Touchée par les fées Ariane Ascaride Marie Desplechin Thierry Thieû Niang
Jean-‐Louis fernandez
TOUCHÉE PAR LES FÉES pour et par Ariane Ascaride! texte Marie Desplechin! mise en scène Thierry Thieû Niang !costume Merima Trailovic! musique Purcell, The Fairy Queen, direction John Eliot Gardiner ; Chants des Chœurs de l’Armée rouge !production Augurart! Coproduction la Maison des métallos! Pour la version présentée dans le cadre des Sujets à vif au Festival d’Avignon 2010 : coproduction Sacd et Festival d’Avignon, production déléguée La Comédie de Valence
Jean-‐Louis fernandez
La Genèse du spectacle
Cette pièce est née en 2010 d’une commande de la Sacd à Ariane Ascaride pour les « Sujets à vif », pièces brèves présentées au Festival d’Avignon dans la petite cour du lycée Saint-Joseph. Ariane, qui a l’habitude de travailler en bande, m’avait demandé d’écrire un texte avec elle. Et comme l’amorce en était son désir de voler (eh oui), elle avait demandé à Thierry Thieû Niang de travailler à la mise en espace et même à une chorégraphie.!Pour chacun de nous, ce travail s’est révélé une expérience particulière. Très heureuse aussi. Nous avions le sentiment d’avoir créé un objet singulier, une petite ode au théâtre et à la vie, résistante, enthousiaste et naïve. Nous avons gardé l’idée de la reprendre dès que l’occasion s’en présenterait. Quand Philippe Mourrat et Christine Chalas, qui avait assisté à l’une des cinq représentations d’Avignon, nous ont invités à la donner aux Métallos, nous n’avons pas hésité une seconde.!Mais deux ans avaient passé... Nous nous sommes remis au travail. Sur la même trame (Ariane raconte dans un long monologue en quoi et à quel point elle appartient au théâtre), nous avons repris texte, danse et jeu. Et voilà, comment sont les choses, en ce mois de février 2013, pour ce spectacle aussi vivant que nous. Marie Desplechin
La Pièce
Dans ce monologue, Ariane Ascaride nous raconte sa propre histoire, inextricablement liée au théâtre : son père, coiffeur d’origine napolitaine, mettait en scène et jouait des pièces du répertoire, tous les dimanches, avec une troupe de théâtre d’amateurs marseillais issus de la Résistance. C’est là qu’Ariane, futur César de la meilleure actrice 1998, fait ses premières armes. Cette idée d’un art à la fois populaire et exigeant l’habite depuis toujours. Ses souvenirs familiaux sont des souvenirs d’images théâtrales : l’enfance vécue sur les planches façonne l’actrice qui débute dans des pièces dirigées par son frère Pierre, metteur en scène et directeur de théâtre. Ce rapport intime, quasi fantasmagorique, entre l’actrice et son art, une sorte de «théâtralité infuse» (comme on peut parler de « science infuse ») rend Ariane Ascaride à la fois unique et universelle. Elle n’a d’ailleurs jamais quitté la scène, tout en jouant dans tous les films de Robert Guédiguian (Marius et Jeannette, Marie-Jo et ses deux amours, Brodeuses, Les Neiges du Kilimandjaro...) et d’autres réalisateurs comme Emmanuel Mouret, Daniel Auteuil, Pascale Bailly, Jean-Daniel Verhaeghe... Touchée par les fées est la version longue, recréée pour la Maison des métallos, d’Une proposition pour un jour d’été, une commande faite à Ariane Ascaride en 2010 par le Festival d’Avignon et la Sacd dans le cadre des « Sujets à vif ». Partant d’un désir précis – parler du rôle qu’elle a toujours rêver jouer –, l’actrice fait alors appel à la romancière Marie Desplechin, qui lui écrit un texte sur mesure, et au chorégraphe Thierry Thieû Niang, qui la « met en corps », et qui sont à nouveau de l’aventure : une histoire d’amitié à trois.
Un entretien avec Ariane Ascaride (déc. 2012)
Mon lien avec le théâtre est un lien familial. Mon père, né à Marseille, est issu de l’immigration italienne. À l’âge de vingt ans, il entre dans la Résistance où il rencontre un ami de Marcel Pagnol qui animait le Théâtre des quatre vents, une troupe de théâtre d’amateurs, héritière des valeurs de la résistance. C’est dans cette troupe que mon père écrivait des pièces, jouait et mettait en scène. Avec mes frères, Pierre et Gilles, devenus respectivement metteur en scène et écrivain, nous allions le dimanche le voir jouer par exemple du Brecht qu’ils étaient les premiers à monter à Marseille ! Ce théâtre voulait faire découvrir d’autres textes que ceux du théâtre bourgeois. Je me suis trouvée là, enfant, à jouer avec mon père et mes frères. Quand j’ai eu dix ans, nous avons joué une pièce qui raconte l’histoire d’Abraham et Isaac au Concours national de théâtre amateur à Vichy et j’ai reçu le premier prix d’interprétation ! Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait… Vous savez, je n’ai jamais choisi consciemment de devenir actrice professionnelle, c’est venu tout seul, doucement... J’ai fait le Conservatoire à Marseille, puis, tout en faisant des études de sociologie, le Conservatoire national à Paris, dans les classes de Marcel Bluwal et Antoine Vitez… Plus tard, on a inventé avec mon frère Pierre le théâtre en appartement en 1978, dans les tours de Bobigny, une aventure incroyable. J’aime créer des liens forts avec les personnes avec lesquelles je travaille, en bande, comme sur ce spectacle : l’alchimie avec Marie Desplechin, que je connaissais déjà, et Thierry Thieû Niang a été immédiate et très forte ! Recréer de la complicité, de la connivence, chercher les personnes avec lesquelles je peux avoir un langage commun est très important pour moi. Si je suis surtout connue par mes films, je n’ai jamais quitté le théâtre qui reste vital. C’est une excellente école : sur un plateau de cinéma, il y a un capitaine, le réalisateur ; sur un plateau de théâtre, on est son propre capitaine… il faut aller au combat. Et puis, il y a cette émotion première quand vous terminez un spectacle, quand la lumière s’éteint… Il n’y a qu’au théâtre qu’on vit ces moments de partage, forts, irremplaçables. Et j’ai de plus en plus envie de partager ! C’est ce que je fais avec Touchée par les fées : passer un moment avec des gens, leur raconter comment ça s’est passé et pourquoi on ne m’a jamais fait jouer Puck dans Le Songe d’une nuit d’été, un rôle dont je rêve depuis toujours…
ARIANE ASCARIDE !Après avoir suivi les cours d’Antoine Vitez et de Marcel Bluwal au Conservatoire national supérieur d’Art dramatique de Paris, Ariane Ascaride débute dans les pièces de son frère Pierre Ascaride et joue dans des petits rôles au cinéma. Son époux Robert Guédiguian fait appel à elle dans tous ses films, et la consécration arrive avec son interprétation dans Marius et Jeannette pour lequel elle obtient!un César de la Meilleure actrice en 1998 ainsi que le San Jordi!à Barcelone.!Elle a également tourné avec Dominique Cabrera, Olivier Ducastel!et Jacques Martineau, Éléonore Faucher, Emmanuel Mouret et Mona Achache.!Elle a été nominée trois fois aux Césars pour son interprétation!dans Marie Jo et ses deux amours, Brodeuses et Les Neiges du Kilimandjaro.!À la télévision, elle a tourné avec notamment Caroline Huppert, Jean-Daniel Verhaege, Pascale Bailly, Amos Gitaï et Olivier Peray. En 2006, elle a co-écrit avec Marie Desplechin le scénario de!Le Voyage en Arménie réalisé par Robert Guédiguian pour lequel elle a obtenu le Prix d’interprétation au Festival de Rome en 2007. Au théâtre, elle a travaillé, entre autres, avec les metteurs en scène Véronique Olmi, Serge Valletti, Didier Long, Michel Cerda et Danièle Thompson. Elle a triomphé dans La Maman bohême et Médée de Dario Fo mis en scène par Didier Bezace. En 2005, elle a mis en scène Inutile de tuer son père, le monde s’en charge de et avec Pierre Ascaride.!En juillet 2010, au Festival d’Avignon dans le cadre des commandes de la Sacd et du Festival d’Avignon pour les «Sujets à vif»,!elle a fait appel à Marie Desplechin et Thierry Thieû Niang pour créer Proposition d’un jour d’été.
THIERRY THIEU NIANG Le travail de Thierry Thieû Niang, danseur et chorégraphe se développe à partir d’une recherche sur le mouvement dansé autour d’une écriture instantanée, explorant les rapports entre individu et groupe, amateur et professionnel, récit et abstraction ou encore processus et création. Pour lui, créer c’est d’abord transmettre, mettre en rapport aussi bien dans la forme que dans le sens, que dans l’expérimentation ou la pensée à venir et le corps au présent :!des traversées multiples entre le singulier et le collectif, le réel et l’imaginaire.!Il aborde les arts de la scène comme lieu d’exploration des formes du vivre ensemble ; des lieux de l’en commun, des apprentissages et des transmissions, des rencontres inédites, renouvelées et constituantes. C’est mettre en œuvre le corps et le mouvement comme l’émergence de nouvelles constructions solidaires et politiques ; multiples et décloisonnées : un mouvement dansé
des présences au présent,!à l’espace et à ce qui se joue de la différence ; de ce qui nous relie!et nous sépare, d’un corps à l’autre, d’une génération à l’autre ou encore d’une pensée à un mouvement sensible et partagé.!Thierry Thieû Niang dessine et prolonge une poétique de l’en commun auprès d’artistes invités – Marie Desplechin, Maylis de Kerangal, Pierre Guyotat, Alberto Manguel, Ariane Ascaride, Marie Bunel, Patrice Chéreau, Richard Brunel, Moïse Touré, Julien Fiséra,!Karelle Ménine, Mireille Delunsch, Mathias Champon, Héla Fattoumi, Éric Lamoureux et Bastien Lefèvre – mais aussi auprès de chanteurs lyriques ou de comédiens, d’enfants et de seniors, de personnes autistes ou détenues.
MARIE DESPLECHIN Marie Desplechin, née à Roubaix en 1959, a fait des études!de Lettres et de journalisme. Elle a écrit une trentaine de livres pour la jeunesse, principalement édités à l’École des Loisirs et une dizaine d’ouvrages pour adultes dont un recueil de nouvelles,Trop sensibles et deux romans, Sans moi et Dragons, publiés aux éditions de l’Olivier, chez Actes Sud, au Seuil...!Il lui arrive de participer à l’écriture de scénarios, par exemple avec Ariane Ascaride et Robert Guédiguian pour Le Voyage en Arménie. Elle a écrit quelques pièces courtes, essentiellement des fictions pour France Culture. La Comédie de Valence lui a commandé une pièce courte pour Une chambre en ville, opus 1, créé en 2011 (ce spectacle a fait l’objet d’une commande d’écriture à six auteurs).!Journaliste à l’occasion pour des magazines, elle travaille également auprès d’enfants, d’adolescents et d’adultes amateurs. Elle a eu l’occasion de travailler avec Thierry Thieû Niang et un groupe d’adolescents autistes pour le spectacle Au Bois dormant.
CONTACT PRODUCTION : AugurArt Vanessa Ceroni TĂŠl. 00 33 6.16.77.75.47 vanessa.ceroni@augurart.com www.augurart.com