Puissances contemPoraines
retour à l’obscurité diffuse
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Puissances contemporaines 1990-2020
« Paris la nuit, c’est fini ! » Mano Negra, Puta’s Fever, Virgin Music, 1989
« One Square Meter HOuSe », cOMMande publique Sur le parcOurS du traMway t3 à pariS, 2006. didier FauStinO/ bureau deS MéSarcHitectureS, arcHitecteS ; pHilippe SMitH et bureau deS MéSarcHitectureS, cOnceptiOn luMière ; Ville de pariS, Maître d’OuVrage. rue éMile-leVaSSOr et bOuleVard MaSSéna, 75013 pariS © kleinefenn@ifrance.com
Paris la nuit. chroniques nocturnes
MYtholoGies De la Ville luMiÈre 1789‑2020
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Avec la chute du mur de Berlin et l’apparition imprévue d’Internet, les catégories politiques, à l’obscurité sociales et culturelles binaires sont remises en cause et, comme la société, la nuit se balkanise. La crise diffuse économique mais surtout morale du tournant des années 1990 emporte l’esprit de frénésie festive des années 1980. Fric, sida, drogues dures, insécurité, racisme, nouveaux pauvres, c’est le versant obscur de la nuit qui reprend le dessus, un cauchemar légué par les eighties. Ainsi, le monde des clochards que l’on croyait disparu avec le trou des Halles resurgit de manière choquante car, en rasant les Halles, on devait au moins sortir la ville du Moyen Âge une fois pour toutes. Créé en 1993, le Samusocial devient un acteur majeur de la nuit, avec ses maraudes qui vont se porter auprès de ceux qui dorment dehors1. Les modes d’habitation de la rue et les délaissés se multiplient à l’échelle métropolitaine, avec l’afflux de populations clandestines des ex « pays de l’Est ». Faire de la fête un mode de vie2 devient un luxe décadent ou en tout cas une existence parallèle, à l’image des Bains Douches qui ont deux salles, celle où chacun rêve d’aller étant réservée aux VIPs. Certains visages de la nuit entrent en résistance, se recroquevillant sur des communautés, comme en témoigne la ghettoïsation de la nuit homosexuelle3 dans le Marais et des boîtes spécialisées (Queen, Scorpion). C’est aussi l’âge d’or de discothèques géantes, des usines à danser qui ne portent plus ni romantisme, ni avant-garde… En parallèle à ce climat nocturne, les acteurs publics s’efforcent de « nettoyer » la ville de ses incivilités, dans un contexte de gentrification des arrondissements centraux qui rend intolérable l’image d’insécurité véhiculée par les grandes interfaces urbaines comme les Halles, les quartiers de gare ou les zones de prostitution et de trafic (rue Saint-Denis, boulevard des Maréchaux, avenue Foch, portes de Paris). S’installe l’idée que Paris se débarrasse de ses populations fragiles, marginales et insoumises, 1 diluées dans l’océan de la banlieue, tandis Xavier Emmanuelli, fondateur du Samusocial, est un des meilleurs qu’émerge par opposition une valorisation symboconnaisseurs de la nuit métropolitaine vue depuis ses souffrances. lique de ce qui resterait le « vrai » Paris : la Goutte2 d’Or, La Fourche, Belleville, Pernéty, des quartiers Voir Tonino Benacquista, Les Morsures de l’aube, Paris, Rivages, 1993. multiculturels au bâti plus ou moins salubre… 3 L’esprit de la nuit rejoint dès lors la banlieue, à la Voir Cyril Collard, Les Nuits fauves, 1992. Nous pouvons aussi citer fois sous un aspect répulsif (incivilités) et sous des La Sentinelle d’Arnaud Desplechin (1992). formes culturelles alternatives (hip-hop, techno, 4 street art…) qui seront le laboratoire d’un nouveau Maurice G. Dantec, Les Racines du mal, Paris, Gallimard, 1995. rapport à la ville, où la nuit joue un rôle symbolique 5 mais aussi stratégique. Le renouveau du polar qui Voir Bruno Ulmer, Thomas Plaichinger, Les Écritures de la nuit, Paris, démythologise Paris illustre ces évolutions : une Syros Alternatives, 1987 (ouvrage basé sur la collection de la société jeune génération d’auteurs se réapproprie le genre Claude, Paz & Lux, pionnière de l’éclairage publicitaire depuis les « noir », les plus novateurs délaissant Paris pour des années 1920).
Retour
Puissances contemporaines
Retour à l’obscurité diffuse
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territoires périphériques dont ils sont les premiers à dresser un portrait contemporain. Le roman apocalyptique de Maurice G. Dantec Les Racines du mal s’ouvre sur les paysages nocturnes d’Ivry-sur-Seine, Vitry-sur-Seine, Choisy-le-Roi, où les personnages de serial killers et de policiers font corps avec la violence hors échelle des emprises industrielles, dans une fusion délirante des réseaux physiques et virtuels4. Quand Internet et l’A86 ne font plus qu’un… Au plan architectural, après une décennie de projets pharaoniques et d’événementiel de masse, la question nocturne se déplace dans la recherche d’impact monumental et signalétique pour les grands édifices-programmes de la métropole : les tours de la Bibliothèque nationale de France (Dominique Perrault, architecte), la réhabilitation du Palais des congrès porte Maillot (Christian de Portzamparc, architecte), le centre commercial de Bercy-Charenton (Renzo Piano, architecte), le centre de tri et d’incinération des déchets du Syctom quai d’Ivry (S’Pace, architecte), le stade Charléty (Henri et Bruno Gaudin, architectes)… Un paysage nocturne métropolitain d’une intensité nouvelle apparaît aux intersections d’infrastructures majeures (elles-mêmes incandescentes), indifféremment composé des publicités5 qui couronnent les tours sur le boulevard périphérique et l’A86, des centres commerciaux qui s’affichent toujours plus grands pour être visibles au loin, des bureaux qui restent éclairés la nuit, et des stades qui s’allument parfois et servent de cimaises publicitaires le reste du temps… Dans ce paysage, la signalétique atteint une puissance hypnotique qui annule presque le message publicitaire et requalifie l’architecture qui en est l’échafaudage. Ainsi, la Maison de l’Iran (Cité internationale universitaire) de Claude Parent et André Bloc, donnant sur le périphérique porte de Gentilly, est, depuis son couronnement publicitaire rougeoyant, un personnage de la métropole nocturne, alors que son architecture ne l’était pas en elle-même ! Enfin, s’il n’y a toujours pas de projet urbain dont la nuit soit la cible spécifique autrement que par la qualité de l’éclairage, la prise en compte des temps de la ville progresse et se concrétise à Paris avec la création du Bureau des temps en 2001. La nuit apparaît d’abord comme problème puis, progressivement, comme ressource et levier. Les thématiques du rythme urbain, les apories de la vitesse et ses effets déterritorialisants, ainsi que le regard désormais positif porté sur l’emploi de nuit, deviennent des questions politiques tant pour l’État que pour les collectivités. Simultanément, une nouvelle culture de la mobilité émerge, qui hybride le transport et l’information interactive, remettant en cause la matérialité de l’espace public. En se virtualisant, la ville se nocturnise de plus en plus…
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La mĂŠtropole furtive
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page précédente > parc d’attractions eurodisney : disney Village, Marne-la-Vallée (seine-et-Marne) déceMbre 1992 © Dreia/Gobry de haut en bas > les éMeutes de 2005 dans les banlieues françaises. des Véhicules incendiés à clichy-sous-bois (seine-saintdenis), 28 octobre 2005 © aFP/Joël SaGet les éMeutes de 2005 dans les banlieues françaises. un Magasin brûlé suite à des affronteMents entre des bandes de jeunes et les forces de police, bondy (seine-saintdenis), 2 noVeMbre 2005 © aFP/StéPhane De Sakutin les éMeutes de 2005 dans les banlieues françaises. policiers en faction dans la cité de clichy-sous-bois (seine-saintdenis), 30 octobre 2005 © aFP/StéPhane De Sakutin
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La métroPoLe furtive
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La métropole
La banlieue s’enfonce dans le noir
furtive
nuit des banlieues renvoie désormais à une géographie sociale surdéter-
Après avoir été une scène pour des pratiques publiques innovantes, la minée par ses incivilités réelles et fantasmées : cages d’escalier squattées,
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voitures incendiées, rodéos routiers, trafics et violences divers. Une nuit de la jeunesse multiculturelle adolescente – car les peines encourues en cas de délit sont beaucoup moins lourdes avant 18 ans – et presque exclusivement masculine. La nuit périphérique agit comme révélateur d’une condition suburbaine qui ne se lit que sous des lampadaires au sodium : banlieues noyées dans le halo orangé des éclairages routiers. À partir des années 1990, la jeunesse des « quartiers » connaît un double phénomène de ghettoïsation et de tribalisation, qui est le fruit de plusieurs strates de déterritorialisation : technique, économique, sociale et culturelle. On découvre une France des enclaves, où nuit rimerait avec insécurité. La double tenaille de la répression et des programmes de réhabilitation qui marque la politique de la ville en cette fin de siècle peine à atteindre les ressorts profonds de la nuit des « lascars ». Un territoire temporaire où ils règnent enfin, qu’ils peuvent défendre et sanctuariser, par tous les moyens. Un espace d’affirmation virile pour des identités qui se définissent apparemment par la négative : trafic et consommation de stupéfiants, vandalisme rituel, sur fond d’ennui… Les escalades entre ces adolescents très actifs la nuit et les forces de l’ordre aboutissent parfois à des batailles rangées, qui seront sanctionnées par l’instauration de couvre-feux municipaux1. En réalité, une grande diversité de contextes caractérise ces quartiers, où certains programmes de rénovation urbaine doivent effectivement cibler la nuit comme problème clé. Les conflits nocturnes dans les « quartiers » nourrissent notamment la problématique de la résidentialisation des grands ensembles (enceintes, digicodes des portes d’immeubles et des garages, surveillance vidéo…), ayant comme conséquence de couper les habitations de la rue, dans une configuration encore moins urbaine mais plus acceptable pour les habitants de chaque unité. Par ailleurs, des réponses sociales expérimentales sont élaborées, hybridant surveillance et suivi socioculturel, à travers l’instauration des polices de proximité et, surtout, la présence de médiateurs sociaux qui sont les véritables interlocuteurs nocturnes. Tandis que ces « correspondants de nuit » se mettent à la disposition de la population pour des médiations jusqu’après minuit, la police tend à réduire leurs interventions qui suscitent souvent plus de troubles que d’apaisement, encourant le risque que les habitants se sentent abandonnés à leur sort. Si la capacité de ces médiateurs à créer une relation avec les « grands frères » devient la véritable condition d’une pacification de la nuit, ce travail de terrain difficile et fragile ne pèse d’aucun poids face aux émeutes urbaines qui font régulièrement la Une des médias et installent une vision stéréotypée des cités la nuit. Au même moment, de nombreuses communes de banlieue font des efforts de rénovation de leur centre-ville « historique », souvent d’anciens villages dotés d’un charme vernaculaire plus ou moins authentique, mis en scène par un éclairage différencié, la piétonisation d’une ou de plusieurs rues, la valorisation de la moindre parcelle de patrimoine et de la « couleur locale ». Des efforts d’embellissement qui ne répondent pourtant pas aux problématiques sociétales de la nuit. Ces politiques génèrent ainsi une programmation culturelle de soirée positionnée dans une logique communale, largement sous-dimensionnée : petits cinémas avec une ou deux salles
1
Tandis qu’à Strasbourg, ils sont sur le terrain toute la nuit. 2
Une critique déjà énoncée en 1973 par Pierre Merlin, Vivre à Paris 1980, Paris, Hachette, 1971.
et donc une offre trop limitée, horaires resserrés sur la cible familiale (dernière séance vers 21h)2. L’ouverture en soirée des restaurants est également encouragée, mais leur service cesse tôt (vers 21h) et ne concerne souvent que le vendredi et le samedi. Si certaines communes de banlieue sont des adresses prestigieuses du théâtre de création, le public
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tend à être majoritairement parisien, la programmation ne rencontrant pas un succès populaire local. Bien sûr, la banlieue recèle des lieux nocturnes dans tous les registres de la culture et du divertissement, mais leur situation n’obéit à aucune logique de concentration typique de la ville-centre, soulignant au contraire le caractère diffus des urbanités périphériques. Dans les grands ensembles, cette sensation de nuit rétrécie ou lointaine provient aussi du manque d’animation des pieds de tours, où les salles de spectacle, centres socioculturels, commerces de bouche et cafés ferment en rafale dès
ci-contre > centre coMMercial les 4 teMps, la défense (hauts-de-seine), Mars 1993 © Dreia/Gobry page suiVante > centre coMMercial éVry 2, éVry (essonne), féVrier 1993 © Dreia/Gobry
la fin des années 1980. Des dispositifs qui se vident ou n’ont jamais été programmés, en particulier dans les configurations de dalles, dont le rôle de polarité dépendait pourtant explicitement de la qualité des activités autour de l’espace public3. En banlieue, la nuit est donc toujours ailleurs : à Paris, ou au bord des infrastructures rapides (si on y a accès). Alors que la question de la mobilité est devenue cruciale, l’évolution des transports publics le souligne négativement puisque les lignes de bus n’irriguent plus les quartiers « difficiles » après 20h. En réponse, les emblèmes de la mobilité sont victimes d’incivilités pendant ces temps morts de l’accessibilité : Abribus démontés, gares taguées… Hors la ville = hors le temps libre… Urbanisme commercial… de nuit Les modes d’aménagement génériques de la métropole sont également en cause, contribuant à vider les polarités urbaines habitées de leur attractivité potentielle. Les offres de loisir proposées aux banlieusards dans les zones commerciales semblent partir du principe que les clients potentiels habiteraient tous un quartier pavillonnaire, seraient équipés de voitures et habitués à se déplacer pour le moindre besoin. Les lieux capables de jouer un rôle de centralité à l’échelle des flux métropolitains sont effectivement des centres commerciaux, des zones thématiques mimant des caricatures d’espace public, comme le village provençal postiche de Saint-Quentin-en-Yvelines4, les bassins pseudo-versaillais du Carré Sénart, ou quelques petits parcs d’attractions qui ciblent le public nocturne, tel Mirapolis à Pontoise. Dans les années 1980, la logique d’exploitation
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ne voyait pas d’intérêt à proposer une offre nocturne : les restaurants des malls ne servaient pas à dîner puisqu’ils atteignaient leurs objectifs commerciaux avec le public de la journée. Dans ce contexte d’un urbanisme commercial5 triomphant s’implantent au cours des années 1990 certains entrepreneurs de loisirs nocturnes, qui eux ne fonctionnent vraiment que le soir : fêtes foraines, bowlings, discothèques et surtout cinémas multiplexes se positionnent dans l’orbite des malls, qu’ils imitent et complètent, suscitant parfois l’apparition de micro-strips sur les radiales majeures (N20, N7, N1). La logique d’exploitation nocturne en banlieue est claire : puisqu’il est impossible de s’insérer dans les quartiers sans être pris dans des rivalités de cités, les entrepreneurs se dégagent des conditions urbaines locales pour se brancher sur les efficacités métropolitaines qui leur garantissent
Encore un « assassinat de Paris », dirait Louis Chevalier face à cette évolution du divertissement vers un marketing de masse dont le cœur de cible est la classe moyenne, dans un décalque des villages-vacances où tout est prémâché et « familial ».
la meilleure accessibilité (et donc surveillance), et une position en terrain neutre. De petits parcs d’attractions fleurissent ainsi dans le sillage d’Euro Disney Paris qui ouvre dès 1992 son Festival Disney (devenu Disney Village), conçu par Frank O. Gehry, regroupant boutiques, cinémas et restaurants thématiques à destination du public venu de l’extérieur du parc6, dans une ville nouvelle en pleine expansion mais absolument dépourvue d’activités nocturnes. Paris intègre à son tour cette logique avec Bercy
3
Par exemple, la dalle d’Évry. 4
Voir AWP, « Des pieds à la tête », Le Visiteur, n° 8, 2003. 5
Voir David Mangin, La Ville franchisée, Paris, Éditions de la Villette, 2004. 6
Le parc est lui-même réservé pour des événements privés qui permettent de commercialiser des nuits d’hôtel dans l’enceinte d’Euro Disney pour un public captif, puisqu’il n’est pas autorisé à sortir du parc pendant la nuit, ni à y entrer. 7
Une rue piétonne en cul-de-sac accessible uniquement depuis les parkings automobiles en sous-sol et comprenant des dizaines de salles de cinéma, des boutiques de souvenirs, des fast-foods et bars thématiques. 8
Dont le turnover signale probablement la difficulté du dispositif à atteindre son efficacité. 9
Voir Vincent Sermet, Les Musiques soul et funk, la France qui groove des années 1960 à nos jours, Paris, L’Harmattan, 2007.
Village (Valode & Pistre). Positionnée à la rencontre du boulevard périphérique, des voies sur berge et de l’autoroute A4, cette enclave thématique inspirée d’Universal City à Los Angeles7 joue la figure du village aux rues piétonnes pour accueillir des enseignes franchisées8. Avec ses enfilades de terrasses et la présence d’un musée des Arts forains où se tiennent parfois des soirées grandioses (mais privées), le quartier n’atteint pas l’intensité d’un véritable aimant nocturne, restant plutôt un décor qui évoque les attraits de la nuit parisienne mais n’en a pas le goût. À minuit, tout y est fermé, les rues et passages vidées : la cible commerciale principale principalement les familles, le quartier ne trouve pas son second souffle nocturne. Par ailleurs, lorsque le Forum des Halles augmente son offre de cinéma au cours des années 1990 pour animer ses sous-sols, le dispositif ne fait que renforcer sa nature de centre commercial… de banlieue dans lequel on vient en RER depuis toute la métropole, contribuant à dévaloriser la nuit du cœur de Paris aux yeux de nombreux Parisiens. Encore un « assassinat de Paris », dirait Louis Chevalier face à cette évolution du divertissement vers un marketing de masse dont le cœur de cible est la classe moyenne, dans un décalque des villages-vacances où tout est prémâché et « familial ». Toute la nuit périphérique n’est pas « franchisée » pour autant. Ce que démontre l’attractivité de discothèques9 et salles de concerts
Paris la nuit. chroniques nocturnes
de haut en bas > fondation cartier pour l’art conteMporain, 1993. jean nouVel, eMManuel cattani & associés, architectes ; roger narboni, agence concepto, concepteur luMière ; gan Vie, Maître d’ouVrage ; cogediM, Maître d’ouVrage délégué. 261, bouleVard raspail, 75014 paris © PhiliPPe ruault/aDaGP 2013
école des arts décoratifs, 2004. luc arsene-henry & alin triaud, architectes et philippe starck, designer ; Ministère de la culture et de la coMMunication, Maître d’ouVrage. 20, rue érasMe et 33, rue d’ulM, 75005 paris © Jean-Marie MonthierS centre coMMercial bercy Village dans les anciens chais du cours saint-éMilion, paris 12e, juillet 2006. Valode & pistre, architectes de la réhabilitation, 2001 ; altarea cogediM, Maître d’ouVrage © antoine De roux
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Puissances contemPoraines
ci-dessus > extension du palais des congrès, création de lieux d’exposition, de bureaux, d’une galerie coMMerciale et d’une salle de 650 places. 2, place de la porte-Maillot, paris 17e, 1999. christian de portzaMparc, architecte ; aartill – Michel pieroni, concepteur luMière ; société iMMobilière du palais des congrès (sipac), Maître d’ouVrage © ChriStian De PortzaMParC/ aDaGP 2013
La métroPoLe furtive
comme le Midnight Express ou le Pacific Club dans le centre commercial de La Défense, Le Byblos près de Mantes-la-Jolie, Le Plan à Ris-Orangis, L’Acropol et le Pago Pago sur la N20 à Chilly-Mazarin, ou encore le Shirley’s à Fontenay-sous-Bois. Certains de ces lieux sont plus particulièrement dédiés à des communautés ethniques ou culturelles autour de thématiques musicales, notamment le zouk qui fédère un public antillais et africain au Phil One (La Défense), ou encore le funk puis le hip-hop à L’Échappatoire de Clichysous-Bois, au Madras à Sarcelles ou au Safari Club de Massy-Palaiseau, des adresses où converge la jeunesse dite « de banlieue ». La discrimination au faciès qui prévaut à l’entrée de la plupart des discothèques parisiennes, à l’exception de quelques adresses du quartier Saint-Denis (le Kiss Club, le Tour Club, L’Émeraude…) et de Montparnasse (La Bohème, le Week-end, le Toppers…), intensifie l’opposition entre Paris et la banlieue, qui connaît une vie nocturne très active dans les années 1980-1990 (bien plus que depuis10). Le phénomène culturel qui résiste à cette communautarisation de la nuit est l’essor de la world music, dont Paris et sa métropole constituent une des scènes avec New York et Londres, réunissant des publics de toutes origines autour des fusions musicales inspirées du raï (par exemple, Le Fun Raï à Évry), du zouk et du son des
10
Les dispositions réglementaires en faveur du respect des diversités prises sous la législature de 1997 ont eu pour effet inattendu de concentrer à nouveau la nuit à Paris.
stars africaines (Ali Farka Touré, Salif Keïta, Manu Dibango, Youssou N’Dour). La world nourrit une idéologie festive arc-en-ciel dont le « Nègre blanc » sud-africain Johnny Clegg s’avère l’emblème (son succès mondial démarre à Paris en 1988). D’ailleurs, lorsque les Talking Heads décident
15
boulevard des maréchaux rue saint-denis 1 A A8
6
terrain vague montesson A 13
bois de boulogne porte dauphine avenue foch
1990
« attaque » de la station louvrerivoli aboutissant à une vague d’arrestations des graffeurs 1er album de ntm
1991
ouverture du glaz’art
1992
teknival de beauvais organisé sur plusieurs jours et plusieurs nuits apparition du 1er navigateur web
1993
1er teknival de fontainebleau organisé par les spiral tribe
1994
2e teknival de fontainebleau interdiction des raves au nom de la lutte anti drogue
1995
teknival des andelys squat « pôle pi » au lycée diderot jusqu’à 1998
1996
loi en faveur du respect des diversités homework, 1er album de daft punk
1997
dissolution de ntm
1998
free party, gare de frêt de bercy création du batofar
1999
3 rave parties en moyenne par week-end en île-de-france
2000
free party, piscine molitor seuls 5% des rassemblements techno ont lieu en première couronne ou dans paris [1]
2001
1er procès lié au graffiti
2003
ouverture du point éphémère [2] signature de la charte des lieux musicaux, médiation des conflits entre lieux musicaux et riverains création de la 1re équipe de correspondants de nuit, présents tous les soirs de 16h à 00h
2004
plan de lutte contre le bruit adopté par le conseil de paris
2006
mise en ligne du site internet « paris nightlife » édité par la cscad, le syndicat professionnel de référence des exploitants de nuit nocturnes parisiens, et soutenu par la délégation au tourisme de la ville de paris [3]
2009
A
bois verrières-le-buisson
6
1990 : la nuit franchisée la locomotive
bus palladium
l’échappatoire
madras
midnight express pacific club
le tango
le shirley
phil one
bercy village
le queen le scorpion
tour club kiss club
la bohème le week-end le troppers
l’émeraude chez régine
le pago pago l’acropol
R
C
bando dize vmd invader mist l’atlas zeus
R
RE
shuck 2
uv/tpk
2005
RER D
1990 : culture hip-hop et street art RE
1989
squat « l’hôpital éphémère » dans l’hôpital bretonneau jusqu’à 1997 fondation de « paris quartier d’été »
1990 : la métropole parallèle A
ve république
chute du mur de berlin
terrain vague stalingrad la générale
A
RER B
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R
A
la miroiterie
RER C
2010
RER D
113
les frigos ligne 13 du métro ntm 93 aec
C
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p19
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darco
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gare de triage de vitry
quais de seine
1860
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