Retour d’expérience
We Co Q U A T O R Z E . C 1 9 R U E S A I N T - J U S 9 3 1 0 0 M O N T R E U I W ECO @ Q UATO R Z E .C
C T L C
2015
Retour d’expérience
Le retour d’expérience (REX) est un processus de réflexion mis en œuvre pour tirer les enseignements positifs et négatifs de projets en cours ou terminés. Dans ce processus, on va porter un regard sur la démarche développée, les méthodes employées, les productions réalisées, le rôle et le niveau d’implication des acteurs concernés, ainsi que sur les moyens utilisés.
DESSINS : CLARISSE GALEY
#_Sommaire PAGE 4
#1_Le montage du projet 2015
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#1.a_Le bidonville et ses habitants #1.b_Les partenariats #1.c_Le comité de pilotage et le comité technique
WeCo 2015 _ Retour d’expérience
#0_Préambule
#1.d_Le budget et les financements
#2_La mise en œuvre
PAGE 14
#2.a_La médiation #2.b_L’innovation technique #2.c_La préfabrication #2.d_Le chantier de co-constrution #2.e_Les usages, la maintenance et la gestion des équipements
#3_Les enseignements
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#3.a_L’impact sanitaire #3.b_L’organigramme #3.c_L’analyse financière
#4_Conclusion
PAGE 31
5
WeCo 2015 _ Retour d’expérience
#0_Préambule
La résurgence des bidonvilles est une réalité
en France : environ 17 000 personnes vivent dans près de 400 bidonvilles. Parmi ces milliers de personnes vivant dans des conditions d’une extrême insalubrité et précarité, 41 % sont en Île-de-France. Il n’est plus rare de découvrir des habitations de fortune installées aux portes de Paris. Le démantèlement manu militari de ces bidonvilles n’apparaît pas comme une solution. D’une expulsion à l’autre, les familles sont chassées de leur lieu de vie, contraintes à s’installer ailleurs, dans des conditions toujours plus précaires. Souvent réalisées de manière expéditive, ces évacuations mettent à bas le travail d’accompagnement et de suivi social mené par les acteurs locaux. L’absence de solution de relogement stable rend inéluctable l’installation de nouveaux bidonvilles, et condamne les familles à l’errance. La sortie par le haut des bidonvilles apparaît donc comme une nécessité collective et durable. Soucieux de répondre à cette problématique, Quatorze a contribué, depuis septembre 2013, à l’amélioration des conditions de vie des habitants du bidonville de la parcelle du 15 bis rue Saint Antoine à Montreuil. 32 personnes habitent sur ce terrain et au cours des 6 années d’occupation, 17 baraques ont été construites par les habitants. Avec ses partenaires, des bénévoles et les familles bénéficiaires, l’association a co-conçu et co-construit une cuisine commune, un atelier mobile pour accueillir les cours du soir et ainsi qu’un deux blocs sanitaires contenant douches et toilettes. Ces expériences ont conduit Quatorze à développer le projet WeCo donc les objectifs de chaque intervention sont (1) la construction d’équipements répondant aux besoins de populations victimes de la précarité urbaine et (2) la mobilisation de la société
6
civile de façon ponctuelle sur une action très concrète de lutte contre la situation du mal-logement.
PHOTOGRAPHIES : BARAQUEMENTS DANS LE BIDONVILLE DE LA PLAINE DU CHANTELOUP
WeCo 2015 _ Retour d’expérience
#1_Le montage du projet 2015 Après les éditions 2013-2014 sur le terrain de Saint Antoine à Montreuil, et sur les conseils de Fondation Abbé Pierre, un nouveau projet s’est développé en 2015 dans le bidonville de la plaine de Chanteloup, situé dans la commune de Triel-sur-Seine, à la limite de Chanteloup-les-Vignes et Carrières-sous-Poissy.
a
#1.
Le bidonville et ses habitants
Historique Champs d’épandage de la ville de Paris, ce terrain est depuis 2007 le foyer de 46 ménages - 91 adultes et 101 enfants (Rapport du Pact 78, 5 juin 2014). Les premières familles s’y sont installées à la suite de l’évacuation du bidonville d’Achères en 2003. Majoritairement originaires de la même région du sud-ouest de la Roumanie et discriminées dans leur pays, ces familles ont émigré en France pour trouver un travail, un logement et s’assurer un meilleur avenir. Aucune procédure d’expulsion n’est encore engagée sur ce terrain, notamment grâce à l’accompagnement social entrepris depuis plusieurs années.
Situation professionnelle Si certains ont trouvé un emploi, le plus souvent à temps partiel ou à durée déterminée, 90% des adultes sont sans activité professionnelle officielle et exercent, pour compenser, une ou plusieurs activités non officielles : ferraillage, bâtiment, marché, livraison, cueillette, ménage (Rapport du PACT 78, 5 juin 2014). Dans tous les cas, la majorité des habitants sont contraints à la mendicité pour s’assurer un complément de revenu.
Origine / Langue Originaires de 3 villages voisins situés dans le Judet de Mehedinti, les habitants parlent le romani. Le roumain est aussi très largement parlé. 46% 8
des adultes parlent le français ou le comprennent, et 54% ont une pratique très limitée voire inexistante (Rapport du PACT 78, 5 juin 2014).
Réseaux d’accompagnement Les familles sont accompagnées au quotidien par le collectif Ro-
mYvelines, regroupant entre autres des associations telles que le Secours Catholique des Yvelines, le Réseau Education Sans Frontière (RESF), le Droit Au Logement (DAL) et la Ligue des Droits de l’Homme (LDH). Le collectif accompagne les familles dans la défense de leurs droits et dans la lutte contre les discriminations de tous ordres. Depuis novembre 2013, les habitants bénéficient d’un accompagnement social vers l’emploi et le logement, par l’intermédiaire d’une Maîtrise d’Œuvre Urbaine et Sociale (MOUS) financée par l’état et mené par le PACT 78. L’accompagnement social concerne principalement l’accès aux droits, la scolarisation des enfants et des adolescents, le parcours de soins, l’accès à l’emploi et la mobilisation des dispositifs d’in-
WeCo 2015 _ Retour d’expérience
sertion.
Actions sociales Grâce au soutien de ces organisations, des initiatives d’ordre humanitaire ont vu le jour. Les familles peuvent désormais compter sur les banques alimentaires et l’épicerie solidaire du Secours Catholique pour améliorer la qualité de leurs repas. Une bibliothèque a été installée ainsi qu’une salle pour les cours d’alphabétisation. Près de 70 enfants sont scolarisés dans les écoles et collèges de Triel-sur-Seine, Chanteloup-les-Vignes et Carrières-sous-Poissy. Cartables, fournitures scolaires et habits propres leurs ont été fournis pour bien commencer l’année. Depuis septembre 2015, ils bénéficient d’un nouvel arrêt de bus facilitant leurs trajets jusqu’aux établissements.
Situation sanitaire Malgré ces actions sociales, les familles vivent toujours dans des conditions de grande précarité. Sans véritable accès à l’eau ni à l’électricité, ils logent dans des baraquements et des caravanes hors d’âge, abritant en moyenne 7 à 8 personnes. Ne disposant pas de sanitaires, les habitants urinent et défèquent aux abords du bidonville, dans les champs avoisinant. Outre le fait que cette pratique dégrade leur environnement, elle est humiliante, en particulier pour les femmes. Elle est également source de pathologies, parfois graves. En effet, la rétention urinaire et la restriction de boisson pour éviter d’avoir des besoins trop fréquents sont souvent cause de diverses pathologies, notamment d’infections urinaires répétées. La construction de sanitaires a donc été identifiée par les habitants et les associations présentes sur le site comme une priorité.
9
WeCo 2015 _ Retour d’expérience
b
#1.
Les partenariats
La Fondation Abbé Pierre a mis
Quatorze et les Compagnons Bâtis-
Quatorze et le PACT 78 en contact, afin de
seurs d’Ile-de-France avaient déjà collaboré
monter le projet. Ces derniers ont introduit
lors d’une précédente édition en 2014 dans
l’équipe WeCo auprès des membres du
le bidonville de la parcelle du 15 bis rue
collectif RomYvelines, notamment auprès
Saint-Antoine à Montreuil. Lors de ce pro-
des bénévoles du Secours Catholique des
jet, les familles bénéficiaires et 30 étudiants
Yvelines, qui ont constitué les interlocu-
en architecture encadrés par 7 architectes
teurs directs tout au long du projet. Très
et spécialistes du bâtiment se sont mobi-
impliqué sur le terrain, Jean-Pierre Bercov-
lisés pendant un semestre sur le thème de
ici est bénévole au Secours Catholique des
la co-conception. Après deux semaines
Yvelines et accompagne les familles depuis
de préfabrication, une journée de mon-
plusieurs années. Ensemble et avec Ion Ior-
tage-évènement a été organisée en avril
daiche, qui a été présenté comme le chef
2014 avec les habitants et 25 bénévoles
du bidonville, ils ont déterminé les besoins
pour assembler deux blocs sanitaires con-
stratégiques que WeCo avait l’ambition de
tenant douches et toilettes. C’est assez na-
satisfaire.
turellement que les deux associations ont
décidé d’unir une nouvelle fois leurs efforts La mission était double : il s’agissait
sur ce projet d’urgence et de solidarité. Ils
d’accompagner les habitants de la plaine de
ont établi une convention définissant les re-
Chanteloup dans la réalisation d’un ensem-
sponsabilités de chacun. Celle-ci prévoyait
ble d’équipements sanitaires préfabriqués
que le pilotage administratif, le pilotage
démontables, fonctionnant sur le principe
financier ainsi que la communication aut-
des toilettes sèches, en nombre et de qual-
our du projet et l’animation du chantier de
ité suffisante pour constituer un progrès
co-construction soient des missions con-
notable en matière de santé et d’éducation
jointes aux deux associations. Le pilotage
à l’hygiène. Le deuxième objectif était de
opérationnel fut quant à lui défini comme
mobiliser sur un week-end une quarantaine
une mission exclusive de Quatorze. L’asso-
de volontaires, issus de milieux différents,
ciation était en charge de la tenue du plan-
pour les sensibiliser à la question du
ning, la conception technique, la médiation
mal-logement et assembler solidairement
avec les habitants, la coordination des ces
et bénévolement avec les habitants du bi-
phases préparatoires, la mobilisation des
donville les structures sanitaires.
partenaires (hors partenaires financeurs), la
préfabrication et la coordination du chantier. 10
PHOTOGRAPHIE : HABITANTE DU BIDONVILLE DE LA PLAINE DU CHANTELOUP
WeCo 2015 _ Retour d’expérience
c
#1.
Le comité de pilotage
Il s’est réuni au rythme d’une fois
Daniel Millor,
toutes les trois semaines à partir de janvier 2015. Les principaux thèmes de discussions
Salarié de Quatorze, responsable
et prises de décisions de leurs réunions ont
de la médiation de l’édition WeCo 2015.
été :
Étudiant en architecture, il s’intéresse aux questions de l’habitat précaire, la médiation
•
Formalisation des objectifs,
et la participation dans la conception et la
•
Définition de la planification du projet,
construction. Il a animé les ateliers de médi-
•
Définition des indicateurs de suivi de
ation liés aux différents aménagements du
l’avancée du projet,
bidonville du 15 bis rue Saint-Antoine au
Arbitrages nécessaires liés au budget et
cours desquels Quatorze a co-conçu et
au calendrier,
co-construit une cuisine commune, un at-
Validation des différentes étapes.
elier mobile pour accueillir les cours du soir
• •
et deux blocs sanitaires. Il était composé de 6 personnes possédant chacune des compétences complémentaires :
Marie-Emmanuelle Ferri,
Membre de Quatorze, responsable
Romain Minod,
de la logistique du week-end-événement WeCo 2015. Diplômée en 2011 de l’École
Coordinateur
12
re-
Supérieures des Sciences Commerciales
sponsable du pilotage exécutif de l’édition
d’Angers (ESSCA), elle a travaillé pendant
WeCo 2015. Architecte-constructeur,
il
trois ans chez ACCOR sur l’optimisation
est co-fondateur de l’association. Depuis
des chiffres d’affaires de trois hôtels paris-
2012, il en assure la coordination d’ensem-
iens. De par cette expérience profession-
ble et la direction stratégique en concer-
nelle, elle a développé des compétences
tation avec les membres du bureau et du
en conduite de projet, communication et
conseil d’administration. Responsable de la
négociation. Soucieuse d’apporter sens et
recherche et du suivi des partenariats, il a
engagement dans sa vie professionnelle
coordonné le pilotage des différents pro-
et en accord avec les valeurs et l’approche
jets WeCo et oeuvre à fédérer les partici-
de Quatorze, elle a rejoint l’équipe en avril
pants dans une perspective de partage des
2015.
savoirs et savoir-faire.
de
Quatorze,
Olivier Horvais,
Marie Baranger,
Directeur des Compagnons Bâtis-
Membre
de
Quatorze,
conseil
seurs IDF, responsable de la gestion ad-
en stratégie pour l’édition WeCo 2015.
ministrative WeCo 2015. Diplomé d’un DUT
Diplômée d’un Master en Management de
en génie civil, Olivier Horvais s’est engagé,
l’ESCP Europe, elle a effectué ses spéciali-
durant deux ans, en tant que volontaire du
sations à HEC au sein de la majeure Alterna-
progrès auprès d’une ONG au Burkina Faso.
tive Management ainsi qu’à AgroParisTech
De retour en France, il a travaillé plusieurs
en gestion de projets environnementaux.
années dans le secteur du BTP et à partir
Après des missions de recherche terrain
des années 90, il s’est investi sur des pro-
en Inde puis au Nicaragua pour le CIRAD,
jets liés à l’insertion. En 2009, il a initié un
Marie rejoint PUR Projet en 2015 avec l’am-
groupe-projet autour de la notion de « Bi-
bition de lutter contre le réchauffement cli-
en-Habiter » à l’adresse des personnes en
matique en impliquant les entreprises dans
difficulté en Seine-Saint-Denis. Ils rejoign-
la réduction de leurs impacts environne-
ent le mouvement Compagnons Bâtisseurs
mentaux et sociaux au sein de leurs chaînes
et constituent l’association « Compagnons
de valeur.
WeCo 2015 _ Retour d’expérience
La complémentarité des profils du comité de pilotage a permis une approche interdisciplinaire de la question sanitaire dans les situations de grande précarité urbaine : solution technique, social et économique
Bâtisseurs Ile-de-France » en 2012.
Joséphine Bouchez,
Membre
Manfred Mack,
de
Quatorze,
conseil
en stratégie pour l’édition WeCo 2015.
Diplômée d’un Master en Management de
Membre du CA des Compagnons
ESCP Europe, avec une spécialisation en
Bâtisseurs, conseil en stratégie pour l’édition WeCo 2015. Diplômé d’un MBA de la Columbia Business School, il a débuté une carrière de consultant puis occupé des fonctions de direction dans un grand groupe industriel européen. A partir des années 1990, il est devenu directeur-associé et consultant au sein de cabinets de con-
Alternative Management à HEC Paris, elle a d’abord travaillé dans le marketing de grandes entreprises de l’agro-alimentaire. Après un voyage de 3 mois à la rencontre d’entrepreneurs sociaux, elle décide de mettre ses compétences au service d’un projet d’innovation sociale. De retour en France, elle co-fonde Ticket For Change, une entreprise sociale qui vise à susciter
seils spécialisés en stratégie et processus
des vocations d’entrepreneurs du change-
du changement.
ment chez des jeunes en quête de sens.
13
WeCo 2015 _ Retour d’expérience
d
#1.
Le comité technique
Il était constitué de quatre personnes : Romain Minod, Daniel Millor, Clarisse Galey et Jul-
iette Lesauvage. Clarisse Galey,
Juliette Lesauvage,
Diplômée d’architecture en février 2014, elle
Diplômée d’un BTS en agencement de l’en-
décide de faire son Service Civique chez
vironnement architectural, Juliette a acquis
les Compagnons Bâtisseurs afin de s’en-
des des compétences terrain au cours de
gager dans le milieu associatif et se sentir
ses alternances dans une entreprise de pein-
utile sur le terrain. Convaincue par cette
ture en bâtiment et dans un cabinet d’archi-
expérience, elle prolonge son engagement
tectes : conception de dessins techniques,
en tant que chargée d’animation technique
organisation et suivi de chantier. Suivant
et territoriale dans cette même association,
les cours de la licence professionnelle en
lui permettant ainsi d’allier ses convictions
éco-construction pour un développement
avec ses connaissances théoriques et ses
durable de l’Université Pierre et Marie Curie
compétences techniques.
en alternance avec les Compagnons Bâtisseurs, elle a mis ses connaissances et savoir-faire au service du projet WeCo.
Ils se sont réunis au rythme d’une fois toutes les deux semaines à partir de mars 2015. Les objets de leurs rencontres étaient les suivants : •
État des lieux de l’avancement du projet,
•
Inventaire des difficultés rencontrées,
•
Recherche de solutions,
•
Planification des prochaines actions.
De manière à s’assurer que le design des toilettes respecte les règles et critères sanitaires, le comité technique s’est appuyé sur les conseils de Nita Chaudhuri. Docteur en éducation à la santé environnementale, elle a mené des actions de facilitations dans de nombreux pays et enseigne actuellement en tant que professeur adjoint à l’American University of Paris. Ses domaines de recherche incluent le genre, la pauvreté, la santé environnementale, la santé infantile, le logement, les eaux usées, la sécurité alimentaire, la biodiversité, la santé reproductive et les changements climatiques. De part son travail de recherche scientifique et les consultations qu’elle a mené auprès de collègues experts sur la question des toilettes sèches, 14
elle a orienté le comité technique dans ses décisions. Elle s’est également engagée à mener une étude de l’impact sanitaire des équipements.
Le budget et les financements
Le budget total de l’édition 2015 s’élevait à 43 000 euros. Le soutien financier de la
Fondation Spie Batignolles (5 000 euros) et de la Fondation Masalina (6 000 euros) sont venus compléter celui de la Fondation Abbé Pierre (17 000 euros). Pour clore la levée de fonds, l’équipe WeCo a lancé une campagne de financement participatif sur la plateforme des Petites Pierres. Ce fond de dotation, spécialisé dans la lutte contre le mal-logement est à l’initiative de la Fondation Somfy. Celle-ci abonde les projets qui atteignent leur objectif en doublant ou triplant les dons. Au total, 120 donateurs ont contribué à la campagne de financement participatif et 15 000 € ont été collectés dont 8 390 donnés par le fond de do-
WeCo 2015 _ Retour d’expérience
e
#1.
tation des Petites Pierres. Les principaux postes de financement ont été les suivants : •
La conception architecturale - 6 000 €;
•
La construction - 18 543 € ;
•
La médiation (rencontre et co-conception avec les bénéficiaires) - 2 000 € ;
•
L’événementiel (communication, repas, transport) - 5 176 € ;
•
La gestion de projet (pilotage exécutif, administratif et financier) ; 9 000 € ;
•
L’évaluation (production d’un rapport et édition d’un vidéo-documentaire) - 2 500 €.
Par ailleurs, via le magasin Point P de Montreuil, l’entreprise Saint Gobain Distribution France a fait don de 60 paires de chaussures de sécurité. Elles ont servi lors de la préfabrication des équipements et du week-end de co-construction avec les habitants du bidonville. Le don en nature est une forme de solidarité, originale et efficace. Il a un double avantage pour les entreprises. Économique car il ouvre droit à un crédit d’impôt et social aussi parce qu’un tel engagement favorise la cohésion en interne, en fédérant des salariés autour d’un projet qui fait sens, et dont ils se réapproprient la fierté.
le Campagne de financements des petites pierres a contribué à la sensibilisation de la société civile à la problèmatique sanitaire dans les situations de grande précarité 15 IMAGE : SUPPORT DE COMMUNICATION POUR LA CAMPAGNE DES PETITES PIERRES
WeCo 2015 _ Retour d’expérience
#2_La mise en œuvre
Pour résumer en chiffres, l’édition WeCo 2015 c’est 1 chantier de co-construction ap-
portant une solution concrète à une situation d’habitat indigne, 3 associations investies sur ce projet de solidarité et d’urgence, 4 fondations soutenant cette initiative, 7 mois de médiation, 30 toilettes construites et assemblées sur site, 35 bénévoles mobilisés et sensibilisés, 50 personnes impliquées dans le processus d’auto-construction et 191 bénéficiaires.
Ce projet s’est décomposé en quatre temps. Le premier fut consacré à la médiation et
la co-conception, vint ensuite la phase de préfabrication des équipements, puis le chantier de co-construction et enfin les aspects relatifs à l’usage et la maintenance des dispositifs sanitaires.
a
#2.
La médiation L’écosystème et ses acteurs
Les relevés topographiques et sociaux
La présence d’interlocuteurs im-
Par la suite, le temps investi sur le
pliqués est un pré-requis à toute action
terrain a été dédié aux relevés. L’équipe
WeCo. En effet, il est nécessaire que ces
projet a réalisé une cartographie du bidon-
projets d’urgence et de solidarité se dérou-
ville répertoriant le relief, les constructions
lent sur un terrain où le suivi social est déjà
existantes, leurs fonctions, les lieux de vie
assuré. Cet accompagnement est essentiel
et les axes de circulation. Ce document a
tant en amont pour la mise en place des
servi de support tout au long du processus
processus de médiation qu’en aval pour le
de médiation ainsi qu’au cours du chantier
suivi de l’usage et de la maintenance des
de co-construction. Les acteurs sociaux ont
nouveaux équipements.
signalé que ce document leur serait égale-
Le collectif RomYvelines accom-
pagne les familles depuis 2008 et le PACT
16
ment très utile dans la réalisation de leur propre mission.
78 assure sa mission de MOUS depuis 2013.
En parallèle, les médiateurs ont ef-
Au fil des années, ces organismes ont récolté
fectué un relevé social permettant de mieux
des informations très précieuses concernant
saisir les règles hiérarchiques qui organis-
les habitants, les liens sociaux qui régissent
ent le bidonville, et identifier les familles im-
le groupe et le fonctionnement du bidon-
pliquées dans la vie du site. Cette démarche
ville. De fait, les premiers temps sur le terrain
d’activation sociale avait pour objectif de
ont été consacrés aux échanges avec ces
sortir les bénéficiaires de l’isolement social
acteurs et à la mutualisation de ces informa-
en leur proposant de participer au projet
tions. Partager avec eux fut très constructif
de co-construction. Créatrice de confiance,
et a facilité la compréhension du bidonville
elle a contribué à définir plus précisément
et des enjeux liés à cet environnement.
les besoins, créer de véritables liens avec
du bidonville qui était mise à la disposition
plus motivés sur lesquels l’équipe WeCo
de WeCo à ces occasions. Étaient présents
pourrait compter lors du chantier ouvert.
: les habitants, Nita Chaudhuri, Jean-Pierre
Les médiateurs se sont appuyés sur la car-
Bercovici, Ion Iordaiche, Dani Millor, Ma-
tographie pour engager le dialogue et ont
rie Emmanuelle Ferri.
discuté avec chacune des familles bénéfici-
l’équipe de médiation a apporté des sup-
aires. L’approche par le dessin a largement
ports - dessins, plans, maquette - qu’ils
facilité les échanges avec les habitants, en
ont laissés sur place pour donner le temps
particulier avec ceux ne maîtrisant peu ou
aux familles de discuter entre elles, pren-
pas la langue française. Ion Iordaiche était
dre du recul, avancer dans la réflexion et
toujours présent pour traduire en cas d’in-
faire émerger les éléments qui ne leur con-
compréhension. Il a assuré ce rôle tout au
venaient pas. L’objectif était de créer une
long du projet, de la médiation à la co-con-
ambiance adéquate aux discussions pour
struction. La présence d’un traducteur est
ensuite parvenir à établir un consensus au
une clé de réussite pour tout projet WeCo.
niveau de éléments suivants :
la participation des bénéficiaires, de la conception des plans à la finalisation du chantier, est un principe de base du projet WeCo. Pour cela, des temps de médiation sont prévus en amont et en aval, à un rythme régulier
A chaque réunion,
•
Le type de toilettes,
•
Le nombre de toilettes,
•
Le regroupement des habitants par toilettes,
•
L’emplacement des toilettes.
WeCo 2015 _ Retour d’expérience
les habitants et identifier les habitants les
L’implication des familles bénéfici-
aires a été progressive. Les habitants n’étaient que très peu habitués à donner leurs opinions, et la thématique des sanitaires, étroitement liée à l’intimité, n’a pas facilité la prise
Les ateliers avec les populations bénéficiaires
de parole. Moins d’une dizaine de personnes
L’équipe projet a réalisé 6 ateliers
à l’intérêt et à la motivation. Au dernier at-
dédiés à la co-conception des équipe-
elier, ils étaient plus d’une trentaine à par-
ments sanitaires avec les habitants. Les
ticiper. Malgré tout, l’avis des femmes resta
médiateurs se sont rendus sur le site de
difficile à obtenir lors de ce type de réunion.
manière régulière : il est apparu essentiel
Pour pallier à ce manque, les médiateurs se
que ces moments d’échange aient lieu
sont appuyés sur Nita Chaudhuri qui animait
chaque semaine à jour et heure fixe. Dans
depuis plusieurs année un groupe de paroles
cette mesure, les ateliers s’inscrivent dans
avec les femmes et les jeunes filles du bidon-
la routine des habitants et les médiateurs
ville. Par ce biais, l’équipe WeCo a pu intégrer
bénéficient d’une plus forte participation.
leurs remarques et prendre connaissance de
Les réunions se sont déroulées dans l’église
leurs inquiétudes et questionnements.
se sont rendues au premier atelier. Au fil des semaines, la gène a graduellement fait place
17
Cartographie du bidonville E. 1 / 500 [Échelle rÊelle 1 / 100]
14/04/15
22/04/15
7 TOILETTES PA R M O D U L E RÉCUPERATION
D’EAU BIDON D’EAU CO M M U N I TA I R E
RÉSERVE
CUVETTE WC
MATIÈRES SÉCHES
PA R FA M I L L E
COMMUNITAIRE
RÉSERVE MATIÈRES SÉCHES
FOSSE
LISIER
05/05/15
E. 1/25
E. 1/25
13/05/15 we-co
E. 1/50
we-co
E. 1/50
IMAGES : ÉVOLUTION DU DESSIN DES SANITAIRES AU FIL DES ATELIERS
b
WeCo 2015 _ Retour d’expérience
#2.
L’innovation technique
En parallèle des ateliers de co-conception, l’équipe d’architectes a travaillé sur le développement technique de la solution constructive. Sans accès à l’eau sur le terrain, le raccordement au système d’évacuation était impossible. Les architectes se sont appuyés sur plusieurs références :
Latrines sèches auto-ventilées - Ce système est une amélioration de la latrine à fosse simple. Il est constituée de quatre éléments : une fosse, une dalle, une superstructure et un conduit de ventilation (cheminée) qui extrait les odeurs et agit comme un piège à insectes
SCHÉMA : LATRINES SÈCHES AUTO-VENTILÉES (Source : UK Uganda Network)
lorsqu’ils s’échappent vers la lumière. Étant donné qu’il nécessite la construction d’une dalle en béton et l’intervention d’un camion pour vider la fosse, seul le principe de cheminée a été retenu.
Toilettes sèches
- Aussi appelées toilettes à com-
post, toilettes à litière sèche ou toilettes à litière biomaîtrisée (TLB), elles n’utilisent pas d’eau et permettent la récupération des excréments pour en faire du compost ou de la biométhanisation. Après concertation auprès des familles, ce concept a également été éliminé. En effet, au cours des ateliers de médiation, la plupart des habitants ont exprimé la volonté de ne pas manipuler les excréments.
Arborloo
SCHÉMA : TOILETTES SÈCHES (Source : GAPS - Toilettes Du Monde)
- Également appelé toilettes à compost à
fosse unique ou latrine mobile à fosse unique, ce modèle de toilettes simple et écologique est constitué d’une petite fosse surmontée d’un plancher et d’une superstructure simple. Après remplissage, les excréments compostés sont exploités directement sur place comme engrais grâce à la plantation d’un arbre sur le site. Les architectes se sont inspirés de ce système pour concevoir la solution technique de latrine WeCo.
SCHÉMA : ARBORLOO (Source : GAPS - Toilettes Du Monde)
21
WeCo 2015 _ Retour d’expérience
we-co
2’70 mètres
E. 1/50 2 mètres 6 mètres
PLAN TECHNIQUE : COUPE DES LATRINES MOBILES MULTI-CABINES AUTO-VENTILÉES
Innovation technique Latrines mobiles multi-cabines auto-ventilées - Pour réduire le coût des matériaux et donc construire le nombre de toilettes souhaité par les habitants avec le budget prévu, l’équipe d’architectes a considéré astucieux de regrouper plusieurs cabines au dessus d’une fosse commune et sous une même structure. En s’appuyant sur des systèmes existants tout en les adaptant aux contraintes spécifiques de la situation, les architectes ont développé un concept innovant, expérimenté dans aucun autre lieux. En effet, au terme de cinq mois de médiation et de recherche, les dessins élaborés par l’équipe d’architectes répondaient aux besoins exprimés et aux suggestions proposées par les différentes familles. Il a été décidé de construire 5 structures en bois ventilées par une cheminée centrale, protégées des vermines par un système étanche et composées chacune de 6 cabines et d’un local technique pour 22
stocker la sciure. La disposition de ces dipositifs a été élaborée avec les familles selon un plan d’ensemble.
c
WeCo 2015 _ Retour d’expérience
#2.
La préfabrication
La complexité de cette phase résidait
principalement dans le besoin de concevoir des pièces qui soient, par la suite, faciles à assembler. Lors d’un prochain projet WeCo, il sera judicieux de renforcer l’équipe de concepteurs par des constructeurs ayant l’expérience de ce type de construction. Ceci permettra de mener une étude technique de faisabilité plus approfondie en allant davantage dans le détail et en testant plusieurs solutions technologiques. Dans le cas présent, il aurait été intéressant d’avoir plus de compétences en ingénierie sanitaire. Malgré ces contraintes, les architectes ont su relever le défi et proposer des plans techniques innovants.
La préfabrication des équipements
sanitaires s’est déroulée dans l’atelier de Quatorze à Montreuil. 4 constructeurs ont été mobilisés à cette occasion. Ils ont d’abord réalisé un prototype auquel ils ont apporté plusieurs améliorations structurelles puis ils ont lancé la phase de production. Au global, le prototypage et la préfabrication se sont étalés sur deux semaines.
L’équipe WeCo avait pour ambition
de mobiliser certains habitants du bidonville pendant cette phase de prototype et préfabrication, mais l’éloignement du site et de l’atelier a compliqué leurs venues. Toujours dans ce souci d’appropriation et d’implication, les médiateurs ont documenté l’avancement des travaux à travers des photos transmises aux familles bénéficiaires.
SCHÉMA : AXONOMÉTRIE DU MONTAGE
23
WeCo 2015 _ Retour d’expérience
d
#2.
Le chantier de co-constrution Évènement Le chantier s’est déroulé le week-
familles bénéficiaires et a découvert les fos-
end du 4 et 5 juillet. Toutes les missions
ses que les habitants avaient préalablement
durant ces deux jours ont été effectuées
creusées. Après ce tour du site, Daniel Mil-
à titre gratuit. Les 7 constructeurs-en-
lor, le coordinateur du chantier a annoncé le
cadrants et le coordinateur du chantier,
planning du week-end, la liste des équipes
habituellement salariés ou prestataires de
et donné les consignes de sécurité. Il y avait
Quatorze et Compagnons Bâtisseurs ont
5 équipes dédiées à l’assemblage des struc-
accepté d’intervenir bénévolement à cette
tures en bois préfabriquées constituant les
occasion. Par ailleurs, pour venir en aide
toilettes, 1 en charge de la préparation des
aux familles, l’équipe WeCo a mobilisé 35
repas, 1 autre consacrée à la fabrication de
bénévoles. Pour cela, ils ont communiqué
mobilier en bois et 1 dernière responsable de
sur l’événement dans les réseaux des deux
l’organisation du chantier et la gestion des
associations, et ont élargi le cercle de sen-
aléas. Chacune d’entre elles était composée
sibilisation en faisant appel à Fullmobs, une
de 4 à 6 membres des familles bénéficiaires
plateforme collaborative de mobilisation ci-
et 5 bénévoles, tous encadrés par un con-
toyenne en ligne. Cette dernière facilite la
structeur compétent. Ce dernier était re-
rencontre entre les initiatives solidaires et
sponsable de la bonne réalisation de la con-
le grand public. La campagne de mobilisa-
struction conformément aux documents
tion a rencontré un franc succès et l’équipe
techniques et aux directives du coordina-
WeCo a même dû refuser certains volon-
teur. Il était également en charge de la péda-
taires.
gogie relative aux savoir-faire et de la sécu-
Le samedi 4 juillet, les bénévoles
sont arrivés en co-voiturage à la gare de
Chanteloup-Les-Vignes où ils ont laissé
à chaque équipe ont permis à chacun de
leurs voitures. Un membre de l’équipe
prendre connaissance des tâches qui lui
WeCo les attendait sur place puis les a con-
incombaient et se mettre rapidement en
duit jusqu’au bidonville pendant que le reste
action. Le premier jour, le montage s’est
de l’équipe aménageait le terrain. Après
déroulé sans embûche et la plupart des
un petit mot de bienvenue, une présenta-
équipes ont pris de l’avance sur le planning.
tion rapide des associations Quatorze et Compagnons Bâtisseurs, l’équipe WeCo a présenté les acteurs locaux : Ion Iordaiche, 24
rité des personnes engagées sur le chantier.
Jean-Pierre Bercovici et Nita Chaudhuri. Ensuite, le groupe est parti à la rencontre des
Les notices de montage distribuées
Le deuxième jour, les équipes ont
été ralenties par un problème technique. La fixation de la toiture ne s’est pas révélée être assez solide et certains toits se sont
PHOTOGRAPHIES : WEEK-END DE CO-CONSTRUCTION, 4 ET 5 JUILLET 2015
PHOTOGRAPHIES : WEEK-END DE CO-CONSTRUCTION, 4 ET 5 JUILLET 2015
PHOTOGRAPHIES : WEEK-END DE CO-CONSTRUCTION, 4 ET 5 JUILLET 2015
WeCo 2015 _ Retour d’expérience
envolés après avoir été montés. Les con-
leur pays d’origine. Le dîner s’est poursuivi
structeurs-encadrants et le coordinateur
sur une soirée dansante dans une ambiance
ont rapidement réagi. Ils ont rassuré les
festive et interculturelle. Tout en levant le
familles et les bénévoles puis se sont con-
voile sur une situation d’urgence sociale,
certés pour trouver une solution technique.
cette expérience humaine et constructive a
En moins d’une heure, ils ont défini une
contribué à sortir des individus de leur quo-
nouvelle procédure et le chantier a repris.
tidien et a génèré des liens entre des pub-
Ainsi après plus de 15 heures de travail col-
lics souvent distants.
lectif, les 30 toilettes étaient montées sur site et chacune était équipée d’une petite table et d’un bac pour contenir la sciure.
“ Cela apporte un autre regard sur ce que l’on nomme la misère
Le chantier a été ponctué de mo-
: effectivement les conditions de
ments de convivialité et de rencontre. Les
vie sont dures, voire terribles
habitants participant à la co-construction
d’un point de vue sanitaire, mais
et les bénévoles ont partagé tous les repas. L’équipe WeCo a assuré la préparation des déjeuners et en-cas et, le samedi soir, les familles bénéficiaires ont cuisiné et fait
ça n’en reste pas moins un lieu de vie avec des femmes et des hommes pris entre différentes cultures. ” TÉMOIGNAGE D’Un bénévole
découvrir aux bénévoles les spécialités de
Finitions Suite à l’événement, l’équipe projet
Par ailleurs, du fait des inégalités
est revenue plusieurs fois sur site pour ac-
économiques et sociales entre les habitants,
compagner les habitants dans les finitions
les dispositifs sanitaires n’ont pas évolué au
du chantier. Elle s’était engagée à équiper
même rythme. Certaines familles sont allées
les dispositifs d’un système d’étanchéité et
très loin dans la finition et ont apporté une
les habitants devaient, quant à eux, poursuivre l’aménagement intérieur des toilettes et recouvrir les façades extérieures avec des matériaux de récupération. 3 visites et 2 personnes étaient prévues à cet effet. En réalité, elles sont retournées une dizaine de fois sur le terrain. Pendant cette période, Ion Iordaiche, Jean-Pierre Bercovici et Nita
28
véritable valeur ajoutée : le sol a été recouvert de lino ou de carrelage, un miroir a été accroché, des placards ont été aménagés et un lavabo a été installé pour le nettoyage des mains. D’autres familles n’ont, pour leurs parts, pratiquement pas amélioré le produit. Afin d’éviter ce phénomène lors d’un prochain projet WeCo, il serait pertinent de prévoir des ressources humaines
Chaudhur ne pouvaient pas être présents
plus conséquentes et d’allouer un budget
sur le terrain. Les acteurs locaux étant tous
plus important à cette phase. Ceci permet-
absents, le chantier de finitions a été ralenti
trait de fournir les matériaux aux habitants
et l’énergie créée lors de l’événement n’a
et d’avoir une équipe renforcée pour les ac-
pas été exploitée au maximum.
compagner dans l’auto-construction.
PHOTOGRAPHIES : (SOURCE) Sharada Prasad
PHOTOGRAPHIES : APPROPRIATION DES STRUCTURES PAR LES HABITANTS
WeCo 2015 _ Retour d’expérience
e
#2.
Les usages, la maintenance et la gestion des équipements
Les usages
La gestion des équipements
Avant de mettre en service les équi-
Grâce au Secours Catholique, un par-
pements, il a été demandé aux habitants
tenariat avec une scierie à Mantes-La-Jolie
d’attendre qu’une solution soient identi-
a été établi et les familles peuvent gratu-
fiée pour l’approvisionnement de la sciure. Inévitablement, certaines personnes ont utilisé les sanitaires pendant cette période d’attente mais ces usages n’ont pas dégradé les équipements.
itement récupérer des sacs de sciure à l’adresse de l’entreprise. Pour assurer cet approvisionnement, il a été décidé, avec les associations locales et le chef du bidonville, de nommer 5 responsables de la gestion des équipements. Ils ont été désigné par
Pour garantir un bon usage des toilettes, un mode d’emploi imagé a été présenté aux habitants puis accroché dans chaque cabine. Les familles sont satisfaites des équipements, en particulier les femmes qui bénéficient maintenant d’un espace de confort et d’intimité. Si la médiation et l’auto-construction ont renforcé la dynamique d’appropriation, il est important de noter
Ion Iordaiche et sont également en charge de la supervision du nettoyage. Cette organisation soulève des questions. A titre d’exemple, un des responsables ne s’est pas impliqué dans sa mission, et de ce fait des problèmes sont survenus dans la structure dont il était en charge. Sa nomination a été remise en cause et un nouveau responsable a été mobilisé. Pour les autres dispositifs, cette organisation s’est révélée productive
que ce processus se poursuivra avec les
et sert aujourd’hui de base à une réflexion
ateliers de sensibilisation à l’usage des toi-
autour de la gestion des déchets, prochain
lettes menés par Nita Chaudhuri. Indispen-
chantier que les habitants du bidonville ont
sables au bon fonctionnement des équi-
à cœur de mener.
pements, ils ont commencé en amont du chantier et s’échelonneront sur les six mois suivants. Ils seront le support d’une étude
Maintenance
sanitaire avant/après des installations (Cf.
Au cours du processus participatif,
4.A Impact sanitaire).
les habitants ont décidé que chaque groupe de familles serait responsable de l’entretien de son dispositif de 6 cabines. Ainsi, des familles autonomes et débrouillardes sont
Les familles sont satisfaites des équipements,
30
en
particulier
les
amenées à co-gérer la maintenance de leur structure avec d’autres familles parfois plus assistées et moins dégourdies. L’équipe
femmes qui bénéficient maintenant
WeCo souhaite que ce regroupement et ce-
d’un espace de confort et d’intimité
tte co-gestion de l’équipement encouragent les familles plus vulnérables à s’impliquer.
#3_Les enseignements de la co-construction, les temps dédiés à la recherche ont permis de développer des principes réutilisables et facilement réplicables. A travers ce rapport, l’équipe projet souhaite transmettre ces savoirs et savoir-faire afin qu’ils puissent profiter à d’autres acteurs œuvrant avec des populations défavorisées. Après avoir porté un regard sur l’implication des acteurs, la méthodologie employée, les moyens et les outils utilisés, l’équipe projet veut mettre à disposition les enseignements qu’elle a tirés de la démarche dans sa globalité.
a
#3.
L’impact sanitaire
WeCo 2015 _ Retour d’expérience
Que ce soit au niveau de la démarche de médiation, du processus d’appropriation ou
Le rapport d’impact sanitaire est un élément clé de la démarche mise en place. Il
permet de rendre compte de l’importance de ce type d’équipement dans cette situation de bidonville, et par extension dans des situations similaires. Piloté par le Docteur Nita Chauduri, il est structuré sur une trame d’interviews menés en amont en en aval du projet, mesurant les questions épidémiologiques, selon une méthode scientifique développée par le Docteur Nita Chauduri.
DESSIN : SENSIBILISATION À LA TRANSMISSION DES BACTÉRIES
Sa va face( treaba ca de obicei Faire comme d’habitude
Sa adauga( rumegus Ajouter de ma2ère seche
Sa inchide( capacul la toaleta Fermer l’aba6ant
Sa va spala( pe maini cu sapun Lave les mains avec savon
DESSIN : SENSIBILISATION À L’ENTRETIEN DE LA FOSSE
Les premiers éléments de ce rapport, en cours d’écriture, permettent de révéler l’ef-
ficacité du dispositif sur le public féminin du bidonville. Le confort d’usage qu’apportent les blocs sanitaires, notamment du point de vue de l’intimité, ont permis de faire baisser significativement les cas d’infections urinaires (cystites). Les femmes, qui jusque là limitaient leurs besoins (ce qui est un facteur d’apparition des infections urinaires), sont aujourd’hui sécurisées dans leur intimité, et prennent le temps de se laver après avoir uriné (l’hygiène étant un second facteur facteur l’apparition de cystites). Le rapport sera disponible en janvier 2016 mais dès à présent l’équipe WeCo peut affirmer avoir développé une solution répondant à un réel besoin social et ayant des impacts sur l’hygiène et la santé des habitants victimes de la précarité urbaine.
31
WeCo 2015 _ Retour d’expérience
b
#3.
L’organigramme
Cette représentation schématique des liens fonctionnels et des interactions entre les acteurs donne une vue d’ensemble de la répartition des rôles et de responsabilités de chacun dans ce projet créateur de valeur et de lien social.
expert en santé
financeurs
pouvoirs publics
relevé
WeCo
ateliers
acteurs locaux
co-construction
bénévoles
32
HABITANTS
L’analyse financière
Les tableaux suivants mettent en évidence les étapes d’un tel projet, le planning, les
ressources humaines nécessaires, les coûts réels après élimination des temps de recherche et de prototype, et les différentes opportunités d’économies d’échelle.
12 250 € soit 2 040 €/toilette
1 STRUCTURE - 50 bénéficiaires
Relevés physiques et sociaux
J-30 à J-21
1 personne à mi-temps
750 €
Ateliers
J-21 à J-15
1 personne à mi-temps
750 €
Achat de matériaux
J-14
-
2 500 €
Préfabrication
J-4
4 personnes à temps plein
1 400 €
Transport
J-2
2 personnes mi-temps
1 000 €
Coordination du chantier
J0
2 personnes à temps plein
600 €
J+1 à J+7
1 personne à mi-temps
750 €
J+90 à J+100
1 personne à temps plein
1 500 €
Administratif
J-30 à J+7 (1 jour/sem)
1 personne à mi-temps
1 000 €
Exécutif
J-30 à J+7 (1 jour/sem)
1 personne à temps plein
2 000 €
Finitions Écriture d’un rapport
J-30
J-20
J-10
J.0
J+7
WeCo 2015 _ Retour d’expérience
c
#3.
J+100
Pilotage Médiation Préfabrication Chantier Évaluation
33
WeCo 2015 _ Retour d’expérience
Relevés physiques et sociaux
J-30 à J-21
1 personne à mi-temps
750 €
Ateliers
J-21 à J-15
1 personne à mi-temps
750 €
J-14
-
4 500 €
J-6 à J-4
4 personnes à temps plein
2 800 €
Transport
J-2
2 personnes mi-temps
1 000 €
Coordination du chantier
J0
3 personnes à temps plein
900 €
J+1 à J+7
1 personne à mi-temps
750 €
J+90 à J+100
1 personne à temps plein
1 500 €
Administratif
J-30 à J+7 (1 jour/sem)
1 personne à mi-temps
1 000 €
Exécutif
J-30 à J+7 (1 jour/sem)
1 personne à temps plein
2 000 €
Achat de matériaux Préfabrication
Finitions Écriture d’un rapport
J-30 Pilotage Médiation Préfabrication Chantier Évaluation
34
15 950 € soit 1 329 €/toilette
2 STRUCTURES - 100 bénéficiaires
J-20
J-10
J.0
J+7
J+100
Relevés physiques et sociaux
J-30 à J-21
1 personne au 4/5
1 200 €
Ateliers
J-21 à J-15
1 personne au 4/5
1 200 €
J-14
-
11 500 €
J-6 à J-3,5
4 personnes à temps plein
3 500 €
Transport
J-2
2 personnes mi-temps
1 300 €
Coordination du chantier
J0
5 personnes à temps plein
1 200 €
J+1 à J+7
1 personne au 4/5
1 200 €
J+90 à J+100
1 personne à temps plein
1 500 €
Administratif
J-30 à J+7 (1 jour/sem)
1 personne à mi-temps
1 000 €
Exécutif
J-30 à J+7 (1 jour/sem)
1 personne à temps plein
2 000 €
Achat de matériaux Préfabrication
Finitions Écriture d’un rapport
J-30
J-20
J-10
J.0
J+7
WeCo 2015 _ Retour d’expérience
25 900 € soit 863 €/toilette
5 STRUCTURES - 250 bénéficiaires
J+100
Pilotage Médiation Préfabrication Chantier Évaluation
35
WeCo 2015 _ Retour d’expérience
#4_Conclusion Après deux ans de travail avec des familles vivant dans des bidonvilles, Quatorze a développé une réponse - équipements et méthodologie - contribuant à l’amélioration de leurs conditions de vie. Aujourd’hui, l’association souhaite démultiplier son impact et changer d’échelle en apportant cette réponse à d’autres groupes d’individus victimes de situations d’urgence similaires. Pour ces nouveaux projets, il s’agit de développer un modèle économique hybride basé d’une part sur la philanthropie, et d’autre part sur la monétisation du chantier de co-construction. Il s’agirait d’élargir le cercle de sensibilisation et proposer ces actions concrètes de lutte contre le mal-logement à des salariés d’entreprises privées et publiques. Ces chantiers s’inscriraient alors dans le cadre des journées de team-building solidaire. Dans ce contexte, se pose alors la question de l’effet de zoo : différents groupes d’individus seront amenés à travailler sur sites avec des populations défavorisées. Il est certain que les temps de médiation diminueront cet effet mais l’équipe projet doit également développer la conception de ces journées de team-buildings et prévoir des temps de rencontre-échange entre les habitants et les salariés. Dans le cadre de projets WeCo, l’association souhaite également expérimenter deux autres aspects de la résorption des bidonvilles que sont le relogement transitoire et la gestion des déchets. Pour cela, l’équipe envisage de poursuivre son action avec les habitants du bidonville de la parcelle du 15 bis rue Saint Antoine à Montreuil et de la plaine du Chanteloup à Trielsur-Seine. À Montreuil, elle aimerait développer des principes d’aménagement économiques et écologiques pour remettre aux normes des pavillons vacants avec les habitants et proposer un relogement transitoire à plusieurs familles. À Triel-sur-Seine, Quatorze souhaite accompagner les habitants dans leur projet de gestion des déchets et développer une solution architecturale répondant à leurs besoins. La réussite de ces deux projets serait un pas vers l’autonomie pour les familles et ces temps de recherche-action permettraient à Quatorze de proposer, par la suite, plusieurs réponses - infrastructures et méthodologie - contribuant à la 36
résorption des bidonvilles.
PHOTOGRAPHIES : (SOURCE) Sharada Prasad
PHOTOGRAPHIES : (SOURCE) Sharada Prasad
Q U A T O R Z E . C 1 9 R U E S A I N T - J U S 9 3 1 0 0 M O N T R E U I W ECO @ Q UATO R Z E .C
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