivité des unités lexicales. ces niveaux opèrent, lorsque 1'analyse vise 1es mécanismes des productions de sens dans des configurations discursi.ves, pâr des "conversions"2 au sens hjelmslevien d'un "état de choses" à un autre t de cet autre, encore, à un autre selon des glissements structurers: des refornulations qui "s'addit,ionnent" tout en s'écartant 1es unes des autres par 1'ét,ablissemenL entre e11es de renvois sous forme de processus de générat,ion de "t,rait,s" int,ra-textuels dans Ie conte en tant que genre auguer sont, 1L"s not.ions de "synbo1e" et "connotation,,, auxquelles nous préférons ne pas recourir, peuvent, dissimuler une fâcheuse incapaclté de 1'analyse à mener une description susceptible de mont,rer en quoi des unités sont symboliques ou connotatives. 2 " L, génération de 1a signification en int,roduisant de nauveTles art,iculat,ions à chaque étape de son parcourst apporte en nêne tenps un nenrichissenent» ou une «augnentation» de sens/ si tant esÊ que 1a signification n'est autre chose qu'articulation", voi.r À. J. GREIUAS et, J. COURTES, op. cit,. art. "Conversion*.


27

alors ,

sous- jacentes

des

régularité

s

syntaxi

que s

et

sémantiqr-," 1. "

En somme, 1e "quelque chose"

identifié dans/par les

Lermes

qui s'appellent mutuellement dans un champ donné impose qu'on luj- admette un statut à définir par les agencements de structurations syntaxiques et sémantiques de 1'ensemble des termes dans 1es contextes d'utllisation. Ce n'est plus 1'ensemble des termes (1e champ) en soi qui sera 1'objet de 1'étude, c'êst plutôt 1'ensemble des règles sous-jacentes à sa ccnstitution qui int,éressera 1'êtucie. Dès lors, quels que soient les angles sous lesquels les termes en question seronL appréhendés, i1s n'importeront que s'i1 leur est accordé un intérêt supposé pouvoir rendre compte d'un fonct,ionnement de régularités poss j-b1es à reconstrui-re. Ces régularilés, nous pourrions 1es supposer constitutives et sous- j acentes âux "frontières du conLe"2. Les ensembles de termes que 1'étude élaborera, prennenL

par 1a diversité de leurs fonctionnements sémantiques. Précisons que d'un côté , les occLlrrenc,es d'un même mot sont dét.erminées quant à leurs slgnifications par les

une force utilitaire

ei euê, d'un autre côté, les substitut,ions d'un mot par d'autres sans que cela détermine sensiblement des changenents dans 1a saisie

contextes que nous appellerons "parcours figuratifs"

1 " C" sont des opérations de réécriture qui pernettront aux sjgnifications (...) de passer d'un niveau not,ionnel â un âutre (...) selon 7es besoins de schénatisation." voir M.-J. BOREL, op. cit. p. 65. 2 t. MAROTTN, (Études rassemblées par), frontières du ., éd. du CNRS , Paris , t982.


d'un parcours figuratif, seront traitées non pas relativement aux mot,s mais à leurs invest,issements sémantlques. Nous sommes effectlvement devant des problèmes d'ordre sémantique: 1'hypothèse selon 1aque11e i1 y auralt des "unit.és culturelles" sous-jacentes à un lexique du conte organisé en champs relatifs non pas à ce qu'i1s servent

informations immédiates mais surtout, à des degrés divers, à ce qu'i1s sélect,lonnent comme proprlétés dont 1es finalités de sens sont beaucoup pLus consj.stantes, voire "nobres", prend forme. A présent, précisons qlie c'est à ce niveau que se sir-ue notre point de départ, QUê comme

nous pouvons reformuler de 1a manière suivante:

1. 1'examen des données lexicales qul apparaissent dans notre corpus est un oulil d'analyse plutôt qu'un simpre répertoire de mots; 2. 1e dépouillement 1exical, indépendamment de son ut,ilisation comme "outi11age", sert aussi à étayer une iemarque qui laisse entendre que 1e répertoire est relativement clos dans Ie sens où certains mots de 1a langue ont nettement ruoins de chances que d'autres pour apparal.tre dans le cont,e populaire ora11.

3. Le répertoire en questj_on, dont 1, objectif de constitut,ion n'esL peut-êt,re pas just,ifié aux yeux des analyses 1 Urre étude stat,istique des part,ies du discours pourra 1e mont,rer de manière approximativement précise si e11e tlent compte des occurrences signifiantes par leurs récurrences (plus d'une fols dans re corpus); sl une telle étude ne peut, faire 1'objet, d'un principe sérleux d'analyse, chose qui nous parai,t

t.out de même peu convaincante à plus d'un tit,re, nous nous contenterons de faire 1e constat sans prét,endre tenir une réponse en querques lignes au pourquol, sinon ra meirreure réponse, à nos yeux, sera 1'ensenble du contenu de cette thèse,


29

déjà fait,es sur Ie conte et qui sont suffisanment avancées pour ne pas en rester 1à, aura au moins Ie mérite de tenter -peu importe 1e résultat- de vérifi.er dans que11e mesurê les opérations de produetion de contes Populaires oraux sont aussi

productrices, si 1'on peuL dire, d'objet,s -supposés spécifiques à notre culture- que 1'analyse peut reconst.ruire par paliers successifs selon des interactions entre unités manifestées sous-tendues par une forme narrative "schématisante". 4, Enfin, aux analyses du conte, L' apport prét,endu de not,re approche permettrait de 1égltimer f intérêt, des environnemenLs qul servent aux unités lexicales comme garant de liens de "parentés sémantiques" pour ouvrir une voie vers l'élaboration d"'une sémantique du conte populaire ora1". C'est dans ëes perspectives que f itinéraire de notre recherche essaiera de se concrétiser. 11 est à présenL sensiblement clair que cet itinéraire s'appuie sur une ét.ude de la mise en activité de 1a "langue" du conËe populaire oral, ou du moins, sur 1'observatiott du fonctionnement du lexique dans 1e corpus gue nous présentons dans cette étude. Aussi ses chances d'êt,re atteint ne souffriront-e11es d'aucun repli ou recours d'approche à des technlques de projection sur autre chose qui ne soit, linguistlque r la description devient' ainsi Ie seul filt,re observateur valable de ce qui se constitue comme objet, d'étude sous 1'angle du rô1e du lexique dans 1es configurations discursives. Bien entendu, Pour parvenir à faire


30

1a tâche, les procèdures qui définiront 1a descriptionl basée

sur 1'observation, devraient ( doivent? ) être un outillage suffisamment opératoire en proposanL un traitement adéquat de 1'objet-lexique à certains niveaux qui restent encore à définir mais dont nous savons au moins -nous 1'avons assez développéque les uns se met,tent au profit

des autres dans un sens

de

du discours construction qui appréhende f intelligibilit,é narrati f Dans cette visée -faut,-i1 1e redire?* i1 importera peu que les mots soient pris pour ce qu'i1s désignent en Lant que lexique "usue1": ce sont Ies charges cul*.-urelies de ces mots eui, tout en just,if iant. Leur sé1ect,ion apparemment arbitraire, pourront caractériser 1es spécificités d'utilisation lexicale .

clans des conf igurat,ions.

Ceci re joint urre question f ort int,éressante à nos ÿêux un projet, d'élaboration d'un lexlque du conte populaire oral serait-iI possible pour rendre compte de 1'usage du mot dans r

cê produit2? Par ce Iexieu€, dont, 1'élaboration reste théorique, ne serait-ce que parce qu'une seule I'ie ne suffirait pas pour 1e réa1iser, peut- être la constitutlon d'une 1 Entre autres, cit,ons z " [Jne descript,ion d'anthropoTague (... ) peut s'orienter t,antôt vers 7'abstraction d'un nodè7e ou ÿers le "thétnatique", tantôt vers des figures plus proches des fornes int,uitives de 7'expérience, avec tous 7es internédiaires et 7es interférences que 7'on peut constater dans 7a réalité des discours" J. -M. ADÀM et alii , " Anthropologie, épistémologle , sémiologie. " in_ Le discours anthropoloqlque , oD.

cit . p.

15.

2 Nou* rejoignons par cette interrogation I'idée à propos

d"'un dict,ionnaire mythologigue", formulée par A. J. GREfMÀS, Du sens, op. cit, , voir notamment "Pour une théorie de l'interprét,ation du récit mythique", pp. L92-194.


31

sémantique du conte populaire oral sera-t-elle possible dans des conditions avantageuses à tout,e recherche dans ce domaine. En tous les cas, un tel projet serait, en mesure de résoudre le

repli du sémanticien sur 1'équivalence relat,ive entre f information codée par 1e biais de références d'une unité à une "réalité" donnée et 1'emploi par 1e conte de cette même unité dans 1e cadre de cett.e référence. I1 est inutile de préciser qu'une étude sémantique dans ce sens ne nous sembLe pas opératoire et ne peut cl'ailleurs 1'être lorsqu'elLe prend poLlr objet d'étude 1e conte populaire oral. Car 1'uiillsation du mot y est partlculièrement approprlée pour atteindre des buts commr:nicatifs particuliersl" Cette appropriation dans 1 'ut,ilisation de mots dans Ie conte est ce qui, engendre f idée du projet, d'élaboration nécessaire du lexieuei sachant que 1e produit (Ie conte oral) n'est ni création ni même produit qul présuppose, d'un point de vue de L'énoncia'uion qui 1ui est propre, un sujet individuel, il esL légitime d'adhérer à f idée que 1es mécanismes de re-productions du conLe prévoient des reprises d'un lexique approprié. Dans ce cas, 1'urgence d'un "dictionnaire" de ce qui semble échapper aux facteurs qul devraient en principe amener le cont.e oral à tomber dans I'oubli , parait tout à fait, justifiée. C'est d'ailleurs 1a possibllité d'une réalisation de ce projet qui fait que "1a parole" dans Ie conte exige, pour qu'e1Ie soit construite, une mal,trise d'un répertoire enregistré et artlculé, qui ne dépend nullement d'un sujet. individuel quant à son assomption. C'est

L R. posNER, "Significatlon et usage", Documents du G.R.S.-L. VI,55, E .H.8.S.S., CNRS, Paris , L984 , p. 5.


32

pour cette raison que les significations dans 1'univers du conte posent un cadre de relation entre les partenaires de eornmunlcation de sorte que ceux-ci soient thématiquement, interdéfinis et dotés de compétences qui leur permettent de s'assigner des modalités rigoureusement dét,erminantes pour un f aire interprét,at.if sur 1e genre 1ui-même. C'est aussi ce qui explique cetLe "mémoire collective" quant. au choix dans la langue de mots utilisés de façon appropriée. Cet usage auquel nous accordons tant d'int.érêt est 3ustiflé par des "règ1es" d'utilj-satlon dont peut s'occuper une certaine pragmatique . L'apport de 1a sémiotlque servira à délimiter des domaines de 1a sémant,ique et de 1a pragmatique dans 1a description des performances des sujets utilisateurs de Ia langue. Récapit,u1ons. Le point de départ était un ensemble ci'hypothèses sur 1'usage de mots pour des fins de communication intrinsèques au conte; 1e choix de ces mots se trouve à Ia base des moyens qui proposent un traitement sémiot.ique adéquat. des rè91es de I'usage. De ceci, nous voudrions retenir f idée selon laquelle un mot, s'i1 propose une signification parce que sa perception évei11e une représentation de ce qu'i1 désigne, iI" cessera d'avoir un grand intérêt qui puisse 1e quallfier d'être 1'un des "mots-motifs" dignes d'apparaltre dans 1e lexique du conte populaire oral, le mot du conte y apparait, essentiellement pour faire parler de lui: "se1" ou "herbe" ou "montagne", pour ne prendre gue ces exemples, signifient dans

Ies contextes de leurs apparitions que de " f innocence" inavouée (ou de leurs signi fications immédiate s


33

leur Propre force de faire signifier des codes dont l'analyse sémiot,ique se charge en faisant apparaitre les divers jeux de glissements sémantiques représentations ) , 11s tirent.

qui leur sont sous-jacents. Ainsi, 1es représentations "évei11ées" par un (des) mot(s) sont, dans certains cas que nous aurons 1'occasion de précJ-ser, prises en charge par les contextes pour signifier des codes dont nous citerons en premier lieu celui dont f intelligibilité est rendue essentielle par 1e genre même du produit de 1a t.radition ora1e. Globalement/ i1 s'avère qu'on se sert de mots de manière à ce qu'ils servent Ie discours narratif et de sorte à ce que ce dernier soit reconnu comme tel en ut,ilisant ces mot's précis pour être dit conte. La reconnai ssance oe ces mots choisis pour ces fins exige que le raisonnement soit falt par une classificat,ion éIémentaire de champs à maintenir provisoirement pour servir 1a mise en place d'une nouvelle ét,ape de travail issue d'une question pr j-nclpale: comment peuton percevoir ce qui n'est pas uniquement lit,téral tout prenant en considération 1e littéra] pour déterminer

en

1es

indications" sémantiques propres aux contes? Ce dilemme est Ie proPre de toute recherche sur le sens. Mais quelque chose d'encore plus problémat,ique apparal't ici: puisque Ie conte oral ne peut être ramené à une communication entre deux partenaires lors de 1a narration, il serait de lui appliquer des méthodes de recherche de difficile caractère conversationnel. D'autant Plus que les é]éments du "

contenu dans 1es configurations discursives n'appartiennent pas


34

à des représentations Iittérales:

ce I

les-c i

sont

des

appauvrlssements des codes du conte.

Bien entendu, du point de vue mét,hodologique, nous nous situons à des niveaux différents mais qui devraient tout de

avoir des liens organiques dont,le but est de rendre au conLe les particularit.és qui 1ui sont dues. sinon, si on se cont,entait des "représentations littérares,,, 1e conte serait probablement une 11ttérature condamnée à disparaltre non seurement parce qu'erle est orare mais aussi parce que "f intention structuraliste" 1évi-straussienne y serait sans grands ef f ets. Or, il se t,rouve que torrt donne lieu à penser 1e cont,raire: 1e conte oral est be1 eL bien un produi.t qui s'assure par ses propres moyens sa pérennit,é. pour nous, ces moyens ne sont pas seulement. morphol0gi.ques, ils sont aussi sémant,iques. Par voie de conséquence, la considération du lexique s'impose dans 1'étude des ressorts narxat,ifs et discursifs du conte. Les conLraintes dans 1a sé1ection, qu1 ramènent les emplois lexicaux à des codes, sont évident,es: 1. c'est comme si ce n'était plus le mot en soi qui importe ou cievait intéresser 1'ana].yse mais, prutôt, 1, usage qui en est fait; c'est aurssi comme si cet usage pouvait. se faire t,raduire par n'importe quer moÈ pourvu qu,il fasse partie du champ qui 1ui sert de reconnaissance. Dans ce cas, c,est, f intent,ionl de dire quelque chose qui lmport.e quers que soient res mots qui servent à le dire. De toutes les façons, même

1A.

J

GREÏMÀS

et

J

COURTES

, op, cit. art.

"

Intention.'

.


35

ces moLs sont contraints d'être choisis en fonction f intention. Ceci semble si évident, que Ie débat n,exige

de

pas

que nous nous ét.endions 1à-dessus.

2. Mais ce point de vue ne just,lfie que partiellement, 1'utillsat,ion des mots relativement à f inLention, car il ne faut, pas oublier que 1es mots dans 1e conte suggèrent une Jormulation sur leurs propres usages de telle sorte qu'i1s 1égltiment reurs propres apparitions dans 1es configurat,ions discursives: Ie mot, est dit pour dire auLre chose tout en proposant des modalit.és d'ëvictlon de ce qui pourrait, hors du conte, lui être subst.ltué. Du même coup, i1 s'installe dans une espèce de droit d'être inaccessible à 1a substitution hasardeuse 1.

La 1égitimlté du mot dans 1e sens où ir esr diffici.Le, sinon sous des condltions que nous déveropperons plus tard, de 1ui substituer un autre de manière hasardeuse dans 1a struct,ure de 1a configurat,ion où i1 apparait, est ce qui rend possible une saisie de 1'attitude d'une culture qui se dit, partlellement à travers lui en I'invest,issant, de traits nécessaires à la communication d'une dimension constitutive de ses facettes. sa mise ên fonctionnement dans te discours narrat,if lui at,tribue une charge curturelle définie par les objectifs de ce même discours seron 1'ét,ablissement de codes. Le discours narratif se voit. ainsi const,ruit par une "série" de mots ut,ilisés pour

1R

POSNER,

op. cit.

p.

18.


36

décrire Ies problèmes posés et, qui sont susceptibles d'êt,re qui conpose le lexique du

ce

"ont"1.

2. Position et mise au noint

Organi sons

préserrt, 1es points qui émergent de

nos

propositlons:

1. Le lexique,

composé de mots, propose

à 1'observat,ion

des ensembles ou des "matrices" d'occurreDCês; des opérations d'associations sous-tendent ces matrices, seion des mises en

relation pour rendre possible une st,abilisation rerat,ive <ies nots qu1 forment, ces matrices. Les mots qui se polarisent autour d'un champ obtenu par distribution de ceux des matrices selon un autre type de relat,ions associatlves, sont des lieux de reconnaissance de bases ou de données pour découvrir des inf ormations relat,ives à 1'un des besoins du cont,e pour se constiLuer: 1'analyse retiendra ici, comme objet d'étude, res configurations discursives et 1es parcours figurat.ifs qui s'y rapportent.

1 Dans une perspect,ive autre gue celle que nous envisagerons mais dont "l'espriL", nous semble-t-i1, peut être exploité, citons M. cALLoN, "Les procédures de découvertê", B.ulletin du G. R. S. -L. , CNRS, VIf I, 33, 1995 , p. 10 : ,, Chague docunent est réduit à une série de nots, décrivant 7e problêne posé par les âuteurs. on construit ensuit,e un lexlque conposé de tous les nots utiTisés (,.. )'.


37

2. Par 1à, ces mots sont, ou du moins, peuvent être "détournés" de leurs usages lexicaux immédiats pour des besoins narratifs particuliers. Ceci peut être rect.ifié par une autre proposition: ce ne sont plus ces usages lexicaux immédiats, en tant que représentatj-ons référent,ielles linguistiques, qui servent 1e conte , c'est Ie conte qui 1es sert en s'en servant par qu'i1 en fait, dans une espèce de "mou1e" 1'utilisation part,iculier dont Ies apports nous semblent, importants à retenir pour traiter les configurations discursi-ves à un niveau sémantique. Le conte, dirions-nous, "détourne" 1'usage lexical pour satisfaire des fins intentionnelles propres aux configurations. Ce détournement analysable par des traces relevables et descriptibles dans/par 1e discours est problémat,ique. D'un côté, c'èst à cette condition, nous semblet-i1, guê revient la nécessité d'éviter de mettrê sur le compte du "symbole" ou de Ia "connotation" 1es intuitions qu'un lecteur peut, formuler à propos des problèmes de sens dans le conte. D'un autre côté, c'êst, de eette condition que surgit la questi-on: comment rendre compte des liens organiques entre 1es informations ethnologiques ( anthropologiques? ) ou tout sinplement socio-cuIturelles, et 1es lieux internes aux contes qui servent de traces d'informatlons ? Cet.te questlon devient encore plus alarmante lorsque l'ét.ude prend et utilise eomme "principe de découvert,e" un dépouil-lement lexical qui ne peut être en soi une voie de raisonnement sur Ia manière dont Ie conte utilise 'ses" mots. En outre, -êt c'est 1à que notre point de vue prend forme de


38

Ia valeur d'un mot actualisée par la différence en tant que relation entre unités dans une configuration discursive, n'eSt pas tout à fait suffisante pour asseoir f idée que les mots dans un conte disent généralement les choses autrement que quand ils sont utilisés dans des discor:rs autres que 1e discours narratif ( 1e conte ) i 1es valeurs qu'i1s mettent à jour par 1e biais deS relations de différences dépendent de références à "autre chose" qui réside dans 1e conte 1ui-même: à 1a manière de la poésie définle comme autre chose par Verlaine, 1e conte peut être aussi déflni de

manière aSSez claire-

1a sorte. Ce point qui peut être 1'oblet de malentendus comme si

notre raisonnement tournait en rond, 11 faudrait, 1e situer par rapport, à des t.raits définitoires du conte: mais qu'est-ce que l-e conte?

1

La réponse à cette question est tributaire de réflexions sur les règ1es de "canalisations des intérêts" -expression que nous empruntons à M. Cal1on- du conte populaire oral: 1es univers sémant,iques, organisés Par des traits de conLenu, reçoivent une fonction dont 1e traitement est étroitement 1ié à cet,te canalisation. A ce stade, i1 faudrait, situer la lecture à un niveau de reconstruction des nécanismes des condit,ions qui agencent les champs sachant 9u€, associés dans des

1 Norr" f aisons nôtre f idée de M. Taif i, lors d'une cliscussion que nous avons eue avec lui, et dont nous reformulons 1'essentiel comme suit: on ne peut définir un conte qu'en contanti c'est d'ailleurs 1a réponse spontanée gue nous /Haiit-k/, /idien donnent nos infornatrices: un conte? c'est zlk/ , . . et le conte conmence. lilous y reviendrons dans notre deuxième partie.


39

configurat,ions dlscursives, les mots sont en nombre t.héoriquement linltés, et que 1e discours donné comme "déduit" du conte par un informateur quelcongue à Ia manière du conte, ne se réduit. pas à un discours où les traces d'aSSomPtion rendent compte de §tatuts de récitants §ujet's individuels. L'activité langagière du conte dépend, alors, de proce§Sus soumis à 1a cana.l isat,ion de ses intérêts: les " entités {y sontl dotées d'une signification qui Teur est propre dans Le cade"L. En tous 1es cas, 1e mot reçoit une particularité d'utilisation condj.tionnée2 par les traces qui se Lissent dans 1e conLe et qui se proposent à 1a "bienveillance du qui en déconst.ruit 1es mécanismes de fonctionnement par rapport à un code construi-i par un type d'associationS dont les valeurs se réalisent par des Ielatj-ons entre forrnes de sens dans 1es configurations considérées. Ces formes de sens justifient leur caractère opératoire par des structures signifiantes dépendant de régularit'és d' organisation qui "prédiquent" en quelque sorte 1'activit'é langagière dont, les consLructions signifianteS sont cetleS d'un "processus"3 qui retrouve son élaboration dans 1es conditions nécessaires

descripteur"

1 n. JÀKoBSoN, Essais de linquistique qénérale, Minuit, Paris, 1968, p. 52. 2 "Si les nots des Tangues n'étaient que des inages des choses, aucune pensée ne serait possibTe." c. HAGEGE, L'honme de parole, EaYard, Paris, 1985, P. L29.

3 J. MOLINO , "Interpréter" in C. REICHLER ( sous 1a dlrection de), L'interprétation des textes, Minuit, Paris, 1989, p. 25.


40

à 1'acte de faire signifier des mots par leur mise en relationl. A présent, ajoutons que les relations entre mots doivent. recevoir un trait,ement sous-tendu par 1'apport de "canalisation d'intérêts" du conte, car ces relations, à e11es seules, ne peuvent en fait donner qu'une slgnificatj-on parce 1 Iai re2.

Tenant compte de cette double contrainte qui soumet 1'entité lexicale aux relations qu'e1le entretient avec d'autres et qui ne tlent pas compte d'une approche phrastique mais transphrastique, i1 semble que 1a voie de recherche sur 1es champs nous sera d'une grande utilité. Les démonstraLions qui vont suivre vont illust,rer une rêflexion qui ira dans 1e sens de tout ce que nous avons réuni comme généralités, sans pour autant prét,endre à des extrapolations certaines, puisqu'e11e recouvre un domairre restreint du point de vue de 1'objet que nous analysons. Cette réflexion est, a1ors, à prendre

comme modè1e

suggestlf.

Non soumis à une classlfication selon des critères loglques, les champs dont nous entreprenons 1'élaboration seronL des matrices sous lesquelles se rangent des mots pour 1a consti'Lution de contenus sémantiques. Cette élaboration sera soumise à une "conversion" de ses résultat,s vers un autre angle d'approche dont 1a sémiotique dite "standard" s'est occupé ciepuis les débuts de ses développements: nous ramènerons ces matrices à des champs selon leurs contextes narratifs en

28.

1 a.

J.

GREIMAS, Sémantique

struct,urale, op. clt. pp.

2 l,-C. COQUET, Sémiotique littéraire,

op. cit. p.

18-

58.


4L

essayant de traiter 1a compoEante dit,e f igurat,ive et ce11e dite thématique.

L'établissement des champs sera opérat.oire par res types de rapports que 1es thèmes sous-jacents aux parcours figuratifs

enlret,iennent pour situer f intelllgibilité des récits à un niveau relativement plus profond que Ies relations entretenues

entre les entités constitutives de chaque champ d'un côtéi êt, de 1'autre, ent,re 1es critères sémantiques en termes de "domaines" des champs et de rapports entre ces domaines.

L'étucie sera ai-nsi conclamnée à suivre des mouvements de circularit,é entre 1es unltés Iexicales regroupées initlalemenÈ en matrices et 1es diverses "décompositions" de ces matrices en champs, en essayant, de repérer des parcours f igurat,i-f s dans

par re conLe. §otre souci sera de ne retenir pour ce faire que les configurations discursives qui_ permet.t,ent 1a sélection des unités lexi-cares pour élaborer des champs. De ce falt,, otr ne s'étonnera pas dee déplacements de termes inscrits dans ces chanps vers d'autresr ces déplacements seront justifiés par des glissement,s de sens d'un terme donné pour participer aux thématisations narratives dans 1es des cont,extes d'utilisation

configurations,


42

CHÀPlTRE

CHÀHPS

rI

ET COUTIGüRATIOIIS DISCJRSMS

1. Carlre spatial

L'un des champs qui nous parait immédiatement perceptible à la sui"te d'une lecture préliminaire du corpus est celui d'une organisation représentée d'un espace de 1'univers des contes. Cett,e organisaLi-on, en tant que représentation, est, explicit.ée de rnanière relatlvement stable par 1'utilisatlon des termes:

/ift n tmur0/ (ber.), /waHed l-blad/ (ar.)! une terre, un pays, qui apparaissent en occurrences nombreuses. Par ai1leurs, 1es délimitations géographiques supposées telles dansr pâr exemple, /mdina/ {ar: vi11e), /menTaqa/ (ar: région), ne sonL guère représentatives; seul f indéterminé du point de vue distlnctif entre groupements sociaux dans 1'espace représenté est largement indiqué dans nos conLes par /êammurg/ (ber: pays, terre) et /blad/ (ar: pays).Ceci se confirme aisément dans un sens analogue dans des versions de contes, dit,es en berbère,


43

où apparaissent /0aqblLt/L (ber: kabyle) ou /djmaeegt2 (ber: djemaâ) pour désigner un groupenent social dans un espace donné.

Quant à /d-detra/, /d-duwwar/ (ar: vi11age), i1 semble

encore qu'ils se déflnissent plus par des liens sociaux gouvernés par des structures de parenté à des degrés proches ou é1oignés, que par des frontières géographiques. Pour nous limit,er à ees occurrences, sans nous préoccuper de la représentativité à proprement. parler dans Ie discours narratif de 1'espace habité par les membres d'une cornmunautê dont une approche ethnographique peut renrlre conpte, nous étudierons 1a manière dont 1'espace dit habi-ué se construii dans 1e discours, en tant que configura1:ion "conjugable" avec 1a construction d'un sens rendue possibte par 1'utilisat,ion qu'en fait le conte en tant gu'univers sémantj-que. I1 ressort de cet angle relativemen-u chargé qu'i1 f audrait. distinguer dans 1'architecture spatiale et sa mise en scène rrarrat j-ve , enLre deux st,ratégies de construction di scursive 1. 1a première correspond à celle qui déflnlt, 1'espace "conne un objet canst.ruit Ioù] 7e sujet, Iesi] considéré conne producteur et cafine consofinateur"3; :

1 0ayaig CIiweo 1/t n teqbilt, (la chienne arriva dans une kabyle (groupenent dont 1es constituants entret,iennent des liens de descendance et d'unions) ), C1, 2 akeô ueeJJi djmaeeQ qae TTareH (1e soir, quand Ia djemaâ (habit,ants de 1'espace dit /defra/, /duwwar/) se réunit dans un lieu déterminé du village: Ia mosquée ou éventuellement Ie nagasin du vilIage, qui se situe en généra1 sur 1a place centrale du village), C2. 3 A. J.

GRETMAS

et J.

couRTES,

op. cit.,

art. 'Espace".


44

2. 1a seconde, int,roduite dans re discours par /ilt n t,mur0 /, /waHed 1-blad/, correspond à une spat,iarité sous f orme d'ét,endue faisant fonction d'un simulacre par rapport à un espace social- ou non social conme nous 1e verrons: ufrê mise en scène par le récit,-conte d'une représentation de l,espace pour

y proposer "1e spectacle" qu'i1 développe narrativement selon des condit,ions de saisie. ce spectacle, en tant que parcours si on considérait sa 1inéarit,é et, tous les éréments narratifs qui y apparaissent, a 1'at,t,ribut de se dérouler dans un " guelque-part' défini par des int,erventions de te11e sorte qu'i1 subisse et fasse subir des transiormatlons. Le conte procède ainsi pour être porteur de messages langagiers par. une mise en scène de sol dans un espace où, si 1,on peut dire, 1'ancrage est à comprendre selon 1'absence de traiïs définitoires de frontlères spatlales. cet espace est ce à partir de quoi 1e conte va donner des représentations sur 1e social comme organisations i cf. / d-defta/ , /d-duwwar/ , /djmae efi /, /0aqb ilt / ) ces représentat,ions sont construites pour indiquer autre chose que 1e "cadrage" architectural. Âinsi 1e conte se donnet-11 à être pensé sans être ancré dans un espace-temps définissable par des frontlères spatiales ou historiques. r1 donne en spectacle des univers dont ra construction se falt, par f imbricat.ion entre attitudes spécifiques dont, i1 profère 1es conditions de se refuser cies coordonnées d,ancrage spatial et temporer proprement dit. L'utirisatlon, pâr exernpre, d'énoncés introductifs à 1'acte de conter en tant, que formules, et ra manière dont, 1e conte manifeste Ies strat,égies .


45

régulat,rices d' j.nvestissements pris en charge par 1a dimension narrative, en est révé1atrice. Plus encore, en admettant que 1'espace soit conçu selon 1es deux stratégles que nous venons

d'émettre et surtout, qLle sa mise en scène dans le discours narratif consiste essenLiellement mettre hors espace particulier les événemenLs du cont,e, i1 en découle que cet espace est une composante de 1a dimension narralive qui joue dans 1e conte "-Ie 16le d'une conposante organisatrice sousjacente, structurant ( . , , ) Jes processus de product,ion et de Tect,ute d.u "ilessaqe""7 (c'est nous qui soulignons ) Sous un autre volet, 1e conte n'est guère appauvrissant des représenÈations spatiales. Àu contraire , on y repère facilement une organisation schématique d'un espace ouvertextérieur (cf . /0ammur0 / , /blad/ ) et un espace f ermé-in-uérieur teI qu'i1 se manifeste dans /axxam/ (ber: rilaison), /qSer/ (ar: palais ) , / eef lal ( ar: tente ) , dont i] ne nous semble pas nécessaire, vu leur nombre d'occurrences considérab1e, de 1es reprendre en dét,ai1. Pour ne prendre que te motlf de Ia maison, constatons que Ie conte en précise certaines parties constit,utives te1les que /L-eetba/ (ar: seuil), /1*babl lart porte), /s-serjem/ (ar: fenêtre)... Ces indicat,ions rendent compte, €n ef f et, cl'une segmentat,ion de 1'espace humaln comme si cette segment,ation pouvait définir un certain ancrage spat,ial du conte. Or, cette segnent,ation en ternes de parties de i'architecture spatiale, réduit 1a référence de 1'espace à un "quelque-part non ancrant"" Ie conLe puisque 1'espace 1ui.

1 f. LANDoI{SKI, La société réfléchie, Seui}, paris, 1989,

r.39.


46

ne déternine que 1'ancrage des faits et événements du récit1. Enfj-n, 1'espaee intérieur qui semble défini par ses partles n'est guère un support d'intérêt pour un fonctionnement qui assume un ancrage spatial, Nous voulons dire que 1'espace intérieur humain est mis au degré d'une illusion fonctionnelle de I'ancrage par les faits et les événements gui s'y dêroulent et, qui s'y rapportent pour assurer 1'éIaboration d'un "langagemessage" propre au conte. I1 est évident que ce langage ne peut être relatif à un espace susceptible d'être tracé pour évincer d'autres représentaticns spatiales pour lesqueLles i1 ne serait pas pertinent: 1'universalité du conte est à saisir dans ce

même

SENS.

Exemples d'étude: la nontaqne, Ie si1o, 1-ç puils et Ia

qrotte,

essayons de De manière tout à fait arbitraire, sélectionner quelques figures selon un regard qui 1es situe dans un parcours thématlsable par des traits investis dans une configuration spatiale. Ces figures seront conçues selon une

1 mmi-s e-€emmi-s 1-1i1a yiweD idj n lteôrar ( le cousin Leila arriva près d'une montagne), C1.

de

0uIi Ger weôrar {1'ogresse monta (escalada) vers 1a , C4. lGul yehwa-d zi weôrar (1'ogre descendit, de la montagne), C11.

1Gu1a

montagne )


47

articulation où au moins un sème Ieur fait entretenir des rapports sémantiques. Dans ce sens / ar} / ( ar: terre ) et /0ammur0 / , qui comportent 1e sème de "1'horizontalit,é", P€rmettront de proposer un rapport avec "1a verticalité" qui s'acLuâ1ise dans /aôrar/ {ber: mont,agne vS /Gar/ (ar: grotte )1, /Hefra/2 (ar: troui, /meTmura / (ar: sllo)3 et enfin , /anu/4 (berr puits). Sur la base de / arD / , /6ammur0/ , 1'axe selon " 1'horizontalité " prévoit la catégorie Haut, VS Bas ; " 14 verticalité" comporte une double orientatlon par rapport à un centre qui dét,ermine Ie sens selon qu'iJ, s'agiL du haut ou du bas. Ce centre se situe sur "l'horizontalité". Dans ce cadre, 1es flgures s'organisent comme suj-tr 1. /aérar/, /7-lbel/ (ar: montagne), /ma1u / ( ber: colline), /kudya/5 ("t: colline) = haut,; 2. /meTmura/, lgael (ar: fond), /hefra/, /Gar/ = bas. Dans /l-kudya/, /i-jbeL/, /aôrar/, /malu/, 1e sème de Haut. s'investit, par un degré puisque /1-kudya/ ou lmalu/ est, un Lerme complexe: 11 n'est ni /)bel/ , /a6tar/, ï1i /arD/ , /0ammurO/; 1e rapport qu'i1 entretient, avec ces derniers est 1 *-f a r-ra j el 1-waHed 1-Gar ( I'homme a1la dans une grotte), C1. 2 .""ssar yemtu TTeam ôeg weHfir (Ie vieux (enterra) mit le couscous dans un trou), C11. 3 l-malit< dar dik I-mra f-l-meTmura ( Ie roi mit cette femme dans un silo), C15. 4 DD.*y. êHut ôegg idj-n !{anu (DDawya tomba dans un puits ) , C5. 5 m/at I-mra 1-waHed 1-kudya ( Ia fenme aIla dans une colline ) , C5.


48

dans un sens qraduel: iI est haut par rapport à larD/ eL bas

par rapport à /lbeL/. Le système sémique propose ainsi une circulation qui tient compLe des écarts différentiels relat,ifs à des disjonctions entre unltés dont 1es relations entre sèmes sont hiérarchiquesl. Ce phénomène réapparaLt, dans t /Hefra/ , /Gar/, /meTrnura/, en prenant comme axe-repère /arD/, /$ammur0,r, sl nous admettons que /Hefra/ reçoive Ie sème de bas par rapport à /arD/. 11 sera de même pour les autres flEures. Ceci dit, rappelons qu'un degré dans un sens graduel s'imposera si on fait entretenir une relation entre, pêE exemple, /meTmura/ et /Hefra/ .

2. Évaluation de 1'étude et élaboration d'une néthode

Avouons gue cette voie . d'étude des unités même en contextes particuliers ne nous aide pas vraiment (pas du tout! )

à avancer. Le problème gu'e1l-e pose est dû à la diversité des f ormes de manifestat,ions dont surgi-t la dif f iculté de repérer un fonctlonnement autonome des relations pour 1eB faire signifier. Puisqu'i1 en est ainsi, nous envisagerons que 1a manifestation de la signlfication pose des contenus en tissant entre les t,ermes sémiques des réseaux de relations pour rendre homogène dans Ies configurations discursives ce qui semblerait 1 A. 35.

J.

GREIMAS, Sémantique

structurale, op. cit. pp.

34-


49

à première vue hétérogène (cf. p. ,îZl. pour plus de précisions, 1'hétérogéné1té est due au fait que 1e conte semble lacunaire en sigtnaux saisissables par une description qui puisse aboutir à une saisie des mécani-smes de production de sens: cêux-ci ne s'i-ntéressent

pas à

configurations

discursives.

un cont,e particulier

mais à

des

Et, tenLer de rechercher et repérer des unités signifi-antes et, ensuite, reconstruire

1es

modes de

une

leurs

"schématisation"

articulations,

doivent

prévoir

qui int,ègre des phénomènes jusque 1à

de

non

évoqué s :

1. si une unlté, symbolique ,

même quand

elle est dite <ie l,ordre

du

ne f anctionne

.oas autrement, qu, un Lexêne queTconque cî'üne Jangue naturelie queJcongue,,L, dans un conte populaire, e11e est quand même dotée d,un iniérêt fonctionnel plus chargé gue cerui d'un "1exème quelcongue". car, comme nous "

1'avons ciéjà dit, 1e "quelconque" relatif à une unité lexlcale ne peut être admis sans être soumis à des règ1es d,adoption par 1e discours narratif dlt. conte. RappeLons gue c,est 1à 1,une des raisons pour lesquerles nous avons prévu 1a seconde stratégie d'étude de I'espace , qul compl_èt,e 1a première pour les besoins utilisés par le conte; 2. ainsi, 1e lexème dit, ,'quelconque" cesse d,être quelconque, et de ce fait, 1es figures2 gue nous avons prises en considération ne peuvent être ramenées à des fonctionnements comparables à ceux de 1exèmes. De toutes les manières, comme 1 ruia. p. 58.

2 R. J. f igurati.f ".

m

GRETMAS

et J. couRTES, op. clr. art. "Parcours


50

1e dit Le dictionnaire , " fe Jexène se présente conne le produit,

de 1 'hist,oire et de I'usage, piutôt que Çonne ceLui ele ia structure"' ( c'est nous qui soulignons ) .

ParLant de ces postulats, i1 est maintenant opportun de revenir à nos exemples pour mieux distinguer entre 1es l_exèmes

t,e1s que nous en avons cité les mani-festations dans noLre lecture et t,e1s qu'irs sont ut11isés dans le conte selon une espèce de "filtre

d'adoption". ce dernier aspect fait. de ces 1exèmes, pour peu qu'on y revienne avec un regard moins naif, des unités figura.'ives organisées2 de 1a ynanière suivanÈe:

1 rlia.

art. "Lexème,,. 2 constâtons que nous venons de changer puisque pour rendre compte du fait que 1es motsd,,,outirrage,' ne peuvent être auLonomes et que ce ne sont pas leurs(1exèmes) sommes qui constiLuent le tout de slgnification, il a farlu recourir à Ia not'ion de "figure" et d'organisation par',enchai.nement isotope,, de parcours fisuratifs. pôur plus ae aetaii";-;;*;Jier-r-;';.

COURTES,

l'Éqons:etion. 193.

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51

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52

Une première remarque

à Ia suite d'une relecture du C91, / )-lbel/ , espace habité, est utilisé pour distinguer une activité qui se ratt.ache à "nuit." par rapport à l'espace où une autre activité se rattacherait à " jour"2 impllqué par " aurore " : une trarrsformat,ion s'opère selon 1'approche du j our ( aurore ) pour rendre possible au su j et-héros en qr-rête de 1 'ob j et. de valeur l-'accès aux montagnes. posons: j-jbel!espace fermé, inaccessible vs espace ouvert,accesslble nui

t

I CUr (

à partir

Ici

1'accès à "montagnes" et I'attribution pouvoir (y accéder) se réalisent condltionnés

de

1

'aurrrre

au l:éros comrne

)

l-e

actrvité

"diurne" par 1e passage de "nuiL" à "non nuit" pour impliquer "jour". Ce passage, ou transformation, est conditionné para11èLement aux t,raits

qui accède à 1a morrtagne et à ce qui caractérise 1e su jet,-habitant rle i.'espace modaux du sujet

en questir:n. À cet accès, conciitionné par des at,i.ribut,ions modales au sujet, attribuLions figurativisées

dans cies parcours

1 mmwalin dak

j-jbe1 ybat,u yxedmu min tebqa sa€a 1-I*fjer ym/iw yne€su (1es propri.étaires (hablt,ants ) de cette montagne passent 1a nuit à travailler; à 1'aurore, i1s s,en vont pour

dornir). 2 f-I-fjer min j-jbal yerferrqu 1Ii bGa yfur yfut, (à 1'aurore, quand Ies mont,agnes se séparent, celui qui veut passer le peut; trad. lnte11. r les montagnes ne sont accessibres par les humains que lorsqu'e11es se séparent à 1'aurore

).


53

particuliers

du conte, est sous-jacente thématiquement forme d'initiation du sujet à 1'acquisition du pouvoirl.

une

Habitée par des personnages "parti-cu1iers" oLl dont 1e statut est en tous cas "exceptionnel", "surnaturel" et "non humain" 2, iâ montagne ievient un espace dont l-' accès est réservé

âux héros.

Dans ce nême ordre

d'idées,

par

f investissement sémantique dans 1a relation oppositive des termes de 1a catégorie Haut VS Bas, prend sens 1'ascension de 1'héroine , réalisée à la suite de ia transformaticn de son apparenee physique3. De même dans C22, l-a montagne est habitée par /aruHani/

(

berr être surnature)-, génie ) ; et 1'humain n'y

accède que par )-'acquisltj-on du pouvoir qui 1ui est accordé par

1a f111e de /aruHani/4. Dans ce dernier cas de parcours, le por:voir est attr|bué

au sujet-héros par l-a fiile

(

1'héroine ) tout comme 11 1'est

dans C1 comme nous venons de le voir.

Néanmcins, i1 serait

Cu de voir comment se manifeste 1'attribution pouvoir: dans un cas, ce sont 1es os de 1a fille du génre qui

intéressant

1

y"tee1lem l-Herb f-j-iba1 (i1 apprend 1'art de 1a guerre dans 1es montagnes), C33. L'apprentissage en guestion rejoint que nous retenon§ comme thème sous-jacent. ici f inltiation 2

Entre autres références, citons Ie C1r 1'accès du cousin de Leila à 1a rnontagne est conditionné par 1' j.ntervention de et Ia (cheveux, métonymiquement Le11a) 1'adjuvant neutralisation -par la ruse (te savoir) de ce dernier- du pouvoir de 1'ogresse afin que 1e cousin soit épargné.

) / gferfer Ger yidj n we6rar ( subitement, Nima devint une colonbe ( perdrix ) et s'envola vers une montagne ) 4 ami yuli akeô vÿeôrar yegga ddru) zeg Gessan n teôbir0 nni (pour escalader Ia montagne, i1 usa (se servit) des os de la filIe du génie). 3 nima 0eowe1 t-taôbir0 (t-tasekXur0 .


54

sont utilisês par le héros; dans 1'autre, la chevelure de Ia cousine. Remarquons qu'aux os se substit,ue 1a chevelure. Àussi faudrait-il revoir 1es traits caractérist,iques du "donateur" du pouvoir; étant fille d'un génie, par augnentation dans L'univers imaginaire, cette figure propose des effet,s de sens que le conte utilisera par f intermédiaire des os, alors que 1e C1 utilisera une figure isotope avec 1'humain. Dans ce sens, nous pensons qu'une analyse poussée pourra vraisembl-ablement rendre r compte de codes sémantiques beaucoup plus i-ntêressantsl. En tous 1es casr le pouvolr dans les cas que nous venons de voir est port,eur du sens de f inlLiation d.u sujet. D'ai11eurs, cette initiation pose 1e sujet dans I'espace ( cf. C1 , C9 , C10 , C22 , pour ne cit,er que ceux-1à ) comme quelgu'un {ui, modalement parlant, ne dispose pas d'un pouvoir à 1 'ét,at initial même s' i1 a un savoir r c'est tou j ours le secours extérleur qui lui rend possible 1'accès à cet espâce d'init,iation. Le trait de "fermeture" ou d"'inaccessibil-lté" à cet espace par le sujet sans 1'aide extérleure, se résume de raanière explicit,e lors de la mise du héros dans un " chaudron" de 1'ogre=""2. Reprenons:

L. Ia montagne est inaccessible au sujet, n'ayant pas

l-e

pouvoir;

1 Nou= reprendrons ces figures dans d'autres contextes narratifs. 2 ttla Êegga mmi--s €-eemmi-s 6egg i/t-n t,1y6ur0 1-lGuIa (Leila nit son cousin dans un chaudron de I'ogresse), C1.


s5

2. Ie pouvoir est attribué à ce sujet par un destinateur. Nous voyons que cette

par 1'ascension rendue

modalité,

possible, serait sous-jacente à une opération qui débouche sur 1a négation de loute cornpétence dont, J.'impilcation est le f aire

ou la transformation'd" 1'état disjonctif

du sujet avec 1'o):jei

par 1a montagne, ufl devenir

Ce valeur à un ét.at. conjonctif:

affecte le sujet dit de quête1 et du

même

coup, ce sujet,

ce§se

d'avoir ce statut puisqu'i1 est, en position d"'objeL" quj- subit le

pouvoir

f irrconciliation

investi

par

le

conte

dans

"montagne":

des sèmes opposés est "neutralisée"

pe.r

Le

pouvoir que ce sujet reçoit de 1'extéri-eur pour ainsi dire. Retenons pour ie moment que 1e pouvoir qui ser:E à des

mises en "histoires" d'un sujet humain est déterminé par

une

relation oppositive des sèmes Haut et Bas actualisés dans 1a cor:f iguration. Ensuite, ce su jet. rre peut, acquérir cette modalité qu'en devenant maître de I'opposition de ces sèmes définlioires de "montagne", "si1o", "grotte". . en renciant humain et habj-tab1e provisoirement par iui -à 1a manière de 1'espace "terre" qui ne comporte pas de sèmes opposés rnais en est 1e régulateur- ce qui ne peut 1'être par n'impor'ue qui: f init.iation. Dans un sens analogue mais gul, cette fois, préclse l'homologat.ion possible du pouvoir à " 1a montagtne " , au " siio " au "pults" ... , citons la configuration de la destruction de 1a ,

1 L'utilisation

de ce terme tient compte d'une dé f inition progranne partielle: "c'est par référence â un (..,) que (... nous détinirons 1e sujet, de quête" , ) Id'appropriation] J. -C. COQLIET, Le discours et son suiet, op. cit. p. 88.


56

montagne par 1'ogre"""1. Cette destructlon se réa11se par

1'ogresse dont le pouvoir est, dans cette configuration, comparable à celui investi dans "montagne" dans 1e sens où, à aucun moment dans Les contes, ce faire n'est assumé par 1'humain à moins que iJtui soit, accordé L1n statut modal except.ionnel au sens où i1 devienL sujet, dont 1es t,raits s'homologuent, s'assimilent et se confondent avec ceux d'un sujet, représenté par un acteur dont 1e statut est de L'ordre du "sur-humairr" (cf. 1a figure actorielle /ruHaniya/ dans C22 par exemple). Ceci se confirme encore dans Cl.r Leila dispose d'urr pouvoir par la ruse (le pouvoir du savoir) non pas parce qu'e1le est "humaine" mais paxce qu'e11e est "fiile adoptive de 1'ogresse", stat,ut qui 1a rapproche de cette dernière par 1'appartenancé à 1'espace dit "nonLagne très haute". Par ces remarques tirées des queiques exemples dans nos cont,es, 1'analyse est en mesure de présumer que 1'espace att,ribue au su j et des tra j-ts déf lnltoires d'une identité selon Ies parcours qu'i1 assure narre-,-ivement; la mise en discours de ces parcours, ê[ tant que configurat,ions, pose qu'i1 soit attribué au sujet Ie pouvoir. Ensuite, oe 1a relation opposit,ive (Haut VS Bas ) , 1e conte installe un effet de fonctionnement des figures qui s'y rapportent. Cet effet consiste narrativement à nettre en scène 1e sujet de te1le sorÈe qu'i1 rende par le pouvoir non opérat,oire f inconciliation apparente de 1'opposition. 1 lcu1a 6isi lBala ô wyezzim truH Ger !ÿeôrar ( 1'ogresse prit, une pel Ie, une pioche et partit vers la montagne (pour Ia dét,ruire ) ) , c4, c6, ca4.


57

En somme, f identlté dont nous parlons ici- est, construite

selon une hiérarchie au niveau actan|iel que structure 1e

champ

arLiculalions modales sous-tendent aussi bierr 1a narrativité que 1a mise en contexte des figures spatiales. Pour ne prenCre comme exemple que celui du C1, i1 apparal.t que 1e pouvoir est mis en "vedette" dans 1e champ modal: au niveau de I'ascension, nous avons vu que nous ne pouvions parler de su j et dans 1e sens où 1e héros ét,ait. démodalisé ou plus clairement " subissant" ; 1e pouvoir qui caractérisait 1e sujet habitant 1a montaEne, lui ét,ant hiérarchiquement supérieur, faisait, de 1ui un "obiet". Et, cet état s'annule par 1a suite grâce à f intervention d'un tiers. Dans ce cas, une définition de f identité par " 1a fonct.ionnalité" s'impose: " 1a grâce" 1 par Iaquelle ce sujet, réa1ise ses exploits 1ui eSt totalement extérieure. En d'autres termes, 1e sujet ( jeune homme ) entre dans une "relafj.on ternaire"; SOn COmportemerrt eSt, empruntons 1e terme à J.-C. Coquet, "rég1é" par cette reLation dans laquel1e i1 entretient urr rapport avec un destinateur dont Ie statut lui est

modal sous-jacent: 1es

hiérarchiquement supérieur.

La catégorie Haut VS Bas, comportant

comme nouS

venons

de

Ie voir un effet de Sens, raPProche Ie sujet dont le parcours comporte 1'ascension à celui situé dans un autre espace caractérisé par 1a même cat,égorie mais dans un sens différent au niveau de 1a narration des événements. Prenons comme exemple celui des parcours où apparaissent notamment /1-meTmura/ et 1

note

79

COQUET,

,

P. 65.

Le discours et son suiet, op. cit.,

voir


58

/1-Hasi/ relativement à des sujets humains dans des Contes différents. Dans cet espace "§outerrain", retenons 1e faire dont résuIte 1a dis jonction rians 1e sens où l'on y place quelqu'un après 1'avoir " reti-:é" de 1'espace commun-humain. Précisons tout, d'abord que ce quelqu'un est souvent représenté au niveau actoriel par une femme. Citons à ce Propos /1-meHgura .f-gae 1-meTmura/: f intention du mari 9ui, dans ce conte, met sa femrne dans un silo est globalement de la "réduire" à un rang au dessous de celui de 1'humain; f idée est renforcée par /1-meHgura/ (ar: 1a sous-estimée). En p1us, certe "dégradatiotl" rejoint 1e trait, investi dans 1'espace dlt, /meTnura/' Cz'l est éclairant à ce sujet: /1-meTmura/ est dite habitée par des serpents, Ie sujet humain représenté par l'héroine y est mis,.i et sa mise auprès des reptiles n'est rien d'autre, nous semble- ' t.-il, eu'un effet qui consiste à signifj.er qu'11 y est mis pour que l-ui soit, attribué un statut investi d'un traii dépréciatif. D',autres parcours relevables dans notre corPus peuvenL être intégrés dans ce schéma: ciLons entre autres celul de /DDawya/, de /eLfa lfahma/, des sepÈ soeurs. ' Aussi, peut-on dans une certaine mesure, avancer que 1es figures spatiales ./meTmura/, /Hasi/ et /Garl (substituables leS unes aux autres dans des versions de nos contes ) ont narrativement et t,hémat,iquementl un certain rapport avec une représentation cult,urelle sur 1a femme? Si la réponse est affirmative, i1 devient possible de revenir sur 1es figures: cousin de Leila , le vieil homme dans Ë.c

1 Poor plus de détails, voir J. COURTES, Le conte populaire: r>oétique et mvtholoqie, PUE, Paris, 1986 , PP. 41-58.

'l)


59

C'l1, Ie jeune homme dans C22, pour qui serait réservée alors que pour l'é1évation au rang de héros (initiation), / lmeHgura/ , /DDawya/ , / eifa lfahma/ , les sept soeurs , nous parlerions plutôt, de mise à un ranqi âvec un attribut dépréciatif -une dégradation- investi dans " Ie si1o" , " 1e puits" , " 1a grotte" , suivie d'une " réintégrat.ion" dans 1'espace commun-humain: 1'é1évatir:n se rattache à 1'ascension alors que 1a réintégration prêsuppose 1a dégradation par 1a descente dans 1e souterrain. Toutefois, avec quelque recu1, ne s'agit-i1

pas

1à d'une interprétation qu'i1 faudrait peut-êt,re abandonner pour reprendre "1e si10", "le pllits" et "la grotte" tels gu'ils apparaissent dans leur contexte configuratif. Car nous venon§ de laisser entendre que "monlagne VS silo, puits,.." comportent relativement aux représentations du sujet qul s'Y relient 1 ' " é1évaLion VS dégradat,i.on" . Or, un sirnple regard sur f idée supposée opératoire en ce sens que "le si1o", "Ie puits" et "la grotte" se rangent dans un nême champ, montre que ceLte idée s'effondre d'e1le-même. Autrement dit, Ie rapprochement du "Haut" à un sujet, représenté par 1'homme, êt du "Ba§" à un sujeÈ représenté par 1a femme, s'avère relativement erronée. Àussi faut-i1 changer de voie de lecture en reconsidérant nos motifs. Nous savons déjà qite "1a montagne" est généralenent

espace où réside 1'objet visé par 1e sujet.

un

Dans cette

configuration, 1a mise en relati-on de ce notif avec ceux de "si1o", "puits" et "grotte", proPose une différence au niveau de ce qui 1es enclenche comme espaces avec lesquels chaque sujet, doit entretenir une relation. L'accès par Ie sujet à la


60

montagne s'impose pour 1a réalisat,ion d'un état conjonctif

avec

1'objet alors que pour "1e si1o", "1e puit.s" et "1a grotte", le sujet y est mis malgré iui et ii peut être représenté soit par url homme (cf. C1), soit par une femme: sêul importe Ie fait qu'aucune visée de conjonction âvec un objet de valeur qui soi+de i'ordre rlu "désirabIe"

il

'ent,::e en jeu.Et, dans ce cad::e,

mouvement dans 1e sens de }a direct,ion Haut,

régulaleur,

avions-nous dit,

Bas, dont ie

est 1a terre à un point de repère

dcnné, devient intéressant à retenir. relation

)-e

Ce n'est plus La seule

opposit,ive qui est sigrrif iante.

Par a j-11-eurs, nous savons que ie " si1o" , assez proche Ce i if ril (ber: grot,te ) 1, dorrt au moins un t,rait sous- j acent est " 1e souterrai-n" , peut nous alcler à mieux préciser certains de nos propos. La grot.te dans C1 est utilisée

dans Lln contexte

q1-1i

ind.ique nettement f isolement du mari en vue de détourneî la tâche qui 1ui est assignée t planter des fèves. Un certaln rapp::cchement de "plant,er des f èves" à, en quel-que sorie,

s'enLerrer soi-même" pour manger Les fèves au lieu de planter, est ce qui peut rendre relativement intéressante "

homologation issue d'une interprétation souterrain

avec i'ident,ité

espace. Dès lors, /meTmura/ et

du

su

jet

méritent

(mari ) eng)-obé par cet

d'être

posslbles entre

citées,

souligner que f i-aenti-te selon "n'être rien" des relation

avec ces espaces, est

1

une

possible de 1'espace

bien que des distinctions

/Lfri/

1es

valable

ii su

reste jets mis

comme point

à

en de

nni iruH Ger idj-n yifri (...) it/a qa€ ibawen "tyu, (I'homme alIa dans une qrotte et mangea toutes les fèves (qu'il

devait, planter)),

C1.


61

vue.Toutefois, contrairement à /meTmura/, /Lfri/ est un espace qui apparal,t dans un contexte de configuration où narrativement 1e sujet est mis en relation disjonctive à un devoir-fai.re dont 1e destinateur est représenté par "1es épouses", figure qui représente 1a famille ou plus prêcisément 1a composante

: au lieu <i'agir darrs 1e sens de ce devoir- f aire dans J-'espace ouvert (1a t,erre pour planter 1es fèves), 1e mari se met dans urr espace fermé (grotte) pour réaliser son progragmê. D'une certaine manière, 1a grotte, prise pour témoignage ';is-àvis de 1'acte du marj-, révè1e 1'annulation Ce f identité seicn le devoir-f aire chez 1e su jet dans le cadre d.e son st,atut, (père de f ami1le ) . Son exclusion de 1'espace orivert est alo::s justif 1ée pâr 1'absence des modalités nécessaires ê'd sratrit "sujet-père" qul doit planter les fèves. Si, à présent, nous reprenions ies trait,s d'"our/erture" et de "fermeture" nous pourrions conclure que 1e sujet, mis en ::eiation avec un espace ouvert est représenté expLicitement par /aryaz/ (ber: homme) au sens moral du terme tel qu'i1 apparalt dans /lukan a y fttuGa 6 aryaz / (si tu étais un homme... dans C1 -1e code de 1'honneur esL facile à repérer ici- alors que 1e sujet mis en reiat,ion avec 1'espace souterraln et fermé, est représenté par "femme" comme nous 1'avons vu; et s'i1 1'est par "homme", celui-ci ne peut en aucun cas prétendre à ia dignlt,é du t,itre d'"aryaz". Nous retrouvons ici un trait thématique qui rejoint f initiation déjà évoquée. soc j-a1e

)


62

0rqanisatiop d'ensemble.

Réunissons les données de notre leeture sous forme d'un schéma où sera proposée 1a

catégorie "§ature vs culture" dans un seES relat,ivement banal r 1'espace culturer serait tout espace mis en relat.ion avec un sujet humain; et tout espace mi.s en relation avec un sujet non humain sera dit naturel. ceci n'a de portée que ce1le de proposltions pour cerner 1a manj.ère dont, du sens est produit, à L'instar des parcours figurat,ifs spat,iaux gui, selon des représentations interprétativesr permettent des

lectures à partir de codificationsl: E

ouve

space s

r aturel

natu re 1

cu

1

Ëure

1

I

montagne

vi-lIage

colline

groupement

I

g rotte

si 1o Pu its

social

1 .1. couRTEs , Le conte populairei- poéLique et mytholoqie

op. cit.

p.

19.


63

L'int,érêt de ce schéma réside dans son apparent,e gratuité. D'un côté, i1 est vrai qu'i1 semble ne rien justifier, mais d'un âut,re, il permet d'atLirer notre att,ention sur un polnt important, orr vo j-t que "monlagne" par exemple, qui re1ève de 1'espace naturet pulsqu'elle est, dit,e habitation de 1, ogresse dri géni-e et d'êtres surnaturels, reLèrre aussi du culturel_ puisqu'e11e est accessible , selon des condi."ions , pâr 1, humain. c'est dire que 1'utj.llsation de ce motif est organi-sée de scrte que sa mise en discours en révè]e des effet,s: l,aspect merverlleux de 1'ouverture vs fermeture dans c9 s, explique alors par 1-a rel-atj-vit.é de culture vs Nature, dont rend compte 1e système iév1-straussien. Aussi , i'espace dit culrurel ("si1o" et "puiÈs") supposé comme te1 puisque des naissances s'y réa1isent, (cf. c5 c15)1, esr aussi naÈureL puisqu,ii esL dit habité par Harus et Barus (cf. c5) et par des serpents ( cf. c27, Dans cette perspective, 1'opposition reLative: Nature vs culture, s'avère intéressante à retenir. Les configurations spat,1ales, trartées sous 1'angle de 1'organisation des motifs, semblent tenir compt,e en même temps du naturei et du cu1ture1. c'est du moins une ouverture possibre pour étudier ces configurations où sont mises en contexte res figures de "montagne", "si1o" et "puits,', dont 1,ana1yse peut rejoindre 1a thémat.isation déclarée r i, init,lat,ion. ,

.

1 DDa*ya a mis au monde l-Hasan et r-Husin dans un silo ( ou puit.s selon les versions ) C5 eila lfahma a mis au monde sur,, Dur et Nur dans un silo ( c15).


64

sl 1'espace ne comporte que 1'un des éréments de ra catégorie Nature vs culture, 1'effet, quant à son utilisati.on, s'éloigrre du premier: "1a grotte"l considérée dans 1e schéma nat,urel n'éiant habité par aucun sujet. eomparable à celui de /meTmura/ ou de /'rlasi/ dans c5 et c15, s, avère un comme espace

lieu d'isolemerrt2 dans 1e sens où: 1. par son apparition dans des configuratlons discursives, se réa1ise une disjonction du sujet avec 1, espace social ( culturel ) ; 2. ce sujet est souvent représenté par 1a femme, chose qui nous Iaisse croire que cet espace est réservé à cette figure actorielle, sinon quand i1 1'est pour un homme, ccmme nous I'avons dé j à vu, celui-ci est investi d'une valeur qui ie rapproche de 1a

femme.

1 C1, 1e mari a1la dans une grotte.

2 il-eebd dexxel bent, 1-maIik f -waHed (1, esclave introduisit, 1a fiI1e du roi dans une grotte) 1-Gar (CZ). l-mra we1la-t 1-l-Gar (la femme iet,ourna dans la grotte ) (c26l, 1-malik dar mert-u f-l-Gar ( Ie roi mit sa femme dans la grotte (c28). dexl-u 1-bnat f-1-Hasi ( les fi11es descendirent dans 1e pults .

)

(c3B).

)


65

3. Espace rles vivants et espace des norts

A. Le pouvoir divin

D'un côté, 1es vivants et 1es morts sont généralement, situés dans des espaces différent,s comme si une organisat,iorr de ces espaces était soum j-se à 1a reiation opposit.j_ve: vie vs Mort. D'un autre côt,é, 1'opposition e11e-même, devient rela-u j-ve si 1'on se réfère aux contextes de mise en scène des vivants et cies morts dans 1e conte. cet.te relation erriie virlanls et morts est en généra1 dépendante d'un pouvoir divinl qui 1'organi-se de te1le sorte que 1a notion de frontière qui rejoint le discontinu, entre 1es espaces occupés respect,ivemenL par 1es uns et 1es autres, ne soit pas pertinente.

1 Rappelons que ce pouvoir est at,tribué aux mort,s et que c'est ce dont usent 1es vivants (cf. ssi muHend f-fergi et ses compagrrons) pour obtenir 1'objet désiré qui leur est interdit

pâr 1e propriétaire du jardin ( cf. c17 ) . c'esL encore de ce pouvoir qu'use 1e personnage pour ne pas sr:bir un chât,iment par le roi: i1 prend pour habitation 1e cimet,ière. par ai11eurs, précisons qu'à 1'espace des morts est attribué 1e trait du sacré dont 1e pouvoir hiérarchiquemeni supérieur à celui des vivantsr 1'accès à cet espace dans C39, bien qu'il ne soit pas celui de /qbtr/ (ar: t,ombes, cimetière), exige que soit proférée une expression qui puisse 1e rendre possible i cette posslbilité est due au pouvoir divln seron 1'expression /b-'idn Ilah/ (ar: litt. avec 1a permission de Dieu).


66

Le motif de Dieu, dont nous ret,enons le pouvoir sousi acent à 1a constructi-on d'une configuration discursive apparait, du point de vue syntaxique,

comme

sujet transcendant

ini par /1-Hekma/ (ar: 1a sagesse divine ) : c'est Dieu qr-1i enrichit qui I1 veut, (cf.C32) grâce à une bague magique qu,fl attribue au sujet humain ou grâce à une communication établie déf

ent.re ce dernier et les /jnun/ (délégués de Dieu) dans c33. Les expansior:s désignatrices du pouvoir divin dans notre corpus

sont nombreuses! entre autres, Dieu est celui qu'on invoque poLtr avoir urr enf ant (cf . c7 et c2g) . La prospectivité per rapport à 1'act,e, dans un temps présenL, pour aboucrr à un résul-tat quelconque , dépend encore de ce pouvoir (cf . cg ) ; D j-eu est aussi celui qui exauce 1es invocations des vivant.s, bénii et 1es rappelle à 1a mort (cf.C18 ei C34). Compte tenu de ces attributions,

Dieu est pris

1es

comme

1:énoin suprême lors d'un dire qui voudrait, se f aii-e cro j.re: r1

est 1e "cacheL" de l-a vérlté et peul être pris pour renforcer f irrjure par celul qui maudit: 11ah yeneel (ar: que Dieu maudisse... ). c'est à son nom qu'une entreprise au sens large, peut être entamée (cf. C13, C15, C2e ...) et c'est par sa vol-ont,é que se réalise 1e merveilleux: La porte s'ouvre et

se

referme par ia profération d'une formule (cf. C3g). Grosso modo, pâr 1e mot.if de Dieu s'installe

cians

1e

discours une isotopie religieuse qui se réa1ise par d,'autres figures terles que /j-jamee/ (ar: mosquée), lieu d'accueir- des désespérés ou des égarés et de repli pour re pratiquant. ces

figures apparaissent dans des parcours comparables à un niveau de const.ruct,ion de configurations où res "univers sémantiques",


67

quelles que soient leurs natures, sonL gouvernés par 1e pouvoir divin. L'univers des morts et celui des vivants prennent rang dans ces configurations par des figures telles que /1-muta/ (arr 1es morts) -dlts 1it,téralement "propriêtaires de 1'autre monde" (mwalin 1-'axira) (cf.C17)- et /1-Hiyyin/ (ar: 1es vivants

)

.

dit que ce qui dist,inguait les uns des autres résidait dans 1es espaces dit,s /1'axira / eL /a-AenyaZ (ar: icibas). Ces espaces sont dotés de certains trai'us que 1e CL1 résume dans 1a séquence suivante: 1e propriét.aire du jardin Nous avons

(verger) croit que ceux qui demandent leur part de raisins son'L réel1ement des morts comme si ce iardin -espace Oes vivants ou relatif aux vivants- pouvait être occr:pé par des norts. Cr, justement, 1a configurat,iCIn en tant que discours joue ici sur

des modalités vérldict.oires en ce sens que 1e croire du propriétaire du jardin s'instal1e comme déclencheur de cieus 1'espece D'un côté , complémentaires. interprétations figurat,ivisé par " 1e jardin" et 1'objet à eonsommer ( 1es ralsins ) ne sont en principe accessi'bles ni par les morts n j. par les vivants (à 1'exception du propriétaire). D'un autre côt,é, si les morts peuvent accéder à cei, espace (se1on Ie croire du propriétaire du iardin), c'est qu'un pouvoir manipule ce dernj-er, faisant en sorte que 1es vivants obtiennent 1'objet désiré (les raisins), non pas selon un vouloir du propriét,aire mais selon un devoir. Âut,rement dit, l'accès à 1'espace prlvé est rendu possj.ble par le pouvoir des morts i ce pouvoir pose ces derniers comme sujet; donc 1'accès à 1'espace des vivants présuppose un pouvoir hiérarchiquement supérieur à celui des


68

,vivants. ces derniers cessent d'être maitres dans 1e sens de "seuls occupants" de leur espace. Partant de ces considérat,ions auxqueiies nous reviendrons {cf. p. ?0 ), nous pourrions élargir le débat: 1es moîLs, ciisent nôs conles, ont pour espace /t-qbur/ i ils n'accèdent pâs, selon 1'être, à 1'espace des vivants. Retenons cette idée pour aÿancer une aut,re: 1es vivants semblent, ne pas accorder de place dans leur espace aux morts. ceci dit,, 1a configurat.ion dont nous donnons une référence (c29) remet en cause cett,e idée que nous venons d'avancer. En effet, re roi ordonne aux esclaves d'enterrer 1a femme apparemment morte darrs 1e jardin

du parais comme si cÊt acte devalt 1a falre ressusciter. En fait,, c'est jusLenent ce qui se produi-tr ra femme ret.rouve 1a vie, ce qui- revient à dire qu'eIle n'était pas morte €t, par si 1e paraLt.re fait admetLre qu'i1 fa1lait l'enterrer sachant qu'e1le est dite morte (selon le croire de 1'observateur), le jardin étant un mot,if qui réfère à un espace

conséquent,

même

de vivants , fait maintenir , à 1a femme 1'être ( vivante ) . Le conte fait jouer deux dimensions: 1'une, relative au paraltre ( la fernme paralt morte ) qul motive sans ambiguité 1'enterrement, mais -deuxième dimension- étant donné que cet eirterrement, se réa1ise dans 1e jardin, i1 sera annulé par 1a conjonction avec cet espace en tant qu'espace de vivants faisarrt ainsi actualiser 1'être (e11e est vivante) €t, du nême coup, 1a contrariét,é par rapport à 1a mort reconstruite par 1e blals d'une "sémantique du conte". Àutrement dit,, i1 semble que la reconstruction de Ia mort esÈ déjà prévue par sa mise en re.l-at,lon avec 1a vie. Or, cette relation n'est pas donnée a


69

prlori

Comme

évidence. Àu motif du jardin e§t sous-jacente

dans

la structure de la configuration f isotopi-e de la Vie VS Mort même si rien ne semble 1es relier. Dans ce Sens, 1a eat,égorie Vie V§ ltort est sous*tendue par un jeu d'adhésion selon le croire vrai à propcs de 1'état apparent de 1a femme et, ausgi, par un savoir cognitif attribué au roi §ouS forme d'effet de l'acte même d'enterrer la f ernne supposée lîorte dans 1'espace des vivants (iardin). Néanmoins, il est vrai que rien ne nous dit que ee savoj.r est construit par 1e roi; en fall, i1 ʧi donné comae t,e1 co§me si notre eonfiguration 1'utilisart' en 1'octroyant au roi dont 1e st.atut, à ce point de vue, resSemble à celui d'un " f igrirsn1" . Un soubassement syntaxique e1: sémantique dans cetLe configuratLon revient à unë instanse orgânisatrice de 1'espace des vivants et des morts dans 1e sens où, pour réintêgrer 1a fennme supposée morte dans eelui des vivarrts, i1 fal1ait, 1'enterrer dans 1e jardin, C'est dire que 1e motif de 1'enterrement est mis en discours selon une règle

qui distingue entre deux espaces: ne sera entet"Ut*) dans L'espace des morts que celul ( ce11e ) pour qui s'achève Le parcours dans l'espace des vivants. Si un(e) supposé{e} mort(e) est enterré(e) dans 1'e§pace des vivants, f inplicite Y e§t que cet(te) enterré(e) rêalisera une conjonction âvec 1a vie.


70

B. Étud-e de cas.

selon cet,t.e lecture, i1 apparal,t que 1es manlf estations Lexicales, dans notre configuration, faisant signifier les espaces des vivants (jardin, maison ou généralement tout, lieu proche de 1'habitation des vivant,s) et des morts (cimetière, tombe ) , se soumet,tent à une analyse sémantique supposant La répartition des vivants et des morts selon deux €spaces (cf. Chapitre IIi le cadre spat,ial ) : 1e conte, sous eet ang1e, propose un ajust,ement sémantique de 1a cont,rariété dans Vie VS Mort par une catégorie spatiale dont 1'effet est que Ia réattribution de 1a vie à un sujet se fait, par 1'enterrenent dans un espace de vivants. selon ce point de vue, i1 serait frappanÈ que soit, mis en discours un parcours où le défunt est enterré dans un espace de vivants, comme i1 serait aussi curieux qu'un su jet, récupère 1a vie s'i1 est ent,errê dans 1'espace des mort,s. I1 semble que c'est pour ces raison.s que 1e cont,e utilise des fi.gures telles que celles du "puits", du " si1o" (ou "tunnel" ) 1 se rapprochent, @ {ti, 1 Rappelons que les co-épouses trouvent Ie noÿen de se débarrasser de leur rivale, /DDavrya/, en 1a faisant tomber dans un puit.s (silo); ainsi, pour /1-meHgura.../ que le roi met dans un si1o. Ces figures comportent Ie trait "souterraj-n" mais permett,ent la communlcation du sujet, qui en est I'englobé avec 1e "surterrain" par 1e t,rait "ouvert"I 1e jardin comporte 1e trait, de "proximlté" à 1'espace des vivants gui, aussi, rend possible la communication du sujet avec 1es vivants,


77

d'une cerLaine manière de 1'espace des vivantsf, pour rendre prévisible 1a re-conjonction des sujets mis en scène avec 1a vie niée symboliquemeat à 1,état initial. Ceci dit, ne nous fions pas trop à ce que ces consi.dérat.ions lalssent entendre; i1 ne f audrait pas Ies prendre à 1a lettre. Bien entendu, ir est tout à falt 1égitime de 1es interpréter dans 1e sens suivantr les espaces des vivants et, des morts semblent si bien traeés qu,irs peuvent être considérés sel-on une relatlon de 1, ordre du disconti.nul. Néanmoins, sous un autre vo1et, i1 n, en est rien car 1es figures du "si1o", du "puits;' et du,,jardin,' assurent, une forme de conrrexion sémantique entre 1'espace des vlvants proprement dit et l'espace des morts (/t-qbur/), seLon 1es t,raits: ,,surterre" / "sous-terre". En outre, si ce dernier espace ne comporte pâs, au delà du t,rait ,'sous-Lerre,,, celui de ,,fermé,, ou "cros", iI ne peut être considéré dans 1e sens où i1 rend compte de 1a fin du parcours du sujet, qui re prend pour

habitation, c'est bien dans ce sens que le cll ut,ilise /L-qbur/: 1'accès à cet espace par 1e vivant est possibl_e tant que 1es t,raits de "souterrain, clos" n,affectent pas 1e sujet,; dans 1e cas contraire, ce sujet cessera d,avoir 1e trait de vivant. Àjoutons, enfin, Çruê /1-qbur/ est utilisé comme espace investi de ra valeur dite "sacrée": pris eomme refuge par ]e sujet pour ne pas subir un châtiment, par 1e roi,1r s,avère investi d'un autre trait ( 1e royaume des morts sort des prérogatlves des vivants, y compris cerles du rol). 1o 138

DUCROT,

Dire et ne pas dire , Hernann, Paris, L972, p.


72

Jusque 1à, nous avons mis 1'accent essentiellement, sur

f intérêt à retenir dans 1a relation entre 1'espace des vivants et celui des morts. Pour ce faire, nous avons essayé d'étudier 1e motif de /j-jnan/ (ar: vêrgeï ou jardin) entre autres figures. Reprenons cette figure pour enLamer I'ét,ude sous un nouvel arrgle. Cette reprise nous invi.te de prime abord à voir dans 1'unité la déclarat.ion d'une représentation du "végéta1". I1 suffit pour s'en rendre compte de reprendre les occurrences lexicales qui se rangent sou,s cette rubrique pour y saisir f intelligibilité de 1a représentation produite par Ie champ en question.

/)-jnan/ prend pour frontière une rivière (une source ) ; dans Cfi2, i1 est situé près de /1-qbur/. Si nous nous contentions de ces deux occurrênces, nous serions bien tent,é de penser que /1-)nan/, en soi, est révélateur d'une représentation par sa proximité à Ia rivière dans un cas, et au cimet,ière, dans L'autre, Aussi peut-on supposer que 1a Dans C141,

rivière et 1e cimet,ière font -par une relation sémant,ique hypothétique- signifier /j-jnari/ selon une valeur que nûus ignorons encore, Théori.quement, 1'analyse devrait reconnal.tre des traits que Ie conte at,Lribue à ce motif par La narrativisation d'événements dont 1es contextes feront signifier "rivière" et "cinet,ière" gui, à leur tour, pâr 1es 1 /weSlet n-naga 1-waHed 1-bIad s, wegfet f-waHed I-ein guddam-ha jnan s-selTan/ (ar: la chamelle arriva dans un pays, e11e s'arrêta près d'une source, à côté de cette source se trouvalt Ie verger du sultan ) . 2 /kan waHed j-jnan guddam I-qbur/ (ar: i1 y avait un verger près du cimetière ) .


73

rerations qu'erres ( figures ) entretiennenÈ, donneront, indlcations sur 1a valeur sémantlque de /j-)nan/

des

cette hypothèse nous amène à reprendre guelques points deja évoqués et que nous a11ons résumer. Dans 1a conf iguration où apparait / )-inan,/ comme motif , 1e sujet mis en scène ent,retient une relatj.on jonctive avec 1a vie ( /mort) . Le "dégulsemeni" en morts dans cL7 (mode du paral,tre ) f ait accéder /ssi mui{emmed f *lergi/ et ses compagnôns à /j-jnan/. Dans c!4t 1a vie à 1aquelle la femme est conjoint.e sous 1e mode de 1'être ent,re en jeu dans un parcours où apparalt 1e motif de 1a riviêre comme si -nous interprétons"vie" devait s'homologuer à "rivière". si nous acceptions ceLie dernière interprét,at,ion nous clevrions 1a justifier en précisant que / j- jnan / reçoit des indicat,ions sémant.iques qui 1ui accordent un fonctionnemenL selon:

1. / i-lnan/ et /]--ein/ se rat,tachent à une eonf,i.guraiion où }e sujet mis en scène est, sous le mode du parait,re {p), en conjonction avec "mort" et sous le mode de 1'être (E) en con j

onct,ion avec " vie " :

u/j-jnan/, /L-eLn/ {/s-sagya/l» E

(s

n

P

Vie )

(S n Mort)

2. "/i-jnan/, /1-qbur/», rrvêrgêrr cinetièx€» ss rattachent une configuration où Ie sujet nis en scène est, sous 1e mode


74

paral.tre (P), en conjonction avec "mort" et, sous Ie mode de 1'être (E) , avec "vie". À y regarder de près, touL donne lieu à penser que /1-qbur/ et /L-€.Lnl (/s-sagya/) n'ont aucun impact sur un quelconque effet de sens, êâ tant que valeur spécifique, dans les parcours des sujets. Or, i1 est nécessaire ici de tenir compte du "procès" selon Ia modalit,é du "derrenir" 1 des su jets: /l'eLn/ et /1-qbur/ anticipent, nettement sur 1es orient.ations des actions au niveau syntagnatique: 1. f investissement sous-jaeent à /L-eLn/ { /s-sagya/ }

du

;

E

t

ort E S

O Vie)

\ I

*"

l; (S n Hort) ')

I ' inve stissenent sous-jacent à /1-qbur/

E

(s

n

P

Vie

)

(s

I

U Vie

SN Mort

)

I E

(s

1

cit.

voir J.-c.

pp,68-75.

COQUET,

n

Vie

)

te discours et son suiet, T. L,

op.


75

dernier palier d'ana1yse, iI est facile de retenir: 1. / j-)nan/, êB soi, n'est sémantiquement investi de valeur que lorsqu'i1 est mls en relation avec /\-eirL/ De ce

(/s-sagya/ ) et /1-qbur/ darrs des conf igurations <iiscursives;

2. /L-eLr./ (/s-sagya/) et /I-qbur/, êD relation avec reçoiverrt des j-nvestissements qul renvoient, / j- jnan/ , respectivement à "vie" eL à "mort" sans pour autant gue 1'on puisse prétendre gue ees investissemetlts posent une relation opposit,ive dans un sens discont,inu. Ceci nous semble éviCent,

vu 1e niveau

synt,agmat j-que

dans 1eque1 )-'analyse s'inscrit.

3. Conséquence: /j-jnan/ ne se ratiache ni à "vie" ni à "mort"1 c'est plutôt par sa relation à /T-ein/ et à /1-qbur/ gue "vie" eL "mort" prennent sens en tant, qu'axe que Greimas et Court,ès dénomment " ex j.stence " . Ces articulations peuvent être présentées de 1a manière suivante: /

i-lnan/

IL

/ L-eLn/

/ I-qbur

/ s- sagya/

P

rffiil

;

(iîe)

/


16

Retenons pour ce qui va sui','re Ie rapprochement

de

/j-jnan/ à /]--ein/, qui seqgbie avoir comme effet, de sens par son it,ératicr: celui de "vie" qui serait un investj-ssenent sémantique dans /l-ein/ ( /s-sagya/ ). Dans ce même ordre d'idées, i1 semble que /l-ein/ est sémantiquement un invest,issement constitutif d'un sens de /j-jnan/ et que /l-fe)ra/ (ar: arbre), élément de /j-)nan/, est aussi constltutif de ce contexte sémantique. C'est ce dont 1es C10 et C30 semblent, rendre compter i1s donnenL, au niveau de 1a conf igurat,ion qui nous intéresse, une j.ndlcation relative à /j-jnan/ dans Ie parcours de métamorphose Ce Ia fenme en colombe (perdrix selon 1es versions). L'arbre (roseaux selon 1es versions) y est 1'ê1ément. retenu pour servir de refuge à 1a femme métamorphosée. Ce11e-ci, dans 1'une des versions de notre conte, n'est pas métamorphosée; elie es-L sj-mplement perchée sur un arbre de /i-)narr/, Son image est reflétée par 1'eau de la rivière dlt,e frontière de /j-jnan/ dans Ç14. Ces occurrences montrent que 1a configuration où /)-inan/ / l- fe)ra/ , /L-eLn/ ( /s-sagya/ ) et /Ganim/ ( ber: roseaux C30 apparaissent, est relative d'un point de vue thématique à un parcours où 1a femme ( 1a fi1le ) sera visée par Ie roi propriét,aire de /)-inan/. Ce n'est pas tout. §i, comme nous 1'avons dit, /)-inan/ , ou plus précisément, 1es relations qu'iI entret,ient avec /L-eln/ et /L-qbur/, permet à 1a catégorie Vie qui en est 1'é1ément VS Mort de prendre sens , I f-lejra/ constitutif et, qui peut servir à 1e désigner selon une relation métonyni{uê, lul retlre apparemment cette fonction: sous un volet,, sl 1'on admet Ie sens que nous venons ,

)


77

d'att,ribuer à l'arbre, aucun lien ne permet de le rattacher à notre catégorie lorsque 1a configuration où 1e parcours de la femme (f11le) hérorne est tracé, utillse 1a figure de 1'arbre. Toutefois, sous un autre voIet, quelque trait devrait en principe rapprocher 1'arbre de / j - j nan/ puisqu' i1 est un éIément f iguratif const.it.utif darrs CL0 et C30 , avec d'autres figures, d'une configuration relative à 1a métamorphose, ou du moins, à une disjonction avec 1'espace "terre" des vivants, relation qul situe 1a femme dans 1'espace "haut" (perchée sur un arbre) par rapport à un espace "bas" (terre). Lalssons Ce côt,é cette intult j.on et essayons de voir si d'autres contes

peuvent nous servir de secours pour ia justlfier

(

ou la

reSeter).

Utltisêÿ dans C31 et, C332, pour ne citer que ces contes, comme mot,lf mais sans réf érence explicit,e à / j - jnan/ , i'arbre (figuier) est investi d'une "performance communicante" à propo§ de 1a vie et. de l-a mort du frère dans C3 et du sort Cu héros qui entreprend un combat avec 1'anti-sujet dans C33. Cet exemple monlre dans une certaine mesure que 1a métamorphose n'esL qu'une manifestante de 1'effet de sens cians 1e rapprochement de /j-jnan/ -dont C10 et C30 ne retiennent que 1'élément, représent,atif métonymiquement (1'arbre)- à / s-sagya/ 1 /TarHen zza1 i y1/t n tiziT yenna i uma-s maHed BiZiT u Oedder qa qlayi €a6 dcireG mi. Ga OazeG iwa qa mmuêeG/ (ber: i1 s'assirent près d'un figuier i1 dit à son frère: tant gue ce f iguier est vivant sache que j e suis j-vanL; 1e jour où i1 s'assèche sache que je suis mort.). 2 / tlaqaw eend waHed T- leira . . . / ( ar: its se rencontrèrent près d'un arbre; le roi dit, à ses compagnons: restez icLi si cet arbre s'assèche sachez que je suis mort, s'i1 deneure vivant sachez que je suis vivant). ',r


78

dont, encore une f ois r rlos contes reti-ennent 1, é1ément représent.atif (r'eau qui reflète l,image). Dès 1ors, selon une visée syntagmatlque , 1e clevenir ce 1, héroine r eu, e11e soit non, est ideniique quant à son orientation à ceLui de 1'héroïne dans c14. par cette circularité des mot,ifs, i1 s'avère que 1a configuratiorr reste approximativement ra

métamorphosée ou

même. c'est

cela, nous semble-t-ir , r'enseignement qu, iI faudrait retenir pour 1'ét,ude des configurations discursives, seuls -toutes proportions gardées- rieux narratifs aptes à rendre possible 1'élaboration d'analyses lexicales êt, plus généralement, d'une "sémantique du conLe popuraire ora1,,.

De manlère 910ba1e, i1 est opportun de retenir que / )-)nan/ , indépendamment, de réalisat,ions particulières de récits, par f intermédiaire de il arbre, de 1a rivière et ce 1'eau, se trouve à 1a base de constructions d,une configuration discursive dont I organisatiorr généra1e est structurée par une "ordonnance syntaxigue " et un invest,issement, sémant,ique où cles thèmes comme "refuge" et "mariage" par exemple, sont, construits

par références intra-textuelres aux parcours figuratifs dans 1es contes. A ce propos, précisons que ces dernlers, chaque fois qu'ils font muter une figure d'un fonctionnement de représentation à un autre, 11s prennent soin d,lndiquer des é1éments-traces qui valident, 1'opération. A l,arbre dans c3, 11s donnent 1a caractéristique ou 1e t,rait ,,sec,. pour une f in sémantique que nous rapprocherions de 'mort,'1i alors que dans

1 "Si I'arbre s,assèche sache que je suls mort; tant qu,il est vert, sache que je suis vivant: un rapport s'établit selon: sec = morti vert = vi.e.


79

1'une des versions de C101, pour signifier ,,vie,,, 1e conte utilise Ie motif de Iarbre (roseaux) en rapport avec /)-jnan/ qui cesse d'être appelé ainsi lorsque "sa verdure" s'évanouit. Dans un sens paral1è1e ci'int,erprét.ation de 1, arbre dans c3 et c10, 1e c5 expLicit.e davantage le fonctionnement de ce rnotif : " 1e dattier" assure une connexion sémanti-que qui neutralise 1'opposition dans vie vs i"tort. en La f aisant signlfier selon "mort située sous terre" (os enterrés) et "vie située sur terre" (dattier-nourriture) dans 1e sens où, bien que morte égorgée, 1a mère continue à nourrir ses enfants, ce dont e11e tire sa propre vie.

En somme, nous pouvons retenir que le végétal en tant

que

entretient. toujours, selon 1es exemples que nous avons donnés, un certain rapport avec vie / Mort. pour citer Lln autre exemple parmi d'autres, prenons celui de " 1'herbe curative " Qui, rappelons-1e, est aussi un motif dans une configuraticn discursive qui apparait dans divers contes comme, pêr exempl-e, ie c1. cette herbe est dite transformatrice de 1a vie provisoirement niée (1'évanouissement) en vie définitive2. champ,

L

t)-jnan dyal I-malik gae ybes ... bqa 1-maI1k y/uf HetÈa glee l--ha r-ibra w vrellat mra w dak j-jnan çve1la xDer klmma kan/ ( ar: Ie verger du roi s, assécha subitement. Le roi , i.nquiet, se mit à regarder part,out et vit, 1a perdrix i1 1'attrapa et Iui ôt.a 1'aigui11e; aussitôt, elle redevint, femme et Ie verger redevint verL comme i1 était 1ga dik r-Hej1a

auparavant ) . 2

Voir not,re t,hèse de 3e cycle, Étude de contes populaires oraux d'expression berb 'orient ri but, i on

à

une sémiotique

particulièrement mythigue " .

"

le

des code

cultures. EHESS , flguratif spatial

Paris, 1986 , forme du

comme


80

Nous avons donné quelques indications sur les motifs considérés en prenarrt comme point de départ 1es cont,extes

cl'utilisation cle /)-)nan/, ajcutcns que Ie conte utilise pour 1a corrstitut,ion du champ du végéta1 que nous avons é1aboré avant d'entamer notre analyse, une autre occurrence dlte /1-Gaba/ larr forêt). Les deux motifs se dist,inguent par au moins 1e lrait de "propriété": / )-)nan/ est dlt, propriété privée alors que 1a forêt ne 1'est pas.Ce trait suffirait à lui seul pour que s'ét,ablisse une distinct,ion entre deux stratêgies de construction de parcours qui mettent en scène des sujets dont les "à-venir" prennent des orienÈati.ons différenles1. Dans 1e C242, "1a forêt" est un espace hablt,é par Les ogres: 1e trait spat,ial qui caractérise ce motif s'oppose aiors à celui qui caract,érise /j*jnan/ comme propriété de 1'humain3. L'accès par 1'humain n'y est possible qu'après confrontaiion avec Le non-humain (l-es ogres) sous forne de combat,

1

procès

1).

Nous maintenorrs ici 1'ang1e d'analyse qui considère 1e tel qu'iI a été défini par J.-C. Coquet, (cf. p. 74, note

2 /^7^ dak r-rajel wSel l-waHed d-dar f-waHed 1-Gaba saknin-ha sebea nta€ l-Gwal/ (ar: 1'homme s'en aIla et arriva près d'une maison située dans une forêt, habltée par sept ogres ) .

3 E*""ptionne11ement, dans 1e C37, /j-jnan/ est dii "propriét,é d'un ogre". Ceci dit, 1'utilisation du motif de 1'ogre dans ce conte est à préciser selon un trait qui 1e rapproche de l'humain dans: /naDet l-bent tejri w tgul a seedi bba [I-Cu1] ja w huwa gal l-ha a seedi b-bent-i (ar: la fille se mj-t à courir en disant! que je suj-s contente (de te voir), père [1'ogre]. CeIui-ci Iui ditr que je suis content (de t,e voir) ma fille).


81

Dans les C29, C3O et C38,1a forêt est un espace

de

1'exclusion de 1'humain représenté part.iculièrement par 1a femme: 1e roi (1e père) répudie sa (ou ses) fi11e(s) dans Ia forêt pour y être égorgée(s) par 1e fils (ou 1'esclave) ou pour 1es y égarer. Dans certaj-nes versions, e11e est aussi espace dysphorique pour un su j ei représen"ué par " un homme " , ou du moins, e1le est espace où se réalise une mise à 1'épreuve: le c11 donne 1'exemple que nous avons déjà eu 1'occasion de citer; ainsi, dans le c22. L'initiatlon sous-jacente à 1'épreuve dans 1es c11 et c22 prend alors pour espace non seulernent 1a montagne (cf.supra) mais aussi 1a forêt. ceci ne nous étonne guère puisque f initiation, avions-nous dit, est un thème qui s'actualise lorsgue, pour 1a mise en structure narlative, 1e cor-lte oppose des traits suivarrt 1a dis jonction avec 1'espace "curturel" pour être conjoint à un espace "nature1" (montagne, forêt....). Les figures qul se rattachent à " forêt" , t,e11es que /Lfel{Laf/, /iqeJwaD/ (ber: bois utili.sé pour faire du feu) dans C2, C3... sont reliées par leur "sens immédiat' à "feu" dest.iné à brtler I'ogresse dans C2, C3, C4, C6, Cq4... GlobalemenL, la forêt, pâr ses diverses occurrences explicites ou implicites, est un t'terme-motif 'r de base pour que soient mis en discours configuratif des parcours où sont mis en scène des personnages qui entretiennenL un rapport. à un moment donné de leur devenir avec des figures qui signifient métonymiquement la forêt. Le motif de /i/eHIaf/ dans 1a configurat.lon entretient un rapport

associatif avec 1a forêt de 1a même manière que l'arbre avec / )-)nan/ . Dans le C38 par exemple, 1e ramassage du bois


82

s'effectue dans 1a forêt comme espace choisi par le père pour y conduire ses fi11es dans f int,ent,ion de 1es égarer. Dans ce parcours, nous pouvons sélectionner 1a forêt comme motif dont L'itération n'a pas besoin d'être soulignée: une lecture superficielle du corpus peut 1e montrer. ce motif est, en me§ure, pâr sorl fonctionnement syntaxique et sémantique, d,être à Ia base de constructions de deux programmes consiitutifs de 1a configuration discursive: un programme de manipulat,ion dont la struct,ure dans c38 par exemple, se résume par l, inviLation des fi-11es par le père à descendre dans un puits, espace d,une fête de mariage seron 1e dire du père (un mensonge gLle seuls 1'observateur et 1e père détiennent selon un savoir non avoué aux fi11es). Le puits associé à ra forêt est donc, du point, de vue du père, un espace de mort auguer ce dernier veut affecter ses fi11es selon un secret qu'i1 croit détenir seul pour réaliser son programme. En fait, même avec ce secret, 1e programme ne peut

aboutlr à sa fin: d'une part, l,alnée semble détenir un savoir inplicit.e sur 1, intention de son père1; d'autre part, le choix du puits par le père pour réaliser son 1 L'rrnu des versions de notre conte est explicite à ce sujetr 1e père dlt à ses filles -avec l, lntention de les égarer-: "mes fi11es, demain votre tante cé1èbre 1e mariage de 1'un de ses fi1s, i1 faudra alrer 1a féliciter',. L,ainée lui dit: "père, rrous n'avons rien à mettre pour assister à ceLt,e fête". Le père répondit,: "je vais enprunter pour vous des bijoux et des vêtements"... Le père accompagne ses fi11es; i1 1es conduit près d'un puits dans une forêt et leur dit que c'était 1à qu'i1s devaient, se rendre et ajoute: "i1 vous faut ôter vos vêtements et bijoux pour ne pas res abimer,'. chacune des soeurs, sauf 1'aLnée, ôte ses affaires avant de descendre dans Ie puit,s. L'aînée dit, à son père: "ma pudeur m,empêche de me déshabiller sous ton regard". Quand re père se rét,ourne, elIe prend t,outes res affaires, les jette dans le puits et rejoint ensuite ses soeurs.


ll.l

.i

83

I

:: i;i

ili' tlij

est, allions-nous dire, mauvais car, à la visée par Ie premier programme, se substitue par une transformation dans 1a ségr.lence , 1e contenu c1'un second programme réa1isé. Ce progrâmme est la rencorrtre des soeurs et des sept frères et le mariage -qui renforce 1a conjonction des soeurs avec 1a viede chacurre d'entre e11es avec chacun d'entre eux. La renëontre et 1e mariage rendent cul-turel 1'espace naturel { 1a forêt contenant 1e pult.s). Cette "eulturalisation" est en fait déjà mlse en exergue par le puit.s eui, dans ce sens, n'est pas un espace totalement naturel- -sauf du point de vue du père qui ne dispose d'aucune compétence de maitrise de 1'espace par un savoir cognitif- êt, de ce fait, Dê peut être espace de ia mortt puisqu'en tous les cas, i1 est porteur du sème "ouvert"

programme

1

comme /1-meTmura/ dans C15.

Cependant, cette lecture semble pius porteuse d'appor'"s

d'interprét.ations discutables que de critères d'ana1yse. Nous estimons t.outefois que toute analyse est en droit de procéder par tâtonnement -surtout lorsqu'i1 s'agit d'une étude sur des formes dltes simples où 1a simplicité cache un tas de complications- à conditlon qu'e11e soit capable de se corriger. Nous avons estimé qu'une distinction devait s'établir entre Ies motifs de /j-jnan/ et de /1-Gaba/. Pourtant, en adoptant 1a visée syntagmatique, s'appuyant sur 1a notion du procès pour examiner le devenir des sujeÈs mis en scène dans 1 S"1on un sens lexical /l-Hasi/ (ar), /anu/ (ber: puits) esÈ supposé contenanL de 1'eau. Par.ce trait, peut-on 1e

rapprocher de /L-eLn/ (/s-sagya/) dont I'eau reflète f image de 1'héroine (un rapprochenent, dont i1 t,ire son fonctionnement opératoire conme motif dans Ia configuration dlscursive ) ?


B4

les configurat,ions utilisant ces deux motifs supposés distlncts, nous sommes finalement arrivé à y retenir cette caÈégorie r vie / mort. C'est comme si , en suivant le cheminement de r'étude de chaeun des motifs associés à d'autres, les résultats devaient sembler identiques. A ce stade, une "bonne distance" doit êt,re prise par I,analyste. Résumons de:nanière aussi précise que possible notre lecture de / 1-Gaba/ , espace dit, naturel , êR tentant de schématiser suivant 1'esprit de 1a manière dont nous âvon§ procédé pour /j-jnan/ dit, espace culturel. Ensuit,e, faisons abstraction d'une anaryse détai11ée de 1a véridiction: E (êt,re) / P (paraitre), facile à repérer dans 1'attitude du père vis-àvis de ses fi1les dans c3B ( Ies filles paraissent comme nettement affectées à 1a mort lorsqu''e1res sont conjointes /r-Gaba/ associée à /ileï]-af/i mais pour qu'e11es le soient rée11eme,nt, Ie père "aurait dû" ut,iliser /ijeHrafl selon 1a fonction de 1'usage (feu pour brû1er, tuer)), Or, i1 s,avère que 1e conte n'attribue pas ce savoirl au père car les filles n'assument pas un rô1e d'anti-sujet (au sens de celui gui est du côté du mal au sens large) et même s'iI 1e Iui at,trj-buait., à condition que 1es fi11es n'assument pas ce rô1e, 1e feu se transformerait en /lwtz/ (ar. et berr louls d'ort2: c€ci 1 seule une association de /l-Gaba/ contenant /anv/ (/Hasl/), Iui-même contenant /i/eHlaf/ (ü--HTebl), qui retire à "puits" le trait "contenant de 1'eau", implique Ia mort, d,un acteur dont Ie rô1e est anti-sujet vis-à-vis du sujet-héros (héroine).

2 Ct. C 6. N'étant pas un acteur représenLant, un antisujet, /rnqide!/ est nis dans un puits (siro) pour y être brtré par }e contenu (bois): re feu se transforme en llwLzl dont re (suite... )


85

explique 1e pourquoi de 1'utilisation du mot,j-f "puits" -selon un sens lexical qui retient "contenant 1'eau" sans être dit explicitemenc- dans la configuration pour signlfier 1e maint,ien de Ia vie chez ies filles. Organisons nos 1dées par un récapitulatif: 1

.

Rappelons:

/j-jnan/

lespace culturel)

,:ÿ E

rr,I

v1e

/L-ein/

,/

1- qbua,r

/ s- sagya/

E)

D

(mort.

Résumons

(vie)

)

les données relatives

à

/

1-Gaba/ ( forêt

)

:

2(. . . suire ) trait "or" est lntéressant à reLenir;Ie roi, essayant de f initer, finit, par être brtlé: Ia mort est conjointe au roi,

1'anti-sujet.


86

/L-Gaba/ (espace naturel)

L'eau /anu/ , /Hasil-Iêin-nt selon 1e sens l-exieal) la vie est maintenue* (C38). ->

/ Lf eËlat"/ , /HTeb/ { selon 1'usage: feu, du sens Lexical ) --1> la mort af f ect.e 1'anti-sujet.

* L'association de /1-Gaba/ contenant, 1e puit,s, contenant 1'eau ( sens lexical ) implique 1a vie des filies dans C38 { selon 1'être) par 1a négation de 1a mort (selon 1e paraLtre),

CetLe dernière présentation nous amène à retenir quelques

iciées exprimées dans 1a configuration: Le C38 nous sert à

en

rendre compte partieLlement,; d'autres contes nous servil:ont

à

1es complét,er:

1. nous avons déjà dit que 1e programme de manlpulation qui conslste à donner 1a mort par "1e secreL" et par "1e mensonge" dont on sait qu'i1s qualifient 1'attitude du père dans C38, est t,ransfcrmé en un autre progranne qui consiste à ce que "vie" soit impliquée par 1a négation de "morL", objet conjoint aux fi1les dans le premier programmei 2, la strueture de ce dernier programme est manifestée par 1'association sémantique de /1-Gaba/ à / i/eH1af/ que les fil1es se mettent à ramasser...


87

3. La strucLure du second programme esL manifest,ée par 1'association de /l-Gaba/ à /anu / ( /L-Hasi/ ) i 4. de ces points, nous pouvons enfin retenir que les connecteurs figurat,lfs ou "motifèmes" qui servent à rendre dist,inctive t,elle que nous 1'avons supposée théoriquement pour /j-jnan/ et /l--Gaba/ sont: a): "1'eau" de /s-sagya/ (/ 1-ein/) qui sert à refléter f image de 1'héroine perchée sur 1'arbrei son contenant étânt 1a rivière , se trouve à proxrmit,é de / j - jnan/ . Cet,te connexion qui joue sur:

compte de 1a relativité

Ia proximit,é: rivière / verger 1a contenance: rivière; verger = contenant, eau conienu arbre falt. de 1'eau (contenu de rivière) ce qui Céfinlt le verger (contenant 1'arbre) qui, à son tour, falt signlfler rivj"Ère eui , dans 1a configuration, reflète f image de 1'héroine perchée (sorr eau reflèLe cette image); b), "1'arbre" qui peut servir à reconstruire, par procédé mét,onymiguê, Ia iorêt qui serait un contenant,, servirait à définir ce motif. On sait, que dans C33 par exemple (cf. p.7? , n. A) le vert de 1'arbre comme indice est homologué à "vie" et "sec", à mort. Not,ons que i'arbre par "sec" se transforne après avoir été "vert" en /iJeï1af/, /HTebZ (iois qui sert à faire du feu).


88 c)

: Dans ce cas, 1a mort est dite

implicit,ement

"bois" et explicitement dans "cj.metiètê"; quant à "vie",

dans

elIe

est dite explicitement dans "vert, de I'arbre". Par une réartj.culati_on de ces idées, en rapprochani les trait,s investis dans chacun oe ces not,if s , i1 apparaît, que !

1. "1'arbre": sec = Rortr présupposerait 1'absence de 1'eau pour avoir été sec, chose qui implique son utii-itÉ ou usage en tant que bois pour faire Ie feu dont 1e rôIe est de conjoindre 1'anti-sujet,' à 1a mort dite explicitement, dans /1-gbur/; 2. "1'arbre": vert = viêr presupposeralt 1a présence ou i'act,ua1isat,lon de 1'eau (contenu de 1a rivière ) pour êt,re dlt verL ( en quelque sorte vivant). Àinsi 'vie'" est-eLje lmplicit,ement, dit,e dans "1a rivière" par f intermédialre de 1'eau qui en est 1e contenu. Arrivé à ce stade d'étude, nous pouvons conclr:re pâr: 1. /1-€ê!ikO/ (ber), /n-nar/ (arr feu), est en même tesips un motif dans les contes et un trait de sens lexical d'un autre motif dlt /Lf e}ll-af./ , /:.-HTeb/, lui-même, t,rait, d'un sens lexical du mot.if dit l!.ijS-e.§-/ (ber), /f-feira/ (ar: arbre (sec) ). Dit "sec", quelque soit son contenant (puits, silo), "1'arbre" est à rapprocher de son usage selon 1e sens lexical: faire du feu pour servir f imprication de la mort de 1'antisu jet.. rr se trouve que 1'arbre peut aussj. être dit vert. Dans ce cas, iI est à rapprocher, quelque soit son contenant (forêt, 1 En berbère, les énoncés: /§i/ejret u 0emuru 0 (eao 9edder)/r cet arbre est mort (encore vivant) , sont attestés; ils signifient: cêt arbre s'est assëché (est encore vert).


89

verqer ) , du motif de 1 'eau , t,rait Iexical et contenu de /Qarva/

(ber), /!-eLn/ (/s-saqya/) (ar: rlvière), /ïil/ (ber), /t-eLn/ (ar: source), /alu/ (ber), /1-Hasi/ (ar: puits), pour servir l'impl j-cation de 1a vie du

su

jet;

2, enfin, -c'est ce que nous voudrions souligner- Ie fetr et 1'eau que nous avons considérés comme traits lexicaux dans "bois" et dans "rivi-ère, soqrce, pui-ts", sont, du point, <ie vue sêmantique, généraLeurs d'une configurat,ion dlscursive par f intermédiaire de " sèmes-connecteurs" investis dans t,aute "1'ordonnance" de nos motifs. constatons que i'utirisati,:n d"'ordonnance" se just.ifie par 1e caractère ou 1'aspect "récursif" de 1a liste des mot,ifs soulignés. A ce propos, 1a circurarité des motifs, dit.e "inlassable récurrence"l s,avère n'être circurarité que par 1a récurrence d'unj-tés données dans 1e dépouiilement lexicat. cette circularité n'esi pês, à

coup

certain, urr qarant pour considérer toutes ces unit,és comme motifs. En outre , i1 est certain que 1es fonct,ionnements sémant,iques des motifs sont aussi sous-t,endus par 1e principe connu des rerations différentlelles; mais 1a nalure de ces relations n'est pas aussi définie gu'on re croit car il s'agit de relat,ions généralement, conditionnées par un processus de génération dans un sens propre -entendons-nous bien- et limité à 1a méthode de présentat.ion de 1'êt,ude que nous proposons. Produisons quelques aspeets de cet,t,e étude pour montrer 1e processus en question:

1

J

couRTEs, 9.

op. cit. p.

Le conte populaire: -poét.ique et mvtholoqi_e,


90

Espaces

"Nature1"

Cu 1turel

I I

I

forêt

verger .-\---\ t" I I

distance

contenanc ep

conten anc

-/ espac e

I

roximité

l-- --------\ ÿI rivière cimetière

4 \ar bre

culturel Si

I

\,.",

tra i.t s

ü

bois, stériIe" (* )

con tenance I

\

ü

"vert, fert i1e4 ( ,!,,, ) 4_ eau I I

SENS:

I

usage

SCNS

lexical

I

I I

\y

"fai re du feu'

TI

con te nu I I

esp ace

:

c

ü

i1o. puits

conte nant

anti

I ,,,",

alors

J@

)Par "stéri1ité" s'actualise }e sème de "mort" dans "1e feu" (= absence de 1'eau) (*:k) Par "fertilité" s'actualise 1e sème de "vie" dans "1 'eau"; ce sème affecte le sujet contenu (perché dans) par I'arbre dans notre version du c.10; aussi, "rester près de 1'arbre,'dans C.3 et C.33 signifi.e, d.ans une certaine mesure, "être conten-u par 1'espace ori se situe 1'arbie"; d'otr 1e rapprochement d.es C.3, 10 et 33.

(*


91

3. Enfin, du point de vue syntaxique, l,ordonnance en question est organisée aulour de programmes dont nous avons déjà parlé et dans lesquels serait privilégié par 1'analyse 1e devenir du sujet selon une relat.ion conflictuel1e avec 1,antisujet quelles que soient Ies représentations act,orielles de ces deux rô1es.

c'est par ces ressorts que des condit.ions dans 1es ut,ilisations lexicales s'imposent pour proouire des motifs et des configurations discursives intégrées dans nos contes.


92

c_-EAPTTRE

RÉCURRENCE

IrI

ET LISTBITTTE des H0TIE§

Le conte , comme nous venons de le voir, a la caractéristique de jouer sur 1a récurrence d,occurrences d'unités signifiant 1e végét,a1 pour mettre en place un état de "dégradation"l mis en expansion par des contenus dont Les effets attribuent au sujet un statut où les modalités dont il j ouit re situent, dans un état dysphorique êt, après transformation, dans un état euphorique. Le c272 utilise /0azukkarO/ (ber), /s-sedra/ (ar: le jujubier sauvâge) comme é1ément de choix par rapport à /0ajerbi-0/ (ber), /],-g[ifal (ar: 1e tapls). ce choix proposé au sujet (firle) par un destinateur (une femme dont 1e statut, est ambigu) est, une figure de manipulation: à 1a place du jujubier sauvage choisi par 1 oegradation (vs amélioration)

est emprunté à c. Brémond qui l'utirise dans 1'anaryse des cont,es; citons quelques uns de ses travaux: Loqique du récit, seui1, paris, Lg73i "L"s bons récompensés et, les méchant,s punis" in c. cHÀBRoL (éd.), , Larousse, paris, Lg73; ,,Le meccano du conte", maqazine littéraire N" 15q Lg7g. 2 /1-rr. galet 1-1-bent wasem n-ferre/ 1-k wel1a 1-gTifa galet 1-ha ferrefi 1-i Gi s-sedra/ (ar: s-sedra la femme dit à 1a fille: où déslres-tu dormir ? sur du jujubier sauvage ou bien sur un tapis ? la firle répondit: js m" contenterai du jujubier. E11e obtint Ie tapis pour dormir dessus.


93

1'héroine, c'est le tapis qui lui est accordé. Ceci explique relat,ivement 1'ambiguité du statut du sujet donateur. Àussi, à ia place du t,apls que 1a soeur-rivale à 1a femme donatrice, c'esL 1e jujubier

de 1'héroine qu'elle

demande

obtient.

chcix de L'é1ément dégradant s'avère ce qui fait, obtenir sujet i'inverse,

Le au

1'é1ément amé1ioranl.

Le C32, polir prendre cet exemple que nous n'avons encore int.égré à ceux

dé I

à cités ,

mentionne

que

pas " 1e

charbonnier" (le bûcheron selon les versions) est une fonction ou Lln métier dégradantl. Or, ceci est " 1e ccn.uenu irrve.rsé " (avant) par rapport à celui "posé" (après)2 puisque cians 1e

récit, 1e charbonnier ( btcheron ) finit par épouser 1'une Ces f11les du roi et par hériter 1e royaume. C'est d'ail1eurs dans ce cas précis qu'i1 serait intéressant de signaJ-er que 1'util-1sat.ion lexicale de /1-f axer/ joue sur deux sens complémentaires: en tant que nom, /l-faxer/

est l-lt.téralement

charboni en tant qu'adjectif, i1 est utilisé,

sel-on Beaussier,

pour signifier "glorieux, splendide, magnifique, riche" . On voit que ie contenu dégradant correspondrait à une vaieur sémantique invest,ie dans "charbon"3 §ous f orme de sèrne; alors que "1'amé1iorant" correspond nettement au sens de 1'adjectrf 1 /r"je1 meskin ybie 1-faxer (1-HTeb) n-nas t,€eqqer bi-h/ (ar: un homme pauvre qui vendait du charbon (du bois) eL que 1es gens sous-estimaient. 2 À. J. GRETMAS, Du sens, op. cit. p. L87. 3 on sait que 1'un de ces traits lexicaux (noirceur) est utilisé dans des énoncés attest,és en berbère pour signifier "dégradant" (exemples: /aGembu n ufan (n ujeHmum, n ujaruf)/ respectivement: visage de /fan/ (ustensile noir de cuisine qui sert à faire cuire du pain), espèce d'oiseau noir, corbeau).


94

de

/faxer/.

Les catégories

grammat,icales seraient

ici

articulées à 1a transformation narrative dans 1e programme ia configuration utilisatrice

de /1-faxer/

à ce dernier, de /1-liTeb/ (/i/eHlaf/). que l-e C32 indlque

de

et, pâr substit,ution

Ceci permet de préciser

une précision

capitale:

dans

une

conf igurat.ion cliscursive, pour que se réalise Ia transf orma",-ion

de l-'état init.ial

(dégradation) à 1'état final

(améiioration),

tel1e qu'eIie se manifeste narrativement dans C32, 1e ramassage du boi.s dans La forêt cians c2L et c38 est une condii,ion ou une sorle d'épreuve que les fi11es subissent avant d'être con joi.ntes à 1'état euphorique (améliorat,ion Dès Lors, )

/i/el{Laf/ , /!-HTeb/, /l-faxer/,

tout

objets ramassés et vendus,

simpl-ement ramassés dans 1a

forêt,

cu

signifrent

presqu'explicitement, langue

berbère,

euê ce soit, en langue arabel or., en Line évaluation négative qui af f ect,e

provisoirement 1e sujet pour signifier

un effet de sens dont

rend compte 1a structure syntaxique dans 1a configuration: phénomène d'init,iatron

un

comme déduction é1émentaire s'avère

1 R.ppulons que /1-HeTTab/ ( ar: btcheron) dans 1a tradition orale notamment dans 1e proverber /rebbi yexlef e1a l-f elra \^r ma yexlef -l ela geTTae-ha/: Dieu f ait repousser 1'arbre et ne récompense guère 1e btcheron (1itt. son coupeur), est soumis à une évaluation négative. Néanmoins, dans 1e conte/ cette évaluation correspond uniguemen.u à 1'état initial dysphorique du sujeL-héros, qui se transforme en un état. final euphorique. N'entrons pas dans 1es détails car pour débattre de ces données, i1 faudrait, para1lèlement à notre étude, mener une analyse approfondie du proverbe, voie qu'on ne peu+humainement ent,reprendre. Soulignons tout de même que les deux analyses ne peuvent aboutir à des résultat,s contradictoires car 1'arbre dans ce proverbe signifie probablement "1'arbre vert" (vivant,) et non "sec" (mort): bois, Çui est 1e mot,if de notre configuration. Pour plus de déta11s, voir M. NAJJI, Recueil de proverbes en usaqe à Ouida , D. E.S. , ( dactylographié ) , Fès, 1986.


95

globalement possible si on retient les trois cont,es cités (c21,

et C38) au niveau de: 1. f intervention ou 1a mise en discours d'une unité du végétal s'impose apparemment pour qu'un état évarué dysphorique

C32

se transforme en un autre qui sera dit euphorique du point vue du su jet.-héros (héroine ) ;

de

2. 1e végét,a1 pourra être conçu comme mot,if dont les réalisations lexicales dans res t,rois contes cités sont: /ife[Laf/, /iqefwaD/, /0azukkarÊ/, /s-sedra/, !!-faxer/ eui, t,ous et sans exception, comportent, un t,rait, rexical eommun ,, j-1s servent à faire du feu"1; ces occurrences rnises en context.e ne servenL syntaxiquement à fonctionner dans 1e cadre de la transformat'ion selon des contenus inversé vs posé, euê par leur référence à "feu". ce motif devient dès lors -indépendamment de ce que nous avons déjà souligne2- ce qui per$.et, de constituer 1e thème de I'init,iation chez /Hemmu 1-Hrami/ (ou /nqLd,ef /), explicité dans 1es C4, C6 et C34: 1,or (/I-Lw]z/) est utle figure parfaitement significative lorsque 1e conte dit gu'il est " issu" du feu. Notre conte , Ie C27 , en rësume 1'hor:-zon à sa manière: lorsque 1a soeur rivale de 1'héroine dit qu'el1e préfère le tapis au jujubler, elle obtient, par ce 1 Pour /s-sedra/, retenons 1'occurrence dans C39: /jabu sebea nLa€ !-felfarvat, ntaÉ s-sedra Hellu meTmura w daru n-nar f1-ha/ (ar: i1s apportèrent, sept fagots de jujubier sauvâÿe;

ensuite ir creusèrent ( litt.

al1umèrent 1e feu).

ils

ouvrlrent) un silo et

y

z torsque le feu est contenu par le puits (Ie silo), cont'enant res ogres ou les ogresses (anÈi-héros), i1 sert à donner 1a mort à ces dernlers. sinonr re feu se transforme en /LwLz/ si le sujet,, contenu par le puits contenant le feu, s'inscrit dans une axiologie d'héroisne.


tfl iii ri.l

95

iii iltl

ll. t;i,

tltt ili4i

choix 1e jujubier car -nous touchons encore une fois à cet aspect de thématisation- e11e n'est pas préalablement conjointe à un savoir relatif à f initiatlon lors de sa soumission au choix entre deux objets dont 1es valeurs s'opposent en ce qu'eLles permettent 1'amélioration par le feu = jujubier et la dégradation par ! o tapisl. suite à ces remarques, nous avons tendance à présumer qu'en fin de compte, 1es motifs évoqués ne sont considérés comme tels que parce qu'opératoires aussl bien au niveau synt,axique que sémantique suivant:

1. Leur subsomption modale esL corrélative -du point, qle vue sémantigue- à un investissement dans 1e feu pai: associaf,ion aux mot,ifs (charbon, bois, jujubier sauvage) auxquels it serr déjà comme trait de leurs sens lexicaux. Le tout e pour effei thématique r f init,iation. rnversement,, l'absence d'une te1le articulation ne peut produire une configuration où se réaIise "un renversement de 1a situaÈion" selon 1es termes de Greimas, par une transformation dans un cadre thymique: avant

dysphorie ( dégradation Dans Ia

et )

aprè

s

euphorie ( amélioration

)

rubrique du végét,al, certaines figures qu,i1 est temps d'étudier, semblent fonctionner à un niveau même

1 un" interprétat,lon du jujubier n 'est guère commode substitué; et c'est parce gue Pernet 1e bien-être dans 1e substit,ué.

don dirait.: c'est parce que le pour dormir que Ie tapis lui est 1e tapis est exclusivenent ce qui sommeil que 1e jujubier lui est


97

syntaxique de 1a même manière que celIes de "l,arbre,', du "jujubier", du "charbon"... Cependant, e1les s,en distinguent par leurs invest,issements sémantiques qul diffèrenL par res

isotopies qui leur sont sous-jacentes. ceci, étant en vérité ressentl comme curieux, nous amène à donner la parole aux prenons de rnanière arbitrairel cont,extes d'utilisation. 1'occurrence de /aze].]laD/2 (ber), /zeI.al/ (arr tige d'arbre,verge), dans 1es c6 et c34. D'un por-nt de vue narratif dans ce conte, lazellaD/ assure 1e rôle de transformer 1,état de " stériLité" des juments. s'ii est utilisé pour ces firis autres que ce rôle, il cesse d'assumer ce à quoi ii est ciest,i-né ou programmé (cf. 1e pré-récit du conte): 10rsqu,i1 esi utiLisé comme moyen de défense conLre 1e chien ( serpent selon les

versions), son rô1e n'est plus assumé intégralement, ceci rreut dire gue 1a programmat,ion fonctionnerl-e de transforrnat,ion assurée par cette figure, s€ ramène à un investissement sémant.ique cans d'autres figures que nous ignorons théoriquement, €t qul constitueraient -d'après 1a démarche adopÈée jusqu'à présent- un parcours de

configuration selon

des

1 L'arbitraire ne porte pas sur 1e choix de ce moti-f au détriment des autres que nous verrons; il est dt au fait que théoriquement, par 1es rapports associat,ifs, quel que soit 1e mot,if choisi comme point de départ, 1a démarche analyt,ique est amenée à renconÈrer dans son parcours les autres qul lui sont associables. 2 No"

informateurs précisent que /aze11aD/ doit être "fin,, l/6 az6a6/, d'une certaine longueur (/6 azirar/) environ un mètre ) fral.chement arraché d'un arbre vert ( olivler ou amandier), généralement, utirisé pour dissuader un enfant de faire des bêtises (/1-qbaHat/) ou éventuellement pour mener des bêtes ; lorsqu'i1 devient, sec, peut-on encore 1, appeler /aze1laD/ ? un informateur répond, non sans i1 ne pourra faire ni peur nl ma1 et risque de se humour: casser à tout,

moment d'usage.


98

a*e§ qui restent, à définir et qui seraient préalablement prévus

par 1'utllisation de ces figures. sinon /azerlaD/ ne peut être dit, motif et 1'hypothèse théorigue sur d'autres figures qui s'y associent, s'êffondre d'elle-même1. Le probLème qui rest,e à discut,er est le pourquoi de 1'utilisat.ion de /azellaD / (lzellaT/) pour prévoir ilannulation de la stérilitê dans C6 et C34. Pour 1e moment, rien ne semble indiquer une voie de rëponse possible; mais nous pourrions quand même donner deux indieations relevables dans toutes 1es versions que nous avons pu recueillir: d'abord, 11 est dit, ,,arraché d,un arbre,,, ensuite, il sert à "donner des coups aux juments pour les rendre ferti1es". De cette dernière indicat,ion, nous auroris intérêt à reten'ir 1a f ertilité ; de 1a première , 1'arbre dont, on sait qu'i1 apparait en prusieurs occurrences dans 1e corpus. Des cont,extes de ces occurrences, nous ret.iendrons celui de c3

et C33: "axbre sec" / "arbre verL" dont 1a mise en configurat,ion prévoit 1'homorogation ou Le rapprochenênt gue nous avons déjà signalé (arbre sec = mort, arbre vert = vie). Par ailleurs, on sai.t, que /azel1aD/ est dlt ',arraché d,un arbre y*" selon 1e conte et selon nos inf ormat.eurs. D'ailleurs, dans 1e cas contralre: s'i1 est arraché d'un arbre

1

^ Remarguons que nous venons, dans une certaine mesure, de changer de technique d'étude: jusqu'à présent nous avons cité des motifs en nous appuyant, lmplicitement sur leur récurrence dans 1e dépouillenent du corpus. rci, nous partons d'une unité supposée motif pour vérifier -si c'est un notif- ra mantère dont e1Ie fonctionne selon 1'aspect que nous avons qualifié de

"récursif"

dans un processus dit

"génératif".

ceci

perneÈt,ra aussi d'évaluer la recherche que nous avons jusque 1à.

nous menée


99

sec, i1 sera dit sans aucune ambiguité en berbère /aqeffuD/ (équlvalent de /eud/ (ar: morceau de bois) et aussi de /emud/ (

ar: bâton

))

.

Dans ce cas, si nous admettions que / zel-J.a? / soit exactement 1'équivalent, lexical de /azellaD/ eL sachant que Mercier et Beaussier définlssent 1e premier par "bâton", alors I'invest,i-ssement, sémantique de /azel1aD/ devrait. rer.oindre celui déjà dlt de /ifellLaf/, /1qe/waD/ (pl. de /aqef luDi), /1-faxet/ et pius généralement "bois". Or, ce n'est absolument pas dans ce sens qu'iI est atteslé dans Ie conte car, par l_es indications de son sens lexical: "arraché d'un arbre vert *tsert à rendre fertiles 1es juments", 11 se rapproche netteinenr cie I'arbre par f intermédiaire du vert auquel s'ajoute iC fert-i1ité pour êt,re dit investi ou sème de vie (et non de celui de mort reconnu dans "bâton" dans le sens de /€mud / dit en berbère /aqeJ/uD/ qui signifie aussi "morceau de bois ) Au_t,rement, i1 serait dif f icile d'admettr:e que / zelJ.a\ / et /azelIaD/ aient 1e même sens dans 1es versions d'expressicns arabe et berbère de notre conte. De fi1 en aigui11e, une autre remarque peut êt,re faiter si lazellaDl comporte "vie", en principe /aeukkaz/ (ber: bât.on pour s'appuyer) {ui, dans C1, cesse d'avoir cette fonctionl, devra comporter "mort". Dans un certain sens, en effet, iI sert dans ce conte à conduire les femnes vers le champ des fèves de 1'ogresse. La eonjonction des femmes avec "mort" dans ce conLexte est supposée réaIisable par /aeukkaz/ du point, de vue .

1 Dans ce cas il sera dit /aqe//uD/ (ber), /emud/, /eud/ (ar: bât,on, morceau de boi s).


100

du mari. Par conséquent, 1e sème de "vie" dit dans /azel1aD/ oppose bien ce

dernier à /aeukkaz/, /emud/, /eud/. des sens lexicaux gue 1e conle

CetLe révision

nous

conselll-e vivement pour ne pas 1ui faire dire ce qu'i1 ne veut pas dire, p€rmet d'expliquer dans 1a configuration

1a place que notre motif occupe

discursive:

i1 désigne métonymiquement

1'arbre vert etrselon une charge sémantique dans "fertilité", i1 est significatlf

par f intermédiaire du sème de "vj-e" pour

être dit, partiellement configuration

sous-jacent à 1a construction

en atlendanL que d'autres fj-gures entrent

de

1a

Cans

ce jeu de signification

ie conte se rapporte en général à 1'animal domestique diL " jument" . Toutefois , d'après deux versions -1es seules quL nous sont communiquées darrs un sens particulier et lntéressant, à nos yuu*1- ce foncf,ionnemenc touche aussi 1'humain dans 1a mesure où 1a vaLeur qui y est investie ( fertilité ) devient fonctionnelle vis-à-rris des épouses dites stéri1es. C'est dlre que /azel1aD/ ne serait pas moins chargé sémanLiquement selon 1e sème de "vie" que 1'arbre Ce fonctionnernent dans

1 C"s versions ont été enregistrées par A. Derfoufi à 1'aide d'un magnétophone. La première version néglige 1e motif de "pomme" r 1'occurrence n'y esL pas reLevable. Résumons-Ia. Pour que les sept femmes cessent d'être stériles, 1e mari devait frapper chacune avec un /ze7laTl en prenant soin de ne pas 1e câssêr; en ce qui concerne les sept juments, iI devait, aussi frapper chacune d'e11es avec un /ze11aT/ mais cett,e fois en prenant, soin de les casser. La deuxième version utilise "pomme" et " /ze!1aï/": 1e mari devalt offrir une pomme à chacune de ses femmes et, aussi, frapper chacune d'e1Ies avec un / zellaT/ . Notons que dans cette version 1a figure des juments n'apparal.t pas. Pour plus de détai1s, voir À. Derfoufi, Recueil de versions d'un cont.e oral: /mqide f/ . Étude comnarative, mémoire de licence, (dactylographié), Eacult,é des Lettres, Oujda , !99L-1992.


101

"vert" sl une lecture donnée s'appuyait, sur f idée que 1e premier se rapporte à 1'animal et que 1e dernier, comme nous l'âvons déjà vu, à 1'humain. Sous cet ang1e, par 1e procédé métonymique signalé et ce sème de "vie", cett,e catégorie s'avère non opératoire dans Ia configuration, L'analyse a d'ai11eurs tout int,érêt à suivre cette voie car au moins une ouverture vers "un univers myt,hique"1 esL assurée pour rendre compte d'un sens profond du conte. Compte tenu du champ dit, végéta1 dans les contes, I,étude doit vérifier sl ces unit,és se rapprochent, (ou non) par 1es investissements sémantlques que nous avons pu relever dans / azellaD/, /emud/, / aeukkaz/ . . . Prenons /i--qsiL/ (ar. et ber.: b1é vert,)2 dans C363 et /r-rble/ (ar. et ber.: herbe, verdure) dans C54. Dans 1e C36, /1-qs11/ est ce qui sert à réint,égrer 1a f itre enLerrée à la surf ace: la connexion ent,re " sous-te.rre " I

-C. COQUET, Sémiotlque littéraire , o,p. cit. p. t2A 2 M"rcier. signale Ie sens: orge vertei nos informateurs signalent 'vert" guelles que soient l-es céréales semées. I1 semble bien que c'est ce qui explique 1'ut,llisation de manière indifférente de /L-qsiL/ et de /r-rbie/ (arr herbe) dans les versions du C5 et du C36. 3 /d"fnu dik 1-bent f-j-jnan waHed n-nhar ja l-ma1ik fayet guddam l-qber w L-eewd dyal-u faf fi rbie ( qsi1 ) fug-u !ÿ bqa yakul iwa temma bqat dik l-bent tgul Hawer a yis n siôi Hawel xi qa y azellif inu ihelk-y1/: on enterra la fitre dans re verger. un jour, 1e roi sur son cheval passa près de ra tombe. son chevar vit des herbes vertes sur la tombe et se mit à brouter. À ce moment,-là, du fond de la tombe, la fille se mit à direr éparqne-moi cheval de mon seigneur, tu me fais mal à la t,êt,e, j'âi mal à Ia tête. 4 /luk.n Jem Ga w$eG zi ÊHezzamt inu ôi weerur a ddewled tt,af unast, a tt,Je6 rrbie u ( ber: si j e te donne un coup de ceinture sur Ie dos, tu deviendras une vache et tu pourras ,1.

manger ces herbes).

,


ta2

et.'sur-terre" se réalise par cette figure dans 1e sens où, dit 1e conte, Iês cheveux (sous-terre) sont du /qsLt/ sur 1a surface. .{utrement dit, /L-qsiI/ assure un rôle qui fait, jouer à ta fois 1a disjonction de 1a fille avec 1a surface et sa conjoncilOn aVec le souterrain; ou encore, iI aSSUre Ia conjonctiorr et Ia disjonction à Ia surface en même temps qu'au souterrain. Pris dans 1e contexte de 1'apparition du "cheval

qul en mange", i1 provoque un dialogue par f intermédiaire duquel Ie passage de "souterrain" vers "la surface" 5'opère: /1-qs11/ se trouve dès lors à 1'origine de la réintégrat,ion de }a fille dit,e enterrée, donc supposée morte, dans Ie monde des vivants ( 1a surface ) . C'est à ce nj-veau que 1e rapprochement de /\-qsi-l-/ à /azellaD/ (/ze|Lat/1, semble inléressanL. Ceei dit,, ils se distinguent à plusieurs égards: 1es glissements par association danS "arbre", /aze1laD/ - vert = vj-e eL dans /qsiL/ = Vêrt et cheveuX - ? , pour assurer la Connexj-on entre "SOUtef1.ain" et "SU1.faCe", deVraient pr6pgSer deS traits de di stlnction Eaisons provisoirement abstraction du sème de "vie". /azellaD / {/ze]1aT/) dans 1es versions -à 1'exception de ce1les que nous avons signalées- est utilisé relativement aux juments (ee1les-ci en reçoivent des coups); quant à /1-qsil/ dans C36, iI utilisé relativement au cheval du roi (et aussi à la vache dans C5): le cheval (et 1a vache) en mange(nt). A présent, suivons la voie suivante: dans le premier cas, / azellaD/ .

/') est "arraché de I'arbre" I dans 1e second , /L-qsLL/ est Ia forme nanifestée sur terre des cheveux {ui, mét,onymiquement, désignent 1a fille eIle-mêne (cf. C35). C'est (

/zeLLaT


103

dire que 1a "re-naissance' de cette dernière se soumet à un mouvement du bas vers Ie haut, du souterrain vers la surface; alors que 1a naissance des poulains dans c5 et c34, se rapport,e à un mouvement du haut, vers re bas: de l,arbre dont /azellaD/ est arraché vers 1e bas (surf ace de 1a t,erre ) . cett,e surf ace est 1'espace de "rencontre", 1'espace commun à 1a ,,re.. naissance" de Ia firle et de 1a naissance des poulains. ces points peuvent être réorganisés par quelques remafque

SI

1. /1-qsi1/ entretient un rapport avec vie / mort lorsque Ie motif des cheveux int,ervient, comme élément de La configuration discursive. Nous admet,trons alors que "cheveux,, ent,reÈient dans ce cadre un rapport étroit avec vie / mort. De ce fait, i1 cesse d'être un slmpre é1ément du conte, i1 sera considéré

réalisé /f'f€er/

motif dans ra configuration. ïcl, re conte aura un glissement sournois de /qslr/ (végétal) vers (ar), /a/enkuk/ (ber: cheveux, figure mét,onymique de comme

1'humain ) .

Aussi, "cheveux" , sans que rlen ne se prête à f investir expricitement de vie / mort, sera théoriquement du

moins une rëférence de mise en discours de cette catégorie dans

des configuratiortl discursives du conte, sur 1a base du rapport qui Ie relle en t,ant que fiotlf à /l-qsi1/. ce rapport,, nous 1'avons bien entendu reLevé dans c36 dont ra séquence qui s,y rapporte peut êt,re dans une certaine nesure considérée comne référence de configuration.

2, sl nous tenons compte de 1'une des deux versions signalées de c6, qui n'utirise pas '1es pommes,,, i1 apparait que la distlnction éIémentaire entre 1'humain (1es femnes) et


104

I'animal (Ies juments) se réalise par 1'acte de ne pas casser les bâtons en frappant, les fennes et de les casser en frappant Ies jument,s, eui est en soi sans grand intérêt,. Le plus important: rendre fert.iles 1'humain et 1'animaI, se fait par 1e recours à 1'arbre vert dont, sont arrachés et les pommes et 1es bâtons. C'est-à-dire que 1e motif des pommes n'est pas investi du pouvoir rendre fertile comme nous 1e pensions. "Donner 1a vie" (ou "rendre fertile") est rendu possible dans toutes 1es configurations par 1'effet sémantique et fonctionnel du végéta1r "1'arbre" dont les versions retiendront /aze1laD/ (/ze1laT/) et éventuellement /teffaHat,/ (ar: pommes). Du "vert" qui définit, 1'arbre, 1a configuration de nos contes ret,iendra dans fe végét,aI /1-qsi1/ qul fonctionne doublement en posant 1a mort -par f intermédiaire de "cheveux enterrés"

comme écho

du "don de la vi.e" init,ial dans /azellaDl- et la vie étant investie dans "vert". 11 reste à présent à préciser un sens dans les contextes d'utilisat,ion du végétal de manière indifférente par Ies occurrences de /r-rbie / et de /t-qsiL/ dans C5, C141 et C36. Ces figures désignent toutes 1e motif de "1a verdure" dil / r-rbLe /2. Ce motif est utilisé

selon deux cas de configurations. entretient, un rapport avec " la

premier, i1 métamorphose" dans C5, qui est une négat,ion de "1'humain"I dans l'autre, iI représente le maint,ien de Ia vie en ce sens que 1es

Dans le

1 /n-n"g" bqat ela Terf j-jnan terte€ f-r-rbie/ (ar: chamelle se mit, à brouter près du verger) 2 voir H. HERCIER, op. cit. et M. BEAUSSIER, op. cit.

1a


105

enterrée. Ici, le végétal. qu'i1 soit, dit dans /r-rbLe/ ou dans /1-qsi1/, fonctionne comme intermédiaire entre 1'humain et 1'animal dans l-e sens où lorsqu'ii est visé comme ob jeL ,le censonmation par

herbes sont en fait les cheveux de Ia fille

1'humain ( la femme dans

C5

)

,

i1 devient, suj et

(

agenl

) Ce

La

dernier en animal (vache eui, rlit Le conLe/ sera égorgée ) ; lorsqr:'i1 est ob jet de consonmatiCIn par 1'arrimal (vache, chamel1e, cheval), i1 permet de réintégrer l'hunain dans Ia vie. Enfin, nous Çonstatons gue 1'utilisation cie notre motlf selon ces deux cas n'empêche pas 1'élaboration dans nos contes d'une même conf iguration sous 1'angle de 1a catégrcrie r.'1e / nort. En outre, dans ceLte configuration, l-e sème investi dans /r-rbie/ réapparalt même dans C5: vert = vie est sous-lêcenc au parcours de Ia mère-vache égorgéer. sa mort {se)-on " humaine " {1'être ) et " animal -vache" i 1e parai.tre ) relativemer:t à 1a consommation des herbes ( /r-rbie/ ) est utilisée en Lânt

métamorphose de ce

qu'i-nvestissemenl de 1a consommation pour qu'apparaisse 1e

inême

"vie" du végét,al en 1a figure de l'arbre d:.t, "daitier" qui sert à faire vivre les enfantsl. Aussi est,-i1 aisé de conclure sème

PâT:

1 R.ppelons que cette vle investle dans Ie fruit de I'arbre (dattier dans C5 et "pommier" dans C6 et C34), sê réalise narrativement par 1'enterrenent des os de Ia vache, gui surgissent sur Èerre sous forme de végét,aI: arbre-dat,tier dont /DDawya/ et son frère se nourrissent selon C5.


106

1. /a/enkuk/ , / f- feer/ r /L-qsil/ , /r-rbie/ t -. mort : vie (cheveux : verdure :! mort: vle)1 2. /iGessan./ (ber), /1-€Dam/ (arr os) : /0iyni/ {ber: dattier) :: mort : vie. Inversement et, de façon complémentalre entre 1 et 2t

vie r rnort, i3 /I-qsi1/, lf-feer/, /iGessan/.

/r-rbLe/,l0iyni/

: /afenkuk/,

En sonme, nous poserons:

vie : rnort : : végét.a1 : humain, dont nos contes proposent, 1es deux réalisat,ions contextuel'1es par deux associations, pour rendre 1a lecture assez pratique, utilisons 1es traductions err français des termes des deux langues, arabe et berbère: "herbe" est associé à "cheveux" et "dattier" à "os". De ces deux associations attestée" i.. nos contes, nous pouvons coâcl-ure que chaque fois que 1'une d'enlre el1es est rencontrée dans un conte donné, L' isotopie de 1a vie s'insta11e pour mettre à 1'ombre celle de 1a mort. tes investissements thêmatiques dans les parcours fJ.guratifs propres à chaque conte peuvent, être vraisemblablement dlstincts mais leurs distinctions ne 1es empêchent pas d'être ramenés symboliquemenÈ à cet,te catéqiorie. Le symbolisme de cette catégorie n'echappe pas à 1a description; au contraire, i1 est susceptible d'être rigoureusenent décrit,.

réalisations attestées par nos contes, peutpar un procédé de distribution selon des associations En dehors des

on

1

Llsons: 'cheveux' est (,) à "verdure" ce que (,r) "mort' esÈ à "vie* (cette notation enpruntée à C. Lévi-SLrauss permet 1'êconomie dans 1a formulation des rapports entre nos motifs).


107

binaires, supposer que d'autres réalisations théoriques pulssent apparal,t,re dans 1e conLe ? Falsons 1 , opération: . Herbe / dattier: t.héoriguement, cê ne peut. être pcssible à moins que ce ne soit dans un contexï.e d'uiilisatlon "pléonastique" ou "tautoiogique" puisque dans: vêrt, (= herbe) 1

= vie et dat,t.ier nutrit,ii = vie, les deux "vie" ne sont pas structurês par 1a dlfférence; 2. lierbe I os: ce serait. possible si "herbe" assurait La fonction nut,ritive (cf. c5) de 1'humain, trait construit par 1es os qui poussent sous forme oe dattier nutrit.if; 3. Cheveux / dat,tierr ce serait, possible si "cheveux,, assurait 1a même fonction que "arbre fruit,ier" qui permet une substitution par "pommier" dans C6 et par "figuier" dans C3, auxquels est associée 1a vie qui s'oppose à 1a mort dans "arbre sec" donc "stérile", trait qui s'oppose à "fertrl-isation" ( fonct.ion de / azellaD/ du pommier dans C6 et C34 ) 4. Cheveux / os: p1éonastique ou tautologique (cf. 1). Int,égrons à ces assoeiations "arbre sec": 5. Herbe / arbre sec ! 1'association ne pourraii être possible si on t,enait compte du falt qu'i1s sont, en relation de 1'ordre du discontinu. Or, nous avons vu que 1a catéqiorie vie {= vert ( = herbe)) VS mort (sec (§ arbre)) s'excluant l-'une 1'autre, est utilisée dans 1e conte relativement à un devenir du sujet dans son parcours selon r'être et 1e paral.tre (êt,re vivant, paraitre mort). En plus, "herbe" et "arbre sec', sont situés dans 1'espace "sur terre" qui ne peut se mettre dans ce cas en relation avec "souterrain" pour permettre 1'association; ;


108

6. Cheveux / arbre sec; os / arbre sêc: pléonastique ou tautologique {cf. 4). Ces associaLions méritent, des commentaires apprqfondis; rnais, vü I'angle dans iequel se sit,ue notre étude, nous préférons plutôt que de nous en occuper, donner sous forne d'un schéma récapitulatif, des voies qui pui-ssent pêrnettre des lecLureS. NOus laisonS ee choix pour donner des ouvertures possibles p3-utôt que de rendre compte de lectures personnel'l es eui, forcément, ne peuvent être conplètes. En 5omme, nûus clonnerons des indications qui rendenL possible une lisibiliié dont les angles se veulent aussi larges que po§sible.

(Voir t,ableau page suivante

)


109

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110

Par opérations de conversion de "verL", opérations qui assurent 1a récurslvité, nous aurons:

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::::

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/ a qe

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/iJehlal/ , /iqe jwaD/ , ,/ Hteb /:

/gua/,iLmud/

l(uD/ </,. \/aLuKl\az/ morceau

I

)

de

hnic

bâton, (cann

boi.s

b

---- -- -;------l------;-----a------;----- ------_.--------l

:

Ci

âton

/ alenKuK/ )

/iGessan/

(1):

0s

I

I

r-t \-

I

___

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____

:

:-r

/ijehtaf/ / lelf aw at/ t 410 v J)

-)

)l I

I

I

fonctions

:

contexte

(contextes fi.quratifs) spatial : ogresse: mort

..--'--'---/l dits enterrds

(métonlrmie ( cadar,pe )({)

)

cf

.

rapocn

"ieu"(cf,supra)

NB. Les colonnes 1, 2, 3 et, 4 du tableau pour être lues respectivement à L, 2, 3 et 4If,ducorrespondent tableau I et vice-versa; euant aux colonnes 5, 6 , 7 et 8 du tableau I, e1les correspondent à Ia 5e du t.ableau rï. 1

à

L"s aspects de conversion sont expliclt,és par 1es contes qui précisent 1a manlère dont se réa1isent, les opératlons. ce cas, Ia lecture des tableaux considérera que /aqe!fuD/Dans ... (ber: morceau de bois) et "cadavre" selon 1a piesentàtion, sont situés dans un même cont,exie sémantique comme si ,,cadavre,. pouvait être diL lingulstiquement, /aqeffuD/. En effet, entre aut,res sens signalés ,/aqe//uD/ signifie en arabe /xe!ba/i et sur un f onds commun cliamito-sémitique ,/ x.fB, 1, entr ée /xelba/ devrait, signifier "morceau de bols" et "cadavre": ici nous rejoignons Beaussier qui atteste ce sens. En outre, ax/eb / attesté en berbère signifie "cadavre": /aqe//uD / Le/ slgnifie clans un sens mét.aphorique et f iguré (cf . /yegga aqef/uD, yez6e6/ (11t,t. 11 esL sec comme un bâton, i1'est bHal squelettique, on dirait un cadavre ) ; ces informations nous ont été cmmuniquées par M. Hamdaoui (parémioloqie berbère: analvse sémio*linquistique , thèse d, Éta


1.

11

Nous avons annoncé ( p.

) que nous reviendrions "cheveux" sous un autre angle que celui qui l-e rattache

à

108

au

contextuelle dont 1'ef f ei esl la re-

vé.qétaI. Cett.e ulilisation

rraissance de 1a f emme dite morte (1e paraître

, semhJ-e, lout assez curieuse. Essayons de ne pas atxrj-buer ce

conpte fait,

)

forrctionuement au simple fait qu'i1 se manifesie

comme

tel

dans

)-e merveiileux dans ce cas précis,

notre texie. Aulrement dit,

est-iL susceptible d'être appréhendé par une description ies configuraticns

où apparait 1e motif de "cheverix"

Citons quelques cas. Util-isés est d'ordre esthétique, actorielLe

(f 1l.Le ou

1'anthroponyme de b-ieer-ha/

1

comme

unit,é dcnt i'e:ret

les cheveux atiribueni f emme

)

un

statut

à l-a figure au

pcint,

or)

'héroine est diL dans C25 ".,'i-nGeTTy3

(ar: celie couverte de ses cheveux) (ci.

partie ) . Dans 1e C1, 1es cheveux sont utilisés Lrn trait

?

physique dans Ie

;:r)tre

3e

pour dési,Jneï

sens de 1'extrême beauté

<ie

I'héroine. Dans une autre perspective, "q

1e C25, est

une marque qui

communication: i1 est offert

cheveu" , notê.fliment dans

décLenche un processus

de

par la femme au princel. Dans ie

C33, les cheveux sont aussi une marque <ie reconnaissance de

l-a

femme adversaire du héros ou encore de 1a soeur dans le C35.

Cette reconnaissance est en général- ce qui invite

1e héros

épargner 1a mort à 1a femme, oE dans autre sens, êLre

à

en

L /ga1 1-ha bGit. neddi-k galet 1-u hak 1-mara €Tat-u /eera/ (ar: i1 lui dit: j'aimerais t,'épouser; e1le lul dit: je te.1'accorde (comme marque de cet accord, eIIe 1ul donne un cheveu ) .


1-12

possession de "cheveu"

comne

marque est 1'équivalent d'une

conjonctj.on à 1a vie. Détruire Ie cheveu est dit "moyen"

dans

d'anéantir 1'adversaire l/l -eefrita/ ar. et ber.: Ia filIe du génie ) ou 1'ogresse dans C3... Enfin, "cheveu" est si C25

rêcurrenL qu'11 ne nous semble pas nécessaire d'en donner tous Ies corltextes d'utilisat,ion. Par ailleurs,

i1 convient, comme cera peut être aisément const,até , de distinguer 1a forme du pruriel ( cheveux ) nôn définle par 1e numéral (/a/enkuk/, /f-feer/, /s-salef/) et 1a forme définle par un numéra1 l,/feera/ (ar.), /anziw/ (ber: rrrr cheveu)) dans C25 et t,rqis 'cheveux da,ns C1. Â ce propos, rappelons que dans c10, 1e cheveu au sens de 1',unité , engage un programme de nariage culturell"ement,

int,erdit. Le récit produit cette valeur par un j eu ci'articurations modales sous-jacentes à la prohibltion de f i-nceste ( cf. ci-dessous ) . Dans 1e c1 , la perte de trois cheveux par Leila en aidant son cousin à réaliser la coniorrction spatiale dans 1e programme de 1'ascension de 1a montagne, engage par cette conjonct,ion un autre programme de réalisat,ion du mariage. si, par ces deux contes, nous retenions un rapprochenent possible entre "cheveu(x)" (avec 1e numéral) et le mariâg€ r nous pourrions conclure güê r par référentialisation intra-Lextue1le, res cheveux anticipent, sur une représentation de connaissances (un savo.ir') .;à propos du mariage, qu'ir soit, posslbre ou impossible. ceci se confirme dans c25 (cf. page précédente). 11 senble ainsi que c'est sur cet,te évaluation d'ordre de pernissivité ou d,interdiction dfunions que porte 1'enseignement en tant qu'effet de sens dans


113

une configurati.on utilisatrice de "cheveux" défini Par un numéraI. Si un mariage n'a guère besoin d'être sounis à cett,e évaluation dans 1e sens où 1a permissivité va de soi, les cheveux, dans Ies divers parcours figuratifs des conLes, sont souvent appelés /salef/ i d'où 1'expression connue /salef lunja/ {ar: 1a chevelure de lunja (Lei1a dans notre version C1)). Enfin, dans Ie cas où les cheveux ne peuvent être dits on peut sensiblement s'aLtendre à ce qu'iIs /salef/, §'âssocient à une représentation conflict,uelle entre actants, qui débouche sur 1'affectation de 1'un à la vie et cie 1'autre, à ia mort. Ceci se réalise particulièrement dans le C4r /Hemnu lHrami / se déguise en portant 1es cheveux Ce Ia fill-e de 1'ogresse après I'avo j.r t,uée pour tromper 1a mère (1'oqresse )

et enfin, réussir 1'épreuve ( 1a victoire ) Ce qui nous semble important à souligner, QUêlles que solent les Iectures des micro-récits dont nous avons reLenu les guelques cas que nous venons de citer, eSt le fonctionnement de "cheveux" en tant que mot,if , Sachant qu'i1 apparal.t dans nos contes pour une mise en discours de contenus thématisables en vie / mort et en mariage, nous pouvons nous poser Ia question sulvantes quel lien organique y a-t,-i1 entre ces contenus ? ce lien organigue est apParemment un investissement sémantique par associat,ion entre "vie" et "mariage permis" et entre "nort" et "mariage interdit"; mais dans ces rapports .

d'association ou d'homologation: Vie

nariage permis

mort

mariage interdit


1L4

nous devrions chercher des trait.s responsables sémantiguement

et synt,axiquement de leur mise en relation. proposons ceci de manière provisoire car cet axe nous servi-ra par la suite à d'aut,res f irrs d'analyse: dans 1e mariage interdit est actualisé 1e trait "acuIturel" ; dans 1e perm5_s, " le culturel" par i-a

(1itt.. 1'engendrement) qui permet 1a cont,inuit,é ertilité sociale par la vie. Dans ce cas, cett,e vie s'actualise pour metLre à 1'ombre 1a mort qu'actualiserait, t,out mariage que 1e sociar rejette en f interdisant cu1turellement,. Nos contes permett,ent d'éclairer ce point de vue. f

Le fonctionnement, sêmantique propose ici deux voies: 1'une suppose que Ia vie est motivée par 1e mariage permis. L'autre pose des interactions -au niveau narratif-

impriquées par

opposition entre termes actualj-sés par 1e rapport entre héros et 1'ogresse.

une 1e

plus pour ia première voie que pour 1a seconde. Essayons d'y voir pj_us Apparemmentf un problème d'analyse se pose

n'l:i

r

Dans 1es C3 et

, 1a rnort, avions-nous dit, af f ect,e 1'ogresse lorsgue ce1le-ci est désignée selon un procédé métonymique par "cheveux"; du même coup, 1e sujet humaln est affecté à la vie. À ceci s'ajoute Ie cas où le motif des cheveux apparalt. dans des histolres de mariage. A ce niveau, supposons que "se marier" au sens de /dar ximt-u/ (ar), /yegga axxam nn-s/ (ber: 1itt. i1 a fait sa maison), soit. investi d,un sème de "vie" dont f itération est assurée dans 1e discours configuratif; dans ce cas, i1 ne restera plus qu'à ajouter que ra vie au sens 1arge, est à appréhender relativement au mariage C4


115

qut la rend possible . Par 1à, 1e mariage n'est plus à comprendre dans son seul sens d'union entre un homme et une femme, mais surtcut, dans celui qul rend possible La vie pêr, par exempie, 1'engendrement des enfants à traverB lesquels l-a vie symbolique des parents (et surtout, du père par- ie biais du garçon, semble-t-i1) donne urre représentat,ion cu1t.ure11e, cionc collective, selon un univers précls de valeurs. ceci ncus aide à mieux comprendre comment ce terme positif de 1a catégorie vie vs l"lort fournit une articulation par le biais du rnariage à 1a curture. slnon, rien ne prévoit dlrectement que Le motif de "cheveux" ait une quelconque affaire de sens à renpiir <ians re sens. D'aj-1leurs, pour être amené à retenir ce sens, i1 a fallu que nous nous basions sur une remarque que 1'étude du c36 nouc a fait retenir: le mariage du roi avec la fille dont, ie conre dlt, qu'e11e a ét,é enterrée et que ses cheveux ont poussé sous forne d'herbe et tout, ce qui suit. Récapitulons. Nos propos ont eu comme point de départ ce que rrous avons nommé "végéta1" dont 1'un des termes était, /1-qsi1/ gui, par son contexte d'utilisat,ion dans C36, a faii subir à 1'analyse un glissement vetrs "cheveux' comme motii qui se rattache au mariage. selon un sens immédiat, nous avon§ posé que "cheveux" désigne mét,onymiquement 1'héroine. Ce jeu de mise

en rapport nous invlt,e à présenÈ, à examiner t,out ce qui se rapporte direct.ement ou indirectement au "corps" dilt /jlsm/ dans c7L et dont res partles constitutives communément, connues, sonL presque toutes relevables dans 1e corpus, 1 zr-tuiua dehnet 1-1-bent eeI 1-jism dyal I-mriDa/ (ar: 1a guérisseuse étala du petit lait sur le corps de Ia malade ) .


116

1. ,/1-xe fba/

{ 1e

_corps } et, ses parties

/1-wjeh/ (ar), /aGembu/ (ber: visage) "€'§t générarernent sélectionnée l'identif ication de f inconnu par la uu"1. /1-einin/ {ar), /aTTawen/ (ber: ÿêux) est une occurrence intéressante à retenir. Le ct2 y indlque une valeur par ra. qualificatiorr de 1a vieille femme: /bSLra/ (ar: euphém. pour aveugle). Dans le c24, "1'oei1 enlevé au sordat par te héros" est une condensation de 1a séquence qui met en scène J-e rappor', tiu héros avec /1ea1ya bent lmensur/: une narque qui anticipe sur 1'échec de cette derrrière dans son duel avec 1e héros avanr même gue ce duel soit raconté dans Ie récit,. Se1on ces premières remarques sur 1'usage de "yeux" par 1e conte, nous pouvons présumer qu'i1 est possible de reconstruire un fonctionnement sémantique dans un certain sens à définir. Rendre 1a vue à la vieille dans ctz par exemple, e'est 1ui éviter Ia noyade en lui accordant 1e pouvoir se déplacer vers Ia colline; autrement dit, sans la vue, Ia vieille n'auraj-t pas pu se déplacer pour ne pas subir l'effet du âetug" prédit par 1es saints. plus expricitement, une Dans 1'occurrence de

1 citons entre autres

bqa y.fuf

1e

C38: /GeTTa eIa ras-u (wejh-u) ( Ie visage ) et se mit

/ (ar : i1 se couvrit, la tête

regarder).

w

à


L17

paraphrase de C331 nous fera retenir gue,'ôter 1a vue,,est 1'équivalent de "donner 1a mort"; de même, dans CL2, "donner

1a vue" serait comparable à "donner 1a vie" en ce sens que "vue" et "vie" sont parfaitement rapprochables: vue = vi€. De f il- en aigui11e, orl peut, darrs ce sens, reprendre f idée selon laqr:eile les enfants reiativement aux p*runt"2, pâr f intermédiaire du mariage, est comparabre à une vie symbolique aussi bien pour Les uns que pour les autres selon une valeur socio-cu1t.ure11e.

IIous venons cle sélectionner "yeux" qui s'associe par serrs lexical à "cheveux": parties du corps. Néanmoins, par

un ce

sens, ie rapport de ces motifs à rzre / mort au même titre que "végét,a1" dont. i1 a été suffisamment débattu, Êê s'explique pas.

Réurrissons quelqlles donrrées de noLre analyse. D'abord, on

sait que 1e rapprcchement dans une configurat,ion discur-sive errtre "vue" et "vj-e"., apparemment problématj.que, est attesté par un usage 1-inguistique social dont, 1e consensus esï. /iihudl giee 1-u 1-einin vr xella-h ga1 l-u safl Druk rah ârr 1e juif iui arracha les yeux et l'abandonnai i1 se ça y est/ 1à, i1 est mort). 2 D"ns notre thèse de 3e cyc1e, nous avons déjà rencontré ce phénomène dans ci: 1a séquence narrat,ive de la perte de Lel1a ( 1'ogresse s'empare d'e11e ) est une expansj-on du motif qui apparait scus une forme qualiflant ra mère ( /tt,a6erGait / borgne) dans 1e sens où ce qualifj"catif anticipe au niveau du discours sur 1e cont,enu ce 1a eonfiguration con.t, nous retiendrions au niveau narratif "1a perte de 1'enfant" et au niveau t,hématique ( ie thématico-narratif de J . courtès 1'af f ectation de cet,te dernière à 1a mort gui, invest.ie dans 1a figure actorierte (1'ogresse), réfère par 1à même au trait "sarrs vue (borgne)". Dans un sens para11è1e, dans c4, c6 et, c34, 1e héros ôte la vue à 1'ogresse avant de 1a tuer; en fait, ici , la mort de 1'ogresse n'est qu'une expansion de 1

mat lIr (lIL:

/

(

:

)

1'aveuglement.


118

const,ruit, par 1e conte. cet usage linguistique s,actualise des énoncés comme, pâr exempre, /wlad-i eini -ya/ ( ar:

dans mes

enfants scnt "ma boussole, mon guide,,1, traits que nous avons déjà rencont,rés dans cl2 à propos de 1a vue dont, la relation de contrariété pose la céclté

comme

ce qui va avec 1a mort, ra

noyade. ceci serait suffisant pour expliquer les rapports construits par 1a configuration; mais relativement au "végétal", i1 faudrait situer 1a question dans 1es ressorts

internes des configurations des contes. En reconstituant certains détails de not,re approche,

nous

fêpfeilohs:

1. 1e mariage relativement à "vie / mort" f ertilité : vie : : stéri1it,é : rnort (1a f ertllité est à la vie ce que 1a stéri1ité seralt à la mort) 2, f a vie relativement au végét,a1: vert r vie i: sec : rnoft (re vert est à 1a vie ce que 1e sec est à 1a mort). :

En somme:

fert,ilité eL vert : stérilité et se'c :: vie : mort ( 1a fert'iI1té et le verr sont à la stériIité et au sec ce que 1a vie est à la mort), Intégrons à ces mises en relation "vue " et "céci_té"t vue : vj.e : ! cécit,é r inort ( la vue est à la vie ce que 1a cécité est à Ia mort,). I'univers mythique (cf . p. trgT , n. A- ) où "végétar" et "hunain" sont deux isotopies contradictoires, Tenant, conpt,e de

1

voir M. BEAussrER, op. cit.


119

i1 s'avère que 1a f ert,i11t.é (engendrement des enf ants comparé à "yeux" = vue (attest,ê ) ) et 1e vert du végét,al , sont à Ia stérilité = cêcité (non att,esté mais lmplicit,e) et au sec du végéta1 (attest,é par Lln sens f iguré {cf . /xefba/ p. tt0, n.1)) , ce que la vie est à la mort. ün résumé sous f orme cl'homologat,ions se présentera comme

suit: 1

fertilité

v1e

stéri11Lé

no

ve

rt

v1e

sec

fertilité stérilité

rt

mo

rt

+ vert + sec

v1e

mort

vue

v1e

cécité

mo

fert,ilité+vert+vue stérilité+sec+cécité

rL

v1e

norL

+ : les associat,ions de traits, dont certaines sont actualisées dans notre corpus et dont d'autres restent théoriques; ====> : 1es sommes sont ces associat,ions sous-jacentes à des

configurations des contes.


L20

ces homologations nous amènent, à rendre compte partiellement des conditions d'inscription dans 1e discours narratif des isotopies contradictoires sous l,angle de notre ét'ude pour qu'ensuite l-es unités qui s'y rapportent soient appréhendées comme motifs du conte. Ainsi, Humain

yeux

1tq

qéta1

cheveux + verdure

se I

I

rt {zqsill, trbie 'al

I

I I

cécit,é

t

I

I

fertilit.é

I

I

I

I Mar

rt

StériIité

--Mo partles du corps, relevées dans notre corpus, s'âjout,e 1'occurrence de "1èvres" substituée dans le c24 à "oeil',: au premier soldat, 1e héros arrache un oeil i au second, 1es Ièvres. A 1a vue se subst,ltue la parole. partant de vue Ê vie, i1 faudra garder 1e même plan cle lecture exigé par 1a subst,itution. une précision doit tout de même être f ait,e ! au fond, L' acte d"'arracher un oeil (un seul)" et "1es rèvres" équivaut à 1a perte partielle de 1a vue et de la parole. 11 y Àux


!21

a bien lieu de préciser

ce

fonctionnement dans notre conte

selon:

- / eewr-al ( ar: borgne ) dit en berbère /0aoerGalt/ sui signifie aussi aveug1e1. Par cette préclsion, le contexte d'utilisation de /e.in/ et /fnayef/ (ar: lèvres) dans 1e C24 s'éclaircit: - un oeil arraché = "non vue" qui implique J.a cécit,é; vue {borgne) = non vie;

non

- les lèvres arrachées = "tlon ioquacité, non paro1e" , qui implique le nutisme; non parole = non vle.

Toutefois, cês j-ndications basées sur des Éens lexicaux n'assurent pas une assise opératoire pour homologuer "l-èvres", par f intermédiaire de "paro1e", à "vi-e". Évitons Le terne de connotation. Pour peu qu'on prenne une certaine distance, i1 apparaLt

être étudiée relat,ivement à d'autres, notamment à ce1le de /1-fumm/ (ar), /aqemmum/ (ber: bouche) dont 1a récurrence n'a pas besoin d'être soulignée. Précisons noLre proposlt,ion en prenant le C14 comme référence d'utilisation de "bouche" comme motif. Dans ce conte, 1a bouche de 1'héroine esL un contenant d'une bague empoisonnée, otr si 1'on préfère, imbibée d'un que cet,t,e occurrence peut

1 À notre connaissance Ie berbère znassni ne dispose pas de t,ermes pour distinguer conme en arabe entre borgne (/ewet/)

et aveugle (lema/ et /bSir/).


122

poison, eL tant que cette bague est contenue par 1a bouche de 1'héroine, celle-ci demeurera disjointe de 1a vie' Par ail1eurs, otr Sait que "parole" que nous venons d'éVoquer à prOpos de "1èVreS" se maintient dans "bouche" eL que "bouche " s'associe dans , entre autres , Ie C33 à "nourriture"l. CeS deUx fOnCtions s'aetualiSent dans 1e CL4:

la bague mortelle cause la mort provisoire de 1'héroine au moment même où cel1e-ci s'apprête à réparer de 1a nourriture2' A cet égard, le C? sera plus explicite: i1 propose 1a possibllité de maintenir f idée que "la faculté de parler" el " 1a nourriture" sOient actualisées dans 1a Configuration discursive par 1e motif de 1a bouche. Ici, 1a paroie esi conditionnée quant à sa réalisation par Ia régurgitation d'un morceau de viande3: d'un point de vue sémantique, ceci rejoj-nt 1e parcours évoqué dans C14 où, pour retrouver la vie, la filie doit régurgiter 1a bague. Dès ]ors, selon cette structure syntaxique, 1a parole relativement à "IèvreS" et à "bouche", esi parfaitement homologable à "vie". Ceci dit, sous un auire ang1e, peuÈ-on confier 1'étude de f investiSsement sémantique dans "bague" et "morceaU de Viande" par 1a SUbStitutj-on de l,une à 1',autre, à cette structure syntaxique qui leur est 1 /drr l-u vraped j-jeGma Gi weSSei-ha l-u 1-1-fumn/ (ar: il }ui donna une gorgée d'eau qu'iI lui fit à peine parvenir à la bouche ) 2 /^!n tebci TTeyybi diri had I-xatem f i-f emm-k/ ( ar: Iorsque tu t 'apprêtes à faire la cuisine (à préparer de la nourriture ) , mets cetLe bague dans ta bouche ) .

.

3 /r-mra TaHet b-fumm-ha waHed j-jelda w bqat t,ehDer/ (ar: 1a fenme se mit à parler lorsqu'eIle vomit un bas norceau

(/jeIda/)).


L23

sous-

jacente dans

une

configurat,ion supposée

comme te11e

?

Expliquons-nous.

Notre approche nous a conduit à supposer que si 1e morceau

de viande régurgité équirraut à 1a récupération ie 1a facuité de parler, 1a parole ne diffère pas de l-a vie retrouvée après 1a régurgitat,ion de 1a bague , et qu'en même t.emps , 1e morceau de..riande et la bague sont substituables 1'un à J-'autre par

un

rôIe thématique de 1a bouche qui leur sert de contenant. ce qui. semble assez problématique est 1'uti.iisatlon de 1a bague dans un parccurs figuratif thémat,isabie en ce quj. esi susceptible d'être attaché à 1a bouche, À 1a limite, 1e morceau de vian,ie, on peut 1ul admettre 1e t,rait, "cctlsommabie" ou "ncn consommable" ; mais pour la bague , L'étude de ses effets sémantiques -même si 1e conte particuLier dit que 1'héroine mei Ia bague dans sa bouche au moment où elle s'apprête à préparer de 1a nourrit,ure- semble en état, de crise: y a-t-11 un rapport qui permette d'associer "bague" à "nourriture"? Ce rapport ncus sembl-e pratiquement impossible à reconstruire. Vue sous cet ang1e, 1a bague ne devrait pas être dite figure substituable à "morcêau de viande " ; et l-a vie conditionnée par 1a bague n'est pas à mettre sur le même plan de saisle (valeur ) sémantique que ce11e invest,ie dans "parol_e " . Dans ce sens, i1 doit y avoir plus d'une voie d'interprétation qui ne s'appuie pas sur les seules manifestations de nos unités, car ce gui nous intéresse est ce quelque chose, un "jene-sals-quoi" qui nous ramène à f idée initiale selon 1aque1le 1'empoisonnemenL, en soi, ne peut en principe affecter que ce qui est consommable. 0r, le récit utilise la bague au lieu d'un


L24

objet consommable. A ce niveau, iI semble que ce n'est plus 1e plan de manifestation des figures qui importe, mais bj-en plutôt celui des configurat,ions qui assurent dans 1e discours une construction d'effets en provoquant ou en convoquant ces figures: d'un côté, 1es rô1es figuratifs sont semblables à ceux assumés par un anti-sujet €t, de 1'autre, 1a cohërence textuelle eL narrative à 1a manière d'une "mémoire" de discours selon 1'expression de Greimas, intervient dans ces conflgurat,ions pour assurer "le chrono-loglque" des récit,s. En d'autres termes, 1a bague maintient 1a cohêrence du récit qui met, en scène /lihudi/ (ar), /t)6ay/ (ber: juif , marchand de bijoux) utilisé par 1a marâtre qui programme 1a transformat,ion disjonctive de 1'héroine avec 1a vie: Ie maintien d'une isotopie dans ces rapports assure la cohérence du récit au niveau de 1'armature et de 1a structure de 1a séquence narrative de notre conte. Un procédé analogue est utilisé dans Ie C7: si on se souvient que 1'héroine est présentée dans 1'espace de 1a forêt, et qui plus est, e11e est déguisée en gaze11e, i1 sera plus moins adéquat, que soit ut.ilisé 1e morceau de viande relativement à cet espace dit "nature1" 1. Mieux encore , o1-1

-puisque 1a régurgit,ation s'est avérée nécessaire , 1e morceau

de viande est jugé

comme

"non consommable" culturellement:

1 R"pp"lons que 1'héroine se déguise en gazelle et que pour que ce déguisement soit, efficace, i1 faut qu'e11e perde I'usage de la parole par l'intermédiaire du morceau de viande avalé i ceci explique 1e pourguoi de la régurgitaÈion pour réint,égrer 1'espace cuIture1.


125

peut-on dire qu'i1 comporte 1e trait, "cru" que laisse supposer 1'espace naturel de la forêt

?

la cohérence interne à chacun des récits, se trouve à la base de 1a distribution des figt-rres dans des parcours de configuraiions gui, dès lors, ûÊ sont pas pour autarrt sensiblement distinctes ou éioignées les unes des En tous Les cas,

autre

s

.

Pour expliciter ce point de vue, prenons \e C22r La bouche

y est utilisée en rapport avec I'oubli. Écoutons le récit: dès que 1e mari de 1'héroine (fi1Ie du géaie) est embrassé par une femme, ceci provoque un élat (f1 oublie son épouse); celle-ci est mise en quelque sorte dans 1'univers du non-sor:venir, une f orme de mort qui re joint celle que nous avons dé jà reler."ée. On voit, bien que d'un côt,é, Iâ bouche associée au ba j.ser fonctionne autrement que ci-dessus au niveau de 1a rhémat.1sation, mais , d'un autre côt,é , 1'oubli causé par 1e baiser sur 1a bouche, auaueL$g est sous-jacente une isotopie ( appelons-1a "passi.on" ) , rejoint par f implication de 1'oub1i Ia perte partielle de Ia vue ou de 1a parole. En gros, nous avons vu que Ie faire qui assure ia conjonctj-on du sujet, avec 1a parole etlou la vie, exige une disjonction préalab1e entre 1e sujet et 1'objet représentés respectivement par "femme" et "morceau de viande, bague". Pour 1e C22, i1 en va auLrement, le baiser ne peut être considéré comme objet dont 1e sujet, (mari) peut se dlsjoindre: 1e récit, exploite 1e statut même de 1'épouse pour annuler 1'oub1i. Cecl dit, quelles que soient les mises en contexte de nos figures, nous pouvons toujours y reLenir la vie conme investissement


L26

dont le sens se laisse appréhender par sa relation avec Ia mort suivant une structure éIémentaire. Dans chaque parcours, seront

notées des ut,ilisations particulières des f i-gures, ce qui assure 1a part,icularité et Ia singularlté à chaque conte au niveau, pâr exemple, de 1a thémallsation; mais pour que 1'exploitation de ce niveau soit approfondie, i1 faudrait, malgré les différences apparenLes, y repérer des régu1arit,és syntaxiques et sémantiques sous-jacentes à 1a configuration discursive. Posons comme point de .départ, pour 1'élaboration d'un

qui sous-tend nos parcoürs: autour de 1a bouche son-L orgarrisés le baiser et 1'union conjugale dans C22, 1e morceau de viande et la parole dans C7, êt enfin, ia bague et 1a vie dans C14. La configuration exploite ces "Lraces" figuratives de parcours partlculiers de 1a manière suivant,e: schéma ce

"

j

bague "

"

bai

t

I

\ I

Ir l \,

c22

I

,l )

r"

I

cL4

c7

se

+

Vle

=

J union conjugale

1

"paro1e"

t I

morceau

de viande ( /jelda/

)

N.B. Le jeu des rapprochenents sénant,iques reconsidêre les parcours figuratifs et, -les particuTarités des récits au non d'une configuration discursive de contes dont, la constructian de sens se résune par vie â union conjugale, laisant par 1à


1.21

signifier "bague", "baiser", "/jelda/" -dontt en plus de celui jà signaTé , Mercier signale: "nenbrane"- et "paîo7e" , associables sans exception au not,if de Ja bouche.

Si nous nous cont,entions cles cas des occurrences examinées lusque 1à sous 1'angJ-e de yie / mort, nous devrions signaler que finalement 1a composante de figurativisatir:n constructions

de configurations

unités de 1a langue utilisée

discursives,

en vue investj-t

de

les

de manière à ce que ieur étuoe

doive prévoir Les moyens d'al1er

au delà des apparences

du

niveau de leurs manifesLations. I1 est peut-être exact qu'à première vue, rien ne permet 1a prévisibr-iité de rapprochet: et de ramener ces "unités-figures"

à une t,hé:natisa1:ior: cli:i

entret.ienne un rapport avec vie / mort, mais ceci est au f onci dt au fait qu'une ôccurrence -prenons 1a bouche comme exernpierécurrente (motif),

bien qu'e11e soit mise dans des contextes

dits cians des parcours dlfférents,

e11e déc1are par un procédé

mét,onymlque qu'eIle réf ère à un su jet, dont 1e devenir se résurne

par 1'acquisition

ou 1a perte d'un objet

de vaLeur dcrri

f invesLissement se superpose aux divers horizons séman'f,iqi:es que propose f isotopie de 1a vie l/ mort). C'est ainsi que bouche réciame un rô1e dans une configuration

1a

où 1a passion

sera dite dans 1e baiser et 1e souvenir: 1e iien passionnel cesse d'occuper 1'univers cognitif femme

du mari vls-à-vis

par 1a transgression de f interdictionl:

où le siège (1a bouche) d'extériorisation

sa

1e conseil par

1a parole cesse de gulder 1es act.es du sujet (mari) au même

<ie

moment

de 1a parole est

1 /".r 1ba1 ml x-k Ga sellmen qa y a x-k sellmen 6i wqemmum/ (ber: f ais attent.ion qu'on ne t 'embrasse pas sur 1a bouche ( sur 1es 1èvres ) .


728

visé pour être embrassé; d'où, L' oubli du lien conjugal et passionnel (une forme qui remet en cause la vie (conjugale) ). Dans un sens plus généra1, nous pouvons présumer que 1es

"parties

cccurrences diies ut.ilisées

du corps"

dans des conLextes qui

fonct.j-onnements qui

entretiennent

les

sont

qénéral-ement

soun'rettent à

des

entre eux des rapports

sémantiques dont ies axes sont isotopes. Ce caractère isot,ope

est, à un niveau ou à un autre, âssuré par une organisation syntaxique et sémantique 1 nous avons essayé de 1e "o**" mcntrer. Dans cette perspective, 1es substitut,ions souvent relelvables dans des parcours dont ia structure syntaxique esr id.entique, quel1e que soit la fiEure dans 1a configuration, sont tout à fait

possibLes non seulement par 1a struci.ure

syntaxique mais aussi par ieurs investissements sémantiqr.ies quine dépendeni pas de leurs sens lexicaux à proprement parler, mais de l-eur f orce de rendre i-ndif f érentes 1'une oLl 1'autre apparitions

d'unités

sémantique) soit atteint;

pourvu que 1'obj ectif 1a muÈi1ation,

(

La valeur

par exemple, (arracher

Lln ceil , des 1èvres , un bras , 1e nez. . . ) est prise comme prétexte pcur ciéclencher "un connecteur" narratif et, discurs:-r pour établir

un contrat entre 1e héros qui mutile 1e solda-u,

eÈ 1'adversaire

/ 1ealya . , , /

physiques, 1es substitutions

, Tanl qu' i1 s'agi1: de parties sont toujours possibles par ce qui

1 A ce propos, rappelons que 1es configurations discursives " occupent une organisation syntact,ico-sémanËique autonone (et) s'int,ëgrent dans des unités discursives (contes, versions et variânËes ) pius Targes en y acquérant (, . , ) des significat,ions fonctionnelles correspondant au dispositit d'ensenbTe" , A. J. GREIMÀS et J. COURTES, op. cit. art. "Configuration".


129

les affecte: Ia mutilation dont le conte se sert pour des fins de narrativisation et, de discursivisation. c'esL ce qui doit faire franchir à toute analyse du conte le seuil du lexical, et c'est aussi, à ce titre que Ie conte, disposit.if d'ensemL-rle, par " -Ie.s conf igurations qui acquièrent des signif ications fonctionneTles qui lui correspondent" n'est jamais "§t,éril-e" ou "stérilisant (?)" dans 1e choix du lexique à condlt,ion que 1a structure syntactico-sémant.ique légitime ou apprivoise 1'utilisation d'un "mot" à 1a piace d, un autre. L, aspect eonfiguratif est ici forcément sous-tendu par un fonctioniiement. énonciatif relatlf aux prccessus de génération du discours rrarratif (re rëcit-conle ) . Àutrement dit, darns ie conte, le nj-veau discursif présuppose que 1a eomposant,e sémantique bénéficie d'une cohérence assurée par les isotopies structurées syntaxi quement

.

2. L'aninal et l'hunain: étude de cas

Dans cette partie, nous nous sommes int,éressé au cadre spat.ial et aux représenlations actorielles mlses en scène, d.ont

1e t.ralt est "animé humain" . I1 est peut €tre tenps C, y intégrer une étude sur 1es représentations qui ont pour trait, "1'animé" autour duquel un champ peut être é1aboré à I,aide cl'occurrences relevables dans 1e corpus. ces occurrences sont nombreuses

;

rlen

d'étonnanL. En plus ,

leurs

contextes


130

'permettent d'ét,abIir une crassif ication gui s'appuie sur des régurarités syntaxiques et sémantiques. ces régularit,és

entretiennent des rapports de tissaEe dans diverses configurations. c'est, pâr exemple, selon certaines relat.ions entre la f igure actorlelle ciit.e /yis/ (ber), /eewd / (ar; cheval) et 1a figure aclorielle représentée par 1'humain, euê nous pourrions analyser 1a première dans 1e cadre de !a rubrique déc1arée. ces mises en relation avec 1e sujet (roi) sont, si récurrentes qu'i1 nous est impossible de les reprendre toutes. En gros, 1e cheval est un bien du roi; au nombre de sept,, i1 reçolt un t,rait dont 1e caractère dû au chiffre eËL merveilleux. En t,ant que monture, i1 est réservé à ceux dont, 1e rang social est particurier; s'il n'est pas un bien du roi, i1 est, proprlété d'un héros. Dans 1e c1g par exemple, le sujet humain ne bénéficie de cetle monture qu'à ra fin du parcollrc

de 1a vengeance vis-à-vls de /rihudi/: 1e cheval fa1? alors signifier 1a réussit,e de 1'épreuve, étape qui coincide avec le r€tour au vl11age et, 1a réalisation de 1,être-héros. Relat,ivement à ce contexte du cheval, le c27 en propûse

ft, tr.'

F, I

i; I

[r:

un autre: cQ serait une monLure accordée à 1'héroine. Toutefois, quand 1e choix entre un cheval "borgne" et un autre "normal" est proposé à 1'héroine, ce11e-ci choisit 1e borgne: ir senbre -par ce choix comme nous 1'avons dit- que 1,héroine se reconnalt comme sujet qui ne doit pas choislr 1e cheval "norma1". ceci, dirait-on, ne rerève pas de ce qui lui serait permis. cett,e reconnaissance, comme savoir, est 1,unique voie qul lui permeÈ d'obtenir à la suite du choix un chevar dont ra valeur ne diffère guère de celle du cheval du roi ou du héros.


131

Implicitement, nous pouvons supposer gue 1e conte fait valolr f idée qu'un cheval ne peut être monture pour Ia femne au même ranq gue 1'homme-roi et/ou héros sauf si cette femme admet cet "ordre des choses", ce dont 1e C2'7 semble rendre compte; 1a

fi1le (soeur de 1'héroine), ne connaissant pâs cet ordre et n'ayant pas ce savoir, obtient à la suite du mêrne choix proposé un cheval borgne. Un autre point, de vue dira qu'indifféremment, à 1'homme

ou à la femme, 1e cheval sera accordé comme monture solls Id condit,ion d'une conjoncticn avec Ie pouvoir qui gère 1a construction de r'être-hëros ou héroine. rl s'agit dans ce cas d'une articulation nodale présupposée qui priviléqiera, Ên déf initlve , 1e pouvoir sous- j acent et condit,iorrriâni 1'afflrmation de I'être selon deux voies qui distingueronr enLre 1'homme eL 1a femme (nous y reviendrons ci-dessous). Darrs le C31, le cas contextuel particulier de '"cheval'l est assez signlflcatif: 1e mari loue un cheval dont sa femne se sert pour a1ler rendre visite à sa mère; autremenl dit, encore une f ois, i1 serait dif f icile d'admett,re qu'une rel.at, j.on direct.e puisse s'établir entre 1e cheval et 1a femme, car Le chevar y demeure une figure dont.1a valeur esÈ précisément modale âu sens où cet,te valeur ent,retienL une relat,ion avec ce qui qualifi.e 1'homme de / aryazl au sens berbère: 1e mari , 1'homme noble , êrr tant que t,rait qui accorde au suj et ]a monLure-cheva1.

En généraI, la monture accordée à Ia femme est une mu1e,

ut,ilisée aussi pour diversês charges. En comparaison avec Ie cheval, monture à 1aque1le est attribué 1e trait "nobIe',


132

qui e11e accordée , / 1-bec1a/ ou /L-bGeL/ (ar), z0aserdunt/ (ber: mure, mulet), est -c,est du moins ce que nous relevons dans les cont,elit,es de conf ormément au st,atut de celui_ à

1'occurrence- une monture réser.'lée indif f éremment. à 1a f emme, aux charges ou encore aux ogres mis dans des sacs et

transportés ( cf. c34, c39 ) . Dans ces contextes, 1es charges sont mises sur le même plan que la femme consldérée particulièrement comme "objet" transportable par l_a mu1e. par 1à, i-1 semble que l-a f emme est, af f ect.ôe par une rraleur dont 1a qualificat,ion est dépréciative par 1e falt même que 1a monture qui Lui est réservée ne jouit d'aucun trar-t homologable ou rapprochabl-e à cerui du cheval. plus encore, si on consldérait

les ccntext,es de notre occurrence, la femme est mise sur ie même plan que les charges transport,ables comme 1es sacs contenant des ogres / 1a valeur dépréciative serait plus accentuée par 1a flgure "ogres". N'a11ons pas plus loin/ nos QUê, Se10n

contes peuvent, remettre en cause cette voie d, interprétat.i_on. En effet, Ie c39 indique qu'un cheval esr acheté par une femme;

i1 est évident que dans ce cas, 1'achat présuppose quelques conditions -un statut modal- que nous développerons par la suite, mais Le fait, est Là. syntaxique, 1es charges ont, un même rôle que cerui de 1a femme en relatlon avec le cheval loué par 1e mari dans c31. rci, la femme serait diie -que l,expression nous soit parclonnée- " choséi-f iée " ; mais cette qualif icat.ion s'annule lorsque, notamnent dans c39, Ia fi1le, en acheÈant un Résumons. À un niveau

cheval , sê met en position d'appropriation de ce dernler.

Toutefois, 1e conte préclse que seul re passage par le


133

déguisement de cette fille en honme lul pernet cette appropriation. c'est ce qui explique l'exception de conjonction entre 1a femme et 1e cheval1. sinon, 1a femme mise en reration avec 1e cheval serait à consiciérer -toutes proportions garoées* sur Ie même plan que 1es objets ou 1es charges llransportabLes.

En tous cas, 1'utilisat,lon récurrente de la mule dans ces cont,extes semble intéressante à retenir. Tout donne lieu à penser qu'une ciimension appréciat,ive / déprêciatlve sépare conjonction avec 1e cheval et 1a femme enconjonction avec 1a mule, sans tenir compte des cas exceptionneis t,els que 1'homme en

celui de c39 puisque 1'ordre des choses y est impllcite, Néanmoins, notre seul critère de faire jouer des rapprochements entre montures (cheval et mule ) ei image*< relatives à L'homme et, à Ia femme d'un point, de vue êvaluateur, reste lacunaire, voire arbitraire. r1 faudrait examiner 1'évaluation en quest,ion sous d'autres angles el à d'auLres niveaux pour asseoir de manière satisfaisante et non lacunaire 1a manj-ère dont 1e conLe construit des représent.ations sur 1'homme et 1a femme2, car 1a lecture que nous venons de proposer est restrictive.

Rappelons que ce déguisement nécessaire se rattache au savoir en tant, gue reconnaissance de "1'ordre des choses', pour que 1' obtention d'un "bon cheval" par 1'héroine ait, lieu dans 1e C27 1

2 A ce propos, nous aurons tendance à priv11égler pour l'examen de ce volet les séquences où 1e rapport homme / femme est mls en scène de manlère beaucoup plus représentative que 1a simple mise en rapport, de figures terles gue "cheval" et "mure". ces séquences sont précisément cerles où i1 est question de mariages (cf. notre troisième partle).


..._...T

134

Dans 1e cadre de ce rapport, une question s'impose: 1es

occurrences constitutives de 1a rubrique de 1'animal sont-e11es

toujours mises dans des contextes où 1'humain est mis en scène? Pour répondre à cette question, i1 faudrai'u examiner et reprendre chacune des occurrences de 1a rubrique. Prenons par exemple ce11e de /1-Hu1i/ (ar), /lzmer/ (ber: mouton) qui nous

paralt intéressante dans la mesure où ses conLextes montrent qu'e11e fonctionne comne ce qui se fait substj-tuer à 1a fi11e répudiée par Ie père ou la mère eL destinée à être égorgée: le C7 et 1e C29 , entre autres récits, en donnent un exemple. C'est dire que la vie de 1a fiLle dépend de 1'égorgement du mouton. Ce rapprochemerrt entre 1'égorgement du mouton et la vie de 1'humain (f111e) se retrouve déjà dans CL: 1e père égorge un mouton à Ia suit,e de quol son fils est régurgit,é par 1'oi"u"u1. Contentons-nous de ces deux exemples pour montrer

que

1'égorgemenL du mouton est un€prescription qui rend possible

la négation de Ia mort de 1'humain pour le maintenir en vie ou pour lui rendre 1a vie provisoirement n1êe (cf. C1). En fait, nos exemples sont récurrents dans 1e corpus, chose qui rend fonctionnel I'égorgement dans une configurat,ion discursive2. 1 Voir les séquences du retour de Leila et son cousin de la montagne vers le village et du père ayant égorgé un mouton pour 1'offrir aux oiseaux (aigles) dans notre traduction de Ia versi-on.

2 Citons entre autres: C7 z / 1-eebd dbeH waHed 1-HuIi f-blaSt bent 1-malik/ ( ar: 1'esclave égorgea un mouton à la place de la f11Ie du roi); C18: /mf aw 1-xxut, debHu waHecl 1-Hul1 (waHed j - j ru ) w 1-bent, eTaw-ha 1-fL nas yrebbiw-ha/ (ar: 1es frères égorgèrent un mouton (un chiot,) et confièrent Ia fille à des gens pour

(suite...

)


135

Ce caractère fonct,ionnel s'actualise selon deux cas dans

1a

conf igurat ion:

1. Ia conjonction entre 1'humain et 1a vie sans que soit présupposée une mort définitive (effective), exige l'égorgement de 1 'animal domestique ( mouton , chiot, lapln , 1ièvre ) ;

2, inversement, dans Le C24 , 1'usage de 1'égorgement d'un mouton est dans 1e Sens de valider 1'égorgement de 1'humain égorger Lln ( Ies brus ) : 1e beau-père de ces dernières fait mouLon gu'i1 falt imprégneI de se1 -motif sur leque1 nous reviendrons- et le soir, i1 rassemble ses fiLs autour cie cë mouton; ensuj-te r i1 ordonne à Çhacun d'eux d'égorger sa femme. .

.

Ici, 1'égorgement propose une inversion de fonctionïleffiê11t dans 1a mesure où dans C1 et C7 par exemple, c'est par )-'égorgement que S'annule dans le programme Ia mort visée pollr être att,ribuée à 1'humain, alors que dans le C24, 1'égorgemenL des femmes dans 1e Programme est vaiidë par 1'égorgement préaIable d'un mouton Si nous faisons provisoirement abstraction de C1 pui§que 1', humain n'y est pas dest,iné à 1'égorgement dans 1'espace de 1a forêt, nous verrons que f inversion se réa1ise selonl 1. C24r égorger un mouton pour ordonner I'égorgement des femmes fait du premier acte ce qul valide 1a réalisatlon de .\

'(,,.suit,e) ) C29 z / L- €bid ddaw 1-bent I - 1-Gaba ÿ, xellaw-ha/ (ar: les esclaves emrnenè rent et êgorgèrent un mouton à sa place ) C? : /xu-ha ma sxa / bi-ha w dbeH waHed 1e frère ne put égorger sa soeur; iI Iièvre (un lapin) ).

I'é1ever

;

;

debHu waHed 1-Hu1i w la fille dans la forêt I-rneb (1-gnina)/ (ar: égorgea à sa place un


136

1'ordre: iI y a ici un ordre chronologique dans Ie sens où le premier acte doit, nécessairement précéder 1e second ( 1a performance -égorgement, des femmes- exige et présuppose une compétence par J-'égorgement du mouton); crdonner 1'égorgement de 1'humain , CL8, C29 (1a fi11e) sans que cela solt préalablement validé ou rendu 2,

C7

possible par 1'égorgement d'un mouton, est transgressé ; êt, justement, 1e fonctionnement est tout à fait isotope en ce sens que 1'égorgement du mouton dans cette configuraLion annule celui de 1'humain (ia fil1e). De ces deux remarques, nous déduisons que 1'égorgement et

1e non égorgement ne peuvent affecter l'humain que s'i1s se soumett,ent, êrr tant qu'actes, aux conditions de 1'égorgement de 1'animal (mouton, chiot,... ) dans Ie sens où c'est ce dernier qui implique la possj-bi1ité ou f interdiction implicites d'égorger 1'humain. Dans ce sens, nous arrivons à repérer ce qui entre en jeu clans 1'êgorgement pour signifier Ia force de permett,re l'acte de donner la mort ou de ie nier dans 1e sens de 1e neutraliser. Si 1a figure du mouton persiste par son itération dans Ie corpus, iI sera évident qu'i1 s'agit d'un motif qui comporte une charge cu1t,urel1e relative à 1'humain. Ceci dit,,.puisque dans 1e conte i1 apparaS.t comme figure à laque11e peuvenL se substituer d'autres (cf; chiot, 1apin, 11èvre) dans une même configuration, nous pouvons avancer f idée que ce ne sont plus ces figures qui importent, mais Ie résultat immédiat de 1'égorgement dans Ies parcours, à savoir 1e sang. Ce sera, êD fait, cê résultat que nous devrions considérer comme mot,if


137

puisque c'est ce qul sous-tend 1es parcours quelles que soient,

les figures animales que nous venons de citer. Le sang sera un trait invariant que nous considérerons, empruntons 1e terme à J. Courtès, comme "noyau notiféntique". C,est aussi ce qui_ assure re disposiiif d'ensemble auquel est, sous-jacenLe une struct,ure syntactico-sémantique. Dès 1ors, 1'égorgement, est loin d'êLre ramené à de simples "événements" de substitution au niveau narratif de 1'acteur (fi1le) à une figure de trait animal pour ra préservation de ra'vie humaine. l1 est aussi loin de ne représenLer gue re rile qui rend permise ra consommation de 1a viande du mouton préparée pcur 1e dl,ner dans

le c24. D'une façon généra1e, i1 entretienl un rapport étroitavec une initiation à la vie et à La mort dont, res représent,atiorr"l dans 1e conte sont di:,,erses. pour ces représentations, citons par exemple cel1e de z's-sabee/ icu /s-sbue/, ar. et ber.: baptême, 1itt. le 7e jour) dans C2g qul est,, en soi , selon une sémantique lex j.cal"e r ljil passage d, un état à un autre par 1'acquisition d'un prénom: une forme de vie. Aussi , 1'accès à un espace, apparemment impossible à at,têindre dans C252, est rendu possible par 1, égorgement (1itt,. "1'écoulement du sang d'un animal domestique,'). À ce niveau, nous devri.ons préciser que 1,égorgement se précise dans nos contes selon au moj.ns deux cas,

1 C"=

représentat,ions se manifestent par tout ce qui exige /t-Le,ergibal (ar), /aeerqeb/ (ber: sacrif ice d,un animal en signe de soumission), voir M. BEAUSSIER, op. cit. 2 /n"1d l-malik dbeH waHed l-Huli... w dxul I-1-qSer / Ie prince égorgea un nouton pour entrer dans 1e palals). lart


F lm

,il,

138

rllir

1. 1'égorgemenL, dont nous retenons 1e sang conme motif, est vu sous le seul angle du rituel (cf. C28); 2. 1'égorgé (1e mouton) cuit,, imprégné de seI et destiné à 1a consommatlon -contrairement au mouton égorgé darrs 1a forêt- est un parcours où uu investiSsement sémânt.ique s'ajoute par rêpport, à celui du rituel; on y reiève des indications d'ordre cultUrel sur 1a Consomniation ou La nourriture: "Cui-t" et "Sa1é" Sont des traits aUtour deSqUels Une ouverture de lectures peut êt,re exploitée caI ce sont des oceurrences récurrentes dans notre corPus. Par ai11eurs, i-orsque 1'anlmal égorgé n'es! pa§ un mouton -prenons comme exemple 1a perdrl-x dans C25- le contexte situe

acte dans un cadre spat.la1 qul n'esL pas culture I et q'cii conditionne généralemenL 1a conjonction Ou héros avec 1'héroiner 1a perdrix est porteuse d'un cheveu qui détient ia vie d'un génie (feme1le) qui garde prlsonnière 1a femme visÉe par 1e héros. Pour vaincre 1e génie (femelle), 1e héros dolt 1

'

égorger 1a perdrix,couper 1e cheveu qu'e11e garde conterru

dans

ses entral11es1. . . Ici, 1a perdrix entle en jeu dans une configuration qu1 s'apparenterait à 1a première s'i1 n'y avait pas 1a mise en scène de 1a figure actorielle /l-eefrit,a/ (ar: génie femelle), qui exige qu'i1 y ait, dans ceLte configuration un effet, fantastique. Par cet effet, 1a substitution de "perdrix" par l'une des figures gue nous avons déjà citées 1 Zgb"p waHed 1-Hei1a dbeH-ha w glee bi-ha Hejra w herresha w tga fi-ha /eera w geTTeÉ-ha v, we1la 1-dar 1-eefrita 1ga-ha miyyta/ (ar: iI (1e héros) attrapa une perdrix et i1 1'égorgea; ensuite i1 enleva de ses entrailles un caillou qu'i1 cassa; dans Ie cal}}ou iI trouva un cheveu qu'il coupa en deux après quoi il retourna chez le génie (femelle) qu'iI trouva morte).


139

pour 1es raisons investies dans 1a figure même de "génie": plusieurs feuillets sont ici mis en contexte pour proposer plus d'un plan sémant.ique dont 1a slructure rejoint d'ail-leurs 1'organisation syntaxique. Ces effets ne sont pas dûs à Ia seule figure (génie) car Ia ptrdrix est aussi un motif qui appara1t. dans des contextes de dimension clevient, difficile

fantastique; 1e C10 où e11e représente 1e paraLtre de 1'héroine en est révélateur; mais 1à, i1 s'agit d'un contexte différent de celui de 1'égorgementr cê qui gère 1a const,ruct"ion de La configuration n'est pas Ie "sang" mais des associations entre figures dont 1'effet est 1a métamorphose de i'humarn (fi11e, femme) en oiseau (perdrix ou colombe). Pour en dire un mot, 1'utillsation du fantastique dans 1e conte s'appuie quel-que part dans 1a configuration sur des traces 1j-nguist,lque de 1'oiseau, dit colombe ou perdrix, dans un sens métaphoriquel. Bien enterrdu, ce sens est utilisé dans Le conte sel-cn

deux

plans: tra métaphore en Èant que figure sert à Ces fins d'investissement qui ne sont pas dlrectement ce1les du coRr-Ê; mais ce sens est tout de même récupéré pour êt,re utillsé dans url contexte fantastique intrinsèque à notre conte { son actualisation dans la métaphore est SouS-jacente syntaxlquement et sémantiquement à 1a configurat,ion). En général, ce procédé narratif semble ne retenir que "1e retour" de la femme-perdrix (colombe) à son état de femme 1 En arabe, cê sens est at,testé dans par exemple 1es chants populaires; citons entre auLres /1-mraH 1-eaIi vr j-jnan gbal-u w l-Hmam yruj fi-weST-u/ (ar: près (en face) du verger, dans une cour dont les murailles Sont hautes, Ies fi1les se pavanent comme des colombes ) i en berbère, /Sasekkurg/: la perdrlx, est utilisée couranment dans ce sens.


,ü flr

fi

t 140

qualifiée de be1le1 d"n" tous les récits où apparait 1a configuration qui se résume par la perte êt, ensuite, 1a récupération de 1'apparence physique d'une femme 9ui, à 1a fin des contes, est souvent épousée par un roi. Essayons d'en dire un peu plus pour mieux cerner 1es contextes d'Utillsation de "1a perdrix" (ou cie "1a colombe"). Dans 1e CL0, "1'aigui11e", en tant que motif récurrent dans d'autres contes du corpus, est ce par quoi 3e réa1ise 1a métamorphose de 1a flIle en colombe. Comparativement à cette métamcrphose, selon un autre contexte, fe C222 propo§e Ia lecture d'une jonction entre "1e sur-humain" et "1'humain" par f intermédiaire de 1a colombe. De manière plus précise: si dans 1e C1O "1a colombe" est en fait le paraitre de 1a fiIle {p colombe; ê : fi1le), dans Ie C22, e}]e est le paraltre Cu "sur!

du /ruHani/ ( ar: génie ) ) . Dans ce contexte, commenL 1e conte réalise un arrangement entre f inveslissement séiirantique dans "colombe" relativement à "1'humain" dans C10, el le staLut actoriel des filIes dites /yessi-s uruHani/ (ber: fi11es du génie)? I1 est évident que "1'aiguil1e" ne peut

humairr" ( fille

assurer un quelconque rôIe dans ce conLexte du C22 puisque les lsotopies sous-jacentes à 1a configuration où e11e fonctionne syntaxiquement et sêmantiquement, sê limitent

à "animal

1 A ce propos, rappelons que " 1a femme déguisée en gazelle. . . " clans C1 peut -en tant que déguisement ou métamorphose- êt.re Iu sous cet angle: " gaze11e " re joint "colonbe" r "perdrix". 2 /r1* giouirin nni ô yessi-s uruHani ... ssersent trL! nsent dewlent 6 lxalaS/ (ber: cês colombes ét,aient en fait 1es fi11es du génie. . . elles déposèrenL leurs plumes et devinrent subitenent des femmes).


141

(colombe) t

pourt,ant,, f investissement humaln (fi1Ie)"; sémantique dans "colombe" persiste dans C22. A ce propos, de manière explicit,e -comme si toutes ces

questions avaient été prévues- 1e conte C22 r:LLlise /rrifl et ber. r plumes) au lieu d"'aigui11e"1. Par 1à /rrLf/

(ar. rend

isotope 1e statut actoriel inltial ( fi11e de génie ) et le slatut final ( f111e humaine par f int,ermédiaire du mariage avec 1e héros): /rrifl qui désigne métonymiquement 1a colombe {ui, à son Lour, cIésigne métaphoriquenent la beauté de 1a femme, est un médiat,eur dans 1a t,ransformatj.on du premier statut au second.

autre volet, "1e vo1" intrinsèque à "coIombe" (ou percirix) n'est pas sans rappeler I'ascension au sens large du terme, valorisée par une thêmatisation propre, comne nous Sous ,un

I'avons déjà vu, aux contes. La montagne dont, le fonctionnement semble privilégj-er 1a réussite de 1'épreuve du héros dans CtLz par exemple, renforce cel investlssement par 1e vo1 de 1'oiseau au profit du héros dans C22. Le vo1 devient 1'élément qui soustend 1a transformation ei, 1a mise en place d'un thème qui subsumerait 1es contenusr inversé VS posé, si nous retenions

1e parcours narratif

héros. L'épreuve dont la lut,t,e ou Ia confrontation du héros et de 1'anti-héros n'est qu'une forme représent.ative, n'a de but, que celui d ' indique r 1e t,hème de du

'/yisi rri/ j. yi/t n teôbirâ TTareH TTameTTuO/ (ber: i1 (Ie héros) saisit, les plumes de 1'une des colombes; celle-ci ,t

demeura femrne).

2 Zterrl yenna i wessar nni ayetJa a rruH aôrar a neqqel mani-s r{u x-s izemren/ (ber: 1'ogre dit au v j.eux: demain nous irons dans 1a montagne pour voir qui peut la détruire ( 1a vaincre

))

.


FT

Ë"

t i

I I

142

il initiation

dont la sanction sous-jacente est la reconnaissance du sujet comme héros. ce st,atut est, du point de vue actantiel, purement f onct.ionnel: comme dans l-e c1 ( à prCIpos des cheveux de teila qui permett,ent au héros l,ascension de 1a montagne ) , dans Ie cz2 , le vo1 de la colombe s'avère ce qui rend perf ormant Ie héros pour bénéf icier de ce stat,ut,. 11 en est ainsi dans c3 et c24 dans ra mesure où /n-nser/ (ar; vautour) accorde au héros 1e pouvolr faire le voyage à travers les sept cieux en échange de sept perdrix sous forme de contrat. La digression serait trop longue i nous préférons réserver à cette conflguration une analyse plus détai11ée. Quant à certaines autres unités que nous n'avons pas pu intégrer ici, nous 1es étudierons ailleurs selon Ies exigences d'organisat,ion de notre étude

3. Ouelqueg objets de consomuation

L'une des rubriques relat,ivement riche quant aux occurrences qu'e11e comporte est cel1e que nous appellerons "nourriture". ce terne est, dit, /makla/ (ar) et /maLfa/ (ber) qui signlf ient aussi" 1 'al-imentation d'une f açon générale. Nous ne reviendrons pas sur "1e comestibre" exigeant

qu'i1 soit cuit et sa1é (cf. p. t?+) mais partlcurièrenent, sur quelques occurrences redondant,es dans re corpusr ra poBme par exemple est dotée du pouvoir guérir lorsqu'er1e est donnée au


143

héros par / 1-muj erreb/ ( ar: Ie sage , 1'expérimenté ) ou par /1-fqih/ ou encore, lorsque 1e héros dolt part,ir à sa quête au de1à des sept mers ou au septième cie1... De prime abord, nous constatons que 1es pommes ( ou 1a pomme selon 1es cas a1:paraissent dans un contexLe tiguratlf où l-'espace comporte, d'urre manière ou d'une autrer une caractéristlque particulière: )

un a j-11-eurs dont I'une des f igures le repréeentant est ia

mer

dans c221. Dans ce conte, 1e héros esL soumis à 1'épreuve

de

la quêt,e des pommes dont Ia fonction n'est pas Ia guérison comme c'est 1e cas dans d'autres contes, mais 1'ati.ribution all hércs rlu por-tvoi.r-épouser 1a f i11e <iu génie. Curieusement, Cans ce parcours de 1a quête interviennent 1'égorgement et 1a cuisson de 1a colombe pour rendre posslbie L'accès à L'es5,acr (mer) et 1'acquisition des po**"*2. I1 semble que c'est cet'Le cuisson qui rend culturel -du point de vue du hércs- 1'espace; en quelque sorte, "f impossible à réa1iser" devient poss:-bIe par cette voie comme pour 1e cas de 1'égorgemenL du moLltor-r à faire cuire et à imprégner de se1 pour que 1'égorgement ries f emmes soit permis selon 1e conte (cf . p. '1 35) Nous venons de signaler que " 1a pomme " apparaît cians l-a configuration discursive comme ce qui guérit Ie roi malade. -sa quête est explicitement assumée par un sujet dont, Le statut est .

L /tt"ffaH n yiJt, n t,teffaHà ôegg idjn weôrar ôi lweSg l-lebHer/ (ber: 1es pommes d'un pomnier qui se Lrouvait dans une morrtagne au milieu de la mer ) .

2 /*i Ga GerSeG 1 inan inu senw aysym inu aI Ga yeHDa ô RRwa RRwa nni yegga abri6 aI êateffaHÊ.../ (berr Çluand je me serai exécut,ée fais bien cuire ma chair jusqu'à ce qu'e11e devienne du bouiIlon... Ce bouillon jeté dans Ia mer fit un chemin jusqu'au pommier) .


t44 représent,é par 1e lien qui Ie relie au roi:1e héros est Ie gendre du roi. ce lien se maintient dans tous 1es parcours où

entrent, en jeu 1a quête des pommes. Dès iors, cê motif peut être rapproché plus de ce lien dont l'effet, se rapporte au

st.atut du suj et mis en scène ( héros ) que du simple sens "comestible" par 1e roi pour permettre sa guérison. ceci esi ,i'ailleurs f ac11e à comprendre par la lecture ô,e C22t 1e Eérrie de ramener 1es pommes non pas pour qu, e11es servent à une quelconque guérlson mals pour sanclionner ses

demande aLl héros

performarrces en iui accordant, 1a main de sa fi11e. Àinsi, ce t.hème du mariage avec 1a f ille du génie est soLis- jacent, sous

diverses f ormes, darrs 1es cont,es qui mett,ent en scène des sujets humains: héros, roi, fil1e du roi. ceci- nous ramène à certaines considérations à propos du mariage, de 1a fertil_ité et de 1'arbre fruitier, notamment 1e pommier. contrairement à "pomme" dont f investissement ne vise pas 1'actuaiisaiion du Ërait "comestible" pour produire un ce;iaj.n

effet. sémantiquel, "1es fèves" dans c1 ( 1e mari mange Les fèves au lieu de les planter), est une figure qul fonctlonne, dans ce conte particulièrement, pour signifier 1a rupture du lien conjugal: étant consommées par 1e mari, 1es fèves n'assument plus leur fonction. r1 aurait fa11u qu'e11es soient plant,ées pour signlfier scus forme d'effet la fertillté et Ie maint,ien du mariage en tant, que iien conjugal. Dans ce sens, 1e sujet, représenté par 1e héros dans 1a quête des pommes

1 l1 nous semble que ce sont Ies associations entre "mariage", "f ertilité", 'vie,', "vert". . qui sélect,ionnent, f investissement sémantique de "pomme". .


14s

réalise en général une ascension dans 1a montagne, dans 1e septième ciel ou au-de1à des sept cieux oU, de manière plus renforcée, dans Ia montagne qui se trouve au milieu de la mer, alo::s que Ie mari dans C1 réalise une descente dans 1a grotte où iI consomme Ies fèves: le mari est ici tout le contraire du héros. Dans un certain sens, Ia consommation des fève*1 prt le mari dans C1 est au fond un parcours nettement rapprochable de 1a négat,ion du statut du mari viS-à-vis des épousesr 1a rupture du lien, dite explicitement dans le conte, est dite implicitenent par "fèves consommées (mangées) au lieu d'être

plantées". A ce propos d'ailleurs, rappelons que La pomme dans 1'autre configuration n'est jamais consommée par 1e héros puisqu'e11e est destinée, lorsqu'e11e est dite consommable, au malacle ou à la f emme stérile; f isotopie sous- jacent,e, à savoi-r reste 1a vie par 1a guérison et 1a fécondité (ou fertilit,é), identique.

4. te notif

de 1'habit

D'une manlère générale, les occurrences des habits sont

porteuses de valeurs dont les effets Se rapportent à identité des acteurs: 1'hablt a pour effet de donner

l voir H. HERCTER, op. cit. /tuL/.

une

des


746

indications sur une image de son porteur par une modalisation selon 1, être et 1e parait,re. Le cont'e utilise ce procédé fonctionnei de 1,habit, pour narraLiviser des rappoïts entre sujets; 1es statuts modaux de ces derniers sont largement manifestés dans des contes comme _. lo /':o1 hÀç çr> .Har cette f onction , L, habit est un motif dont 1',utilisation est souvent sltuée à des plans contextuels expédiés à url niveau de régu1arit,és syntaxique et sémant'gue souvenL imprévlsibles. Dans cette perspective, des effets de sens sont actualisés dans 1e conte; 1,exemple de /r_Hzam/ (ar), /oaHezza*L/ (ber, ceinture) en rémolgne dans ra nesure où son r-rtilisation, 1iée à 1a parure à proprement parler, est 10in c1',être actuallsée comme telle dans 1es conLes, car son utllisation dans 1e C192 par exemple, rejoint ce11e proche du langage usuel de manière lndirecte3. un sens globaL peut être retenur /r-Hzam/ a un sens qui peut éventuellement désigner ou référer à un rapporr intime entre l,homme et 1a femme. Dans c39 ' 1e serment émis par 1e roi sert à indiguer un jeu implicite qui consiste à nier 1e croire du dest,inataire. ici /.-'Hzam/ occupe une position centrar.e dans 1a manif est.ation du discours; i1 est 1'objet sur lequel porte 1e serment pour

1 trr^t *lHgd j-je1laba waHed 1-qe//aba w waHed R_Re (ar: e11e ( Ia f i1le j J;*"f."t" wune zza/ d j elf ira, une blouse à marrches courtes et en l_aine "upu"fron et un turban). 2 /eahd,lIah Hzam-ha eemmri Dieu ( i e te j ure ma /eft,_u/ j; (ar: litt. par Ie

Xli}iil" ,1"

) ;;"

n'ai j.;"r; vu sa

3 -. est de coutume que 1a_femme porte - 11 1es mariaqes traditionneis, ,1e rituei a"une ceinture; dans 1a ceinlure,, se dérou1e le lendemain ae--il-nuit de noces.


L47

rectifier

1e croire

du mari de Ia femme. C,est ce jeu relativement po1émique par 1'utilisation de cette figure à un du mari et sa mcdalisat. j-on par

niveau coqnit.if : 1e croire

aux" assuré pàr ie sermetrL, qui 1égitime 1e sens ,ie "ce qui f ait d'une f emr,re une f emme " (un sens dépiacé qui dési.gne la

"f

f emme darrs

un serls précis

).

En dehors de ce jeu /l--Hzam/ est util:sé dans c5 ccmrrre irrstrument pour donner queiques cotrps à 1a iemme à 1a suit,e ce ,{uoi cette dernière devient une vache. Noions que i'tisage est, ici dép1acé: au lieu d'ê'ure porté par l-a remme, /l--Hzami sert à donner des coups. ceci nous rappe11e, dans une certaj.ne mesure, 1'usage de 1a bague: âu Ii-eu d'être porl-ée, eiie est mise dans 1a bouche. Dans 1e cas de /1-Hzam/ nous acimet,t,rons que Les coups signifient

en querque sorte 1a nétarnorpticse

vache dans Ia mesure où La femme "n'aurait

en

pas dt" recevoir ies

coLlps et, à plus forte ralson, ceux de 1a eeinlure. A:.risi pcLir

la bague: La femrne "n'auraiL pas dû" 1a mettre dans ia bouche ou, d'une façon plus généra1e, Cêpiacer 1'usage <ie Ia ceinture ou de la

bague, sê rapproche, respect,ivement dans 1a cotrfiguratiorr, de "métamorphoser en vache 1a femme" eL de iui dr)hfiêf

1a mort,

parcours

que chaque récit,

manif este

narrativement à sa mani-ère. Enfin, d'après notre sens de /l-Hzam/ qui sert à désigner 1a

, nous nous apercevons qu'i1 comporie quelque mystère qui sert à une construction dans c5 d'un aspect de "

femme. . . "

1'ordre

du fantastique:

son usage déplacé ne retire pas seulement 1e t,rait "humain" à Ia femme, i1 peut a1ler jusqu,à

lui

donner 1a mort ( cf

1'égorgement de 1a

femme-vache ) .


148

Partant de cela, ir suffit de rappeler quelques associations figuratives dans 1e cadre des formes narratives qul s, y rapportent pour reconst,ruire leur mise en discours: 1es séquences narratives de c5 et, de c19 1e monlrent assez c

1ai rement

.

ceci dit, d'un autre point de vue, /l--Hzam/ d,ans nos contes est une occurrence dont, les contextes cités semblent ne pas entretenir de rapports si nous ramenons cÊs contextes à ce que nous venons d'appeler "mét,amorphose". ce procédé n,apparait pas dans c191; mais i1 peut aisément rapperer La confi.guration

où apparait 1'aiguil1e qui transforme 1a fi.11e dans ci0 colombe ( ou perdrix

en

).

Du point de vue syntaxique sous-jacent à 1e métamorphose,

ces deux cas laissent, entendre que seules i, aiguLJ.1e et 1a ceinture sont dotées du pouvoir transf ormateur. En f ai-r_, dans c5 et c36 , 1a métamorphose se réal-ise aussi par l_, eau2 qui métamorphose respectivement 1e frère de 1,héroine en faon, I 'esclave en maitresse et ra maitresse en esclave. ces

transf ormatiorrs dans lesquel-1es s'inscrit

un jeu de 1, êire eL du paralt.re des métamorphosés, soni assez curieuses sl nous admettons qu'i1 est possible de faire abstraction des contextes partlculiers à chacune des figures dans 1es versions prises en

1L. séquence finale du récit précise que la femme, propos de laque11e le serment est fait par 1e roi, est tuée parà son mari. 2 C5, /uma-s n DDawya yeswa zi f-lGzal i6we1 ô tlzaL/ (ber: dè.s que re f rère de DDawya butOit de la source des gazelles 11 devint un faon i c35: /min /erbet b-1-ein nta€ r-kuHel werlat keHla/ (ar: dès qu'el1e but de 1a source des noirs, eI1e devint noire).,


L49

considération. D 'un point de vue é1émentaire, ces figures s'inscrivent dans des parcours que nous pourrions ré sumer :

- "celnlure" I

I

t

opérer

)

t. f emme (co-épouse

- "aiguil

t

f11 1e

vache

)

1e" { femme

- "eau" (des

eolombe (perdrlx)

)

esc laves

)

.t,

fi11e blanche ( maltresse eau (des gaze 11es)

)

escLave ( noire

)

f

É

jeune

homme

faon

Remarguons qu'au niveau syntaxiqu€, pour que

le retour à 1'être humain des sujets métamorphosés se réaIise, les mêmes flEures assumeront 1e rô1e du sujet transformateur. L,exception est fait,e pour "ceinture" Çui, dans c5, ne peuÈ assurer ce rôle si nous tenons compt,e de 1'univers sénantique du récit qui est en part,le 1'histoire des orphelins. En gros, dans ce récit,, la mère est à 1'ét,at f inal con jointe à 1a mort, (ce point de vue retient 1 'égorgement ) ; mais cecl , comme nous 1'avons deja souligné, est reratif car tout en étant, morte, ra mère dont les os sont, enterrés contlnue à nourrir ses enfants: une forme de vle. Les nises en discours de nos figures attirent, r,atLention

â plusieurs égards. §ous avons déjà reconnu une structure


150

synt,axique au niveau de 1a métamorphose assurée par 1'aiguille

et 1a ceinture; ajoutons à cela que ces deux figures fcnctionnent dans un cadre contextuel qui consiste à séparer de l-eurs maris ce1les qui en subissent 1'effet. Au fond, cê fonciionnement est implicitement dit par des traits lexicaux. D'urr côté , / L-Hzarn/ se met 1à où §'uni-ssent les parties supérier:re et inf éri-eure du corps, proche de ce qu'i1 désigne chez 1a femme (parties intimes); eL dan§ ce sens, nous pouvons

dire qu'iI unit, entre ces parties tout en les séparant. De I'autre, 1'aiguille, comparati-vement à celnture, sert aussi à unir entre parties séparées d'un tissu, d'un habiÈ. '. quI seraient portés par 1a femme désignée indirectement par "ceinLure". D'un point de vue configurat,if, nos moLiis s'apparentent sémantiquemeut même s'i1s sont uti1lsés dans ces parcours particuliers en s'associant à d'autres figures. Ces associations particulières sont d'ai1leurs tout à fait prévisibles suivant les "besoins" des récits pour des fins <ie thématj.sations particulières. Quant à 1'eau, bien qu'elte apparaisse comme représentation du pouvoir transformer 1'être humain en animal (faon ou ânon selon 1es versions), e11e n'est guère susceptible d'être rapprochée de 1a ceinture et de 1'aiguille. C'est-à-dire que Ia forme de "déshumanisation" inscrite dans 1'animal est syntaxiquement comparable à cel1e dlte dans "vache', "colombe" I mais 1'eau est aussi dite transformatrice de 1'humain (cf . C36) en esclave dont 1e trait dépréciatif est, clalr dans Ie récit, chose qui ne nous éclaire guère sur un fonctionnenent sémantique comparable à celui des motifs ci-dessus. Toute autre


1s1

serait, notre lecture si cette eau n'était pas "eau des esclaves" et "eau des animaux" à moins que 1'on considère que Ie parcours "boire de 1'eau des esclaves (ou des animaux)" pour deveni.r -transf crmatiorr synt,axique- respectivement " esciave { ou f,aon, ânon) ", est sous-i,endu par une structure qui rejoint, cel1e du "devenir colombe ou vache" assurée par L'aigui11e et l-a ceinture, Dans ce eas, 1es figures (colombe, vache, facn, ânon, escl-ave ) seraient un représentant ou "une instance" centrale cl'une catégoriel; e1les ne se p11ent pas f orcémerit à des rapprochements ou même si el1es peuvent L'être, Les Lrairs qui 1e permettent sonL peu opératoires sinon non pertinents quand on considère Ies thématisations particulières à chacun des contes qui 1es utilisent. À ce propos, on voit. que 1a structure syntaxique n'est opératoire dans 1'étude de 1'organisatiorr d'u:1e conf iguratlon que si e11e a en quel-que sorle 1'aval de 1'organisation sémantique cians l-'ensembl-e du dispositlf narratif, Ie conLe i car 1'eau particuiièrement, seion ses contextes d'utl1isation, ûê peut être réduite à un simple rô1e synt.axique qul assure 1a transformationmétamorphose. Son invest,issement sémantique apparait, nous semble-t-i1, lorsqu'e11e comporte un sème de "purification" plutôt, que celui de "boisson". Cette nouvelle voie de lecture s'impose par f intérêt que 1'analyse y trouve selon la construction de 1a configuraLion discursive d'un effet de sens en tant que représentation cult,urelLe: dans ce sens, 1e sème cle "puri-f icat,ion" plutôt que celui de "boj-sson", investi dans 1^

\J

1990

, p.

KLEIBER, 48

La sénantique du prototvpe, P.U.F. Pari-s,


t52

1'eau, est intéressant à retenir; 1e C11 que nous pouvons prendre comme référence pour éclairer ce point. de vue, utilise justement 1'eau pour des fins précises: "se laver", avant que soit céIébré Ie mariage, âcquiert une signification fonctionnelle qui correspond à un dispositif syntaxique et sémantique global du récit, qui 1'exploite au profit de "la purification" signiflant un rite avant 1'union afin de rendre sacrée cette dernière. A préserrt, reconsldérons ce que nous avons essayé de rapprocher par "1'habit" -la ceinture et 1'aiguille- sous un autre angIe. Pour ce faire, rappelons que "1a métamorphose en vache" n'est pas Lransformée en une conjonction de 1a fenne subissant des coups de ceinture avec 1'être-humain; par conLre, f'1a métamorphose en colombe" est transformée; 1a femme reLrouve

son être-humain dès que 1'aiguiIle est ôLée de sa tête par

1e

Les organisations syntaxiques de ces Lransformations comporterrt quelques effets de sens: 1'aiguille , par sa ccnjonctioÊ avec 1a femme-colombe, fonetionne pour prohiber f irrceste dans C10 oü, plus généralement, pour romPre un mariage ( cf. C3O et C35 j2 et, aussi, pour permettre un mariage roi.

1 /arba nni yenna i yebbwa-s ô yemna-s ur ôa Gir a6 awyeG Sayoiê u uHHIen ôi-s aweddi ma aLawye6 êayôi§ ôi wneggar qeblen yenna i yemma-s sewjeô aman bal Oayôi0 a tessireô/ (ber: 1e jeune homme dit, à ses parents qu'iI épouserait Ia chienne; ses parents tentèrent de Ie dissuader; à 1a fin, i1 acceptèrent.

Le fils

dit alors à sa mère! prépare de 1'eau pour que 1a

chienne se lave (avant que le mariage soit céIébré)).

2 /0amGar9 n bbwa-s 0egga-s ifï n tisSinef0 ôi wzellif nettaO a teôvüeI ttaôbir0/ (ber: 1a marâtre enf onça une aiguille dans Ia tête de Ia fille; subitement, Ia fi1le devint une colombe ) .

(suit,e. . . )


153

non j.ncestueux ou tout simplement 1e rét.abIir colombe-femme en est dlsjointe.

de 1'aigui1le

Ce

dès que Ia

fonctionnement, à 1a manière

qui unit entre parties séparées d'un tissu, t.ient

compte narrativemeirt de "1a séparatio[",

de 1a "désunion" êt,

ensuite , cle 1a " ré-union" seion des règIes cu1turel1es. Par cette l-ecture, 1a disjonction de la femme-vache de son

être,

sans que solt, prévue une re-conjonccion avec l-'être-

, s'explique par ia rupture du lien conjugal entre 1a vache-femme et le marj-; en somme, là où I'aigui11e joue le rô1e femme

d'unir dans 1a configuration du inariage suivanL fes conditions développées ci-dessus, ia ceiniure

intervient

dans un autre

type de conf iguration où ie mariâg€, ou pJ-us exactement 1e l-1en ccnjugaJ-/ est rompu p(:ur une raison qui nous semble tout à fart

convaincanLe: 1a ceinture n'assure pas sa fonction 1'aiguille-

d'unir

-comme

entre parties physiques; son rô1e dans

1e

conte est déplacé (e11e sert à donrrer des coups au 1i-eu d'être portée par la femme). C'est dire que L'aigui1le

et, ia ceinture

assLrrerrt des Lransformations dans les cc,nfigurations toui

en

y j-nscrivant des effets de sens exploités dans 1a stru.cture

sémantique de chacune des corrfiguratiorrs; mais -toutes

proportions gardées- ces configurations sont suscept.ibles d'être analysées sur un même plan à condition que quelques trait.s f onctionnels d j-st,inctif s soient précisés. Le niveau syntaxique sous-3acent à 1a transformation: "perdre 1'apparence humaine'r 1'apparence -;','retrouver 2(...suire) /refget 1-ha waHed f-ibra f-r-ras we1Iat Hmama / (ar: eIle lui enfonça une aiguille dans 1a tête; elle devint subitement une Vr

pigeonne ) .

rill


154

humaine", sans même recourir à f intérêt que propose la signification de 1'aiguille, montre que cette dernière est 1a

figurativisation modale du sujet transformateur. ce sujet transformateur (une jeune fi11e: C10, 1a marâtre: C30, Ia coépouser C36), utilisateur de L'aiguil1e, use du pouvoir investi dans cette figure. C'est ce pouvoir qui virtualise dans un certain sens 1'ét,at, f 1nal avant même que 1e récit, rende compt,e de Ia réallsation de Ia transformation qul aboutlt à 1a conjonction avec 1'être-humain. L'aiguille devient, dès 1ors, 1 'unit,é f onctionnelle 1a prus importante de t,out 1e dispositif narratif au profit d'une forme sémantiquement prévisib1e. cecl dit, son autonomie fonctionnelle, en tant que virtualité, est t.out de même en décalage par rapport à La narrat.i_vité succession d'états et des transformations- dans nos récits, car 1'aiguille en soi, vue sous 1'angle lexical ( elle serÈ à coudre ) pernet de réaliser une union présupposant une séparation, ou une conjoncLion présupposant une disjonction, entre parties de tissu, Or, 1es récits posent un état, disjonctif lorsque Ia femme est con'iointe à 1'aiguille: ce11eci est dite enfoncée quelque part dans 1a tête de Ia femme; 1'état conjonctif avec 1'être-humain est impliqué par la fonction de 1'aiguille au sens lexicar au moment même où cet,t.e aiguille est ôtée de Ia tête de Ia femme par Ie roi selon nos récits. ce qui semble assez curieux est, Ia manière dont res récit,s réalisent "un déplacement" de sens rexical au profit de 1a conjonction avec 1'être-humain; 1à où 1'unlon entre part,ies de tissu exige f inÈervention de 1'aigui1le, la conjonction


15s

à I'état final, exige que 1'aiguille d'assurer sa fonction Propre:

"avec 1'être-humain

femme

cesse

n aiguille = femne-colombe;

femme U

aiguille -

femme

(future épouse du roi)

A y regarder de près, nous consLatons que 1'univers mythique dans 1eque1 sont. coordonnés deux attributs: humain (être ) vs animal-colombe (para!.t,re ) , pouvant être dans une certaine mesure comparables aux parties séparées d'un tissu, est, après tout, asSuré par 1e motif de 1'aigu111e dans 1â. configuration. L'absence de cet, Univers, dans 1e Sens où seul l'humain est retenu à i'état final des récits, correspond -ceci va de soi- à 1'ahsence de 1'aiguilIe dans 1e sens cù sa fonction n'eSt plus de rigueur. En d'autreS termes, pour que seul 1'attribut humain se maintienne, i1 faut logiquement que 1'aiguille cesse de coordonner entre deux attributs appartenanL à des lsoLopies contradictoiresr cêci est dlt dans les réeits lorsque 1e roi intervient pour ôt,er 1'aiguiIJ.e de 1a tête de la

femme.

Le problème qui s'est posé dans 1'analyse trouve vraisemblablement une réponse dans cette dernière voie de lecture: 1'aigui1le coordonne entre at,tributs selon des isotopieS contradictoires et inplique aussi par son absence Ie maintien de 1'at,t.ribut humain et 1 'union entre Ia f emme et Ie ro1.


155

A ce niveau, i1 semble que la syntaxe narrative n'est quère en mesure de nous renseigner sur f implication attendue, à savoir 1a conjonction finale qui est justemenL 1a sigrrification fonctionnelLe de 1'aigui11e, eui fait abstraction du caractère dysphorique à 1'état dis j onctif pour 1e trarrsformer en un état non pLus dysphorique mais euphorique dont 1'effet de sens sembLe investi dans la figure de "co1ombe" (ou "perdrix" ) comme nous 1'avons déjà dit. Cont,rai-remenL à 1 'aigui11e qui semble " ''imposer" (motiver par sa signification fonctionnelle lexicale une organisation synt,actico-sémantique qul actuallse f implication de l-'état final dans 1a configuration, Ia ceinture ne prévolt pas ce t,ype de fonctionnement dans C5. D'abord, remarquons qu'ici 1'univers )

mythique où sont coordonnés 1es deux attributs ci-dessus,

se

maintient dans l'ensemble du récit car la rupture de cet univers exige que 1a ceinture transforme d'une manière ou d'une autre 1'état de fenne-vache pour 1equel elle a serl,i comme f igurativisation modale. Errsuite, 1a ceinLure nous seinble ccmplètement vidée de sa foncLion: le déplacement de sa fonction lexicale est utilisé pour ne servir qu'à donner des coups.

Les coups ne pouvant être annulés, après avoir été donnés

à 1a femme, s'associent à la fiEure de "vache", alors que 1'enfoncement de 1'aiguille dans la tête -même s'iI y a 1à un cert,ain déplacement de 1a fonction de 1'aiguille, qui n'est pas total parce que cel1e-ci peut être retirée- s'associe à la figure de "eolômbe" (ou perdrlx) que 1e procédé métaphorique renforce en permettant à 1'aiguille de ne pas être vidée de sa


L57

fonction d'unir 1es séparés. ce procédé est, parfaitement absent, dans Ie premier cas, celui de la vache. Dans une certaine mesure, cê point de vue sert à distinguer entre nos figures selon ra mise en exergue de 1'univers myt,hlque: dans c5, i1 se maintient dans l,ensemble du récit; alors que dans c10, c30 et c36, i1 est rompu par la rupture du rô1e de 1'aiguille qui sert à eoordonner entre 1es deux attributs appartenânt aux deux isotopies contradict,oires ( cf. ci-dessus ) . De même, 1a structure syntaxique sert à distinguer ent.re ces deux attrlbuts dans 1es états contradictoires que chacune de nos flgures -en t,ant que rôlesimplique à 1a fln des récits. par rà, i1 devienu clair que 1'utilisat, 1on de "vache" dans ra configuration comme "résult,at'. de 1a transformation de 1'être-femme en parai.tre-vache, ne peut, impliquer un retour du sujet à son êire, car aucune ut,ilisation

en tant qu'effet, de sens n'intervient dans re conre pour L'assurer. Le seul j.nvestissenent que nous puissions supposer opératoire est 1e maintien du lien maternel qul ratLache 1a vache-mère à ses enfants lorsque ceux-ci enterrent, les os qui se manifestent sur terre sous for:me de dat.t,ier qui assure 1a fonct,ion de "nourrir 1es enfants": Les os enterrés de la vache sont une mère-dattier pour Ies enfants, Faisons un pas de plus: dans ,,vache,', nous venons de retenir son lien aux enfants par f intermédiaire du dattier (un sème de maternit,é); dans "colombe", ce sème n'apparait dans aucune de ses utilisations contextuelles. En effet, "colombe', (ou perdrix), même quand e1le est présentée comme ayant déjà en tant que femme- connu un lien conjugar (cf. c3o, c35), e1le


158

n'est pas dite mère. Ce point n'est pas tout à falt

un détail

car i1 semble qu'une mère ne peut, subir 1e sort assuré par 1'aj-guiile

et une non-mère ne peut subir le sort assuré par la

ceinture.

Dans 1e cas ccntrai-:'e,

1'aiguille

dans notre configurat.ion motive 1'union entre

ce serait

absurde car un

et une femme à ia suite 'le quoi celle-ci deviendrait éventueliement, mère; 1a cei-nlure se rattache à une union déjà

homme

réalisée ent-re un homme et une

femme

qui a déjà -Cans ce cadre-

Ie staluÈ de mère. Dans 1es C5 et C10, nous ayons vu que l-es métamorphoses

se sont réa1isées grâce à

) "ceinture" eÈ " aigui11e " . Selon un rapprochement posslble , nous evons rat,taché ces mot,if s à " 1 'habit" su j-vant un critère peut-être peu intéressant

en soi:

(

ou à cause

de

1a ceint.ure sert, à ajuster

vêtements au niveau de Ia t.ai11e, 1'aiguille

sert à coudre

habits, vêtements... Nous avons aussi vu que Les

tissu,

occurrences entretenaient, un rapport, avec 1a femme,

1e lien

conjugal,

Ia maternité. . .

comme si

1es

deux

J-e mariage,

1'habit.,

ie

vêtement, 1e tissu, entreLenaient aussi un rapporÈ avec "1es affaires

conjugales", chose qul n'est pas tout à fait

viCe

sens puisque par ces sens lexicaux, oD peut reccnstruire

de

ce

rapport attesté culturellement1.

1

Voir Le Coran, /hunna libasun 1a-kum wa 'antum libasun la-hunna/, S. TI, v. 187: e1les sont un vêtement, pour vous et vous êtes un vêtement pour elles (traduction de M. Hamidullah, 8e éditlon, Beyrouth, 1973); el1es sont votre vêtement et vous êtes 1e leur (traduction de Kazimirskl, Garnier-Flammarion, Parls, 1970). Voir aussi Ibn manDur, lisan a1-earab, Dar a1 Haarif, Le Caire, 1981: /labistu 'imra'tan/ ( titt, je me suis vêtu d'une femme ) .


159

Dans cette rubrique, nous nous proposons d'intégrer ,'Ie

f11age" ou plus généralemenL "1e tissage" qui nous invit,e

consiclérer 1'occurrence de /1-muGzel/ (ar),

/az}i/

à

lberz

fuseau) dans C231.

que nous avons vues jusqu,à présent concernaient la femme; avec "1e fuseau", nous assistons à une

Les

méLamorphoses

tamorpho se

qui

conce rne

Comparons

1'homme

transformat,ions selon les contenus de I état init,ial

et

1es de

1'état final:

Etre

femme

Para

tre

/\

hoûme

co lombe pe

transf

L

(?

rdrlx

)

trans f (

aiguille

1

enfoncée.

.

l1g.t waHed 1-muGzel refdat-u dart-u fug Dher-ha w TaHet, hiya ngelbet hakda w lgat-u rajel/ {ar: e11e (I'héroine ) trouva un fuseau et eIIe le prit; au moment où elle Ie mit sur son dos, e11e tomba par terre; guand e11e se ret,ournâ, e1le se rendit compte que c'était un homme ) .


160

2.

ParaÎtre ,/\

,/\ C

o-l

pe

,/\ ombe

f

u se

au

femme

homme

rdrix

trans f 1

t,ransf (

aigu11 1e soustraite

.)

cette comparaison au niveau des transformation§, nou§ repérons une forme syntaxique où sont mis en jeu 1'être eÈ le paral.tre. Toutefois, soulignons que les figures utilisées Dans

t.raits distinctifs: dans un cas, 1a méLamorphose s'opère sur 1'homme; dans l'autre, sur 1a femme. En outre, la femme est métamorphosée par 1'aiguil1e ut,ilisée pour cette fin par 1'une des rivales (cf. C30 et C36); alors que I'homme n'apparait pas dans un contexte conflictuel où un autre sujet comportent, des

1 L. transfornation se réalise lorsque 1'héroine ramasse 1e fuseau trouvé pour Ie meLtre sur son dos; ici, le conte précise que Ie ramassage qui correspond à un mouvemenL du bas vers le haut, provoque Ia chute de 1'héroi.ne (eIle tombe par terre), qul correspond à un mouvenent du haut vers le bas. Ceci peut laisser entendre que ces mouvements dans des sens cont,radictoires anticlpent sur des posit.ions en tant que rô1es assumés

par les acteurs mis en scène.


151

(un anti- su j et, ) lui f ait, subir 1a mét,amorphose . En tous les cas, notre cont,e ne dit rien sur ce point. Ces positlons de "1'aigu1lle" et du "fuseau" montrent que leurs distributions darrs La conf iguration ne sont pas ident,lques, ceci devrai*. en principe nous empêcher de 1es rapprocher; mais, tout compte fait, i1 semble que ces distinctions au niveau des distributions sont des effet,s qui rappellent gue 1'aiguiile concerne 1a femme et que 1e fuseau concerne 1'homme. Aut,rement dit, les procédês distincÈifs entre l'aigu111e et le fuseau sont corrélatifs à ceux qu:. établlssent des distinctions entre Ia femme et 1'homme quelles que soient les relations qu'i.1s entretiennent dans 1e discours narratif. Le niveau syntaxique esl ici fonctlonnel pour rendre compte du statut de 1'homme vis-à-vis de La f emme et vice-versa: I'analyse cioit t.enir compLe de cette remarque car, et à plus forte raison, J.es récits développent des "histoires de mariage". Pour éclairer cette raison, nous pouvons préciser que 1'analyse de ce genre d'histoires est toujours invitée à prévoir deux plans de lecture selon deux angles; 1'un, thénatique , où Ies formes syntaxiques qui 1e sous-tendent sont comparables (i1 s'aqit du mariage propremenÈ dlt); 1'autre, figuratif, où i1 n'est guère possible de comparer les rôles assumés par 1'hornme et Ia femme pour les mettre sur un même plan de posit,ions syntaxiquesl. 1 La r"lat,ion conjonctive entre 1'homne et la femme, dont 1e thème sous-jacent est 1e mariage, exige parmi ses conditions de réalisation que 1'homme occupe -en premi-er lieu- 1e rôIe de sujet, qul vise Ia femme comme objet de valeuri et ce n'est qu'en second lieu que 1a femme peut prétendre -soit en acceptant soit en refusant'le pas" de 1'homme- un rô1e de .su jet visant, 1'homme. cet ordre est important; nous avons eu

(sulte...)


1,62

c'est cela même qui expllque approximat,ivement les dlst,inct,ions qul s'établissent entre "aiguilre" et "fuseau,' par res contextes de leur utirisation. sinon, pourvu que ces distinctions puissent surgir à tout moment cle 1,ana1yse, nos deux f igures se rapprochent à pl-us cl, un titre. Regardons de plus près nos conf igurations. Daris les ci.0, c30 et c36, nous avons dlt qu'un gli-ssement sémantique est actuaiisé par "colombe" (perdrix) par 1e procédé nétaphorique qui signifie "be11e femme". ce glissement va dans 1e sens de 1'organisation syntaxique de la configuration: r,homme (Le roi) y est en position de sujet. qui vise 1a femme en vue de 1

'épouser,

c23: 1e f useau est une tror:vaille apparemment due au hasard. Dans ce cas, pour gue le mariage se réaLise, i1 ne faudrait pas que ce fuseau contienne "un rudiment,' de sens par un glissement sémantique à 1'aide d.'un sème quercongue qui Prenorrs l-e

actualise 1'être-homme à 1a manière

cle colombe-femme,

sinon 1e

cont,e ne peut, développer 1e thème du mariage seron

la règle ci.dessus. ceci dit, une interprét.aiion du conte pourrait retenir "la trouvaille" qui accorde à Ia femme re rô1e de sujet et gui, par conséquent, permet, 1a t,ransformation du fuseau en homme. Pour expliciter ce point, de vue, rappelons le sens lexical de fuseau: instrument que la femme utilise pour filer; en tanL

1(...suite) 1'occasion de 1e montrer par des exemples rerevés dans corpus de notre thèse de 3e cycle: lorsque la femme occupe 1e Ie rôIe de sujet visant 1'homme sans que celui-ci fasse,'re pês,., cette femme s'avère ( r'être ) une ogresse. L, effet de sens 1ci , rejolnt ce que nous avons appelé "mariage jugé culturellement

ineff1cace".


163

qu'instrument,, i1 est effectivement et 1i.ttérarement "trouvai11e" de ra femme, mais en tant, qu,homme, ir assume -dit le conte- le rôre de sujet qul demande à ra femme de L,épouser. De ce point de vue, remarquons gu'aucun procédé métaphorique, ou autres, ne reIle "fuseau" à "homme": seure la transformation, sans que quelque trace 1a motive, assure ee jeu selon 1'être et 1e paraître, contrairement à ,,colombe,' âssociée à " femme" . Dès lors, f intérêt, dans un cas r du procédé mét'aphorique et son ef f et au niveau syntaxigue, en tant-

qu'actualisation dans Ia configuration €t, dans l,autre, son absence totale, servent à distinguer ent,re deux parcours: 1. 1'aigu111e associée à 1a colombe ( paraitre ) associée à la femme (être) que Ie roi épouse après 1ui avoir ôté de La t,ête 1'aigui11e: c'est ici que réside re statut ce sr:ret de 1'homme (roi) en reration conjonct,ive avec 1a femne; 2. 1e fuseau (paraltre) associé par un sens lexical" à "ra femme qui l'utilise pour firer" et, pâr transformaiion narrative à proprement parler, à 1'homme (être) qul, à 1a suite du "pas" -donc sujet- envers 1a femme, déclenche re programme du mariage. cependant, ra distinct,ion que nous venons de faire este11e rée1lement opératoire ? car i1 ne suffit, pas de tracer des

distinctions, i1 faut aussl, à nos yeux, rechercher des arti-culations entre données qui se distinguent, à un niveau particulier et qui se rapprochent à un autre niveau. Dans cet,te perspective, faisons abstraction des distributions associatives, en tant que rô1es assumés par nos figures dans le cadre du mariage, êt consldérons leurs


t64

'investissements sémantiques et 1a manière donÈ lls s'associent

pour construire un univers sémant.ique dans une configuration discursive. Lexicalement , L'aiguille est un instrument qui sert, à 1'aide d'un fil, à unir entTe parties séparées; en somme, e1Ie utilise le produil dit "fiI" que 1e fuseau -en tant qu'instrufient- produit.

Ayant déjà retenu les sêquences du marlage où interviennent, 1'aiguille et Ie fuseau selon les posit,ions syntaxiques ci-dessus, nous nous rendons compte que ces figures

sont sémantiquement et, syn!,axiquement complément,aires: leur complément,arité re j oint leurs 'sens lexicaux êt, à un autre niveau, 1es staluts dit.s sujet et objet assumés par 1'homme êt la femme dans le cadre de leur union: 1 . 1itt,éral-enent,, 1'union se réa1ise au niveau syntaxique par 1es rô1es du fuseau et de 1'aiguille en t,ant qu'instrunent,s (1'un sert à filer;1'autre se sert du produit "fi1"); nos figures se rapprochent par 1e fil; 2. 1'union de 1'homme eL de 1a femme {sens métaphorique: colombe) est ce que Ie fil est, au fuseau et, à 1'aiguilIe. De manière globale nos associations se réalisent

sult:

comme


165

tissage (relat,ivement au f i1) fuseau

aiguille\

t\

il

I

I ,lr

I

I I

j

(paraitre)

colombe ) I

,'t

homme

\

f

,/ \ con I or'{rrrr:

ti

emrne

:

(êt,re

mariase, union I t

" Ceci expTique Ja f igüre nét,aphorique t "tissu, vêtenent," , signifiant 7'union entre un homne et une temne (cf. p,458, n.L ? ) ; 1e fil sera retenu dans 7e sens de ce qui seît, à produire " 7e t,isstJ" , " Le vêtenent" qrâce aux instruïrent,s t " f Llseau" et "aiguilJe". 3. Selorr une acception possible du fi1 dans ce cadre, les récits réalisent des expansions discursives par un dispositif configuratif qui met en oeuvre "ie mariage". Ce mariage pourra motif dont la mise en oeuvre est au même tlt,re que 1e fi1 qui se manifeste par 1es instruments qui servent à le produire ou à le rendre fonctionnel. Ces dernières voies d'interprétati-on nous amènent apporter guelques corrections et précisions suppl-émentaires. Àu début,, nous avons eu tendance à rapprocher 1'aiguille du fuseaui or, c'est de Ia colombe comme paraLt,re de la femme qu'i1 aurait faIlu rapprocher 1e fuseau comme paraitre de êt,re considéré

comme


166

1'honme. En'prus, si res récit,s avaient omis l,utilisatlon

de

la colombe,1'aiguiIle, à f instar du fuseau, aurait, été dotée de son propre pouvoir-transformer son paraltre en être, chose qul serait relat,ivement une plaisanterie pulsque l,intervent.ion de 1'homme (roi) n'aurait pas eu lieu, le mâriage n,aurait pas pu §e produire en tant que motif des récits et, 1es récits, tels qu'i1s sont racontés, n'auraient pas existé. Toutefois, pulsque nos récits sont des "histoires de inariage", leur mise en dLscours exige f intervention de 1,homme, cê11e-ci exige que 1a colombe soit, mise en contexte pour que l,homme puisse opérer par son faire. En somme, dans 1a configuration discursive, 1 'arrangement par associat,ions entre f igures et moti.f s, est mot,ivé par 1e mariage se10n une organisat,ion syntaxique où lntervient re faire transformateur de 1,homme. Le c23 fait. abstraction de certains déta11s de cetce configuration: 1e fuseau semble doté de son propre pouvoir-.t,ransformer 1e paraltre en être; 1es rô1es de sujet de faire et de sujet d'état en relation avec la femme font valoir un syncrétisme au niveau du rôle assumé par Ie fuseau QUi, non seulement s,automét'amorphose (sans recours

à un sujet çlui 1ul soit. extérieur) mais aussl provoque selon Ie récit, la ehute de 1a femme qul le ranasse après I,avoir trouvé par terre. Ce statut, relatlvement singulier, nous amène à rechercher -s'i1 y a lieu- les traces qui en,sont responsables. pour ce faire, donnons ra parole au conte: r,homme auquel te fuseau sert de paralLre, est dlt, "descendant, d,une ogresse,. sous cet angle , nous pourrions nous demander si ,'f useau,. est une utilisatlon appropriée dans Ie conte, dans Ie sens où i1


L67 ,.,, ir[ti

riii' tiir

entretiendrait, un certain rapport avec ',descendant d, une ogresse". En t,ous les cas, homme sans en être uD, i1 est intégré dans 1'univers humain selon le parcours dont le thème sous- jacent est 1e mariage. En rr-rl cohabitent, 1e non-humain descendant d'une ogresse ) et 1'humain puisqu, i1 épouse 1'héroïne dont le trait est humain. par 1à, 1e fuseau, ioin de (

ne représenter que Ie paral.tre , s'avère une ut j.lisation dans 1e conte pour assurer une connexion entre deux attribut.s dont 1es sèmes "non-humain" et "humain,, sont contradict,oires. c,est, cela même qui orgarrise , d'un point de vue synt.axique et sémantique, llunlvers myt,hique dont nous pouvons dire -selon les cas que nous avons examinés jusqu'à présent,- qu, i.1 est pris

en charge par des motifs particuliers puisque "composés,, suivant les jeux de 1'être et, du parai.tre: citons ,,femmevache"r "femme-colombe'. (perdrix, pigeonne),,,homme_fr-tseau,,. ces compositions sont toutes réaLisées par des inétamorphoses où interviennent d'autres motifs, cette fols non composés: citons "cei-nture", "aiguil1e" r "fuseau,, et, chose curiêuse, ceS motlfs sont tous susceptibles d, être rapprochés selon 1es niveaux que nous avons essayé de montrer.

ceci justif ie en quelgue sorte 1e choix de ces unit.és:

l_es

contextes où 1es mises en discours de ces mot,ifs fonctionnent

dotent nos récits d'une caractérist,ique particulière qui déflnit non seulement 1e discours mais 1e dispcsitif d,ensemble (Ies contes en t.ant que récits mythiques). L'univers mythique où "1'humai.n" et, "1e non-humain" sont coordonnés est ce qui rend possibre Ie mariage qui, à son tour, "neutralise" 1a cont,radiction pour y retenir 1,effet culturel


168

reLatif à 1'humain. L' actualisat,ion de cett,e neutralisation dépend dans Ie récit du fonctionnement et de f investissement sémant,ique du fuseau dont ra "rétro-lecture', est éc1airée par sa valeur culturelle qui joue ici sur 1e mariage. Ce mariage, à vrai dire, rl,êst pas at,tendu par une lecture qui assiste à 1'apparition dans Ie récit, de ,'descendant d,une ogresse"i eL pourtant, c'est ce mariage qui a permis 1a "rétro-1ecture" du fusear: dans 1a configuration dlscursive. ce ca§ de figure est, effectivement inhabit,ueL si nous nous appuyon§ sur ce à quoi 1es versions de c2 nous ont hablt,ué: nous pensions que la raison de i,échec de l,union entre /mHend themm/ et 1'ogresse résidait dans 1,êt,re de ce11e-ci et dans Ie falt que c'est elle qui a visé /mHend themm/ dans 1e sens d'une anomalie de ra règle dont nous avons parlé ci-dessus. or, en fait, iI ne s'aglt pas seulement, de ce1a. rr semble même que les raisons de 1'échec du mariage jugé dans ce sens i.neffieace selon les traits qui caractérisent la femner ogresse et sujet qui vise 1'homme dorrt 1'effet est 1e déplacement spatial vers 1e village (cf. czl, sont é1émentaires et superficielles; car 1a raison profonde de ceL éehec réside dans 1e fait, que 1es attributs dans la métamorphose de l,ogresse (non-humain ogresse = être / humain : femme a paral,t,re ) ne sont pas coorclonnés par le fonctionn€ment, d'un mot,if qui puisse. lors de sâ mise en contexte sous forme d,effet, de. sens, signifier ilunion seron une représentat,ion culturerte à 1,instar de 1'aigullIe, de la ceinture et du fuseau seron au moins un t"rait de leurs sens lexicaux. Àutrement dit, dans le passage de 1'êt,re au paraLtre , il taut qu'i1 y ait une espèce de :


169

modulateur ou de régulateur investis dans un motif dont, Ia

fonction consiste à coordonner entre les isotopies cont,radictoires des att,ributs humain VS non-humain. Étant donné que ce motif n'apparal,t pas dans Ia séquence du mariage de /mHend lhemm/ avec 1'ogresse, 1'échec est

comme

s'i1 était, implicitement dit,

chose que 1e conte met en expansion comne simple "paraphrase" de f implicite. Le fuseau sert justement à appuyer ce point, de vue, bien que 1'homme auquel iI sert de paraître soit un descendant d'une ogresse el donc, ogre. Dans un sens plus large, il est à présent possible de dire

et même d'affirmer que les mot,ifs que neus venons de voir (alguille, ceintLlre , f useau ) f onct,ionnent comme "mémoires" de contenus qui s'actualisent dans des parcours figuratifs et qui servent en

temps 1a construction d'une

configuration dont les manifestatlons sont diverses selon Ies parcours inscrits dans 1es récits particuliers. En d'aut,res termes , par un " codage rhétariÇu€" , comme dirait, Lévi-St,rauss, 1e fuseau par exenple, sert au non-humain à réaliser 1'accès au rang de I'humain êL, par 1à, à neutraliser l'opposition des at.t,ributs par la réalisatlon dans le conte du mariage auquel 11 §ert de 'ménoire" au niveau discursif. En tous cas, pour nous, i1 n'esL pas étonnant que le fuseau, selon au moins 1'un de ses traits sémi.ques, fasse prévoir à la lecture du conte un rapport, au "tissu, vêtement' selon le sens métaphorique (mariage, union conjugale

mêrne

).

plus générale, une question se pose: est-ce que 1'organisation syntacÈico-sémant,ique de 1a conflgurâtion De manière


170

discursive, tel que notre ét.ude vient de 1e montrer en s'appuyant sur les occurrences de 1'aiguiIIe et du fuseau, ne se modlfie pas lorsqu'un autre instrument est mls en contexte narrat,if ? Prenons 1'occurrence de /iqerDa/en/ (ber), /qrade/ / (art cardes, instrument dont, les femmes se servent pour démê1er et séparer les fibres de la laine pour pouvoir ensuite fil.er à 1'aide d'un fuseau; 1. Autrement dit, Ies cardes servent à séparer (une forme du faire dlsjonctif) 1es fibres dont, 1e filage est exécuté à 1'aide du fuseau. Selon ces sens, nous pouvorrs dire que nos instruments se définissent par leur complément,arit,é quant aux exécutions de leurs fonctions e: aussi par ce à quoi chacun d'eux sert indépendainment' de 1'aut,re. Par ces critères de définitlons, on ne s'étonnera pas devant 1'utilisation des cardes par /mql d,el / ( ou /Hemmu lHrami/) comme arme pour se protéger contre 1'ogresse, car, en effet, 1a conjonction spatiale entre 1e héros et cette dernière ( ils sont mis dans une même chambre selon 1e conte ) est renversée en tant que programme dont 1'effet consiste à donner 1a mort à /nqidef/ (ce dernier tue 1'ogresse à 1'aide des cardes à 1a fin du récit). Grosso-modo, er! comparant " fuseau" et "cardes" , nous pouvons conclure que Ie premier entre en jeu dans un univers myLhique où se coordonnent 1es att,ributs dont les isotopies sont eontradictoires; alors que le second joue exactenent 1e

1 c.tt"

informations

qrade/ ) / .

définition est reconstruite à partir qul nous ont ét,é données sur /iqerda/en

des (

1-


ffi

ffi {$i

17L

lill,

ltl

flllr

rô1e inverser ce qui est supposé coordonnable, sans qu'i1 y ait

un régulateur qui puisse le permetLre, à f instar du fuseau, (non-humain (ogresse) VS humain {/mqidefl ) ), par 1a conjonction

spat.iale (urre même chambre ) -1'univers n'est pes multipies'avère impossible à réaliser. Dans ce cas, au lieu que ce soit I '-.]lItion de s séparés qui L 'emporte par f intervention du f usea.u qui f:!-]s-, ce sera 1a désunion ou la qéparatlon -par l- 'uLilisation des cardes- ou encore , 1a dis j onct j.on entre ,

lmqidef/ et 1'ogresse, qui sera manifestée dans ie conte par 1a mort de cel1e-ci. Ce qui nous int,éresse dans üet,1:e comperaison est, 1a possibilité de noter que certains traits de; sens lexicaux de nos instruments se manifestent, ou surgissent dans 1a configurat,ion sous forme de sèmes. C'est précisément à ce niveau que nous touchons de près au rôle du lexique par rapport aux corrfigurations discursives dans les contes. Les fonctionnemenLs cie nos motifs, pour servlr de mélRoire à 1a coi:struction de conf igurations discursives, sont é1ucidér; par d'autres occurrences que nous al1ons convoquer. Prerrons ,/ aherkus / (ber), /herkus/ '.(ar: §igna1é par Beaussier: chaussure (viei1le chaussure) ) dont 1e rô1e dans CB consiste à reconnal,t.re Le héros tueur de 1'ogre, eui épouse par Ia suite la princesse. A côté de cetLe occurrence, prenons celle de /Dar/ (ber: pied) dont 1e rô1e dans C2Z consiste à reconnaltre cel1e parmi res fi1les du géni.e que 1e héros épouse 1.

1 /9enna-s rtÿaH tfafa akeô iDarren 0enni ur Ger Ga 0afeô 0iteônet ttenni aGa §e?feD/ (ber: la fille lui dit: cherche parmi nos pieds celui qui n'a pas un ortell; ceIle à qui iI appartient sera celle que tu choisis).


L72

Ces deux références cle récit,s nous font assister à

une

mise en contexte de deux figures qui entretiennent un rapport

dans 1a confi.guration du mariaqe. Dans une perspective complémentaire entre "chaussure" et "pied", le mariage f onct,ionne selon 1'une or: 1'autre des deux occurrences suivant un contexte de recorinaissance: la chaussure est utilisée relativement au héros êt, relat,ivement, à 1'héroine, 1e pied auquel 1a chaussure sert, d'"habit"1. Ainsi, nous ne sommes pas loin du rapprochement entre 1'hablt au sens figuré du terme et le marlage que nous avons déjà signalé. Notre quest,ion c1-dessus (p. 1651 a laissé entendre que Ies mot.ifs qui se rattachent à la configuration de 1'habit ou plus généralement du filage, sont en gros exploit,és par les contes pour des fins de mise en dlscours de séquences ci'union ou de séparation entre sujets représentés respectivement par 1'homme et la femrne dont 1es rô1es sont, à un autre niveau narratif, modalisés par des jeux de 1'être et du paraitre. Seulement, comme nous venons de 1e voir, dans C8, I'habit

signifiant dans sa mise en discours cette relation, s'actualise dans Ia configurat,ion en s'associant à une partie du corps: le pied est 1'un des mot,if s qui s'intègrent dans 1e champ l'..ge des parcours sûus-t,endânt 1e mariage par I'internédiaire de "chaussure". À f instar de ceit,e dernière unité , /l-xatem/ (ar: bague) s'int,égrera dans. ce champ par au moins 1'une de ses

1 C" sens est attesté aussl bien en berbère qu'en arabe (voir /ireD iherkas/, /lbes s-sebbaT/; /ireD / et /Lbes/ sont utilisés aussi bien dans le sens de 'se vêtir d'un habit" que dans Ie sens de "nettre ses chaussures".


173

mi.ses en fonctionnement

qui convoque son associat,ion à "doigt"

et par extension, à "main". Ces indications ne sont pas gratuit,es car, avec e11es, nous comprenons mieux pourquoi iL faudrait étudier certaines prat,iques cu1t,urel1es qui portent sur " 1e pied" , " 1a chaussure", "la bague" et "1a main": d'un côté, on sait, que les investissements sémantiques dans "bague " et "main" se manifestent culturellement, raison pour laquelle elies ne sont pas vues, nous semble-t,-i1, comme porteuses d'un "je-ne-saisquoi"; leurs investlssements sont, canalisés vers des thèmes cult.urels comportant un aspect du sacré comme le cas dans 1e mariage. Les sélections langagières des expressions t,e:.fu" qu" "demander 1a main d'une fi1Ie" attestée en arabe ou encore "11re dans 1a main de quelqu'un" attest,ée chez 1es voyantes, en sont révélatrices; du côté de Ia bague, 1nut11e d'insister. D'un autre côté, "pied" et "chaussure" dont 1es investissement,s ne se manifestent pas expressivement à 1a manière de "main" eL "bague", sont en quelque sorte mis à I'ombre pour ne surgir que sous forme d'indicationsl lor= de circonstances approprlées. Ceci clit., 1e conte permet de reconstruire leurs investissements dans 1a conf iguration du mari-age. 1 S"1on nos informateurs, 1e pied est 1a partie physique qui permet 1'élaborat,ion d'une évaluation morale sur Ia femme: si cel1e-ci à des pieds dont la partie qui se trouve au-dessous de Ia cheville est "creuse", it s'agit d'une femne à craindre (méchante); si, par ailleurs, el1e a un pied dont Ia taille est comparable à celle d'un homme, iI s'agit d'une femme qui n'a aucune qualité de fémlnité. Une chaussure ne doit jamais

lorsqu'e1Ie est ôt,ée au seuil d'une pièce- être posée à 1'envers (semelIe en position de ce qui se laisse voir) car ceci est porteur d'un malheur; si une chaussure est au-dessus de I'autre, cela signifie selon nos infornateurs toujours, guê son propriétaire doit s'attendre à un long voyage.


174

la distribution dans 1es parcours considérés (cf . c8 et c2z) rat.tache à "chaussure,' de 1a même manière que "main" , à "pied" . l,lous avons dit qtr, e11e entre en jeu dans un cadre thématique d,e mariage; ajoutons que ce dernier dans c32 ne se réaiise pas conjoint,ement aux rô1es octroyés à 1'homme et à 1a femme seLon 1a scructure syntaxique dé jà signalée, mais sel-on d.es condi-tions verbaLisées par Le rang social de 1a femme. ce rang falt, exception à l"a règLe selon 1aque11e "1'homme f ait, 1e pas". Â première vue, ce-LLe lecture devrait remettre en cause ce que noLls avons dit. à propos de la rè91e. r1 n'en est rlen; notre ét.ude de ce ces va tenter de 1e montrer. Ret,enons 1a bague, eu€

Dans 1e c32, chacune des f i1r.es du rci_ exprime l_e ciroi;<

de l-'homme qu'e11e désire épouser par 1e ccn d'une i:ague dc,n: La fonction semble particulariser un context,e disrinct de celui

qui exigerait, que ce soit

qui "habill_e" 1e dolgt de 1a femme Çomme c'est Le cas, dans un certairr sens, de la chatissuîe qul "habi11e " 1e pied de la femme dans cg. conlrairemenE à ce1a, darrs c32, les fi11es jouissent du pouvoir*choisir leurs mari-s; mais ce pouvoir -pour peu qu'on soit attentif- est Lu1même

L'hcmme

ccnditionné r c'est aLrx bagues que revienr la

f oncr:,j-cn de

sous-tendre ra mise en discours de ra possibillt,é d,e ces mariages. Àutrement dit, 1e pouvoir-choisir est conditlonné par 1e don des bagues: s'i1 n'y avait pas utilisation de ces bagues, 1a rè91e aurait pris son droit, de systématiser 1a reration, car si nous tenions compte uniquement du rang social (

royar ) qui accorde à son représentant, 1e pouvoir selon

une

lecture superficlelle, 1e mariage incestueux dans c10 se serait,


775

-sel_on ces considérations_ réa1isé. Or, ce n,est pas le cas malgré 1e rang social du prince dans c10, raison pour laque11e aucune trace comparable à ceile investie dans 1a bague n,est

possible à repérer' Le repérage d'une te11e irace est <i'a1l,eurs une tâche insensée. Dans 1e C32, i1 en est autrement tant que f inceste ne s'y installe pas cer 1a bague , dans L'univers des cont.es, ne fonctionne que dans 1e cadre du

mariage permis culture11ement,. La mise en fonctionnement de bague dans une configurat,ion donnée

<i'un f orrds cultureI.

est, en

somme

1a

t,ributaire

Dans cet ordre d'idées, ies bagues retirées aux gendres du roi dans notre conte c32 signifient r_,annulation du mariaçle

rrarrativisée par f incapacité (ne pas pouvoir faire ) des gendres de s'élever vers 1e rang royal. Dans cette perspect,ive, 1e rapport co*f 1ict.uel entre 1e charbonnier ( i , un des genclres <iu roi ) et 1es autres est sous-tendu par ia bague dans r-e §ens où e11e sert comme marque de reconnai§sance 1 du gendre méritant: 1e passage du "paraitre-charbonnier,, à,,r-,être_horrime,,

rend ciigne du rang roya1. un pa§ s'impose. Les flgures examinées jusqu,à présent proposent toutes des cas de pluri_isotopies: 1a bague, 1a chaussure' 1'aigui11e, 1e fuseau, 1a ceinture..., qui servent à faire jouer une dimension de , 1 ordre de 1, identlté sel0n

1'être et Le paral.tre, sont mises en contexte de telle §ort,e qu'el1es laissent prévolr dans les configuraÈions thémat.isat,i-on en termes de mariages sans

chau=l"T::"

une

qu,il y ait réel1ement

rejoisnons ici ce qui a éré dir sur le pied er la


176

une indicat,ion querconque qui permette explicit.ement de res associer pour fonctionner dans ce cadre. pourtant, ceci se réalise d'un point, de vue narratif et, discursif selon une

tout à falt adéquate à Ia narration des récits pris comme références. ce fonctionnement ne devrait, même pas êt,re

cohérenÇe

étorrnant du moment que 1es récits utilisent, nos figures suivant

des valeurs sémantigues investj-eg dans des sèmes, et que ces usages sont situês à des plans syntactico-sémantlques expédiés

à de s niveaux de régularités tant b j.en que relat,ivement imprévisibles, elles ne sont janais tout à fait détachées de sens lexicaux que Ies rêcits utl1isent,. La bague en témcigne dans 1e sens où sa mise en contexte actualise un pouvsir-faire;

e11e entre en jeu pour régurariser un mariage que eertains présupposés relatifs auraient annulé ou inversement. Sa lecture

se fait

a10rs se10n des strates 30us-tendues per fonctionnemenL pluri-isotope :

un

contrairement à 1a bague Qui, conme nous venons de 1e voir, fonctionne dans 1e cadre du mariage posslble gu,i1 solt. réarisé provisoirement ou non, r'aiguille appara1t dans 1es

récit,s selon une dimension bi-fonct,ionnerle dans 1e cadre du même thème suivant qu'eL1e est conjoint,e ou disjointe de 1a femme. EIle sert comme ce qul rend impossible 1e mariage dans c10 dans le cas de Ia conJonction virtuelle et comme ce qui Le rend possibre dans le cas de 1a disjonct,ion virtuelre: ce qui semble à just.e titre arnbigu sémantiquement dans Iaiguille est désambiguïsé-par son fonctionnemenL à un niveau synt,axique. Dans ce cas, tout mariage n'apparai,t comme réalisabre et


177

définitivement possible dans un conte qu'à condition qu'i1 satisfasse 1'exigence d'une transformation que 1'organisat,ion sémant,ique de Ia confi-guration adopte par 1es effets d't-ttil-isation de motlf s. La discursivisatio:t de ces derniers rend compie d'un phénomène où 1e facteur sémantique régit, 1a mise en relation de traits sémiques pour rendre isotope -en s'appuyant sur des régularités synLaxiques- ce qui n'est pas à première vue susceptible de 1'êt,re, notamment lorsque nos mot,ifs ne sont pas vus sous 1'ang1e des associations possibles qu'ils comportent. de ce1a, nous estirnons qu'i1

Partant

est

possible

d'émettre une conclusion provisoire; 1es investissements sémarrtiques qui s'actualisent dans le discours narratif, par f intermédiaire des motifs, fonctionnenL comme ce qui, en même temps, gouverrre et se trouve qouverné par 1es opérations syntaxiques sous-jacentes aux séquences du mariage. Ces irrvestissemenËs sont des "Çodes sémantiques" qui agissent dans 1a mise en discours par une dépendance mutuelle d'une syntaxe rlarrative. C'est, dans f interaction de ces paramètres quê 1a lecture des rapprochements ou associations de motifs, peut proposer des voies d'analyse pour pouvoir élaborer "une sémantique du conte ora1" et peut-êt,re même, des productions

dites i'Lradition ora1e"1 selon deux hypot,hèses: 1. à un niveau théorique, Ia reconnaissânce de "codes" reconstruit,s par des traits sémiques invest,ls dans des motifs, 1 volr F. BouALrr , " 1'ogresse farésienne : de 1'oral du conte à 1'oralité de 1'écriture ( ou du fabuleux au sémlotique ) " , Ecriture et. oralité, Revue de la Faculté des ,

@,

ue

v!u5Àev,

No spécial, Fès, L992, pp.

31 -33.


178

avère opêrat,oire et possible en s'appuyant sur contextualisations qui sont forcénent, des lieux sl

t.hématisations

données

1es de

;

2. à un niveau d'étude partant de manifestations de ces motifs, ]a pratique de l'analyse est suffisamment renseignée sur Ies possibilit,és en lanEue de rapprocher par des relations associafives entre unités1 de sorte que 1'élaboration de champs lexicaux permette d,e retenir au moins un t rait, coîîmun aux unltés qui constituent chacun d'eux et que 1e conte exploite. En cl'autres t,ermes , une unitÉ lexicale mise en discours ne devient symbolique ou connotative que relativement à une stratégie présupposée quj. rejoint ce que ncus appeLierons "énouciation narrat,ive". La mise en discours de cet,te unité ne s'appuie pas forcément, sur un trait (des traits) parni 1es plus apparents en langue mais, des f ois, sur un d_étgil- de sens qui

rapproche 1'unité en question des autres constit,utives C'un champ: cê déLai1, eomme celui du fi1 par exempl-e, comporLe une charge sémantique dont, la saisie revient à sa mise en conLexte

de manière iraplicite puisqu'eLle y est actualisée sous

f orr,e

de t,rait, sêmique. Faisons un pas pour essayer de montrer comment le conte

trait (ou des traits) spécifique(s) -des détailsd'une unité lexicale f aisant, part,ie d'un charnp pour lui accorder un emploi dont 1'actualisat,ion dépend de st,rat,égies de mise en discoursi car s'i1 était questlon d'utilisations arbitraires d'une unlté en sous-tendant, des intentions de convoque un

1

voir 1es déf init,ions de "aiguj-11e", "fuseau", 'carde"l et "ceinture" , "chaussure" , "habit"...données ci-dessus.


179

fonctionnemenL varabres pour n'importe quer état de mise

en

discours, 1'aiguille aurait pu être utirlsée dans 1a confiquration où /mgide// utilise u gissubla/ (ber), /1-mexyeT/ (ar: grande aigui1le, selon Beaussier, et grosse aiguirle à coudre 1es sacs selon Mercier), en 1'enfonçant dans 1e genou de son cheval afin de dissuader ses frères de Le choisir (ee cheval est Ie meilleur des chevaux que Ie père achète pour ses f i1s )1.

on voit bien que d'un point de vue rexical /l-mexyeT/ a un sens comparable à celui de /l-Lbta/ i mais, cont,rairement, à ce11e-ci qui agit sur 1'humain, /1-mexyeT/ agit, sur l-'animal: d'un point de vue syntaxique, iI joue un rôle au niveau rj'une transformation modale qui concerne 1a qualité du chevar sel"on 1'être et re défaut selon 1e parai.tre, et selon une relation j

onctive

:

genou ( cheval

)

n/

1

gênou (cheval

)

üt

1-nexyeT/

-mexyeT

/

défaut, (paraître

)

;

qualité (être : rneilleur cheval

)

ceci rejoint dans un certain sens l'aiEuilIe en reration jonct.ive avec 1a femme. Pourtant, une distinction dans 1'utilisation des deux unités perslstênt; alors, comment p€ut.on distinguer ent,re deux unit,és dont les mises en contexte semblent se rapprocher synt.axiquement à plus d,un titre ?

1

C34

c"tte séquence apparalt, dans une version particurière qui n'est pas celle gue nous donnons dans le corpus.

de


180

Cette question n'est pas nouvelle; en fait, nous }a posons explicitemerrt pour consolider certaines des voies de lecture déjà proposées. Rappelons les rapprochements entre "aigui1le"

et "tissu,

vêlement" et entre "tiSSU, habit" et "1'hgmain" qgi apparalt elt posit,ions initiale et f irrale dans Les Lransf orinations:

Si nous admett,ons que 1e "tisSu, vêtement" eSt ut111sé par 1'humain et pour 1ui-même, et que pour cet,te raison 1'aiguiIle est mise en discours dans un parcours relatif à 1'humaln, nous dirons para11èlement que /l-mexyeT/ ne sert pas à coudre ie tissu-vêtement de 1'humain mais, généralement, des sacs transportables par des solipèdes t,els que 1e cheval, ü§ du moit:s, des sacs donL 1'usage se met en rapport avec ce dernier. Une catégo::isation se dégage alors en termes Ce huma:-n VS

par 1a mise en discours de 1'aiguille et de 1a groSSe aiç1ui11e; ainsi, un sens se dessine: 1'aiguille et 1a grcsse aiguille ont au moins un trait qui 1es dist,ingue et au moins

ô.rr:-rûa1

un autre qui leur eSt

commun

en langue et que 1e conte récupère

pour 1es mettre en dlscours et leur attribuer des effet's sémantiques:


181

(n A\ (f)

rr

U

cd

.T-1

cd

.Fr

# C,) (H H

.

/r

/r (H

p U ]J (l-)

lJ

.o o

! F

(d

U

x C)

tJ)

t-

O

o +J

-

U

L (+<

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U

tr

#

-1

o

+r

U

!

Ê-

0,,

x(]

d !

ê I

I

) Çi

(H


L82

La catégorie humain VS animal caractérise 1es sujets -que 1'aigui1le et /1-mexyeT/ affectent et font distinguer par "sac"

et "tissu, vêtement"- tout en se coordonnant par le trait "coudre" dont 1'un des effets consiste à rappeler 1'univers mythique et à indiquer une régularité syntaxique dans les programmes des parcours considérés. La suggestion à retenir ici, est euê, syntaxiquement, seuL /L-nexyeT/ peut dans 1e conte conjoindre /mqldef/ au cheval désiré, tout comme seuLe 1'aigui11e peut conjoin<ire définitivement La femme au roi; "1a paraphrase" de cette conjonction est laissée âu soin des récits. iI semble qu'i1 est clair maintesant que /1-mexyeT/ n'est pas substituable à I-'algui11e et viceversa pour Ia simple raison que sa forrction n'est pas valable pour 1e tissu-vêtement de 1'humainl et -pendant, que nous y que 1a sommes- ne peut faire valoir 1a prévisibilit,é Sous un autre vo1et,

configuration dans laque11e 11 aPpara]t soit "une histoire

de

mariage " .

1 Le seul cas, à notre connaissance, où /I-mexyeT/ sert coudre un tissu destiné à I 'humain est celui du linceul.

à


183

CHÀPÏTRE

IV

,l!!i1

ÉY.AIUATIOH

de Ia

DESCRTPTIOI{

1. Notre descript,ion ne peut réduire les mr:tif s *ma1gré i'organisation syntaxique des configurations cù iLs apparaissent, même en nous basant sur des associat,lons rendues possibles par 1'élaboratlon de champs lexicaux- à un thème 'ldirecteur" sans en préclser les distinctions à faire au niveau de ieurs effets sémantiques particuliers; 2. eIIe ne sauralt se suffire à elIe-mêne en opérant par l-a seule dimension des traits lexicaux communs et distinct,lfs entre unités Ilnguistiques: c'est par 1'j.nscription de ces unités dans 1a trame configurative que les procédures d'argumentat,lon peuvent être déployées pour asseoir un rô1e explicatif ou, mieux, interprétat,if; 3. 1a descript,ion et f interprét,ation pro<iuisent un dlscours issu ou produit par une sorte de dérive1 qu" 1'analyse dolt être en rnesure de maitriser. cette dérlve exige

ou

1 voi. c. CALAME, 'pausanias le périègète en ethnoqraphie comment, décrlre un culte grec" 1n, Le dlscours

anthropoloqlque, op. clt. pp, 23L-232.


184

que Ie processus argumentatif soit justlflé par 1e recours aux procédures narratlves et discurslves des configurations pour

tent,er, comme nous ilavons falt,, de voir par quelre issue ces dernières " f i1t.rent" des sens donnés en utilisant tel ou t,e1 aut.re moti f ;

4. ces procédures sont partiellement, inscrites dans 1'utilisati_on des mot,if s -et, non plus d'unit,és quelconqueseomme générateurs de sens à un niveau sémantique qul s, appuie sur une syntaxe qui iégitime en quelque sorte 1e fonctionnement, à Ia manière de "codes". cette évaluation, nous a11ons éclairer quelques uns de ses ressorts par un résumé du fonct,ionnement de L,algu11Ie et de /1-mexyeT/:

- 1'aiguille 1'

est au tissu ce que 1e vêternenc est

humain 1.

- /l--mexyeT/ est au tissu ce que re sac est à 1,animaIcheval

2.

B. Une remarque reste inavouée; cotnnêr7t notre description peut,-elle oser sous-prétexte gu'i7 s,agirait, except,ion, faire du "tissLt' dest,iné â un défunt, (linceul, d'une p, ,gz, n. voir 7), un élénent incomparable â "tissti" dans ce résuné conne si 7e prenier ét,ait eonparable â "sac" Nous nous contentans de poser 1a quest,ion ,Sar.s pouvoir y ?répondre rigoureusenent, Quelqrues détails seuiement peuvent êt,re suggérés à ce sujet: 1-'investissêment, que nous aÿons reconnü dans je tjssu-vetenent relativenent à 7'aiguiTle est sous- tendu par un paîcours figurat,if qui rappelle "Ja vie', J,un des sêmes inpli-cit,es du N.

1 L" trait commun: oseri à coudre,, au niveau s'actualise par "tissu'1 relat,ivement au "vêtement', , i1lexical motive 1e mariage et,, par "rét,ro-1ecture", 1'utilisation de ,,co1ombe,,

au sens métaphorlque.

2 s.rr= investissement à 1a manlère de

Uaiguirle, sa seure mlse en relation avec "chevaf rappelle par ce dernier res tralts du sens litt,éra1 signalés par H. Mercler.


185

nariage qui n'ent,re guère en jeu dans Je tjssu-l inceul qui nous net en présence -faut-i1 7e dire de 1a nort. const,atons alors cette forne "indirtérente', -ie?-terme n,est peut_être pas exact- au niveau de I 'ut,ilisat,ion de / 7-nexyeT/ que Le tissu_ sâc s'associe â "chevar.n ou eu "déf unt,, , ceci, iie pas avoir d'inportance puisque , de tautes Jes 1açons,senbie fe cont,e construit i-'univers du défunt seJon un cade difiérent de ceJui des vivants. Irn outre, J'int,ention de parler Ja nort par Je s_inpJe fait gue nous avons indiqué tt:nixyert deutirisabJe pour ie linceu), senbl"e pluiôt éviÀcée par l,absence de traces sa ti s faisan te§. -

Cecl dit, selon 1es contextes, Les m j.ses en di-scours d'un mct,if défini par sa récurrence dans res conLes, ne cherchent

point à formaliser un contenu défini par une thémat,isation donnée de pareours et^ prls en charge par 1e clscours narrat,i.f Là où un investissement est pertinent, pour 1a construcz:.on .

t,hémati que ,

1'aigui11e dans 1a conf,igurat:.,::r Cu marlâgê, peut nê pas être un lieu de "col'!centraLion" d,i.in a'ltre parcours si celui-ci est repéré dans d, autres contextes de réeit,s part,icuLiers. pour s'en apercevoir, i1 suf f it, de :eLever dans

te

i

que

et ses varlantes 1'occurrence de "alguilies" ( au plurlel ) Dans ce conte, Ie pluriel de /SisSinefS/, à savoir ,/Sissinaf/ (ber: aiguiiles) est fonct,ionnel; ia figure n,a pLtrs rien à voir avec 1, investissement que nous avûns souligné dans c10 par exemple, où erle est utilisée au singulier. Àutrement dlt, dans c34, par 1e pluriel de "aigui1re", s€ réar-ise un C34

.

déplacement, de sens, sinon une "désémantisation" de ( slngulier) 1 s'actualise dans l-a nouvel lnvestissement y apparaisse.

l,alEuille conf igurat,ion pour qu, un

r /mqldef t disperse des aiguilles verslons ) sur 1e tapls de 1'ogresse.

(ou

épines selon

1es


185

ces déta11s s'avèrent pertlnents d'un point, de vue descrlptlf pour r'étude de 1'organisation syntactlcosénantlque; car 1es aiguilles sont une figure qui ne peut, être con§1dérée comme mot,if ne serait*ce que parce que dans 1a narration du conte, nos informateurs lui substltuent alsément "épines" qul apparalt darrs c27 comme élément du cholx proposé à 1'héroine. Dès lors, pâr 1a Lrace de cette récurrence dans c27, c34 et ses variant,es, nous sommes en droit de di.re que le tralt, à retenir dans "aigui11es" n,est plus celui de "coudre" mais, bien plutôt, celui de "piguant", "épineux,, et ce sera par ce trait, que le motif d'"aigui11es, épines" prend forme et sens dans une nouvelle conflguration où l,organisation syntaxique consist,e à sous-tendre "un f aire-f aire,' af in d, obtenir 1 , cb jet, (tapis ) dans c27 et c34: " r'épineux" f ait, céder " 1e t,api_s" ses proprléÉaires (ogresse dans c34, femme dans c27t. Toutef ois

à

, 1a subst,it,ut,ion r aigu111es / épines , n, évlnce pas t,otalement re fonctionnement des aiguilles dans 1e sens où e11es ne sont pas totarement réduites au seul trait, "épineux, piguant", car Ies contes associent ce trai.t au tapis dit, /1-gTifa/, /Srakna/ (ber) de ra même manière que 1,alguiL1e, comne nous 1'avons vu, à "Èissu, tissage, f13.age...,,. Ce donT i1 faut tenir compte est que 1'ut,llisation des aiguilles dans ce champ ne doit pâs êt,re confondue avec celle de 1,alguirle dans c10. Le plurier rappelle prutôt, "1es cardes,', instrument qui contient, un ensemble d'aigul1les pour dénê1er res flbres de ra laine gui, après flrage, servent à È1sser re tapis. Enfin, cette dernière flgure ne comporte aucun t,rait, sous forne d'effet qul ra dispose à fonctlonner dans une configuratlon


187

suivant, des i-nvestissements qul concernent, les propriétés

de

1'algui11e transformatrice de 1a femme en colombe. La trace linguistique qui sert à rendre compte de ce point de vue est "ensemble d'aiguiJ.1es" {des cardes) rlont /nqideï/, comme nolls

1'avons déjà vu, se sert pour se protéger contre 1'ogresse (cf. Ie trait de "séparâtiorr", 1:. WD, n, i). La pertinence de l-a concentration du faire descriptif du motif de 1'aiguille est invitée à a11er au derà de 1a simple

constatation de la récurrence; e11e doit viser non seuiement 1a mi.se en relation de 1'aiguilre avec 1a colombe et des aiguilles avec le tapis suivant 1e singuller et j"e p1urie1, mais aussi, 1a combinaison entre ies é1éments de chacune des relationsi "ce ne sont pâs Jes mots, la phrase, bret cfes fcrmes que naus devons avoir uniquenent er vue i ce sofit cies opératiorts" ' qui sont une technique par laquelie s'actualisent des sens particuli.ers des motifs dans les configurations. Ce serait, à notre avis, une solutlon pour expliquer d,,une manière peut-être abstraite 1e comment d'une ut,ilisat:-on lexlcale dans des contextes dist,inct.s par des traits tels gue "serl à coudre", "sert à piguer", "sert à démê1er les fi.bres de la laine"., dont 1'un s'act,ualise dans un contexte et non dans 1'autre, pour que la thématisat,lon prenne des voies d'expansions qui soieni, -bien que le notlf soit apparemment l"e même- sous-t,endues par des opérations portant sur des combinaisons entre traits du motif " aigu111e " dans 1a 1

1

,1.

-c.

à 1'autre", p.103.

coQUET,

"L'être et Ie passage ou d' une sémlotique L tai re s de Vincennes , Parls, 1988,

Presses unive rs


188

conflguration. cette configuratlon qui ne peut, nous semble-ti1, se manifester dans les variantes d'un seul conte, sera construlÈe théoriquement, pour prévoir l'ensemble des contextes d'utilisatlon d'une unlté lexicale suivant l, exp't 6itation de chacun de ses traits combiné à d'autres t,raits d'uniLés te1les que "colombe", "Lapis". . que les récit,s partlculiers .

permettent de relever.

Ealsons un pas de plus dans ce sens pour éclalrer 1a questlon, cette fois, du principe de substitution d'une unlté lexlcale par une autre dans un même cadre configurat,if. L,idée

de combinaison entre unités substltuables l'une à 1, autre demeure opératoire car, c'est aut,our d'un même t,rait que 1e mot,if manifesté par 1'une cu 1'autre des unités est ut,ilisé dans une configuration donnée: 1a prototypicalité est dêpendante de ce trait, sél"ectionné par une opération de mise en rel-ation entre unités. cett,e sélection est lnt,entionnelle par "le besoin" adéquat à sa mise en dj_scours. Prenons deux exemples, celui du tapis que nous venons de volr et celui de /L-HsLra/ (ar), /aHSir/ (ber: natte en joncs, en sparte ) , qui se substituent 1'un à 1'autre de manière lndifférente dans, entre autres, 1es versi-ons que nous avons pu recueillir de C201. Le t.hème sous-jacent à notre conflguratlon dans ce conte est 1'adult,ère: si 1'on en croit, 1a substit,ution c1-dessus, on

/nfa weld 1-ma1ik eend dlk 1-mta Gi dxul !ÿ rajel-ha dxul dik 1-mra lwat weld 1-ma1ik f-1-HSira (f-1-gTifa) r+ dHaru teHt s-srir/ (ar: le prince se rendit chez la femme. peu de temps après, 1e mari renÈra. Pour ne pas être prise en flagrant dé1ir, Ia femme "enrouIa" autour du prince une natte (un tapls) et le cacha ensuite sous 1e lit). 1

naDet


189

ne peut dlre gue ilune des flgures solt plus appropriée que l'aulre pour être ut,llisée dans 1e parcours f igurat,if soust,endant ce thème. Autrement dlt, l,utilisatlon

de l,une ou

1'aut're de nos f lgures n'est pas importante; par corrtre, combinalson entre 1es f igures qui s, actuallsent, dans

de 1a -la

comparaison des versions du parcours permet de retenir qu,elre se base non pas sur 1a 1eçon saussurienne de "différence'. mais

'sur celle de " groupement" . cett,e combinaison permeL une constit.ution du parcours suivant, deux plans 1' au niveau de 1a trame narrat,i-\re du conte, e11e entretient. un rapport avec " l-a f emme en état, d, a,lu j.t,ère " : ceci rappelle "1a séparatlon" (1a rupture du lien conjugal) en tant que trait des alguilles (des cardes...) qul nous ramène au champ du tlssage êt, par conséquent, au "tapis" ut,iiisé <ians notre conflguration. Dans ce cas, signaLons que 1a natte en joncs s'1nt,ègre aussi dans 1e champ du tissage blen qu,i1 r

fai11e en préciser quelgues trait,s dlst,inctifs par rapport "tapis'1.

à

2. Par cette combinaison, "1a séparation,' que nous venons de voir ne se réalise pas en tant que telle dans 1e conte r

appartenant au même champ du t,lssage, 1'une ou L,aut,re de nos figures permett,ent, dans ce sens de sauvegarder le lien conjugal

entre 1a femme et 1e mari à conditlon que ce dernier ne sache rlen de 1'adultère de sa f emme r cê don-u nos f igures se chargent. La vaLeur sémantique de "tissu-natte" acguierL lcl sa fonction conjonctive à 1a manlère de 1,aigullLe dans le 1Àce propos signalons que Beaussier déflnit, /I-HSLra/ comme "natte servant de tapis" (c'est nous qui soulignons).


190

parcours qui débouche sur le mariage et de ra grosse aiguilte qui permet au héros 1a conjonction avec 1e melrleur cheval. Évidemment, nous n'aI10ns pas reprendre Ia quest,ion gue pose

1e rapport entre 1'aiguille, 1a Erosse aigulrle et 1e t,issu, entre 1e tissu -qui se manifeste icl sous forme de natte, de

t,apis- et 1e mariage ou lien con juga1. Àu fond, cette lect,ure nous amène droit vers une interprétation peu commune. Notre motif, qu,il soir manlfesré par 1'une ou 1'aut,re des uti-lisations <ies unités (tapis ou natte en joncs), est ut.ilisé dans une configuration dont 1a construction représentative est assez curieuse; 11 assure en même temps "1e cours normal" d'une union 1éga1e et sert comfiie moyen à 1a femme de réaliser ce que l_a règ1e socio-cuLturel-1e interdit (1'adultère), Ce mot,if, cl,un point, de r./ire interprétatif, constltue -toutes proportions gardées- une " complicité " vis-à-vis de 1a femme. . . Dans ce cadre int,erprétatif, nous pensons comprendre mieux pourquol /1-HS ita/ particulièrement, comporte une connot.ation reLative à une éthlque1.

sous un autre vo1et, sachant que /1-HSLra/ -qu,i1 nous soit permis de préciser res définitlons de Beaussier ei de

Mercier- est "faia"'o'alfa', nous nous trouvons en présence d'un trait, qui la distingue du tapls dont, le terme équivalent, du molns en berbère, /grakna/, comporte 1e trait ,,fait, de 1 D"ns certains milieux ruraux des Bén1-znassen: ent,re autres cit,ons celul dont nous-même sommes issu, on ne tisse jamais de natte en joncs ou en spartei en outre, les milieux chez qui cet,te pratique est courante sont vus par les premiers à 1a manière du "jugement" de ce tissage dit, ,,rabaissanÈ,,.


191

1aine". ReLenons ici /1-Hel-fa/ qui apparalt explicitement

dans

1e C38 pour nous renseigner par son contexte d'utilisation

sur

1'un de ses investissements sénantiques, apparalt d.ans d,es context,es bien précis;

/ 1-HeJ-ta/

conf iguration

se résume à

per-r

1a

près de l-a manière suj-rrante r

père, pûur égarer ses f i11es, leur riemande il'ailer

ramasser

1e

du

bois; Çuant à Lul, ieur dlL-ii, i1 pilonnerait de L'a1fa (ies âoLrps du piionnage sont un:.ndice de la présence du père rlans 1es lieux où Les fi1les ramassent du boisi.

Ce dire esL, bien

entendu, mensonger car 1es coups sont en f ait assurés pa-î ie vent qui f ait ba.lancer Le pi1on..,. Le père, devenu roisé::abl-e mendiant, s€ retrouve Lrn jour chez l-'une de ses fiil.es;

Le

c€Lle-ci se met à raconter -en présence d.e son -oère et de ses errf anLs- son histoire. Au f ur ei à mesure qr:'eJ-Ie racorrte , le père s'enf once per terre i avec .La f j-n Ce soir,

L'histoire , i1 rre reste de l"ui que 1a barbe en sr-trf a,Je. À ce momerrt. ià , la f j.1le Lui arrache 1a barbe et dit r que Dier: f asse rie toi (de bes poils) de 'l 'alfa quj. pousse sur 1es coLl.ines {ou dans

1e

s

serts ) 1.

Ce qui semble assez intéressant dans notre confi.guratiorr

est que /1-Heïfa/ apparal.t dans un contexte qui pose 1e Lien de parenté que nous

dénommons

"organisation familiale"

cadre thématique sulvant un effet

dans un

thymiqr:e de 1'ordre

dysphorique du point de vue des fi11es, Nous savons que C20 / 1-HS Lra/

(

faite

d'alfa ) rend possible 1'éviction

du

dans

de

1a

1 c* résumé , nous I'avons en fait. reconstruit en re groupant, des éléments à Lravers 1 'ensemble des variantes du conte qui raconte 1'histoire du père qul éqare sa ( ses ) fil1es(s).


t92

disjonction assurée par 1'aduItère -si 1e mari ne l'apprend pas- eL qu'e1Ie permet justement à la femme de ne pas faire acquérir ce savoir à son mari , êt donc, de maintenir la relation conjonctive ( lien conjugal ) . Selon ces pararnètres, et /]-HeLfa/ acquièrent une valeur relative à /1.-HS ira/ " 1'organisation familiaIe" , mais se distinguent selon: assure Ia contlnuité d'une uni-on 1. / I-HSira/ ôïganisatrice de 1a famil1e, 9ui, normalement -i1 s'agit d'une interprét.ation- devrait cesser de voir 1e jour. Notons que 1a séparatlon eSt présupposée dans .Ie sens où on en sait quelque chose: bien que roi (ou prince), i1 se fait contenir par une /HSira/ -au sens péjoratif- est,le prix qu'i1 faut pour que l-a séparation n'ail pas lieu;

2, /1-He:-.fa/ entre en leu dans 1e désordre -forme de disjonction entre 1e père êt 1es fj-11es- de "1'organlsation familiale" qui, nornalementr âu nom du lien sacré entre Le pater et les enfants, flê devrait pas avoir 1ieu. /L-Heifa/ assure cette valeur irrtrinsèque à ce lien pârticulièrement' lorsque, êr paraphrasant 1a fin de notre résumé, 1e père qui abandonne ses fi11es devient un mendiant que 1e hasard conduit

jusqu'à 1'une de ses fiIles devenues toutes mères de famiIles. L''ayant reconnu, sâ fille Iui reproche impllcitement de les avoir abandonnées. Sous I'effet du regret, le père se fait engloutir petit à petit par la terre jusqu'au menton... Retenons cette unité pour donner des ouvertures de lecture possibles de tout motif qul s'y associe, Dite "planÈe qui pousse sur 1es collines ou dans les déserts' selon 1e conte, par sa mise en relation avec U$nar$/ (ber), /1-1eHya/ (ar:


193

barbe) ciu père, elre met bien en place un sens sur le lien parental: dans une certalne mesure, le père se définlt par rapport au trait de "sLéri1it,é" des déserts et des colIines, ou encore, les déserts ou Les colrines sont 1e seul espaee d'enterrement, que mérite un père qui aurait égaré et abandonné ses propres filles (cecl nous rappelle dans un certain sens le c1 où Ie mari "s'enterre" 1ui-même dans une grott.e). Enfin, pâr L'lnvocation de 1a fi11e, un rapprochement s'étabrlt entre 1e père et 1a stérilité: aucune f,ert111té n'est, attendue d,un t,el père qui est pCIur ses flIles ce que 1es.déserts (res collines) Dans cette perspectlve, i1 faudrait peut-être rendre hommage au conte: cês formes de mlse en dlscours de /r-!IeLta/,

/1-HSLra/, les déserts... par des procédés qul consistent à les investir de signif ications peu communês à l, ai.de d,e "groupements" dans une configuration, nous semblent tout à fait

recherchées. Ajout,ons que ces procédés ne sont, pas part,icullers : ct!

/1-He1fa/ ; déserts (collines) rr barbe (le père) : flIles (1'alfa est aux déserts (collines ) ce que Ia barbe ( 1e père ) est aux flIIes), dont nous pouvons déta111er les soubassements de s " groupements " comme su j-t;


194

"

al fa

parenté " :

t'

---

pousse dans---

déserts ( collines subst

"

)

barbe (père) ; f111es

>-r*

it,ution I

stéri1ité

f e rt.ilité

ll

(mères)

ll

métaphore=æ

métonymie

ces procédés rejoignerrt "1e code rhétorique" que aous avons déjà évoqué à propos de "aiEullre { s } , colombes, femme..."1. ce code se maintient, en sous-tendant, 1a mise en oeuvre des motifs et plus généralement des rêcurrences d'occurrences par au moins un trait dans des parcours donnés. Provisoirement, l'un des crlLères définitoires de ce code sera, pour nous, celul d'associat,lons combinëes par des relatlons entre des catégorles sémlques dont la reconnaissance ne se fonde absorument. pas sur ra constitution d'j-nventaires de l Nous sommes conscient qu'arrivé à ce stade d,ét,ude, iI nous faudrait syst.ématiser nos propos en classant, même arbitrairement peut-êt,re, 1es conflgurations des contes oraux pour examlner chacune d'e11es selon le code rhét,orique qui lui est sous-jacent. D'un autre polnt, de vue, Iorsque 1es codes part,iculiers auront été étudiés sulvant les paramètres des organlsatlons syntactlco-sémantiques, 1'analyse sera en mesure de just,lfler 1e projet d'une "authentlque" sémanLique du conte oral i malheureusement, nous ne disposons ni des moyens ni du temps qu'i} faut pour ce projet trop anbltieux pour une seule âme.


195

figures puisqu'e11es sont soumises à des règ1es syntaxiques et sémantlgues. En outre, cês règles ne sont guère prévisibres avant, 1'examen descript,if <les contextes conf iguratif s. c, est-àdlre que 1es phénomèrres <1e connexions, d, associations, de combinaisons entre relations. . . ne sont décryptés qu, après utilisation d'instrurnents appropriés qui puissent -après vérification de traces dans 1es récits particuliers- promettre 1a cohérence du discours descriptif et interprétat,if dont nous avons déjà parlé. Essayons d'éclairer cela en prÊnant, cette fois, comme occurrence cerre de /1-hi.Dura/ (ar: peau de mouton

lavée et' tannée (avec sa laine) ) qui propose guelques avantages à 1'étude.

certaines variantes du c41 commencenr ainsi: 1a nouverie épouse du roi mei au monde deux enfant,s (ou un enfant, seion Les versions); 1es co-épouses prises de jaiousie décldent de fes séparer de leur mère; e11es chargent ta sage-femme d,exécuter 1e comp1ot,. cel1e-ci prend 1es enfant,s, 1es enveloppe dans une /hiDura / et 1es j ett.e à ra mer après les avoir mi_s dans cof f re en bois. . . Fin de 1'histoire r un pêc,heur trouve

un Le

coffre, découvre les enfants et décide de 1es é1ever. Dans le c14, ra marâtre envoie 1a fille à 1a rivière après 1ui avoir donné deux /hyaDer/ (plurle1 de /hiDura/) poui- les laver de telle sorte que cel1e qul est noire devienne branche et celle qul est blanche devienne noire. Dans nos deux contes, nous pouvons retenir 1e 11en de parenté entre 1es personnages mis en scène narralive. ces liens subissent un désordre: les enfants sont jetés à 1a mer et, la fi1le se trouve dans 1'obligatlon de partlr de chez eIle


196

puisque Ie faire-faire de la marâtre est programmé dans 1e

sens

de ne pas pouvolr-fa1re chez 1a fille êt, par conséquent, du devoir-partir (qultter) 1e foyer nata1. L'exclusion des enfants du foyer familial est ainsi 1e programme qul est déveioppé dans

notre configurationr les marâtres assunent syntaxiquement un même rô1e en ut,llisant l-es peaux de moutons associées à 1'aquatique ( mer, rivière ) . Dans ce cas , avec 1e coffre , 1â peau sert à envelopper leS nouveaux nés; elLe sert aussi à maint,enir une reiation disjonctive avec 1a fonctlon de 1a mer dans un programme de "noYade = mort" du point, de vue des marâtres dont 1e dé1égué est 1a sage-femme. Autrement dlt, "la peâu et 1e coffre" servent d'é1éments d'un anti-programme par rapport à celui du repêchage et qui se réalise par Ie pêcheur. Toutefois, dans 1e cas du C74,}e coffre n'apparalt pês: nous supposerons gue cett,e unité est utl11sée pour des fins narratives spécifiques au C41 qui utilise 1a mer et Ie pêcheur, ce dont le c14 peut se passer puisque seule la peau Peut assumer 1e rôIe -par f investlssement que nous al1ons Y repérer- de transformer 1'état dysphorique de 1a fi11e en euphorique.

En somme, nous n'al}ons retenir que les unités

communes:

Ia peau et 1',aquatiQtrê, 1a mer et la rlvlère, en dlstinguant ces dernières par deux effets implicites aux programmes des marâtres ( Ia mer eSt un eSPace de noyade, 1a rivière est, évoquée pour son eau qui sert à laver les peaux). si nous examlnons ces flgures à 1a manière d'une simple paraphrase de leur manifestatlon dans Ies récits, nous ne sera iI lntelIigibles: rendre pourrons Pas les


197

vralsemblablement nécessaire, après avoir évoqué 1'aquatique,

de voir à quel univers sont affectés Ia peau, 1e coffre et /1-Gurbal/ (ar), /arekkuê/ (ber: tamis)1. Nous sommes en présence d'urre même figure ( peau ) et de deux autres difficilement rapprochables. Pourtant, bien que "peau" el "coffre" soient ut,ilisés dans un même parcours alors que "peaux" et "tamis" se substituent 1'un à 1'autre sel-on 1es versions de 1a configuration, ceci devrait nous lnvlter à faire abstraction de ces données manifestées pour nous placer à un nlveau relativement profond où se pose la question des assoëiat.ions

de

"peau",

"cof f re",

"tamj-s"

dans

ia

configuration. Hypothèse: 1es dlstributions de ces figures tel-1es qu'e11es sont mises en contexte devraient leur faj-re entretenir des relations sémantiques sous-tendues par L'organisation syntaxigue si on les mettait en rapPort avec 1'aquatique tant qu'univers contenant 1e coffre, lui-même conLenant

en

contenant les enfants dans C41,. De ce point

de

peau,

e11e-même

l-a

vue, Ie coffre empêche Ia mer d'être un e§paëe de l-a noyade. Ne s'agissant pas de noyade = mort dans C14 et C27, la fille aura été située non pas dans 1'espace aquatlque mais terrestre t,out en étant impliquée dans un progranme qui eonslste à lui faire sublr quelque chose de rapprochable à 1a noyadei c'est-à1 R"pp"lons que dans les C14 et c27 sont utilisées deux versions d'une même configurationr dans 1'une apparaLt' 1e progranme du lavage des peaux dans 1a rivlère; dans 1'autre, le programme du puisage de 1'eau (de rivlère) dans un tamis. Notons que les deux programmes ont la même vlsée du point' de vue de Ia marâtre! meLtre 1a fille dans I'impossibilité de pouvo i r- f ai re .


198

dire, Ia mortr ou du moins, 1'égarement ou la disjonction par rapport au foyer familial devant 1, impossibllité de rendre noire par le lavage }a peau blanche, êt blanche cel1e qui esL noire (varlante de "remplir d'eau un tamis',). par cet effet, investi dans 1e programme, 1e rapprochement, bien que curleux, s'explique <ie manière assez sournoise: 1e coffre, empêchant 1a mer de réaliser 1e faire programmé par les marât,res, donc ne pouvant contenir 1'eau bien qu'i1 en soit engrobé, se rapport,e au t,ami-s qui -destiné à puiser de ileau, se3.on Ie programme de La marâtre qui servlralt à donner 1a mort- ne peut justement servir comme "récipient" (instrument pour cette fin); 1a mort. programmée ne peut. en aucun cas

avoir 1ieu. seron ce point de vue, i} doit y avoir au molns un trait qui rapproche 1e coffre du tamis. Dans un sens général, nous voyons dé jà que 1e rapprochement s'ét,ab1it par 1a conf igurat,ion spatiale relative à 1'aquatique et aux sujets qul entreti-ennent des relations avec 1'espace en question; mais ceci n,explique rien encore. Du point de vue figuratif, le coffre et 1e tamis se font rapprocher par f intermédiaire de la p""u1 récurrente dans 1es deux parcours des enfants et de 1a fiire;

ceÈÈe

figure

' nous semble-t,-i1, être saisie comme effet de régularlsatlon du rapprochement des deux premières seron le Peut'

1 Dans ce cas, la peau est uti11sée au singulier; dans 1'autre, âü pluriel: il nous semble que ceci peut s, expliquer relativement à: - le recours à "coffre" sembre exigé par Ie fait, que 1e sujet (enfants) est présenté comme engrobé par 1'espace aquat,ique; - alors que pour 1a fil1e, e11e est située dans 1, eJpace terrestre en tant que sujet, de faire (rempllr d,eau Ie tamls). Ble-n entendu, cette expllcation reste dlscut,abre tant qu, erre n'est pas justlfiée.


199

'sènê de "protection contre 1'eau". rci, 1, aquatique mis en rapport, avec 1a noyade qui se manifeste sous forme d,égarement,,

d'exclusion de 1'espace familiar, de rejet..., autre aspect, en relation avec 1e terrestre

se met, sous un comme espace du

repêchage au sens gënéral du terme.

si nous persistions dans ce jeu de mise en relatlons, nous devri-ons de manière assez précise expliquer la nature du rapprochement entre "cof f re", "tami-s" et '.peaux,,: 1e conte défin1t 1e coffre selon le t,rait ,'fait en bois',. r1 se trouve que Ie cerceau du tamis, où on fixe une peau percée de chèvre ou de mout,on pour permett,re 1e tanrlsage, e§t aussi f ait, en bois. Le tamis comport,e aLors 1e trait, déf j.nitoire du cof f re que nous venons de slgnaier et un aut,re re1at,1f à "peau" 1. si nous rapprochons "cof f re" de '"cerceau", 1a ca-uégorie

susceptible d'êLre retenue grâce à "bols,, serait, dans un sens, ce1Ie du végétal. 11 ne reste plus qu'à mettre en place cerl_e de 1'animal (chèvre ou mouton) dont provient 1a peaur ,'végéta1 vs animal" -dont nous venons de p,réciser un sens suivant La provenance oe "bois" par végéta1 et de,,peau,,par ,,anima1"-

sera retenu en tant que catégorie sou§-jacent,e à un univers sémantique de 1a configuratlon globale:

1

ceci permet de comprendre pourquoi 1e se substltue .aux peaux et, pourquol Ies peaux peuvent tamis vislblement être ut,ilisées dans 1e

même

micro-récit.


200

Caté

gorie

,/\

anlmal

végéta1

pe au

bois

/hiDura/, /Oah 1Du

rtz

l

\

/ (

+ 1aine1

S

enDuq

coffre

/ )

laine +

troué

e

/Gurbal/, /arekku0/ A ce stade, i1 apparalt que des relations se tissent ent,re

1'aquatlque (mer, rivière) et Ie terrestre comme espace de 1'humain (enfant,s, f i11e), entre ,'végéta1" (= bois) et ,'animal', (= peau ) , qui constlt,uent trois att,ributs qui sont dans 1'univers conf igurat.if coordonnés nême s'ils comportent <ies isotopies contradictoires. Lorsque "végéta1" = "bols sec,'2 est coordonné avec "anima1" - "peau tannée avec Iaine ou trouée sans 1ai.ne", cela signif ie la mise en place de.ra mort. dans un programme non réa1isé puisque arinulé par 1'absence d,assomption

1 "4u"" laine" mot.ive 1'utillsation de /1-hiDura/; ,,sans lalne + trouée" motive celle du t,ami.s dans ra conf iguration. c'est dire que non seurement 1a substitution se jusiitie par ces traits mais, aussi-, que 1e trait "1aine" que nous avons laissé en suspens (cf. p. lgo) devient fonct,ionnelle pour 1égitimer "animal" gui n'acquiert d'intérêt, fonctionnel que par "végétal" qul se manifeste dans "bois" soit par re cerceau qui, à son tour, sê met en rapport avec 1a peau trouée et sans 1aine, solt par Le coffre. 2 À propos de "bois seco, rappelons gue nous y avons déjà reeonnu '1a mort".


241

du rôle de donner cette mort par l',eau (mer, rivlère) qui, dans ce sens, comporterait le sème de la vie. Autrenent dit, à ce

nlveau, nous pensons gue 1a catégorie vie vs mort est aussi impliquée dans cette configuration en tant que traits lnvestis rlans "rivièI.ê" , "mer" = "eau" et "végéta1" = "cof f re" (bois sec) VS "animaL" = "peall",,. , coordonnés d'un Point de vue discursif par 1e molif du tamis qui comporte aussi bj-en "boj's" = "CefceaU" qUi Se r'Appor'Le à "Végéta1", que "peau" qqi Se rapporte à "animal". Nous assistons ici à une configuratlon dont 1e parcours du sens exploite un unlvers mythique qui habille Sémantlquement la structure narrative de 1a transfOfmaLiOn dU "prOgramme de mOTt" en "prOgramme de Vie". Voici en gros une organisation <ie mot,if S dans un univers myÈhique de configuration, Scrus-tendu syntaxiquement par des

11éterminations inscrites dans 1'univers terrestre qui exclut de l,aquatique Ia possibilité à I'anti-sujet (marâtres ) de

clonner 1a morL au sujet

nouveaux-nês, fi1le ) : place à

1a

notre iecture du motif du tamis

que

(

morale du conte. Essayons de justifier

nous retenons pour y avoir repéré une forme coordonnatrice du végétal et de 1'animali ca::, d,ire qu'un lami§ entre en jeu dans

Ia configuration pour en quelque sorte nier le progranme de 1a répudiation dont 1'effet eSt proche de 1a nort -nouS dlrlons une mort symbolique- pourrait générer une question Sur 1a mlse en place de cette même mort sl notre motif Cessait d'être "un tamis'. tout en gardant les traits suivants! "cerceau autour duquel on flxe une peau de mouton ou de chèvre"


202

La réponse à cette questir:n ne peut se faire que par une autre question! est-ce que 1e cerceau et 1a peau qui y est fixée peuvent ou non contenlr de 1'eau ? si, à la manlère du coffre, ils ne 1e peuvent pâs, c'est que 1a mise en place de

1a mort ne peut, être motivée dans 1a configuration; sl, par contre, ils 1e peuvent, c'est qu'i1s entretlennent un rapport,

ét,roit avec une réalisation motivée de la mort. En effet, si 1a peau n'est pâs trouée, ce tamls, non seulement ir cesse d'être investl par les t,raits que nous venons de voir pour assurer son rô1e fonctlonner, mais, aussi, i1 cesse d, êt.re clésigné linguist,lquement comme te1: <iu moment qu,ir peut cont,enir de L'eau, ii sera appelé /1-bendir/ (ar. et ber.: tambour genre basque sans sonnettes ou grelots ) dont 1 'occurrence apparai.t dans 1e eonte connu, 1e c3s 1. Tout compte fait, cê motif est utilisé dans Le cadre configuratlf suivant une mise en relation avec "1a mort = noyace,, de ra f111e dlte "chanteuse de /Hebb r-remman/". Grosso-modo, Ies isotopies de 1a vie et

deux parcours rapprochables au

même

de

tltre que vie

constit,uent suivant un processus "déformant,'2, nous

1a mort dans VS

mort,

se

Exp 1i. quon s -

-

1La verslon que nous en proposons nous a été racontée sous forme d'un résumé ; e1le est la rnoins développée de t,outes 1es autres que nous avons pu recueillir. Nous la retenons car 1e rêsumé est intéressant dans 1e sens où i1 retient, 1'essentie r de 1a configuration récurrente dans toutes res

versions. 1

nlt =_=__:1.

'Nous empruntons ce terme à A. J. oo

h È,.

JJ.

GRErMÀs, Du

sens, op.


203

Un sens manlfeste décrit selon des trait,s supposés définltoires d'unités dans des parcours tels que "peau, coffre, mer" et "tamis, rivière" est 1e résu1t.at de 1'élaboration d'un sens latentl dans/par une relat,ion catégoriel1e: végéta1 "orçu (* bois) et animal (= peau), qui produit justement -puisque végét.a1 et animal sont coordonnés- une valeur connotative qui est la négat,ion de ia mort el 1'lmplicatlon oe Ia vie en tant que sème -dans cette configuratiorr ciiscursive- accordé à 1'eau de 1a mer (ou cie 1a r j-vière ) . Ceci dit, avec un mlnimum de " bonrre cii stance " , on se rendra compte qu'une lecture comme ce1le que nous venons de faire doit reconnal.tre -par l-e seul fait gu'e11e s'efforce de contracter dans son activité avec l-a méfiance- gu'e11e devrail reprendre ce sens latent et, voir s' j-lse maintient lorsqu'au niveau du sens manifeste s'ajoute un quelconque t,rait,. Comme nous venons de 1e voir, 11 suf f :-t qu'apparaisse 1e trait de "peau trouée" relativement à "peau non trouée", définissant successivement 1e tanis et /1-bendir/ pour que f investissement sémantique en termes d'isotopies change même si "bois, peau" se maintient.: ce changement ie visée, en tant qu'intent,ion dans la mise en discours d'un mot.1f t,e1 que "f 'eau" conportant j-nit,ialement "vie" et f inalement "mort" avec 1'apparition de "peau non t,rouée" de /L-bendlr/, est ce que nous appellerons processus "déformant". Ceci nous permet de " (mesurer) la dist.ance qui existe entre 7e sens

1 rUia., voir "Pour une sociologie du sens commun",

93-115.

Pp.


204

Tatent. et 1e ,sen,s manif este, résultat secondaire, canoufLante et défornante,'1.

d'une élaborat,ion

Pour exploiter au mieux /1-bendir/ eL nous en servir comme exemple de t,raitement, des autres nrotif s selon 1es cas, nous voyorrs que, sans chercher à Le trailer

sous 1, angle connotatif

ou symbolique, le sens dénct-atif (instrument de musique) est é11miné par le cont,exte dans 1e sens où même si "L,isotopie dénotative", selon l'expression de Greimas, apparait, dans c35, el-1e n'est guère "sérieuse": elre se fait évincer par 1a mise en rapport de /1-bendir/ avec. 1'héroine ayant, subi. 1a noyade sulvant un procédé mét,onlrmique (1e cheveu de Ia f i1Ie noyée est

utilisé

corde pour /i-bendiri ) . si ce dernier est cr-rlturellemerrt utilisé dans 1es occasions heureuses (sens c1énotatif), dans c35, i1 apparaît dans un contexte éva1ué dans 1e conte même comme étant dysphorique ou ,,négativement heureux". c'est 1à qu'apparait, "le camouflage,, (ie l,isotopie dénotative r on ne peut. nler 1e fait gue 1a mi-se en contexte de /1-bendir/ dans C35 soit une forme de renversement dans ie sens où 1e dysphorique s'actual-ise dans 1a conf iguratioir contrairement, à "1'annoLation', dénotat,ive du sens commun (

comme

instrument, de muslque

)

.

Ce renversemenL dû

processus camouflant dans 1a mise en dlscours de /1-bendir/ n ' e st pas sans rappe J-e r 1es discours au

interprétatlfs des visions oniriques2. 1 rnia. p. gg . 2 Qu"lques informations que nous avons recueillies de femmes mères de familles et d'un cert,ain âge, dtsentauprès à peu près : ürl rêve dont " 1 , hi sto ire" raconte 1a j ole 1'euphorie , ,

(suite...

)


205

rr serait, vraisemblablement int,éressant que 1es démarches d'analyse des systèmes de connotatlon ou des langages connotat,if s se servent, des "acquis" de 1a psychanalyse, l4ais, ces systèmes sont,-11s suffisamment éLaborés par des analyses

faites concrètement de f inLérieur des productions cultureLtes et. populaires ? La psychanallrse tient-el_1e compte de 1a culture

dite populaire pour en recevoir des enseignements gui 1ui rmet,tent d 'approcher ce ger!re de phénomène ? voiLà gue nous sommes arrivé à une extrapolation dont nous ignorons aussi bien 1'efficacité que 1,apport. Â 1,état act,uel

pe

cle nos connaissances, 11 serail hasardeux de nous aventul:eî dans cette voie sous peine que 1es principes de not::e démarche subissent, un déplacement des horizons de lecture. A l-a rir,ite, nous pensons qu'opérer par pro j ection d'un acquis sur des données du produit

dit conte populaire oral, est dangereux pour 1a simple raison que nos connaissances sur ce produit sont actuellement tout à fait lacunaires. En outre, nous avons Ia conviction que 1'étude des contes dans 1e contexte de no§ recherches, doit. se faire de f int,érieur du produit; s,i1 y a quelque chose à en dlre,11 dolt y être inscrit, d,une manière ou d'une autre. Que cette digression nous soit pardonnée. 2(...suit,e) 1e bonheur, signifle que celui qui 1,a fait connai.trait dans 1a réalité un malheur; le mariage dans le rêve est interprété par 1'unanlmité de nos informatrices comme mort d,un proche. Partant, de cela, "1a musique" serait, selon nous, interprétable par "pleurs" qui se manifestent dans c35 par /T1iba/ (ai, ce11e qui cause un malheur ) et, de manière plus explicit,e pâr "larmes" du père et de 1a mère lorsque, à 1a fin àu récit,, irs apprennent 1'hlstolre de leur filre noyée. cecl n,est bien entendu valabre que pour /l-bendir/ dans c35, définlssabre comme instrunent de musique.


206

Enfin , /l-bendir/ , le tamis, le coffre, la peau, Dê peuvent être étudiés dans un système dénotatif quand i1s sont

utilisés

motifs parce qu'en tant, que te1s, i1s évacuent ce système par les iridlcatiorrs sémantiques qu'11s s'acquièrent par groupements et combi-naisons dans des micrc-récits configuratifs. Ces indications qui re1èvent d'un " langage ..configuratif " exigent, que leur analyse dépende d'un modèle qui assure 1a lisibilit,é des contes sous des angles aussl divers que possible. Les t,echniq,:es qui peuvent (ou devraient articuler 1e dénot,atif et "1e langage configuratif" connotatif pour rendre lislble 1e conÈe ora1, n'ont pâs, à noLre connaissance, atteint un niveau suffisamment développé pour prétendre à 1a notion de "modèle" sous forme de "sémiot,ique ce cultures" sous 1'arrgle de /i-mHa jyat/. comme

)

Par ailleurs, étant donné que nous avons utilisé 1a notion

r nous devrions préciser comment i1 est, construit dans }a configuration g1oba1e. Dans nos contes pris comme références, nous avons précisé 1e conLexLe de 1a mer et de l-a rivière; i-1 reste à préciser celuj- du puit.s auguei se substit,ue la rivière selon 1es versions de C35, comme lieux où se réal-ise la noyade de la filte dont le cheveu est utilisé comme corde de /1-bendlr/ par /1-meddaH/ (ar), /ameddaH/ (ber: espèce de trouvère religieux errant qui récite des p1èces de poésie; cf.

d'espace

Beaussler).

tenu de ce qui a été dit sur 1'espace aguatique, i1 appara1t que " 1'horizontallté = ïlêr r rivlère" sous-tend f isotopie de 1a vie; par conséquent, 1a t,hématisation dans not,re configuratlon est produite par "un fonds sénantique" qui Compte


207

joue sur "1'horizontalité et 1a verticalité" comme espace

= "puits, rivière"

de Ia noyade. Retenons que la rivière fonctionne

ici selon les deux traits r une remargue qui devient traditionnelle d.ans notre rechercire. El-1e se rattache tant,ôt à "vie", t,antôt, à "mort", ce qui permet de rendre reLative 1'opposition vie VS mort dans 1e sens où si 1a rivière est 'associée à 1a mer selon 1'horizontalité, ce qul s'actualise dans 1a configuration sera 1a vie; si, par conire, e11e -ainsi que 1a mer d'ai11eurs- est associée à "puiÈs" selon 1a 1a mort e§t ce qul s'ac'tualise dans 1a verticalité, conf iqiuration.

Nous voyons que 1a not,iorr d'isolopie est

itération de ,sêries" êt, aussi, à just.e titre comme 1'a écrit, Greimas, organisatiorr d'un " faisceau de catégories sénantiques redondantes" l, combinées et organisées syntaxlquemenL et sémantiquement pour sÈruclurer une configurat.ion discursive. Ce sont ces conditlons prélirninaires de structuraLion par 1'lntermédiaire des ut,llisat,ions des motifs gui, semble*t-i1, prédominent dans 1a tentative de repérer les procédures de connotation dans une configuration discursive déterminée. Autrement dit, c'est de combinaisons possibles -que 1a description sémiotique justifie par 1'utilisation d' instruments adéquat,s- entre motifs du conte que dépendent les actualisations des isot,opies. Donnons 1'exempLe suivant: 1a pe rme t " /bendir,/ " " ri-vière " c omb irra i- s on entre 1'actualisation 1

À. J.

de

l'isotopie

GRETMAS,

"

cie 1a noyade, 1a combinaison

Du sens, op. cit. p. 10"


208

entre "rivière" et "tanis" ou entre "mer" et "coffre", permeL 1'actualisation du "repêchage"; etrfin, une combinalson, à un seconcl niveau, est possible entre lesdltes isot,opies pour permettre 1'actualisation catégorie1le de 1a mort et de 1a vie. La lecLure à rebours est possible, sinon i1 aurait été inexact de parler de "structuration" et encore moins de "combinaisons". Concluons gu'à chaque configuratj-on est sous-jacent un mode de mise en discours des motlfs, définl par 1es diverses au sens large, eu'entreLiennent ces motlfs. Décj-dément, 1e concept de "relation" est sl opératoire que sa force aglt même au niveau des désambiguisations; un motif tel que celui de 1'eâu ne peut être analysé et saisi selon ",/ie" ou "mort" que si on 1ul applique ce principe qul perme-,reiations

j ustemerrt

de j ust.i f ier 1e procédé de connotation.

1. eontenants / contenus et réqtllarités sénanti

svntactic-o-

que s

"le coffre", bien gu'i1 présente un cas de contenant, pour éviter 1'éventuelle lassltude d'en parler. Toutefois, pour situer nos propos, i1 faut. bien prendre des textes de référence et, ensuite, essayer de voir si 1es données d'un premler examen peuvent s'étendre à d'autres récits ut,ilisateurs de motifs comporLant 1'un ou I'autre des traitsr eontenant / contenu. Abandonnons


209

Un point

s'y est accoutumée: /1-geSea/ (ar), /0abqly0/ (ber: plat creux et très large en bois ou en terre cuite; on y sert en généra1 du couscous comme on peut y pétrir de }a farine ) . Le choix de ce motif nous pernet d'évoquer un champ dont. nous n'avons pas de départ

comme notre

démarche

erlcore parlé. Remarquons que cecte occurrence cornporte 1e t,rait:

"contenant" de nourriture dans, entre autres, CLO, C15 et C36 1. La nourriture en tant que contenu n'est pas une occurrence dont 1e seul trait, est, "objet de ccnsommation".

Dans

C15 par exemple, elle est mise en contexte dans une conf igurat,ion qul j oue sur une f orme de manipulation i.nscriie dans une sorte de devinette; dans C36, cette forme de manipulat,ion esL expiicit.e dans 1a mesure où 1'héroine t,rempe 1a main de 1a vieille dans un p1at. et ne ia retire qu'à condit,ion que ce11e-ci raconte 1'histoire qu'e11e déiient.: "je ne t,e 1âche que si t,u me racontes mon hlst.oire". Ce conËrat est récurrent dans Cl et C36 pour ne citer que ces deux contes. Nous nous dispensons de 1'analyse de cette forme de manipulation gue nous reprendrons u1t.érieurement (p. 276) dans un autre cadre; par contre, cê qui nous semble, particulièrement i-ci, inté re s sanL retenir est la configuration dans laque11e 1e plat appelé / gesea/ est contenant de 1'eau dans un contexte particulierr f interdiction de boire de cette eau pour que 1'héroine, après avoir consommé

/geSea nta€ T-T€am ÿ, 1-lHem/ vlande ) i / , .. qeSea ntaÉ berkukef/ les gra ins sont gros). 1

{ar: plat de couscous et de (ar: plat de couscous dont


21A

excessivement de 1a viande cuite et imprégnée de se1, puisse régurgiter 1e serpent qui s'est développé dans son ventrel. Essayons d'ét.udier ce qul rapproche les unes des autres

nos figures (eau, sei, serpeni: et cuit (mouton égorgé... ) ), sachant qu'e11es apparaisseilt darrs une même configuration. De prime aborcr, nous pouvons const,ater gue 1e sei dont

1a

viande cuite est imprégnée se rapproche de 1,eau (dont 1e sel

est 1it-téralement dit "extrait" ) . Narrativement, l, eau interdite associée au se1 consommé darrs 1a viande cuite, permet d'extraire (de faire disjoindre) 1e serpent du ventre de 1'héroine dans un certain sens à la manière dont le seL est drc " extrait' de , eau" . seLon une int.erprétation po5sible , 1a séparatiorr du sei et de r.'eau permet de rétablir ,'un ord:e,, dans 1e sens où 1 'engeridrement d'un serpent par 1 , héroïne s'annule grâce à 1a "technique" ut,ilisée par 1e roi dans notre configurationz. cette technique se résume en gros par un savoir-manipuler (ut,iliser) ie sel et, i,eau en tant qu,é1ément.s 1 s"1on 1'explicat,ion de 1'une nos informatrices, ra viande cuite doit, être excessivementdesa1ée et conscrnrnée par 1'héroïnei 1'eau dolt 1ul être en même temps interdite pour que 1e serpent, soit régurgité. Remarquons que lorsqu,ii s,agit de -l-'aig1e qul dolt régurgit,er Ie jeune hom-me dans c1, 1,eau n,est pas interdite: 1'aigle consomme de 1a viande cuit,e et sa1ée près d'une rivière; lorsque -se1on l,informarrice- cet aigre s'apprête à s'envoler, i1 ne 1e peut pas à cause de Ia consommation excessive de 1a viande et de 1, eau r cê qui 1e contraint à régurgit,er jeune 1e

homme.

2 /I-malik dbeH waHed 1-Hu1i w dar-u mar-eH w jab waHed 1ges€a nta€ 1-ma HeTT-ha guddam dlk l-bent dik l-bent, bqat, takul takul dak 1-Henf bqa yexruj yexruj Hetta TaH f-r-ges€a/ (ar: Ie roi égorgea un mout,on et f imprégna de se1 pour re cuire; ensuj-te, i1 posa un plat plein d,eau ltir" ra flrle. cel1e-ci se mit à à.ng". et à manger de 1a devant viande du moutoni ensuite, le serpent se mit à sortir petit à p"tit êt, enf

ln, i1 tomba dans ,1e plat

(C36 ) ) .


2Lt

à aSSOCier respeCtiyement AU "Cuil" et aU "reptile". POUf gue ceS associationS Soient pluS clalres, nous poserons que 1e sel et le cuit consommabl-es par 1'humain (1'héroine), servent à conjoindre 1e serpent â i'eau à conditlon que ce11e-ci soit à 1'humain. Le se1 et le cuit sont alors des objets à 1'humain; et 1'eau, dans Ia " cu1ture1s" relatifs

inierdite

Configuration, eSt un objet, "nature1" qUl sépare L'humain du reptile dans Le sens apparent où 1'aquaiique serait l'univers de ce dernier. ceci dit , 1a séparation de 1'humain et du reptile ne se réalise pas à 1a façon d'une espèce de "duplicata" ce I'extracLion du sel ce 1',eau suivant Le rapport: 1e se1 est à i'humaln ce que 1'eau e§t au reptile/ câr, ef f ectivement, Ia con jonction de i.'hurnain avec ie reptLle signif ie que ce dernier n'est pas à sa place ou q'ü'i1 esc clis joint de son univers aquati-que; et pour gu'il- en soit disjoint, i1 ne suffit pas d'uti11ser un éLément de ce même univers (1e seI), iL faut, tul associer quelque chose d'autre qui soit err mesure de rendre possible 1a transformation: Ie feu qul sert à faire cuire ie mouton égorgé. Dès lors, 1e cuit -et implicitement le feu- sa1é ( sel ) s',avère un procédé d'associat,ions qui se met en rapport, avec 1'aquatique qui manlfesté Sous forme d'eau- est dit univers du serpent tout en rappelant 1e motif du sel selon Ie sens précisé plus haut:


2L2

feu

vs

cuit \\_ consommés

eau

/

/

)

\

seL

+

aquat,l que

(=

se

rpent

a----'

par 1'humain

non consommée par 1'humain

(fi11e)

(

fi11e

)

tl lt

+

Transformation: Sn0

SUO

(St fi11e; Or serpent.)

-> cett,e transformation est rendue possible par un choix d'é1éments "naturers" , cholx déterminé par un savoir d'utiLisation: eau u sel , sel n cuit ( feu ) . L'utilisation y opère par (ser n cuit) u eau, comme si 1e reptile n'était pas apte à sacrifier 1'un ou 1'autre des deux é1ément,s de son univers (se1 et eau), chose que 1'humain (1e roi, ra firLe) utilise justementr (se) priver de ileau sous 1'effet, du salé pour que 1a Lransformation se réaIise. ce point de vue nous amène à considérer gue re sel, comme "é1ément naturel" relativemenÈ à I,eau (= aquatique),

"culturalisé" par Ie cuit (mouton égorgé ) , comporte un investissement sémantique en tant, que sème d'une isotopie "cu1ture1re": 1e se1 sert à r'homme conme ce qul protège son être de tout ce gui peut en quelque sorte le "déshumaniser" en


2L3

engendrant par exemple un serpent, (cf. C36) ou encore, êfl

se

faisant avaler par un aigle (cf. C1) i ce seralt alors 1'un des é1énents sous-jacents à 1a relation nature / cuiture au sens 1arge. Dans ce sens, nous pensons que les contes enseignent l-a manière dont Ies "élément,s" de la nature tels que 1e seI et 1'eau peuvent êt,re manipulés par 1'homme pour sa propre "protection" . À ce propos, nous pouvons donner cet exemple de no"Lre conflgurat,ion dont, 1es textes de référence sont 1es variantes de C351r

fi1le ft serpent

1i sa tion:

uti 1 i sat 10 nl I I

irn fille

I

8au

Feu

se1)

(

cuit

n SE

,J

U serpent

uti I i sation:

lt"' I

Eau

l_r cult fl sel)

non

utili sati

on ; I

Feu

cuit,

O

sel)

1 No,r" ne retenons ici que 1'opération de transformation dans 1a configuration sachant que s1: " feu ( cuit n seI ) " intervient conjointemenL à "eau (cuit 0 se1)" 1a transformation

ne peut avoir lieu.


2L4

À ce niveau, iI nous semble que 1a modalité du savoir portant sur 1'utilisation de: "cuit", "se1" , " feu", "eau", s'avère nécessaire püur prétendre au pouvoir. Le roi, doté de ce savoir te1 iiue la configuration en rend compte, n'est PIUS un simple rô1e qui consiste à faire disjoindre la fi1le du serpent; i1 est une figurativisation d'un "eSprit" mythique qui ,ccordonne entre 1'humain et 1e reptile touc en les séparant grâce à un enseignement sur 1',usage du "eult n salé" et de "1'eau U (cuit fl salé)". Nous nous sommes éloigné de notre occurrence (/1-geSea/\, It nous Semble à présent que sans 1'eau gu'e1le contient, elie

ne serait pas touL à fait intéressante à retenir. Le C1 1e monLre de manière asseZ claire: 1'eau est 1'occurrence qui mérite d'être retenue qu'e11e soii cont,enue par "un réciPient," quetconque ou qu'e11e soit dite dans " 1a rivlère " 9ui , justement, appara1t darrs les versions de c1. Reprenons ce conLe.

À 1a différence du premier (c36), dans ie c1, 1'anlnalaigle apparait comme contenant. 1e jeune homme: Pour 1e premier conte, 1'humain contient 1e serpenti pour 1e second, 1',aigJ-e contient I',humain. En outre, 1a "technlque" du faire-régurgiLer utllise les mêmes é1éments: "viande cuite et Salée, eau" Selon deux procédés distincts: dans 1'un, "1a viande cuite et salée" eSt Consommée par 1'hUmain, Cê qgi ne 1'est pas eSt "1'eau"; dans l',autre, elles sont toutes consommêes par 1',aig1e. Dans ce sens, si I'eau n'avait pas été consommée par 1',aigle, nous dirions que ce dernier se substitue à Ia f|I1e dans C36 et que Ie jeune homme se substitue au serPent, nais puisque les contes


2L5

r

semblent, t,enlr compte du f ait que 1 'univers de I ' a1g1e n' e st

l

li

* t[ Jil

iil

t h l

pa§ 1'aquaLique comne nous 1'avons posé pour 1e serpent, il s'avère assez clalr que 1'aigIe comporte un trait sous-jaeent à ee qul coordonne entr€ 1'espace céleste et l'espace terrestre, i1 est ce que nous pourrlons appeler "un régulateur"

qui coordonne entre 1'animal et 1'humain. Dès lors, 1a relation qul peut s'étab11r entre 1'aigle contenant 1e jeune homme et la f111e contenant 1e serpent nous renseigne sur une organisation spatlale dans 1'univers des contesr 1e terrestre apparalt eomne espace lnt,ernédiaire entre 1'aquatique et 1e céleste suivant }a dlstribut,lon où 1'humain apparait dans nos contes comme tantôt contenant, tantôt contenur

"Jeune homne"-contenu parr "aigle" (C1) huma in

"fi1le"-contenant!

(

c36

I

j ê3pâces: te rrestre

ose rpent"

vs

I

aqu atique

vs

céleste

La remarque généra1e selon }aquelle le "cuit, salé" et '1'eau" entretiennent des rapprochements selon des règles pour réa11ser des transformations dont les effets consistent à organiser les espaces qul reviennent respectlvement à I'humaln


2L6

jeune homme, femne (serpent au reptile terrestre), aquatique ) et enfin, âu "vautour" ( aigle - céIeste ) , se maint,ient, dans nos contes. Ce qui varie dans leurs mises en rapport sulvant 1es configurations peut être exploité à des (

niveaux qui consist.ent à éclairer "1'armature"1 d"" eonLes

en

tant que récits particuliers: une interprétation traditionnelle peut s'appuyer sur 1'affectation du jeune honme au céleste par f internrédiaire de 1'aigle et 1'affectation de 1a fille à i'aquatique par f intermédiaire du serpent confornément à des t,raits tels que "masculin - homme", "féminin = femme", "haut = cé1este", "bas = aquatigue"... Nous avons retenu dans C36 /l-geSea/ comme contenant de 1'eau et nous avons laissé en suspens 1a forme de manipuJ-ation qui s'inscrj-t dans 1a conf iguration ut,ilisatrice de cette occurrence lorsqu'e11e est dite "contenant de norJrriture" dont apparai.t pour falre dire à 1a vieille dans C1, i'utilisation C15 et C36, un savoir. De nanière plus explicite, nous retiendrons dans cette nourriture 1e tralt "brt1ant" qu1 fait avouer à 1a vieille ce dont le destinateur ( 1e jeune homme dans C1 et la fil1e dans C36) a besoin pour connaître I'histoire d'un (ou des) membre(s) de 1a fam11le (couslne, frères). Ce trait nous rappelle "le feu" que nous avons reconstruit par "1e du cuit" . L'isotopie modale sous-jacent,e à 1'utllisation brtlant et du cuit, dans 1e cadre de 1a manipulation est, avions-nous dit,, 1e savolr visé par le destinateur lorsque 1a

1 No,-r= entendons par "armature" 1'organisation générale qui met en scène des sujets dont les caractérlstiques diffèrent par des traits t,e1s que "mascu1in"r "fémlnin"r "voIant", 'ranpant". . .


217

nourriture est " contenue " par le plat dans C1 et C36. A présent, i1 revient à 1'analyse de distinguer entre deux cas de savoir:

- quand L'eau apparaî.t dans 1a conf igurat j-on utilisa'crice de 1a nourriture (vlande cuit,e associée au se1), re savoir du destinat,eur manipulateur ( 1e père dans c1, 1e roi dans c36 impl j-que 1e pouvoir-dis joinclre ilhumain (jeune homme, f iile de 1'animal (aig1e, s€rpent.): L'univers sous-jacent à cetre conflguration est mythique clans la mesure où L, animal et 1'humain sont des attributs coordonnés suivant 1es rapports contenant / contenu. - Quand 1'eau n'apparal,t pas dans 1a conf igurat,ion utilisat,rice de 1a nor:rrit,ure (couscous par exemple ) , l_a manipulation joue essentieLlement sur 1'acquisltion per 1e )

)

destinat,eur (jeune homme, flrte)

d'un savoir sur 1'histoire de ce qui se trouve à 1'origine de 1'i.nsulte1 eui, à son Ëour, devient 1'effet d'une manipulation du sujet insulté pour en réparer 1a cause: rétablir 1'ordre. Dans 1e premier cas, 1e sujet (père, roi) est présent,é

"savant" dont 1e faire pragmaÈique correspond à 1a transformation dans 1e programme de base de ra configuration. Par contre, dans 1e second cas, le sujet est modalisé par un savoir dont 1'acquisition est, rendue possible par 1'utirisation comme

1 C1, /ami 6ik §aryaz0 u ]ukan 0ruHeô aterzuô x ye11l-s aeemml-k yellan Ger thwal ô lGwa1/ (berr puisque tu te montres sl courageux, tu devrais aller à la recherche de ta cousine qui se trouve chez Ies ogres); c36: /klyyt-k a mejliyyet sebea/ (arr si tu ressentais Ia molndre "douleur morale" (ef. Mercier), tes frères n'auraient pas dlsparu à cause de tol ) .


218

de la nourriture "brtlante" ( implicitement, Ie feu ) et qui implique un devoir-agir ( retrouver 1a cousine, retrouver 1es frères). Autrement dit, Ie jeune homme et la fi1le ne sont pas lnitiés dans 1e sens où 1e savoir acquls (communiqué par 1a vieille) implique un pouvoir-agir comparable à ce1uj. du père et du roi; i1s sont modalisés par 1e devoir-agir à Ia suite de f insulte. À ce niveau, nous pouvons présumer que lorsgue 1'eau ( premier est utilisée dans 1a configuration cas ) 1 'artlculat,ion modale sous- j acente permet d'actual j-ser f isotopie du pouvoir impliqué par 1e savoir préalab1e du sujet (utilisateur du cuit, salé séparé de 1'eau); alors gue "le feu" lmpliclte à 1a nourrit,ure dit,e brtlante dans 1a conf iguration, se rattache à f isotopie du savoir qui s'articule au devoiragir. C'est-à-dire qu' ici , de suj et qul prétend pouvolrmanipuler pour acquérir un savoir, it devlent sujet dont, Ie faire est "ré91é" par ce mêne savoir qui 1ui est communiqué et conformément à des dét,erminations qui lui sont extérieures. Ces considérat,ions sont à peu-près dit,es implicitement Cans "roi", "père", "fqih" en tant, que représentations d'un actant dont 1'ldentité semble "fixée" suivant un savoir qr:i implique le pouvoir, ce qui n'est pas Ie cas pour /mejliyyet sebea/ et /waHed 1-we1d/, chez qui f identité semble nettement, "défaiIIante" suite à f insulte. En d'autreB termes, f identité royale, paLernelle et "savante reli-gieuse" ( fqih) , situées relat,ivement à I'isotopie du pouvoir, et cel1e de 1a fille et du jeune homme, relative à f isotopie du devoir, ne devraient pas nous étonneri ceci dlt,, Ies conflgurations en font l'usage ,


2t9

en les justifiant

comme

pour les léqitimer dans un cadre où

1es

s y servent comme ef f et,s pour 1es rendre intelrigibles. Nos figures actorj-elles: 1) "un jeune homme" et. "1a fille" -dont, nous dirions pudiquement que ce sont des "non*initiés" ou tout simplement des sujets qul ne disposent d'aucune liberté de vouloir ou de refuser d'agir- et 2) "Ie ro1", "le père", "1e f qih" -qui sont pour nous des su jets " i.ni_tié§"- se di_st,inguent

mot,if

lorsque nous 1es resituons dans leurs cont,extes narrarifs par les associations dans 1es conf igurations ent,re les nrot,if s de:

1) "nourriture cuite (= brtlante = feu)" êt, 2\ "nourrilure cuite (= feu) salée (se1), eau". ce qui manque dans 1a première "ordonnance" qui situe son utilisateur dans un statu+, auqueJest sous-jacent 1e devoir, est une association entre "feu" eÈ "eau" pour que son utilisate,r:r ai_t I'id.enti."é de "celui quf peut". Â déf aut de cette dernière associat,ion enf;re moli-is auxquels s'intègre Ie se1 dit, implicltement dans 1'eau, 1e sujet utj-lisateur ",se réduit à (un) rô7e instrunentaj"L. Four

prendre 1'exemple dans C1 , 1a vieille y est une flgure archétypale dï sociar dans un univers curturel, ayant, pour rô1e de sanctionner Ie jeune homme (n'être pas un homme ) t,ant qu'i1 ne retrouve pas sa cousine: une morale sur 1es liens de parent,é

dont au moins une règle se manifeste ici. L'actant qui assure le maint,ien sous forne de rappel de cette règle est représenté

par cette viei11e.

1-

9.

tro

V.

COQUET,

Le discours et son sujet , T.1, op. clt.

p.


220

Par ai11eurs, ce rapport qui met " Ia viei1le" en position de destinat,eur par rapport au j eune homme représentant un sujet

selon 1e devoir

D^e ù

dans:

pouvo i

devoir

r

(D, destinateur; S: sujet) engendre narrativenent un autre rapport -',le jeune homme est

ingurgité par 1'ai91e"- où 1e sujet se laisse paraphraser par une déf inition "descripti-ve" r " i7 r,e.st ri8r," QUê nous empruntons à J.-c. coquet pour l,utirlser

au profit de notre

étude dans Ie sens où Ie sujet n,est ni humain ni animal tout comme c'est Ie cas pour la fiI1e dans C36.

Pour 1'analyse du figuratif

qui apparai.t, maintenant comme composante sur laque1le porte notre approche, i1 semble nécessalre de faire un choix dét,erminé par le lien qu,i1 y a entre des confi.gurations discurslves et 1es utllisat,ions des motifs. Dans ce cadre, 1'une des caractéristiques qui n'étonnera certainement, pas 1es habltués aux cont,es pulsqu,elle est relativement tradit,ionnerle, se résume dans l,analyse par des "carrefours" au sein même de parcours figurat,ifs.


22L

chapltre, nous aurons Ie souci d'examiner ce qui constitue ces "carrefours" selon 1'organisatlon et 1'usage qu'en font des contes, aussl distincts soi-ent-ils, au niveau des histolres qu'irs racontent et au niveau même de la manière clont 1ls art,iculent des séquences pour parler de Dans ce

représentations parentales. En faitr

cê vo1et, nous 1'avions déjà entamé dans notre t,hèse de 3e cycre dont cel1e-ci. est un prolongement. Nous nous

intéressé à 1a parenté selon un dépouiLlement de Lermes signlfiant des relat,ions consanguines entre pexsonnas€s; cet,te sommes

ét,ude n'a pas pu produire des ouvertures concrètes sur f int,érêt, gue nous saisissons à présent sur 1a constructlon clans 1e cont,e de représentations cur."urelles du motif de 1a parenté. Par conséquent, nous estinons qu, i1 seraii vraisemblablement int,éressanL de reprendre ce voIet" En tous

cas, 1e conte est en mesure de 1égitimer parenté entre personnages mls en scène.

L, intérêt

de la

Deux angles servirorrL

à rendre compte de f intérêt de ce volet essentiel à 1a constructlon du conte selon des parcours relatifs à des personnages: 1. Le cont,e construit par f intermédiai re de 1a parent,é un point de vue organisateur de Ia famille et du groupement social; 2, 1a parent,é produit. des ef f et,s de sens i sa mise en contexte dans 1e conte n'est jamais gratuite: e11e est product,rice de représentat,ions sous- jacentes à ra culture. un rerevé des termes qui signiflent, des relat,ions de parenté nous sera utile; toutefois, 1a mét,hode qui servira à


222

t,rait.er ce relevé exige d'abord que nous 1'organisions d'une certaine façon: nus essaierons de ramener les contextes d'utilisat,ion des t,ermes à des consensus d'effets de sens êt, par 1à même, d'étudier 1es relations entre Les acteurs définis par 1'organi-sation parentale suivant des règ1es sous-jacent.es: 1es configuratiorrs discursives auront alors un lien organique

avec 1'organisation des structures actorieLles dont 1es nises en discours comporteraient des effels de sens.

Soit I'exemple suivant; 1. le père dans C2, induit en erreur par /l-GeRRaR/ (ar. et ber. r Ie trompeur) révei11e son fils pour sortir l-es chameaux; 1e fi1s, après avoir subi 1'égarement et iout ce qul s'y rapporte, retourne chez son père. Celui-ci, de son côté, après avoir pris connaissance du "malheur" de son fi1s1, ne se sent plus de joie: i1 retrouve son fils; 2. du côté du fils devenu père, après avoir tué sa femme (1'cgresse), il tue sa propre fil1e (lssue de son mariage avec 1'ogresse

)

.

Cet exemple montre que le lignage qui sort du cadre de 1'humain selon une union qui produit à part entière une descendance en même temps humaine et non humaine, est banni: ayant pour mère une ogresse et pour père un humain, Ia fille

1 lXult 11i10 yebbwa-s yetnakkar ôi 1weq0 nni mayen ôi yessekker memmj.-s yeqqar GeRRlt-ni ya lGeRRaR wlid waHed SifeTT-u bla ewin juwweet IIi ma €enmru jae w /ebbeet 111 ma eemmru fbeel (chaque nuit, le père se levait au noment où 1I avalt réveit1é son fils et dlsait,: tu m'as trompé Trompeur; j'al un seul fils et je 1'ai envoyé sans nourrlture; tu as rassasié I'affamé et tu as affané 1e rassasié).


223

est tuée par son père; cê dernier doit, êD fa1t, Ia tuer1. L'acte de tuer Ia fi1le rejoint implicltement, une valeur dit'e sous forme de charge cuit,urelle dans /azwet/ (ber: racine): d, une mère ogresse, i1 ne faut pas espérer avoir une descendance "adéquate" ( tel1e mère telie filIe ? ) Quarri au rapport père / fi1s, nous prendrons 1',exemp1e clans C4: 1e père assume un rô1e qui correspond aux souhaits de chacun de ses fils (construction de hutles) plutôt que de leur permettre de monter sur 1a chamelle blanche. Le refus d,'exécuter ce Souhait des fils (monter sur 1a chameiie), esi donné comme justifié par la val-eur que le père accorde à ce-Lte chameLle dont 1a blancheur sembie spécifier un trait, pour l-ui aLtribUer ce qui 1a rend "chère" au père au point de.a .

préférer aux fiIs. Dans 1e cadre de ces rapports: père / fils / chamel-ie blanche, on peut s'altendre à ce que ]e récit' at,tribue au père un sort évalué négat,lf. I1 n'en est rlen r 1à n'est Pas 1'objectif d.u conte pulsqu'i1 laisse à 1'ombre 1e Cevenir Cu père pour ne retenir que celui de /Hemmu l--Hrami/2 (ou /mqid,ef/) et, de Ses frères, mais dans d'autres ver§ions du même récit, le conte utillse le rapport père / fils en faisant apparaLtre dans Ia configuration qui raconLe le rôIe du père, un discours évaluatif: dans C5, Le père rend just,ice à /mqidef/

Iorsque 1es frèreS de ce dernier agissent à 1'encontre d'une

1 /xseç €aô a6 RebbiG

zi

wezwer 1-1Çu1a/

(ber: et dire

que

je voulais avoir (élever) de 1'ogresse une descendante ! ) ' 2 R"pp"Ions que le récit de /Hemnu lgrami/ est une variante de celui de /nqLdel / .


224

valeur qui consiste à malntenir Ia fraternit,é. Dans d'autres récits, notamment 1'ensemble des versions de C2!, 1'acte du père est nettemerrt évatué1. Ceci nous amène à supposer que ce qui a été iaissé à 1'ombre clans C4 comme discours évaluatif sur l-e rô1e du père, s'actualise dans C21,, De ces remarques, simples en e11es-mêmes, décou1e 1a mise

valeur de la notion de 1a famille dans un univers représenté par Ie conte sous forme de rapports ent.re le père et 1e fi1s, entre 1es frères ou demi-frèt""2, entre ies frères et les err

soeurs. . .

è- J,a relation père /

f

i1s

D'une manière généra1e, 1e reievé des occurrences de /weld/ (ar) dans 1e sens de /mmi-s/ (ber: fils de... ) monLre que chaque occurrence entre dans un parcours diL de telle sor-Le i R"pp"1ons /a6 yegg reBBi 0marg nnek ô ari x taprar an laneG $mepre§/ (berr comme tu nous a répudiées, QUê Dieu fasse que les poils de ta barbe soient alfa sur les collines). 2 Darrs C3, Ia femme privilégie son fils à son beau-fils. Ceci consiste à poser un contenu qui sera transformé de te1le sorte que la solidarit.é fraternelle s'affirme en tant valeur relative à 1a famiIle. Dans ce sens, le C6 dlra que ce n'est pas parcê que |e frère est un /mqide// (sens dévalorisant: nain) qu'il n'a pas droit à être considéré et reconnu sur Ie même pied d'égaIit,é que les autres frères: ceci est renforcé par 1e conte en falsant valoir f idée que 1'évaluation dévalorisante est remise en cause. Morale: 1'héroisation de /mqideJ/ dans 1a séquence finale falt écho à 1a dévalorisation initiale.


225

qu'iI soit, thématisable en une viel qui comporte des étapes, des épreuves. C'est ainsi que certalns contes donnent des traces de 1'origine d'un personnage qui nal.t /Sabiy/, /mezyud/ ( ar: nouveau-né ) 2. A cette naissance , 1es conLes feront succéder 'auires naissances d'un autre type à l-a suite d'épreLlves , d'in j-tiations. Erif in, ces occurrences se rapportent cians un sens ou dans un auLre à un investissement par une évoluiiorr darrs des parcours qui en racontent les histoires: /1-ne1ci/ se construit, une identlté par ses performances comme tarrt de personrrages de nos récits; toutefois, cette identité n'est pas révé1ée uniquement par 1e faire qul présuppose une compétence, e11e L'est aussi par L"'êt,re fils de son père". A ce propos, i1 s'avère que 1a famille ou son représent,ant (1e père) entre en jeu pour déterminer 1e devenir du fils. Ceci esc explicitement développé dans 1e Câg où 1e fiLs est présenté comme conpagnon du père, âü sens de celui qui suit, son père3 sans que ce dernier 1e consulte pour avoir son avis. Le fils agit ici sous 1a contraint,e du père; d'ai-11eurs I son reiour du pèlerinage pour égorger sa soeur en est révé1ateur4. Cette présentation du contexte du fils montre que 1e lierr de parenté vis-à-vis du père est ce qui définlt. Ie premier sous c1

1. A. J. L,REIMAS, "Préface" à J. COURTES, Introduction à 1a sêmioticue narrat,i-ve et discursive Hachette, Paris, 7976, p. ..i_u.

2 /s.bly SGlr yetReBBa €ad zad/ (ar: un enfant qui venait de naLtre , un nouveau-né ) , cf. c7, c15, C18. 3 /e nem/i ana !{ weld-i 1-1-Hejj/ (ar: mon fils et moi pèIerinage ) . irons en "di 4 /l-bb"y"n SafeT weld-u ga1 I-u ruH dbeH xte-k/ (ar: Ie père envoya son fiLs; i1 lui dlt: va et égorge ta soeur) .


226

un certain angle, t'agir

du fl1s apparalt

comme modelé

par

ce

lierr de parenté. Ceci dit, ce modelage est remis en cause lorsqu'i1 n'est pas conforme à une règ1e socio-cu1turel1e; 1e fils agit aussi selon 1a modalit,é du refus d'égorger sa soeuten faisant substituer à cette dernière un animal. De ce poirrt de vue, constatons que plus les iiens de parenté se compliquent, plus 1e fils accumule des modalisations qui sont sous-jacentes aux rapports qu'il entretient avec chacun de ceux envers qui i1 entretient des rel-ations de parenté. Vis-à-vis du père, i1 agira sous 1e mode du paraitre pour 1ui cacher la vérité de n'avoir pas êqorgé sa soeur; visà-vrs de 1a soeur, i1 ne peut 1'égorger parce que contraint par ce même 1i-en de parenté. La satisfaction du faire manipulateur procède par 1e rappel de pouvoirs en conflits: ne pas pouvoir égcrger 1a soeur et ne pas pouvoir transgresser 1'ordre portani sur 1'égorgemer-It. La conf iguration discursive, f aisant jouer ce cli1emme, propose de manière systémat.ique dans Lous 1es cont,es I ' interverrlion d'arrangements per L 'utilisation d'un animai qui satisfait, 1a contrainte due au pou'roir du père: ordorrrrer au fils d'égorger la soeur et 1ui ramener son sang en ne ret,enant que le sang obtenu par 1'égorgement d'un animal et qui est, en fin de compte, 1a résolution du dilemme dont nous venons de parler1. L'effet du dilemme consiste en falt à poser sous 1'un de ses deux volets,1a valeur du "père" comme noyau définitoire du fi1s. Ceci dit, notre corpus donne au moins un 1

II n'est, pas étonnant que Ie sang soit un motif que nous pouvons rapprocher de celui de 1a parenté; rappelons que /d-demm/ (ar), /idammen/ (ber) signifie aussi "parenté".


227

exemple gui semble remett,re en cause f idée: le c3g présente

Ies sept frères non pas par rapport à ce noyau qui est Ie père, mais par rapport à la mère ( figure qui se fait substituer dans d'autres versions par "une chatie"). voyons 1e parcours darrs lequel s'inscrivent Ies filsr €st-i1 à ra manière cu fils dans C1E, soumis à une valeur modale caractérisant 1a mère? Un seul détail peut nous servir pour répondre à cette questior:r 1es fils sont des chasseurs; par conséquent, 1'espace dans Leque1 1e cont,e les situe est extérieur, contrairement à 1a mère (ou chatte) que ie conte situe dans 1'espace intérieur ( maison ) . Autrenent dit, 1es fils peuvent ent,retenir une relation corr j onctive aussi bien avec 1'espace in*,érieur (maison ) qu'avec 1 'espace extérieur: l'ef f et modal qul ''t eu: permet cet,te relation conjonctive avec deux espaces opposés leur at,tribue un statut où 1e pouvoir est hiérarchiquement supérieur à celui de 1a mère i ce11e-ci est exclue, selon l-e conte , de 1'espace extérieur. Nous pouvons alors -toutes proportions gardées- conclure qu'à f identité des flls mis en scène dans c38 ne serait pas sous-jacent Ie lien de paenté avec 1a mère ; cette identité sembie flxée ( dé j à flxée indépendamment de ce lien: 1a découverte (1a t,rouvail-le ) des fi1les et 1e mariage de chacun avec chacune des fi11es sonL réa1isés par 1es garçons eux-mêmes sans aucun recours à un tiers qui 1es dote du pouvoir (de 1a pernission de) réaltser cette performance. Contrairement à ce1a, 1e père dans C1 par exempre, joue 1e rô1e de celui qui communique cette permlssion à son fils: sans le père qui a égorgé un mouton pour faire dls joindre 1e f 11s de 1'espace cé1este, Ia con jonct,ion à 1'ét,at )


228

final du programme du mariage n,aurait, pas eu 1ieu. En plus, 1e conte est explicite Ià-dessus- 1e fils n'a entrepris 1e marlage qu'après avoir communiqué son <iésir à son père (et à sa

mère )

.

E* somme, dans 1e conte, une valeur culturelle relative au" iien de parenté entre Le père et Le fils semble récurrenLe titre que 1a figure du f11s. Faisons un pas pour tenter d'examiner 1es occurrences de /1*waLldini (ar. et ber.: 1es parent,s). Nous venons de préciser urre dlstinction entre 1e père et 1a mère par rapport ar-r ix f i1s; tout,ef cis, 1e conte ne r.es présente pas tou jours seron cette distinction. Au contraire, chaque fois qu,i1 en cionne une représentation, c'est pour 1es invesrir du trait cuiturel qui est de 1'ordre du sacré, D'ailreurs, nême r-e pouvoir du père vis-à-vis ou flLs , comme nous venons de 1e souligner, se justifie par ce t,rait. Aussi, la vlsite de ra tombe ce la nère dans c9 est en soi. une référence à ce t.rait. Dans un eutre sens, f injure ou f insultef par exemple, sont au plus haut rlegré i-orsqu'e1res sont dites à propos des parents (cf . c3g ) La différence entre 1es représent,at,ions rer-atives au père et à La mère vis-à-vis des errf anLs résicie, au de1à de celle gue nous avons déjà évoquée, dans les t,ypes de rapports qu,i1s errtretiennent. c'est à la mère que, pâf exemple, 1e fils confie sa fut,ure épouse jusqu'à ce gu'el1e atteigne 1,âge de mariage dans c19. Dans ce sens, 1a mère est une confidente, une conseillère de ses enfants (cf. C23, C2B, C39). Étant, sacrée, 11 suffit qu'on dise qu'elle est souffrante pour que son fils se préclpite vers e1re, abandonnant 1es desseins urgents (cf. au

même

)

.


229

c3); mais, sous un autre volet, une mère -même ce1le d'un roia des contralntes envers re fils: 1e prix du pêché de ra mère dans c1s1 y va de sa vie. De même, dans c26,1e fi1s, suivant son refus d'avoir un serpent comme père, tue sa mère êt, du même coup, iI évite à son oncLe naternel La mort courplotée par sa mère.

Examlnons ces conÈextes.

IL semble gu'une règle parenté apparaLt dans 1es

d'établissement des liens de rapports: fils / mère, f11s / oncle, fils 1 'organisation su j-vante:

/ père

dans

1 Lu mère tente de se débarrasser de son firs en 1'empolsonnant pour pouvolr épouser /beneeddi/ seron notre verslon; euand re flls (rol) apprend qu'erre a été tuée par cet honne , 11 approuve 1'acte non pas parce qu, erle a tenté d'épouser 1'homme en question nais parce qu,e1le a Èent.é de conmettre un crlne.


230

fils /

mère

fils / oncle

flIs /

e

-

serpent

neveu

soeur

rère

mari-serpent

épouse

beau-

frère

I I

hunain-

I

vs

1e

-rept,l (f 11s ? )1

ta relation oppositive: humain V§ reptile, caractêrisant dans 1e scbéma 1'organisation parentale, indique que 1a mort affecte Ie père (serpent) et Ia mère et qu'elle n'atteint pas le f1ls et 1'oncle car seule cette dernière relation est parertale; la première (épouse / serpent) ne 1'est pas: aucun tralt ne rend lsotope cette relation. En d'autres termes, le "totalement humaln" caractérlsant la mère et le "totalement reptile" caractérisant, 1e serpent (père) rendent inconclliables 1 L. fils n'est nl hunain nl reptlle: 1a mère est responsable de 1'ambiguité de son idenLit,é; cecl lul donne d'après ce que nous retenons du conte- 1e drolt, de tuer l"orlgine responsable de cette anbiguité et de sauver 1'oncle par f intermédiaire duquel i1 retrouve son tralt hunain.


23L

les deux sujets aux yeux de I'organisation parentale dont 1es représentants sont 1'oncle et son neveu. Aussi, la réintégration du neveu dans 1e rang humain n'esL possible que parce qu'i1 est "partiellement" reptile ( descen<iant d'un serpent) et "doublement" humain (i1 a une nère originellenent, humaine et un oncle humain). Quant, à Ia mère, e11e ne peut pas ne pas subir 1a mort car, bien qu'e1i-e soit originellement reptile r elLe a humair:e , e11e est quand - même " doublem"t :" épousé un serpent et elle a un flls issu de ce serpent. Reterrorrs ceci: au père ( serpent ) se substitue 1 'oncle frère de Ia mère luée par le fi1s. L'onc1e est ainsj- Ie garant du lignage dans un cadre humain: LtIlÊ valeur est à iden"uif ier ici si nous nous référons à 1'expression fiqée /r-rjall--1-xwal/ (ar: litt. 1es hommes pour? 1es oncles materrlel-s = 1es hommes tiennent Ce leurs oncles maternej-s). Ramenons cette valeur au contexte de notre exemple pris ,

r-1ans

C26. I1 semble que ce contexte rend dans un certain sens

intel11gib1e 1'expression: 1'oncle. maternel est au neveu 1e garant du lignage en absence du rô1e du père dlgne de ce statut ou de celui- de 1a mère qui doit assurer à son fils le lignage par Ia voie d'un père digne. I1 résulte de ces constatatlons que 1'engendrement d'un fils dans un cadre inadéquat aux normes et lois de mariage et de lignage, est rejeté par les concernés directsl. Devant ce 1 Pout cette configuration, rappelons que 1e corpus donne deux cas, celui du C26 et celul du C2: /mHend themm/ a tué sa propre fille issue d'une ogresse. Le rapprochement se falt entre "le fils qul tue son père, le serpent, et, sa nère" eL "Ie père qul tue sa femme-ogresse et sa f11le issue de cette

ogresse" (voir notre t,roisième part,ie).


232

cas, on en t,rouve un autre dans C15 et C28 où la mère s'avère digne d'être mère: e11e se falt réintégrer dans 1a vie communautaire après avoj.r subi un rejet de Ia part du nari. Cett.e réint,égration se réa1ise comme " écho" du f ait, qu'ei1e assume 1'éducation de ses enfants dans 1e sens de Leur assurer

ie lignage. S'appuyant sur ces indications en 1es utllisant

dans des

igurations, 1e conte déveJ.oppe un t.hène selon 1equel n'esr Cigne d'êt::e mère que ce11e qui 1e mérite en assumant 1es impératifs cie val-eurs en termes de devoir vis-à-vj.s des enf arrts: 1a reconnaissarrce réciproque père enfants dont rendent compte 1esC15 et C28, est ce qui permet Ia présomption de f isotopie, selon 1es termes de f . Rast j-er, diie " -seci^é du Tignage" sel-on une doubie perspective de reconnaissâDCê: père <====> enfants. C'est d'aiLleurs dans cette ooubLe conf

perspective de reconnaissance que 1a mère dans 1a configuration

) est réintégrée darrs un rang statuant la l-égrtimit,é cle 1'épouse du roi, mère de ses enfants et des enfants du roi. Dans 1e cas contraire: si Ia mère cesse d'être digne de l'être1, e1Ie meurt tuée; mieux encore, 1e C29 réserve à cette mère une mort parLiculièrement "juste": 1e suicide. C'est du moins 1a manière dont le conte pousse le paroxysme jusqu'au bout. Dès lors , i1 suffit, qu'une mère ait une attitude ,liscriminatoire envers ses enf ants pour qu'une morale (C15

et

C28

apparaisse. Bien entenclu, cette morale ne s'applique

pas

1 c" cas est explicité particulièrenent par C29t 1a mère tente de t,uer (ou de faire tuer) sa propre f1lle par jalousie ( Ia fille est plus belle que Ia mère): ici, Ia jalousie est ce qui qualifie la mère d'indigne vis-à-vis de sa filIe.


422

uniquement à 1a mère. Entendons-nous bien car tout ce gue nous

avons dlt à propos de 1a mère peut êt,re récupéré pour s'appliquer au père si celui-ci aglt dans le mêne sens des contextes cités. Notre point de départ était bien celui de 1'étude des occurrences de /1-walidln/. La configuration dans 1es verslons de C35, qui joue sur Ia préférence par Le père de Ia plus jeune au détriment. de ses aulres fi1les 1e montre bien. La morale

à

retenir ici est qu'un père ne dolt pas préférer un de ses enfants au détriment des autres. Plus encore, La conflguration darrs les nombreuses versions de C2! | a pour effet oe sens non seulement de conjoindre 1e père à 1a mort, mais de faire de cette mort une espèce de symbole: les poils de la barbe Cu père qui poussent sur les collines ou dans 1es déserts. Pour mieux expliciter les relaLions parentaies que nous avons considérées jusqu'à présent, nous pensons gue 1a reprise de C2 et de C26 dont nous avons s1gna1é La possibll-ité d'un rapprochement, peut être écl-airante. Dans C2,Ia mère n'ayant pas de trait

humain (c'est une

ogresse), nous invite à }a rapprocher du père dans e26, n'ayani pas rron plus ce trait (c'est un serpent). Nous avons vu que ce

dernier est tué par son fils alors que la mère-ogresse, n'ayant pas engendré un fils mais une fi1le, est tuée par son mari qui lue aussi sa fifie. Dans un cas, il s'agit d'exprimer un refus d'être père d'une fille engendrée par une ogresse ; dans 1'auLre , d'exprimer un refus d'être fils engendré Par un serpent. Autrement dit, 1'union de /mHend themm/ avec l'ogresse fait de }ui un sujet à qui Ie nariage retire le tralt humain


234

par 1'engendrement d'une ogresse-fi11e-d'une-ogresse. Dans ce sens, 1'ascendant du fils retire aussi à ce dernier Ie trait humain. Dans 1es deux cas, la récupération de ce trait exige que 1'ogresse et 1e serpent soient t,ués ainsi que 1a f j-I1e de 1'ogresse et 1'épouse ( -vipère ) 1 du serpent. En absence du fils dans C2, c'est le mari qui donne la mort aux ogresses. C'est aussi dans à peu-près ce sens que nous pourrions reprendre 1e suicide de 1a mère dans C29: 1e miroir -motif complexe dans le corrte- est ce par quoi s'actualise 1e programm.e du suicide. SeLon au moins deux plans: 1e miroir dédouble 1e rô1e de La mè::e en sujet et anti-sujet: c'est son reflet -para11è1e au rapport mère / fîI1e dans 1e sens où Ia mère se compare ou plus précisément se regarde à travers sa filLe- doté du pouvoirciire: "ta f111e est plus be1le gue toi", eui se trcutre 1'origine de 1a motivation de se donner La mort, prix ie ia curiosité de Ia nère qui veut savoir si el1e esl ou n'est pas plus be11e que sa filLe. Dans ce cadre de rapport entre mère / mère reflét.ée par Le miroir, s'inst,alle Ia valeur du sens que le conte évalue de manière positive à propos de 1a mère dans C15 et C28, contrairement au sens où 1a rnère ne se réalise pas par sa progéniture (cf. C29) mais par ce gu'e11e est et ce qu'e11e veut être sans pouvoir I'êLre par rapport à sa fille. Dans un =i

certairr sens, I'humain ou 1a dignité d'être mère,

comme nous

1 En arabe comme en berbère /1-te fea/ et /0a1efsa/ (vipère) peuvent être utll isés dans un sens métaphorlque et figuré pour déslgner une femme méchante, malfaisante et dangereuse.


235

1'avons dit auparavant, s'estompe eL, du même coup, 1e sort réservé à cette mère ne peut être surprenant. De façon plus généra1e , L'absence du rô1e du "pater

familiaris" vu sous 1'angle du sacré amène 1es enfant,s à un état de disjonction avec 1'espace familial dans divers contes: n'étarrt, pas désirées par l-a marâtre, 1es sept soeurs son-,répuciiées par 1e père. Le maint,ien de 1a solidarité ent,re 1es soeurs oans c38 0u entre une soeur et les frères dans c5 ei c36, est, prls en charge par 1a soeur aî.née. ce11e-ci assume en quelque sorte 1e rô1e de 1a mère décédée. Bien entendu, c3 cont,enu est aussi présenté de manière inversée dans des contes qul développent une rupture de 1a solidarit.é comme représentation possible lorsqu'e11e est motivée par un traii chez 1'un des frères ( cf. C34 ) ou chez I'une des soeurs ( cf. C35: Ia plus jeune des soeurs est Ia préférée de son père). Ce cont,enu est. évidemment évacué ou rejeté comme valeur non admise dans L'univers moral des récits: nous retrouvons alors le premier conterru qui demeure 1'unique valeur que 1e cônte enseigne. A ce niveau, la t,ransf ormat,ion du contenu second rejoint en gros 1a profération de cette valeur morale sur la famllIe en tant qu'organisation.

I

te rapport frères / soeurs Le rapport entre 1es soeurs et les frères apparalt dans une configuratlon dont nous avons déj à évoqué quelques polnt,s. Dans le ClB par exemple, le frère n' égorge pas sa soeur même


236

s'i1 cloit transgresser 1'ordre du père qui 1ul assigne cett,e tâche. Pour rendre plus expliclte ce sens de complicité entre une soeur et un frère, le c7 souligne que la soeur assume Ie rô1e d'Llne mère vis*à-vis du frère qui ra prend comme

conseillère au sujet, de l-a femme qu,i1 compte épouser. Dans un aLltTe sens, 1a soeur et 1e frère se syncrétisent, en un seul actant dans un ét,at, dysphorique (cf. c5).En outre, un garçon 11'ayant, pas de

soeur, peut être rejeté par 1e groupe social: il n'est pas admis parmi res invit,és à une fêt.e de mariage cians 1e c36. Paral1èlement, 1a soeur doit a11er à 1a recherche ce ses frères partis après avcir ét,é injuriés pour cause ie n'avoir pas de soeur. A Leur tour, 1es f rères lui_ cor-ven-, reconnaissance. ces contenus sont maint,enus dans l_e conte qualrd certains récits en proposent une invers j-on: 1e f rère

c26 est visé

mêne

darrs

victime par 1a soeur; dans c1g, 1a soeur trahit son frère. Dans cette configurarlon, 1e conte prévoit Ia mort qui affecte Ia soeur; ce procédë narratif s,avère une construction dont, 1'effet de sens est d,impliquer 1e maintien du lien parental" en tant que vareur que nous avons homoloquée comme

au premier eonLenu ci-dessus. Les exemples gue nous venons de citer présentent deux cas proches par au moins re para11élisme suivant: dans cLg, re

rère t,ue sa soeur; cette séquence est, presqu, identi.que à celre de C26 (la soeur projette de t.uer son frère comme si ce dernier ét,ait un rival qui 1'empêche cle se marier ) . ce même ef f et de sens est susceptible d'être attribué au rapport soeur / frère dans c18. En tous les cas, ce rapprochement, précise re sens de 1a valeur dit,e "sacré du lien parental"\entre frères et soeurs: f


237

i1 lalsse entendre presqu'explicitement. que 1a règ1e pL-- vÇ lien construit une morale en ce sens que cette morale préclestine les intéressés à ne jamais entrer en conflits quels que soient 1es intérêts réalisables par 1es uns aux dépens des autres SouS forme d'atteinte au caractère sacré de 1a parenté.

3. Le tenpg comne cadre

Au début cie ce travail,

nous avons formulé quelques idées

sur 1e cadre spat,ial; pour compléter ces idées, essayons de cerner 1e cadre du poinl de vue du temps. Nous verrons que 1e tenps rejoint, quelques aspects de 1'espace: cle 1a nême manière que 1'espace ne bénéficie pas dans Ie conte de détermlnations qui indiquent un ancrage énonciatif, 1e temps dit /zik/ (ber), /bekri/ (ar: autrefois, jadis) fait du conte qui 1'utilise dans Ies formules inaugurales un produit' dont l-es faits qu'i1 racorite ne sont gttère suSceptibles d'être soumis à un ancrage énonciat,if . Âinsi , / Lll.- n tmurg/ (ber) , lwaHed 1-b1ad / {ar: ürrê terre , un pays ) se superposerrt, par f indét,ermination à / zik/ ,

/bekri / .

Par ailleurs, comme nous 1'avons suggéré Pour 1'espace social lntérieur, noLamment la maisonr une Segmentation du temps est aussi récurrente dans le conte. Les effets de sens de 1a segmentat'ion de I'espace intérieur n'ont pas bénéficié d'une analyse approfondie. Ceci


238

ne nous a pas été possible vu 1'ang1e auquel nous avons essayé

de ramener cette segmentation: 1'absence d'un rée1 anerage, moins que 1'on suppose que cette absence d'ancraqle

so

à

j-t le

propre du corrte êt, de ce fait, cÊ serait un type d'ancrage spécifique à ce que nous appellerons "ènonciation narrative" i cf. notre troisième partie ) .

L'idée relat,ive à cet aspect énonciat,if nous semble intéressante dans 1a mesure où e11e corrobore celIe qui consiste à relever des effets de sens dans 1a segmentation du temps. Pour s'en rendre compte, i1 sufflt de s'apercevoir que cette répartition du temps se fait. selon deux dimensions mises ei-r rapport avec Ie jour et 1a nuit €t, qul plus est, ies supports lexicaux, particulièrement dans 1es versions d'expression arabe, y sont des références à une répartition sous-tendue par le temps cles prières r / L-flet /: aurore /S-SbaH/: matin, /D-Dhur/ r mi-journée , / s- sahe1/: "mi-aprèsmidi", /1-meGreb/: fin d'après-midi et enfin /1-efa/: soir (ou ,

dlner

)

.

Cette répartition nous servlrait à tenir compte d'une isotopie religleuse sous- j acente. L'espace social , otr plus exactement, 1e social à Èravers 1'espace cuIturel, sera neÈÈement représenté dans les contes d'expression arabe relativement à f isotopie rellgieuse sous-jacente à 1a répartition du temps. Toutefois, pour que ce polnt. de vue ait suffisamment de crédlbiIit,é, iI faudrait préciser 1es contextes d'ut,ilisation ou de recours à cetle répart,it,ion; ensuite, i1 faudrait tenter d'intégrer dans ce cadre Ies occurrences des verslons d'expression berbère.


239

une première renarque est à faire ! comparativement aux versions des conLes d'expression arabe , cêrles des cont,es d'expression berbère utilisent, une répartition selon /].-t)er/ , /s-sbaH/ , sans que 1'on puisse pour autant, dire que ces occurrences soient nettement ernpruntées à 1, arabe et les rapprocher de f isotopie religieuse pour 1a slmpJ.e raison que

/s-sahe1/ et /1-mGreb/ n, apparaissent pas systématiquement dans nos versions d, expression berbère. /D-Dhur/ sera dit. /amekli/: déjeuner, /l-meGreb/ sera dii, /aeefJI/t soir, /l-elal est utilisé concurrenÈieliemeric avec /D-Dhur/ ,

/amensi-,/: d1.ner.

En somme, i1 semble qu'une distinci,ion s'érabiic rlans ce cadre entre 1es contes d'express j-on ara):e et ceu:* c, expression

berbère par 1es dénomirrations ies indicert.ions qui :.épari: l-sserir 1e temps r 1à où 1es premiers répart,issenr- l_e iemps seLcn ies

cinq prières de l-a journée, 1es seccnds 1e répartissent selon 1es heures de table : /!-f tur/ 1, /amekli/ et ,/amensi./ 11 émane de cette remarque que le znasni {parLer berbère des Béni-Znassen ) ne dlspose pes d'unit.és l-exlcales F,repres pour déslgner /D-Dhur/, /s-sahei/ et /1-meGreb/. /D-Dhur/ eL .

/1-meGrebl notamment, ne seront retenus que

comme

ccincldences

à /amekli/ et à /aeef!L/ i /1-easer/ (/s-sahe1/jest généralement dit, /0amedd10/ sans effet de référence à ra prière Les interprétations possibles de cette ciistinct,ion ne nous

intéressent pas

comme

ouverture vers une lecture qui t,ienne

1 L'"ffort de traduction est nu1 pour ce terme ainsl que pour /0ameddi0/r fln d'après-midl, si f'on admet qu,irs solent proches des termes arabes: /!-f\ur/ et /:--elj-ya/.


240

compte des propriétés d'utillsations

répartitions

linguistlques dans les

du temps. ces

utilisatlons ne seront pas examinées se10n 1es éventuels effets dans les présomptions d,isotopies jaeentes sousà "temps des prières" et ,,heures de tabIe,,; seule 1a fonction segment,atrice sera retenue. En d,autres Èermes,

nous essaierons de voir s'i1 y a une relative mise en rapport entre ce qui se passe sur 1a scène narrative et,Ies Eemps

auxquels réfèrent /L-f)er/, /S_SbaH/, / D_Dhur/ (/amekI i/)... Les partenaires des rapports entret,enus dans 1es parcours où ces figures apparaissent, seront l,objet de cette descriptlon, car, pour ne prendre gu'un exemple, i1 sernble

bien que /r_f.jer/ dans c11 attribue un ef fet, de sens au faire du ,,vieux,,,. i1 1e met en valeur. Désignant le temps qui est à l,origine ce 1a cause de 1'égarement de /mHend themm/ dans cz, iL_f1er/ est au§si utilisé dans une configuration comparable à ce1le de c11 à propos de 1'égarement prétendu dans Ie ciei de r.a vict:me du "vi-eux". Àussi /r-f)er/ est-i1 1e moment, propice choisi par 1'ogresse pour appeler /mql d,ef / en vue d, en f aire sa victirne, chose qui se rapproche nettement de la séquence de czr. Enfin, dans un certain sens, on voit blen gue /L-fjer/ est, requls pour étab11r un rapport entre des partenaires définls modalement par une hiérarchie des uns par rapport, aux autres. L'effet, du faire du vieux face à 1,ogre dans c11 est actualisé dans/par /l-fjer/: nous supposerons a10rs que /l-f3er/, terme complexe (nl nuit ni jour), joue un rôle régulat,eur /mHend themm yekker tlaGra_s ô lefjer yessufeG Ieuda 0edja ift, 1-tcuIa/ (berr themm se 1eva croyant que c'était 1, aurore; i1 sortit /mHend Ies chameaux... la j urnent mit bas une ogresse). 1

i I eGman


241

narrativement de rapports conflictuels dans Ie sens où un sujet dit, dans un ét,at donné, démuni de pouvoir, devient, puissant

au moment même où "nui"t" s'annule pour iurpliquer " jour" ( aurore ) ( cf. /mqi def / darrs c34 er re vieux dans c1 1 ) . un sujet, dit puissant, cesse de l-'êt,re face à l-'humain: /t-fjer/ est alors doté d'un effet, sémant.ique qui se rattache à un certain style de configurations discursives où apparaissent nettement des articulatj-ons modales caractérisant 1es sujets mis en scène.

§i nous nous permettions de falre une digressiorr pour saisir 1'occasion de mieux appréhender ces ar.t.iculaLions modales, nous pourrions 1es résumer par queiques rema'rques nous al1ons f ormrrler.

que

gros, dans les exemples que nous avons prls iC2, C5 et, c11), les rapports ent,re sujets représentés par des acteurs Err

humains (/mHend themm/, /mqidei/ et 1e vieux) ei non hurnains

(1'ogre, !'ogresse) se résument, par une articuration du pouvoir au savoir: 1) c'est, par 1a ruse (savolr) que /mqide// eL le vieux détiennent 1e pouvoir; 2) dans cz, le non-savoir, donc 1'absence du pouvoir du savoir, enclenche l'égarement de

/mHend

themm/.

Partant de ces deux cas, i1 devient facile d'interpréter la ruse. Au fond, le savoir de /nqLdel/, étant un savoir gui se manifeste par 1a ruse dans 1e conte, flê nous semble pas réciuct,ible à cette manif estation; ce savoir porte, à notre avis, sur un effet d'utilisation de /L-tser/ dans 1e conte: 1a mal.trise ciu temps en ce sens que /mqide// (ou Ie vieux) doit se réveilIer avant 1'ogresse, eBt ce qul rend sans effet 1e


242

pouvoir de celle-ci. par contre, r,ignorance due à l,ilrusion chez /mHend themm/ et son père, serait en fait une absence de maltrise du t'emps; d'où, les effets néfastes cle cet.e ignorance qui explique vralsemblablement /l*hemm/. ces versions présentent aLors deux cas. ccntralrement à c2 , c# et c1r. mettent en scène un su jet donr 1e savoJ.r, ayant, pour effet 1a manifestation de 1a ru§e, porte sur 1a maltrise du temps dit' /r-fjeru1. c'est ce qui semble expliquer re pouvoir du savoir -détenu par ce sujet,- qui_ ne caractéri.se pas 1a compétence du suiet (ogre, ogresse) même s,ilest a prrori modalement compétent se10n re pouvoir. Âui,rement dii, ce iernier pouvoir n'est pas régi par Lrn savoir sur re t,emps; 1a

construction de 1a performance, si 1'on peut s,exprimer en ces termes, se réarise par une stratégie modale qui porte sur 1e temps et sa mai.trise de te1le sorte gu,e11e transforme ie pouvoir de 1'ogre eÈ de 1'ogresse en non-pouvoir. cette Lransformation devient ainsl tout à fait posslble puisc;ue 1'ogre et 1'ogresse ne disposent, pas de ce savoir sur 1e iemps. Par conséguent, güê ceci soit ctlt, au passage, rien n, e§t étonnant dans la vict,oire de /mqideî/ et, du vieux et rien n,est non plus étonnant dans /1_hemm/ de /mHend/. cette lecture, i1 semble posslble de conclure que 1a figure de manipulation2 est sous-tendue par urre stratégie particulière: rêco,,nar.tre 1'autre ( I , adversaire ) selon un -§e10n

1 cecl apparal.t de manière explicite cg: ce n,est qu'en temps opportun (/L-f.)er/) que 1e hérosdans peut accéder aux montagnes des êtres surnaturels. 2 voir, À. J. GREruÀs, ge-sens, essais sémiotiques, "!,2, Seuil , Parls , 19g3 , pp. 2L3_223.


243

staLut modalement supérieur au sien, exige une stratégie qui fasse nier ce statut, par un savoir dont 1'autre ne dispose pas, et s'i1 essayait de 1'obtenlr iL ne saul:ait d'où 1'obtenir pour about,ir à 1'af f irmatiorr de son pouvoir. Le principe de reconnaissance du "1ieu" où résicle 1'obtention rlu savoir, (

/ L-f j er/ ),

se trouve à 1a base de cette strat.égie

.

Retenons pour Ie moment qlle darrs une perspective d'appréhension de cett'e f orme part,iculière de manipulat,ionl,

/mqidel/ et 1e vieux procèdent ainsi: i1s reccinnaissent, dans un premier temps, Ie pouvoir de i-'ogre ( or: l-'ogresse initialement destinaLeur, et font en sorte, en un second i:emps, que ce pouvoir soit mis à un rang:-nfêrieur à leur propre pouvoir du savoir aussi bien en termes de reconnaissa,rrce dr: pouvoir du destinateur que de maitrise du temps qui :::-e j ustement ce dernier pouvoir. Cette mait,rise 1 ' enporce forcément, sur tout pouvoir du destinateur qui ne soit pas régi. par un savoir portant sur le temps. Ce jeu qui prévoit, une dimension pragmatique assurée par une dimension cognitive peut rendre conpte rle situations rel-ativement banales dans des cas commet 1) je sais que tu peux; 2) tu sais que tu peux; en définitive, je dois agir sous 1a contrainte que ton pouvoir m'impose: le nier, Ie rendre un non-pouvoir par 1e savoir que je dét,iens sur ton pouvoir (reconnaissance); cet agir me sera possible car tu ne sais pas )

1 cette manipulation joue essentiellement sur 1a négation par 1e destlnateur de 1a performance du destinataire selon une "sanction anticipée": ne pas pouvoir-faire, lbld' pp. 2L5-216.


244

que je sais que tu peux, êt tu ne sais pas non plus guê, contrairement à tol, ie maitrise 1e temps /r-fjer/. /]--f)et/, avions-nous dlt, est ce gui n'est ni jour ni nuit dans le sens où "jour" en est impliqué (i1 n,est plus tout à falt, nuit et n'est pas encore jour) r

I

our

uit

,t

I i

t

nui

our

(/l-f.j er/\

(/aeef f i/,

/0ame<idie/,

/7-efiVa/

c'est, dans ce sens qu'au fond, nous 1'avons étudi-éi et, pour que cette ét,ude soit, relativement plus complèÈe, i1 faudrait considérer "nuit" et "jour". commençons par 1es contextes d,ut,ilisation de ra nuit:

c9

donne un exemple int,éressant que nous retrouvons dans d,autres

contes tels que C2, C4 , C11, CZz, C3O. . . , où ,,nuit,, est généralement un temps d'activités, au sens large du terme, d'êtres surnaturels ou non humains. De cett,e constatat,ion simple en e11e-même, nous pourrions

déduire -vu 1a récurrence que nous venons de signaler dans différents contes- que 1a nult se rattache à une mise en discours où, nodalement par1ant., 1e pouvoir du sujet représenté Par 1',ogre ou 1'ogresse, 1e dispose à avolr une posltion


245

hiérarchiquement supérieure à celle de 1'humain. Au de1à

de

1'exemple dans C9, celui de C2 nous apprend que 1'ogresse (épouse cie /mHend thenm/) sort ia nuit pour s'incruster

au

milieu du troupeau et en dé'zorer un mouton. Dans un autre sens, pour que /mqi def / puisse vaincre 1'ogresse , i1 a fa11i: qu'i1 Ia ramène SheZ___I!;i, c'est-à-dire dans L'espace social et humain: 1'ânnulatlon du pouvoir de 1'ogresse, bien que 1e temps y soi1: 1a nuit, se réalise par 1a conjoncti"on de celle-ci auec 1'espace culturel auquel s'ajoute i'utilisation des cerd::es et des cardes. Comparat, j.vement à ce cas, C1 propose 1e sui-vant.: 1e j eune homme est dépourvu de t.out pour,roir parce qrl'il- se situe dans 1'espace "naturel" {mont,agne) hablté par:1'ogresse eui, darrs ce parcours précis, est doté du pouvcir f igurat:"vtsé par 1e chaudron ( grosse marmite ) engiobant 1e j eune Lrcmme Enfin, 1es configurations où est mise en jeu l-a figure de La nuit, r€tiennent, dans un sens ou dans un autre, une mise en exergue d'un univers propre à un su j et partlc'J1ier par 1es représentations qu'en donnent les contes: ogre, oqresser génie, .

serpent. . .

Para11èlement à "nui.t" dont nous venons de résumer quelques codifications, 1e jour semble nettement relever d'un

contexte dont f int,erprétation est déjà entamée par /L-f)er/. Àutrement dit', les contextes d'utilisation de /1-f3er/ se rapprochent facilement de ceux d'ut-ilisation de "jour" puisque

celui-ci est impliqué par celui-Ià: /L-f)er/ est alors un lntermédiaire qul lmplique Ia réussite de 1a performance du sujet humain. Une seule exception semble ne pas se soumettre à ce point de vue! le cas de /nHend themm/ qul se lève à un


246

dit /t-f)er/ selon deux versions d'expression arabel sans signaler qu'en fait, i1 s'agit d'une illusion ou d'un paraitre -conme 1e disent sans exception touÈes nos versions d'express:-on berbère. Dans ces deux versions, tout laisse croire que /L-f)er/ est à 1'origine de L'égarenent (échec de performance ) . Or, pour peu qu'on réexamine 1'organisation générale de ce conte, i1 apparait gue /L-f)er/ n'est pas le temps où est enclenché 1'égarement; i1 s'agit plutôt, de /1-GeRRaR/2: trompeur, pris par /mHend themml et son père pour /i-fjer/. C'est eetLe mocialité selon 1'être et 1e paraitre qui est à 1'origine de 1'égarement: /1-GeRRaR/ , t,rompeur manipulateur, auquel adhèrenL /mHend themm/ et son père selon le croire, est ce qui explique /7-fjer/ dans C2 sulvant les cas examinés précéciemment. Dès Iors, i1 n'est plus étonnant que 1e par cette procédure de faire apparaitre conte justifie, moment

/ l-f)er

/ selon

1e

parait,re (/1-6eRRaR/), l'organisation

strucLurant modalement Ie parcours de /mHend ihemm/ par un croire qui f induit en erreur et non par un savoir pour acquérir le pouvoir tel que Ie cas dans C4 et C11.

1 D"u* versions de ce conte, sur une dizaine que nous avons recueillie, notenL cette exception. 2 C" terme est utl1isé tel quel dans les versions cl'expressions arabe et berbère: i1 déslgne, selon nos informateurs, 1a pleine lune au point où 1a perception de 1'entourage est aisénent possible même à quelque distance.


247

/1-fier/

et l1:'efival (I'aurore et Le {oir)

/1-f)er/, nous pourrions exarniner 1e t,erme qui n'est pas " jour" et qui implique "rruit'' r 11 s'agit, de /aeelf i/ , /l-ef Lya/ et /amensi,/: dlner, /!-ef a/ r dl.ner ou dernière prière de 1a journée. Qu'ii nous solt permis oe falre Para11èlement. à

abstraction des t.raits distinctifs entre /aeeffî/ et /amensiz t/\-efa/| pour ne retenir que le trait. temporeL tradurs:-ble par " so j-r" qui leur est commun. Selon nos lectures de /\-fier/, 1'organrsat.ion Ces rapport-s entre Les su jet,s humain et non humain, i.nscr:.te cans un temps dit "soir", devrait nous faire retenir L'aifirnation du pouvoir du sujet, non humain quelles que soient, Bes représentations actorielles. Nous avons déjà évoqué f iCée à propos du jeune homme englcbé par 1e chaudren dans Cl, ceci se confirme aussi de manière implicite dans C11: 1a reconnaissa.nce clu pouvoir de l'ogre par 1e vieux est une façon de supposer que 1e pouvoir du premier s'affirme provisoirement. Les exemples ne manquent pas. Ceci dit,, dans 1e conte, I'utilisatlon

de

"soir" n'est

pas

restreinte à des rapport,s entre ces représent,ations de su j ets.


248

En effet, 1a récurrence de 1'occurrence ,,soir,, gui, dans 1e c11 entre autres, nous servlra de référence, est intéressante dans 1a mesure où /rHenni/ (ber: henné) entre en composit,icn de 1',énoncé dont 1'effet se situe justement dans ce temps précis /aeef fi/: re pouvoir-manipuler 1a viei1le2 pour obtenir 1e savoir, exige f intervention du henné pour at,ténuer l,effet de 1a nourriture brtLante. ce rapprochement iu henné à 1a nourriture brtlante est, dans un certain sens, assez curieux, mais peut-i1 offrlr des renseignements sur 1, effet

d'utillsation de "soir"? Nous n,en sommes pas tout à falt sûr, raison pour laquerle nous préférons abandonner cette pist,e pour reprendre ce11e de ra manipulat,ion qui entral.ne L,acquisition du savoir détenu par La vieille. À ce niveau, i1 est facile de constater qu,une relatlon apparalt entre trois actants représentés respeetivement par 1a viei11e,le jeune homme et 1e savoir détenu par la viei.lle et que 1e jeune homme doit, s'acquérir. Jusque 1à, rien de part,iculier puisque nous ne faisons que paraphraser 1a 7 /^uelfi gawessar0 nni 9ruH axxam n werba... nni yeTTef-as fus yeSSeGDes-t 61 lHennl/ (ber: 1e soir, iaarba vieille a1la chez Ie jeune homme...; celui-ci Iui t,1nt Ia main et 1a Lrempa dans du henné ) .

2 Dans cette configuratlon, la vieille ne peut être comparable à 1'ogre ( ogresse ) en tant que représentation figurative. ceci dit, pouvoir qui nous a servi pour définlr partiellement cette re représentation ( ogre, ogresse ) sera également retenu pour "la vieilre" en ce sens qu,e11e occupe une position de destinateur qui détient un savolr utilisé pour insulter 1e jeune homme: si tu étais un homme...; bien de ce savoir qu'elre détient un pouvoir reconnu ",-"=t comme par teI 1e jeune homme._?'uirleurs, celui-ci aglra dans 1e sens du code sous-jacent à f insurte: 1'honneur. fussl ra vieille reçolte11e un lnvest.issement beaucoup plus complexe qu,une simple représentat,ion actorielle.


249

configuration; mais, sachant que /t-f jer/ et /1--efiya/ sont Ies termes de 1'axe des subcontrairesl , i1 serait, sensiblement possible de rapprocher 1es contenus investis dans /7-fjer/ de ceux invest,is dans /L-e.fiyal selcn un type de relation indiquée théoriquement par Ia subcontrariét,é.

L'effet sémantique de cette relaLion nous amène à ét,ab1ir une comparaison entre /mqidef/ (c6), Ie vieux (c11) et 1e jeune homme (c1), à 1a recherche du savoir; nous pouvons constâter qu'une dlstir:ction s'instarle. Les premiers construisen+. leur savoir -une construction basée sur 1a mal.trise d.r: temps /7-tiet/ , avons-nous dlt- par leurs propres molrensi aLors que pour le jeune homme, le savolr l-ui est communiqué par un tiers: deux types d'actants à distinguer. Dans cette perspective, i-1 s'avère que l_e savoir se irouve au centre de f intérêt à définir deux st,atuts actantiels dont t 'un4"présenté par re j eune homme êt , r'autre , pâr /nqidef / et Ie vieux. En tous cas,1e statut du jeune homme s,explique par la structure du conte qui comport,e un réclt, introductif où est mise en scène Ia perte de 1,héroine (Le13.a) par sa mère; ensuite, par ce micro-réclt procède Ia construction du récit enchâssanÇ, hlstoire du jeune homme qui cloi*, retrouver sa cousine. cette technique narrative d,enchâssenent d,un récit et d'un micro-récit joue sur 1e devoir-retrouver 1a cousine et, par 1à, eIle met, en scène un sujet dont le statut est, distinct de celui de /nqidef/ et du vieux dans Ia mesure où ces derniers construisent par eux-mêmes 1e savoir qui régit 1e pouvolr . A. J. " Bubcontrariété 1

GREIMAS "

êt

J.

COURTES,

op. cit.,

art


2s0

supérieur à celui de 1,adversaire. pour ces derniers,le rapport conflictuel entre 1e sujet et 1,anti_sujet n,est pas clt à un devoir qui les modalise: Ie su jet qui est le destinateur de ce devoir , n'est pas comparable au sujet que représente 1a vieille

vis-à-vis du jeune

ce dernier, le devoir n'est pas communiqué par un sujet lndlviduel t,e1 que 1'ogre ou 1'ogresse, mais par une "règie moraie,,relative à un code culturel (1'honneur) dont 1a vleille n,est qu,un destinat,eur dé1égué. Le statut de ce dernier représenté dlfféremment selon qu'on considère câ et ci.1 d,un côté et ci de 1'autre, est, ce qui semble cont,aminer et déterminer ie statut du su j et représent,é par /mgidei/ e t l_e vieux r.i, un côté , et cle I'autre , pâr Ie j eune homme. homine. A

Prenorrs un autre exemple: dans c2 , plus exactement. dans 1a séquence de 1'arrivée de 1 'ogresse au vi1iage1, Le sarroi-r

déterru par /mHend themm/ sur 1'être de la femme n, ent;e pas en vigueur: 1e paraitre-femme au point où il émerveille Les gens

du vlliage annule 1a possibilité de démasquer ee paraitre bien que /mHend themm/ en prévienne 1a djemââ. c,est dire que ie

croire des gens du village 1'emporte sur 1e savoir individuel: la totalité constituant un actant, co11ect,1f valide un point de vue évaluat'if sur 1e parai.t,re de 1, ogresse er nie, par conséquent, 1e savoir de /mHend themm/. ceci se rapporte encore

1 /.k"ô u€efli djemaeeô qa€ TTareH 1.fr n tmeTTug 0iweo Ger-sen qa€ qimen nbehDen... nHend lhemm yenna sen aweddi qa ttu ô lGula nnan as djemaee0 -fek daymen À:.t îfekit iu"r: 1e soir, quand 1a jmaea se réuniL, ,rr" -f arriva village; tout 1e monde fut, éb1oui par cett,e femme. "*me /mHend au themm/ dit: c'est une ogresse. on rul dlt: toi, Èu as toujoursleur été méfiant).


25t

nett,enent à une forme de manipulation décrenchée par 1'être / parar.tre ( ogresse / femne ) qu'une anaryse indépendante peut

préciser. Dans 1e cadre du ni-veau où nous situons nolre élude, c€

qui semble opératoire est f impact de cette forme de manipulation sur la mise en valeur du temps /aeefli/ eL viceversa dans Ia configuration. Darrs ce sens, c5 utillse

aussi /aeeîfil comme temps où se situe 1a manipulation ! amener le mar j- à égorger ia f ernme devenue vache. Le savoir du mari (i1 sait que cette vache est 1a mère de ses enfants) lui

interdit

d'égorger cet:e vache;

mais, cette modalité s'annule devant ie por:voir de 1a voix mystérieuse qui provient 1e soir c'une col't ine r une manipulation où 1e pouvoir du dest,inateur (voi-x mystérieuse ie 1'emporte (1a vache est à 1a fin égorgée par ie :rari). La séquenee t,out,e ent,ière, précisons-1e, se situe dans un cadre soir)

t,emporel de /aeef f i/,

indications préliminaires en sélectionnant parmi les occurrences dê 1a répartition du temps /l-tjer/, /aeelli/, /L-efiya/, /l-efal er /amensi/. Ce qui nous paral.t intéressant dans cet t,e sé1ect,ion est 1a possibilité d'examiner les termes en ce sens qu'i1s ne sont pas f onct.ionnels par leur simple représentat,ivit,é d'un temps donné mais, surtout, en ce sens que le conte les utilise particullèrement pour des fins de mise en discours de parcours suffisamment rapprochabres les uns des autres dans des configurat,ions discursives. rl nous semble que ce point de vue a ét,é suffisamment exploltê, raison pour laquelle nous n'avons Nous venolls de donner queLques


252

pas repris les occurrences tel1es que /D-Dhur/, /1-eaSer/ ( /s-sahel/ ) ou encore, /L-eam/ (ar), /asuggwas/ (ber: 1'année) ciont la représenlation de segmentation est en généra1 rlétermlnée par /S-Sif / ( ar ) , /anebôu/ (ber: été ) ou par /1-Humman/ (ar. et ber.: chaleur) ou /aSemmiD/ (ber: froid, Nous avor-Is f ait économie de l-'étude de ces occurrences pour 1a simple raison que leurs utilisations dans 1e conte nous ramèneraierrt à une saisie de parcours rapprcchables suivant cies technigues semblables à celLes que

hiver ) . . .

rrOUS aVOnS VUe S.

Pour clore cette partie, i1 nous semble opportun d'avoue:

qu'e1ie a été réduite à quelques configurations anal ysées sinon 1'étude gue nous avions entreprise et qui a dt examine: sans aucune istj-nction tcuies 1es occurrences du ciépouil ienenc lexical que rious avons ef f ectué avant de parler d'anai_.7se r est beaucoup plus large que ce11e que nous présentons ici. i'ious avons dt sélectionner quelques configurations dont nous avons estiné que 1es fonctionnements sont 1es plus redondants dans 1e corpus. Précisons aussl que sl nous avions respecté 1'object.if que nous avions tracé au début: étudier toutes ies occurrences du dépoui11ement, nous aurions été amené à produire des répétitions inutiles, raison pour laqueLle nous nou§ contentions de donner chaque fois que nous entamions un angle cionné d'une configuration, des exemples tirés de Èextes de référence sans pouvoir donner tous 1es contextes d'utilisation des occurrencesi à ce niveau, nous avons optê pour 1'économie en situant l'étude à des niveaux syntact,ico-sémanÈiques qui, justement, définissent les configurations discursives. ;

c1


253

Ceci dit, 1es quelques motifs que nous avons sélectionnés,

sans préterrdre à une que3"conque exploitation approfondie

de

l-eurs f onct,ionnements, itcntrent que 1'analyse devait considérer

liotl pas 1a constiiutiorr dans 1e conte d'uniLés lexicaies riét,errninées guant à ieurs ut.itisations par ce gue Ch. Ba11y appelie " nent,alité ;nayenne"L, mais une certaine soumission Ce ces unités aux nécessités qui découlent de "J-'esprit" du conte ir:dépendanment, cles soucrs de ses récepteurs-auditeurs ou cie ses

récitants, eui chercheraient à justlfier ou à improviser 1'utilisation de tei ou ieL autre mot,if : ceci ne dépend pas rie ces parterraires du conte mais du conte 1ui-même comme ncus essaierons de 1e préciser u1t,érieureraeni. Tous Les mr:tifs que 11ous avorrs étudrés mon-urerlt qu' j-i y a un aspect " ixRpersonnel " ans leurs utili-sations. Par conséquent, conir.li-remeni à ce que 1'orr pourrait croire, 1e 1e:<ica1 n'est pas utiiisé spcntartément cu de manière "artif icielle" clans l-e contê; mieux, cette ut.ilisation est porteuse de mouvemerrts inteliigibles non pas pour f individu niais pour l-a collectivité. Âulrement dit, 1e conte est, doté d'un "niveau irrtellectuel" qui s'acëommode à des procédés configurat,ifs que seul-es les anaiyses Ces ûrganisat.ions si/ntactico-sémanti-que§ semblent en mesure d'être ce qui renseigne sur 1es valeurs sémantiques, les effets de sens et 1es charges culturel,les des unités utilisées. Encore faut-11 que tout cela soit décrit de manière à ce que Ie niveau présupposé, celui de 1'énonciation, rre soit pas perdu de vue. c1

1 voir, ch. BALLY,

traité de stvllstique française, vo1. Georg et Cie et Nlincksieck, Genève3e édltion, Ll brairie , Pari.s, 195L, pp. 195-196. 1


254

Enfin, 1e bilan sous forne d'évaruation que nous venons de faire, est proposé dans cette conclusion à titre provisoire puisque nous n'avons pas rapperé tous 1es ressort,s de l_, étude des configurat,ions que avons citées. Nous nous épargnons cette

nécessité car, de toutes res façons, nous y revienclrons dans 1es part,ies qui vorrt suj-vre sous d'autres angles qui vont s'imposer par 1es résultats mêmes de cette partie.


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