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Racisé·e·s à l’Université par Tam, Anticorpsmembranaire et Dagem

ENTRE NO(U)S AUTRES RACISÉ.E.S À L'UNIVERSITÉ : PERSPECTIVES ÉTUDIANTES

NDLR : Cette contribution d’étudiant·e·s racisé·e·s en études de genre Dés/illusion(s) etde Devenir sujet·te·s sexualité croise les expériences de Dagem, Tam etAnticorpsmembranaire. de l'acceptation Une suspicion de subjectivisme plane toujours autour des étudiant·e·s racisé·e·s. L’université ne nous

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PAR DAGEM J ’ai durant mes fréquenté des études, milieux accorde jamais la neutralité. Dans son esprit, nous portons en nous l’histoire du pays de nos ancêtres. universitaires dits Elle est marquée sur nos fronts. Nos écrits ne peuvent « élitistes » et d’autres être dictés que par des « émotions », une « certaine qui se revendiquent comme héritiers de l’« esprit 68 ». sensibilité». Lacapacité d’adopter unedistance critique Paradoxalement, j’ai ressenti plus de violences dans et de produire des réflexions scientifiques nous est ces espaces critiques. Dans les milieux élitistes, tu sais à refusée. Nous sommes réduit·e·s à un outil marketing quoi t’attendre. «Tu fais avec », comme tu l’as toujours car s’afficher avec des racisé·e·s est devenu mainstream. fait. Mais dans lesmilieux universitaires dits «gaucho», Allié·e is the new cool. il y a l’illusion d’être dans unespace safe, là où en réalité laviolence est simplement niée, même si nous larepérons Lorsque nous nous mettons en mouvement pour sortir de cette réification et devenir sujet·te·s, chez lesautres. Leur ancrage prétendument critique n’est nous sentons les visages se crisper. Nos recherches que de la poudre aux yeux car en réalité, le système et sujets de réflexion sont remis en question. Sous reste le même. Il est juste soigneusement maquillé. Bien entendu : il faut savoir rester à sa place. Ces violences poudré. En définitive, beaucoup de théorie mais très ne sont pas sans conséquences. Elles produisent des peu de pratique. croyances limitantes contre lesquelles nous devons continuellement lutter. Elles écorchent l’estime de soi Nos expériences niées et nous amènent, inconsciemment ou consciemment, à des comportements d’auto-sabotage. Il nous faut nous

J’ai suivi plusieurs cycles d’études, notamment rappeler que l’ennemi n’est pas en nous. sur le genre. Cette expérience fut formatrice tant sur le fond que sur la forme. Et sur la forme, j’entends Nous questionnons constamment notre propre légitimité par là l’expérimentation de l’hypocrisie du milieu etcrédibilité. Et elleux, le font-iels ? universitaire. J’ai très rapidement réalisé que nous étions leur « caution racisée ». Nous sommes « les bon·ne·s Préserver l’entre-soi racisé·e·s » qu’il fait bon de montrer pour pouvoir continuer de prétendre être une faculté « de gauche ». Celleux qui avaient auparavant le monopole Je ne suis pas raciste, regardez mon voisin est arabe ! de la parole publique ont vu leurs privilèges menacés par une flopée d’étudiant·e·s et de chercheuses

Visibles certes, mais pas audibles. Je me souviens et chercheurs concerné·e·s par le racisme, qui se sont notamment d’un cours en particulier. La professeure octroyé·e·s le droit de travailler sur leurs propres récits. faisait défiler unesérie depublicités etd’extraits defilms Les mêmes qui pendant des décennies se sont gavé·e·s sexistes. Lorsque nous, étudiant·e·s racisé·e·s, soulignions en s’accaparant nos histoires ont dû réagir. Et par également le caractère raciste de certains passages, réagir, j’entends par là offrir « l’illusion ». L’illusion que nosinterventions étaient reçues par undésintérêt absolu de la part de la professeure. Notre présence était niée etnos retours malvenus. Nous n’étions pas entendu·e·s. En définitive, les étudiant·e·s, Ces « interruptions » dérangeaient le bon déroulé du cours, car évidemment, parler de racisme demeure chercheuses et chercheurs racisé·e·s sont unsujet malaisant dans lasphère universitaire. Puisse-tcantonné·e·s à la vitrine du magasin. elle être une université prétendument de gauche. L’accès aux rayons leur est refusé.

l’université est accessible à tout le monde. Mais dans lesfaits, lesfinancements etlespostes sont soigneusement conservés etdistribués de manière partiale.

Préserver cet entre-soi. Le cas du chercheur Akim Oualhaci1 en est laparfaite illustration. Admissible trois années consécutives, ce sociologue a été déclassé (sans explication) trois fois de suite par un jury d’admission au concours du CNRS. Ses diplômes obtenus à la City University of New York avaient même été remis en question.

En définitive, les étudiant·e·s, chercheuses et chercheurs racisé·e·s sont cantonné·e·s à la vitrine du magasin. L’accès aux rayons leur est refusé.

Faire sa part

Nous n’évoluons pas dans les mêmes réalités. Nous avons appris très tôt à développer des stratégies

Illustration : Lina Abazine

habiles qui nous poussent à être créatifs et créatives. À creuser notre propre trou. À créer un langage singulier. En résumé, à modeler notre propre monde. Forough Farrokhzad 2 , poétesse iranienne, disait:

La voix, la voix, la voix C’est seulement la voix qui reste Pourquoi je m’arrêterais ?

Ce sont les voix de celleux qui nous ont précédé·e·s, qui nous aident à forger une certaine résilience et à ne plus s’auto-limiter. Celleux qui avant nous, ont essuyé les quolibets. Celleux qui ont défoncé des portes pour que nous n’ayons pas à entrer par la fenêtre. Nous sommes héritières et héritiers de leurs combats, auxquels nous devons faire honneur. Nous ne nous tairons pas. Nous prendrons notre place. Avec ou sans elleux. Frantz Fanon écrivait : « Chaque génération doit dans une relative opacité découvrir sa mission, la remplir ou latrahir 3 ». À nous de faire notre part.

1 Matthieu Mondoloni, « Soupçons de discriminations au CNRS : 200 universitaires dénoncent un “acharnement” contre un candidat recalé trois fois », publié le 20/06/2019 sur Franceinfo (en ligne). 2 Forough Farrokhzad, Seule la voix demeure. Solo la voz permanece, édition bilingue français-espagnol, traduction de Michel Chaumet, L’Oreille du Loup, 6 juin 2011. 3 Frantz Fanon, Les damnés de la terre, La Découverte, 2001.

Who professors the professormen Le français de France

PAR TAM

Comment parler, lorsque l’on est racisé·e dans le milieu scolaire etuniversitaire français ?

J’ai toujours été « bon » en français, de la primaire jusqu’à lafac etmonparcours scolaire s’est grandement construit autour de cette matière. Si l’on m’a refusé un passage de première scientifique à terminale littéraire car je risquais de « fumer des joints avec mes camarades », j’ai tout de même fini par faire une licence de lettres pour plus tard être reçu au CAPES de Lettres modernes. Si j’évoque ce parcours lié au français, c’est pour aborder lefait que mesétudes, mon travail, mes lectures, ma manière de m’exprimer et de penser sont inévitablement liés à cette question dela langue. Bien qu’il s’agisse demalangue maternelle, je sais que je suis jugé sur la manière dont je l’utilise ; si bien qu’elle m’aliène, devenant, à certains égards, une langue « colonisatrice » pour moi aussi.

L’évaluation delamaîtrise delalangue française par les pairs etles supérieurs (scolaire, universitaire, travail), lorsque l’on est racisé·e, est une réalité. Or, nous savons d’expérience que l’évaluation dite objective delaqualité de la langue française ne s’effectue pas de la même manière sur les Blanc·he·s et sur les racisé·e·s. C’est une manière d’exercer un contrôle sur la population : les bien parlants etles autres. De féliciter le cas échéant, lenègre civilisé. Regardez lenègre tellement civilisé qu’il peut nous citer Voltaire etHugo (qui a dit auteurs ayant publié des écrits racistes ?). À l’inverse de Mohammed Dib, j’en arrive à me poser la question suivante : « Je parle ma langue : qui suis-je ? » Ce contrôle ciblé, alors que l’on sait que lasoi-disant maîtrise de lalangue française académique dépend en grande partie de capitaux économiques, sociologiques et culturels, a un impact direct sur la construction, la réception de nos discours et encore plus dans les milieux universitaires ou le français est la langue principale. Dès lors, qui pour sanctionner nos expressions, pour prétendre à cette objectivité du contrôle ?

Solo dans mabulle

Comment sont évaluées la qualité, la justesse, la pertinence de nos travaux ?

Tissons et renforçons les liens. Entre nous, avec des Blanc·he·s desquel·le·s nous exigeons qu’iels soient plus que des allié·e·s, qu’iels se mettent en danger pour nos intérêts et pour devenir de réel·le·s complices.

Évaluées et in fine contrôlées. En travaillant sur les masculinités noires au sein du master en études sur le genre à Paris 8, j’ai été amené à faire des croisements entre ces masculinités et la question queer. Le propos développé, avec le recul de discussions croisées et lectures diverses, me semble aujourd’hui bancal et aurait grandement gagné à être précisé, affiné. Si la responsabilité de l’à côté du propos m’incombe, il est néanmoins questionnant d’observer que les retours du professeur étaient globalement positifs et très peu critiques. Cela me rappelle un épisode où, seul racisé de ma classe en 4 e , j’effectuais un exposé sur la traite transatlantique et étais en retour encensé par ma professeure. S’il est agréable, encourageant d’avoir de telles remarques et approbations, la frontière avec unepossible tokenisation n’est jamais éloignée; c’est-à-dire devenir unquota visible, unfaire-valoir qui, par sasimple présence, soulage la conscience de l’oppresseur par lequel il a été autorisé. Mais lesdeux cas sont légèrement différents. De plus, larigueur théorique exigée n’est pas lamême aucollège en 4 e eten deuxième année demaster. Dans de telles conditions, alors que mon professeur à l’université n’est ni spécialiste des questions identitaires noires, ni spécialiste des théories queer, que vaut réellement sonexpertise ? Dans quelle mesure ne suis-je pas juste l’objet situé auquel on accorde tout crédit pour uniquement satisfaire une prise en compte de la parole de manière superficielle ?

De même, lors d’un cours, le professeur me félicite d’avoir eu des échanges cordiaux avec une camarade blanche. Ces échanges faisaient suite à un exposé qui faisait le parallèle entre l’émancipation des femmes au xx e siècle et celle des esclaves au xix e , usant d’unesorte de trigger «bancalité, mais c’est quand même pertinent» pour oblitérer laquestion desfemmes noires esclaves. (PS : prévenir tout sourire que vos travaux ont unpoint aveugle n’en enlève pas pour autant leur aspects violents et oppressifs ; plutôt que de vous concentrer sur la création d’excuse a priori, concentrez-vous sur la pertinence de vos travaux, message de la direction.) Je ne suis pas rentré pleinement dans l’échange par sécurité pour moi-même. Car je ne voulais pas

me mettre à dos les étudiant·e·s et le professeur, car je les axes méthodologiques et épistémologiques que nous utilisons ne voulais pas que l’on m’appose une étiquette de noir etutiliserons ? en colère, d’empêcheur de penser, je ne voulais pas que De l’Université de Poitiers à celle l’on me reproche mon implication trop émotionnelle. de Paris 8-Vincennes en passant par l’Université Voilà pourquoi l’échange était en apparence cordial. de Guyane, nul n’est épargné. Et c’est parfois dans Mais à l’intérieur de moi-même, les contours violents les formations où les personnes sont censées être et tendus étaient bien présents. Noir en minorité face le plus formées, comme dans le master d’études sur à une classe majoritairement blanche m’expliquant le genre de Paris 8, que la violence est la plus sournoise que l’oubli, la non-pertinence du propos développé et la plus forte, alors que paradoxalement ce même n’en était pas un, car il avait été signalé en préambule master peut nous outiller efficacement. Pour répondre que le parallèle était limité. Ou l’art du trigger pour à ces questions et utopiquement (?) ne plus avoir à se transformer misogynoir en « limite ». les poser, organisons-nous. Comme Patricia Hill Collins

Qui donc me délivre des points de bonne conduite de débats ? lepréconise, changeons d’épistémologies, deparadigmes Les grands autorisateurs etdeméthodologies. Menons unelutte collective lorsque

cela est possible, dans l’adversité etlacommunion. Qui m’évalue ? Dans l’adversité, restons éveillé·e·s etayons unregard critique sur nos formations, sur le contenu qui nous est

Dans le cas du premier exemple et de mon travail enseigné, sur les personnes qui nous les transmettent. sur les masculinités noire, je ne sais pas ce que vaut Sur nos productions également. Il faut lorsque cela est mon travail. Je ne sais pas ce que pourraient en penser possible et que nous en avons la force, nous engouffrer et dire mes pairs, les hommes noirs et les hommes danslesinterstices, prendre laparole, dénoncer tant que noirs queer, ce que pourraient se peut lesstructures, dérives, biais, en penser et dire les personnes Qui donc me délivre des points propositions racistes prenant lieu ayant une production théorique et pratique sur ces questions. À de bonne conduite de débats ? et place au sein de l’Université. Dans la communion, il faut (re) quel point mon travail peut être Qui m’évalue ? penser nos cadres de travail, bancal, non-pertinent, et s’il l’est, nos espaces de solidarités (morale, la manière dont je pourrais approfondir mon propos, matérielles) à l’intérieur et en dehors du milieu y apporter une surcouche critique. Si mon point de universitaire, tout en veillant ànepas tomber dans l’effet vue situé est une force, je ne peux m’y restreindre et inverse età ne pas devenir une « élite autoproclamée ». ai besoin d’avoir de réelles relectures et avis sur mes Des initiatives fleurissent, des projets de réseaux différentes productions. Qui me délivre mon diplôme ? commencent à se penser et/ou à être effectifs, De trop nombreux professeur·e·s (la majorité ?) notent, continuons, encourageons ces projets. Le CLAPPE évaluent, des situations par lesquelles iels ne sont pas (Collectif de luttes antiracistes et populaires concerné·e·s (pour lesquelles iels ne sont pas sujet aux despersonnels del’éducation) est unexemple d’initiative discriminations), des sujets sur lesquelles iels ne sont qu’il nous faudrait porter à l’échelle de l’enseignement parfois pas formé·e·s, compétent·e·s, et pire parfois universitaire. À cet égard, le texte du collectif LKJ 1 est empli·e·s de biais racistes. Ce faisant iels s’octroient criant et explique parfaitement les mécanismes racistes un droit de regard et de contrôle sur nos productions à l’œuvre au sein de l’Université. Tissons et renforçons théoriques etuniversitaires, sur nos récits. Iels deviennent les liens. Entre nous, avec des blanc·he·s desquels nous les autorisateurs etautorisatrices de nos vies. exigeons qu’iels soient plus que des allié·e·s, qu’iels se mettent en danger pour nos intérêts et pour devenir Combat de réel·le·s complices 2 . Il nous faut réaliser un travail d’archive comme certain·e·s l’ont déjà entrepris, il nous

À quelle fréquence ces cas defigure se reproduisent-ils? Quelles faut mettre en lumière nos travaux respectifs et nous conséquences cela a-t-il sur nos parcours, sur les développements autoformer. Nous nous devons de réaliser que nous et regards critiques que nous portons à nos travaux, sur nesommes pas seul·e·s. Dans cetravail deregroupement, usons à foison, lorsque cela est approprié, de la pluri

1 Collectif LKJ, « Vos astérisques sont trop étroits pour nos vécus », 10 avril2020. URL: https://lmsi.net/Vos-asterisques-sont-tropetroits-pour-nos-vecus 2 Indigenous Action, « Accomplices Not Allies: Abolishing the Ally Industrial Complex», 2004. URL: https://www.indigenousaction.org/ accomplices-not-allies-abolishing-the-ally-industrial-complex

etde l’interdisciplinarité, dépassons lecadre dessciences les possibilités de rassemblement des individu·e·s sociales etdébordons du cadre universitaire. rendu·e·s visibles par la race. Cette nouvelle

Ce combat/travail doit se faire en gardant en tête configuration se crée, avec la peur intégrée du repli que la matrice universitaire n’est pas seulement raciste, communautaire pour ressort. Celui-ci est interprété mais également classiste, sexiste et transphobe. Pirates, socialement comme unmanque d’adhésion à l’ensemble pirates, pirates, nous devons prendre les positions de valeurs que constituerait l’Université, cette chance et opportunités tout en gardant en tête qu’il ne s’agit généreusement offerte à « tous·tes ». L’universalisme pas de points d’arrivées mais au contraire points quasi s’érige en Université, constitue unedoctrine dedispense alchimiques de destruction-reconstruction. Myriam et d’encadrement du savoir. Dès lors, l’institution Dao, artiste, propose lacréation d’«anti-conservatoire» n’a d’autre choix que de se désigner comme colorblind pour entamer unprocessus dedécolonisation artistique; [NDLR : aveugle à la couleur] et neutre, pour rendre créons des « anti-universités », sortes d’universités cet ensemble mal assemblé fonctionnel, cohérent populaires par nous etpour nous. et justifiable. Or existe-il une neutralité dans l’existence je dirais que celle-ci prend racine est blanc, au sens de ségrégué. Le racisme débute dans

À ma rentrée en master de droit ; le constat de la présence de membres peu nombreux·ses des « minorités visibles » dont je suis (arbitrairement) considérée comme part, me sautait aux yeux. Età l’orée d’une nouvelle année, s’opérait très spontanément, je le constatais, une division blanche de l’espace, éclatant de non mixités invisibles? Une promotion de soixante

Nos vies ne sont pas que leurs objets d’études. Professons personnes presque toutes blanches constitue-t-elle les professeurmen. un choix politique que l’université peut regarder et analyser comme un « repli “communautaire” » ? Propositions Ce traitement nous est réservé, il me semble. et réflexions sur de Je constate quel’université fonctionne tel un micro-décisions qui s’épanche peu sur les ensemble questions l'imbrication de la race raciales, se référant très classiqu-classist-ement à la précarité seule, parfois couplée au genre, affranchie dans mon parcours de sa dimension raciale. La précarité se livre en utile fourre tout, rendue compatible avec l’idéologie colorblind. universitaire Je réalise, tardivement, avoir des interrogations, voire des reproches à adresser à une administration qui fait ANTICORPSMEMBRANAIRE doute est-elle habile avec les mots, car elle est un lieu d’apprentissage de la langue. On y apprend comment L’invisible Nos vies ne sont pas que chaque discipline etmatière déforme celle-ci à sa manière, et comment leurs objets d’études. le discours produit pour ou sur Si je devais parler de mon expérience du racisme à l’université, Professons les professeurmen. l’université constitue un représentatif de celle-ci. langage dans l’invisible. L’espace symbolique de l’université Les langues la sélection « objective » de profils indéniablement Plus que de mesures concrètes, je me questionne blancs qui ne se différencieraient que par la diversité ; sur le langage, car quand le contexte me l’impose, je pas d’individus, mais de parcours. La diversité n’est parle une autre langue universitaire, voir simplement richesse que dans desprérequis; quelques privilégié·e·s, scolaire : le blanc. Constitué en faisceau d’indices : il est un soupçon de pauvres particulièrement motivé·e·s, mots, corps, apparences, sons et odeurs. Il est possible battant·e·s, donc méritant·e·s et dont l’ethnicité est d’en mimer la posture physique ou orale. M’emparant républicaine. de la blanchité plastique, et même si elle se refuse à Peauxlitiques lorsque j’en éprouve le besoin.

de la « neutralité » sa doctrine et sa justification. Sans faire corps ; je peux jouer (partiellement) de ses codes,

Ceci n’est évidemment pas performable par tous ettoutes. Cette «capacité» prend racine dans l’existence d’un privilège économique puis social : celui des rares racisé·e·s évoluant dans les espaces blancs bourgeois par privilège de choix, de confort, ou de hasard ; et qui y développent un curieux trouble de la personnalité

performance. Pourtant, il s’agit bien de ce que l’Université me demandait jusqu’ici. En effet, j’y ai appris que les attentes d’un examen oral sont une interprétation de labonne racisée ; mesurée, droite, à la syntaxe appréciable, une coupe afro maîtrisée en chignon bas. Et dès lors, je suis, deviens, l’actrice involontaire de lablanchité relative.

La blanchité relative

Celle qui admet, celleux considéré·e·s Autres par nature (par couleur, par langue), uniquement par la démonstration d’une adhésion suffisante de leur part à l’ensemble organisé de savoir-faire et savoirêtre, que l’université se gargarise de transmettre… Performée, recomposée aux yeux desprofesseur·e·s, des conseils pédagogiques, des organes délibérants, d’individu·e·s constitué·e·s en ensemble encadrant les limites et les modes d’expression du savoir : je me fais protagoniste active dans le récit national de ce qu’est l’université, et lui deviens utile.

Illustration : Lina Abazine

Je me retrouve, non sans peine, à osciller entre invisibilisation volontaire etnouvelle considération dema vie, ou demasensibilité, comme expérience sociale. Uneexpérience qui se trouve redorée, par la revendication du point de vue situé ; elle est désormais exploitable en recherche. S’ensuivent : objectifications semi-volontaires, revalorisation capitalistique etopportuniste desoi, transformation en somme d’expériences objectivables; je me fabrique objet de recherche. Je me dis, me découpe ou délite dans des mémoires, des expériences imaginées en résonance avec les miennes ; et dès lors, autorise des « sachants » à normer la façon de me dire etde dire l’AutrE.

Avec l’« Université progressiste », j’apprends à m’interpréter, pas avec mes mots, mais avec les guidances d’un protocole de recherche pensé par et pour les Blanc·he·s. Mon expérience universitaire est une constante dualité, un choix cornélien rituel etperpétuel.

Performer ou défier?

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