Etude d'un corpus de contes oraux au Maroc oriental (volume 2)

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UNIYER§ITE MOHAMMED I

FACULTE DE§ LETTRES ET I}ES §CIENCES HUMAINES ouJn.q.

Etude d'un corpus de contes oraux

au Maroc oriental Lexique, configuratians et énonciation

ïfêse paur l'abtentian du Doctorat d'Etat en Linguistique

Présenté par:

Sous la direction de

:

MM. Les Professeurs

Abdelkader BEZZAZI

Jean - Claude COQUET

Miloud TAÏFI

Yol.II

..4., vit I

1993

'.


DEUXIEME PARTTE

CO.NTER: {IN ACTE

.D^ËE-TNZTO-THE -DE

./-7-

-ntHa j ya./


255

COIITER: UII ÀCTE DÉEIilITOIRE DE

/l-nHaiva/

Deux angles retiendront notre attention pour l'étude

de

"f information" ou de 1a communlcation du savoir, telle qu'e11e apparal.t dans Ie conte. Le premier décrira, en s'appuyant sur les ef f ets de cett,e communication -par un destinat,eur- sur un sujet, destinaÈaire, la manière dont 1es stat,uts ies actants se fixent paraIlèlement à des agencements d'événements narretifs dont 1a cohérence et 1es axiologies sont reflétées par une structure dont I'ordonnance est programmée par 1e faire-savoir d'une façon générale. Le second tent,era, étant donné que Ie conte est lui-même

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objet de communication, de définir partiellement ce genre par 1es mêmes procédés de communicatlon du savoir sel-on 1e premier angle; 1e conte se définira, selon cette optique, pâr 1ui-même: il dit lui-même ce qu'il est.


256

CHAPTTRE

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LE FÀrRE-SÀVOIR: üHE FIGIIEE DE HÀ§IFU]IÀTIOII

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Le conte oral, à 1'exemple d'un grand nombre de textes littéraires écrits, comporte dans ses ressort,s discursifs et narratifs des procédés communicat,ifs qu,i1 fait servir à des fins de mise en rapport entre partenaires. Dans ce sens? on ne s'étonnera pas devant 1'utirisation de " la lettre " dont. La place qu'e11e occupe dans 1e conte n'a pas besoin ,1, être reprise à 1a suite de 1'ét.ude gu'en a faite J. courtès1. ceci dit, i1 rrous sembre possible d'exarniner d'autres motifs qui se rapprochent de celui de " 1a lettre " §an§ pouî autant restreindre 1e faire-savoir à un "soubassemenL syntagmatique": nous voudrions prutôt élargir le débat en citant tout ce gui, dans notre corpus, signif ie une commun j.cat,ion du savoir, que ce soit, par 1e biais de 1a lettre ou de la,parole (ora1e) ou encore par 1e simple "signe" gui vise ra communicaiion d,un savoir donné.

1 voit

J. COURîES ,Le conte populaire: mvtholoqie, op. cit. pp. 41- 58 .

poétique


257

Le dire, d'une façon générale, apparait sous forme de diverses occutrrêrlcês: par exemple /1-heDra/ (ar: parole) dans C231 désigne un secret sur f identité du héros et que 1'héroine ne doit en aucun cas divulguer. Ceci peut aisément laisser enlendre que ce secret serait divulgué et que 1a construction du conte s'appuierait sur 1a lransgression de i'interdiction de dévoiler 1e secret. En outre, sachant que 1e conLe est 1'histoire d'un mariage, nous pouvons présumer que /1-heDra/ fonctionne comme ce qul règ1e 1'ordre conjugal2, son dévoilement implique un désordre constitutif de 1'un des paramètres de construction du récit (voir C23). Sous des formes lexicalisées par /1-heDra/, /1-kLam/ (ar), /awal/ (ber: Ia parole, 1e dlre), la prise Ce parole devlent un acte qui agil sur 1'auditeur: 1a communication d'un savoir est porteuse d'un jeu sous-jacent à un rapport entre des actant.s. La parole est dot,ée d'un pouvoir qul s'exerce sur 1'auditeur. Celui-ci n'est pas seulement, en position de sujet informé car cette information 1e met en position de "sujet de faire" sous 1a contrainte du pouvoir de 1a parole. Ceci esÈ confirmé par C1 et C36 dans 1e sens où 1e sujet, après 1'acquisition du savoir, se trouve manipulé sous 1a contrainte du pouvoir de ce dont i1 n'était pas au courant (secret). 1 /*in jat eend-ha waHed l-farfa galet I-ha bGit ngul I-k waHed 1-heDra/ (ar: la femme dit à Ia vieille qui est venue chez elle! je voudrais te dire un secret,). 2

L'"*p.ession berbère /ggin x-s awal / eL arabe /daru e11de ha 1-heDra/ signifient que le context.e d'utilisation sens de; au 1'occurrence soullgnée se rapporte au Iien conjugal cette fille est promise, la main de cette fille a été demandée par...


258

Dans cet ordre d'idées, /1-k1an/ ( ar: parole, discours,

propos) est ut11isé dans un rapport contextuel entre re juif et /sensri dehbi/; 1e discours situe cett,e dernière dans une position de sujet, manipulé, après guoi e11e subit 1'empoisonnement dès que la bague est mise dans sa bouche.

Enfin, guê 1a communicat,ion soit, orale ou écrite , Le savoir comme objeL y est toujours à 1'orlglne d'un faire-faire: l'exemple de 1a lettre dans Ci, CZ4, C32.,. en témoigne dans 1a mesure où 11 fonctionne dans 1es configurat,ions soit pour déclarer 1a guerre (forme de provocation) soit pour rétabllr 1'ordre conjugal, soit enfin, pour interdire un mariage incestueux et permettre 1es ret,rouvairles du père et ses enfants. En gros, 1es configurations dans lesquelles apparaissent

les motifs qui se rattachent à 1a communication cl'un savolr, permett,ent de retenir 1' j-dée de mise en relation entre contenus par des transformations dont rend compte une structure de manipulation. Tout,efois, précisons que les contextes configuratifs où apparaissent /1-heDra/, /1-klam/, /awa1/ et d'autres que nous verrons, ne se limitent pas à manifester des rapports entre actants dans 1e sens où Ie destinat,eur agit sur 1e destinat,aire pour lui faire faire quelque chose: certains de ces cont,extes montrent que 1e dest,lnataire du savoir, s'ilest indlf f érent à ce que 1'on att,end de 1ul ).orsque son être est remls en cause par f insulte par exempre, ou aux exigences de garder secret, 1e savolr (cf. c23), i1 devient conparable au "mort" dans le sens de "ce1ui qui n'a plus de place morale, de dignité".


259

Dans cette optigue, révélatrice récits,

1'expression figée dans C151 esL de cette forme de "morL". Dans les contextes de nos

1e savoir non appréhendé ou, plus précisément.,

r-Ion

saisi suivant f impact qu'i1 a sur cerui à qui il est cestiné, est i 'é1ément qui valorise par " f ignorance " so:'i dest.i-nataire : ce dernier est comparabre à un mort ou, en d'autre termes, ia mort de ce dernier serait préférable à sa vie (c'es]: d'ailreurs dans ce sens qu'i1 faudrait comprendre tAaryaz?t (ber: bravoure, courage, coeur, dignité, noblesse) dans c1 et /ki_yya/ ( ar: douleur morale ) dans C3ê ) . L'aEir est, en -Lous cas, un ef f et du savoi-r reÇu par 1e destinataire: de ce fait,, 1e non-savoir "décrypt,er,' ce savoi:: communiqué, dest,lné à provoquer ou à moLiver i,agir,

assimilé à ce qul retire déf

à ce destinataire

un statut

est morai

ini culturellement,.

cette forme de manipulation suppose que 1a contrainre d'agir est en même temps dépendant,e et indépendante du sujet destinataire . D'un côté , pour prétendre à i'identité selon " : e suis quelqu'un. . . " , il se soumet volontairement à ia contrainle; mieux encore, i1 construit 1e programme qui 1ul permet 1'acquisition cette

:-dentité

du savoir dans C1 et C36. De l,auf,re,

ne lui

reconnue par 1e destinateur,

esl

notamment sociar, que s'i1 agit conformément à ce qui actualise

culturellement

f iderrt,ité en question. sans 1a soumission à cette contrainte , cê ne serait, même pas la négation d'une

* /11i ma yeqra brat,-u ma yxlyyeT ksat-u w ma yedbeH /at-u mut-u xir m Hyat-u/ (ar: Ia mort, est préférab1e à Ia vie de celul qui- ne sait nl lire sa lett.re ni coudre ses vêtements ni égorger son nouton ) I

t^r

.


260

le social 1ui accorderait,, ce serait plutôt 1a négation de son être: rrofl seulement i1 sait et i1 n'est rien puisqu'i1 n'agit, pas (i1 ne réag1t pas), mais, bj.en plus, i1 est hors de question qu'i1 puisse (se) dire "je ne suis rien" dans le sens de pouvoir prendre acte pour se définir comme ter; ceci s'explique par 1e sens de 1a mort te1 que nous l,avons signalé ci-dessus. A ce st.ade, i1 devient posslble de préciser que 1a communicatlon d'un savoir dans une configuratiori discursive, slgnif ie plus que ce qu'e11e dlt littéral-ement; d'où J.e pouvoir qui Ia caractérise au point de décider, par 1, aEir chez le desti-nataire, du droit à 1'existence (ou sa négation). Relativement, proche de cet,te dernière 1dée , /l-xbar/ (ar. et ber.: savoir secret) entre en jeu dans un contrat d'échange dans c31. Par cet exemple, 11 apparait que 1a vareur du savoir communiqué accorde 1a vie au héros car sans ce savoir ( information ) , 1e programme de 1'ogresse peul se réaliser; f ignorance esL au héros 1'équivalent de sa mort. Autrement dit,, selon 1e cont,rat d'échange de 1a nourriture contre le savcir, 1a vie du héros dépend de ce qu'i1 cesse d'ignorer; para11èlement, nous pouvons supposer que ce11e du lapin dépend non pas de ce qu'i1 détient pour lu1-même comme savoir, mais de 1a valeur qu'i1 y investit en échange de la nourriture. De manière é1émentaire, ce contrat s'articule autour de: compétence que

L tilt n teqnennikê $used Ger-s 0enna-s u/-yi /wiya a la-k iniG ift- 1-lHaje 0 ( idj 1-Ixbar) / (ber: un lapin s, approcha du héros et lui dit: donne-moi un peu de ce gue tu manges et je te diraj- un secret,) .


267

- Ie savoir est au lapin le moyen d'obtenir de 1a nourrlture; - la nourriture est au héros Ie moyen d'obtenir un savoir pour s'assurer Ia vie (pour ne pas être dévoré par I'ogresse). En d'autres termes , Ia vie pour 1'un et 1'autre , est condltionnée par la nourriture et le savoir sj-non: nourriture (-savoir) : héros r I savoir (-nourriture) : 1apln1 A 1a suite ces quelques remargues sur t": contextes configuratifs vus sous 1'ang1e des rapports entre actants lcis en scèrre narralive, nous pouvons conclure que 1a régularité syntaxj-que sous-jacente à ces contextes peut, être exploitée si nous considérons que Le conte,

comme

nous 1'avons annoncé, est

aussi un savoir qui se communique. La représentation de cette commurlicat.ion rre se confond pas avec ce11e du recueil des récits par des conteurs à des auditeurs; c'esL urre représentation qui se construit, dans et par certaj_ns contes que nous citerons pour voir quel est 1'effet gu'e11e produil sur

1e destirrataire représenté dans ces mêmes contes. Autrement dit,, nous garderons 1e principe que nous avons développé à propos de /1*heDra/, /1-klam/, /awal/ , /1-xbar/ pour essayer de 1'appliquer au conte en tant qu'objet-savoir communlqué par un récitant à un auditeur ( destirrateur / destinataire )

1 Li 1a que héços ce =on=,

1apin.

nourriture à e1Ie seule sans Ie savoir est le savoir à lui seul sans Ia nourriture est

au au


262

représentés dans

une

conf

iguration di scurs ive de

que

lques

contes.

L. Comuent l.e cont,e se déf init

par lui*même

L'essentiel de nos propos se résume pe.î' 1a question suivante: comment l-e conLe se déf inirait par cJes crif,èrEs qui lui sont irrterrres? Le terme qui nous lntëresse le plus pour entamer ce volet sera celui de /1-mHa)ya/ (ar), tAnaiiQt (ber) qui seri: déslgner 1e conte. Étant donrré que ce terme apparait, comme occurrence dans noLre ccrpus, nous proposons f id.ée qu'au iieu de répertorier des Céfinitions que nous pourrions relever dans les divers travaux faits sur 1es contes, i1 vaudraj-t, m:-eux rlous L imit.er à noire corpus seion 1es moyens qu' i1 f orirnit pour c1éf inir l-e produit /1-mHa jyat/. Pret:ons comme texte de référence une verslon arabe oe C381 qui rejoint cel1e de C2!2. Ces deux textes ccmportenl: une même configuration où apparaissent, sou§ lorme de verbe / i[a)i/ , /yetHa jai , et l'occurrence de /1-mHaiya/ , En out-l:e, è.

1 /bd.t hiya tHaii Gl eIa ruH-ha gae wa/ta SRa l-ha/ (ar: 1a femme se mit, à raconter sa propre histoire ( son propre

conte ) ) .

2 /mmi-s n tmeTTu0 nni yenna-s a yemma Haja-yi iwa 0eqqim tflaja-yas x imalt n,t'r-s/ (ber: 1e f ils demanda à sa mère de lui conter; Ia mère se mit à 1ui raconter sa propre histoire)'


263

/}-mHa)ya/ est dite par Ia mère qui raconte en falt sa propre histoire te11e qu'e11e est racorrtée par 1e conteur. c'est, 1à que 1e dire <ie 1a mère devienl intéressant puisqu'i1 est Llne /mHa j ya/ au mêrne tit.re sr.l,e Le conte-.cacre racontd paï -ie conteur. ,s partir rle 1à, La straLégie d'analyse der,'ra considérer cetie de

/mHa

d<-

instancl: " rrcnnée et qr-ri qualif ie son rér:1t

rrt l.es traits

déf

initoires

scnt, à nos yeux,

qui y sorlt relevai:1es: r'énonciaticn du ccnte suivant deux voix que nous alLons essayer de préciser-

ceux-1à

fait

jya/

"

mêmes

Le parcours du récils,

se

et représen'Lé pa..r ra mère r-larrs ncs est ce dont nos contes parJ,ent. C,est L,cb;et rle su j

t:arration dont f i-nstanee énonciatrice se corts Iitue selon deux voix: cel1e de f informateur-récitant et ceiie de l.a nère parlant à travers ce dernier. A ce niveau, i1 se L:couve qlrÈ ia mère est 1a seule détentrice de ia vérité ues événements rel que 1es contes 1es racont,ent,. Nous vc'yo]ls bien ciu'une fcrrme d'imbricat,ion entre ces deux voix se 16alise comme l-ieru cjui peut, fournir des rerrseignemerrt,s sur 1-es premières ébauches pôur

cerner 1'ob jet dit /mHa)ya/ . Pour ce f aire, :.1 f aut exa.miner, dans un premier t.emps Le comrnent de cetle irnb::ication d'un seeond récit pax rapport à un premier, qui sont en fait identiques à 1a seule dif f érence qu'il-s ne présupposent pas Llne même voi:: de narration. Retenons 1a constetation que 1e seeond récit est prls en charge -à la manière d'un discours rapport.é par f informateur- par 1a mère, sujet, concerné dj-rectement par res faits du conte; dans un second temps, i1 faut situer cette imbrication au ni-veau de I'énonciation.


264

Pour 1e premier volet,

i1 est clair

que 1e vrai et

1e

faux, en Lant que modalisateurs sur les faits ou les événements sont les déclencheurs du réclt raconté par Ia de 1'histoire, mère1. Puisque ce récit

vise essentiellement à d.évoiler

1a

il devient cl.air que 1a remise en cause du croire-vrai exige que Ia prise err charge de ce récit soit assumée par cell-e

vérité,

qui détient 1a vérité et qui est en fausseté ou, plus exactemerrt, du

même

temps victime

c1e

ia

mensonge.

C2L, une iecture à rebours dont f intérêt par 1es approches des est suffisarnmerrt justifié

Dans le opératolre récits

peul, à juste tii:re,

véridictlon

Èenir compte des moCalités de

qui expliquent Ia réalisation

1a

de ia condamnatiorr

à tort de 1a f111e par 1e père (cf. note ci-dessus). Résumons: 1a <iésobéissance de 1a f i11e au père sel-on la letLre envoyée par 1'esclave, amène ce père, se)-on un croirevrai , à ordorrner 1'égorgemerrt de sa f 11ie. Or, f instance observatrice et narratrice qu discours-hi-stoire de ce rapport' ( 1e premier récit ) accorde 1e pouvoir au père même s'i1 car i'égorgement semble au fond s'exerce à tort sur la fille; dlct.é par une valeur qui con§iste à affirmer que la désobéissance par Ia fil1e au père est récompensée de la sorte.

Partant de ce constat, nous pouvons dire que 1e conte falt

1 La vérité dans l'une des variantes de "1'histoire de Ia filIe répudiée par son père" est que I'esclave a trompé Ie père de Ia femme-mère en 1ui faisant croire que cel1e*ci a rransgressé 1'ordrez /L-eebd SafeT waHed 1-briya 1-bba-ha gaI

1-u bent-k ra-ha xurjet T-Trig/ ( ar: 1'esclave envoya une Ieltre au père lui disant que sa fil1e n'était plus dans "1e droit chemin" ) . Dans C21, la vérité est que Ie père est indigne c1e ce statut puisqu'i1 a répudié ses f il1es sans mot'if comparable à celui de 1a transgression du droit chemin.


265

valoir 1e pouvoi.r du père quel1e que soit, la sanction de son faire pourvu que ce faire soit conforme à 1a valeur culturelle: une f i1le ne ciolt pas déshonorer son père. Para11èlement à ce récit, dans 1'univers du conLe se construit. forcément un autre récit -celui de 1a fille-mère- qui ne cherchera pas à remett.re en c:ause 1e pouvoir du père seion le croire-vrai qui soumet ce dernier à agir conformémenL à la valeur cu1ture11e, mais à rendre justice à 1a victj.me au nom même de cette valeur. lious tor:chons ici à un point relativement sensible en essayarrt <i'articuier cieux points de vue distinct,s; 1a structure du Çont,e ùst, une combinaison entre re rnaintien du pouvoir du père (prenier réclt ) en tant gue valeur êt, par 1à devient en quelque sorte une val-eur de justice par 1e second récit de 1a f111e deverrue mère, pour: dénoncer La traîtrise et 1e mensonge. ceci permet déjà de ret,enir une constatation préliminaire: 1e conte, €D tanL que discours narratif, construit, un

même, 1e conte

enseignement sur 1a sanct,j.cn de f in justicel Êt sur 1'équit.é

d'une façon générale. Sous cet angle, si /1-nHajya/ est dite récit fictif,

e11e

ne 1'est qu'au niveau de son langage dénoLatif ou lorsqu'elle est dite hlstoire racorrtée et sous-tendue par f imaqinaire. Le

1 Si f in3ustice vis-à-vis de la fi1le n'a pas de raison d'être (cf. CZL), Ie père est alors condamné dans 1e conte, pâr contre, si e11e a une raison d'être (1e croire-vrai), Ie père n'est pas condamnéi au contraire, i1 rend justice à sa fi11e en la réintégrant dans 1'univers sous-jacent au 11en de parenté et en punissant 1'esclave destinateur de la lettre.


266

oratif qu'on lui att.ribue général-ement,1 est illusoire dans la mesure où "1a noblesse" de son enseignement réside non pas clans ce gu'e11e dit littéralement, à t,ravers des États eL des transf ormations, mais dans f intention ce son d-i scours suivant des codes culturels dits implicitement, dans des conf igurations discursirres. Les effets de sens de cel ordre se réalisent cians ncs textes de référence par urre organisation discr-irsive qui es.t possible à éclairer par cette espèce de mise en abyme sous* j acente à l-a construction du conte en ccmbinant, per: enchâssement entre deux récits sel-on 1es deux voix dont nous verrons de parler. sens

pé j

Schématisons cet enchâssement en déslgnant 1e conteLlr par

"narrateur:

N* en tanl

qu'abstraction

qui serait

-Loutes

proportions gardées- 1a somme de tous 1es récitants d,'un conte appelé /mHa)ya/ et par n1, Le narra.teur individuel-récitant qui spécifie,

lors de 1a narrat,ion, {ü'i1 rapporte 1'histoire d.'une fi11e à laque1le, une fois devenue mère dans le conte, il cède 1a parole comme sl e1Ie parlait à travers 1ui pour raconter son histoire

dlte /mHasya/. cette voix de 1a rnère sera dés1gnée par n2. De manière plus claire, di.sons gLle nL récite deux f ois l-e récit et que 1e second, à 1a différence du premier, est attrlbué à la mère. A ce niveau, nous pouvons dire que nous

même

sommes

devant deux plans d'énoncia.uion distlncts

par Ia mise en

mais reLiés

abyme:

1 Nou" nous basons sur certains comportements de nos informat.eurs, notamment les hommes, dont nous reproduisons une évaruation sur /1-mHajyat/: ceci se raconte pour amuser les enfants (au sens péjoratif du terme "enfants").


267 Évén

Nr Conteur ( narrateur Conte': /mHa

jyatL

1

I

l--

: Récit1

i mise en fvén2

abyme

: Récit2 âppelé /mHa Jya/t

I1 est intéressant, de préciser que 1e récit 2 a les mêmes "accessoires" que 1e réclt 1 mais selon deux représentations à distinguer: 1a mère (n2) raconLe une /mHa)yat a ses enfants tout comme 1e récitant (rr1) raconte /1-mHajya/ aux enfants. L'invariance au niveau de ces accessoires comporte tout de même une différence capit,ale: n1 et 1es enfants auditeurs ne sont pas concernés par 1a question relative à 1a réalité construj-te par Ie conte de 1'histoire, coutrairement à 1a mère et à ses enfants. L'effel de 1a mise en abyme au niveau énonciatif se résume par le rapprochement entre n1 et n2 par rapport aux événements racontés et qui sont "externes" à n1 et "internes" à n2 comme si par 1a seule extériorité / intériorité se distinguaient 1a modalité ciu croire (ou ne pas croire) de n1 en ce qu'iI dit, et, sait et ce1le du croire de n2 en ce qu'il dit, car |1 1'a "vécu". Toutefois, pris pour témoin par n2, rt1, sachant que 1'hist,oire qu'i1 raconte esÈ vécue par n2 (cf. Czt) , iI ne peut en principe ne pas adhérer sinon à Ia réa1ité, 1 Pulsque 1es dénominations sont, identiques, iI nous semble tout, à fait 1égit.ime de définir 1a prenière par 1a seconde.


268

Ia vérité du code sous-jacent à 1a valeur culturelle construite par 1e conte. du moins à

'mportance; . L. notion de réa11té dans ce cadre est sans car, au fond, nous ne cherchons pas à définir 1e conte sous

1'ang1e des effets de réalité. C'est plutôt 1e vrai qui nous

intéresse dans le sens où Ie conte dlt vrai par 1e témoignage même de cel1e dont i1 raconte 1'histoire ot:, encore, de celul que cette dernière prend pour témoin à propos de l'intention

des événements qu'i1 raconte. Ceci nous invite à préciser plusieurs plans par 1es instances qui s'y inscrivent: i.. n1 est un énonciateur individuel qui est auss j" délégué " Lraversé par 1e collectif en 1e représentan'i: lorsqu'i1 raconte un conte: i1 est 1e récitant à proprement parler; 2, n2 est un énonciateur de statut particulier car i1 délègue nL en Le chargeant de rapporter son discours: la voix abserrte de n2 (}a mère se fait préserrte par le discours qu'e11e ciii à propos d'e11e-même en emprunlanl la voix de son reprêsentant: n1). Icl, on peut dire que n2 parle à travers n1. Ce n'esL pas ce dertrrier qui qualifie ce qu'il dit de /mHa)ya/ i c'est, n2 par 1a voix de fl1, qui est en fait, responsable de 1'exercice de cette dénomination. 3. En considérant 1 et 2, i1 nous semble que 1e rapport entre 1e conte et f instance appelée N dans un cadre qui int,erroge 1a réa11t,é / non réalité des événements, peut, être à la limite sans intérêt; mais, selon 1e rapport entre n1 supposé représentant de N et en même temps déIégué de n2 pour


269

qui l'histoire racontée est "vécue", donc rée11e1, i1 s'avère, de fil en aigu111e, que N est une instance qui n'est pas indifférente à celte réa1ité du conte dit, /mHajya/ qui §e raconte par tout récitant qui accepte implicitement un conlraL de narrati-on avec

N.

4. Pour revenir au problème <ie définition, /l-mHaiya/ devrait être entendue clans le sens d' "histoire" dont f intention du dlscours est cautionnée par 1'effet d'un rée1 int,rinsèque à l'univers du conte , pour être dit,e vraie. C'està-dire que "les actants de Ia narration"2 entretiennenc des rapports de te1le sorte que n1 soit complice de 1'assomption du "vrai-rée1" du récit 2 enchâssé dans 1e récit 1; êt, étant, donné que 1e récit. 2 est appelé /mHa)ya/ , nous pouvons, dans une certaine limite, admetlre que toute /mHa)ya/ comporte implicitement des aspects du "vrai-rée1". Soulignons toutefors que ceci est tributaire d'une guestion: qu'est-ce qui esL conte et qu'est-ce qui ne 1'est pas dans notre corpus ?

1Nou" errtendons par "réa1j-té" un effet intrinsèque à I'univers du conte: cette réa11té est ceIle du conte au sens large du terme. 1 O J. COURTES , Analyse sémiotique du discours; de 1'énoncé à l'énonciation, op. cit. p. 249 .


27A

A. te conte

un univers de valeurs

autre forme qui nous rapprochre de 1'objectif visé pour proposer des traits ciéfinitoires de /1-mHa)ya/ J. -C. Coquet nous dit 3r"'?n q." conço.it guère un univers séniotique qui ne soit égaTenent univets de vaLeurs"l. Prenons à notre compte ce point de vue dans Ie sens où l'univers des Essayons de présenLer 1a question sous une

.

valeurs

dans 1e conte est

susceptible

d'êLre

soumis

L'évocat,ion de 1'évaluation provoque une question! qui Jva1ue, ou plutôt, gul peut se donner le droit d'évaluer ? . Pour nous, c'est au niveau de N qui est la somme de tous ies récitants d'un conte que 1a vérité cie ce produit en tant qu'univers de valeurs, peut être examinée. Seulement, ce N ne se constilue pas à Ia manière cl'un sujet qui "ptocèd{e) â la doubLe prise en charge et de Lui-mêne ( , . . ) et, de san dire, de son faire"'ia i1 se constitue par paliers de rapports enLre, d'un côté, ïr2 et nL et, de 1'autre, entre n1 et N selon les plans précisés ci-dessus. Notre texte de référence propose ici

1'évaluat ion.

1

r. -c.

2

ruia. p.

coQUET

155

163

,

Le discours et son suiet , T.1, op. cit.

P


27L

une particularité

définitoire du discours sous 1'ang1e d'une forme, encore particulière, du "dire-vrai". Retenons cet enseignement pour y intégrer un autre: " est donné pour vrai ce qui a 1a caution du tée1"1, gui va nous permettre de préciser queiques détai1s: dans notre texte de référence, 1e réel- procède quant à sa représentation par 1e recours à n2 dont le récit 2 est. une reproduction du récit 1 de n1 à 1a manière de produits qul se reflètent 1'un 1'auLre sous forme d'une "relation enchâssante" qul définit, 1e conte. Dans un autre sens, le vrai est tel dans le r.écit 2 si on

considère que ce récit

est, avant d'être rapporté par o1, un ciiscours dit et assumé par 1a mère: n2. Ce discours rapporté

comporte, par exemple, des traces de débrayage actantiel:

-> iI, pour qu'i1 y ait, conformité à ce qui caractérise le récit. A ce niveau, i1 appara1t que l-a mère représente un sujet qui procède à "7a doubTe prise en débrayage

JE

charge de lui-nêne" Faisorrs un pas de plus: n1" en rapportant 1e discours

de

ce sujet appelé n2 n'affecte pas par cette opération le statut de ce dernier; au contraire, i1 se 1'attribue d'une certaine manière en adhérant au dire-vrai de n2. Ensuite, par ce rapport qul s'établit entre n2 et D1, 1e conte, dans sa totalité en

tant qu'univers, ne peut qu'être considéré sous 1'anq1e du v::ai qul est en fait une modallsation attrlbuée par N qui se confond avec les valeurs investies dans 1e produit.

1 ruia.


272

§uivons pas à pas cette expllcation pour I',appliquer au rapport père / fLlle dans c2L après avoir vu celui qui appara Lt dans sa variante (cf. p.â6L n. 1). Situons ce rapport selon

- dr.l point de vue de 1a fille représentée par n2t je raconte mon histoire et je dis vrai; - du point de vue du père en tant qu'énonciataire: je t'écoute et je me rends compte que tu dis vrai; -.Cerapportentrejeettuêstrapportéparn1:1e réci1ant du conte. Notons ici 1'opération de débrayage; - à ce stade, N surgit err tarrt que valeur de justice rapportée par nl- -chose qui nous a permis de dire que nl- est un représentant de N- pour rendre compte de l',effet du discours selon 1e dire-vrai de n2 sur 1e père-énonciataire: ce dernier est englouti (ii s'enfonce) au fur et à mesure qu'iI écoute /I-mHa)ya/ de sa fille par Ia terre' concluslon t /1-mHajya/ est bien 1e discours de h2, dont' 1,effet, donné pour vrai, a o'la caUtion du rée1" de 1'univers des valeurs qu'eI1e construit'

cette conClusion en nOus rePOrtant aux textes de référence. Du point de vue communicatlf, Ie discours émis par n2 à I',énonci-at.aire représenté par le père {et 1',esclave ) apparait comne réclt dont 1'ênonciateur est comme s'it parlait' CommenLons

d,un absent. ce procédé dans c21 assure l',exclusion d'une conjonctlon part,icipative des enfants au vrai-rée1 de 1'histoire de leur nère. Le rapport de parenté qui se greffe sur 1a relation représentée: énonciaLeur / énonciataire, esÈ celui de père / fl1le plut,ôt que celui de mère / enfant (on a f impression que la mère satisfalt la demande de se§ enfants


273

alors qu'en fait., e11e satisfait sa propre intent,ion d'agir par son dire sur Ie père). Ceci se confirme par 1'histoire du père manipulé par 1'esclave, avec 1a nuance que 1a f111e, n'étant pas mère, vise par son dire le père en f incitant à lui rendre justice: chât.ier 1'esclave et 1a réintégrer dans 1'univers familial Ceci montre que n2 représenLe un actant d'énonciaticn suivant une pri-se en charge de: 1) j'affirme par 1'histolre que tLi écoutes que je suis cel1e dont parle cette histoire; 2) ceLte affirmaLion, je 1a réalise par 1e di-scours que je tiens en t.e proposant des indications pour m'y reconnaîLre. La superposition de f identité de celui qui parle (discours) et de celui dont ce dernier parle (récit.) peut être paraphrasé comme suit! en te faisant écouter (faire-faire) une histoire, tu sauras qu'en fait, -paraitre: histoire fictive ; ôtre: "

hist,oire rée11e- ceLte hist,oire, c'est moi-même. Ce cadre énonclatlf est explolté par 1e conte suivant des techniques appropriées de construction d'un univers de valeurs. Sous ce vo1et, nous avons accordé au vrai et au réel un impact

sur 1a définition de ce qui esL dé§igné par /1-mHa)ya/ parce a

eu€, apparemnent,,ils sont 1es seuls à pouvoir, au niveau 1a sancL:.on, faire concevoir comme " juste" 1'effet l'histoire

de n2 sur 1'énonciataire,

êrl tant

de de

gu'exemple

conforme à un univers de valeurs culLurelles.

Cette sanction semble fixée par une autorité de 1'univers du récit en tant gu'objet culturel ou "document de 1égislation" sur 1e rapport père / fi11e qui n'est, à notre sens, qu'un exemple utilisé dans une configuration dont 1a portée dans les


274

contes est beaucoup plus 1arge. Cette autorité externe au père

subit 1a sanction, est figurativisée par 1e père qui rend justice à sa fille après 1'avoir répudiée à tort. Cette remarque issue de la comparaison de deux microrécits valorise même le statut du "père" injuste face à celui du "Pàre " juste: 1'évaluation morale du premier s'oppose à ce1le du second. Cet aspect moral est dfun registre qui se corrfond avec ce que nous appelons "univers de valeurs" et que nous rapprochons nettement de N en tant qu'instance présupposée par 1a somme des variantes d'un conte et en tant qlle clestinateur de la sanction du père auquel conv-'i endra 1'expression: n'est dlgne d'être père que celui qui assume 1e rôIe de père envers ses enfants (ses fi11es), à en croire 1e dire de plusieurs de nos informateurs. Cet univers de valeurs ne se prête pas à une évaluation sauf si 1'évaluateur est plac6 darrs une structure égalitaire à ce1le de N. Le pouvoir transcendant qui caractérise Ie conte focalise 1e discours ver§ 1'exacte justice dont 1e support est une histcire-prétexte d'un

dans C2L, puisqu'i1 en

père et de sa f111e. A notre avis, 1'analyse devrait retenir les modalités de cette justlce qui, en tant que sanction, ne revient ni à n2 par son discours -idée qui semble contredire ce que nous avons dit'

plus haut,- ni même à la reconnaissance par 1e père de la réalité-vérité de son acte -jugé négatif- envers sa fi11e, mais au pouvoir d'un tiers actant, relativemenl compréhensible par l'effet des événements de 1'hiStoire racontée par 1a f111e mais insaisissable quant à sa manière d'agir en amenant le père dans C21 à nier son existence sur terre pour se situer dans 1'espace


275

qu'il mérite (il s'enfonce par terre...). En plus, ceLle fin semble dans un certain sens assumée par 1e père comme s'i1 devait 1'accepter comme te1le pour gue 1'univers du conLe 1'utilise comme représentation qui assure 1'exemple aux pères. C'est ici que réside 1e pouvoir du tiers actant assumant la construction de valeurs pour définir 1e conte oral Qui, dans ce sens , n'est j amais un discours d' investissements dont 1'assomption est indlviduelle. Arrivé à ce point précis, nou§ pouvons avê.ncer I'idée que ce critère sera l'un des traits

définitoires du conte qualifié de populaire ( /1-mHajyat/ ) Faire usage de "1'enfoncement par terre", comme si de drolt i1 s'imposait de lui-même, montre que rien de cela ne pouvait arriver au père si 1e tiers actant n'était Pas 1à à être 1e seul à user du pouvoir qui réalise une transposltion cle 1'histoire de 1a f ille , réeIIe de son point, de vue , en un univers de valeurs vrai et représenté par 1'état final du père. L'ordre des choses selon 1'expression de J.-C. Coquet est ainsi corrstitué: irrdépendamment du père et de sa f i11e qui ne sont dans 1'univers ciu conte que des " figurants-exemp1es " , 1e destinateur.saisit un type de rapports qu'i1 juge, sanction à laquelte se soumettent aussi bien 1e père que 1a fi11e. D'ailleurS, nous noUs Sommes valnement aCharné à trouver une version de ce conte où i1 se pourrait qu'aPparaisse un autre .

type de sanction: que1le que soit 1'attitude du père envers sa f111e, cê11e-ci serait encline à 1ui pardonner 1e t'ort. À présent, nous comprenons pourquol 11 est inpossible de trouver cette version, sinon el1e sera dite non attestée Parce que Ie Statut du tiers actant sera Par cette version remis en cause,


276

chose qui est difficile

voire impossible à admettre dans 1e conte. L'ordre des choses est, à prendre comme te1 sans chercher à lui Lrouver des justifications car i1 véhicule une vérité dont, 1e pouvoir n'est pas susceptible d'être soumis à la discussion. Pour être plus c1air, empruntons à J.-C. Coquet ce qu'i1 symbolise en utilisant la formuler p est IL vrail, avec quelques précisions dues aux spécificités de /1-mHajyat/ en général et en particulier à nos textes de référence. p sera pour nous -au risque de nous répéter- une proposition dont, 1a caractéristique qui 1a rend int,e11igj.b1e I est 1a valeur sous-jacente à 1'enfoncement drr père en tant que sanction "1oya1e", Là, nous posons 1e IL sous 1e rapport duquel 1e conte, présupposant N du point de vue énonciatif., dit que 1a proposit,ion telle que nous venons de 1a résumer, est vraie. Cette vérit,é est/ bien entendu, comme 1e sr:uligne son auteur, indépendante de 1'appréciation des hommes qu'i1s soient représentés par des récitants ou par des au<ilteurs ou même par des personnages impliqués dans 1a configuration discursj.ve. Évaluons notre étude en essayant de ia ramener à 1'angle de déflnition oe /1-mHa)ya/r 1e conte, dont 1e pouvoir réside exactement dans sa capacité d'être un prodult, qui construit des "affaires" dont 1es aspects sont culturels en utilisant des formes d'habilLage narratif dorrt, 1es accessoires sont de 1'ordre du fictif. Les procédés qui y sont utilisés pour parvenir à des représentations socio-cu1ture11es sont d'une origlnalit,é particulière: 1a preuve est que nos contes i

pp

1 r. -c.

163- 193.

coQUET,

Le discours et son suiet,


27'1

s'adressent essent,iellement, aux enfants, sê font raconter généralenent, par des mères ou grand-mères êt, enfinr pâr 1es efforts de connexion ent,re deux pLans de significat,ions (/1-mHajya/ au sens de récit, histoire fictlve et /1-mHa)ya/ au sens d'univers de vareurs), i1s arrivent à intéresser d,un point de vue éducatif tout 1e monde. Autant dire que /1-mHaiya/, en tant que type de dlscours narratif comportant dans ses ressorts internes des objet,s cognitifs et curturels auxguels Ie croire est forcément sans réserve, est un p selon la formule p est rL vrai. A ce niveau, re critère de réalité dont nous avons parlé n'a même pas de fondement pulsque le vrai est 1à pour modaliser p sous Ie rapport, du IL. En tenanr compte de /1-mHajya/ comme univers d, objet.s cognit,if s sous le paraphe du f L , port,ant sur 1e s vareurs dont 1a caution est socio-cu1iurer1e, nous comprenons mieux que cette évaluatlon en Lermes de /kdub/ (ar: mensonses) cians une formule finalel n'est pas à prendre au sérieux car,la relaticn entre 1e récitant-énoncialeur de la formul_e et 1e conLe dans un cadre de relation . binai-re porte sur le premier pran de signlfication au moment où re second p1an, pour être intelliglbl-e, s€ sitile dans une reLatlon ternaire où 1e récltant n'est rien par rappcrt au dest,inateur; i1 n,est même pas censé appréhender l'unive::s de valeurs du conte. D,autant plus que nous sommes face à deux plans t1e relat,ions différentes 1 citons Ia formule: /)iL men temma w /rit juj duru Helwa men temma w hlya ddub ÿÿ hiya ddub Hett,a wel1a ku1l fi kdub/ (ar: je suis revenu de 1à-bas, ie me suis acheté deux Duru de bonbons qui se sont mis à fondre et à fondre jusqu,à ce que tout soit devenu mensonge ) .


278

eL à deux évaluations différentes dif férent,es de 1'objet /mHa)ya/.

sur deux acceptions

aller prus loin: 1a relat,ion récitant I conte ne se pose comme te1le que dans 1a mesure où 1e conte n'a besoin du récitant, que pour être dit sans exiger de 1ui une quelconque efficacité pour appréhender 1e savolr qu'i1 véhicule en profondeur. Dans ce sens, nous pensons que re rô1e du récitant darrs sa relation au conte, en mesure d'appréhender ce savoir, est rarement at,teint; s'i1 est atteint, nous désignerons alors ce récitant par "corrleur" qui va au de1à de 1a tittéra1ité du proarit qu'i1 récit,e. En d,autres termes, /iHaji/ (ar), /yetHaja/ (ber: conter) est 11é à une mai.tri-se de I 'histoire à réc iter et de f int,ention de cett,e histoire en tant que discours narratif: /1-mHajya/ est en effet un récit, mais e1le n'est pas seulement -ou e1le est beaucoup plus gueun récit. Nous y arrivons: il importe peu que 1,on dise qu,un conte est un récit car: 1. ce que le récitarrt peut évaluer est, dans 1es meilleurs des cas, 1'histoire du conte { 1e récit ) dont 1} saisit seulement les faits ou 1es évênements qu'i1 peut éverrtuellement soumettre à 1'évaluation pour ne rien dire de plus que "histoire fictive " ; 2, étant donné que 1e corlLe ne peut être conçu comme simple hist,oire-récit de f ait,s et événements (il est essentiellement un langage qui est sous-tendu, pâr f intermédiaire de I'histoire-récit, par des codes et des valeurs socio-cu1tureIles), f informateur-récitant, llê Nous pouvons


279

-.dtspssant pas d'un savolr tà-dessus, . eSt dans l'impossibilit'é de pouvoir 1'éva1uer. Pour arriver à distlnguer entre récit / conte et récitant-

informateur / conteur seLon deux plans de représentations, i1 nous a fa1lu distinguer entre /mHaiya/-récit (histolre) et /mfla )ya/ -conte , en tant qu'obj ets soumis à I'évaluation. si /1-mHajya/ n'est pas clairement, saisie en langue selon Ies deux acceptions ci-dessuS, i1 ne reste pas moins net que

Ie vrai sous le rapport du IL y est par le refus de S'inscrire dans des ancrages énonciatlfs que11e que soj-t leur nature' Ceci explique pourquoi 1e conte d'une façon générale , pour se constru j-re, procède en ut.ilisant le f ictlf à t,itre d'une espèce de projection sur 1'être-homme pour affirmer 1e vrai de 1'éthique gui donne le modè1e de conduite de cet être-homme qui le raconte ou 1'écoute. Les valeurs que 1'analyse reconnait dans les contes sont t,rlbut,aires de 1'élaboration de ces dernie'rs en convoquant 1e t,1ers actanl construit par effacement d'évaluations individuelles au niveau de ce que nous pourrions appeler

énonciation connunicative" que nous distinguerons de " 7'énonciation naîrative" en considérant 1e cOnte comme objet, darrs une relation ternaire où Ie tiers actant prend place quels que soient les niveaux du débat autour de cet objet. Cetie Cistinction peut être é1ucidée par les diverses réponses que les analyses prévoient pour "qui parle ?", L'effacement dont nous venon§ de parler S'explique par une "

confirmation dans Ies formules inaugurales dont nous citons Ia


280

je t'ai conté1, qui, en plus connue: /Haji-t-k/ 1itt.: définitive, montrent que 1e conte populaire oral s'intègre dans une classe de discours où 1a parole n'appartient pas en propre à celui qui 1a profère2. Dès lors, "gui parle ?" est à reconstruire 1à où 1a relation n'est pas ce1le du sujet. de et de 1'objet, récité -niveau d'une énonciation communi.cative- mais 1à où la relat,ion se situe à un niveau où 1'on tiendra compte du fait que ce sujet, même s'il se prononce sur 1a véracité des f ait.s et événements des récits, j-1 demeure ciépossédé de 1a possibilité de réaliser cet, acte sur le conLe, chose qui nous ramèrre à 1a notj-on du tiers actant dans 1a relation ternaire que réclame 1a propriété du vrai dans récitation

1' énonciation r:arrat,ive.

Enfin, Pêr 1e changement de plarrs d'énonclation Selon deux niveaux: " 7'arJtonofiie" et " 7'hétérononie" que nou§ empruntons à J.-C. Coquet, ce qui est qualifié de flctif d,ans 1e premier sera un point, de vue dont 1'objeL d'évaluation en lermes de mensonges, n'est pas 1e même que celui du second bien que ces cleux objets, pour une lecture. superficielle, concernent 1e même produit (1e conte au sens large et non défini). Cet,t.e étude nous a permiL.d'articuler entre t,rois paliers: - 1e premier a tenté de distlnguer entre " récit" et "conLe", termes utilisés pour déslgner /1-mHaiya/ selon deux cas d'acceptions;

- 1e second, entre "récitant" et "conteur"; et enfin, 1 voit notre thèse de 3e cYcle, notamment "Procès d'énonciation dans 1e conte oral". 2 e,. J. GRErMÀs, D-u sens, op. cit. P. 309.


28L

1e t.roisième, entre "énonciation communicative,, et "énoneiation narrative", distinct,ion qui a en fait, été motivée par 1'enseignement de J.-c. coquet, dont nous avons retenu un "espriL" de rai§onnement sur les relations binaire et ternai-re. cet esprit nous a permis d'émertre le point, de vue selon requel "1es origi-nes" du tiers actant trouvent, leur fondement dans 1'univers de valeurs du conte que personne ne peut remettre en guestion, cela même qui dorrne une position forte au vrai sous 1e rapport ciu rL et qui évince et même vide de sens toute terrt,at,ive irrdividuelle de se cons"truire en " su jet" évaluateur ciu ccnt.e . ce su j et - il convient de re ciire après J. -c. coquer" est en queTque sorte dépossédé de son acte au prctf it, de 7'instance hiérarchiquenent supér-l eure, Je tiers act,ant,,1. Essayons de sélectionner dans ces paliers des conditions

de définition de /l-rnHalva/. D'abord, l,informateur dans 1a relation binaire gu'i1 ent,retient avec 1e conte , E€ peuc prétendre à un statut, qui correspond, selon un syncrétisme par exempre, à celui du t,iers act,ant dans 1a relation ternaire. Ensuite, s'i1 est permis à ce récitant de réaliser un acte, i1 se falt à 1a façon de 1'effet du conte sur lul comme s,i1 revenait -selon ses propres propos- d'un long voyage (voir la fornule finale citée ci-dessus). ces "propos" dans 1a formule finale prise en charge par le récitant,, précisent une délimitat,ion de son ,, chanp

1

.1.

-c.

1'événement

,

COQUET,

Protée,

Sémiotique et Histoire: , p. 5.

L987

1e fait

Àt


282

t 1e s paramètre s de s relatlons de personnes, d'espace et de temps, étudiés par E. Benveniste , sont des contraintes qui 1e privent de 1a capaclté ou possibllité de se dire sujet. à proprement parler, car i1 ignore que le conte récuse en quelque sorte ce par quoi les discours siEnés sont contrainLs: 1es ancrages Lemporel et spatial sont si fortement récusés dans/par 1e conte que le tiers actant y occupe une fonction d' "univers-a1ité" . En 1'absence de ces conditions définitoires du conte, tout autre discours évaluatif se situe au niveau du "paraitre" s'i1 porte sur 1a vérlté sous 1e rapport du IL, Ceci permet de résoudre les confuslons chez les partenaires du conte entre 1e fictlf du récit et "Le réel--

.-"p@§itionne 1"

L

vrai"2 du conte.

et Ie paraitre , Ie réeI-vrai

B. t'être

et f irréel-

nensonCIer

qui justifient 1e niveau dans 1eque1 s'opère I'entrée du tlers actanL pour préciser que le pouvoir du conte ne l-ul provienL pas de T Nous avons nentj-onné quelques é1éments

l'extérieur; 1 L64.

,1.

-c

.

i1 est en lui et passe bien avant celui de

§es

, op. cit.

p.

coQUET

, Le discours et son su i et,

T.

1

2 rUi.a. p. 170: " (un) couple dont 7es é1énents sont si bien soudés et si étroitenent ajustés 7'un à 1'autre gu'iJ n'y a place ni pour L'erreur ni pour le nensonge",


283

récitant,S. Ses Lhèses, si 1'on peut dire, choisisSent 1e Support qui leur est Ie plus favorablenent efficace; p est ÏL vrai, indépendammenL des appréciations des uns et des autres; car ces appréciations sont souvent 1e produit de confusions entre 1'être et ie paral.tre du conte chez les récitants et Ies auditeurs (peut-on 1e leur reprocher ?). Mais, rêlativemenL au support, discursif du conle, ces confusions ne sont évidemment pas pertinentes même si, e

f fectivement

,

le

non-réel

(ou le

fictif)

est

ce

qu1

caractérise 1es faits du récit: Le réCitant se met en une position qui établit une distance entre 1e rée1 et 1e non-rée1; i1 distingue entre les deux en précisant Son "retour" (cf' formule finale ) de 1'univers imaginaire où l-e conle L'a entrainé. Ce retour lui falt ressaisir une réa1ité -ou inversement, sâ réa1ité lui falt faire un retour- qui évacue celle de 1'uniVers imaginaire dU conte: de "non-Sujet", ne serait-ce que parce que son acte de réciter e§t comme i.ndépendant de Iui, i1 passe, par son discor.lrs dans 1a f ormule f i.nale, à un autre statul pour rappeler la dj-stance êt, par 1à même, distinguer entre le rée1 et le non-rée1. A ce niveau, ce réc j-t,ant privilégie 1e non-réeI (1e paraltre du conte ) ar: détriment du rée1 (1'êt,re) du "discour§-intention" du conte, s ou encore, du "pauvoir signifiant, (du Tangage du conte) qui passe bien âÿall t,, ceJui de dire quelque chose"L'

1 E BENVENISTE, Problèmes de linquistique qénéra1e, \.2, Gallimard, Paris, l-97 4 , P. 229 ,


284

La perspect,ive

1'acte de "parler" et "a,ssumer" indlssociablesl portant sur /1-mHajya/ s'explique par 1'êvidence que 1'évaluation en termes de /kdub/ port,e sur le caractère fictif du récit.. Cecl est un lieu de confusion entre 1'être du conte (/beSSeH/ = rée1-vrai) et son parait.re (/kdub/ = non rée1-merrsonger) gui, iustement, réduit 1a déflnition du conte, selon 1'être, à ceIle qul caractérise' précis'ément, 1e récit-histoire de ce conte. En fait, 1'évaluation du récltant, indlque que 1a distance entre 1e rée1-vrai et te non rée1-mensonger, est parfaitement saisiÊ par 1ui du moment qu'i1 n'assimile pas 1e premier âu s€corrd dont i1 ne sait rien parce qu'11 s'agit de f intentior-r cachée du conte, et dont i1 sait, tout lorsqu'i1 1'appréhence comme paramètre pour se définir comme présence phvsique ou inst,ance "dialogale" ou C,ommunicative en relation avec une histoire-réclt inaginaire qu'i1 raconte. de

2- ?arler, réciter, assuner

Nos propos peuvent sembler ambigus;

les passages d'un plan ou niveau à un autre y sont déjà pour quelque chose. !Ious parlons d'un même objet /1-mHajya/ mais sous des angles distincts. Ce qui pourrait,, nous semble-t-i1 , éclairer 1 -y. -c. coeuET et J. PETITOT, "L' objet, sens et réa1ité", Lanqages N" 103, L992, p. 31.


285

davantage noS propos en neutralj-sant, -si comne tel1es elles

sont ressenties- 1es évenLueIles ambiguités, est Ia distinction qpe ;1OUS aIlOnS faire entre "parlerg réCiter" eL "aSSpmer",

"locuteur-récitant" et "sujet" à proprement parler. Pour ce faire, QU'i1 nous soit permis de préc1ser que nous ne voulons servir aucun apparelllage ni faire une cause de la Lerminologle qui pose déjà un problèmet doit-on considérer celui qui dit, que celui qui comme enseignement "dêfinitif" parle assume dans 1e Sens de f indis§ociabililé de "parler et assumer" ? En d'autres termes, 1e locuteur est-i1 suiet qul se définit par ce dont it tire une position de "celui qul par]e" en assumant ce dont iI parle ? Pour revenir à notre problème,

réciter dans 1e sens de raconler quelque chose qul n'appartient pas en propre au locuteur qui n'y a pas investi un effort personnel de construction créatrice pour viser une intenLion particulière, est-i1 un acte qui lmplique 1'assonption ? Brièvement, 1'acte linguistique doit-il être considéré sur 1e même plan que l',acte dit "logico-sémanliQUê", celui cl'assumer lorsgue 1e chamP du débat porte ..sur le conte papulaire oral ? Nous

SommeS

conscient, que 1'évocation de te11eS questions

n'a aucune chance d'être prise au sérieux; généralement, 1es coUrants linguistiques utllisent "par1er" et "asSumer" sUivant une relation d' inclissociabilité1.

1 r.-c . coquet nous 1'apprend dans ses divers travaux confirmant Ia pensée d'E. Benveniste.

en


286

ois, -posons naive'ment 1a guestion- comment, situer ces actes dans les plans d'analyse du cont,e ? Et f aut,-i1 l_es considérer à un seul niveau d,analyse ? s'i1 f aut, qu'i1 n'y ait qu'un seul ni-veau où "parler', et "assumer" se situent en allanl de pair, i1 n,y aura pas lieu de marchander à propos de 1'assomptionr quel que soit ce à propos de quoi 1'act,e se réaLise, le paraLtre ( /kdub/) serâ valabre pollr tout ce dont parle 1e rocuteur-récit.ant,. 0r, nou§ avons vu que 1e non rée1-mensonge (1e paral.tre) ne s,applique qu'à 1'histoire, qu'aux évérrements racontês, eü,à ce dont parle Ie récit et, non à ce dont parre 1e conte dont i,interriglbilit.é se fait, et se réalise par Le seuL univers suivant 1e râpport que nous avons précisâ. un détournement sous un aut,re volet: Tout,ef

ce non rée1-mensonge ( 1e paraitre ) est 1ui-même quelque chose à concevoir relat,ivement au rée1-vrai (1, êt,re ) qul sera just.ement ce dont parle 1e conte -au sens st,rlct du terme- qui ne se réduit nullement, à une hlstoire-récit. r1 s,avère ici que

1e paraitre se situe dans ra sphère du rocuteur-récitant et 1'êLre dans celle clu cont,eur. Soit,: paraî tre

ê

tre

1

ocuteur-

récitânt

parl e r

histoire16n i +

"parler"1

(OnLe

1 L" lecteur qui nous aura suivi peut aisément, comprendre ces guillernets ("parler" ): 1e conte "par1e" (parole du conte)

par f intermédiaire de 1 'histoire dite par 1es récltantsinformateurs. T1 y a 1à un jeu assez sournois sur 1'utilisation de parler et "parIer".


28'1

ceci montre, nous semble-t-iI, de manière assez craire pourquoi 1e l0cut,eur que nous assimilons au récitantinformat.eur, ne peut, être en mesure de transformer le je qu,i1 s'approprie dans /Haji-t-k/ eL dans /ii-t men Èemma/ en un i1 pour prélendre à ]'acte d'assumer 1a parole du conte selon 1'être, eui est en quelque sorte une parole qui se parle à travers ce récitant. parler et assumer, précisément dans 1e eas de i'ob j et, de notre étude , sont à si'uuer dans deux plans dist,1nc1:s d'énonciation. ï1s sont r ên ef f et, indissociables, mais 1a prat.ique anaLytique , sui-vant 1'ob j et, d'étude qu, e11e considère, cloit être en mesure de concrét,iser les pJ-ans de

cet,te re lation qu' i1s errtretiennent. Au f ond , pour nous , âu lieu de parler d'indissociabilit,é de parler et assumer, nous dirions plutôt que ce sont ces plans qui sont indissociables ,lans 1a mesure où i1s sont -toutes proportions gardées- res seurs à pouvoir rendre compt,e des mécanismes narratifs et cliscursif s du conte. L'être, dans 1a présentatiôn schématisée ci-dessus, rend impropre 1'utilisation du t.e.rme.."conteur" dans le sens de cerui qui parle pour raconter ou réciter un conte. ce terme, bien qu'i1 soi.t en généra1 utilisé dans ce s"ns1, .dolt être "'l.

1 Voir entre autres, G. JEAN, op. cit.; C. VELÂYVALLÀNTIN, op. cit. Pour nous, 1e conte n'est, ni modiflable ni falsifiabre; ce sont les récits-versions et variantes qui subissenl des modificatlons mais tout à fait 1imlt,ées par des exigerrces du conte sous 1e rapport du rL. sinon, si ces modificatlons ne répondent pas à ces exigences, 1e produit sera tout ce qu'on veut sauf un conte. c'est dire que 1e cont,e exist.e indépendamment des récitants particuliers, raison pour 1aque11e, en ce qul nous concerne, nous ne croyons guère à la crainte prétendue par nonbre de chercheurs, que 1e conte soit en voie de dlsparltiCIn.


288

réévalué au même tit,re que celui de "conte". Ceci dit, i1 esti vraisemblablement exact -du moins selon f impression que nous gardons de 1'expérience de noS enquêtes pour constituer notre cOrpuS* qge les conteuses et les conteurs sont des "gens de mémoire" non pas de "1a parole-1eçon" puisque celIe-ci leur esL

extérieure mais des histoires-récits par lesquelles §e dit cette "parole-1eçon". Sur ces hist,oires-récits ils peuvent effectivement "broder" et produire des variations mais ces "brodd*rÉes" convergent toutes, quelles qu'e1les soient, vers ce qui dépend du conte pour produire et construire un univers de valeurs, A ce propos, précisons que ce n'est pas parce gu'un récitant-informateur esL qualif1é pour "broder" QUê, raisonnablement, i1 peut, prét,endre avoir atteint eL acquis

1e

Statut de "conteur". L'art de réciter -d'autres diront 1'art de conter- ne permet pas à cet acte de parole d'être totalement dépendant, de qui en est 1e sujet. Et si un récitant-informateur -cas très rare à noLre connai*".n""1- atteint 1e statut de "èonteur" , 1'univers de son produit rejoint inévitablement celui des contes d'une façon généra1e. C',est-à-dlre qu'un informateur, plus 11 donrre f impression d'être partiellement créateur d'hlstoires dites /nHaiyaL/, plus son ancrage, dans 1e sens d'i-rrscription, s'af f irme dans 1a t,radition -1'univers de valeurs- fondant 1'existence du conte: i1 ne fait qu'ajout,er

de 1'eAu au moulin du conte. Mieux, nouS y VoyonS une Sorte

1 Nou= avons eu 1a chance de connaltre parmi nos nombreuses informatrices une seule dame âgée d'envi-ron quatrevingts anS, qul avait 1a capacit,é d'improviser des rêeits avec beaucoup d'ai-sance. Chaque fols qu'e11e 1e faisait, e11e nous en informait; d'autant plus que nous n'avons Pu retrouver ceS récits nulle part ailleurs dans I'aire de nos enquêtes.


289

d'espace dans 1equel 1e langage du conte est simplement recréé;

de ce fait,, 1e langage sous-jacent à son acte demeure celul

du

conLe dont nous pourrions dire qu'i1 échappe à 1a "conscience".

En gros, f informateur a un statut en généra1 amblgu

que

1a dlst.inction nécessaire, à nos yeux, entre ce gue les uns appellent "conteur" et ce que nous appelons "réci.tant", permet de résoudre en nous appuyant, sur 1a distinction entre "conte" et "récit", justlfiée par 1e niveau que convoque 1a mise en discours du conLe, ceJ.ui de 1'énonciation selon deux plans: communicatif et. narratif. Âussi, /1-mHaiya/ couvre plusieurs composantes dont celle du récilant-informateur qui, dès qu'i1 accepte 1e contrat qui consiste à conter, 11 se soumet aux règ1es d'énonciation et d'organi.sation syntactico-sémantique pour n'être vu qr-re du poirrt de vue Ce sa fonction! parler sous les contraintes des rênes (règles) du conte. L'assomption qui se traduirait par "ul-t paraphe" dans une f ormule f inale n'est valable que pour "par1er" soumis aux cont,raintes de mise en discours et de mise en fonct,ionrrement de 1a langue {cf.notre premi.ère partieir qui dépendent, en tout, éLat de ceuse, de f instance hiérarchiquement supérieure ce]1e de l-

'

inf ormat,eur.

préciser certains détails sur 1e récitant en nous servant de 1'énonciation que nous avons appelée communicative et de 1'autre, eüê nous avons appelée narrative. Grosso-modo, pour argumenter notre point de vue, nous nous sommes appuyé sur Ia manière dont le récitant fixe son point de vue (évaluation): c'est par une voix qui consiste à dire sa position ou à la déclarer vls-à-vis du narré qu'il cherche à Essayons de


29A

rendre compte de son identlté personnelle. La recherche de cette ldentité semble s'imposer au récit,ant pour se justifier devant, r'auditeur. r1 doit, y avoir des facteurs descriptibles

qui posent ce récit,ant, comme traversé par la volx du ïL et qui lui dictent un besoin de justifier son identlté non pas pour cont'redlre 1'univers de valeurs du conte mais, bien plutôt, pour signifier gu'il s'y intègre sl on interprète son acLe comme suit,: c€ci n'est, pas de moi, je ne fais que ,,ré-citer,, mais prenez cet,te récitation, euoique j,en dise, comme déja 1a preuve que je m'intègre dans 1'univers de mon conte. Autrement dit, Ie récitant se trouve au carrefour de ce qui relie, d,un point de vue définitoire, le conte et le réclt suivant: 1. âprès avoir raconté 1'histoire-récit, i1 est invité sel0rr une double contrairrte: La sienne et ce1le de 1,audiLeur, à se fixer une ldent,ité , chose qu, i1 fait avant même de 1

raconter en proférant, une des formules inaugurales; 2, 1'établissement de cette identité se fait par des

commencer à

opérations auxquelles i1 recourt: 1es débrayages actantJ_e1, spatial et temporel pour entamer la narrationl, suivis à la fin du récit par ra réappropriatlon du je dans un discours de véridict,ion selon le paraitre; 3. les effets de ces opérations dlscursives montrent que "1e contenu" de cet,te ident,ité s'app11gue à une évaruation restrictive du conte car, si r'évaluation port,ait sur p (dans p est ïL vrai ) , i1 serait exact de conclure que le récitant, juge mensongères 1es vareurs de 1, univers du conte comme 1 Po,rt plus de détaiIs, volr sémiotique. . . , op. cit., pp. ZSS-273,

-

J.

COURTES, Ànalvse


29L

investissements clu Socio-cuIturel, dont 1'analyse, disposant d'une force descriptive d'argunentation, peut rendre comptel.

Atler jusqu'à prendre au sérieux cette remise en cause de 1'univers de valeurs par un récltant se dlsant je, nous amène à abandonner 1a. possibilit,é d'accorder à 1'hisLoire racontée par ce locuteur le titre de /mHajya/ parce que p est IL vrai ne s'y applique pas. Le retour à 1'ordre des choses sou§-jacent aux valeurs dont rend compte 1e conte populaire oral -critère sur 1eque1 nous avons suffisamment insisté pour définir ce dernier- s'accomplit. Ce volet que nous avons privilé91é au détriment de certains autres tels que }a ficti-on dans Ie conte, Pâr exemple, ^ tout compte fait, c€ que 1'étude devait approcher: s'avèreï' "(1e conLe) pernet d'aborder 7es qüestions Jes pJus graves"2. L'implicite de notre étude va dans ce sens; i1 nous semble, d'ailleurs , gü€ c'est cela qui permet de ridiculiser 1es jugements péjoratifs sur /1-mHajyat,/ et 1es jugements sur l-es 'al

produits des études sur 1'objet en guestion. De fil en aiguille, notre étude est amenée à t,raduire un de SeS effets que nous fornulons soUS forme d'une renargue: }e son aud auditeur des "polatt"it"" et àà son conte offre à son récitant . et d'images socio-cuItureIles qui sont des représentations comne possibilit,és "rée1les" socialement. Ceci explique partiellement 1'utilisation de "populaires" (cf." .contes populaires oraux). L" but d" la première partie de notre Lravail va dans ce sens; c'êst aussi ce qui justifle dans un certain sens le lien organique entre nos deux Parties. 2 D, PAULME, La mère dévorante, Gallimard, Parls, L976, p. 1

1t


292

Dans cette ut11isation1, retenons "peuple" qul n'est pas diL explicitement dans /mHa)ya/ et gue nous reconsLrui_sons par une

certaine évidence! selon nous, ces contes oraux sont utilisés par 1e peuple pour y dénoncer ce gu'i1 n'ose pas dire auLrement. Oue dénonce 1e

conte

?

r1 est, bien entendu, difficlle de répondre à cette question; mais, pour ne pas dépasser les limites du cadre de notre étude, nous pouvons quand même reprendre 1es rapport.s qui se tissent, entre 1e cont,e, 1e. récit,ant et 1, audii,eur. prenons comme textes de référence l-e C27 et Ie C2l2 A travers 1'analyse de ces t,extes, i_1 apparait, que Ie cont,e dénonce 1e portrait d'une iniage qu, il const,ruit, et auquel 1e récltant et 1'auditeur s'identlfient: d, une certaine manière, 1e conte ciénonce une projection de portrait dans 1a relation qui s'ét,ab11t, ent,re rui et ses partenalres. Donc, au ond, i1 dénonce ces clerniers non pas tels qu, i1s se voud,raient mais tels qu'i1s se disent au fcnd d'eux-mêmes gu,i1 pourralt. f

leur arriver

c'être à r'image du père injuste ou, tout simprement, usant. d'un pouvoir et subissant une sanction, ou à f image de 1'enfant gui, par le fait gu,iI a subl 1e pouvoir du père, se trouve mê1é au sort que Ie récit rés".r" à ce père, 1 Nors sommes conscient du falt, que re terme ,,popu1aire,, est problémat,iquer voir entre autres, G. JEAN, or. p. 40i selon Iui, certains pensent que les contes ont é[E-Eïiç,rs "lt-. dans " des couches popuJaires, taut particuJièrenent ( , . . ) rurales ( , , . ) , Pour d'aut,res, iJs seraient un héritage déforné récits (, , .) fort en honneur dans re nonde aristocratique,, .

de

2 Nou" pourrions prendre d,autres t,extes de mals 1a liste serait longue, de plus, cela ne changerëférence rien au point,

de vue de 1'analyse.


293

raison pour 1aque11e ces partenaires qualifient de mensongère 1'hist,oire racontée. Ce type de rapports peut parfaitement être exploité pour tenter de comprendre f intérêt, du conte du point Ce vue éCr-rcatif et. selon des voies l:elativement nouvelles par rapport, à cel1es étudiées par B. Bett,e-Lheim par exemp1e1. Ces nouvelles j-rrdications rrous amènent à rect j-f ier, voire

corriger,

certains point-s qu'ii

faut reprendre selon

deux

di-rections:

1. Considérer 1es parterraires du conte dans 1e contexte cie 1'énonciation communicative, sous i'angle de Ia vérioiction: 1'histoire du conte est objet éva1ué comme mensonÇer; ceci signifie que 1 'acÈe n'esl pas gratuit: un queique chose concerrle directement ces partenaires, "ça", les concerne et i1s reconnaissent'ce quelque chose d'eux-mêmes au point. de refuser

de 1'admettre soit de manlère explicite soit de naniè::e â ne pas oser .1e dire. Ce refus se t,raduit par 1a projection du mellsonge sur 1'histoire , alors qu'en fait, le nerlsonge en question ne devrait pas s'appliquer à 1'histoire mais à 1a propre reconrraissance par Ies partenaires d'urr ie-ne-sais-quoi que 1'un récit,e et que 1'autre d'eux-mêmes clans l'histcire écoute. Le pouvoir du conte réslid", selon nous, dans ta"tr subtllité de procéder par gi-issements sémantigues sous forme de codes sous-tendus par une organisation syntaxique appropriée, Êt destinés à cles invest,issements d'ordre mora1. L'univers de valeurs qu'i1 enseigne s'actualise par un langage a11usif, terme que nous empruntons à D. Paulme, sans pour 1B BETTELHEIM, Psÿchanalyse des contes de fées, Laffont, Paris, L976.

R


294

autant amener ses partenaires à avouer 1a culpabilité du portrait de f inage du père par exemple, qu'i1s construisent et qu' ils se font d'eux-mêmes par proj ection suivant 1a représentativité, permise par ia fiction, dês portraits des images tracés par 1e récit eui, à ce momenL là, sera dit J "conte"; 2. compte tenu de ce poirrt de vue, il nous est possible d'améliorer notre description pour répondre aux revendications de 1'argumenÈation de déflnition: le conte, indépendamment du récitant et de 1'auditeur dans un contexte sj-tuationnel, est en fait ur1 véritable document dont 1es strates sônt inépuisables; f idée selon laquelle 1'enseignement qu'i1 assure est supposé non appréhendé par ses partenaires sous prét,exte qu'i1s jugent mensongères /1-mHajyat,/ , e' avère discutablel. Nous venons de 1e voir, c'est plus une question de reconnaissance de soi "sans oser 1e dire crtnent"2 qu'une

question de dlscours véridictoire sur 1e conte. L'artj-culation

de ces deux questions montre que la vérité du conte est tributaire de deux voletsr e11e est reconnue et e11e se reconnait dans/Par 1e sileûce;

t

- elle est Ia haute voix-

n1ée dans

et e1Ie se fait nier dans/par 1a parole l'histoire"

qui lui sert de récit à défaut

1 c'est maintenant qu'i1 nous est possible de rêviser

ce

que nous avons dit plus haut: 1e réciÈant n'est pas censé appréhender ou comprendre 1'enseignement du contei en fait, ce point de vue nous a servi pour asseoir l'argumentation à son début. Disons que 1'erreur relative nou§ a permis de maltriser les questions avancées pour réaliser 1'étude. a

'D.

PÀULME,

op. cit.

p.

11.


295

de ne pouvoir faire admet,tre 1e fictif

pour vrai-rée1. Sinon,

1a vérité du conte à proprement parler, est modalement silencieuse, 1e conte tire sa force, son pouvoir, du silence. Ce silence s'explique: rrous avons dlt que le conte est une espèce de solution que la société t.rouve à son éternel besoin de dire à voix basse ce que ses constituants ne peuvent dire à haute voix, Dê peuvent avouer les uns -aux autres sans détournement. ce manque est donc collectif et non individuel; it ne peut, être liquidé qu'en silence car, dès que 1a voix de 1'un, oü même de plusj-eurs parmi 1es constituants , s'é1ève , e11e risque d'être remise en cause comme s'i1 devait y avoir une entente -un contrat- implicite qul regroupe tous et en même temps autour d'un même besoin; d'où 1'universalité du conte. A ce stade d'exploit,atlon des divers horizons et des indications qui nous semblent définitoires du conte popuiaire oral, nous sommes assez proche du mythe -dont nous avons déjà vu que 1'univers s'actualisait nettement dans 1es confiEurat,ions étudiées- selon au moins 1a caractéristique qu'on lui attribue! "co11ectif" par opposi-tion à "individue1" attribué au.conte. Ceci ne veut pas dire que nous assi.milons § théoriquement le conLe au myt,he, chose qui ne relève pas du champ actuel de nos préoccupatj.ons. Toutefois, comme 1e mythe, 1e conLe dit /mHajya/ , lorsgu'i1 est pris comme objet de description, ne peut., à nos yeux, être situé au niveau de 1'énonciation / audit,ion-réception, situé dans 1e seul plan de 1' énonciation conmunicative.

Décrire un conLe exige qu'on Ie définisse préalablement,; cette déf i.nition doit être capable d'orienter 1a descript,ion


-!r§r^--.. 296

dans 1e but d'éclairer de l'intérieur l',objet /mHaiya/ au niveau de fa transmission et de Ia construction de valeurs socio-cu1turelles, êfl tenant compte de f invariant et non du variablel. pour tout dire, nous pensons que c'est seulement

par Ies conseils des compétences et performances analytiques dont 1es outils sont ceux-1à mênes qui ont amené J.-C. Coquet à précj-ser 1a portée de 1a relation ternaire, que 1a description sera capable de proposer "une sémant,ique du conte populaire oral" à condition, bien str, que les acquis de 1a sémantique, toutes tendances confondues, soient expl-oités. Aussi, tout discours véridictoire qui se situe dans 1a relation birraire oùr 1) 1es récltants varient tout en constituânt un paradigme dont 1a somme théorique, avions-nous dit, êst 1e conteur êt, 2\ 1es récits varient aussi tÔui en ëonstituant Lln ensemble de versions dont la somme théorique est le conte, sera eXclu par 1'exclusion même du niveau dit "de 1a réceptiÔn"' Ce niveau peuL à la limite être pris en considération lorsque 1" conte eSt réduit. à 1'expression de récit comme " StruCture i i

simple". or, tant que "1e niveau de 7a strÜcture hiérarchique du contenu"2 n'esL pas visé, on ne peut dire ni prétendre que it rlescription a ramené son discours à un an91e, Qui consiste à proposer des procédures et des techniques de lislbilit'é de /1-mHalyat/. ceci explique pourquoi nous avons opté pour la i

:

1 l. J. GRETMAS , Du sens , op. cit" P' 185 , !*" nous texique dans Ies rejoignons par 1'ét,ude "ür t" rô1e du partj-e (première ) et par 1a discursives partie). (deuxième "ontigurations tentaiive de définir /1-mtla)yat/ 2 lEid, P-18?

i


297

distinction à faire entre "/mHajya/-histoire,, et ,,,/mHa)ya/conte", entre relation binaire et relation ternaire, après avoir vu gue la première telIe que nous l,avons manipulée pour 1es proPres -iutérêts de notre étude n'offre aucune possibilité

d'introduire une méthode opératoire servant à lire 1e cont,e tel que ltous 1'avons déf ini. Nous avons dit que le conte vu sous les angles que nous avons essayé de dével0pper, intersecte avec 1e mythe dans 1a mesure où des univers mythiques s'y actualisent en coordonnant entre des att,ributs appart,enant, à des isot,opies contradictoires ( cf. notre première partle ) . Dans une perspeciive interprétative, nous dirions que 1'homme a adopté 1e conr_e et contirruera à 1'adopt,er en y investissant des valeurs mythigues sous des formes peut-être non identiques mais, du moins, analogues à ce1les que nous eonnaissons actuellementl pou, assurer 1a vérité d'un univers de valeurs. cett,e adoption es.L en soi une qarantie suffisant,e de ra vérité du savoir sur cet univers de valeurs gue Ie cont'e véhlcu1e. Dans ce rapport interprétatif,

i1 apparart, etrê, quelles que soient 1es versions d'un conte et quelles gue soient 1es différences relatives et 1es ressemblances enlre ces versions pour qu'y soient retenues, en fin de eompte, des configurations 1 D" manière a1lusive, ceci nous rappelle 1es mythes contemporaj-ns d'4. SAUVY, mvthologie de notre temps, petite bibliothèque payot, paris, 19r à "i dées connunénent reÇues, Çui disparaissent â l,exanen,,, récept,ion s'explique par une raison que nous emprunt,onscette M. Mc Luhan, disant après E. T. Hali , Çluê ', Jes hànnes ne à sont janais conscients des rêg7es fondaneniales des systêmes et des cuLtures qui constituent le niiieu oû ils vivent,,, volr M. Mc LUHAN, Pour compr.endre les média, Mame / seuil, cor1. points, Paris, L968 , p. 14.


298

discursives, seule 1a modalit.é selon 1e sav,oir-vrai devient importante à retenir pour déflnir ce produit, sous 1'ang1e de ce qui 1e re11e aux usagers. Pourtant, fe conte n'obIige, si 1'on peut dire, pêrsonne à croire ce qu'i1 dlt; par contre, celui qui Ie dit ne 1e dit et redit que parce qu'i1 y a investi quelque chose qui contribue à une constitution vue comme valeur de son identité , de son être ; d'où, la vérité du savoir transmis et véhlculé par 1e conte. Récupérons 1es é1éments qui nous ont servi à défi.nir / 1-mHaj ya/

:

(voir page sui.vante

)


299

ett

e

savoir adopté, r -L

coLlectrf j

:

/beSSeH/ - vrai- réel

-mHa

parattre

savoir rejeté, L lndlvrd.ueL I

:

/Kdub/= mensonserirréê1

jyal-conte:

/ I-mHalya//-

;:-livers de -.'aleurs

(

)

-h"]..."relatior

)

binai.re" - "structure simple"

--1. .. "relation :ern a ire "

::quet

réclt

)

-'structure --

lrI1\51-i

-érarchique contenu" l:eimas )

'e

^ non-paraltre

savoir non- rejeté; I collectif ] : kdub/ /ma-(i ) non-mensonger, non - irrée1.

non- être savoir non-adopté i inaiviauel ] :

/ma-ît J..

beSSeH/

-

non-reeI, non- vral

NB. L'objet d'évaLuation, en tant que "struct,ure hiérarchique de cantenü" sous 7e rapport, du IL:

p est IL vrai, est /l-nHajya/-cante et non 7'histoire du récit, Paral1èlement, 7'objet d'éval-uation, en tant gue "strücture sinpTe" sou,s 7e rapport du (des) récitant(s) individueT(s) est, /J-nÜajya/-récit, (histoire d'événements ) et non 7e cante qui e.5Ê -tel que cela apparaît ici de manlère cJaire- 7'ensenbLe des ressenbTances configuratives entre les récits-histoires du point de vue de 7' arganisation syntactico-sénantique,


300

CHÀPTTRE

/l*rnHhaiva/ ET SA STRUCTURE HIÉRARCHIOUE DË CONTEI{U

La récupération des éléments dont nous nous

sommes

servi

pour définir notre objet, laisse entendre que les contes sont Lous semblables 1es uns aux autres: un discours pour 1equel

s'applique p est IL vrai, euê11es que soient les valeurs véhicu1ées par ces contes comme univers. Ceci sera un objet de débat en considérant p dont nous savons gue 1es contenus peuvent varier. Une simple comparaiscn

entre conLenus vus sous des angles différents dans une configuration discursive, peut éclairer 1'horizon de ce ooi-nt de vue. Reprenons ie C21 et rappelons ce sur quol nos propos vont

porter. Toules 1es versions du CZI- nous apprennent que 1e père manipulé par 1a marâtre répudie ses filles et rentre chez lui. Le tenps s'écoule jusqu'au jour où i1 devlent un mendiant que

le hasard conduit chez 1'une de ses fi1les... / après quoi, i1 subit une sanetion: l'univers de valeurs du conte condamne 1e père à f image de son acte vis-à-vis de ses filles.


301

D'autres versions de 1'une de sa variante nous apprennent que le père, après avoi-r pris pour vrai Ie dire mensonger de

1'esclave: "ta fil1e s'esL écartée de 1a vole (morale ) " répudie sa fille en demandant à 1'un de ses fils d'égorger sa soeur... Transformat,ion: lorsque ce propos s'esL avéré mensonger, 1e rapport père / fille se rétablit; 1'esclave est pun i Dans ces deux textes, nous assistons à une ressemblârrcê: 1e père répudie sa (ou ses) f111e(s), et à une sanction selon deux cas de contenu. Dans 1'un, le père est condamné; dans 1'aut,re, 1e père condamne son propre acte vis-à-vis de sa f111e: cette forme de rachat par 1e rétablissement de 1'ordre ciu rapport père / fi11e et la punition de 1'esclave retiennent not,re attention. Tout Laisse entendre que ce conLenu sert en même t,emps 1a satisfact.ion et 1e refoulement du rapport père / fille comme valeur; sinon, pourquoi dans un cas, le père est condamné; dans 1'autre, il ne 1'est pas ? Peut-êt.re nous reprochera-t-on cette comparaison établie entre nos deux cas, en disant qu'eI1e'n'est pas fondée car les strat.égies de manipulation n'y sont pas les mêmes. S'ii ne s'agit que de ce1a, nous pouvons reconstituer Les données comparées comme suit: 1. 1e père, aussi bien dans 1e premier cas que dans Ie second est, manipulé: dans un cas, pâr J_a marâtre; dans l,auLre, par 1'esclave. Syntaxiquement, Ies moyens util1sés par 1e ,

manipulateur importent

peu i

2, Par cette manipulation, programme le rôle de "répudier sa

1e (

ou

père assume dans ses) filIe(s)"i

son


302

en principe, les contenus des sancLions dans ce programme, devraient être lsotopes ' ce qui n'est Pas 1e cas comme nous venons de Ie voir. Toutefois, Pour Peu qu'on s'Y arrête, utr regard sur 1e rô1e de la marâtre et de 1'esclave devrait <ionner une Piste 3.

intéressante.

pour manipuler 1e père, l'esclave joue sur une vatreur morale (négativei qu'iI attribue à 1a fil1e comme si un certain discours d'évaluation étalt assuré pour que la manipulation jouant sur 1e paraltre et 1e non-êLre (}e mensonge) se réa1ise dans 1e sens programmér 1a répudiation, et après transformation

du mensonge en fausset,é selon ie non-être et 1e non-paraitre

pour impliquer 1a vérit,é selon 1',être et, 1e paraitre, 1e rétablissement de 1'ordre se réaIise. Quant à la marâtre, pour manipuler le mari, e11e joue sur une valeur immorale non saisie comme te11e par 1e père 1. Ceci tlent lieu d'un certain discours d'évaluation ( mari ) pour QUê, en principe, 1a manipulation ne doive pa§ déboucher sur te programme de 1a répudiation des fi11es. Aussi, notons guê, dans ce programine, 1a transf ormation du mensonge à met'tre sur le compte de Ia marâtre ne se réalise pas pour inpliquer un rétablissement de 1'ordre, mais pour assurer son maintien, chose qui n'est pas assumée par 1e pèrer ce dernier, après

avcir adhéré au mensonge en 1'appréhendant comme véritê, e§t en syncrétisme avec la marât.re dans le sens où iI accomplit ce 1 /yeGleb x neG lHaI mahmi neTTef yessi-k ruH t'e11ee-0ent/ (ber: 1es tempS sont durs, nous sommes réduits au besoin; pourquoi retenir tes filIes ? va et égare-les quelque part/


303

qu'elle lul demande, ce qui n'esl pas le cas pour le Père (cf. ci-dessus ) et 1'esclave à 1'état fina1. L'effet de cette distinction est 1a sanction selon 1es deux cas de conLenu signalés.

D'un point de vue comparatif, i1 apparal.t que 1a proposition (p) dans ce dernier caS relève d'un univers dont 1a valeur propose quelques observations par rapport à ce11e de 1'univers c1u premier cas. Certes, dans Les meilleurs des cas, ces observations re1èvent ci'une interprétation, néanmoins , i1 semb'l e que t.hémat.iquement parlarrt, 1'ordre dy choses dans 1a propositian évaluative dans un cas retient, le rétablissement, du rapporl père / fi11e par 1 'union ( conj onction du point de vlle syntaxique ) à 1'état fina1. Dans I'autre cas, cet ordre de choses dans 1a proposition retient 1e refoulement de ce même rapport par la disjonction enLre le père et 1a fi1le à L'état final. bien que les deux propo§itions sont i.ssues de soubasSements culturels différents:, 1es deux discours de 1'acte du père selon deux cas sonL "restrictils" év*i.uatifs t I'un à 1'autre. Là où 1'un donne une 1eçon sur Ia condamnatlon du père au profit de Ia rupture du râpport parental (père / filIe), 1'autre donne une 1eçon sur 1e pardon au profit du On dirait

rétablissement de 1'ordre parerrlal En tous les cas, ce phénomène de "restriction"

peut être

paraphrasé de 1a manière suivante: 1'univers du pardon semble

une "révj.sion" de celui de Ia condamnation (ou f inverse). Ni "Ia vérité" de 1'un ni celle de 1'autre ne sont à prendre dans


304 1

'absolu; et voilà qu'une ouverture serait possibl-e à exploit,er

par celui

qui s'intéres§e

à 1a typologie

des dlscours

en

dtt conte et d'autres discours dont nous pouvons maint,enant dire qu' j-l-s ne sorit pas aussi- " indif f érenls" qu'i1s en donnent 1'air vis-à-vis reprenant cette idée sur 1'aspect concurrentiel

du conte populaire oral, /l-mHalya/' Comme

déflnition

nous nous y atte::diorrs , à ce niveau d'essê'i sur une

du conte populaire orai,

nous vcyons que nous

ne

plus; en présence d'un riestinateur symbolisé par 1e f L, suirrant deux cas de figures qui, chacune, à sa manière, par des sommes

disccurs dont les formules varient, du vrai.

Ce qui assure

"

cherche à imposer 1a

1a vérité"

nûrme

dans 1a proposilion

t-hématrsable par le pardon, est Le f ait que Cette "vérité"

sci.t

crLle oLl partagée par 1a. communauté où règne l-'rdée; quei que soit 1'acte du père vis-à-vis de sa f i1.1e, 1e pa::don serÊ. cit-t

côté du père sauf oans des circonstances part:-culj-ères que 1e mais discours rel-igiei:x par exemple, préci.se al-1 même titre, dans une autre vi sée , que 1e qiscours narraLif exemple. Le croire ou I'admissi]:i1it.é

pal:

collmune eË colLective de

s'avère ,,,,',à restricti-on (1e ïerme n',est par rapport à f idée que nous reteno"=

cette "vérité" péjoratif )

Cu C2t

pas en

reproduisant 1es ressota" *ot"u* du C21r n'est ilit père que 1e Père .et s'i1 n'est pas Père , qu'i1 accepte de s'enfoncer par terre et que les poils de sa barbe pousseni. sLlr Ies coilines oll dans 1es déserts à 1a manière de 1'aLia' Avec ceS nouvelles données, i1 nous est aisé de conclure que ce qui fut posé comne p est IL vrai ne peut être retenu compte t,enu de 1a confrontation comparat,ive entre nos deux


305

discours traitant 1'autre

d'un

même cont,enu

"thématigue". Ni l'un ni

ne peut imposer sa norme du discours vrai

dans

suffiL de relever gue cette en outre , iI confrontaiion impose qu'apparaisse 1a modalité du croire pour 1'absolu;

que " 1a vérité" prendre ici,

devienne relative.

Sinon, 1a précaution

à

selon nous, serait ce1le du cas où un spécialiste

des contes soi-t en mesure d'exclure 1'un de nos iextes

de

référence d'un "répertoire"

un

théorique des contes, suivan-u

type de disrcours d'évaluationr ceci est une autre question sur l'établissement, gLle nous

ne

nous semble-t-i1, d'une typologle ies conies

sommes

pas en mesure d'approcher.

Deux points essentiels

peuvent être

retenlls

dans

CE

rapporL:

. Ce qui ét,ait " ob j ectivité f orte " dans l-'un et 1 'autre de nos textes de référence par I'intermédiaire du IL, sans qu'aucune référence de 1'un à 1'autre ne soit faite, assurai-t le vrai de 1a proposition (p) relevant de "1'universel" r en fait, ce discours se veut universel; 2. "1'ob ject,ivit,é f orte" qui assure au discours 1e "dêsi r" d'être universel, à 1a suite d'une comparaison dont i1 aurait fallu définir 1es principes si cela avait, été 1'obiet direct 1

de notre

travail,

entre

des conLenus de proposilions

rapprochables, devient objectivement "faib1e";

du

même coup,

1a confrontation impose 1e croire et un changement de formule:


306 p

est IL vra]- , passe

p

est

ON

vrai.

NB. RappeTons que nous cantinuons J'enprunter à J.-C. les fornuJes que nous utiTjsons.

Coquet,

L'apport de ces données peut être senslblement fructueux est réévalué et remis aux soins d'une analyse s'il anthropologique ou d'une description de 1'univers socioculturel proprement dit, pour voir le type de discours adopt,é socialement à divers titres et aspects caractérisant notre communauté.

cet ordre d'idées, constatons que ce que nous avons appelé "savoj-r dans 1e conte" n'est plus. Para11èlement au passage du p eS IL vrai à p est ON vrai, f isotopie modale selon 1e savoir sera à placer selon croire: tout dépend du niveau suivant Ie point de vue de 1'analyse. Ce jeu parait avoir un effet' définitoire de /1-mHaiya/conte que nous voudrions formuler avec prudence. Si un Contenu dans 1'univers de valeurs du Conte s'actualise par "une norme" donnée, les exemples du père condamnable et du père non condamnable seront tels, suivant une relation de contradiction qu'ils entretiennenL. Autrement dit, 1'univers du conte joue sur un contenu de relation entre é1ément,s de catégories suivant 1e principe enseigné par 1e conte: la différence ou 1'opposition entre 1es deux é1éments ( condamnable / non Dans

condamnable) dans

1'univers de /1-mHaiya/.


307

ceci permet de reprendre cet aspect définitoire du conte sous I'ang1e de p est TL vrai en tenant compte d'un nouveau critère; p y sera appréhendé par des effets relationnels d'une organisat.ion sémantique (1'exemple du père condamnable / père non condamnabre, en tanl que " structure hiérarchique de

contenu" en témolgne). Ce constat ne s'applique pas au seul exemple que nous venons de prendre; le corpus permet d,en

relever d'autres dont les investissements sémantiques diffèrent,. cet,t.e nouvelre voie considère que dans nos textes de référence se réa1ise une organisation de 1'univers de valeurs suivant des relations entre at,tributs dont 1es isotopies sont contradicLoires. Débrayons: ce sont 1à les mêmes termes que nous avôns déjà

utilisés dans 1'élude des configurations dj.scursives à propos de ce gue nous avons nommé "univers mythique"; el bien que 1'angle d'ét,ude, ici, soit distinct du premier, nous voyons que tous deux convergent vers un même point de vue qul montre gue nos critères de déflnition peuvent surgir à t.out moment du pareours cie 1'étude.

textes de réf érence et au terme / 1-mlia jya/ pour ressaisir f idée que 1a vérité universelle n'est jamais, celle d'un univers particulieL d'un conte corresponciant à 1a Revenorrs à nos

somme des

ressemblances entre ses histoires-récits dans 1e sens

approximatif qui correspond à nos configurationsl, et à

une

1 C" sens dit, approximatif exige que les ressemblances soient déterminées par 1'organisation syntactico-sémantique des configurations qui " s'intègre(nt) dans des unit,és discursives pJus larges", A. J. GREIMAS et J. COURTES, op. cit. art. "Configuration"

.


308

abstract,ion faite à propos des différences particulières, "VarianteS" SeIon Ies termes du cé1èbre "Aarne-ThompSon".

ou a1

sont plutôt Ies différences entre les univers particuliers des divers corrtes, même quand i1s semblent se contredire, qui assurenL 1a vérlté universelle. Sinon, cette vérité, lorSqu'un univers de Valeurs particuller prétend 1'asseoir comme te11e, ne peut, objectivement être que celle d'une communauté. Si à f intérieur d'une communauté, c'est du moins ainsi que nous voyons 1es choses , deux univers part icul iers d'attributs auxquels esL sous- jacente une contradietion, tentent para1lèlement d"'asseoir" cette vérit,é, non pas comme commune mais urriverselle, c'est qu'il y a deux discours dont chacun cherchera des stratégies de pouvoir pour faire taire 1'autre pour:

1. que n'émerge socialement et culturellement aucun aspect de contradiction êt, 2, que 1'universalité ou 1e vrai sous le rapport cu ÏL retenu initialement, s'impose à 1',hisLoire sociale et culturelle dans 1'absolu. Disons les choses de manière un peu plus claire en reprenant 1e fameux "rée1": quand un discours idéologiQUê, au sens large du lerme, l',emporte face à d'autres discours qUi 1e "côtOient" maiS sans effet,s à noÈer manifestement sur 1a scène socio-cu1ture11e, il sera dit vrai à f image de la norme qu'iI impose et qui Sera considêrée comme " 1'exact îef|et du rée7"1.

1 L" lecteur de J.-C Coquet voit bien que nous devons cette idée aux résultats d' une recherche que 1'auteur a entamée est depuis environ vingt ârls: 1e rapport de ces résultats (suite... )


309

qui méritent plus d'attention pour expliquer 1e pouvoir, en 1'occurrence celui Ce ne sonL 1à que quelgues indicat,ions

du conte.

Mais, guê signifie ce vo1et, où nous venons de parler de c1iscours qui " se côtoient" pour t,enter d'asseoir 1a vérlté selon te1 ou te1 autre procédé

?

bien part,i de I'idée qu'i1 fallalt, définir /1-mHa)ya/ de f intérieur; eL enfin, i1 semble que ce n'est plus de f int,érleur que nous 1a déflnissons. I1 n'en est rien. Nous sommes resté fldè1e au principe initial; et dire 1e contraire mérite quelques rappels. Le c21 et sâ variante, comme Nous

sommes

exemples de t,extes de référence auxquels not,re coi:pus intègre

d'autres exemples, sont dans ce sens des preuves à 1'appui: pet:sons à -entre autres- ces contes où L'univers porte sur 1e mariage endogamique vs exogamique, 1e départ vs retour du héros

à f ici social, 1'exi1 du héros dans un ai1leurs... Dans ces contes, les attributs que comportent 1es univers, sont lous coordorrrrés bien qu'i1s appartiennent à des isotopies contradictoires, Le conle est alors r-tn lieu qui regroupe et coordonne entre 1es tendances d'uniformités isotopes en contradiction avec d'autres. Pour nous, i1 se situe au-dessus de tout discours où , est mis en garde un univers de valeurs particulier au détriment d'un autre. C'est 1à 1'un des Iieux 1(...suite) publié en 1984, date de parution de

Le

discours et son slr:tet,

T.1, op. cii. ,. en retraçant rapidement 1e parcours de recherche de notre auteur, i1 apparaLt, c1air, selon nous, euê sa contribution à 1'analyse sémantique du discours par Sémiotique Iittéraire, op. cit., étalt déjà une voie qui devait aboutir à l'élaboration d'une sémlotique dont nous retenons ce rapport sur " 1'évaluation" .


310

où réside 1e pouvoir du conte en tant que genre de l-a orale. C'est aussi ce qui nous permet de dire que littérature 1e cont,e- si on essaie de 1e définir

par ce qu'il

n'esL Pâs,

en prenarrt des textes de référence que nous ne considérons paS comme contes, et où 1'univers de valeurs eSt à quelque lieu

yat/ , non pas au niveau de la mais seulement à celui de l'objet évaiué (p)* dit

comparable à

véridictlon

ce

lui

des

/mHai

déjà ce qui semble nouveau dans ces textes de référence. Prenons maintenant 1es choses tel1es qu'elles

se

socialement d'après nos enquêtes. Nous venons cie voir que /1-mHaiya/ n'est pas auss:- " /mHai\la/" gu'on 1e drti et pourtant, dans 1e langage courant, lê verbe / i|'a)t / ,

nanifesient

"raconter n'importe quoi ou quel-que chose d'irrsensé r eui n'a aucun f orrdement" . Çuestion: y a-t- ii derrière cette réduction à un sens péjora|if de /1-mHa)ya/ une tendance qui terrte d'acculer 1e conte en tant que tradition /yet|asa/

orale

signifie

?

Er: fait I nous sommes ep présence d'une hypothèse: 1a tendance dont venons ae parler, serait celle d'un discours qt1 'urre analySe que nOUS ne SaUrionS nomme r mai S qUi S ' OCctlpe de phénomènes socio-historico-cuIturels,

caclre de notre

étude,

peut affiner.

Dans

1e

cê discours se charge de transformer

p est ON vrai en p est IL vrai. Cecl est largement suffisant pour que soit mise en évj-dence l.a nécessité pouI. lui d'atteindre trarrsfert "croire"

"1'obiectivit.é

forte"

pour aboutir à une relation puisque restreint

par

1'opération

ternaire:

d'un

ce qui est

à 1a communauté est visé poul être

modalisé selon 1e " savoir" fortement objectlf.


3L1

ces considérations peuvent, apparemment être soumises à

une

vérification par des analyses qui contribueraient à 1'élaboration d'une socio-sémiotigue et d,une sémiotique ctes cult.ures dans 1e sens des services que 1'une peut apporter à 1'aut,re. serrons 1a main du socio-sémiotlcien et disons qu,à travers nos enquêtes, rrous nous sommes posé des questions à propos des "couches sociales" chez lesquè11es 1e conte conna1t encore urre place dans 1a vie quotidienne. En général, c'est beaucoup plus chez les ruraux ou issus

directemerrt de milleux ruraux suite à 1, exode que connai.t

1e

l'laroc oriental comme d'autres régions du royaume, gue nous avons eu 1a posslbilit.é de recueillir Ies textes de notre corpus. on dirait bien que ces contes sont affaire de ces ruraux et non de leurs concitoyens citadins comme si théoriquement puisque ceci est relatifles uns étaient disposés à acquérir un type de savoir qu,on ne retrouve pas chez 1es autres, et comme si, aussi, les uns étalent moins compét.ents que 1es autres en matière de ce t,ype de savoir. Jusque 1à, i1 sembre qu'i1 n'y a pas de problèmes, mais Lout devient sérieux lorsque 1es uns évaluent le type de savoir qui caractérise les autres: 1e discours des uns, se10n nos enquôtes, pour asseoir 1e savoir de leur univers de valeurs, use d'une évaluation négative de t,out support langagier de 1'univers de valeurs des autres, Que reste-t,-11 à dire de /1-mHa)ya/ selon 1e sens péjoratlf déjà signalé et des "ruraux,,


3L2

relat,ivement aux " citadins

"

? Les discours évaluatif§1 d"=

uns

sur 1es autres ne sont pas aussl innocents qu'i1s onL 1'air d'être, du moins parce que ce qui nous a amené à faire ces constatat,ions relativemerrt rraives, était un problème de définition de /1-mHa)Va/. Serait-ce ià encore 1'une des raisons pour lesquelles dans 1a réalité sociale une projection de "f ignorance du savoir" se fait par 1es citadirrs sur les ruraux. Peu importe ,

1'essentiel- est,

comme

nous pouvions 1e prévoir, f intérêt,

à

appréhender /1-mHajya/ comme oiscours qul construit 1e social

et 1e culturel par son univers de valeurs. Sinon, pour peu qu'on adopte une prise de distance, i1 apparait que 1es condit,ions sociales, qu'une sociologie pourrait prendre cômme critère de différence entre nôs deux milieux sociaux, ne sont pas suffisantes et ne peuvent non plus être omises: ia dlfférence esL d'abord culturelle suivant, ies techniques dont 1es uns usent à 1a différence des autres pour se représenter "ie morrde" par un savoir sous un rapport de vérlt,é. En d'auLres termes, 1à ce ne sont pas primordialement les condit,ions sociales à elles seules qui sont, responsables de 1a différence, ne serait-ce que d'un point de vue d'effeLs péjoratifs d'évaluation, mais surtout les discours véridictoires en t,ant qu'issues de représenlations du monde de chaque milieu (1'un utilise davaritage 1e conte pour ne parler que de ce prodult comme enseignement de valeurs; 1'autre utilise plutôt un 1

Nou*

apparaissenL

songeons essentiellement aux discours qui

abondamment

dans les chants populaires comme occasionnel pour des

domaine que nous évoquons à titre éventuelles recherches dans 1'avenir.


313

discours gui use moins du langage allusif

approprié, semble-t-

i1, culturellement, parlant, au traitement des affaires 1es plus graves seLon 1'expression de D. Paulme, 9uê d'un langage rrous appe l le rions " dén otatit

diîect"

que

).

Bien sûr, cette schématisation est exagérée, mais elle ne nous empêchera pas de ré1térer 1e constat que le conte populaire oral- est nettement plus courant chez les ruraux

que

chez 1es cltadins,

termes à saisir

aussi dans un sens

qualification

uns par

auttres

des

les

ou

encore

de de

reconnaissance deS uns ou des autres comme appartenant à lel m1l-ieu et non à tel autre. Toulefois, sous un autre volet, SAvonS que 1e corrte en tant

nolls

qu'UniverS de valeurs rte tienL

compte de manière exclusive nl du discours des uns ni de ceiu:

des autres; i1 se sit,ue au-dessus de ces considérations'

Ceci semble contradictoire; néanmoins, pour surmonter cette contradiction apparente, rappelons 1es deux sens du terme /mHa )ya/ t univers de valeurs qui ne peut être soumis à 1'évaluatiorr individuelle et hi-stoire-réclt f ict,ive en relatiot: avec 1e récit,ant..

L',unlvers du conte est irroif f érent. à tout ciscoLlrs qui tente d'exclure les ef f ets ,l'un autre i on peut même y repérer des codes qui vont jusqu'à a<iopter ceux oes discours qui toutes proportions gardées- sembl-ent 1e " récuser" d'une

certaine façon1 tout en Ie récupérant d'après nous, pour 1 L'ide" doit être prise avec précaution et distance car elle s'appuie sur une réaction que nous avons simplement notée darrs un rapport personnel d'enquête après avoir contacté séparément t.rois /fuqha/ (plurie1 de /fqih/) dont nous ne pouvons tout de même pas dire qu'ils représentent une

(suit,e...

)


314

utillser ses techniques d'asseoir 1a vérité sous un rapport universeli mais, qui saura que Ie conte est (ou n'est pas) un produit plus "ancien" que ces discours utilisant des contenus thématique s sous- j acents non seulement à leurs codes sémantiques mais aussi à ceux de contes particuliers ? Résumons. I1 f al1ait expliquer dans quelles corrditions l.e discours véri-dictolre posé au début pouvait, êt,re soumis à une révision par I'apparition, oü plus exactement, par 1e déjà-1à d'autres dlscours avec lesquels i1 entretient des relations pour que 1e traitement port,e sur une même proposition (p). Pour ce faire, nous avons tout naturellement opté pour Ia voie qui consist,e à considérer 1e conte comme unlvers de valeurs. Â présent, i1 faut rendre compte de notre proposition et de notre posit,ion globales portant sur une définition que nous pensons posslble à faire sur 1e conte comne discours et univers de valeurs sui-vant 1es rapports entretenus entre les ressôrts cléflnitoires que nous reformulons de 1a manière suivanLe: soienL deux attributs d'un uuivers supposé théorique {A et non* A) appartenânt à deux isot,opies (a et non-a) coordonnées dans cet univers suivant deux discours ( disc. 1 et disc. 2 )

1(...sulte)

quelcorrque tendance sous 1e rapport de leur statut rlis-à-vls de /1-mHajyat/r pour voir ceË ang1e, i1 faudrait trouver des

textes attestés qui t,raitent de 1a quest!'on' En attendant, disons seulement que cette réact.ion se résume chez ces personnes contactées par un étonnement manifeste qui signifie qu'i1 est j-nconcevable qu'un homme sensé -pour désigner 1'enquêteur que nous ét.ions- puisse s'occuper de /1-mHaiyat/ (sens péjoratif). Or, nous 1e savons (cf.notre t.hèse de 3e cycle et particulièrement 1e code figuratif spatial conme forme du mythj-que, op. cit.), dans Ie conte, il se peut que soit construit un univers dont le code sémantlque est tout à fait rapprochable de celui du discours reli-gieux.


315

Illustrons les

comparables par notre relation de contradiction.

articulations par

un schéma:

Eonction coordonnatrice Univers de valeurs

,/\

p est IL vrai

no n-a

dlsc.

dl

L

{, (*)

p est ïL vral-

v

------è ,! {*)

p

est, o N VTAI

p est fL vrai ,/ Fonction coordorrnatrice

Faisons un bref commentaire de ce schéma en partant

de

(*), nous supposons que le disc.1 et le disc.2, à saisir selon p est ON vrai,

"cohabltent"

socialement, et se manifestent

suivant un rapport de concurrence provisoire en attenoant 1'un s'i-mpose pour l'emporter et déclaret

" tJn

que

état de choses".

Dans ce cas:

1. si Ie pouvoir du dlsc,1 1'emporLe sur celui prétendu par 1e disc.2, p est, ON vrai passe à p est TL vrai: c'esL au disc. 1 que revient 1a vérité sous 1e rapport du IL, êt,


316

paral1èlement, 1e disc.2 perd toute prétention à cette vérité

(un discours dont 1e pouvoir est, si 1'on peut dire, "nu1" (ô)); 2, si 1e pouvoir du disc.2 1'emporte sur celul prétenciu par 1e disc,L, ce sera au disc.2 que revient cette vérité. Ce rapport se justifie par 1a fonct.lon non coordonnatrice entre À et non-4. ces discours ne peuvent se confondre avec celui du conte proprement dit,; et s'11s sont dlts contes qui se manifestent sous forme de récits particuliers auxquels esl sous-jacent ce rapport d'exclusion par 1a fonction non coordonnaLri.ce, les attributs qui reur sont sous-jacents se coordonnent dans 1'univers du conte en tant que "st,ructuîe hiérarchique de contenu". Selon ces propos, la fonction coordonnatrice attribue immanquabrement à 1'unive::s du conLâ sa caractéristique d'être un discours à recevcir sr:irratri p esi, IL vrai. Ceci revient à dire que les structures oes r6c:_Ls (/1-mHajyat/) cloivent êt,re modelés par un niveau srimaniique qr:i puisse leur faire correspondre des struc-r-Lires hiérarchiques

d.e

contenu. Ce modelage est une affaire d'approches qui. visenL les

récits

univers sémlr:tique de valeurs. Ceci ncr:s para-ît une ouverture qul promet 1'exploitat,lon de tous 1es acquis du: aux "Autorités" sur f inquiétarrte quest.ion au sens ie plus large: qu'est-ce qu'un conte? En qualifiant, d'inquiétante cette guest,ion, nous voudrions préciser gue notre t,entative de définir /1-mHa)ya/ est à coup comme

str lacunalre. Toutefois, 1es quelques aspects que nous avons considérés dans ce but montrent f intérêt qu'il y a à éclairer


317

1e Iangage allusif du conte et. .à abandonner 1es voies qui considèrent ce produit comme récits-histoires: les abandonner non pas dans 1e sens de les renier -inutile de le dlre- mais dans Ie sens de reconnaltre ce qu'on leur ooit en essayant de contribuer à une élaboration de perspeetives qui puissent 1es féconder1. Ce principe nous a amené à tqnir compte de la manière dont Ie conte franchit,1es frontières qu'il y a entre discours qui organisent leurs Lissus par 1'absence de toute

fonction coordonnatrice ent,re att.ributs opposés au même iitre que les isotopies auxquelles ces derniers appartiennenL. C'est en cela et par sa soumj-ssion à ce proqramme de 11sib11ité que 1e conte populaire oral ressemble au mythe. Le prix de cette position est cetle confusion flagrante, ou du moins, {üi peut. être jugée comme tel1e si on ne 1a remet pas au soin des divers textes de référence que notre corpu§ présente en partie, et qul peuvent être analysés dans ce sen§. Sinon, nous en sommes conscientr cette confusion peut nous cotter cher à moirrs que nous précisions que le conte n'a jamals ét.é pour nous autre chose qu'uni.vers sémiot,ique de valeurs, et que s'i1 doit être distingué du mythe, nous formuletons un critère clans 1e cadre du programme de lisibi11t,é.u nir*uo des résultats auxquels tel1e ou te1le autre lecture peui aboutir: ceci concerne 1es angles et 1es procédés de saisie f intention de chacun des produits.

de

1 Nou= ne pouvons trouver de me111eure expression que ce11e de " féconder" , util1sée bien avant nous par C. LéviStrauss dans ce même ordre d'idées , êD s'intéressant à "1a §tructure et la forme".


318

De façon préméditée, nous, ,venons de faire le Lour de

1a

question de confusion en peu de mots car ceci nous semble moins problématique que 1a nécessité d'introduj-re, êfl termes

de

t.echniques, des possibiliLés d'approcher /1-nHajya/, eui est

d'abord et avanL tout une "parole silencieuse". L'expression est anLit.hétique mais, en gros, si on demande au conle de quci i1 parle, il gardera Ie silence en détournant, Ia question pour donner f impression qu'i1 parle en racontant des histoires "mensongères" ou plus exacLement "fictives".

A-t,*i1 répondu à 1a question de "de quoi i1 parle?". C'est pour ceite raison que 1e conLe, êt à plus forte raison s'i1 est populaire et ora1, const,itue à 1'état actuel, à notre connaissance, ufl type J d'énonciation "marginale " . Le conte populaire oral sembl-e s'arracher au regard analytique qui accorde au récitant ( ou f i.nformateur) un irrtérêt sans tenir comle du niveau sémiotique orgânisateur des structures synt,actico-sémantiques. Sous cette condi,tion, 1a forme ora1e, selon qu'e11e est mise à jour non pas par un informateur-locuteur mais par des informateurs-locuteurs dans I

un paradigme, sera récupérée et considérée

contrainte quis'emboite à ce niveau de transmission du conte oral! pour emprunter un terme à D. Maingueneau, nous dirons gue c'est cette " vocalité" , comme voie spécifique du conLe que nous comme

considérons pertinent,e pour être 1'une des contraintes

des

positions d'énonclat,ion dit,e "merginale" dans un réseau où les correspondances qu'e11es entretiennent sont emboltées 1es unes l dans 1es auLres. Dès lors:


319

1. Ie conte oral dit populaire ne peut être déflni par le recours à 1'acte individuel

de sa rëcltat,ion;

2. même sl 1'on admet que cette forrne orale est une multiplicat,ion de voix implicit,ement présente en même temps que ce1le des récit,ants, i1 faudrait que ces voix soient prises dans un serrs qui corresporrd à une vocalité spéciflque d'où 1e conte tire son aulonomie par rapport aux récitants, chose gui 1e rapproche dans une certaine perspective du mythe; 3. Ia voix multiple -si on peut 1'appeler ainsi- sera dans ce cadre 1'ensemble des récitations et des conditi-ons Ce produclion, attribuabl-e au socio-culturel par f intermédiaire du "populaire" dans un langage capable d'admettre au conte 1e statut de pouvoir être auLonome et être indépendant de ses récit,ants chaque fois individuels, quelles que soient 1es traces de subject,ivit,é que chaque version peut comporLer. Tenant compte de cela, i1 apparait que les récitations introduisent,, dans les meilleurs des cas, des pseudo-formes nouvelles qui n'entrent pas en vigueur au niveau des conditions profondes d'acLualisation des investissements socio-cultureLs dar:s 1e discours narratif . Ces corrditions que nous qualif ions cle profondes jouent un rôl-e contraignant etlou neutraLisant des traces de sub j ectivit,é: 1". si ces traces sous-tendent des positions évaluatrices, 1a modalité sous laquelle )-'objet est vu est contrainte à rester corrjoinLe à celui qui 1a profère; e11e ne peut a1Ier au delà de cette instance pui-sque 1'univers de valeurs du conte ne se reconnait en aucun cas sous la signature de ce suiet;


320

2. si ces traces re1èvent de modificat,ions dans la reprise d'une version, e11es ne peuvent, enqore une foj"s, permettre une prétention à 1'appréciation de 1'obj et: les modifications doivent être isotopes dans 1e dispositlf d'ensemble. Dans 1e cas contraire, nous dirons que 1e savoir que communigue le conte n'est pas const,it.ué chez les su jets responsâbles des modifications, et que 1e pouvoir - prorluire un, discours d'évaluat.ion est illusoire car on ne peut pas dire qu, i1 s'applique au disposit,if d'ensemble. Partant, de ces point,s , nous re j oi-gnons une remê.rque quelgue peu traditionnelle: iI esL grand temps que soit, revendiquée 1'évict,ion de f indifférence utilisâtrice de /mHa )val au sens d'histoire pour signif i-er 1'unil'ers de valeurs socio-cultureJ-1es; et de manière paralrè1e , " on ne peüt dire que tous 7es^réc!t,s soient. des contes"1. Nous estimons gu,une analyse qui se prononce sur 1e conte, euê1 que soit 1, angle auquel e11e essaie rle 1e ramener, a tout intérât, à ne pâs ie rédulre à des strucl:ures linguistigues ou à des st,ructures narraLives; à nos yeux, e11e peut êt^re plus prometteuse pour peu qu'elIe f asse ut1 ef f ort, pour exploiter 1es ouvert,ures des études qui traitent du ciiscours rerativement au sujet et qu'eI1e y accède en rapportant Ie conte à sa " Ëource 1égitinante"2. I1 est évident. que pour ce falre, 1e niveau de 1'énonciation doit être pris en compte au premier rang et guê, 1

G. JEAN, gJ:. cit.

p.2A.

) Nous faisons nôtre cetLe expresslon de D. Maingueneau: " ( un ) t,exte n'est accessible gue rapport,é â sa source

1égitinante" , "Le tour ethnolinguistique discours", Langaqes, No 105, p. 118.

de

1'analyse

du


32L

vu 1es particularit,és du .conte populaire oral , un autre ef f ort, est à faire par rapport aux enseignements 1es plus connus. Pour limiter ces propos à notre recherche, i1 apparait même

que

1'étude des quelques corrfiguratiorrs consldérées peut être

réévaluée suivant une double mise en oeuvre de notre recours

à 1'évaluation, sans 1aquel1e i1 ne nous aurait pas été possible de comprendre 1a notion de " 1égit.imit,ê" ( source 1égitlmante

)

:

1. le llnguistique sera lu à travers ce gu'i1 présupposê: "I'ethno-" au sens de peuple, siège d'un univers de valeursi 2. par cette lect,ure du linguist,i.que, 1e langage du conte s'avère sous-tendu par une espèce de "générateur" qui indique sa Iégltimité er1 guise de réponse à Ia questiorr que nous nous permettons de formuler à 1a manière de M. Eoucaultt "qui esf fondé â tenir cette sorte de langage

?"

Ceci nous ramène à 1'une de nos prenières tent,atives de cerner une déflnition possible de /I-mHajya/: d'une façon ou d'une autre, 1'analyse de celle-ci ne peut, t j-rer d'exploit, à

partir de restrictions du présupposé à un sujet, d'énonciation cians un cadre vu sous 1'angle de " 1'unicité " et de "1'événementie1". S'i1 nous est accordé que ce niveau présupposé de 1'énonciation peut êt"re considéré opératoire dans 1a pratique analytique du conte, il ne reste plus qu'à dire que "1'ethno-" est au dessus de tout, i1 êst tout pour 1e conte oral de même que ce dernier s'avère 1e langage utilisé pour ces fins. Le linguistique et 1e narratif dans /1-mHalya/ ont cette fonctlon de préclser f intérêt du niveau présupposé avant même


322

qu'i1s servent à une mise en discours. Là réside, à juste tit.re, nous semble-t-i1, 1e choix d'une conjugalson de /iïa)i/ à un passé accompli qui inaugure "Ie faire", 1'acLe correspondant au "verbe" (1a narratiorl en tant qu'acte ou prise de parole

)

.

Tout compte fait, 1es conditions comme modalités de 1'énonciation narrative du cont,e populaire oral peuvent bénéficier d'une meilleure saisie para1lèlement à f identificat,ion de l'Àutorité fondée à assumer re langage allusif du conte et de son univers de valeurs. par 1a même occasi-on, 1e souci d'être économique dans cette tâche se rend,ra compte que ce n'est plus seulement 1e vo1et. de 1'oralité qul

int,éresse son attitude de repenser 1'énonciation, c'êst plutôt l"'activité langagière tel1e qu'e11e se manifeste socialement

et se rapporte directemenL à une gestion de discours du conLe, discours qui est au fond une aspiration à faire une clémonstration du fonctionnemenl culturel: une partie prenante de 1'organisation d'un univers dont, 1e pouvoir.Lente d'organiser "1e village" et 1es conduites des êtres du vi11age. De fil en aiguil1e, et même si nous nous somnes rerativemenÈ élolgné de 1a t.âche de décrire nos contes, nous avons été amené à repérer -en essayant d'a11er vers un niveau gui puisse rendre compte de f intérêt à prat,iquer c1e lisibilitë une recture sous-tendue par un angle homogène- une démarche qui consiste à faire du "rituel'énonclat,if un plan qui exige que ces modalités t,iennent compte de "1'ethno-" avec toutes 1es strates qui 1e définissent particurièrement, à travers 1'univers de valeurs r guê 1'activité discursive du conte prend en charge


323

pour 1e dire, 1'exprimer, ou plus grossièrement, le traduire par des représentations. ce niveau est alors apte à fournir 1es propriétés

de f inslance

"

fondée à tenlr

cette

sorte

de

1angage", Err outre, 1es invest.issements sémantigues darrs 1e conte, même s'i1s se rapportent au niveau de 1a manifest,ation :i

I

à des parcours qui présentent des cifférences reiatives, peuvent être ressaisis, pour êt,re étu<iiés, du point. de vue des composant,es du conte à Ia manière du mythel

non seulement ".rr i1s dépendent du conte, mais i1s y " sont. déjà des contenus constitués"2,

A ce propos, nous avançons I'idée

que

1es câtégorles

sémiques dans 1'uni-vers sémantique importent énormérnent dans

noLre démarche err posant comme "compl_ice" des composanLes conte, 1e recours à 1'énonciation narrative.

du

Dans cet, ordre d'idées, nous comprenons Ia nécessité

d'élaborer un " dictionnaire mythologique " 3 car Éb serait, 1'outi1 par excellence qui proposera 1es meilleurs services pour rendre économique , d'un po1nt. de vue sémantierlê , l_a narration sous-jacente à 1a dlversit,é des récits. En p1us, i1 1

R"pp"lons que ces propos rejoignent ceux tenus par A. J. Greimas à propos des "composantes structurales du mythe", Du sens , op. cit. pp. 1"86- 196 ; en out,re , la distinct,ion conte /

mythe cesse d'être opératoire du point de vue "génétiguê", voir D. PauIme , op. ci-t. p. 45. 2 e. J. GREÏ}{AS , Du sens , op. -Jit " , p, j.93. 3 g. J. GREIMAS, Du sens, op. cit. pp. 192-Lg1i en ce qui concerne les horizons de recherche sur 1a tradltion ora1e, en particulier 1e cont,e, i1 est peut-êt,re préf érabre de parler d'un dict.ionrraire anthropologique; signalons qu, à défaut ci'existence d'un tel dictionnaire, 1a réalisation projetée du Dictionnaire de langue et de culture au Maroc oriental par Ie Groupe de Recherches en Lexicographle d'oujda / Aix-enProvence, sera vraisemblablement ut1le dans ce sens.


324

fournira des critères', de base au gros problème gui se pose encore, celui de f identification assurée de ce genre IiLtéraire qu'on appelle conmunément conte "populaire" sans Lrop savoir ce qui ne l'est pas. L'intérêt essentiel qu'i1 y a dans cette tâshe réside darrs

r

1. un projet de recherche comme l-e nôtre n'aura aucune raison d'êLre, sinon iI n'aura aucune raj.son de procéder par tâtonnements dus à 1a nature de 1'objet quand on a 1a convi ction ,à tort ou à raj-son, qu'i1 y aurait des risques à soumettre 1 'ob jet-conte aux modèIes déjà éLaborés ailleurs que chez nous i )

méthodologiquement, parlant,

Èechniques, si bien

même

1'élaboration

ae

que ces technlques soient dj-fférentes

les unes des autres sulvant, 1es angles d'étude, serait possible de sorte que 1a lisibifité bénéficie d'une cohérence, partlculièrement au niveau des descriptions des contenus et des articulations qul les structurent et établissent, entre el1es des rapports de "modifications".

crit,ère d'élaboration un consensus sur ce qu' i1 faut privilégier et ce qu'iI faut négliger dans L'analyse propremenf, dite. Nous nous souvenons de notre propre point de départ,: un dépou11l-ement lexlcal du recueil cle nos contes oraux sans,trop savoir au juste vers où 1'aventure allait nous conduire. A présent, il est temps de dire gue si nous devons reconnal.tre un mérite aux conditions pénibles de cette tâche, e'est parce qu'i1 nous a été possible de convertir 1'objectif Ces t,echniques auraient,

eomme


325

de 1'étucle lexicale en une ouverture sur la manière lexicales en contextes d'appréhender Ies utilisations configurat,ifs comme paramètre de construction d'un univers de valeurs; et tout ce que nous avons dit jusqu'à présent à propos de 1'évaluation, de I ',énonciation. . . est un effet de cette ouve

rture

.

si nous disposions d'un dicticnnaire qui indique 1es investissements, les charges ou les effets de Sens cult'urels des ut,ilisations lexicales dans 1e conte populalre, nouB n'en serions pas 1à à essayer de trouver et à rechercher les affectations par ces effets de Sens de termes à des dimensions culturelles du conte dont les manifestations narratives construisent des représentations sur 1e social'

1. /1-rnHaiYa/, /1-Hkava

Nous avons vu que 1a notion de /1-mHajya/ devalt' être

conçue sous deux volets pour distinguer entre 1es deux aCCeptionS de "COnte", et de "réCj-t" oU "hiStOire de faiis OU d'événements". À préSent, nous ainerions intégrer dans 1'étude un autre point: à quelles condit'io11S,, s8 sounet 1a désignat'ion de /1-mHa)ya/ Par /1-HkaYa / ?t l,t. Beaussier signale le sens de " anecdot,e , récit, conte , quant à H. Mercier, iI signale: " anecdote , historiette"; Pas narraLion, mythe". Notons que nos deux auteurs ne signalent, (sulte...) 1


326

..

Ce nouveau t.erme (/1-Hkayal) est,

utilisé dans notre texte de référencer dans Ie sens de "récit d'un rêve", ce sens nous amène à étab11r un rapport entre /1-mHa)ya/ et /r-Hkaya/, un rapport qui engage un débat, autour du conte et du rêve: ce qui est rêve devient, conLe selon noLre texte de référence ou, autrement, 1e conte est. issu d'un rêve; Ia phase du passage du rêve à /1-mHajya/ est 1a seule indication qul distingue 1es deux, sinorr 1'un est solidaire de 1'autre. Àussi 1e conte a-ti1 un critère définitoire qui 1e rapproche du rêve au même t,itre que le retour du récitant de 1'ai1leurs selon Ia formule finaler je suis revenu de 1à-bas... ce rapproehement nous amène en effet à penser que 1e récitant d'un conte pendarrt 1a narration ressemble à un rêveur qui s'évei11e et fait de son rêve un récit qui s' j.ntègre dans 1'ensemble du disposit,if de I,hist.oire du conte. En d'autres termes, de }a même manière que 1e récitant déc1are sa dist,ance ou sa dlsjonction selon ra formule finale de 1'univers du réclt, pour effectuer un retrur à "sa réa1ité", 1e rêveur -en 1'occurrence 1e roi dans C"j* extériorise son rêve dans 1'évei1. Ajoutons guê, dans notre conte, le rêve fait, agir Ie roi comme si le disposltif globar de ce cont,e était, un discours où

un jeu de mlse en abyme sert à sa constructionr le récit du rêve est non seulement reproduit tel quer dans 1e cont,e nais, 1(...suite) 1e sens de "récit d'un rêve" relevable dans notre t,exte de réf érencelr C7 et conf irmé par nos inf ormateurs 1 /naD I-maIik mexlue w f-S-SbaH eawed Hkayt-u L-L-wzLr/ {le roi se réveilla en sursaut (après avoir fait, un rêve); êt, le matin, i1 se mit à raconter le rêve à son minist,re).


327

aussi et surtout, i1 se laisse saisir sur deux plans: 1e rêve proprement dit (/1-mnam/) et 1'évei1 où Ie roi demande à sorr ministre son avis1. En ce qui concerne ce dernier p1an, i1 est

intéressant dans 1a mesure où on voit blen que c'est prirrcipalemenL à une modalité qul fait. défaut, chez 1e roi que 1e rôve se raÈ.uache. Notre texte dit que le rêveur, étant démurri du pouvoir avoir urr enfanl, s'adresse à Dleu en i'invoquanË de lui en accorder un; ensuite, pâr f intermédiaire du rêve, i1 1ui devient possible de réaliser son vouloir selon une condit,ion qui porte sur " f intégrité moral_e " <ie 1 'enf ant désiré. Dans urr certain sens, 1e rêve manifeste un programme par lequeI 1e sujet, (1e roi) apparait en conjonction avec 1e pouvoir-liquider son manque: âvoir un enfant ou, en ci'auLres termes, 1e rêve actualise 1e pouvoir du sujet pour réaliser son programme et, pâr 1à même, iI rappelle Ie pouvoir de Dieu. La structure actanti-eIle montre que Ie roi perd son pouvoir devant, celui de Dieu; mieux, i1 doit. choislr entre un garÇon et urle fille sous Ia contrainte de ce pouvoir suprême êt, qui plus est, 1e chaix de 1'un n'est pas moins, amer que celui de l-'autre. Àutrement dit, 1e pouvolr de Dieu n'est pas marqué par le posit,lf à f image de 1'atterrdu ou f invoqué par le roi du momenL que ce dernier, en recevant 1'enfant demandé à Dieu, doit aussi recevoir et, subir Ies tares de 1'objet reçu. Seraitce une façon dont Ie pouvoir de Dieu s'affirme en faisant du L/ yTle -k au roi: t'obéira pouvoir

l-wzir gal 1-l-ma11k 1-we1d ma Leqder / teHHekm-u \^r ma f w 1-bent teqder t,eHkem fi-ha/ (ar: 1e mlnisLre dit un garçon, tu ne pourras pas Ie maLtriser et 11 ne par contre, une fiI1e, Lu peux Ia soumettre à ton )

.pas;


328

roi quelqu'un qui dolt recevoir un don et subir les défauts, au sens moral, qul y sont "inject,és,' ? Sl c,est 1e cas, nous penserons bien que ce don cherche moins à satisfaire 1e sujet destinataire (1e roi) qu'à affirmer 1a hié::archie du pouvoir: Dieu, dans ce cas, accorde un don part,le1 pour affirmer son pouvoir hiérarchique à celui du roi. Toutefois, pour peu qu'on prenne au sérieux cette voie de lecture, i1 apparait que ce rapport entre Dleu et 1e roi présuppose un autre rapport -supposé égalitaire entre l_es deux prot,agonist,es- que 1e contrat du don remet en cause pour que s'y installe 1a hiérarchie. cette isotopie religieuse est 1,un des ressorts sémantiques que sous-Lend 1a structure actantiel"le par L'intermédiaire du rêve, /l*Hkaya/, comme récit ci'un rêve, est alors dotée, au niveau discursif , d'une f onct,ion qr:i assure 1'aboutissement et 1a réalisatj-on d'une Lransformat,icn déjà programmée: 1e devenir du sujet est déjà programmé par

1e

rêve1. ce devenir qui ne dépend pas du sujet comporte err Lui une sanction toute tracée avant même que 1a performance dans

1'évei1 ait, lieu. Partant de ce dernier constat,, /1-Hkaya/ semble entretenir un rapport de sens étroit avec celui du discours de prédiction. A ce stade, i1 apparal.t que /l-Hkaya/ se distingue de /1-mHajya/ 9ui, elIe-même, se distingue de /l-qSLytTa/2 p". au moins le t,rait suivant: dans /1-Hkaya/, comme récit d'un rêve, 1 /rak Gadl tewled merra L-z-zmanl (ar: Lu engendreras un seul enfant dans ta vie ) . . 2 Entre autres contes, citons C38: /ki qSlyyt-kfHna sebea natet mm-na. . , / ( ar: quelle est. t,on histoire ? I{ous sommes sept soeurs, notre mère est mort,e... ).


329

le sujet, est en position d'impliqué dans un programme déjà étab1i par le destinateur. Ainsi, cette manière dont 1e rêveur n'a en quelque sorte aucune mainmise sur son rêve ressemble à ce11e dont le récit,ant rr'a non plus aucune mainmise sur le conÈe proprement, dit. Par un rapprochement, cle ces données, nous pourrions conclure pâr: - /l--mnam/ (rêve) est au rêveur pendant Ie sommeil ce quq /1-mHa)ya/ (cont,e ) est, au récit,ant pendanÈ 1a narration i - /L-mnam/ (rêve) est au rêveur pendant 1'éveil ce /1-mHajya/ (récit,, hist,oire) est au récitant lors de

son re

que

tour

: à "la réaIité" selon la formule finaIe. Retenons de cela ce point de vue qui semble osé en apparence! 1e rêve pendant 1e sommeil s'avère homologabie au conte; et 1e récitant, cie ce dernier, au rêveur. De même,1e rêve raeonté par 1e rêveur évei11é devient homologable.au récit du réclt,ant énonciat,eur cle Ia formule f inale, .Ceci nous éclaire sur les condltions de vérité du conte: à Ia manière du rêveur qui- est en quelque sort,e "traversé" par son rêve suivant des déterminatlons qui lui sont extérieures, 1e récitant est aussi t,raversé par 1e conte. f1 nous semble que c'est à ce titre que 1'objectivité est fortement présente aussi bien dans le rêve que dans le conte, ne seraj-t-ce que parce que 1'un et 1'autre "refoulent" à 1'extérieur de leurs univers toute personne, âü sens linguistique, gui se donne f illusion de pouvoir émet,tre une évaluation: y adhérer ou ne pas y adhérer ne change rien au fait qu'i1 y a du pain sur 1a planche. Par 1à même s'explique Ia manière dont le conte falt valoir, pâr ses propres moyens langaglers, des données qui Ie


330

définissenL suivant " ( ses ) Sources dans 7es conportenents cultureJs et sociaux des honnes qui ( J' ) ont produit"T. Aussl, i1 devient clair que c'est nolns 1'aspect de /zj-k/ (ber), /bekrL/ , /qaclim z-zaman/ (ar: temps anciens) qui fait, du cont'e un produit sOuvent attribuable d'une manière ou d'une autre au passé, euê I'aspect "contemporain" dans }e sens où, à nos yeux, i1 n'y a pas de sociét,é Sans préoccupations dont, entre autres formes, cel1e du conte rend conppte. N'est-ce pas 1à une fonction du conte qu'on ne peut mettre Sur 1e compte du seul temps ancien?

Il est vrai que ce qui frappe, âü deIà de 1a troisième personne du récit,, est }e temps dlt passé, mais suivons E. Benveniste: ce temps est celui du récit, êt étant cionné gu,on ne peut dlre que tout récit soit. un conte, oh ne pourra pas confondre le temps du conte et celul du récit. De ce fait bien que f idée soit excessivement schématisée- Se laisser entralner par cette "p1ongée" dans 1e passé qui semble aller cle SOi lOrsqU'on parle dU cgnte, est Une erregr en Soi: si Ie conte rappelle "14 sage§§e des anciens", iI ne se réduit nullement à " 1',ancienneté " au Sens pé j oratif ( ce qui est révoIu2) , puisque cette Sagesse résu]t,e de 1'ensernble des comportements Iiés aux préoccupations de }a sociét,é indépendamment de dét,erminations temporelles. A 1a limite, nous pourrlons supposer que deS récit,s ne Soient plus en usage soit I c. JEAN, op. cit. p.

L57.

2 Citon= des expressions péjoratives comne ziBbab n zLk/ , /yen n zLk.../ (berr les gens d'autrefois, des t,emps anciens; 1es anciens).


331

part^iellement soit, totalement, et que d'autres soient, "créés,' en §'apparentant aux premiers, mais tant, qu'i1 y a société, i1

y aura toujours un besoin de raconter des récits dont, les thèmes re1èvent de préoccupations socio-cu1ture1les. De ce point de vue, le conte serait plus intéressant à étudier en tentarrt d'y saisir 1a manière dont 1'homme façonne son " caractère " en fonction de ses aspirat,!ons , besoins , circonstances, conditions, au cours de son histoire, que d,y voir une "circularit,é" formerle de ses ,mises en discours. Essayons de récapituler: 1. /1-mHa)ya/, selon notre texte de référence c2L, relat,e un parcours que Ie su jet (1a mère des enf ants ) aurai_t. effectlvement vécu i /r-Hkaya/ pose à un niveau virtuel_ une valeur investie dans un devenir qui correspond à une transformation, or) 1'actualisation de Ia relation disjonctlve du sujet avec l'objet de vareur, est suivie d'une réalisation de Ia reration conjonct,ive dans 1'évelr. Autrement dit, "le rée1" du sujet, dans /1-mHa)ya/ ne peut être comparable à celui du sujet dans l1-Hkaya/ que si"'nous tenons,compte du point, suivant: 1e premier récit. témolgne d'un regard rét.rospect,if sur 1a réalisation de 1a relation conjonctive entre 1e sujet et I'ob j et de valeur; 1e seconcl , cl, un regard prospectif à la manière d'une "pré-dlction" gui ant,icipe sur " ce qui va avoir lieu" , y compris la sanct,ion; 2, /1-mHa)ya/, avions-nous dit, est un discours modalisé selon le vrai-réel gue seul re père de Ia fllle racontant sa propre hlstoire, à 1'exclusion des enfants, saislt comme te1.


332

Cet,te caractérist,ique qui vise un destinataire particulier

n'entre pas en jeu dans /L-HRaYa/ i 3. enfin, /L-qSiyya/ est à certains égards visiblement proche de /1-mflaj ya/ i toutefois, en tant que discours modalisé selon 1e vrai-rée1, e11e ne s'adresse pa5 à un destinataire particulier dans 1e sens où e11e ne vise 'pas 1'excluslon d'auditeurs particuliers représentés dans 1e récit.

/I-I{kava/. Ie récit d'un rêve

Qui dit rêve dit sommeil et aussi évei1: le rêve fait pendant 1e somrneil Se reProduit, clans 1'éveiI du rêveur. Ceci est ce que notre conte, }e C7 , donne comme indication 11'utilisation de /1-Hkaya/ qul esl 1e récit d'un rêve i €tr étant, donné que ce réciL eSt en quelque sorte Ia matriee de notre conte, son contenu nous amène à retenir Ie sommell et 1'éveil

comme é1émerrts

de 1'élaboration du conte.

Pour éclairer ce point de vue, nous nous propo§ons de faire une comparaison entre deux contextes d'utilisation du rêve dans deux contes diffërents: C7 et CL2L. Dans Ie prenier,

1e sommeil est utilisé

comme

notif de 1a configurat,ion où

1e

1 laix I-bsira bdat tgul eini-ya €ini-ya gal l-ha mulay eebdelqader b-'idn Ilah ywe1l1w 1-k w f-I-Hin bdat t,/uf bHal Ili dak î-fi kan Gi mnam (HuIn selon 1es versions)/ (ar; la viellle se mit à dire: IItês yeux, mes yeux. Moulay Abdelqader lui ditr euê Dieu te rende 1a vue. Subitement, }a vieille ievit Ia tumière du jour conme si c'était un rêve).


333

roi se voit, attribuer 1'objet demandé à Dieu: 1'engendrement d'un enfant. Dans le second, ce n'est plus le sommeil qui est utilisé mais 1'éveil dans un contexte où Ia viei11e, présentée comme aveugle, se voit attribuer 1a vue demandée au saint dé1égué de Dieu. Ce rapprochement, comme on peut 1e constat,er s'appuie sur 1e fait que 1e sommeil et 1'éveil n'a1tèrent en rlen 1'utilisation du rêve dans un contexte où apparalü,'à un niveau sémantique , une isotopie religieuse sous- j acent,e à f invocation de Dieu ( ou son délégué ) . Sous angle , "ul l' j.nstance divine, représent,ée par des dé1égués (anges, sainls ) , assume un rôIe qui consiste à pïoduire I'archétype de f irréa1isab1e indlviduellement: d'un point de vue thématique, 1a configurat,ion comporte un enseignement sur Ia manlère dont

1e sujet (roi, voyante) peut se 1ibérer de 1a persécution de f impuissance à liquider un mangue (avoir un enfant, retrouver 1a vue). Toutefois, une distinct,lon éIémentaire est à souligner

le rêve dans le sommeil, dans C7, nous 1'avons assimilé au rêve dans 1'éveil dans et2 comme si l'ét,at, de cécité pouvait dans une certaine mesure êt,re rapproché de 1'état de sommeil dans Ia mesure où Ie roi est en quelque sorLe "aveug1e" Iorsqu'i1 dort et 1a voyante est en quelque sorte en état. de somneil bien qu'elle soit éveillée1. En tous cas, i1 nous semble que 1'univers de nos contes coo.rdonne entre Ie sommeil et Ia cécité et entre I1êveil et Ia encomparant nos deux contes:

1 t" a"pprochement sémantique entre "cécité" et "sommei1" est attestê dans l'expression berbèrer /DDerGleG zeg iDeS/r je sui.s aveugle de sommeJ.l, et de manière moj-ns courante dans l'expression arabe pour signifier à peu-près 1a même chose: /rani Éna b-n-neas/.


334

vue. ceci n'a probablement pas d'intérêt mais si nous reprenons

nos contextes narratifs, nous verrons que 1a vue et 1'engendrement d'un enfant sont corré1és à l'éveir-rée1 et, que 1a cécité et 1a st,éri1ité sont, corréIées au sommell-rêve. ces corrélations sont, d'un point de vue discursif, responsables de 1'utiLisat,ion du rêve par 1e eonte dans un sens de conclit,ions d'évaluation: ce qui accorde au rêve d'avoir un enf ant, ou de revolr 1a 1umlère du jour la modallté du vrai. est 1e rée1 dans 1'éve11 du sujet en conjonction avec li objet invoqué. Dès lors, à /1-Hkaya/ convient le vrai sous le rapport du IL; ce n'est plus Ie récit, d'un rêve au sens commun du terme (f irrée1) qui rapperle 1a notion de /mHa)ya/ comme histoire évaluée par /kdub/, c'est plutôt un univers de valeurs.

/l-Hkaya/ et 1e eonte

Nous verrons de voir que 1a constitution de /1-Hkaya/ suppose que le conte qui 1'utilise

pour produire un univers

de

valeurs tient compte du sommeil et de I'éveil, non pas selon une relation opposit,ive mais selon des corrélat,ions qu'au noins la comparaison que nous avons établie entre C7 et CLZ a pu monLrer. rI est vrai dans un sens que nos deux élément,s sont contraires, mais I'univers du conte ne vise pas 1'un des éIéments de cette relation puisgue le niveau configuratif n'y est pas senslble: 1'organisation syntactico-sémantique de 1a


335

configuration ut,ilisat,rice du rêve ne ciépenci ni du sommeil à lui seul nl de 1'évei1 à 1ui seu1, mais des deux comme coordonnés dans Ie sens où 1e contexte de l'un ne diffère

de celui

de l'autre.

Néanmoins

, ce point

pas

de vue s, avè::e

discut.able à certains égards: 1e sommeil sembre pLus adéquat que 1'évei1 à Llne commlrnication de savoir au roi par' 1'ange dont les traits

se distinguent de ceux de 1'humain si bien

que

ce process\ts sembie conf orme au " sens commun" . Autrement d j.t, cette communication semble jugée trop sàcrée pour qu,eLLe puisse se produire dans 1'éveiL du.roi et, encore moins pendant Ie jourr sêul 1e rêve pendant re sommeil pendant la nuit semble propice à 1a réalisation

d'une te11e communicationl. considérons ce point de vue et essayons d'y voir plus clair. Tcut compte fait, guê ceÈte communication soit jugés suffisammerrt sacrée pour n'avoir pas lieu dans 1'éveiL du sulet représenté par 1e roi, ceci ne nous empêche pas de dire que noLls sommes en présence d'un univers de corrte dont 1a narration

exige un "riLe".

De ce point de vue, ce qui est supposé sacré

pour n'avoir lieu que 1a nuit pendant 1e sommeii est discutabl-e

car notre corpus conne 1'exempre de dé1égués de Dieu qui communiquent avec des sujets humains pendant 1'évei1 (cf. c33),

1 Nous avons ét.é frappé par 1a récurrence de /garji0/ (ber), /1-mnam/ (ar: rêve dans 1e sommeil) dans 1es versions de c7 , comme si e11e était particulièrement forcée par des déterminat,ions investies dans 1e rô1e de /1-ma1ak/ (ar: ange) communiquant un savo j-r au roi. cet,te communication -selon nos informateurs- ne peut avoir lieu que dans ce contexte de rêve. ceci dit, si un tel contexte est dét,erminé par 1e seul statut de /1-ma1ak/,1e C33 donne 1'exemple des sept, djinns dont 1e rô1e apparaLt dans un contexte de communication avec 1e roi sans que 1e rêve y entre en jeu' /Tlee l-malik r-j-jbel w jber temma sebea dyal 1-junun/ (ar: le roi a1la dans 1a montagne et y trouva sept djlnns).


336

La conparaison de nos deux contes (C7 et C33), à ce niveau

contextuel de 1'éveil et, du somnej-I, que nous essayons d'orienter pour 1a ramener à un sens de représentation du ',rite" de CommUnication-réeitatiOn du COnte, n'eSt peut*être pas justifiée car nous sommes en présence de deux plans distincts, l"tais 1e passage d'un plan à un autre nou§ paraLt possible si nous faisons abstraction du rêve de manière provlsoire pour retenir 1'aspect dU "sacré" Sous-iacent à 1a communicat,ipn entre 1es dé1éguéS de Dieu et 1e roi. Dans ce

cadre, i} apparal.t que dans un cas (C7), nous avons }e Sommeil, dans 1, autre ( c33 ) , nous avons 1',éveil et une iSot<lpie rellgieuse à travers laquelle seul "1e sacré" nou§ intéresse. Ce sacré s'actualise dans nos contes par le statut, des dêi.égués

de Dieu indépendamment de 1'un ou de 1'autre des éIéments: éveit et sommeil. Partant de cette idée, il nous semble que ces deux é1éments sont coordonnés pour produire un effet proPre au conte par f inLermédiaire de noS textes de référence (C7 ei C33) dont 1a comparaison Signifie que nous avons une §eule configuration sous-jacente à: - C7: " ange , roi , nuit, sommeil" - C33: *djinns, roi, montagne, évei1"1 ,

de nos versions de C33 ne précise Ie temps (nuit ou jour) de }a renconlre du roi avec les djinnsi par contre, 1e moti f de Ia montagne y apparal.t syst,ëmatiquement. De ce fait,, nous pourrions supposer que l'espace de la montagne révèle I'aspect du sacré puisqu'il est habité paI des djinns; ainsi, la montagne se rapproche de Ia nuit si on leS considère comme 1'espace et 1e temp§ de 1a communlcation entre Ie roi et Ie cié1égUé de Dieu dans C7 t I'espace-temps est à consi-dérer comme un tout auquel est sous-jacent 1'aspect du Sacré par f intermédiaire de l'isot,ople religieuse. 1 ,Aucune


337

Cet effet, corresponci -c'est ce sur quoi s'appuie notre comparalson- à une représentation de communication d'un savoir par L'ét,ablissement d'un rapport. entre I'humain et le divin; et à f image c1e eette communication, tenant compte du fait que 1'évei1 et. 1e sommeil sont coordonnés, nos textes de référence produisent une représent,ation du "rite" de 1a communication du conte. -. A ce stade, si nous admettons cet aspect du sacré que nous venons de retenir dans 1a communicat,i.on entre 1e roi et re dé1égué de Dieu, i1 ne nous reste plus qu'à justifier 1'orientation de notre hypothèse: 1'aspect du sacré est ra représentaLiorr d'une condition de communicatlon du conte. Pour ce faire, rappelons la comparaison qui nous a amené à rapprocher 1a montagne de 1a nuit et à considérer que re sommeil et 1'éveil sont coordonnés dans 1'univers de ra configuration de communication dans nos deux textes de référence. Retenons à présent, le sacré sous- j acent à la montagne et à la nuit êt, enfin, au sommeil et à 1'éveiI1 pour rrous rendre compte que la montagne et la nuit n'ont d'int,érêt, pour nous, que par 1e sacré qui leur est sous-jacent,. Àjoutons à ce sacré le sommell et 1'évei1 qui se rattachent nettement à Ia nuit gui, à son Lour, se rapproche par ce même sacré à Ia montagne, pour comprendre enfin que "sacré, sommeil, éve11" constitue 1a pièce du "rite" de 1a récltation d'un conte. cette 1 Re*arquons que nous venons d'abandonner ,, 1e religieux,, pour ne considérer, comme nous 1'avons annoncé, gü€ 1e sacré:

1e rellgieux n'est gu'une réalisat,ion particulière dans nos textes de référence; 1e sacré apparait de diverses manlères dans /1-mHajyat / et i1 n'est pas condlt,ionné par 1'actualisation du rel j-gieux.


338

récitation ne peut se faire que le soir; en généra1, c'est en at,tendant que 1e dLner soit prêt ou encore après 1e dLner, que les enfants::éclament les contes à leur mère (grand-mère) ou soeur alnée1. De fi1

en

caractéristique

r nous nous apercevons que si une relevant du sacré peut être att.ribuée au conie, a.igu111e

e11e tient lieu. du fait

que ce dernier se racorlte 1a nuit dans

1es rnoments de 1'éve j.i précédant le sommeil. Àussi 1a nuit apparaLt-e-1le comme ce qui coordorrrre ent,re nos <ieux é1éments pour produire cette caractéristique du conte te1 qu, il se 1'attribue

1ui-même en tant

que représentatiorr 1ui ét,ant

lnt.rinsèque et, irrdépendante de toute évaluation qui puisse 1ui parvenir de l-'exïérieur. D'un auLre point <ie vue I nous comprenons mi-eux pourquoi 1e s contes ne peuvent êt,re raconté s qLle 1e soir2. En d'autres termes, 1e trcontage* exige que sa réalisation

se fasse cle sorte que 1e temps dont r,éveil eL 1e sommeil rendent compte soit perçu comme L'unité d'une dualiié

1 D"n" 1es milieux ruraux des Béni-Znassen, i1 est généraLement de cout.ume que 1es fi1s, devenus pères de fami11es, cohabitent, et vivent dans une même maison répartie en pièces dont. chacune est réservée à chacune des "fami11es". L'ensemble est ce qui constitue 1a famirle au sens généra1 du Lerme. L'une des pièces est réservée aux parents; ceci permet aux enfants d'êlre proches de leur grarrd-mère généralement compétént.e en matière de récitation des contes. Dans certaines familles, i1 est même courant que 1es enfants dorment chez leur grand-mè re

.

2 S"lon nos informateurs, lorsque quelqu,un raconte un conle 1e jour, ses enfanÈs seraient atteints de calvitie; au fond, i1 sembre que ceci est dit,, voire cru, dans 1e seul but d'exprimer "1a crainte" de raconter un conte Ie jour car, justemerrt, cette crairrte ne peut, être neutrarisée que par re respect, du rite d.u rcontage" 1e soir impliquant 1a nuit suivant 1'aspect du sacré qui ne peut, êt,re teI si on raconte un conte Ie jour.


339

pour produire

effet: Ie conte, eomme produit , construit des reprĂŠ sentati ons de valeurs dont 1a cautlon ĂŠvaluatrice de l'univers est le vrai. un


340

CHÀPITRE

LE

CO}ITE

IIT

, UI{ U§IVERS D'U}IION

DES CO}ITRAIRfi§

D'un point, de vue sémantique , ret,enons f idée de L'union des contraires qui caraetêrise l-e temps du contage comme plan de 1'énonciation communicatlve du conte eL essayons de voi:' si

ce principe s'applique à des cas précis au niveau clu produit, et non seulement du présupposé du produit. Dans ce cas, un regard relativement rapide sur quelgues exemples montre que les invest.issements sémantiques de ces derniers s'appuient sur f insêparabj-1ité des contraires. Le pouvoir du savoir chez Ie pet,it, nommé /mqldeJ/ ou, de manière plus explicite, 1' exemple récurrent du motif de 1'ogre (ou 1

'ogresse ) 1e mont,re assez clalrement,. Dans un cas , en ./mqLdel /

s'unissent 1'absence du pouvoir présumée comme te11e et 1e pouvoir actualisé dans 1e conte: les traits "petit de tai1Ie" et "qrand par la ruse" rendent compte de 1'att,ribution de "Ia force" au "petit". Cette forne d'union entre cette force eÈ Ia faiblesse qui convient -selon 1e sens commun des frères de /mqide// - au petit, est I'effet de sens de f image représentée dans Ie conte par Ie parcours de notre sujet. Dans 1'autre cas,


341

l'ogre (ou 1'ogresse) a un caractère parfaitem'ent paradoxalr un sujet qui ne devrait pas avoir 1a seule "réputatj-on" de donner 1a morL en dévorant 1es vict,imes humaines, mais aussi ce11e de donner en quelque sorLe Ia vie. t'exemple qui rend compte de ce dernier trait et qui est probablement 1e plus sigrrlficatif, est celui de 1'adoption de Leila par L'ogresse dans C1. Là-dessus 1e conte est explicit,e: Leila est devenue

1a fi11e adoptive de 1'ogresse au point où cett,e derniêre Ia considère cqmne si e1Ie ét,ait sa propre fille, En outre, Ie paral.tre-f

et 1'être-ogresse nous semble 1'exemple t,ypique pour dire gu'en ce personnage s'unissent des contraires t,els {uê: beauté / laideur (cf. C2 par exemple}, amour / haine {cf. C1 et C2), st,ér11j-t,é / fécondité (cf. C1 et C2...). De manière plus gênérale, il nous semble que "la eulture" emme

incarnée dans 1'exemple de 1'ogresse dans C1, que nous pourrlons comparer à un autre dans C231 est symbolisée par un lien de parenté (adoption et mariage) qui s'établit entre 1'humain et 1e non humain et qui "humanise" en quelque sorte Ie non humaj-n sans pour autant reLirer à l'ogre (ou 1'ogresse) ce dernier trait, d'où, l'unj.on des contraires dont nous venons de parler. De même, 1'humain cesse d'être totalement humain par le lien qul s'établit entre 1ui eL Ie non humain. En d'autres termes, "1'humanisation" du non humain et 1a "déshumanisation" de 1'lrumain' 'lncarnent des f orces obscures en même temps cuIt,urel1es et naturelles du caractère de L'humanité et de son 1 Rapp"lons gue 1e C23 raconte 1'histoire d'un mariage entre /Seffar thwa/, descendant d'une ogresse, avec 1'héroine ( filIe humaine ) .


?

contrai-re chez ce qui est

â,)

communément

appelé',homme,,et "non

homme".

Pour prr.rs d'écrairc j.ssements, considérons nos te:{tes de réf éreflce r c1 et c23. L'adoption dans 1e pr:ernier et le mariage cians 1e second, en

tant gue relations étab1i-es entre I , humair: et 1e non humain, mont.rent comment ra juxtaposition eL 1, r_rnion de conlraires sont exploit,ées par les contes et comment la culture et la nature coexistent en ce §ens que 1e natureL relatif à 1'ogr,e (ou i'ogresse) est curt.uralisé et le culturel relat.if à r'humain est naturalisé dans un même univers narratif : 1es attributl0ns de conlrail:es par 1es rappc::ts entre 1'humain et 1e non humain sont, nertement relatives. ceci montre, dans une certaine mesurerque "1,urrité" est sous-jacenLe à 1'univers de nos conLes comme forme d,une conception sur "1'origine". cette conception d'ordre mythique exploit,e t,unité par ''l 'union des contraires pour montrer, sous un autre ang1e, que 1'homme réinstaLle "civilisationnellement " ( culture1lement 1es écarts au moment même où iI sort à peine du monde naturel ou "sauvage": 1',unlté est si inquiéiante que l,homine ne peut se contenter de naitre, i1 1ui faut, comprendrel et connaitre pour pouvoir saisir, dominer et mal.t,riser son entourage. r1 nous semble gue ceci explique 1es écart,s en termes de contraires rencontrés inlassablement dans la vie. )

1 L'acte de comprendre, nous dit J.-C. Coquet, ,, forne La pièce e,sser t,ielle du dispositif de ia cannais,sance',. pour connaître, i1 faut savoir utiliser 1es moyens qu,i1 faut pour dominer; 1a réalisation rie la connaissance etr pâr conséquànt,

de 1a domination, se réarise par 1e savoir.- pour prus de détai1s, voir J.-c. coQUEt, Le discours et son suiet, T.1r op. cit. p. 82.


343

C'est en gros ce cadre d'actualisation de contraires et d'union de cont,raires que 1e conte permet de relever. Àutrenent dit, l-e conte relrace et reconst,ruit, une représenLation de I'unité initiale comme si cette dernière était un fondement d'origine sous forme des premières lueurs d'un feu qui coordonne entre 1a vie et 1a mort, uû feu que nous réclamons pour nous réchauffer et dont nous nous éloignons de crainie qu'i1 nous brtle. Cet,te :nétaphore re joint 1e rétablissement des contraires qui sont inltialement inséparables pour fr:rmer 1'unité. A ce propos, précisorrs que 1e conl:e ne construi-t pas exclusivement 1a nutation nature / culture par des personnages intermédiaires tels que 1'ogre ( ou l'ogresse ) , Lei1a, l"a femme que 1e descendant de 1'ogresse épouse...; i1 ne rend pas compte du seul aspect de 1'union des contraires car 1a configuraticrn du "combat" dans notre corpus, êf, tant que relaiion conflictuelle entre 1'humain et 1e non humain ( 1'homme et 1'ogre ( ou 1'ogresse ) ) t.e11e qu'elie est récurrente dans plusieurs récits (cf. C2, C3, C4, C6, C11... ), précise que ce que nous venons d'appeler "mutation" est valorisé narrativement par 1'éviction de la.nature en ce sens que l-a modalité de domination par I'homme est mise en chef par 1e conte en rabaissant au rang du dominé 1'ogre ( ou 1'ogresse ) et son univers (i-e ce'que nous avons appelé nature). Le caractère mythieuê r dans ce cas précis, en tant que discours où s'unissen! 1es contraires, s'affaiblit déjà en posant I'ogre (ou 1'ogresse) et I'homme dans une relation conflictuelle où I'un des protagonistes tente de nier *1'être" de 1'autre: 1e


344

vieil homme et 1'ogre en est un exemple typique (cf. c11) au delà des exemples déjà pris et, que nous pouvons maintenant mieux explolter dans un cadre plus généra1. Pour ce faire, nous a11ons, par souci d,économie, ut,iliser un "graphe d'interaction" entre nos actanls: x (1,ogre ou 1', ogresse), y (1'humain: Lei1a, 1a femme épouse du oescendant cle 1'ogresse, 1e vieil homme...):

-->"

\____*/

iÿ

ce graphe nous amène à réexaminer nos t,extes de référence pour voir commenL se réa1ise narrativement ses contenus: 1. x n y: cet,te relation con jonctive situe 1, ogre et l_a femme qu' i1

épouse ( cf. C23 ) comme parÈenaires par f int,ermédiaire desquels se réalise 1'exclusion de ia confrontat,ion. Le c2 où sonL mis en scène une ogresse et un humain (/mHend themm/) va aussl dans ce sens. Toutefois, cette relation ne tarde pas à se transformer: 1a femme, épouse du descendant de 1'ogresse trahit ce dernier en dévoi1ant, son secret à une vieille femme; et /mHend rhemm/ irouve 1e moyen de se séparer de sa femme-ogresse en Ia tuant; d,où, 2, x ) ( yt comne relation signifiant des formes d'éloignement par 1'acte de t,rahir (cf. C23), l,acte de tuer 1 Pour atteindre l'objectif de notre étude, nous empruntons à J.-c. coquet un "espriL" de raisonnement que nous utllisons pour décrire 1es rerations de "confroni,ation" et d"'absence de confrontat,ion" entre x et y en comparant des récit,s différents met.t,ant en scène les mêmes figures représentant x et y. pour plus de dét,airs sur Les sources de motivation de notre idée, voir J.-c. eoQUET, Le discours et son suiet, op. cit. p. 75 et, s.


345 (

cf.

C2) ou,

de

manière plus

explicite

d'abandonner réalisé par Leila vis-à-vis de n

T

lorsqu'elie

dans C1, 1'acte sa mère

reLourne au village

(

adoptive -

f ici

social

)

accompagnée de son cousin

rV.E. lious préférons utiTiser La notaxion ) ( au Tieu ae ü, car elle noüs pernet de rendre conpt,e de 1'éToignenent, dans un sens du continu (seJon -Zes prapres terrûes de J. -C, Coquet, la notation reJève de 7a séniotique du continu) et de rappeTer 1a relation conjonctive préalabLe (nariage dans C2 et C23 et

adoption dans C1) qui se naintient conne "némoire" quoiqu'i1 en advienne par Ja sujte. L'utiJjsation de cette notation noüs sembJe nécessaire car en eJle résident, -Ies traces de 7'aspect naturaTisé de l'hunain et de 1'aspect, hunanisé oü cuJturai.isé de 7'ogre (ou L'oqresse) en tant que nari (ou épouse) ou-nère adoptive. Pour ne prendre que ce dernier exempJe, nous saisissors cet.te notation dans ie sens où nême si Leila abandonne 1'ogresse, celle-ci deneurera sa nère adoptive.

3. x U ÿ: cett,e relat.ion ciis jonctive signif ie un conf 1it ou, mieux, une confrontation dans 1a mesure où des modalltés de domination y sont mises en j eu: est vaincu par y, 1a nature est en quelque sorte convoitée par yr le vieil homme est vainqueur de 1'ogre, Leila abandonne définitivement

sa

re

adoptlve en épousant son cousin, /mHend themm/ tue sa f enme ogresse. Inversement dans C23 | 1a femme renonce déflnitivement à sa condition humaine en prenant pour époux /Seffar thwa/ descendanL d'une ogresse

Nos indi-cations sur ces relations schémat,isées sous forme d'un tableau:

peuvent être


345

Exemples de configuration

4

z

(xfl y) 1: x adopte y ; -y C23: xépousey (x=y) 1

,)-

3

y renonce à x (x )( y)

11:x et

(x

v

sont en conflit;

u v)

Nature VS culture x et y s'unissent: nature cult,uralisée et culture natural isée

x et y s'éloignent 1'un de 1'autre: nature ) ( culture v

domine x

culture

t*f

,

nature

ce t,ableau récapitulat,if 1e Iaisse entendr-e-,- _.1a comparaison entre nos exemples montre qu'un aspect d'ordre selon 1 , 2 , 3, prend pour point de départ une origlne où cohabitent 1es humains et les ogres (ou ogresses), ra culture et, 1a nature. Sous cet angle, i1 semble que l,anthropophagie att,ribuée aux ogres n'esL pas moins at,tribuée aux humains êt, Comme

paral1è1ement, res humains ne seraient, pas plus humains que ogre

s

1es

.

Eaisant de 1'anthropoph.agie une raison, 1es humains, selon une représentation de Ia rdnonciation à 1'union (adopt,lon et

) avec les ogres ( ou ogresses ) semblent affirmer curturerlenent une différence par 1e pouvoir-dominer 1a nature (cf. C11). Toutefois, si les C1, C2 et. C11 vont dans ce sens, 1e c23 réhabilite ra retativité de cett,e forme de différence par domlnation, étant donné que 1a représentation du mariage de i.a . femme humaine avec /seffar thwa/, descendant d'une ogresse, se caractérise par yunion des contrai.res (femme mariage

humalne VS ogre non humaln).


347

Nous venons de repérer

et de souligner deux aspect,s dans nos contes de référence: 1'un explique comment s,effectue 1a mutation nature / cult.ure à travers d"F représentations <ie rerations entre te non humain et l,humain; r,autre représente i'unité "iriiiia1e" des contraires séparés eL explique commenc cette " indivisi.on" rend posslbl-e 1'entente (cf . c23 ) ceci dit., d'un autre point de vue, cette indivision comporte t,out de même des unit.és discrètes (des actants représentés par x et y) en int,eractions par production dans ies parcours narratifs de 1'éloignement, et de 1a dlsjonction, donr, x et y sont ensembies responsables. Entendons-nous bren pour. mieux saisir 1a reration entre ra nature et 1a cuiture car 1'humain n'esr pas seui à être responsable de 1a réalisation - , ne serait-ee que parce que 1, ogre (ou de Ia dominati -orl: {É-) J-'ogresse) est t,ou;+ours présenté(e) comme actant doié d,un savoir et, pâr conséquent., d'un pouvoir dont l-,homme ne dispose pas. Dé jà, 1e pouvoir-se métamorphoser en hurnain est at,irlbué .

exclusivement à 1'ogre; contrairement à I'humaln qui n,apparaic nul1e pârt dans notre corpus comme sujet, dot,é du pouvoir se méiamorphoser en ogre. En outre,

cêrtains secrets sont 1'attribut de 1'ogre=""1. cet acLant est donc ,,insLruit,,; 11 est même doté du pouvoir prédire et percevoir Les choses. cette instructi.on de l'ogre (ou 1,ogresse) met ilhumain dans une position où 11 ne peut. pas ne pas contract,er avec lui (ou e1le). En d'autres ternes, f instruction de 1,humain, seron 1

des

voir entre autres C1: 1es secrets du vent, de la p1uie, , des profondeurs des mers. . . sont dé t,enus par

nuages

1'ogresse, mère adoptive de Lei1a.

.!r,,É.rr]i%


348

nos contes, doit passer par ce11e des ogres comme si ees derniers étaient Ies ancêtres pour se procurer 1'enseignement adéquat pour "comprendre" et "dominer". Dans ce rapport, 1 'humain se présente comme suj et " s' instruisant" sous 1a direction c1e " f instruit," en clotant. son savoir acquis par une proîression qui accorde au nouveau savoir un trait supérat,if, un passage à un degré supérieur pour pouvoir dominer: "7e sujet instruisant donine t,ou jour,s 7e su jet instrujt" l, raison pour 1aque11e, selon nos considérations, nous pouvons conë1ure que dans:

nature ogre ( sse )

vs

culture humain

1a nature par rapport à 1a culture est déjà régie par " ure logique de force"2 prisque 1'ogre (ou 1'ogresse) détient, un pouvoir du savoir que 1'humain s'acquiert pour en construire un autre qui lui permet de doniner au lieu d'être dominé.

Partant de ces quelques remarques, nous voyons que 1a conjonction et f indivision initiale sont culturelles dans 1a mesure où 1'union entre x et y enLreti.ent une relation avec Ia disjonction entre x et y et Ia rend indispensable comme réalisation pour en tirer sa propre signification. Désornais, liunit,é réconf ortante ou sécurisante dans C23 n,'y sera que pour rendre nécessaire 1'établissement en quelque sorte motivé de

p.

1 r. -c. 82. 2 ruia.

coQUET,

p.

84

Le discours et son suiet , T.1, 9-P-:--cit..

,


349

. 1ois,

d'un ordre , d'un classement. lra reconnaissance par

d'avoir Iui-même établi cet ordre lui fait ressentir 1e besoin cie comprendre ses propres actes en les r:amenant au point, de départ qu' j-1 articule à son ét,at culturel et en les c()ntant à travers des récits qu'i1 utilise justement pour justifier et ses actes et ses états, après avoir int.ériorisé 1e principe de 1a oomination par f insiruction et 1a 1'homme

construct j-orr du savoir pour pouvoir dominer,

, L€ conte a l-a faculté de produire toutes ces indications avec une économle frappante au niveau même de ses énoncés introductifs

à 1'acte de conter. I1 suffii, Ce prendre quelques

exemples pour s'en rendre compte:

- /Hajit,-k waHed 1-ma1ik (w ma malik Gj.r 1lah)/ (ar; je 'u'ai conté qu'il y avait, un roi (et i1 n'y de roi que Dieu ) ) ; - /Hajit-k je t'al

waHed

r-raje1 Gani (w ma Gani Glr ReBBi)/ (ar:

y avait un rj-che (et il n'y a de riche

conté qulil

que

Dieu)); - /Hajit-k idj n weryaz 6 ameqranl ur yemGir Gir ReBBi/ (ber: je L'ai conté qu'iI y avait un grand homme et iI n'y a cle grand que Dieu)

;

- /yekker yun uryaz ur iGi aryaz Gas ReBBi/2 (ber, litt.: iI ét.ait. une fois un homme e§ n'est, homme (puissant) que Dieü1. Dans ces exemples, i1 est aisé de repérer 1es figures de

"roi",

"riche",

"grand", "puissant"

auxquelles convient

Lrait de dominant par 1e pouvoir et qui se définit

1e

par sa mise

1 En berbère, /ameqran/ signifie "grand, viêux, ancien, âgé, puissant".

2. RecueiIli dans les régions d'Errachidia.


350

en relation avec 1e t,rait de dominé qui convient aux gouvernés,

aux pauvres, aux petits et aux démunis de tout pouvoir. En somme, 1es contraires sont nettement tracés et leur union est sous-tendue par le pouvoir de Dieu. Dès rors, nos énoncés lndiquenL en même temps l-es contraires séparés et leur union;

1'usage de 1'unité

de la dr-ralité et de la dual-ité indépendamment, de 1'unit,é est 1e savoir organisateur de l_a cité humaine clont 1e principe est 1a "classification" présl11ée par "1'U?-ique" en tant que "Repère" sécurisant coritre la complexité de 1'ordre présumé et, prétendu comme te1 par 1,homme à 1a recherche de Ia domination. Dans ce cadre, 1e conte comme 1e mythe, sert à produire

un sens du " rzilTage planétaire" seron 1'expression de l,lc Luhan,

en justif iant ses f ondement,s par 1'éviction de cett,e espèce de f rontières entre 1es é1ément.s constitut,if s de l'interacti_on

entre x et Y et par sa réhabllit.ation pour 1es besoi.ns du fonct,ionnement du "vi11age". c'est par ce moyen de 1'union entre 1es contraires qLle 1a dominat.ion par 1e puissant devient moins écrasante qu'e11e .l'est, vis-à-vis du dominê. Laissons de côté ce point, pour ne pas nous éloigner <iu vif de nos préoccupations et essayons de mettre 1'accent sur l'idée

suivante: 1es signiflcations susceptibles d'être retenues par une lecture qui considère 1a binarité suivant des reiat,ions d'opposition entre unités dans 1e conLe , pour peu qu, on y regarde de près, s'avèrent actuarisées comme te11es non pas fondamentalement pour rendre compte des seuls positlf et.


351

négatif , mais surt,out, pour rendre com,pte d'un continu qui caractérise ce qui est appréhendé comme opposés1. 11 est vrai que Ia perception Ia plus immédiate de la mise

en relation entre, pâr exemple 1a nuit et le jour, consiste à dire gue Ia nuit est ee que Ie jour n'est pas et que 1e jour

est ce gue Ia nuit n'est pâsr ou eneore, pour prendre un aut.re exemple, que 1'ogre ( ou 1'ogresse ) esL ce que 1'humain n, est pas et que 1'humain est ce que 1'ogre (ou 1'ogresse) n,est pas. Toute autre est 1'actualisation dans nos contes de ces exeiûp1es clonnés comme séparés. somne toute, nous dirons que le continu est prévisible comme angre de saisie des significations des opposés. Cet angle tient compt.e du fait que ce n,est pas 1e caractère discont,inu des é1éments opposés qu'i1 faudraii considérer, mais plut,ôt, de 1a pertinence de ra relation opposit.ive comme plan axiologique qui unit entre 1es séparés ou opposés. c'est à ces conditions que se soumet }a dualité au sens large, pour permettre à la notion de "valeur" de prendre place dans 1'univers sémant,ique du conte. Ce point, de vue, s'iI mérite d'être retenu, 11 faut qu'i1 soit southis à une vérification par des analyses concrèt,es qui ne solent pas restreintes aux quelques exemple§ que nous avons pris. En attendant que 1'analyse réponde à cette exigence, dans une visée plus large que la nôt,re, nous faisons nôtre f idée binaires (.,. ) qui constituent noderne et sont aux principes de nos

de'T.,. .Yacine: «-tês opposit,ions

les référents du Tangage

1

voir

Pour plus de détails sur 1a "binarité' et 1e "contj.nu" , Théorie et analvse en llnquistlque, Hachett,e, 20-43.

B. POTTIER, Paris , 1987 , pp.


352

jugenents, troûvent, Teur fondenent dans 7a myt,hologie. Les nyt,hes enseignent 7es principes de fonctionnenent du nonde aatour de 1'unité des contraires (,..) [pour] just,ifier 7e pouvoir de la cultuie sur 7a nature.»1. C'est dans ce sens, pensons-nous, eüe Ie conte-mythe construit des représentat,ions socio-culLurelles intériorisées ; ces représent.ations semblent aller d'ef1es-mêmes comme si elles avaient toujours été là pour exercer leur fonction de poser des contrai,res, des séparés ou opposés suivant 1e continu ou 1'unité pour évincer, ou du moins, atténuer 1es effet,s de 1a contrariété dont les manifestations sont courantes socialement parlant. d'éclairer quelques aspects. Souvenons-nous que 1e CL4, par exemple, propose un jeu assez curieux: faire semblant de dormir pour voir -que Ie sommeil ne peut rendre possible- est Ia ruse ut,ilisée par les frères pour parvenir à découvrir "l'étrangère' (1'hérotne) appelée /sensli dehbi/. Dans notre conte, cette ruse ne permet à aucun des frères de parvenir à 1'objectif, au savoir sur I'identité de "f intruse": Ie sommeil joue ici Ie rôIe d'anti-sujet. Et pourtant, i1 faut bien gue Ie programme des frères se réalise. À ce niveau, il devient difficile d'expliquer comment 1e conte réaLise une forme d'arrangement en faisant conjoi-ndre 1e somme,il', de I'un des f rères qui tente de découvrir "f inconnue" à 1'acquisit,ion du savoir par "1e voir" (Ia percepLion), Essayons

T, YACI§E, 'La fonction des récits d'orlgine et des uythes dans 1'organisatlon sociale kabyle" (dactylographlé ) , p.105. 1


353

puisque nous venons de dire que le sommeil joue le rôle d'anti-

et et qu'en tous

, 1e savoir ( 1a découverte ) est conditlonné quant à son acquisition par "le voir". Seul 1'évei1 permet "le voir" (Ia perception). Or, le conte pel:siste à faire valoir 1e sommell tout en rendant possible "1e voir" comme si ce dernier était utilisé pollr unir 1'évei1 et 1e sommeil ou plus généralement, 1e j our et 1a nuit, la lumière et 1'obscurité: 1e conte semble jouer sur une contradiction. Nor-rs s;ommes en présence d'une caractéristique en générai courante dans 1e conte dans 1a m_esure où ce dernier donne tcujours cies issues en produisanl et en récupérant, à parti: de contraires, un effet qul lul permeL de résoudre ce qui est su3

cas

à nos yeux contracliction. Du même coup, i1 canalise ou " focalise" ]a narration, d'un point de vue discursif et narratif, en actualisant un plan axiologique qui tient, compte de 1'union entre 1e sommeil et 1a perception (cf. noLre cas dtt C14 ) . Pour s'en rendre compte, i1 sufflt, de s'entendre sur ceLte union teLle qu'e11e s'actualise par 1'utilisation des termes: sommeil et vue , dans 1a configuration. C'esl- à ce niveau que nous touchons de pras à la quest,ion du rô1e du lexique dans 1es configurat,ions discursives. Faisons une lecture même superficielle de Ct4 -toutes versions confondues- pour nous apercevoir que seul Ie frère (1'aLné), dont Ia vue nécessaire au savoir est qualiflée de "défai11arrte"1, peut savoir qui est "I'étrangère". Ainsi, ce

t h"d 1-wlad xu-hum 1-kbir /wiya ma y-luf-f, que nous traduisons faute de mieux pêr: l'ainé des frères a une vue relativement "défaillante" .


354

trait, dit, "défai1lant", caractérisant 1a vue chez Ie frère, s'avère 1'é1ément qui coordonne entre Ie sommeil qui empêche "Ie voir" et 1'évei1 qui le rend possible. La vue "défai3.lante", dans ce cas, se rapprocheralt du sommeil comme e11e se rapprocherait, de I'évei1. Pour être plus précis, rrous dirions que 1a vue "défai1lante" met en place la mutation int.ermédiaire du sommeil à 1'éveil selon:

(

Sommeil

6

veil

cécité

(

vue

)

1

I

I

I

I

I

)

I

I

non- éve i1 (

non vu e)

I

n ôn- somme (

i

1

non-cécité

)

"défai11ance" relative de 1a vue

et 1e non-sommei1, i1 apparait que 1'union des séparés: éveil et sommeil impliqués respect,ivement par 1es premiers, est construit,e comme "modalité" qui rend possible 1'acquisition du savoir. sur I'identité de /sensli dehbi/. Dans un sens plus 1arge, nous pourrions retenir de ces considératj,ons que 1e somneil et 1'éveil devraient, avoir quelques af f init.és sémant,iques particulières dans 1'un j.vers des En considérant, 1e non-éveil

contes. À ce propos, rappelons qu'en effet.r le somneil dans C7,

univers du rêve du roi, se rapproche, par ce même univers, de 1'éveil dans C12i et que, pâr al1leurs, Ia cécité, conçue comme


355

te11e dans 1'évei1 -de toutes 1es façons, dans re sommeil, elre

ne peut être ressentie comme t.e11e- rappelle 1e sommeil pour 1égitimer 1a signification du rêve dans 1 , éveir1. L, évei1 , conjoint, à 1a cécité, apparalt ici comme un profond sommeil que 1a vue annule; 1e sommeil apparaît comme un profond évei1 qui permet Ia communication (cf.c7) ent.re le roi et 1,ange pour

que

f invocation d'engendrer un enfant se réaIise justement dans 1'évei1. Nous ne prétendons pas

avoir produit des vérifications sur tous 1es aspects relationnels de sommeil et évei1 comme contraires séparés mais, au moins, 1es exemples que nous venons cie donner semblent intéressanls à retenir pour expliquer

1e

point de vue avancé. A déf aut de cette justif icat.i.on approfondie par des données plus convaincantes, nous pourrions élargir "1'esprit" d'une telre ébauche à 1a manière iiont 1a représent,ation de 1'unité se réalise en coordonnant entre des eontraires ters que 1e pouvoir (1a puissance) vs 1e devoir (la f aibiesse ) , Ia richesse vs la pau.rreLé, la quand même

dominat,i.orr VS 1a soumission. . .

pris ces exemples car 1a cont,rariété y est si flagrant.e que 1e conte ne 1a récuse jamals. Au contraire, les expressions tel1es que: "autrefois i1 y avait un roi et il n,y a de roi que Dieu", sont si courantes dans 1es formules Nous avons

1 C12, grâce à 1'hospitalité vis-à-vis des Saints, 1'i-nvocation de retrouver 1a vue se réalise chez ra femme aveugle: 1-mra bqa-t t-luf bHar 11i dak f-lL kan Gi Hurm (mnam, selon res versions) (ra femme retrouva la vue comme sl ce n'était qu'un rêve).


356

inaugurales gu'eIIes peuvent serv j-r d'exenple t,ypique du

j eu

de l'union entre contraires.

La formule que nous venons d'évoquer rend compte de: 1. 1e roi n'est roi que par le pouvoir (ta pulssance qui

lui est communément admise selon un contrat implicite entre 1ui et les gouvernés); 2, ces gouvernés sont bien une collectivité qui se sounet, à ce pouvoir même si etle est à 1'origine de son attribution au roi. Ces deux points nous amène.nt à réécrire ce que 1e conte pose par ceËte formule iniLiale: roi VS gouvernés, dans 1e sens où 1e pouvoir est forcément une modalité qui s'exerce sur un sujet qui se Lrouve en position hiérarchiquement infêrieure; d'où, 1'opposition dans 1a hiérarchie: supérieur ( pui.ssant ) V§ inférieur (faibte). Toutefois, étant donné que cette relat,ion est en termes franchement exprinés par l'opposit,ion et 1a contrariété, i1 faut bien, encore une fois, qu'e1Ie soj-t ramenée à I'union dans le sens où si le pouvoir du roi s'exerce et est reconnu comme te1, i1 s'annule devant, celui de Dieu. La hiérarchie s'annule pour céder la plaee à "1'un-ité" à laquel1e 1'opposition se soumet, pour lui être relat,ive. Le conte articule alnsi entre cleux plans:


357

ro].

VS

(pouvoir)

sujet,s gouvernés: 1. 1e conte pose 1'opposition (devoir)

Ie conte relativise 1'oppo-

sit,lon en retirant au roi 1e pouvoir

pouvoir de Dieu

11 apparalt. clair que Ie type de rapport par I'intermédiaire du pouvoir, entre Ie roi et les sujets qu'i1 gouverne n'est plus en vigueur devant 1e pouvoir divin dont nous avons déjà parlé. C'est par ce dernier que se réalise 1'unité. A ce niveau, il senble que 1'union par Ia figure de du discours religieux, rejoint 1e même fonct,ionnement que celui de 1'union des contraires dé j à évo{ués. Ceci a tout 1'air d'avoir une port,ée qui se répèt,e suffisamment pour que 1'étude questionne cette technique qui consiste à ramener 1'oppositj.on ou 1a contrariété entre éléments à l'union: cette dernière n'est-e1Ie pas posée

Dieu, figure

essentj.ellement pour 1égit,imer les contraires

?


358

1. /r-rezq/, un don de Dieu

cette questlon ne nous semble importante que dans ra mesure où elleinous a permis d'insister sur 1a manière dont des contraires séparés peuvenL être repensés par leur "ré-union,,. Et pour écarter de notre itinéraire re débat sur ra notion de dominatlon et de hiérarchie pour permettre, semble-L-i1, une certaine organisatj.on, nous aimerions retenir 1a seute iaee aes représent,ations de 1'unité qui re1èvent,, seron nous , d'une dimension mythique dans le cont,e populaire oral Les diverses ut,ilisations par le conte de figures investies du pouvoirl d'un roi par exemple, sont en occurrences nombreuses en relation opposit"ive avec 1e devoir d'un sujet subissant ce pouvoir. cette relation sert à rendre admissible ilunit,é par 1'lnstance hiérarchlque dite Dieu, 9ui instaure un sens de richesse dans ra pauvreté et de pauvreté dans 1a richesse. Nombreux sont 1es contes où Dieu enrichit le pauvre (en lui falsant. acquêrir un statut, de gendre du roi par

L tt-Lw!z/ (p1èces de monnale en or), /d-dheb / (ar: 1,or), /r-rezq/ (ar: res biens), /1-yaqut/ (ars plerres précieuses), /s-suldi/ (arr p1èce de monnale), /s-sruea/ (ar: chaine en or ornée de 1-lwtz ) , /n-nugra / (at: 1'argent) , /I-flus/ ( ar: 1'argent, la monnaie), /D-Duru/ (pièce de monnaie).


359

exemple)'et où Dieu appauvrit, le roi ne serait-ce que par le fait que ce dernier est présenté sans progéniture (cf. C7). Prenons cette configuration où 1e motif de 1a richesse est

récurrent par plusieurs unit.és comme nous venons.de 1e dire. Pour commencer, nous saisirons ce moLif pour 1e sit,uer dans 1'environnement syntaxique et sémantique du contexte configuratif: objet, accordé par Dieu à qui fI veut, i1 n'est soumis pour être communi-qué à aucune modalité cont,raignante sinon -comme on peut s'y at,tendre- s'11 y en a une, e11e rel-èvera d'une sorte de contrat unilatéraI dont dépend 1a réconpense divine. A Ia soumission à la volonté de Dieu (1a d'un foi ) peut répondre le don-récompense au profit bénéficiaire ( cf. C12 ) Vu sous cet angIe, /t-rezq/ (ar: Ies biens) qui devait en principe prévoir, d'un certain point de vue culLurel, un aspect social par une structure économique, n'est pas à un niveau cl'abstract,ion " f interlocuteur" d'un syst,ème de relat,ions basé sur I'échange dans Ie sens que M. Maussl at,t,ribue à ce t,erme. C'est bien Dieu qui accorde /r-rezq/ et 1e retire à qui It veut. ta richesse et, 1a pauvreté dépendent, de ce fai.t, d'une organisation suffisanment, programmée par 1e vouloir et 1e pouvoir de Dleu dont le statut est supérieur même à celui dont, une image t,héoriquement représentée par le conte, t.end à Ie confondre avec 1e Puissant,. Mieux, même si /t-rezq/ s'avère, à quelque nuance près, 1e résuItat, du travail d'un sujet .

I 1980.

u. l,lÀUSS,

Soclolosie et ant,hropoloqie, P.U.F. Paris,


360

hunain, iI.n'est conçu comme te1 que s'i1 est admis qu'i1 est obtenu par 1a bênédiction de Dieu. Par ces indications que 1e motif de /r-rezq/

banales en eIles-mêmes, nous voyons

s'avère

un

don accordé par Dieu:

1a

ccnfiguration est intéressante dans 1a mesure où 1e bénéficiaire de ce don y est mis en scène de sorte que sa conjonction avec /r-rezq/ ne dépende nullement de lui mais de celui qui coordonne par son pouvoir entre 1a richesse et 1a conçue s d'ailleurs culturellement. En d'autres termes, !'opposit,ion qu'i1 y a entre 1e positif et 1e négatif, invest,is respectivement dans 1a rlchesse et 1a pauvreté, est rendue relative par I'excluslon ciu négat,if pour ne retenir que 1e positif à titre supératif chez Dieu. A ce niveau, i1 se peut effectivement qu'i1 y alt une confusion entre Ie posit,if de Ia richesse et Ie négatif de 1a pauvreté socialement parlanL, face au positif de la richesse dlvlne; mais, finalement, Ia richesse divine est de n'être ni richesse ni pauvreté semblables à celles de 1'humain puisque Dieu, conne nous 1'avoàs vu dans C ? et CJ"z , accorde non seulement 1a richesse dite /rezq/ et 1a pauvreté inais aussi 1'appauvrissement par 1a rj-chesse et I'enrichissement par 1a pauvreté (ta femme aveugle est pauvre et dès qu'e11e offre I'hospitalité aux Saint,s, 1e volune de 1a pâte gu'e11e se met à pétrir augmente). De ce point de vue, i1 s'avère, enfin, que

pauvret,é

te 11e

s

qu'e,1

ies

sont

seule 1a foi compte et gue c'est cela même 1a richesse de 1'homme qu'i1 soit pauvre ou riche mat,ériellement parlanL. De fj-1 en aiguille, nous sonmes arrivé à montrer gue /r-rezq/ est t,ributaire du don-récompense matérieI (des biens)


361

est vu sous 1'angle moral. Car c'est par ce dern|er sens, nous semble-t-i1, que I'union entre richesse et pauvreté se t,rouve fondée. L'intérêt ici est, de voir commerrt 1'union se réalise par I'invest,issement d'une valeur cult,urell-e sous-tendue par une isot'opie religieuse. Dans ce même' ordre d'idées, nous pensons que 1'union des contraires assure 1a fonction de coordonner entre Séparés pour rendre compte de valeurs peu perceptibles à un dans un sens moins important que lorsqu'iI

niveâu de lecture superficielle. Nous pouvons mênê al1er jusqu'à dire que cette union est, sémantiquement parlant, 1a trace par excellence d'une actualisat,ion de valeurs dans 1e discours narratif, en I'occurrence 1e conte. Le sens moral , comme valeur invest,ie dans / t-rez9./ , apparaLt clairement dans divers récit,s comme don divin: des expressions comme t / rezq-u lIah 1-'iman/ ( ar: Dieu lui a accordé Ia fol), /rezq-u Ilah bent (weld)/ (arr Dieu lui a accordé une fille (un garçon)) et même Ie faire séducteur de 1a beauté de 1a femme (cf.c14, c18, C24) en témoignent. Le discours à caractère religieux donne ainsi une justificat,ion "réconfortante" de ce qui distingue les riches des pauvreS par une unl-on suivant un sens moral qui expulse la hiérarchie basée sur la séparation et 1a classification sur terre. Ceci dit, il semble, d'un autre point de vue, que cette union devient e1Ie-même, ce. qui justifle Ia séparation pour 1a rendre Iégitime culturellement parlant. Car nomner 1'union d'une manière ou d'une autre suivant une valeur actualisée dans un discours, ne consiste pas à reproduire cette union de telle


362

sorLe qu'e11e représente une "réaIité" socialer flornmêr l,union assure plus Ia fonction de classer gue celre d,autre chosel.

sous cet ang1e, i1 semble que 1es contes int,roduit.s par des fornules te11es eue: 11 y avait, un roi (un richer ürl

/aryaz/) et ir n'y a de roi (de ri.che, d,laryaz/) que Di_eu, construi§ent, une conceptlon sur la séparatlon et, la relativisent en même temps en privilégiant explicit.ement 1'appréciation selon 1e positif des éIément,s: richesse , pouvoir, royauté; un énoncé te1 ,eue "iL y avait un homme pauvre..." pour inaugurer un conte, n'est jamais suivi par ".,. et iI rr'y a de pauvre que Dieu". par cette remarque, nous voyons comment, dans un conte où une isotopie religiieuse est déc1arée dès son ouverture, 1'union entre séparés est orientée

vers une appréciation admise culturellement suivant 1e posi.f,1f de 1'un des deux é1ément,s séparés, En l, absence de cette isot,opie dans un conte , 1 'appréciat.ion n'entre guère en j eu:

1a valeur dans 1'unlon des contraires dans ce conte n'est comparée nl à 1'un ni à 1'autre des éléments séparés. Nous venons de distinguer entre deux types d,union entre séparés €t, par 1à nême, entre deux valeurs par l, union dans les contes. Dans un cas, nous avons not,é une forme d'appréciat,ion: "iI n,y a de grand, de riche... que Dieu,,; dans 1'autre, une absence d'appréciatlon conme si ilunion enLre I 'humain et 1'ogre ( ou 1'ogresse ) par exempre , était, indépendante de Loute appréciatlon dans 1e discours narratif. Par cette distinction, chaque fois qu'ir y a appréciat,lon, iI 1 Drrr= ,rn sens

plus général, "nonnet n,est pas reproduire, nais classer" , C. HAGEGE, L'homm,e de parole , op. cit. p. l-2g .


353

sembre qu'el1e est à mettre sur le compte de 1'homme en tant

qu'être cu1ture1, ce dernier ne peut émettre d'appréciation que sur ce à quoi i1 aspire à f image de ce qui lul convient, et qu'i1 tente de s'approprier en justlf iant. son ac:t.e par 1e pouvoir de Dieu qui coorrlonne entre les opposés: ét,ant donné que 1a riehesse est jugée posit,ive par cet homme producteur rju ccnte, ce11e que ce conte, comportant une isotopie rerigieuse, ât,t,ribue à D j.eu pour 1égitimer celre de 1'homme , ne peut être que positive sinon -et indépendamment de 1'homme et de sa culture- 1a richesse, comme 1a pauvreté, ne serait ni positive ni négative . Nous re j oignons par 1à 1a seconde valeur de 1 'union dans 1e second " lype " de contes. Autremerrt d j-t , ]a construction d'une appréciatj-on dans 1e conte est fortement cu1t.urel1e partlculièrement lorsque ce conte comporte une isotopie religieuse. De manière explicite r nous voyons que re discours religieux intégré dans 1e conte au niveau de certaines ouvertures te11es que ce11es que nous avons citées, pfésente une certaine st,ratégie culturelle pour coordonner entre 1es flagrantes "dis-harmonies" (opposit,ions) selon un principe: rendre 1égit,imes et faire assumer les différences ou 1es conlraires en 1es faisant reconnaltre passivement. Ce discours émane pour ainsi dire de 1'homme et est mis sur re compte de Dieu, instance nécessaire à 1'homme en guestion pour réari-ser sa strat,égie. C'est comme si nous clislons, en ef f et, que 1es gros problèmes sur terre sorrt créés par rhommei €t, incapable de les résoudre, c€ dernier res expédie à Dieu pour res résoudre. cette visée, ou si 1'on préfère, cette façon de voir


354

les choses, est, différente cie celle du conte-mythe, en ce sens que ce dernier éta1e " les cartes" floues de 1'homme en proposant des solutions d'unification avant gue ces cartes soient problématigues. Nous avons vu dans ce sens 1'exemple de 1a mutation "évoluLive" dans les relaLions: humain VS ogre (ou ogresse), sommeil VS évei1 ou encore vie VS mort. Cette idée nous amène à penser que L'homme dont traite le mylhe semble encore à Ia recherche d'explications pour s'organiser dans son univers; 1'homme dont traite Ie discours religieux semble avoir acquis 1'enseignement du mythe dont f instruction motive la dominat,ion en se référant à Dieu Pour 1égltimer 1e statut qui aspire au pouvoir sr:r terre. C'est cela même que nous appelons culturalisat.ion de 1a nature pour gue se produise I'homme dit "civilisé" et naturalisation Ce ia culLure pour rendre celle-ci justifiée en 1a rattachant par f intermédiaire de 1'enseignement-instruction acquis, à une instanee unifiante.

Partant de ce point, de vue, i1 semble -toutes proportions gardées- que 1e religieux a une certaine parenté avec 1'enseignement du mythe, La différence à noter dans ce cadre, concerne l'appréciation du pouvoir de 1'humain individuel dominant, appréciation négative exclusivement face au pouvoir de Dieu. Pour ce cas, Le mythe ne poserait pas 1a domj.nat,ion

en termes de h1êrarchie issue de' positions de dominant / dominé, mais en termes de mutation à partir et par une conjonction initiale. Ceci explique pourquoi iI est courant dans 1'univers des contes qu'une ogresse adopte une fi1le


365

humaine (cf . C1) ou qu'u,n descendant d'Une ogresse épouse une f emrne

humaine ( cf .

C23 )

.

Nous assistons donc à deux procédés narratifs. L'un s'appuie sur une vision culturelle; 1'autre, sur une vision rrat,urelle qu'i1 f audrait resituer dans 1a neutralité du mythe pour tenir compte du rePport relatif entre 1a nature et 1a culture. C'est par ces indications gue s'explique 1e- falt gue le conte ne peut, à nos yeux, être comparable à un discours qui comporte des traces de validation de contrariété comme celle cle puissant VS f aible, grand VS pet,it. . . , dans Le sens où ie

puissant est ce que le faible rr'est pas et ]e grand est ce que 1e petit n'est Pas ; pour ne prendre que cet exemple , l-e puissant, ou iuppose comme te1 dans le conte, est souvent faible devant 1e pet,it, (cf . les versions de lmqide//, par exemple ) . Par ceS actualisations du pouvoir et de la grandeur

attribués au petit, ou, plus génêralenenL, Pâr 1'union entre séparés comme "grand par Ie pouvoir de la ruse" eL "petit", }e conte re j o LryTz Le mythe dans 1a mesure où , comme nous Ie d j-t Lévi-St,rauss, " i7 ne s'agit pas (.., ) de choisir entre conte et nythe, nais de conptendre Eue ce sont, deux pô1es d'un «tautes sortes de formes comprend danaine qui intermédiaire s, "1.

cette question à propos du mythe que nous avons dé jà considérée (cf . p. ?9,7.) pour complêt,er ce qui a été laissé Reprenons

en suspens.

1 cite par r.

22, L976, p.

18.

CotoNNA, Revue

de 1'Occident musulman, No


366

Si C. Lévi-Strauss affirme qu'il n, y a pas de mot,if sérieux d'isorer mythe et conte et qu'une même analyse devrait 1es appréhender1, c'est qu'urre tentative de res isoler a vu 1e .) jour". 0r, s'i1 y a un problème à propos d'une distinct.ion

entre 1es deux, i1 peut être résoru par la constatation suivarrte: tout conte qui corrstruit des représentaiions culturelles est une référence à du dé j à-dit <iont 1e rô1e instructif réa1isé d'une manière ou d'une autre et que l'analyse se charge d'appréhender, est largement, communiqué par les discours qui coordonnent entre des contraires ( 1es mythe§ ) Dans ce sens, 1a parenté qu'i1 y a entre le conte et re mythe permet 1a construction de discours narratifs à l,image d.'uil sens désiré à êt,re donné à 1'existence au sens large du terme. La caractéristique é1émentaire du cont.ê dit individuel et ce1le du mythe dit co1lectif3, tiennent compte, selon nous, c1e f inscription d'lsotopies dans des dlscours narrat ifs construits sur une struÇture du myther f isotopie religieuse par exemple est 1e produit de 1'effort d'un discours qui con§iste à 1a mettre en oeuvre pour 1ês fins dorrt nous avons .

évoqué quelques aspects et dont f intention est en quelque sorte "camouf 1ée". cett.e interrtion esL partiellement à l, inage

de 1a construction organisatrice d'i-sotopies dont la portée sémantique est 1'errsemble des codes figurat,ifs sous-tendus par ,les "mythèmesi' selon 1'expression de Lévi-Strauss. 1

c. lrvt-srRAUss , Ànthropolsqie structurale , P1on, Paris,

1,973, pp. 157-153, Z

3

N. FARES, Revue de 1'Occident musulman , op. ciL. Nô 22. Voir, entre autres, D. PAULME , op. cit. p. 11.


367

Toutefois, 1e premier discours où une isotopie franchemenL religieuse est relevable, n'est quand même pas superposable au myt,he. Entendons par 1à que 1'analyse devrait, tenir compt,e de discours distlncts dans 1e sens où même si ces discours coexistent dans un seul produit narratif, 11s sont construits suivant deux voies qu'i1 conviendrait, de distinguer. ce point, de vue consiste alors à voir f individuel ( le cont,e ) comme proche d'un soubassement dt à f intégration de f isotopie religieuse dans 1e conte-mythe. Dès lors, 1e collectif sera valable aussi bien pour 1e conte que pour 1e mythe si '1 'on admet que 1e religieux, conme nous Iavons laissé enterrdre, assure une fonctlon d'uni.on comparable à celre du mythe. Ainsi, " La description des iltythes ou des contes n, est que Je détroiTenent du niveau idéologique caché sous fes apparences d'un faire anthroponorphe"L, Précisorrs quelques points de détai1s. L'appréciatlon dont nous avons parlé ci-dessus porte sur f int,égration de f isotopi-e dite religieuse et, adoptée par 1e conte-mythe. C,est 1à que réside, pour nous, 1e collectif étant donné que 1'appréciation en question esÈ assurée par 1a valeur tle 1a négat,ion: i1 n'y a de roi que Dieu, êt par 1'exclusivit.é du règne à Dieu, faisant 1'unanlmité d'une corlectivité externe et indépendante de t,out individu. En outre , cet,t,e appréciation "objective" intèqre f isotopie dans les axiologies du contemythe de manière cohérente et conforme à un consensus socio-

1 e. J.

Paris,

L976

GRETMAS

, p. 203.

, §émiotique et sciences sociales , Seuil,


368

alt cu1ture1, sinon, notre produit n'admet pas qu'i1 assomption individuelle. Nous sommes parti de f idée que 1'union entre contraires est 1'une des spécificités du conLe-mythe et que tout discours qui exploite cette caractéristique comporte une dimension mythique. De ce fait,, nous estimons que ce discours n'apporte rierr de nouveau quarrt aux stratégies de sa construêtion sou§ .1'angle de 1'union entre contraires. Mieux encore, cette union errLre contraires propose un modè1e qui donne au discours non mythique ou supposé comme te1, les moyens de s'intégrer dans 1e conte-mythe. Sinorr, d'un autre polnt de vue, ce discours s'enracine dans Ie conte-myt.he par au moins la fonetion déclarée et tente de s'en éloigner pour produire des effets dont 1e but est d'agir autrement que le conte-mythe. Rappelons à ce propos que ce dernier, lorsqu'i1 est dlt /mHa)tla/, est marginalisé notamment quand i1 est jugé sur son caractàre

fictif

et irrée1.

La valeur dans 1'échange

et ses investissements en récupérant une hypothèse émise à propos d'indicat'ions sur 1'union des contraires pour décrlre 1a manlère dont f isotopie dite religieuse eSt inscrite dans 1'ouverture de eertains conLes. Nous avons aussi vu que /r-rezq/ étaiË 1'une des Nous avons exploité /r-tezq/


369

manifestations du pouvoir et qu'il n'était pas sounis à 1'échange entre Dieu et Ie bénéficiaire. A présent, i1 est temps de préciser que ceci ne veut pas dire que notre corpgS ne comporte pas d'ocCurrenCes danS une où 1'échange intervient po,ur valoriser conf iguration socialement 1es obj ets échangés. Toutefois , nous 1'aurions constaté si nous avions évoqué 1a quest,ion du rapport entre /r-rezql et ses autres expansions lexicales (cf.p. 35S, n. f)î avant qu'une représent.ation de 1'échange fasse 1'objet d'une narration, i1 faut que 1es objets d'échange soient soumis à une espèce de rappel: seul Dieu accorde aux humains ce qui l-eur permet d'orgariiser des contrats d'échange sur terre. La notion de valeur est spécifiée dans 1e C31; e11e est dlte /qima/ suivant un système d'échange qui invente 1a monrraie conLre 1a maison à vendre. Dans CLg, /l-flus/ (ar: 1'argent), pour désigner cette monnaie, sert pour 1'achat d'habits et de préparatifs par 1'homme à sa fiancée (/z-zha)/). Enfin, nous voyons que 1a monnaie est un molif qui apparait dans des configurations d'échange et gue jusque 1à, rien p'a 1'air notre curiosité. Ceci dit, quelques unes de noS occurrences Pourraient êlre intéressantes à certains égards des représenLations de

d'attirer

1

'échange

.

On sait que /l-\wiz/ (arr pièces de monnaie en or). /n-nuqra/ (ar: ârgent) et /1-yaqut/ larr pierres précieuses) sont utilisés dans le conLe pour désigner particullèrement 1a rareté et "Ia haute" valeur des objets contre Iesquel" ii" sont échangés. Ces objets sont invest,is d'une te1le valeur car iIs


370

sont exclusivement à Ia portée de ceux qui disposent d'un pouvoir pour Ies avoir; iIs sont utilisés dans des parcours figuratifs qui s'éloignent de la sirople " 1ittéra1ité " d'une opération d'échange comme ce1le de Ia maison vendue contre une certaine somme d'argent dans C31. Dans CL4t /T-Tbeg/ (ar: VâD), servant de mesure pour l-a quant.ité de /L-:..wiz/ qu'i1 faut pour être échangée contre une bague/ propose un lnvestissement par son contenu qui n'est pas entendu dans le sens d'r-lne simple circulat,ion à valeur d'échange d'un objet contre un autre. A ce niveau, i1 faut, nous semble-t-i1, s'entenclre sur la valeur de /L-Lwiz/ et de 1a bague. Pour ce faire, faisons appel à un autre contexte d'utilisation de /L-Lwiz/, celui de C15 où /1-qurdiya/ (ar: boisseau, comme mesure pour 1a quant,ité de /:-.-LwLz/), est donnée à ce1le qui arrive à déchiffrer la devinette proposée par 1e roi. Notons euê, jusque 1à, on ne peut pas parler d'échange proprenent dit,. Ceci dit, rappelons que 1e don de /L-l-w|z/ à celle qui détient, 1e savolr-déchlffrer 1a devinette, est au fond ce qui habilite Ia sélection de Ia plus int.elligente des f emmes pour êt.re promise au f i1s du roi. S'agissant de 1a fille d'un btcheron dans notre conte, i1 serait, possible d'admettre que 1'1ntégration de cet,te fi1le dans 1e rang unique reconnu comme tenu par 1e prince, sê réa1ise par f intermédiaire du savoir-résoudre 1a devinette. I1 apparaLt, ici que ce mariage se réalise à Ia manière d'un échange:' i1 a fallu utitiser /L-l-wiz/ pour découvrir 1a filte du btcheron comme femme qui convient au prince du point, de vue du père de ce dernier. Par ce mariage qui rejolnt 1'échange,


371

i1 semble possible de récupérer Ia bague dans C14 gui, elle aussi, entretient un rapport avec le mariage. Nous y reviendrons (p. 486). De même, la valeur de /l-LwLz/ s,explique par f intégration de Ia descerrdante d'un btcheron au rang é

1evé

.

Par cette intégration qui nér j-te plus d; atterrt.ion, i1 s'avère que Ie conte précise les voies de séparation entre deux rangs sociaux, celui de 1a fi11e du bûcheron et celui du prince, êt de 1'union entre les rangs séparés par Le mari.aEe. C'est-à-dire que si d'un certain point, de vue, notre cont,e propose de voir en 1a temme ce gue nous pourrions reprendre comme "fi11e d'un btcheron"l, i1 ne demeure pas moins vrai eüê, par 1e pouvoir du savoir, f intégration dans le rang élevé est prévue par/dans Ie conte. Dans ce cadre, i1 semble gue la mosaique relative à ce qui est, appelé "classes sociales" régies par 1e rapport des dominants aux dominés, est représentée dans 1e conte par une dimension coordonnatrice enLre 1es différences

des rangs. Pour ce faire, le conte choisit 1es extrêmes, à savoir Ie rang représenté par 1e btcheron par f intermédiaire de sa fille et le rang représenté par le roi par f int,ermédiaire de son f i1s. De manière moins évidente, nous pourrions examiner

le fait

que /sensli dehbi/, dénommant 1a fi1le du btcheron, propose du point, de vue f ormel un dét,aiI2: 1l est con'struit, sur une f orme

1 Nous avons déjà vu (cf. p. 9+ ) que "le bûcheron" comporte culturellenent, un t,rait dépréciatif. 2 Nou" remercions À. Sabia d 'avoir att,1ré notre att,ention sur Ie détail en quest,ion.


372

du masculin tout en désignant une femme. ceci peut être signlficatif dans 1a mesure où par cette forme, cette construction désignant. une femme réfère -toutes proportions gardées- implicit,ernent, à un sens de passage de 1a femme "assimilée" généralement au ma1, au bien caractérisant ilhomme. ce passage serait renforcé par /r-LwLz/ dont ld trait. "en or" esÈ une itération dans /dehbi/ si l'onr à-dmet que ce terme est dérivé de /d-dheb / lar: or) . En outre, souvenons-nous que /L-Lwiz/ est objet de valeur dans 1'échange tel que nous en avons parlé ci-dessus Darrs ce sens, i1 apparait que /l--twiz/ ou, d'une façon

plus générale /ci-dheb/, comporte lorsqu'ir est communiqué par 1'homme à 1a femme une vareur relative au bien. En d,autres Lermes, r'attrlbution du bien à Ia femme se réalise par le don de /d-dheb/. cet acte est en soi ce qui coordonne entre le bien et le rnal chez Ia femme, en ce sens que ilunion entre Ihomme et ra femme ne deviendrait possibre gue par cet acte coordonnateur. Dans un certain sens, nous comprenons mieux pourquoi /d-dheb/ est culturellement port,able exclusj.vement par ra femme: 1'homme n'a pas besoin d'en porter puisqu'i1 est, déjà " assimi-lé " au bien; i1 est, le bien êt, dans ce cas, s, il port,ait des bijoux en or i1 contredirait, la vision mythiquel. c'est peut-être aussi une raison pour 1aque1le cert,ains noms de personnes ne se prêÈent, pas à une cons,truct,ion fornelle selon: masculin / féminin. D'airleurs, nous ne connaissons pas c1e noms de /d-dehbi/ pour désigner un homme et encore moins 1 Nou= nous référons ici au récit d,Eve et Adan.


373

pour désigner une fenme (nous y reviendrons chaP. I. ). Par contre, /dehbiya/ est courant. De même, /1wiza/ qui n'admet pas de masculin pour désigner un homme. Nous voulons dire gue 1es noms à proprement parler de personnes, quand i1s comportent un trait. relatif à " 1'or" /cl-dheb/ , sont clestinés à désigner des femmes eL non des hommes. Car, comme nous venons de te dire, si " 1'or" est homologable au bien, c€ dernier est déjà en 1 'homme qui rr'a, pour ainsi dire , rrullement besoin de porter un nom qui comporte linguist,iquement, un quelconque trait, relat.if à "1'or". Ces considérations, même sl e11es sr:nt dlscut,ables à plus d'un titre, montrent tout de même que 1a valeur du motif de /d-dheb/ dans nos contes est loin d'être réduct,ible à une équivalence par rapport à 1'objet, contre leque1 i1 est échangé. Sa charge culturelle rend compte d'une communication de cocies qui engage 1'analyse à tenir compte de tout l'univers cuIturel. /l.-l.wiz/ , associé à des figures dont 1e support sémantique comporLe un trait positif accordé au bien, se confirine comme utilisation context,uell-e par une thématisatlon dans C25 r 1e prince demande à son père cie 1ui accorder sept mules transporteuses de /L-l.wiz/ avant de parLir à 1a recherche de /11i

mGeTTya

b-feerha/.

Àutour de ce trait dit, posit,if , /l-Lwiz/, Pour êt,re reçu par un bénéficiaire, indique que 1e rang de ce dernier est

particulier;

sinon, i1 est exigé que ce bénéflclaire ait une compéLence particulière. Le C27 donne un exemple précis à ce propos: 1e choix entre 1e silo contenant /l--Lwiz/ et 1e silo contenant 1es reptiles, est détermlné par cette compétence


374

s€Ion qu'e1le est conjointe ou non au sulet, soumis au choixl.

cet exemple du choix tient, compte just,ement cle la valeur de / L-Lwiz / en t ant qu ' ob j et qui ne peut entre r en relation conjonctive avec un sujet que si ce dernier sait que Ia transformation est régie par une forrne révélée par 1a valeur même de /:---Lwiz/, Ce n'est que si 1e sujeL représenté dans noLre C27 par une fi1le, rêconnaît son propre statut de "femme" face à Ia valeur de /l-LwLz/ qu' 11 peut. prétendre à une conjonction avec cet objet,. En d'autres termes, ce sujet doit, reconnaltre et admet.tre qu'on ne peut obt,enir comme ob jet de valeur que ce qui est à f image de soi à molns qu'on reconnaisse explicitement f image de soi par 1a demande, à La suite du choix, de ce qu'on "mérite". On ne peut avoir que ce qu'on mérlte relat,ivement à un statut dé j à tracé culturellement., raison pour 1aque11e 1'héroine de notre conte choisit. ce qui est de t,rait négatifr 1e silo contenant des serpents, uD 1it fait d'épines et une mule "borgne " , pour réaliser une transformation conjonctive qui fait valoir 1e positif investi dans /L-Lwiz/ auquel s'ajoutent et s'associent toutes 1es f igures thérnatisables par 1 'é1évat,ion. Àinsl , La compétence du sujet se résume par: demander 1e contraire de ce qui est désiré cofime moyen pour obtenir ce dernier. C'est 1à que réside 1a reconnaissance de soi conforrnément au "conLraire

Nous pensons que

1 Ce phénomène est connu dans 1es cont,es; citons entre autres, 1e silo contenant des vipères (ou des serpents), Ie lit fait. d'épines de jujubier, 1'accès à l'espaee intérieur par une fenêtre, Ia mule (cheval) "borgne"..., considérés comme comport,ant le trait négatif auquel fait écho dans le cadre du choix, 1e positif par 1a chambre au Iieu du silo, 1e 11t, confortable au IIeu d'épines, I'accès par Ia port,e au Ileu de 1a fenêLre...


375

du désiré", eL 1'éIévation qui présuppose nécessairemenL cette reconnaissance.

Le C31 est particulièrement significatif

dans cette voie

de lecture: 1a femme mise en scène comme personnage susceptible d'être con joint à 1'é1évat j-on au rang évalué posit,ivementl,

s'avère à Ia fin du récit. indigne de ce st,atut, La transfornation qui se réaIise cians 1e C27 n'est pas de rigueur dans 1e C31, raison pour 1aque11e 1a fin de ce récit tierrt conte de Ia révélat.ion comme sanction de 1'être du personnage en 1ui attribuant un trai-t négat,if qui re j oint celui att,ribr:é à 1'héroine par e1le-même dans C27. I1 est évident, que Ia présentat.ion que nous venons de faire peut être revue par une lecture comparative entre deux contes de notre corpus. Le premier est 1e C25 qui raconte 1'histoire du prince pour qui 1a conjonction avec /7-LwLz/ est un état qui va de soi comme si ce prlnce n'avait pas besoin de subir une épreuve avant d'être conjoint à cet objet, de valeur. Le second est 1e C4 et ses variantes (C6 et C34) où Mqide/ (Hemmu lHrami, Hdidnan) est conjoint à /1-lwizl à 1a suite d'une transformation qui a exigé que notre sujet, soit doté d'un pouvoir ciu savoir acguis à 1a suite d'une épreuve. Ce n'esi qu'à cette corrdition que ce sujeL acqulert, 1e statut de héros. Les détai1s de cette lecture auront confirmé notre interprétation. Car, dire que 1e conte de Mqide/ et ses variantes font, valoir 1a nécessité de mériter 1e caracLère

1

Cett" femme paraît exceptionnelle ou du moins di f férente des autres dans 1a mesure où son beau-père lui accorde Ia valeur de /L-lwiz/ par 1e don de 1'objet (/L-]-wlz/ ).


376

positif invest,i dans le statut de héros, revient à dire que ce caractère se réa1ise effectivement dans 1e conte non pas parce que l,lqide/ aurait pu ne pas avoir ce statut, mais parce que, par cetle figure actorielle, les récits proposent une morale qui dira de manière tautologique qLr'un homme est un homme et quel que soit 1'homme, ie positif lui est, attribué par 1e fait même cl'être homme. Toutefois, ce caractère conjoint à 1'homme d'après cette morale, peut être remis en quest,ion dans certains cas que les contes développent. Le point,,de vue qui consiste à présenter 1'homme selon un caractère négatif, est intrinsèque à Ces ef f et,s à reterrir darrs des parcours bien précis. Présenté comme ayant un trait, poslt,if à son état initial , 1e su jet, représenl.é par 1'homme Lransforme sa "positivité" en "négativité" par son propre f aire jugé inadmi-ssible cult.urellement. La conf iguration de 1a répudiat,ion par 1e père de ses propres filles est un exemple qui développe ce cas cie Lransformation: le négatif se construit parallèlemerrt à 1'acte inadmissible du père. Par cet exemple, la mcrale consiste à rappeler que 1'homme , âü de1à du fait qu'i1 est père , est foncièrernent con joint, au pos j-t,if ; par son f aire qui t,rahlt. en quelque sorte ceLte valeur, iI sublt une dégradation pour se situer dans le négatif. N'est-ce pas tà un moyen ut11isé par 1e conte poLlr élire 1e positif en condamnant celui qui n'en tlent pas compte? L'actualisation du négatif y est, à juste titre pour renforcer 1e positif lmplicite. prenons un autre exemple de conte: le père de LeiIa (cf. C1) est à 1'origine de l'état que nous paraphrasons par 1a


3'7 7

conjonction de sa fille

avec 1'ogresse. En remontant le récit

dans un sens de lecture à rebours, on peut aisémenl se rendre compte que de "1a renconLre" des deux femmes avec l'ogresse, programnée par 1e mari, résulte la perte de Lei1a. Ceci est

3ustement ce qui situe ce sujet

te mari ) dans 1e négatifl comparable à celui du père que nous avons déjà relevé dans ta configuration de 1a répudiation des fi11es. Pour donner une ouverture à ce rapprochement par 1e négatif entre , 1e mari dans C1 et 1e père qui répudie ses fi11es, nous pouvons nous appuyer sur 1e falt explicite darrs C!, que 1e mari, êû refusant de planter 1es fèves, progranme sa disjonction avec sa fami1le. cet acte de rejet de 1a famiLie est manifesté par le départ vers Ia grott,e pour s'y installer et marrger 1es fèves au lieu de 1es planter. C'est dire qu'à la fertillté (ou la fertilisation) de ce qui est donné pour être planté, 1e mari préfère 1a stérilisation (manger les fèves et programner "La renconLre" des femmes avec 1'ogresse). Le mari, s'i1 avait, planté 1es fèves aurait, ét,é plus une figure qul se rapproche d'une coneeption de la continuité de 1a vie que de sa dégradation pour êLre conjoint. au négatlf. A ce stade, i1 devient net que 1e positif sert à valoriser 1a fertilité contrairemerrt au négatif qui valorise 1a stérj.lisation assumée par 1e mari. En somme, t€nter de rendre stérile ce qui est donrré pour être fertile, ou encore, terrter de rendre négatif 1e positif, se retourne contre I'homme qui dolt, dans ce sens, affronter et assumer les conséquences irrémédiables des forces 1 voir

c

LACOSTE-DUJÀRDïN,

(

op. cit,.

p

279


378

qul lui sont extérieuresl. Morale: auLant faire en sorte gue 1e positif reste sacré en ce sens qu'i1 est I'incarnation de 1'homme te1 que la culture 1'enseigne par f intermédiaire du cont

e

,

Faisons un pas à 1a suiie de ces remarques reratives d,une

part, âu positif que les contes s'appriquent à faire valoir comme trait qui caractériserait 1'homme dont les actes sont définis culturellement; et d'auLre part, au négatif qui sembie at,tribué à 1a femme et qui est suscept.ible de se transformer en positif selon les conditions que nous avons développées. Notre point de départ, était bien une terrtative de r.roi:: commenl 1a récurrence de /:--LwLz/ eomporte une valeur. À présent, nous allons essayer de reprendre ce mot,if en tanL que désignation de "bijoux" que La femme porte pour entretenir son aspect esthétique. Blen entendu, cette indlcation superficlelLe n'esl pas 1a valeur invest,ie dans 1e motif tel qu'i1 est ut,11isé dans les corrf lgurat.ions discursives. Dé jà, 1e f alt, que généralement les bijoux, comme figure, s'associent dans 1'univers de nos corrtes à /lihudl/ (ar: juif) -personnage à titre de marchand qui procure ces bijoux aux femnes- nous sembre assez curieux. cette fonctiorr de / lihudi/ semble parfait.ement admj-se

socialement

si ce personnage ét,ait une figure "neutre" relativeroent à ce qui sépare 1es même

comme

1 Pré"isons que c1 -toutes versions confondues- ne nous renseigne même pas sur ce gu'iI advient du mari: les effets de son "devenir" sont dits dans la perte de sa filre et dans sa disjonction avec sa canne au sens mét^aphorique de /xizrana/ (ar: canne) ou, de manière plus renforcée, de /0aGriyg/ (ber: canne). ce sens métaphorique comporte 1es traits de virilit,é et de courage que 1'on retrouve par ailleurs dans d'autres productions orales.


379

"éternels ennenis" selon 1'expression de c. Lacoste-Dujardin (1'homme et 1a femme). Mieux, pâr 1,int,ermédiaire de /l-ihud1/ clans 1a configuration de 1a vente des bljoux, l,opposit.ion Homme / lemme est relativisée en ce sens que / lihudi/ est présenté comme celui qui est généralement le prus au couranL parmi les hommes du morrde des f emmes. T1 peut même êt.re "messager" de femmes disjointes par les espaces de chacune d'e11es. Dans ce cas , 1'ob j et de vente ( 1es bi- joux ) seralt, 1'é1ément qui rend possible 1'1ntégration parti.elle de l,homme dans le morrde féminin: r'histoire du roi dans c19 va dans ce ="n"1,

/l'ihudi/, qu'i1 soit prls pouï "paraître" d,un roi or-i pour " être " du vendeur par excellence de /d-dheb/ cians , l_ univers des cont'es, est urre f lgure actorierle qui tient son statut, rlans 1e parcours de 1a vente, de deux tralt,s séparés: posirif et négatif; positif parce qu'i1 est homme et négatif parce qu,i-1 contracte avec 1a femme par 1e choix de ra fonction2 que lul attribuent, les contes. c'est dire gue /l-ihudi/ a un statut modar déflni essentiellement par le pouvoir du savoir qui n,est pas 1e commun de tous. Le f ait gue son stat.ut réunit entre re positlf et,1e négatif 1e montre clairement. Dans ce sens, 1e fait que /I-ihudi/ est prls pour "conseirler" à propos d,énigmes ou de problèmes dont 1a sorut,ion exige un savoir cognlt,if de haul niveau (cf . 1a figure de /r-mujerrib/ (ar: 1,expérimen-ué) 1 Prendre pour paral.tre /lihudi/ dont fonction est de travailler sur de l-'cr et de 1'argent, est ceraqui permet au roi

de connal.tre 1a femme dit.e sainte.

Jusqu'à une date récente au Maroc, Ie métier de marchand ambulant était exercé essent,ierlement par des julfs.


380

dans C6)1, rI'êst pas étonnant,. Par ce statut, 1e juif

apparait

dont une main tient }e négat,if (1e ma1) et dont I'autre tient, 1e positif (1e bien). Une autre voie pour réexaminer ces données est possible: /Lihucli/ seraiL réduit, au trait négatif du f ait même qu'i1 ccntracte aveC 1a femme, maiS, par Son Savoir,. i1 transforme aussi un état dysphorique (stérilité par exemple dans C6) en euphorique ( fertllité ) . De ce point de vue, iI devient aj.sé de reprendre 1'association du juif à /d*dheb/. Nous avons dit que /t1-dheb/ pouvalt entretenir un rapport avec 1e positif / négatif; à présent, ajoutons que cette même calégorie est investie dans 1e motif de /Lihudl/, Dès 1ors, i1 n'esL plus étonnant gue /d-dheb/ apparaiSse dans 1a configuration

comme personnage

unité à rapprocher de /ldhudi/. Dans le C38, les bijoux sont un é1ément d'ornement, que les fil1es demandent à leur père pour assister à un mariage: c'esL

d'ensemble

comme

ce que le conLe explique. Néanmoins, nous ne devrions pas nous arrêLer 1à car, quand les fitles descendent dans 1e puits où

1e prétendu mariage a lieu selon 1e dlre du père, 1', aLnée ramasse tous 1es bijoux que seS soeurs ont déposés avant de descendre darrs Le puits et les y jette. Apparemment, il s'agit 1à d'un acte fait, par 1'ainée après avoir compris f inLention du père mais, âs forrd, il est surtout question d'un acte qui consiste à ce que les soeurs ne doivent surtouÈ pas se séparer des bijoux. C'est en ceS bijoux que réside leur devenir puiSque

1 Citon" 1a configuration où 1e juif est substitué au vieillard pour assurer le rôle d'adiuvant: 1'homme dont les femmes sont st,éri1es demande conseil au j uif I celui-ci lui indique Ia solution.


38t

nous avons dit que 1es bijoux /d-dheb/ sont investis du trait poslt,if . ceci morrtre que re père, en of f rant, ces bl joux à ses fi11es, leur a en fait accordé sans 1e savoir ce qui devait

modaliser ler-ir sort dans un sens positif croyant qu'i1 s'esL débarrassé c'elles.

(euphorique ) tout en

c'est

aussi dans

ce

sens qu'il- sera dit que l-e père en prôgramma.nt 1a répudiation de ses fi11es, sera conjoint au trait négatif. Nous assistons donc à au moins deux angles de iectr:re de cette conf iguratlorr 1e premier considérera 1e mot.if des bijoux en conjonction avec r

Les soeurs pour assurer leur deverrir; ]e second, 1e mot.if du père, âSsoc1é à ceLui des sept soeurs par 1e programme de ta répudiation qui at,tribue au père 1e trait, négatlf. Supposons maintenant" que Ies filies

aierrt rendu ies bijoux

dans c38. si cera avait été dit dans ce corrte/ toLlte autre aurait été notre lecture. cet,te lecture aurait été étonnanre car e11e signlf ierait que 1e père darrs 1, urrivers du corrte i

s'accorde 1e droit

de répudier ses fil_res sans qu, aucune

évaluation négative ne lui soit, attribuée, et f isotopie du sacré cie 1a parenté (cf.noLre première partie, p.eaû) ne se serait, pas actualisée dans re conte.oï, i1 suffit de regarder notre corpus pour se rendre compte qu'aucun cont.e qui traite du rapport père / fi1le(s) ne fait exception pour "prophétiser,' Le sacré de 1a parenté.


382

Conclus ion

Not,re tentati-ve de déf inir /1-mHa iya/ , en nous appuyant.

sur le fait que ce produit n'est pas seulenent divertissementl, ne prétend pas apporter une clé pour Ie problème de définition du conte. ceci dlt, sa parent,é du point. de vue " génétique" 2 aue" le mythe, eu€ nous soutenons au point où nous avons utilisé 1a composition "conte-mythe,,, nous sembie tout, à f ait intéressarrte. cette parenté donrre beaucoup à gagner en 1a posant

comme fondamentare

pour exploiter 1es acquis

des

études sur 1es mythes. c'est, d'eilreurs, pâr cette parent,é qu'i1 serait possible, nous semble-t-iL, de mieux appréhen<ier

1e corrte; sinorr 1e consensus sur cette question éternelie: gu'est-ce que 1e corrte?3, serait difficire à réaLiser. G' Jean, entre aurres chercheurs4, a 1e mérite d, avoir

1

D.

2

Ibid. p.

3

Lors d'une visite de courtoisie que nous avons rendue

PAULME,

op. cit.

p. 46.

45.

1'une de nos infornatrices -que Dieu ait son âme- nous nousà sommes trouvé en situation favorable pour poser cette question: quand f informatrice nous a dit: "tu veux probablJment que je te raconte^ urre /mHajya/", nous avons répondu par "mayen teena &amHaji0 (berr qu'Lst-ce qu'un cont.e?). A 1a suit.e de cette question, notre informatrice a répondu en entamant, une /mHajya/ qu'e11e a choisie erle-même sans aucune justification des raisons de ce choix. 4 voir G. JEAN, op. cit. pp. r'l-sL. cett.e question se pose pour tous les chercheurs qui s'intéressent aux contes; 1lste étant longue, nous nous contenterons de citer reur collaborateurs de Front.ièrls _dff___§_q0-te, op. cit. , et l_es 1es intervenanls des ".fo térature orale du 2326 mars L982" autour de ? Ed. CNRS, Paris, 1984


383

regroupé un certain nombre de définitions pour conclure qu'e11es part.ent dans tous 1es serrs et qu, e11es vont même jusqu'à se conLredire. une chose est certaine: ,, 1,honne, avant de pensert a déjà su reconter des histoir*r"1; elle ces hist.oires soient dites /mHa jyat/ oi-r mythes, 1e f ait est rà, et

1a distinction seralt un lrait

cLassificatoire sans autre

irrcidence sur 1'enchevêtrement possibie des contes er mythes cians une seule nerration. En p1us, êû partarrt de ceite idée, la quest.ion sur 1'crigine de /1-mHa)va/ serait moins importante -raison pcur I-aquerie nous i'avons évitée- que ra recherche par des technLques de description de ses fondements cians ie sens de

qui

y

ce

est

transmis. Entre Lln débat autour des crigi-nes de /1-mHajyat/ que nous sommes, d'airleurs, incapable d,approcher, et une autre autour des "origines-traces', cl ans /l-mi{ajyat,/ en vue de ies rendre intei.liEibles,

i1 y a une grande dlfférence. Étarrt conscient des dif f icu1t,és pour traiter ce produit., et convaincu que son étude, faite de i'intérieur2, sêralt 1a plus apte à permettre 1'analyse à proprement parler des univers sémantiques, nous estimons qu'i1 est, légitime d,admetÈre que 1e mode d'êt re du conte oral peut êt,re priv11égié daiis rlotre app

roche

.

Darrs ce s

Lraitement

pe

rspecLive s ,

rrou

de not,re produit

exploration de l'irrtérieur

poLlr

s avolls fait

en sorte que Ie prenne comme princlpe une

éviter que le faire analytique

1 t.

cALvrNo , cité par A. J. sciences sociales, op. cit. p. 205.

2 volr N. FARES, op. cit.

pp.

GRETMÀS

11-1-5.

,

Sémiotique et


384

"i;apJiquIant] (,,, ) une certaine ext,ériorité"L. Par ce choix méthodologique, il nous semble -à moins que nos connaissances n'aient pas encore atteint 1e degré qu'i1 faudrait. pour en juger- que les appréciations sur le conte populaire ora12 f^ites de 1'extérleur ne sont pas suffisamment renseignées par ce11es faites de f intérieur. L'ang1e dont les orientations ont étê développées par 1'auteur de "Pour une t,héorie de f interprét,ation du récit mythique"5 et dont 1'enseignemerrt consiste pour nous à étudier le conte de 1'lntérieur montre que toute autre approche Ce 1'extérieur ne verrait dans 1e conte qu'une fonction qui se 1e trouve au dernier rang cle ce qu'e11e transmet sombre ,dans des consiciérations

r

divertissement.

1 c. LACosrE-DUJARDTN, op. cit. p. 111.

2 No,r= pensons essentiellement à certaines appréciations en termes de dési.ntérêt et de disqualification de /1-mHaiyat/ et des recherches qui se font, sur ce produi-t par un certain discours "élitiste" que nous avons S6uvent entendu comme qualification de notre propre travail: /1-mHajyaL/ c'est fait pour 1es enfants et les femmes eL non pour 1es hommes ( les adultes ) . 3 A. J. GRErMÀs, Du sens, op. clt. pp. t&.5-230'


TROTSTEME PARTIE

<T

CO ITAGE » .

-æ)VOIVC-æ,TTON

.î{T,S.E ElV EOATCTZOATATETæ.NT .D " LITT }4OT^TE


385

CHÀPITRE

L'ÀNTHROPO§Y},ITE

ET L'ɧO§CTATTON

Dans 1a partie précédente, nous avons évoqué quelques

suppositiotis relatives à 1'anthroponyme de /sensll dehbi/ ea considérant /d-dheb/ supposé 1'unit.é dont /dehbi/ est dérivé" En fait, ce point de vue pose plus de questions que de répr:nses à propos de la f ormat.ion de cet. ant,hroponyme. Dès lors, i1 ncus semble rrécessaire d'y revenir ne serait-ce que pour éclairer

1a mise en fonctlonnement de cet anthroponyme à f instar certains autres que nous ét,ud j.erons dans ce chapitre.

de

D'ores et déjà, quelques questioru s'imposent d'el1es-mêmes

pour orienter notre réflexion:

1, dans 1'espace du conte, y a-t,-i1 des règles de fonctiorrnement de 1'anthroponyme ? Si 1a réponse est positive sous un certain angIe, c'est qu'i1 y a aussi des règIes qui sous-tendent sa mise en fonctionnement d'un polnt de vue énonciatif, et dans ce cas, jusqu'à que 1 po int 1'hypothèse d'étudler 2. 1'anLhroponymie dans 1e conLe d'un point de vue discursif et sous 1'angle de 1'énonciation,

peut êt,re fondée?


386

It est évident que cet, angle d, analyse ne vaut, pour nous1, que par 1'étude du conte populaire oral à un niveau qui porte sur 1e présupposé du produit, celui de 1,énonciat.ion. cette afflrmation est en erle-même ce qui se trouve à l,origine du choix de 1'anthroponymie gui permeL, dans une certaine mesure, de voir commerlt on peut parler d,énonclation l0rsqu,on

prend pour

jet, d'étude /L-mHa jyat/. A ceci_, a jout,ons que 1'anthroponymie serait construite dans res contes suivant une tyPologie qui ret,iendrait, des noms d'acteurs qui se présentent comme représentation d)un" significat.ion en tant qu, , acte producteur" dans re contexte narratif; et d,àutres qui ne ob

se

présentent, pas de cette manière. ce seront 1es premiers qui i-ntéresseront notre ét.ude car i1s nous amèneront à tenir compt,e

de 1'activité

cognitive soutenue par l, intent,ionnari_té

de

1'énonciateur.

Faisons un pas en arrière. cett,e dernlère idée esL, fond, problématique. ce serait facile et, même trop facile

au de

dire qu'i1 y a eonstruction dans re sens d,,urre motivation de 1'anthroponyme. r1 faudra, pour s'y accoutumer avec prudence, prévoir 1es cas où 1'ar:throponyme ne se soumet à aucun fonct,ionnement de ilordre de 1a motivation selon ce que nous poseri-ons comme rapport entre 1a condensation et l,expansion2 ( condensation assurée par 1'arrthroponyme dont 1 , acLeur qu, i1 1

voir notre article "Jeux d'anthroponymes dans 1e cont,e ora1. Étude de cas,' , Revue de 1a FacUlt sci"qcus Humaln"" de rffiB, éd. al-maarif a1_ jadida, Rabat , lgg2.

2 voi.r A. J. cRErMÀs er J. "Condensat,ion" et,'expansion',.

COURTES

, op. cit. , art


387

désigne sera mis en scène narrative, et expansion par cette mise en scène de ilacteur porteur de Ianthroponyme). Déjà, 1e

rapport entre nos deux p1ans, celui de 1a mise en discours de 1'arrthroponyme et celui de 1a scène narrative dans laque1le nous privi 1êgions 1e parcours du suj et pôrteur de cet anthropcnyme, n'est pas tout à fait c1air. Le mi-eux dans ce genre de situat,ions est de se réf érer, nous semble-t-i1, à au moins un exempre qui puisse éclairer le problème même s'il

n'offre pas de réponse. Le c2g nous paralt int,éressant, à cet égard: chaque f ois qu, i1 y a un nouvealr-né un nom 1ui est, accordé conf ormément au. rite d,it / s-sabee,z (ar ,

r

baptême cé1ébré le septième jour). Au bout de deux ou trois

ans, dit 1e récit,, ce nouveau-né meurr. ce qui sernble intéressant à retenir est que 1e récit vide par 1e sort du nouveau-né dénommé, de son sens Ie rite qui consiste culturellement à dénommer, raison pour raquelle une lecture é1émentaire du récit fait valoir 1,annulat.ion du rite pris en charge gé'éraleme.t par 1e père afin de faire préserver 1a vie au nouveau-né. c'est comme si on mettait 1a mort. du nouveau*né sllr le compte du rite et sa vie, sur le ccmpte de 1.annuration du rit,e.or, i1 faut, bien que 1e nouveau-né, dans 1e récit, soit dénommé. Pour cet.te exigence, tout dépend des modalités relatives à ce sujet auquel i1 revient 1e droi_t de se dénommer. si cet acLe est réalisé par 1e père selon 1e rite, i1 en découlera la mort du nouveau-né. Dès 1ors, i1 sera dlt que ce droit revlent au nouveau-rré en att,endant qu, i1 assi_mite ra nécessité d'avoir un nom. c'est ce que nous retenons d,une


388

première lecture du récit et c'est, aussi, ce qui trace 1,écart par rapport au statut du dénommé et de celui qui dénomme.

Le rit.e semble ainsi demeurer dépracé dans le tenps; i1 sera vu comme assumé par 1e nouveau-né (i1 s,agi-t d,une fi1le dans notre conLe) et, non par 1es parent,s ou, prus généra1ement., par 1e socio-culture1. Le déplacement, dans 1e remps et re transfert du rôte du sujet donateur du nom (1e père) à celui du concerné par re nom, aurorrt forcément un effet: 1a particularité de ce nom de te1le sorte qu'i1 soit spécifique à son porteur (1a filre) dans ra scène narrative , ccûstituera 1'une des st,rates essentielles dans 1e statut du dénommé. De ce fait,, il est inconcevable que 1'on tente d'appréhender 1e fonctionnement de /1-getb b-1a hemm/ (arr 1e coeur sans soucis) de 1a même manière que celui de /eifal ou /He11uma/, qui ne présentent pas grand intérêt à 1es relier à une quelconque forme d'expansion dans 1es récits où i-1s apparaissent pour désigner tel ou te1 autre acteur.

cette distinction entre anthroponymes motivés et anthroponymes non motivés darrs 1es discours narratifs. comme critère provisoire qui permettrait de distinguer 1es uns des autres, nous pensons que la référence au "registre,' linguist,ique dont dépendent les premj-ers, esL suf f isamment mis eli relief, contrairement aux seconds qui sont vidés de Posons donc

1'évent.uel1e technique de 1es ramener à des significations l arrgue

.

en


389

En effet,

il est plus 1égit,1me de dire gue /1ge1b b1a hemm/ 1 serait const,ruit selon une assoëiation d, unités Iinguistigues: /l--geïb/ et /1-hemm/ par l,intermédiaire de /b1a/ pour produire ce qui sera dit anthroponyme particuli_er, unique et spécifique au personnage du conte, que de se référer à ce même registre pour y ramener /ei!a/ ou /Hellumal, Le premier est donc une création dont 1a mot.ivation tient, compte des t.raits définitoires du statut du personnage qui re porte; 1es seconds seronL dits repris dans le regist,r,e des noms connus

socialement, i1s ne sont pas destinés à leurs porteurs par 1'exigence de traits qui définissent. l-eurs statuts. Le premler, isolé de son contexte " cantoJogique", ne peut en aucun cas être

int,égré dans 1e registre des noms reconnus socialemenL et culturellement. c'est 1à, nous semble-t-i1, que 1e conte esl créateur de noms par Ie biais de ce qu'il s'empl"oie à communiquer comme sens dont 1es mécanismes de production sont

à décrire para11èlenent aux règles de moLivation de 1'anthroponyme selon une référentialit,é interne. celte concept.ion n'est peut-être que théorique mais 11 semble qu'e11e s'applique pour r'ét.ude des anthroponymes mot.ivés. Par cette supposit,ion, nous pouÿons au moins retenir f idée que ces anthroponymes tirent leur fonctionnement par leur rapport de désignation du personnage dont 1a mise en scène tient, pour critère celui qui est cléjà investi dans re nom à condition gue ce dernier solt créé par 1e conte et qu,i1 1 Nors ciLons cet anthroponyme à titre d'exemple qui va nous servir d'appui pour éclairer notre démarche; rorls itrtégrerons 1es autres /sensli dehbi/, / eila xeDDar/ , /mqi def / r

u1té rieurement,

.


390

n'appartienne pas au registre social. Le second pas gue nous pourrions faire dans ce sens est que ce critère de dénommer

n'est pas innocent; i1 n'a pas la seule fonction de servir au conteur comme stratégie de "mise en histoire" d'un personnage selon ce qu'i1 1ui aurail dé jà at,t,ribué par f intermédiaire de 1'anthroponyme. T1 est. plutôt intéressant de supposer que 1a formation de 1'anthroponyme, à partir d'unités de signification, soit en soi une voie possible qul consiste à investlr cet anthroponyme de val-eurs autres, que ce11es qui 1e caractérisent sous 1'ang1e de 1'association des unités qul 1e prodult; auLrement, pourquo i /ï-gelb I eL /1-hemm/, en tant qu'unités de 1a langue mises en fonctionnement, {üê /b- 1a/ modalise, pour produire 1'anthroponyme, Dê sont fonctionnels comme tels qLre darrs 1e conte dit. /1-gelb b-la henrm/ ? Nous pouvons, à présent, _intêgrer les cas de /eLfal eL de /He1luma/ à 1a lumière des quelques conclusions que nou§ retiendrons de 1a conception dont, nous avons dit, qu'e11e était peut-être t.hêorique 1. 1a créatiorr de 1'anthroponyme par 1e conte est, en fait,, ur effet du discours narratif. Ce dlscours narratif, relativement à 1'anthroponyme, fonctionne dans un cadre circulaire suivant un renvoi réciproque anthroponymi

condensation

e

discours narratif

e

xpans 1 on


391

2, La règ1e de constructi-on de l'anthroponyme t,ient, compLe ici du lingulstique comme nécessité r re lien qul unit I'opération de recourir à 1a langue pour sélectionner des unités de significat,lon et les mettre en fonctionnement pour dénommer, et l'anthroponyme 1ui-même, n'êst pas arbitraire. or, pour / eiJa/ , /He11uma,/ , 1e recours à 1a langue est perdu de vue; on ne retiendra gue La fonction de désignation indépendamment des effets de signification de 1' ( ou des unité(s) qui 1e constitue(nt,). )

ceci permet de relever un premier critère qui consiste à clistinguer ent,re 1e premier anthroponyme qui est const.ruit, et 1es seconds qui sont acquis. ce critère (construit vs acqulsi est ce clont. justement 1e c28 s'emploie à met.t,re en oeuvîe. chaque fols que 1e nom est acquis, i1 en résu1te la mort du nouveau-né; euand 11 est construit,, i1 en résu1t.e l"a préservatiorr de 1a vie du nouveau-né. De cette dernière remarque, nous pouvons déduire que

l-a

mort déperrd de 1'acqulsition de 1'anthroponÿme; et 1a vie, de ra construction de 1'anthroponyme: 1a mort du personnage dépend de ce qui lui est extérieur (1es parents et 1e ri.t.e du point de vue socio-culturer) t,out en ét,ant quelque chose qui est en

1ul si on admet eüê, n'ayant pas de nom qul Ie désigne, iI ne peut prétendre appartenir à 1a communauté socio-cu1turer1e. sa vle dépend de 1ul-même quand ëe qul 1ui est extérieur lui accorde 1a modallté de pouvoir ramener 1a fonction de dénommer vers 1ui-même. Àvarrt de faire un pas de p1us, signalons que nous nous heurtons icl à un problème que nous résumons par cette


392

question: faudra-t-i1 comprendre par nos suggestions que si un acteur reÇoit un nom repris au registre socio-cu1turel, c'està-dire non motivé, i1 est voué à la mort ou à un quelconque état, similaire ? Nous ne pouvons faire cette projection ni généraliser car les plans d'analyse ne sont plus les mêrnes: nous essayons de voir en quoi consiste 1a raison de créer un anthroponyfle. Seul 1e récit particulier donne une réponse à cette question, sinon Ia syntaxe narrative sous-jacente à 1a question qui vierrt d'être posée ne tient pas compte de 1a moËivation de manière directe. Autrement dit, qu'11 soit nommé /eifa/ ot /1*ge1b b-l-a hemm/, 1e personnage sera mis en scène selon des rapports qui 1e définissent relativement à son parcours êt, aussi, selon des " 1'armature" dans 1aque11e s'actuallse au moins i'un aspects qui rejoignent implicitement 1es contenus inversé e-L posé 1 duns 1e conte . Cet aspect est susceptible d'être récupéré pour être rattachable à la valeur de 1'anthroponyme motivé dans 1e discours narratif. Pour éclairer ce poinl de vue, rappelons qu'i1 y a une déjà actualisée par homogér-réisatiorr de signification 1'associat.ion des unités constitutives de 1'anthroponyme. Cet,te association productrice d'un effet de nature thymique dans la mesure où /l-hemm/ semble pour ainsi dire prendre Pour siège /l--gelb/, rejoint ladite création par le conre d'un anthroponyme. Par cette création, 1'acteur mis en scène est "héroisé" par ce qui Ie relie et le condamne à /I-hemm/, assuré

1 A. J. GREIMAS, Du sens, op. cit.

pp. 187-188.


?q?

du point de vue discursif par l'utilisation métonymique .de /1-ge1b/ pour le désigner. son état de conjonction avec "/1-hemm/', susceptible de se Lransformer, puisque nous savons que 1es contes onl une structure qui rejoint "re renversement de 1a situatioR", permet d'anticiper sur 1'histoire du récit, avant même d'être racontée. Â 1a suit,e de cette "schénatisation" qénéra1e du cont,e de /L'ge1b b-1a hemm/, gui a essayé d'expriquer 1'armature par des indications explicites dans 1'anthroponyme, i1 revient à 1a lecture de 1'errsemble du récit de voir dans quel1e mesrjre 1'anticipatlon se vérif ie. cet,t,e tâche est ce qui explique 1'exparrsion dans le récit, et la conderrsat j-on dans 1'anthroponyme, eui présupposent une instance organisatrice 1a relation qu'el1es elitretierrnent.

de

En somme, 1a mise en discours s'appuie sur des traits supposés pertinerrts linguistiquement dans 1'anthroponyme par

1'association de ses unit,és de signif icat.ion; 1a st,ructure narrative sert, sans t,enir eompte de ces traits , à faire signifi-er 1'anthroponyme relativement aux contenus de 1'armature. ces contenus re1èvent alors d'un niveau portanL sur ce à quoi 1'anthroponyme motivé, en 1'occurrence /r-gelb b-ra

sert dans 1a mise en discours de 1'histoire du conte. Ces considération révè1ent que 1'anthroponyme est, au

hemm/,

f

otrd, 1e support de deux opérations: d'un côté , i1 est mot,ivé

par ce à quoi i1 sert comme é1ément de condensat ion; de 1'autre, sâ motivation sert de stratégie dont 1es récits bénéficient pour être mis en discours. ces récits sont générés par 1e processus anticipant, et programmat,eur des séquences où


394

s'inscrit

le

dénommê comme

"centre d'intérêt"

du déroulement

narrat,i f .

D'un autre point de vue, 1'anthroponyme motivé sera dit produit, ou généré par 1es séguences narratives eui, selon une référerrtialité interner renvoient au "champ" définitoire du sujet. En définitive, ces séquences sonL tel1es parce que leur thématisation est déjà prévue par les associations sigrriflanïes

entre les unités qui constituent 1'anthroponyme. Nous pensons avoir,suffisamment insisté sur 1e caractère de motivaLion de 1'anthroponyme dlt /L-gelb b-1a hemm/. Ceci dit,, 1e plus important, à notrê sens, est de situer ces consldérations à un niveau qui nous paraLt essentieL pour 1'analyse. I1 s'agit. du niveau que nous concevons comme ce que la mise en discours convoque pour se réaliser, En ef f et, les apports de 1'érronciation nous seraient ri'une grande utilité pour mieux éclairer 1a manière dont -se1on 1'expression d'8. Benveniste- 1a mise en fonctionnement de 1a langue, donl on sélectionne des unités pour produire un anthroponyme motivé, se réa1ise dans 1e conte.

Si, à première vue, l'anthroponyme semble en généra1 choisi arbltrairement ( cf. / eifa/ , /Leila/ , /Hel1uma/ ) par celui qui dénomme et met en discours Ie dénommé, quand i1 g'avère 1'une des composantes constitutives des ressorts internes du discours, i1 cesse d'être arbitraire comme nous 1'avons déjà dlt. Selon cette idée, l'anthroponyme motivé indique qu'i1 est, à un n j-veau présupposé , un out,il "modulateur" ou "modeleur" du discours narratif qui lui sert de t.émoin pour êLre édifié à sa juste valeur,


395

11 est aussi intéressant de remarquer qu'à f instar de

ce

un certain arrcrage du récit est opéré par 1'anthropon:/me. Cet anthroponyme ne sert plus seulement à dérrommer mais surtout à permett,re 1a facilité de mémorisation du conte. Ceci explique pourquoi nous avons osé dire que 1a st,ructure du conte, en tant qu'organisation généra1e, peut être clite dans 1'anthroponyme mot.ivé. 0uand i1 ne s'agit que de 1'étude de 1'organisation qénérale du conte en indiquant " 1'ordonnance syntaxique" ( 1'expression est de J. Courtès ) l'anthroponyme motivé s'avère souvent intéressant pour rendre compte de la même approche. L'exemple de /1-gelb b-la hemm/ peut largement en témoigner dans 1a mesure où 1a catégorie thymique " joUIant] un rô7e fondanentaJ dans La transfornation des nicro-univers sémantiques en axioTogies" (c'est nous qui soulignons )' y est déjà inscrite. En plus, chose qui rrous senble originale dans 1e fonctionnement de 1'anthroponyme , L'organisation selon les états initial et final correspondant au renversement de 1a situation, devient 1'affaire d'une sémantique qui considère 1es "

jeu" ,

,

,l

unités linguistiques et leur associat,idn dans ledit /1-geLb b-1a hemm/. Ce travail doit, bien entendu, être en mesure de privilégler son objet en fonction de 1'obiectif. Pour notre anthroponyme (/1-ge1b b-Ia hemn/), i1 nous paral.t évident que 1'unité à privilégler sera /!-hemm/ dont I'étude intégrera 1es résultats à l'ensemble de ce qui constitue I'oblet anthroponyme.

1 A. J. (catégorie)".

cRErMAs

et, J.

COURTES,

op. cit.

art.

"Thymique


396

Pour cela, i1 suffit' d'intérioriser

1a structure fornelle

en tant gu'organisation générale du conte, pour savoir dans quel sens ( visée ) les significat,ions des unités constituant 1'authroponyae vont être orientées. Dans 1e cas où f irrtéressé ne dispose d'aucun renseiqnement sur cette structure formelle du cont,e, i1 lul suffira de recourir à une analyse de /1-hemm/ dans 1e sens que nous offre ce que 1es sémioticiens appellent " structure éJénentaire de la signification" z

1-hna/

/1-hemm/ (

soucis - dysphorie

(

)

/r- na/ (

paix = eElîËE

palx = euphorie

/l

- hemm

)

/

(sîuEîs = aÿsElôrie

)

)

pour prévoir la mise en oeuvre de ces é1éments dans Le dlscours

narratif et, pêr corrséquent, retrouver 1'organisation générale du récit,. Les résultats de cette tâche peuvent proposer une autre ouverture puisqu'i1s sont susceptibles d'être rêcupérés pour mener r-1ne analyse clu conte sous 1'angle de 1'énonciation rtarrative. Cette voie d'ét,ude de I 'organisation générale, eui s'appuie,

comme

nous venons

de 1e

voir, sur

cies dét,ai1s propres


397

au motif de 1'anthroponyrnel, rejoint à plusieurs égards la 1eçon du père fondat"u12 des grandes ouvert.ures qui ont permis la mise à jour de méthodes d'analyse du conte en général. ces ouvertures permeLtetlt actuellement de faire un raccourci au point. où le conte, êD tani que structure morphologique, nous semble avolr bénéflcié d'étucles suffisamment é1aborées pour ne pas y revenir. Par conlre, J-es problèmes qul se posenl à propos du sujet du discours narratif dit /1-mHaiya/, ne nous semblent, pas suffisamment posés, pour approcher 1e champ qui spécifie ce sujet par 1a nature même de ce prodult narratif en tant quê

slructure, De deux choses 1'une: soit nous sommes en train d'enfoncer une porte déjà ouverte; soit 1a porte est à peine entrouverte et i1 nous faut tout de même faire l,effort de 1'ouvrir. Nous voulons dire que les approches qui t.iennent compte des conversions dans 1es niveaux de génération des discours ont prévu une place importânte à cette composante qui se situe non pas à 1'un des niveaux de la génération mais à

tous les niveaux pour leur servir de " fiitre,, 1'expression de Greimas, à savoir L, énonciation.

seron

1 Nous eonsidérons 1'anthroponyne comme motif dans 1a mesure où, étant créé et mot,ivé, son fonctionnement est sousteudu par une strLlct,ure syntactico- sémarrt ique dans la configuration où i1 est récurrent. 2 11 ,a de soi que nous pensons à v. pRopp, l.{orpholoqi.e du conte, seuil, co11. Point.s, paris, L97a , dont i'en,se.ignement sLlr 1'organisatlon du conte merveilleux du point de vue formel a été repris par A. J. Greimas pour donner des ouvertures qui s'inscri-vent dans 1e cadre de 1a sémiot,ique di_te ob jectaie, dont les acquis ont reçu d'autres ouvertures par la sémiotique dite subject,ale développée par J.-c. coquet (voir dans l,ordre ses publications , L976, L992, lgï4 et 19g5).


398

ce plan d'analyse n'a pas bénéflcié, à notre connaissance, d'efforts comparables à ceux qui ont été investis dans les

recherches sur 1es contes au niveau de 1a narratlvit,é. pour

cette " 1acune " , i1 rrous semble qu' i1 f audralt. réf 1échir sur l_es conditions d'utilisation de 1a langue, conformémeni à 1'enseigrrement d'E. Benveniste, en commençant, par saisir tout ce qui est linguistique et ut,ilisé de manière récurrente dans les environnemerrts syrrt,actlco-sémantiques des dispositifs riu conte. Notre t,entati.ve d'étudier 1e rô1e du rexique dans 1es corrfigurations discursives à part.ir de quelques exemples, sans atrer jusqu'à affirmer des résultats parfaitemenL fiables -i1 rre s'agi-t que de premières ét.udes- va dans ce sens. Pour éviter 1a reprise cle 1'héritage sur 1'énonciatlon et son appareil formel que E. Benverriste offre au chercheur, revenons à notre hypothèse pour 1'éclairer par quelques aspects rle cet héritage. L'utilisatiorr d'urr anthroponyme mot.ivé est, d, urr point de vue linguistique , soumis à des conditions d'utilisation. par cette 1dée et pour que notre étude r:'aii pas I'air d'être orientée vers 1a motivation, nous serons amené à élargir notre débat ,err conmençant par ne plus considérer 1es seuls anthroponymes motivés. Nous aurons dans

cette perspective

une

classification selon 1es critères suivants: 1. 1a désiEnation d'acteurs par des anthroponymes qui ne peuvent être examinés ni selon un processus de motivation ni selon un registre social; Ie seur ef f et à not.er sembl_e indiquer que ces arrthroponymes ne provienrrent nl d'une sélection


399

d'unlt.és signifiantes dans ta langue ni d'une référence comme fonction de désignat,ion ailleurs que dans 1'univers du conte.

2. L'absence de motivat,ion indigue gue certains de nos anthroponymes sont repris êu registre social. 3. La motivation comme processus du fonct,ionnement de 1'anthroporryme (quand i1 est net,tement motivé ) exige, comparativement à 1 et à z, que luj. soii réservée une mét,hode de traitement par 1a descr3.ption des discours narratifs particul ie::s Pour chacune de ces classes, nous dorrnerons des exemples t,irés du corpus; ensuite / à 1'rint.érieur de chaque classe, nous

essaierons de voir s'i1 n'y a pas d'autres classemenls à p révoir par f indécidabillté d'intégrer c e rtain s anthroponymesl dans 1'urie ou I,autre de ces classes. Le t,ableau qui suit résume ces points.

r A côté de ces ant,hroponymes, nous metürons le signe ponctuation: '? { 1

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400

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401

Les anthroponymes qui semblent, ne pas se soumeLtre au princlpe de la motlvation forment une classe assez difficile à appréhender. Dans c15 el czg, dans lesquels nous repérons une même configuration avec cett,e différence gue dans un cas la

mère est appelée / l-gelb b-la hemm/ êL, dans 1, autre /1-meHgura f-gae ]-meTmura/ (ar: 1a sous*estimée au fond du silo), ies noms attribués aux enfants (sur, Dur et Nur (ou Hur selon les versions)), bien que nous ayons essayé d,expriquer 1a nature de leur motivation intra-textue11e, ne se rattachent à aucun effet producteur de i,raits par des régularltés relevables dans des anthroponymes t,els que ceux de ra mère. ,

Nous savons que sur, Dur et Nur désignent en même tenps

1es enfants nés dans 1e silo et 1es espaces où i1s ont. ét.é corlçus. seure une réf érerrce int,ra-textuelle reiie ces anthroponymes aux Loponymes. ces anthroponymes sont alors motivés par 1es naissances de reurs porteurs après avoir été conçus, selon 1e conte, dans des espaces portant des noms dont 1es urrit,és particulières ne sont apparemment pas porteuses de

significations pour s'assurer une motivation comparable à ce11e de /1-mHgura... / et /1-gelb. .. /1. L'opération de motivation pour ces noms désignant et les enfants et les espaces, s'appuient sur 1e principe de la référerrt,ialité spatiale sans exiger que 1es t,oponymes soient motivés à 1a manière des ant,hroponyme s /t-meHgura. . . / et /l-9e7b.,. /, si nous pouvions forger des t,ermes pour exprimer 1 tout en ayant un usage en langue qui les rapprocherait, tlans une certaine mesure des espaces dont, iI est question ici (à I'exception tout,ef ois de Nur et Hur), /S:ur/ et /Dur/ peuvent être dits motivés.


402

de manière assez exacte notre pensée, nous dirions gue /sur/,

pour ne prendre que cet exemple comme espace, comporte un "anthroposème", sème investi dans 1'anthroponyme qui sert à désigrler 1e premler enfant dals nûtre conte; et eue /sur/ comme anthroponyme comporte un "toposème" pour rappeLer -donc motiver

el: quelque sorte- 1a référent,ialité à 1a corrception des enfarrts

et à leur reconnaj-ssance par 1e père-roi. Par ces points, 1e cont,e est à peu-près résumé, et toutes ses versions comporterrt ces

mêmes ilonnées

pour construire 1'univers sémantique qr-li est

1e sien. Ce qui assure 1a corrst.ruçtiorr d.e cet univers est,

à

un niveau discursif , 1a jonction cies toponymes aux anthroponymes par des dénominations communes pour assurer l-a référence rêciproque des enfants aux espaces. L'effet de cetre

jonction, à un niveau " thématico-narrat,if" (nous empruntons 1e terme à J. Courtès ) , est justement 1a reconnaissance des etifarrts comme 1égit,imes et de leur mère cornme épouse par 1e roi. De marrière explicite, comme on peut s'en rerrdre compte, nous sommes en train cie c1évciler les axes autour desquels les parcours de conception, de naissance et de recorrnaissance des enfants, gui impliquent, 1'union définitive du roi et de /1-meHgura.../, sonL organlsés narrativemerrt. Ceci permet de résoudre 1e problème de différence quant aux aspects du processus de motivatiorr de /Sut / , /Dur / et /Hur/ , Êt /I-meHgura... / eL /L-gelb... /. I1 suffit eL /L-9e1b.../

de rappeler que 1e conte exploit,e /1-meHgura.,./ comme anthroponymes

motivés et qui désignent -ne

1'oublions pas- Ia mère de /Sur/, /Dur/ et /Hut/, pour pouvoir


403

intégrer dans 1e schéma d'ensemble de nolre étude le processus complet de mise en discours de rros figures actorielles.

cette mise en discours est à peu près assurée par une certaine récursivité des anthroponymes motivés comme mot,ifs dans 1e discours rrarratif . Telie relation de motivation entre 1'anthroponyme et le discours est sous-iendr:e par des significations en langue dans cet anthroponyme pollr fonctionner dans ce discours comme ce qui assure une autre fonction dont le caractère de motivation ne peut être perçu comme te1 qr-re parce qu'auparavant i1 y a eu ce principe de motivation. Expliquons-nous. Nous avorls admis que nous ne pouvior:s parler de motivalion dans la correspondance entre 1es toponymes et Les anthrr:ponymes qu'après avoir ret,enu qu'iJ. y avait, 1à une réf érential"it.é intra-textuelle; toutefois, cette motivat,ion n'est pas soumise à cette seule référentialité car 1e principe de motivation 1uimême est si f aci-le à reconnal.tre dans / l-meHgura. . / /i-9e1b.../ que si on sait que ces derniers désignent, 1a mère, on en conclura que ceux qui désignent les enfants seraient aussi motivés. Dans ce cadre , rappelorrs que , d'un point de vlle de mise en discours, 1e lien de parenté entre 1es aeteurs pour lesquels les noms des espaces sont destinés, et l'acteur appeié /I-neHgura.../ ou /L-gelb,,,/, est révélateur de cette récursivité dont, nous avons parlé et gue nous pouvons formuler au prix d'une construction que 1'usage rejetterait facilement: 1'anthroponyme -étant mot.ivé- de la mère des enfants qui reçoivent les mêmes noms que les espaces où i1s ont, ét.é conçus, Ce nouveau pas nous apprend gue 1'opération de

,


404

permet de supposer possible 1a motivat,ion des anthroponymes des

enfants correspondant aux t,oponymesl. I1 est évident que ce quê nous venorrs de dire n'est valable que pour les anthroponymes que nous avons pris comme exemples dans 1a configurat,ion repérée dans CL5 et C28. Encore

faut-i1 que nous y revenions pour souligner que 1a récursivité te1le que nous verlons d'en dlre quelques mots n'est pas tcujours évident.e dans l-e sens où e1le explique les passages d'uile mot,ivat,ion " exp,lic j-te " à une autre d'un degré moins "exp1icite". Pour éviter tout engagement susceptible d' être retenu comme généralisant, nous rrous contenLerons d'admettre que 1es anthroponymes qui ne présent,ent pas de phénomène de motivation à base de signlfications en lanque, sont tout de même porteurs d'investissements en termes de composantes de rrarration exploitées par 1e récitant du conte. ceci monLre, t.out compte fait,, euê les contes exploitent, souvent une trace mise en condensation pour permettre leur narrat,ion. Ceci est révé1at,eur d'un eertain type d'énonciation narrative qui pose I Not,re ob ject,if par 1'utilisation de 1a récursivlt.é n'est pas de montrer qu'e11e est à 1'origine de f inaccept,abilité de 1a construction; ceci n'a d'ailleurs aucun sens car notre approche esL Lransphrast,ique. Nous 1'utilisons pour t,enter de montrer que 1es motivations de /sor/, /Nur/ eL /Dur/ seraient construites ét,ant donné que /1-meHgura... / et / 1-ge1b.../ sont motivés: cette supposition nous est dictêe par 1e falt que 1es dêsignés ent,retiennent, une relation de parenté dont. 1'effet, est de rendre mot,ivés 1es noms qui les désignent. cetle lecture se sit.ue sur deux plans d'isotopie: l'un, discursif, spéclfie Ia motivat,ion de /l-meHgura... / eL de /L-gel-b,,./i 1'autre, narratif, spéclf1e 1a relat,ion de parenté. A un niveau h1érarchique, apparalt 1a relation entre 1a motlvation du point de vue discursif et 1a parenté du point de vue narratif; ce niveau est ce dont rend compte notre ut,ilisation de la récurslvlté pour la rattacher à celui de 1'énoncj_ation (cf. notre deuxième chapitre ci-dessous).


405

point de départ et d'ancrage des axes condensés pour être mis err expansion dans 1'architecture du conte. La réalisation de cet acte s'appuie sur un processus qui relie 1es récits particuliers à des traces qui sont en fait des motifs Qui, dans un temps, orienLent 1a narrat,ion êt, dans un comme

autre, pâr cette narration, 1éqitiment leur fonct.ion discursive selon 1e rô1e que 1e produit Ieur at,tribue. On Sait qU'une variarrte oU une verSion d'Une variante d'un conte sont 1e résultat d'une récitation selon deux Sens: "récitatlon" (acte de citer une autre fois) et "rêcit-at,ion" (acte de mise en " récit" selon 1e SenS que E. Benveniste at,'L,rlbue à ce terme) d'événements relativement actualisés dans des traces qui assurent, 1a narration. Ces deux sens de récitation §ont inséparables, et toute récitatiou retient Ces deux sen§ pour s'assurer une technique cle mémorisat,ion. Les anthroponymes motivés ne servent-i1s pa5 1a mise en discours des acteurs er:'ils désignent dans des parcours déterminés par la mo

t

ivat i orr ?

Nolre réponse à cette question nous permet de mettre encore une fois 1'accent sur I'idée que "1e gardien" qui as§ure au conte sa pérerrnité n'est pas tout à fail ce facieur de Lransmission-récitaLion de personne à personne à 1a manière d'un objet qui Se transmet. I1 est vrai que cette transmissicnrécitation joue son rô1e mais e1le ne c,onstitue pas tout à fait 1e facteur primordial pour mémoriser 1e conte. Ce produit ne se donne pas comme objet à apprendre par coeur; bien au contraire, Sa pérennité est due à ses propres capacitéS de rendre possible Sa transniSsion-récit,ation par des Lechniques


405

ceIles de 1a motivation des anthroponymes, qui accordent au récit,ant-conteur des moyens mnémotechniques. A Ia manière d'une prise de notes par 1'auditeur d'un discours, 1e conte of f re à son audit.eur " les rrotes" nécessaires pour 1e reproduire s'il se propose de }e récit,er. 11 suffil pour ce faire que cet auditeur intériorise ies principes morphologiques du contel, comne

sinon son effort personrrel dans 1a rêcitation refèvera plus d'un certain style d'agencements, d'enchâssements et d'organisat,ion de son produit, {ua de créat,ion de ce dont 1e conte par1e.

1. Ànthroponvnes non

moti-vés

Les quelques remarques que nous venons de faire sur ant,hroponymes

1es

pour lesquels i1 a été relativement difficile

d'admettre une motivat,ion comparable à ce11e de /1-meHgura.../

et de /1-geJ,b,.,/, nous ont amené, non sans quelques détours, à y reconnaître des voles de mise en discours de contenus qul s'y rapportent pour être dit.s motivés.

1 D.ns 1e but de vérifier ce point de vue, nous avons asslsté à un atelier de travail sur Ie conte, adressé à un groupe d'enfants âgés de dix à treize ans (Éco1e du Port de Gennevilliers, 1986 ) ; au bout de quelques séances que nous avons assurées, les enfants sont arrivés non seulement à reproduire 1'essentiel des contes que nous avions vus ensembles mais à proposer d'autres "histoires" qui ont témoigné d'une intériorisation int,éressante du schéma formel par ces enfants.


401

en Ce point de vue devient, sans aucune utilité, particuller dans Ie cas où l'anthroponyme ne se soumet à aucun principe de motivation; i1 se présente comme ne correspondant à aucun reglstre d'usage €t, partat:t, 11 comporte une forme "vide" quant à son utilisation dans les séquences où i1 apparalt,. Cet arrthroponyme , nous 1'avons classé dans une rubrique à part (cf. tableau ci*dessUS): i1 s'aqi"t précisément de /rrima/ (ou /sinya/ selorr 1es versions ) et de /1unia/ (ou

/lil-a/

\.

Çuelques terrtatives de ramener ces anthroponymes à fonds qui puisse 1es faire signifier par f intermédiaire

un de

1'usage nous été soumises: /1un1a/ serait lG'an)a/ ou /Genia/

(ber: aGenja = louche, cuil1ère); ce terme semble aussi, selon L1n inf ormateur , dé signer 1es rogations . Enf in , "uotlt compce fait, ceci ne nous avance en rien puisque 1a tentalive de rapprocher ce terme d'un usage pour essayer de voir dans que11e mesure cet usage est explolté par 1e conte, n'est guère à 1'a1:ri du manque de critères suffisammenl soLides pour approcher 1a motivation proprement dite. Ces problèmes se posenL encore plus dans /nima / ot / sinya/ car nous ne disposons d'aucun moyen pour y voir aUtre ChOSe gue sa fonction de dénommer 1'héroine de notre conte C10. Les tentatives vaines pour en savoir plus auprès des informaLeurs reçoivent une réponse qui eSt souvent un résumé du C10 quand i1 s'aqit d'informaLeurs qui connai§sent 1e conte; 1es autres avouerrt leur ignorance. Comparativement à cet anthroponyme, celui de /1unja/ esL

relativement moins mystéri-eux car i1 a un usage assez

connu


408

rlans 1e langage couranL par cies formulation"l qui se disent propos d'une fille

à

ou d'une femme qui prend de grands airs.

formulations sont vraisemblablemenL un témoignage sur 1a popularité du conte de /lunja/; ceci permet de dire que par e1le, Ie procédé mnémotechnique assure partiellemenl 1a mise Ces

err discours de 1'histoire selon au moins 1e t,rait de beauté

particulier à /lunja/ et selon ta désignation métonymique par "ehevelure"2 de cette héroirre dans Ie conte, Sur 1a base de ces indications, il est possible de reproduire 1'histoire quand on 1'a déjà entendue. Cette posslbilité ne s'appuie évidemment pas sur les seules indications dit,es dans /1unja/ eui, de ce point de vue, s'avère motivé à 1a manière d'une flgure symbolique, mais aussi sur d'autres facteurs dont Ia fonction est comparable à cel1e de 1'anthroponyme (cf. chapitre 2\,

2. tes nons propres utili,sés

çomme anthroponvrEes

à ces anthroponymes de /1unja/, /nima/ et /sinya/, une autre classe apparaÎt avec des caractéristiques Paral

lement,

l Reproduisons une sit,uat,ion dont nous témoignons par notre présence! une jeune fi11e passe à côté d'un groupe de jeunes; 1'.un de ces jeunes dit au moment où 1a f ille passe /balaktr lunja ra-ha fayta/ (ar: cédez La placelLunja passe). Cette expression a retenu notre at,tent,ion et i1 nous semble avoir compris que Ia jeune fille prenait de grands airs. 2 L'"*pression courante /swalef Iunja/ (ar: Iongs cheveux rle lun j a ) est utilisé dans le sens du trait, de 1a beauté !

.


409

qui leur sont proches dans Ia seule mesure où i1 n'est pas possible d'y relever un processus de mot,ivation propre à 1a condensation / expansion. Dans Ie C13 par exemple, /s-siyyed eali / eL / eelqma/ proposenL urre référence extra-textuelle à partir de données qui les situent dans 1'histoire du début de 1'Is1am. l^Ious écartons de rlotre approche cette considération pour ne pas nous éLoigner de notre objectif" A ce choj-x, nous accordorrs 1e fait que 1a référence extra-textueIIe, dans 1a mesure oùr l.'image que 1es récits d'aspect religieux attribuenl à nos acteurs, rr'est pas forcément saisissable comme ce dorrt 1e récepteur-auditeur du conte tiendrait, compte. D'ai1leurs, 1e lecteur non averti sur cette référence extra-textuelLe dans nos récit,s ne peut pas être absolument attentif au non-dit qul consiste à préciser que i s-siyyed eali/ et /eelqma/ entrent en scène narrative essentiellement pour que Le récit netie en valeur une isotopie reliqieuse. ComparativemenL à ces anthroponymes, nous voyons gue ceux

que 1a motivation caractérise selorr une référence intratextuelle, sont percept.ibles comme t.e1s indépendamment de tout savoir cogni.tif ext,erne aux récits et suscept,lble de nourrir la compréhension cies univers sémantlques. Dans ce sens, / s-siyyed eali / et / eelqma/ f orictiorrnent comme / 1un j a/ ê*,., /nima/. Sur un aulre p1an, i1 faudra, bien entendu, distinguer entre 1es deux sous-classes car, contrairement à 1a seconde sous-classe, 1a première comporte tout de même /s-siyyed/ comme trait pour désigner 1'attribut de "saint" accordé à /ea1-i/ et à /eelqma/, eui est largement attest,é dans 1e discours religieux. C'est dire que la trace de cet aspect est inscrlte


41_0

clans, I'anthroponyme, mais dans quel sens va-t-e11e être

exploitée ? Aucune indication n'est véritablement offerte à ce propos. Or, la motivation, comme nous 1'avons vu dans /1-meHgura.,. / eL /1-geLb.../, est un processus dans Le sens cù ces anthroponymes proposent des indications anLicipantes sur 1es récits qui 1es utj-lisent et sur 1es univers sémantiques. De 1'extra-textuel que nous venons d'attribuer à /s-siyyed eal1 / eL à / eelqma/ darrs C13, relativement à une ère hist,orique, nous reLenons f idée que. nos per§onnages fornenl une espèce de "pro jecteur-régqlqteu1" de 1a. c_onstruction d'une vision religieuse selon une visée parLiculièrement ancrânte. Cet arrcrage historique du récit par ceS anthroponymes esi ce qui distingue C13 du C1 et C10 où l'ancrage est absent. Etr outre, si /mHend/ datis /mHend }-hemm/ (ber: mHend des soucis,

mHend 1e

1-fahma/

{

ar;

soucieux, 1e malheureux) ou /eifa/ dans /eLfa ei/a 1a savante), peuverlt recevoir des

cela nous a ét^é confirmé du moins pour 1e cas de /eiîa 1-fahma/1, i1 sera aisé d'affirmer que 1e plus importanL dans un anthroponyme n'est pas 1e nom propre, c'est plutôt, ce qui assure 1a motivatiorr darrs 1'approche en privilégiant, les unités qui s'y rapportent ( cf. ci-dessus, substiÈutions

comme

/1-hemm/ dans /1-ge1 b-1a hemm/).

Dans cet I'inposslbilité

ordre

d'idées ,

i1

apparaî.t

de substituer à /s-slyyed eali/

clair

que

et à /eelqma/

1 No= informatrices ut ilisent indifféremment I'un ou 1'autre des noms proPres: eifa, Helluma; pour /mHend 1-lhemm/, nous avons recueilli une seule version où I'informatrice a ut,11isé /bu-lhemm/ (1itt. 1e père des soucis).


4L7

d'autres noms est 1'histoire.

due

à Ia réalité situant ces personnages

Cet ancrage nous évite I'effort

dans

d'expliquer pourquoi

anthroponymes ne sont pas motivés même si,

ces

du point de vue

de

1'usage des urrités qui les constituerrt,, ils correspondent à des

significations.

Par cette idée, i1 nous est posslbl,e d'expliquer 1e fait

que les contes n'utilisent 1es noms propres que s'i1s 1es associent à autre chose comme par exemple, une quaLiflcation ( cf. / €,ifa 1-fahma/ ) pour leur attribuer un caract.ère de mot.ivation. Dans 1es cas où 11s ne leur associerrt aucune attribution, i1s ne peuvent en aucun cas êt,re pris au registre social r ce rre sont pas des rloms propres ( cf . / 1un j a/ , /nimai et /si-nya/) i ce sont des noms créés. Par cette création, nous ret,rouvons au moins un aspect de motivation (cf . ci-dessus, sr. 40S) particulière et propre à 1'univers de C1 et de C10. Nous voyons bier: que rros anthroponymes dans C 13 ne sont pas une création par /1-mHaiya/ qui Ies utilise. Du iait même que ceite /mHa)ya/ n'esl pas "auto-régulatrice" des séquerrces qul se rapportent à ces personnages puisqu'e11e est, elle-même, un produit construit sur des récits de caractère religieux, ces anthroponymes sont utilisés à f image de ce qul prédomlne dan-s 1e récit. pour produire les effets voulus par 1e sujet producteur suivant ce que cela présuppose d'un point de vue religieux. Dans cette sous-classe des noms propres, 11 est à prése:: possible d'intégrer d'autres anthroponymes tels que /nu}-air


412

eebdelqader j-jf1a1i/1,

/si

muHemmed

l-lergL/,

/t-Lai

ben

eemmur/, guê nous considérons comme non mot,ivés au même ti-tre

gue les premiers.

critère nous parait intéressanL dans 1a mesure où, dans un cas, 1es anthroponymes ne sont pas une crêation par les récits; et dans 1'autre, ils sorrt urle création totale (cf /1-meHgura.../, /L-ge1b.../) ou partielle (cf. /mHend 1-lhemm/, / eifa 1-fahma/ ) par les récit,s selon un processus de motivation. A ce titre, nous estimons que 1es premiers sont ut,ilisés dans des récits qui cessent d'être contes en comparaison avec les seconds qui sont utilisés dans 1es récit,s Ce

.

que nous considérerons comme contes.

Par ce critère, i1 y aurait lieu de proposer une Lypologi.e des récits selon qu'on p"Tt admettre exclusivement l-e tlt.re

rle

conte aux récits créat,eurs d'ant,hroponymes ; quant aux autres , on peut leur admett,re d'autres titres (épopée, 1égende ? ,.. ) que nous ne pouvons formuler faute d'analyses concrèLes d'un

corpus plus large que le nôtre. En tous Ies cas, avec ce critère, i1 nous semble que 1'utilisation du terme "conte" pour désigner Lln récit pourrait être revue pour ne pas en user

qui caractérise trop savoir ce fondamentalement 1es récits qui s'y rapportent. Pour 1e corpus que nous présent,ons dans cette ét,ude, êD attendant que des analyses u1t,érieures soLls d'autres angles que celui de 1'anthroponymie, y apport,ent des éclaircissements, nous pourrions provisoirement émettre f idée que les processus innocemment

I

sans

' Pour quelques renseignement,s sur ce personnage, voir Le soufisme, éd. T.C., Lausanne , L9-79, p. 47.

STODDÀRT,


413

de mise en discours cl'une histoire , selon des techniques relevables ou non dans 1e discours narratif lui-même (cas des rnotivations,

des expansions,

des condensations et

des

élast.icités du discours en généra1) , serait un crit,ère distinet,if suivant 1es cas où 1es facteurs de mémorisation sont internes ou externes à ces récits. Si ces facteurs sont externes au récit1, f intérêt des stratégies de construct,ion du discours narratif que nous trailerions sous 1'angle de 1'énonc j.at.ion narrative, s'avèrera nul si rrous faisons valoir Ie principe qu'un cont€ sera teI s'i1 se donne 1es moyens d'aut,f -construct,ion et de mise en discours par f irrLermédiaire d'un récitant qui 1es met en fonctionnement.

Le conte est, selon ce poirrt. de vue, 1e résu1t.at-produit,

de cléterminations qui lul sont intrinsèques. ContrairemenL

à

ces déterminations, ce11es que nous avorrs relerrées notamment /t-taj ben dans //uyue f-fems/ , /ssi muHemmed !-fergl/, 6emmur/, /s-siyyed eali/,

/ eeLqina/, rre sont guère int.rinsèques

aux réci-ts qui. l-es ut,ilisent, Certains (cf . I f uyue ,r-lems/ , /ssi muHemmed /-fergi/, /t-taj ben eemmur/) sont repris au registre soclal sans effet particulièrement frappant; d'autres, tout en étant repris à ce même reglstre, sont porteurs d'une

1 Ceci veut dire que 1e récit est construit sur d'autres récits qui présupposenL que le sujet énonciateur parle d'un "quelque part", facile à déterminer historiquement et spatialement, pour réaliser une implication dans 1e sens où ce

réclt rr'est intelliglble que dans ce cadre spatlo-temporel construct,eur de représentations données dans 1'univers sémant,ique.


414

référence particulière (cf. /s-siyyed

j-jilali/,

eaLi. /

, /mulay eebdelqader

/eelqma/).

Les distinctions sommaires que nous venons d'établir en proposant un critère qui fait reconnaitre un conte comme

urtivers particr:1ier, repose sur 1a remârque Çuê, dans une première classe de récits, les anthroponymes sont soumis à des règ1es d'att,ribution dont, 1es ef f ets sorrt repérabl-es darrs 1a mise en discours des hist,oires qul concernenL 1es porteurs de ces anthroporrymes i alors que dans la seconde classe, 1es anthroponymes sont peut-être révélateurs des histoires où i1s apparaissent, si on se réfère à 1'extra-textue1, mais on rre peut y retenir des rè91es sous-jacentes à 1'att,ribution de ces noms aux personnages dans 1es récits. En pIus, nous ne pouvons en aucun cas affirmer que ces noms sont desti-nés exclusivenent aux personnages qui les portent puisqu'ils sont issus du reglstre commun des appellatifs dont 1a fonction essent.ielle est de désigner des personnes. Selon cett,e dernière inscript ion de ces noms dans ce registre , nous pouvorrs reprendre / lunj a/ , lnima/ et / sinya/ pour rectifier un détail: i1 est peut-être vrai que ces d'at,tribution mais nous ne pouvons les mettre dans 1a seconde classe puisqu'i1s ne servent à désigner que 1es personnages des C1 et C10; et de ce fait, i1s servent comme références imnrédiates à ces récits. Faisons un pas pour proposer une première ébauche partielle pour voir 1a distribution possible qul rend compte ant,hroponymes ne sont soumis à aucune règ1e

de nos distinctions en ne considérant que les registres social eL non social

comme

traits qui caractérisent les anthroponynes.


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416

D'après cette récapitulat,ion, 11 apparaît que 1es ant,hroponymes issus int,égralement du registre social sont utilisés dans des récit,s que nous ne consj.dérons pas comme contes; ceux qui n'appartienr:ent pas au registre social apparaissent dans des récits que nous considérons comme contes que nous avons déjà essayé d'analyser pour y déceler 1e code figuratlf comme forme du mythiquel *t pour examiner 1e motif du mariage2. En somme, les exemples que rrous venons de prendre montrent

qu'a priori , 1'anthroponyme est é1ément par 1eque1 un réci.t ,un serait considéré comme corrte lorsqu'i1 est adéqrrat au personnage qui 1e porte conformément aux divers rô1es qu'i1 sur la scène narrative. Le rapport, entre les fonctions appellative et désignat,lve dans ce cadre, se précise selon deux volets qui s'int,er-déflnissent: 1. 1'anthroponyne a un contexte narrat,if d'ut,llisation et 11 est sous-tendu par une structure syntactico-sémantieue; 2. Ie contexte narratif sert à dénommer le p"r"onn*g*3. justlfiés par le Ces points sont tout à fait fonctionnement des anthroponymes pour lesquels 1e registre social ne s'applique pas. I1 s'agit de / 1-meHgur a. . . /, de /l*ge1b.../ et d'auLres que nous verrons et qui ne figurent pas

assume

dans 1e schéma ci-dessus. Ces derrriers comport.ent généralement 1

Voir particulièrement "Le code flguratif spatial forme du mythigue", notre t.hèse de 3e cycle, op. cit.

comme

2 C"tt" étude a fait 1'objet, d'une conférence que nous avons présentée au B.E.L.P., Centre Ibn Khaldoun, Oujda, 1988. 3 Porr plus de détai1s, voir G. KLEIBER, "Dénomination et relations dénominatives", Lanqages, N" 76, 1984, pp. 87-88.


4t7

en eux-mêmes leurs att,ributs. Ces attributs sont 1'origine et

1'effet de Ia constructiorr des récits. Le cas typique qui rend compte de cette idée esl celui de /11i /eer-ha Twil/ (ar: ce11e dont les cheveux sont lorrgs ) . A première vue, i1 est de parler ici d'anthroponyme, ct sensiblement difficile pourtant, dans cette proposition, 1a relative en tant qLle cas de déterminationl forrctionrre bel et bien pour désigner un acLeur. Mieux, cett.e désiqnation est ce sur quoi se fonde à certairrs égards 1a r:arratiorr, de 1'histoire de "ce11e dont 1es cheveux sont 1ongs". Cett,e fonction de désignat.ion serait alors 1'urrique tralt qul nous permet de parler d'anthroponymi-e darrs 1a mesure où "le destin" de notre personnage est comme inscrit dans ce qui sert à le désigne12 par f intermédiaire de la valeur sémantique de " cheveux 1ongs" ( cf. notre première partie ) . En Lous les cas , 1'univers de notre conte est fortement 11é à cette "anthroponymisatiorr"; d'autant plus que si nous y retenions 1a fonction de déterminatlon, nous verrions qu'e11e ne peut en principe être te11e que par rapport à 1'actorialisation dans 1e discours. Ce serai-t une forme de condensatiorr désignatrice d'une figure actorielle suffisamment connue (dét,erminée) pour être mise en expansion par 1e ccnte. Ceci se confirme davantage dans les conditions d'attribution à juste t,itre des ant,hroponymes des acteursr 1e C33 énumère des noms auxquels 1l accorde des adjectifs tels que 1 Nou= remercions A. Sabia d'avoir attiré notre attention

sur ce

dessus.

phénomène

de détermination et de nous avoir écIairé

2 voir C. BROMBERGER, "Pour une analyse anthropologique des noms de personnes", Lanqaqes, No 66, 1982, p. 111.


4L8

/kHeL/ (ar: noir, cf. /j-jenn 1-kHel/ = re génie noir), /Hmer/ (ar: rouge, cf, /j-jenn l-Hmer = 1e génie rouge) et,c. pour ces

couleurs fonctionnant comme adjectlfs, i1 apparai.t gue 1es effets y déslgnent. 1a construction de parcours de sujets dont le Lrait n'est pas de 1'ordre du commun mais du "sLlr-naturel,,. D'ail1eurs, notre corrt,e est une histoire de conf lits entre personnages humains

et personnages non-humains ( sur-humalns ? ) Les premiers sont mis en scène essentiellement, pour réaliser une é1évation au rang des seconds par 1, intermédiaire de 1'ascension des montagnes, espace habité par 1es seconds (cf. le motif de Ia montagne dans noLre première partie).

ctures motivé

.

ticale

s

Faisons un pas de plus en reprenant les deux exemples d'anthroponymes motivés: /l--gerb... / eL /1-meHgura... / pour exploiter 1'ensemble des idées avancées jusqu'à présent.

Pour ces deux anthroponymes, nous voyons bien qu,i1s sont

construits

comme syntagmes dont les unités sont "transmutées"1: par 1e déterninant /]--/ déflni, l,obtention à part,ir de /meHgura/ qui est un adjectif, est ut.ilisée pour

1

voit A. SÀBIA, L'espace en arabe marocain: I,adverbe

1i eu , t,hè se de Doctorat,

de

d'EÈat, (dactylographiée), Fès, L992.


419

désigner 1e p"t"onnagel;1e par la

spat,ialisation

reste du syntagme vtent, renforcer

1'effet

sémantique par 1'adj ectif

relativement à "1a transmutation catégorie11e": Ad

j

ecti f

Nom

-> 1-meHgura. -) Ce même procédé est utilisé dans /L-eebda/ (at r 1'esclave) et /I-Hurra/ ( ar: litt,. Ia libre; }a maîtresse ) ; de la catégorie d'adjectifs, i1s passent à celIe du nom par 1'adjorrction du déterminarrt /l-/ pour servir d'anthroponyme dans 1a conflguration de 1a recherci:e des sept frères par leur meHgura

soeur ( cf.

C35 )

.

Nous repérons par ces exemples une

régularité grammaticale

dans les synt,agmes qui servent à 1 'ant,hroponymisation: 1a

rèEJ-e

généra1e est de ramener 1es noms aux rapports qu'i1s entreti.ennent avec les adjectifs dans 1es §yntagmes. I1 ne reste plus qu'à entretenir ces adj eetifs selon leur effet sémantique de "qualifiant" pour la mise en discours. D'un autre point de vue, i1 est toujours intéressant de préciser que 1a formation de 1'anthroponyme pour ces caS précisément, Se soumet à 1a règ1e grammaticale qui exige que 1e dét.erminant défini

entre en J"r2. 1 C'"st selon ce critère que le porteur de 1'anthroponyme sera considérê comme personnage " principaT par 7e f ait q.u' Ii'7] nérite 7es honneurs du portait, par son caract'ère, sa position, son inf luence sur Jes faits (. .)" , Ph. HAMON, Introduction a.u descriptif, Hachette, Paris, pp, L9-20.

z) _Tl y a d'autres cas où Ie syntagme nominal, tout en entretenant un rapport avec 1'adiectif, ne convoque pas Ie déterminant défini; précisons toutefois que 1a détermination y est inscrite par d'autres procédés grammaticaux (cf. /mHend 1-lhemm/ et /wekkalt wlid-ha/ (ar: la dévoreuse de son fils).


420

Prenons maintenant 1e cas de /1-gelb b-1a hemm/.

Nous

voyons bien que le syntagme comporte deux noms: N1 /L-gel-b/ et

N2 /1-hemm/, qui n'ont aucun rapPort avec la catêgorie dite adjectif; mais, pâr 1'utllisation de 1a préposition /b'/, nous retenons dans 1e syntagme que sl N1 déterminé e§t suivi d'une

construit, irrdirecteftent un effet qualifiant N1 en ce sens que ce dernier ne sera dét,erminé qLle par 1'effeL qui 1e "contamine" en quelque sorte par /La/ (arr non) suivi de /hemm/. Ceci nous permet de t.raduire littéralement notre

préposition,

N2

pâr: "1e coeur avec non soucis"; Ie second nom /hemm/ a ainsi une position grammaticale qui rejoint cel.le de 1'adjecLif. Ces précj.sions que 1a grammaire phrastique nous a permis cle retenir ne renseignent peut-être pas sur leur raison d'apparal,t.re dans natre travail. Toutef ois , el1es nolls sont c1'une grande utllité dans la mesure où elles nous intéressent syntagme

pour éclairer 1a nature de formaLion des arrthroponymes motivés.

I1 nous a été pcssible de résoudre par 1'étude des règ1es quelques problèmes tels que celui de l-a notation de /mHend themm/1. Avec un peu de recul, nous nous sommes demandé s'i1 ou non t,enir compte de Ia gémination /. . .l-lhenrn qui f allait est à peine perceptible chez certaines informatrices berbérophones -1es plus âgées- lors de narrations de C2, contrai-rement aux informatrices arabophones. Eaute de adéquat,s pour expliquer ce que "à peine percepti-b1e"

moyens

signlf ie,

i1 nous semble posslble de recourir à ]a règ1e grammaticale qui 1 ct

notre thèse de 3e cycle


427

consiste en Ia concaténaLion dans un même segment de deux é1éments nominaux en rapport de quallflcation; i1 faudrait donc rechercher 1a Lrace de cette qualification dans 1e segment' sl nous tenorls compte du phérromène phonologique de L!/L, nous éctairerons 1e segment 1'assimilation: /n + 1 -> de telle sorte que /n/ y soit une préposition êt, par assirnilation, 11 devient /1/ daus /mHend 1-lhemm/ (1itt" mHend mHend rles soucis). Par cette précision de /l-hemm/ s'expliquerait 1a motlvation basée sur 1a qualification d'un point de vue sémantique dans 1e syntagme servant cl'anthroponyme et ayant comme structure cel1e que rlous avons déià relevée dans /1-qeIb bIa hemm/: N1 dét.erminé Prép. N2, construeteur ie 1'ef f et. qualif iarrt N1. Si 1a gémirration rt'est pas à prendre el) considéralion, i1 s'agira d'une autre rëqt1e: N1 N2, de sorte que leur concaténation soit une trace de qualification' Nous déduisons de ces remarques que les syntagmes qui servent dans 1es conies comme anthroponymes pour déslgner des acLeurs sont soumis à des règIes grammaticales pour assurer leur fouctiorr darrs 1e discours' De fi1 en alguille, nous nous rendons compte que Ia motivation dans 1es anthroponymes, bien avant qu'on y repère 1'opération de condensation / expansion,

n'esL possible que si les syntagmes qui constituent ces anthroponYmes sont "filtrés" par des règles qui leur sont sousj acentes. A défaut d'une étude approfondie , donnons notre exemple de 1a structure N1 Prép. N2 où 1a connexlort de N1 et

1 Voir M. HÀMDAoUI Description phonétique et phonoloqique

thèse de 3e amaziqh du Rif, d'un parler ( aà"tvfographiée ) UniversiLé ci'Aix-en-Provence , 1985 '

cycle

,


422

joint en ciéf initive 1'essentiel de 1a construction cles anthroponymes faisant partie de 1a classe déterminée par cette même structure (cf. /l-meHgura... / , /L-gelb... / , /mHend... /). La corrstructiori de ceLte classe permet de tenir compte de 1a manière dont 1a condensat,ion se réalise au niveau des anthropoilymes et, aussi, de 1a manière dont 1'expansir:n retlertt êL, en même temps, assure 1'enseignement, de 1a structure c1e N2 re

grammaticale de ces segments.

voir que "1a vedette" catégorie11e dans nos segments était celle qui r:joint par son effet 1'adjectif. L'expansion dans le discours est alors une mise en séguences narratives qul tient, sa réalisation de ces effets de notre catégorie. Les exemples des anthroponymes <iont La structure des segments qui leur serverrt de support (cf . ci-dessus ) soni: convaincants à cet égard. En p1us, cette structure nous amène à repérer 1a régularité donl dépendent 1es itinéraires de formaticn des unités qui composent ces exemples au profit des Nous venons de

courrexions et des relations dans les segments.

Au niveau de leur conceptualisation par ces connexions errtre urrités du lexique (cf. ll-meHgura.,./, /:---gel-b.../, lsensli

dehbi/,

/wekkalt

wlici-ha/,

/bu

1-hemm

/

(auire

déslgnation de mHend (1-)lhemm) ), dans 1es contes d'expression arabe, ces anthroponymes formenL une classe qui ne se distingue de celle où la formation convoque des noms propres associés à des unités en position d'adjecti.f, que par f intégration du registre social par f intermédiaire de ces noms propres. La exige Ie sens où elle structure grammaticale dans gu'intervienne 1a qualiflcation reste 1a même pour permettre


423

1'opération d'expansion dans 1e discoursl. Dans ce cadre, nous avons déjà une réalisation en /mHend 1-lhemm/ d'une connexion entre /mHend/ , prononcé comme tel chez 1es berbères, et /1-hemm/ pat /n/. L'autre exemple à citer e§t celui de /eifa 1-fahma/ où /eLfa/ est un nom propre auquel- /L-fahma/ sert de

qualifiant, Pr:ur peu que nous regardions ces exemples de près, i1 apparait que les noms propres /mHend/ et /eifal sont un choix

arbitraire sans fondement: rée1 relat,if à 1'expansion2; i1s ne se soumettent à aucune exigence de leur attribuer 1a fonction rJes unités qui leur sont associées. Ceci s'expllque par Le fait que 1es natures grammaticales des unS et des autres dans -l-es segments sont différentes et, de manière superficiel"le, Pâr ]e faiL que ce sont des noms propres dont,1'unique fonctiou est de clénommer sans que leur soient att,ribuées des valeurs immédiatement perceptibleS comme c'esL 1e cas dans /1-meHgura/

d'un fonds culturel des noms propres ar:xquels sont attribuées des qualifications dont Ies valeurs proposent des sèmes qui les affectent. Ces anthroponymes, comparativement à ceux de /l-meHgura.,. / ,

par exemple.

Nos exemples puisenL

1 Nous sommes conscient du fait que nous nous situons ici

sur deux plans distincts, 1'un phrastique et 1'autre transphrastique; en fait, nous essayons justement, de démontrer que 1es synt,agmes vus sous 1'angIe grammatical proposenL à 1a textualisation les traits susceptibles d'être retenus dans 1'adjectif ou ce qui fonctionne comme t,e1 pour être mis en discours.

2 "(.,,) une marque canventionneJle d'ident,ification puisse désjgner constafifient et de )nanière qu'e77e te77e socjale ü]1ique ulr individu ünigue" , E. BENVENISTE, P-{ob1èmes de linquistique qénérale, t. II, GalIimard, Paris, L974, p.200; voir aussi, C. LEVI-STRÀUSS, La pensée sauvaqe, P1on, Paris, L962 , p. 244.


424

/L-geLb... / , motivé

s

/wekkalt

partiellement,

.

Nous pouvons 41 5 )

peuvent être dits

sous forme

à

de

présent compléter rrotre ébauche ( cf. p. récapitulation par cette nouvelle classe

À, anthroponyme s:

(Voir page suivante

)


425

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425

Ce que Ies anlhroponymes composés, (que leur motivation

ou partielle ) ont en commun quant à leur fonctionnement dans 1e discours, est d'être ce par quoi se marrifestent les isotopies par f itératiorr de sèmes darrs 1es cliscours narratifs qui s'y rapportent selon 1a référentialité interne dont nous avorls d6jà parlé. Ce qui 1es distingue est 1a distribution, au niveau de leurs unités constitutives, des sèmes itérés darrs 1e discours: au moment où ces sèmes sont actualisés dans 1e discours selon 1a référentiallté interne au:< unités constitut.ives des anthroponymes composés totalement soit

totale

mct,ivés, pour 1es anthroponymes composés partieLlement motivés,

ces sèmes rre s'actualiserrt pas dans 1e discours par 1'ensembie

des unités qu'i1s constit,uent,' seule la qualif icat,ion est, comme nous 1'avons vu, sous-jacente à cette motivation. Si un int.érêt, quelconque est attribué aux noms propres /mHend/, / eLf a/ , /He11uma/ , i1 rre peut être pris err corrsidération qu'à tiLre facultatif par rapport à 1a qualification commê é1ément opérat.oire pour 1'expansior:. A 1a limite , rrous pouvorrs admettre que l-es ant,hroponymes otl /mHend/ , / eLf a/ , /He1luma/ sont utilisés, renvoient à 1'urrivers culturel arabo-berbère, mais sans ouverture possible à moins que nous fassions usage d'un traitement des noms propres par des considérations extra1:extuelles, cê dont nous ne pouvons tenir compte étant donné qu'i1 s'agira d'urr déplacement de notre objectif 1nitia1, celui d'étudier 1es contes de f int.érieur. Dans cette même optique, /1-ealya bent, l-menSur 11i feïg sebe bHur/ (ar: 1-ea1ya fi1le del-menSur qul est (réside) au de1à des sept mers) fait valoir f idée que 1a quallfication par


427

1a relative /I1i f esg sebe bHur/ entre en raPport avec /l--ea1ya

bent 1-menSur/ pour produire un effet qui joue sur 1'espace "sept mers" dont l-e caractère merveilleux est déjà une trace par 1e chiffre au-detà de 1a disjonct.ion par rapport à 1'espace "terre" (vi11age) du personnage présent,é dans 1a configuration (cf. C24) comme sujet qui doi-t faire 1e voyage pour réaliser 1a quête de 1'objet. de valeur (Ie médicament, qui sert à guérir le roi).

mairle

f et Hdirlwan

Aux cas qlle nous avoris éludiés , irrtégrons ceux de /mqi def /

et de /Hd|dwan/, dont 1'emploi Par Le conte (cf. C4 et C34) Sans essayer de s'avère géré par une formatiorr particulière. les ramener à 1'une des classes ci-dessus, nous Lenterons

de

1es examiner en relevant des traces d'ordre morphologique et en nous appuyant Sur Ieurs uSageS en langue pour déterminer ce qui fait

d'eux des anthroponymes motivés.

Prenons le cas de /mqidef/ qui nous invlte d'ores et déjà

à nous demander avec irudenc" s'j-1 s'agit d'un diminutif ou d'une f ormation sur 1a base cl'un ad j ect.i-f f onct.ionnant comme riom/ 1ui-même construit

sur 1a base d'un verbe qui serait

/qeddef/ signalé par M. Beaussier el H. Mercier d'un côtê êt, de 1'autre, attesté par nos informateurs berbérophones comme


424

verbe rare qui quelqu'un"

.

SE

dit, pour signifier

"jouer un tour

1

Sarrs entrer dans une discussion sans issue autour

de

I'éventuelle question d'emprunt du terme /qeddefl de 1'une des larrgues (parlers arabe et berbère ) à I'autre , noLls préf érons 1'examiner selon ce trait modal "le pouvoir", 9uê nous relevons clans 1a définition donnée par H. Mercie12 et dans ce11e gue nous retenons dans 1es irrf ormations qui nous ônt ét.é données. Dans 1a définition de H, Mercier, "1a tromperie", que nous pouvorr§ soumettre à une sémarrtique 1exlca1e, nous pêrmet de retenir Ia modalité nécessaire à Ia réallsation de "lromper quelqu'urr": }e savoir qui s'articule au pouvoir (1e pouvoir du savoir). Par cette indlcation facile à relever dans 1'acte de tromper, rrous proposons de revenir sur 1a définltion de /qeddef/ (ber: jouer un Lour à quelqu'un) que nous pouvons reformuler en termes de "tromper" qui est justement ce qui incarne 1e pouvoir de /mqidef/, retenu en fait comme traiL modal dans 1'unité qui aurait, servi sa formation. Voyons cômment cette mocialité est dite en arabe, Dans 1e cas où 1e verbe est dit /qedd,/ 1'adjectif serait /qadd/i s'i1 est dit lqder/ 1'acljectif serait, /qader/. Supposon§ que 1'unité qui aurait lnitialemerrt servi à 1a formation de /mqi del / solt 1 L' .xpression comme contexte d'utilisation de / qedd,ei / par 1'unanimité de nos informateurs est / $qedde/-6/ (ber: e11e-qedde/-lui) de te11e sorte que ce verbe admette comme suj et 1'animé humain féminin ; 1'obj et est animé humain masculin; /qedde// est aLors utilisé dans ce contexte qui accorde à Ia femme 1'acte de jouer un tour à 1'homme et non f inverse. 2 / qd,el / , briller, étlrrceler; mentir, tromper (c'est nou§

qui soulignons

)

.


429

/qedd/ (supposit,ion tout à f ait f ortuit,e ) . Dans ce cas, nous seriorrs parti du trait modal (1e pouvoir) sans nous soucier de 1a formation dr; nom /nqLdef /. Pour peu que nous y regardions de près, rious constatons que ce rrom ne peut pas être corrstruit sur la base cie /qedd/i i1 est construit sur ce11e de /qdef / dont 1'Lrn des trait,s sémiques se rappori.e à /qedd/. Nous auron§ ainsi rectifié f idée selon laque1le /mqidef/, pâr 1e tiait du pouvoir, a ull rapport avec /qedd/ en nous appuyant sur un critère lexico-sémantique et en négligeant 1e plan morphologique.

Si rrous persistions poLlr a11er jusqu'au boul de 1a supposition qui dirait que /qedd / serait, à 1a base de la construction de /mqldel/, nous verrions que de notre verbe, 1'obtention possible de /qadcl/ ne prévoit comme diminutif que /qwider/ attesté dans 1e registre social. Par 1e fait que seul /qwider/ peut être obtenu cL, aussi, par 1e fait que /qtrider/ est at,testé dans 1e registre soci-a1, notre supposition s'effonclre d'e11e-même non seulement pour 1es raisons de formation régu1ière d'un poirrL de vue morphologique mais, aussi et surtout, parce que nous savons que Ie conte n'utilisera pas cette f ormation étant donrré qu'i1 s'écarte du registre =o"i'rf dans le sens où même quand il emprunte un nom propre, il assure une adjonction à ce nom propre par une qualification pour lui appliquer la règ1e de construction de 1'anthroponyme motivé de te1le sorte que 1e destin de son porteur y soit -se1on 1'expression même de C. Bromberger- "pré-dit". Le conte auraiti1 alors construit 1'anthroponyne /mqldel/ sur 1a base d'une unit,é linguist.ique tombée en désuétude: / qdef / ? S i 1a réponse


430

est positive, nous consLat,erons que même dans ce cas, de /qdef/ 1a description devrait nous faire retenir 1a formation /qedda// signalée par M. Beaussier, et /qdidi// comme diminutif, ce qul n'a tout de même rien à voir avec /mqldef/. autre voie de traitement est-e11e possible: de /qdef/, 1'obtentiorr de /m-qda// serait prévisible; ensuite, un emploi Une

du diminutif pourrait. être retenu dans /inqide// ? Dans ce cas, nous aurons retenu /qdel / attesté par H. Mercier et /mqldef/

s'appuiera sur une réguLarit,é de f ormation en langiue. Examinons maintenant 1a définition de M. Beaussier. Dar:s cette définitionl, nous relevons un effêt.: /qedda// aurait'. un st.atut dévalorisé par 1es t,âches qui 1ui sont attribuées, i1 serait celui qul est en quelque sorte dévalorisé socialemerrt

et eui , en même t,emp§ , dispose d'une compétence selon 1e pouvoir du savoir ( cf. 1a défirrition de H. Mercier ) pour transformer ce qui est considéré en lui comme négatif (dévalorisé ) en posit,if , ce dont le conte t,émoigne " L'isotopie narrative semble ainsi construit,e par ces traits caractérisant le personÏtage dit, /mqidef/; i1 ne nous reste plus qu'à intégrer dans ce cadre /qedde// attesté en berbère par nos informaleurs. Àvec Lous ces détai1s, noa""n'avons pas encore apporté une réponse exhaustive à 1a question de 1a formation du diminutif /mqi def /. si rrous rrous basions sur 1es déf lnit,ions que nous avons citées, nous obtienclrions sur 1a base de /qdef /, par f int,ermédiaire de son transitif /qeddef /, comme formation

' / qeddafl: dome stique qui fait 1es menus services, va à 1'eau, fait, les commissions ; /mqi def / : IIofi propre , personnage d'un conte ; nain , pygmée. 1


431

ce11e de /mqeddef/, formation régu1ière en arabe. Ceci nous ramène au point de départ, de /qeddaJ/ (cf.

1'obtention

M. Beaussier),

de /mqedde// semble ne pas permettre par

une

formation réguIière ce1le de /mqi del /. Cette formatiorr, attest,ée du moins dans 1e ccnte, s'avère un écart par rapport à 1a langue. Cet écart, peut êt.re vu dans deux selis: soit, 1e conte, utilise une formation tombée en désuétude pour' obtenir I'effet d'anthroponymisatiorr, chose qui nous paraît assez disculable car, en principe, cetie formation aurait pu être productrice, ce qui n'est pas le cas; soit, par cette fornation, 1e conte utilise 1a "1acune" de cet,te f orm.ation non productrice dans 1a larrgue, êt de ce fait, i1 devienL 1e proCult par excellence quj- se charge d'actualiser ce qui n'est attesié qu'en 1ui €t, du même coup, permet des ouvertures d'évolut,ion de la langue. Une autre interprétation serait posslble: ifn sait que 1e berbère utillse /f/ dans certains cas d'expressivité1. À ce tit.re, il serait posslble de suivre 1a voie qui consiste à voir dans /mqidef/ un nom construit sur la base de /qedd/ eL l-'unité /qde// serait, construite sur /qedd / eL 1'adjonction de / I / propre au berbère. Ainsi, /cldel/ sLgnalé par H. Hercier aura été formé à partir de /qedd + f/. Err fait, 1a réalisation exacte aura été celle qui nous a été donnée par nos irrformateurs ( /qeddel / \ .

1ll.ÀZCIUcAGH,

Lexlque berbère: structures et siqnif ication tarnazlqht du Haroc cent,ral ) , D. E. S. , (dact,ylographié), Eaculté des Lettres, Oujda, 1992, pp. LL4-L25

(

étude sur Ie


432

Par cette nouvelle indication, i1 semble gue /mql deî / serait, obtenu sur 1a base de rt-QOl dont nous pouvons ret,enir /mqedde// déjà sigaalé, /meqdu// non attesté par 1es dictiorrrraires que nous avons consult,és mais ciont 1a formation est régulière et, enfin, /qdLfl cornme nom dont 1a formation est po§5ib1e mais gue 1 'usage arabe ne ret ient pas. cont,raireinent à ceL usage arabe, 1e berbère retient /aqeddef / q.ui est 1'équivalent comme formatiorr de /qdil/. Le fait que Ie berbère utilise /aqedd.ef/, rare mais attesté par nos lnformateurs, se comprer:d parf aitement bien pu j,sque 1 'opérat,iorr d'ad j r:rrctiorr de

à /qedd/ est réalisée par Iui '1'actualisatior: de 1'expressivité. /

it

pour perrnettre

À ce nj-veau, si nous considérons que 1a formation est tiormale et que 1'usage est attesté, l'écart qui caractérise 1a conslrucf-icn de 1'anthroponyme se réa1ise par I'emprunt de ./qedd / à 1'arabe par 1e berbère , emprunt " f açonné " patr 1'adjonction de /f/, Nous voyons ici que 1'opération n'est pas partlculièrement curieuse: e11e se réaIise par deux techniques, 1'emprunt qui cesse, dans une certaine mesure, §',être emprunt par 1 'ad j onction de / f / qui produit urre f orme parlite ulière /qdef/ productrice de /mqidef / .

Enfin, essayons d'explolt,er cette approche sur

y'-QOJ pour

1e propre compte de nos préoccupations. Remarquons gue toutês 1es déf init,lons que rrous avons essayé d'examiner d'un pcint

vue de formation de 1'unité qui sert au conte

comme

de

formation

d'anthroporryme, retierrnent 1e trait du pouvoir. La manière dont 1e pouvoir est ciit. clans ces c1éf initions semble s'ouvr j_r sur une

possibilité d'étudier Ia concept,ualisation de 1a modalité pour


433

être mise en fonctionnement dans le discours et pour indlquer les voies d'ét,ude du sujet dans ce discours sous 1'ang1e des champs modaux.

Cette voie est vraisemblablement i-ntéressante à suivre ne serait-ce que par 1e fait gue nous venons de monLrer gue 1e

por-rvoir subsume / qedd/ , / qdel / (f acLitif /qedde// ) . Nons pouvons même aLler j usg'1'; soutenir que 1e conte aurait sélectiorrr-ré une construction de 1'anthroponyme sur 1a base de /qde/ / en usant de / I / comme acl jonct.ion à /qedd/ pour assurer ulr écart par rapport à 1'usage de /qdef/ en arabe et un écart

par rapport à 1'usage de /qedd/ en berbère par 1'emprunt du terme à 1'arabe. C'est cela même qul falt, nous semble-t- il_ I'originalité fonctj.onnelle du conte pour prévoir 1a motivation darrs L'arrthroponyme err ne sélectionnant que 1a modalité du pouvoir comme t,rait caractérisant 1e personnage appelé /nqidef I construiT comme dimirrutif dont, 1'expansiorr est aussi assurée dans le conte. L'écart dont nous venons de parier est en fart une condition de construction de 1'anthroponyme par 1e conte car, par 1'utilisatiorr de /qedd/, la formation aurait forcément donné /qadd/ et /qwider/ que 1e conte rejetterait, sans nuances comme nous 1'avons déjà souligné. De toutes 1es façorrs, si 1e conte utilisait cette formation de noms propres/ i1 ne pourrait y investir 1e sème modal qui sert à la mise en discours du ,

personnage selon ce trait.


434

Prenons 1e cas de /Hdidwan/1 dont le procédé d'emploi

du

diminutif peut être rapproché à certains égards de celui

de

/nqLdel / .

En effet, I'emploi du dlminutif est en soi assez révélateur du procédé de construction de nos anthroponymes qui désigrrent err fait 1a même représentation du personnage du conte clont les variantes gue propose notre corpus sont C4, C6 et C34. Selon une interprétation posslble, /Hdidwan/ serait consLruit sur la base de .f tlOt't où ,i1 nous est aisé de reconnaitre des formations tel1es que /Hiddan / en tant que déslgnation rare sous forme de surnom chez les Béni-Znassen berbérophones; cette formation assure ce11e du dimirrutif Hcliddan. A supposer que nous admettions ces formations, 1a question que nous ne pouvons éviter dans ce sens est La suivante : que11e est 1'unité lexicale relative à 1a construction de /Hdiddarr / ( /Hdidwan/ ) dans 1e conle ? À défaut. d'informations précises pour répondre à cet,te question, nous pourrons rrous appuyer sur f idée suivante: /ildidr*an/ est un anthroponyme qui désigne 1e personnage d'une variarrte du conte dont une autre variarrte utilise /mqi d,el /. Le conte ut.ilise indifféremnent, ces deux anthroponymes sans que 1es récits où ils apparaissent perdent leur t.it,re de variantes" Ceci nous permet de retenir f isoLopie qui e'actualise forcément dans 1'une ou 1'autre des variantes. C'est dire que cette isotopie est inscrite dans 1e conte conformément à 1 Slgnalons au passage que cette formation est aussi dlte

/Hdiddan/, voir H. MERCfER, op. cit., Hdiddan: Hdlddan IeHrami, nain, malicieux (personnage de légende).


435

f inscription du pouvoir clans res unit.és qui ont servi à 1a formation des deux anthroponymes. cette idée nous permet de déplacer 1a guestion sur le comment de l,inscription du pouvoir dans 1a f ormation de /Hdidwan/. urre chose est certairre: 1e pouvoir est ber et bien investi dans l'ut,il-isation en question, sinon comment, expliquer ra substitution de 1,un des anthroponymes par 1'autre dans Ie conte ? Essayons quand même de proposer quelques cas de traitement

. En supposânt -t,out en admet,tant 1es risgues d,une t.e11e supposition- que 1e tralt qug /Hdidlvan / f ait valoir, est celui de "g1ori eux" 1 comme t.rait à partir duquel 1e regist.re social aurait construit, 1e nom propre /Hemclun / d.Lt aussi c1e /Hdidrvan

/

/Heddu/ cirez l-es berbères-jba1a des Arrgads. Le diminutif qul serait, à notre sens, f ormé sur /Heddu/ esi /Hdi<1du/; et à ce

stade, i1 f aut expliquer 1e rapport, s, i1 y a rapport, qu, i-l_ y a entre /Hdiddu/ et lHdidcian/. r1 semble, 1à aussi, eu'à 1a manière de 1'utilisatiorr de / f / par }e berbère dans les expressions expressive s , /n/ comme adjor:ctlon que nous venons de voir dans /Hemdun/ construit, sur /Hamid/, est ut,i11sé dans /Hdiddan/. ce /n/ est en fait d6jà récupéré sur /Hemdun/. Dans une cert,aine mesure, nous sommes alors en présence d'un phénomène déjà actualisé dans /nqid,ef ii et la notion d'écart dont nous avons parlé, reste valable pour 1'utilisation de /Hdlddan/ qui comporte aussi 1e pouvoir mis err expansion dans 1e conte.

1 voir M. BEAUSSTER, op. cit. , /Hamid/: 1ouab1e, digne d'é1oges, qlorieux ( c'est nous qui soulignons ) .


436

A ce niveau, i1 apparalt clair que /Hdidwan/ et /nqLdef/ ne Sont pas construits cornme diminutifs de noms propres puisque

Ie registre soeial use cie cette formaLion. Pour produire 1'effet d'écarl, le conte opère par adjonction d'un "quelque chose" (/f/, /n/\ êt, par 1à même, ouvre Ces voies d'évolution des parlers arabe et berbère, auxquels iI emprunte les moyerls qu,il lui faut pour produire des anthroponymes dont 1a caractéristique essentielle esl d'être des diminutifs qui ne se confondent pas avec ceux Cu registre socia]. Ceci explique

l-a manière dont ces anthroporrymes sollt porteurs d'urt trait modal tout en ayant 1a fonction de désigner ou,-errcore; 1a marrière dorrt leur fonction de désigner dépend du trait auquel ils servent d'investissement. -sérions 1es problèmes car Ies divers rapprochements auxquels nous avons fait appel, doivent interprétatifs bénéficier d'une réorganisationr L. la formation des diminutifs dans 1e conte pour produire cies atithroponymes se caractérise par i'écart en ut,ilisant ce qui n, est pâs prévu pa.r. 1',usage pour permettre 1',opération d'expausiori daus les discours;

2. les rapprochements effectués en procédant par les lectures des définit.ions qui Sont offertes, nous conduisent vers une supposition fortuiter à partir de /qedd/, i1 serait possible d'émettre de marrière intuitive un polnt de vue qui consiste à dire que /qdef/ et /qder/ sont, d'un point de vue de 1a conceptualisation de 1a modalité du pouvoir, subsumés par /qedd/ comme si ce terme, appréhendé comme modalité, était' régulateur du lexicat ou, si 1'on préfère, les réalisations


437

lexicales dont.1a racine {'eOt, tout coTnme c'est 1e cas pour /-HOt't, sont sous-tendues, lorsqu'elles sont ut.ilisées pour des fins cl'anthroponymie, pâr 1e modal (1e pouvoir et les autres modalités dont les articulations sont définies par les plans et les horizôns d'analyse, une ouverture que rerrdent aisénent posslble les développement,s réaIlsés par J.-C. Coquet dans ce domaine ) . A titre de repère, pour voir de manière à peu*près claire comment, se présente notre point de vue, prenons la racine ./-QDR et la racine ,t-çOl :

Le pouvoir (

modaliré

)

{Ao;

/QDR

I qada/

/ qacle r /

/qwider/ reg i

stre

soc i

al

/neqda/ /

/nqide/ / J registre du conte

iI est aisé de Ie constater, le trait modal perd sa fonction dans les noms propres. Ceci rejoint les trait,s définitoires mêmes du nom propre dont la seule fonction est de nommer et désigner de manière unique un individu unique. Cette Comme


438

perte du modal est récupérée par le conte à sa manj-ère: notons que relativement à /qder/, dans /qedd/, 1a suppression de /r/ seraiL aËsez curieuse si nous comparions fes deux réa1j-sations lexicales au rrom de 1a modalité subsumante. Ceci deviendrait encore plus curieux par 1'effacement de /r/ et 1'apparit,ion de /Tt i/qder/, /qdel/). S'i1 y a quelque idée à reterrir darrs cette comparaison, ncus pensons qu'e11e résicie dans I'investissement modal perdu par 1'usage social du rrom propre , que 1e conte s'emploie à réinstaller par 1a forme cie /qdef / êt, partant, de /mqid.eî/ selor-r toute lecture posslble de saisie de ce pouvoir da:is /qdeï / par 1e biais de /qder/ et /qedd/. Nous avons telité de voir comment 1e conte propose des possibilités de production d'anthroponymes de tel-1e sorte qu'ils rre se confoudent pas avec les noms propres du registre social. Cette production repose sur une formation rée11e et propre au conte de sorte que 1'effet distinct,if par rapport au regist,re social y soit privilégié. Si nous terrtions d'évaluer cette technique, nous pourrions y voir un effet "il1usoi-re" clans la mesure où e11e consisle à faire admettre qu'effectivement 1'anthroponYme s'écarte du registre social mais, aussi, à faire admettre que /mqide/ / eL /Hdidwan/ rejoignent, par 1e t,rait modal qui y est investi, 1e nom propre diminut,if / qwider / et /Hdiddu/ sans que ces clerniers réclament f irrvestissement du tralt modal pour servir 1a fonction à 1aque11e i1s sont destinés. I1 seinble en effet que 1a construction de /mqidel/ repose sur une illusion en tant que format,ion référentielle au nom propre pour privilégj-er une


439

allusion aux investissements sémantiques que 1e conte récupère en vue de 1es mettre en discours par 1'opération d'expansion. Cette iclée permet d'approcher 1e niveau cl'énonciation

sous

deux volets:

1. f illusioti serait relative à 1a comparabil j-té trompeuse cle 1a f orme du diminut.if cIe 1'anthropon]/me /rnql def / et ce11e du dlmirrut j- f en tarrt qu' emploi du nom propre / qwi det / . La distinction éventuelle dans 1e cadre de cette illusion tiendrait compte à }a limite du fait que la première forme est construite sur 1a base de /qdel/ eL l'autre, sur 1a base de /qd,er/ comme si les deux formes n'étaient pas révéIatrices sémantiquement du même t,rait modal (1e pouvoir); 2, f illusiorr de cette possibilité de comparer entre Les Ceux formes, comme a]lusion à des procédés d'emplci du diminutif en larrgue, n'est pas gratuite car e11e permet à /mqicle// de franchlr 1e seuit de 1a simple désignation à la manière du nom propre. L'intérêt que sorr énonci.atiorr se charge de mettre en évj-dence est ce sur quoi Ie récit repose en gros pour êt.re dit. Pour nieux approcher ce "retournement" dû, d'un côté,

à

f illusion r1e comparabilité de 1a formation du diminutif du nom de propre ( reqistre social eL ce11e du diminut.if 1'anLhroponyme (registre du conte), et de 1'autre, à 1a valeur sémantique comme irrvestissement dans /mqLdef / , que 1e registre social ne retient, pas car i1 n'en e§t pas conditionné, nous pourrons recourir à une schématisation qui tiendra compte: 1 clu lexical (trQDR ou ,,]-QD et .fQDl) selon Ie trait, du pouvoir qui 1es caractérise lors de leur mise en discours; 2 ) des noms )

)


440

propres et 3) des diminut,ifs formés à partir de ces formes. Nous constaterons ensuite que 1a modalité du pouvoir n'est investie gue dans 1 'anthroponyme f ormé sur ,t*çOt. t'allusion au modal dont nous venons de parler réside dans ce qul permet

1a formation du nom propre du registre social et de 1'anthroporryme dans 1e conte par 1'usage lexieal en langue. Plus précisément, 1e modal qui se manifeste par ./-ODR ou ./-QD ne peut faire l'objet d'une actualisation dans 1e conte par 1e et nom propre (cf. nos propos sur mulay eebdelqader j-jila1i eelqma) . Donnot:s notre schématisalion:

,II

l! 1k


q41

Usage par Ie regtstre social

|

1e conte

i Usage lr^

i

par

-^^-:-L-. ist..o

1" ::r

Usage par

(") Signalons que ,/qader/ ne sert pas à désigner un individu puisqu'i1 est 1'un des attributs de Dieu; vidé de ce sens lorsqu 'i1 esi notamment "francisé", i1 peut désigner un individu; /qada/ est assez courant chez 1e berbères de Béni-Znassen pour désigner 1e dénommé / ebdelqader/ particu1ièrement lorsque ce dernier est dit par une personne nettement âgée, par un membre de 1a famille ou par une personne intime.


442

Ce qui nous senble assez têvélateur des constatations faites jusqu'à présent, est 1a 11berté apparente du choix dans

1a langue entre 1'un des deux termes /qô,er/ et /qd.ef /, qui s'annule inévitablement lorsque 1'usage sert à former un anthroponymer 1a sélect,ion de /qde// où 1'on notera lî/ comme s'i1 servait à /qdel/ de se distinguer de /qder/ (?), est prévue par 1e lexique pour assurer f inscription du pouvoir dans Ie conte par 1a formation de /mqidef/.Or, ce pouvoir est déjà reconnu dans 1'unité du parler arabe /qedd/ comme si cette unité devait être retenue comme ce qui assure et fait, enLretenir un rapport linguistique entre /qdertL et /qd,ef/. L'esprit

de ce procédé réapparal.t dans 1e cas de /!idldrv'an/

en admet,tant que la fornaLion de ce diminutif /Hemdun/ comme nous 1'avons noté.

remc,nte

Pour réaliser

à

cette

formaLion, i1 apparait que 1e conte a usé de 1a récupéraLion de /n/ à 1a suite de 1a formation possible de /Heddu/ sur

l-a

base de /Heddun/ qui, êÊ principe, Cette récupération

de /n/

devait, produire /HdLddu/. apparaÎt justement dans notre

anthroponyme /Hdldwan/ qu' une description phonologique pourralt,

parfaitement expliquer par des règ1es é1aborées pour cette fin.

cas, nous serions tenté de penser que 1e procédé de formation utilise /n/ au même titre que /lt de /'l QDI/. Par ce procédé, D'étant pas concurrencé pâr autre chose à notre connaissance dans I'usage, 1a formation de I'anthroponyme se fait sur /Hemclunt (cf. ci-dessus p. 436) relativement perdu de Dans ce

1 voir TBN MÀNDUR, Lisan a1 e arab, g!.:_g_i!. : /qadara/, /qadr/ , /qtdra/, /miqdar/ : /quwwa/ (Ia force, Ie pouvoir).


443

vue lors de Ia formation de /Hciidwan/ comme"si ce dernier était formé sur Ia base de y'-HpN qui n'est attestée ni en berbère ni

en arabe. A ce stade, i1 est possible d'ouvrir une parenthèse: soit nous sônmes sur une mauvaise piste, chose que nous allons essayer de vérif ier; soit rHDN est tombée en désuétude; soil l-e conte inrllque une ouverture vers une évolution possible de la langue. Nctons aussi güê, contrairement à 1/-ttON , {Q»f esl attestéq bien que ses réalisations (/qeddaf/, /qdef/ et /qedde// ) soient dit,es rares. L'intérêt de c9.s poirrts montre que nous sommes arrivé à démontrer 1a nécessité de vérif:-er nÙ5 sLlppo§itions et que 1e trait "glorieux" inscrit dans iridiowanl

SeréaliseaussiblenparlerecoursàIaformation particulière du dimilutif sur 1a base de /Hemdun/ que par 1'écart vis-à-vis de 1'usage du terme qui a servi à sa f ormation. ces deux eorrtrailltes, sans lesquelles 1a motivat'ion ne pÊut avoir lleul,SODL dues au fait que /Hdiddu/, diminutif de /Heddu/, fait déjà partie du registre social. Le conte doit' ainsi recourir à une âuL.re formation tout en privilégiant ce11e du diminutlf; i1 dispose de deux possibilités ! construire i1 /Hdiddan / de telle sorte qu'i1 soit reçu dans 1e sens où j n, est en f ait que /Hdiddu/ auquel /rr / de /Hemdun/ est' ad oirtt bien 1e construire sur 1a base d'une f ormation possible mais non att,estée /Heddun/. 0f , 1a première f ormatiorr, en consiç1érant ceIle attestée /Hcliddu/, est en soi dé jà le résult,at d'une opération d'emploi d'un diminutif ; 1a secorrde en considérant, celle attest,ée /Heddu/ est aussi une opération d,emploi d'un certain diminutif ou du moins d'un emploi qui se or-r

,


444

rapproche du ciiminutif du point de vue des effets de

son

Dans ce cas , 1l y a lieu de se poser deux

utilisation. questions:

1. le conte aurait-il construit 1e diminut.if /Hdidwan/ sur un autre diminutif /Hdiciclu/, iui-même construit. sur /Heddu/ attesté, 1u1-même corlstruit sur /Heddurr/ non attesté, lui-même construit, sur /Hemclunl attest,é ? 2. Étant donrré quê ta construction d'un diminutif sur urr ciiminu,tif nous paraLt tout de même dif f icile à adnettre, i1 reste à nous rendre à 1',évldence: ne devrions-nous pas admettre que /Hendun/ est soumi.s à deux procédés de construct'ion de diminut,lf s, 1'urr est utilisé daris 1e registre social; l'autre par Ie conte pour marquer 1',écart vis-à-vls du premier ? Pour mier-ix Situer ceS questions, nous poUvorts recourj-r à ,

1'enseignement de Ia Phonologiel, 1. pretlons /Hemdurr/ pour voir 1es passages irrtermédiaires

qui ont permis 1'obtention cle /Hedclu/: /

/ Hemdut: !

I i

I I

a)

zuerldunz I I I

i

b)

(n

/

/ He ddun

-r

I I

d

d)

I I

I

c)

/Heddu ë / /Heddu

/ -

à remercier M. Hamdaoui pour nous avoir aidé à préciser Ies règles. 1 Nors tenons


445

2. Nous remarquons que Ie diminut,if /Hdiddu/ ne peut pas être celui que 1e conte utilise; 1'anthroponyme qu'i1 construit n'est pas f ormé sur /Hdidciu/ att,esté dans 1e registre social; i1 est corrstruit sur /Heddun/ norr attesté mais dont notre descriptiCIn ne peut pas ne pas tenlr compte. Ce dimirrutif sera dit /Hdidwarr/ selon: /Heddurr / * > /Hdidwan/ . Les règ1es sous* jacentes à cette formation sont: a)

1

b)

w(a), 1a géminatiorr dans dd ( /Hdiddan/ d-rcl

c)

3.

Lorsque 1e diminutif

)

est dit /Hdiddan/, ncus pouvons

nous baser sur

b)

_>

/Heddu 4 /

a)

/

p/(non at.test,é)

/Hdlddu/ /HdLddein /

(

att,e

sté

1'usage du conte

-

par )

Par cet,te description, nous espé rons avo]-r donné les indications nécessaires. Exploitons ces données en faisant une récapitulation à 1a manière cle ce 11e que nous avons faite pour 1'étude de /nqLdef / :


446

-l En tant que support dont les réalisations lexicaLes comportent letrart "glorieux" relevé dans la définltion de M. Beaussier. *:! Notre description phonologique*montre q,-r" VÉOU est 1e résultat de règles de trànsformations-ae ÿUtvt» (cf / Hemdun/ et /Heddun/)


441

L'orientation

que nous venons de donner à notre étude

montre que 1es anthrCIponymes traduisent des t,endances dominantes dans la miSe en discours des contes. Les rapprc)Chements et eomparaisons que nous avons essayé de faire

entre anthroponÿmes différents clans des contes différent's et dans urr même conte par des variarrtes différenteS, nÔus ont à considérer 1e regisLre social et 1'univers des récits pollr mieux voir en quoi les arrthroponymes peuvent être vus sous amené

i'angIe de 1a motivation. Par ces tendances que 1es anthroponymes manifestent, êt par un simple regard si superficiel

soit-i1,

nous nous rendÔns

compte que 1e ConLe Use d'ancrages cognitifS Sous forme virtuelles en mesure d'être mise en OiscÛurS par d"'étlqueltei" rles expansiorrs productrices de séquences rlarratives ' Dans rjer-te optique, 1',élaboration d'un récit, dit conte, sêrail externe

interne au producteur-énonciaLeur parce que Ia mise en forme, 1â prociuction et 1a textualisati n sonï suffisammerrt dirj.gées et orientées par 1es opérations de

avant d'être

ccn.Jensation / expansion par cles unités dont les t'raits sont pour être err mesure de fonctj-oI'iIler suffisammest sigrrificatifs j-ons dans comme Supporits, dans Ie sens de moLif s, de thématisat

1e discours rtarratif.

Ce qui reste interne au producLeur-

énonciateur individuel- résicie exactement dans cette esPèce du discours" StyLe quj- consiste à opérer sur "1'élastlcitê 1e récitant use d'une liberté

de où

apparente car i1 esL soumis aux

corrtraitites qui lul sollt indiquées voire imposées par I'univers du conte. Rappelons-nous les fonctions des anthroponymes


448

motivés et

ce1les

des

motifs

dans

les

configurations

discursi-ves.

Si nous suivons jusqu'au bout 1'ouverture permise par 1a motivati-on dans Les anthroponymes, notre ét,ude sera à coup sûr erl mesure de mieux appréhender 1es questions d'éncnciation dans 1a mesure où / 1-mHajya/ ne peut être soumise à cet anql-e d'analyse que si nous Ienoris compte d'une f orme d'ob jectiv j"té qui doit, être reçue comme tel1e par 1'énonciateur indivi-duei. Cette ob je,:tivit,é est assurée justement par 1'ensemble des règIes qui permett,ent 1a mise en discours de contenus par des techniques de motivatiorr structurées par les organisations syntactico-sémanliques cies configurat,ions. Err dehors de ces conditiorrs , ce11es qui re1èvêrrt d'urre relative subjectivité chez 1'énonciateur individuel résiCenL

dans 1a manière de conter, dans 1a manière dont 1e récitant

état de son talent, de ses compéLences de mise en fonctionnemenL de ce qui 1ui est exter.,"1. I1 y a 1à un véri+.ab1e contrat qui s'établit entre I'énonciateur eL 1e conte; 1es modalltés de ce contrat sont transmises par 1e conte et non par son récitant. Le cÜnte, après établissement de ce fait

1

I1 n'est pas rare qu'une lnformatri-ce décide d'e11e-même d'arrêter de conTer pour ciire qu'e11e n'est pas en état. de pouvoir continuer; dans d'autres cas, bien que 1e cont,e soit récité et qu'i1 y ait une cohérence irréprochable dans 1e produit, 1e sentiment qu'i1 s'agit d'une "mauvaise narration" est net, vraisemblablement -c'est du moins notre avis- parce que le style de conter n'est. pas à Ia hauteur du conte. Faut-i1 1e dire ? conLer n'a jamais été 1'affaire de ce qui est dit oralement par des mots, dês phrases... enfin, pâr 1a bouche mais plutôt. de ce qui se dlt par 1e corps: ce n'est pas par la bouche qu'on corrte mais par le corps tout entier. A défaut de 1'ensemble du "corps-parIanL" si l'obscurité empêche 1e conteur de parler par sorr corps , 1a voix assure cette f onctiotr.


449

contraL, fait surgir son pouvoir évaluateur sur son récitant: ce dernier est-il ou non à 1a hauteur d'assurer le contrat ? C'est dire que 1a prise de parole n'est jamais facile: i1 suffil d'en taire l'expérience pour s'en rendre compte. Ceci montre, Ê€ seraiL-ce que par 1a fonctlon des anthroporrymes, qu'ils so j-errt partiellement ou totalement motivés, que 1e conte dispose des moyens de fournir à son récitarrt 1a compétence rrécessaire à 1a narration de tel1e sorte que cette ,compét,ence ne se confonde pas avec ce11e qui serait propre et j.r:dividuelle à tout récit,ant pour pouvoir inscrire des traces qui rendent compte d'une construction individueiie du prodult. En tous 1es cas, cette compétence n'émarie de ce récitant que par 1e fait, qu'i1 se propose de réciter un conLe ou de produire urr récit dorrt, les structures sont déjà données par 1e schéma g1oba1 du conte ! une compétence acquise et, non construite par ce su j et, énorrciateur. Nous sommes en présence de deux volets qui s'interdéf ir:issent tout en étant distirtcts: 1es traces d'énonciation qui sign j.f ient que 1e cont,e , comme univers de valeurs , n'est paS assumé par 1e récitant, sorrl dé jà dites dans 1es énoircés inlroductifs (ou formules inaugurales) pour gue soit prévue une énonciation nalrat,ive qui s'emploie à met.tre en fonctionnement la langue pour produire des obieLs posés préalablement à 1a iation, Pour ne tenir compte que du produit lui-même, inclépendafiiment du niveau présupposé, celui de 1'énonciation, i1 est aussi clair que les séquences narratives dont 1e support d'expansion est 1a motivation dans 1es anthroponynes, sont

narration-

éttonc


450

réa1isées de par leurs manifestations en"'vue d'exiger que Ie

macro-texte ( te récit) les adopte selon un principe de cohérence. A ce niveau, 1ê moins que nous puissions dire est de rendre justice à 1a motivation dans 1'anthroponymie en tant que procédé énonciat,if organisateur du récit au*de1à des fonct,ions que nous avons déjà essayé de montrer par l'étude des cas ciÈés.

Leconte,commenousl,avonsdéjàdit,sembleproduire'ses propres moyens de "se faire". si ce genre de la tradition orale prévolt par ses propres moyens des techniques organisatrices de sa narration, i1 ne se souciera guère de la manière dont 1e récitant indivlduel organise les événements de 1'histoire ' cett,e organisatlon, pour peu que ce récitant ait acqui§ 1e principe de cohére.nce et d,un certain St,yle pour pouvoir

communiquer,sefait.d'elle-mêmepuisquecequiluiest§ousjacent comme enseignement sur les message§ à communiquer par unlangageallusif,estdéjàfixéparlesprocédésdemiseen discours du conte. ceci explique, d'ailleurs, 1ês mises en qui expansion de ces messa.ges dans des récits différents et communiquententre",*enéchangeantdesconfigurations diseursivesl. Àproposdecettecomposanteduconte,précisonsqueles différences à not.er dans 1'utilisatlon d'unités lexicalement différentes ne 1e sont qu'à ce niveau dit Iexical sans pour autant faire perdre aux différents récits qui 1es inLègrent 1 Ct. notre corpus pour noter les configurations qui aient été passent d,un conte à un autre bien que ces contes des dans racontés par des informatrices différentes, é1oignés' Iieux différents et à des intervalles relativement


451

clansuneconfiguraLiondiscursivelesprocédésdemiseen discoursdesmessagesetdescont'enusdel,ensembledu clispositif narratif. La construction de ces contenus par i

nve

sti

ssemen Ls

s

émant

i

que s

rendu

s

po

ssible

s

des

par

l,actualisation de traits figuratifs dans les configurations, peut, se réaliser même en présence d'utilisations qui se pourvu manifestent lexicalement par des unités différentes ' qu'el1es qu, el1es soient isotopes au niveau sémantique et soient en posit,ion structurée du point de vue syntaxiqu" ' La notion de motif dans ce sens est régie par ceLte organisarion syntactico.sémantiquedelaconfigurationquil,utilise' di 1^â (lLlLsrçrÀvus différences en queslion doivent êt're prlses J-eb ilI

en

considératicn,c'estqu'ellessontdotéesdecharges sémantiquessuffisammentjustifiéesdanslecadredeleurs organisations eL environnements syntactico-sémantlques Pour que "détourrrer" une lecture première en une autre' C'est dlre 1'énonclation narralive est le plan auquel se §oumeL le les "détournement" d'Une leCture Par une autre; Ce qui filtre lectures en question, est 1e conte lui-même par Ses procédés demiseendiscoursjustifiéepardestraceSquiorientent]-a narration et qul sont ces mêmes moyens offerts au récitanlque érronciateur. ceci peut. être éc1airé par 1e point de vue nous avons c1éveloppé sur la motivation dans I',anthroponynie:

l,itérationdelaqualificationquenousavonssouLenue n,aurait rien apporté à cette tentative de lire les contes

de

1,intérieurpourdécrirelamarrièredontlaformationdes pas anthroponymes est mise en fonctionnement si nous n'avi'ons narrative' ramené notre description au niveau de I',énonciat'ion


452

Avouons à présent que 1'ét,ude de 1'anthroponymie n'est

qu'un prétexte. Pour faire valoir son impact, sur notre démarche, i1 sufflt, de rappeler que par 1es fonctions de 1a motivation, nous sommes arrivé à mettre 1e doigt sur 1es fonctions mnémotechniques d,:rrt 1es Lraces sont inscrites dans les récits auxquels 1'énonciatlon narrative sert de filtre. La caractéristique de ce filtre est, en giros, 1'ensembie des opérations de condensation / expansiorr et d'écarts dont nous avons parlé. Par cette caractéristique, 1a prépondérânce de 1a motivation dans 1'arrthroponymie accorde au conte sa capaciié de se construire par "un exLraordinaire" dans 1a langue relativement au nom propre du registre social. Par cet,re même caractéristique s'inscrit 1e merveilleux dans Ies réc:-ts pa:' "1'étrangeté" (1e non ordinarre) des anthroponymes. Ce qui rerrd étranges ces anthroponymes motivés est justement, le falt, que Ie corrte utilise des unités de langue, dorrt 1'une des f orrctions dans 1a construction anthroponymique, est d'autoriser 1a désiguation en 1'augmenlarrt par 1e procédé de mise en discours quri tient son originalité

de la spécificité de 1'énonciat,ion narrative. Cette nise en discours suppose en effet que darrs L'anthroponymie, i1 y a une signification postulée comme articulée au processus de 1'organisatiorr narrati-ve et discursive sous-jacente au récit et, manifestée par des traits mcdaux caractérisant 1e sujet représerrLé par 1e personnage porteur de 1'anthroponyme mot,ivé. Ut: derrrier dét,ai1: 1'éventail de possibilités de consLruction des anthroponymes motivés se soumet aux contraintes des règles que nous n'avons pas suffisamment


453

développées du poi-nt. de vue syntaxique et dont 1'effet

marquer 1'écart

par rapport

au registre

social.

est

de

Si

1a

rnot.ivaticn ne dépend pas de I'anthroponymie dans un conte, i1 revierrt à 1'analyse de rechercher ce procédé darr.s d'auLres motifs.

Notre proposition en utilisant responsable de 1a constructicn moyens qu'iI

1'énorrciation narrative

cl'un conte par les propres

offre

à son récitant r à en croire 1'u.u111té une cpératoire , s'ouvre quand même sur /question embarrassante: s'i1 est fondamerrtal de terri-r compte de 1'aspect externe ar-l sujet de cette énonciation, sur quelles traces peut-on se fonder ilour

en parler ? Nous avorls parié de Ia motivation, de f intérêc

d'.t

nctif. eL des configurations discursives de manière généra1e, darrs 1es pro jets d'étude du corrte sous cet arrgle; mais, comment saisi-r

fond r

énonclation

ces traces

ré-rélatrices

âu

de cetLe

?

Ces traces ne peuvent, err tous cas, être relatlves

à

Llii

processus de création

irrdiviCuelle dans 1e sens d'une assomption sub3ective; dès j-ors, cetie éviderrce oriente 1a saisie de ces traces vers 1'ensemble des efieLs décLencheurs de 1a discursivisation rrb

j

cie te11e sorte que seuLs les effets

ectivement f onctionnels tlans le sens où ils ne dépendeni

pas

jet,

peuverlt êt,re considérés. Pouvons-rlcus | à présent, dire de manière concrète guels sont ces effets ?

dn

su

Que11e que soit notre réponse -rlous ne nolls faisorrs pas

tf il1r-rsions- e11e sera cliscutable, et pour éviter de donner fragmenLs de réponse sarrs utilité

des

pour 1'analyse du conte pour

peu que nous sachions que, déjà, le terme "conte", du point

de


^ËÀ

vue de sa définition,

pas 1'unanimité de tous, i1

ne fait

serait préférable de reprendre 1'utilisation

de 1'énonciation

pour 1a situer par rapport à une autre énonciation

narrative

que nous appelierons commullicative, La première est externe

au

sujet; 1a seconcie esL interrre au sujet. L'exemple qui peut nous servir à distiuguer ces deux formes d'énorrciation esL à juste t,itre ceLui de 1'écart que nous avons relevé dans 1a motivation de 1'anthroporrymie. C'est de cet écart que sera déduite ciouble esquisse définitoire constrr:ction indivlduel

des facteurs

1a

dont dépend

1a

d'un corrte. Ces facteurs dépendent d'un sujet

appe]é à tort, à notre avis, "conteur" et d'un aulre

sujei qui ne se eonfond pas avec Ie premier pulsqu'j.1 est

1e

dont nous avons déjà parlé et qui oriente 1e sens de ia narration

par

1es traces

mêmes qui

sont

communiquées

iinguistiquement à travers tout registre à retenir selon ce corlstrult"

et

construcLri'ce " . Le conLeur sera alors

celui

Il0US

pourr]-ons

appeler

"

conjuguer errtre soll statut de sujet-récit,at:t

"

que

compo sânLe

qu1 aura

su

<iont i1 ne peut

user pour prétendre à '1 'assomption de son dire et 1e I1 sera conÇu comne garant du vrai du corrte. Est, conteur darrs ce serrs

celui qui sait, faire "cohabiter" sôn Je au I1 selon La juste expression de laisser parler Ie 11 à travers le Je en tant "

qlle

d'or-l 1a nécessité , nous semble-t- iJ-, de li-mHajya/ sous cet, angle de 1'énonciation nerralive

corps-parlant" ;

défiriir

pour pouvolr appréhender 1es mécanismes de son langage. L'acte de produire ull conte est, à ce ttiveau, soumis à des modalités conditionnant 1a réalisation

et de I'acte

de récit,er et

1'acte de mettre en fotrctionnement La langue de tel1e sorte

de

que


455

cet acte vise des objets à communiquer déjà soumis à des cle commullicatiorr; d'où 1'énonciation interne colditiorrs ( communicative ) et l-'énonciation exLerne ( narrative ) au sui et de 1'érroriciatiou ou conte '


456

CHÀPTTRE

/aHaii/,

ÏI

/aeaweô/ {ber: lrcontaqei', rëcitation}

D'une capacité d'exprimer des pensées, 1e conte utilise des techniques certes, mais qul ne peuvent être ramenées à LeurS seules formeS narratives. En se laissant "imprégner" par

Ie conte et ses techniques,11 est aisé de se rendre compte que 1'utilisation de Ia langue par 1e sujet est, comme nous 1'avon§ dit, soumise à un contrat énonclatlf. On sait que 1e récit-conte est de prime abord "objectivé", 1es traces énonciatives qui apparaissent, entre autresi danS les formules inaugurales en t'émoignent' En outre, les situations d'énonciation sont particulièrement caractérisées par un embrayage partiel portant sur une certaine forme d'il1usion dans 1e Sens où le Je apparaLt comme s'i1 étalt utilisé pour être mis en rel-ation avec 1'énonciateur à proprement parler, lieu d'assomption de 1a profération du récit,. Or, 1e conte falt, usage d'une fonction narrative qui est 1a sienne et qui utilise ce récltant-énonciateur selon un contrat, un jeu déterminé par f imaginaire.


45'7

ce contrat tient ses modalit.és d'un code qui permet au récit,ant de "saisir 7a fiction à distance du rée7"t' C'est dire que Ie récitant ne Se préoccupe pas du "vrai" de ce dont i1 dit gu'i1 ne correspond pas à Ia réa1ité selon 1'une des

formules finales:

)i-L merr temna ,f ri-t iu j Duru Lielwa men temma iv hiya d-dub !f hiya d-dub Hetta wel1a kul-Ji kdub/ (ar: je suis revenu de iàbas; j 'avais acheté avec deux Duru des bonbons qui se sont mis à foncire jusqu'à ce que tout soit devenu mensonger (irréel)). /kdub/ (ar: mensonges ) est l-a négat.ion de 1a tentative rie projeter une réa1it,é sur l',histoire du récit. I1 Y a ià un procédé de "déguisement" du vrai en fictif qui rejoint aisérnent 1a transposition du contenu du conte par 1e jeu atlégorique de son langage en histoire dont les fails et 1es événements eu sens littéra1 de leur déroulement, sont /kdub/ ( mensongers ) Toute 1'ambiguit,é réside dans 1a mise en forme allégorique du récit et " La couverture figurative" 2 ptopt* au conte en tant /

.

que significat,ion

qui "habite"

aussi bien 1e récltant

que

1'auditeur. 11 semble gue le conte oral , tollt comine 1',écrit d'ailIeurs, Pose des guestions sur 1'émergence des indices et des traces de 1'énonciation énoncée, non paS en tant que traceS visées pour clist,inguer entre 1'orai et 1'écrit, mais en tant que question sur 1'énonciatiorr de façon globale

'

M. MATHIEU-COLAS , "Récit et vérité", Poétique No a^ 1989, p. 391 2 A. J. GREIMAS, Sémiotique et sçiences sociales, op. cit. , p. 208. 1


^

co

Cette question se pose pour décrire comment Le conte oral produit des contenus et commerrt 1a pensée externe à I'individu -rappelons qu'ii

récitanL tout en l'habitant

n'en est pas

paraphe- 1e "domestique" selon une conduite, une croyance/ ad.hésion au socio*cultureI

représenté

comme ,1

1e

une

univers dans

1e

conte. A peine 1e Je est-iL inst,allé dans Le discours qu'ilcède la place à la voix qui parle à travers opération marque 1e récit initial]ui

n'a d'autres

f

lui.

Cett.e

dès son J-nauguration: 1'embrayage

onctiorrs que celIe d'embrali er 1e récii

-même 1.

Plus explicite

et

même conforme eux sitr:ations

de

communicat,ion d'un conte, esL 1e cas où i'embrayage énoncia'L:-f

inar:gure le récit par /gal- 1*k... / (ar), i1 t'a clit,

où s'installe

/yenna-ÿ;.... i (ber):

Ie Je en ce sens que 1a reiation

y est repérab1e; mais 1e pius importani y est 1a manif estat.ion du I1, su jet du dj-t.: 1e dit, est, ici ce

d'inter-subjectlvité

qui rend possible -puisque pré*existantmême, le f1 étant 1e rée1 sujet du dit, su

jell de ce que Je récite. C'est-à-dire

1a récitation; sera du

1e maltre" et son "disciple

A partir

dé1êgué"

coup

qu'âu Je et au I1

att,ribuées des positions qui 1es distinguent au "

même

même

1e

son-L

ti-tre

que

.

de 1à, nous comprenons que 1e sujet qui se dlt

Je dans /Hajit-k.../, n'a pas d'identité

formule courante pour inaugurer

L1n

conte,

de sujet au sens propre du terme quand nous

1e meltons en rapporl avec Ie 11 dont iI dét.ient le dit. dans ce rapport que le récit 1 Pour

de

C'est

"s'object,ive" que11e que soit la

plus de détai1s voir J. COURTES, Analvse sémiotique du discours, de 1'énoncé à 1'énoncj-ation, op. ciL. pp. 255-259.


459

dans ce rapport, que 1e récit. "s'objective" quel1e que soit

1a

position que 1e Je tient, dans 1e conte ora1. D'ai-11eurs, nous pensons qu'i1 suffit que ce Je tente de ne pas respect,er 1e cont.rat énonclatif qui Ie rattache au I1 pour que son produit cesse d'être un conLe populaire oral. C'esL aussi sous ce rapport que 1e conte sera vu comme p esl ILvrai. Au cas où une substitutlon du I1 par 1e Je se réa1isait, 1e vrai serait soumis à 1'évaluation, en un mot, à une révision. Cette mise au polnt nous amène à attribuer au f1 Ia position de "sujet narratif" destinateur du conte; au Je, ce11e rle "sujet discursif" qul est en fait, un destinataire du conte qu'i1 met en discours. Par ces rôIes assumés comme tels, 1a sit,uati-on de cornmunication ne se confond nullemenl avec 1e procès d'énonciation du conte populaire ora1, Le Je est utiilsé selon un jeu d'enjeux énonciatifs comme destlnataire avant d'être récitant du conte i 1e conte se manifeste sous forme de réclt où Ie Il et le t,emps se maintj-ennent. Le Je est dès lors une trace illusoire signifiée par 1'embrayage partiel-. L'analyse est ainsi invitée à déceIer Ie jeu de f illusion dans 1'énonciatlon narrative et 1e faire slgnifier

au niveau

des invest.issemenls sémantiques de tout ce qui est mis en fonctionnement dans 1e conte. Nous rejoignons 1cl certains aspects que nous avons déjà rencontrés; en t,ous les cas, 1e statut du Je Iu1 est accordé part,iculièrement, en vertu de 1'autorité du conte que nous symbolisons par IL. Cette autorité du conte provient, nous'semble-t-i1, de cette corrélation (Je / Tl-), clont 1e contrat énonciatif pose 1es règles ci-dessus, pour réaliser un pouvoir sur 1e récitant par 1e savoir qu'i1 détlent


450

et communique en tant que pensée représent,ée dans son unlvers. Alnsi, 1e récltant est, plus que n'importe quel sujet, parlant, un sujet qui écoute ce qu'i1 récite,

qui "s,écoute" en lenant

compte de 1a voix du ï1 qui le traverse, cie f intention cette voix qui guide la sienne de *re11e sorte qu'en f in

compte, 1es deux voi:< n'en

f

ceci dépend particulièrement récit

tel

que le

de de

assent gu'une seu1e, ce1le rlr: IL. des procédés de constructlon

cont.e 1'enseigne

par

des

du

procériés

mnémotechniques de mise en discours.

La particularlté

dans tette énonciation narratlve réside

dans 1a forme de "crlstallisation' d'att.ltudes dcn.L Ies fondements chez les récltants sonL 1e souvenir qui parl-e à travers le Je, 1e souvenir d'une parole et non construction de paroles st,imulées par des faits dont Le supporl_ de réactualisation est vécu par ce Je récilant ou dont 1es Lrace-q seraient. prétextes de reconstructlon d'un discours qu..i" peut, être dit, pris en charge et produit, au sens de créer, par cet énonciateur.

perspective, 1e conte est en quelque sorte 1e s{)uvenir d'un discours (ou de discours) sui construit un récil dé j à dit et dé j à profêré r si , dans 1a formule inaugurale /Ha j it,-k, . . / , le verbe /Ha3a/ est à 1'accompli, i1 conlaminera aussi bien cerui qul énonce Ia formule inaugurant son récit, que celui qui reçoit eL écoute en attendant, gue 1e récit soii Dans cet,te

racont,é 1.

1 À défaut d'un terme plus adéquat, nous utilisons "contamination" pour essayer de montrer que par Iui 1'assomption, du point de vue de celui qui énonce Ia formule, (suite...

)


461

En ef f et,, 1es part,enaires du récit dit /nHa jya/ , s'enracinent dans 1'univers du conLe: 1e temps de 1'énonciation commun j-cative , quand i I e st rat,taché à ce 1ui qui se raconte , marque selon un procédé d'embrayagre dans les formules inaugurales et conclusives d'une façon qénérale r une "bifurcation" dans le rapport corrélatif entre le Je et, le 11 i i1 margue aussi un rapport de dépendance ou, du moins, d'intégrat,ion (con jonctive) du Je dans 1e I1 selon au molns deux voies:

1. ce11e des formules inaugurales dont 1'effet consiste à ret,enir un Je du paradigme constituarrt un actant collectif représenté par des récitant,s dont chacun se reconnait sous 1'autorité du IL. Ici, c'est 1e conte proprement di t gL1 s'annonce comme production non signée ou, si L'on peut dire }a signature y est ceIle du fL; 2. ce11e des formules conclusives où 1'actant indivldt:eI prend place relativement à lui-même en tant que récitant d'urr,e version et non du conte i cette place est déterminée par 1'énonciation de certains énoncés tels que celui que nous avons déjà citét /ii1. men temma /rit. juj Duru Helwa men tenna !r hiya daun w hiya daul Hetta wella kul-/i kdub/. /kdub/, qui est une évaluatlon qui rejoint, cel1e posslble à faire à propos du fictif, porte évidemment sur le langage du 1(...su1te) est négative dans 1e sens où e11e lndique 1a position dans Iaquelle se reconnaLt 1e récit,ant relativement à I1; cette position sera alors dlte négat,ive par rapport, à 1'autorité du I1. Cette position est reconnue (reconnaissance) comne telle par 1e destinataire-audlt,eur du récit sous forne d'une entente, d'une complicit,é , d'un contrat, impliclt,es entre 1es partenalres du rëcit.


462

conte en t,ant qu'histoire dont les fait,s, guand ils sont soumls

à 1'appréciation du sujet énonciateur, seront dits ftctifs. Concernant ce polnt,, nous pourrions saisir 1a formule comme jugement assuré par 1e terme /kdubl, cofime si c'ét,ait. i'acte d'une conscience dét,erminée par des condit ions qui l_a font surgir. Ces condit,ions peuvent être résumées sel-on deux cas de figures: 1. 1e premier re1ève du "gustatif" , manlfesté par "bonbons" ,Cans 1e sens de "sucrerie" l,/lj,ei-wa/), qui est infailliblement ce qui assure 1e caractère irrésistible du conte ( 1e pouvolr ) au sens que C . Lévi-St rauss donne à 1'expression d'intention structuraliste; 2. 1e second re1ève de "1a véridict,ion" assurée par /kdubi et assurnée par 1e Je après avoir été pris au piège des sucreries dont i1 a payé le prix (deux Duru) sans les avoj-r consommées, c'est-à-dire sans Les avoir "prises en charge " exactement, comne i1 ne peut prendre en charge, prendre à son compter 1e récit, chose annoncée dé j à dans 1a formule inaugurale. Ainsi, 1es bonbons achetés et non consomrnés sont, nous semble-t.-i1, une allégorie de "1'aventure" réa1isée dans un espace-t,emps qui se raconte indépendamment du récitant. Plus exactement, si 1e réciLant est, impliqué dans 1'espace-temps du conte, 11 ne 1'est que le Lemps de la narration; une fois que ce temps-espace est "vécu" par 1ui, i1 débraye pour réaliser une espèce de retour vers 1e Je-Ici-Maintenanü (cf. je suis revenu de 1à-bas ) , 1'unique cadre dans lequeI la prise de conscience pour juger produit, son effet.


463

Ces opérations

rejoignent aisément, nous semble-t-i1,

des

univers de "rêves": nous imaginons que 1'espace-temps du rêve ne se soumet pas à une conscience; seul 1e révei1, le retour de "Là-bas" (1e conte,1e rêve) permet, de faire intervenir ia part.ie actlve qui juge en s'appropriant, 1e je, sinon dans

cette part,ie active se retire p.rovisoirement, pour céder 1a place à 1a partie passive que nous 1'espace-temps du conte,

ne saurons dénommer sans provoquer des malentendusl.

Arrêtons-nous un moment sur " 1à-bas" : 1'activit,é subjective' se réduit, à " je suis revenu de 1à-bas" et ia construction d'une pensée voit. 1e j our par 1 'énonc j-ation <ie cette formule. Cette pensée devient fixée par 1'espace dit, cians /men temma/ par opposition à "ici" et par 1e temps dit dans /bekril , /qadim z-zamanl (ar) , /zik/ (ber) : autref ois, jaciis, par opposition àomaintenant". L'ici-maintenant de 1'énonclatlon proprement' dite convoque 1'appropriat.ion du Je par 1e récitant, qui précise les conditions qui lui permettent 1a réal-isation d'une transformation (passage du récit, au discours). "Le retour de ià-bas" est narraÈivement ce qui explique 1e débrayage énonciatif et /kdub / sera assumé dans ce cadre qui est en fait f illusion du pouvoir-se prononcer en termes de jugement: ên aucun cas, ce jugement ne peut lnÈervenir dans 1'un des moments de 1a narration du conte. Le contrat énonciatj-f s'explique ainsi par Ie fait que s'iI est accept,é par les partenaires du 1 Notre point de vue ne porte pas sur une comparaison du conte au rêvei c'est par souci d'éclaircissement que nous avons recouru à ce rapprochement, probablement, discutable, pour dlstlnguer entre " 7a conscience juqeante" , que nous empruntons à E. Husserl, dans 1a formule concluslve et. I'évictlon de tout jugement, lorsque Ie Je est en rapport avec le 11.


464

conte, implicitement t,oute appréciatlon sera réf ut,ée ; ce n'est qu'au moment où /1-mHa)ya/ est dite 1ntégralement que 1e droit de se retirer de son espace-temps esL accordé au récitant,. Dans cette optieuê, i1 devienL assez clair que 1e conte

est un produit, où deux fornes d'énonciat,ion sont à pi'endre en considératlon. A présent, qu'iL nous est possible d'en parier franchement, nous alrons Les formuler en nous appuyant sur 1a distinction suivante: ,1. 1'une est narrative: "1à*bas - autrefois" rêfère à un univers construit, dans 1e conte par un sujet. collect,if qL!i ne se confond pas avec 1e réeitant-énonciateur individr:e1; 2, 1'autre est communlcative: "ici-maintenant,,' réfère un univers qui n'est pas celul du conle; il s'agit de l,espacet,emps cù se const,ruit 1e retour et où s'achève 1'aventure ou le voyage. Dans cetLe aventure, euêlque part 1'adhésion à un certain rée1 par 1e récltant est posslble à reconstruire à travers "1e devenir" (cf. /we11a/ dans "... et devint mensonger, irrée1). L'ut,ilisation du devenlr suppose une transformation d'un rée1vrai du conte, {ui dure 1e temps de l_a narratl-on, en un "irrée1-mensonger" qui se greffe sur 1e retour du récitant, à sa réarité selon une énonciation qul tient de f ident,lté par 1'appropriation du Je pour juger. Par ce double mouvement du sujet, indivlduel énonciateur du conle, 1a modalit.é du derienir explique 1e phénomène de f illusion du rée1 et celui de la véridiction: le rée1 est 1'effet de f illusion du voyage dans 1'espace-temps du conte; le retour modarisera ce réel en le niant, pour lui faire céder


466

partlcullère car, d'une part, cet, énonciateur ne peut prétendre au pouvoir prendre siège dans 1'ambiguité qul définit 1e conte par son temps de narration et les effet,s illusoires du rêe1 el qui sous-tendent ses fonctions langaglères et du fictlf 1'aLLusif de son langage; d'auLre part, Puisque 1'énonciateur individuel se confond avec Ie récitant selon des cocrdonnées spat,io-temporelles de 1'énonciat,ion proprement dite, i1 I1'y a d'autre moyen pour l-ui que celul d'opérer pâr un embrayage/débrayage énonclat,if qui 1'évacue de toute prise en charge du conte proprement dit. Ainsi, 1a nature

même

du conte

exige que la description du point de vue de 1'énonciaLion ( 1es plans d'énorrclation ) distingue nettement entre 1'énonciation

et L'énonciation narrative. Les quelques remarques que nous avons fait.es sr-ir Les formules inauçiurales et conclusives c1tées, montrenL que 1'engagemerr! du suj et fait valoir son rapport à un obi et ciétermlné. Cet objet s€ reconstruit selon 1'évaluation par 1'acte d'appréciation. Ceci nous amène à considérer 1e fait que 1'usage dans Ie conte semble élaborer un libre j eu de f imaginaire; 1'atteinte du plus haut degré de ce ieu est Ia

communicati-ve

fiction. Toutefois, on saiL aussi que 1'usage dans 1e conte est 1'l1Iusion en ce sens qu'i1 dit vrai- en usant du fictif et que le paraphe du fict,if est ce vrai lndépendant de toute instance lndivldue1le. C'est dans ce jeu subtile et relati':ement "sournois" que réside 1e conLrat énonciat,if quj- tient compte de 1'apparente tiberté d'user du fictlf saisissable à distance du rée1, êt de f immanence selon un niveau profond du plan


46s

1a place à un autre rée1 qui sera I'effet

de conjonction du récitant, avec f ici-maintenant. Àinsi, 1'énonciation narratlve consiste essent,iellemenl à installer 1e "1à-bas - autrefols" qui dénigre toute appropriation du Je. Ces quelques remarques rejoignent une autre condition de narratiorr des contes r poirrt, n'esL besoin de rappeler ce que personner parni 1es habitués de / 1-mHa )yat /1 n' iEnore (/1-mHajya/ est proférée 1e soir et uniquement 1e scir). Le rée1,, en tant qu'effet du conte, dépend étroitenent de ce t,emps de narration r ce temps dont dépend 1a communication rlu conte,

à ce qui éclalre 1'aspect du fictif des événements du rêci-t quand iIs sont soumls à 1'évaluatlon. Par ce temps, 1e réel et Ie fictif se soumettent à une âppréhension ambiguë dans 1e ses où i1s s'enchevêtrent et s'j"nterdéfinlssent au même titre que 1e soir qui n'est ni jour ni nuit. Le eonte n'est ainsi ni réel ni fictif; sêuls 1es angles auxqueis i'énonciateur tenle de les ramener, privilégieroni 1'urr ou 1'autre par la profération même de "tout devint, irréeL (mensonger) " après avoir été "rée1-vrai". Ce qui demande plus de précisions est comment à cÔt,é de 1'énonciation narrative où "7'énanciateur n'a pas de place assignée"1, 1a communication de /1-mHa iya/, êD tant est en soi

dé j

qu'énonciati-on , se maintient. 11 est évident, que cette place ne peut pas être réclamée

par un énonclateur dans Ie cadre d'une communication 1 "-L"s contes sont considérés conne récits proférés lors de connunications Tangagiêres dans JesqueTles 1'énonciateur n'a pas de place assignée" , voir D. REY-HULHA§, "Procès d'énonciation des contes", Llttérature, No 45, L982, p. 36,


467

isotope sur lequel se dérouIe Ie récit producteur d'une réflexion de 1a société qui pense sa propre cuIture1. Dans Ie contrat énonciatif, i1 semble qu'i1 y a un double code . L'apparente liberté d'user de f imaginaire- fict,if est celle qui rend possible la prise en consldération de 1a voix du récitant à tous Les niveaux même celul qui enrichit une version donnée par des digressions ou, t,out, simpl-ement, par des effor1:s de t,raduction à condition qu'i1s solent investis de va] eurs qui vont darrs le sens du tissu conf iguratif du conie. Ce qui vient, ci'être dlt libert,é sera ainsi soumis à une contrainte , celle du "paraphe" comme <iimension rl'univers de valeurs en tant que langage, objet d'une "assomption de 7a cuJture et de 7'intégration de ]-'individu dans 1a société"2. Nous y sommes: 1e code qui règ1e L'apparenie i:-berté d'agir chez 1e réc j-tant du conte est celui de l-'énonciat:"on narrative. Cette dernière pose, selon une hiérarchie, 1e récitant comme sujet qui tire 1'enseignement du savoir-conter d'un su j et qui est 1a somme de "co-énonciat,i-ons" particulières et multiples, en plus des conditions nécessaires pour 1a récitation d'un eonte (cf. par exemple, le terops pour conter, 1e soir ) . C'est, nous semble-t-i1 , sous ce rapport que 1a Lransposition d'une sit,uat,ion de communication d'une lmHa jya/ en un jeu allégorique du conte, falt valoir 1'énonciat,ion narrative, Ce rapport serait 1e résultat d'une conversion toutes proportions gardées quant à L'utillsation de ce terme1- A. J. GREfHAS, Sémlotique et sclences sociales, op. cit.

p. 204. 2 (eentnasca cité par), Ibid. p. 208.

i]1i]lltwiiti:lê iL,

fill,li

.,,fl'ir,à.

i,riil . 'r'ii ;i]i{iiffiiT


468

d'une forme d'énonciation en une autre selon deux plans int,erdéflnlssables. Ce qui nous semble assez osé dans f idée que nous venons d'avaneer est 1e fait que nous appllquons 1a conversion aux f ormes d'énonciation; ii serait plus exact d't-ttiliser 1e terme de " convocation" des procédures énonci.aLives par 1e producteur-

énonciateur. A ce propos, devons-nous prévolr un nouveau palier où 1e principe de 1a convocat,ion devrait tenir compte des deux formes d'érronciat,ion dont nous avons parlé et, ensuite, décrlre

ia manière dont ils s'inter-définissent propre aux processus de génération

par une conversion

?

L'utilisaLion de "canvocation" per A. J. Greimas en parlant de f instance de 1'énonciationl, peut nous aider à préciser ce problème comportant, nous sembl-e-t--i1, une ambiguité qui se trouve au coeur même du rapport qu'j.1 l'a errtre 1'énonciat ion narrative et 1'énoneiation communicative par 1a possibilité de considérer nos deux formes d'énonciation comme sous-tendues par une forme conciliatrice par " un lien de va-et-vient" entre 1a convocation d"'universaux séniotjques r-tt,i7isés en discaurs" et de " structure,s généraTjsa,bl es Cans 7es discours réaJisés"2. Ce llen nous permet de mieux expliquer f inauguration et Ia clôture des /mHajyat/ en ce sens gue 1'évaluation en t,ermes rle /kdub./ apparait dans les f ormules f lnales dont 1'énonciation est assumée par 1e récitant, qui déclare son identité par 1e ,

1

chose s

2

A. J. GREIMAS, Sémiotique des passlons. Des états aux états d'âme , Seui1, Paris, 1991, pp. 9-13.

ruta. pp. Lt-Lz.

iiiffi'$$iitrliiffi i§$fiiiliIll§ffiffi

Ærilri|,WilIIiM

de


469

faire évaluateur, et non dans les inaugurales. La fonction de celIes-c1 n'est pas d'émettre une appréciation mais de se situer par rapport au rl par f intermédiaire de ilaccompli dans /Hajit-k/,

au de1à de 1'utilisation du verbe dans 1e sens d,e / eawed/ (ar r réclt.er ) , Nous voyons bien que les formules inaugurales et conclusives ne rendent pas compte d'une même représent,atlon de f ident,ité du su jet récitant,, raison pour laquelJ.e i1 Êous a

fallu tenir compte de nos deux plans d'énonciation. A préserrt, êt à 1a suite de cette mise au point sur Le lien ent,re 1es formes d'énonciat,ion dans /i-mËfaiya/, i1 serait rentable d'esquisser un projet d'étude orienté ver§ 1'r:t.ilisation des modalités, êD 1'occurrence ce1le du croire puisqu'i1 s'agit, bien cle cela lorsqu'on parle de véridictionl,

1 En fait, nous retiendrions le croire pour un point de clépart, qui éclaire partiellement la question qui nous intéresse ici , sinon " -1,e,5 f ornes djscursj yes de 7'évaJuation" ne peuvent, éviclemment pas être réduites au se ul examen de 1a vérldlctlon sous 1'angle du croire ; voir J. -C. COQU§T, Le dlscours et son

suiet, T. !, op. cit. p. 163 et

s.


470

Énonc

lation communicative

/1-mHajya/

=

/kdub/

:

subject,lvité du récitant (

cro]-re

récuser

je-ici-maintenant,) I I I

I

embrayage / débrayage

V

/1-mHa)ya/ = vrâi-rée1: objectivité : (i1-1à-bas*autrefols

)

Énonclation narrat,ive

Le eonteur et 1'audlteur

Ce sur quoi nous voudrions mettre 1'accent à travers

ce

carré, est Ia manière dont se réalise f inscrlptlon de 1'énonclateur (informateur) dans ce qui est proféré par lui tout en ne dépendant pas de lui. cette inscription se sounet à une condltion d'absence d'assomption de ce que 1e dit véhicule par Ia formule lnaugurale. Rapperons que /Ha)L-t/ est à 1'accompli et que 1'acte de narration proprement dlte n,est pas entamé. on penserait blen çlue Ie récitant se soit raconté Ie conte bien avant de se nettre en relatlon de communlcation


477

avec le Tu

(

/Haj it-k/ ) . ce cadre d'énonciation

apparemnent

surprenant, est dt à une forme de déguisement assuré par lien enLre 1'énonclation narrative et cerle communicati';e.

1e

f i.dée gue 1e su j et récitant ( inf ormateur ) est un "reiais" de transmission du conte: singrularité et en même temps pluralité sont à 1'crigine de cette transmission qui exige que l'accompli soit utilisé dans /HajiL-k/, cecl semble assurer 1e déguisement comme si 1e récit,ant vouLait, s'approprier 1a voix p1urie11e. Selon ce déguisement, 1e Tn auqrlel semble s'adresJ:er 1e récitant est moins un partenaire "dialogal" nu'un é1ément de 1'actant coLlectifr f inter-subjectivit,é apparente n'esl pag ie propre ciu partenariat en sit,uation de communlcation; c'està-dire, 1e Je et ie Tu ne sont pas tout à fait uni.s par leurs rô1es de destinateur et desti.nataire dans une situat,ion de commurricat.ion; il-s sont unis par 1e conte et au conte dans 1e sens où leurs rô1es respectifs sont dét,erminés par 1e conte. ce point peut expriquer partiellement 1e lien dont nous venons de parler entre 1'énonciation narrative et 1'énonciation Ret,errons

communicative.

De ce 1ien, nous pourrions retenir 1a possibilité de voir

dans 1e conte une parole intériorlsée:

reÇue eL avant d'être

transmise, e11e serait d'abord monologuée; 1e conte n'est alors

pas "parole de dialogue" ou, d'une autre manière, sa Lransmission consiste à faire parler un réciLant eui, tout en parlant, sait qu'on parle à travers lui. La parole individuelle est un "événement" occasionnel qui n'est pas détermlnant au sens strict du terme pour l'énonclatlon narrative. Par contre,

W


472

celle-cl

est

détermlnante

pour

parole -événement

1a

occaslonnelle.

une sémantique adéquate de /r-mHajyar-/ devrait, compte Lenu de ces considérations, sê sit.uer à un niveau qui appréhende 1e langage part,icur.ier du conte comme hypot,hét,lquement "carrulâble" relativement, à r,énonciation

rrarrative où f intentlonnalit.é est 1o{n situat,ion de communication ordinalre.

d,

être cerle d,une

du conte

sur 1e plan de Ia mise en discours, l,effet de l,embrayage / débrayage semble permettre au récitant de s,approprier 1e pouvoir du conte. ce pouvoir se fait, signifier pârr entr:e autres, Ia manifestation de 1'accompl1 dans le verbe de 1a formule inaugurale, dont, 1a valeur, dirions-nous, esë surprenânte. Par cet accompli, 1'énonclateur-réclt.ant prend non seulement, conscience de son identité mais ra rapport,e et ra cléclare. cet,te déclaratlon devient, à notre sen§, une ,, fonction du discours"1 qui mërlte d,être questlonnée. Donnons quelques détairs sur 1a communication de 1,une des versions du c16 comme exemple de sltuat,ions contextuelres 1 98.

P.

RTCOEUR,

La métaphore vive, Seu11, paris, 1975, p.


473

courantes dans la recherche de terraln en vue d,élaborer un corpus. cet,te version a été recueillie par une enquêteusel dont 1e prérrom esL Hayat. Lors de sa récitation, r,informatrice a inauguré son récit. par /Hajit-k a Hayat. a bent-ii (ar: je

t'ai conté, Hayat ma fi11e); f interpellation de 1,enquêteuse par son prénorn importe bien dans 1e cadre sit,uationnel de l_a communication du récit,

or, à prendre au sérleux cetle interpellation, on dlrait gu"'un schéma" de communlcat,ion s'irrstaure pour faire assumer, d'un point de vue êncnciatif, 1'ob jeL r:ommuniqué à 1'lnf ormatrice et à 1, enquêteuse. Toutefois, dès que 1e récit (1'histoire) èst. entafré , ce n,es! plus "Hayat ma fi1le" qui est repris par l'informatrice. curi"eusement, cette <ierrrière , chaque f ois qu'e11e dcnne f impression ci'utiliser ra fonction phatique pour réclamer en pri:rcipe i'at.tention de 1'auditrice-enquêteuse, dit, / a sidi/. Le paracloxe est qu'aucun /sid/ (aucun homme) n'a pârticipé à cette séance de narration; / a sldi / n' a plus la fonction prêsunée puisqu'en tous les cas, 11 est ét,ranger au contexte de L 'errquête . A ce niveau, i1 nous semble qu'un " éclatement,' se rÉarise dans 1e sens où 1'absent, est rendu présent; 1'activité de narration assurée par ilinf ormat,rice f ait appelà un absent, L'infornatrice a alors réalisé une inauguration de 1'objet à communiquer dans re cadre d'un "schéma" qui ne correspond pas à celui de 1a communication dans 1e contexte propre au rapport inf ormat,rice / enquêt,euse. Àutrement dit, 1 n. Yousrr, Recueil de contes. Transcrlption, traduction et annotations, mémoire de licence, ( dactylographié ) , Facurté des Let,tres et des sciences Humaines d'oujda, 19g0-1991.


474

refuse volontaireme.nt -peut - e11e faire autrement?- de réduire 1'objet qu'e11e communique (1'histoire du récit) à un obiet communicable uniquement à son interLocutrice. Le pouvoir du conte se Sit,ue donc au dessus de loute morlal- it,é qui inscrit f irrf ormatrice et I 'enquêteuse cians Ies posit.ions de sujets individuels partenaires du conte: c0 dernier véhicule ce que ni 1'une ni 1'autre n'assume à un f informatrice

niveau d'énonciat ion narrative ceci dit, i} y a quand même dans 1'enquête cetle situajl j.6n de communicatlon dorrt ii faut tenlr compte. En fait, si 1e ie .

place en face de lul Ie Tu dans ie contexte situationnel de C'eSt esSentiellement pour s'a§Surer u.]1 narration, accompagnement c,ù les rô1es de chacun sont une projeclion dans I'instance qui exerce son pouvoir aussi bien sur 1e Je que sur ie Tu. Cett,e i-nstance serait, le conte 1ui-même. La hiêrarchie des placeS proPose alors une SOrte d't'axiologie " sous l"es effets d'un champ modal où le conte est défini par le pouvoir. qui s'exerce §ur seS partenaires. dès que 1e contrat énonciat'if ,lont nous avons parlé, est en quelque sorté mis en marche. La communication de /1-mHajya/ est ainsi construite en posanL 1es partenaires comme sirnple§ accompagnateurs de 1'un pour 1'autre. L'informateur qui Se dit Je dans Ies formules inaugurales et conclusives n'Y est que pour re-dire (/y'eawed/) quelque chose dont il a été lui-même destlnataire. De ce fait, avant de dire Jê, i1 se voit destinataire du discours qu'i1 rapporte, raison poul 1aque11e 1t falt signifier 1e Je qu'i1 s'approprie en évlnçant 1a représentation par 1e prénom de son interlocuteur (ou interlocutrice, voir 1'exemple ci-dessus de


475

1'enquêteuse ) : au prénom,

11

substit,ue /sidi/

externe-absent,

êt, par là même, i1 déclare qu'i1 rapporte un obSet dont }e dépositaire esl Ie fL sous le rapport duquel le conte est diL vrai. Dans cette perspective, l' activi-té de narration et de réception d'un conte est soumise à des règ1es lssues de f instance externe aux partenalres. Le 'schéma" de communication d'un conte est en quelque sorte "doub1é" par les

rléterminations de la structure modale qul dote 1es partenaires

rô1es dont 1es statuts sont définls par f instance détient 1e pouvoir. c1e

Résumons;

qu_.,_

1. La communication du cont,e pose un cadre idéa1

où l-e Je et le Tu prennent, place;

2. toutefois, c'est par I'itlnéraire du souvenir rendr: présent par 1a parole exploratrice d'effets référentiels à 1 'univers de valeurs du conte que cette première relat ion s'avère non assumée par le Je et 1e Tu dont le mérile, si 1'on peut dire, n'est pas à proprement parler primordlaJ. pour 1a "transmlssibilité" des messages du conLe. Ceci peut sembler cont,radictoire. En effet, comment peuton con'5idérer que 1e partenariat dans 1a communication du conÈe

est " secorrda j-re" si 1'on tient compte du f air- que 1e conte appauvrit modalement, son énonciat,eur individuel ? Rapperons à ce propos gue 1e contrat énonciatif se base sur, entre autres, cette condit,ion car 1e vrai du cont,e ne peut, être prétendument

pris en charge par les partenaires de 1a communication; ajout,ons que 1e conLe ne gère pas des affaires personnelles.


476

L'opération d'embrayage I débrayâgê, te1le que nous en avons parlé, est un lieu qui assure au Je un rôIe de médiateur à I'égard clu réclt; le Je y est un représentânt qui se met en scèrre d'inauguralion pour se donner une naissance -dans un i ciiscours qui n'est pas Ie sien- qui est en e1le-même une fin. Ceci se réaIj-se de manière explicit,e dans 1es formules inauguralesr /gal L-k/ (ar) ou /yenna-k/ (ber): i1 t,'a dit,; 1e ie se met en rapport avec Ie 11, lieu d'assomption du conte qui accorde à ce Jê, en vertu de son autorité, 1e statut qul lui est réservé. De façon généra1e , i1 semble que 1e récitânt d'une i

i

)ya/ n'assume de f onction représentative de conteur eür: s'i1 active son rô1e comme étant capable de 1e faire "coincider" avec celui du I1. D'une certaine manière, 1e récitant, serait porieur d'un "masque" qui aspire à une position de conteur. L'énonclation du eonte réside alors dans cette tentative de réaliser une "coiRcidence" où f image est doublée dans 1a mesure où f individualité se détruitl.r', profit, de 1'adhésion au IL. Le conte, eu tant quê genre, ramène alors les partenaires de sa narration à une structure visée par le stat,ut, qu'il leur att,ribue. Le jeu consiste ici à produire une corrélation entre les partenaires du conte et 1e Il, Derrière 1'apparente intersub j'ectlvité, se cache le I1 ob ject,ivant, 1es propos du Je reçus pâr Tu. /mlla

1 c. LÉvI-sTRAU§s, La voie- des massues, À. Sklra, col1 "Les sentiers de la créatior1", Genève, L975, p. 88.


477

CHÂPTTRE

ïïT

ÉIIO§CIÀTTO§ ET LISIBTLITE DE /1-NHAiVA/

L'analyse des /mHajyat/ ne peut pas être indiffêrente à 1a notion de "représentation"l que nous utiliserons pour voir comment exploiter L'acquis selon lequeI sans énonclation, i1 n'y a pas cie lisibilité possible du produit.

Situons nos propos au niveau de la compétence sans 1aque11e 1'assise de 1a narration d'un conle pâr des récilat,ions dont 1e nombre dépend de celul des récitant,s énonciateurs, ne peut se réa1iser. Orr sait egê, d'un cÔté, les récitations sont e1les-mêmes ce qui présuppose ehez chaque sujet récitant uRe compétenee qui est 1a sienne et {uê, d'un autre côté, Puisque toutes les récitatlons sont des reproductions de réclts, ces compétences se résumeraierrt en une seu1e. CommenL alors une même compétence d'un sujet énonciateur du conte serait-e11e relativemenL iderrtique à ce11es de tous 1es récit,ants et comment plusieurs

t " L^ représentation insinue -de nanière pTus ou noins explicit,e- que 7e Tangage aurait pour fonctian d'être lâ â 7a piace d'autre chose, de représenter une "réalité" autre.", A. J. GREIMAS et J. COURTES, op. clt. art. "Représentatlon".


478

compétences individuelles recouvrent-e1res une seu1e, cerre

collectif ? 1 Selon un point de vue initial, nous pouvons poser gu'un conte a du sens et que ce sens est susceptible d'être formuré par plusieurs réalisations discursives. or, pour peu que noLls prenions les choses de manière assez superficielle, 1l s'avère que ces réalisat,ions discursives ne seralent nullement tenues cl'utiliser des technlques d'expression êtroitenent, semblables. Sans entrer dans des dét,ails de définit,ion du terme " thème " gue nous allons utiliser / nous supposons qu'ur1 t,htime au sens courant, peut être dit de plusieurs manières rlans l-e sens même où, dans 1a langue mise en discours, 1'énünciateur effectue urr choix d'organisation de son discours seLon un styie clonné, pour y inscri-re ses propres apports et point,s de vue c1'un act,ant

persorrnels.

tout ceIa, nous ne pouvons rien retenir de si personnel clans 1a thématisation lorsqu'il s'agit de ,r1-mlla jyat / ear si 1a compétence ét.ait indivi.duelLe quant à ta mise en fonctionnement, de 1a langue pour produire /1-mHa)ya/, 1e sens résiderait dans un "contenu représentatif". Or, on sait que 1a production du sens dans 1e conte n'est pas une mince affaire laissée aux soirrs d'un utilisateur improvisateur. conter exige que 1es récitants d'un conte forment une collection dotée d'une compétence commune à tous ses récitants. Le commun dans cette compétence joue à tous les niveaux de mj-se en discours; 1a De

{

' Ibid. art.

"actanL collectif"


479

compétence en question est, en soi déjà, ce qui détermine

l'appartenance au même paradlgme constitutif de 1a collection. Par cette compét,ence, 1e conte comporte des régularités

qui 1e font produire pour des fins sémant.iques particulières. c'est bien de cela qu'i1 s'agissait lorsque nous nous étions rerrdu compte que certaj-ns phénomènes de motivat,ion ne dépendaient pas d'un sujet énonciateur indivlduel. c'est vraisemblablement aussi ce pour quoi nous avons dlt que

1a

référentiallté intra-text,uel1e est, un facteur important dans 1a narration du conte. Même darrs les cas où i1 semblalt que le choix de certaines unit,és substituées à d'auires dans des configurations discursives, dépendait d'une certaine 11berté des lnformateurs, s'avère illusoire puisque, pâr la prototyplcalité, 1a récupératiorr de ces unit,és dans ie sens où e11es assurenL une même couverture figurative, va de soi.

Ceci nous

amène

à penser qu'une sémantique de /1-mHalyati

clevralL tenir compte des régularités dans les procédés de mise en discours où se réf1échit, I'énonciation narrative par 1e lien

qu'elle entreti.ent avec i'énonciation communicative. I1 ne s'agit pas seulement d'une forme à enregistrer mais de ioute 1.à compétence présupposée par 1e produit dont 1es "consignes" sont dictées par les traits définitoires que nous avons eu 1'occasion de traiter (cf. notre deuxième partie). Citons par exemple 1'une des caractéristiques de /1-mHajyaL/ à travers des détournements que les dégulsements réalisent, pour senslbiliser 1'énonciateur du conte à 1a notion de valeurr la beauté (cf.C1: lalIa est une lune) est mise

en

valeur par rapport à "e1Ie s'est dégulsée en chlenne"; de même,


480

1a monstruosité (cf. C2: 1'ogresse torturait

mHend rhemrn) par

rapport à "celte femme est be1Le". Cet exemple indlque ]'intérêt de la "convocation" au rriveau de L'énonciation d'un conte ciont, les part-enaires sont préparés à une sorte rle conceptualisation pour pouvoir réciter Lrne /mHa)ya/. Tous Les ef f ets t.)rl,miques par exerûp1e, sont, soustendus par cet,te conceptr.:alisation sous f orme de retournement,s qui organlsent "1es dif f érerrces". La narration, /a1aji/ , esil ainsi soumise à un savoir pédagogique et méthodique qui assure urr j eu de relations teLles que ra beauté ei 1a l-ardeur, 1a beautê de la laideur et 1a lai-deur de Ia beauté1. urre chose est, nous semble-t-i1, certaine r i'énr:nciaticn indlque des traces possibles à exploiter d'un po1nt, de ÿue sémantique; ces traces se rapportent à ces présomptj-cns d'isotople selon 1'expression de I'. Rasti_er: par exemple , ia beauté quaJ-ifiant. te1 acteur, s'avère laideur; 1a fcrce présumée comme trait de tel autre acteur (1'ogresse i s'avè.re faiblesse devant " La petitesse" de /mqide//. Nous pourricns mulliplier 1es exemples dans ce sens eL ce qui restera vaiable tcmme poirrt commun est 1a posslbiLit.é de reconstruire par une ét,ude de f intérieur des contes, un processus de conceptualisation

qui

agit

au nj.veau cognitif

lors

de

1 "L" beauté de 1a laideur" pose deux observateurs selon deux cas: 1a laideur attribuée à 1a chienne (cf. c1) dont. seuL 1e héros connaÎt 1'être (une be11e femme); en dehors du héros, cetle beauté est investie dans une autre chienne (cf. 1'un des j eunes du village est victime de 1a laideur, âu plus haut degré, d'une chlenne). On peut aisément reLrouver dans CZ un cas semblable à celui-ci: 1'ogresse est dlte be1le par 1es gens ciu village (beaut,é de 1a laideur, de 1a monstruoslté ) dans 1e sens où ce paraLtre est trompeur.


481

réceptions des contes à f instar des effets de 1a référence intra-textuelle: ce que renvoie comme inage la laideur d'une chiennel est une autre qui s'y reflète tôut en s'y opposant (1a beauté d'une femme en 1'occurrence /lunja/ dans C1).De même, f image qui renvoie }e ma1 attribué à 1'ogresse, est 1a vengeance par /mqLdef / i au pouvôiT présumé j.rréversible chez le prince dans C10 , répondra }e devoir - se soumettre à La prohibition de f inceste. Cet,te autre image qui "se contemple" dans 1a première, est une réalisation inspirée de son corollaire dans Le texte. Cette opération de transformation d'un contenu en un autre, est assurée par un devenir selon un procèS auquel se greffe 1'acquisition d'un savoir su1' 1a mani.ère dont 1e conte est construit (cf . compétence commune à tous les réc j-t,anis ) Grosso - modo , L'énonciation narrative esl âffaire de 1'acquisition d'un savoir dont use Ie récitant pour produire 1es /mtiajyat/; ce savoir est ce qui caractérise celui qui donne .

1-'impressiOn d'être auteur d'Un conte. Le cOnteur eSt, enfin,

Celui-1à même qui est capable de produire (eL non seul-ement réciter) un réeit, dont on ne peut, dire "ceci n'est pas un Conte" Car, d'Une manière OU d'Une autre, On repère à tous ses niveaux une construction à f inage de ce1le des contes exisLants. Le récitant, dans ce Casf n'eSt pas forcément un conteur: réciter, en tant, qu'acte,/a€awed/ , n'étant pas sous1 Le terme " ch j-enne " eSt ut111Sé comme motif (VOit Ia configuration à 1a fin du C1)probablement parce qu'i1 est, paral.t-i1, d'un usage courant particulièrement dans 1e sens du contexte suivant: le mari, s'adressant à sa femme, utilise ce terme dans un sens de compliment.


482

si le produit est dit, /mHa)ya/, n'est pas conter (cf. /aHaii/),Conter serait une performance qui présuppose un savoir qui porte sur les tendu par une compétence du sujet collectif,

même

et non, comme nous 1'avons déjà dit, sur ia récitation à 1a suite d'un apprenLlssage. Nous sommes loirr des discours rapportés comme 1e laisse entendre 1a f ormule inaugurale / gai I-k/ , /yerrna-k/. Ce qui f ait devneurer la compéterrce de 1'actant collectif réside dans 'l es canevas les plus apLes à maintenir 1e commun ,et ies ressemblances entre les versions d'un conte et entre des contes différents. C'est cl'ai11eurs dans ce sens que 1'énonciation d'une version n'est qu'une "co-énonciation" et une "énonciation-écho" de celle qui ne se réa1ise jamais comme étant, "1a perfect,ion" de toutes; cette dernière échappe au connaissable et est archét,ypa1e. Le fait que des versions distinct,es à un niveau de saisie superficielle réclament leur parenté à un conte, réside dans leur mise en discours au nlveau de 1'énonciat,ion. Nous arrivons enfin à mettre 1e doigt sur 1e point. suivant: aussi élolgnées qu'e11es puissent être en tant que virtualités, 1es unités lexicales utilisées comme figures dans des parcours comparables par leur organisation syntacticosémantique, sofit toujours susceptibles d'être ramenées à un consensus sémarrtique que régit 1e llen entre 1'énonciation narrative et communicative. Ceci ne veut pas dire qu'on peut uLiliser n'importe quel1e unité à la place d'une autre par Ie seul princlpe d'invest.issement pris en charge par 1e récitant. La parenté sémantique entre unités subst,it,uables les unes aux auÈres dans des parcours d'un conte, suppose que quels que

mécanismes de mise en discours


483

soient les plans d'analyse auxquels ces unités peuvent êt,re ramenées, ils sont isotopes par Ia prot,otypicalité qul est sous-jacente à ces unités. Ces cas de subst,itution sont relativement courants dans les contes. Cit,ons quelques exemplesr dans 1'une des versions de C34, Ie mari après acquisitlon des pommes et des bâtonnets, se met en rouLe pour rentrer chez lui,; sur son chemin, i1 rencontre un mendiant à qui 11 offre 1a moitlé d'une pomme; ensuite, i1 se fait attaquer par pn chien et, pour se défendre, i1 utilise 1'un des bâtonnets qui se casse en deux. L'autre version n'utilise pas 1e mendiant; elle se contenLe de racontei que Ie mari, manipulé par la gourmandise, finil par mangÊr Ia moitié d'urre pommei ensuite, iI se fait attaquer par u! serpent et pour se défendre il utilise 1'un des bâtonnets qui se casse en deux.

Nous voyons bien gu'au mendiant se substitue 1a gourmandi-se et qu'au chien se substitue le serpent. Apparemrnent, Ies deux versions semblent tenir compte de figures manifestées par des lexèmes différents. Or, pour traiter la configuration, i1 faut tenir compte du niveau selon lequel il,<tt! pas d'une question de lexiceip#té mais ne s'agit d'j-nvestlsBements sémantiques quels que soient les supports lexicaux. A ce niveau, Ies moyens lexicaux sont des prot,otypes qui assurent, un investissement particulier

en ce sens que toutes 1es versions que nous avons recueillles retiennent 1e résultat: la moit,ié de la pomme et 1a moit,ié du bâtonnet se mettent en rapport avec 1a naissance d'un /mqlde// (nain, pygmée) et Ia


484

nalssance d'un poulain qui fait, à peine 1a moitié d'un poulain normal, Nous devrions peut-être prendre un autre exemple que nous

consldérons c6mme "marginal" dans 1a mesure où nous 1'avons

relevé en urre seule occurrence dans une seule version dtl C36. Cet, effort de traduction qui a produit la figure de /tirifun/ (t.é1éphone) est surprenant dans 1e conte, et pourtant, notre version raconte que 1e moyen (1'adjuvant) utilisé pour mairrtenir 1e contact entre 1a fi1le (1'héroine) et sa mère est un téléphone. I1 se trouve que les versions que nous avons recueillles ut,ilisent toutes /1-menGaz/ (ar: alguilLon pour 1es ânes) qui est mis sous 1es bâis par Ia mère afin que sa fi11e s'en serve pour demarrder son secours chaque fois que /i"-eebda/ Lente de 1'obliger à descendre oe l'âne pour 1ui céder La place. La prototypicalité as§ure icl 1a fonction des instruments (/1-menGaz/ eT- 1e té1éphone) dans La configuration. Dans ce sens, i1 apparalt que 1es efforts de traductlon de manière généra1e, sont tout à fait possibles sl leur utilisation est soumise à 1'organi-sation synt,actico-sémantique de leur contexte configuratif. Toutefois, i1 est peut-êt.re exact que ces efforts vi-dent erI quelque Sorte 1es figureS de certains traits culturels (anthropologiques?) dans 1a mesure où /}-menGaz/ par exemple, est porteur d'un quelque chose culture1, mais rlen non plus ne nous dit, gue 1e téléphone ne Sera pas investi de ce quelque chose culturel qui serait en train de se constituer. Pour que cetLe Constitution soit' possible, i1 suffit que 1e té1éphone reçoive un investissement prévisible qui soit à peu près identique à celui de /L-men?az/.


485

De toutes les manières, 1'énonciateur-utllisat,eur de cet instrument a une position ldentique à celIe de celui qul ",se contente de constater au Tieu d'asserter rée77enent"L €L, par 1à même, sorr effort de traductiorr ne Lul retire rien du fait que c'esL un " Locuteur I qui ] abandonne voTontairenent ,sa voix et en enprunte üne autre pour proférer un segnent de la paroTe qui ne Lui appartient pas en propre , qu'i1 ne fait gÜe citer"2. Les efforts de traduction sont "présidés" pa: 1'énonciation du conte qui ne -slexerce . pas i.1" manière d'une démonstration dans 1e sens où eIle n'est pas quêteuse en vue cl'être créatrice d'un Sens à donner au conte puisque ce sens est , en fait,, dé j à 1à ; sinon , de deux choses 1'une: si 1a clémonstration est, parf aitement, externe au récltant, 1e produi-t 'ls aUra 1e titre de verSion d'un conte; danS Ie ces Contraire, "CeCj- n'eSt paS Un C6nte" SUrgira immédiatenenL COmIne Évaluation sur 1e produit,. i r

Autant dire que /aHaj1/ n'utilise pas 1es efforts de traduct.ion pou\ en faire des indicateut"3 qu'une observation hâtive saislrait pour les faire signifier comme traces d'une subjectivit,é, Les investissements sémantiques forment un l-angage alluslf que fait valoir ]e I1 face aux partenaires de 1a communication des versions. Une certaine coincidence entre 1 D. MATNGUENEAU, Approche de 1'énonciation lirrquistlque f ranÇaisê, Hachette, Paris, 1981, p. 55. 2 A. J. GRErMÀs, Du sens, op. clÈ. p. 309.

en

3 Voir entre autresr H. PARRET, "Lâ mise en discours en tant que déictisaLlon et modalisatlon", Lansaqes No 70, 1983, pp. 86-87.


486

re culturel que construit le conte cL ce à quoi ce dernier aspire en tant que const,ructeur d'une éthlque, s,avère assez fac11e à étudler pourvu qu'i1 soit. possibre d,admettre que 1es représentations socio-culture11es sont construites conforménent au principe du recours aux formes de 1'énonciat,ion narrative

et communicative dont les ressorts de conditionnement production des versions dépendent du ï1.

de

uratio

une approche comparative entre verslons de contes clifférents qui vise Ia manière dont le mariage est représenté dans un dispositif

d'ensemblel peut nous alder à éclairer

certains points sur 1'énonciation. Notre object,lf n,est pas tout à fait de faire une analyse des séquences du marlage ni. même d'étudier les représentations du mariage dans le conte car, au fond, nou§ aurions pu prendre d'autres exemples sans que 1e choix détourne en quolque ce soit L'object,if du travair.

Pour ce faire,

nous essaierons de voir comment, des représentations socio*cu1ture1les sur I'union, sont dites dans un langage géré par une confrontation de sens transposés à du sens dont les ressorts au rriveau de 1a mise en discours, présupposent I,instance énonciat,rice. cecl rejoint, à quelques '

1

Prenons comme

point de départ les verslons présentées

dans 1e corpss: C1, C2 et

C3.


487

égards ce que nous avons déjà traité en termes de relation ternaire: (D, S, 0 ) . Cette relatiorr, avions-Ilous dit, a I'avantage de spécif ier

la hié::archie du destinateur par rapport au su j et1, ce dont, l-e 1e Cestinateur y*uptesenté CXÔ rend ccmpte de manière claire: par 1'autorité des règ1es socio*cu1lurel1es dans 1a mesure où 1e mariage où les liens de parenté Sont excessivement proches pour se réaliser entre sujets concernés, est prohlbé2. Face à ce mariage prohibé, i1 semble que ceLui qui est aussi errdogamique3 mais entre concernés à peine éloignés quant à leur lien de parenté, esL :ugé comme mariage préféré: C'esl justement celui dont 1e C1 construit 1'hisloire, Enfin, si ie premier mariage est prohlbé, celul où 1es liens de parenté scnt complèt,ement absents (exogamie) est jugé possible. Par contre, celui que caractérise 1'excès dans 1e sens de 1'absence totaie au plus haut degré, du trait humain des concernés, s'avère inefficace et, inadmissible (cf. C2); par conséquent., ce mariage peut être rapproché du premier dans le sens où 1'excès que ce soil dans le lien de parenté (cf.C10) ou dans 1'absence au plus haut degré du trai.t humain entre concernés (cf . C2) , orierrte 1'union vers la prohibition. Quelques distinctions sont ! "C'est

par rapport à D que 7'actant 5 se déternine", Le discours eL son suiet, T. L, op. cit. p. 49. 2 'ILa prohibition de 7'incesteJ, universeTTenenL présente sj 7'on s'en tient, à son expression négraËive, constitue (... ) une forne (, . ,) indispensable pour que devienne à 7a fais possibJe et nécessaire 7'articulation de groupes bioTogiques dans un réseau d'échanges qui 7es net en comnunication", C. LÉVT-STRAUSS, Le reqard éloiqné, Plon, Paris, 1983, p. 196. 3 ruia p. 135

J.-C.

COQUET,


488

possibles à faire dans la comparaison de ces deux mariages; ceci dit., l',orientation générale comme effet de 1a mise en hist,oire des deux unions, indique qu'iI y a lieu de relever des expressions négatives qui les caractérisent" Nous voyons bien que le conte pose sous le rapport du IL 1es posslbilité§ virtuelles du mariage e-L propose sous fr:rme d'éthique des évaluations sur chacune de ceS possj'bi1ités' Ces évaluatj"ons sont alors à mettre §ur 1e compte du destinateur qui garantit I'organisation structurelle de 1a société par un système de parerrté, de f iliat'ion et d'a11iance ' Selon C. Lévi-Strauss dans Les structures é1émenÈai-res de 1a parenté, le mariage fonctionne comne moyen de communiquer enLre membres d'une communauté et entre communautés distinctes' I1 a aussi pour f onction d'éviter 1a const,ilut,ion d'un univers clos qui va à 1'enconlre du système social1. Ces fonctions sont construites dans les récits comme représentalions dont les modalités de réalisations sont nettenenL précisées comme éthlque pour articuler enlre 1e socio-cuiturel eL les contes dans 1e sens déjà cit,é de " réf Texion f igurat,ive de 7a société qui pense sa Propre cu7ture"2 quu voyalt A' J' Greimas i1 y a

déjà près de vingt ans. C10,

Limitons-nous à un point de départ, celui du mariage démesuré culturellemenL et, prohibé'

1 voit D.

africaine 2

n.

p.204.

s

,

ZAHAN, Rellqion, spiritualité 2e éd. PaYot, Paris, 1980, PP. 20-2L'

J. GREIMAS, Sémiotique

e-t

dans

pensée

et sciences sociales, op' cit'


489

Dans ce

, toutes versions confondues , 1'héroine réaIise une dlsjonction avec 1'espace des slens pour êt,re à 1'abri du désir de son frère. Cet état dont 1a source transformatrice est 1a décislon du frère sous 1e serment cl'épouser ceIle à qui appartient 1e cheveu qui empêche L'eau de couler, propose un jeu moda1. D'un côté,1e conte fait. en quelque sorte parler ce qui empêche chacun de dire ce que personne ne peut direr "1a possibllité" t,héorlque du nariage dit incestueux bien que nous en soyons tous 1e produit, de conLe

1'autre, i1 rétablitr en niant cette "possibllité'i ce à quoi chacun adhère, à savoir 1a prohibition de f inceste en l-ui substituant d'autres t,ypes de mariage, notamment celul qui s'apparente au premier ( cf. 1'endogamique dans C1 ) Dans C10, rrous pouvons préciser que 1e j eu est cie nature conflictuelle représentée par la mise en scène du prince et de .

sa soeur seLonr

1. devoir-faire (ou ne pas pouvolr ne pas faire): "je jure d'épouser ce1le à qui ce cheveu appartient". A ce serment qui prend pour lémoin 1'honneur en tant que eode facile à repérer dans d'autres contes t,e1s que C1, doit en principe correspondre un acte qul t,ient eompte de 1'engagement modalisé par ce serment (devoir épouser /nlma/). Or, si cet acte se réalisait,

i1 s'agirait de la remise en cause de la valeur sociocultureller une violation de Ia Lol interdisant ce marlage. Dans ce cadre, 1'histoire semble aller droit, vers une "impasse" où Ie conte sous Ie rapport du IL intervient pour orienter 1e devenir des protagonlstes en 1e ramenant vers 1'autorité du clestinateur modalisé par Ie pouvoir suprême. I1 s'avère qu'à


490

ce niveau, 1'énonciation convoque 1a volx de la Raison dans 1e sens où la consLruct,ion du réclt ne tlent pas compte de

f implication du sermenL individuer même s'i1 émane d, un prirrce. c'est la logique du rL qui rendra nulle f implication basée sur la parole incliviciuelle sous prétexte du serment. cette corrvocat,ion, au niveau de i'énonciation, sê eharge justement, de falre valoir la voix du TL; le Je n'a aucun droi.t à 1a parole eL s'i1 err a un au moment où i1 est conforme à celui ciu rL, f illusion que 1'assomptlon 1ui est due est parfaitemenL significatlve dans le sens où elle est foncièrement, f1ltrée par la voix du IL. 2, Devoir ne pâs falre (devoir ne pâs épouser sa soeur): ce mariage est, avions-nous dit, posé comme possibilité discursive où 1a trace de 1'énonclation énoncée, Jê / est relevable comme susceptlble d'être appropriée pour que 1e sujet prétende à 1'union avec 1a fille au cheveu qui empêche 1'eau de couler. cette possibilité est comme censurée par 1e TI", que convoque 1'érronciation du conte et dont 1a trace est relative à 1'éthique qui se pose comme destinateur irréversible. c'esi ainsi que f identité du sujet lndividuer revient, sur "le un et 1e Tout"t, en somme, sur 1e IL;et quel que solt 1,arrangenent prévu pour résoudre le probrème rle f impasse par ra relation conflietuelle dans C10, i1 sera toujours issu de déterminations extérieures au sujet individuel. cet arrangeaent, se présente dans notre conte de 1a manière suivanLe: 1 L'ldé" a été formulée en ces mêmes termes (le Un et 1e Tout,) par A. Khatibi en évoquant 1a notion d'ident,ité dans La mémolre tatouée, Denoê1, corl. 1o-18, paris, tg7g, lors d'une entrevue qu'iI nous a accordée à 1'EHESS en 19g3.


49\

mariage incestueux Je:

r

- Prohibltion: devolr ne pas faire

\ ReLation

hiérarchique: D

s

- Annulation ("an-rru1-ation") du serment disjonction spatiale: /nima/ quitte 1e village et se met en corrj onction avec haut, d'un arbre (le sommet d' une montagne ) *

1e

1

L'irréversibilité du destinateur apparal,t comme Loi qui léqlfère de mani.ère à ce que 1e mariage incestueux ne se produise pas êt, aussi, de manière à ce que " Ia pièce de rechange " solt proposée: l' interdiction est réso1ue par l-a permissivité du mariage exogamique. Si nous regardons de près 1e récit,, nous assisterons à une structure organisatrice de ses séquences. Faisons urre lecture à rebours: 1. troisième séquence: S3 (roi promenêur): 32 n S3 (o' mariage ) et maintien du lien de parenté enLre 51 et 52; 2, cleuxième séquence r S2 t /nima/ ) : devoir-f alre -p disjonction spatiale / devoir ne pas faire > annulation du se rmenL

;

3. première séquence: S1 (prince): devoir*faire (= serment) / devoir ne pas f alre (= prohibit,ion de l'inceste).

1

Noton" "Ie haut" comme trait signiflant 1'éIévat,lon pour nler 1a valeur at,tribuable à l'espace "royaume" par Ie voulolrépouser une soeur.


492

Le conte est résumé du point de vue narr,atlf par la transtormation du contenu correspondant à la séquence lnlt,iale au contenu correspondant à 1a séquence finale. A t, lnterdict,ion darrs notre corrte, §'oppose 1a permissivit,é indiquée dans 1a

t,ransformation comme conception sur 1a représentation du rnariage posslble. Le conte est ainsi résumé de sorte que toutes

ses versions alent ce fonds commun. Àussi , r, énonciat.ion communicative se trouve d'ores et déjà programnée de manière à ce gu'il y ait comme convocation cerle qui porte sur ce qui se rapporte au champ modar dont, 1e f11tre des artlculat,ions eËt

cerui de 1'énonciation narrative. tes déterminatlons par re TL, êxternes au sujet. de 1'énonciation par 1e Je et 1e st,atut du clest,inat,eur dont, 1e pouvoir dans 1a relat,ion ternaire sltue

1e

sujet dans une posltlon où i1 doit se soumettre à la prohibit,ion de f inceste, montrent que 1e récit,ant dispose d'une compétence qul 1ui est communiquée de 1'extérieur pour orient,er sa performance. Dans ce cas, nous voyons que par cett,e performance, i1 y a attribution au sujet d,un rô1e "fonct.ionne1". D'ai1leurs, les apparentes contradictions dont 1'univers des contes fait usage pour unir entre séparés (cf.

notre deuxième partie), peuvent constituer un témoignage sur 1a f onetlonnarlté des récit,ant,s. Dans ce même ordre d, idées, d'un point de vue narrat,if, ra disjonction spatiaLe dans Ia séquence qui raconte que /nima/ quitt,e son virlage vers un ail1eurs, est jugée conforme à ce qu'ir falrait fai-re, étant donné que 1a valeur socio-cult,urerle relat,ive au nari.age, est renlse en cause par 1e frère. cett,e disjonction spatiare est


493

prlse dans C11 comme contenu dont Ia vieille Se Sert pour humilier le jeune homme et remettre en cause son honneur. En somme, dans c10, 1a disjonction §patiale est jugée positivement au profit de 1a valeur de 1a prohibition de f irrceste2; danS Cl-, e11e eSt jugée négativement parce que Leila ne se trouve pas 1à où elie devait être (son milieu natal). De cette disjonction qui présenle deux cas différemment jugés, 1'univers du conte produit, une représentation issue de deux types de mariage: par }e premier, 1e conte fait signifier d'instinct, destiné à prévenir -Zes unions " 7'ef f et. biologiquenent nocives entre proches parenÛ,5" 3, par 1e second, i1 dénorrce 1e premier en ce sens que 1e second "e,st protecteur à 7a façon d'une arnure"4. Ces remarque§ montrent que 1e conte propose un univers où eL 1e pelmis Sont nettement tracés comme codes responsables de 1a mise en récits du mariage. La Raison qui gouverne/ en produisant ces codes, Se confOnd avec 1e rlestinateur de 1a relation ternaire; du même coup, i1 devient f interdit

l Voir particulièrement 1a figure de f insulte /aryaz/; / lukan all/ t,tuGa ô aryaz lukan yelli-s e€emmi-K ur 0eIli Ger lGwal O thwal/ (ber: si tu étai§ un homme ta cousine ne serait pas chez les ogres ) 2 " Pr, 7a prohibit,ion de 7'inceste s'exprinent et s'acconplissent 7es structures fondanentaTes sur TesqueT-les se fonde 7a société humaine conme te77e", voir S. de BEAUVOIR, "L'être et 1a parenté", Maqazine littéraire, N" 233, 1985, p' .

36.

3 c. 1969, p.

LEVT-STRAUSS, 11Ë IJJ

4 c.

Voir aussi Galllmard,

Le totémisme Sruiourd'hui , PUF, Paris,

r

LÉVI-STRÀUSS G. DUMEZÏL, Pari.s, L977

, La voie , P.

96

des masques,


494

clair que 1es affaires de mariages ne sont pas laissées aux soins de f individu, leur mise en réclt, dépend du IL qul les organise comme représentations socio*culture1les selon: l.fariages jugés rrocif s, interdit.s {rappor"[ du I],) t-*--..=** a

mariage enciogamique

marr"age exogam].que

démesuré, incestueux

démesuré, inefficace

(C{*, séq. initlale

(c2

)

)

mar].age exogamlque

mariage endogamique

rron déme surê

ncn c1émesuré, nûn incestueuz

(C-'10,

séq. finale

(u.t) /^1

)

\

)

mariages jugés posltifs

(rapport du IL)

En gros, toutes les séquences du mariage peuvènt être ramenées à 1'un ou à 1'autre des cas indlQtlés dans ce carré. Indépendamment des versions particulières, poLtr que 1e motif du mari.age soit ut.iLisé dans 1a configuration, 1e récitani doit se référer à 1'une ou à 1'autre des articulations errtre, d'une part, 1'endogamie et I'exogamie êt, d'autre part, I'endogamie démesurée et 1'exogamie démesurée. Par ces articulations, iI nous est pos§ible de préciser comment le conte produit par nombre de verslons des hist.oires


495

mariage. Ces articulations comportent une sorte d'aspect qui va du t,otalement démesuré au partlellement, démesuré aussi bien

cie

pour 1'endoqamie que pour 1'exogamie. Àppelons -faute de mieux"AeSUre" 1e trait SouS*iacent aU mari-age danS SeS diver§e§

actualisations dans 1es réciLs. Part,ant de ce t::ait, i1 est possible de résumer les représentations offerte§ par notrê corpus:

endog. total. endog. pârt

2

,

démesurée déme

surée

. t,otal . déme surée exog. part. démesurée

exog

/ et son f rère (C{O) / \"Lia/ et son cousin (C1

/ni-ma

1e serpent, et la filLe

)

(C26)

1'ogre et 1a fil1e ( C23 ) 1'hom. et ia fi11e du génie (c22j

1'exogamie mises en rapport par 1e totalement VS partiellenent rlêmesuré, nous amènent à t'railer 1'autre volet selon 1e totalement VS partiellement mesuré, ce L'endogamie et

rlont 1e carré suivant peut rendre

compter


-

496

Ia

démesure c2

mariage

,

c40

1a mesure

C ( séq. finalel

drf;t

s

rru[lr

lnte rdits

(

car nocifs )

I I I

L l

L

\

la

non- mesure

c2,

c26

1a non -démesur

ut

, c22,

C23

"l )

Faisonsquelquesremarques.Contrairementànotreculture,

nous savons que d'autres rejettent Ia permissivité de (non-démesure 1'endogamie qui rr'est pas totalement démesurée clanslecarré,Cf.C1).ol,dansl,universdenoscontes, Ie "L,humanisation" (cf. notre deuxième partie) rend possible c23 et mariage clu descendant de I, ogresse avec la fiIle dans celui de l'homme avee la fille du génle dans c22' Tenant comPte que Ia de ces rnarlages possibles selon nos contes, nous voyons permissivlté de 1'endogamie non démesurée a une raison d'être SeIon ee représentée conme t,e11e du point de vue culturel. point,devue,llsemblequenotreculturet,ientcomptedusens del,humanisatlonparlemariagequ,ilsolt,endogamlqueou exogamique.Cesen§del,humani§attonnes,accomplitpaspar l',excès I'lnceste et SOn équivalent dans Ie sens contraire de


49'7

dans l',absence du trait. humain entre concernés. Pour que ce dernier cas propose ta possibilité d'un mariage, i1 faut que l,un des concernés soit humanisé pour se conloindre au même t.rait (humain) de son partenaire. Dans ce sens, l',endogamie non démesurée se range rians 1e tirpe des mariaEes non interdj-t's conformément à ce facteur de constitr-rtj-on da 1a société humaine tell-e gu'e1le est représentée cuiturellement dans 1es conLes ' De ces remarques nous Ietiendrons "'la Ieçon" qui porte principatement sur l',aspect qui concerne 1a démesure qui va à 1'eticontre des structures sur lesquell-es se f onde l-a société humaine (cf , p. 4g3 , note 2) clans l-e sens où iouL marlage caractéri-sé par 1a démesure §'avère i-nef f icacel. une fois esquissées La permissivit,é et I'interdiclion, ccmme moclal-ement

porLeuses sur deS parcourS où 'La ihélnatisarj-on

1e mariage , supposeiit un autre volet d'anaiyse I 'humanisation e st , syntaxiquement parlant , une c'rndltiOn qt-ti

retient

;

du mariage. une s'uructure de passage termes de transf ormations doit être é1r-icidée à ce niveau ' En effet, l, énonCiateur du Cont,e, pour faire valoir

permet 1a réalisation

en

1a

du mariage dans l-'histoire qu'i1 raconte, doii procéder en tenant compte de cette ccndition pour que La représentation soit consLruite conformêmerrt à 1a Règ1e donL le réaLisation

garant est 1e IL.

Celte concition

est à 1a base de Ia

construction des histoires du mariage et acquiert, sur fe plan 1 Nous r:tilisons Le terme " inefficace" pour nuancer car 1es mariages entre /mHend 1-hemm / eL f interdiction dans les 1'ogresse, entre 1e serperrt et ta fille sont réalisés séquences mais jugés inefficaces par leur échec dans l-es un effet qui "onius finales: f inefficacité impliquerait dans ce cas consiste à poser 1'échec comme ce qui iustifie I'interdiction'

ilmTfl',-qrtfr§ir


498

heuristlque,

une force dont dépend 1'horizon de 1a narration.

Cet horizon vient d'être tracé: i1 s'agit d'investir

dans Ies contextes configuratifs

d'un effet

1e mariage

représentant

1e

socio-cLtlture1, ensuite, de dét,erminer 1es statuts des acteurs exige que soit qui seront mis en scène. L'actorialisation convoqué un processus où les percours fi-guratifs

seront

en

mesure de sous-tendre une thémat.isation à l'image du vrai

du

conte sous le rapport du IL. En somme, nous pensons que 1es transformatj-onS dont I'état

est 1'union permise et que ce11es dont 1'ét.at final peuvent être et/cu f inefficacité, f interdiction rejoint étudiées au niveau de ce qu'e11es présupposent sur 1e plan

firral

énonciatif et, qul programme leur mise en récits. Les traces de cette programmation peuvent être relevées dans 1e produi-t.

Comme

exemple pour prendre au sérieux

1a

de relever ces traces, prenons C1, toutes versions COnfondUeS, qUi UtiliSe Une COmbinaison entre "1'eât1 ", "§e

possibilité

laver,, et "cé1ébrer 1e mariage"l. Notcns que 1a figure de 1'eau est utilisée au moment où 1a fête a11ait être cé1ébrée comme si e11e condit,i-onnait 1a cé1ébration de cette

Prenons 1'eau dans 1e sens où etie

fête2.

assurÈ l-e rôle

de

1 Àvant que 1a fêt,e soit céIébrée, dit le conte, 1e jeune

à sa mère de préparer de 1'eau pour que 1a chienne se lave (ou pour laver Ia chienne). 2 çuand une union se réalise dans les contes indépendamment de quelque condition, généralement e11e est prorisoirement rompue avant d'être déflniLivement rétab11e (cf. 1a configurat,ion relevable dans, entre autles, C5; au monent où /DDawya/ Pose ses pieds sur un t,apis -que les autres femmes du roi avaient préparé spéclalement pour elIe- e11e Èombe dans un puits (dans un slIo) ).

homme <lemande

,{w"


499

purif icat,ion pour rendre possible Ie rlt,e, Ce sens permet de faire une interprétation qui reloint Ie prlncipe de la programmation: sans 1'utilisation

de 1'eau, 1e mariage lte peut

être cé1ébré. Par ail1eurs, dans notre configurat,ion utilisatrice de 1a figure de l'eau, le sujet représenté par 1e jeune homme apparalt ccmme celui qui semble exiger cett.e purification comme s'i1 assumait 1e rôIe de 1'autorité du rite. Or, cê point de vue ne va pas dans le sens de ee que nous disions: toute valeur socio-culture11e présuppose pour être dit,e valeur à strictement parler urr destinateur qul assure au conte son vrai sous 1e rapport du fL. Pour surmonter ce problème, nous pouvons émettre 1'hypot,hèse suivante: 1e sujet représenté par Le hércs est parfaitement irrtégré darrs 1e socio-culturel au point où i1 en devient 1e porte-parole ou 1e dé1égué. La relation entre ce sujet et 1e destinateur est, dès 1ors, une relation qui "vjse (,.,) un point, idéal où s'annuTeraient des forces antagonistes"l selon S - D; mais, alors, pour que ce héros entretienne cette relat,1on avec 1e destlnateur, i1 faut d'abord qu'11 subisse une épreuve qui f initie à cette prét,ention. Remontons dans Ie texte pour volr qu'effectivement ce héros s' inscrit dans un . parcours dorrt I'ef f et. est 1'1ni'tiat,ion: un aigle l'a avalé et s'est, ensuite, envolé... L'é1évation à retenir dans 1a conjonction du héros avec 1'espace cé1este serviralt comme point de départ pour just.lfler 1 55.

r. -c

COQUET,

Le discours et son. su'iet, T.1, op. cit. p.


500

sachant que 1e conte déveloPPe cette forme d' initlationl, toute une séquence qul raconte Ie retour du héros au village: rappelons gue le père égorge un mouton Près de !-A-*Ui:ti-È-fg qui repréSente généralemerrt 1e seuil du vi.11age. Tout un parcours figuratif est à retel)ir ici pour lndiquer f initlation par 1aquel1e le héros est réintégré dans 1e vlilage ' A ces conditions, i1 semble que 1e sujet, est en droit, de prétendre à § = D. L'ensernble de ces considérations est résumé dans 1a sé,quence finale: 1e héros n'a nullement besoin de se soumettre à un destinateur en mesure de lul refuser la demande d'épouser sa cousille. Àinsi, 1a nécessité pour i"ei1a de se purif ier par 1'eau, sembie se ratLacher au slatut. du héros selon § = D/ pour permett,re 1a réalisation du marlage. Prenons à présent le C'10. Si 1e mariage inces'Lueux ne s'y réaIise pâs, c'est parce que 1e conte iait signif ie:: du poinl: de vue discursif ceci: aucun des sujets représentés par /ninai et par 1e frère, n'est initié. De même, si on admet que ie héros dans C1 rêa1ise le mariage avec sa cousine, c'est parce que ce héros eSt modalement caractérisé par sa prétention à g = D2. La lransformation réalisatrice du mariage est une

"mutation" pér111euse sanctlonnée par 1e pouvoir de 1'acLant

irréversible. Récapitulons. Nous avons essayé de donner 1'exemple du mariage pour éclairer f idée que 1',énonciaticn, comme plan 1 Volr notre thèse de 3e cyc1e, op. cit.

2 Nous envisageons dans une étude ultérieure la récupération de cette dinension du pouvoir en développant essentiellement une idée autour du pouvoir construit par 1e héros dans Cl contrairement à celui du prlnce dans CrO.

r

lli,,i

,il{l':

jË,, :

r};i',iiriflTdiffi


501

d'analyse du conte, est Ia convocation d'un substrat gue nous

avons rat,taché à f initlation et dont les manifestat,lons discursives sont tout à fait comparables pour constituer une corrfiguration discurslve . L'étude de cette configurat lon devient posslbie par I'utllisation des articulations glle nous avons données ei-dessus. Par ces articulations, 1e mariage s'acquiert une fonction de motif; mieux, iI devlent, "récit appris et repris par celui dont 7a fonction sociaTe est de garder 7a némaire co7lective"L.

Cette voie de lisibilité des motifs en générai, Fêrmise par 1e recours au plan présupposé, peut être exploiiée pour construire des lnterprétations dont 1a cohérence est, à nôs yeux, assurée par ce même plan qul 1es meL en exercice. Dans 1'espace des questions qul nous préoccupent dans f immédiat, nous estlmons que les motifs, du moins les plus répandus dans /1-mHa)yaL/, ne sont pas seulement, des formes récurrentes et repérables par des comparaLsons entre récits; ces comparaisôns

peuvent, sous cet arrgle, conduire à une réductlon des contes à une matrice dont, 1es fonctions seraient dites mtses en .) expansr,on-. Les recherches

err

termes de morphologie sont en nesure

de

rendre possibles des ouvertures vers 1'étude des forraes énonciatives du conte; i1 nous semble même qu'e1Ies sonL sl

1 s. DEMERSoN, "un motif de DES PERIERST 1es cris bestiâux", p. 35.

conte dans Les nouvelles de B. I'rontières du conte, op. clt.

2 voir c. BRÉMOND, "Les bons récompensés et les méchants punis", ln C. CHâBROL (éd. ), Sémiotique narrative et textuelle,

Larousse, Paris, 1973, pp. 96-LZL.


502

"sécurisanLes" qu'i1 nous faudrait oser supposer que du point de vue énonciatlf, les mlse§ en récits des motifs dans des

contextes configuratifs, proposent des posslbilit,és de description intéressantes pour considérer les contes comme univers de valeurs représentant des dimensions culturelles dans des sociétés qui se distinguent selon des vlslons propres à chacune sur telle ou teIle autre valeur' L'exemple de 1'endogamie / exogamle eSt peut-être insigniflant §ur ce pIan, mais i1 permet au moins de rendre compte du droit, à l-a différence des visiorts culturelles: cheZ l-es unS, 1'endogaAie au premj-er degré est un incesLe; chez les autres, eLle constitue 1a préférée1 de toutes les unions posslbles, Enfin, pâf ce plarr d'analyse des contes, i1 nou§ senble que Ia sémiot,ique des cultures a tout à gagner en prenant en considératlon Les ressemblances flagrantes, au niveau formel entre les contes, et 1es distlnctions à êtudier en vlsant les investissements sémantiques régls Par 1a manlère donÈ motifs sont mis en contextes conflguratifs'

1es

1 C"tt" préférerlce est largement répandue chez 1es BéniZnasSen; pgur nogs en asSUrer, dévoilons notre recours agx registres du Bureau d'État Civ11 de Taforhalt: les mariages enàogamiques au sens d'unlons enfre constituants d'une même Jmaea sont nettement courants; ils commencent à pelne -depuis une quinzaine d'années- à cohabit,er avec leS exogamiques'


ÜÜNTLU§

TC}-T


503

COilCLÜSIO}T

Le

' long de cette

recherche, noLre souci

ét,é ia

descriptlon de contes, organisée en trois parties. La première, nous 1'avons consacrée à 1'étude du rô1e du lexique dans ies

configurations discursives; 1a seconde, à un essai de définit,ion de /1-mHajya/ en nous servant, des résu1ïats de 1a première partie; enfin, 1a troisième, à des questions sur 1'énonciation de /1-mHa)ya/ Ce rappel que nous faisons en nous épargnant 1a t.âche bien qu'en principe nécessalre dans une conclusion- d'énumérer en déta11 1es questions constitutlves de chaque partie, lndique p,:ur 1e dé j à le désir de considérer 1 'ensemble du travail ,

conclure dans un but, évaluatif suscept,ible de donner des ouvertures posslbles pour des approfondissements u1térieurs. Dans notre première partie, nous avons essayé de montrer comnent se réalise 1a construction de contenus qui se chargent de construire des invest.issements actuallsés dans nos par des utl1isat,lons lexicales

appropriées. A litre

conLes

de faits

divers, nous aimerions rapporter un déta11 dont nous nous servons 1ci pour résumer en partle noLre parcours de recherche sur 1e lexical et ce qu'iI a provoqué comme itinéraire qui nous


l

504

a amené à juger nécessaire de prévoir: 1) la deuxième partie dorit f intérêL a été d'essayer de définir /1-mHaiya/ êt, 2) la troisième partie qui a été 1e plan de 1'énonciation,

êt plus

exact.emerrt, 1'lrrstance qui convoque 1a composanLe lexicale

pour

1a mettre en fonctionnemenL"

n'étonnera probablement pas 1e sémarrticien; résumons son conL.exte: 1a dizaine Ce versions du C1, que nous Ce détail

avons

pL1

recueillir,

disent que 1e mari, après avoir accept-é

pla.nter des f èves (rnode du paraitre

, se rend dans une grotte pour manger 1es fèves. qu' i1 devait planter ( mode de d'aller

)

Toutefois, dans une version que nous avons récemment recue111ie, est utilisée 1a montagne au iieu de 1a grotte; en l'être

).

dehors de cette substitution

-notre détail-

1e micrc-récit,

darrs Son ensemble, reste 1e même dans toutes 1es versions, Nous

nous sommes demandé à quel1e condition cette substitution due sans affecter 1e disposit,if

est.

d'ensemble de 1a coufiguration,

aut mettre cela sur le compte d'une f orme de prototype , ceci cloit tout de même être éc1airé. Après une t,entative de revoir cette substit.uLion, nùus nous sommes vu obligé de s'i'l

f

reprendre 1es étapes de notre étude en concluant: 1) Ie sens de 1a verticalité du bas vers 1e haut correspond narrativement à une ascension tout d'é1évation

du sujet

en comportant un effet par 1a réalisalion

prévisible

d'une relatj-on

conjonctive avec 1'obiet. de valeur. En généra1, 1a montagne apparait, comme nous L'avons déjà vu, dans des contextes qul se résumenL à peu près par 1'éIévation que nous tenons pour trace thématique d'une épreuve que 1e sujet subit pour prétendre à une conjonction avec 1'objet de valeur.

configuraLifs


50s

Néanmoins,

cet effet ne semble pas pertinent pour peu qu'on

Ia groLte cède la place à 1a montagne; la descente du sujet dans 1a grotte est le juste

sache que darrs 1a même configuration,

contraire de 1'ascension.

Ceci rnontre que 1e motif, de façon générale, ne peut être réduit à lui-même. Son fonctionnemenL dépend des reLatlons err.tre des traits comme Haut, / Bas, sans tenj-r compie de manlère

1so1ée de 1'orientatlon de 1'ascension ou de celle de

1a

descente. Ce f onct,ionnement est alors celui que §ous-i,enri 1'organisation syntacLico-sémantique de Ia configuratlon comme rrôus avolS essayé de 1e montrer à traver§ plusieurs exemples. Ceci rejoint 1e plan de 1'énonciation te1 que nous en avons

parlé: s'iI faut tenir compte de 1'ascension, i1 faut, la relier à 1a descente; par cette relation, )-e sens qui s'actualise dans la confiquration n'est ni celui de 1a montagne ni ceLui de la grotte, nais celui visé par I'opération quj" coordonne entre 1a descente et 1'ascension pour actualiser une signification. A cet égard, f incompatibilit,é enLre unit,és que rien ne rapproche en apparence, impose que nous alLlons au de1à du 1exical, si 1'on note dans une configuratlon donnée une subst,lt,ution d'une unlté par une autre. De même, 1a récurrence d'une même unité doit être prudemment soumise à 1'examen de 1' organisation Syntactico-sémantlque de 1a configurat,ion, sinon

critère d'utilisation d'une unlté dans deux cadres (ou plus) d'organisations conflguratives distinctes ne peut sensiblement êt,re retenu pour que 1'unité soit considérée sur un même plan de conceptualisation, car Ia question n'esL plus celIe de réallsatlon dans 1e dlscours d'un motif mais de substitut'ion 1e


506

discours d'une unit,é par une autre sans que I'organisation syntactlco-sémantique de 1a configuration en souffre. Les unltés substit,uables les unes aux autres deviennent alors des réalisations d'un moüifi et 1a notion de récurrence se trouve 1e critère fondamental qui déflnit 1e motif, même si, à un niveau 1ex1ca1, 1es manifestations cliffèrent partiellement, ou même totalenent dans 1e discours conf igurat,lf Tenant compte de ces points, cê que nous aimerlons souligner dans cette concluslon est que ce débat devrait nous t,enir par la main pour nous souffler i'intérêt à sttuer Les substitutions à un niveau de représentations lexicales sous 1'apport d'une sémantique du prototype r 1'une et 1'autre des unités "montagne " et " grotte " peuvent être lndifféremment utilisées dans 1a configuration intêgrée dans Ct. L'essent,ieL est d'y être utilisées pour servlr de représenLant ou "d'instance centrale" sous-jacent,e à 1a catégorie Hâut I Bas. Précisons tout de même que la prototypicalit,é est assez partlculière dans notre cas. E11e permet d'inté'grer dans 1es techniques de certaines utillsatlons de figures conme 1a montagne et 1a grotte dans 1e conte , une forne d'" intercatégoriaIlté' dont 1'écho permet d'étudler 1'organisation lexicale qul ne tlent pas compte de 1'exclusivité des propriét,és de t,e11e unité au dépens ou àu profit de t,e11e autre, Sur ce point, 1a référence dans 1e sens de "te1Le dénomination réfère à... " n'est plus de rlgueurt I'étude doit, opérer par cat,égorlsat,ion tout en essayant de détermlner 1a relation qui existe entre Ies unit,és considérées par Ie recours

dans Ie

même

.


t

507

à 1a dimension isotopique du message de 1a configuration.

Autrement dit, i1 faudralt voir dans 1'uti"Iisation du vocabulaire du conte le niveau sémique lorsque les unit,és lexlcales sont darrs une structure qul permet la comparaison des séguenceB sous 1e crit,ère de 1a récurrence. Ainsl, une unité en une occurrence lexicale dans 1e corpus comme "le té1épirone"

utilisé à 1a place de "1'aiguillon" redondant dans toutes 1es versions de C36 à 1'exception d'urre seule, s'avère en apparence seulement possible à mettre sur 1e, compte du récj.tant inf ormateur, car son ut,ilisation est soutenue et même régie Fâr 1'énonciation narrati.ve. L'utilisation de 1'une ou de 1'autre des flgures de "té1éphone" et "d'aigui11on" importe par ie seuL maintien de 1a possibilit,é pour la mère de communiquer avec sa f111e pour 1a protéger contre 1a servante. Enfln, si ce n'es1que cela 1a f onction de 1'aiguillon dans 1a conf igu.ration, de toute évidence, 1e té1éphone est 1ê mieux apt,e pour un récitant et des enfants citadins pour assurer ce rô1e. Et, s'iI y a un auLre trait de signification dans "aiEui1lon" qui se fait perdre par 1'utilisat,ion du té1éphone, 1'unlvers du conte saura

à coup str en rendre compte par d'autres techniques. L'essentiel, avions-nous dit, esL que 1a mise en fonctionnemenL de ces figures n'a1tère en rien 1'organisation syntact,icosémantique de 1a conflguration et que 1a distance entre 1es sens latent et manifest,e demeure parfaitement tracée pour que 1es contenus investis dans 1es contes ne solent pas réduits

au

second sens. Ceci explique relativement Ia manière dont

1'utilisatlon du vocabulaire sélection de catégories.

dans une

conflguration se fait par


508

Situons le cadre de débats autour de ces données: 1) les

catégories sous-jacentes aux unités figuratives d'un ensemble configuratif sont à retenir par 1'analyse pour faire ou ne pas faire valoir 1'utilisat,ion d'une donnée lexicale susceptible d'être nommée mot,if;2) 1e cholx dans la lanque d'une donnée

lexicale plutôt qu'une autre, 9u'une lect,ure superficielle peut mettre sur le compte du récitant au cas où e1le apparal.t, dans ulle ou deuX versionS d'une même Conf igUratiOn, Se soumet, aU sens latent qui porte en 1ui des représentations sou§ forne d'objets culturels; 3) nous voilà revenu au point de départ: iexi-r:a1es 1es val-eurs investies dans 1es utilisations s'actuaLiserrt par Les catégorieS qui déterminent Le choix.j.'une

unité 1exica1e. Si ce choix peut se faire entie piusj.eurs unités, chose courante dans les narrations particulièreS d'un même conte, i1 se soumet à I'organisation syntaxique et sémar:tique de 1'ensemble du disposit.if narratj.f . Dans ce casr peut-on réellement, parler de choix puisque condit,ionné par ies régularités Syntaxiques et sémant,iques orgdnisâtrices de ia igurat,lcn c1i scurs ive ? En tous 1es cas, 1es actuâlisations lexicales et 1es substitutions des unes aux autres dans une même configuration rre peuvent être traitées que par le recours aux plans isotopes suivant des catégories qui articulent des contenus sous-tendus

conf

par 1e dispositif d'ensemble dans 1a configuration. Les grandes complj.cations, à nos yeux, résident dans 1e fait que les sens latent et manlfeste ne Sont pas isomorphes. Partant de ce constat, i1 apparait, que 1e niveau sémique


509

propose une ouverture vers une approche qul consiste à appréhender 1e conte par 1a diverslt.é de ses versions pour L'éclairer êt, en même Lemps, 1e définir de f intérieur, Le système dénotat,if y sera bel et bien " un objet CIpaque porteur des si gnificat,ions secondes qu'i7 s'agit. de déchiffrer"L, Aussi dirorrs-nous franchement gue 1e conte est bien autre chose qu'une suite d'étaÈs et de transformations, ou du moins, qu'i1 y a un intérêt à le situer à un niveau où 1es effets de manque dont, i1 raconte 1es événements ne peuvent, êLre côntournés par 1e seul recours à 1'ordonnance sous-jacente au parcours de 1a quête.

Ces indications ne dolvent pas non plus laisser entendre

que les pérlpêties de l'analyse s'occupent du seul champ positionnel des manifestations lexlcales. Peut-être faut-ii rappeler que Ia t,âche descriptlve ne part pas du seul prodult pour se constituer en positlon réceptrice; e11e prévoit aussi 1'attitude du soclal qui adopte un comportement en vue d'irrvestir 1e lexical en contextes conflguratif§ par I'intention de rendre signlfiants 1es actes Iangagiers dans 1e sens des sens du conte. À cet égard, 1'énonclatlon est 1a mieux approprlée pour lndlquer les lieux où réside 1a production du sens comme univers de valeurs. Une nuance est à prendre en considératlon: i1 est nécessaire de distinguer entre "représentations" construj-tes par le discours et "réa1lté". Si cett,e nuance est admlse comme condition d'entente et même de reconnaissance mutuelle entre 1 e. J

GREIMÂS, Du

gens, op. cit.

p

95.


510

partenalres du débat, nous adnettrons que 1'énonciatlon est un lieu qui gère 1a f orme d'Àutorlt,é instit,uant des contenus propres à la culture à travers lesquels le conLe se donne les

"1'Instj-tution" qui se trouve au coeur du dispositlf de 1a construction des représent.ations sociocu1ture1les, câr 1e corlte "se pense" par une voix "blanche", selon les termes de D. Maingueneau, pour garantir ia corrstruction d'un univers de valeurs dont 1e ilssage n'esI pas 1a reproductlon du sens dénotatif. Cette voix désigne ia dist.ance entre 1e plan de manifestation et celui du conLenu proprement dlt du conte, À ce nlveau, 1a stéri1ité des études de 1a forme peut être récupérée non p3.us dans un sens qui bloque 1a démarche analytique rnais qui 1a sensibillse à 1a nécesslté de charrger de plan d'étude: 1'énonciation iiu conte se consti.tue comme niveau qul assure 1a mise en discours de contenus concevables culturellement, Ces eontenus sont assurés, quant à leur mise en discours, pâr une double articulation du social et du langagier. Cette double articulatj.on est, en soi, un complexe qui rejoint la voix à 1aque11e se xâpporte 1'énonciatlorr qu1 aura 1a spécificité de ses propres jeux et

moyens de présupposer

cessera du

même coup

de donner f impresslon de rédulre le conte

à 1'lmpersonnalité ob ject,1ve. Enfln, cc point 1" vue offre, nous semble-t-i1, un avantage d'économie dans les anaLyses concrètes dans le sens où 1es éventuelles distlnctions à falre théoriquement entre conte et mythe, euê nous avons évoquées, devlennent secondalres. En Lous cas, si ces distinctions s'avèrent pertj.nentes pour ne pas être secondaires pour certains, notre


511

humble connaissance nous détournera du débat t

"

Dunézi7 ( . . . )

{aurait.l passé toute sa vie â conprendre 7a différence entre 7e nythe et te conte sans y être parvenu"2,

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In_Èroduction

à

1a poésie ora1e, Seui1, paris,

igBC


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TA,B-L-Û de s PIAT-TE-RE,S

TTrTRODUC?TOfi.

P,a.EHTERE

PARTIE: Le rôle du lexique dans les configurations ' discursi-ves t0

Tr Généralités. . 1, L'usage du mot dans 1e conte 2. Position et mise au Point

10

CffAPfTRE

20

et configurations discursives 1. Cadre spatial, . * Exemples d'étude: 1e silo, 1e puits et grotte ,) Évaluation de 1'étude et élaboration d'une

CHAPTTRE

3.

ff:

n1 ;+L

Champs

* Organisation d'ensemble. . , Espace des vivant,s et espace des morts. A. Le pouvoir divin B. Étude de cas.

na 2L

1a

62

,

des motifs'...... lisibilité ) eL ses parties. . 2. L'animal et. 1'humain: étude de cas.. 3. Quelques objets de consommation 4, Le motif de I'habit... .

Récurrence et CHAPITRE IIl: 1. / l-xe/ba/ ( Ie corps

lVz Évaluation de la description.. 1. Contenants / contenus et régularités sémantiques. .

46

65 65 '70

92

116

L29 L42 145 183

CHAPTTRE

syntactico208


540

Un autre exemple: les relations

220

Parentales

A. LA relation Père / fiIs.. ' B. LE rapport frères / soeurs Le temps comme cadre " /1-f )er/ et /L-efiYa/ (1'aurore et ie soir).

savoir: une f igure de manipul-at'ion ' L. Comment Ie conte se définit par lui-même A. Le conLe: un univers de valeurs êt.re et l-e paraitre: 1e rée1-vrai et t-' iréel-mensonger, . . a Darl or réciter, assumer. ...

Cï{APïÎRË lr Le f aire-

LrÀ

!

L.

4v!

f

TfIr Le conte: un univers d'union contraire s /r'tezq/, un don de Dieu La valeur dans 1'échange. . * ConcIusioIi.

CHAPI?RE

2

241

256 262

210 282 284

JUU

3t) 11,,

des 344 358 368

.

382

.

?ROfSfEilg PAR?IE: rr(enlags», énonciation et mise fonctionnemenL d'un motif

en

ft L'anthroponyme et 1'énonciation ' ' 1. Les anlhroponymes non motivés" " 2,LesnomspropresutiliséScommeanthroponymeS...40S 3. Structures grammaticales de quelques anlhroPonYmes motivês. .. ' * /mqide// et / Hd'idwan/""

CHAPITRE

231

1, !

c)IAPïÿRE 11: / 1-mHa lya/ et sa structure hiérarchiqr:e de contenu 1. /1-mHalYa/ , /i-Hkaya/ . . .. .. .. 2. I 1-HkaYa/ , le récit d'un rêve 3. /l-HkaYa/ eL Ie conte

1

235

255

DEÜxrEilEPARIIEzConter:unactedéfinitoire..

lf u.

224

385 385 406

418 421


541

II-. /aHa)Lt , /aeawe6/ (contage, récitation). 1. Le conteur et 1'auditeur. . . 2, Un exemple de conLexte d'enquête eL de

CA.ÀPITRE

...

communication

456

474 472

de l1-mHajya/.. . IIIt Énonciation et lisibil1té * Érrotrciation et configuration: 1'exemple du mariage. .

CïiAPITRE

417

486

collclUsro§. . .

503

tsÏAT,ÏOGRAPHTË,

512

ANNEXE: Corpus

et traduction.

1-310


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