CF_KeyLearnings_2011_FR

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Les apprentissages clés des résumés des études cas « Résister féministes en de et s’opposer aux première ligne : fondamentalismes »


Les apprentissages clés des féministes en première ligne : résumés des études de cas « Résister et s’opposer aux fondamentalismes »


Les publications de l’AWID « Résister et s’opposer aux fondamentalismes religieux »

Les versions intégrales des études de cas « Les féministes en première ligne » sont consultables ou téléchargeables sur le site web de l’AWID, www.awid.org/fr. Les brefs résumés des études de cas —compilés par l’AWID et extraits des études de cas complètes— sont inclus dans ce document.

Virginija Aleksejune, Margarita Jankauskaite et Vilana Pilinkaite– Sotirovic, Centre pour la promotion de l’égalité

Confrontation aux fondamentalismes catholiques en ex–Union soviétique : le cas de la Lituanie

Carmen Hein de Campos, Conseils Juridiques et Études de Genre

La criminalisation en masse pour cause d’avortement : la violation des droits reproductifs des femmes dans le Mato Grosso du Sud au Brésil

Guadalupe Elizalde Molina et Martha Guadalupe Figueroa Mier ; éditée par Luz Maceira Ochoa, COLEM–Collectif de Rencontres entre femmes de San Cristobal de las Casas

Les fondamentalismes religieux dans les milieux indigènes de Chiapas et la violation des droits des femmes

Leona English, Lucille Harper et Betsy MacDonald, Centre de ressources pour les femmes d’Antigonish

Activisme féministe rural et fondamentalisme religieux en Nouvelle–Écosse, Canada

Haven Herrin, Soulforce Q

Sexualité, genre et droit religieux : sensibilisation des jeunes aux droits des GLBT aux États–Unis

Jessica Horn

Fondamentalismes chrétiens et droits des femmes dans le contexte africain : cartographie du terrain

Teresa Lanza Monje, Catholiques pour le Droits à Décider–Bolivie

S’opposer aux fondamentalismes religieux en Bolivie : l’inclusion des droits sexuels et reproductifs dans la Constitution

Nadine M., Meem

Femmes arabes queer et transgenres face à divers fondamentalismes religieux : le cas de Meem au Liban

Les apprentissages clés des féministes en première ligne

Jaris Mujica et Mauricio Rivera, PROMSEX Centre de Promotion et de Défense des Droits Sexuels et Reproductifs PROMSEX, Observatoire des Groupes Anti–droits

Tour d’horizon des groupes fondamentalistes du Pérou

Elizabeth Placido, Catholiques pour le Droits à Décider–Mexique

S’opposer aux fondamentalismes religieux au Mexique : la séparation État–églises et la réaffirmation des droits sexuels et reproductifs des femmes

Lucila Puyol et Paula Condrac, avec Mirtha Manzur, Multisectorial de Mujeres de Santa Fe

Le décès d’Ana Maria Acevedo : le fer de lance du Mouvement de Femmes

Kauara Rodrigues, Juliano Alessander, Natalia Mori et Soraya Fleischer, CFEMEA–Centro Feminista de Estudos e Assessoria

Les fondamentalismes religieux et politiques en tant que menace pour les droits des femmes : des défis pour le Pouvoir législatif au Brésil

Ydalid Rojas Salinas, Forum Régional d’Arequipa pour les droits sexuels et reproductifs

Les fondamentalismes religieux et le cas du Protocole sur l’avortement thérapeutique à Arequipa au Pérou

Shadi Sadr, Campagne « Stop à la lapidation pour toujours »

Des pierres qui nous sont destinées : étude du discours et des stratégies de la campagne ‘Stop Stoning Forever’ (Stop à la lapidation pour toujours)

Trupti Shah, Sahiyar (Stree Sanghthan)

Fondamentalismes religieux et communalisme : le cas de Sahiyar

Carmen Sorrentino, Association Luca Coscioni

L’Association Luca Coscioni et le Congrès mondial pour la liberté de la recherche scientifique : expérience italienne de résistance aux fondamentalismes religieux

Nathanael G. Sumaktoyo et Yuyun Rindiastuti

Fondamentalismes religieux et vie étudiante : coup d’œil d’Indonésie

Stasa Zajovic et Katie Mahuron, Femmes en noir–Serbia

Serbie (Orthodoxe serbe) Opposition au pouvoir croissant de l’Église orthodoxe serbe dans la vie publique : le cas des Femmes en noir en Serbie


Les apprentissages clés des féministes en première ligne : résumés des études de cas « Résister et s’opposer aux fondamentalismes » Séries : Les féministes en première ligne

Shareen Gokal, Rosanna Barbero, Cassandra Balchin

www.awid.org


Table des matières viii

Préface

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Remerciements

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Les apprentissages clés des féministes en première ligne : résumés des études de cas « Résister et s’opposer aux fondamentalismes »

31

Résumés des études de cas « les féministes en première ligne » Confrontation aux fondamentalismes catholiques en ex–Union soviétique : le cas de la Lituanie

34

La criminalisation en masse pour cause d’avortement : la violation des droits reproductifs des femmes dans le Mato Grosso du Sud au Brésil

37

Les fondamentalismes religieux dans les milieux indigènes de Chiapas et la violation des droits des femmes

42

Activisme féministe rural et fondamentalisme religieux en Nouvelle–Écosse, Canada

46

Sexualité, genre et droit religieux : sensibilisation des jeunes aux droits des GLBT aux États–Unis

50

Fondamentalismes chrétiens et droits des femmes dans le contexte africain : cartographie du terrain

54

S’opposer aux fondamentalismes religieux en Bolivie : l’inclusion des droits sexuels et reproductifs dans la Constitution

57

Femmes arabes queer et transgenres face à divers fondamentalismes religieux : le cas de Meem au Liban

61

Tour d’horizon des groupes fondamentalistes du Pérou

64

S’opposer aux fondamentalismes religieux au Mexique : la séparation État– églises et la réaffirmation des droits sexuels et reproductifs des femmes

67

Le décès d’Ana Maria Acevedo : le fer de lance du Mouvement de Femmes

70

Les fondamentalismes religieux et politiques en tant que menace pour les droits des femmes : des défis pour le Pouvoir législatif au Brésil

74

Les fondamentalismes religieux et le cas du Protocole sur l’avortement thérapeutique à Arequipa au Pérou

77

Des pierres qui nous sont destinées... : étude du discours et des stratégies de la campagne ‘Stop Stoning Forever’ (Stop à la lapidation pour toujours)

81

Fondamentalismes religieux et communalisme : le cas de Sahiyar

85

Associazione Luca Coscioni et Congrès mondial pour la liberté de la recherche scientifique : expérience italienne de résistance aux fondamentalismes religieux

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Fondamentalismes religieux et vie étudiante : coup d’œil d’Indonésie

Auteures : Shareen Gokal, Rosanna Barbero, Cassandra Balchin Rédactrice en chef et relectrice : Saira Zuberi Conception et mise en page : Nuria Gonzalez, Griselda Ojeda Traducteur et relectrice : Victoria Whitelaw, Karen Murray Les photos en couverture ont été prises par (de gauche à droite) : Guadalupe Elizalde Molina et Martha Guadalupe Figueroa Mier ; Virginija Aleksejune, Margarita Jankauskaite et Vilana Pilinkaite– Sotirovic ; Trupti Shah ; site web Bareed Mista3jil ; site web Soulforce ; Stasa Zajovic. ISBN 978–0–9868372–2–7 © 2011 Association pour les droits de la femme et le développement (AWID) Tous droits réservés. Pour obtenir l’autorisation de reproduire le contenu de ce document, en totalité ou en partie, veuillez vous adresser à contact@awid.org. Publié par l’Association pour les droits de la femme et le développement (AWID), Toronto, Mexico, Le Cap. Bureau de Toronto 215 Spadina Ave., Suite 150 Toronto, Ontario M5T 2C7 Canada

Bureau de Mexico Salina Cruz 34 Colonia Roma Sur Mexico, D.F., C.P. 06760 Delegación Cuahtemoc Mexique

Bureau du Cap A6 Waverley Court 7 Kotzee Road Mowbray, Le Cap 7925 South Africa Afrique du Sud

L’Association pour les droits de la femme et le développement (AWID) est une organisation associative internationale, qui consacre ses efforts à l’égalité entre les hommes et les femmes, au développement durable et aux droits humains des femmes. La mission de l’AWID est de renforcer la voix, l’impact et l’influence des organisations, des mouvements et des défenseurs/ses des droits des femmes sur la scène internationale, en vue de promouvoir efficacement les droits de la femme.

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Opposition au pouvoir croissant de l’Église orthodoxe serbe dans la vie publique : le cas des Femmes en noir en Serbie


Préface La présente collection, offrant 18 études de cas réalisés dans le cadre de l’initiative de l’AWID « Résister et s’opposer aux fondamentalismes religieux » vise à élargir la réflexion stratégique, le dialogue et le plaidoyer concernant les fondamentalismes religieux des organisations et mouvements des droits des femmes. Dans leurs efforts pour affronter les fondamentalismes religieux, les activistes des droits des femmes signalent qu’il existe un besoin croissant d’informations liées aux stratégies de résistance et d’opposition des femmes dans d’autres pays. L’enquête 2007 de l’AWID auprès des activistes des droits des femmes a révélé que 84 % des activistes voient cela comme un besoin fondamental (voir l’encadré de droite « Notre base de recherche »).

Notre base de recherche Lancé en 2007, l’initiative a mis au point un certain nombre de ressources basées sur une enquête réalisée auprès de plus de 1.600 activistes des droits des femmes dans 160 pays différents, sur 51 entretiens approfondis consultations et recherches.

En 2008, l’AWID a lancé un appel à propositions en anglais, espagnol, français et arabe pour la réalisation d’études de cas documentant des stratégies féministes pour lutter contre les fondamentalismes religieux. L’objectif était de mettre l’accent sur les stratégies qui, dans l’ensemble, satisfaisaient aux critères suivants :

Préface

Durant les mois qui suivirent [cet appel], un comité de sélection composé de six membres de différents continents et domaines de travail a retenu 18 cas parmi un impressionnant ensemble de 180 propositions. Dans certains cas, le comité est allé au–delà des critères de sélection pour se donner la possibilité de pouvoir inclure des études qui offraient des illustrations particulièrement concrètes sur la manière dont fonctionnent les fondamentalismes religieux. Les auteurs/es des études de cas ont ensuite travaillé avec un groupe diversifié de correcteurs/rices et d’assistants/es de rédaction de l’AWID pour rédiger leurs études de cas finales.

avec des activistes et sur d’autres

Cette collection d’études de cas vise à approfondir l’analyse des stratégies contenues dans d’autres publications de l’initiative en fournissant des exemples contextuels de stratégies dans la pratique et en rendant le champ de création et la détermination des femmes plus visible. Les études de cas offrent également des détails précis sur la façon dont les fondamentalismes religieux opèrent dans chaque contexte. Nous espérons que la collection contribuera à élargir la documentation sur les stratégies pour le changement social et à enrichir nos efforts collectifs pour répondre à la problématique des fondamentalismes religieux.

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• Elles n’avaient pas été documentées antérieurement ; • elles ont obtenues un certain succès ; et • elles proviennent de différentes régions, religions, domaines d’activisme et méthodes.

Cette collection couvre une diversité de contextes : l’Argentine, la Bolivie, le Brésil, le Canada, l’Inde, l’Indonésie, l’Iran, l’Italie, le Liban, la Lituanie, le Mexique, le Pérou, la Serbie et les États–Unis. Elle offre également un aperçu des fondamentalismes chrétiens en Afrique sub–saharienne. Certains auteurs/es des études de cas sont des activistes travaillant avec des groupes particuliers comme les personnes LGBTQI, les communautés autochtones ou de jeunes. D’autres travaillent, de manière plus globale, pour les droits des femmes ou sur les politiques du gouvernement. Certaines études de cas sont situées dans des contextes ruraux et d’autres dans des zones urbaines. Certains auteurs/es travaillent dans un cadre religieux en tant que stratégie et d’autres pas. Certains/es des activistes ont mis l’accent de manière particulière sur les fondamentalismes religieux, tandis que d’autres ont confronté ce phénomène dans le cadre de la défense de leurs droits, de manière plus générale. La collection ne prétend en aucun cas couvrir l’ensemble des stratégies marquantes utilisées pour résister et s’opposer aux fondamentalismes religieux, mais nous espérons qu’elle contribuera à combler l’actuelle lacune dans notre compréhension des fondamentalismes religieux en tant que phénomène global, en fournissant une analyse contextualisée et approfondie dans un cadre interrégional et interreligieux. Préface

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Il subsiste toutefois, dans cette collection, quelques limitations qui sont dues à plusieurs facteurs, notamment à l’effort de rester dans le cadre des critères de sélection, aux caractéristiques propres à un appel ouvert à propositions, aux moyens virtuels de communication sur lesquels nous nous appuyons et aux limites de la base de données des contacts de l’AWID qui, bien que vaste, ne peut espérer d’englober tous les champs d’action des mouvements de femmes. Nous avons aussi été limitées par les langues dans lesquelles nous sommes en mesure de diffuser et de recevoir des projets (anglais, espagnol, français et arabe), ainsi que par la capacité éditoriale limitée de l’AWID pour aider à la documentation des études de cas. En outre, la documentation n’est pas un processus neutre, il est influencé par une dynamique de pouvoir. L’AWID est une organisation féministe internationale qui a un certain point de vue sur la question des fondamentalismes religieux, ainsi que des moyens institutionnels pour faciliter la documentation des stratégies. Celle–ci représente l’occasion pour les activistes de faire une pause, de réfléchir et de s’exprimer sur leur activisme. D’autre part, le processus même d’aide à la documentation peut également influencer le résultat de manière évidente mais aussi subtile : à travers les cas choisis, le cadre que nous avons établi pour la documentation, la terminologie que nous utilisons, les questions que nous posons aux auteurs/es, la manière dont nous éditons le texte final. En même temps, aucune facilitation de l’AWID n’aurait pu faire jaillir les études de cas si ce n’est grâce à l’engagement et l’apport des auteurs/es et des activistes eux/elles–mêmes. La version intégrale de chaque étude de cas est disponible en ligne. Un bref résumé accompagne chaque étude —compilé par l’AWID et tiré du texte intégral de celles–ci— résumant le contexte et les stratégies clés du cas complet. Un chapitre de synthèse présentant les principaux résultats et tendances identifiables dans la collection d’études de cas est inclus dans cette publication. Nous espérons que cette série inspirera et mobilisera les lecteurs, et quelle offrira de nombreuses idées à s’approprier, à réfléchir et qui pousserons à l’action.

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Préface

Remerciements L’AWID tient à remercier tous/tes les auteurs/es des études de cas qui ont travaillé avec notre équipe pendant de nombreux mois pour offrir leurs extraordinaires expériences à cette plate–forme mondiale. Nous tenons également à remercier les propositions qui n’ont pas été reprises en tant qu’études de cas complètes mais qui, dans de nombreux cas, ont contribué à enrichir d’autres rapports produits par l’initiative « Résister et s’opposer aux fondamentalismes religieux. » Nous tenons à remercier les personnes suivantes pour leur temps, efforts et analyses, contribuant ainsi à ce projet : Le comité de sélection des cas d’étude : En plus de Ghadeer Malek, Assistante du programme « Activisme des jeunes féministes » et Shareen Gokal, Responsable de l’initiative stratégique « Résister et s’opposer aux fondamentalismes religieux », le comité comprend : Gita Sahgal, Royaume Uni Maria–José Rosado, Brésil Pallavi Sobti–Rajpal, Inde Wanda Nowicka, Pologne Les correcteurs/rices des cas d’étude : Alejandra Sarda–Chandiramani, Argentine Cassandra Balchin, Royaume Uni Deepa Shankaran, Canada Frances Kissling, États–Unis Juan Marco Vaggione, Argentine Lydia Alpizar Duran, Costa Rica Perla Vazquez Diaz, Mexique Saira Zuberi, Canada Shareen Gokal, Canada Waheeda Amien, Afrique du Sud Wanda Nowicka, Pologne

Remerciements

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Édition, traductions, relecture, conception et réalisation : Agnès de Crits Alejandra Sarda–Chandiramani Andrea Del Angel Bailey Duller Brigitte L. Cohen Caroline Sin Cindy Clark Daniela Villegas Deepa Shankaran Griselda Ojeda Irma Molina Karen Murray Kate Miller Kim Sterne Lina Gomez Lynn O’Rourke Nicole Lisa Nuria Gonzalez Rona Donefer Rochelle Terman Rosanna Barbero Saira Zuberi Sandra Dughman Manzur Veronica Delgado Victoria Whitelaw AWID remercie le soutien financier pour son programme 2009 fournis par les bailleurs de fonds suivants : Agence internationale suédoise de coopération au développement Direction suisse du développement et de la coopération Cordaid Fondation Levi Strauss Hivos Ministère Hollandais des Affaires Étrangères MDG3 Fund Oxfam Novib Sigrid Rausing Trust Contributeur anonyme

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Remerciements

Les apprentissages clés des féministes en première ligne : études de cas « Résister et s’opposer aux fondamentalismes » Cette formidable collection de 18 études de cas a été rédigée par des activistes des droits des femmes en collaboration avec l’initiative de l’AWID « Résister et s’opposer aux fondamentalismes religieux. » Elle constitue le témoignage de femmes et d’hommes du monde entier qui ont le courage et la détermination de défier les normes et les valeurs discriminatoires imposées au nom de la religion. Ils/elles ont révélé et contesté la manière dont l’une des forces les plus puissantes de la société —à savoir la religion— est détournée pour contrôler les êtres humains et violer leurs droits. Ces études de cas ont été entreprises en réponse à la demande des activistes des droits des femmes qui souhaitaient obtenir plus d’idées et de connaissances, qui peuvent être recueillies de la documentation, sur les manifestations concrètes des fondamentalismes religieux et sur les différentes façons à travers lesquelles les féministes se sont opposées à leur pouvoir. En vertu de l’examen détaillé et profond des circonstances spécifiques de l’élaboration des stratégies féministes, ces études de cas apportent de nouveaux éclairages sur la façon dont les activistes des droits des femmes s’attaquent à une série de fondamentalismes religieux dans le monde entier. Ces études de cas permettent de confirmer également, dans une plus grande complexité, le savoir acquis d’autres aspects de la recherche de l’AWID. En couvrant une large gamme de contextes géographiques, historiques et religieux, ces études de cas ajoutent de la profondeur et une autre dimension aux connaissances acquises à travers l’enquête et les entretiens, en même temps qu’elles aident à identifier les moyens variés et créatifs employés par les activistes des droits des femmes pour protéger et promouvoir les droits humains contre les attaques des fondamentalismes religieux. Pour être choisi parmi les 180 propositions reçues, les études de cas devait refléter une certaine « réussite », un des critères principaux établi par l’AWID. Bien que toutes les campagnes de cette collection n’aient pas nécessairement atteint leurs objectifs immédiats, elles ont néanmoins obtenu d’importants succès indirects. Toutes les études traduisent également un autre type de réalisation : la conviction que la justice et la transformation, même dans les circonstances les plus difficiles, ne sont pas seulement possibles, mais réalisables, même de manière progressive, jour après jour. Les apprentissages clés des féministes en première ligne

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Argentine (Catholique)

Bolivie (Catholique et Chrétien pentecôtiste)

S’opposer aux fondamentalismes religieux en Bolivie : l’inclusion des droits sexuels et reproductifs dans la Constitution Teresa Lanza Monje Catholiques pour le Droits à Décider–Bolivie

Brésil (Catholique et Chrétien évangéliste)

La criminalisation en masse pour cause d’avortement : la violation des droits reproductifs des femmes dans le Mato Grosso du Sud au Brésil Carmen Hein de Campos Conseils Juridiques et Études de Genre

Brésil (Catholique et Chrétien évangéliste)

Les fondamentalismes religieux et politiques en tant que menace pour les droits des femmes : des défis pour le Pouvoir législatif au Brésil Juliano Alessander, Soraya Fleischer, Natalia Mori et Kauara Rodrigues CFEMEA–Centre Féministe d’Études et de Conseils

Canada (Catholique)

Inde (Hindou)

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Le décès d’Ana Maria Acevedo : le fer de lance du Mouvement de Femmes Paula Condrac et Lucila Puyol Multisectorielle (organisation) de Femmes de Santa Fé

Activisme féministe rural et fondamentalisme religieux en Nouvelle–Écosse, Canada Leona English, Lucille Harper et Betsy MacDonald Centre de ressources pour les femmes d’Antigonish Fondamentalismes religieux et communalisme : le cas de Sahiyar Trupti Shah Sahiyar (Stree Sanghthan)

Les apprentissages clés des féministes en première ligne

Indonesie (Musulman)

Fondamentalismes religieux et vie étudiante : coup d’œil d’Indonésie Yuyun Rindiastuti et Nathanael G. Sumaktoyo

Iran (Musulman)

Des pierres qui nous sont destinées : étude du discours et des stratégies de la campagne ‘Stop Stoning Forever’ (Stop à la lapidation pour toujours) Shadi Sadr Campagne « Stop à la lapidation pour toujours »

Italie (Catholique)

L’Association Luca Coscioni et le Congrès mondial pour la liberté de la recherche scientifique : expérience italienne de résistance aux fondamentalismes religieux Carmen Sorrentino Association Luca Coscioni

Liban/Moyen Orient et Afrique du Nord (Musulman et Chrétien)

Femmes arabes queer et transgenres face à divers fondamentalismes religieux : le cas de Meem au Liban Nadine M. Meem

Lithuanie (Catholique)

Confrontation aux fondamentalismes catholiques en ex–Union soviétique : le cas de la Lituanie Virginija Aleksejune, Margarita Jankauskaite et Vilana Pilinkaite–Sotirovic Centre pour la promotion de l’égalité

Mexique (Catholique)

S’opposer aux fondamentalismes religieux au Mexique : la séparation État–églises et la réaffirmation des droits sexuels et reproductifs des femmes Elizabeth Placido Catholiques pour le Droits à Décider–Mexique

Les apprentissages clés des féministes en première ligne

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Mexique (Catholique et Chrétien pentecôtiste)

Les fondamentalismes religieux dans les milieux indigènes de Chiapas et la violation des droits des femmes Guadalupe Elizalde Molina et Martha Guadalupe Figueroa Mier ; éditée par Luz Maceira Ochoa COLEM–Collectif de Rencontres entre femmes de San Cristobal de las Casas

Pérou (Catholique)

Tour d’horizon des groupes fondamentalistes du Pérou Jaris Mujica et Mauricio Rivera PROMSEX Centre de Promotion et de Défense des Droits Sexuels et Reproductifs PROMSEX, Observatoire des Groupes Anti–droits

Pérou (Catholique)

Les fondamentalismes religieux et le cas du Protocole sur l’avortement thérapeutique à Arequipa au Pérou Ydalid Rojas Salinas Forum Régional d’Arequipa pour les droits sexuels et reproductifs

Serbie (Orthodoxe serbe)

États Unis (Chrétien, Chrétien pentecôtiste et évangéliste)

Afrique sub–saharienne (Chrétien pentecôtiste, charismatique et évangéliste)

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Opposition au pouvoir croissant de l’Église orthodoxe serbe dans la vie publique : le cas des Femmes en noir en Serbie Katie Mahuron et Stasa Zajovic Femmes en noir – Serbie Sexualité, genre et droit religieux : sensibilisation des jeunes aux droits des GLBT aux États–Unis Haven Herrin Soulforce Q

Fondamentalismes chrétiens et droits des femmes dans le contexte africain : cartographie du terrain Jessica Horn

Les apprentissages clés des féministes en première ligne

L’impact des fondamentalismes religieux sur les droits et la vie L’enquête de l’AWID a révélé que huit activistes sur dix, de 160 pays différents, conviennent que les fondamentalismes religieux ont un impact négatif sur les droits des femmes et 69 % estiment que ceux–ci entravent les droits des femmes plus que toute autre force politique. Le point primordial mis en évidence par toutes les études de cas et par leurs récits détaillés des stratégies féministes de résistance, est la nécessité de documenter, de partager et de rendre visible l’impact des fondamentalismes religieux et leurs manifestations spécifiques dans chaque contexte ainsi que celles qu’ils partagent mondialement. Les impacts des fondamentalismes religieux sur la vie des personnes, en particulier des femmes, abordés dans ces études de cas, viennent renforcer les conclusions recueillies dans d’autres publications de l’initiative de l’AWID « Résister et s’opposer aux fondamentalismes religieux. »1 Ces importants impacts, interconnectés, peuvent se regrouper de la suivante manière : • La réduction générale de l’autonomie des femmes accompagnées du raidissement croissant des rôles de genre et de la normalisation de la passivité chez les femmes ; • L’augmentation des violations (par des acteurs/rices étatiques et non–étatiques) des droits des femmes à l’autonomie corporelle, plus précisément à l’autonomie sexuelle, à la diversité dans les expressions de leur sexualité et leur orientation, la liberté vestimentaire et la santé et droits reproductifs ; • L’augmentation de la violence et des divisions dans la société, en particulier à l’encontre des individus et des groupes qui contestent directement les fondamentalismes (comme les activistes pour les droits), ou les personnes qui ne s’opposent pas délibérément aux fondamentalismes (telles que les femmes qui souhaitent avorter ou les personnes LGBTQI) ; ou les communautés considérées comme « l’autre ennemi » (comme les minorités religieuses et/ou ethniques) ; • L’augmentation de la pression psychologique sur les personnes qui ne sont pas conformes à l’idéal fondamentaliste ; • La réduction de la liberté intellectuelle et scientifique, ainsi que la censure des opinions politiques diverses ; • La réduction du développement et de la démocratie en raison de l’augmentation des attaques envers les droits des femmes, les institutions des droits humains et le système judiciaire, ainsi que la violence croissante et l’intolérance dans la société ;

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• L’augmentation de la pression contre les réformes de lois et les politiques fondées sur les droits ou contre la bonne mise en œuvre des droits déjà garantis par les constitutions et législations nationales.

La clarification des concepts : Quels sont les « fondamentalismes religieux » ? Les études de cas corroborent les constatations d’autres recherches de l’AWID2 : les activistes des droits des femmes ont une interprétation très variée et nuancée du sens du terme, mais qui identifient néanmoins certaines caractéristiques communes aux fondamentalismes, notamment leurs caractères : absolutiste et intolérant, anti–femmes et patriarcale, pour les fondements de la religion, de la politique et du pouvoir, anti– droits humains et libertés, littéraliste et démodé, violent et pour ​​la culture et la tradition.3 L’utilisation du terme « fondamentalismes religieux » doit être faite avec précaution pour éviter de confondre la religion avec les fondamentalismes religieux et plusieurs auteurs/es de cette collection ont fait cette distinction. La religion donne lieu à de diverses interprétations, la pensée pluraliste et la possibilité de transformation et de libération politique. Les études de cas suivantes abordent, dans une certaine mesure, les aspects potentiellement libérateurs de la religion : en Bolivie, Canada, Inde, Indonésie, Iran, Liban, Mexique, États–Unis, ainsi que le rapport régional sur l’Afrique subsaharienne. Comprendre la distinction entre la religion et les fondamentalistes religieux/ses est particulièrement importante étant donné que certaines des études de cas indiquent que la religiosité est répandue dans diverses régions. Il y a d’autres raisons d’être prudent. Comme l’indique le rapport régional sur les fondamentalismes chrétiens en Afrique sub–saharienne, les opinions des activistes sur l’utilité stratégique du terme diffèrent souvent. Certains estiment qu’il est important de donner une étiquette [au phénomène] pour qu’il soit compris dans tous les contextes, afin de faciliter la résistance et l’opposition. D’autres redoutent que la crainte que l’expression « fondamentalisme religieux » génère et que les stéréotypes qu’elle invoque ne déshumanisent les fondamentalistes et que cela empêche de travailler avec eux efficacement. Les opinions divergentes à ce sujet indiquent que les niveaux de confort et d’inconfort dans l’utilisation du terme pourraient être contextuels.

La synthèse des stratégies fondamentalistes religieuses des études de cas En tant que collection, ces études de cas révèlent de nombreuses similitudes dans les stratégies des fondamentalistes religieux/ses ainsi que dans les impacts de leurs actions sur les droits humains des femmes

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Les apprentissages clés des féministes en première ligne

à travers le monde. Bien que les fondamentalismes puissent être désignés et parfois compris de manière un peu différente selon les contextes, leurs programmes de base et la manière dont ils opèrent sont très similaires. L’analyse des discours et des stratégies fondamentalistes dans d’autres publications produites par l’Initiative de l’AWID4 est étayée par des exemples contenus dans les études de cas. Cependant, les études de cas donnent un aperçu nouveau sur l’élaboration des stratégies fondamentalistes. Un avantage du format de l’étude de cas est qu’elle permet une perspective plus historique et contextuelle de la question, dévoilant comment les fondamentalismes religieux sont un phénomène en constante évolution, tandis que leurs discours et leurs programmes demeurent inchangés, leurs stratégies sont en constante évolution et adaptation. Ces études de cas particulières ont constitué des apports à l’analyse réalisée suite à l’enquête en ligne et aux entretiens approfondis dans deux domaines particuliers : La combinaison stratégique et puissante des fondamentalismes religieux avec d’autres formes de politiques identitaires comme le nationalisme et les identités de caste ou ethnique ; L’action stratégique visant à porter atteinte à la laïcité de l’État et à utiliser l’appareil de l’État (qu’ils soient officiellement laïcs ou pas) pour favoriser les programmes fondamentalistes. La combinaison de la religion avec d’autres catégories d’identité pour mobiliser le pouvoir et exercer le contrôle : la collection d’études de cas est présentée en se basant sur les ​​ contextes où les féministes sont en train de « résister et de s’opposer aux fondamentalismes » —autrement dit, leur objectif est plus large que les fondamentalismes religieux en eux–mêmes. Ces différents fondamentalismes peuvent se faire la concurrence, cependant ils coopèrent souvent, ce qui produit un effet dévastateur. En Bolivie, dans l’État mexicain du Chiapas, en Inde, au Liban, en Lituanie et en Serbie, par exemple, les fondamentalismes religieux ne travaillent pas seulement dans le cadre de la religion et ne réifient pas uniquement leur propre religion, mais ils utilisent aussi d’autres catégories d’identité (ethnique, culturelle, de caste, ou de nationalité) pour renforcer leur influence. En Afrique sub–saharienne, les fondamentalistes chrétiens travaillent en collaboration avec les fondamentalistes culturels et leur discours pour renforcer le poids moral de leurs arguments. Les études de cas révèlent les formes variées et complexes au travers desquelles les fondamentalismes religieux nouent des alliances avec d’autres secteurs fondamentalistes dans la société, telles que les fondamentalismes économiques ou les fondamentalismes militaires, dans leur tentative d’accéder au pouvoir et d’exercer une certaine influence dans leur région.

Les apprentissages clés des féministes en première ligne

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Les efforts visant à porter atteinte à la laïcité de l’État et qui utilisent l’appareil de l’État pour faire avancer le programme des fondamentalistes : dans la présente collection d’études de cas, ce sujet peut se diviser en sous–catégories : L’exploitation légale du rôle privilégié de la religion : en Argentine et en Indonésie, par exemple, l’État n’est pas laïc ou ne l’est que partiellement et la religion a un rôle privilégié, dans la formation des politiques publiques, officiellement reconnu. En Argentine, les fondamentalistes religieux/ses utilisent cet espace pour renforcer le contrôle patriarcal à travers l’influence et le contrôle directs de l’État sur le corps des femmes. Bien que la loi autorise l’avortement en cas de danger pour la vie ou la santé de la femme les médecins et les comités de bioéthique dans les hôpitaux semblent être en mesure de refuser en toute impunité un traitement qui pourrait sauver la vie. En Indonésie, la décentralisation a renforcé le rôle officiel de la religion dans la politique publique en permettant aux gouvernements locaux, dominés par les fondamentalistes religieux/ses, d’adopter des lois en contradiction avec les garanties constitutionnelles. La déstabilisation de la laïcité officielle de l’État : dans la plupart des pays couverts par les études de cas (Bolivie, Brésil, Canada, Inde, Italie, Lituanie, Mexique, Pérou, Serbie et États–Unis), l’État ​​est officiellement laïc. Toutefois, dans chacun de ces pays, les études de cas donnent des exemples sur la façon dont cela est subverti par des fondamentalistes religieux (soit au sein du gouvernement, soit hors de celui–ci) afin d’accroître leur influence. La mauvaise utilisation de l’appareil public et de l’État : lorsque l’appareil d’État est utilisé pour imposer des fondamentalismes religieux, il donne une autre dimension à la gravité de ses effets. Au sein de la théocratie iranienne, les lois de l’État prévoient des sanctions extrêmes pour les transgressions sexuelles réalisées par les femmes. Mais cette collection présente des exemples où la laïcité à elle seule ne constitue pas une protection suffisante contre les abus fondamentalistes de l’appareil d’État pour violer les droits. En Inde, sous l’influence des fondamentalistes hindous, la bureaucratie d’État et les forces de police ont facilité et pris part aux attaques contre la minorité musulmane du Gujarat dans les années 1990 et 2000, alors qu’en Lituanie la menace faite aux ONG d’éliminer leur financement public constitue une arme pour faire taire l’opposition anti–fondamentaliste. Voici quelques–unes des stratégies utilisées par les fondamentalistes religieux/ses pour asseoir leur pouvoir et effectuer les changements qu’ils/elles recherchent. Ces stratégies ont été mises en évidence dans

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les études de cas et elles reconfirment les modèles déjà dégagés dans les recherches précédentes de l’AWID : Le corps des femmes est utilisé comme cible de la violence fondamentaliste : sans exceptions, les études de cas illustrent comment le contrôle du corps des femmes est au centre des stratégies fondamentalistes religieuses, car les femmes ont un double rôle : celui de reproductrice de la communauté et celui de symbole de la famille, de la communauté et de l’« honneur » religieux. Les fondamentalistes religieux/ses cherchent à contrôler la mobilité, l’habillement, la sexualité, et les droits reproductifs des femmes de leur propre communauté, et, dans certains contextes (en Inde et au Chiapas au Mexique) ils/elles considèrent les agressions sexuelles d’autres groupes envers leurs femmes, comme l’une des stratégies les plus efficaces pour attaquer la communauté dans son ensemble. L’accentuation du raidissement des rôles de genre, d’une vision socialement conservatrice ou patriarcale de la famille et de l’hétérosexualité : au Canada, en Indonésie, en Lituanie, et au Pérou (PROMSEX) par exemple, ces normes sont communément promues par les fondamentalistes religieux/ses dans le cadre de leurs efforts pour contrôler la sexualité des femmes et la société. Pour les fondamentalistes impliqués/es, les campagnes d’études de cas ont constitué une dénégation directe de leurs discours. L’intolérance envers la diversité et l’opposition : dans toutes les études de cas, les fondamentalistes se montrent intolérants/es vis–à–vis de la diversité politique et sociale, et particulièrement intolérants/es vis– à–vis de la diversité culturelle et sexuelle. Cette intolérance se manifeste souvent à travers une violence psychologique, comme au Mexique, où la hiérarchie catholique menace d’excommunier ceux/celles qui travaillent pour les droits de santé sexuelle et reproductive. Au Canada, au Liban, en Afrique subsaharienne et aux États–Unis par exemple, ceux/celles qui s’opposent aux acteurs/rices fondamentalistes se trouvent étiquetés/ es et donc délégitimés/es et traités/es de « radicaux/les » ou « occidentaux/les » ou « contre nature », tandis qu’au Pérou et en Bolivie les activistes anti–fondamentalistes font souvent l’objet de diffamation, de violences verbales et de fausses allégations. L’exploitation des espaces démocratiques et publics et la cooptation du langage des droits : au Brésil, au Canada et au Pérou par exemple, les fondamentalistes religieux/ses exploitent ironiquement les espaces démocratiques comme les conseils scolaires, les associations d’étudiants/tes et les groupes de la société civile comme point d’entrée pour imposer leur vision absolutiste de la morale et leur

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interprétation discriminatoire des droits. Surtout dans le domaine de la sexualité et la santé reproductive, les fondamentalistes religieux/ses cooptent le langage des droits —le « droit à la vie »— pour porter atteinte aux droits. Ceci est particulièrement visible en Italie et en Amérique latine et s’observe aussi au sein des ONG qui soutiennent des programmes fondamentalistes mais qui revendiquent le langage des droits pour eux, comme la Ligue catholique des droits civils mentionnée dans l’étude de cas canadienne. L’utilisation du langage des droits pour influencer les normes internationales et régionales : pendant plus de 15 ans, les forces fondamentalistes ont systématiquement empêché le développement de normes internationales relatives aux droits humains. L’étude de cas de l’Italie montre comment, à partir de 2001, un groupe d’États fortement influencés par les catholiques et les fondamentalismes chrétiens, ont commencé à faire pression pour appeler à la réalisation d’une convention des Nations unies interdisant toute forme de clonage, sans faire de distinction entre le clonage reproductif et thérapeutique. La résistance à cette proposition, fondée sur les droits, a finalement aidé à aboutir à une déclaration non contraignante. La revendication de la supériorité morale et la cooptation des notions de « vie » et de ce qui est « naturel » : l’étude de cas des États–Unis fait référence à la revendication de la droite religieuse qui souhaite fixer des normes morales pour tous, tandis que le Rapport régional d’Afrique sub–saharienne montre les efforts des fondamentalistes pentecôtistes, évangéliques et des groupes charismatiques pour établir leur vision de la morale comme la norme. En Argentine et au Pérou par exemple, les fondamentalistes religieux/ses ont exploité l’association positive des notions de « vie » et de ce qui est « naturel » pour parvenir à imposer l’effet opposé : la mort de nombreuses femmes en raison d’avortements non médicalisés et de traitements pour sauver la vie refusés à des femmes enceintes. Profiter des craintes et de l’espérance des gens : plusieurs des études de cas illustrent la façon dont les fondamentalistes exploitent les espoirs et les préoccupations de gens pour renforcer leur mobilisation. En Afrique sub–saharienne par exemple, la nouvelle génération d’églises charismatiques et pentecôtistes offrent une « théologie de la prospérité » qui affirme que l’accumulation de la richesse matérielle n’est pas l’antithèse de la religion, dans le but d’exploiter les désirs matériels des gens. Souvent, les membres les plus vulnérables de la société, tels que les pauvres, sont délibérément montrés du doigt et deviennent la cible des campagnes fondamentalistes, comme en Lituanie, où le rythme accéléré du changement économique et social postsoviétique a créé une incertitude que les fondamentalistes ont su exploiter. 10

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La réalisation d’alliances entre religions et les liens transnationaux : toutes les études de cas donnent des exemples sur la façon dont les fondamentalistes religieux/ses construisent des alliances. Elles prennent des formes diverses et comprennent des partenariats aussi bien avec des hommes/femmes politiques et des partis conservateurs qu’avec des fondamentalistes de différentes religions. Au Canada par exemple, les opposants/es fondamentalistes catholiques reçoivent un support crucial de la droite protestante chrétienne des États–Unis pour faire campagne contre les programmes d’éducation sexuelle. Les études de cas d’Argentine, Brésil, Canada, Liban, Mexique et Pérou soulignent l’importance des liens transnationaux pour le pouvoir fondamentaliste religieux.

Une synthèse des stratégies féministes pour résister et s’opposer au fondamentalisme religieux Les études de cas présentées dans cette section mettent en évidence un certain nombre de stratégies utilisées par les activistes féministes pour s’opposer à la montée des fondamentalismes religieux. Bien que chaque stratégie soit analysée séparément, elles sont souvent utilisées en combinaison les unes avec les autres et les catégories ne sont pas toujours aussi distinctes dans la pratique. En outre, la montée des fondamentalismes religieux est vécue différemment dans chaque étude de cas, selon les enjeux et les contextes nationaux et cette variété d’expériences donne sa spécificité à chacune des études de cas. Dans certaines, la montée des fondamentalismes religieux a conduit les féministes à se concentrer sur la protection et à faire respecter les droits et les politiques existantes. Dans d’autres, l’accent a été mis sur la réforme des lois existantes et l’introduction de nouvelles politiques visant à étendre les droits. Mais ce sont là des catégories générales et il convient de préciser que les stratégies visant à l’expansion des droits ou à la défense des droits ne doit pas être considérée comme une tactique individuelle, mais comme des étapes différentes d’un même processus.

Les stratégies relatives à la construction des mouvements et à leur mobilisation Le renforcement des capacités des mouvements des droits des femmes En fonction des limites imposées par chaque contexte, les activistes ont l’opportunité de se concentrer sur leur propre formation, comme les « Meem » qui proposent des formations hebdomadaires à leurs membres, leurs offrant une argumentation, une formation et un sentiment de confiance. C’est aussi l’occasion pour les activistes de toucher à un public plus large. En Italie, l’Associazione Luca Coscioni (ALC) dirige une école d’été sur la recherche libre et le libéralisme et promeut « Scolarmente », un projet ciblant les écoles secondaires et visant à améliorer la connaissance Les apprentissages clés des féministes en première ligne

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de la méthode scientifique en tant qu’instrument de la pensée critique et du processus démocratique. Dans l’étude de cas du Pérou, PROMSEX renforce les capacités des activistes d’autres organisations en les formant à la façon dont les fondamentalistes opèrent dans leur pays. L’autre étude de cas péruvienne révèle comment des activistes du Foro Regional por los Derechos Sexuales y Reproductivos se sont opposés/es aux fondamentalismes après avoir assisté à un séminaire de formation de PROMSEX. Ces exemples expliquent pourquoi le renforcement des capacités peut être vu comme un moyen de résistance en soi. L’exemple des Femmes en noir de Serbie est représentatif de l’éventail de méthodes mentionnées dans la plupart des études de cas pour renforcer leurs propres capacités, ainsi que celles des organisations alliées de la société civile, pour résister et s’opposer aux fondamentalismes. Les Femmes en noir utilisent des formes diverses : séminaires, formations, conférences, tables rondes et débats, expositions interactives, documentaires, projections de films et publications. La rigoureuse préparation des « Equality Rides »5 (trajets pour l’égalité) de Soulforce Q implique, en outre, un apprentissage sur la façon de s’exprimer face aux médias, la planification et le recrutement pour les événements et les rassemblements et sur l’utilisation des capacités de communication non–violente. Elles considèrent également qu’il s’agit d’« une tâche difficile mais nécessaire » d’examiner le sexisme intériorisé, le racisme et le classisme et de discuter au sein du groupe de l’oppression. Ainsi, l’autoréflexion devient une étape essentielle pour le renforcement des capacités des mouvements de résistance des droits des femmes. La construction du mouvement féministe et la multi–générationnalité Dans l’État du Gujarat en Inde, l’expérience des formations de Sahiyar au leadership communautaire à la paix et la justice pour les femmes populaires montre les intersections entre le renforcement des capacités et la construction du mouvement. Les leaders populaires ont besoin de réseaux de soutien mutuel pour maintenir la résistance, à cette fin, Sahiyar vient de finir son premier cycle de renforcement de capacités en formant un deuxième groupe de femmes qui, ensemble, ont formé leur propre organisation informelle, Buland Awaaz (voix puissante). Plusieurs études de cas mettent en évidence que le besoin d’assurer la résistance reste multi–générationnel. Cela commence par comprendre les expériences spécifiques des jeunes femmes, comme le montre le travail de recherche des Femmes en noir en 2008. Dans le contexte des fondamentalismes chrétiens pentecôtistes et charismatiques d’Afrique sub–saharienne, les activistes des droits des femmes soulignent que les mouvements des droits des femmes ne font pas assez d’effort pour atteindre les jeunes afin de les aider à mûrir et à renforcer leur compréhension et leadership. 12

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Prendre soin de l’individu On s’attendait à ce que les contre–stratégies féministes tentent d’influencer les politiques publiques par l’action collective, mais ce que ces études de cas révèlent c’est que de nombreuses stratégies féministes ont également mis l’accent sur des approches personnalisées et sur la solidarité individuelle. Ceci constitue une réponse importante à la stratégie fondamentaliste qui répond aux besoins individuels des personnes pour s’assurer leur adhésion à leurs mouvements. Les stratégies visant à influencer le comportement individuel entraînent nécessairement de s’engager avec des gens qui peuvent être influencés par des fondamentalistes. Ces initiatives vont d’une petite échelle, des approches très informelles à des échelles plus larges, des efforts plus systématiques par des organisations bien établies. La réponse des activistes a été d’utiliser une approche personnalisée qui met à profit les amitiés établies pour discuter et débattre de l’idée de liberté. Les études de cas fournissent des preuves sur le fait que l’approche individuelle facilite également le processus pour contester les frontières érigées par les fondamentalismes. Grâce aux relations personnelles forgées au sein du groupe, Meem est en mesure de communiquer à travers les divisions parmi les quelques 18 communautés religieuses différentes du Liban ce qui renforce la capacité des membres à contester les préjugés de leur propre communauté. Ceci démontre comment, même à petite échelle, la construction d’un mouvement féministe peut commencer à contester certaines des divisions les plus difficiles à résoudre dans la société. La sensibilisation et le renforcement du soutien public Les études de cas de l’Argentine, l’État du Chiapas au Mexique et de l’Iran —impliquant respectivement une jeune femme qui ne pouvait pas recevoir de traitement contre le cancer en raison d’un déni de son droit à l’avortement, une femme violée dans le cadre d’un conflit avec sa collectivité dans laquelle la religion était profondément impliquée et une femme condamnée à la lapidation pour inconduite sexuelle présumée—, montrent un intéressant passage de l’approche individuelle vers un plaidoyer plus large. Dans chaque cas, l’impact des fondamentalismes religieux sur les femmes à titre individuel a été utilisé comme la porte d’entrée pour une discussion plus large sur la discrimination systémique des fondamentalistes envers les femmes. L’étude de cas de l’Iran traite précisément sur la manière dont cette approche stratégique a donné l’occasion de sensibiliser un public qui ne serait, en temps normal, pas très réceptif à l’analyse féministe. Les éléments essentiels de la construction du soutien public par les contre– mouvements sont clairement visibles dans de nombreuses études de cas. En effet, les manifestations publiques, séminaires, réunions, tracts et pétitions fonctionnent dans la plupart des études de cas comme un moyen de Les apprentissages clés des féministes en première ligne

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sensibilisation aux fondamentalismes religieux, en augmentant la visibilité de la résistance, le soutien du public et la vitalité des contre–mouvements. Ils sont conçus pour atteindre un public local mais aussi pour arriver à obtenir une plus grande visibilité, notamment à travers une couverture médiatique plus large (voir ci–dessous). Cette mobilisation du public vise également à forcer les institutions démocratiques à répondre à la demande de celui–ci. L’ALC en Italie a, par exemple, adressée une pétition au Parlement italien (soutenue à la date de cette publication par plus de 20.000 signataires) exigeant une enquête nationale sur la pratique de l’euthanasie clandestine en Italie, qui devrait servir de base empirique pour un changement de politique.

personnes queer. Pour Sahiyar en Inde, la reconnaissance des points communs entre les femmes et les Dalits7 était une position idéologique importante à reconnaître. En Bolivie, les féministes ont travaillé avec les femmes indigènes pour faire face aux tendances fondamentalistes dans les communautés indigènes qui sont le résultat de l’évangélisation chrétienne et des croyances propres aux peuples indigènes. Les féministes au Mexique ont très bien réussi à nouer des alliances pour résister aux fondamentalismes grâce à une très large gamme d’alliances avec ceux/celles qui défendent et soutiennent l’État laïc, qui réunie divers acteurs/rices de la société civile, partis politiques, intellectuels/les et groupes religieux progressistes.

La construction d’alliances nationales et internationales Les études de cas soulignent, sans exception, l’importance de bâtir des alliances et des relations de travail avec des groupes de la société civile et des hommes/femmes politiques ayant des affinités dans la bataille contre les fondamentalismes religieux. Les seules différences observées sont en relation avec l’envergure des alliances et la mesure dans laquelle celles–ci sont formelles ou informelles, chacune conditionnées par les spécificités du contexte.

Bon nombre des études de cas mettent également en évidence leurs liens internationaux et de réseautage. Les Femmes en noir et les CDD constituent de vastes réseaux internationaux reliant les sections locales, tandis que Meem fait partie de la Coalition for Sexual and Bodily Rights in Muslim Societies (CSBR, Coalition pour les droits sexuels et corporels dans les sociétés musulmanes). Pour les féministes en Iran, les alliances internationales se sont avérées cruciales pour leur capacité à accroître la visibilité et les objectifs de la campagne « Stop aux lapidations pour toujours ».

Ainsi, il y a eu en Iran une coalition tacite entre des politiques pragmatiques et des réformistes religieux au sein du gouvernement dans la lutte pour obtenir l’abrogation des dispositions de la lapidation. Cela a apporté une légitimité théologique essentielle à la demande de l’abrogation, que les féministes ne pouvaient obtenir par elles–mêmes. En revanche, en Bolivie les Católicas por el Derecho a Decidir6 (CDD–Catholiques pour le Droit à Décider) ont été capables de construire des alliances notoires avec un large éventail de partenaires, de médias et d’organisations sociales, mais aussi avec des législateurs intégrants diverses commissions de l’Assemblée constituante. Au Canada, l’Antigonish Women’s Resource Centre (AWRC, Centre de ressources pour les femmes d’Antigonish) a donné la priorité à la construction de bonnes relations de travail avec les parents, les universitaires, les fournisseurs de soins de santé et les ordres locaux de femmes religieuses, ce qui lui a permis de faire appel au soutien des organisations et individus à travers la province en cas d’attaque. Bon nombre des études de cas racontent la façon dont les féministes ont joué un rôle dans la formation d’alliances élargies avec des activistes qui résistent eux/elles aussi aux fondamentalismes, non seulement pour renforcer leur propre capacité à contester les acteurs/rices fondamentalistes, mais aussi en raison du caractère intriqué des diverses luttes. Par exemple, les membres de Meem au Liban travaillent sur les droits des femmes, les inégalités socio–économiques, la solidarité arabe et le plaidoyer contre le racisme, tout comme pour leurs ​​ droits en tant que

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Les stratégies liées à la connaissance, l’information et la communication La recherche et la documentation Les études de cas illustrent trois grandes catégories de recherche et de documentation. Chacune apporte une contribution essentielle pour s’opposer aux fondamentalismes. La première catégorie comprend l’étape clé qui consiste à documenter et puis à analyser les impacts et les stratégies des fondamentalismes religieux, dans le but d’alimenter en information les contre–stratégies féministes et de construire une réponse plus vaste à travers la diffusion d’informations sur les impacts, pour toucher un public plus important. Au Gujarat, en Inde, Sahiyar (en collaboration avec le Centre de recherche des études de la femme d’une université locale) a réalisé une petite étude visant à comprendre les points de vue des femmes hindoues et musulmanes sur la violence communautaire et pour aider à donner forme aux contre–stratégies de Sahiyar. Sur le terrain, elle a enregistré des exemples de l’impact que les couvre–feux, instaurés en raison de la violence fondamentaliste, avait eu sur ​​les travailleuses et les vendeuses qui avaient perdu leur revenu pendant cette période, ainsi que des exemples sur la façon dont le contrôle sur les femmes et les filles augmentait pendant et au lendemain des émeutes communautaires, ce qui a limité leur éducation, leurs options

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de carrière et leurs moyens de subsistance. Le rapport a été préparé en goudjrati et en anglais, ce dernier étant utilisé pour atteindre et influencer les organes de l’État tels que la Commission nationale de la femme, la Commission des droits humains, ainsi que les personnes étrangères à Gujarat. La deuxième catégorie consiste à documenter les réalités vécues par les femmes, ce qui est essentielle en tant que stratégie de lutte contre la vision fondamentaliste et leurs revendications concernant la vie des gens. En Serbie, l’enquête des Femmes en noir retrace les réelles pratiques de santé reproductive chez les femmes ce qui lui permet de questionner les affirmations de l’Église orthodoxe, qui dit bénéficier du soutien populaire vis–à–vis de leurs positions. En collaboration avec d’autres organisations, le CFEMEA au Brésil a organisé une formation pour présenter les résultats d’une étude sur la réalité de l’avortement dans les maternités des hôpitaux du nord du pays. Celle–ci a réussi à démontrer quel était le coût réel de la criminalisation de l’avortement sur ​​la vie des femmes. Cette étude a également servi de soutien empirique pour son lobbying en faveur de la dépénalisation de l’avortement. La troisième catégorie permet de documenter l’élaboration de stratégies féministes. L’étude de cas de Themis au Brésil a été spécialement conçu pour documenter, analyser et apprendre de l’expérience des activistes des droits des femmes dans la lutte contre la poursuite massive des femmes par les forces fondamentalistes dans l’État du Mato Grosso do Sul. Fournir des récits alternatifs et lutter contre la main mise des fondamentalistes sur l’information Fournir des sources alternatives d’information est stratégiquement vital dans la lutte contre la main mise des fondamentalistes sur la société et les choix des gens. En Italie, l’ALC mène une initiative pour aider les patients/es et les citoyens/nes à sauvegarder leurs droits et libertés à travers une auto–assistance, un manuel interactif en ligne, Soccorso Civile —Manuale di autodifesa dal proibizionismo sulla salute (Sauvetage civil — Un manuel d’auto–défense contre le prohibitionnisme dans la santé). Les informations qu’il fournit, qui comprend les détails des centres européens proposant des traitements interdits en Italie, sont souvent introuvables ailleurs en raison de l’influence restrictive de l’Église catholique sur l’information publique. Les féministes cherchent également à corriger la désinformation divulguée par les mouvements fondamentalistes. Par exemple, Soulforce fournit des faits sur la réalité biologique et politique des personnes LGBT aux États–Unis, et la chaine YouTube du Meem héberge des clips vidéo s’opposant à la dichotomie des genres et à la criminalisation des LGBTQI au Liban. Au Pérou, le Foro regional a cherché à contrer l’opposition de l’Église et la désinformation au sujet d’un protocole de santé publique 16

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permettant l’avortement thérapeutique, en diffusant largement ce Protocole dans les médias et en communicant avec les associations professionnelles concernées. Pendant ce temps et dans le même contexte, PROMSEX a contré l’opposition de l’Église avec un livre exposant la façon dont les fondamentalistes s’organisent politiquement, en soulignant leurs liens avec des institutions internationales et en examinant de manière critique leurs discours.8 En plus de fournir des faits et de dissiper la désinformation, les féministes se sont également opposées aux fondamentalismes en générant des nouvelles narrations et des contre–discours (ce que les Women in Black (Femmes en Noir) appellent « réécriture ») et en créant des espaces de réflexion critique. Dans le contexte de l’Afrique subsaharienne, le Forum féministe africain créé en 2006 et ses forums féministes nationaux dérivés, offrent des espaces nouveaux pour lutter contre l’influence des fondamentalismes dans le secteur de l’égalité entre les genres, en général. En Iran, la campagne Stop Stoning Forever (Stop aux lapidations pour toujours) a transféré le discours public sur l’adultère dans le contexte, plus large, des politiques et pratiques discriminatoires qui affectent les femmes iraniennes. Cela a humanisé les femmes condamnées à la lapidation et a apporté beaucoup plus de soutien public pour l’abrogation des dispositions de la lapidation. Le dévoilement des programmes des acteurs/rices religieux/ses fondamentalistes Pour la majorité des activistes féministes, des acteurs/rices tels/les que les chefs religieux fondamentalistes, les politiciens/nes, les organismes de bienfaisance et les organismes culturels, ont un impact encore plus important sur ​​leur travail que les groupes armés, dont seulement 6 % des activistes des droits des femmes ont désigné comme acteurs fondamentalistes qui influent sur leur travail. Les acteurs/rices qui ont un impact plus marqué sur les travaux des féministes sont ceux/celles qui présentent, souvent, un stéréotype non « fondamentaliste ». Les activistes des droits de la femme qui élaborent des stratégies pour résister aux fondamentalismes doivent donc travailler à dévoiler les programmes fondamentalistes, aux autres activistes et au grand public. Des études de cas ayant des contextes très différents, comme celles du Brésil, du Canada, de l’Inde et du Pérou, par exemple, incluent des exemples de ce dévoilement. Au Brésil, la première étape de la stratégie du CFEMEA consiste, d’un côté, à responsabiliser les politiciens fondamentalistes vis–à–vis de leurs programmes qui violent les droits humains et la Constitution nationale et d’un autre côté, à faire des recherches sur le curriculum vitae et le poste occupé par chaque député et sénateur au début de chaque législature. Au Pérou, PROMSEX a créé un Observatoire des groupes anti–droits, qui produit des recherches analytiques pour les activistes des droits, présentant les membres des groupes fondamentalistes, la manière dont ils s’organisent et comment ils coordonnent leurs efforts. Les apprentissages clés des féministes en première ligne

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Le fait de dévoiler implique également d’exposer les hypocrisies et les contradictions au sein des positions fondamentalistes elles–mêmes. Ainsi, en Inde, Sahiyar a soulevé la question : « Pourquoi les fondamentalistes hindous, qui restent silencieux sur les injustices faites aux femmes hindoues, font un tollé sur les droits de Shah Bano? »9 Cette approche permet également de prévenir la cooptation par l’extrême droite, de la critique féministe envers les fondamentalismes, les racistes et les autres mouvements fondamentalistes religieux. Au Canada, l’AWRC a choisi, tactiquement, de ne pas discuter des actions individuelles des membres du conseil scolaire qui attaquaient leur travail. Ils ont privilégié une analyse « avec et parmi leurs alliés pour démasquer les idéologies fondamentalistes et exposer la collaboration des « fathers’ rights groups » (groupes des droits du père) »10, le AWRC a permis a ses alliés de révéler au public les idéologies hostiles de certains membres de la commission scolaire. Des communications efficaces et innovantes Toutes les études de cas, à leur manière, reconnaissent l’importance d’avoir une communication efficace pour résister et s’opposer aux fondamentalismes religieux. Toutefois, le contexte détermine si [la communication] se fait à travers les médias ou les réseaux communautaires en ligne ou toutes autres plateformes. Soulforce Q semble profiter de l’usage de la controverse et des conflits par les médias traditionnels et prennent contacts avec les médias locaux et nationaux des semaines avant une visite de campus. Les apparitions à la télévision et à la radio ont également constituées un élément central de la stratégie de CDD–Bolivie visant à sensibiliser les membres de l’Assemblée constituante aux questions des droits à la santé sexuelle et reproductive alors que le gouvernement élaborait une nouvelle Constitution bolivienne. Au Canada, les efforts de l’AWRC pour construire de bonnes relations avec les médias locaux ont porté leurs fruits lorsque le Centre a été autorisé à utiliser les médias pour informer le public sur ses programmes et pour contrer la désinformation diffusée par les groupes fondamentalistes. Cependant, dans d’autres contextes, les problèmes de sécurité peuvent exiger d’adopter un profil plus bas, lorsque les médias grand public sont inaccessibles en raison de la censure ou de leur contrôle par les forces fondamentalistes. Le Meem au Liban a choisi de ne pas utiliser les médias de masse jusqu’à ce que ses membres se sentent mieux préparés. Au lieu de cela, le groupe a crée ses propres médias : ses membres écrivent de la poésie, des histoires et des essais, parlent de leurs propres histoires, font des rapports d’enquête et produisent leurs propres films. Il a récemment publié un livre, Bareed Mista3jil (Courrier Express) contenant 41 témoignages anonymes à la première personne sur la vie et les expériences des personnes LBTQI au Liban. Pour les activistes en Iran et au Liban, l’activisme communautaire et le réseautage social en ligne par le biais de blogs, Twitter, Facebook, YouTube, ont joué un rôle essentiel. Ces voies 18

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virtuelles ont permis aux membres de rester en sécurité et de ne pas être identifiés/es, tout en agissant comme un véhicule de l’organisation publique et clandestine, en reliant les activistes entre eux et avec leurs alliés/es du monde entier. Un certain nombre d’études de cas décrit les méthodes de communication novatrices utilisées, dont beaucoup s’appuient sur la culture populaire et traditionnelle. Par exemple, lors de la fête populaire annuelle des cerfs–volants dans le Gujarat, Sahiyar a produit des cerfs–volants avec des slogans contre la VCF (violence contre les femmes) et pour l’harmonie communautaire. Étant donné qu’un cerf–volant va changer de mains au moins quatre ou cinq fois, le message atteindra plusieurs personnes. Un festival de théâtre de rue dans les zones touchées par une émeute dans la ville de Vadodara a permis, pour la première fois depuis les déclanchement des violences communautaires dans leurs localités, que les gens des communautés hindoues et musulmanes se retrouvent entre eux. En Lituanie, où de nombreuses ONG dépendent de l’État —​​et qui sont donc réticentes à critiquer l’influence de l’Église catholique sur le gouvernement—, le Center for Equality Advancement (CEA, Centre pour la promotion de l’égalité ) a tenté de s’opposer aux présomptions fondamentalistes et aux images liées à la « famille » en imprimant des cartes postales pour la Fête des Mères qui ont fait le lien entre la maternité et la pauvreté dans le contexte de la Lituanie. Au milieu du discours familial fleuri de la Fête des Mères, la campagne médiatique du CEA a proposé aux journalistes un angle de vue unique et inhabituel. En Lituanie également, en collaboration avec un certain nombre d’ONG des droits des femmes, le CEA a organisé une veillée devant le parlement pour protester contre le projet de loi sur le concept de la famille qui restreint les droits. L’utilisation de moyens visuels intéressants comme une pille de jouets d’enfants qui a également « protesté » en face du parlement, de la musique, des discours et une cérémonie de mariage pince–sans–rire, ont généré une importante couverture médiatique. Dans plusieurs études de cas, on prend grand soin de s’assurer que le contenu du matériel de communication soit dans un langage accessible. En outre, certains ciblent délibérément les sceptiques, ce qui peut être particulièrement difficile dans le sens où il faut éviter les discours provocateurs et complexes. Le bulletin inter–campus, Warna Bangsa, constitue un exemple de cela. Il était produit en Indonésie et visait les étudiants qui n’étaient pas intéressés, et encore moins engager dans la politique, tout en prônant le pluralisme et en s’opposant au fondamentalisme.

Les stratégies liées à la promotion de la laïcité et à l’interprétation de la religion fondée sur les droits Les études de cas ne répondent pas à la question de savoir quelles stratégies —les laïques ou celles qui se trouvent dans le cadre de la religion— Les apprentissages clés des féministes en première ligne

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sont les plus appropriées pour résister aux fondamentalismes religieux. Au lieu de cela, elles montrent un large éventail de stratégies qui incluent des variations sur ces deux approches, tout comme des combinaisons de celles–ci qui semblent éviter les choix « et/ou ». Certains des exemples peuvent paraître surprenants, comme en Iran, où, malgré un contexte fortement dominé par les fondamentalistes, les activistes utilisent avec succès des stratégies laïques ou comme les CDD, qui, malgré leur nom impliquant un cadre religieux, mettent l’accent sur ​​le respect de la laïcité de l’État. Cela indique qu’il est nécessaire de rester prudent quant aux labels utilisés dans les activismes pour les droits et les suppositions faites sur des contextes différents. La promotion et la protection du caractère laïc de l’État Les études de cas (comme celle des Femmes en noir) nous rappellent la définition de la laïcité, qui consiste en « la séparation complète de l’Église et de l’État » et certaines fournissent également des précisions à ce sujet. En Serbie, une enquête réalisée par les Femmes en noir auprès de ses activistes, révèle une nette préférence de ceux/celles–ci pour les stratégies privilégiant la défense de la laïcité comme moyen de s’opposer à l’ingérence de l’Église orthodoxe serbe et d’autres communautés religieuses dans les affaires de l’État (notamment dans les domaines de l’éducation et la culture), et donc pour protéger les droits humains des femmes. Ces stratégies ne devraient pas se limitées aux organisations « non–religieuses », comme au Mexique où les CDD se sont battues publiquement pour le maintien du principe de la séparation de l’Église et de l’État face à une récente tentative, très agressive, de saper ce principe. Dans certaines des études de cas, la stratégie de promotion de la laïcité consiste à protéger les droits existants et à veiller que l’État fasse respecter le principe de laïcité dans la pratique. Par exemple, depuis 2007, les CDD–Mexico (ainsi que de nombreux autres acteurs/rices) ont appelé à amender la Constitution mexicaine laïque déjà existante, afin de pousser les églises à se conformer à la loi, en stoppant les privilèges accordés par l’État à une religion en particulier, et en s’assurant que les fonctionnaires publics remplissent leurs obligations en matière de droits humains. L’amendement à la Constitution a été réalisé le 10 février 2010 avec 363 votes en faveur, un seul en défaveur et huit abstentions. La promotion des interprétations de la religion fondées sur les droits Certaines féministes se pose la question de savoir si la promotion de la laïcité sera suffisamment puissante en tant que stratégie pour faire face aux fondamentalismes religieux étant donné la prédominance de la religion dans la politique publique et dans la société. Cela a conduit certains/es à promouvoir des interprétations de la religion fondées sur les droits et à l’utilisation des arguments religieux pour soutenir les droits, comme l’illustrent les études de cas du Liban et des États–Unis. Les différences 20

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entre ces deux contextes indiquent que cette stratégie ne se limite pas à contester un genre de fondamentalisme religieux en particulier et qu’elle n’est pas dépendante de si oui ou non l’État est officiellement laïc. Dans cette vaste catégorie, il existe une variété de stratégies. Certains des groupes d’étude de cas utilisent eux–mêmes d’autres approches religieuses : aux États–Unis, dans le cadre de leur formation préparatoire, les Soulforce Q Equality Riders « ont appris à neutraliser les textes bibliques traditionnellement utilisés pour condamner des personnes LGBT » et à ouvrir un espace pour les contre–organisations à travers une analyse critique des Écritures. D’autres recherchent activement des autorités religieuses soutenant leurs positions. Au Liban par exemple, Meem s’efforce de trouver des autorités, de toutes religions confondues, tolérantes envers l’homosexualité, et en Iran des activistes laïcs ont créé une alliance tacite avec les pragmatiques au sein des structures du pouvoir religieux gouvernemental s’opposant au fondamentalisme religieux officiel. Même si un groupe ne peut utiliser lui–même des arguments dans le cadre de la religion, il peut faire une distinction claire entre les fondamentalistes religieux/ses et les autres personnes religieuses. Les stratégies pour éviter la dichotomique religion/laïcité ou pour mettre l’accent sur le caractère inclusif de la laïcité Certaines des études de cas rejettent clairement l’approche « et/ou » pour savoir quelle stratégie, la religieuse ou la laïque, est la plus appropriée pour résister aux fondamentalismes religieux. Les organisations membres du réseau CDD en Amérique latine en particulier, possèdent une définition très inclusive de « laïcité » : CDD–Bolivia —« L’opposition aux fondamentalismes nécessite la formation d’une opinion publique favorable, ce qui nécessite la construction d’une base sociale solide supportant un État laïc, les droits des femmes et les droits sexuels et reproductifs. Pour ce faire, nous devons être réceptifs à la diversité de pensée et aux différentes façons de voir la vie et le monde, comme par exemple, les visions du monde des peuples autochtones et indigènes ou les préceptes d’autres Églises. » CDD–Mexico —« L’État ne peut pas prendre position pour la vision du monde éthique ou morale d’une religion en particulier et pour le catholicisme, en l’occurrence, mais il doit plutôt respecter la pluralité des idées et des visions qui composent la société. Les mexicains peuvent croire ou non en une religion, cela ne doit pas constituer un motif de discrimination ou d’exclusion. » En Inde, la montée des fondamentalismes dans les années 1990 et les divisions croissantes de la société ont impliqué le fait que certains mouvements locaux de femmes considéraient que les activistes venant d’autres communautés religieuses ne devaient pas « intervenir » en faveur des femmes de cette communauté en raison de l’idée que « la réforme ne Les apprentissages clés des féministes en première ligne

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pouvait venir que de l’intérieur. » Mais cela a signifié de laisser les femmes des minorités seules face au combat des forces patriarcales–fondamentalistes au sein de leurs propres communautés. Sahiyar a résolu ce dilemme en rejetant délibérément le choix dichotomique entre les stratégies religieuses ou laïques et (tout en conservant son identité laïque) a rejoint un réseau axé sur les droits des femmes dans les communautés musulmanes qui ont utilisé une combinaison de stratégies.

régionale et internationale est également utilisée à la fois comme un moyen d’opposition et comme le point de référence pour renforcer et inspirer l’activisme local. En 2006, l’ALC a lancé une pétition demandant au Parlement européen d’assurer l’allocation de fonds pour la recherche sur les cellules souches et a obtenu plusieurs signataires de haut niveau, dont 11 lauréats du prix Nobel.

D’autres stratégies ont minimisées l’importance de la question « et/ou » en se concentrant plutôt, de manière stratégique, sur les réalités socio– économiques de la vie quotidienne des femmes. En Lituanie, le CEA a souligné le fait que les familles ne sont pas toujours des unions entre deux conjoints hétérosexuels dominées par un homme, et que les lois qui supposeraient cela, seraient forcément discriminatoires.

En plus d’utiliser le système juridique, les féministes ont d’autres moyens pour responsabiliser les États. Les féministes iraniennes, par exemple, utilisent leur réseau international pour exercer une pression externe sur l’État fondamentaliste iranien, tandis qu’au Pérou une alliance régionale a été mobilisée dans le but de faire tenir les promesses, des autorités de santé publique, de respecter la loi et d’autoriser l’avortement thérapeutique. Ainsi, le réseautage et la mobilisation font partie intégrante du processus de responsabilisation des États.

Il est marquant de noter que dans deux des études de cas où les fondamentalistes religieux ont une influence considérable (l’Indonésie et l’Iran), des activistes des droits des femmes se concentrent sur des stratégies laïques dans leur propre travail, mais en même temps elles reconnaissent les limites que cela peut avoir. En d’autres termes, du moins dans les études de cas présentées ici, de nombreuses stratégies féministes impliquent diverses combinaisons d’approches religieuses et laïques.

Les stratégies visant à responsabiliser l’État et les politiciens Dans toutes les régions et religions, les études de cas illustrent clairement comment les féministes ont rendu responsable les États (y compris la police et les administrations locales) et les politiciens pour les programmes fondamentalistes qui violent les droits déjà garantis, en théorie, au niveau national ou international. La responsabilisation de l’État Plusieurs des stratégies qui ont trait à responsabiliser l’État sont liées à des intérêts publics ou à des procès qui font jurisprudence, une stratégie qui semble particulièrement fréquente en Amérique latine. En Argentine, le groupe des femmes Multisectoriel de Santa Fé a intenté un procès pénal contre le personnel médical et les hôpitaux membres du comité de bioéthique qui, en violation de la disponibilité de l’avortement thérapeutique en vertu du Code pénal, n’avaient pas permis la réalisation d’un avortement légal pour Ana María Acevedo, une jeune femme qui avait un cancer et qui s’est vu refuser un avortement et le traitement de sa maladie. Le groupe a également intenté une poursuite civile contre la province de Santa Fé et ses fournisseurs de soins de santé. En plus d’utiliser les lois nationales et les politiques locales, comme outil de responsabilisation, les études de cas montrent comment la législation 22

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Dans certains contextes, la responsabilisation de l’État a entraîné une collaboration plutôt qu’une confrontation avec celui–ci. Afin de faire pression sur la police locale et l’administration pour qu’ils protègent tous les citoyens, Sahiyar a fait partie d’un groupe d’organisations activistes qui avaient proposé d’aider à maintenir la paix dans leur ville. Les autorités avait donné des contacts aux activistes pour qu’ils/elles puissent fournir des informations précises sur les incidents communautaires, « mais en réponse, nous demandions une action immédiate de la part de la police et de l’administration. » Pour amener les autorités à respecter leur part du contrat, chaque appel signalant un incident à la police était suivi d’un fax dirigé au commissaire de police, retranscrivant le contenu de la conversation téléphonique. La responsabilisation des hommes/femmes politiques L’une des situations les plus difficiles pour les féministes a été la pénétration des fondamentalistes dans les espaces démocratiques et laïcs, en apparence, tels que les grands courants politiques. Dans ce contexte, il a également été essentiel de responsabilisé les hommes/femmes politiques, individuellement et collectivement, à s’en tenir au cadre des lois nationales. L’étude du CFEMEA au Brésil, par exemple, fournit un exemple détaillé de la façon dont les féministes contrôlent les positions législatives et le comportement personnel des hommes/femmes politiques nationaux/les, en rendant public, par exemple, la présence inconstitutionnelle de la religion au sein de l’Assemblée législative (à travers des lectures de la Bible, de réunions publiques et « pro–vie », et la réalisation de sessions de prières dans les gradins, par des observateurs).

La désobéissance civile et l’opposition à l’invincibilité des fondamentalismes religieux Les 18 études de cas constituent une source d’inspiration pour leur illustration très claire et ferme de la nature déterminée de la résistance Les apprentissages clés des féministes en première ligne

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féministe, malgré les circonstances difficiles de la violence non–étatique, la censure, l’agression d’État, l’impunité et le manque relatif de ressources. Cela confirme les résultats déjà recueillis dans d’autres recherches de l’AWID : les fondamentalismes religieux ne sont pas invincibles.

certaines des femmes musulmanes ayant participé à cette désobéissance civile, l’expérience de l’arrestation a atténué leurs sentiments d’impuissance et de frustration, et le fait de pouvoir élever leurs voix contre l’injustice leur a donné confiance.

Cette détermination se reflète souvent dans une forme de désobéissance civile non–violente, à travers laquelle les activistes des droits ont réussi à renverser le rapport de force et à obtenir un impact bien au–delà de leur poids relatif en termes de ressources. Les études de cas de l’Inde, l’Italie, la Serbie et les États– Unis fournissent des exemples sur différentes formes de désobéissance civile, chacune poursuivant des objectifs stratégiques légèrement différents. Dans de nombreux contextes, comme en Italie, les injustes lois qui restreignent les droits reproductifs des femmes sont contrecarrées à travers la mise à disposition d’information alternative (comme le soutien de l’ALC pour faire du « tourisme médical » à l’étranger dans le but de réaliser des fécondations in vitro, FIV), et à travers le soutien juridique aux femmes et professionnels/les médicaux/les poursuivis/es dans le cadre de ces lois injustes.

Regard sur l’avenir et les réponses féministes aux défis actuels

Pour Soulforce Q aux États–Unis, « c’est une question de principe, nous ne pouvons accepter un non comme réponse à notre demande de dialogue avec une école.11 Même certains Equality Riders pensent qu’il convient d’outrepasser [les réponses négatives] lorsque cela est nécessaire. » Les auteurs/es des cas d’études indiquent plusieurs raisons pour lesquelles les Equality Riders considèrent la possibilité d’enfreindre la loi : « la plupart d’entre nous croyons que si nous ne contestons pas le rejet d’une école, alors rien ne changera. » En outre, les collèges sont poussés au dialogue avec l’organisation par crainte d’avoir mauvaise presse dans les médias. « Se risquer à la désobéissance civile offre un espace de dialogue qui ne se produirait pas autrement. » Pendant ce temps, en Serbie, les Femmes en noir ont longtemps utilisé l’aspect très public de la désobéissance civile comme moyen pour faire d’importantes déclarations lorsque d’autres voies restaient fermées au débat public. Une action de rue à Belgrade a impliqué des activistes qui, tout en se tenant devant le Patriarcat orthodoxe de la ville, enlevaient leurs vêtements. Il s’agissait d’une forme de résistance pacifique qui remettaient en question la position publique de l’Église sur « les vêtements appropriés » que devaient porter les femmes et le droit de dicter ce qu’elles pouvaient ou ne pouvaient pas porter en public. Au Gujarat, en Inde, où le mouvement pour l’indépendance de la domination coloniale a été marqué par une forte tradition de résistance non–violente, des personnes se sont fait arrêtées en 2002, dans le but de forcer la police à enquêter sur les allégations selon lesquelles le personnel de police, influencé par les courants fondamentalistes hindous, auraient agressé des femmes musulmanes lors d’opérations de recherches. Pour 24

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En plus de détailler les stratégies féministes anciennes et actuelles, les 18 études de cas ont également examiné l’avenir et discuté sur les possibles réponses aux défis futurs, tant en termes d’organisation des droits des femmes que d’un contexte plus large. Les défis à venir Les études de cas donnent une image très spécifique du contexte de lutte serrée dans lequel les activistes se sont engagés/es contre la montée des fondamentalismes, mais il est possible d’identifier certaines tendances dans les expériences relatées, qui sont une source de préoccupation. Bien que le ton de certaines des études de cas soit optimiste et que ces études reconnaissent que les fondamentalismes ne sont pas invincibles, elles confirment les conclusions d’autres études de l’AWID qui constatent que les fondamentalismes religieux sont en augmentation et qu’ils sont en train de forger d’efficaces alliances transnationales qui accroissent leur influence locale. La croissance rapide des fondamentalismes chrétiens évangéliques en Afrique sub–saharienne et en Amérique latine sont mis en évidence. Les études de cas montrent comment en Asie, Afrique, Europe, Amérique latine et au Moyen–Orient, les fondamentalistes religieux ont pris le pouvoir national et local par les urnes, souvent sous forme de politiciens qui brouillent les différences entre « fondamentalisme » et « conservatisme », entre « religiosité » et « laïcité ». Cela complique le processus de démasquage des acteurs/rices fondamentalistes et de leurs programmes ainsi que le processus de construction de larges alliances pour résister à leurs stratégies. Le défi est encore plus important face à la tendance, particulièrement remarquée dans le contexte latino–américain, où les gouvernements, même en apparence de gauche sont en train de marchander les droits des femmes, en particulier leurs droits sexuels et reproductifs, afin d’obtenir le soutien des puissants lobbies religieux pour protéger, de cette manière, leurs intérêts politiques. Lorsque les organisations des droits des femmes dépendent de l’État pour leur financement, comme en Lituanie et dans certaines régions d’Afrique, et que l’État est de plus en plus sous l’influence fondamentaliste, les critiques des ONG sont passées, en conséquence, sous silence et cela a isolé davantage les voix de l’opposition. Les études de cas en provenance d’Asie et d’Afrique font noter que les mouvements des droits des femmes n’ont pas réussi à soutenir de manière adéquate les féministes qui résistent aux fondamentalismes religieux. Dans certains cas cela est dû au fait que les Les apprentissages clés des féministes en première ligne

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mouvements de femmes ont été eux–mêmes influencés par les discours fondamentalistes. En Amérique latine, on critique le fait que les mouvements des droits des femmes ont manqué de cohérence et de consensus. L’ampleur des ressources fondamentalistes est énorme par rapport au manque de ressources des mouvements des droits des femmes. Ces ressources sont constituées par de l’argent, le pouvoir politique, l’accès à l’appareil de l’État (y compris au système d’éducation, la police et les tribunaux), le contrôle des médias et de l’information, et l’influence sociale —qui entrainent inévitablement avec eux un plus grand nombre des sympathisants actifs et passifs. Les fondamentalistes religieux ont été renforcés par les divisions sociales provoquées par les crises économiques et les conflits nationaux et aussi par leur opposition historique aux gouvernements autoritaires. Quelques réponses proposées par les féministes Qu’est–ce que ces défis, dont certains sont dans une large mesure au–delà du contrôle direct des mouvements des droits des femmes, impliquent pour d’élaboration de stratégies féministes ? De quelle manière les féministes pourraient jeter les bases qui leur permettraient d’agir plus efficacement lorsque des occasions se présentent ? Comment pourraient faire les féministes pour utiliser leurs ressources limitées de manière plus stratégique dans leur travail d’opposition aux fondamentalismes ? Les réponses contenues dans les études de cas complètent généralement le rapport de l’AWID Vers un avenir sans fondamentalismes : Analyse des stratégies fondamentalistes religieuses et les réponses féministes. Partager les expériences et les connaissances entre régions et religions : les points communs dans l’élaboration des stratégies fondamentalistes et leur impact négatif sur les droits des femmes, ainsi que les similitudes dans le succès des contre–stratégies féministes pointent vers les avantages potentiels d’une plus profonde et plus large fertilisation croisée de stratégies entre les régions et les religions. Plus de la même chose pour des stratégies efficaces : bon nombre des stratégies examinées dans les études de cas ont permis d’éviter de vulnérabiliser davantage les droits humains des femmes, elles ont aussi permis d’élargir ces droits ou de veiller à ce que le terrain reste libre aux visions alternatives. La plupart de ces impacts ont été obtenus, malgré la faible disponibilité de ressources de l’action féministe. Evidemment, les activistes des droits des femmes sont en train de recueillir les fruits de leur action et ils/elles doivent s’appuyer sur ces réalisations. Ils/elles doivent également apprendre des aspects moins réussis des études de cas, surtout lorsque, par exemple, le contrôle du système juridique par les fondamentalistes peut conduire à des conséquences imprévues. 26

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Rechercher et exposer la manière dont les fondamentalismes maintiennent et augmentent leur pouvoir : en s’opposant aux forces fondamentalistes et en construisant des contre–stratégies, la stratégie la plus innovatrice le plus souvent suggérée par les études de cas a été de comprendre toutes les facettes de la manière dont les fondamentalismes religieux travaillent et se maintiennent au pouvoir. Cette stratégie est particulièrement nécessaire en ce qui concerne le suivi des formes de propagation fondamentalistes les plus rapides tels que les fondamentalismes chrétiens pentecôtiste et charismatique en Amérique latine et en Afrique, ainsi que la surveillance des réseaux fondamentalistes transnationaux et les complexes interactions entre différents fondamentalismes contradictoires et coopératifs. Démasquer le fonctionnement des fondamentalismes religieux, y compris celui des acteurs/rices qui pourraient ne pas être labélisés/es comme « fondamentalistes » constitue également une base cruciale pour plusieurs des autres stratégies prospectives mentionnées ci–dessous, y compris : Unir ses efforts aux autres mouvements sociaux : les fondamentalismes religieux portent atteinte aux droits humains de tous ceux/celles qui ne partagent pas leur pouvoir ou leur vision sociale et politique, ils limitent le pluralisme et compromettent ainsi les processus démocratiques. Compte tenu de cet impact important, il est possible d’élargir le débat et de renforcer les alliances entre les mouvements des droits des femmes et autres mouvements sociaux fondés sur les droits tels que les groupes LGBTQI, les organisations des droits humains, la communauté scientifique et les groupes de défense des patients. Cela implique de tisser de nouvelles alliances, notamment avec des groupes religieux, fondées sur les droits lorsque cela est possible, pour produire des contre–stratégies encore plus fortes. Un consensus élargi parmi les activistes des droits des femmes : certaines des études de cas signalent le besoin d’arriver à un consensus plus important sur les stratégies et une approche de plaidoyer plus coordonnée entre les féministes elles–mêmes, tandis que pour d’autres, une étape préalable consisterait à s’assurer un plus grand soutien des activistes des droits des femmes et des mouvements des femmes pour travailler à l’opposition aux fondamentalismes. Construire une base de masse critique : plusieurs des études de cas montrent que la description et l’exposition des programmes fondamentalistes restent insuffisantes en soi. Il est également nécessaire de construire une base de masse critique pour les mouvements des droits des femmes en veillant, notamment, à inclure une masse critique de soutien silencieux. Cela implique d’élargir l’engagement féministe pour atteindre les femmes « du peuple » dont les positions radicales sont souvent acquises par l’expérience quotidienne de Les apprentissages clés des féministes en première ligne

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l’impact des fondamentalismes. Cela implique également d’atteindre les jeunes femmes ainsi que les hommes compatissants. Comprendre et répondre à l’appel des mouvements fondamentalistes : alors que les forces fondamentalistes doivent être affrontés directement au sein des élites de la prise de décision et dans les sphères où s’élaborent les politiques, les féministes suggèrent également qu’elles doivent faire plus d’efforts pour répondre à l’appel des forces fondamentalistes là où celles–ci ont un soutien populaire. Il s’agit de répondre aux besoins des individus ainsi qu’à faire la distinction entre les élites fondamentalistes et leurs partisans, pour tenter d’engager une collaboration avec ces derniers. Relever les défis posés par les labels : Il existe la nécessité de réfléchir et d’analyser davantage les conditions féministes utilisées dans l’identification et l’étiquetage des acteurs/rices fondamentalistes et leurs programmes. Cela est particulièrement vrai si les féministes veulent engager le dialogue avec certains/es acteurs/rices qui sont influencés/es par les fondamentalismes religieux, mais qui pourrait se diriger vers des positions fondées davantage sur les droits ou du moins commencer à se poser des questions sur les fondamentalismes. Fournir des visions positives pour notre futur collectif : la future réponse féministe aux fondamentalismes doit inclure une réponse discursive plus forte et plus positive face au désespoir, la discrimination et l’aliénation vécus de nos jours par plusieurs personnes. Ceci implique d’offrir une vision alternative et attrayante d’espoir, plus spécifiquement en réclamant des idées de communauté, culture et ce qui est un comportement moral. Faire face aux écarts de pouvoir au sein même et entre les mouvements des droits des femmes : l’autoréflexion et l’analyse des écarts de pouvoir font parties du processus vers la constitution d’une base de masse critique. Comme il en ressort des études de cas, une évaluation constante et une prise de conscience des privilèges et des préjudices internes au sein des organisations affrontant les fondamentalismes religieux, constituent des actions nécessaires pour la construction du mouvement et pour une efficace stratégie de lutte. Efforts pour communiquer d’une manière plus accessible et efficace : afin d’améliorer le travail de communication susmentionné, les féministes recommandent de réaliser des efforts supplémentaires afin de rendre les analyses critiques sur les fondamentalismes plus accessibles, en utilisant plus spécifiquement un langage populaire.

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Combler les lacunes visibles de la présence féminine : en réponse à l’occupation fondamentaliste des espaces stratégiques, les féministes doivent identifier ces espaces stratégiques et s’assurer qu’elles ont également une présence visible. Les comités de bioéthique au niveau national, régional et international représentent un exemple de cela.

Conclusion Nous espérons que les lecteurs/rices s’inspireront des 18 cas d’études et qu’elles nous permettront également de nous imaginer un monde collectivement et de l’engendrer sans les discriminations et les divisions des fondamentalistes religieux/ses. L’étude de l’AWID démontre que les fondamentalismes religieux gagnent du terrain, que leur pouvoir augmente dans le monde et que les féministes qui les combattent doivent être soutenues activement dans leur engagement pour défendre et protéger les droits humains. Ces études de cas, bien que différentes dans leur stratégie, géographie et contexte, révèlent toutes l’impact important que les fondamentalismes religieux ont sur les vies et les droits à travers le monde. Que ce soit en niant le droit aux femmes de contrôler leur propre sexualité et capacité reproductive, ou que ce soit par le biais d’attaques violentes ou de viols planifiés, les femmes sont trop souvent utilisées par les fondamentalistes religieux/ses comme un outil pour imposer leurs croyances et les valeurs à la société. La grande majorité des activistes des droits des femmes sondée par l’AWID, croie que les acteurs/rices du fondamentalisme ont un impact profondément négatif sur la vie des femmes et malheureusement leur pouvoir s’accroit. Ces cas d’études détaillent comment les activistes féministes continuent à devancer les stratégies des fondamentalistes religieux/ses, qui changent constamment, afin de combattre leur influence et leur autorité croissante. Le large éventail de stratégies et de techniques traité dans ces études révèle justement combien de créativité et d’innovation est requise pour s’occuper d’une telle force dans la société. Les féministes doivent continuer à peaufiner leurs techniques en même temps qu’elles doivent construire des alliances avec d’autres mouvements sociaux, pour attirer une base de masse critique plus importante et pour s’assurer davantage le soutien des donateurs. Les fondamentalistes religieux/ses représentent un/e ennemi/e puissant/e et il sera nécessaire pour les activistes des droits de femmes de continuer à documenter leurs actions, révéler leurs stratégies, partager leurs propres combats et expériences et susciter des collaborations puissantes avec d’autres activistes afin de protéger et promouvoir les droits humains. Shareen Gokal, Rosanna Barbero, Cassandra Balchin Les apprentissages clés des féministes en première ligne

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Notes de fin : 1

Cassandra Balchin, La montée des fondamentalismes religieux: un appel à l’action, Toronto : AWID, 2008 ; Cassandra Balchin, Révélés : Dix mythes des fondamentalismes religieux, Toronto : AWID, 2008 2

Page d’accueil de l’Initiative de l’AWID Résister et S’opposer aux Fondamentalismes Religieux http://awid.org/fre/Nos–Initiatives/Resister–et–S–opposer–aux–Fondamentalismes–Religieux 3

Juan Marco Vaggione (2008) Des activistes des droits des femmes définissent les fondamentalismes religieux : mise en commun des expériences, Toronto : AWID, 5 4

En particulier, Cassandra Balchin, Vers un avenir sans fondamentalismes: Analyse des stratégies des fondamentalismes religieux et des réponses féministes, Toronto : AWID, 2011 5

En 2006, Soulforce a organisé la première « Equality Ride », un trajet en bus de deux mois à travers le pays pour visiter 19 collèges ouvertement discriminatoires à l’égard des étudiants LGBT. Trente–trois jeunes adultes ont fait le voyage. Soulforce Q, le volet jeune de Soulforce, a été fondé à la suite de la première « Equality Ride » et repose sur la conviction que l’activisme soutenu et coordonné à l’échelle nationale est une composante essentielle du mouvement pour les droits des LGBT. 6

Les Católicas por el Derecho a Decidir (CDD) ou les catholiques pour le droit à décider, est le nom du réseau latino–américain qui travaille sur les questions de santé reproductive et qui a été fondé au Costa Rica en 1986. Catholics for Choice (Catholiques pour le choix, CFC selon les sigles anglais, ou parfois Catholics for a Free Choice, CFFC, Catholiques pour le libre choix en français) est l’organisation établie à l’origine aux États–Unis en 1973. Pour plus d’informations sur le réseau dans les Amériques, veuillez consulter : www.catholicsforchoice.org/about/international/. 7

Les Dalits sont au plus bas dans la hiérarchie des castes qui perpétue leur position socio–économique en tant que pauvres, secteur opprimé de la société. L’ordre social hindou les considère « intouchables. » Ils constituent 16 % de la population de l’Inde et 7,1 % de la population du Gujarat.

Féministes en première ligne : Résumés des études de cas S’opposer aux fondamentalismes catholiques dans l’ex–Union soviétique : le cas de la Lituanie Center for Equality Advancement (Lygiμ galimybiμ pletros centras, Centre pour la promotion de l’égalité) Virginija Aleksejūnė, Margarita Jankauskaitė et Vilana Pilinkaitė-Sotirovičs

Contexte En moins de 20 ans, la Lituanie a fait l’objet d’une profonde transformation sociale, économique et politique, évoluant d’une République soviétique à un État économiquement affaibli, pour devenir ensuite une nation de plus en plus prospère avant d’entrer dans l’Union européenne (UE) en 2004. Dans ce que beaucoup ont ressenti comme un changement rapide et souvent déstabilisant, l’Église catholique a voulu donner un sentiment de continuité et de familiarité. Les campagnes orchestrées par l’Union européenne (UE) pour promouvoir la diversité et éliminer toute discrimination contre les minorités et les familles non traditionnelles sont souvent interprétées comme des menaces pour l’État lituanien et se sont heurtées aux exhortations des fondamentalistes à préserver la famille traditionnelle et le mariage en tant que valeur culturelle nationale.

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Jaris Mujica, Economía Política del Cuerpo. La reestructuración de los Grupos Conservadores y el Biopoder, Lima: PROMSEX, 2007 9

L’affaire Shah Bano se réfère à la fameuse affaire d’une femme divorcée musulmane qui s’était vu refuser sa pension alimentaire et menacée d’indigence en raison des interprétations fondamentalistes musulmanes de ses droits. 10

Les fathers’ rights groups (groupes des droits du père) fait du lobby et organise les questions liées au droit de la famille, à la garde des enfants et au soutien des enfants. Certains de ces groupes soutiennent que les hommes sont défavorisés par le système légal et judiciaire, qui les discrimine en cas de divorce et de garde d’enfant. 11

Veuillez noter qu’aux États Unis, le terme « school » (école) est utilisé pour désigner différents types d’institutions d’enseignement, y compris les écoles supérieures et les universités.

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Les apprentissages clés des féministes en première ligne

Le Center for Equality Advancement Créé en 2003, le Center for Equality Advancement (CEA selon le sigle anglais, Centre pour la promotion de l’égalité) est une organisation sans but lucratif qui cherche à promouvoir les valeurs d’une société ouverte et démocratique en encourageant la tolérance et le dialogue entre les hommes et les femmes, en réduisant l’exclusion sociale et en luttant contre la discrimination fondée sur le sexe, l’âge, la race, l’ethnicité, l’orientation sexuelle ou le handicap. Le CEA organise des séminaires et des campagnes publiques, prépare des publications, fait de la recherche et présente des recommandations pour améliorer les politiques d’égalité entre les hommes et les femmes, d’égalité des chances et d’inclusion sociale.

Résumés des études de cas

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Comme d’autres ONG en Lituanie, le CEA a été confronté à une série de facteurs qui entravent les campagnes progressistes contre la politique fondamentaliste, notamment le manque de ressources et la dépendance du financement public, ainsi que l’absence de coopération entre les organisations de la société civile. Quand la Lituanie est entrée dans l’UE en 2004, le flux des fonds de donateurs étrangers a nettement diminué. De nombreuses ONG qui dépendent aujourd’hui largement de l’État lituanien hésitent à critiquer le gouvernement ou l’Église catholique. La répression de l’activisme politique individuel pendant la période soviétique se solde aujourd’hui par un manque d’organisation critique ou progressiste sur le terrain. Hormis l’Église catholique, qui est très active politiquement et bénéficie du soutien de la majorité de la population, peu d’organisations de plaidoyer comptent de nombreux membres et elles doivent donc faire un usage aussi stratégique que possible de leurs maigres ressources.

Impacts des fondamentalismes catholiques Entre 2007 et 2009, les forces réactionnaires ont renforcé leur emprise sur les institutions sociales et politiques en Lituanie. La constitution prévoit la laïcité de l’État mais dans la pratique, l’Église catholique a un impact déterminant sur la politique sociale du pays. Affirmant défendre les familles traditionnelles et les valeurs nationales, des politiciens/nes et organisations de tendance conservatrice, chrétienne-démocrate et populiste œuvrent pour intensifier la discrimination systémique contre les minorités, les homosexuels/les, ainsi que les mères célibataires et non mariées, notamment en appuyant l’Église catholique dans son lobbying couronné de succès pour faire exempter de la loi sur l’égalité des chances toute organisation ou institution religieuse. En 2008, le ministre de la justice et un groupe de parlementaires ont entamé l’examen d’un projet de loi intitulé Protection of the Embryo in the Prenatal Phase [‘protection de l’embryon pendant la phase prénatale’], au titre duquel l’avortement serait légal uniquement en cas de grossesse résultant d’un viol ou d’un inceste ou présentant un danger pour la vie ou la santé de la mère. Les influences fondamentalistes ont également suspendu l’adoption du projet de loi Prevention of Domestic Violence Concept [de prévention de la violence domestique], malgré l’incidence dramatique de la violence domestique en Lituanie.

Stratégies En 2008, le parlement lituanien a entamé les débats au sujet du projet de loi National Family Policy Concept [de politique nationale de la famille], qui limite les sujets de l’État aux familles basées sur le mariage d’un homme et d’une femme, et qui est ouvertement discriminatoire à l’égard des mères célibataires et des familles non traditionnelles. Le CEA a réagi en menant plusieurs actions stratégiques.

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Médias : Le CEA s’est efforcé d’attirer l’attention des médias sur le projet de loi. Il a imprimé, pour la fête des mères, des cartes postales qui faisaient le lien entre la maternité et la pauvreté dans le contexte lituanien. Au milieu des formules fleuries de la fête des mères, la campagne médiatique du CEA a proposé aux journalistes des images originales et une optique inhabituelle. Manifestation publique : En collaboration avec plusieurs ONG de droits des femmes, le CEA a organisé une veille devant le parlement pour protester contre le projet de loi. Les éléments visuels de la manifestation ont fait l’objet d’une grande couverture médiatique. La musique, les discours et une parodie de cérémonie de mariage ont été des éléments clés de la manifestation, de même qu’un tas de jouets pour enfants arborant des slogans pour exhorter les parlementaires à mettre fin à la discrimination contre les femmes et les enfants. Appel aux valeurs communes : Le CEA a stratégiquement évoqué le souci commun du bien-être des enfants, soulignant que le projet de loi léserait les enfants de mères célibataires ou de familles non traditionnelles. Dialogue critique : La manifestation a attiré l’attention de journalistes et d’intellectuels. De nombreux articles ont été consacrés au projet de loi et à ses conséquences, le personnel du CEA a été contacté à plusieurs reprises, pour faire des commentaires et une analyse. Le projet a finalement été adopté, mais la campagne a été le point de départ d’un dialogue critique sur la question, qui s’est avéré important lors des élections législatives et de la formation de la nouvelle coalition au pouvoir en 2008.

Coup d’œil sur l’avenir Dans le contexte lituanien, l’Église catholique prétend être la seule organisation qui s’est franchement opposée au régime soviétique, en tant que défenseur de l’identité nationale et bastion de la famille traditionnelle. Pour élaborer des stratégies efficaces en vue de s’opposer à l’Église, il faut donc formuler une position morale forte qui peut éventuellement séduire des secteurs plus populistes. Reconnaissant le rôle que jouent la religion et la spiritualité dans le domaine personnel, social et politique, le CEA vise à accroître l’organisation de base pour détourner l’opinion publique des influences et agendas fondamentalistes. Il veut aussi s’engager dans le dialogue et un travail de proximité plus efficace sur les objectifs communs avec les éléments modérés au sein de l’Église catholique et de l’ensemble de la société. Les efforts de la société civile consolidée et les efforts dynamiques de collecte de fonds sont essentiels aussi pour des stratégies contre-fondamentalistes efficaces et durables en Lituanie. www.gap.lt Résumés des études de cas

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L’opposition

La criminalisation en masse pour cause d’avortement : La violation des droits reproductifs des femmes au Mato Grosso du Sud, Brésil Themis Assessoria Jurídica e Estudos de Gênero Themis Conseils juridiques et Etudes de genres Carmen Hein de Campos

Le contexte La lutte du mouvement féministe brésilien pour la dépénalisation de l’avortement a commencé dans les années 70 et s’est accélérée à la fin des années 90. Cependant, alors que le féminisme progresse au Brésil, le mouvement fondamentaliste s’organise aussi. Un exemple frappant de cela, est la procédure entamée par la pourvoir judiciaire de l’État du Mato Grosso du Sud contre 1 500 femmes accusées d’avoir subi un avortement, promue par les membres fondamentalistes catholiques et évangéliques et que Themis décrit dans cette étude. L’organisation mondiale de la Santé (OMS) affirme que l’avortement à risque est l’un des problèmes les plus graves de santé publique et qu’il est celui auquel le moins d’attention est donnée dans les pays du Sud, menaçant la vie des femmes. En 2008, selon le ministère de la Santé du Brésil, les hospitalisations post-avortement dans le système public de santé ont atteint près de 250 000 par an. En outre, l’avortement à risque est la quatrième cause de mortalité maternelle dans le pays. Le Code pénal brésilien autorise l’avortement uniquement lorsque la conception est le résultat d’un viol ou pour sauver la vie de la femme enceinte, toutefois, très rares sont les avortements effectués sur base de ces deux motifs et très peu d’hôpitaux fournissent des services d’avortement légal.

Themis Themis est une organisation non-gouvernementale juridico-féministe qui travaille pour la promotion et la défense des droits des femmes. Elle est basée à Porto Alegre au Brésil. Elle intègre les Jornadas pelo Direito ao Aborto Legal e Seguro (Conférence pour le droit à l’avortement légal et sans risques, que nous appellerons dans le texte « Conférence »), un réseau de femmes et d’organisations féministes qui luttent pour la dépénalisation de l’avortement au Brésil. 34

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La criminalisation de l’avortement se maintient en raison de la pression des mouvements fondamentalistes et spécialement de nos jours, par l’action des parlementaires liés aux Églises catholiques et évangéliques, unis dans une base de parlementaires au Congrès visant à bloquer la légalisation de l’avortement (cette question est examinée de manière approfondie dans l’étude du Centro Feminista de Estudos e Assessoria (CFEMEA). Dans l’État du Mato Grosso du Sud, un des États au taux de mortalité maternelle et d’avortements clandestins les plus élevés du Brésil, un juge a décidé, en avril 2007, de poursuivre la propriétaire d’une clinique de planning familial et 1 500 femmes qui auraient supposément subi un avortement dans cette clinique. Ceci constitue la criminalisation de femmes la plus importante menée par le fondamentalisme religieux en Amérique latine. Le procès pénal a commencé en avril 2007 avec l’enlèvement de plus de 10 000 dossiers médicaux et, à ce jour, plus de 300 femmes ont été condamnées à servir la communauté dans des crèches et jardins d’enfants. La stratégie utilisée par la police, qui a mené une descente dans une clinique de planification familiale et qui y a confisqué les dossiers médicaux, crée un précédent juridique dangereux.

Les stratégies

Les enquêtes de terrain : Une délégation des entités féministes du Brésil, réunie dans la Conférence s’est déplacé à Campo Grande afin d’obtenir des informations sur l’affaire. Les activistes ont discuté avec des fonctionnaires et avec le mouvement de femmes de la région, et ont rédigé un rapport partagé ensuite avec l’ensemble de la Conférence afin de décider conjointement les stratégies à mettre en œuvre. La stratégie juridique-procédurale : la Conférence a remis en cause, face à la Justice, la validité de la procédure judiciaire à cause d’une série d’erreurs de procédure, en ce, la gestion des dossiers médicaux par le personnel de police (et non par des spécialistes médicaux tel que stipulé par la loi), constituant une violation des droits des femmes accusées, y compris du droit à la vie privée, à la santé, à un procès légal équitable, à l’égalité et à la non-discrimination. Les actions judiciaires : des habeas corpus ont également été présentés dans le but de stopper le processus judicaire à l’encontre des femmes. Les stratégies médiatiques : la Conférence a réussi à publier des articles et des entretiens dans les principaux magazines et journaux du pays, réussissant à diffuser son message et à agiter l’opinion publique contre le procès.

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La stratégie parlementaire : en raison des pressions exercées par les féministes et du lobbying pratiqué auprès des législateurs/trices alliés/es, une audience publique s’est tenue au Congrès au cours de laquelle les autorités judiciaires du Mato Grosso du Sud ont dû donner des explications publiques.

Les perspectives d’avenir En ce qui concerne la stratégie juridique, il a été très difficile de trouver une femme ayant avorté à la clinique, prête à intenter un procès. Étant donné tout le matraquage médiatique que cette affaire a engendré à l’échelle nationale, les femmes concernées ne souhaitaient pas donner d’interviews ni discuter de l’affaire publiquement. Ceci a beaucoup entravé la stratégie juridique. Beaucoup d’entre elles étaient gênées par ce qui se passait et ont quitté la ville. L’affaire n’est pas encore terminée et les féministes continuent à lutter pour mettre fin à la procédure pénale. La pression du mouvement des femmes se poursuit et le juge responsable de l’affaire, qui d’abord parlait de poursuivre 1 500 femmes, a commencé à dire que le nombre d’accusées ne dépasserait pas les 900. Bien que le mouvement des femmes n’ait pas encore rencontré de succès dans sa stratégie juridique, cela ne signifie pas que sous une forte pression sociale, le tribunal local ne puisse pas changer de position. En outre, le mouvement a encore un recours en main: porter l’affaire devant la Cour suprême fédérale pour contester la constitutionnalité de la procédure pénale dans son ensemble. Il s’agit d’une stratégie juridique qui n’a pas encore été explorée. www.themis.org.br

Les fondamentalismes religieux dans les milieux indigènes du Chiapas et la violation des droits des femmes Colectivo de Encuentro entre Mujeres (COLEM)

Guadalupe Elizalde Molina et Martha Guadalupe Figueroa Mier Edition réalisée par Luz Maceira Ochoa

Le contexte Cette analyse synthétise deux cas qui ont eu lieu dans des communautés indigènes de Chiapas dans le sud-est mexicain, chez des femmes tzeltales. Dans les deux cas, le contexte et les manières d’opérer des fondamentalismes religieux sont semblables. Le cas de María de Jesús, qui s’est produit à la fin des années 90, concerne l’expulsion d’une femme de sa communauté suite à de fausses accusations d’adultère qui l’ont transformé en « femme pécheresse » aux yeux de la religion et des us et coutumes de son peuple. Elle a été dépouillée de sa maison et de ses moyens de vie et a été sur le point de perdre la garde de ses enfants. Le cas de Hilda s’est produit durant les premières années de notre siècle et fait référence au viol d’une jeune handicapée, au refus des médecins d’interrompre sa grossesse à cause d’arguments religieux et à la discrimination soufferte par elle et sa famille dans l’accès à la justice, vu que les autorités municipales et celles de sa communauté ont refusé de capturer le violeur, qui a récidivé par la suite.

Grupo de Mujeres de San Cristóbal de las Casas Colectivo de Encuentro entre Mujeres (COLEM) Le Grupo de Mujeres de San Cristóbal de las Casas, (appelé aujourd’hui Colectivo de Encuentro entre Mujeres, COLEM) s’est créé en 1989, suite aux constantes dénonciations de violences sexuelles sur des femmes de la localité. C’est une organisation féministe, sans but lucratif, qui a travaillé dans les Altos de Chiapas au Mexique depuis 1990, pour les droits des femmes et contre la violence sexuelle et domestique, à travers des actions d’assistance, de diffusion, de communication, d’éducation populaire et de recherches. 36

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Le contexte Le Chiapas est un État situé au sud-est du Mexique, à la frontière avec le Guatemala et qui possède un grand nombre de peuples indigènes qui représentent près d’un million d’habitants. Parmi les États mexicains, il est celui qui possède les indices de pauvreté, retard social, mortalité maternelle et analphabétisme les plus élevés. Ses richesses naturelles ont conduit à une lutte pour le contrôle et l’exploitation de ces ressources entre les peuples autochtones - propriétaires de ces terres - et les gouvernements provinciaux et fédéraux, ainsi qu’avec des groupes d’investissement privé locaux, nationaux et étrangers. L’exploitation inconsidérée des ressources a créé une crise écologique et, de surcroit, une pauvreté croissante et l’exploitation des populations locales. Dans plusieurs communautés de Chiapas, les structures politiques fédérales et étatiques (institutions et autorités) coexistent avec le système des us et coutumes ou gouvernements traditionnels. A cela, il faut ajouter les caciques qui établissent une relation de clientélisme avec la population, qu’ils peuvent surveiller et mobiliser. Ils servent d’intermédiaire entre la population et le pouvoir formel. Un autre élément important est l’occupation militaire présente depuis le soulèvement zapatiste de 1994, ainsi que celle de groupes paramilitaires qui ont fait grimper la violence de manière extrême, en obligeant des communautés entières à se déplacer, ce qui a créé une situation de tension sociale profonde. Au Chiapas, les femmes sont les plus pauvres parmi les pauvres, elles constituent le groupe avec le taux d’analphabétisme le plus élevé et souvent, elles sont formellement exclues ou, dans le meilleurs des cas, sousreprésentées dans les systèmes traditionnels de gouvernement et des postes à pouvoir. Elles sont également exploitées, maltraitées, victimes de discrimination, tant dans l’espace domestique que communautaire.

L’opposition Dans la région des Altos, particulièrement, où se sont produits les cas analysés ici, il existe trois dénominations chrétiennes: l’évangélique, la catholique (théologie de la libération) et la catholique orthodoxe mexicaine. On observe aussi un fort syncrétisme entre les religions et les us et coutumes des indigènes d’origine préhispanique. C’est ici que se sont produit le plus grand nombre de conflits religieux de l’État entre 1960 et 2001 produits par l’intolérance des leaders orthodoxes (de San Pascualito) et des caciques, qui ont agressé et/ou expulsé de leurs communautés tous ceux qui se sont converties au culte évangélique. Des expulsions se sont aussi produites pour appartenir à un parti politique différent du dominant, le PRI (Parti Révolutionnaire Institutionnel). Ceux qui ont été forcés à partir, se sont organisés et se sont installés dans la périphérie de la ville

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voisine de San Cristóbal de las Casas, en fondant des quartiers ou des colonies. Des leaders ont surgi au sein de ces colonies et ils ont reproduit les modalités de pouvoir qu’ils avaient fui, en se transformant en caciques de leurs colonies ou zones d’influence, en accumulant du pouvoir, y compris des armes. Leur influence est tellement importante que, dans plusieurs cas, les autorités municipales n’arrivent pas à limiter le pouvoir de ces leaders, ni à combattre l’impunité et les délits dans les colonies. Bien que durant les dernières années, d’importantes transformations se sont opérées, consolidant une atmosphère de revendication des droits humains au sein des peuples indiens, la position et la condition des femmes ont changé à un rythme beaucoup plus lent et inégal. Elles subsistent toujours, les idées et les pratiques qui les dévalorisent et qui les affectent, comme nous le verrons dans les cas que nous présentons ici.

Les stratégies utilisées

Actions juridiques : dans le cas de María de Jesús, des procédures administratives et légales ont été entamées auprès de la commune contre les autorités de la colonie ainsi qu’une demande familiale contre le père de ces enfants pour l’obliger à payer la pension alimentaire. Une plainte a aussi été déposée devant la Commission de droits humains de Chiapas ainsi que des plaintes devant le procureur de l’État, des députés locaux et la Commission pour l’équité et le genre de la Chambre des députés. Le cas de Hilda a été présenté aux commissions étatique et nationale des droits humains et il a été intégré dans le rapport du Rapporteur spécial sur la situation des droits humains et des libertés fondamentales des indigènes des Nations Unies. Diffusion et dénonciation : dans le cas de María de Jesús, la diffusion du cas dans les médias locaux (radio) a fait partie de la pression exercée sur les autorités ainsi que pour tenter de faire changer les mentalités des personnes impliquées. Aussi, le cas a été présenté dans des forums de débat et il y a eu des protestations publiques devant les autorités. Dans le cas de Hilda, on a également utilisé des espaces radiophoniques pour faire connaître son cas, pour dénoncer les autorités responsables et des activités liées au sujet ont été entreprises dans des écoles. Une des mesures clés de la stratégie a consisté à diffuser le cas de Hilda avec celui de Paulina, une enfant mexicaine de 13 ans, également violée et à qui on avait refusé l’interruption légale de grossesse pour des motifs religieux. Dans les deux cas, il s’agit de jeunes filles qui, par leur jeunesse et innocence, ont provoqué l’empathie et la solidarité sociale. Organisation et soutien collectifs : une des autres parties de la stratégie employée pour les deux cas, a consisté à travailler avec d’autres organisations et réseaux de femmes, pour visibiliser les pratiques qui sortent du

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cadre légal et analyser les cas dans une perspective de genre. Dans celui de Hilda, on a aussi essayé d’introduire, dans différents réseaux et coalitions, des sujets liés à son cas comme les droits sexuels et reproductifs, la jeunesse, les droits des indigènes, l’État laïc, etc., et nous avons réussi à intégrer le Groupe défenseur dans les activités politiques importantes, comme la visite du Rapporteur pour les peuples indigènes. Discours : dans le cas de María de Jesús, le discours utilisé dans le dialogue avec les leaders a été celui des droits humains. Nous avons parlé en brandissant l’étendard de la connaissance de la loi en notre faveur. Cela a été important car l’une des causes profondes de ce type de fondamentalisme est l’ignorance qui permet la manipulation. Dans l’affaire de Hilda, le discours sur la laïcité de l’État a été fondamental car il place son cas dans une perspective de revendication sociale plus large. La défense de l’État Laïc est pressante car au Mexique la droite et d’autres groupes fondamentalistes gagnent du pouvoir et de l’influence et même si le caractère « laïc » de l’État a été confirmé dans la Constitution mexicaine (en février 2010), les attaques et les pratiques à son égard sont nombreuses.

Les perspectives d’avenir Il est nécessaire d’intervenir dans la défense des femmes soumises par ces fondamentalismes pour que ces violations ne soient pas impunies et pour affaiblir les idées et les pratiques fondamentalistes, ainsi que le pouvoir de leurs leaders. La défense du cas de María de Jesús et d’autres femmes indigènes de la zone Nord de San Cristóbal de la Casas a favorisé la visibilisation à sa problématique, ainsi que la capacité organisatrice des femmes et leurs possibilités d’action. Le COLEM a obtenu une reconnaissance locale, nationale et même internationale en tant que modèle dans la lutte pour les droits des femmes et comme organisation féministe. Évidemment, cette reconnaissance comporte également des risques dans la mesure où l’organisation a été désignée par les groupes fondamentalistes et/ou par certains leaders comme une organisation s’opposant à eux ou à leurs intérêts. Le COLEM a aussi réussi à mieux comprendre comment fonctionnent les groupes fondamentalistes et a appris également que dans un contexte de conflits religieux, d’autres divisions sociales s’opèrent. Toutefois, on observe aussi que des accords informels ou des alliances entre groupes de différents courants religieux et politiques peuvent se former du moment que la subordination féminine soit garantie.

prises. Dans le cas des litiges stratégiques, il est nécessaire d’élaborer, documenter et présenter des preuves spécifiques pour expliquer plus clairement l’importance du préjudice. Un autre apprentissage à retenir repose sur l’importance de générer des alliances avec des groupes de jeunes et des associations travaillant dans le domaine des droits des filles et des garçons, qui n’ont pas été invités à se joindre à la défense et la promotion de cette affaire, alors que cela aurait été approprié. Les cas de Maria de Jesús et Hilda ont montré qu’il est nécessaire de faire savoir qu’à l’intérieur et à l’extérieur des communautés indigènes, les soi-disant « us et coutumes » sont des systèmes qui ont changé au fil du temps, que des éléments religieux, culturels et politiques « externes » s’y sont mélangés. Une manière d’abattre certains mythes, d’enlever leur « attrait » pour la population, consiste à présenter des arguments et des informations qui puissent aider à identifier les incohérences, les effets négatifs —y compris inhumains— pour la Communauté. Dans les cas analysés ici, le manquement des autorités à faire respecter la loi et, avec celle-ci, la confirmation de l’injustice et le pouvoir des leaders des colonies ou du personnel des institutions publiques, crée une atmosphère d’impunité qui décourage les femmes à exiger leurs droits. María de Jesús et Celia (la mère de Hilda), ont choisi de cesser de poursuivre toute action en justice. Ce découragement et cette méfiance sont les éléments que nous devons combattre. Il est nécessaire de former les femmes afin de leur permettre de connaitre leurs droits et de les pousser vers une autonomisation en termes plus larges. Il faut également former les acteurs/rices qui dispensent la justice, afin qu’ils/elles reconnaissent le caractère obligatoire des lois en faveur des femmes. Finalement, aujourd’hui nous sommes confrontés/es au défi d’homologuer la dépénalisation de l’avortement au Mexique. Ce processus a souffert plusieurs revers depuis 2008, car dans plusieurs législations locales (au moins dans 17, en début 2010) l’avortement a été criminalisé et des lois similaires sont actuellement en débat dans d’autres États. Il est donc urgent de prévenir et d’inverser cette tendance. L’action coordonnée entre les personnes et les organisations de défense des droits humains ou de type syndical ou sectoriel comme les avocates, médecins ou professionnelles de la santé, entre autres, est nécessaire pour arriver à cette fin.

En analysant la situation à postériori, nous notons qu’il est nécessaire de tenir un registre des événements et de réaliser un suivi des actions entre-

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les sentiments anti-femme et anti-égalité adoptés par les fondamentalistes religieux et son travail avec les jeunes a suscité une opposition virulente des fondamentalistes religieux et de leurs alliés.

Activisme féministe rural et fondamentalisme religieux en Nouvelle-Écosse (Canada) Antigonish Women’s Resource Centre [Centre de ressources pour les femmes d’Antigonish] Lucille Harper, Leona M. English et Betsy MacDonald

Contexte Antigonish est une petite ville de la province canadienne de NouvelleÉcosse, au centre d’une vaste zone rurale. La religion catholique romaine est prédominante : près de 80 % de la population se disent catholiques. Bien que l’université, les écoles et l’hôpital soient aujourd’hui laïcs, ils ont été créés à l’origine en tant qu’institutions catholiques et l’église gardent une influence considérable dans la communauté. Une grande part de cette influence est socialement progressiste par son souci de la santé et du bien-être de la communauté, mais il existe un groupe irréductible de fondamentalistes religieux fervents qui s’opposent à l’autonomie économique et sociale des femmes, et à tout ce qu’ils perçoivent comme féministe et qui constitue dès lors une menace pour leurs convictions, leurs coutumes et leur mode de vie traditionnels. Un petit groupe de fondamentalistes religieux, soutenus par des activistes des droits des pères, a mené un effort concerté dans un district rural du conseil scolaire pour limiter et même interdire, dans certains cas, l’accès des élèves aux informations concernant les relations personnelles, la santé et la sexualité.

L’Antigonish Women’s Resource Centre [Centre de ressources pour les femmes d’Antigonish] Créé dans les années 1980, l’Antigonish Women’s Resource Centre [Centre de ressources pour les femmes d’Antigonish] (AWRC) est une organisation locale de femmes qui fournit des programmes et des services d’appui aux femmes, aux adolescentes et aux défenseurs(euses) des droits de la femme, et propose des programmes éducatifs en vue de promouvoir l’égalité des femmes et la justice sociale. Ses services d’aide et programmes éducatifs pour la jeunesse sont considérés comme essentiels pour lutter contre les injustices sociales et contre différentes formes de discrimination ainsi que pour promouvoir le statut des femmes. En qualité d’organisation féministe, cependant, il tend à être un paratonnerre pour

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Opposition Entre 2002 et 2008, des membres du conseil scolaire local se sont activement opposés à la fourniture de ressources et programmes pour les élèves approuvés par le département de l’éducation de la Nouvelle-Écosse, notamment le Rural Youth Healthy Relationships Education Project [Projet éducatif de relations saines pour la jeunesse rurale] (2002), la brochure Sex? A Healthy Sexuality Resource [Le sexe ? Pour une sexualité saine] (première édition, 2004), les Youth Health Centres [Centres de santé pour les jeunes] (2006) et le programme Healthy Relationships for Youth [Relations saines pour les jeunes] (2007). L’opposition fondamentaliste à ces initiatives affirmait qu’elles visaient essentiellement à promouvoir l’autonomie sexuelle des filles en leur donnant des informations relatives à la contraception et à l’avortement, encourageant ainsi le sexe « récréatif » en dehors du mariage. Elle considérait que ces programmes et ressources mettent en danger la position privilégiée de la famille traditionnelle en permettant aux élèves d’accéder en toute autonomie à l’éducation et aux services de santé sexuelle et en encourageant l’approbation des relations homosexuelles. Pour les fondamentalistes religieux, ces efforts constituent une menace pour l’ordre patriarcal centré sur le contrôle de la sexualité féminine et la préservation des relations hétéro-normatives. L’opposition était compris de membres de groupes catholiques des droits civils et des fidèles catholiques romains conservateurs, partisans d’une interprétation stricte des écritures, des doctrines et des pratiques traditionnelles, collaborant avec les groupes antiféministes et des droits des pères, qui affirment que la société a un parti-pris en faveur des femmes et pratique la discrimination à l’égard des hommes. Ces groupes qualifient le noyau familial traditionnel de pierre angulaire de la société, où les pères sont l’autorité au foyer et les hommes sont les dirigeants de la collectivité. Ils appuient les rôles traditionnels des hommes et des femmes dans la famille et la société, soutenant ainsi les femmes dans un état de subordination par rapport aux hommes, et revendiquent le droit des parents à prendre des décisions pour leurs enfants, indépendamment des meilleurs intérêts définis par les dirigeants pédagogiques ou les jeunes eux-mêmes. Leur capacité à travailler en réseau dans toute l’Amérique du Nord et par-delà les dénominations religieuses, contribue largement à la réussite de leurs campagnes. Le groupe fondamentaliste d’Antigonish est essentiellement catholique, mais il a bénéficié du soutien de membres de la droite religieuse américaine, principalement protestante.

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Stratégies La décision d’agir de l’AWRC a été précipitée par une opposition massive du conseil scolaire aux initiatives susmentionnées, que le Centre pour les femmes considérait comme cruciales pour la santé et le bien-être des jeunes femmes. Les stratégies utilisées étaient : L’analyse des discours : l’AWRC a procédé à une analyse qui a démasqué les idéologues fondamentalistes, identifié leur agenda et montré leur idéologie distincte, oppressive et régressive dans une religion dominante. Cette distinction a permis à ceux qui pratiquent cette religion de se désolidariser de l’imposition d’interprétations étriquées et de contester le message fondamentaliste. Obtention de soutien aux programmes : par leur site Web, des interviews dans les médias, des communiqués de presse et des allocutions publiques, l’AWRC a fourni au grand public des informations exactes concernant les programmes, avec documentation de leurs objectifs et de l’impact du programme du point de vue des élèves, des enseignants et des facilitateurs du programme. Il a ainsi élargi le soutien de la communauté aux initiatives, qui s’est avéré essentiel pour contrer la résistance des groupes fondamentalistes.

campagnes auxquelles ils participent (explicitement ou sous d’autres couverts), à en analyser les discours et les politiques, et à faire part de leurs observations. L’utilisation de l’analyse du discours pour élaborer de multiples stratégies et plans d’actions qui exposent le message fondamentaliste et s’y opposent est essentielle pour la promotion d’un changement social positif pour les femmes et les jeunes filles au niveau local, ainsi que pour faire le lien avec le travail des activistes des droits de la femme dans le monde entier. Bien que les fondamentalismes soient omniprésents, il est essentiel de les exposer (tout en cultivant de nouvelles alliances et en élargissant le soutien communautaire) pour promouvoir une vision positive de la femme. www.antigonishwomenscentre.com

S’associer avec des alliés : l’AWRC a travaillé en collaboration avec les prestataires de soins de santé, a organisé une campagne de lettres, a recueilli des signatures pour une pétition, a témoigné de la nécessité des centres lors d’une séance publique du conseil scolaire et a intéressé les médias, obtenant ainsi un soutien public considérable pour l’accès autonome des élèves aux Youth Health Centres [Centres de santé pour les jeunes]. Nouer des relations de travail positives : l’AWRC a privilégié les relations de travail positives avec les parents, les universitaires, les prestataires de soins de santé et les ordres religieux locaux de femmes et a pu compter sur le soutien d’organisations et de personnes dans toute la province. Il a pu faire appel aux médias locaux avec lesquels il avait établi de bonnes relations au fil des années pour informer le public de ses programmes et corriger les désinformations provenant des coalitions de droite qui s’y opposaient. À mesure que les médias locaux et provinciaux parlaient du combat, le soutien a grandi.

Coup d’œil sur l’avenir Les organisations féministes progressistes du monde entier qui se soucient de justice sociale et d’égalité auraient avantage à identifier les nombreux textes et arguments utilisés par les fondamentalistes et les

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Sexualité, genre et droite religieuse : plaidoyer des jeunes pour les droits des LGBT aux États-Unis

la pratique constante de la résistance non violente. En 2006, Soulforce a organisé le premier Equality Ride, un voyage de deux mois en bus à travers tout le pays pour rendre visite à 19 établissements d’enseignement supérieur qui pratiquent la discrimination active contre les étudiants/es ouvertement LGBT. Soulforce Q parraine maintenant l’Equality Ride. L’engagement des jeunes est considéré comme vital pour diriger l’activisme qui a pour but de changer les cœurs et les esprits par des efforts personnalisés pour l’égalité.

Soulforce Q (Division jeunes adultes de Soulforce) Haven Herrin

Contexte Quelque 76 % de la population des États-Unis se disent chrétiens et nombreux parmi eux sont ceux qui se qualifient de conservateurs ou évangéliques. Il y a fondamentalisme quand le christianisme rencontre le pouvoir institutionnel. Connu sous le nom de Religious Right ou droite religieuse, ces mouvements cherchent à prescrire une moralité pour les comportements personnels et politiques. Le président George W. Bush a travaillé de concert avec les dirigeants de la droite religieuse tout au long de ses mandats et a satisfait leur base de protestants blancs évangéliques. Aucune plate-forme unique ne définit la droite religieuse, mais ce groupe œuvre généralement contre l’avortement et la contraception, contre la recherche sur les cellules souches, l’éducation sexuelle, les systèmes de prévoyance sociale, les protections de la diversité sexuelle et de genre, ainsi que le mariage homosexuel. Une caractéristique commune de leurs agendas est le soutien direct ou indirect au patriarcat. L’opposition à l’Equal Rights Amendment [amendement sur l’égalité des droits] pour les femmes est une question récurrente sur les plates-formes fondamentalistes, de même que l’opposition à l’égalité sociale et politique des lesbiennes, des gays, des personnes bisexuelles et transgenres (LGBT). La droite religieuse avance plusieurs raisons pour justifier l’oppression des personnes LGBT, mais la plus souvent citée est la conviction que la Bible condamne la diversité sexuelle et de genre.

Soulforce et Soulforce Q se concentrent sur la droite religieuse Soulforce Q est la division des jeunes adultes de Soulforce, une organisation nationale de justice sociale et de droits civils, qui s’attache à enseigner et appliquer les principes de la non-violence pour mettre fin à la discrimination fondée sur l’orientation et l’identité sexuelles. Elle vise à libérer les personnes LGBT de l’oppression religieuse et politique par

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Méthodes et intentions de l’Equality Ride

Engagement : Soulforce Q cible les universités parce qu’elles jouent un rôle prépondérant en qualité de centres de recherche, d’emploi, de codification sociale et de sanction de la pensée. Les établissements auxquels l’Equality Ride rend visite s’inscrivent dans des structures confessionnelles plus vastes. Les institutions sélectionnées sont un assortiment d’établissements qui acceptent de collaborer avec nous et d’autres qui n’autorisent pas les Riders à accéder au campus. En demandant aux établissements de collaborer, Soulforce Q compte sur le fait que, culturellement, les campus sont des forums de débat et d’engagement social. Rencontre des médias : Soulforce Q contacte les médias locaux et nationaux des semaines avant la visite au campus. Les médias (dont MTV, Newsweek, la BBC et PBS) manifestent souvent leur intérêt pour le projet d’Equality Ride parce que les interactions sont imprévisibles. Recrutement : Chaque année, le recrutement des participants/es à l’Equality Ride se fait par des annonces dans la presse, le bouche à oreille, les sites sociaux en ligne, les partenariats avec les groupes d’activistes sur le campus et en dehors, et par les listes de diffusion de Soulforce. Le processus de sélection consiste en une dissertation écrite et des entrevues téléphoniques, pour évaluer les intentions et la personnalité, et voir ce que les candidats/es répondent des questions à orientation biblique, comme celles que nous rencontrons souvent sur les campus. Formation : La formation des participants/es comprend des lectures, des discussions avec modérateur/rice, des présentations par des experts/es sur les questions transgenres et l’antiracisme, mais il s’agit aussi d’apprendre comment parler aux médias, à planifier et recruter pour des événements et des rallyes, à utiliser des compétences de communication non violente, et à examiner le sexisme internalisé, le racisme et la discrimination de classe. Comme une analyse critique des écritures est indispensable pour ouvrir un espace de contre-organisation, les Riders apprennent aussi à neutraliser les textes bibliques généralement utilisés pour condamner les personnes LGBT. Ils/Elles associent ces informations aux réalités biologiques et politiques des personnes LGBT. Résumés des études de cas

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Visites de campus : Une visite de l’Equality Ride ne se limite pas au campus, elle englobe des églises, des synagogues et des activistes citoyens. La plupart de ces campus sont peu sûrs, sur le plan physique et émotionnel, pour les étudiants/es LGBT et leurs alliés/es. Beaucoup ont instauré des pratiques discriminatoires qui obligent les étudiants/es LGBT à cacher leur identité ou à risquer l’expulsion. Presque tous les soirs, les Riders sont invités/es à manger à la fortune du pot et les groupes d’activistes locaux les invitent pour partager des histoires, discuter des écritures et en savoir davantage sur l’activisme local LGBT. Les Riders font des présentations dans les classes et les amphithéâtres, sur des sujets comme la théologie de la libération, l’histoire des droits civils ou les questions de genre, mais l’aspect le plus important de leur travail, c’est la conversation en tête-à-tête : les Equality Riders LGBT côtoient les étudiants/es, parlent, étudient et mangent avec eux/elles. Il est beaucoup plus facile de condamner l’idée abstraite de l’homosexualité que de condamner une lesbienne de l’Equality Ride qui vit sa sexualité et explique qu’elle est une partie intégrante et saine de sa vie.

apportent le soutien nécessaire aussi par des dons, une aide pour le travail de proximité ou la participation à des actes de désobéissance civile. Grâce à un long passé de dissidence pour la justice aux États-Unis, le projet évolue aussi dans une culture qui permet le désaccord et la désobéissance civile. www.soulforce.org

Désobéissance civile : Soulforce Q discute sans cesse du moment et de la façon de braver les établissements qui refusent de travailler avec l’Equality Ride. Par principe, Soulforce Q ne peut pas accepter qu’un établissement refuse une demande de dialogue. Certains/es Riders considèrent même qu’il convient de risquer une transgression au besoin ; s’ils/si elles ne bravent pas le refus d’un établissement, rien ne changera. L’aptitude à risquer la désobéissance civile crée une marge de dialogue autrement inexistante, parce que les établissements sont enclins à trouver des moyens de collaborer, quand ils se rendent compte que l’alternative est une arrestation médiatisée.

Coup d’œil sur l’avenir Les Equality Riders ont été la cible de harcèlement et de menaces, et leurs bus ont été vandalisés. En plus des menaces externes, il y a souvent des tensions internes entre les Riders concernant les décisions consensuelles ou hiérarchiques. Le sexisme, le racisme, l’âgisme et d’autres formes de privilège social existent aussi dans la communauté de 25 Riders. Il est donc difficile, mais indispensable de discuter de l’oppression dans notre propre groupe. Malgré ces défis, plusieurs facteurs permettent à Soulforce Q de poursuivre sa mission. En ce qui concerne la lutte pour trouver un financement, la culture de philanthropie, l’existence de fondations bien nanties et les dons fréquents de petits montants en ligne sont des facteurs déterminants pour la faisabilité du projet. Il y a aussi une masse critique de jeunes, aux États-Unis, qui ont « révélé » leur identité LGBT. Certaines confessions chrétiennes et juives soutiennent les personnes LGBT par la doctrine et les politiques. D’autres groupes de la société civile

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Stratégies de mobilisation et plaidoyer des fondamentalistes chrétiens

Fondamentalismes chrétiens et droits de la femme dans le contexte africain : cartographie du terrain Jessica Horn

Contexte

La présente étude de cas explore la dynamique des fondamentalismes chrétiens en Afrique subsaharienne ainsi que les impacts de la doctrine fondamentaliste, le plaidoyer et la mobilisation pour les droits de la femme dans la région. Elle se concentre sur le fondamentalisme chrétien pentecôtiste et charismatique, ainsi que sur les acteurs fondamentalistes de la mouvance principale de l’Église protestante. Dans le contexte africain, les politiciens et les conservateurs/trices extrêmes de la société civile utilisent les institutions et les discours religieux avec opportunisme, pour avancer leurs programmes politiques, idéologiques et économiques concernant toute une série de questions, qui vont de leur maintien au pouvoir à l’accumulation de richesses en passant par le maintien de l’inégalité sociale et juridique entre les hommes et les femmes. La nouvelle vague de pentecôtisme africain, en particulier ses dérivés charismatiques, s’avère un outil utile à cette fin, en raison de quatre caractéristiques clés : une vaste base populaire (indispensable pour mobiliser la pression politique et les votes), une théologie axée sur et qui prône la prospérité et l’accumulation de capital (qui facilite donc à la fois l’accumulation de richesses et la corruption lucrative), le manque de réglementation dû à l’absence d’une autorité religieuse centrale et à la faiblesse des mécanismes de surveillance sans but lucratif dans les différents pays, et l’absence de tradition herméneutique et/ou de débat critique concernant les textes sacrés, ce qui permet à la doctrine de se diffuser largement sans être remise en question. Comme les adhérents de ces Églises sont en majorité des hommes et des femmes économiquement défavorisés/es, qui ont un accès limité aux informations ou au capital social et politique, il est possible de les attirer à l’église aussi par des promesses d’amélioration de leurs conditions matérielles.

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Le fondamentalisme chrétien s’est propagé de diverses façons en Afrique, mais les groupes fondamentalistes appliquent une série de stratégies communes. Vaste structure de communications : elle comprend des chaînes de télévision, des stations radio, des journaux, des sites Web et des blogs, ainsi que la culture populaire, notamment la musique gospel. À l’échelon local, elle comprend aussi les dépliants, les panneaux publicitaires et des rallyes pour attirer la foule aux revivals. Les fidèles sont eux-mêmes une ressource essentielle pour diffuser les messages. Entrée dans la politique officielle des partis : dans certains pays, cette stratégie donne aux fondamentalistes un plus grand effet de levier en matière de politiques et de prise de décision concernant les questions relatives à l’autonomie et aux droits de la femme. Mobilisation des femmes contre les droits de la femme : Les fondamentalistes mobilisent les femmes pour des rallyes contre l’introduction de lois de protection ou pour prendre la parole contre d’autres femmes et contre les activistes des droits de la femme. La stratégie consiste principalement à retenir des informations ou à donner des informations partielles, déformées aux femmes concernées. Appels stratégiques à l’identité culturelle et nationale : les fondamentalistes font appel à l’identité culturelle et nationale pour valider leurs idées et leurs agendas.

Stratégies de résistance aux fondamentalismes chrétiens Plusieurs points d’entrée sont possibles pour s’attaquer au phénomène social et politique des fondamentalismes chrétiens dans le contexte africain.

Nommer le phénomène : l’utilité de l’expression « fondamentalisme religieux » en guise de stratégie d’organisation est contestée. Certains/es activistes estiment que le fait de pouvoir nommer le phénomène est une étape critique pour s’y attaquer. Pour d’autres, le terme peut être source de division et n’est pas utile pour encourager les membres des Églises chrétiennes à jeter un regard critique sur leurs croyances. Mobilisation des femmes : les fondamentalistes sont parvenus à rallier les femmes contre les droits de la femme en interprétant de manière sélective des informations scientifiques et politiques. Une réponse féministe pourrait être la fourniture à ces femmes d’informations complètes, exactes et d’un espace de dialogue. Par exemple, l’Ugandan Feminist Forum [Forum des

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féministes d’Ouganda] a intégré des discussions sur l’alignement des croyances chrétiennes sur les principes féministes et les leçons à tirer de la tradition progressiste du christianisme, pour encourager les membres chrétiens/nes à vaincre leurs préjugés. Interprétations progressistes des textes : une autre stratégie consiste à s’opposer aux fondamentalismes de l’intérieur des discours religieux, à l’aide d’interprétations progressistes des textes et en soutenant le clergé charismatique qui adopte des positions progressistes en matière de droits de la femme et d’égalité entre les hommes et les femmes. Atteindre les jeunes : en termes de mobilisation politique, il faut atteindre les jeunes, en particulier les jeunes femmes, de manière à faire écho à et soutenir leurs propres préoccupations et leur développement, et renforcer leur compréhension et leur leadership ». Coordonner les efforts : comme les fondamentalistes chrétiens forment un réseau au niveau régional et ont des alliés puissants aux États-Unis, il faut aussi envisager de former un réseau comparable pour coordonner les efforts et soutenir les activistes dans toute la région en vue de combattre ces acteurs. Les donateurs pour le développement et les droits humains, qu’ils soient basés en Afrique ou à l’étranger, ont un rôle à jouer pour assurer le soutien et le financement de ces efforts d’urgence et à plus long terme, et pour accroître le financement des initiatives antifondamentalistes dirigées par des Africains/es progressistes. Dissension interne : l’attrait du christianisme pentecôtiste et charismatique pour ses adeptes et les acteurs politiques est en grande partie opportuniste. Ces Églises fournissent un moyen pour réaliser un objectif politique ou matériel plus terre-à-terre, mais elles sont tout aussi enclines à perdre leurs fidèles et leur attrait politique si elles ne réalisent pas l’objectif pour lequel elles sont utilisées. Il est difficile de compter sur la dissension interne en guise de stratégie contre le fondamentalisme, mais il peut être utile de déterminer les personnes et les groupes qui expriment des opinions divergentes au sein des institutions de l’Église, de les soutenir et d’en faire la cible d’informations progressistes.

Coup d’œil sur l’avenir

L’envie d’adhérer aux Églises qui épousent les doctrines fondamentalistes peut-être liée à un sentiment de désespoir et un besoin de réaffirmation de la communauté et d’espoir, parallèlement à un soutien matériel pratique pour faire face à une perte personnelle et aux crises sociales et économiques. Néanmoins, il y a aussi de nombreux acteurs qui utilisent la plateforme religieuse de manière opportuniste, pour promouvoir leurs agendas économiques et politiques, notamment un agenda de maintien du pouvoir patriarcal. En l’absence généralisée d’analyse critique accessible, de recherche, de dialogue et de vaste plaidoyer concernant les fondamentalismes chrétiens et les droits de la femme en Afrique subsaharienne, il n’y a toujours pas de contre-discours uniforme ni retentissant au sujet des fondamentalismes religieux dans la région. En fait, certaines organisations qui œuvrent pour les droits de la femme adoptent même, dans une certaine mesure, ces doctrines fondamentalistes sans les critiquer. Dans le contexte africain, contrer la mobilisation politique massive populaire des fondamentalistes chrétiens par l’organisation à plus petite échelle et largement urbaine des féministes qui s’organisent et des activistes des droits de la femme est un défi clé. Pour être efficace, la réponse collective devra plonger ses racines dans, et faire appel à, une base populaire comparable, tout en ciblant aussi les décideurs d’Afrique. À défaut, les activistes individuels/les continueront à se charger seuls/es de la tâche et à épauler le contre-courant.

Viser le secteur de l’égalité entre les hommes et les femmes : la présence de fondamentalistes dans le secteur plus vaste de l’égalité entre les hommes et les femmes isole la poignée d’activistes féministes résolument progressistes et affaiblit le plaidoyer et les réponses progressistes concernant les droits sexuels et de la reproduction, ainsi que le droit familial. L’African Feminist Forum [Forum des féministes africaines], établi en 2006, et les forums féministes nationaux qui en dérivent ouvrent de nouveaux espaces pour s’attaquer résolument à ce problème.

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Les Católicas por el Derecho a Decidir-Bolivia

S’opposer aux fondamentalismes religieux en Bolivie : L’inclusion des droits sexuels et reproductifs dans la Constitution Católicas por el Derecho a Decidir-Bolivia Catholiques pour le Droit de Décider-Bolivie Teresa Lanza Monje

Le contexte En Amérique Latine, l’Église catholique a représenté l’instrument de colonisation pour soumettre la population indigène et pour instaurer un nouveau système politique, idéologique et économique dans la région. L’Église catholique a quasiment exterminé toute forme de religiosité indigène autochtone, elle s’est en plus enrichie à travers l’exploitation des populations autochtones et des ressources naturelles du continent. Dans la majorité des pays de la région, le lien étroit entre l’État et l’Église catholique bénéficie d’un statut constitutionnel. En Bolivie, l’Église catholique est reconnue par l’État et a également une influence sur les programmes des mouvements sociaux qui voient les questions des droits sexuels et reproductifs (DSR) dans une perspective de « péché ». Fin 2005, les élections présidentielles ont été remportées par Evo Morales, ce qui a radicalement changé le panorama social et politique du pays. La présence d’un président indigène à la tête du gouvernement, a court- circuité l’hégémonie oligarchique présente depuis plusieurs siècles dans la scène nationale, ouvrant la possibilité de créer un changement dont les conséquences ne seront palpables que dans plusieurs années encore. Ce scénario nous amène à dire que la Bolivie vit un « moment social différent », ce qui ne veut absolument pas dire que les pratiques d’exclusion envers les femmes ou que les fondamentalismes aient disparu, au contraire, dans les faits ils se sont exacerbés. Par exemple, l’Église catholique, religion reconnue par l’État, continue à avoir un certain poids politique qui lui permet d’influencer les politiques d’éducation et de santé dans les zones urbaines et rurales.

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Les Católicas por el Derecho a Decidir-Bolivia (Catholiques pour le droit de décider, CDD-Bolivia, selon les sigles en espagnol) est une association civile non gouvernementale et sans but lucratif (ONG), qui est née en Bolivie en 1996 comme réponse aux demandes des mouvements de femmes et du besoin d’organiser ses mouvements selon les lignes directrices de la Conférence internationale sur la population et le développement (Le Caire, 1994) et de la Femme (Pékin, 1995). Ses domaines d’action se centrent sur le plaidoyer et le lobby, la formation, la communication et l’exigibilité des droits sexuels et reproductifs.

L’opposition En Bolivie, le principal acteur fondamentaliste reste l’Église catholique qui, alliée aux groupes intégristes oligarchiques et conservateurs, a gardé entre ses mains les pouvoirs économiques, politiques et culturels, depuis la naissance du pays. Pour défendre ses intérêts personnels, cette alliance a lancé une campagne de discrédit, au cours des messes et dans d’autres espaces, contre Président et ses politiques d’État, ce qui a conduit à des confrontations entre les différents secteurs de la société qui se sentaient concernés par cette manipulation de la religion. Il est également important de souligner les tendances fondamentalistes de certains secteurs des mouvements indigènes qui défendent l’existence de certains us et coutumes qui violent les droits des femmes. Enfin, la Bolivie enregistre également la présence d’autres Églises chrétiennes (évangéliques) qui, comme dans d’autres pays de la région, s’allient avec l’Église catholique pour s’opposer aux DSR des femmes et pour tenter d’empêcher que le processus vers l’équité ethnique et sociale, actuellement en cours en Bolivie, avance et intègre pleinement les femmes et la diversité sexuelle bolivienne.

Les stratégies L’objectif de CDD-Bolivia a été d’inclure dans la nouvelle Constitution bolivienne la protection des DSR, la séparation entre les Églises et l’État et la non-discrimination liée à l’orientation sexuelle et l’identité de genre. CDD-Bolivia a aussi tenté d’empêcher l’inclusion de idées de l’Église, telle que la protection de la vie « dés la conception ». CDD-Bolivia a réussi à remplir tous ses objectifs. La principale stratégie a consisté à structurer les liens entre les défenseurs/ses des droits humains, les féministes, les mouvements de justice sociale, les jeunes, les indigènes, les agriculteurs/rices, les travailleuses au foyer et la diversité sexuelle, entre autres, qui a abouti à un programme

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commun. Le travaille avec les femmes indigènes a été particulièrement important car ce sont elles qui souffrent les plus graves violations de leurs DSR et qui doivent faire face à l’hostilité de leurs compagnons sur ces questions, au sein même de leurs mouvements. Le processus a également compris des actions de plaidoyer menées auprès de l’Assemblée constituante, la formation de activistes pour qu’ils/elles aient une meilleure compréhension des questions pour lesquelles ils/elles plaident, la diffusion de la proposition de CDD-Bolivia vers la société en général (qui a inclus la réalisation de débats, où les témoignages recueillis ont servi de fondements pour sa proposition), le suivi des actions de l’Église catholique, l’élaboration d’arguments pour contrer les positions fondamentalistes religieuses, les alliances avec des représentants de religions autres que la catholique, et aussi un processus interne pour s’affranchir du désir d’être le seul protagoniste et de donner la priorité à l’intérêt collectif.

Les perspectives d’avenir Les DSR, la séparation entre l’Église et l’État, la non-discrimination fondée sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre ont été incorporées dans la Constitution bolivienne adopté le 25 janvier 2009 (articles 66, 4 et 14, respectivement). Les défis futurs consistent à continuer de travailler avec d’autres mouvements sociaux pour surmonter l’influence, toujours très présente, du catholicisme sur les DSR qu’il considère comme des « péchés » et non pas comme des droits. Cette initiative a démontré que travailler collectivement et en alliance contre un ennemi puissant et implacable, reste essentiel. Elle est précieuse car elle nous a permis de construire, entre les mouvements, des langages communs et des alliances pour défier les fondamentalismes, ce qui facilite la construction d’une opinion publique favorable et d’une base sociale solide soutenant les sujets de laïcité, les droits des femmes et les DSR. Cette tâche, que CDD-Bolivia continuera à développer dans les années à venir, exige une approche souple et non dogmatique de ses propres convictions ainsi qu’être ouvertes à partager le leadership des initiatives http://www.catholicsforchoice.org/bolivia

Femmes arabes queers et transgenres confrontées à divers fondamentalismes religieux : le cas de Meem au Liban Meem

Nadine M.

Au Liban, les femmes queers et les personnes transgenres sont confrontées à de multiples formes de discrimination : sexisme, discrimination fondée sur la classe, homophobie, racisme et sectarisme. Le Liban pénalise l’homosexualité au titre de l’article 534 du code pénal, une disposition datant de l’époque coloniale française qui condamne « les actes sexuels contre nature ». Bien que la loi ne soit pas souvent appliquée pour incarcérer qui que ce soit, elle donne aux forces de sécurité intérieures la possibilité de harceler des personnes pour ce que ses agents considèrent comme des caractéristiques ou des comportements homosexuels. Le plus grand défi pour toute forme de justice sociale au Liban, c’est la composition sectaire de la société qui favorise les clivages et l’intolérance entre les ressortissants de la même nation. Toute tentative de réformer les lois et les pratiques pour élargir les droits des queers doit faire l’objet d’une négociation en toute indépendance avec chacune des 18 communautés religieuses, car si le code pénal est uniforme, toute évolution politique majeure au Liban requiert le soutien de toutes les sectes. Dans ce contexte, les fondamentalismes religieux affectent le mouvement LGBTQI de deux manières : en constituant une menace directe pour les personnes non hétérosexuelles et en favorisant le sectarisme profondément ancré, qui peut être utilisé pour diviser la communauté queer.

Meem Fondée en 2007, Meem est une communauté de soutien pour lesbiennes, bisexuels/les, queers, femmes qui s’interrogent et personnes transgenres au Liban. Le groupe gère une maison sûre où les activistes se réunissent quotidiennement pour s’organiser, écrire, faire de la recherche, discuter et s’autonomiser mutuellement. Navigant dans la politique progressiste féministe et anarchiste, la mission de Meem consiste à améliorer la qualité de vie des minorités sexuelles et de genre au Liban. L’association affronte l’oppression et aborde le fondamentalisme de toutes ces parties de deux

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manières : en tant que groupe qui lutte pour la justice sociale au Liban dans son ensemble et en tant que membres individuels/les queers de nos sectes spécifiques, travaillant avec nos alliés/es de différentes sectes.

Stratégies Meem emploie différentes stratégies pour s’opposer au fondamentalisme religieux à l’égard d’autres sexualités et identités de genre au Liban. Notre objectif, c’est de susciter le changement à partir de la base. Développer les communautés : Comme les fondamentalistes attaquent l’homosexualité en disant que c’est une anomalie et une exception à la norme, Meem travaille à contrer cette idée en mobilisant une forte communauté de personnes LBTQ. La principale stratégie du groupe pour le changement social, c’est le bouche à oreille qui nous a permis de réunir 300 membres en deux ans à peine. Meem travaille à développer un sens de la communauté sur la base des valeurs de confiance, d’amour, de solidarité et de loyauté. Le groupe est en contact avec diverses communautés religieuses au Liban par l’intermédiaire de ses membres, ce qui leur permet de transformer leurs propres environnements. Meem met un service de conseils à la disposition de tous ses membres et organise également des groupes de soutien fermés, ainsi que des séances de débats, des journées ouvertes aux amis/es. L’organisation a envoyé tous/tes ses membres actifs/ives à des conférences internationales et des ateliers pour acquérir de l’expérience, se constituer un réseau, s’informer et apprendre. Meem organise aussi des formations hebdomadaires sur toutes sortes de sujets, pour armer nos membres d’arguments, d’informations, d’éducation et d’un sentiment d’assurance. Toutes nos activités sont centrées sur le développement de la communauté et des activistes, pour renforcer la base de la plus grande richesse du mouvement : les personnes. Conclure des alliances : Les alliances sont importantes pour les mouvements queers en particulier parce qu’elles montrent que les non-queers plaident pour les droits des LGBTQI (et inversement). Meem s’efforce de trouver des cheikhs, des prêtres et d’autres personnalités religieuses publiques tolérantes en matière d’homosexualité et développe aussi des alliances avec les mouvements locaux de droits humains et de femmes, avec les partis politiques de gauche et les penseurs progressistes. Elle travaille en réseau avec ces groupes en vue d’obtenir leur soutien, mais aussi pour renforcer leur programme, parce que ces luttes sont inextricablement liées. Les femmes queers sont d’abord des femmes. Beaucoup sont des femmes de la classe ouvrière, des femmes de différentes communautés ethniques et religieuses, de différentes nationalités qui vivent

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au Liban. Meem œuvre donc aux droits des femmes, aux inégalités socioéconomiques et au plaidoyer antiraciste, tout en travaillant aux droits des personnes queers. Régénérer nos propres voix : Meem travaille à régénérer et généraliser les discussions au sujet du sexe et de la sexualité dans le monde arabe, des discussions que les forces fondamentalistes censurent ou occultent. Pour rechercher des interprétations, islamiques surtout, favorables aux gays, Meem s’est alignée sur les experts/es de la Coalition for Sexual and Bodily Rights in Muslim Societies (CSBR [Coalition pour les droits sexuels et corporels dans les sociétés musulmanes]), qui sont des interlocuteurs/rices essentiels/les en matière d’analyse et d’étude des problèmes de sexualité(homosexualité) et de religion dans les sociétés musulmanes. Meem veut rester sensible aux valeurs communautaires, tout en soulignant une identité locale et autochtone, et insiste sur un mouvement arabe, sur la solidarité arabe, ce qui a mené à la formation d’un réseau arabe régional de LGBTQI. Médias et activisme en ligne : Chaque institution religieuse au Liban a son propre média : chaînes de télévision et de radio, journaux, magazines, sites Web et campagnes, mais Meem a décidé de n’avoir aucun recours aux mass-médias avant d’y être bien préparée. Au lieu de cela, le groupe a créé son propre média : les membres écrivent de la poésie, des nouvelles et des essais, documentent leurs propres histoires, analysent leurs rapports et produisent leurs propres films. Ils/Elles ont récemment publié un livre intitulé Bareed Mista3jil (Express Mail [Courrier express]), reprenant 41 récits succincts, anonymes, à la première personne, qui relatent la vie et les expériences de LBTQ au Liban. Meem a développé une stratégie très performante d’activisme en ligne, qui lui permet de préserver l’anonymat de ses membres et de protéger le groupe d’une attention des médias à sensation. Elle comprend le blog de Meem, le magazine en ligne Bekhsoos, qui publie chaque semaine 10 à 15 articles en anglais, en arabe et en français, un canal Meem sur YouTube qui propose des clips vidéo remettant en question les binômes de genre et la criminalisation des LGBTQI, un compte Twitter Meem, une page Facebook et plusieurs sites Web pour différentes campagnes (notamment la Gay-Straight Alliance [Alliance gays-hétéro]). Cette forte présence en ligne permet au groupe de s’organiser publiquement et secrètement, et de garder le contact avec ses membres et d’autres personnes queers, ainsi que des alliés/es au Liban et dans le monde entier.

Prévoir l’avenir Planifiant l’avenir, les membres de Meem ont rencontré des lesbiennes en toute discrétion dans plusieurs villes arabes. Si ces femmes ne sont pas

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encore actives, le groupe contribue à les autonomiser pour qu’elles soient suffisamment solides quand elles décideront de sortir de l’ombre. Plutôt que « d’exporter » son expertise, Meem la met à disposition des LBTQ du monde arabe, qui peuvent l’adapter et la personnaliser, nouant des liens pour partager, tirer des leçons et collaborer. Comme les fondamentalismes religieux sont une force régionale dans différentes villes arabes, Meem est d’avis que le mouvement LBTQ doit aussi être un mouvement arabe, issu des différentes communautés au sein du monde arabe. www.meemgroup.org

Une vue d’ensemble des groupes fondamentalistes au Pérou Observatorio de los Grupos Anti-derechos Centro de Promoción y Defensa de los Derechos Sexuales y Reproductivos (PROMSEX) Jaris Mujica et Mauricio Cerna

Contexte Au Pérou, le fondamentalisme catholique religieux ne suit pas une stratégie d’opposition ou de rupture directe avec l’État démocratique formel, mais il applique un ensemble de pratiques et de discours qui réinterprètent et qui adaptent la démocratie et les droits humains à la lumière des principes bibliques et papaux. Les acteurs/rices fondamentalistes péruviens peuvent se définir comme « naturalistes », de « droite catholique », liés à des groupes économiquement puissants et guidés par des directives mondiales. Ils sont « naturalistes » parce qu’ils défendent ce que l’Église catholique appelle la « loi naturelle », c’est-à-dire, lorsque les hommes et les femmes hétérosexuels s’unissent à travers les liens du mariage pour procréer, révélant ainsi « le mystère de l’amour de Dieu ». Dans cette perspective, la diversité d’orientations sexuelles, de formes et liens familiaux sont considérés comme « contre-nature ». En outre, les dirigeants fondamentalistes sont issus de secteurs économiques et sociaux élevés, qui ont accès aux différents secteurs de l’États où les décisions sont prises et où ils peuvent bloquer et éliminer les politiques en faveur des droits sexuels et reproductifs. Il convient de signaler que la structure normative de l’État péruvien est conçue pour permettre à l’Église catholique de faire partie de l’arène politique.

PROMSEX PROMSEX est une organisation non gouvernementale qui défend la promotion et la protection des droits sexuels et reproductifs, ainsi qu’une société libre de toute forme de discrimination et de violence, dans laquelle les femmes et les hommes peuvent exercer leur citoyenneté et où leurs droits sont garantis. PROMSEX vise à contribuer à l’élimination de toutes les formes de discriminations qui empêcheraient le plein exercice des droits humains garantissant une reproduction libre et responsable ainsi qu’une sexualité agréable et sûre. Pour arriver à cette fin, elle promeut

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l’équité de genre, l’autonomisation des femmes, la réalisation de masculinités non-sexistes, le développement de l’exercice de la citoyenneté et l’élimination de la violence de genre.

L’opposition Au Pérou, les groupes fondamentalistes ont développé une efficace division sociale du travail, sans perdre la capacité à maintenir des relations entre eux ni à s’organiser pour accomplir leurs objectifs à caractère mondial. La Prélature de l’Opus Dei s’est concentrée sur la domination de la structure burocratique de l’Église péruvienne et exerce une pression sur l’État grâce à ses membres qui occupent des postes élevés en son sein. Le Sodalicio de Vida Cristiana se consacre à la catéchèse des fidèles (il compte plus de quarante mille membres) et possède également un site web informatif ainsi que l’Université catholique de San Pablo (nous offrons davantage d’information sur les actions de ce groupe, dans l’étude de cas du Foro Regional de Arequipa). Le travail du Centro de Promoción Familiar y Regulación Natural de la Natalidad (Centre pour la Promotion de la Famille et de la régulation naturelle des naissances, CEPROFARENA, selon l’acronyme espagnol) consiste à mettre en relation les pratiques médicales avec le discours religieux-médical alors que le Population Research Institute (Institut de recherche sur la population, PRI, selon les sigles en anglais) fait du lobby législatif et réalise des campagnes de diffamations à l’encontre des défenseurs/ses des droits sexuels et reproductifs. L’Alianza Latinoamericana para la Familia (Alliance latino-américaine pour la famille, ALAFA, selon l’acronyme espagnol), élabore et diffuse des plans éducatifs et influence le travail du ministère de l’Éducation.

Les stratégies principales de PROMSEX

a) Faire des recherches pour déconstruire le discours des groupes fondamentalistes, pour identifier leurs objectifs et leurs principaux dirigeants et analyser leurs réseaux sociaux, leur structure institutionnelle et leurs actions. Ce travail comprend le suivi des publications et des actions de ces groupes ainsi que d’être présents dans leurs espaces.

c) Suivre les agissements des groupes fondamentalistes à travers l’Observatorio de los Grupos Anti-derechos (Observatoire des groupes antidroits), qui se limitait initialement aux événements péruviens, mais vu que les organisations fondamentalistes suivent des directives mondiales, l’Observatoire analyse désormais ce qui se passe en Équateur, El Salvador, Costa Rica et Nicaragua.

Les perspectives d’avenir Suite à ses études, PROMSEX est arrivé à la conclusion qu’il faut reconnaître que les groupes fondamentalistes ont peut être réussis à relier certains aspects de leurs positions aux schémas démocratiques et des droits humains dans certains secteurs de la société civile. Toutefois, il est important de noter qu’il ne s’agit là que d’une stratégie discursive, pas d’une véritable reconnaissance des autres dans leur humanité : il s’agit d’une instrumentalisation du discours sur les droits. Malgré les progrès réalisés dans l’étude des groupes religieux fondamentalistes, il reste à explorer la façon dont les ailes conservatrices du catholicisme se sont appropriées la bioéthique pour construire des arguments médicaux et juridiques contre l’avortement, l’euthanasie, la procréation assistée et l’utilisation de la contraception, établissant des liens entre la bioéthique et la loi naturelle. La présence fondamentaliste religieuse dans les Comités de bioéthiques des hôpitaux publics engendre souvent des conséquences mortelles pour les femmes. C’est pour cette raison qu’il est indispensable que l’agenda pour les droits sexuels et reproductifs formule des stratégies dynamiques tout en étant présent dans les espaces où sont discutées les questions de bioéthique et en connaissant les arguments fondamentalistes. Pour cela, nous devons continuer à observer, décrire et comprendre les fondamentalismes religieux. www.promsex.org

b) Diffuser les résultats de ces recherches à travers des publications imprimées et électroniques (newsletters et rapports sous forme de livre), pour renforcer la défense des principes démocratiques et des droits humains sur lesquels sont basés la santé sexuelle et reproductive. Dans certains���������������������������������������������������������������������� ��������������������������������������������������������������������� cas������������������������������������������������������������������ , ���������������������������������������������������������������� cette information est utile������������������������������������� ������������������������������������ pour�������������������������������� ������������������������������� alerter������������������������ ����������������������� les organisations locales sur les intentions des groupes fondamentalistes.

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S’opposer aux fondamentalismes religieux au Mexique : la séparation État-églises et la réaffirmation des droits sexuels et reproductifs des femmes Católicas por el Derecho a Decidir-México Catholiques pour le droit de décider-Mexique Elizabeth Plácido

Le contexte Le Mexique, pays à prédominance catholique mais jouissant d’une grande tradition laïque reconnue dans sa Constitution, reste une exception en Amérique latine. Avec l’arrivée au pouvoir du Partido de Acción Nacional (Parti d’action nationale - PAN) au début du XXIème siècle, qui entretient des liens organiques avec l’Église catholique et des groupes de droite, l’influence catholique dans la vie publique mexicaine s’est accrut, cherchant ainsi à étendre ses prérogatives et à limiter les droits des femmes et des personnes dont la sexualité est autre que l’hétérosexuelle. Le processus de réforme constitutionnelle initiée en avril 2007 a ouvert l’espace pour que les fondamentalistes catholiques et les forces progressistes de la société civile ainsi que certains partis politiques, s’affrontent pour définir la relation que devrait entretenir l’Église et l’État.

Les Católicas por el Derecho a Decidir-México Católicas por el Derecho a Decidir-México (Catholiques pour le droit de décider, CCD, México, selon l’acronyme espagnol) est une association civile fondée en 1994 qui promeut la reconnaissance de la dignité de toutes les personnes et qui réaffirme l’autorité morale des femmes et des jeunes, ainsi que les droits de toutes les personnes à prendre des décisions concernant leur sexualité et leur reproduction, sur base de l’exercice de leur liberté de conscience. En outre, elle plaide pour la séparation entre l’Église et l’État en tant que base pour la pleine réalisation de la démocratie et comme l’un des éléments essentiels pour la protection et la garantie des droits sexuels et reproductifs (DSR).

L’opposition Au Mexique, les principaux acteurs fondamentalistes sont la hiérarchie de 64

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l’Église catholique, les organisations de la société civile de droite et d’extrême droite qui s’identifient avec l’idéologie catholique fondamentaliste et qui sont liées avec leurs homologues internationaux ; les figures politiques du PAN liées à l’Église catholique, dont plusieurs ont été éduqués dans des établissements scolaires de l’Église et les patrons qui utilisent leur pouvoir économique pour imposer leurs points de vues fondamentalistes, notamment dans les médias. Les fondamentalistes catholiques mexicains disposent d’énormes ressources économiques qui leurs permettent de manipuler les consciences à travers les médias et qui font appel aux vulnérabilités créées par la pauvreté, la peur et la culpabilité. Durant les dix dernières années, ils ont cherché à se rénover et à renforcer leur pouvoir politique pour influer sur la création de lois et de politiques. Ils ont obtenu l’accès aux médias et aux postes clés au sein des trois pouvoirs de l’État qui leurs permettent de diffuser leur moral, ce qui affecte la jouissance effective des droits humains et les libertés des personnes, en particulier de certains groupes de la population, y compris les femmes et les personnes ayant une orientation sexuelle différente à l’hétérosexuelle (lesbiennes, gays, bisexuels, travestis, transgenres et transsexuels ou des personnes LGBTTT). Ils revendiquent notamment l’éducation religieuse dans les écoles publiques, des droits politiques pour les prêtres et la censure des contenus des médias lorsqu’ils sont « contraires à la morale ». L’influence du fondamentalisme catholique se reflète dans une série d’actions réalisées par des fonctionnaires de l’État (telles que le détournement de fonds publics pour soutenir les organisations fondamentalistes ou la réticence à répondre aux revendications des victimes de prêtres pédophiles) mais également par l’existence d’un certain nombre d’organisations de la société civile avec des liens et des financement internationaux qui défendent activement les programmes fondamentalistes et qui organisent des grands événements tels que les réunions du Congrès des familles (en 2004 et 2009).

Les stratégies La première étape de la stratégie de CDD-México a consisté à élaborer, avec d’autres organisations sociales, un Programme public pour les droits humains qui comprenait une section sur la parité de genre et les droits des femmes pour la campagne présidentielle de 2006. Le programme incluait les fondements de la laïcité de l’État comme le critère de base pour garantir l’égalité des droits pour les femmes et la liberté de croyance. Les résultats de ces élections controversées ont déclenché la nécessité de refonder les institutions mexicaines, ce qui a conduit à la réforme constitutionnelle. Dans ce processus, CDD-México et ses années alliés/es de la société civile, des universitaires et des politiques, se sont occupés, d’un Résumés des études de cas

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côté, de contrer les initiatives de la droite catholique pour faire avancer le programme des réformes détaillées ci-dessus. Ils se sont également réunis pour mettre au point leur propre proposition de réforme en érigeant la laïcité de l’État comme la condition essentielle pour garantir l’exercice des libertés d’opinion, de pensée et d’expression, le droit de décider et comme garantie de la non-discrimination. L’alliance entre les activistes, les universitaires, les religieux/ses progressistes et les législateurs/rices a pris le nom de Grupo Impulsor (groupe promoteur ou groupe de travail). Ce groupe de travail a œuvré pour développer les bases de la proposition de consolidation de l’État laïc dans la nouvelle Constitution mexicaine. Une des autres stratégies a consisté à faire du lobby auprès des représentants de tous les partis du Congrès national, ce qui a permis d’obtenir un fort soutien pour le projet. Les représentantes des partis ayant des programmes similaires à celui de la coalition dirigée par CDD-México (comme le Partido Alternativa Socialdemócrata y Campesina/Parti alternative socio-démocrate et paysanne) ont joué ici un rôle clé car, malgré qu’elles avaient leurs propres propositions de réforme, elles ont décidé d’en discuter mais également de les réviser afin d’intégrer les contributions de la société civile. Dans une deuxième étape de la stratégie, elles ont travaillé de manière conjointe avec les activistes, pour gagner le soutien des représentants de tous les blocs législatifs et pour obtenir l’approbation de l’initiative par la Chambre des députés/es en 2008.

Les perspectives d’avenir Le renouvellement des postes des parlementaires au Congrès national à la fin de 2009, a présenté le défi de forger des nouvelles alliances pour que la proposition de laïcité de l’État poursuive son processus législatif. La construction d’une alliance œcuménique, qui intègre différentes religions et différents secteurs de la société civile, y compris ceux qui défendent le droit de ne professer aucune religion, est un facteur important permettant la continuité du travail et de la diffusion des propositions de CDD-México vers la société en général, dont le soutien est essentiel pour continuer et assurer le succès de ce processus. Il est important de souligner le fait que cette stratégie vise à approfondir et à maintenir un élément fondamental pour la réalisation des droits des femmes, comme l’est la laïcité de l’État, qui constitue la base, selon les auteures, du respect de la liberté de conscience et de la reconnaissance de la diversité de pensées, éléments constituant d’une société. Le positionnement laïc de cette stratégie a le potentiel d’attirer d’autres mouvements et secteurs sociaux, au-delà des femmes et de la diversité sexuelle. CDD-México a réussi à développer une approche laïque et il compte poursuivre dans cette voie car cela est essentiel pour la réussite de l’initiative. www.catolicasmexico.org 66

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Le décès d’Ana Maria Acevedo : le fer-de-lance du Mouvement de Femmes Multisectorial de Mujeres de Santa Fe, Argentina (Campaña Nacional por el Derecho al Aborto Legal, Seguro y Gratuito)

Lucila Puyol et Paula Condrac, avec la collaboration de Mirtha Manzur

Contexte En Argentine, la relation entre l’Église catholique et l’État revêt un caractère constitutionnel et implique des prébendes comme l’exonération fiscale ou la subvention étatique d’écoles confessionnelles. L’interférence de l’Église s’est manifestée à chaque fois que l’on a discuté et sanctionné une loi relative au divorce et à l’autorité parentale partagée mais aussi en référence à l’éducation sexuelle, l’union civile entre des personnes du même sexe et l’avortement, même dans les cas légaux. En Argentine, outre la hiérarchie officielle catholique, l’Opus Dei est l’une des organisations catholiques les plus influentes. Elle possède ses propres universités privées, occupe des chaires stratégiques au sein des universités publiques et influence les médias. Elle compte entre ses rangs des chefs d’entreprise et d’importants fonctionnaires de l’État. Les mouvements catholiques tel que les « prêtres villeros » (prêtres des bidonvilles), ont une vision du catholicisme très différente des mouvements cités précédemment. Ils lient la pratique religieuse à l’activisme pour la justice sociale et la redistribution de la richesse. Des réseaux catholiques comme Católicas por el Derecho a Decidir (Catholiques pour le Droit de Décider, CDD) ont pour objectif de promouvoir les droits des femmes en se basant sur une théologie catholique, féministe et l’exercice de la citoyenneté.

Multisectorial de Mujeres de Santa Fe Multisectorial de Mujeres de Santa Fe (Multisectorielle de femmes de Santa Fe, ci-après Multisectorielle) est une collectivité féministe, intégrée par des femmes indépendantes, des organisations de femmes, des organisations sociales et des partis politiques, qui soutient les combats des mouvements populaires mais qui travaille spécifiquement à la promotion et à la défense des droits humains des femmes dans la province de Santa Fe en Argentine. Elle intègre la Campaña Nacional por el Derecho al Aborto Seguro, Legal y Gratuito (Campagne nationale pour le droit à l’avortement légal, sans risques et gratuit) une coalition de près de 250 organisations et groupes de tout le pays. Résumés des études de cas

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En avril 2007, les associées de Multisectorielle étaient plongées dans une lutte pour la légalisation de l’avortement, quand la diffusion publique du cas d’Ana María Acevedo, a pris de l’ampleur. Il s’agissait d’une jeune fille enceinte, de condition socio-économique très précaire et qui souffrait d’un cancer. Elle a été privée du traitement qu’elle souhaitait et qui aurait pu lui sauver la vie, par les médecins de l’hôpital (public) Iturraspe de Santa Fe, qui n’ont pas voulu nuire à sa grossesse. La mère et le père de la jeune femme avaient demandé, sans succès, la réalisation d’un avortement, qui en Argentine est légal quand il s’agit de sauver la vie de la « mère », comme prévu par le Code pénal.

universités, des organisations féministes, des députés/es provinciaux/les, des conseillères municipales de la ville de Santa Fe, des journalistes et des professionnels/les médicaux/les indépendants/es. Multisectorielle a assisté également à la Rencontre nationale de femmes (qui a convoqué plus de 20 000 femmes de tout le pays) accompagnée par la maman d’Ana Maria, qui a exposé le cas de sa fille. Ceci a été fondamental pour garantir le soutien du mouvement de femmes. Pour impliquer les professionnels/les, Multisectorielle a organisé des Journées de débat sur les avortements légaux et l’assistance humanisée post-avortement dans les facultés de droit et de médecine de l’Université nationale du Littoral.

Les stratégies

L’opposition

Multisectorielle a mis en place plusieurs stratégies pour dénoncer le cas d’Ana Maria et pour réussir à ce que les responsables soient jugés et punis :

Les principaux acteurs fondamentalistes auxquels nous avons dû faire face, sont les groupes activistes catholiques. Ces groupes ont été présents dans toutes les activités que nous avons organisées, en empêchant les débats et en distribuant des pamphlets contre le droit des femmes de décider sur leur corps. Ils ont aussi endommagé la fresque peinte en mémoire d’Ana María et ont écrit des phrases menaçantes sur la porte de l’étude de l’une des avocates en charge du dossier. L’opinion officielle de l’Église catholique s’est fait entendre à travers l’Évêque local, qui s’est publiquement réuni avec le premier avocat de la famille, ce qui a poussé les parents d’Ana Maria à le dessaisir de leur dossier et de choisir l’équipe d’avocates de Multisectorielle.

Les stratégies juridiques : en tant que représentante légale des parents d’Ana María, la Multisectorielle a déposé plainte contre le personnel médical impliqué et contre le Comité de Bioéthique de l’hôpital Iturraspe (ces derniers ont déjà comparus devant le tribunal) et a promu un jugement civil contre la province de Santa Fe et ses prestataires de santé. Nous avons également proposé de porter le cas auprès d’instances internationales (Commission interaméricaine des droits humains ou des Nations unies). Les actions publiques : depuis le début, Multisectorielle a établi une stratégie conjointe avec des organisations sociales, consistant à s’approprier l’espace public à travers des actes (par exemple, des actes de répudiation devant l’hôpital responsable et devant le ministère de la Santé de la Province), des marches pour rendre justice à Ana María dans sa ville natale et d’autres actions afin de visibiliser le cas. Pour renforcer l’impact politique, Multisectorielle et ses alliées ont utilisé des méthodes créatives et ludiques. Elles ont, par exemple, fait appel à des artistes locaux pour peindre un mural en mémoire de la jeune femme (et la restauration publique de ce dernier après son outrage par des groupes d’activistes catholiques). Un quatrième mural commémoratif a déjà été inauguré et on a réussi à en récupérer deux qui avaient été vandalisés. Pour le premier anniversaire du décès d’Ana María, la Multisectorielle a organisé une marche et une journée de discussion et d’échange avec des féministes de tout le pays.

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La corporation médicale a serré les rangs pour défendre les professionnels de l’hôpital Iturraspe accusés dans l’affaire, ceux qui avaient donné la priorité aux principes religieux sur la vie de leur patient, bien que certains/es médecins, à titre individuel, étaient d’accord avec la position de la Multisectorielle.

Les perspectives d’avenir

Multisectorielle a également produit et diffusé largement une vidéo avec des images de la vie et de la maladie d’Ana María ainsi que la bataille infatigable de sa famille et de Multisectorielle en quête de justice.

Multisectorielle considère que la stratégie de lutte simultanée sur les fronts juridiques et politiques a été un outil efficace, mais que cette stratégie doit toujours être utilisée en coordination avec d’autres organisations sociales. Le débat public sur l’avortement est bien installé dans notre pays et ne pourra pas subir de retour en arrière. La bataille sera difficile mais il existe déjà un grand nombre de secteurs sensibilisés à cette cause, dont un grand nombre de fonctionnaires et de législateurs/trices provinciaux/les. Tant et si bien que, nous avons obtenu, en juin 2009, l’approbation de la Ley Provincial de Adhesión a la Guía Nacional de Atención de Abortos No Punibles (Loi provinciale d’adhésion au guide national d’assistance aux avortements non punissables).

Les alliances : depuis le début, Multisectorielle a cherché divers soutiens, y compris d’organismes publics pour la lutte contre la discrimination, des

Multisectorielle envisage de porter le cas face aux tribunaux internationaux, une fois que les voies de recours nationaux seront épuisés.

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Les fondamentalismes religieux et politiques en tant que menace pour les droits des femmes : Les défis pour l’Assemblée législative au Brésil Centro Feminista de Estudos e Assessoria - CFEMEA Centre féministe d’études et conseils - CFEMEA

Kauara Rodrigues, Juliano Alessander, Natalia Mori et Soraya Fleischer

Le contexte Dans la région latino-américaine, les fondamentalismes religieux et politiques ont été historiquement associés à la droite politique. Toutefois, nous avons observé ces dernières années que les gouvernements et les partis de gauche, afin de protéger leurs propres intérêts et alliances politiques, ont tenté de négocier les droits conquis par les femmes et en particulier le droit à l’avortement légal. Dans le cas particulier du Brésil, les fondamentalismes religieux de différentes provenances sont présents dans plusieurs espaces, qui devraient rester laïc conformément aux dispositions de la Constitution fédérale, tant dans le pouvoir exécutif que législatif et judiciaire. Dans le cas particulier du Brésil, l’avortement est uniquement permis lorsqu’il est question de sauver la vie de la femme enceinte et en cas de viol. L’influence des fondamentalistes a empêché jusqu’à présent l’approbation du projet de loi PL 1135/1991 qui cherche à dépénaliser l’avortement durant les 12 premières semaines de gestation. D’autres facteurs qui préoccupent sont la campagne nationale « En défense de la vie » promue par la Conferência Nacional dos Bispos do Brasil (Conférence nationale des évêques), et, localement, l’interdiction de la contraception d’urgence à Jundiaí à São Paulo, ainsi que le procès contre la propriétaire d’une clinique de planning familial à Campo Grande, dans le Mato Grosso du Sud, et de quelques 10 000 femmes qui y ont avorté (cas analysé dans l’étude de cas de Thémis). Cette étude de cas se concentre en particulier sur l’expérience législative liée au projet de loi 1135/1991.

Le Centro Feminista de Estudos e Assessoria – CFEMEA Le CFEMEA (Centre féministe d’études et conseils), est une ONG fondée en juillet 1989 par un groupe féministe de Brasilia, la capitale du Brésil. Il travaille pour la citoyenneté des femmes et l’égalité des genres, de forme autonome et au delà de toute appartenance politique, il lutte pour une

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société et un État justes et démocratiques. Le CFEMEA participe activement au Mouvement national des femmes ainsi que dans des organisations et réseaux internationaux de féministes, en particulier en Amérique latine. Il participe également à différentes initiatives contre le racisme.

L’opposition Au Brésil, les principaux acteurs religieux fondamentalistes sont les Églises catholiques, évangélistes et spiritualistes, ainsi que les secteurs qui se font appelés « pro-vie ». La présence fondamentaliste se fait notoire au sein du pouvoir législatif dans lequel il existe déjà un « Bloc » religieux composé par des représentants des trois Églises mentionnées (catholique, évangélique et spiritualiste) qui, de manière coordonnée, s’opposent à des sujets importants liés aux droits sexuels et reproductifs (DSR) comme le sont les questions de la légalisation de l’avortement et la criminalisation de l’homophobie. Ils utilisent des arguments conservateurs, comme par exemple, des interprétations littérales et anachroniques des textes bibliques. Il existe déjà au parlement, trois Fronts de législateurs/rices ayant présenté plusieurs projets pour la protection « des droits des enfants à naitre ». Une Commission d’enquête est d’ailleurs en train de se former afin de poursuivre judiciairement les femmes ayant avorté. Le projet de loi 1135/1991 a été présenté pour la première fois en 1991. Il a fait l’objet de discussions au sein de diverses commissions parlementaires, sans jamais avoir été voté grâce aux efforts de ceux qui le soutiennent (dont le CFEMEA), qui tentent d’éviter que le projet soit rejeté en séance plénière de la Chambre des députés et qu’il soit, alors, définitivement rayé de l’ordre du jour parlementaire. En 2007, le député évangéliste George Mudalen, qui dirigeait la Commission sur la sécurité et la famille (CSF), a de nouveau soumis à discussion le projet de loi et le CFEMEA, avec ses alliés/es, se sont vu obligé à répondre.

Les stratégies

Le suivi [monitoring] : le CFEMEA révise quotidiennement les sites internet de la Chambre des députés et du Sénat fédéral pour voir les projets ayant été ajoutés à l’ordre du jour des discussions, il les étudie et définit les stratégies à suivre, selon les particularités de chacun. Le CFEMEA réalise également une enquête parmi les nouveaux/elles parlementaires afin de connaitre leur position sur les questions qui touchent les droits sexuels et reproductifs. Dans le cas de la présentation du projet de loi 1135/1991, le CFEMEA a planifié des actions afin de l’empêcher de progresser dans le processus législatif. Le tissage de liens avec des mouvements féministes et de femmes à travers des listes ou des forums de discussion électroniques ou en face à Résumés des études de cas

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face pour rédiger ensemble des documents et faire du lobby auprès des forces politiques des différents États. Le lobbying auprès de législateurs/trices alliés/es et les actions de plaidoyer menées au Parlement : grâce à eux/elles, le CFEMEA a réussi à reporter l’examen du projet de loi 1135/1991 jusqu’à l’année suivante, en 2008. Cette année là, le nouveau président de la CSF, également évangéliste, a soumis le projet de loi au vote. Les représentants/es alliés/es du CFEMEA ont quittés/es la salle en signe de protestation contre les manipulations des règles du président de la Commission. Suivant des tactiques similaires, un autre député évangéliste - Eduardo Cunha – a mis le projet de loi à l’ordre du jour de la Commission de la constitution, la justice et la citoyenneté (CEJC), qu’il présidait. Le CFEMEA a travaillé activement avec ses alliés/es pour interposer des ressources techniques et organiser des auditions avec des experts/es. Dans les deux commissions, les débats et le vote ont été marqués par l’émotion, les arguments religieux et les discours misogynes, conservateurs et moralisateurs et ont abouti au rejet du projet de loi par une majorité des voix.

intensifier le dialogue avec les autres secteurs de la société brésilienne qui également constituent la cible des fondamentalistes. Le manque de financement et de consensus entre les féministes au sujet des stratégies visant à légaliser l’avortement, ainsi que la puissance des secteurs fondamentalistes sont quelques uns des obstacles identifiés en vue d’une action future. Mais il existe aussi des signes provenant de la société et de certains secteurs du gouvernement qui montrent un intérêt croissant pour la question de la légalisation de l’avortement. Combinée avec la force stratégique et l’expérience des féministes, ces signes nous permettent d’espérer de faire des progresser les DSR au Brésil. www.cfemea.org.br/

Le travail avec les médias : en plus d’une communication constante avec la presse, le CFEMEA - en collaboration avec d’autres organisations partenaires et un député allié - a organisé une formation à travers la présentation des résultats d’une étude sur la réalité de la dangerosité de l’avortement dans les maternités des hôpitaux du nord du pays, pour montrer le coût réel que la pénalisation de l’avortement a sur la vie des femmes. Les événements spéciaux de mobilisation et d’échange d’expériences : le CFEMEA a participé à trois conférences nationales (près de 2 500 personnes ont participé à chacune d’elles) et en collaboration avec d’autres organisations féministes, a organisé le séminaire et le livre homonyme intitulés « Stratégies latino-américaines pour la légalisation de l’avortement et l’autonomie reproductive des femmes ». En septembre 2008, le CFEMEA a fait partie de la création du Frente Nacional pelo Fim da Criminalização das Mulheres e pela Legalização do Aborto (Front national pour la fin de la criminalisation des femmes et la légalisation de l’avortement) qui a été présenté à São Paulo lors d’une marche de 600 personnes.

Les perspectives d’avenir Parmi les stratégies couronnées de succès, le CFEMEA souhaite souligner l’importance du travail réalisé avec les médias dans le but d’informer et de mobiliser la société sur ce qui se passe au Congrès national, mais il estime qu’il aurait fallu travailler davantage avec les partis politiques des différents États. Des élections auront lieu au Brésil en 2010, la position contre les droits reproductifs des femmes continuera à occuper une place centrale chez les candidats/es conservateurs/rices, il faudra donc 72

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Les fondamentalismes religieux et le cas du Protocole sur l’avortement thérapeutique à Arequipa au Pérou Foro regional por los derechos sexuales y reproductivos Ydalid Rojas Salinas

Le contexte Au Pérou, l’Église catholique - qui est hégémonique et dont la doctrine fonctionne comme élément de cohésion sociale - a été et reste le principal obstacle des revendications politiques pour les droits sexuels et reproductifs, qui sont le produit du processus de sécularisation de l’État. Ces demandes produisent la réaction des secteurs fondamentalistes catholiques qui trouvent dans la « défense de la vie » un sujet de conflit qui leur permet d’avoir une visibilité et de se renforcer. Tant et si bien qu’en 2007, dans la région d’Arequipa, l’une des plus active du Pérou du point de vue économique, une coalition d’organisations féministes, el Foro por los Derechos Sexuales y Reproductivos (le Forum pour les droits sexuels et reproductifs), a obtenu que le gouvernement régional approuve un Protocole pour l’assistance de l’avortement thérapeutique. Cependant, le Protocole n’est entré en vigueur que très peu de temps à cause du rejet qu’il a provoqué au sein des groupes fondamentalistes de l’Église catholique qui entretiennent des liens étroits avec les groupes politiques au pouvoir.

Le Foro regional por los derechos sexuales y reproductivos Le Foro est une organisation intégrée par des groupes, des institutions et des professionnels/les indépendants/es qui travaillent pour la défense des droits des femmes et/ou dans le domaine de la santé reproductive. Il s’est créé en 2006 et son principal objectif est la promotion et la défense de politiques publiques en faveur des libertés sexuelles et reproductives des femmes du département d’Arequipa au Pérou.

L’opposition Un réseau de groupes conservateurs liés à des organisations internationales, a vu le jour au Pérou, afin d’imposer leurs intérêts particuliers aux politiques publiques, au détriment de la défense des droits sexuels et reproductifs. L’étude de cas du Centro de Promoción y Defensa de los

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Derechos Sexuales y Reproductivos (Centre de promotion et de défense des droits sexuels et reproductifs, PROMSEX, selon l’acronyme en espagnol) se penche, de manière détaillée, sur chacun de ces groupes. À Arequipa, le plus actif est le Movimiento Sodalicio de vida cristiana (Société de vie apostolique), qui dirige l’Université Catholique de San Pablo (UCSP), qui exécute des programmes de formation pour des enseignants/es pour le compte de l’État et qui maintient le Centro de Ayuda para la Mujer (Centre d’aide pour la Femme, CAM), offrant une attention à des femmes qui présentent des difficultés dans leur grossesse mais en écartant l’alternative de l’avortement dans tous les cas. Plusieurs membres du conseil directif de l’UCSP ont été ou font toujours partie de la structure du pouvoir économique et politique, ce qui explique la forte influence du Sodalicio dans ces domaines. D’autres acteurs importants sont la hiérarchie de l’Église catholique, le Centro de Promoción Familiar y de Regulación de la Natalidad (Centre de promotion familiale et de contrôle des naissances, CEPROFARENA, selon l’acronyme en espagnol), qui entretient des liens avec la puissante organisation conservatrice internationale Vida Humana Internacional (Vie Humaine Internationale, VHI selon les sigles en espagnol) et le Projet Esperanza, d’origine chilienne, qui se définie comme « un programme d’accompagnement pour les femmes et les hommes qui ont subi la perte d’un enfant avant sa naissance, spécialement à cause d’un avortement volontaire et qui souffrent du Syndrome post-avortement ». Suite à l’approbation du Protocole pour l’avortement thérapeutique, ces groupes ont mobilisé leur vaste réseau de puissants soutiens politiques au niveau régional et national, ils ont organisé des manifestations en défense des « droits de l’enfant à naitre » et ont reçu également le soutien des médias et de scientifiques pour diffuser leurs positions et vilipender ceux qui s’opposent à eux.

Les stratégies Le Pérou a le second taux de mortalité maternelle le plus élevé de la région latino-américaine (410 décès pour 100 000 naissances) et on estime que 16 % des décès maternels est dû à des avortements clandestins. Le Forum s’est créé grâce à un atelier organisé par PROMSEX à Arequipa, durant l’année 2006, pour mobiliser des organisations de tout le pays à faire face au manque de politiques d’État se penchant sur cette grave situation. a) Une des premières initiatives du Front a été la formulation et la présentation d’un Plan régional pour l’assistance de la santé sexuelle et reproductrice 2007-2010 devant le Conseil régional de la santé. Le Plan incluait un Protocole d’assistance pour les cas d’avortement non punissables (quand il est effectué pour protéger la vie et la santé de la femme enceinte), qui offrait aux prestataires de services de santé, des garanties et des informations leur permettant d’identifier clairement les pathologies qui mettaient en risque la vie de la femme et qui pouvaient motiver une interruption de grossesse. Résumés des études de cas

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b) Pour sensibiliser les professionnels/les impliqués/es, le Forum a co-organisé avec la plus importante autorité sanitaire d’Arequipa, la Gerencia Regional de Salud (Gérance régionale de la Santé), deux ateliers de travail avec des gynécologues et obstétriciens/nes pour aborder la problématique de l’avortement et élaborer le Protocole. En décembre 2007, le Protocole a été approuvé et en février 2008, sa présentation publique a déclenché les réactions des fondamentalistes. Dans une confrontation ultérieure, le Forum a fait recours à la sensibilisation et a cherché le soutien de divers collèges professionnels/les, qui en principe ont répondu de manière positive. Toutefois, le Collège médical a fini par céder aux pressions fondamentalistes et nous a retiré son soutien, bien que le Collège d’avocats/es ait maintenu sa positon de manière ferme. Le Forum a largement diffusé les avis scientifiques favorables au Protocole qu’il avait réussi à regrouper grâce à son travail de sensibilisation et d’implication des professionnels vis-à-vis du sujet. c) Le Forum a fait appel aux journaux locaux et à participé à des interviews à la télé et à la radio pour diffuser le contenu et les points importants du Protocole. Comme nous l’avons déjà indiqué, il a dû faire face, dans ces espaces, aux positions fondamentalistes. d) Pour montrer que le Protocole était nécessaire pour sauver les vies des femmes, le Forum a organisé et diffusé la campagne « l’avortement thérapeutique est légal et peut sauver ta vie, raconte-nous ton histoire », qui a rassemblé des témoignages de femmes ayant avorté.

Les perspectives d’avenir En avril 2008, la Gerencia Regional de Salud a définitivement annulé le Protocole après avoir accédé à un rapport technico-légal du Conseil des ministres qui, en 2007, avait affirmé que la seule autorité apte à rédiger un tel Protocole était le Congrès de la République. En mai de la même année, PROMSEX a présenté une demande judiciaire pour que le ministère de la Santé approuve un Protocole d’avortement thérapeutique au niveau national. Le Forum avait beaucoup d’espoirs concernant ce sujet, puisque la polémique produite autour de la constitutionnalité de la distribution de la PCU avait abouti précédemment à un jugement favorable du Tribunal Constitutionnel pour sa distribution gratuite par le ministère de la Santé. Mais en novembre 2009, le Tribunal a rectifié sa position et maintenant la distribution gratuite à charge du ministère est interdite au Pérou, ce qui crée un précédent préoccupant pour notre demande.

Des pierres qui nous sont destinées : étude du discours et des stratégies de la campagne ‘Stop Stoning Forever [Stop à la lapidation pour toujours]’ Campagne ‘Stop Stoning Forever [Stop à la lapidation pour toujours]’ Shadi Sadr

Fondamentalisme religieux gouvernemental en Iran

Après la révolution de 1979, l’Iran a vu naître le « fondamentalisme religieux gouvernemental », qui s’efforçait d’intégrer parfaitement la religion et la politique. L’islamisation accélérée a été la principale stratégie utilisée par le nouveau gouvernement, pour obtenir sa légitimité et définir son identité ; les femmes et les questions relatives aux femmes ont été considérées comme le meilleur outil pour ce processus.

Lapidation en Iran

Faire des relations sexuelles extraconjugales un crime contre l’État et dès lors passible de peines sévères était crucial pour le contrôle de la société par le gouvernement théocratique. La première exécution d’une femme par lapidation a été signalée en juillet 1980. Toutefois, la lapidation constituait une source de tension entre les factions fondamentalistes et « pragmatiques » du gouvernement, ces dernières estimant que la mise en application de la lapidation nuisait à l’image de la République islamique aux yeux du monde. Dès lors, les peines de lapidation ont de plus en plus souvent été appliquées en secret plutôt qu’en public, et toute couverture médiatique était interdite. En 2002, quand les pragmatistes étaient au pouvoir, ils ont annoncé la fin des exécutions par lapidation. Mais l’arrivée au pouvoir du gouvernement fondamentaliste du président Mahmoud Ahmadinejad en 2005 a marqué le début d’une nouvelle ère d’islamisation.

Lancement de la campagne ‘Stop Stoning Forever [Stop à la lapidation pour toujours]’

En mai 2006, deux personnes ont été exécutées par lapidation à Mashhad, ce qui a conduit les activistes des droits des femmes à étudier comment aborder la question au mieux dans un contexte de répression et de 76

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censure. Quelques mois plus tard, une femme du nom d’Ashraf Kalhori a été informée qu’elle devait être exécutée par lapidation 15 jours plus tard. Ce fut le déclencheur du lancement de la campagne ‘Stop Stoning Forever [Stop à la lapidation pour toujours]’. La campagne vise avant tout à faire disparaître du code pénal iranien les dispositions relatives à la lapidation. Elle défend également les femmes condamnées à la lapidation et fait appel de leur condamnation. La campagne intègre une perspective d’égalité des sexes dans l’analyse de la lapidation, qu’elle place dans le contexte plus large des politiques et des pratiques discriminatoires à l’égard des femmes iraniennes ; la répartition des personnes condamnées à la lapidation est de deux hommes seulement pour 12 femmes. La pratique de la lapidation en Iran résulte de la combinaison du fondamentalisme religieux gouvernemental, du patriarcat et d’autres formes de discrimination, dont la classe sociale et l’ethnicité. Dans son plaidoyer contre la lapidation, la campagne remet en question ces causes profondes.

Stratégies de la campagne

Pression internationale : En raison de la répression et de la censure généralisées, la campagne avait peu de possibilités de faire pression directement sur le gouvernement iranien. Les activistes de la campagne travaillent donc avec des alliés/es de la société civile internationale, pour intensifier la pression en vue de mettre fin à la lapidation. Cette pression internationale à forcé les autorités iraniennes à répondre officiellement et, petit à petit, les médias ont commencé à publier des nouvelles et l’analyse de la campagne. Lapidation, symbole de toute discrimination : Au cours de son travail de plaidoyer, la campagne s’est rendu compte que la lapidation pouvait être un point de départ unique pour une discussion plus large sur la question de la discrimination entre les hommes et les femmes. Les activistes de la campagne ont montré que les femmes condamnées à la lapidation étaient victimes de mariages précoces et forcés, de pauvreté, de discrimination ethnique, de violence domestique permanente et de privation de leurs droits humains, notamment du droit de divorcer. Cela a contribué à entamer dans la société un vaste débat sur les droits des femmes en général, ce qui a créé un espace permettant d’aborder des sujets tabous comme les relations sexuelles consensuelles en dehors du mariage et la liberté de choisir les partenaires sexuels. Technologie et campagne virtuelle : En raison de la répression nationale de la société civile après 2005, la campagne n’avait que peu de possibilités d’organiser des réunions et des activités publiques. Mais grâce au succès d’une campagne virtuelle pour sauver Mokarrameh Ebrahimi de la lapidation en 2007, les activistes de la campagne ont découvert le pouvoir de la technologie. Le site Web officiel de la campagne Meydaan-e- Zanan 78

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(Women’s Field [Domaine des femmes]) et d’autres initiatives contre la nouvelle vague de fondamentalisme gouvernemental ont fourni une plateforme de collaboration et de travail en réseau avec plusieurs initiatives anti-fondamentalistes, sans dépendre d’un bureau qui risquait d’être fermé par les autorités. Le site Web Meydaan-e-Zanan est devenu l’outil le plus efficace de la campagne au cours des années suivantes. Cadre laïc et alliance avec les autorités religieuses : La campagne a travaillé principalement dans un cadre laïc, mais elle a également encouragé les élites religieuses à utiliser leur expertise pour montrer que la lapidation est une question non islamique et à prononcer de nouvelles fatwas, ou avis religieux, pour le dire. Bien que les féministes laïques ne puissent pas légitimement entamer de dialogues religieux, elles pouvaient présenter les besoins des femmes et les réalités sociales, et atteindre leurs objectifs par une coalition tacite avec les pragmatistes et les réformateurs religieux. Cette expérience démontre que même sous un régime fondamentaliste religieux, il y a une manière laïque de lutter en gagnant la légitimité par la voix des femmes silencieuses Renforcer la solidarité mondiale : La campagne s’est efforcée d’intensifier la solidarité mondiale contre la lapidation et l’usage d’excuses culturelles pour exécuter des femmes. Elle a aussi tenté de mettre en place un mécanisme international pouvant forcer le gouvernement iranien à abroger les dispositions pénales relatives à l’honneur, notamment la lapidation. En 2007, la Global Campaign To Stop Killing and Stoning Women [Campagne mondiale pour mettre fin au meurtre et à la lapidation des femmes] a été lancée en Turquie, en collaboration avec Women Living Under Muslim Laws [Femmes sous lois musulmanes].

Coup d’œil sur l’avenir

La campagne ‘Stop Stoning Forever [Stop à la lapidation pour toujours]’ est une réussite. Sur les 20 cas dont elle a fait appel, sept femmes et un homme ont été sauvés/es de la lapidation et libérés/es de prison, et d’autres ont vu leur sentence commuée. Ces dernières années, en outre, la pression de la campagne a débouché sur des évolutions juridiques importantes. Sous l’œil attentif de la communauté internationale qui observait la situation des droits humains en Iran au lendemain des élections présidentielles de 2009, le parlement a adopté un nouveau code pénal qui omet entièrement la lapidation. Mais le projet de loi attend toujours l’approbation du parlement et du Conseil des gardiens. Parallèlement, depuis trois ans, l’Iran est confronté à une nouvelle vague de fondamentalisme religieux gouvernemental, dont les politiques et la législation visent tous les aspects de la vie des femmes. L’objectif consiste à supprimer certains acquis durement gagnés par les femmes iraniennes ces dernières années et d’en revenir aux politiques plus sévères du début Résumés des études de cas

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de la période postrévolutionnaire. Cela comprend la réintroduction de peines draconiennes comme la lapidation pour les relations sexuelles extraconjugales, le plaidoyer pour la levée des restrictions à la polygamie, la mise en place de codes vestimentaires plus stricts, le renforcement de la ségrégation des sexes dans les universités et les espaces publics, et la restriction des possibilités pour les filles de fréquenter les universités, ainsi que la limitation du nombre d’heures de travail autorisées aux femmes. La lutte longue et difficile contre le fondamentalisme, illustrée par la campagne ‘Stop Stoning Forever [Stop à la lapidation pour toujours]’, peut servir d’exemple aux femmes d’autres pays qui mènent un combat similaire. Au final, les activistes du mouvement mondial des femmes peuvent apprendre de la campagne ‘Stop Stoning Forever [Stop à la lapidation pour toujours]’ que le fondamentalisme religieux est une question qui ne concerne pas uniquement les femmes iraniennes. Les activistes d’autres pays peuvent ne pas lutter contre la lapidation en tant que telle, mais les pierres du fondamentalisme sont destinées à toutes les femmes où qu’elles se trouvent. www.meydaan.net

Fondamentalismes religieux et communautarisme : le cas de Sahiyar Sahiyar (Stree Sanghthan) Trupti Shah

Avec une population de plus d’un milliard d’habitants, l’Inde se targue d’être l’une des plus grandes démocraties du monde et pourtant, elle connaît des conflits récurrents toujours plus intenses en matière de caste, de classe, de genre, de religion, de région, de culture, d’orientation sexuelle, de langue et d’ethnicité. Dans ce contexte de religions multiples, la propagation de l’idéologie communautaire et de la violence est une stratégie fondamentaliste importante. Les principales forces fondamentalistes au Gujarat sont connectées au Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS), le principal centre idéologique « familial » des organisations nationalistes hindoues, généralement appelé Sangh Parivar. Le Bharatiya Janata Party (BJP), bras politique du Sangh Parivar, est le plus grand parti politique national après le parti du Congrès. Le BJP, qui gouverne le Gujarat depuis 1995, était au pouvoir à l’échelon national en 2002, quand le Gujarat a connu des violences sans précédent, qui visaient principalement la minorité musulmane. Après les événements de 2002, le Gujarat a été ouvertement déclaré laboratoire d’Hindutva, l’idéologie politique de suprématie hindoue, qui appelle à une nation hindoue.

Sahiyar (Stree Sanghthan) Sahiyar a été fondée en 1984 à Vadodara, au Gujarat, avec l’ambition de mettre en place, à terme, une société exempte d’inégalité, d’injustice et d’atrocité. Sahiyar, qui fait partie du mouvement autonome des femmes d’Inde, fait campagne sur une série de questions dont la violence domestique, les lois sur le statut personnel, le harcèlement sexuel, la dot, l’avortement sélectif en fonction du sexe, le viol, le viol de personnes en détention et la violence sexuelle pendant les affrontements communautaires et de caste. Elle considère que l’oppression et la subordination des femmes sont étroitement liées à toutes les autres formes de marginalisation et cherche à former un front commun pour les droits humains et l’harmonie communautaire avec d’autres forces progressistes du Gujarat.

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Stratégies Au fil des années, Sahiyar a imaginé plusieurs stratégies pour résister aux fondamentalismes et toucher un large éventail de groupes sociaux : Utilisation des médias : Pour contrer les campagnes des forces Hindutva et de la presse communautaire, Sahiyar publie des petits feuillets rédigés en gujarati simple, relatant les faits d’incidents récents de violence communautaire, reprenant une analyse de la politique communautaire et des récits de première main de femmes des communautés musulmane et hindoue. Sahiyar fait aussi un usage novateur du théâtre de rue et du garba (danse folklorique gujaratie), associant des airs populaires à des paroles modernes, pour diffuser des messages laïcs et féministes complexes, qui seraient difficiles à expliquer autrement à ceux et celles qui n’ont guère fait d’études. Formation et renforcement des capacités : Sahiyar organise des formations pour les femmes dirigeantes de terrain des quartiers communautairement sensibles, pour leur permettre d’intervenir dans les situations de crise et résoudre les problèmes locaux. Le programme Women’s Leadership for Justice, Peace and Communal Harmony [Leadership des femmes pour la justice, la paix et l’harmonie communautaire] pour les femmes de terrain s’inscrit dans le cadre d’une stratégie à long terme pour s’opposer aux systèmes de valeurs et aux structures sociales patriarcales. Les séances abordent des notions féministes et d’organisation, les droits constitutionnels et fondamentaux, les lois sur le statut personnel, les stratégies pour combattre la politique communautaire et la violence. Conclusion d’alliances stratégiques : Comme la plupart des membres de son groupe de base étaient hindous/es de naissance, Sahiyar a adhéré au Muslim Women’s Rights Network [Réseau des droits des femmes musulmanes] pour renforcer la solidarité pour les droits des femmes dans les communautés musulmanes. Sahiyar travaille en réseau non seulement avec des organisations de femmes, mais aussi avec des groupements de droits humains, des syndicats et diverses formations sociales et politiques, des organisations non gouvernementales, des universitaires et des artistes au niveau local, national et international. Tous les membres d’un collectif peuvent ne pas être d’accord sur tous les aspects d’un agenda, mais Sahiyar travaille à mettre en place une plate-forme d’action commune.

Réponse de Sahiyar à la violence de 2002 Après les violences de 2002, Sahiyar s’est alliée avec des organisations progressistes pour former la People’s Union for Civil Liberties [Union populaire pour les libertés civiques] et Shanti Abhiyan (Campagne pour la paix).

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L’éventail des activités de la PUCL-SA comprenait : Organisation de programmes de sensibilisation, de comités et de vigiles pour la paix Au début des affrontements, le forum a organisé des manifestations publiques, ainsi que des comités et des vigiles pour la paix dans les zones où les activistes avaient une forte présence et des contacts avec la communauté. Au plus fort des affrontements, nos activistes sont allés/es dans les zones affectées et ont contacté des personnes des deux communautés pour s’assurer qu’elles ne lanceraient pas d’attaques. Ces actions ont inspiré confiance aux habitants et ont contribué à assurer la paix au milieu de la violence qui déferlait sur l’État. Travail avec la police et l’administration Vu la lenteur de l’intervention policière dans les affrontements, des activistes ont proposé leurs services bénévoles au commissaire de police pour maintenir le calme dans la ville. Ces personnes ont obtenu des laissezpasser pour se déplacer dans les zones concernées après le couvre-feu et ont donné leurs numéros de téléphone, qui devaient servir dans les moments de crise. Chaque appel téléphonique d’urgence était suivi d’un fax au bureau du commissaire, reprenant les détails de la conversation, pour éviter la déformation des faits. Les personnes ont été invitées à envoyer des fax aux commissaires de police avec copie à la PUCL-SA et à la National Human Rights Commission [Commission nationale des droits humains], ce qui a contribué à empêcher l’escalade de la violence. Missions d’enquête Les activistes du forum ont effectué des missions d’enquête dans les zones touchées par les affrontements et ont aidé les équipes d’enquête et les journalistes d’autres régions à obtenir des informations concernant les événements. La PUCL-SA a préparé un rapport sur les violences à Vadodara, ainsi qu’un autre rapport concernant les expériences des femmes et les a présentés devant plusieurs tribunes nationales et internationales des droits humains. Travail d’aide et de réhabilitation À défaut d’aide du gouvernement aux victimes de la violence, les activistes du forum ont travaillé en étroite collaboration avec les organisateurs/rices de camps pour fournir des produits de première nécessité, un soutien émotionnel et des conseils. Ils/Elles ont également aidé à remettre des dossiers auprès de la police et d’autres autorités, assisté les victimes pour demander réparation au gouvernement et appuyé la réhabilitation par des formations ou autres aides pour trouver un moyen de subsistance.

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Campagne de Satyagraha contre l’injustice et les atrocités policières Au cours des phases ultérieures des affrontements, les femmes ont fait l’objet de formes extrêmes de harcèlement pendant les opérations policières de ratissage. La PUCL-SA a organisé une campagne de satyagraha (résistance non violente), où les activistes, ainsi que des hommes et des femmes musulmans/es ont pacifiquement violé le couvre-feu pour s’en remettre, sans armes, à la maltraitance policière. Sous la pression publique, le commissaire de police s’est engagé à enquêter au sujet des policiers incriminés.

Coup d’œil sur l’avenir Pour prévenir les épisodes de violence dans d’autres États, les représentants/es de Sahiyar abordent la question de la violence communautaire, en qualité d’orateurs, d’oratrices ou de personnes ressources, à des réunions publiques, des ateliers et des séminaires. Soulignant l’absence de condamnation sociale généralisée de la violence et le manque d’espoir de justice légale pour les survivants/es, Sahiyar s’efforce de montrer que les conséquences graves à long terme du silence touchent toutes les communautés en raison de la normalisation de la violence, en particulier la violence faite aux femmes et la brutalité dégradante de la violence sexuelle.

Associazione Luca Coscioni et le World Congress for Freedom of Scientific Research [Congrès mondial pour la liberté de recherche scientifique] : expérience italienne de la résistance aux fondamentalismes religieux Associazione Luca Coscioni per la libertà di ricerca scientifica Carmen Sorrentino

Les fondamentalismes religieux s’attaquent systématiquement aux connaissances qui favorisent la liberté, la tolérance et le développement économique. En Italie, les tentatives d’entraver la liberté de recherche scientifique sont l’œuvre du Vatican, des politiciens socio-conservateurs et des objecteurs de conscience. Ces groupes s’opposent activement à la recherche sur les cellules souches, au clonage, à l’euthanasie et au droit de mourir, tandis que leur opposition aux droits sexuels et de la reproduction des femmes continue à œuvrer contre l’adoption de lois (ou la mise en application des lois existantes) reconnaissant l’autodétermination des femmes, avec une attention spéciale aux questions de planning familial, de contraception, d’avortement et de procréation assistée. L’Associazione Luca Coscioni per la libertà di ricerca scientifica (Association Luca Coscioni pour la liberté de recherche scientifique, ALC, selon les sigles en italien) a été fondée en 2002, en vue de résister aux interventions dogmatiques et basées sur la moralité, contre la liberté de recherche scientifique, ainsi qu’aux atteintes à l’autodétermination des choix concernant la vie, le droit de mourir, les soins de santé, la reproduction et la famille. L’ALC réunit des personnalités politiques et scientifiques, ainsi que des défenseurs/euses des droits civils et des représentants/es des associations de patients/es, pour aborder une série de problèmes relatifs aux droits humains et à la science. Constituée au départ en association sans but lucratif en Italie, l’ALC est rapidement devenue un forum international permanent, avec le lancement du World Congress for Freedom of Scientific Research en 2006. L’ALC compte aujourd’hui plus de 2 000 membres, notamment des parlementaires, des chercheurs et chercheuses, des étudiants/es, des universitaires et des citoyens/nes ordinaires qui font activement campagne dans le monde entier.

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Les stratégies de l’ALC reposent sur son association avec le Partito Radicale Nonviolento, transnazionale e transpartito (Parti radical non violent, transnational et transparti), un bastion du libéralisme en Italie. S’inspirant des 50 ans d’expérience du parti, les méthodes de l’ALC dérivent des principes de la non-violence, du transnationalisme et des alliances transparti. L’ALC opère selon les préceptes de Gandhi, recourant à la désobéissance civile et à la grève de la faim (que les radicaux préfèrent appeler « jeûne de dialogue »).

Aide juridique et de plaidoyer L’ALC offre également un soutien à ceux et celles qui veulent exposer ou dénoncer des violations ou des mauvaises pratiques en matière de contraception d’urgence. En 2008, par exemple, dans certaines villes italiennes, si une structure publique refusait de prescrire la pilule du lendemain, les femmes pouvaient accéder immédiatement à une aide médicale en appelant les médecins bénévoles de l’ALC pour obtenir une prescription et l’assistance nécessaire pour dénoncer les médecins et les structures qui avaient refusé leur droit

Action directe et populaire : depuis 2006, l’ALC participe à une campagne pour promouvoir la légalisation de l’euthanasie en Italie. Une pétition (soutenue par plus de 20 000 signataires) demande que le parlement mène une enquête sur la pratique clandestine de l’euthanasie en Italie. Des membres de l’ALC ont manifesté devant le sénat avec une banderole de dix mètres de long où le mot « Euthanasie » était écrit avec les noms des signataires de la pétition. L’organisation opère par un réseau d’activistes au niveau national et international, ainsi que le soutien des citoyens/nes, par des pétitions et des recours, souvent avec l’implication directe de lauréats/es du prix Nobel. Par exemple, en 2006, l’organisation a lancé une pétition demandant au parlement européen d’assurer l’attribution de fonds pour la recherche sur les cellules souches obtenues à partir d’embryons surnuméraires et la recherche sur le transfert nucléaire. Plusieurs scientifiques, responsables des orientations politiques et représentants/es d’associations de patients/es ont signé cette pétition, de même que 11 lauréats/es du prix Nobel.

Conclusion d’alliances Dans le contexte italien, l’ALC lutte aux côtés des associations de parents stériles, des associations de droits des femmes, des associations d’étudiants universitaires et de gynécologues pour l’adoption globale des technologies de procréation assistée, l’avortement pharmacologique et l’accès à la contraception d’urgence sans prescription. L’ALC compte parmi ses alliés/es des associations de plaidoyer et des représentants/es de minorités religieuses, ainsi que des politiciens/nes et des scientifiques internationaux/ales, des lauréats/es du Nobel, mais surtout des citoyens/nes, qui peuvent aussi être croyants/es. Sur le plan international, l’ALC a lancé une campagne en 2004, pour décourager l’adoption d’une convention contraignante des Nations Unies bannissant toute forme de clonage, sans distinction entre le clonage thérapeutique et de reproduction. Quatre mois de mobilisation internationale en coordination avec les alliés/es de l’ALC ont réussi à diluer considérablement la proposition et à en faire une déclaration non contraignante.

Acquisition de connaissances et échange d’informations L’ALC cherche à sensibiliser le public aux droits et à leurs applications pratiques. En 2004, l’Italie a adopté une loi interdisant la procréation assistée à ceux et celles qui n’ont pas de partenaire et aux couples homosexuels, interdisant aussi la recherche sur les embryons surnuméraires et la fécondation hétérologue (avec don de sperme ou d’ovules d’une tierce partie). L’ALC est d’avis que la procréation assistée devrait être un droit pour tout citoyen adulte, homme ou femme, et son site Web donne des informations concernant les centres européens qui proposent des traitements interdits en Italie. En 2007, l’ALC a également lancé une initiative pour aider les patients/es et les citoyens/nes à protéger leurs droits et leurs libertés, par un manuel interactif d’auto-assistance, Soccorso Civile – Manuale di autodifesa dal proibizionismo sulla salute [Secours civil – manuel d’autodéfense contre les interdictions de santé]. Le portail évolue et son contenu s’enrichit en fonction des contributions des utilisateurs. Une adresse électronique et une section réservée aux commentaires sur chaque page assurent l’interactivité et favorisent l’échange d’expériences pratiques.

Ciblage et mobilisation des jeunes En 2007, l’ALC a créé Studenti Coscioni, un réseau d’étudiants de l’enseignement secondaire et universitaire de toute l’Italie, qui fait campagne pour la commercialisation de la contraception d’urgence sans prescription en Italie, ainsi que pour la distribution de préservatifs et pour des programmes d’informations sexuelles dans les écoles secondaires, les universités et sur les places publiques. Les jeunes membres de l’ALC ont participé à la Scuola estiva Luca Coscioni, l’école d’été de l’ALC sur le libéralisme et la recherche libre. L’ALC s’occupe activement aussi de promouvoir Scolarmente, un projet destiné aux écoles secondaires, visant à améliorer la connaissance de la méthode scientifique en tant qu’instrument de la pensée critique et des processus démocratiques.

Stratégies de l’ALC

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Coup d’œil sur l’avenir Contrairement à ce que prétendent ses adversaires, l’ALC n’est pas favorable à la déréglementation totale pour des questions controversées comme l’euthanasie ou la recherche sur les cellules souches embryonnaires, mais

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préconise plutôt un cadre légal pour contrôler les abus clandestins, tout en tenant compte du droit des patients/es et des êtres humains à déterminer leurs propres vies, sans restrictions basées sur des arguments fidéistiques ou autres arguments non rationnels. Face aux futurs défis des fondamentalismes religieux, la principale préoccupation de l’ALC reste la promotion de la méthode scientifique en Italie et dans le monde entier, pour renforcer la pensée critique et les processus démocratiques. www.lucacoscioni.it

Fondamentalismes religieux et vie étudiante : coup d’œil d’Indonésie Nathanael G. Sumaktoyo et Yuyun Rindiastuti

L’Islam est la religion de la majorité de la population, mais l’Indonésie n’est pas légalement un État islamique. Le président Soeharto (1967-1998) a instauré le Pancasila (les « cinq préceptes ») comme seule base idéologique de la nation et de tous les partis politiques. Le « nouvel ordre » de Soeharto privilégiait l’intégrité nationale par rapport à l’identité religieuse, mettant le président en porte à faux avec les nombreux groupes islamiques qui considéraient l’Islam comme l’idéologie de la nation. En 1998, des manifestations de masse ont forcé Soeharto à démissionner et les années suivantes, de nombreux groupements fondamentalistes, principalement musulmans, se sont formés, ainsi que de nouveaux partis politiques religieux qui ont fait campagne pour intégrer dans la législation les lois dites islamiques. Depuis la chute de Soeharto, la transformation du système politique de l’Indonésie comporte un changement radical des relations de pouvoir entre Jakarta et les gouvernements provinciaux et locaux. Les évolutions successives ont fait de l’Indonésie un des États les plus décentralisés du monde. Depuis la mise en œuvre des dispositions d’autonomie régionale en 2004, beaucoup de gouvernements locaux ont introduit une législation dite dérivée de la syariah (terme bahasa indonesia qui désigne la loi islamique). Techniquement, ces dispositions devraient s’appliquer aux seuls musulmans, mais en réalité elles affectent les autres citoyens/nes aussi.

Organisations étudiantes islamiques Les mouvements étudiants ont été au centre des transformations politiques de l’histoire récente de l’Indonésie et ont joué un rôle central dans la formation et l’essor du Partai Keadilan Sejahtera (PKS [Parti de la justice et de la prospérité]), qui est aujourd’hui un parti islamique de premier plan. La popularité croissante du PKS peut être attribuée en partie à une « stratégie à deux voies », qui met en évidence à la fois les « questions islamiques » (notamment la solidarité avec la Palestine et le monde musulman) et les « questions non islamiques » (lutte contre la corruption et gouvernement propre). Le PKS, qui se dit un parti islamique moderne et inclusif, axé sur la prospérité et la justice, présente ses jeunes dirigeants comme des agents du changement et est populaire parmi la jeunesse cultivée. 88

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Le PKS aurait le système de recrutement le mieux organisé de tous les partis et la base de partisans la plus solide. Son histoire ne peut pas être séparée du mouvement de campus dakwah [appel ou prédication]. Dans les années 1970, l’essor du mouvement dakwah a profité de la résurgence islamique parmi les musulmans cultivés et les mosquées universitaires sont devenues des centres d’activités dakwah. En 1998, ce réseau a débouché sur le KAMMI (Indonesian Muslim Student Action Union [Front d’action des étudiants/es indonésiens/nes]), dont les activistes tendent à occuper des postes influents dans les sénats étudiants.

Influence sur les droits des femmes Au cours de la période post-Soeharto, les politiques d’éducation en Indonésie ont eu un impact négatif sur le pluralisme, parce que la religion est une matière enseignée à tous les niveaux, de l’école primaire à l’université. Cette politique est la porte ouverte à un transfert formel de points de vue religieux extrêmes des enseignants aux élèves et étudiants/es, notamment le rejet des femmes dirigeantes ou des dirigeants/es non musulmans/es, et une opposition très répandue au pluralisme. On peut dire aussi que les fondamentalismes influencent les normes du campus, notamment par la pression permanente pour que les femmes portent le jilbab (foulard). On l’observe aussi dans la difficulté à accepter des femmes aux postes dirigeants, particulièrement flagrante dans les universités non laïques, et dans l’adoption de lois locales prétendument basées sur les préceptes de la syariah, mais qui sont en fait une violation des droits des femmes.

Stratégies

Campagne médiatique : En 2006, un/e des auteurs���������������������� /es������������������� a publié un bulletin inter-campus, Warna Bangsa [Couleur de la nation], qui plaidait pour le pluralisme et s’opposait au fondamentalisme. Quatre numéros ont été publiés en six mois. Le troisième numéro, entièrement axé sur les femmes, présentait des informations concernant une célèbre féministe indonésienne et critiquait de récentes lois tendancieuses. À la différence d’autres publications étudiantes, Warna Bangsa visait les étudiants/es ne s’intéressant pas à la politique plutôt que ceux qui s’y engageaient. La publication utilisait dès lors un langage de tous les jours et évitait les discours provocateurs et complexes, s’efforçant de tenir compte de ce que les lecteurs veulent lire et comment, plutôt que de ce que nous voulons dire et comment. La publication du bulletin a été une expérience utile. Premièrement, un bulletin peut servir à stimuler les pensées d’une personne, mais ne crée pas le changement tant que le lecteur ou la lectrice n’est pas disposé/e à affronter la pression sociale. Deuxièmement, les bulletins et autres publications sont 90

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des outils informatifs plus que des outils de campagne. C’est particulièrement vrai pour les publications concernant les questions politiques et sociales, qui touchent les gens qui ont déjà pris position plus que les indécis. L’approche en tête-à-tête : Les fondamentalismes religieux créent une forte dépendance de l’autorité, des textes sacrés proprement dits ou de la personne qui les interprète. Une fois endoctrinés/es, les étudiants/es n’ont souvent plus le courage d’agir librement. Dans ce contexte, nous avons employé une approche en tête-à-tête, qui utilise des amitiés établies en guise de levier pour discuter et débattre de la notion de liberté. Plutôt que de citer des versets des textes sacrés et de les comparer avec les interprétations fondamentalistes, nous utilisons principalement des arguments laïcs. Néanmoins, lors de dialogues avec des personnes très religieuses, l’incapacité de citer des versets peut-être un désavantage. Comme les êtres humains ne sont généralement pas réceptifs aux idées de personnes à qui ils ne font pas confiance, une des forces de l’approche en tête-à-tête est que l’amitié peut faciliter le processus de persuasion. L’amitié suppose la confiance et la confiance sert à « ouvrir l’esprit ». Les groupes fondamentalistes recourent à une stratégie comparable, offrant la sécurité, l’acceptation, l’amitié et la solidarité. En appliquant l’approche personnelle en guise de stratégie contre-fondamentaliste, nous faisons ce que font les groupements fondamentalistes, mais à une échelle nettement plus petite et à des fins diamétralement opposées. Cette approche a une portée limitée, elle ne peut être tentée qu’avec des personnes avec qui nous entretenons des relations étroites et peut prendre beaucoup de temps. Mais comme l’amitié est un aspect important de la vie étudiante, elle peut avoir un effet de levier pour favoriser l’acceptation et le respect de la diversité.

Coup d’œil sur l’avenir À l’avenir, les fondamentalismes religieux constitueront le plus probablement une menace pour les droits des femmes et le pluralisme en Indonésie. Dans la présente étude de cas concernant le renouveau religieux pendant la période post-Soeharto, les effets de la culture patriarcale et des turbulences sociopolitiques sur les droits des femmes sont déjà manifestes. Dans la lutte contre l’influence fondamentaliste, le défi pour les organisations des droits humains consiste à toucher les laïcs/laïques et communiquer comme ils/elles le font. Nous devons plaider pour le développement d’un réseau plus inclusif, synonyme à la fois d’amitié et d’informations accessibles, et nous devons aussi nous efforcer de nous engager de manière plus concertée avec les jeunes. Les groupes fondamentalistes s’efforcent de projeter une image moderne pour séduire les jeunes, les mouvements des droits humains doivent envisager de recourir à une stratégie comparable. Résumés des études de cas

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Stratégies et activités de Women in Black [Femmes en noir]

Opposition au pouvoir croissant de l’Église orthodoxe serbe dans la vie publique : le cas des Women in Black [Femmes en noir]-Serbie Women in Black [Femmes en noir]-Serbie Staša Zajović et Katie Mahuron

Depuis l’effondrement du communisme en ex-Yougoslavie, l’Église orthodoxe serbe en est venue à jouer un rôle important sur la scène publique. L’Église, facteur de plus en plus incontournable dans la politique de l’État, s’immisce directement dans le travail des institutions pédagogiques, éducatives, culturelles et d’information. Pratiquant la rhétorique nationaliste d’une « Grande Serbie » d’ordre divin (qui engloberait une grande partie du territoire de l’ancienne Yougoslavie), l’Église se considère comme la protectrice et la gardienne de l’identité serbe. Au centre de ce discours, il y a l’unité indivisible de la nation, de l’État et de l’Église, une structure qui interdit aux non-orthodoxes de revendiquer l’identité serbe. Depuis les guerres des années 1990, l’Église orthodoxe serbe s’est alliée au Democratic Party of Serbia [Parti démocratique de Serbie] et s’est associée aux forces ethno-nationalistes et d’extrême droite, constituant une menace croissante pour les droits humains et des femmes en Serbie.

Women in Black [Femmes en noir]-Belgrade Les Women in Black [Femmes en noir]-Belgrade (Zene u Crnom-Beograd) se sont constituées en 1991, en réponse aux conflits entre les républiques de l’ex-Yougoslavie. Le réseau a commencé par protester publiquement, sans violence, contre la guerre, le nationalisme, le militarisme et toutes les formes de discrimination, et continue de s’opposer au pouvoir croissant de l’Église orthodoxe serbe dans la vie publique. Travaillant activement à étudier et documenter l’impact du fondamentalisme religieux, il a aussi un vaste programme d’activités notamment des formations, des actions de rue, la constitution de coalitions et le lobbying. Dans le cadre de cet effort, les Women in Black [Femmes en noir] ont mis en place d’importants réseaux locaux et internationaux, qui sont essentiels dans la lutte permanente contre les fondamentalismes dans le monde entier.

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Résumés des études de cas

Éducation : En guise de première étape essentielle dans la lutte contre le fondamentalisme, les Women in Black [Femmes en noir] forment les activistes et les citoyens/nes à reconnaître les signes avertisseurs des fondamentalismes dans leurs propres communautés et à concevoir le fondamentalisme local comme faisant partie d’une tendance mondiale en hausse. Le programme éducatif du réseau comprend également des réponses démocratiques et féministes aux fondamentalismes en Serbie et dans le contexte mondial. Les séminaires des Women in Black [Femmes en noir] s’attachent à former les dirigeantes locales des communautés de femmes par-delà les générations, les groupes ethniques, les statuts sociaux, les niveaux d’études, les contextes religieux et les orientations sexuelles. Les sessions combinent des conférences et des ateliers, et adoptent une approche pluridisciplinaire, équilibrant les connaissances théoriques et l’expérience activiste. Les participants/es apprennent non seulement à identifier le fondamentalisme et à s’y opposer, mais aussi à former d’autres personnes de leurs communautés en matière de tendances fondamentalistes (une stratégie qui peut engendrer un schéma de résistance plus vaste). Les conférences publiques, les panels de débat et les discussions sont un élément clé aussi de ce programme de formation, qui réunit des universitaires, des artistes, des activistes, des politiciens/nes et des citoyens/nes ordinaires pour un dialogue collectif. Réponse écrite : L’écriture et la publication sont un élément central de l’activisme des Women in Black [Femmes en noir] depuis longtemps. Le réseau édite des livres, des anthologies, des pamphlets, des feuillets et des articles, qu’il publie en serbe, en anglais, en albanais et en hongrois, dans la mesure du possible. Comme les historiens et les médias de la mouvance générale ont longtemps utilisé la publication pour mythifier le rôle de l’Église dans l’identité serbe, les Women in Black [Femmes en noir] considèrent leurs activités comme une façon de « répondre par écrit » à ces autorités reconnues et de contester un récit unique reconnu. What Every Citizen Should Know [Ce que chaque citoyen/ne doit savoir] est une série de publications qui aborde des questions importantes comme l’avortement, les rôles sexospécifiques, la tolérance, la guerre, la laïcité et la relation entre l’Église et l’État. Ces brochures sont imprimées à la manière des livres de prières et des pamphlets religieux distribués par l’Église orthodoxe serbe, une déstructuration esthétique ironique qui reflète l’approche artistique politiquement engagée des Women in Black [Femmes en noir]. Actions de rue : Les Women in Black [Femmes en noir] ont débuté dans la rue en 1991 et continuent à croire que les actions dans la rue sont essentielles pour sensibiliser le public et dynamiser un mouvement. Le réseau organise des actions de rue traditionnelles et créatives, pour interrompre temporairement la vie quotidienne des Serbes. Une de ces actions consistait pour les activistes à ôter des vêtements alors qu’elles se trouvaient Résumés des études de cas

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devant le patriarcat à Belgrade, pour montrer qu’un corps de femme n’a rien d’immoral et que l’Église ne doit pas dicter aux femmes serbes ce qu’elles peuvent ou non porter en public. Dans ce cas spécifique, les activistes concernées n’ont pas subi de contrecoup immédiat, mais les agressions verbales et physiques sont courantes lors des actions de rue. Travail en réseau et développement de coalitions : Le travail en réseau et le développement de coalitions se sont avérés essentiels dans le travail des Women in Black [Femmes en noir] contre le fondamentalisme en Serbie. Le collectif fait aussi des campagnes de lobbying, reconnaissant l’importance de participer au processus démocratique. En réponse à la Law on Churches and Religious Communities [loi sur les églises et les communautés religieuses], qui voulait donner à l’Église orthodoxe serbe des droits juridiques extraordinaires, les Women in Black [Femmes en noir] ont créé la Coalition for a Secular State [Coalition pour un État laïc], aux côtés de plusieurs organisations de la société civile. En 2006, la Coalition a tenu une série de réunions publiques pour examiner la loi, elle a élaboré plusieurs amendements, puis elle a fait pression sur le parlement serbe pour faire passer les amendements. Cette campagne n’a pas abouti mais elle a été une expérience d’apprentissage utile pour les membres de la coalition qui ont renforcé leurs connaissances, leurs expériences, leurs ressources ainsi que les réseaux locaux, nationaux et internationaux en unissant leurs efforts.

Coup d’œil sur l’avenir Chaque année, les Women in Black [Femmes en noir] coordonnent un projet de recherche national, pour documenter les voix d’une population diversifiée de femmes serbes. En 2008, le réseau a lancé Reproductive Rights and the Revival of Traditionalism [Droits de la reproduction et résurgence du traditionalisme], une étude qui a révélé une disparité entre la position de l’Église orthodoxe serbe sur les droits sexuels et de la reproduction, et les points de vue des femmes plus jeunes en Serbie. Ainsi, la plupart des croyantes estiment avoir le droit de prendre des décisions concernant leur corps et leurs choix de reproduction, et ne considèrent pas l’avortement comme un meurtre. L’étude révèle que le modèle fondamentaliste de sexualité n’a rien à voir avec l’expérience des femmes serbes et n’a pas encore un impact très important sur leur conscience de soi. Les forces fondamentalistes semblent gagner en importance en Serbie, mais ces conclusions montrent la possibilité de s’opposer à l’imposition d’attitudes réactionnaires concernant les croyances et les idéaux de la société. Le pays a aussi un mouvement anti-fondamentaliste fort et actif, et dans le cadre de ce mouvement, les Women in Black [Femmes en noir] poursuivent leur effort pour former, travailler en réseau, collaborer et faire preuve de créativité afin de contrer les tendances fondamentalistes. www.zeneucrnom.org 94

Résumés des études de cas


Chaque région et contexte religieux, abrite des activistes des droits des femmes qui résistent et s’opposent aux fondamentalismes. Les résumés des 18 études de cas présentées ici, décrivent une gamme d’initiatives locales stimulantes appuyées à une échelle mondiale par des organisations des droits de la femme et leurs alliées. Ces résumés d’études de cas, provenant de l’Afrique subsaharienne, de l’Europe, de l’Amérique latine, du MoyenOrient, de l’Amérique du Nord, de l’Asie du Sud et du Sud-est, mettent l’accent sur les stratégies pratiques des activistes, synthétisent les principaux enseignements tirés, en faisant ressortir la portée extraordinaire de la créativité et de la détermination des femmes. Les études de cas complètes sont disponibles en ligne à : www.awid.org/fr.


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