Etude exploratoire : L’attitude face à l’homosexualité dans ses liens avec l'empathie

L’attitude face à l’homosexualité dans ses liens avec l’empathie : Etude exploratoire Dr. Soumaya Belhadj Enseignante-chercheuse Département de psychologie, Institut Supérieur des Sciences Humaines de Tunis Université Tunis El Manar Présidente de l’ADLI

Etude élaborée dans le cadre du Projet « TwensaKifkom ! »

Tunis 2020

Présentation du projet « Twensa Kifkom » « Twensa kifkom » (Tunisien.ne.s comme vous) est un projet en partenariat entre l’organisation Avocats Sans Frontières (ASF), l’Association Tunisienne de Défense des libertés individuelles (ADLI) et l’Association DAMJ pour la Justice et l’Egalité (DAMJ).

Ce projet a pour objectif global de contribuer à la lutte contre toutes les formes de violence et de discrimination subies par la communauté LGBTQI+ en Tunisie.

C’est un projet d’une durée de deux ans (2018-2020) et se focalise sur trois objectifs spécifiques interdépendants : 1. Faciliter l’accès aux services d’aide légale adaptés aux besoins des personnes LGBTQI+ ; 2. Renforcer les capacités des organisations de la société civile pour plaider conjointement en faveur des libertés individuelles ; 3. influencer les politiques publiques par le biais d’une campagne grand public et par des actions de plaidoyer.»

Fiche technique Format : 210 x 230 mm Papier : Couché 115 gr / 350 gr couché mat Volume : 56 pages Edition : 1ère Edition Mai 2020 / Impression Offset - Heidelberg Conception graphique : ALPHAWIN STUDIO - 2020 Illustration couverture : Anis Menzli / ALPHAWIN STUDIO - 2020 Nombre de tirage : 200 exemplaires ISBN : 978-9973-0976-7-5 © ADLI. Tous les droits d’auteurs sont réservés à l’Association Tunisienne de défense des libertés individuelles.

Dans la mythologie grecque, Echo est une nymphe dont la présence est imperceptible plongeant ainsi celui qui parle dans son propre univers acoustique. Elle est un miroir sonore, invisible. En adoration face à Narcisse qui ne s’est jamais intéressé à elle.

L’attitude face à l’homosexualité dans ses liens avec l’empathie l Etude exploratoire

Synthèse de l’étude

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L’attitude face à l’homosexualité en tant qu’orientation sexuelle a fait l’objet de recherche d’un certain nombre de domaines allant de la biologie à la politique. Les sciences psychologiques et sociales, quant à elles, ont essayé d’identifier les facteurs permettant d’expliquer une attitude hostile ou bien positive envers cette orientation sexuelle. Parmi les facteurs identifiés, il y a l’âge, le niveau socio-économique, le niveau d’éducation, le religieux, le genre / sexe. Très peu d’étude se sont penchés sur les mécanismes psychologiques inhérents à l’individu qui jouent un rôle dans l’interactivité interpersonnelle. Ainsi, l’étude de McCrae & John en 1992 est considéré comme une recherche pionnière dans cette lignée de travaux. Ces chercheurs ont examiné dans quelle mesure les traits de personnalité permettent de prédire l’attitude face à l’homosexualité. Les résultats obtenus montrent qu’une facette de la personnalité à savoir l’« Ouverture aux expériences » est fortement liée à une attitude positive envers l’homosexualité.

Par ailleurs les travaux de recherche montrent que l’attitude face à l’homosexualité est un concept composite et multidimensionnel d’où l’intérêt de spécifier de manière précise les dimensions sur lesquelles un chercher souhaite travailler. En outre, les données de la littérature à ce sujet sont très peu consensuelles puisqu’ils concluent à des dimensions différentes les unes des autres (Kite & Whitley ; 1996 Killian et al.2016).

Dans ce contexte, l’objectif de cette étude se décline en une exploration de ce concept et de ses composantes dans le contexte tunisien en se basant sur les données issues de la littérature, notamment, le travail de Killian et al. (2016). En effet, ces chercheurs proposent d’opérationnaliser le concept d’attitude face à l’homosexualité à travers un outil qui présente des caractéristiques psychométriques valides et un fondement théorique. Ainsi, nous proposons dans le cadre de cette étude d’adapter cet outil à la population tunisienne et y avoir recours pour identifier les composants du concept « attitudes face à l’homosexualité ».

L’objectif de cette étude se décline aussi en une recherche des liens entre l’empathie et l’attitude face à l’homosexualité. En effet, nous nous appuyons sur les travaux précédents ayant montré que les situations d’interaction sociale avec autrui mobilise un certain nombre de mécanismes et fonctions psychologiques qui nous permettent de répondre de manière adaptée à la situation en cours. Parmi ces mécanismes et fonctions nous trouvons le concept d’empathie avec ses deux composantes cognitive et émotionnelle.

Ce travail de recherche a été effectué auprès d’un échantillontout venant (n=203). Les outils utilisés sont l’échelle de l’attitude face à l’homosexualité (EAFH ; Killian, Rutledge&Siebert, 2009) et l’échelle de la réactivité interpersonnelle (ERI ; Davis, 1980).

Le premier résultat, d’ordre descriptif, montre que le groupe ayant participé à cette étude présente une attitude plutôt négative face à l’homosexualité. Ce résultat est en convergence avec les données de la littérature qui a démontré une prépondérance de l’hostilité envers l’homosexualité dans la population générale (Bruin&Amdt, 2006). Cependant, ce premier résultat ne permet pas de comprendre la complexité de l’attitude face à l’homosexualité ni ses mécanismes sous-jacents. Pour ce, nous avons effectué une analyse factorielle pour examiner les composantes de l’attitude face à l’homosexualité. Les résultats de cette analyse mettent en exergue trois composantes qui sont l’attitude face à l’homosexualité de personnes éloignées au plan social, l’attitude face à l’homosexualité de personnes proches et l’attractivité de soi par des personnes de même sexe et l’attitude face à l’homosexualité de personnes jouant un rôle éducatif et social dans l’entourage du participant. Il faut souligner le fait que les qualités psychométriques de l’EAFH sont très satisfaisantes. Ceci constitue un apport à la compréhension de l’attitude face à

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l’homosexualité en permettant de la décomposer de manière plus fine. La construction de l’EAFH constitue aussi un apport au domaine de l’évaluation des comportements. Ainsi, les professionnels, dans ce domaine, pourront avoir recours à cet outil pour mieux analyser l’attitude face à l’homosexualité.

Dans ce même contexte, les analyses de comparaison montrent que qu’il y aurait une attitude plus positive envers l’homosexualité des personnes éloignées au plan social qu’envers l’homosexualité des personnes proches ou jouant un rôle éducatif et social. Ce résultat peut s’expliquer par la distance cognitive et sociale qui amènerait plus de tolérance envers les personnes socialement éloignées, par le fait que le participant se sent faiblement concerné par l’orientation sexuelles de cette catégorie de personnes. Cependant cette distance est réduite face à des personnes proches. Une autre explication pouvant être avancée en lien avec ce résultat, plus précisément, la non acceptation de l’homosexualité de personnes jouant un rôle social et éducatif.

Cette explication provient du fait de considérer l’homosexualité comme étant immorale et on s’attend à ce que la personne ayant un rôle éducatif et social soit irréprochable au plan moral.

En ce qui concerne les caractéristiques sociodémographiques, il apparait que les jeunes, les personnes se déclarant du sexe féminin et celles ayant une formation dans les sciences humaines présentent une attitude plutôt positive envers l’homosexualité. Ce résultat est en partie cohérent avec les données de la littérature (Shackelford&Besser, 2007).

Par ailleurs, l’examen des liens entre l’attitude face à l’homosexualité et les processus d’empathie montre un lien significatif.

Ce résultat est à analyser en tenant compte des limites de l’outil utilisé. En effet, l’ERI ne présente pas une structure factorielle satisfaisante. Ceci ne permet pas donc d’affiner les analyses en lien avec les processus d’empathie. Néanmoins, le lien objectivé entre l’attitude face à l’homosexualité et l’empathie peut avoir des retombés pragmatiques considérables. En effet, amener les individus à acquérir des compétences en lien avec le changement de point de vue, l’aptitude à se représenter l’état mental et affectif de l’autre et la distinction entre son propre état émotionnel et celui d’autrui pourraient induire un changement d’attitude face à l’homosexualité.

En fin, il apparait clairement que l’attitude face à l’homosexualité est un concept composite. Il est donc impératif, lors d’une intervention ayant pour objectif le changement d’attitude, de décortiquer au préalable les dimensions ciblées. Ensuite, tenir compte du degré d’empathie et du type d’empathie mobilisés est une démarche incontournable.

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« …j’estime que les sentiments propulsent, évaluent, négocient nos activités culturelles, et que leur rôle n’a pas été jusqu’ici reconnu à sa juste valeur. » Antonio Damasio L’ordre étrange des choses ; 2017 Odile Jacob

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Table des matières 1. Partie théorique

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1.1 Contexte général

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1.2 Evolution épistémologique : de la pathologisation de l’homosexualité à l’émergence du concept d’homophobie

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1.3 Attitude face à l’homosexualité : les facteurs généraux

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1.4 Attitude face à l’homosexualité : les facteurs spécifiques

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2. Synthèse & Problématique

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3. Méthode

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3.1 Participants

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3.2 Matériel

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3.2.1 L’échelle de l’attitude face à l’homosexualité (EAFH ; killian, Rutledge & Siebert, 2009)

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3.2.2 L’échelle de la réactivité interpersonnelle (ERI ; Davis, 1980)

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3.3 Procédure

4. Résultats

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4.1 Analyses descriptives

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4.2 Analyses inférentielles

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4.2.1 Analyses factorielles

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4.2.1.1 Analyse factorielle sur les 19 items de l’EAF

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4.2.1.2 Consistance interne

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4.2.1.3 Analyse factorielle de l’échelle de la réactivité interpersonnelle

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4.2.1.4 Consistance interne

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4.3 Analyse de comparaison

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4.3.1 Analyse de comparaison des trois facteurs de l’EAFH

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4.3.2 Analyses de comparaison des scores de l’EAFH, en fonction de l’âge

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4.3.3 Analyses de comparaison des scores de l’EAFH, en fonction du sexe déclaré

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4.3.4 Analyses de comparaison des scores de l’EAFH, en fonction de la spécialité

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4.3.5 Analyses de comparaison des scores de l’EAFH, en fonction de la profession

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4.4 Analyse de corrélation entre les scores de l’EAFH et l’ERI

5. Discussion

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Bibliographie

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Annexe 1 Annexe 2

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Synthesis of the study

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1|PARTIE THéORIQUE 1.1 Contexte général L’orientation sexuelle et les notions de sexe, de genre et de genre / sexe ont fait l’objet de plusieurs travaux qui ont oscillé entre deux approches, l’approche qui prône le rôle de l’inné et celle qui défend celui de l’acquis. La dichotomie de l’inné versus l’acquis est largement dépassée dans les travaux actuels traitant, de manière plus large, de la sexualité.

En effet, les différentes dimensions de la sexualité telles que la normalité, le biologique, le social et le politique ont fait l’objet de débats entre les différents domaines de recherche. Il faut souligner le fait que ces débats et ces controverses s’effectuent avec une acuité remarquable comparé à ceux en lien avec d’autres problématiques de recherche (Bailey,Vasey, Diamond, Breedlove, Vilain & Epprecht, 2016).

Les acceptations actuelles s’inscrivent dans une vision qui tient compte de la complexité des facteurs mis en jeu dans la construction de l’identité sexuelle / identité de genre et de l’orientation sexuelle, sur une trajectoire développementale (Fausto-Sterling, 2019). Dans ce cadre, il serait judicieux de faire une mise au point conceptuelle concernant les concepts de sexe, de genre, de genre/ sexe et celui d’orientation sexuelle.

Selon Fausto-Sterling (2019), définir le sexe et le genre n’est pas une tâche facile. En effet, les chercheurs en biologie se sont attelés à la recherche des déterminants moléculaires, chromosomiques, hormonaux et phénotypiques (organes génitaux externes et internes) et il est difficile de conclure à une définition tranchante. La notion de genre renferme quant à elle deux niveaux. Un premier niveau d’ordre public renvoyant aux attributs qu’un individu présente et qui permettent de l’identifier entant que « masculin », « féminin » ou « autre ». Un deuxième niveau qui est d’ordre privé renvoyant à l’expérience subjective de l’individu. Ce niveau est en lien avec le concept de l’identité de genre.

Cette scission entre la notion de sexe qui est reléguée au plan biologique et celle de genre qui serait plutôt liée à l’aspect identitaire et au rôle social présente un certain nombre de limites. Ainsi, des chercheurs ont montré que le sexe et le genre ne sont pas indépendants l’un de l’autre. Les composantes biologiques affectent le genre, son rôle ainsi que l’identité de genre et ce au niveau individuel et culturel. De même les composantes genrées modifient les fonctions et les structures biologiques (Unger & Crowford, 1993). La proposition du concept genre / sexe permet d’aller au-delà de cette dichotomie absurde et d’englober aussi bien l’ensemble des identités que l’ensemble des attributs liés spécifiquement ou non à un sexe donné ou un genre donné (van Anders, 2015).

Selon van Anders (2015), il y a plusieurs intersections entre la notion de genre / sexe et celle d’orientation sexuelle. Dans ce cadre, l’orientation sexuelle est considérée comme toute démarche d’intérêt, d’approche, d’attraction et de fantaisie, elle n’est pas limitée au genre / sexe mais peut englober d’autres caractéristiques telles que le nombre de partenaire, l’âge, le type de morphologie. Dans un travail ultérieur, van Anders et ses collaborateurs ont montré le rôle prépondérant du genre dans l’orientation sexuelle (Schudson, Manley, Diamond& van Anders, 2018).

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Dans le cadre de ce travail, la problématique de recherche se focalise sur l’attitude envers un type d’orientation sexuelle, à savoir l’homosexualité.

D’un point de vue sociétal, elle est considérée comme une orientation sexuelle non normative comparée à l’hétérosexualité et ce, dans différentes cultures. Ceci se manifeste à travers les législations des pays à travers le monde. En effet, il y a une très grande disparité entre les pays pour certains, les droits civiques d’union réglementée tels que le mariage sont l’apanage de chaque citoyen.n.e. En revanche, pour d’autres pays, la loi criminalise les liens entre les individu d’orientation homosexuelle.

La mise en place de loi sur le partenariat enregistré des couples homosexuels ainsi que leur mise en vigueur a été initié dès les années 1980, plus précisément en 1989 dans les pays de l’Europe du Nord. Notamment, le Danemark, la Norvège, la Suède, et l’Islande. A la fin des années 90 et au début des années 2000, les Pays Bas et la Belgique adoptent une loi ouvrant le mariage aux couples homosexuels (Festy, 2006). En 2019, plus précisément le 17 mai 2019, le parlement Taïwanais légalise le mariage entre des adultes de même sexe, augmentant ainsi le nombre de pays autorisant le mariage homosexuel à trente (Thibault & Pedroletti, 2019). En contraste, certains pays africains criminalisent l’homosexualité. A l’instar de la Tunisie puisque l’article 230 du code pénal, dans sa version arabe, stipule que les rapports homosexuels sont passibles de 3 ans de prison.

Le contexte sociopolitique ainsi que le militantisme des associations et de la communautés LGBTQI++ ont joué un rôle crucial dans le changement advenant dans les législations. A titre d’exemple, aux Etats Unis les émeutes de Stonewal à New York City le 27 juin 1969 sont considérées comme un tournant historique dans l’émergence des mouvements de défense des droits des personnes homosexuelles, non seulement aux Etats Unis mais aussi en Europe (Drushel, 2019).

1.2 Evolution épistémologique : de la pathologisation de l’homosexualité à l’émergence du concept d’homophobie D’un point de vue historique, en ce qui concerne l’approche psychanalytique, celle-ci avait initialement une position non pathologisante de l’homosexualité. Ceci se manifeste à travers les prises de positions de Freud quant à l’homosexualité.

Ainsi, en réponse à une lettre qui lui a été adressée par une mère s’interrogeant sur le fonctionnement psychologique de son fils, Freud (1935, pp. 423-424) déclarait « l’homosexualité n’est certainement pas un avantage mais elle n’est pas honteuse,

perverse ou dégradante ; elle ne peut être classifiée comme une maladie, nous la considérons comme une variation de la fonction sexuelle, produite par un arrêt spécifique dans le développement sexuel ». Il a aussi signé, en 1930, une pétition pour décriminaliser l’homosexualité (Abelove, 1985/1993).

Cette prise de position initiale a évolué vers une pathologisation de l’homosexualité par les néo-freudiens (Drescher, 2008).

En effet, les patriciens se déclarant appartenir à l’approche psychanalytique du milieu du XXème siècle, se sont référés aux travaux de Rado (1940) dans leur approche clinique. Ce dernier défendait l’idée selon laquelle l’aspect inné de la bisexualité proposé par Freud est erroné. En outre, l’homosexualité ne rentre pas dans le cadre du normal et que seule l’hétérosexualité est à considérer comme faisant partie de la norme biologique. Les adhérents à cette théorie considéraient l’homosexualité comme une pathologie bio-sociale, une adaptation psychosexuelle consécutive aux peurs perverses entourant l’expression de pulsions hétérosexuelles (Bieber et al., 1962).

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Ces thèses neo-freudiennes ont largement influencé la psychiatrie induisant l’inclusion de l’homosexualité dans la première et la deuxième édition du Manuel Dignostic et Statistique (Diagnostic and Statistical Manual ; DSM, 1952/1968 ; Drescher, 2008). L’homosexualité sera retirée dans la troisième édition du DSM. Plusieurs éléments, que nous citons de manière non exhaustive, vont contribuer à ce retrait, parmi lesquels les travaux de psychanalystes tels que Marmor (1965), Szasz (1960) et Stoller (1968). Les travaux de ce dernier ont permis d’introduire des concepts issus de la sexologie dans la littérature analytique, tels que le concept de l’identité de genre développé par Money (1957). En outre, les travaux des sexologues ont contribué à estimer la fréquence de l’homosexualité au sein de la population générale (Kinsey et al., 1948 ; Kinsey et al., 1953). De plus, une étude menée auprès d’individus homosexuels et hétérosexuels ne présentant aucun signe clinique et moyennant les tests projectifs montrent qu’il n’y a pas de différence entre les deux groupes (Hooker, 1957).

Par ailleurs, les évènements de Stonewall ont contribué de manière majeure à la révision effectuée par l’American Psychiatric Association (APA) de sa copie du manuel diagnostic des maladies mentales au cours des années 1970 et la suppression de l’homosexualité de ce guide (Drescher, 2008).

Dans le cadre des sciences psychologiques l’homosexualité n’est plus considérée comme un sujet d’étude en soi. Depuis quelques décennies, on assiste à l’apparition d’une autre thématique de recherche portant sur les préjugés sexuels. Ainsi, la problématique à examiner n’est plus l’homosexualité mais l’homophobie. Le terme d’homophobie est popularisé par George Weinberg durant les années 70. Ce concept renvoie à la peur que peuvent éprouver les hétérosexuels lorsqu’ils se retrouvent à proximité de personnes homosexuelles (Herek, 2004).

Dès lors, un certain nombre de recherches en sciences psychologiques et sociales ont essayé d’examiner de manière plus large l’attitude face à l’homosexualité qui oscille entre l’hostilité avec des passages à des actes violents et l’acceptation, ainsi que les facteurs sous jacents pouvant l’expliquer. Dans la partie suivante, nous présentons une synthèse d’un certain nombre de travaux ayant examiné les facteurs pouvant expliquer l’attitude face à l’homosexualité.

1.3 Attitude face à l’homosexualité : les facteurs généraux L’attitude face à l’homosexualité est un concept complexe et multi-déterminé. Pour certains chercheurs, ce concept n’est pas monolithique et renferme 3 composantes : l’attitude face aux personnes homosexuelles, l’attitude face au comportement homosexuel et l’attitude face aux droits civiques des personnes homosexuelles (Kite &Whitley, 1996). En outre, il y a une très grande hétérogénéité dans l’expression de ces différentes attitudes. En effet, aux Etats Unis, un pays qui a connu une libéralisation de l’opinion publique concernant l’homosexualité, 54% des américains sont d’accord pour la légalisation des couples homosexuels. En revanche, une large majorité reste opposée à l’extension des avantages du mariage aux couples homosexuels. En contraste, 80% des américains acceptent l’idée de l’égalité des chances au travail, incluant les personnes homosexuelles (Newport, 2001).

Afin de comprendre les facteurs explicatifs de l’attitude face à l’homosexualité. Un certain nombre de chercheurs ont examiné une large gamme de facteurs d’ordre individuel ou bien d’ordre social pouvant fournir des éclairages sur l’attitude face à l’homosexualité. Ainsi, des variables telles que l’âge, le niveau d’éducation, l’urbanicité, l’attitude générale face à la sexualité,

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le sexe du participant, les attitudes politiques, le niveau économique, le fait de connaitre une personne homosexuelle ont été objectivées comme ayant un pouvoir prédicteur de l’attitude face à l’homosexualité (Weishut, 2000).

Hoffarth et al. (2017), ont examiné le facteur religieux. Plus précisément, l’argumentation fondée sur le religieux dans ses liens avec le préjugé anti-gay et l’opposition aux droits des homosexuels. Les auteurs rapportent que le préjugé anti-gay demeure un objet de discorde au sein des sociétés tolérantes. En effet, ils considèrent que dans ce type de société, les normes sociales suppriment ce type de préjugé. Cependant, ce dernier est en quelque sorte « libéré » par l’argumentation issue du religieux sur laquelle s’appuie les opposants à la progression des droits des personnes homosexuelles. Cette étude a été menée auprès d’un large échantillon représentatif de la population américaine ainsi qu’un échantillon international issu de 97 pays. Parmi les résultats objectivés par cette étude, le préjugé anti-gay est associé à l’argumentation fondée sur le religieux, dans les pays qui reconnaissent fortement les droits des personnes homosexuelles. En revanche, ce lien n’a pas été démontré dans les pays qui ne reconnaissent pas les droits des individus homosexuels. Un travail de recherche ayant pour objet la représentation sociale de l’homme homosexuel (Ben Alaya, 2011) présente un éclairage divergent avec le résultat objectivé par l’étude de Hoffarth et al. (2017). En effet, Ben Alaya a effectué ce travail auprès d’un échantillon tunisien (la Tunisie est un pays qui renferme dans son code pénal un article criminalisant l’homosexualité comme indiqué plus haut). Les résultats de ce travail montrent qu’une majorité des participants présente une représentation sociale stigmatisante de l’homme homosexuel. En outre, la référence religieuse et la définition de l’humain sont centrales dans les principes organisateurs généraux actifs dans l’homophobie et dans d’autres formes de rejet.

Ces différents travaux montrent le rôle joué par des facteurs généraux dans l’attitude face à l’homosexualité et apportent peu de compréhension quant aux facteurs spécifiques relatifs au fonctionnement de l’individu tels que les traits de personnalité.

Dans la partie suivante, nous nous focalisons davantage sur les facteurs inhérents au fonctionnement de l’individu.

1.4 Attitude face à l’homosexualité : les facteurs spécifiques Dans un travail de recherche pionnier, Shackelford & Besser (2007) ont examiné dans quelle mesure les traits de la personnalité permettent de prédire l’attitude face à l’homosexualité. Dans ce travail, ils se sont référés à un modèle, en particulier, de la personnalité, à savoir « The Big Five Model » ou le modèle des cinq facteurs de la personnalité. Ce modèle propose une taxonomie des traits de la personnalité en cinq dimensions globales : l’Extraversion qui est la tendance à être sociable et à vivre des affects positifs ; l’Agréabilité qui est la tendance à manifester des rapports interpersonnels plaisants ; la Consciencieusité renvoie à la tendance à être ordonné et responsable dans les tâches entreprises ; la Stabilité émotionnelle qui est la tendance à être le même au plan émotionnel ; l’Ouverture aux expériences qui renvoi au fait d’avoir des valeurs non conventionnelles, une sensibilité à l’esthétique et le besoin de varier (Mc Crae & John, 1992). Ce travail a été mené auprès d’un large échantillon (N = 1.012). En outre, les chercheurs ont eu recours aux analyses de régression multiples qui ont permis d’objectiver le rôle prédicteur de l’un des cinq facteurs de la personnalité à savoir l’ouverture aux expériences. En effet, les participants ayant un haut score relatif à cette dimension présentent aussi une attitude favorable face à l’homosexualité.

Il apparait donc qu’une focalisation sur les caractéristiques inhérentes à l’individu nous permet de mieux comprendre l’attitude face à l’homosexualité. Dans ce contexte, la notion de cognition sociale proposée par les neurosciences offre un cadre

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d’analyse intéressant. Pour les chercheurs en neurosciences les situations d’interactions sociales entre les individus mobilisent un certain nombre d’aptitudes telles que les savoirs sociaux, la perception, les traitements des signaux sociaux et émotionnels, la capacité à se représenter les états mentaux d’autrui. Ces aptitudes renvoient à la notion de cognition sociale qui permet d’expliquer les comportements humains individuels ou en groupe (Le Gall et al., 2012). Parmi ces aptitudes indispensables à l’interaction avec autrui, nous trouvons les processus d’empathie. L’empathie est définie, classiquement, comme étant la capacité à ressentir et à comprendre les émotions d’autrui (Decety & Jackson, 2004). Cette définition est trop simpliste face à la complexité des processus d’empathie. En effet, les recherches actuelles ne considèrent pas cette dernière comme un bloc unique mais comme un ensemble de mécanismes dynamiques. Dès lors, il y a une première distinction à faire entre l’empathie émotionnelle et l’empathie cognitive. L’empathie émotionnelle renvoie à l’activation automatique de la représentation d’une émotion chez un observateur suite à la perception de cette émotion chez autrui. Cette activation de la représentation de l’émotion va à son tour déclencher les réponses autonomes et somatiques correspondantes. L’empathie cognitive quant à elle requiert des compétences en lien avec la théorie de l’esprit, c’est-à-dire la capacité à inférer des états mentaux d’autrui (Godefroy et al., 2012).

2|Synthèse & Problématique L’attitude face à l’homosexualité a été examinée à travers plusieurs approches focalisant tantôt sur les facteurs généraux c’està-dire non liés au fonctionnement psychologique de l’individu tantôt spécifiques. Cependant, des zones d’ombres demeurent quant au concept d’attitude face à l’homosexualité. Kite &Whitley (1996) ont proposé une première distinction entre trois dimensions de ce concept qui ne tient pas compte de l’hétérogénéité qui puisse exister à l’intérieur de ces catégories. En ce qui concerne l’une de ces catégories, à savoir l’attitude face aux droits des personnes homosexuels, il a été démontré que 80% des américains sont pour l’égalité des chances au travail mais une large majorité est contre l’extension des avantages du mariage aux couples homosexuels. Plus récemment, Killian et al. (2016) ont effectué un travail de recherche permettant de passer en revue les outils utilisés ces trente dernières années pour opérationnaliser le concept d’attitude face à l’homosexualité.

Les résultats de ce travail permettent d’objectiver une dimension cognitive dans la réaction aux items évaluant la distance sociale et une dimension affective dans la réaction aux items évaluant l’attractivité envers les personnes du même sexe.

L’identification de ces dimensions cognitive et affective dans l’attitude face à l’homosexualité permet de mieux comprendre les facteurs qui mènent vers une attitude positive ou négative.

Par ailleurs, l’attitude face à l’homosexualité fait appel à des processus inhérents à des situations d’interaction sociale.

Notamment, les processus d’empathie. A notre connaissance, aucun travail n’a examiné, auparavant, les liens entre l’attitude face à l’homosexualité et les processus d’empathie, du moins dans le contexte tunisien.

Ainsi, nous proposons d’examiner l’attitude face à l’homosexualité auprès d’un groupe de participants volontaires tunisiens.

Plus précisément, plus l’attitude face à l’homosexualité est positive, plus les niveaux d’empathie sont élevés.

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3|Méthode Dans cette partie, nous décrivons la population d’étude, les outils d’évaluation utilisés et la procédure.

3.1 Participants Un total de 204 volontaires a participé à cette étude. Au regard du nombre important de données manquantes dans le protocole du participant numéro 115, ce dernier a été retiré des analyses statistiques effectuées. Ainsi, le nombre final des protocoles analysés est de 203. Un descriptif des caractéristiques sociodémographiques des participants est présenté ci-dessous.

Au début de l’enquête, chaque participant choisit la tranche d’âge à la quelle il appartient. Quatre intervalles ont été présentés selon un ordre croissant. Le premier intervalle concerne la tranche d’âge de 20 à 30 ans, le deuxième de 30 à 40 ans, le troisième de 40 à 60 ans enfin, le quatrième et dernier intervalle concerne les participants âgés de 60 ans et plus. Dans la figure 1, nous présentons la répartition des participants selon la variable âge.

Répartition selon l’âge 2%

1% 20 à 30 ans 30 à 40 ans 40 à 60 ans > à 60 ans

Figure 1 : répartition des participants selon la variable âge.

D’après la figure ci-dessus, il apparait que les individus ayant entre 20 et 30 ans ont participé de manière massive à cette enquête. Un seul participant déclare appartenir à la tranche d’âge de 60 ans et plus. Afin de permettre une analyse de groupe selon la variable âge, nous avons décidé de répartir la population d’étude selon deux groupes. Un premier groupe constitué de 170 participants ayant entre 20 et 30 ans. Un deuxième groupe ayant 30 an et plus constitué de 33 participants.

La deuxième variable sociodémographique introduite dans l’enquête est la variable sexe. 131 participants déclarent ayant un sexe féminin soit 64,53 % de la population d’étude et 71 comme ayant un sexe masculin soit 34,97 %. Un participant n’a pas rempli cette rubrique.

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En ce qui concerne les variables « statut étudiant versus non étudiant », « spécialité », « activité professionnelle », chaque participant choisit la catégorie à la quelle il appartient. Les catégories prédéfinies sont les suivantes : étudiant / non étudiant pour la première variable. En ce qui concerne la spécialité le choix porte sur les domaines suivants : sciences juridiques, sciences humaines et sciences exactes (mathématiques, physiques, ingéniorat). Pour la variable activité professionnelle, les catégories prédéfinies sont : actif / non actif et journaliste / enseignant.

Le tableau 1 comporte la répartition des participants selon la variable « statut étudiant » en termes d’effectif et de pourcentage.

Tableau 1 Répartition des participants à l’étude selon la variable « statut étudiant versus non étudiant »

Statut étudiant Effectif Pourcentage

Etudiant

Non Etudiant

127

74

62,56

36,45

Il apparait que les étudiants ont participé plus que les non étudiants à cette enquête. Deux participants n’on pas rempli cette rubrique.

En ce qui concerne la variable spécialité la figure 2 montre le pourcentage de chacune des spécialités à la quelle appartient les différents participants.

Répartition selon la spécialité

Sciences Humaines 24 % Sciences exactes 36 % Sciences Juridiques 40 %

Figure 2 : répartition des participants selon les différentes spécialités

14

L’attitude face à l’homosexualité dans ses liens avec l’empathie l Etude exploratoire

Selon la figure ci-dessus les participants appartenant aux sciences humaines sont ceux qui ont répondu le moins à cette enquête. En revanche, les spécialistes en sciences juridiques présentent le pourcentage de participation le plus élevé. Le nombre de participants n’ayant pas répondu à cette rubrique s’élève à 13.

Pour la variable « activité professionnelle », le tableau 2 représente la répartition des participants en fonction de cette variable.

Tableau 2 Répartition des participants en fonction de la variable « activité professionnelle »

Activité professionnelle Effectif Pourcentage

Enseignant

Journaliste

Autre métier

Actif

Non Actif

9

14

96

106

10

4,43

6,89

47,29

52,21

4,92

D’après le tableau ci-dessus, les personnes actives au niveau professionnel est la catégorie qui a plus participé à cette étude.

En outre, d’autres corps de métiers en dehors des journalistes et des enseignants ont aussi participé de manière importante à cette enquête. Par ailleurs, 22 participants n’ont pas rempli cette rubrique.

3.2 Matériel 3.2.1 L’échelle de l’attitude face à l’homosexualité (EAFH ; killian, Rutledge & Siebert, 2009) Cet outil permet d’évaluer l’attitude face à l’homosexualité (annexe 1). Les 19 items composants l’échelle sont cotés de 1 à 5 avec une graduation allant de « tout à fait d’accord » à « pas du tout d’accord ». Le score total peut varier de 19 à 95.

Un score total variant entre 19 et 57 correspond à une attitude plutôt de rejet face à l’homosexualité. Un score total variant dans le deuxième intervalle, à savoir entre 57 et 95 correspond plutôt à une attitude d’acceptation face à l’homosexualité.

Dans cette étude, nous avons utilisé la version tunisienne de cette échelle (annexe 2). La procédure d’adaptation a été effectuée en deux étapes. Une première étape de traduction des items de l’anglais vers l’arabe, une deuxième étape de traduction de retour, c›est-à-dire de l’arabe vers l’anglais. Cette deuxième étape a été effectuée par un chercheur en psychologie maîtrisant les deux langues et qui n’a jamais été confronté à cette échelle auparavant. Cette procédure respecte les recommandations de Marin et Marin (1991).

15

3.2.2 L’échelle de la réactivité interpersonnelle (ERI ; Davis, 1980) : L’ERI (annexe 3) est composée de 28 items permettant de mesurer quatre composantes de l’empathie, à savoir le changement de perspective qui est la capacité de tenir compte du point de vue d’autrui. La composante fantasmatique c’est-à-dire la tendance à vivre sur un plan imaginaire les émotions d’un personnage de fiction, dans un film ou dans un roman. La troisième composante est l’empathie affective envers autrui, c’est-à-dire la capacité de ressentir les émotions d’autrui. La quatrième composante est la détresse personnelle, elle concerne l’auto-focalisation sur son propre ressenti d’anxiété face à des situations tendues sur un plan interpersonnel. Cette échelle permet donc de mesurer la dimension cognitive et affective de l’empathie. Une échelle de Likert s’étalant sur 5 niveaux permet de faire la cotation des réponses.

Le score total varie entre 0 et 112. Un score total se situant dans le premier intervalle, à savoir de 0 à 56 correspond à des niveaux faibles d’empathie dans les interactions interpersonnelles. En revanche, un score se situant dans le deuxième intervalle, c’est-à-dire de 56 à 112, correspond plutôt à des niveaux plus élevés d’empathie, lors d’interaction interpersonnelle.

Dans cette étude, nous avons utilisé la version tunisienne de l’ERI qui a été construite selon la procédure susmentionnée (annexe 4).

3.3 Procédure Dans le cadre de ce travail, nous avons développé un formulaire en ligne qui comprend trois parties. Chacune de ces parties renferme un ensemble d’items auquel le participant est amené à répondre. La première partie concerne le volet signalétique à travers lequel nous recueillons les données socio-démographiques. La deuxième partie est dédiée à l’échelle de l’attitude face à l’homosexualité. Enfin la troisième partie est consacrée à l’échelle de réactivité interpersonnelle. Cette diffusion en ligne de l’enquête renferme un certain nombre d’avantages. Premièrement, elle garantie l’anonymat total des participants.

Elle garantie aussi l’anonymat des chercheurs, ce qui favoriserait des réponses spontanées de la part des participants et minimiserait la contamination de ces réponses par les biais de la désirabilité sociale.

Suite au recueil des données un transcodage des protocoles obtenus a été effectué via le programme Excel. Enfin, le traitement statistique a été mené via le logiciel SPSS 24.

16

L’attitude face à l’homosexualité dans ses liens avec l’empathie l Etude exploratoire

4|Résultats 4.1 Analyses descriptives Des analyses descriptives ont été effectuées sur les scores relatifs aux réponses des participants aux échelles d’attitude face à l’homosexualité et la réactivité interpersonnelle. Nous avons examiné la normalité de la distribution des différentes variables en se basant sur les coefficients d’asymétrie (Skewness) et d’aplatissement (Kurtosis). Selon Weston et Gore (2006), une distribution empirique s’approche de celle de la loi normale lorsque le coefficient d’asymétrie est inférieur à 3 et le coefficient d’aplatissement est inférieur à 20.

Les scores totaux relatifs aux réponses de l’ensemble des participants à l’EAF et à l’ERI sont décrits dans le tableau 3.

Tableau 3 Moyennes, écarts-types, minimums, maximums, asymétries et voussures des scores totaux obtenus à l’EAF et l’ERI.

Score total M (ET)

Min-Max

Asymétrie

Voussure

EAF

55.52 (18.99)

18-90

-.25

-.95

ERI

67.26 (11.88)

26-96

-.16

-.54

Les scores obtenus aux deux échelles sont distribués normalement. Au regard des intervalles décrits plus haut, il apparait que le score total de l’EAF se situe dans le premier intervalle qui correspond à une attitude de rejet face à l’homosexualité. En revanche, le score total de l’ERI se situe au deuxième intervalle, c’est-à-dire que les participants à cette étude se déclarent comme ayant une attitude empathique lors des interactions avec autrui.

4.2 Analyses inférentielles 4.2.1 Analyses factorielles 4.2.1.1 Analyse factorielle sur les 19 items de l’EAF Une analyse en composante principale (ACP) a été menée pour mieux comprendre la structure des 19 caractéristiques évaluées par l’EAF. Ceci permet une condensation en facteurs des différents items qui sont corrélés entre eux (Hair et al., 1998). Ensuite, nous nous sommes appuyés sur un ensemble de critères communément utilisés pour juger de la structure proposée par l’ACP ainsi que pour la sélection des composantes. Le première critère est l’indice de KMO indiquant qu’une structure factorielle est statistiquement acceptable si cet indice est supérieur à 0.5 (Obansawin et al., 2007). Le second critère est en lien avec la sélection des composantes, à savoir la valeur propre initiale (« Eigenvalue »). En effet, plus cette valeur est élevée, plus le facteur explique une grande portion de la variance totale. Pour que la composante soit significative, sa valeur propre initiale doit être supérieur à 1 (Preacher & McCallum, 2003). Le troisième critère correspond au fait que la variance expliquée cumulée des composantes retenues doit être supérieure à celle des composantes non retenues. Ensuite, il faut soumettre la solution proposée par l’ACP à une analyse factorielle exploratoire (AEF), avec une rotation oblique (Pro-

17

max) : on suppose que les facteurs sont corrélés entre eux, de plus, cette rotation permet de redistribuer de manière plus équitable la variance à expliquer. Enfin, la structure factorielle proposée doit correspondre à une structure interprétable sur le plan théorique.

Ainsi, en se basant sur les critères précédemment évoqués, l’ACP effectuée sur les 19 items de l’EAFH révèle une solution à trois facteurs correspondant aux valeurs propres initiales suivantes 10.44, 1.36, et 1,24. Ils expliquent 68.7 % de la variance et le poids factoriel des items appartenant aux différents facteurs varie entre .12 et .82. Cette solution a été soumise à une analyse factorielle exploratoire telle que décrite dans le tableau 4.

Tableau 4 Saturation des variables sur chaque facteur pour les 19 items de l’EAFH, après (AEF) ; variance pour chaque facteur et variance totale (en pourcentage)

Composante 1

2

3

EAFH-item1

.862

.614

.546

EAFH-item2

.797

.788

.502

EAFH-item3

.872

.670

.536

EAFH-item4

.724

.497

.537

EAFH-item5

.790

.815

.562

EAFH-item6

.828

.735

.547

EAFH-item7

.846

.670

.566

EAFH-item8

.850

.531

.510

EAFH-item9

.829

.517

.461

EAFH-item10

.695

.308

.529

EAFH-item11

.469

.405

.746

EAFH-item12

.537

.495

.906

EAFH-item13

.597

.571

.855

EAFH-item14

.640

.698

.838

EAFH-item15

.531

.858

.592

EAFH-item16

.519

.872

.576

EAFH-item17

.644

.883

.648

EAFH-item18

.583

.805

.484

EAFH-item19

.102

.246

-.049

7.17%

6.57%

Variance

54.96%

Variance totale 18

68.7%

L’attitude face à l’homosexualité dans ses liens avec l’empathie l Etude exploratoire

Les résultats montrent que l’indice de KMO est de 0.93 (p< .01) donc il est fort et indique une structure factorielle solide au plan statistique. De plus, les trois facteurs obtenus sont interprétables au plan théorique. Ainsi, les items saturant sur le premier facteur correspondent à l’attitude face à l’homosexualité d’autrui avec les quels il y a une distance sociale plus ou moins importante. Nous intitulons ce facteur attitude face à l’homosexualité de personnes socialement éloignées (AFH-SE).

Les items saturant sur le deuxième facteur concernent l’attitude face à l’homosexualité des proches et l’attractivité de soi envers les personnes du même sexe, nous intitulons ce facteur attitude face à l’homosexualité des proches/soi (AFHS-P/AS).

Les items saturant sur le troisième facteur concernent l’attitude face à l’homosexualité de personnes jouant un rôle éducatif et social (AFH-ES). L’item 19 ne sature sur aucun facteur.

Sur base de l’examen des items qui composent les différents facteurs nous présentons le tableau suivant :

Tableau 5 Les trois facteurs et leurs items respectifs, sur la base de l’AEF

Facteur 1 AFH-SE

Facteur 2 AFH-P/AS

Facteur 3 AFH-SI

Item1

Item 2

Item 11

Item 3

Item5

Item 12

Item 4

Item6

Item 13

Item 7

Item 15

Item 14

Item 8

Item 16

Item 9

Item 17

Item 10

Item 18

4.2.1.2 Consistance interne L’alpha de Cronbach a été calculé pour déterminer la consistance interne de l’échelle Notons qu’un alpha supérieur à .70 correspond à une consistance interne satisfaisante (Nunnaly, 1978). La consistance interne de l’échelle de l’attitude face à l’homosexualité est de .95 elle est donc très satisfaisante.

4.2.1.3 Analyse factorielle de l’échelle de la réactivité interpersonnelle L’analyse factorielle de l’échelle de la réactivité interpersonnelle a été effectuée selon les critères mentionnée plus haut. La structure initiale obtenue à partir de l’ACP ne donne pas de structure interprétable au plan théorique. Par conséquent, nous avons re-effectué l’analyse en prédéterminant de le nombre de facteurs à extraire et en le limitant à 4 suivant la structure factorielle de la version originale de l’ERI.

19

Tableau 6 Saturation des variables sur chaque facteur pour les 28 items de l’ERI, après AFE ; variance pour chaque facteur et variance totale (en pourcentage )

Composante 1

2

3

4

ERI-1

.295

.220

.103

-.176

ERI-2

.308

.162

.170

.343

ERI-3

.260

-.176

-.030

.221

ERI-4

.151

.019

.129

.648

ERI-5

.392

.288

.527

.037

ERI-6

.037

.672

.240

.178

ERI-7

-.020

.239

.870

.270

ERI-8

-.020

.239

.870

.270

ERI-9

.457

.141

.130

.195

ERI-10

.100

.525

-.015

.075

ERI-11

.614

-.001

.071

.062

ERI-12

.172

.087

.505

.012

ERI-13

-.103

.012

.298

.412

ERI-14

.186

.140

.176

.762

ERI-15

.193

-.205

.076

.156

ERI-16

.411

.631

.483

-.263

ERI-17

.133

.612

.194

.023

ERI-18

.247

.116

.188

.665

ERI-19

-.218

.175

-.009

.024

ERI-20

.510

.342

.189

.286

ERI-21

.595

.129

.022

.028

ERI-22

.380

.489

.251

.106

ERI-23

.455

.654

.521

-.058

ERI-24

-.040

.567

.254

-.023

ERI-25

.629

.039

.043

.102

ERI-26

.479

.547

.456

.004

ERI-27

.064

.480

.113

-.095

ERI-28

.669

110.

.081

.164

16.33%

9.66%

7.76%

5.58%

Variance

Variance totale 20

39.33%

L’attitude face à l’homosexualité dans ses liens avec l’empathie l Etude exploratoire

L’indice de KMO est inférieur à .70 indiquant une structure factorielle non satisfaisante au plan statistique. En outre, cette structure est difficilement interprétable au plan théorique.

4.2.1.4 Consistance interne L’alpha de Cronbach a été calculé pour déterminer la consistance interne de l’échelle. La consistance interne de l’échelle de la réactivité interpersonnelle est de .78, elle est donc supérieur à .70 et par conséquent, elle est satisfaisante.

4.3 Analyse de comparaison 4.3.1 Analyse de comparaison des trois facteurs de l’EAFH Un calcul des moyennes des sous-scores relatifs aux trois facteurs dégagés de l’EAFH a été effectué. Pour le sousscore relatif au facteur « l’attitude face à l’homosexualité de personnes socialement éloignés », M = 25.23 ±8.01. En ce qui concerne le sous-score relatif au facteur « l’attitude face à l’homosexualité de personnes proches et l’attractivité de soi envers des personnes de même sexe », M = 19.72 ± 8.97. Enfin, pour le sous-score du facteur relatif à « l’attitude face à l’homosexualité de personne jouant un rôle éducatif et social », M = 11. 92 ± 4.77. Dans la figure 3, nous présentons les moyennes de ces différents sous-scores.

30 25 20 15 10 5 0

AFH-SE AFH-P-AS AFH-ES Figure 3 : Moyennes relatives aux trois sous-scores de l’EAFH.

21

Le recours au test de comparaison t de Student pour échantillon unique a permis de comparer ces moyennes. Les résultats montrent qu’il y a une différence significative entre les moyennes des trois sous scores. Pour le facteur AFH-SE, t = 44.81 ; p<.00. Pour le facteur AFH-P-AS, t = 31.29 ; p< .00. En ce qui le facteur concerne AFH-ES, t = 35.55 ; p < .00.

D’après ces résultats l’attitude face à l’homosexualité tend vers l’acceptation pour les personnes socialement éloignées.

Cependant, l’attitude tend vers le rejet quand il s’agit de personnes proches ou jouant un rôle éducatif et social.

4.3.2 Analyses de comparaison des scores de l’EAFH, en fonction de l’âge : Afin d’examiner l’attitude face à l’homosexualité en fonction de l’âge, et en tenant compte du nombre de participants dans chaque catégorie d’âge prédéfinie, nous avons subdivisé les participants en deux groupes, un premier groupe âgé de 20 à 30 ans et un deuxième groupe de personnes âgées de 30 ans et plus (comme indiqué plus haut).

Tableau 7 Comparaison des scores des participants âgés de 20 à 30 ans et les participants âgés de plus de 30 ans

Scores -AFH

Groupe 1(20-30 ans) M (ET)

Groupe 2 (>30 ans) M (ET)

t

p

Score total

56.39 (19.45)

51.00 (15.98)

1.49

.13

Score – AFH-SE

25.45 (8.18)

24.09 (7.13)

.88

.37

Score-AFH-P-AS

20.28 (9.07)

16.82 (7.96)

2.04

.04*

Score – AFH-ES

12.14 (4.85)

10.79 (4.24)

1.49

1.3

*p <.05

Ces résultats montrent que la seule différence significative entre les personnes ayant un âge entre 20 et 30 ans et les personnes ayant un âge supérieur à 30 ans concerne l’attitude face à l’homosexualité de personnes proches et l’attractivité de soi envers les personnes de même sexe. Ainsi, les participants plus jeunes ont une attitude d’acceptation significativement plus importante que les personnes plus âgées.

22

L’attitude face à l’homosexualité dans ses liens avec l’empathie l Etude exploratoire

4.3.3 Analyses de comparaison des scores de l’EAFH, en fonction du sexe déclaré : L’objectif de ces analyses est de comparer l’attitude face à l’homosexualité de personnes se déclarant de sexe féminin aux personnes se déclarant de sexe masculin. Le tableau ci-dessous illustre ces analyses.

Tableau 8 Comparaison des scores des participants appartenant au groupe féminin et au groupe masculin

Scores -AFH

Groupe F M (ET)

Groupe M M (ET)

t

P

Score total

56.43 (19.01)

53.73 (19.09)

.96

.33

Score – AFH-SE

26.11 (7.89)

23.55 (8.08)

2.18

.03*

Score-AFH-P-AS

19.56 (8.57)

19.77 (9.79)

-0.83

.93

Score – AFH-ES

12.21 (4.89)

11.41 (4.57)

1.13

.25

*p <.05 D’après ces résultats, il n’y pas de différence significative entre les individus se déclarant de sexe féminin et les individus se déclarant de sexe masculin dans l’attitude face à l’homosexualité, sauf en ce qui concerne l’attitude face à l’homosexualité de personnes socialement éloignées. Cette différence significative montre que les personnes se déclarant de sexe féminin ont une attitude d’acceptation plus importante que les personnes se déclarant de sexe masculin.

4.3.4 Analyses de comparaison des scores de l’EAFH, en fonction de la spécialité : Dans cette partie de l’analyse, nous nous focalisons sur la comparaison des participants en fonction de la spécialité à laquelle ils appartiennent. Ainsi, nous avons subdivisé les participants en trois groupes : sciences humaines, sciences juridiques et sciences exactes.

23

Score total-EAFH 62 60 58 56 54 52 50 48 46 Sc-juridiques

Sc-humaines

Sc-exactes

Figure 4 : comparaison entre les scores totaux de l’EAFH des trois domaines de spécialité Les résultats des analyses (t de Student) montrent qu’il n’y a pas de différence significative entre les scores totaux de l’EAFH des participants ayant comme spécialité les sciences juridiques et les sciences humaines. Il n’y a pas non plus de différence significative entre les scores totaux de l’EAFH des participants ayant comme spécialité les sciences juridiques et les sciences exactes (ingéniorat, maths, physiques). En revanche, il y a une différence significative (t= 2.46 ; p< .05) entre les scores totaux des participants ayant comme spécialité les sciences humaines (M = 60. 82 ±18.00) et ceux appartenant aux sciences exactes (M = 51.97 ± 19.20). Par conséquent, il apparait que les participants appartenant aux sciences humaines ont une attitude significativement plus positive face à l’homosexualité que les participants ayant comme spécialité les sciences exactes (ingéniorat, maths, physiques).

La figure 5 illustre la comparaison entre les sous-scores de l’EAFH relatifs à « l’attitude face à l’homosexualité de personnes socialement éloignées » des participants appartenant aux trois domaines de spécialisation, à savoir les sciences juridiques, les sciences humaines et les sciences exactes.

24

L’attitude face à l’homosexualité dans ses liens avec l’empathie l Etude exploratoire

SOUS-Scores-EAFH-se 30 25 20 15 10 5 0 Sc-juridiques

Sc-humaines

Sc-exactes

Figure 5 : comparaison des sous-scores de l’EAFH-SE des participants appartenant aux trois spécialités Les résultats des analyses de comparaison (t de Student) montrent qu’il n’y a qu’une seule différence significative (t = 3.17 ; p < .05) entre les sous-scores de l’EAFH-SE des participants ayant comme spécialité les sciences humaines (M = 27.96 ± 6.30) et ceux des participants appartenant à la spécialité sciences exactes (M = 23.19 ± 8.69). Ainsi les participants appartenant à la première spécialité ont significativement une attitude plus positive face à l’homosexualité des personnes éloignées socialement que les participants appartenant à la deuxième spécialité.

En ce qui concerne les analyses de comparaison (t de Student) des sous-scores de l’EAFH-ES, nous n’avons pas trouvé de différence significative entre les participants appartenant aux trois catégories de spécialité.

En revanche, les analyses de comparaison (t de Student) portant sur les sous-scores de l’EAFH relatifs à « l’attitude face à l’homosexualité de personnes proches et l’attractivité de soi envers les personnes de même sexe » montrent une différence significative (t = 2.15 ; p< .05) entre les sous-scores des participants appartenant à la spécialité sciences humaines (M = 22.27 ± 8.96) et ceux des participants ayant comme spécialité les sciences exactes (M = 18.48 ± 9.28). Il apparait donc que les participants appartenant aux sciences humaines ont une attitude plus dans l’acceptation face à l’homosexualité de personnes proche et l’attractivité de soi envers des personnes de même sexe comparé aux participants ayant comme spécialité les sciences exactes.

25

4.3.5 Analyses de comparaison des scores de l’EAFH, en fonction de la profession : Cette partie de l’analyse est consacrée à la comparaison des participants en fonction de leurs professions respectives. Plus précisément, les analyses de comparaison portent sur les différents scores issus de l’l’EAFH des participants exerçant le métier de journaliste ainsi que le métier d’enseignant (tableau 9).

Tableau 9 Comparaison des scores des participants exerçant le métier de journaliste et les participants ayant comme métier l’enseignement

Scores -AFH

Journaliste M (ET)

Enseignant M (ET)

t

p

Score total

47.43 (14.98)

42.33 (17.07)

-.75

.45

Score – AFH-SE

22.64 (6.50)

21.44 (9.58)

-.35

.72

Score-AFH-P-AS

15.29 (7.74)

13.78 (5.89)

-.49

.62

Score – AFH-ES

10.14 (3.46)

8.00 (3.87)

-1.38

.18

Les résultats montrent qu’il n’y a aucune différence significative entre les deux groupes de participants dans l’attitude face à l’homosexualité.

En se basant sur les intervalles des scores totaux de l’EAFHprécédemment décrits et en se limitant à un niveau descriptif, il apparait que les scores totaux des participants ayant comme profession le journalisme et ceux exerçant le métier d’enseignant se situent dans le premier intervalle. Ceci reflète une attitude plutôt négative face à l’homosexualité.

26

L’attitude face à l’homosexualité dans ses liens avec l’empathie l Etude exploratoire

4.4 Analyse de corrélation entre les scores de l’EAFH et l’ERI Des analyses de corrélations bivariées ont été effectuées afin d’examiner les liens entre l’attitude face à l’homosexualité et la réactivité interpersonnelle.

Tableau 10 Corrélations entre les scores de l’EAFH et le score total de l’ERI

ERI- score total Corrélation de Pearson EAFH-score total

Sig. (bilatérale)

,001

N

203

Corrélation de Pearson EAFH-SE

,000

N

203 ,004

N

203 .247**

Sig. (bilatérale)

,000

N

203

Corrélation de Pearson ERI- score total

.203**

Sig. (bilatérale) Corrélation de Pearson

EAFH-SI

.266**

Sig. (bilatérale) Corrélation de Pearson

EAFH-P-AS

.240**

1

Sig. (bilatérale) N

203

** p < .01 ; * p < .05

Les analyses de corrélation montrent que le score total à l’ERI est significativement et positivement corrélé à l’ensemble des scores de l’EAH. Cependant, les corrélations obtenues sont faibles. Ainsi, ces résultats suggèrent que plus la réactivité interpersonnelle est empathique plus l’attitude face à l’homosexualité est positif.

27

5|Discussion L’objectif de cette étude est d’explorer l’attitude face à l’homosexualité et ses liens avec l’empathie chez des participants tunisiens tout venants.

Le premier résultat, d’ordre descriptif, montre que le groupe ayant participé à cette étude présente une attitude plutôt négative face à l’homosexualité. Ce résultat est en convergence avec les données de la littérature qui a démontré une prépondérance de l’hostilité envers l’homosexualité dans la population générale (Bruin & Amdt, 2006). Cependant, ce premier résultat ne permet pas de comprendre la complexité de l’attitude face à l’homosexualité ni ses mécanismes sous-jacents. Pour ce, nous avons effectué une analyse factorielle pour examiner les composantes de l’attitude face à l’homosexualité. Les résultats de cette analyse mettent en exergue trois composantes qui sont l’attitude face à l’homosexualité de personnes éloignées au plan social, l’attitude face à l’homosexualité de personnes proches et l’attractivité de soi par des personnes de même sexe et l’attitude face à l’homosexualité de personnes jouant un rôle éducatif et social dans l’entourage du participant. Il faut souligner le fait que les qualités psychométriques de l’EAFH sont très satisfaisantes. Ceci constitue un apport à la compréhension de l’attitude face à l’homosexualité en permettant de la décomposer de manière plus fine. La construction de l’EAFH constitue aussi un apport au domaine de l’évaluation des comportements. Ainsi, les professionnels, dans ce domaine, pourront avoir recours à cet outil pour mieux analyser l’attitude face à l’homosexualité.

Dans ce même contexte, les analyses de comparaison montrent que qu’il y aurait une attitude plus positive envers l’homosexualité des personnes éloignées au plan social qu’envers l’homosexualité des personnes proches ou jouant un rôle éducatif et social. Ce résultat peut s’expliquer par la distance cognitive et sociale qui amènerait plus de tolérance envers les personnes socialement éloignées, par le fait que le participant se sent faiblement concerné par l’orientation sexuelles de cette catégorie de personnes. Cependant cette distance est réduite face à des personnes proches. Une autre explication pouvant être avancée en lien avec ce résultat, plus précisément, la non acceptation de l’homosexualité de personnes jouant un rôle social et éducatif. Cette explication provient du fait de considérer l’homosexualité comme étant immorale et on s’attend à ce que la personne ayant un rôle éducatif et social soit irréprochable au plan moral.

En ce qui concerne les caractéristiques sociodémographiques, il apparait que les jeunes, les personnes se déclarant du sexe féminin et celles ayant une formation dans les sciences humaines présentent une attitude plutôt positive envers l’homosexualité.

Ce résultat est en partie cohérent avec les données de la littérature (Shackelford & Besser, 2007).

Par ailleurs, l’examen des liens entre l’attitude face à l’homosexualité et les processus d’empathie montre un lien significatif.

Ce résultat est à analyser en tenant compte des limites de l’outil utilisé. En effet, l’ERI ne présente pas une structure factorielle satisfaisante. Ceci ne permet donc pas d’affiner les analyses en lien avec les processus d’empathie. Néanmoins, le lien objectivé entre l’attitude face à l’homosexualité et l’empathie peut avoir des retombés pragmatiques considérables. En effet, amener les individus à acquérir des compétences en lien avec le changement de point de vue, l’aptitude à se représenter l’état mental et affectif de l’autre et la distinction entre son propre état émotionnel et celui d’autrui pourraient induire un changement d’attitude face à l’homosexualité.

28

L’attitude face à l’homosexualité dans ses liens avec l’empathie l Etude exploratoire

En fin, il apparait clairement que l’attitude face à l’homosexualité est un concept composite. Il est donc impératif, lors d’une intervention ayant pour object le changement d’attitude, de décortiquer au préalable les dimensions ciblés. Ensuite, tenir compte du degré d’empathie et du type d’empathie mobilisés est une démarche incontournable.

29

Bibliographie

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L’attitude face à l’homosexualité dans ses liens avec l’empathie l Etude exploratoire

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32

‫‪L’attitude face à l’homosexualité dans ses liens avec l’empathie l Etude exploratoire‬‬

‫‪Annexe 1‬‬ ‫)‪The Index of Attitude Toward Homosexuals (ITH‬‬ ‫)‪Killian, M., Rutledge, S.E., Chonody, J., & Siebert, D.C. (2009‬‬ ‫مقياس السلوكيات تجاه المثلية الجنسية‬ ‫‪Version tunisienne (Belhadj, S. &Mekkaoui, K., 2019).‬‬ ‫هذه الجمل تعبر عن مجموعة من التصرفات تجاه المثلية الجنسية‪.‬‬ ‫المطلوب منك هو وضع عالمة لتبين إلى أي حد تتطابق هذه التصرفات مع تصرفاتك‪ .‬ليس هنالك إجابة خاطئة أو صحيحة ضع اإلجابة التي‬ ‫تتبادر أوال إلى ذهنك‪.‬‬ ‫متطابق جدا‬ ‫‪ .1‬أنا سأشعر بالتوتر إذا ما تواجدت في مجموعة‬ ‫متكونة من مثليين‬ ‫‪ .2‬أنا سأشعر باالنزعاج إذا ما علمت أن أخي أو أختي‬ ‫مثلي ‪/‬مثلية‬ ‫‪ .3‬إذا ما رأيت رجلين يمشيان في الطريق اليد في اليد‬ ‫فاني سأشعر بالتقزز‬ ‫‪ .4‬سأستمتع بالحضور في ملتقيات يوجد بها مثليين‬ ‫‪ .5‬سوف اشعر بالخيبة إذا علمت أن ابني مثلي جنسي‬ ‫‪ .6‬سوف اشعر باني فاشل ‪ /‬فاشلة كأب أو كأم إذا‬ ‫عرفت أن ابني مثلي جنسي‬ ‫‪ .7‬سوف أحس بالقلق إذا علمت أن األستاذ الذي‬ ‫يدرس ابني مثلي جنسي‬ ‫‪ .8‬سوف أحس باالضطراب إذا اكتشفت أن طبيبي‬ ‫مثلي‬ ‫‪ .9‬سوف أحس باني متضايق إذا ما راني احد في‬ ‫ملهى للمثليين‬ ‫‪ .10‬سوف لن أحس باالنزعاج إذا مشيت في أحياء‬ ‫مخصصة للمثليين‬ ‫‪ .11‬سوف أحس باالرتياح إذا علمت أن احد الشخصيات‬ ‫المهمة في حيينا (حومتنا) مثلي‬ ‫‪ .12‬سوف أحس باالرتياح إذا اشتغلت بصفة لصيقة‬ ‫مع امرأة مثلية‬ ‫‪ .13‬سوف أحس باالرتياح إذا علمت أن أستاذة ابنتي‬ ‫مثلية‬

‫‪33‬‬

‫متطابق إلى‬ ‫حد ما‬

‫متطابق‬

‫غير متطابق‬

‫غير متطابق على‬ ‫اإلطالق‬

‫متطابق جدا‬

‫متطابق إلى‬ ‫حد ما‬

‫متطابق‬

‫غير متطابق‬

‫غير متطابق على‬ ‫اإلطالق‬

‫‪ .14‬سوف اشعر باالرتياح إذا علمت أن صديقي الحميم‬ ‫(الذي هو من نفس جنسي) مثلي‬ ‫‪ .15‬سأشعر باالرتياح إذا تقدم علي احد من نفس‬ ‫الجنس أنا وهو‬ ‫‪ .16‬سأشعر باالرتياح إذا أحسست بجاذبية احد من‬ ‫نفس جنسي‬ ‫‪ .17‬سأشعر باالرتياح إذا عرفت أني جذاب بالنسبة‬ ‫للناس الذين هم من نفس جنسي‬ ‫‪ .18‬إذا ما تقدم علي احد من نفس الجنس أنا و هو‬ ‫فاني سأحس بالمجاملة‬ ‫‪ .19‬سوف أحس بالقلق إذا عرفت أن زوجتي أو‬ ‫شريكي يجذبه الناس الذين لديهم نفس جنسه ‪/‬‬ ‫جنسها‬

‫‪34‬‬

‫‪L’attitude face à l’homosexualité dans ses liens avec l’empathie l Etude exploratoire‬‬

‫‪Annexe 2‬‬ ‫)‪Interpersonnal Reactivity Index (IRI‬‬ ‫‪Davis, M. H. (1980). A multidimensional approach to individual differences in em‬‬‫‪pathy.‬‬ ‫‪JSAS Catalog of Selected Documents in Psychology, 10, 85.‬‬

‫مقياس التفاعل مابين األشخاص‬ ‫)‪Version tunisienne (Belhadj, S. & Mekkaoui, K., 2019‬‬ ‫هذه الجمل تعبر عن مجموعة األفكار و األحاسيس خالل وضعيات مختلفة‪.‬‬ ‫المطلوب منك هو وضع عالمة لتبين إلى أي حد تتطابق هذه التوصيفات معك‪ .‬ليس هنالك إجابة خاطئة أو صحيحة‪ .‬الرجاء قراءة كل مقترح‬ ‫مليا و اإلجابة بصراحة‪.‬‬ ‫نذكر بان مشاركتك مجهولة الهوية‬

‫متطابق جدا متطابق إلى حد ما متطابق غير متطابق غير متطابق على‬ ‫اإلطالق‬ ‫‪ .1‬أنا احلم و أتخيل يوميا و بصفة منتظمة ما يمكن‬ ‫أن يحدث لي‬ ‫‪ .2‬أنا غالبا معني (ة) بمشاعر الناس األقل مني حظا‬ ‫‪ .3‬في بعض األحيان أشعر بصعوبة لتبني وجهة نظر‬ ‫اآلخر‬ ‫‪ .4‬أحيانا ال أشعر باألسف تجاه اآلخرين عندما يكون‬ ‫لديهم مشاكل‬ ‫‪ .5‬أتقاسم مشاعر شخصية الرواية التي أقراها‬ ‫‪ .6‬في الحاالت الطارئة أشعر بالقلق و االضطراب‬ ‫‪ .7‬أنا دائما موضوعي (ة) عندما أتفرج على فلم أو‬ ‫مباراة وال أنغمس كليا‬ ‫‪ .8‬قبل اتخاذ قرار‪ ،‬أحاول البحث عن الجانب الخالفي‬ ‫مع األخر‬ ‫‪ .9‬عندما أرى أنه يتم استغالل شخص ما‪ ،‬أشعر بنوع‬ ‫من الحماية تجاهه‬

‫‪35‬‬

‫‪ .10‬أشعر بالعجز عندما أتواجد في وضعيات مشحونة‬ ‫بالعواطف‬ ‫‪ .11‬في بعض األحيان أحاول أن أفهم أصدقائي أكثر‬ ‫عبر تصور األشياء من وجهة نظرهم‬ ‫‪ .12‬نادرا ما أنغمس كليا في كتاب جيد أو فلم‬ ‫‪ .13‬عندما يتأذى احد فأنني أميل إلى البقاء هادئ‬ ‫‪ .14‬مصائب اآلخرين ال تزعجني دائما‬ ‫‪ .15‬إذا كنت متأكدا من أنني على حق حول شيء ما‬ ‫فإنني ال أضيع وقتي باستماعي لحجج اآلخرين‬ ‫‪ .16‬بعد التفرج على فلم أشعر و كأنني أحد‬ ‫الشخصيات‬ ‫‪ .17‬التواجد في وضعيات تشنج عاطفي يرعبني‬ ‫‪ .18‬عندما يتعرض أحد إلى ظلم فإنني ال أشعر‬ ‫أحيانا بالشفقة عليه‬ ‫‪ .19‬أنا عادة ما أكون فعاال جدا في الوضعيات‬ ‫الطارئة‬ ‫‪ .20‬أنا دائما أشعر بأن األحداث التي تجرى أمامي‬ ‫تمسني‬ ‫‪ .21‬أعتقد أن للمسائل جانبين وأحاول أن أخذ بعين‬ ‫االعتبار كليهما‬ ‫‪ .22‬أحب وصف نفسي على أساس أنني إنسان‬ ‫رقيق القلب‬ ‫‪ .23‬عندما أتفرج على فلم جيد بإمكاني أن أضع‬ ‫نفسي موضع الشخصية الرئيسية‬ ‫‪ .24‬يمكن أن أفقد السيطرة خالل الحاالت الطارئة‬ ‫‪ .25‬عندما أكون مستاء من أحد أحاول عادة أن أضع‬ ‫نفسي مكانه للحظة‬ ‫‪ .26‬عندما أقرا قصة أو حكاية شيقة‪ ،‬أتخيل ما يمكن‬ ‫أن أحسه إذا ما عشت نفس األحداث‬ ‫‪ .27‬عندما أرى أحدا في حاجة ماسة للمساعدة وفي‬ ‫حالة طارئة‪ ،‬فإنني أنهار‬ ‫‪ .28‬قبل أن أنتقد أحد‪ ،‬أحاول أن أتصور شعوري إذا‬ ‫كنت مكانه‬

‫‪36‬‬

L’attitude face à l’homosexualité dans ses liens avec l’empathie l Etude exploratoire

37

38

a background in human sciences demonstrate a positive

‫األشخاص لم يظهر الجوانب المكونة للتعاطف لذلك اكتفينا بالمجموع‬

attitude towards homosexuality. This result is partly consistent

.‫العام دون االستناد على المكونات الجزئية لمفهوم التعاطف‬

with the data of the literature (Shackelford & Besser, 2007).

Furthermore, examining the linkages between the attitude towards homosexuality and the processes of empathy shows a significant link. This result is to be analyzed by taking into

.‫وهذا ال يسمح لنا بتحسين التحليالت المتعلقة بمسارات التعاطف‬ ‫ فإن الصلة الموضوعية بين الموقف من المثلية الجنسية‬،‫ومع ذلك‬ ‫ والواقع أن حمل‬.‫وبين التعاطف يمكن أن تكون له فوائد عملية كبيرة‬

account the limits of the used tool. In fact, the Tunisian version

‫األفراد على اكتساب المهارات المرتبطة بتغيير وجهات النظر والقدرة‬

of scale-ERI does not present any satisfying factor structure.

‫على تمثيل الحالة الذهنية والعاطفية للشخص اآلخر والتمييز بين حالة‬

Then, this does not allow refining the analyses related to the processes of empathy. Nevertheless, the link of objectivity between the attitude towards homosexuality and the empathy can have considerable pragmatic benefits. In fact, encourage individuals to acquire skills related to changing the point of view, the ability to represent the mental and emotional state of the other and the distinction between one’s own emotional state and that of others may lead to a change in the attitude towards homosexuality.

Finally, it appears clearly that the attitude towards homosexuality is a composite concept. Hence, during an intervention aimed at changing attitudes, it is imperative to analyze the targeted dimensions beforehand. Then, considering the level of empathy and the type of empathy engaged is an essential approach.

‫المرء العاطفية وحالة اآلخرين قد يؤدي إلى تغيير في الموقف تجاه‬ .‫المثلية الجنسية‬ ‫ بات من الواضح أن الموقف من المثلية الجنسية يشكل‬،‫وفي النهاية‬ ‫ ولذلك فمن المؤكد أن يكون أي تدخل يهدف إلى تغيير‬.ً‫مفهوماً مركبا‬ ‫الموقف تجاه المثلية الجنسية مبنيا على تحديد وتحليل مسبق لألبعاد‬ ‫ كما انه من الضروري اخذ بعين االعتبار درجة التعاطف‬.‫المستهدفة‬ .‫ونوع التعاطف الذي يتم اعتماده‬

its underlying mechanisms. That’s why we have conducted

‫المثلية الجنسية ألشخاص مقربين والجاذبية ألشخاص من نفس‬

a factor analysis based to examine the components of the

‫الجنس والموقف تجاه المثلية الجنسية ألشخاص يلعبون دورا تربويا‬

attitude towards homosexuality. The results of this analysis highlight the three components which are: the attitude towards the homosexuality of socially remote people, the attitude

‫ويجب ذكر أن الخصائص القياسية النفسية لمقياس «الموقف تجاه‬

towards the homosexuality of close friends and same-sex self-

‫ وهو ما يمثل إسهاما‬.‫المثلية الجنسية» في نسخته التونسية جيدة جدا‬

attractiveness and the attitude towards the homosexuality of

‫في فهم الموقف تجاه المثلية الجنسية من خالل من خالل تفكيكه‬

persons playing an educational and social role in the entourage

»‫ كما يمثل اقتباس «الموقف تجاه المثلية الجنسية‬.‫بطريقة أكثر دقة‬

of the participant.

‫ سيتمكن المحترفون‬،‫ وهكذا‬.‫مساهمة في ميدان تقييم السلوكيات‬

It should be noted that the psychometric properties of the

‫في هذا المجال من استخدام هذه األداة بشكل أفضل لتحليل الموقف‬

EAFH are very satisfying. This constitutes a contribution to

.‫تجاه المثلية الجنسية‬

understanding the attitude towards homosexuality by allowing decomposing it more finely. The construction of the EAFH

‫ تبين التحليالت المقارنة أن هناك موقفا أكثر‬،‫وفي نفس هذا السياق‬

also constitutes a contribution to the field of evaluation of the

‫إيجابية تجاه مثلية األشخاص البعيدين على الصعيد اإلجتماعي من‬

behaviors. Thus, the professionals in this field would have

‫الموقف تجاه مثلية األشخاص المقربين أو الذين يلعبون دورا اجتماعيا‬

the access to this tool in order to better analyze the attitude

.‫وتربويا‬

towards homosexuality.

In the same context, the analyses of comparison have shown that there would be a more positive attitude towards socially remote people than vis-à-vis close persons or those who play an educational and social role.

This result can be explained by cognitive and social distance which brings more tolerance towards social remote persons

‫ويمكن تفسير هذه النتيجة بالمسافة الذهنية واالجتماعية التي قد‬ ‫تجلب أكثر تسامح تجاه األشخاص البعدين اجتماعيا وذلك لإلحساس‬ .‫الضعيف للمشارك بأن التوجه الجنسي لهذا النوع من األشخاص يعنيه‬ ‫ ويمكن تقديم تفسير‬.‫و تقل هذه المسافة أمام األشخاص القريبين‬ ‫آخر فيما يتعلق بهذه النتيجة وبالتحديد في ما يتعلق بعدم قبول‬ ‫المثلية الجنسية المتعلقة باألشخاص الذين يلعبون دورا اجتماعيا‬

based on the fact that the participant feels lowly concerned by

‫ يتأتى هذا التفسير من اعتبار المثلية الجنسية غير أخالقية‬.‫وتربويا‬

the sexual orientation of this category of persons. Nevertheless,

‫وننتظر من الشخص الذي يلعب دورا تربويا واجتماعيا أن يكون فوق‬

this distance is reduced towards close persons. Another

.‫الشبهات على الصعيد األخالقي‬

explanation can be advanced and which is linked to this result, more precisely, the non-acceptance of the homosexuality of persons playing an educational and social role. This

‫ فيبدو أن‬،‫أما في ما يتعلق بالخصائص االجتماعية – الديموغرافية‬ ‫الشباب واألشخاص الذين يعلنون أنهم من اإلناث والذين لهم تكوين‬

explanation stems from the fact of considering homosexuality

.‫في العلوم اإلنسانية يحملون موقفا ايجابيا تجاه المثلية الجنسية‬

as being immoral and we expect that the person who has an

.)2007 ،‫وتتفق هذه النتيجة جزئيا مع ماكتب (شاكل فورد و باسر‬

educational and social role be morally irreproachable.

40

.‫واجتماعيا في محيط المشارك‬

‫ فإن دراسة الروابط أظهرت رابطا وثيقا بين الموقف‬،‫ومن جهة أخرى‬

Concerning the socio-demographic characteristics, it seems

‫ ويجب تحليل هذه النتيجة مع‬.‫من المثلية الجنسية ومسارات التعاطف‬

that the youth, persons claiming to be female, and those with

‫ فإن مقياس «التفاعل مع‬،‫ وفي الواقع‬.‫مراعاة حدود األداة المستخدمة‬

L’attitude face à l’homosexualité dans ses liens avec l’empathie l Etude exploratoire

In addition, the data of the literature on this topic are very

‫ يتمثل هدف هذه الدراسة في استكشاف هذا‬،‫وفي هذا السياق‬

divisive since they conclude in different dimensions from each

‫المفهوم ومكوناته في اإلطار التونسي بناء على بيانات من المؤلفات‬

other (Kite & Whitley; 1996 Killian et al.2016).

‫ والواقع أن‬.)2016( ‫ كيليان ومؤلفون آخرون‬، ‫كالبحث الذي قام به‬

In this context, the objective of this study comes in an

‫هؤالء الباحثين يقترحون تفعيل مفهوم الموقف تجاه المثلية الجنسية‬

exploration of this concept and its components in the Tunisian

‫من خالل مقياس «الموقف تجاه المثلية الجنسية» الذي تبين ان لديه‬

context on the basis of the data of the literature, namely, the

.‫) جيدة وأسس نظرية‬Psychométriques( ‫خصائص بسيكومترية‬

work of Killian et al. (2016). In fact, these researchers suggest operationalizing the concept of attitude towards homosexuality

‫ نقترح اقتباس هذا المقياس في اإلطار‬،‫وفي إطار هذه الدراسة‬

through a tool that presents valid psychometric properties

‫التونسي واعتماده لتحديد مكونات المفهوم المتعلق ب «المواقف تجاه‬

and a theoretical foundation. Thus, we propose as part of this

.»‫المثلية الجنسية‬

study to adapt this tool to the Tunisian population and to use it in order to identify the components of the concept of the “attitudes towards homosexuality”.

The objective of this study comes in a research of the links between the empathy and the attitude towards homosexuality.

‫الهدف من هذه الدراسة هو أيضا البحث عن الروابط بين التعاطف‬ ‫ والواقع أننا نبني على أبحاث سابقة‬.‫والموقف تجاه المثلية الجنسية‬ ‫التي أظهرت ان حاالت التفاعل االجتماعي مع اآلخرين تتطلب عددا‬ ‫من اآلليات والوظائف النفسية التي تمكننا من رد الفعل بتالئم مع‬

In fact, we rely on the previous studies that have shown that

‫ مفهوم التعاطف‬،‫ نجد من بين هذه اآلليات والوظائف‬.‫الحالة الراهنة‬

situations of social interaction with others mobilize a certain

.‫بعنصريه المعرفي والعاطفي‬

number of psychological mechanisms and functions that allow us to respond in an appropriate manner to the current situation. Among these mechanisms and functions we find the concept of empathy along with its two cognitive and emotional components.

This research was conducted from a run-of- mine sample (n=203). The used tools are the scale of the attitude towards homosexuality (EAFH; Killian, Rutledge & Siebert, 2009)and the scale of interpersonal responsiveness(ERI ; Davis, 1980).

The first result which is of a descriptive nature shows that the group who has participated to this study presents a rather

.‫ مشارك‬203 ‫وقد تم تنفيذ هذا العمل البحثي على عينة تتكون من‬ ‫أما األدوات المستخدمة فتتمثل في مقياس الموقف تجاه المثلية‬ ‫) ومقياس التفاعل‬2009 ،‫ روتالج وسيبارت‬،‫ كاليان‬EAFH( ‫الجنسية‬ ‫ يجدر الذكر انه تم اعتماد ῾خالل‬.)1980 ،‫ دايفس‬،ERI( ‫بين األشخاص‬ .‫هذه الدراسة῾ النسخ التونسية لهذين المقياسين بعد ان تم اقتباسهما‬ ‫ أن المجموعة‬،‫῾ توضح النتيجة األولى وهي وصفية‬: ‫بالنسبة للنتائج‬ .‫المشاركة في هذه الدراسة تحمل موقفا سلبيا من المثلية الجنسية‬ ‫وتتفق هذه النتيجة مع دراسات أخرى التي بينت ان الموقف السائد‬ .)2006 ‫هو موقف معادي للمثلية الجنسية (بروين وامدت‬

negative attitude towards homosexuality. This result is in

‫ فإن هذه النتيجة األولى ال تسمح لنا بأن نفهم مدى تعقيد‬،‫ومع ذلك‬

convergence with the data in the literature which demonstrated

.‫الموقف تجاه المثلية الجنسية وحتى في ما يتعلق بآلياته األساسية‬

a preponderance of hostility towards homosexuality among the

‫ أجرينا تحليال لفحص العناصر المكونة للموقف تجاه‬،‫ولهذا السبب‬

population in general (Bruin &Amdt, 2006).

However, this first result does not allow understanding the complexity of the attitude towards homosexuality nor

.‫المثلية الجنسية‬ ‫ الموقف من المثلية‬:‫وتبرز نتائج هذا التحليل ثالثة عناصرأال وهي‬ ‫الجنسية لألشخاص البعيدين على الصعيد االجتماعي والموقف من‬ 41

The attitude towards homosexuality in its relationship with the empathy:

‫الموقف تجاه‬ ‫المثلية الجنسية‬ :‫في عالقاتها بالتعاطف‬ ‫دراسة استطالعية‬

Scoping study

The attitude towards homosexuality as a sexual orientation has been the subject of research of a certain number of fields ranging from biology to politics. As for psychological and social sciences, they tried to identify the factors that could explain a hostile attitude or a positive one towards this sexual orientation.

Among the identified factors, there is the age, the socio-

.‫بحث في عديد الميادين من علم األحياء إلى السياسة‬ ‫ حاولت العلوم النفسية واالجتماعية تحديد العوامل‬،‫ومن ناحية أخرى‬ ‫التي تمكن من تفسير الموقف المعادي أو اإليجابي من هذا التوجه‬ .‫الجنسي‬ ‫ والمستوى االجتماعي‬،‫ السن‬:‫ نذكر‬،‫ومن بين العوامل المحددة‬

economic level, the educational level, the religious, gender/

‫ ولم تتم‬.‫ والدين والجندر والجنس‬،‫ ومستوى التعليم‬،‫واالقتصادي‬

sex. Very few studies have addressed the psychological

‫دراسة سوى عدد قليل جدا من اآلليات النفسية المتأصلة في الفرد‬

mechanisms inherent to the individual who plays a role in the

.‫والتي تلعب دورًا في التفاعل بين األشخاص‬

interpersonal interactivity.

Thus, the study of McCrae & John in 1992 is considered as a groundbreaking research in this this lineage of research. These researchers have examined to what extent the personality traits allow predicting the attitude towards homosexuality.

The obtained results have shown a trait of personality, namely, “the openness to experiences” is strongly connected to a positive attitude towards homosexuality.

Furthermore, research showed that the attitude towards homosexuality is a composite and multidimensional concept.

Hence, the interest is to specify in a precise manner the dimensions on which a researcher wishes to work.

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‫مثلت المواقف إزاء المثلية الجنسية بوصفها توجهاً جنسياً موضوع‬

1992 ‫و لهذا تعتبر الدراسة التي قام بها كل من ماك كراي وجون سنة‬ ‫ وقد فحص هؤالء الباحثون‬.‫بحثا رائدا في المجال المتعلق بهذه األبحاث‬ .‫مدى توقع السمات المتعلقة بالشخصية للموقف تجاه المثلية الجنسية‬ ‫تظهر نتائج هذا البحث أن أحد جوانب الشخصية وهي «االنفتاح على‬ .‫التجارب» ترتبط ارتباطاً قوياً بموقف إيجابي تجاه المثلية الجنسية‬ ‫ أظهرت األبحاث أن الموقف تجاه المثلية الجنسية‬،‫ومن جهة أخرى‬ ‫ ومن ثم فإنه ال بد من تحديد دقيق‬.‫هو مفهوم مركب ومتعدد األبعاد‬ ‫ ال‬،‫ وباإلضافة إلى ذلك‬.‫لألبعاد التي يرغب الباحث في العمل عليها‬ ‫يوجد سوى قدر ضئيل جدا من توافق اآلراء في المؤلفات حول هذا‬ ‫الموضوع وذلك لكونها توصلت ألبعاد مختلفة عن بعضها البعض‬ .)2016 ‫ كيليان ومؤلفون آخرون‬،1996 ‫(كايت وواياتلي‬

L’attitude face à l’homosexualité dans ses liens avec l’empathie l Etude exploratoire

‫تقديم مشروع‬ Twensa Kifkom présentation

‫توانسة كيفكم‬ ‫«توانسة كيفكم» هو مشروع بالشراكة بين كل من منظمة محامون‬

« Twensakifkom » (Tunisians like you) is a partnership project between the organization Avocats Sans Frontières (ASF),

‫بال حدود والجمعية التونسية للدفاع عن الحريات الفردية ودمج الجمعية‬ ‫ هذا المشروع يهدف في مجمله إلى العمل‬.‫التونسية للعدالة والمساواة‬

the Tunisian Association for the Defense of Individual Liber-

‫على القضاء كل أشكال العنف والتمييز التي يتعرض لها األشخاص‬

ties, DAMJ the Tunisian Association for Justice and Equality.

.‫المثليون والمثليات والعابرون والعابرات في تونس‬

This project has as a global objective to contribute to the fight

‫) ويتمحور‬2020-2018( ‫يمتد هذا المشروع على مدة سنتين اثنتين‬

against all the forms of violence and discrimination the LGBTQI community in Tunisia is suffering from.

This is a two-year-project (2018-2020) which focuses on three specific and interdependent objectives: 1. Facilitating access to legal aid services tailored to the needs of LGBTQI+ persons; 2. Strengthening the capacities of civil society organizations to advocate jointly in favor of individual liberties; 3. Influencing public policies through a public campaign and

: ‫حول ثالثة أهداف محددة ومترابطة‬ ‫ تسهيل الحصول على خدمات اإلعانة العدلية بطريقة تتماشى‬.1 ‫والخصوصية التي تتطلبه وضعية األشخاص المثليين والمثليات‬ .‫والعابرين والعابرات‬ ‫ تنمية قدرات منظمات المجتمع المدني من أجل حملة مناصرة‬.2 .‫مشتركة من أجل تكريس الحريات الفردية‬ ‫ عبر‬،‫ من أجل تحقيق هذا الهدف‬،‫ التأثير على السياسات العامة‬.3 .‫حمالت واسعة ومن خالل أنشطة حشد ومناصرة‬

advocacy actions.

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‫املوقف تجاه‬

The attitude towards

‫املثلية الجنسية‬

homosexuality in its relationship with the

:‫يف عالقاتها بالتعاطف‬

empathy: ‫دراسة استطالعية‬

Scoping study

‫امللخص باللغة العربية‬

Synthesis of the study

‫سمية بالحاج‬

Soumaya Belhadj Research Professor, Department of Psychology,

‫أستاذة باحثة بالمعهد العالي للعلوم اإلنسانية‬

Higher Institute of Human Sciences, Tunis

‫بتونس جامعة تونس المنار‬

University Tunis El Manar

‫رئيسة الجمعية التونسية‬

President of the Tunisian

‫للدفاع عن الحريات الفردية‬

association defending individual Liberties (ADLI)

»‫دراسة اعدت في اطار مشروع «توانسة كيفكم‬

Project Twensa Kifkom

Tunis 2020 ‫تونس‬