UN DIAGNOSTIC DE LA PORTE DE MONTREUIL
SOMMAIRE AVANT-PROPOS
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MARGE ET CENTRALITÉ
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Contexte métropolitain
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Territoire de transit
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Territoire en transition
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TERRAIN HOSTILE, TERRITOIRE REFUGE
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De la zone au carrefour urbain : À la marge
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La ville des voitures
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La ville excluante
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La marge comme refuge
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Association Quatorze
COMMERCES ET COMMUNS
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Des puces à Carrefour
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Des acteurs locaux, parfois hors-sol
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Emploi, réemploi : une économie des déchets
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Fabriquer les communs
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UN DIAGNOSTIC DE LA PORTE DE MONTREUIL
ABORDER LE SITE Selon la lecture que l’on en fait, la Porte de Montreuil est tout à la fois un lieu en marge et le coeur d’un territoire. À la croisée de trois communes, traversé par d’importants axes routiers, c’est un site de passage et de transit qui ne doit pas faire oublier qu’il est aussi un lieu de vie, de commerce, d’échange pour de nombreux usagers quotidiens. Façonné par son histoire et les multiples métamorphoses qu’il a connu, il est aussi un lieu en transition, un paysage urbain marqué par les transformations successives et dans l’attente de nouveaux changements. Ancienne bande de terrain militaire non aedificandi, elle garde de cette histoire des marqueurs urbains forts : le vide non bâti, la mise à distance de Paris et sa banlieue, une forme de modularité de l’espace, notamment propice aux activités foraines…
Appréhender ce territoire c’est essayer d’en lire la complexité en faisant apparaître ce qui le constitue, tant du point de vue spatial que social.
Comprendre ce qui fait « lieu » et qui fait ce lieu. ARPENTER Parcourant le site, arpentant, se déployant en équipes pour croiser les regards, nous avons d’abord soumis ce territoire à une analyse sensible. Il s’agit de faire référence à une expérience d’un lieu en prenant en compte la ville comme espace senti et ressenti. Lire le territoire en employant les sens et en déployant une palette d’outils à même de capter les ressentis.
Ce vide, aujourd’hui, c’est aussi une zone peu qualifiée qui accueille les usages et les populations que la précarité fait refluer là faute de mieux. 6
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Page précédente : Séance de travail en chambre. Synthèse d’un arpentage de terrain Novembre 2018
INTRODUCTION
COMPRENDRE
Tout, sur le parcours, peut faire sens : un son, une odeur, un obstacle sur le chemin, peuvent être des pistes, les signes particuliers d’une organisation spatiale ou sociale plus générale qu’il s’agit à la fois de récolter et de restituer. Cette collecte initiale nourrit un corpus de points de vue, un ensemble de thématiques qui sont autant d’axes d’étude. On récoltera par la suite la parole habitante à travers ces focales. Mettant les hypothèses de départ à l’épreuve des réalités du terrain, on mènera alors un travail itératif, faisant le pont entre le site et ses acteurs et une équipe de concepteurs installée à proximité.
Le périmètre du projet s’inscrit à la croisée de trois communes, entre un morceau de la ceinture verte parisienne, caractérisée par une succession d’équipements sportifs cloisonnés et de squares peu fréquentés, et l’imposante infrastructure routière du périphérique, qui traverse le site. Le marché aux puces en est l’unique centralité. Le rond-point, d’une superficie équivalente à trois terrains de football, forme un vaste espace sous occupé et marqué par une très forte présence automobile. En dehors des jours de marché, l’emprise réservée aux puces est un grand parking très utilisés mais qui offre un espace urbain sans qualité. La compréhension de ce cadre de vie et des enjeux spatiaux et sociaux liés à son évolution permettront de proposer un diagnostic, en vue de guider la conception d’un futur projet en cohérence avec ce site et ses habitants.
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MARGE ET CENTRALITÉ
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-1CONTEXTE MÉTROPOLITAIN
CENTRALITÉ Lorsqu’on regarde une carte à l’échelle métropolitaine, la Porte de Montreuil revêt un caractère de centralité assez évident. Au croisement du XXème arrondissement et de trois grandes communes de l’est parisien, à proximité directe d’importants axes routiers, traversée par le boulevard périphérique et par une ligne de métro, elle est au coeur de ce qu’il convient d’appeler “le Grand Paris”. Mais cette centralité incontestable doit être interrogée en empruntant également d’autres focales et d’autres points de vue : un simple arpentage du terrain rend évidents les vides, les ruptures dans le tissu urbain, ainsi que le caractère marginal d’un site dont on comprend qu’il fut avant tout une frontière territoriale. La volonté de connecter Paris et ses communes limitrophes rencontre ici une situation particulièrement contraignante. Épaisseur de la zone non bâtie, variétés des typologies, manque de cohérence visible dans la rencontre des territoires.
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MARGE ET CENTRALITÉ
CENTRALITÉ MÉTROPOLITAINE Positionnement du site dans la métropole du Grand Paris
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DISTENSION Aux abords de la Porte de Montreuil, l’effacement soudain du bâti est saisissant : on se retrouve là face à un vide urbain de plusieurs hectares qui contraste fortement avec la densité du tissu faubourien que l’on connait de part et d’autre de la place. Cette distension de l’espace public entre en contradiction avec l’idée de densité associée aux centralités urbaines. Or, ce carrefour métropolitain porte dans son histoire même cette ambivalence. Historiquement, les trois territoires qui bordent aujourd’hui la Porte de Montreuil appartenaient à une même commune, hors les murs de Paris : le village de Charonne. Cette lecture historique incite à les penser liés par un destin commun. Aujourd’hui, pourtant, on sait combien il est difficile de remailler les territoires de part et d’autre du périphérique, et les espaces qui constituent cette “porte” fabriquent un no man’s land auquel les riverains tournent plus volontier le dos qu’ils ne l’habitent.
« Quand je sors de chez moi, je vais rue d’Avron pour faire les courses, ou alors prendre le tramway ou le métro. C’est juste là, je ne vais pas chercher plus loin, je ne traverse pas la place : il n’y a rien à y faire » Riveraine, Rue Maryse Hilsz, Paris
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MARGE ET CENTRALITÉ
TERRITOIRES RIVERAINS Carte par îlots des trois territoires (Bagnolet, Montreuil, Paris XXème), et cadrage de l’étude.
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« Quand on repart d’ici on préfère aller prendre le métro à Robespierre parce que coté Paris, il faut tout traverser, ça parait toujours très loin » Cliente du marché aux puces
UNE COUPURE HISTORIQUE Eustachy Kossakowski, série “6 mètres avant Paris” (détail) Paris 1971 Musée Carnavalet 16
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-2TERRITOIRE DE TRANSIT LA LOGIQUE DU ROND-POINT La Porte de Montreuil et ses abords sont desservis par de nombreux réseaux de transport. Accès historique dans la capitale, zone de départ et de réception de bagages, de marchandises et de personnes, pont difficile entre Paris et la banlieue... C’est un lieu de transit, irrigué en étoile par des chaussées démesurées. Un immense rond-point. Concentration et superposition de moyens facilitent le transport des personnes et des biens, mais posent aussi la question de la cohabitation avec les autres modes de déplacement. La facilité d’accès aux grandes infrastrctures routières que sont le périphériques et les autoroutes proches, provoque un aflux quotidien de milliers de véhicules motorisés, de passage à toute heure du jour et de la nuit. Cette omniprésence du transport routier est non seulement ressentie comme une nuisance majeure par les piétons et habitants du site, mais gêne également le développement des modes de déplacements alternatifs, pourtant de plus en plus nombreux et insdispensables.
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Entrée de la place de la Porte de Montreuil vue depuis Paris, Novembre 2018
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« On transporte des bagages ou des personnes en Europe. Nous on va en Roumanie : on fait deux allers-retours par semaine. Les autres là-bas vont en Macédoine je crois » Chauffeur de bus, au départ de la place
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« Pour venir c’est facile : il y a le métro, à porte de Montreuil ou Robespierre, le tramway, les bus… pour les gens qui viennent en voiture il y a le périphérique. On est au centre de tout! » Elie, commerçant du marché aux puces
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« Traverser la place à pied est une épreuve » Riveraine, rue de Paris, Montreuil
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SE DÉPLACER
RÉSEAUX ROUTIERS Zones de voirie dédiées à la circulation automobile
RÉSEAUX PIÉTONS Zones de voirie dédiées à la circulation piétone 26
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MARGE ET CENTRALITÉ
B
A
A’
C
C’
B’
AA’
BB’
CC’
7 min
2 min
5 min
8 min 14 min
3 min 9 min
3 min 7 min
7 min (passerelle condamnée)
TRAVERSÉES Temps de parcours pour des traversées types selon le mode de transport Association Quatorze
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-3TERRITOIRE EN TRANSITION
dont ils se sentent proches, à des fonctionnements dont ils sont coutumiers et à certains conforts d’usage, malgré les nuisances subies.
ATTENTE ET CRAINTE DU CHANGEMENT Les grands projets urbains suscitent de grandes attentes auprès des habitants, d’autant plus fortes que le site est complexe et son environnement difficile.
« J’ai travaillé il y a une quinzaine d’années sur le réaménagement de la Porte de Montreuil avec le conseil de quartier et j’espère que cette fois-ci, c’est la bonne : on a besoin de changement! » Riverain, rue des docteurs Dejérine, Paris
Cette attente devient parfois une impatience tant les agendas sont difficiles à concilier et le déroulement des projets soumis à l’incertitude. Les changements annoncés rencontrent aussi la crainte des habitants, attachés à un territoire 28
« Ils veulent construire des bureaux? Mais pourquoi faire? Il n’y a que ça déjà dans le quartier » Employée de la CGT
Des craintes d’autant plus grandes, souvent, dans les quartiers populaires, cristallisées autour de la réalité des phénomènes de gentrifications, qui font redouter aux populations les plus fragiles de se voir chasser de leur lieu de vie, ou pour le moins relégués par la hausse des prix de l’immobilier et des biens de consommation. Notre étude du territoire de la Porte de Montreuil a mis en lumière ces attentes et ces craintes. Outre les attentes d’amélioration du cadre de vie, il en ressort un regard souvent critique. Un certain désintérêt aussi, une distanciation vis-à-vis de décisions perçues comme éloignées des intérêts locaux ou de changements qui tardent à venir.
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La métamorphose du marché aux puces notamment, est un sujet d’inquiétude pour les commerçants et habitués du marché. Pour certains riverains également.
« Il ne faut pas tuer l’âme des puces » M. Z, commerçant du marché aux puces
La crainte la plus souvent évoquée est la perte “de l’âme” du marché. Cette âme recouvre dans les esprits des notions assez disparates: pleinair, foranité, occupation de l’espace public, parasols et lits de camps. *
Au delà des réticences individuelles et des craintes légitimes, la mutation prochaine de ce territoire est malgré tout l’occasion pour nombre d’habitants d’espérer des améliorations dans leur environnement de vie. Les mutations à venir peuvent être envisagée positivement mais nombre d’habitants appellent de leurs voeux un accompagnement dans le changement. Surtout, ils ne veulent pas rester en dehors du processus et l’on perçoit une forte attente d’être intégrés, consultés, de faire partie, de faire avec.
L’ESPRIT DES PUCES Allée en plein-air, parasols, guirlandes “guinguette”, camion sur le stand... Décembre 2018 * voir : diagnostic du marché aux puces
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« C’est des arbres dont on a besoin, pas de nouveaux buildings » Riverain, rue de Paris, Montreuil
ENVIRONNEMENT MINÉRAL Un groupe d’arbre sur le site du marché aux puces. En arrière plan le front bâti de l’ensemble immobilier La Grande Porte. Octobre 2018 30
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LE PÉRIPH’ : ET APRÈS? À l’heure du Grand Paris, de la lutte contre le dérèglement climatique et de la recherche de nouvelles mobilités, une infrastructure comme le périphérique tient, en un certain sens, de l’anachronisme. La question de la transformation des autoroutes urbaines se propage dans les grandes métropoles mondiales, et Paris ne fait pas exception, souhaitant réduire l’impact social et environnemental de ce boulevard à moyen terme. L’omniprésence actuelle du périphérique au coeur du site entre de fait en dissonance avec la vision d’une ville future décarbonée et apaisée. Néanmoins, les usagers de la Porte de Montreuil affichent pour nombre d’entre eux un attachement à cette infrastructure qui les connecte facilement au reste du territoire métropolitain. Cet attachement est d’autant plus grand chez ceux qui dépendent de leur véhicule pour leurs trajets professionnels. Il existe souvent une véritable ambivalence de point de vue entre le ressenti très négatif 32
des effets du périphérique sur l’environnement (pollutions, terrains enclavés, coupure urbaine, etc) et l’attachement à un certain confort d’usage.
« Il n’y a qu’à le couvrir, le périphérique, on serait plus tranquille. Mais on ne va tout de même pas le supprimer du jour au lendemain ; comment je viendrais du 95, sinon? » Commerçant du marché aux puces
Ainsi, quelque soit le point de vue adopté, l’idée d’un “autre” périphérique devient indissociable des évolutions urbaines à venir sur la Porte de Montreuil. Pour l’heure, nombreux sont celles et ceux qui aimeraient en faire disparaître les nuisances sans être toujours prêt.e à sacrifier le confort qu’il leur apporte. C’est avec l’évolution des modes de transport et un accompagnement dans la durée des riverains comme des professionnels du site, qu’un changement de rapport à ces grandes infrastructures urbaines semble pouvoir s’opérer.
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TRAVERSÉE Un cycliste traverse la place entre deux flots de voitures. En contre-bas, le périphérique. Février 2018
« Ces infrastructures sont très utilisées notamment parce qu’elles existent, pas forcément parce qu’elles sont pertinentes » Paul Lecroart, urbaniste
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RÉINVESTIR L’EXISTANT Places de parkings vides, grands équipements sportifs parfois sous-utilisés, jeux en déshérence, jardins publics condamnés... Les évolution à venir sur le site sont l’occasion de penser le réinvestissement d’espaces, et la réorganisation d’usages en fonction des ressources matérielles existantes.
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PARKINGS
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8 6
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Inventaire des parkings publics et privés existants à proximité directe du site.
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1 PARKINGS PRIVÉS DE L’UNCAM 2 Adresse : Rue Edouard Vaillant Fonctionnement : NC Horaires : NC Type : NC Nombre de places : NC Fréquentation : NC
PARKING PRIVÉ D’ENTREPRISE 8 Adresse : Rue Armand Carrel Fonctionnement : NC Horaires : NC Type : NC Nombre de places : NC PARC DE STATIONNEMENT 9 Adresse : 47 Rue Armand Carrel Fonctionnement : NC Horaires : 24/24 Type : Souterrain Nombre de places : NC
3 PARKING HÔTEL NOVOTEL
Adresse : 306 Rue Étienne Marcel Fonctionnement : Réservation Horaires : 24/7 Type : Couvert
4 PARKING CC LA GRANDE PORTE Adresse : 10 Av. du Pr André Lemière Fonctionnement : Libre accès tout public en privilégiant les clients du CC Horaires : 9h-22h lun-sam sauf exceptions Type : Souterrain (3 niveaux) Nombre de places : 400
PARKING PRIVÉ ATLAS 10 Adresse : 124 Rue de Lagny Fonctionnement : NC Horaires : 24/24 Type : Souterrain Nombre de places : NC
PARKING PARIS SAINT-MANDÉ 11 Adresse : 68 Rue Claude Erignac Fonctionnement : Abonnement mensuel Horaires : Tout public - 24/7 Type : Souterrain Nombre de places : 10
5 PARKING MONTREUIL ATLAS Adresse : 2 Rue Armand Carrel Fonctionnement : NC Horaires : 24/7 Type : NC Nombre de places : NC
PARKING PRIVÉ 12 Adresse : Rue Reynaldo Hahn Fonctionnement : NC Horaires : NC Type : NC Nombre de places : NC
6 PARC DE STATIONNEMENT
Adresse : 22 Rue Armand Carrel Fonctionnement : NC Horaires : 24/7 Type : NC
7 PARKING DÉCATHLON
Adresse : 39 rue de la République Fonctionnement : Libre accès tout public Horaires : lun-sam 7h45-20h15 Type : Souterrain (3 niveaux) Nombre de places : 562 Association Quatorze
PARKING PUBLIC 13 Adresse : 99 rue de lagny Fonctionnement : NC Horaires : 24/24 Type : Souterrain Nombre de places : NC
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PARCS, SQUARES, JARDINS
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Inventaire des parkings publics et privés existants à proximité directe du site.
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MARGE ET CENTRALITÉ
1 SQUARE JULES FERRY
Surface : 4180 m² Type : Jardin public (Ancien dépôt de pavés de la ville de Paris) Usages : Collège Politzer, boulodrome, bancs. Horaires : 7h-19h
CABANE DAVOUT 9 Type : Espaces collectifs partagés Usages : Locaux associatifs, jardins ludiques Horaires : NC SQUARE PAGANINI 10 Type : Jardin public Usages : Flânerie Horaires : 24/24, 7/7
2 70 RUE EDOUARD VAILLANT Type : Placette publique Usages : Stationnement Vélib Horaires : accès libre
JARDIN DE LA GARE DE 11 CHARONNE Surface : 15 310 m² Type : Jardin public Usages : Aire de jeux, flânerie Horaires : 8h-17h45
3 52 RUE EDOUARD VAILLANT Type : Aire de jeux Usages : Toboggans Horaires : Accès libre
4 PARC EUGÈNE VARLIN
SQUARE DE LA GUYENNE 12 SQUARE DU PÉRIGORD SQUARE DE LA GASCOGNE Type : Privé Usages : non défini Horaires : Accès par code / Code connu dans le quartier
Type : Aire de jeux Usages : Grimpe, ping-pong ...
5 PARC BENOIT FRACHON
Type : Espaces sportifs Usages : Basket, boulodrome Horaires : Accès libre
6 PLACE HANNAH ARENDT
Type : Esplanade Usages : Jardin partagés, terrain de sport, aire de jeux, boulodrome Horaires : Accès libre
7 JARDINS DU CLOS GARCIA Type : Jardins partagés Usages : Jardinage Horaires : Mer et samedi a-m
PARK STREET WORKOUT 13 Type : Parcours santé Usages : Musculation Horaires : 24/24
BOULODROME LOUIS LUMIÈRE 14 Type : Activitée sportive Usages : Pétanque Horaires : NC SQUARE LOUIS LUMIÈRE 15 Type : Jardin public Usages : Jeux (Cheval à bascule, bac à sable) Horaires : 8h-17h
8 JARDINS D’IMMEUBLE DE LA
PORTE DE VINCENNES Type : Jardin public Usages : Aires de jeux, pingpong, roseraie Horaires : 24/24, 7/7
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TERRAIN HOSTILE TERRITOIRE REFUGE
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« La ville est un lieu de sédimentation, voire de fossilisation des inégalités, qui inscrit dans sa structure et ses paysages le produit des rapports sociaux auxquels elle sert de cadre et de miroir » Monique Pinçon-Charlot, Michel Pinçon, Les ghettos du Gotha, Seuil 2007
Sortie du métro Porte de Montreuil un jour de marché aux puces Page précédente : Un habitant du parking des puces, le long du périphérique Novembre 2018
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TERRITOIRE HOSTILE, TERRITOIRE REFUGE
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-1DE LA ZONE AU CARREFOUR URBAIN À LA MARGE LA ZONE Le boulevard périphérique ceinture aujourd’hui fermement Paris. Mais cet effet de frontière circulaire ne date pas d’hier, et les barrières physiques se sont succédées en périphérie de la ville. À la fin du XIXe siècle et au début du XXe, la « Zone » entourait la capitale. Cette bande de terre de 250 mètres de large environ s’étendait entre les fortifications de Paris et sa banlieue, et fut décrétée non aedificandi. À l’origine défrichée pour permettre une meilleure visibilité à la défense de Paris, on s’aperçut pendant la guerre de 1870 de l’inutilité de cette fortifications et son démantèlement fut envisagé dès 1882. L’abandon définitif des fortifications ne sera signé qu’en 1919, mais cela faisait déjà longtemps que la Zone avait perdu son rôle militaire, devenant en certains endroits plus huppés, un lieu de loisir, de promenade et de guinguettes, mais dans sa majeure partie, un bidonville aux portes de Paris.
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TERRAIN HOSTILE, TERRITOIRE REFUGE
La démolition des fortifications dans les années 20, puis l’édification de la “ceinture rouge” des HBM transforma peu à peu cet espace qui pourtant resta une frange non bâtie durant plusieurs décennies ; ce “no man’s land” urbain accueillant successivement diverses activités plus ou moins formelles. Comme porte de Paris, il prit en tout cas peu à peu une dimension de carrefour routier, voyant transiter toujours plus de marchandises et de populations.
FORTIFICATIONS Les fortification de l’enceinte de Thiers au niveau de la Porte de Montreuil Vers 1910
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DÉLAISSÉS ET IMPENSÉS L’arrivée du périphérique au début des années 60, qui vint urbaniser cette frange demeurée jusque là non construite, ne marqua pas pour autant la fin d’une certaine forme de “zone”, loin s’en faut. L’empreinte du périph et des infrastructures qui y sont liées y ont formé une frange entre Paris et sa banlieue dans laquelle les usages non liés au transport automobile n’ont pas vraiment leur place. En résulte une succession de délaissés urbains et d’espaces impensés qui favorisent les mésusages et laissent la place à des dispositifs d’empêchement se superposant au fil du temps, renforçant encore le sentiment d’hostilité pour celles et ceux qui traversent le site, et plus encore pour ceux qui y vivent. Nous sommes ici, décidément, dans la ville des voitures.
« Ce qui est dommage, c’est qu’on associe Montreuil à cette porte, du coup on a forcément une image négative de la ville alors qu’il y a des côtés plus sympas » Sylvie C, employée chez Habitat & Humanisme
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TERRITOIRE HOSTILE, TERRITOIRE REFUGE
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-2LA VILLE DES VOITURES
« Sur l’espace public, rien n’est aménagé pour les personnes, tout est construit pour la voiture » Sylvie C, employée chez Habitat & Humanisme
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TERRITOIRE HOSTILE, TERRITOIRE REFUGE
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-3LA VILLE EXCLUANTE La ville fait refluer sur sa périphérie les activités et les populations les plus précaires, trouvant là une place à proximité des dynamiques économiques qui permettent de soutenir leurs propres activités de susbsistance, souvent informelles. L’espace public de la Porte de Montreuil ne fait pas exception et connait une concentration de situations sociales difficiles. Cette misère visible n’est pas nouvelle sur ce territoire historiquement marginal, mais sous la pression du renouvellement urbain et l’arrivée de nouvelles populations dans le quartier, apparaissent tension et conflits d’usage. Comment faire de ce quartier en transformation un laboratoire contemporain de ce Droit à la ville théorisé par Henri Lefebvre voilà 50 ans ? Comment inclure l’ensemble des publics dans les démarches de développemnt afin d’anticiper les mésusages que produisent la précarité et l’exclusion, pour construire un espace public réellement accueillant et partagé? C’est à ces questions, entre autres, que devront répondre l’ensemble des acteurs des projets à venir pour que les évolutions profitent à tou.te.s durablement.
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ESPACE PUBLIC CONDAMNÉ Barrières vauban disposées sur les trottoirs de l’avenue Benoit Frachon à la rue de Lagny. Ici, rue Claude Erignac, le long des bureaux de BNP Paribas.
TERRAIN HOSTILE, TERRITOIRE REFUGE
« La ville “excluante” est celle où l’espace public n’est plus « public », mais confisqué, et/ou dans un tel état qu’il n’offre aucune raison d’y séjourner ou de s’y rendre. Un espace public qui fonctionne permet le brassage, le passage, fait émerger des projets, combat l’isolation, la peur ou le sentiment diffus d’insécurité et aussi le communautarisme » Extrait du rapport “Précarité et aménagement : fabriquer la ville incluante” - Club ville et aménagement - 2012
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TERRAIN HOSTILE, TERRITOIRE REFUGE
« Moi, habitante du quartier et travaillant ici, il y a des populations, des familles, que je vois dormir sur le trottoir depuis des années, qui sont délogées d’un endroit à un autre » Sylvie C, employée chez Habitat & Humanisme
Marché des biffins Croix-de-chavaux, Montreuil Association Quatorze
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EMPÊCHEMENTS Face aux problématiques de mésusage sur la voie publique, en particuier en lien avec les phénomènes de vente à la sauvette, des dispositifs d’empêchements physiques sont déployés par les pouvoirs publics pour tenter de contenir les installations sauvages. Les larges trottoirs des abords de la Porte de Montreuil offrant de multiples espaces d’installations possibles, cette réponse formelle entraîne une multiplication des barrières de tous types sur l’espace public, au risque d’un encombrement et d’un empêchement des autres usages. Ainsi, la condamnation de la piste cyclable de l’avenue Benoit Frachon prive désormais les cyclistes de cette voie protégée. La passerelle Lucien Lambeau a quant à elle été fermée, obligeant les piétons à faire un détour important. Ceci a pour conséquence de dégrader peu à peu un espace public déjà peu qualitatif, où domine désormais un fort ressenti d’hostilité. Maintenus dans l’illégalité et la précarité, les quelques dizaines de “biffins” réguliers de la Porte de Montreuil et les associations qui les soutiennent ne peuvent s’organiser pour prendre en charge la gestion de ce petit “marché” informel, notamment le ramassage des déchets. Le désordre engendré sur la voie publique et les réelles nuisances induites pour les riverains semblent donc justifier toujours plus de répression. Au risque de ne rien régler : plus de précarité produisant plus de désordre, plus de désordre engendrant plus de répression, qui produit à nouveau davantage de précarité. La fuite en avant s’apparente à un cercle vicieux.
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DISPOSITIFS D’EMPÊCHEMENT Barriérages mobiles ou fixes, condamnation ou surveillance des trottoirs
TERRAIN HOSTILE, TERRITOIRE REFUGE
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ANTICIPER Trottoirs cloturés, pistes cyclables condamnées, terrains de sports et abris fermés. La réponse apportée jusqu’à présent aux mésusages prive ainsi de plus en plus l’espace public de ses usages. Et le catalogue de mobilier urbain de s’étoffer. Prendre en compte ces problématiques dans toutes les phases de développement du projet de réaménagement est donc indispensable pour constituer un futur espace public appaisé et partagé. Anticiper les mésusages en formalisant certaines pratiques, en imaginant de nouvelles formes de gestion, en désamorçant les probables conflits. Cette anticipation passe par l’accompagnement de tous les publics présents sur le territoire, afin que les changements à venir bénéficient au plus grand nombre.
« C’est sûr que si l’on ne prend pas en compte les populations pauvres de ce territoire dans le futur projet, on va rater quelque chose » Sylvie C, employée chez Habitat & Humanisme
CATALOGUE Recensement des dispositifs de barriérage existants sur le site. Relevé réalisé en novembre 2018 (Extrait) 56
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TERRAIN HOSTILE, TERRITOIRE REFUGE
Barrière #1 Barrières Vauban Physique Empêchement
Pour les pietons Pour les vélos Pour les voitures
Protection
Pour les pietons Pour les vélos Pour les voitures
Fixe Mobile
Sonore
Visuel
Pollution sonore
Empêchement visuel
Barrière acoustique
Pollution visuel
Exécution / Gestion : Observations : perturbe l’usage normal du trottoir
Barrière #2 Potelet métallique Physique Empêchement
Pour les pietons Pour les vélos Pour les voitures
Protection
Pour les pietons Pour les vélos Pour les voitures
Fixe Mobile
Sonore
Visuel
Pollution sonore
Empêchement visuel
Barrière acoustique
Pollution visuel
Exécution / Gestion : Mairie ? Observations : -
Barrière #3 Barrière métallique basse Physique Empêchement
Pour les pietons Pour les vélos Pour les voitures
Protection
Pour les pietons Pour les vélos Pour les voitures
Fixe Mobile
Sonore
Visuel
Pollution sonore
Empêchement visuel
Barrière acoustique
Pollution visuel
Exécution / Gestion : Observations : sur le trottoir devant les bâtiments institutionnels et éducatifs.
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GENRE Ici comme ailleurs, la question du partage de l’espace public pose celle du genre. Si à première vue les abords de la Porte de Montreuil semblent partagés de façon égalitaire, qu’en est-il de la liberté effective de circulation et d’usages et du ressenti des femmes dans ces espaces? Si une étude spécifique sur la question serait nécessaire pour en faire l’analyse objective, les échanges formels et informels menés avec des habitant.e.s ont pu traduire certains ressentis et donnent un apperçu de la situation, qui permet à tout le moins une prise en compte de cette question dans l’élaboration d’un futur projet.
« Rue de Paris, vous savez, il y a beaucoup d’hommes, on ne se sent pas toujours très à l’aise », nous dit une riveraine du quartier République à Montreuil, tandis qu’une autre, cliente des puces, nous informe au détour de la conversation :
« Pendant la journée je vais encore prendre le métro à Porte de Montreuil, mais quand il fait nuit je ne traverse plus la place, je vais à Robespierre »
Les habitant.e.s intérogé.e.s ne relatent certes pas un réel déséquilibre dans le partage quotidien de l’espace, mais leurs propos traduisent un sentiment qui est celui qui prévaut assez généralement en ville : malaise dans les lieux majoritairement occupés par des hommes et sentiment d’insécurité de nuit.
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« Quand je sors avec mes copines, je vais toujours dans Paris. J’aime bien mon quartier, mais si on veut être tranquilles entre filles, on va ailleurs » Riveraine, quartier République, Montreuil
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-4LA MARGE COMME REFUGE HABITANTS DES FORTIFS La “Zone”, ce terrain inconstructible des abords des fortifications, est rapidement devenue le refuge d’une population nombreuse. Inquiétant les bourgeois, préoccupant le politique, la Zone est dans l’imaginaire d’aujourd’hui associée au mythe des bas-fonds parisiens. Néanmoins elle fut surtout le lieu de vie de milliers de personnes que la misère et l’exclusion avaient poussé là. Ces bidonvilles ont compté jusqu’à 30 000 habitants, issus essentiellement d’une population parisienne modeste chassée par la spéculation immobilière, ainsi que d’une société paysanne que l’exode rural a transformée en prolétariat urbain. De 1920 à 1930, les anciennes fortifications laissent peu à peu la place aux habitations à bon marché en brique rouge (HBM) et aux terrains de sport de la ceinture verte.
HABITANTS DU PÉRIPH En septembre 2016, les maraudeurs des enfants du canal dénombraient 136 habitants du périphérique. (source Pauline Froissart, AFP). Riverains invisibles, fondus dans ce décor d’asphalte et de béton, ils occupent ces espaces interstitiels trouvant ici une forme de liberté, de tranquillité paradoxale dans cet enfer de bruit et de pollution, en marge d’une ville où les places d’accueil et les espaces de refuge se font de plus en plus rares. 60
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DANS LA ZONE à la Porte de Montreuil Photo : Eugène Atget (non daté) Musée Carnavalet
SOUS LE PÉRIPH entre Porte de Bagnolet et Porte de Montreuil Crédit photo : François Lacour
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LA LIBERTÉ DANS LES MARGES DES ESPACES DE GRATUITÉ Occuper librement un lieu : Des bancs à l’abri dans l’espace chauffé du centre commercial, des places de stationnement gratuites en dehors des jours de marché, le toit d’un supermarché offrant un espace public dédié au sport et un jardin partagé... Quelques soient leur nature, qu’ils occupent le domaine public ou appartiennent au privé, ces lieux accessibles librement ou dotés d’une fonction collective permettent une certaine liberté d’usage. Ces espaces de gratuité, de gestion et/ou d’usage partagé, sont des supports de la vie sociale et remplissent de ce fait une fonction particulière, comme éléments constitutifs des “communs” du quartier.
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Jardin Hannah Arendt sur le toit du Décathlon Crédit photo : Ville de Montreuil
Hall du centre commercial La Grande Porte Janvier 2018
Une boite à livre en libre accès, Rue des docteurs Dejerine Paris XXe Novemebre 2018
Jardin Hannah Arendt sur le toit du Décathlon Crédit photo : Ville de Montreuil
Jardin Hannah Arendt sur le toit du Décathlon Crédit photo : Ville de Montreuil
Dans une gallerie du centre commercial La Grande Porte Janvier 2018
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-1DES PUCES À CARREFOUR Ici comme ailleurs, la ville se fabrique et évolue aussi à travers ses espaces commerciaux. Espaces privés mais ouverts et accessibles, ils sont au coeur des échanges. Ils sont la ville des rezde-chaussée, à l’interface avec le domaine public, y débordant ou l’occupant parfois. Structurant en partie la vie sociale d’un quartier, ils peuvent en donner le rythme selon des chronotopies très réglées. Néanmoins si la ville commerciale est un modèle dominant, il n’est pas l’unique manière de faire la ville. Hors de la propriété publique et de la propriété privée, les communs forment une troisième voie. Quels sont ces espaces de commerces que l’on retrouve sur la Porte de Montreuil. Que nous apprennentils sur les usages en cours sur le site? Quelle place pour les communs, aujourd’hui et demain?
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« Les communs urbains sont des biens ou services, publics ou privés, dont le caractère commun dépend des fonctions qu’ils peuvent remplir socialement » Daniela Festa, Urban commons. L’invention du commun
UNE RUE COMMERÇANTE L’axe historique qui traverse la place en reliant la rue d’Avron à Paris, et la rue de Paris à Montreuil présente une même typologie de rez-de-chaussée commerciaux qui animent et caractérisent fortement ces quartiers et forment une certaine continuité de part et d’autre de la place. Ces locaux commerciaux traditionnels sont installés dans les bâtis historiques de type faubourg que l’on retrouve le long de cet axe Est-Ouest.
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Coté Montreuil-Bagnolet, l’axe Nord-Sud présente un front bâti plus récent qui accueille les grandes surfaces commerciales (Carrefour, Décathlon) et d’importante surfaces de bureaux.
MAIS UNE OFFRE UNIFORME Si la présence des ces nombreux petits commerces est globalement appréciée par les habitants et participe à l’identité populaire du quartier, une certaine uniformisation de l’offre est ressentie par certains, avec en particulier une sur-représentation de certains commerces.
Ainsi, sur les 100 premiers commerces de l’axe de part et d’autre de la place : - 21 sont de type restauration rapide (kebab, poulet frit, burgers, etc) - 14 sont des boutiques liées à la téléphonie (vente, réparation, taxiphone) - 17 sont des salons de coiffure
« Il n’y a pas grand chose pour déjeuner autour de la place » Un employé de bureau
« Beaucoup de commerces ont fermé pour laisser place à des magasins de téléphonie, de kebab… l’offre est un peu limité maintenant » Une employée de la CGT
Façade de la rue de Paris, Montreuil Pages suivantes : Commerces, rue d’Avron et rue de Paris Dessins in situ Novembre 2018
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LE CENTRE COMMERCIAL UN MODÈLE DÉPASSÉ ? Jusque récemment, la mise à disposition de m² réunis au sein d’une même entité drainant un fort trafic de consommateurs était l’une des promesses de valeur clés du centre commercial. Cette vision du commerce s’appuyant sur la suprématie de la consommation de masse est aujourd’hui mise à mal par l’évolution des modes de consommation.
« Baisse de fréquentation, baisse du “panier moyen”, changements de mode de consommation… c’est une tendance mondiale qui remet en question le modèle des centres commerciaux » * Suivant ce modèle, peu importait que le centre commercial n’ait pas d’”âme” puisqu’il proposait du choix. Mais le consommateur change et aspire désormais à vivre une expérience et non plus seulement consommer. Et force est de constater que sur ce plan là, les centres commerciaux ne répondent plus vraiment aux nouvelles attentes. Le monumental bâtiment d’angle qui abrite le centre commercial La grande
porte ne fait à ce titre pas exception et souffre également d’une baisse continue de la fréquentation depuis plusieurs année. Aujourd’hui, plus de la moitié de ses locaux commerciaux sont clos et il n’y a guère plus que l’hypermarché Carrefour qui parvienne encore à drainer une clientèle jusqu’à lui. Au delà des changements de mode de consommation et la baisse de pouvoir d’achat de sa clientèle, les questions logistiques, l’évolution des modes d’approvisionnement et de mobilité, mettent également le centre commercial en difficulté. Contraint par des installations techniques difficilement adaptables, le bâtiment montre de plus en plus les limites d’une architecture peu résiliente ni réversible.
« Le manque d’infrastructures pour les livraisons est un frein à l’installation de nouveaux commerces dans le centre commercial. Il est désormais indispensable de prévoir des aménagements qui intègrent la problématique du dernier kilomètre, du “click&collect”, etc » *
*Extraits de l’entretien avec Séverine Gravier, Directrice du centre commercial La Grande Porte 70
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« Potentiellement, on pourrait se remettre en question » *
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« Depuis 8 ans que je travaille ici, j’ai vu le centre commercial mourir peu à peu » Employée de la CGT
LOCAUX VACANTS Un couloir du centre commercial, un samedi Février 2019 72
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-2DES ACTEURS LOCAUX PARFOIS HORS-SOL Outre le centre commercial, d’importants acteurs économiques et sociaux se sont peu à peu installés autour de la Porte de Montreuil, des années 80 aux années 2000, essentiellement sur d’anciennes parcelles industrielles et artisanales du bas Montreuil. Ainsi de l’emménagement en 1982 du siège national de la CGT et de la bourse national du travail dans leur nouveau complexe immobilier montreuillois de la rue de Paris. Le syndicat trouve sur le territoire montreuillois un ancrage historique fort. Néanmoins, l’imposante bâtisse post-moderne qui regroupe plusieurs fédérations et abrite en ces lieux une riche activité syndicale - et donc sociale -, peut faire figure de forteresse pour le piéton qui longe ses barrières d’enceinte.
« À la CGT ce sont des bureaux qu’on a ici ; on ne va pas aller manifester devant chez nous!
« Il est un peu impressionnant ce bâtiment … » Un passant
UN TERRITOIRE TRANSFORMÉ PAR LE TERTIAIRE Les années 2000 ont vu l’arrivée sur le territoire du bas Montreuil de très grandes entreprises acquérant les surfaces de bureaux nouvellement construites par macro-lots : Acteur majeur du secteur tertiaire dans le quartier, BNP Paribas, avec ses plus de 5.000 salariés, sur environ 20 000 m2 de bureaux fait figure de mastodonte et d’acteur économique majeur de ce territoire.
Une employée, à l’accueil de la CGT 74
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UN LIEN DIFFICILE À ÉTABLIR AVEC LES RIVERAINS Malgré cette présence visible et économiquement avantageuse pour la commune, le lien avec le territoire est ténu. Les salariés des bureaux ne se sentent pas toujours à l’aise dans l’espace public alentour ou n’y trouve pas une offre qui leur convienne. Les commerçants du quartier profitent peu de cet apport de clientèle potentiel. Les restaurateurs en particulier comptent peu de salariés des bureaux alentours, qui leur préfèrent souvent la proximité et l’entre-soi des restaurants d’entreprise.
« À titre personnel, je ne me sens pas très à l’aise dans la rue ici » Une employée de bureau, rue du Pr Lemierre
« Les gens des bureaux, on ne les voit pas souvent ici, dans les cafés! » Un commerçant de la rue de Paris
20 000 m2 de bureaux BNP de la rue de Paris à la Porte de Vincenne Dessin in situ Novembre 2018
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LA MISE À DISTANCE DE LA RUE Par leur morphologie même, nombre de bâtiment tertiaires entretiennent avec l’espace public un rapport minimal et fonctionnel, généralement limité aux accès. La façade sur rue offre peu de porosités visuelles entre l’intérieur et l’extérieur. Dans certains cas, l’implantation du bâti en retrait, avec un clôturage à l’alignement de la rue, renforce encore l’impression de distanciation. Ces typologies, devenues majoritaires aux abords directs de la place, génèrent une sensation de malaise chez les passants.
« Tous ces immeubles de bureaux, avec les façades en verre… C’est triste ; je préfère quand il y a des magasins, comme dans la rue de Paris » Un passant
Avenue du Pr Lemierre Dessin in situ Novembre 2018
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-3EMPLOI ET RÉEMPLOI UNE ÉCONOMIE DES DÉCHETS De l’installation des chiffoniers à la fin du XIXème siècle à celle de la recyclerie d’Emmaüs il y a peu, l’histoire de la Porte de Montreuil est intimement liée à celle des déchets., de leur récupération, de leur revente... Ce que l’on nomme aujourd’hui “économie circulaire” et qui fait désormais figure d’enjeu économique et écologique majeur pour les villes.
CHIFFONNIERS PUCIERS HISTORIQUES C’est suite à un arrêté du préfet Poubelle que les chiffoniers, chassés des trottoirs parisiens, commencèrent à se regrouper dans la zone, au niveau de la Porte de Montreuil. S’installant le long des chemins de terre, ils commencèrent à vendre là leurs marchandises de récupération. De cette organisation d’abord informelle, naquit en 1886 le marché aux puces.
EMMAÜS COUP DE MAIN L’association créée en 1995 propose des solutions d’hébergement à plusieurs familles en situation de rue. Au-delà de l’assurance d’un logement décent pour les familles, elle souhaite leur offrir des conditions optimales pour réussir ensuite l’intégration dans des logements pérennes. Emmaüs Coup de main agit également sur le volet emploi dans le cadre de chantiers
* Source : Association Emmaus Coup de main - www.emmaus-coupdemain.org 78
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d’insertion basés sur les activités historiques d’Emmaüs : récupération, revalorisation et vente d’objets. Afin d’aider les familles, l’association décide également de créer des emplois salariés en lien avec le réemploi des objets. En 2011, quinze premiers postes sont ouverts à Pantin sous la forme d’un chantier d’insertion. A partir de 2012, Emmaüs Coup de main développe, avec l’appui de la Mairie de Paris et de la Région Île-de-France, un nouveau chantier d’insertion « Recyclerie », destiné à accueillir un public en situation de grande exclusion. Cela se concrétise par l’ouverture d’une nouvelle boutique en 2012 et d’un espace d’apports volontaires en 2014, tous deux situés Porte de Montreuil.*
LES BIFFINS : VERS UNE ÉCONOMIE FORMELLE? Depuis 2005, les biffins de Paris, ces chiffoniers du XXIème siècle, luttent pour exister et exercer leur activité au grand jour. La « biffe » , cette économie informelle de subsistance, est revenue dans nos sociétés européennes, malmenées par la précarité.
« Les biffins se réclament d’une très ancienne tradition de chiffonnier qui existe depuis mille ans à Paris. Leur activité est différente de celle des brocanteurs qui paient un droit de place, et ce ne sont pas non plus des revendeurs à la sauvette qui vendent du neuf » Samuel Lecoeur, président de l’association AMELIOR
Le dialogue entre les biffins et les autorités a toujours été difficile. La réponse apportée est depuis longtemps la répression, la police saisissant les marchandises et les envoyant sans discernement à l’incinérateur. En 2005, les biffins se sont organisés pour lutter contre cette situation, bientôt soutenus par l’association AURORE, qui obtint en 2009 cent places, Porte de Montmartre pour un marché officiel. En 2012, l’association AMELIOR est créee à Montreuil « pour défendre le droit à la biffe ». Ce, en proposant un statut propre au biffin : celui de membre d’une association d’échanges commerciaux indépendants, dans un rapport direct de vendeur-membre à acheteur-membre, sur le modèle des AMAP. Désormais, la ville de Montreuil accueil une fois
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À la fin du marché de biffins de la Croix de chavaux, les déchets sont ramassés et triés.
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« À la fin du marché, tout est ramassé, trié et à nouveau recyclé. Aucun autre marché parisien ne fait ça » Samuel Lecoeur, président de l’association AMELIOR
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-4FABRIQUER LES COMMUNS Poser la question des communs en ville, c’est poser celle de l’organisation de l’espace dans l’intérêt collectif. Envisager l’espace urbain à travers le prisme des communs signifie donc penser la ville dans sa dimension mutuelle, et « la protéger de toute action, publique ou privée, qui sacrifierait sa destination collective », selon la formule de Daniela Festa.* Sont généralement considérés comme des communs urbains « les parcs, les jardins, les lieux en friche mais aussi les lieux de production culturelle (tels que les théâtres, les cinémas ainsi que les lieux informels de production culturelle) et sociale (les places, les lieux de rassemblement), les bibliothèques, le patrimoine culturel, artistique, scientifique, certaines infrastructures matérielles et immatérielles et certains services urbains, les données numériques, les logements sociaux.»*
Même les déchets, nous l’avons vu, peuvent être pensés comme des communs et constituent des ressources cruciales. Dans le contexte particulier de la Porte de Montreuil, la nécessaire requalification des espaces urbains peut être vue comme l’opportunité de mettre en place des innovations à même de concilier la production d’un quartier écologique avec le droit à la ville, et les mécanismes du “micro urbanisme tactique” avec les logiques de planification urbaines publiques et privées.
* Daniela FESTA, « Les communs urbains. L’invention du commun », Tracés, hors-série 2016 82
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L’enjeu est de fabriquer les conditions d’appropriation des communs en créant une montée en compétence des bénéficiaires de ces espaces partagés, afin que ceux-ci s’approprient de manière collective des lieux qui deviendront effectivement leur bien commun.
la connaissance, transports et ressources mutualisés, etc -, on considère généralement que les communs répondent à trois critères fondamentaux que sont une ressource partagée, une communauté organisée d’utilisateurs et des règles définies d’accès et de gestion.
Mais il faut se garder d’être dans une simple - et enième - injonction à participation des habitants (la notion d’habitants s’entendant ici comme l’ensemble des usagers du site) et favoriser plutôt la mise en place d’une démarche d’innovation sociale qui sache s’appuyer sur des dynamiques économiques. et le partage des externalités positives propres à un grand projet de renouvellement urbain. La création d’activité et d’emplois doit alors se faire en cohésion avec le territoire et ses acteurs, et la programmation des espaces commerciaux et tertiaires doit savoir intégrer les initiatives économiques locales et les réseaux existants. Fonctionnnant selon des logiques de mutualisation et de partage propres aux services dits quaternaires - partage de l’espace public, de Association Quatorze
Illustrations : The Noun project, sous licence libre Creative Commons, Géoconfluences, 2018, CC
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Quelle gouvernance imaginer pour les futurs communs de la Porte de Montreuil ? Comment constituer la ou les communautés habitantes d’utilisateurs et soutenir les réseaux et initiatives citoyennes existantes? Quelle articulation instaurer entre les citoyens, la puissance publique et le secteur privé? Quelle place faire aux nouvelles formes d’économie de proximité qui émergent? N’y a-t-il pas là, sur la Porte de Montreuil peut-être plus qu’ailleurs, un processus de réintégration (par la marge?) d’une part de la population, mise à l’écart d’une vie plus “normée” ? Quelle sera la place demain de l’Économie Sociale et Solidaire et n’est-elle pas, plus qu’une fervente obligation intégratrice, partie d’une solution pour développer des services dont la ville que nous produisons a de plus en plus besoin, au moment où les collectivités locales ne peuvent plus étendre encore leur champ d’action ?
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Cette étude a été réalisée par l’association Quatorze, d’octobre 2018 à mars 2019
Crédits photo : Association Quatorze, sauf mention contraire. Étude réalisée pour le groupement ICADE PROMOTION & REI HABITAT dans le cadre du concours C40 - Reinventing cities