Petit Abécédaire de l'Accueil, S'orienter dans l'accueil diffus du Briançonnais

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PETIT ABÉCÉDAIRE DE L’ACCUEIL S'ORIENTER DANS L'ACCUEIL DIFFUS DU BRIANÇONNAIS



PETIT ABÉCÉDAIRE DE L’ACCUEIL S'ORIENTER DANS L'ACCUEIL DIFFUS DU BRIANÇONNAIS NOVEMBRE 2020 - AVRIL 2021

Financé par la Fondation Abbé Pierre. Produit par l’association Quatorze.


C’EST QUOI CET ABÉCÉDAIRE ? Dans la continuité du diagnostic de l’accueil inconditionnel effectué en 2018, cet abécédaire a été conçu comme outil de réflexion sur la base d’une hypothèse: la diffusion de l’accueil, c’est-à-dire la multiplication de différents lieux d’hébergement et d’accompagnement sur les territoires, pourrait s’avérer plus opérante que leur centralisation. Comment définir une initiative d’accueil ? Qu’est ce qui relie les différentes initiatives et les lieux solidaires à l’échelle d’une ville, d’une région voire à l’échelle nationale? En donnant de la visibilité aux actions solidaires, cette étude propose la réalisation d’un outil qui tendra à révéler les constellations des formes d’accueil à différentes échelles et sur des territoires variés. Cet abécédaire est représentatif d’une situation à un instant précis, dans un contexte évoluant très rapidement. Dans le but de révéler et de comprendre le jeu d’acteurs agissant sur le territoire, nous avons interrogé des porteurs de projets visant à soutenir les personnes exilées : Perrine, Pierre, Léo, Félix, Kim, Sara, Lise1. Les personnes interrogées s’inscrivent dans des structures : Refuges Solidaire, MJC, Mapemonde (rattachée à la MJC), Tous Migrant, Le Group’ et Quatorze. Avec d’autres, ces personnes morales, formalisées ou non, portent les initiatives suivantes : Refuges Solidaires, le Beau Projet et La Maison Bessoulie.

1. Les prénoms ont été modifiés.


De l’analyse croisée de ces entretiens ont émergés les mots composants l’abécédaire, que l’on a relié à 5 familles thématiques : Se réunir : La mise en commun du travail des acteurs locaux. Acteurs, Synergie, Maillon, Réseaux informels S’ouvrir : Faire connaître la situation ailleurs pour sortir des préjugés. Sensibilisation, Tourisme La fabrique de l’accueil : Les méthodes différentes d’accueil, les lieux, le rapport aux autres, les changements d’échelles. Beau.x Lieu.x, Diffusion, Inspiration, Petits Pas Sur les épaules de l’accueil : Les conditions d’accueil des personnes exilées et des accueillants. Bénévolat, Fatigue, Montagne, Urgence De l’hospitalité politique : Le rapport aux politiques et aux règles administratives. Enjeux politiques, Trier, Guerre Les mots se renvoient les uns aux autres, entremellant les thématiques et rendant ainsi compte de la complexité du contexte de l’accueil diffus sur le territoire du Briançonnais. Cet abécédaire peut se lire dans l’ordre alphébétique tels qu’il a été organisé, mais peut également s’arpenter en suivant les références aux autres termes en fin de chaque texte représenté comme ceci : Mot Une couleur a été attitrée à chaque thème. Ces couleurs sont indiquées à la page suivante et se retrouvent dans l’ensemble de l’abécédaire pour rapeler la thématique des mots étudiés.


SE RÉUNIR

S’OUVRIR

LA FABRIQUE DE L’ACCUEIL

SUR LES ÉPAULES DE L’ACCUEIL

DE L’HOSPITALITÉ POLITIQUE


Acteurs Beau.x Lieu.x

8 12

Bénévolat 13 Diffusion 14 Enjeux politiques

16

Fatigue 17 Guerre

17

Inconditionnel 18 Inspiration 19 Maillon

20

Montagne 21 Petits pas

21

Réseaux informels

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Synergie

23

Sensibilisation

24

Tourisme 25 Trier 26 Urgence 26


ACTEURS

Les cartographies des acteurs présentées ici ont été construites sur la base des entretiens. Il a été demandé aux interlocuteurs de lister les partenaires, dans l’objectif de comprendre les liens entre chacun d’entre eux et de représenter les réseaux formels et informels qui en découlent. Ce travail est un instantané qui nécessite d’être complété et mis à jour régulièrement. Actuellement orientées sur le contexte du Briançonnais, les cartographies des acteurs ont pour vocation de s’étendre sur différents territoires à l’échelle nationale en la croisant avec différentes sources. A terme, il deviendrait ainsi possible d’analyser le maillage d’initiatives solidaires qui s’inscrivent à travers le pays. Ce travail vise à aider les acteurs solidaires à mieux connaître les actions similaires ou complémentaires autour d’eux afin de pouvoir échanger et contribuer à la réalisation d’un travail commun. Ces cartographies tendent finalement à aider les personnes exilées, qui pourront être informées sur l’ensemble des lieux de soutien présents sur leur route de l’exil. Enfin, la cartographie vient mettre en lumière les réseaux d’acteurs qui se tissent autour des lieux ainsi que les compétences de chaque intervenant qui s’y trouvent activées. Dans le cas par exemple de La Maison Bessoulie, il s’agira de représenter quels acteurs agissent autour du projet, comment, dans quelles temporalités ? Agissent-ils de la même manière que sur l’initiative du Refuge Solidaire ? Qui sont les acteurs porteurs du Beau Projet, quelle dynamique vis-à-vis des financeurs et entre financeurs ?

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LE REFUGE phase d’exploitation

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LA MAISON BESSOULIE phase de développement

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LE BEAU PROJET phase d’amorçage

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BEAU.X LIEU.X

Où prend place l’accueil? Quels sont ces lieux? Comment sont-il pensés, vécus et rêvés par ceux et celles qui les font ? Quelles images renvoient les lieux investis par les initiatives d’accueil ? Le Refuge, la Maisonnette, la Maison Bessoulie, Chez Marcel, La Casa, la Maison Sésame, la Maison Rose, Comme à La Maison. Dans leurs titres, le registre sémantique du chez soi des initiatives d’accueil audelà des frontières du Briançonnais est prégnant. Les personnes sont invitées à s’y sentir à l’abri, en sécurité, à l’aise, accueillies. Le chez soi renvoie à la typologie de la maison comme figure du “care” : On soigne le lieu tel qu’on soigne ceux qui y sont hébergés. Les acteurs souhaitent que les lieux soient beaux car ils se doivent de transmettre une belle image de ce qui s’y fait, non seulement aux personnes exilées qui y habitent pour un temps donné, aux bénévoles qui donnent de leur énergie pour les animer mais aussi aux personnes extérieures, aux politiques, au grand public, aux médias.

Des beaux bâtiments, au centre, je trouve ça important aussi pour l’image qu’ils renvoient et qu’on leur renvoie. Kim La notion de beauté apparaît ici reliée à celle de dignité pour toutes les parties prenantes. L’idée du Beau Projet en est la résultante : “c’est une belle histoire”2. La menace de l’expulsion du Refuge est une opportunité de changer l’image qu’il renvoie dans ses locaux actuels et d’investir un bel et grand espace, un lieu digne pour rendre digne ce qu’il s’y passe et les gens qui le traversent :

On n’aura pas cet effet très stigmatisant qu’on a aujourd’hui, avec le Refuge, où les conditions d’accueil sont mauvaises donc forcément l’image qu’on donne n’est pas bonne non plus. Pierre La majorité de ces actions dans le Briançonnais viennent s’installer dans des bâtiments vacants, valorisant et dynamisant ainsi les délaissés du territoire. C’est le cas de la Maison Bessoulie qui investit dans le hameau du Bez une maison vacante depuis 2013, mise à disposition par la FUAJ, et ce que souhaitent faire les porteurs du Beau Projet. Ces deux initiatives construisent un programme dans lequel les personnes extérieures seront invitées à participer au quotidien. L’investissement du vacant laisse place à la chance de l’opportunité, nécessite la pratique de l’imagination et de la résilience et peut permettre la diffusion de l’accueil sur différents territoires. Diffusion Inspiration 2. Barthélémy, Réunion de montage du Beau Projet du 2 février 2021

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BÉNÉVOLAT

Dans un interview donné à la radio Fréquence Mistrale, Joël Pruvot, membre du CA du Refuge, parle de plusieurs centaines de bénévoles participant à l’accueil d’urgence à Briançon. De ces bénévoles, c’est une centaine d’habitants du Briançonnais qui aident régulièrement et pour les autres ce sont des soutiens ponctuels qui viennent de plus loin en France ou en Europe. A cela s’ajoutent, et parfois se superposent (certaines personnes pouvant alterner entre plusieurs rôles), les maraudeurs en montagne, les familles accueillantes ou encore les dons matériels et financiers. Une cohésion dynamique se crée entre les associations, militants et bénévoles structurant le tissu solidaire et les personnes exilées, tous et toutes d’origines, de parcours et d’enjeux différents. D’où vient l’envie d’agir de ces bénévoles ? Pour Sara, ce sont les images du “petit Aylan sur la plage” et l’envie de protéger sa montagne de la présence militaire qu’elle a observé en randonnée à la Roya. Pour d’autres, c’est l’arrivée des personnes à Briançon par les Alpes éveillant l’instinct de protection des gens en danger de mort en montagne. Dans tous les cas, il s’agit d’une réaction face à la politique d’accueil du pays :

On a ouvert ce lieu pour pallier la défaillance de l’Etat.3 Le recul de l’hospitalité politique portée par l’Etat ne peut être compensé par l’hospitalité éthique4 de la société civile. Ces lieux de soin permettent d’effectuer une politique de l’individu qui redonne la parole aux populations fragilisées. Pour certains des acteurs rencontrés, elle serait actuellement remplacée par une biopolitique qui gère les personnes exilées telle une masse homogène, les considérant comme des victimes ou des sauvages et oubliant l’individualité de chacune de ces personnes. En replaçant les individus au centre, les initiatives se positionnent contre la politique du nombre et des quotas. Pour autant, par la régularité d’ensemble des tâches à réaliser, le rythme de présence bénévole s’apparente à une forme de travail.

Je pense à tous les bénévoles qui triment tous les jours pour que ça se passe. C’est les petites mains qui sont invisibles, mais quel boulot ils font! Pierre

3. Interview de Joël Pruvot par Radio Mistral le 1 octobre 2020 4. Fabienne Brugère et Guillaume Le Blanc, 2017, La Fin de l’Hospitalité Editions Flamarrion

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Renvoyant à l’étymologie du mot, le trepalium, le registre sémantique du travail peut notamment renvoyer à l’idée de torture. Ainsi, lorsque l’activité de bénévolat tend à se professionnaliser, les discours évoquent un travail invisible, subit voire forcé qui questionne les formes de considération pour les tâches accomplies.

Un hôtel qui devrait faire ça vous imaginez ? Ce qu’ils font c’est un truc de fou. De 20 à 140 personnes d’un coup avec des changements tous les jours, avec des gens qui partent, des gens qui arrivent, sans pouvoir prévoir! Il n’y a pas de clefs. Il y a des draps propres tous les jours, et de la bonne nourriture fraîche à manger tous les jours ! 5 Enjeux politiques Fatigue Inconditionnel

DIFFUSION

La diffusion de l’accueil, c’est-à-dire la constellation d’initiatives solidaires, se manifeste à différentes échelles géographiques et temporelles. A l’échelle locale du Briançonnais, l’enjeu politique principal depuis 2015 est formulé autour de la répartition de la responsabilité de l’accueil sur différentes municipalités. Sous le mandat de l’ancien maire et président de la communauté de commune, Briançon permettait l’installation des initiatives solidaires dans la ville, notamment à travers les conventions sur le lieu du Refuge et de la Maisonnette. A présent les décisions politiques de la nouvelle municipalité semblent obliger à reformuler le problème. En effet, la décision énoncée de l’expulsion du Refuge et d’autres lieux d’accueil a impulsé une réflexion commune autour de la création d’un lieu rassemblant une grande partie des structures solidaires du Briançonnais. Par la mise en proximité, la formalisation du réseau dans un nœud central représente un espoir d’amélioration du travail commun entre les acteurs solidaires du territoire. Il s’agit d’être en capacité d’accueillir l’ensemble des personnes en ayant le besoin, sans limitation chiffrée. Le Beau Projet, pensé initialement dans une commune proche de Briançon, la centralisation de l’accueil vise à rendre visible la dynamique d’accueil tout en réalisant des économies d’échelle. 5. Association Quatorze, 2019, Faire Refuge, Diagnostic partagé de l’accueil inconditionnel dans le Briançonnais

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La municipalité dans laquelle le Beau Projet souhaitait s’installer a finalement décliné la possibilité de soutenir l’implantation d’un lieu d’une telle échelle, se justifiant de la nécessité de disperser les lieux et la responsabilité.

Le maire de Briançon, qui était président de la Communauté de Commune, n’avait pas envie de tout porter. Donc il aurait bien aimé que ses petits camarades s’y collent aussi. On a exactement le même problème aujourd’hui avec le nouveau projet. Pierre L’expérience et les compétences acquises par les porteurs de chaque initiative donnent en principe la possibilité de partager les pratiques et de mutualiser des savoirs entre projets. La Maison Bessoulie se développe sur ce même principe de mise en commun et de transfert des savoirs-faire des acteurs pour monter un programme d’insertion professionnelle à destination des demandeurs d’asile, créer des offres de tourisme responsable ou encore communiquer autour de l’élan de solidarité. Le projet agit tel une expérimentation pour tester ce format d’accueil et, à terme, le diffuser sur d’autres territoires.

L’idée d’un tiers lieu ouvert sur son environnement avec du public accueilli et un modèle économique qui puisse reposer sur le tourisme, je pense qu’il y a beaucoup de régions où c’est faisable… En termes de besoin ce serait assez logique qu’on en développe d’autres pour accueillir des demandeurs d’asile, il y a le besoin sur beaucoup de territoires. Lise Mais le lien en dehors du département semble complexe pour les initiatives locales, notamment du fait de l’urgence et de la charge mentale liée à leur action au quotidien. L’impossibilité de prendre du recul semble parfois induire la sensation que la situation est unique. La connaissance et l’ouverture sur ce qui se passe ailleurs, donc les possibilités d’inspiration, sont ainsi réduites. Enjeux politiques Inspirations Réseaux informels

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ENJEUX POLITIQUES

Le Maire de Briançon “encourage celles et ceux qui pensent qu’il faut supprimer les frontières ou changer notre politique migratoire à se présenter aux élections, à les gagner et à changer nos lois.” 6

L’élection d’Arnaud Murgia a enclenché un bouleversement dans le mouvement d’entraide aux exilé.e.s du Briançonnais. Particulièrement sa décision d’expulser le Refuge du local qu’il occupe actuellement, de ne pas renouveler la convention de la Maisonnette, et de récupérer les espaces de stockage des maraudes de Tous Migrants. Le 26 août, le Président de la Communauté de Commune expliquait son souhait que le Refuge libère l’ancienne caserne de CRS alpins pour cause de “graves négligences dans la gestion des locaux et de leurs occupants” et pour y ouvrir un hypothétique CADA7. Pour les porteurs du lieu“c’est un prétexte pour satisfaire la frange la plus radicale, xénophobe de son électorat.” 8 Face à cette décision, une solution recherchée par les porteurs locaux a été le développement discret et stratégique du Beau Projet. Ceci permet de consolider les liens entre acteurs en amont en esquissant une ligne commune, avec l’objectif in fine d’acquérir une plus grande force de frappe politique mais qui, par ailleurs, en proposant une centralisation de l’accueil peut induire des formes de désertification du tissu solidaire sur le reste du territoire. C’est dans cette perspective de critique de la centralisation que la municipalité dans laquelle souhaitaient initialement s’implanter les porteurs du Beau Projet n’a finalement pas souhaité donner son soutien, engageant les acteurs dans la recherche de nouveaux lieux potentiels. Cette décision a été perçue par certains porteurs du projet comme représentative d’un manque de courage politique que partageraient la plupart des politicien. ne.s en France :

C’est insupportable d’entendre un maire dire “je ferai ça si tout le monde prend sa part”. Mais qu’il montre l’exemple. Il a des idées, qu’il le fasse. C’est un manque de courage politique. Félix

6. Interview de Arnaud Murgia par Le Monde , article du 16 septembre 2020 7. Interview de Joël Pruvot par Radio Mistral le 1 octobre 2020. La création d’un nouveau CADA est une décision prise au niveau de l’Etat, non pas de la municipalité. 8. Interview de Joël Pruvot op.cit.

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Si le partage des responsabilités est la solution locale pour permettre un meilleur accueil digne de manière globale, comment convaincre les politiques municipales de prendre part pour “montrer l’exemple” ? Des outils comme le réseau ANVITA sembleraient être un bon moyen d’activation de ce “courage” et permettre la communication entre territoires. Diffusion

FATIGUE

Précarité du bénévolat, contraintes inhérentes aux lieux peu ou pas adaptés, obstacles politiques et administratifs... La fatigue s’enracine dans le quotidien et celle des bénévoles semble répondre à celle des personnes exilées.

Quand c’est passé au col du Montgenèvre moi je n’étais plus dedans car je ne pouvais plus assumer psychologiquement et physiquement. Sara Bénévolat

GUERRE

Avant l’ouverture du Refuge, durant la période d’occupation du parvis de la MJC, les acteurs ont assisté à des scènes marquantes :

C’était des scènes de guerre qu’on voyait. J’ai des souvenirs d’urgentistes de l’hôpital venant faire des soins sur le macadam sans même avoir un point d’eau. Pierre L’impression de guerre ressentie par les personnes interrogées vient en premier lieu de la proximité et de l’intensité de la misère qui existe habituellement dans un imaginaire lointain :

Le migrant que tu vois à la télé, t’en entends parler et t’imagine ceux qui sont au Mexique, en Libye, mais en fait là c’est là, ça se rapproche de nous et c’est catastrophique. Sara

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La visibilité et l’intensité de la misère sont par ailleurs le résultat des méthodes employées par l’Etat pour gérer “les flux migratoires” aux frontières : renforcement de présence militaire, renvoi des personnes exilées en Italie, criminalisation de la solidarité… Cette prise de conscience semble avoir mis en branle la création d’initiatives telles que les maraudes en montagne de Tous Migrants.

J’ai pas envie que la montagne ça devienne une zone militaire ou un cimetière. Sara

INCONDITIONNEL

Selon Fabienne Brugère et Guillaume Le Blanc, l’hospitalité éthique tient du modèle domestique de l’hôte recevant chez soi, se dressant telle une folie inconditionnelle résistant à la raison de l’État9. L’inconditionnalité est un “idéal philosophique”10 qui repose sur les forces bénévoles et qui s’adapte par sa pratique au quotidien, laissant “toujours un fossé entre l’hospitalité rêvée et l’hospitalité réalisée.” 11 Elle ne peut donc pas agir de la même manière selon les cas et selon le type d’accueil proposé. Le Refuge, héberge pour de courte durée et applique un accueil d’urgence inconditionnel, trouvant les ressources bénévoles pour accueillir toutes les personnes arrivant chaque jour et chaque nuit, parfois alors même que les lits sont tous occupés. De son côté, la Maison Bessoulie tend vers une inconditionnalité par l’essaimage de son programme d’hébergement à moyen terme et d’accompagnement à l’insertion professionnelle de personnes demandeuses d’asile. En s’adressant à ce segment de population, La Maison Bessoulie propose un cadre permettant de construire une trajectoire d’inclusion sociale. Le principe de la diffusion du projet est de porter pragmatiquement la question de l’accueil en diversifiant les offres, en s’adaptant au parcours unique de chaque personne hébergée et en s’ajustant aux particularités locales. L’envie d’essaimer ne se substitue pas à celle de trouver ancrage : 9. Gerasimos Kakoliris, René Schérer et Jacques Derrida sur l’hospitalité, In: Constantin Irodotou (dir.) Mélange offerts à René Schérer, l’Harmattan, 2015. 10. Marjorie Gerbier-Aublanc, 2018, Un Migrant Chez Soi, Esprit n°446 11. Marjorie Gerbier-Aublanc, op.cit.

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Au départ l’idée c’était plutôt de générer un programme qui puisse s’exporter ailleurs et en fait moi j’ai l’impression qu’on construit quelque chose qui est très très ancré sur son territoire… L’idée de base est transportable ailleurs mais on est en train de monter une offre de formation qui est liée au territoire dans lequel on s’implante... Il a été choisi aussi pour s’ancrer dans le territoire: Bessoulie, c’est le nom des habitants du Bez, le hameau dans lequel on s’implante, et c’est bien je trouve que ça se passe comme ça. On a un projet à petite échelle qui se veut ouvert sur son environnement, sur les habitants du village. Lise Les actes d’accueil s’installent dans le quotidien des personnes et peuvent “se transformer en véritable mode de vie et ces ajustements apparaître comme une démarche ordinaire 12 C’est ce que Léo explique à propos de la présence quotidienne des personnes exilées à Briançon et dans la vie des gens : “les choses sont devenues un peu plus banales, et qui donc sont moins remarquées aujourd’hui, et c’est tant mieux.” Bénévolat Montagne Trier

INSPIRATION

Quelles sont les sources d’inspiration pour poursuivre ce travail de fourmis porté par les acteurs de l’accueil à Briançon? Les entretiens réalisés ont montré que les initiatives locales se sont généralement construites sans porter de regard sur les expériences extérieures au territoire. Deux raisons peuvent expliquer cela. La première repose dans l’idée partagée par différents acteurs, tels que Perrine et Félix, que “les dynamiques territoriales doivent naître du territoire” puisque les enjeux et les besoins varient selon le lieu :

C’est vrai que c’est bien de s’inspirer des autres mais c’est aussi bien de créer quelque chose qui correspond à là où tu es … c’est pas pareil à mi parcours dans les Vosges où c’est des familles qui sont là depuis plusieurs années, qui se posent et qui se fixent, que Calais où c’est des gens qui veulent repartir vite mais qui restent longtemps, ou que Briançon où c’est des gens qui restent quelques jours, majoritairement. Félix 12. Marjorie Gerbier-Aublanc, op.cit.

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La seconde, plus prégnante, vient de l’inscription de l’action des acteurs dans un temps de l’urgence. En effet, la plupart des initiatives d’accueil opèrent en palliant au plus pressé :

Alors peut-être qu’on aurait dû s’inspirer d’autres initiatives mais disons qu’on n’avait pas le luxe de s’inspirer de ça. Perrine Pour autant, certaines initiatives se dégagent. Kim et Lise mentionnent les Grands Voisins à Paris, Perrine parle de son séjour dans la communauté Emmaüs initiée par Cédric Herrou dans la Vallée de La Roya, et Léo se souvient d’une “ancienne usine en plein centre de Turin, méga centre social. Dedans il y a un resto, une boutique de vente de toutes les coopératives italiennes du sud de l’Italie.” Finalement, derrière cette question de l’inspiration, c’est la notion de partage d’expériences entre les différentes structures similaires existantes se développant à l’échelle nationale telles que la Maison Sésame proche de Dunkerque, le projet Rosmerta à Avignon ou encore la Maison Solidaire de Saint-Etienne :

Il y a aussi la Maison Sésame que je viens de découvrir et qui en termes d’échelle est assez similaire à la Maison Bessoulie, et il y a plein de points communs et de ponts à faire. Lise Le partage d’expériences, l’identification de lieux inspirants est d’abord un moyen de tisser un réseau de pairs. Diffusion Urgence

MAILLON

Bien que parfois perçues comme solistes, chaque initiative s’est construite tel un maillon d’une chaîne de solidarité, se créant au moment où le besoin s’est ressenti, en complémentarité avec celles existantes. Ces maillons de tailles plus ou moins conséquentes fonctionnent ensemble créant chaîne solidaire informelle.

Cette idée de chaîne va de la prise en compte de ces gens qui se retrouvent tout seuls dans la montagne et qui sont recueillis jusqu’à un premier lieu d’accueil, pour qu’ils puissent se poser quelques jours, prendre des repères, les bonnes adresses et les bons billets de transport pour continuer la route. C’est bien qu’on ait sectorisé les missions. Pierre diffusion Réseaux 20


MONTAGNE

La montagne n’est pas un monstre qui tue, j’ai le sentiment au contraire qu’elle souffre de blessures pour chaque vie qui se perd en elle.13

La traversée de la montagne est d’autant plus périlleuse qu’elle est contrainte par les violences administratives des politiques migratoires, la transformant en frontière “perçue comme lourde, épaisse, pesante” sur laquelle “les personnes exilées rebondissent comme une balle et qui émet le bruit des portes de prison de Malte.” 14

“Ce n’est pas l’immigration qui menace ou appauvrit, c’est la raideur du mur et de la clôture de soi” : cette affirmation d’Edouard Glissant et de Patrick Chamoiseau a déjà treize ans.15 Pourtant “la montagne n’est pas une barrière pour ceux qui la pratiquent, la vivent au quotidien, elle est un passage souvent salvateur”.16

Quand on parle de frontière, j’habite ici depuis toute petite, Italie - France j’en ai rien à faire, c’est ma montagne. Et mes grands parents amenaient leurs bêtes en Italie, ils se mariaient ensemble, faisaient la fête ensemble, ils avaient des cousins de l’autre côté… Sara

PETITS PAS

Les petits pas sont toutes les initiatives qui ouvrent peu à peu, presque invisibles, des opportunités aux personnes exilées. Ils peuvent se révéler sous forme d’atelier bénévole par une représentante du Pôle Emploi, par l’ouverture d’une place en CAP, par une équipe solidaire en centre de formation. Chaque petit pas est une réussite et mis bout-à-bout par la mutualisation des connaissances et expériences de terrain, ceux-ci permettront de faire rentrer les exceptions dans la normalité. Cette approche rejoint l’hypothèse de Quatorze de la diffusion de l’accueil : En agissant progressivement et en réfléchissant à des espaces de petite échelle diffus sur les routes de l’exil, il sera possible de répondre au problème de l’accueil (digne) à grande échelle. 13. Erri De Luca, 2008, Sur Les Traces de Nives, Gallimard 14. Alexandra Galitzine-Loumpet, op.cit. 15. Edwy Plenel, In Stéphanie Besson, 2020, Trouver Refuge, Histoires vécues par au-delà des frontières, Glénat 16. Stephanie Besson, op.cit.

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En se basant sur des données et sur des retours d’expériences, il sera ainsi possible de dessiner une cartographie des petits pas sur lequel les personnes exilées pourront s’appuyer pour trouver les ressources nécessaires à leur trajet.

RÉSEAUX INFORMELS

L’organisation de la chaîne constitutive de la solidarité dans le Briançonnais repose sur l’entremêlement de réseaux informels. Les structures se rassemblent avec La Plateforme, organisation à l’échelle du département, qui se réunit lorsque l’un des membres en ressent le besoin. La force de cette fédération informelle d’acteurs est de réussir à rassembler des acteurs divers voire différents “depuis des alternatifs très alternatifs à des caritatifs” (Léo) autour d’une question commune. Il s’agit de créer une synergie sur une temporalité longue et à une échelle dépassant le Briançonnais. La disparité des initiatives composant La Plateforme en fait un support précieux mais fragile :

Des fois c’est un peu lourdingue à manier ces réunions...faut pas le faire trop souvent parce que ça pourrait même faire du mal parce que des fois les points de vue sont trop éloignés et ça peut un peu fritter. Léo Les réseaux informels sont également employés comme support d’échanges de bonne pratiques et d’expériences. La Mapemonde a ainsi tenté de mettre en place un centre ressource des associations : Le Maquis de la Marmotte, lieu d’échange de documentations pour travailler en commun sur la question des étrangers avec Tous Migrants, Un thé dans la neige, Le Refuge et La Cimade. Du fait du contexte sanitaire depuis 2020, ce projet n’a pas encore pu se concrétiser mais des cafés hebdomadaires sont organisés à la MJC, pour “faire venir justement des associations ou des institutions qui viennent présenter leur travail pour qu’il y ait des liens qui se fassent avec les personnes” (Kim). Ces moments d’échanges fortifient le maillage solidaire entre individus et initiatives par le contact régulier et la découverte de ce qui existe sur le territoire. Le processus de développement de la Maison Bessoulie repose sur la mise en commun des connaissances des acteurs locaux, tissant de multiples liens pour encourager à ce que le projet soit porté collectivement. Ils sont associés au projet par le biais de groupes de travail thématiques et de sessions de travail régulières :

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Ils nous conseillent tous beaucoup, ce sont des gens vers qui on peut se tourner quand on rencontre des questionnements sur n’importe quoi. Ils connaissent bien le territoire et ont une expérience de plusieurs années liée à l’accueil. Lise Finalement, un dernier type de réseau, le plus riche et complexe, est celui des bénévoles sur lequel s’appuient quotidiennement les initiatives : “Il y a [...] des réseaux et relations très informels, et qui doivent le rester, et là c’est du contact avec notamment ces bénévoles qui viennent” (Pierre). Il s’étend audelà des limites locales, jusqu’à une échelle internationale. Par ailleurs, son champ d’action ne se restreint pas seulement au Briançonnais. En effet, dans le cas du Refuge, il arrive que ce réseau soit mobilisé dans des démarches de recherche d’hébergement dans d’autres villes pour les personnes exilées partant de Briançon. L’action de communication et de plaidoyer de Tous Migrants est par ailleurs primordiale dans la mobilisation d’organisations et de personnes au niveau national et international sur la question de l’accueil dans le Briançonnais

On fait du réseau, on met en réseau, et quand les gens ont besoin de quelque chose ils savent qu’on a un énorme réseau et que ça part tout de suite... Sarah Bénévolat Maillon Synergie

SYNERGIE

La multiplication des initiatives solidaires sur le territoire et la complémentarité des offres qu’elles proposent participent fortement au dynamisme local. Une forme d’appartenance se crée autour d’une quête de solutions pour une question commune.

On marche tous ensemble avec des rythmes et des façons de faire qui sont hyper différentes mais on va tous dans le même but et c’est ça qui est super important pour nous. Sara Ils ont une force de frappe qui est folle dans la manière dont ils déploient des solutions quoi, ils vont très très vite et c’est toujours en étant très à l’écoute des bénéficiaires et des structures qui s’impliquent. Lise 23


Cette dynamique se crée non seulement par le développement du lien entre les structures présentes sur la durée, mais également par le mouvement des arrivées et départs de nouvelles initiatives et de nouveaux bénévoles. Le mouvement solidaire se forme sur le territoire autour de l’accumulation de lieux d’accueil pérennes et de lieux éphémères :

Il y a eu plein de lieux, ça ne veut pas dire qu’ils soient durables. Léo Par ailleurs, les événements organisés par Tous Migrants sont des occasions de créer et qualifier le lien, de dynamiser la solidarité et de redonner des forces aux bénévoles. Ces moments forts sont également une manière de faire parler de la situation.

Derrière moi, ce carrefour de l’Europe, une Europe que nous voulions fraternelle, solidaire, et qui vient de déclamer un Pacte Migration, indigne et honteux. Nous allons symboliquement, ce soir, le renommer Rond Point de la Fraternité, en signe de bienvenue pour tous les exilés, en l’honneur de tous ceux qui font vivre la fraternité. Pour ne jamais oublier qui nous sommes et ce que nous voulons que notre territoire soit.17 Bénévolat Maillon Réseaux informels Sensibilisation

SENSIBILISATION

Dans le Briançonnais, la sensibilisation et la communication sur la situation repose sur l’association Tous Migrants. Ce travail d’ordre pédagogique agit à l’échelle du territoire, dans le but affiché par ses porteurs de dépasser les préjugés, de connaître pour ne plus avoir peur. Elle s’exerce également à l’échelle nationale, voire européenne, dans le but d’intégrer des grands réseaux tels que les Etats Généraux de la Migration, et d’avoir une force de frappe plus conséquente face aux politiques.

17. Stéphanie Besson, Faites de la Fraternité, 18 décembre 2020

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On a un message politique et on fait de la sensibilisation et des plaidoyer parce que les gens qui arrivent d’ailleurs à Briançon, si on sensibilise sur pourquoi ils sont là et qu’on les fait aller dans les écoles ça se passe super bien en fait… Il y a eu tellement d’information et de sensibilisation que les gens ne pouvaient pas avoir peur ils pouvaient pas les rejeter ni dire des conneries en disant « ils nous prennent nos impôts » Sara

TOURISME

Deux enjeux se présentent dans le contexte actuel du développement de lieux d’accueil pérennes dans la vallée du briançonnais : • La mise en place d’un système économique viable permettant de financer l’accueil inconditionnel sous toutes ses formes, • La nécessité de transformer le tourisme local, industrie dominante de la vallée du Queyras, dans un contexte de crise sanitaire et environnementale. Dans le contexte de l’expérimentation de la Maison Bessoulie, la proposition de tourisme responsable entend participer aux dynamiques de transition à l’échelle de la vallée :

L’idée c’est de monter des offres d’activités touristique au sein de la maison et en dehors, qui participent au financement parce qu’il y a des gens qui viennent de plus en plus dans la vallée pour donner un coup de main au Refuge par exemple, pour les actions de solidarités, et d’autres personnes qui viennent pas du tout pour ça mais qui pourraient être intéressés par le fait de contribuer d’une manière ou d’une autre au projet. Lise C’est sur ce même modèle que souhaite se développer le Beau projet, en créant un Tiers Lieu ouvert sur l’extérieur, développant un pôle culturel et accueillant une communauté Emmaüs se spécialisant dans la restauration. Bénévolat Inconditionnel

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TRIER

La revue Esprit reprend le terme de “barbarisation des bourgeois” de Pierre Hassner pour évoquer la barbarisation de la démocratie qui effectue une politique de tri des populations migrantes et se voit tentée en temps de crises de “de durcir les législations intérieures et de remettre en cause l’État de droit”.18 La revue propose ainsi l’exemple des propos de Salvini sur les côtes siciliennes: “le bon temps pour les clandestins est fini, préparez-vous à faire vos valises”19. La politique du nouveau maire de Briançon et la relaxation de Génération Identitaire suite à leurs “opérations anti-migrants” dans les Alpes en 2018, semblent être représentatifs de cette barbarisation. La notion de “tri” s’oppose à l’accueil inconditionnel pour lequel œuvrent les bénévoles et les différents porteurs de projets :

On met pas les Droits de l’homme sur les quotas. C’est une notion d’extrême droite, il faut arrêter. Félix Bénévolat

URGENCE

La notion d’urgence est particulièrement présente dans la vallée du Briançonnais. L’urgence se présente dans l’action de l’accueil d’urgence effectuée par les associations Refuges Solidaires ou en maraude par Tous Migrant, mais également dans la contrainte d’agir dans l’urgence. En effet, l’urgence induit une imprévisibilité de l’accueil qui impacte le travail des bénévoles et renforce la fatigue ambiante.

Ça varie énormément, (...) ce mois-ci je pense qu’on va être à peu près 300 ou 400 je pense. Des fois c’est moins, des fois c’est plus (...). Nous on est tellement impacté par ce qu’il se passe niveau géopolitique dans leurs pays d’origine que c’est difficile à estimer. Perrine L’expérience de l’accueil d’urgence vient questionner la définition même de l’accueil par sa pratique au quotidien :

Je peux pas appeler ça de l’accueil, c’est de l’accueil sans être de l’accueil. C’est une pause, c’est une halte, mais c’est pas de l’accueil longue durée. Pour moi l’accueil ça doit être un truc de longue durée. Perrine 18. La Dialectique des Extrêmes, Esprit, juillet-Août 2018 19. Ibid.

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BIBLIOGRAPHIE Association Quatorze, 2019, Faire Refuge, Diagnostic partagé de l’accueil inconditionnel dans le Briançonnais Stéphanie Besson, 2020, Trouver Refuge, Histoires vécues par au-delà des frontières, Glénat Esprit, La Dialectique des Extrêmes, 2018, In : Esprit n°446 Le courage de l’hospitalité Fabienne Brugère et Guillaume Le Blanc, 2017, La Fin de l’Hospitalité Editions Flamarrion Marjorie Gerbier-Aublanc, 2018, Un Migrant Chez Soi, In : Esprit n°446 Le courage de l’hospitalité Gerasimos Kakoliris, René Schérer et Jacques Derrida sur l’hospitalité, 2015, In: Constantin Irodotou (dir.) Mélange offerts à René Schérer, l’Harmattan Erri De Luca, 2008, Sur Les Traces de Nives, Gallimard


PETIT ABÉCÉDAIRE DE L’ACCUEIL

S’ORIENTER DANS L’ACCUEIL DIFFUS DU BRIANÇONNAIS NOVEMRE 2020-AVRIL 2021 Dans la continuité du diagnostic de l’accueil inconditionnel effectué en 2018, cet abécédaire a été conçu comme outil de réflexion sur la base d’une hypothèse: la diffusion de l’accueil, c’est-à-dire la multiplication de différents lieux d’hébergement et d’accompagnement sur les territoires, pourrait s’avérer plus opérante que leur centralisation. En donnant de la visibilité aux actions solidaires, cette étude propose la réalisation d’un outil qui tendra à révéler les constellations des formes d’accueil à différentes échelles et sur des territoires variés. Cet abécédaire est représentatif d’une situation à un instant précis, dans un contexte évoluant très rapidement. Créée en 2007, l’association Quatorze transmet, développe et promeut des architectures sociales et solidaires pour des territoires agiles et résilients. Agissant en équipe, nos projets sont le coeur de notre pratique, nous y interrogeons nos métiers et leurs écosystèmes. Cet ouvrage a été coordonné par Nancy Ottaviano, architecte et Docteure en Aménagement de l’espace et Urbanisme, et rédigé par Emily Mugel, doctorante en Architecture au laboratoire GRIEF et dans le cadre d’une recherche-action financée par la Fondation Abbé Pierre et l’ANRT.


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