FR Case Study_Palestine

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Introduction

La démobilisation des mouvements féministes : le cas de la Palestine Par Islah Jad   Introduction Huit ans sont maintenant passés depuis le début du second soulèvement palestinien, ou Intifada, en septembre 2000, et cela fait quinze ans que l’Autorité palestinienne fut créée à la suite de l’Accord d’Oslo en 1993 entre l’État d’Israël et l’Organisation de libération palestinienne (OLP), mettant fin à près d’un siècle de conflits au sujet de la Palestine. En 2002, deux ans après le second soulèvement, je suis retournée en Palestine pour travailler sur le terrain avec en arrière-plan l’occupation israélienne. Le sujet initial de mes recherches consistait à étudier les implications de la mise en place de l’Autorité palestinienne sur les mouvements féministes palestiniens1 du point de vue de la parité hommes/femmes, et d’examiner les changements effectués par ces mouvements qui répondaient à une nouvelle époque « de reconstruction nationale ». Ma recherche est un nouveau défi, car elle étudie l’incongruité d’un état né à la suite de nombreuses années de colonisation, mais qui n’était toutefois pas postcolonial vu que la colonisation était encore flagrante dans tous les aspects de la vie palestinienne. J’ai été particulièrement intriguée par les façons dont ce quasi-état pouvait gérer les questions liées au contrôle des ressources et à la planification du développement et comment ces éléments pouvaient exercer une influence sur les relations hommesfemmes et les mouvements féministes. Je voulais également enquêter sur les contacts difficiles entre un mouvement de libération nationale destiné à mobiliser ses électorats en vue d’une longue lutte, et une nouvelle bureaucratie nationale ayant besoin de différents types de structures, d’interlocuteurs et de discours. L’étude de ces mouvements féministes palestiniens n’en a pas été moins stimulante. Comme les mouvements féministes dans le reste du monde, les mouvements féministes palestiniens étaient confrontés aux « vieux » programmes de mobilisation et de libération et à de nouveaux programmes concernant l’égalité et la responsabilisation des femmes. Dans des circonstances normales, il est difficile de ménager deux programmes à la fois ; et cela est encore plus malaisé dans une situation extraordinaire où l’existence physique de l’état et de la société est menacée par une occupation militaire.

Le Contexte La nature désespérée de cette situation se révéla de façon choquante en mars 2002, lorsque je demandais à certaines femmes responsables d’examiner l’éventualité de se déverser dans les rues pour empêcher les tanks israéliens d’avancer pour

occuper nos villes. La réponse fut simple mais très révélatrice : « Nous ne sommes pas organisées », dirent-elles. L’époque de construction nationale avait de toute évidence réduit la capacité de mobilisation d’un état en voie de disparition et d’une société de plus en plus affaiblie. Les structures nationales naissantes étaient mal équipées pour soutenir l’organisation de mouvements féministes

1.  Je parle de mouvements féministes au pluriel pour plusieurs raisons : tout d’abord, il est important de reconnaître les variations historiques et les évolutions de chaque mouvement, en relation avec le contexte historique où il est apparu. Ensuite, les mouvements féministes que j’étudie, comme les mouvements des Islamistes et des laïcs, ont eu des buts et des intérêts différents ; et chaque mouvement féministe agit dans des domaines très différents et changeants qui ne peuvent être regroupés.


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