LA PERCEPTION DE LA DENSITÉ UNE CENTRALITÉ POUR BENI MELLAL
AYOUB MAHMOUD
TRAVAIL DE FIN D’ÉTUDE POUR L’OBTENTION DU DIPLÔME D’ARCHITECTE ÉCOLE D’ARCHITECTURE DE CASABLANCA
PRÉAMBULE
I
nfluencé par Thomas More, Ricardo Bofill et leurs contemporains, je me suis intéressé à la cité idéale durant la renaissance italienne, en tant qu’exemple d’une ville rêvée. Elle se représentait comme une architecture fictive apparaissant sous forme de peinture ou marqueterie. Son concept s’intéressait à résoudre des soucis de symétrie, de perspective, de mise en ordre de la ville, tandis qu’elle n’exprimait en aucun cas le moindre problème social, environnemental ou politique de la ville. À l’aube d’une globalisation mondiale et à l’heure des raréfactions des ressources naturelles, il est peut-être temps de s’intéresser de près à l’avenir de nos villes, plus que jamais, afin de commencer à imaginer un modèle de ville capable de nous faire vivre l’euphorie. Chacun de nous a sa propre idée sur la ville de demain. Certains l’imaginent flottante dans l’air, certains sur l’eau et d’autres habitée par des robots. Mais, malheureusement la réalité nous oblige à nous intéresser à une planète qui se réchauffe, à une population urbaine qui ne cesse de croître et à une fin des ressources pétrolières qui nous guette. Dorénavant nos villes assisteront à plusieurs conséquences : difficultés d’approvisionnement en eau potable, transports insuffisants, mauvaise gestion des déchets, pollution atmosphérique et manque d’équipements de santé et d’éducation. Loin de toute utopie, la ville idéale de demain sera-t-elle dense ? Mais pourquoi la densité ? Avant tout, je dirai que la prise de conscience de la notion de densité est animée par mes expériences personnelles. Dès mon jeune âge, j’ai vécu un certain temps dans une petite ville marocaine. Grâce à sa petite taille, j’ai pu pratiquer l’ensemble de son espace urbain, Small is beautiful.
Mais, suite à un déménagement vers une agglomération, où il y avait tous les atouts d’une vie contemporaine, j’ai réalisé que cette métropole avait perdu une partie de sa qualité urbaine dans son développement. Par ses nuisances sonores, par son atmosphère polluée et par sa forme diluée, j’ai pris conscience que l’avenir de nos villes débutera sans aucun doute par sa densité puisque cette notion est la première responsable de notre mode de vie Mots clés : Densification, qualité urbaine, psychologie environnementale, ville moyenne, ville frugale, Béni-Mellal.
RÉSUMÉ Ce mémoire se veut optimiste. Il a pour but de vérifier une nouvelle pensée pour revitaliser les villes marocaines. Face à l’augmentation de la vulnérabilité des grandes villes marocaines, qui se traduit par l’expansion spatiale, la concentration des effectifs humains et la multiplication des flux urbains de toute nature. Ce travail veut prouver qu’il faut procurer aux villes moyennes une position intermédiaire entre le local et le global dans l’intention de lutter contre l’étalement urbain et ses conséquences. L’objectif de cette étude est d’acquérir, à l’heure d’un réchauffement climatique, une idée claire sur la ville de demain. C’est pourquoi elle propose de revisiter le concept de la densification urbaine en partant des postulats de base jusqu’aux formalisations les plus récentes, en prenant Béni-Mellal comme terrain de réflexion. Au final, cette étude montrera qu’une nouvelle pensée, basée sur la densification urbaine, est en marche et que le changement arrivera pour demain.
ABSTRACT This thesis has an optimistic vision. It strives to dwell on a new conception to revitalize the Moroccan cities. This work aspires to prove the requirement of providing middle-sized towns an intermediary position, between local and global, in order to fight against urban spreading and its consequences. The approach above was made before the increasing vulnerability of big Moroccan cities, disclosed and revealed by the spatial expansion, the concentration of human resources and the growth of variant urban flows. This study also emphasizes the need to have a crystal clear idea of the future city as a concrete notion, especially at a time when climate warming takes a large significance. That’s why it proposes a review of urban densification as a concept, going from basic premises to very recent formalizations, taking Beni Mellal as a reflective field. Lastly but not least, this thesis will lead to new ideas and beliefs, essentially based on urban densification, that will lead our world to a better future.
ملخص
فأمام ارتفاع. فهو يعالج وبكل تأين فكرة جديدة من أجل إعادة تأهيل مدن املغرب،يسعى هذا البحث أن يكون متفائال ، الذي يُرت َجم بتوسع املجال ومتركز السكان ومضاعفة التنقالت الحرضية بكل أصنافها،نسبة الهشاشة باملدن الكربى املغربية بُغية محاربة،فإن هذا البحث يود الربهنة عىل أنه يتعني منح املدن املتوسطة وضعية محورية ما بني املحيل والكيل الشمويل . التوسع العمراين ومخلفاته إن الهدف من هذا البحث هو إظهار أهمية التوفر عىل فكرة واضحة عىل الكيفية التي ستكون عليها مدينة الغد يف زمن لذلك يُقرتح مراجعة مفهوم الكثافة العمرانية انطالقا من القواعد العامة األساسية التي بُني.عرف ظاهرة االحتباس الحراري . آخذين بني مالل كمجال للتأمل،عليها وصوال إىل آخر مفاهيمه املعارصة ويف الختام يُظهر هذا البحث بأن هنالك فكرة جديدة مبنية عىل الكثافة العمرانية تشكل خطوة للتغيري نحو رسم تطلعات . مدينة الغد 06
SOMMAIRE REMERCIEMENTS RÉSUMÉ PROBLÉMATIQUE ET HYPOTHÈSES MÉTHODOLOGIE
04 06 08 11
1ERE PARTIE : LA DENSIFICATION URBAINE Chapitre 1 : GÉNÉRALITÉS ET CONCEPTS 1.1 La densité, qu’est-ce que c’est ? 1.2 La densité physique 1.3 La densité perçue et surpeuplement 1.4 La densification
14 15 17 18
2.1 La densité et la ville durable 2.2 La densité et la ville frugale
26 32
3.1 Densité à l’échelle nationale 3.2 Densité à l’échelle de la région 3.3 La densité à l’échelle de la ville
40 44 46 56 60
Chapitre 2 : LA DENSITÉ ENTRE DURABILITÉ ET FRUGALITÉ Chapitre 3 : LA DENSITÉ À BÉNI-MELLAL
Chapitre 4 : ÉTUDE DE CAS
Synthèse
2ÉME PARTIE : LA ENVIRONNEMENTALE
PSYCHOLOGIE
1.1 Espace et environnement 62 1.2 La psychologie environnementale 62 1.3 L’espace personnel 65 1.4 La territorialité 70 1.5 La densité physique et subjective 72 Chapitre 2 : PROCESSUS PSYCHOLOGIQUE
D’ÉVALUATION D’UN ENVIRONNEMENT
2.1 La conscience du monde 2.2 Les modalités de la perception 2.3 La perception de l’espace urbain
77 78 84
3.1 Bruit 3.2 Température extrême de l’air 3.3 Pollution atmosphérique 3.4 Surpeuplement
86 87 88 88 90 92
Chapitre 4 : ÉTUDE DE CAS
Synthèse
Chapitre 1 : DÉFINITION DE LA QUALITÉ URBAINE 94 Chapitre 2 : QUALITÉS IMMATÉRIELLES 2.1 L’équité 2.2 La sociabilité urbaine 2.3 La satisfaction résidentielle 2.4 Le confort 2.5 L’ambiance
STRESSEURS
96 97 97 98 99
Chapitre 3 : QUALITÉS FONCTIONNELLES
3.1 Les usages 3.2 La sécurité 3.3 l’éclairage urbain
102 104 104
4.1 L’espace vert 4.2 L’eau 4.3 La biodiversité 4.4 Les îlots de chaleur
106 107 108 108 110
Chapitre 4 : QUALITÉS ENVIRONNEMENTALES
Synthèse
Chapitre 1 : GÉNÉRALITÉS ET CONCEPTS
Chapitre 3 : LES ENVIRONNEMENTAUX
3ÉME PARTIE : LA QUALITÉ DE VIE URBAINE
4ÉME PARTIE : REVITALISATION URBAINE : UNE NOUVELLE CENTRALITÉ POUR BÉNIMELLAL 1- Monographie de la ville de Béni-Mellal 2- Choix du terrain 3- Analyse urbaine du site 4- Intentions du projet 5- Projet
114 118 120 126 127
Conclusion générale Bibliographie sélective Liste des figures et crédit photographique Annexe
146 148 150 153 158 160
Enquête à quotas
Index des noms
07
PROBLÉMATIQUE ET HYPOTHÈSES Pourquoi aborder le sujet de la densification urbaine des villes moyennes au Maroc, tant que cette nation ne dépasse guère les 47 habitants par kilomètre carré ? Faut-il attendre qu’elle soit plus surpeuplée pour s’en préoccuper ? Ou bien, faudrait-il être plus conscient des divers changements dont on court le risque aujourd’hui, comme le changement climatique, l’urbanisation rapide et la raréfaction des ressources naturelles ? Au Maroc, pendant le 20e siècle, les villes moyennes n’ont retenu que peu de considération aussi bien par les pouvoirs publics que par la littérature consacrée au fait urbain, à tel point que l’armature urbaine est devenue déséquilibrée, avec des grandes villes prépondérantes. Ce manque d’équilibre a engendré moultes conséquences : concentration démographique, augmentation de l’urbanisation, déperdition des terres nourricières, marginalisation et pauvreté urbaine (le chômage et le sous-équipement). Conséquence aujourd’hui, environ 60.2 % de la population marocaine, soit 34 millions d’habitants, vivent dans les villes, contre 2.9 millions en 19601. Et théoriquement, dans un horizon très proche, 7 Marocains sur 10, de 10 à 15 ans, vivront principalement dans des espaces urbains2. Autrement dit, les grandes agglomérations marocaines assisteront davantage à un étalement urbain3. Cependant, de part l’accumulation des crises économiques, énergétiques et écologiques dans la ville étalée, cette dernière ne peut être envisagée comme le modèle urbain à léguer à nos petits-enfants. Face à ce constat, nous avons décidé de participer à une vision globale, portant sur la hiérarchie des villes marocaines, en prêtant plus d’importance aux villes moyennes et à la manière de les densifier. En parallèle avec une stratégie de régionalisation, les villes moyennes sont appelées aujourd’hui plus que jamais à dépasser leur statut actuel, en tant que simples localités-relais entre la mégapole et le monde rural, pour devenir un espace de développement local ou même régional. D’ailleurs, elles pourront constituer un instrument de grande envergure pour maîtriser les flux migratoires vers les grandes agglomérations, et surtout pour protéger notre planète et ses ressources.
1
Banque mondiale des Statistiques. Site Web sur INTERNET. <http://perspective. usherbrooke.ca>. 2 Saad Benmansour. Régions d’avenir. le 3 mars 2017. n° 4887. L’économiste. 3 Jean Haentjens . 2011. La ville frugale, un modèle pour préparer l’après-pétrole. Limoges : éd.Fyp. p. 10.
08
Et afin de valider la pertinence de cette vision, nous nous sommes intéressés à la ville de Béni-Mellal, suite à son application d’une nouvelle politique d’aménagement basée sur la densification de son centre urbain, en passant par exemple d’un quartier dédié à l’habitat individuel à un quartier d’habitat collectif. Une rénovation urbaine qui va non seulement transformer le paysage urbain, mais qui métamorphosera manifestement la manière d’établir la ville moyenne, en se basant sur une mixité verticale. Il est probant que grâce à cette politique foncière, l’agriculture jouera en faveur du développement économique régional et même national. Or, face à cette recomposition morphologique, à l’absence d’une infrastructure de taille adaptée et à une densité élevée, l’individu
risque d’altérer son comportement et d’être moins altruiste et plus agressif. Ce qui nous amène, lors de cette étude, à nous interroger sur la perception de la densification, afin de respecter les exigences sociales et environnementales. Donc, par quel procédé pourrait-on atteindre une densification qualitative ? Serait-il pertinent de s’intéresser à la psychologie environnementale pour y arriver ? Ou bien à la qualité urbaine, qui pourrait représenter une compensation pour une forte densité ?
[1] -- Densification urbaine à Béni-Mellal.
[2] -- Exemple de densification urbaine à Béni-Mellal, vue depuis le piémont.
09
LE CHOIX DE LA VILLE DE BÉNI-MELLAL Tanger Casablanca
Agadir
Béni-Mellal Marrakech
Laâyoune
[3] -Situation de Béni-Mellal, par rapport au autres villes Marocaines.
PIB, CRITÈRE DE DISTINCTION : Régions riches et à économie diversifiée Casablanca-Settat 28.8 % Rabat-Salé-Kénitra 16.2 % Marrakech-Safi 11.4 % Fés-Meknés 9.5 %
1 - Le choix de la ville La sélection de la ville de Béni-Mellal comme espace de recherche pour ce mémoire de fin d’études est motivée par plusieurs considérations : 1 - Ayant habité dans cette région pendant une durée de plus de vingt ans, période qui nous a permis d’acquérir un sentiment d’appartenance à cette ville dont plusieurs de ses quartiers ont été bâtis aux dépens de l’oliveraie. 2- Le développement de l’agriculture est parmi les préoccupations prioritaires du Maroc, tant au niveau politique que social ou même environnemental. Si la croissance économique du pays est positive, c’est grâce à l’agriculture. Elle emploie quatre personnes sur dix et elle génère 20 % du P.I.B. national1. 3- Bien que maintes recherches ont été entreprises dans différents domaines concernant cette agglomération, les champs de l’architecture et de l’urbanisme ont été peu abordés. 2 - Béni-Mellal, ville moyenne ? Selon les experts, dégager une définition figée et globale sur les diverses dimensions de la ville moyenne est une tâche très délicate. En plus des critères de sa taille et du nombre de ses habitants, elle se distingue par sa géographie, sa morphologie, son organisation administrative, ses fonctions et son rayonnement. Aujourd’hui, la ville est considérée comme un moteur économique, plus elle concentre les ressources, les activités et la population ; plus elle est grande. Lors de ce T.P.F.E., nous avons classifié les villes marocaines selon leur PIB national et leur rayonnement économique et nous en avons déduit que Béni-Mellal est une ville moyenne.
Régions intermédiaires émergentes Tanger-Tétouan 8.2 % Béni-Mellal-Khnifera 6.5 % Sous-Massa 6.2 % Oriental-Rif 5.6 % Région à faible rendement Draa tafilalet 3.5 % Trois régions du sud 3.9 % Source : HCP, Comptes régionaux 2010
1
Reportage numérique. Le Maroc vert : l’agriculture familiale au cœur du développement. <https://www.youtube. com/watch?v=PlACg7bWPhY>. [4] -- Empiétement sur les terrains agricoles, périphérie de Béni-Mellal.
10
MÉTHODOLOGIE L’approche utilisée, lors de ce mémoire, s’intéresse à une étude psychologique et environnementale. Une démarche qui nous a guidés, bien évidemment, à cerner et à comprendre comment nous percevons notre environnement, et comment on doit interagir avec. A travers l’usage de la psychologie environnementale en planification urbaine, nous voulons illustrer l’importance de cette discipline dans la fabrication des projets urbains, surtout dans un monde où le nombre de citadins s’accentue jour après jour. Et que la connaissance des atouts de cette psychologie, mènera à discerner quelques préférences des individus en terme d’environnement, et de satisfaire significativement leurs attentes en terme d’espace. Et pour cela, nous avons mené deux démarches distinctes, afin que cette étude suive une méthode scientifique. Elles se présentent sous forme d’un corpus théorique et pratique. Corpus théorique : Les documents recueillis lors de cette phase (bibliographie, webographie et cartographie), étaient nécessaires pour se situer entre les différentes pensées et idéologies appartenant à différents auteurs. Ces données ont été collectées et extraites majoritairement à partir d’ouvrages qui nous ont fortement inspirés, à l’exemple de : la psychologie environnementale, la ville aimable et les dimensions de la qualité urbaine. Ils nous ont, par la même occasion, permis de comprendre et de cerner avec précision divers termes et concepts tels que la densité et ses multiples aspects, la qualité urbaine et la psychologie environnementale. Et Progressivement, lors de cette étape, nous avons intégré les caractéristiques de la ville de Béni-Mellal, afin de démontrer ses faits historiques. Corpus pratique : Quant à cette deuxième étape, il nous est apparu évident de commencer par l’analyse des statistiques d’institutions telles que : le Haut Commissariat au Plan, la municipalité de Béni-Mellal et la direction régionale de l’urbanisme. Une démarche, qui nous était nécessaire, afin de bien saisir les différentes études et rapports officiels déjà réalisés sur place. D’ailleurs, une fois sur le terrain, nous avons pris le temps de revisiter encore une fois le site, déjà familier, puisque nous l’avons fréquenté continuellement pendant plus de vingt-ans. Ceci nous procure un avantage considérable pour cerner ses différents paramètres tels que les activités qui y sont pratiquées, mais encore il faut savoir prendre assez de recul afin de mieux identifier les spécificités de l’espace urbain de cette ville. En dernier lieu, nous avons élaboré une enquête simulée, auprès de 60 personnes, qui nous permettra par la suite, d’acquérir une idée générale sur les attentes de la population, en termes d’équipement et d’espace.
11 11
12
PARTIE
01
DENSIFICATION URBAINE Dès le 20ème siècle, la ville a connu plusieurs développements et en particulier un étalement urbain qui se poursuit encore. Jusqu’à présent, plusieurs urbanistes, paysagistes et architectes s’entendent sur le fait que la densification urbaine est parmi les principes essentiels de la durabilité, étant donné qu’elle implique l’optimisation des ressources naturelles, foncières et financières. Sous l’injonction du développement durable, le débat sur la densification prend une tangente tout à fait nouvelle, formant une tendance qui pourrait certainement renverser la vapeur du processus d’urbanisation au 21ème siècle. En somme, le mot d’ordre aujourd’hui est la densification des territoires. Mais qu’en est-il au juste de ce concept ? Contrôlons-nous vraiment tous ses aspects ?
[5] -- La vallée de Mexico, Mexique.
13
01
PARTIE
CHAPITRE 1 : GÉNÉRALITÉS ET CONCEPTS 1.1 - LA DENSITÉ, QU’EST-CE QUE C’EST ? Le mot densité se qualifie comme un terme ambigu et qui fait peur. Aux aprioris négatifs, une partie de la population le considère comme synonyme de tours et de barres, de détérioration de la qualité de vie et de raréfaction des espaces verts. Selon les chercheurs, on pourra distinguer plusieurs catégories: densité bâtie, brute, nette, de population, résidentielle, d’emplois, végétale, vécue ou perçue. Cette énumération permet du coup de mettre en exergue la diversité des champs d’application de la densité, tant au niveau de la variété des échelles d’appréhension que de la pluridisciplinarité des approches.
1
Le Petit Robert de la langue française. 2014. Version numérique. 2 Roger Brunet. 2005. Les mots de la géographie : Dictionnaire critique broché. Éditeur : La Documentation française. 3 Daniel Gill. 2012. L’art de densifier. Au-delà des mesures de densité : Reconnaître le mode d’habiter. Urbanité. Site Web sur INTERNET. <http://www.stbruno.ca/sites/ default/files/pdf/VS2035_Extrait_Urbanite_ Hiver2012-Art-de-densifier.pdf>. 4 Éric Charmes, la densification en débat, Étude foncière, n° 145, mai-juin 2010, p.20. Site Web sur INTERNET. <http://www. cosoter-ressources.info>
14
Densification urbaine
Dans l’intention de mieux comprendre ce mot, nous allons l’expliquer littéralement : Étymologiquement, le terme de densité est issu du latin densus, ce qui signifie épais. Selon « le Petit Robert » 1, la densité s’appréhende comme « la qualité de ce qui est dense ». À l’article « dense », il est écrit que cela qualifie ce « qui est compact, épais », ou ce « qui renferme beaucoup d’éléments en peu de place ». D’autre part, l’adjectif « compact » indique le peu d’espace occupé, alors que l’adjectif « dense » insiste plutôt sur l’importance de la masse. Roger Brunet, dans son dictionnaire critique2, définit la densité comme « le rapport d’une quantité à une autre, notamment d’un poids à un volume. À un sens très général en mathématiques ; en géographie, c’est toujours le rapport d’un nombre d’objets à une surface définie : habitants par kilomètre carré ». Quant au professeur Daniel Gill à l’Université de Montréal, il résume bien, au sein de la revue Urbanité, cette notion : « La densité est un concept simple à la fois et complexe. Simple par son calcul qui se définit comme étant un rapport de quantité par unité de surface, mais aussi complexe, car pour une même mesure, elle peut faire référence à des formes construites et urbanistiques totalement différentes »3. Pour une appréhension globale du concept, la densité est généralement mesurée sur une échelle quantitative. En revanche, on peut distinguer deux types de densité qui affectent la vie des gens : la densité physique et la densité perçue. La première signifie le calcul numérique d’occupation d’un ou de plusieurs bâtiments dans une surface précise, tandis que la densité perçue réfère à la relation entre les individus et leur environnement. Elle correspond à l’appréciation subjective que font les usagers présents dans un espace donné. Selon Éric Charmes4 la densité physique est considérée comme faible en dessous de 5 000 habitants/km² et forte au-delà de 20 000 habitants/km² .
Basse densité 5 000 ha/km²
10 000 à 20 000 ha/km²
Haute densité Au-delà de20 000 ha/km²
[6] -- Des indices pour évaluer la densité de population.
1.2 – LA DENSITÉ PHYSIQUE La densité physique peut révéler différents aspects: • Densité bâtie, brute, nette • Densité du contenu, du contenant • Densité de population, d’emplois d’activités humaines, du végétale • Coefficient d’utilisation du sol • Coefficient d’occupation du sol Malgré tous ces divers aspects de la densité, il n’existe pas, à ce jour, d’indicateur global permettant de prendre en compte toutes ses variables. Or l’ambiguïté sémantique exprimée auparavant ne décrédibilise pas la densité comme indice de référence3. Elle demeure un indicateur pertinent, parce qu’elle est considérée comme une donnée réglementaire, et que son abstraction est perçue comme concrète par les architectes, les urbanistes et les élus.
[7] -- Représentation d’une densité physique.
15
En définitive, chaque spécialiste a sa définition de la densité, selon des échelles (internes, micro, macro), de surface (nette, brute) et des critères (contenant, contenu). Gill Daniel, entre autres, nous renseigne à nouveau sur ce sujet : « À l’échelle régionale et de la ville, on parlera de personnes ou de logements au km2, tandis qu’à celle du quartier l’unité de référence sera bien souvent l’hectare ; enfin, à l’échelle de l’îlot et du lot, on utilisera plutôt un coefficient, communément appelé le coefficient d’occupation du sol (COS) » 1. Tout compte fait, il existe quatre outils utilisés le plus souvent pour mesurer la densité physique : • Densité bâtie (DB) : elle est le rapport entre le coefficient d’emprise au sol et la surface de l’îlot. « Elle s’exprime en nombre de mètres carrés de surface construite par hectare » 2. • Coefficient d’occupation des sols (COS) : il est l’instrument réglementaire par excellence, il permet de définir les mètres carrés constructibles dans une parcelle, mais il reste muet sur les volumes. • Nombre de logements à l’hectare (NLH) : cet indicateur pourra être utilisé à différentes échelles de territoire pour savoir le contenu des tissus urbains et évaluer leur capacité de développement. • Densité démographique (DD) : elle permet de mesurer la concentration de la population dans une surface donnée.
Nombre de niveaux visibles x emprise au sol du bâti
DB Surface de l’îlot
Nombre de logements
NLH Hectare
1
Daniel Gill. 2012. L’art de densifier. Au-delà des mesures de densité : Reconnaître le mode d’habiter. Urbanité. p.11 2 Mégane Lefebvre. 2013. Densité et formes urbaine, vers une meilleure qualité de vie. Mémoire de fin de cycle : Université Paris Ouest Nanterre la Défense. p.11. Site Web sur INTERNET <http://www. fondationpalladio.fr/download/SIMI2013_ Memoire_Laureat_MeganeLefebvre.pdf> 3 Bechtel, Churchman Arza. 2002. Handbook of Environmental Psychology. Éditeur : John Wiley & Sons, Inc. 4 Robert Sommer. 2003. Milieux et modes de vie : à propos des relations entre environnement et comportement. Éditeur : Infolio, 2006.
16
Densification urbaine
Nombre de la population
Surface constructible COS
DD Parcelle
Surface donnée km²
[8] -- Les principaux indicateurs de la densité physique.
Quelques exemples à propos de la densité démographique à Casablanca et à Béni-Mellal : Quartier
Population Estimée
Surface km²
D e n s i t é d é m o g ra p h i q u e hab/km²
Hay hassani
467 880
7.44
62,887
Sidi moumen
452 863
26.29
17,225
Moulay Rachid
245 484
7.07
34,721
Sidi bernoussi
172 893
12.3
14,056
El Maarif
170 310
12.4
13,734
Anfa
94 281
15.26
6,178
2 592
0.46
5,634
192.553
13
14,811
Mechouar Casablanca Béni-mellal
de
[9] -- Tableau reflétant la densité démographique à Casablanca et à Béni-Mellal, H.C.P., 2014.
1.3 - LA DENSITÉ PERÇUE ET LE SURPEUPLEMENT La densité perçue est un sentiment subjectif dû à un nombre de personnes dans une surface donnée. Elle résulte de notre évaluation de l’environnement. Elle s’évalue majoritairement par notre expérience individuelle. Par ailleurs, le surpeuplement est défini comme une évaluation personnelle de la densité, donnant naissance à un sentiment négatif, voire une agression, physique ou morale. En 1980, Paulus, chercheur dans l’université de Texas dans le département de la psychologie sociale, affirme que pour avoir une densité perçue, il est nécessaire d’avoir une haute densité (un grand nombre d’individus dans une surface)3. De ce fait, il souligne ainsi que la densité perçue ne produit pas toujours un sentiment négatif lié au surpeuplement ou bien à une agression. À titre d’illustration, il démontre que dans une fête agréable ou dans un stade de football lors d’un match passionnant, la densité perçue s’élève considérablement. Par contre, on ne s’aperçoit guère du surpeuplement, tout en étant de belle humeur. En revanche, si nous sommes sur une plage déserte et quelqu’un d’autre vient s’incruster dans le paysage, on pourrait se sentir gêné ou dérangé, même si la densité est minime. Une autre étude réalisée dans le champ de la psychologie environnementale en 1969 par Robert Sommer4, peut expliquer ces propos. Elle se déroulait dans un environnement familier, une bibliothèque universitaire, sous forme de deux expériences. Dans la
17
première, l’expérimentatrice devait s’asseoir très près d’une personne du même sexe en train d’étudier à une table, tout en rapprochant sa chaise du sujet. Alors que dans la deuxième, elle devait se situer à un peu près quatre chaises. Trente minutes plus tard, 70 % des sujets dans la situation de proximité avaient quitté la table contre 10 % dans la seconde. Ceci dit, la densité ressentie déclenche chez l’individu une intense gêne et une forte envie d’évasion dans le but de réacquérir l’espace personnel dont il jouissait auparavant. Soucieux de cette situation, Denis Voisin suggère que la création de multiples échappées visuelles et des espaces verts pourront faire en sorte d’affaiblir la densité ressentie. « La vue, la respiration de la nature atténue la densité ressentie. Les cités-jardins sont souvent, à raison, citées en exemple avec un coefficient d’occupation au sol supérieur à un quartier type “barres d’immeubles”, elles en paraissent notablement moins denses à leurs habitants ». 1 On peut donc envisager que la densité est aussi une question de perception.
[10] -- Illustration d’une plage déserte.
1.4 – LA DENSIFICATION 1.4.1 – Définition de la densification :
1
Denis Voisin. 2009. Le quartier positif : une réponse collective à l’idéal pavillonnaire. Site Web sur INTERNET. < http://www. metrofrance.com>. 2 Henri Lefebvre. 1986. Le droit à la ville, p. 14. Éditeur : Economica, 2009
18
Densification urbaine
La densification urbaine est avant tout l’acte de densifier. Elle consiste à faire vivre davantage de population sur un même espace urbain. L’exemple idéal pour cerner ce concept est celui des poupées russes, matriochkas, qui s’emboîtent les unes dans les autres. La densification peut être alors conçue selon différentes échelles, de la macro au micro : ville, quartier, parcelle, immeuble, logement. Elle peut être ainsi réalisée de différentes manières. Elle pourra se faire en comblant les terrains vides, par les ajouts à un tissu urbain déjà existant ou même par un renouvellement urbain.
Le processus de la densification peut être observé dés le moyen-âge. Durant cette période, il générait des logements insalubres conçus avec des matériaux facilement inflammables. Et à cause d’incendies, d’air infectieux et d’entassement, la densification est devenue synonyme de mal vivre, d’étouffement, d’espace étroit et de promiscuité. Or à partir du 21eme siècle, elle est reprise parmi les solutions idéales pour répondre aux défis de l’urbanisme durable, à tel point qu’elle apparut comme une alternative logique pour atténuer l’étalement urbain, réduire la facture énergétique et offrir des services de proximité. 1.4.2 – les avantages de la densification : Les avantages majeurs de la densification urbaine ne sont pas seulement matériels : l’économie d’espace, la réduction des coûts d’urbanisation, la diminution de la dépendance aux transports, etc. Néanmoins, lorsque la densité est gage de qualité urbaine, elle permettra sans doute la création des espaces collectifs, source d’interactions sociales et d’appartenance à une communauté. Cette sensation non mesurable qui se développe dans une communauté pendant les moments d’interaction et de partage a malheureusement tendance à se raréfier. De nos jour, le dilemme n’est plus de combiner les avantages de la campagne à ceux de la ville, mais plutôt d’amplifier le rôle social de nos villes pour parvenir à une densification urbaine de qualité. Selon Henri Lefebvre habiter c’est « participer à une vie sociale, à une communauté, village ou ville » 2.
Classement international
Pays
Villes
Population Estimée
Densité de Surface la population km² hab/km²
1
Bangladesh
Dhaka
16,235,000
368
44,100
2
Pakistan
Hyderabad
2,990,000
73
41,200
3
India
Vijayawada
1,775,000
57
31,200
64
Egypt
Alexandria
4,775,000
293
16,300
90
Morocco
Marrakech
1,210,000
80
15,100
100
Morocco
Fez
1,220,000
83
14,700
136
Morocco
Meknes
685,000
52
13,200
170
Morocco
Casablanca
3,240,000
272
11,900
226
Morocco
Rabat
1,880,000
184
10,200
[11] -- Classement de quelques villes selon leur densité, 2016. 12th Annual Edition of Demographia World Urban Areas
19
1.4.3 - La densification et l’échelle humaine Au cours du siècle dernier, nous avons été témoin d’une planification urbaine favorisant les transports routiers au détriment des déplacements piétons, et ne privilégiant pas ainsi l’échelle humaine dans le développement urbain. Parmi ces planifications modernes du 20ème siècle on retrouve «Brasilia» : une ville construite par Oscar Niemeyer et Lucio Costa entre 1957 et 1960 pour faire valoir le mouvement moderne « fonctionnaliste ». Et à cause de cette planification à l’échelle de l’automobile à Brasilia ou ailleurs, le piéton étouffé par les fumées des pots d’échappement, est obligé de pratiquer des activités récréatives, loin de chez soi, en parcourant plusieurs kilomètres. La ville moderne est hostile à l’échelle humaine. L’échelle est un facteur important déterminant la façon dont nous percevons notre environnement. Par exemple si on se balade dans une ville telle que Amsterdam, on y trouvera des petits bâtiments, des rues et des espaces étroits qui créent un environnement intime, tandis que les grands bâtiments et les rues larges peuvent procurer un effet inverse, la ville de Détroit en est l’exemple. En addition à tout ceci, la manière dont on interagit avec la rue est très complexe à appréhender parce qu’elle dépend tout d’abord de l’endroit où nous sommes dans la rue et ensuite la façon avec laquelle nous sommes orientés. C’est ce que l’architecte Ioeh Ming Pei appuie dans un interview : « La notion d’échelle, le point clef de notre métier, ne s’apprend pas théoriquement. Seule l’expérience vous l’enseigne » 2. En d’autres termes, si nous sommes face à un gigantesque mur, l’envahissement de ce dernier éveillera en nous un sentiment d’infériorité et d’écrasement. En contrepartie, si nous nous tournons vers la rue, l’espace peut nous sembler moins imposant. Tout compte fait, de nombreux exemples de rues créent un bon sens d’espace positif par leur prospect et préservent l’échelle humaine par leur gabarit d’immeuble comme le montre la [fig. 12].
Champ émotionnel de vision
m
5 -2
m
22 1
Philippe Boudon (sous la direction de). 1991. De l’architecture à l’épistémologie. p. 234. Site Web sur INTERNET <http://www. implications-philosophiques.org/societe-2/ ville/lechelle-humaine-dans-larchitecturecontemporaine/>
20
Densification urbaine
3.7 m Distance publique [12] -- Champ émotionnel de vision.
D’après Jan Gehl, pour bâtir la ville à échelle humaine, il faudrait s’intéresser au champ émotionnel de vision de l’individu. Il affirme que: « nous pouvons détecter le mouvement et la posture du corps sur les personnes qui sont à 100 mètres, mais pour lire les expressions faciales et les émotions, on a besoin dans les environs de 22 à 25 mètres. Ceci est appelé le champ émotionnel de vision »1. Par exemple dans un immeuble élevé, la communication avec l’environnement est excellente aux deux étages du bas (rez-de-chaussée et en R+1) et passable au deuxième étage. En général, de ces niveaux, on peut observer et entendre clairement ce qui se passe dans la rue (objets, paroles, cris, gesticulation...). Vers D Depuis D Quoiqu’à partir du cinquième étage, la situation change radicalement, les détails deviennent imperceptibles et on ne peut ni reconnaître les personnes ni communiquer avec elles [fig. 13]. Cette observation nous montre que si un bâtiment atteint une hauteur de cinq étages, il est plus difficile de maintenir le contact entre la rue et le bâtiment. Néanmoins, il est possible de placer des planchers au-dessus de cinq étages, si leurs occupants favorisent un isolement de leur monde extérieur. Vers C
Depuis C
Vers B
Depuis B
De A à A
De A à A
m
D
limite , m
C
limite importante ,
B
m
limite
A
[13] -- L’échelle humaine.
21
1.4.4 - La densification et la forme urbaine En abordant le thème de la densification urbaine, il est essentiel, avant tout, de se rappeler du rôle de la forme urbaine dans la modernisation de la densité. Pour parvenir à une compréhension synoptique, en 1928, les théoriciens des CIAM1 remettent en cause la forme urbaine traditionnelle, synonyme de logements taudis et rues étroites. Dès lors, ils promettent à l’humanité un avenir radieux grâce à l’élaboration d’une ville à la fois fonctionnelle et moderne. Plus encore leur théorie avait pour objectif de rendre la ville plus fonctionnelle, en se focalisant sur cinq principes : habiter, travailler, se cultiver, circuler et se divertir.
[14] -- Type de ville médiévale.
[15] -- Plan Voisin pour Paris réalisé par le Corbusier.
Par la suite, en 1933, durant leur quatrième congrès, à Athènes, ils s’entendent pour adopter une nouvelle résolution urbaine connue aujourd’hui sous le nom de la « Charte d’Athènes » ; un texte fondateur de l’architecture et de l’urbanisme moderne. Cette dernière porte sur des sujets concernant la planification et la construction des villes tel que : la séparation des zones résidentielles des artères de transport, la proximité des équipement et la favorisation des constructions en hauteur.
1
CIAM : Congrès International de l’Architecture Moderne 2 Alain Galliari. 1995. Entretien avec Christian de Portzamparc, L’ilot ouvert à masséna. p : 67 3 ibid., p : 76 5 Jean Cousin.1980. L’espace vivant. Paris : Éd. du Moniteur.
22
Densification urbaine
En dépit de ce qui précède, la ville classique, construite sous forme de rue et d’îlots, était souvent critiquée. En 1974, Christian de Portzamparc qualifie la ville moderne comme peu évolutive : « Elle a été le fruit d’une planification rigide, définitive, et d’une “municipalisation” des sols. Évidemment la ville classique était un réservoir de leçons, mais non un modèle à recopier »2. C’est pourquoi il avance une nouvelle théorie, celle de l’îlot ouvert [fig. 16]. Son concept était destiné à répondre à trois problématiques primordiales3 : •Stigmatiser l’effet catastrophique de la densité moderne (en évitant d’avoir des
[16] -- Plan masse du projet « Yléo » à Nantes.
cours fermées dans un bâtiment pour faire entrer la lumière, et d’ouvrir les immeubles sur les quatre côtés d’orientations). •Tolérer la diversité des hauteurs et des matériaux des immeubles dans un îlot. • S’intéresser à la rue comme étant des échappées visuelles et non étant des corridors. Tout cela considéré, la morphologie urbaine est la résultante des événements historiques, politiques, culturels et architecturaux. Elle est le fruit d’une évolution spontanée ou planifiée par la volonté des pouvoirs publics. En définitive, la forme urbaine nous permet, bien évidemment, d’obtenir une idée préalable sur la densité, comme le montre [ill. 17].
Maisonnette Maison Appartements
[17] -- Formes urbaines.
D’après cette figure, nous pouvons constater trois morphologies différentes de bâtiment, reflétant la même densité : •Grande hauteur : Bâtiment de grande hauteur situé en milieu de l’îlot. •Faible hauteur : Plusieurs bâtiments alignés sur la rue. •Hauteur moyenne : Bâtiments alignés sur la rue et organisés autour d’un cœur d’îlot central.
23
1.4.5 - La densification de l’espace vert dans l’espace urbain De prime abord, l’espace urbain est un concept élaboré par l’INSEE1, lors des recensements de la population entre 1990 et 1999 afin de désigner l’organisation de l’espace géographique de la France. Cette terminologie n’est désormais plus utilisée aujourd’hui par cet organisme, puisque ce dernier l’a modifié en «Espace à dominante urbaine». Par ailleurs, l’espace urbain dans ce travail se détermine comme opposition au milieu rural. D’une part, il représente une mixité d’activités où se regroupent les Hommes et correspond à l’espace où les interactions sociales se concrétisent : déplacement utilitaire, pause, repos, conversation, etc. Et d’autre part, il représente «un produit sédimenté d’intentionnalités multiples, concurrentes ou successives»2 : une histoire accumulée. L’espace urbain est devenu le miroir de la société urbaine. Étant donné qu’il représente le degré de la modernité, le dynamisme et le progrès de notre civilisation. Pourtant au-delà de nos fenêtres, l’espace urbain commence avec du verre, du béton, de la brique, de l’asphalte, de la pollution, du bruit et de la circulation automobile. En conséquence, notre population est devenue déconnectée de son monde naturel : nos espaces urbains sont devenus des endroits hostiles à la nature.
1
INSEE : Institut national de la statistique et des études économiques. 2 Bernard Francq. 2003. La ville incertaine : politique urbaine et sujet personnel. P : 19 3 Merlin, Choay Françoise. 2005. Dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement. Édition puf. 4 Organisation mondiale de la santé. «Reducing global health risks through mitigation of short-lived climate pollutants». Rapport d’orientation destiné aux responsables politiques (Genève, 2015). Site Web sur INTERNET. <http://www.who.int/ phe/publications/climate-reducing-healthrisks/fr/>.
24
Densification urbaine
Dans le dessein de fabriquer la ville sur la ville, la densification et l’espace vert demeurent deux notions antagonistes qui doivent préexister comme une condition sinequanone afin de réguler le naturel et l’artificiel. Etant donné que les espaces verts sont considérés comme une articulation entre le naturel et l’artificiel, on les étiquette comme étant « espace végétalisé, privé ou public, localisé à l’intérieur des zones urbaines ou urbanisables »3. Ces derniers jouent un rôle important dans notre vie quotidienne, en nous offrant : un cadre de vie, un espace de détente, une biodiversité et un lien social. Sur ce, ils sont considérés comme des éléments participant à l’identité d’une ville. Et le plus important, c’est que leur quantité et leur développement limitent les déplacements des citadins vers le périurbain. « L’augmentation du nombre d’espaces verts et de leur qualité peut atténuer les polluants atmosphériques à courte durée de vie qui contribuent de manière significative au réchauffement de la planète et entraînent chaque année la mort prématurée de 7 millions de personnes causée par la pollution de l’air »4.
[18] -- Avenue de Broadway, New York.
[19] -- Place des nations unies, Casablanca.
[20] -- Boulevard Mohamed V, Béni-Mellal.
25
CHAPITRE 2 : LA DENSITÉ ENTRE DURABILITÉ ET FRUGALITÉ 2.1 - LA DENSITÉ ET LA VILLE DURABLE 2.1.1 - La ville durable Le développement durable est devenu une préoccupation primordiale après la publication du rapport Brundtland en 1987 par la commission mondiale sur l’environnement et le développement. Ce dernier décrit le développement durable comme étant : « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins » 1. Ses intérêts se centrent essentiellement sur 3 axes : l’économie, la société et l’environnement. La notion de la ville durable procure une grande importance au développement durable de notre planète. Certes, son modèle urbain ne se résume non seulement à la nécessité de préserver nos ressources naturelles limitées, mais aussi à répondre aux ambitions économiques, politiques et sociales. « La ville durable est un tout. La mise en place de la ville durable doit permettre de réurbaniser la ville, associer les différentes fonctions “habiter” et “travailler” au sein d’un même espace, relier les quartiers entre eux, promouvoir une nouvelle citoyenneté, remailler la ville en associant les habitants aux processus de décisions. En somme, la ville durable c’est faire autrement » 2. Toujours dans le même contexte, Jean Haentjens, économiste, urbaniste et conseiller en stratégies urbaines, prévoit que cette notion de «ville durable» n’est pas un modèle clé en main vu qu’elle peut être imaginée 1 Commission mondiale sur l’environnement selon nos attentes, nos idéologies, notre culture et notre géographie. et le développement. Notre avenir à tous Ceci aboutit à la formation de non un seul modèle de ville durable (Our Common Future), 1987. Site Web sur mais de plusieurs qui seront adaptés à la diversité des situations : INTERNET. <http://www.diplomatie.gouv. « La notion de la ville durable apparaît aujourd’hui floue pour fonder fr/sites/odyssee-developpement-durable/ des stratégies pertinentes. Elle porte tellement de finalités économiques, files/5/rapport_brundtland.pdf> sociales, écologiques, culturelles et d’images rêvées que les priorités 2 Laure Vichard-Cormont, . 2014. La ville ne sont plus lisibles. En refusant d’affronter ses contradictions internes, durable : entre idéal et réalité. Master elle tend à devenir un slogan marketing ou une formule politiquement GAELE Aménagement et Urbanisme, Paris correcte » 3.
IV Sorbonne. Site Web sur INTERNET. <https://issuu.com/lorounette78/docs/m__ moire_laure_vichard-cormont> 3 Jean Haentjens. 2011. La ville frugale, un modèle pour préparer l’après-pétrole, p 10, éd.Fyp 4 Rémy Allain. 2010. Centralité, urbanisme durable et projet : Formes urbaines et développement urbain durable. Urbia, n° 11.
26
Densification urbaine
À vrai dire, malgré sa signification trop ambiguë et sa réalisation quasiment utopique, développer la ville durable c’est de prime abord un projet de société complet, ou, plus exactement, un catalogue d’intention :
FONCTIONS URBAINES Environnement
Démographie, santé Économie Social Politique, gouvernance Culture Symbolique, éthique Éducation Technique, logistique Urbanisme
OBJECTIFS Qualité de l’air et de l’eau, biodiversité, énergies renouvelables, lutte contre le réchauffement climatique, etc. Santé, possibilité d’élever des enfants. Économie locale, marché du travail, circuits courts. Climat positif, mixité, ouverture, sécurité. Démocratie locale, coproduction des décisions. Rayonnement, identité, créativité. Confiance en l’avenir, fierté, tolérance, valeurs. Rayonnement, innovation. Mobilité pour tous, efficience énergétique. Attractivité, qualité des espaces publics, confort urbain.
[21] -- Tableau motionnant les différentes intentions d’une ville durable.
Selon Rémy Allain, professeur de géographie urbaine et d’urbanisme, il affirme que la petite taille d’une ville joue en faveur de sa durabilité. « Nous partons du constat (et non du postulat) que les très grandes villes (plus de 5 millions d’habitants) ne sont pas des modèles de développement urbain durable (...) Pourtant parler de “ville durable” sans d’abord envisager la question de la taille des agglomérations et les politiques d’aménagement du territoire à l’échelle des États et des “grands espaces” est une erreur scientifique et un mensonge politique lourds de conséquences. C’est vouloir soigner les symptômes sans s’attaquer aux causes profondes de la pathologie »4. Quoi qu’en dise, face à un accroissement de la population, la ville durable reste, pour l’instant, une chimère. De ce fait, doit-on passer à une échelle plus réduite, plus maîtrisée, sous forme d’écoquartiers, pour concrétiser la ville durable ?
27
2.1.2 - Écoquartier L’écoquartier est aujourd’hui un concept concret fleurissant dans les quatre coins du monde. Il est un modèle de quartier urbain à caractéristiques écologiques dans la mesure où, il représente des solutions idoines, répondant à l’équation de : comment concevoir des quartiers tout en intégrant tous les enjeux du développement durable ? À cet égard, voici ci-dessous quelques points de la conception de ce modèle urbain1 : •Le choix d’un site pertinent : Afin de réussir l’implantation d’un écoquartier, il est judicieux d’investir des dents creuses ou même de réhabiliter des bâtiments anciens. •La proximité et les solutions alternatives à la voiture : En vue de mieux encourager la mobilité à l’échelle d’une localité, l’écoquartier envisage de placer des modes de déplacements variés : – Une offre de transport en commun. – Une hiérarchisation des voiries à l’échelle du quartier structurante ou secondaire. – La réalisation d’un maillage de circuit piéton et des pistes cyclables afin de favoriser des modes propres et peu nuisant. •La diversité spatiale et la lutte contre l’étalement urbain : L’idée du développement durable est fondamentalement opposée à l’étalement urbain. Ce type de quartier encourage : – Un nouvel urbanisme où la densité agit comme un facteur de préservation des terrains agricoles. – Une densité où une diversité à la fois architecturale et spatiale coexiste. •La sobriété énergétique : Ce concept urbain favorise la limitation des déperditions thermiques, un ensoleillement optimum des constructions, utilisation des énergies renouvelables, utilisation des technologies économes (pompes à chaleur, chaudière à condensation), etc.
1
Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’Environnement de la Sarthe. Site Web sur INTERNET. <https://issuu.com/ cauedelasarthe/docs/ecoquartier>.
28
Densification urbaine
[22] -- Écoquartier Vauban Freiburg, Allemagne.
•La conception des espaces publics structurants : L’objectif des espaces publics dans un écoquartier est de favoriser les échanges, les rencontres et l’implication de la population dans le quartier, c’est la raison pour laquelle, ils doivent être conviviaux et multi-usages. •Le respect du cycle de l’eau : Une bonne maitrise d’un urbanisme durable débute par la gestion de l’eau. – Réguler les flux et prévenir des inondations. – Recharger les nappes phréatiques. – Redonner l’accès à l’eau au plus grand nombre. – Perméabiliser les sols. •Renforcement de la biodiversité : L’écoquartier est une solution subtile à la préservation des milieux naturels en ville. •La gestion des déchets : Le traitement des déchets depuis le tri jusqu’au ramassage est une préoccupation pour l’écoquartier, ce qui nécessite la mise en place des composteurs individuels ou groupés par îlot afin de valoriser la notion du développement durable. De ce point de vue, l’écoquartier est une nouvelle manière pour redessiner les villes et concrétiser une durabilité urbaine. Il fait en sorte que les habitants vivent sur une surface plus resserrée, utilisant moins leurs voitures et, en peu de mot, consommant moins de ressources. Cependant, pourraiton appliquer ce modèle urbain au Maroc ?
-50
-20 0 20 50 100
Variation en pourcentage des rendements entre le présent et 2050
Face à un réchauffement planétaire général, le Maroc, pays à vocation agricole, est menacé de réduire son rendement agricole à 50 % d’ici à 2050 [illustration n° 29]. Dès lors notre nation vivra, indéniablement, plusieurs pénuries (famine, baisse des nappes phréatiques, sécheresse, etc.). Dans le but de faire face à ces éventuelles crises, l’écoquartier au Maroc pourrait être un véritable modèle urbain à suivre, puisqu’il préserve l’environnement en protégeant les terres nourricières et en limitant les gaz à effet de serre tout en ayant recours à des matériaux écoresponsables.
[23] -- Les impacts projetés sur les rendements agricoles dans un monde chaud de 3 °C. The Global Risks Report 2016, 11 th Édition.
29
2.1.3 - La ville dense : un début pour la ville durable « La ville dense n’est pas nécessairement synonyme de démolition et de construction en hauteur, hors gabarit. Elle peut être cohérente avec le tissu urbain existant ainsi qu’avec les usages et aspirations des résidants ».1 Pénélope Darcy, urbaniste. Au nom de la modernisation et l’augmentation de la population, les grandes villes connaissent une extension urbaine, qui entraînent malencontreusement une énorme déperdition de ressource déjà très restreinte. Prenons Shanghai comme exemple : Des géographes, ayant étudié le développement de celle-ci durant ces quatre dernières décennies, ont été impressionnés par son incroyable évolution urbaine. Cette ville industrielle qui comptait 12 millions de personnes en 1982, a vu cet effectif doubler en 2016, la rendant ainsi l’une des plus larges régions métropolitaines du monde (plus de 1302 km²).2 Les images collectées par les satellites de Landsat voir la carte [25] illustrent cette évolution. Les zones grises et blanches se référent aux aires urbaines quant à la couleur verte, elle indique des terrains agricoles. Cette situation non durable est par conséquent considérée comme conjoncturelle à l’évolution des transports rapides, des télécommunications et l’engouement de la maison individuelle. Cette frénésie de la maison individuelle a effectivement poussé nos sociétés à former de vastes couronnes autour des zones urbanisées. La majorité des ménages préfèrent aujourd’hui habiter en périphérie, où ils bénéficient d’un logement plus grand et bien souvent individuel. Or, elle a engendré plusieurs corollaires : déperdition des terrains agricoles, consommation des énergies fossiles, pollution de l’air, etc. A la recherche d’un modèle « durable » pour le développement des villes, la ville compacte s’affirme comme une alternative à l’étalement urbain. Elle a pour ambition de développer la vie urbaine en créant des espaces publics d’interaction, en encourageant la marche comme principal mode
1
Pénélope Darcy. 2012. Les figures de la densification urbaine. Urbanité hiver. p : 11. Dernière consultation : le 04-01-2017. 2 Adam Voiland, Sprawling Shanghai. Site Web sur INTERNET. https:// earthobservatory.nasa.gov/Features/ WorldOfChange/shanghai.php
30
Densification urbaine
[24] -- Densification urbaine à Vancouver, Canada.
de circulation et en sollicitant une mixité fonctionnelle dans l’usage de sol et une intermodalité. En fin de compte, la ville dense semble être un début prometteur à la ville durable. Néanmoins le fait de densifier, de planter des espaces verts tout en créant une intermodalité suffira t-il vraiment pour limiter la consommation de nos ressources naturelles et procurer une qualité urbaine ?
1984
2016
[25] -- L’évolution urbaine de Shanghai depuis 1984, Chine.
31
2.2 - LA DENSITÉ ET LA VILLE FRUGALE : 2.2.1 - Pourquoi la ville frugale ? Au vu des résultats de la COP21 à Paris, la décision des états montre que la lutte contre le réchauffement climatique continue. Cette volonté apparue lors de cette rencontre interne affirme que notre société est désormais persuadée que son modèle de développement n’est pas pérenne. Mais malheureusement, notre civilisation n’est pas encore prête à revoir ce modèle caractérisé par sa forte dépendance à l’énergie fossile et par son organisation urbaine dominée par l’usage de la voiture. Dans la conjoncture de raréfaction des ressources naturelles, nos sociétés doivent être convaincues que la surconsommation des ressources n’est pas un gage de qualité de vie, et qu’il est nécessaire d’inventer un nouveau modèle urbain économe qui assure une qualité de vie. Le principe de la frugalité peut en être le début d’une nouvelle évolution urbaine. Il pourrait se résumer par « le choix de vivre mieux en consommant moins de ressources » 1. Selon le philosophe grec Épicure, l’attitude frugale n’exclut pas le luxe, mais recherche avant tout une non-dépendance par rapport au faux luxe et aux faux plaisirs. « Le concept de la frugalité est une synthèse des idées qui sont aujourd’hui expérimentées par les villes les plus innovantes... Il illustre un mode de raisonnement fondé à la fois sur la recherche de compromis, notamment entre les attentes et les contraintes, et sur la recherche de cohérence dans l’utilisation des nombreux leviers qui permettent d’agir sur le destin des villes »2.
1
Jean Haentjens. 2011. La ville frugale, un modèle pour préparer l’après-pétrole. p : 27. Limoges : éd.Fyp 2 ibid., p 11. 3 José Quádrio Alves. 2015. Durabilité et résilience : des concepts clés pour les villes de l’avenir. Site Web sur INTERNET. <https:// www.cgi.com/fr/blogue/gouvernements/ durabilite-resilience-villes-avenir>.
32
Densification urbaine
Quelques bonnes raisons pour s’intéresser à la frugalité : D’aprés Jean Haentjens, la demande et l’augmentation des prix pétroliers vont certainement grimper d’ici peu de temps. Et en parallèle avec cette progression, la hausse des coûts urbains (logements, déplacements, dépenses publiques locales) va progresser beaucoup plus vite que le pouvoir d’achat [fig. 39]. Ces derniers auront un impact négatif sur le plan social et économique. Car enfin de compte, ce seront les ménages les plus pauvres, les plus souvent locataires, qui vont supporter de plein fouet la flambée des loyers. Ce sont ces même ménages, satellisés en périphérie, qui assumeront l’augmentation des prix du carburant. Une ville frugale, une ville résiliente : Appliqué à nos villes, le principe de frugalité leur permettra de changer leur mode de développement urbain. À cet égard, quatre priorités essentielles permettront l’évolution de ce modèle : développer les transports collectifs, renforcer les densités, préserver la mixité fonctionnelle et sociale et rapprocher les emplois des habitants.
Et c’est grâce à ces quatre contraintes que nos villes acquerront une résilience permettant de faire face à certains évènements perturbateurs (désastres naturels, crises économiques et troubles sociaux) comme l’explique José Quádrio Alves, « la résilience réside dans la capacité d’une ville à réagir à des événements tout en minimisant les dommages et en assurant une récupération rapide »3. Les défis de la ville frugale selon Jean Haentjens : La frugalité conduit à s’intéresser à quatre questions essentielles : -Comment concilier les attentes de mobilité avec l’impératif de dépendance énergétique ? -Comment concilier les désirs d’espace et de nature avec l’usage économe du sol ? -Comment concilier le souhait d’un développement équilibré des territoires avec les logiques spontanées de concentration et de polarisation ? -Comment concilier la qualité de vie en ville avec une modération des coûts urbains ?
60,000.00
Urbain Rural
45,000.00
Ensemble
30,000.00 15,000.00
2000/01
1998/99
1990/91
1984/85
1970/71
1959/60
0.00 Années
[26] -- Figure représentant l’augmentation des dépenses annuelle par ménage par milieu (en dirhams courants), Maroc. Haut Commissariat Au Plan. MOBILITÉ SOBRIÉTÉ
COMPACITÉ
POLARITÉ, ATTRACTIVITÉ
DÉSIR D’ESPACE
RÉPARTITION, VIABILITÉ
QUALITÉ URBAINE COUT GLOBAL
[27] -L’équation de la ville frugale : Les quatre compromis.
33
2.2.2 - Mobilité et dépendance énergétique : La mobilité n’est plus marginale ni secondaire dans les modes de vie. Elle est devenue un élément central dans notre quotidien, à tel point que l’immobilité est devenue un facteur d’exclusion. La possibilité de se déplacer est une satisfaction en soi, elle est une occasion formidable pour choisir un métier, une vie sociale, des loisirs, etc. Le droit à la ville commence par le droit à la mobilité. On peut distinguer trois types de mobilité avec lesquels l’urbanisme frugal donne des réponses relativement fines et ciblées : •La mobilité professionnelle Ce type de mobilité est facilement repérable lors des heures de pointe. Il représente 30 % des mouvements urbains et près de 55 % de la consommation d’énergie1. Jean Haentjens, affirme que ce type de déplacement a progressé, dans le monde, depuis 1990 (de 7 km à 11 km par déplacement), une progression qu’il justifie par le fait de la dispersion des activités en périphérie des villes. Et pour minimiser les coûts écologiques et financiers de la mobilité professionnelle, l’urbanisme frugal a l’intention d’y remédier par des modes de transports motorisés. Il propose alors comme solution principale de remplacer la voiture par les transports collectifs, comme le tramway et le train. •La mobilité domestique La mobilité domestique correspond à des distances courtes (inférieures à 3 kilomètres), mais à des usages fréquents. Ce mode de déplacement pourra conséquemment être traité avec des modes piétons ou cyclables, tout en garantissant une sécurité et des voies adaptées. •La mobilité ludique et sociale La mobilité ludique se positionne à une échelle intermédiaire entre les précédentes. Elle est la mobilité qui exprime la notion du plaisir urbain : promenade, rencontre, choix d’itinéraire, émerveillement, etc. Et pour favoriser ce mode ludique, l’urbanisme frugal s’intéresse aux différents modes de déplacement : rollers, skate, patinette, vaporetti, funiculaire, etc. Vouloir stigmatiser la mobilité au nom de la durabilité serait une rétention à l’agrégation urbaine et à l’épanouissement de l’individu. Néanmoins, le fait de concilier la mobilité et la sobriété énergétique est à considérer comme un bon départ pour une ville durable. Mode de déplacement
1
Jean Haentjens. Op. cit. p : 32 2 Jean Haentjens. Op. cit. 47. 3 Jean Haentjens. Op. cit. 48.
Consommation (gep/vkm)
Émission (g CO2/km)
Voiture (1,2 passager)
60
180
Bus
40
125
Deux roues motorisées
20
75
Tramway, train
15
5
Vélo, marche à pied, roller...
0
0
[28] -- Tableau indiquant les performances des différents modes de transport en milieu urbain.
34
Densification urbaine
2.2.3 - Désir d’espace et compacité La ville frugale apporte une énorme préoccupation au souci
d’économie d’espace et à la densité urbaine. Cet intérêt envers la compacité urbaine se justifie par la présence d’une relation entre la consommation d’énergie et la densité. Selon une étude réalisée par Peter Newman et Jeffrey Kenworthy, ils prouvent que cette connexion mutuelle existe. Ils affirment aussi que si les distances à parcourir augmentent dans une ville, la part de la marche et du vélo se réduit, le niveau de service des transports collectifs s’effondre et en fin de compte la voiture devient la seule solution pour se déplacer. Cela ne signifie pas pour autant que la ville frugale doit être une cité verticale hyperdense puisque « La surdensité n’est pas un objectif intéressant pour une ville frugale. Le peu d’économie d’énergie qu’elle apporte ne vaut pas la perte de confort et de vivabilité qu’elle induit »2. Et pour bien argumenter cette densité, l’urbanisme frugal fait intervenir deux notions de base : Masse critique et mixité fonctionnelle Généralement, la densité urbaine doit posséder une masse critique de population justifiant l’implantation de ses aménités. De ce fait, la ville frugale doit offrir des services urbains élémentaires qui pourront rassembler un large nombre d’individus à une distance piétonne. L’avantage majeur de la masse critique réside en sa contribution à une mixité fonctionnelle. Elle apporte, dans un quartier, des populations différentes de celles qui y résident ; une autre manière efficace pour contribuer à une mixité sociale. La notion de courte distance « La notion de courte distance dépend du relief, du climat, de la forme physique des habitants et de la qualité du parcours urbain. Elle est communément située entre 300 mètres (distance minimale) et 700 mètres (distance maximale) pour un parcours piéton » 3. La proximité des services et des principaux commerces en un même point est un facteur important pour l’urbanisme frugal. Et pour remplir pleinement ce rôle, le quartier étant un élément principal, doit répondre aux attentes quotidiennes du citoyen. Michel Ecochard, lui, a eu l’idée d’utiliser cette notion sous forme d’unité de voisinage au niveau de Casablanca et plus exactement à Hay Mohammadi ; une organisation qui groupera un ensemble d’habitations autour d’un équipement. En gros, l’unité de voisinage d’Ecochard avait pour vocation d’offrir aux différents habitants d’un quartier, un certain nombre de services à courte distance.
35
2.2.4 – Échelles, polarités et centralités : L’agencement des polarités et des centralités organise d’une façon directe les flux de déplacements. Après avoir été longtemps ignoré, il apparaît aujourd’hui comme une clé de l’urbanisme frugale1. Selon Jean Haentjens : « les polarités définissent des espaces regroupant des quantités importantes de population ou d’activités. C’est une notion principalement quantitative, liée à la masse critique. Selon l’échelle à laquelle on se situe, le périmètre de la polarité peut être très variable »2. Par exemple, un village est une polarité pour un milieu rural environnant. Le grand Casablanca est une polarité pour le Maroc ; le quadrilatère Casablanca/Caire/Johannesburg/Lagos est une polarité pour l’Afrique. Les centralités eux, sont « des lieux regroupant un certain nombre de fonctions (commerciales, politiques, économiques, symboliques, culturelles, etc.). La notion de qualité prévaut sur celles de masse et de quantité... Au sein d’une même agglomération, les fonctions de centralité peuvent être concentrées dans un lieu unique, l’hypercentre, ou réparties dans plusieurs centres, plus au moins spécialisés »3. En effet, la question de polarités/centralités est une affaire très délicate pour nos villes, car chaque cité est aujourd’hui appelée à se décider entre deux solutions : l’hyperconcentration des activités en un point unique ou bien leur dispersion sur le territoire.
1
Jean Haentjens, 2011, La ville frugale, un modèle pour préparer l’après-pétrole, éd.Fyp 2 ibid. 3 ibid. 4 Rémy Allain. Centralité, urbanisme durable et projet : Formes urbaines et développement urbain durable. Urbia, n° 11.
36
Densification urbaine
Échelle ville
Échelle
Petite ville
5 000 hab
10 000
Piéton
Rayon
Co m m e rc es et services urbains.
Fonction
Ville moyenne
50 000 hab
100 000
Vélo
B a s s i n s d’emploi, hôpital, gare TGV
Métropole régionale
200 000 hab
500 000
Tramway
Université, centres de décision, é q u i p e m e n ts culturels, aéroport.
Métropole internationale
1 M hab
2 M
Train
C a p i t a l e économique ou politique, sièges sociaux, hub aérien, médias.
[29] --Tableau présentant les différentes échelles et fonctions d’une ville.
Légende Principaux axes des transports publics
Spina 4
Axes secondaires des transports publics Centralités à l’échelle de la ville Spina 2
Scalo Vanchiglia
Centre-ville Spina 1
Mirafiori
[30] -- Plan Métropoles.
multipolaire,
Rennes-
[31] -Turin.
Organisation des centralités à
Aujourd’hui, l’agglomération de Rennes s’est organisée selon un plan multipolaire totalement dépendant de la voiture et où les pôles satellites fonctionnent comme des banlieues-dortoirs. La densité démographique de Rennes-Métropole est de 6,6 habitants à l’hectare (très basse densité)4. Si on la place dans la courbe de P. Newman, ce serait donc très à gauche de l’axe des abscisses (une forte consommation d’énergie). Toutefois l’exemple de Turin est plus convaincant, son organisation a été repensée selon une mise en réseau de plusieurs pôles accompagnés d’une plateforme multimodale. Cette ville est passée d’un modèle monocentrique à un modèle polycentrique qui lui permettra davantage de répartir les concentrations urbaines et de mieux gérer sa mobilité. Du coup au cours des prochaines années, cette cité va changer radicalement son organisation spatiale, en passant d’une ville fortement dépendante d’un seul centre (historique), à une ville organisée en fonction de plusieurs polarités complémentaires. En somme, ce modèle lui permettra de maîtriser le trafic individuel motorisé, cependant la contrainte du cout urbain global constituera t-elle lors de la réalisation de cette orientation un ardu défi à relever ?
37
2.2.5 – La question du cout urbain global : La frugalité urbaine ne peut être un modèle convaincant que si elle se traduit par une réduction des coûts. Donc quels sont les coûts de la frugalité et quelles sont les solutions proposées ? 1- Les coûts de la frugalité — Afin de garantir une meilleure mobilité, il faut investir dans les modes de transport pour changer le modèle urbain. Et cet investissement est difficilement autofinançable. – Il est plus coûteux de faire la ville sur elle même (acquisitions d’immeubles, démolitions, etc.) que de l’étendre. – L’étalement urbain d’une ville est encouragé par des prix de terrains abordables. 2- Quelques parades possibles :
– Permettre aux collectivités locales de récupérer une partie de leur investissement dans les transports publics. – Établir des péages urbains comme à Londres ou Stockholm pour financer les transports collectifs. – Planifier des nouvelles polarités permettant de limiter les pressions immobilières s’exerçant sur les espaces centraux. – Pratiquer la politique d’acquisition foncière permettant d’anticiper et réguler les hausses du marché. Face à des tensions qui ne cessent de s’amplifier (réchauffement climatique, urbanisation croissante et pénurie de pétrole), la ville de demain deviendra laconiquement une ville qui aura pour simple objectif de se préoccuper de l’avenir de notre planète, d’annihiler les émissions carbone et de protéger les ressources naturelles. À cet égard et afin de pouvoir atteindre les objectifs cités ci-dessus, il est nécessaire de se fixer des priorités, de faire des choix et de déployer des stratégies. Et parmi ces villes stratèges, on peut citer la ville de Montréal. - Montréal : ville stratège
1
Extrait de la « Stratégie du centre-ville de Montréal apparu en 2016 » Disponible sur http://ville.montreal.qc.ca/pls/portal/ docs/PAGE/ARROND_VMA_FR/MEDIA/ DOCUMENTS/STRATEGIE%20CENTREVILLE_WEB.PDF
38
Densification urbaine
Montréal est devenue parmi les villes internationalement réputées par leur qualité d’aménagement grâce à son avantageuse géographie, à sa variété culturelle et à la clairvoyance des dirigeants. Visant à joindre le club des villes les plus attrayantes et dynamique du XXI siècle (Zurich, Vienne, Auckland, etc.), elle a entamé une nouvelle stratégie ciblant la densification du territoire du centre urbain. Une orientation qui fera de son centre-ville un lieu où il fera bon de vivre, travailler, étudier et se divertir. A tout prendre, cette vision prospective met l’accent sur cinq éléments majeurs : la densité, la mixité, la qualité, l’accessibilité et le rayonnement.
Les cinq éléments majeurs de la vision prospective du centre-ville de Montréal 20301: DENSITÉ : Condition préalable de la proximité et de l’interaction, essentielle à l’innovation et à la construction d’une vie de quartier. Accessibilité aux services et équipements de la vie quotidienne : écoles, garderies, commerces, parcs, espaces sportifs, bibliothèques, lieux de sorties. MIXITÉ : Cohabitation des usages et des populations, logements pour tous les segments de la population, types d’emplois diversifiés, variété du cadre bâti. Le centre-ville doit être inclusif et permettre à tous d’y vivre et d’y travailler. QUALITÉ : Attention portée à l’environnement urbain pour assurer sa pérennité et sa convivialité au quotidien : qualité des aménagements et de l’architecture, entretien et propreté des réseaux publics, entretien des bâtiments publics et privés. ACCESSIBILITÉ : Réseau intégré et performant de transports en commun pour rejoindre tous les secteurs du centre-ville . RAYONNEMENT : Place de choix dans le réseau international des métropoles attractives pour les grandes organisations, les entreprises innovantes et les talents, pour la recherche et les études, la création et la diffusion artistiques.
Conclusion Au début du 21eme siècle, de multiples réflexions sont apparues pour faire face aux différents enjeux liés à la ville, et parmi eux la ville durable. Or, cette dernière n’est malheureusement guère un modèle uniforme, puisqu’elle dépend des multiples enjeux locaux. Autrement dit, la ville durable ne peut pas être la même à Casablanca et à Turin, en raison de certaines composantes climatiques, sociales et économiques. A travers ce chapitre, nous soutenons que concevoir ou développer une ville durable, c’est de prime abord afficher des stratégies pour affronter les différents défis. Et afin de concrétiser cette vision, nous allons adopter le modèle frugal à l’ensemble des villes moyennes marocaines, en s’intéressant particulièrement à Béni-Mellal comme étant une région pilote. Le chapitre suivant tentera de présenter les différentes facettes de la densité au Maroc, et surtout à Béni-Mellal, et les raisons pour lesquelles la densification urbaine aura un impact positif sur l’économie nationale. 39
CHAPITRE 3 : LA DENSITÉ À BÉNI-MELLAL 3.1 – DENSITÉ À L’ÉCHELLE NATIONALE
[32] -- Zoom sur la densité de la population au Maroc.
1
Recensement général de la Population et de l’Habitat 2014.
40
Densification urbaine
Avec ses 710 850 km² et une population de près de 34 millions, le Maroc est un pays assez peuplé. Sa densité démographique dépasse les 47 habitants par kilomètre carré, contrairement à d’autres pays comme le Chili (21 hab/km²) ou bien la Somalie (13 hab/km²). Par ailleurs, d’autre pays l’excèdent à l’exemple de la Turquie (89 hab/km²) et l’Ukraine (79/km²).
Région du grand Casablanca-Settat1 Population : 6.861.739 Surface : 20.165 km² 20,3 % de la population nationale
[33] -- Casablanca, Vue satellite. Google map.
Région Béni-Mellal Khénifra1 Population : 2 307 566 Surface : 33.208 km² 7.4 % de la population nationale
[34] -- Béni-Mellal, vue satellite. Google map.
La surface de la ville de Béni-Mellal dépasse à peine celle du quartier Sidi Bernoussi. Cependant, leur densité démographique est presque semblable. ( Voir Tableau 9, p :17)
41
3.1.1 – Des orientations pour une densité équilibrée Dans le but de connecter les différentes régions marocaines et d’impulser leur développement, le Maroc s’est engagé, dans les années 80, dans une nouvelle politique d’aménagement et de reconfiguration de son territoire. Et pour cela, il a élaboré un schéma national d’aménagement du territoire (S.N.A.T.) pour faire évoluer la configuration de son territoire. Une sorte de vision prospective qui s’étalera sur une durée de vingt ans. Le S.N.A.T. propose d’importants points stratégiques pour le développement et l’aménagement du territoire, dont on peut citer1 : •L’armature urbaine – Assurer l’équilibre macro-économique du système urbain. – Associer pôles de croissance et centres structurants. – Traiter l’aire métropolitaine centrale comme une entité. •L’intégration nationale – Associer les pôles de croissance aux zones rurales en difficulté. •La gestion et politique urbaine – Gérer la ville unifiée et maîtriser sa croissance. – Faire preuve de prudence face à l’urbanisation nouvelle. – Mettre en place un système cohérent de ressources locales. – Lutter contre l’illégalité urbaine en amont. •Le foncier urbain – Intégrer la problématique foncière dans les documents d’urbanisme. – Constituer des réserves foncières. •Le développement économique – Organiser les tissus industriels. – Développer une gamme de projets d’activités. – Tripler la valeur ajoutée des agro-industries. – Intégrer le tourisme dans l’économie régionale. – Faire de l’artisanat une activité motrice. •Le patrimoine – Considérer le patrimoine comme outil de développement. – Réanimer les médinas.
1
Schéma national d’aménagement du territoire. 1991-2001. Les orientations. Direction de l’aménagement du territoire. 2 Schéma national d’aménagement du territoire. 1991-2001. Les orientations. Direction de l’aménagement du territoire. p:90
42
Densification urbaine
•Le Transport – Créer des plates-formes logistiques. •Les milieux sensibles – La protection des espaces naturels •La gestion de l’eau – L’économie d’eau. – La responsabilisation des acteurs.
À la lumière de ce qui précède, les orientations du S.N.A.T. peuvent être synthétisées en cinq points essentiels : – L’amélioration des conditions de vie et de l’emploi dans les villes marocaines. – L’aménagement des grandes surfaces d’urbanisation nouvelle. – La mise en place des infrastructures. – La production et l’application de plans d’urbanisme. – La protection de l’environnement urbain. 3.1.2 - Les orientations et les perspectives du S.N.A.T. pour la ville de Béni-Mellal Il est évident que le développement de chaque pays dépend de la bonne articulation entre ses régions. Au Maroc, les villes telles que Tétouan, Oujda, Béni-Mellal, Taza et Errachidia, ayant un potentiel important, sont appelées à jouer un rôle dans l’armature urbaine. Et en ce qui concerne la ville de Béni-Mellal, elle a selon le SNAT, le rôle d’un pôle agroalimentaire : « Béni-Mellal est une ville moyenne à nette dominante reproductive comme Khénifra, Taza et Khemisset. Dans le domaine industriel, elle est située à un niveau national modeste, mais qui peut présenter un grand intérêt dans la transformation des produits agricoles. Cette ville présente toutefois beaucoup de faiblesses au plan économique : alors qu’elle devrait être l’un des plus grands centres nationaux de l’agroalimentaire, elle dispose de peu de services économiques illustrant la faible intégration de l’économie nationale »2. Ceci dit, le niveau industriel de cette cité est loin de ce que l’on pourrait attendre, puisqu’elle a réellement besoin d’un vrai décollage économique d‘une industrie agro-alimentraire. Cependant, ceci ne s’effectuera jamais sans terrain agricole, source de la matière première, c’est ainsi que la densification urbaine demeure la toile de fond de ce décollage économique.
[35] -- Paysage de la région de Béni-Mellal Khénifra.
43
3.2 - DENSITÉ À L’ÉCHELLE DE LA RÉGION
La région de Béni-Mellal-Khénifra totalise une population de plus de 2 millions d‘habitants. Par ailleurs, la distribution de cette population est marquée par une forte disparité : une concentration de population est observée dans la plaine et le piémont, contrairement à la montagne qui connait une population dispersée avec une densité assez basse [fig. 42]. Béni-Mellal constitue la localité la plus importante dans cette région : le chef de lieu. Sa population n’est ni exclusivement urbaine ni exclusivement rurale puisqu’elle tend à lier des rapports quotidiens avec l’espace urbain, qui est à la fois son marché, son instrument de services et son moyen pour établir des rapports aussi bien avec l’administration que pour l’éducation des enfants. Or, lors de ces dernières décennies, elle a attiré une grande frange de population rurale venant s’installer dans son périmètre irrigué : une situation aberrante qui est devenue une menace directe au développement agricole local [fig. 36].
[36] -- Patrimoine vert sous la pression urbaine, Quartier Ayat, prés du circuit touristique de Béni-Mellal.
44
Densification urbaine
[37] Â -- Ă&#x2030;volution de la population par commune (1971-2004).
45
3.3 - LA DENSITÉ À L’ÉCHELLE DE LA VILLE 3.3.1 - La croissance urbaine de Béni-Mellal
Jusqu’au début du 20eme siècle, la ville de Béni-Mellal n’était constituée que de deux noyaux historiques à savoir : la Somaa et la kasbah (l’actuelle médina). Elle représentait un modèle basé sur la concentration urbaine qui s’imposait dans souci de sécurité, contraignant à resserrer étroitement la ville à l’intérieur de ses remparts.
[38] -- Croissance urbaine de Béni-Mellal.
Or, à partir des années 1950 (P.A Ecochard), les expansions périphériques ont été sérieusement déclenchées pour aboutir à une ville très étendue avec une morphologie éclatée. Néanmoins, aujourd’hui, on remarque une stagnation du développement urbain générée majoritairement par la migration de la classe féconde vers d’autres agglomérations du pays et à cause du climat défavorable de cette région ; aride en été et en hiver. Les images à droite révèlent l’annihilation de ce qui était en 1964 des oliveraies et des champs et leur substitution par du bâti. 46
Densification urbaine
Routes Sources Canal D Oeuds Seguias Tissu urbain en 1964 Ancien Souk Cimetière Champs cultivés Oliveraies Verges Vé g é t a t i o n naturelles Marécage
Périmètre urbain en 1974 Sources Canal D Oeuds Seguias Béni Mellal en 1974 Béni Mellal en 2004 Ancien Souk Cimetière Champs cultivés Oliveraies Verges Vé g é t a t i o n naturelles Marécage [39] -- Cartes représentant le patrimoine vert de Béni-Mellal sous la pression de l’urbanisation entre 1964 et 2004.
47
3.3.2 - la morphologie urbaine de Béni-Mellal La morphologie urbaine de la ville de Béni-Mellal n’est de prime abord que le résultat de son évolution historique. D’après, le rapport de synthèse intermédiaire du plan d’aménagement de cette ville en 1999 prétend subséquemment d’une part que : « La morphologie de Béni-Mellal est aujourd’hui de type longitudinal, caractérisée par un centre et plusieurs entités disposées en longueur dans le sens nord-est et sud-ouest de part et d’autre de la route nationale n° 8 entre la montagne vers le sud les terres irriguées vers le nord » 1. Et de l’autre que « si la médina et les quartiers qui l’entourent constituent le centre, les autres entités constituent sa périphérie, il n’en demeure pas moins que l’ensemble constitue une agglomération polycentrique se développant le long de la route nationale n° 8 du Nord-Est vers le sud-ouest »2 À la lumière de ce qui précède, la ville de Béni-Mellal se caractérise par une forme polycentrique qui a produit, au fil du temps, un mitage de l’espace, une expansion urbaine qui s’est faite en laissant des terrains vides. 3.3.3 - Typologie de l’habitat dans la municipalité de Béni-Mellal A travers la carte n°41, nous remarquons la présence de plusieurs plaques d’habitat difformes venant se greffer autour de la médina. Cette situation s’explique par le fait que le sol de ces dernières appartenait à des agriculteurs traditionnels qui, face à leurs difficultés, ont accepté facilement la cession de leurs biens.
Types d’habitat
Superficie
%
Économique Immeuble Villa Médina Non réglementaire Habitat rural Totale superficie habitat
343 54 128 27.4 266 1.6 820 Ha
41.83 6.59 15.61 3.34 32.44 0.20 100 %
[40] -- Tableau indiquant les différentes typologies de l’habitat dans la municipalité de Béni-Mellal. 1
Plan d’aménagement de la ville de BéniMellal, octobre1999 2 Loc. cit.
48
Densification urbaine
[41] -- Carte représentant les différentes typologies de l’habitat dans la municipalité de Béni-Mellal.
Et pour mieux cerner les différentes caractéristiques de ses typologies, on a mis en évidence cinq exemples de quartiers distincts qui représentent l’ensemble des nuances de d’habitat :
49
MÉDINA DE BÉNI-MELLAL
[42] -- Carte : Médina, vue satellite sur 100 m. Google map.
SITUATION L’ancienne médina accapare une position centrale par rapport à la trame viaire de l’ensemble de la ville et aux différents quartiers et régions urbanisées. Cette position lui confère un caractère privilégié dans la structuration spatiale. MORPHOLOGIE URBAINE La médina se compose essentiellement d’une typologie d’habitat de la maison marocaine traditionnelle avec des gabarits qui ne dépassent pas les R+1, R+2. Son aspect architectural se limite généralement à des formes simples souvent cubiques. Le tissu urbain irrégulier de la médina reflète l’urbanisation spontanée qui s’est développée au fil des années. Limitée au nord par un cimetière, elle abrite au centre une mosquée, un souk et différentes activités : commerces et services. DENSITÉ L’ancienne médina représente un tissu urbain très dense. Après l’indépendance, elle était le lieu d’accueil d’une population migrante ; délaissée progressivement par ses habitants d’origine. La population de la médina est estimée à 10 000 Hab soit 36 % de la population Mellalie. La densité brute dans la médina est de l’ordre de 233 habitants et 39 logements à l’hectare. Par ailleurs, les constructions de plain pied occupent 56,57 % du bâti et les constructions à deux niveaux représentent 41,12 % 1.
[43 et 44] -- Ancienne médina, Béni-Mellal. 1 A.Fadel, « croissance démographique et dynamique urbaine, cas de la ville de Béni-Mellal », Mémoire de troisième cycle, l’I.N.A.U, 2001, Rabat
50
Densification urbaine
ESPACE PUBLIC/ESPACE PRIVÉ L’espace public de la médina se limite à la mosquée, au souk et aux esplanades (terrain plat, aménagé devant un édifice). VÉGÉTATION L’espace végétal quant à lui est représenté dans cette zone souvent par des arbres isolés. DYNAMIQUE URBAINE La médina regroupait toutes les classes sociales. Aujourd’hui, ses habitants forment une population à revenu modeste ou bas, même si elle représente un pôle gravitant d’activités commerciales ainsi qu’artisanales.
QUARTIER ADMINISTRATIF
[45] -- Carte : Quartier administratif, vue satellite sur 100 m. Google map.
SITUATION Ce quartier se considère parmi les premières planifications urbaines à se créer à proximité de la médina. Aujourd’hui, il connait une mutation qui se traduit par une densification urbaine et un passage en zone immeuble. MORPHOLOGIE URBAINE Ce quartier se présente sous forme d’immeubles et de maisons individuelles dont la hauteur varie de 1 à 6 étages en général, avec un alignement sur les axes routiers. DENSITÉ Construit pendant la période coloniale, ce tissu a été créé pour accueillir des cellules mono familiales, en favorisant la maison individuelle. Comparé à la médina, il abrite une densité moyenne 5000ha/km². ESPACE PUBLIC/ESPACE PRIVÉ Ni square, ni placette ne sont présents dans ce quartier. Le seul espace public est le trottoir. Et, par rapport aux espaces privés, des jardins extérieurs sont aménagés aux abords des habitats collectifs, alors que les habitations individuelles sont les plus souvent entourées de végétation. VÉGÉTATION En ce qui concerne la végétation, on remarque au niveau des espaces privés, l’aménagement de jardins extérieurs au bord des immeubles collectifs. Cependant, la végétation est aussi abondante autour des habitations individuelles. Quant à l’espace public, on constate un alignement d’arbres sur la voirie. DYNAMIQUE URBAINE Ce tissu urbain renferme différentes activités ajoutées à sa vocation principale tels que les services, les bureaux et les commerces. Ses rez-de-chaussée d’immeubles sont le plus souvent aménagés en espaces commerciaux.
[46 et 47] -- Quarter administratif, Béni-Mellal.
51
HABITAT ÉCONOMIQUE
[48] -- Habitat économique, vue satellite sur 100 m
SITUATION Situé à la place d’un ancien marché municipal et à proximité de la médina. MORPHOLOGIE URBAINE L’habitat économique a vu le jour dernièrement, dans la ville sous forme de lotissements, avec un minimum d’équipements de proximité et un gabarit de R+4. Ce modèle urbain présente un îlot fermé ligné sur rue. Son traitement architectural reste très modeste. Il se limite en général à quelques tentatives d’ordonnancement architectural. En fin de compte, il se termine par une façade « plate ». Ce type d’habitat a causé plus de tort que de bien à la ville en déformant son paysage urbain par sa morphologie distincte. DENSITÉ L’habitat économique est conçu pour abriter le plus grand nombre d’habitants. Cet typologie d’habitat est directement liée aux opérations de relogement avec une densité de 230 logements à l’hectare. ESPACE PUBLIC/ESPACE PRIVÉ Comme le logement économique ou social fournit un toit aux ménages défavorisés ou modestes, il préconise la diminution de l’espace collectif d’interaction afin de maximiser les gains. Ce qui transforme ensuite les cours, les passages et les petites placettes en lieu collectif. [49 et 50] -- Habita économique, Béni-Mellal.
VÉGÉTATION Ce type d’opérations n’envisage que peu la notion de l’implantation des espaces verts puisque le statut d’occupation ambigu des habitants complique leur entretien. DYNAMIQUE URBAINE Les résidents de ce quartier travaillent pour une grande majorité dans d’autres quartiers, ce qui lui attribue un statut de quartier-dortoir.
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Densification urbaine
AIT TISLIT
[51] -- Ait tislit, vue satellite sur 100 m
SITUATION Ce quartier est implanté à la périphérie sud de la ville et se développe sur des terres agricoles et surtout sur l’oliveraie. MORPHOLOGIE URBAINE Ce type de quartier représente un habitat clandestin avec un gabarit de R+3 maximum. Ce processus est très répandu, sous l’effet d’un partage des terres agricoles d’une génération à l’autre entre héritiers. En termes de voiries, les voies sont anarchiques avec une largeur de 4 m. En général, ce tissu urbain est quasi accessible pour les véhicules. DENSITÉ Quartier très compact et qui peut continuer à se densifier, par le biais de surélévations et d’encorbellements. ESPACE PUBLIC/ESPACE PRIVÉ La rareté des espaces libres au sein du quartier rend la création d’espace public difficile. VÉGÉTATION Ce quartier contient plusieurs sources d’eau, ce qui favorise par conséquent la plantation de haies végétales et d’oliveraie. DYNAMIQUE URBAINE Ce morceau de territoire n’assure pas le maintien des services indispensables tels que les équipements scolaires et hospitaliers, de sorte que ses habitants doivent se mobiliser pour les obtenir, créant par la suite une liaison avec le centre urbain le plus proche.
[52 et 53] -- Ait tislit, Béni-Mellal.
53
RIAD SALAM
[54] -- Riad salam, vue satellite sur 100 m
SITUATION Projeté à la périphérie ouest de la ville tout au long de la route nationale n8. MORPHOLOGIE URBAINE Ce quartier regroupe deux cas de figure : le premier se présente sous forme d’habitat intermédiaire (R+2, R+3) et le deuxième sous forme de villa isolée ou en bande avec un gabarit de R+1. DENSITÉ La densité au sein de ce tissu reste largement faible par rapport à la médina. ESPACE PUBLIC/ESPACE PRIVÉ L’espace public dans ce quartier résidentiel se présente souvent sous forme de squares et de placettes. Il est généralement lié aux équipements de proximité (école, mosquée...). VÉGÉTATION Les habitats individuels intègrent de façon considérable l’espace vert, sous forme de jardins privés. DYNAMIQUE URBAINE Ce quartier se compose d’une population aisée dont la majorité est à la retraite. Cette dernière représente le sommet de l’échelle sociale ayant choisi le raffinement de la maison individuelle comme mode [55 et 56] -- Quartier Riad salam, Béni- de vie. Mellal. Source personnelle.
54
Densification urbaine
Conclusion Nous avons exploré profondément, tout au long de ce chapitre, la notion de la densité urbaine à Béni-Mellal, qui peut être décrite comme difforme ou discontinue. Au centre, on y retrouve une morphologie urbaine compacte, et aux quartiers périphériques une autre diluée. Et grâce à ce constat nous pouvons dire que l’emprise au sol des bâtiments et l’étroitesse des rues jouent, en particulier, sur la perception de la densité d’une planification urbaine, quelle que soit sa hauteur.
ÉTUDE DE CAS
SILODAM
17/10/2016
Google Maps
[58] -- Façade arrière.
[57] -- Vue générale sur l’ensemble du projet.
Ce projet a été réalisé dans la ville d’Amsterdam, où l’extension urbaine s’effectue dans les zones portuaires désaffectées, notamment celles du quai de Strekdam. Lors de la conception, les architectes se sont inspirés de la forme des silos et des conteneurs empilés avoisinants. La réalisation de quinze types d’appartements distincts a répondu à la demande d’une grande variété d’espaces habitables. Ainsi elle a contribué à la recréation des relations de voisinage traditionnelles [59] -- Carte représentant l’emplacement du en groupant les lieux de vie. projet. L’intérêt de cet exemple réside dans le fait que le concept de la densification n’est plus uniquement exclusif aux zones terrestres. Il pourrait également s’attribuer aux quais. https://www.google.fr/maps/@52.3923071,4.8908502,367m/data=!3m1!1e3
Localisation : Port d’Amsterdam, Pays-Bas Année de construction : 2002 Architecte : MVRDV (w.Mass, J. Van Rijs, N. de Veries, F. de Witte, E.Strijkers)
El croquis n° 124, MVRDV, 1998-2002. 2002.
56
Densification urbaine
Densité : – Surface du terrain : 2 600 m² – SHON : 26 000 m² – COS = 10 – 600 logements/ha
Morphologie : Bâtiment Barre, R+10 Fonctions et usages : – 157 appartements emboîtés –Bureaux et locaux commerciaux (600 m²) –Gymnase et restaurants. – Marina aménagée sous le deuxième bloc du bâtiment. Habitant et habitat : – Nombre de logements : 157 appartements en location ou en propriété (lofts, studios et appartements à patios) – Nombre de pièces par logement : 1 à5
THE CIBOGA, ICEBERGS 1 ET 2
17/10/2016
Bing Cartes - Itinéraire, plan de voyage, caméras de circulation, etc.
Groningen, Groningen, Netherlands
[60] -- Maquette du projet.
[61] -- Vue générale sur l’ensemble du projet.
The CiBoGa est un projet construit à la limite du centre historique de Groningen, sur 14 ha de terrains industriels. Par ailleurs cette densification urbaine a pu voir le jour grâce à l’héritage industriel de cet région. Cette opération est considérée comme une solution pour les logements sociaux en lotissement. 100 pieds
25 m
[62] -- Carte représentant l’emplacement du projet.
Localisation : Groningen, Pays-Bas Année de construction : octobre 2002 Architecte : Groupe s333 (B. Hamfelt, Ch. Moller, D.Papa et J. Woodroffe) Densité : – Surface du terrain : 13 000 m² – SHON : 34 505 m² – COS = 2,65 – 118 logements/ha
Fonctions et usages : – 149 logements – Locaux commerciaux 3.500m² ; 1 000 m² services – Stationnement 300 places en souterrain Habitant et habitat : – Nombre de logements : 105 appartements et 44 maisons -Part des maisons en logement social : 30 %
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Morphologie : Grand-ensemble, entre R+3 et R+8
1/1
Techniques et Architecture n° 474, Habitat : ruptures, Paris, octobre-novembre 2004.
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ÉTUDE DE CAS
BRIVE, OPÉRATION DE RENOUVELLEMENT URBAIN
17/10/2016
Bing Cartes - Itinéraire, plan de voyage, caméras de circulation, etc.
Brive-la-Gaillarde, Limousin, France
[63] -- Vue générale du projet.
Le projet de Brive consiste à démolir une barre de 52 logements et de construire des logements individuels. Dans l’espoir de garantir un faible cout de construction et une faible consommation d’espace, les concepteurs de ce projet ont eu l’habilité de choisir une typologie d’habitat modulable. Par ailleurs, ils ont aussi conçu des cheminements piétonniers afin de favoriser les échanges et les rencontres entre habitants. De surcroit, les aires de stationnement regroupent un deuxième usage en devenant des aires de jeux sécurisées pour les enfants.
Localisation : Brive-la-Gaillarde, France Année de construction : avril 2003 Architecte : Loeiz Caradec, Françoise Risterucci et Grégoire Pinero Densité : – Surface du terrain : 4 700 m² – SHON : 3 842 m² – 72,3 logements/ha
[64] -- Cheminement piétonnier et aire de stationnement.
50 pieds
[65] -- Carte représentant l’emplacement du projet.
Morphologie : Habitat individuel ou intermédiaire en bande, R+2 Fonctions et usages : – 34 logements individuels -Stationnement : 68 places en plein air
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Ambiances, densités urbaines et développement durable, Archinov, éd. PC
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Densification urbaine
20 m © 2016 HERE
Habitant et habitat : – Nombre de logements : 34 (un cinq pièces en duplex comportant une vaste terrasse et un 4 pièces en rezde-chaussée avec un jardin -Surface moyenne de logement : 86 m²
1/1
DERB JDID, OPÉRATION DE RECASEMENT
[66] -- Photo aérienne du projet durant les années soixante.
Derb jdid est considéré parmi les premières opérations de recasement des « bidonvillois » au Maroc. Inspiré par la trame de 8x8 d’Ecochard, Azagury conçoit un habitat économique évolutif. Les habitants installés peuvent faire évoluer leur logement en construisant en dessus, pour eux-mêmes ou pour le louer. Cette solution ingénieuse apporte une aide financière ou un espace d’extension aux résidents. Une réflexion dotée d’une flexibilité durable pour préserver des terrains et pour garder la composition de la famille marocaine.
[67] -- Photo exprimant l’évolution verticale du projet.
[68] -- Vue aérienne du site du projet.
L’importance du choix de ce projet consiste à évaluer l’évolution d’un quartier qui a octroyé à ses occupants le droit d’extension. A travers cette possibilité, sa densité démographique est estimée aujourd’hui à 62 887 hab/km², ce qui démontre qu’il est parmi les quartiers les plus denses de Casablanca. Dès lors, une question se pose: ce quartier possède t-il une infrastructure de base (espaces publics, équipements, etc) pour accompagner une évolution de la population? Localisation : Casablanca, Maroc Année de construction : 1958 Architecte : Élie Azagury Densité : – 62 887 hab/km²
Morphologie : Immeubles R+3, barre d’habitations R+4, habitat individuel R+1 Fonctions et usages : Abriter 25 000 habitants Habitant et habitat : - 5000 logements de plusieurs types.
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SYNTHÈSE Cette partie vise à dévoiler la progressive dispersion de la ville dans l’espace, et que la transformation en agglomération n’est pas juste sensible qu’au niveau de la structure du bâti, mais également dans les pratiques de ses habitants. Et afin d’ y remédier en essayant d’aboutir à une ville compacte, nous avons premièrement pensé à réexaminer la notion de la densité, qui constitue officieusement l’assise de chaque planification urbaine. Puis à travers les diverses recherches et études de cas traitées, nous avons conclu que le défi de la densification n’est pas uniquement l’augmentation des densités résidentielles, mais aussi la création de milieux de vie multifonctionnels de qualité. Densifier ne signifie pas encombrer, mais plutôt réglementer avec plus d’imagination et d’inspiration, dont l’objectif est de créer une densification équilibrée. Au final, nous sommes convaincus que la prescription d’une haute densité de population, supérieure à 10 000 hab/km², augmentera significativement la présence d’innombrables services de proximité, améliorera l’offre en transport collectif et réduira la quantité et la durée des déplacements motorisés.
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Densification urbaine
PARTIE
02
LA PSYCHOLOGIE ENVIRONNEMENTALE Au préalable l’environnement est notre lieu de vie, nous l’utilisons selon nos besoins et nous y trouvons les moyens de notre survie et de notre bien-être. Il ne présente pas uniquement le rôle d’un simple décor, mais aussi un contenant où il influence psychologiquement ses occupants. À cet effet, une nouvelle discipline est apparue appeler la psychologie environnementale, afin d’analyser et de comprendre les rapports entre l’individu, la société et l’environnement. La prise de conscience d’une relation existante entre l’homme et son environnement nous a amenés systématiquement à nous poser des questions sur celle-ci : Comment l’Homme perçoit-il et évaluet-il l’environnement ? Comment l’environnement tant naturel que façonné par l’Homme influence-t-il son comportement? Et quels sont les principaux besoins de l’individu en matière d’aménagement de l’espace pour se procurer un confort et une qualité de vie ?
[69] -- L’ombrière, vieux port de Marseille, France.
61
02
PARTIE
CHAPITRE 1 : GÉNÉRALITÉS ET CONCEPTS 1.1 - ESPACE ET ENVIRONNEMENT Pour mieux appréhender la notion de la psychologie environnementale, une distinction terminologique s’impose pour assimiler la différence entre deux différents termes : l’espace et l’environnement. Tout d’abord, le mot espace exprime plusieurs définitions : etendue où se trouvent les astres (Astronomie), durée séparant deux moments, lieu, volume occupé, surface et milieu affecté à une activité. Étymologiquement, il est qualifié par le dictionnaire « Quillet »1, comme « un contenant indéfini » et par « Le Petit Robert » 2 comme un « milieu idéal caractérisé par l’extériorité de ses parties, dans lequel sont localisées nos perceptions ». La notion d’espace est utilisée quotidiennement dans diverses expressions : espace jour, espace nuit, espace vital, espace de vie, espace de stockage, espace vert, etc. Ceci évoque que « l’espace » est ce qu’aperçoit l’Homme lui donnant une dimension subjective et physique. De surcroit, le mot environnement signifie selon le dictionnaire « Quillet » « le milieu dans lequel vivent les hommes : le site, les constructions, etc. qui leur servent de cadre habituel »1. C’est-à-dire que « l’environnement » représente les particularités physiques d’un lieu, il se considère comme l’espace aménagé dans nos sociétés. D’après ce qui précède, on peut comprendre la raison pour laquelle la psychologie est axée sur l’environnement plutôt que l’espace. Et afin de mieux cerner cette notion, nous avons souligné ci-dessous certains de ses aspects. 1.2 – LA PSYCHOLOGIE ENVIRONNEMENTALE
1
QUILLET Artiside. 1990. Dictionnaire encyclopédique Quillet. 2 Le Petit Robert de la langue française. 2014. version numérique. 3 Gabriel Moser. 1994. Psychologie environnementale : Les relations hommeenvironnement. p:19. Éditeur : De Boeck, 2009. 4 Ibid., p : 14 5 Ibid., p : 20
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Psychologie environnementale
La psychologie de l’environnement « étudie l’individu dans son contexte physique et social en vue de dégager la logique des interrelations entre l’individu et son environnement en mettant en évidence les perceptions, attitudes, évaluations et représentations environnementales d’une part, et les comportements et conduites environnementales qui l’accompagnent, d’autre part »3. Ceci dit, cette discipline met en évidence les relations respectives et réciproques entre environnement et comportement dans les dimensions physiques et socioculturelles. Cependant, pour quelle raison la psychologie environnementale est-elle peu connue ?
À vrai dire, la psychologie environnementale est une discipline jeune. Elle est apparue au début des années 1970 dans les pays anglo-saxons, et s’est intimement liée dans ses développements à la psychologie sociale. Aujourd’hui elle s’affirme comme une discipline à part entière, sous l’effet de l’émergence de problèmes sociaux et environnementaux : « En effet, dans la majorité des pays, l’après-guerre se caractérise par une accélération de la croissance économique et par un exode rural important. Des unités urbaines de types d’agglomération, de plus en plus large se développent. Dans ce contexte les architectes et les urbanistes se sont tournés vers les sciences humaines pour trouver les moyens qui permettraient d’analyser et de contrôler le développement urbain »4. En somme, la psychologie environnementale est un champ de savoir indispensable pour comprendre et adapter les espaces et le cadre de vie aux besoins des êtres vivants. 1.2.1 - Les espaces concentriques d’interaction individu-environnement Conjointement à ce qui a déjà été dit, la psychologie environnementale fonctionne sur plusieurs niveaux de référence spatiale, permettant de caractériser la relation individu-environnement. Ces différents niveaux sont qualifiés comme des poupées russes puisqu’ils sont imbriqués les uns dans les autres. Et à chacun de ces niveaux, l’individu se retrouve en interrelation avec l’environnement dans ses dimensions physiques et sociales (Tableau n° 70). Environnement physique
Environnement social
Niveau 1 Micro-environnement
Espace privatif : logement, espace de travail
niveau individuel et familier
Niveau 2 Méso-environnement (environnement de proximité) Niveau 3 Macro-environnement
Les espaces partagés : espaces semi-publics, habitat collectif, quartier, lieu de travail, parcs, espaces verts Environnement collectif public : villes, agglomérations, villages, paysages, campagne
niveau interindividuel et des collectivités de proximité
Niveau 4 Environnement global
L’environnement dans totalité : environnement construit environnement naturel
I n d i v i d u /c o l l e c t i v i t é ; communauté ; habitants ; agrégat d’individus
sa Niveau sociétal : société, population et
[70] -- Tableau exprimant les différents niveaux concentriques. MOSER Gabriel. 1994.
63
Néanmoins, dans chacun de ces niveaux d’espaces, la relation individuenvironnement implique des modalités d’interaction particulières et des problématiques singulières. Par exemple au niveau de l’habitat, « le chez-soi » renvoie à la privacité et à l’identité. Le niveau du mésoenvironnement concerne le partage des espaces de proximité et des espaces ouverts au public. Au niveau macro environnement les expositions aux nuisances, le sentiment d’appartenance et l’appropriation de l’espace sont abordés. Et sur le plan de l’environnement global, l’engagement dans des comportements compatibles au développement durable est identifié. En somme « à chaque niveau supérieur, les individus avec lesquels l’espace est partagé sont non seulement nombreux, mais deviennent de plus en plus anonymes et distants » 5. PLANÈTE CADRE BÂTI VILLE ET NATURE QUARTIER VOISINAGE INDIVIDU HABITAT Micro env. Méso environnement Macro environnement 1
Gabriel Moser est un professeur à l’institue de psychologie de l’université Paris Descartes. Il a développé en 1992 le diplôme professionnel de psychologie environnementale, et a dirigé le Laboratoire de psychologie environnementale (C.N.R.S UMR 8069) jusqu’en 2005. 2 Gabriel Moser. 1994. Psychologie environnementale : Les relations hommeenvironnement. p : 24. Éditeur : De Boeck, 2009. 3 David Katz est un psychologue allemand, auteur du livre « Animals and men » apparu en 1937. 4 Abraham Moles et Élisabeth Rohmer sont parmi les précurseurs des études en sciences de l’information, de la communication et de la psychologie en France. 5 Ibid., p : 36
64
Psychologie environnementale
environnement global [71] -- Les espaces concentriques d’interaction individu-environnement.
1.2.2 - Les relations individu-environnement « Se référant aux dimensions sociales et culturelles la psychologie environnementale considère que l’individu, dans sa relation avec les différents espaces, est conditionné par le contexte culturel et social dans lequel il évolue, son histoire et ses aspirations vis-à-vis de cet espace ». Gabriel Moser 1 Selon cet auteur cité ci-dessus, la relation de l’individu avec son environnement ne peut se comprendre que si l’on tient compte des contextes culturels et sociaux dans lesquels cette relation s’opère. Et que l’histoire aussi bien collective qu’individuelle, conditionne également les perceptions et comportements d’un individu. De surcroit, il met en
évidence que les interactions d’un individu sont autant tributaires de ses projections que de ses aspirations au futur. Au final, « quelle que soit la dimension environnementale avec laquelle le sujet est en interaction, l’ensemble de ces facteurs déterminent la manière dont l’individu va percevoir et agir dans cet environnement » 2 (voir le tableau ci-dessous). 1.3 - L’ESPACE PERSONNEL « Plus l’individu estime qu’il peut contrôler son environnement, plus ses comportements adaptés sont efficaces. » Moser D’après ce que nous avons vu, la perte de contrôle dans une situation perturbante, génère un comportement agressif. Nous nous sommes donc intéressés à l’étude de la présence d’autrui et ses effets sur l’individu. Et pour cela, nous avons analysé la présence d’autrui selon trois niveaux différents : l’espace personnel, la territorialité et la densité physique et subjective. 1.3.1 Définition : L’espace personnel est une notion inventée par Katz3 en 1937, et connue grâce aux travaux d’anthropologues tels que Edward T. Hall, Robert Sommer et Jean Cousin, qui ont parlé de l’hypothèse de l’existence d’une « bulle » ou d’une « coquille ». D’autres tels que Moles et Rohmer4, considèrent l’Homme comme un oignon avec des couches successives, en commençant par le corps humain, les vêtements et ainsi de suite, jusqu’à des espaces lointains, comme la chambre, l’appartement, le quartier, etc.
Histoire individuelle et collective
Microenvironnement
Environnement de proximité Contexte culturel et sociétal
Aspiration Nécessités
INDIVIDU
Projection dans le futur
Environnement public Environnement global
Le contexte des relations individu-environnement
5
65
Jean Cousin nous explique de son coté que, l’espace sphérique créé par les mouvements des bras et des jambes représente la zone personnelle, alors que Sommer prétend que l’espace personnel n’est pas nécessairement sphérique et ne s’étend pas de la même façon puisque : « Les individus tolèrent mieux la présence rapprochée d’un étranger si celui-ci est situé à côté d’eux et non directement en face »1. En général, l’espace personnel est défini comme un espace entourant notre corps sous la forme d’une frontière imaginaire autour de l’individu qui le considère sa propre propriété. Du coup, on a la possibilité de le contrôler, en donnant l’accès ou non aux autres, selon leur situation et leur nature.
[72] -- Illustration reflétant la bulle personnelle. 1
Robert Sommer . 2003. Milieux et modes de vie : à propos des relations entre environnement et comportement. Éditeur : Infolio, 2006. 2 Gustave-Nicolas Fischer. 1987. Les concepts fondamentaux de la psychologie sociale. Éditeur : Dunod, 2010. 3 Nicolas Fischer est un professeur en psychologie sociale à l’université de Lorraine (Metz), il est un psychologue spécialisé en psychologie de la santé.
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Psychologie environnementale
1.3.2 la distance d’interaction sociale (la proxémie) « L’espace personnel est une zone qui entoure l’individu et dont les fonctions varient selon des facteurs psychologiques et culturels ; elle ne peut être pénétrée par autrui sans provoquer des réactions ». 2 Nicolas FISCHER3
À travers les études de Hall qui a étudié le comportement de l’Homme et des animaux, il nous informe que le premier se sert de ses sens et de sa connaissance culturelle pour différencier les distances. Il a de même démontré que la distance des rapports interindividuels dépend à la fois des sentiments et des activités des individus. De fil en aiguille, il considère que le maintien d’une distance personnelle est une forme de communication non verbale. Et c’est ainsi qu’il proposa une classification des quatre distances afin de mieux contrôler notre espace personnel, à savoir :
Zone intime (à partir de0.5 m) Zone personnelle (1.2 m) Zone sociale (0.5 m) Zone publique
[73] -- Illustration schématisant l’espace personnel.
Ceci prouve que la distance d’interaction sociale affiche la nature de la relation qu’on veut entamer avec une personne. « L’individu maintient une certaine distance avec autrui afin de conserver sa liberté d’action, sa privacité et son intimité »1. Autrement dit, la distance d’interaction sociale nous permet de contrôler notre espace personnel, or quelles sont les conséquences d’une invasion de l’espace personnel sur l’individu ?
67
N’ayant aucun espace disponible à sa disposition, l’individu ne peut contrôler ni la nature de ses interactions ni le choix des personnes avec qui il veut interagir. Cette situation perturbante se considère comme une résultante d’une interaction entre l’individu et son environnement, provoquant deux réactions chez l’individu 2 : - La première, l’individu s’adapte à son environnement. Une réaction efficace à court terme, mais requiert un effort d’adaptation plus ou moins coûteux à long terme (Stress, dégradation de la santé de l’individu ...). - La deuxième, l’individu n’éprouve aucun effort pour s’adapter puisqu’il a développé un sentiment de perte de contrôle sur son environnement. En conclusion, il est désormais nécessaire d’assimiler la notion de l’espace personnel de l’individu pour mieux comprendre sa réaction une fois exposé à une forte densité.
[74] -- Little boxes, Yick cheong buildings in quarry bay, Hong Kong, 10m² par personne.
1.3.3 - Quelques cas d’intrusion dans l’espace personnel selon Robert Sommer :
1
Irwin Altman. 1975. The environment and social Behavior. Éditeur: Brooks. Édition: Clean & Tight Contents. u 2 Gabriel Moser . Op. cit., p:36 3 Robert Sommer. 2003. Milieux et modes de vie : à propos des relations entre environnement et comportement. Éditeur : Infolio, 2006.
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Psychologie environnementale
Les études de la réaction à l’intrusion dans l’espace personnel ont conclu que la meilleure façon de connaitre l’emplacement de cette frontière invisible est de continuer d’avancer jusqu’à ce que la personne concernée proteste. « Enfreindre la distance individuelle représente violer les attentes de la société. Et violer l’espace personnel constitue une intrusion à l’intérieur des frontières personnelles »3. - Le premier exemple est donné par de John Lear, un rédacteur en chef de la revue « Saturday Review », qui explique comment son espace personnel a été violé dans un hôpital :
Avec l’intention de le protéger des bruits et des distractions extérieurs, son médecin fermait toujours la porte après sa sortie. Cependant, des personnes indiscrètes entrouvraient celle-ci continuellement pour jeter des coups d’œil à l’intérieur, et même dans certain cas prendre la liberté d’entrer. -Le deuxième exemple portera sur les intrusions de l’espace personnel pendant les interrogatoires de police : Les policiers s’assoient tout près du suspect sans qu’une table ou un bureau ou autre chose les sépare, afin de gagner sa confiance ou pour affirmer leur autorité. -Troisième exemple concerne les passagers du métro ou du bus lors des heures de pointe qui baissent les yeux ou s’immobilisent afin de minimiser les contacts sociaux indésirables ; une manière de préserver leur espace personnel. -Et le dernier exemple portera sur une expérience réalisée dans une bibliothèque sous l’effet d’intrusions visuelles lancés dans l’objectif de déloger quelqu’un de sa place. Il s’est avéré que le regard malveillant est moins efficace dans la mesure où les victimes pouvaient se réfugier dans leur lecture (leur activité). Ces situations proposées par Robert Sommer dévoilent que l’un des paramètres essentiels pour définir une intrusion est de savoir si les parties en cause se perçoivent mutuellement comme des personnes ou comme un décor dans un environnement tel qu’un arbre ou une chaise.
[75] -- Intrusion dans l’espace personnel.
69
1.4 - LA TERRITORIALITÉ Contrairement à l’espace personnel, le territoire est caractérisé par des limites stables et souvent visibles. « Le territoire peut être défini comme un espace dont l’individu a, ou aspire à avoir le contrôle »1. 1.4.1 Les types de territoires Selon Irwin Altman, psychologue social, le territoire est classé en trois catégories : • Les territoires primaires : Ils sont définis comme des endroits « tenus et utilisés exclusivement par des personnes ou des groupes »2 et « clairement identifiés comme les leurs par autrui »2. Ces territoires sont « contrôlés sur une base permanente et sont centraux dans la vie quotidienne de leurs occupants »3. La maison, la chambre, le bureau sont de parfaits exemples où l’intimité règne. •
Les territoires secondaires : Ce sont des lieux semi-publics ou semiprivés, régis par des règles plus ou moins formellement définies, concernant leurs droits d’accès et leurs usages. Certes, leurs occupants détiennent une autorité relative sur ces lieux, mais ce ne sont pas toujours les mêmes personnes qui les occupent au même moment. Ce sont par exemple les bistrots, les clubs ou les cafés.
•
Les territoires publics : Ce sont des espaces n’appartiennent à personne, mais qui peuvent être temporairement appropriés par n’importe qui : cabine téléphonique, banc public, plage publique, table de piquenique, etc. 1.4.2 - Les comportements territoriaux
1
Gabriel Moser. Op. cit., p : 121 Robert Sommer. 2003. Milieux et modes de vie : à propos des relations entre environnement et comportement. Éditeur : Infolio, 2006. 3 Lorenz Konrad. 1969. L’agression. Éditeur : Éditions Flammarion 4 Gabriel Moser. Op. cit., p : 121 2
70
Psychologie environnementale
Des éthologistes affirment que les animaux marquent leur territoire soit par leur cri, leur odeur ou d’autres signes. Parmi eux, K. Lorenz qui soutient que les humains ont, eux aussi, un comportement territorial semblable à ceux des animaux. Grâce à son livre « l’agression », il nous éclaire que le comportement territorial est considéré comme instinctif. Il souligne de cette manière, qu’une fois l’Homme sent un empiétement territorial, une violence émergera3. Moser, lui, anticipe l’apparition de tel comportement lié à la territorialité et nous incite à délimiter notre territoire pour éviter l’instabilité des relations avec autrui. Il explique que « Les territoires délimités permettent le contrôle des stimulations stressantes. À son tour, ce contrôle rend possible la privacité et, par voie de conséquence, une liberté dans le choix des comportements »4. En guise d’exemple, un groupe de personnes peut arriver tôt dans une plage et déposer dans un coin leur parasol et leur nourriture, marquant ainsi leur territoire. Pour conclure, l’Homme manifeste une dominance envers ses territoires, ce qui l’oblige à les délimiter pour garder une relation stable avec autrui.
1.4.3 - Le contrôle du territoire Selon Moser, le contrôle et le partage du territoire dépendent de la catégorie de ce dernier (primaire/chez-soi, secondaire/de proximité et public/globale). Dans cette mesure, il mentionne que l’individu a un contrôle étendu sur son habitat, sur son « chez-soi » puisqu’il ne le partage qu’avec les membres de la famille ou d’autres personnes comme des amis. Quant au niveau de l’environnement de proximité (le voisinage et le quartier), il explique que le contrôle est basé sur un consensus de valeurs et d’exigences par rapport à l’environnement en question. Et enfin il précise qu’au niveau global, il sera demandé à l’individu d’agir en faveur de l’environnement.
Microenvironnements Espaces privés et semi-privés
Contrôle étendu (non partagé)
Environnements de proximité Espaces publics de proximité Communauté de voisinage
Contrôle partagé bâti sur le consensus
Environnements publics Espaces publics
Contrôle délégué Instances de contrôle
Environnement global Planète terre
Absence de contrôle individuel Contrôle institutionnel Type de contrôle sur l’environnement
71
1.5 - LA DENSITÉ PHYSIQUE ET SUBJECTIVE 1.5.1 Définition :
1
Gabriel Moser. Op. cit., p : 122 Daniel Stokols est un professeur de l’écologie sociale dans l’université de Californie en Irvine. 3 D. Stokols. 1972. On the distinction between density and crowding: Some implication for future research. Psychological Review. p : 275-278. 4 Lundberg & Frankenhaeuser sont des chercheurs au département de la psychologie à l’université de Stockholm, en Suède. 5 La catécholamine est un composé organique. Elle augmente la fréquence cardiaque, la pression artérielle et le taux de glucose dans le sang chez les êtres vivants. Son niveau de présence élevé dans le sang induit un état de stress. 6 Lundberg, U. & Frankenhaeuser, M. 1978. Psychophysiological reactions to noise as modified by personal control over noise intensity. Biological Psychology,6. P:51-60 7 Lataneé et Darley sont des chercheurs sur la psychologie sociale aux États-Unis. Ils ont reçu le prix du « the AAAS Prize for Behavioral Science Research » deux fois : en 1968 et en 1980. 8 Latané, B. & Darley, J. 1970. The unresponsive bystander: why doesn’t help? New York: Prentice-Hall 9 Robert Sommer. 2003. Milieux et modes de vie : à propos des relations entre environnement et comportement. Éditeur : Infolio, 2006 10 ibid. 2
72
Psychologie environnementale
Tout d’abord, la densité en tant que mesure physique est représentée par le nombre de personnes occupant une surface déterminée. Néanmoins, cette mesure ne prend pas en considération la manière dont l’individu perçoit son espace en présence d’autrui1 : est-ce qu’il s’accommode parfaitement, ou au contraire, il se sent continuellement à l’étroit ? Pour cela, on s’est basé sur une analyse environnementale, pour connaitre, si la présence d’une forte densité physique entraine une perception différente de la densité. Ceci dit, lors de cette partie, on abordera quelques réflexions à propos de la densité, en donnant à la fin des exemples d’environnement dense. 1.5.2 la perception de densité selon des chercheurs : Selon Stokols2 la forte densité physique est une condition nécessaire, mais non suffisante, pour que l’individu ait une impression de densité. Il souligne que la densité subjective peut être définie comme le sentiment d’être à l’étroit, quand la nécessité de l’espace est plus importante que l’espace disponible.3 Lundberg et Frankenhaeuser4 réalisent une expérience sur les passagers des trains surpeuplés pour diagnostiquer la relation entre la densité physique et subjective. Lors de cette recherche, ils se sont basés sur l’analyse du stress chez les passagers (la présence de catécholamines dans les urines) 5. Et par conséquent, ils ont conclu que bien que le train soit bondé, les passagers qui l’ayant pris au début du trajet ont été moins stressés que les autres, puisqu’ils avaient la possibilité de s’asseoir n’importe où.6 Ceci montre à nouveau que le sentiment de contrôle est primordial. Lataneé et Darley7, eux, évoquent que les individus exposés à une forte densité montrent plus d’incivilité et moins d’altruisme. Ils l’expliquent par le fait que dans un environnement dense, l’individu se sent protégé par son anonymat au point d’abandonner sa responsabilité envers son environnement.8 Et afin d’illustrer ces propos, voici un nombre d’exemples d’environnement dense où les êtres vivants altèrent leurs comportements.
1.5.3 - La densité et les environnements institutionnels – Les jardins zoologiques : « On en sait plus sur le comportement spatial des animaux que sur celui des humains [...] si un animal en captivité reçoit trop ou peu d’espace, il est fort probable qu’il tombe malade [...] n’arrive plus à se reproduire et finisse par mourir ». 9 Les zoos, comme les prisons, sont des environnements extrêmement durs, provoquant plusieurs situations de « mal-être » à leurs détenus. En plus, nous pouvons souvent observer des dégâts chez les animaux en captivité, par exemple : les animaux peuvent refuser de s’accoupler ou de se nourrir. Ces anomalies du comportement ont conduit à des recherches approfondies sur le besoin en terme d’espace, approprié à chaque espèce d’animau . A titre d’exemple, les singes arboricoles ont besoin d’habiter la partie la plus haute de leur cage, les hippopotames ont besoin d’une marre boueuse pour s’y tremper et certains rongeurs éprouvent la nécessité de s’aventurer à l’extérieur dès que la nuit arrive. Dans ce même contexte, Heiddeger appuie que le bien-être des animaux dans un zoo n’est pas relationnel à la quantité d’espace dont ils disposent, mais plutôt à sa qualité, c’est-à-dire à sa similitude avec leur territoire d’origine10. L’exemple idéal est le Jardin zoologique des Plantes à Paris, semblable à leur habitat de vie. Contrairement aux zoos ordinaires, les animaux sont libres et les visiteurs sont enfermés dans des petits trains ou des monorails. Le Jardin zoologique est un modèle qui peut nous aider à comprendre et à trouver l’environnement propice pour maintenir les organismes dans des conditions naturelles, afin que leur individualité et leur créativité soient totalement respectées.
[76] -- Zoo au Chili : les humains en captivités et les lions en liberté.
73
– Les prisons : Le concept de prison évoque certaines situations qui dépendent
des systèmes d’incarcération des pays. Dans certains pays, la prison est considérée comme un espace de stockage des criminels, mis « au frais » pendant une période plus au moins longue afin de les «éduquer». Or, l’adaptation dans un cadre institutionnel rigide de forte densité ne garantie pas la formation de bons citoyens, puisque la proximité physique est leur seul point commun. Une étude menée par l’institut fédéral de la justice des ÉtatsUnis appuie ce constat1. Elle affirme que les prisonniers qui occupent moins de 15 m2 (soit une cellule de 3 x 5 m) ont tendance à se suicider, à tomber malades et à créer des problèmes disciplinaires. En somme, il est dans l’intérêt de tous les concepteurs d’espace de s’assurer que l’environnement dédié aux occupants n’est pas exiguë au point d’engendrer des situations de « mal-être ». De toute évidence, ce principe est aussi valable pour des enfants dans une classe ou des ouvriers dans une usine.
1
Jean Morval. 2007. La psychologie environnementale. Presses de l’Université de Montréal 2 Gabriel Moser. Op. cit., p : 124 3 Jean Morval. 2007. La psychologie environnementale. Presses de l’Université de Montréal.
74
Psychologie environnementale
[77] -- La prison de Quezon à Manila, durant la nuit, Philippines.
– Les résidences universitaires : Les étudiants habitant dans des résidences universitaires sont « trop exposés à la présence d’autrui (surcharge sociale) ; ils ont l’impression d’être à l’étroit (crowded) »2, puisqu’ils n’ont aucun contrôle sur leur territoire. Lors de leur séjour, des situations désastreuses influencent le déroulement de leurs études, incluant des symptômes physiques et des problèmes dans la concentration intellectuelle à cause de la forte densité. Jean Morval a effectué une expérience durant un semestre, dans une chambre de résidence prévue pour deux personnes, mais occupée par trois. Les trois étudiants se sont sentis mal à l’aise avec de faibles performances lors de la réalisation de tâches complexes en laboratoire3. À ceci s’ajoute, une autre étude réalisée par le même chercheur concernant la relation entre les attitudes des résidents et la densité dans la résidence. À cet égard, il a attesté que les étudiants dans les résidences à forte densité ont moins confiance en eux et se montrent moins sociables envers les autres que dans ceux à basse densité. À ce titre, les personnes qui partagent des chambres surpeuplées (3 personnes dans une chambre de 12 m²)3, ont moins de relations amicales et sont moins coopératives que celles qui vivent dans des espaces spacieux et confortables. Ces résultats obtenus déduisent que la forte densité déclenche une situation de « mal-être » chez l’étudiant.
[78] -- Résidence universitaire.
75
Conclusion Nous avons eu l’occasion d’approcher lors ce chapitre, les environnements denses, à l’exemple des prisons et des jardins zoologiques. Par ailleurs, nous avons étudié le fonctionnement de l’espace personnel ainsi que ses caractéristiques. Et enfin, nous n’avons pas non plus négligé les réactions des individus face au surpeuplement, et la façon avec laquelle ce dernier génère des comportements hostiles suite à l’absence d’un contrôle du territoire. Ceci-dit, nous avons conclu que l’espace personnel, la territorialité et la densité physique et sociale participent, à des degrés divers, à la perception du surpeuplement. Le chapitre suivant enchaînera sur l’environnement comme objet de perception, d’évaluation et de représentation. Cette étude nous permettra par conséquence de cerner les outils d’évaluation et de représentation, utilisés par l’individu afin de s’identifier à un lieu.
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Psychologie environnementale
CHAPITRE 2 : PROCESSUS PSYCHOLOGIQUE D’ÉVALUATION D’UN ENVIRONNEMENT Pour tenter de comprendre et de prévenir les réactions de l’individu aux différentes conditions environnementales, il nous est apparu judicieux de prendre en compte la manière dont il représente et évalue son environnement. 2.1 - LA CONSCIENCE DU MONDE « Les rapports que l’homme entretient avec son environnement dépendent à la fois de son appareil sensoriel et de la façon dont celui-ci est conditionné à réagir » 1. HALL Edward T.
[79] -- Rrivière Tamraght, Agadir, Maroc.
Nous apercevons le monde comme il nous apparait avec une naïveté et sans aucun esprit critique. Par exemple, l’interprétation de la photo n° 79 diffère selon les individus, parce que nous sommes face à une image simple, mais pourtant pleine de détails. En outre, l’interprétation de toute image du monde extérieur est propre à chacun d’entre nous puisqu’elle est perçue à partir de notre corps et par le biais de nos propres sensations et de notre vécu. Percevoir Fais appel Aux sens
-Les récepteurs sensoriels
À l’esprit
-Le traitement de l’information (Inconscient)
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2.2- LES MODALITÉS DE PERCEPTION « L’architecture est jugée par les yeux qui voient, par la tête qui tourne, par les jambes qui marchent » 1 L’espace est riche en informations. Face à la richesse de l’espace en informations sensorielles, l’Homme reconnait son entourage. Ces informations prennent la forme de milliers de données traitées automatiquement par le cerveau, afin de construire un cadre d’action, une image, un environnement. L’individu se construit en [80] -- Exposition de l’artiste Esther Stocker permanence des images de son concernant la perception de l’espace. espace par la perception visuelle. Pour cette dernière, on lui attribue une suprématie dans la construction perceptive et descriptive. Néanmoins, il ne faut pas oublier qu’en l’absence des informations auditive, tactile et olfactive, notre vision est vague et imprécise. Ci-dessous, on s’étalera sur les principales modalités de perception chez un individu normalement constitué. 1
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Psychologie environnementale
- la couleur -Fréquence -la texture -la forme -Localisation -la douleur -la taille - etc. - etc. -l’orientation -le mouvement -la texture -l’éclairage - etc.
-les odeurs
Les connaissances
Stimulus olfactif
Stimulus haptique
Stimulus auditif
Construction de la représentation d’un espace 2
Stimulus visuel
Le Corbusier. 1950. Le Modulor. p : 74. Édition L’Architecture d’Aujourd’hui, 1983. 2 Nadia Chabi. 2007. L’homme, l’environnement, l’urbanisme. Tome I, thése en vue de l’obtention du diplôme de doctorat option : URBANISME. 3 Edward Hall . 1971. La dimension cachée. p : 88, éd. du Seuil 4 Théorie de la Gestalt : « forme » en Allemand, est une théorie d’origine allemande (début du XXe siècle) qui définit les principes de la perception. Le postulat de base est le suivant : devant la complexité de notre environnement, le cerveau va chercher à mettre en forme, à donner une structure signifiante à ce qu’il perçoit, afin de le simplifier et de l’organiser. Pour cela, il structure les informations de telle façon que ce qui possède une signification pour nous se détache du fond pour adhérer à une structure globale. h t t p : / / b l o c n o t e s . i e r g o . f r/ b r e v e / motsetphrases/theorie-de-la-gestalt/
-l’expérience personnelle -le savoir personnel -le contexte social et culturel - etc.
[81] -- Tableau schématisant les différentes manières pour la représentation d’un espace.
2.2.1 Perception visuelle « L’homme apprend en voyant, et ce qu’il apprend retentit à son tour sur ce qu’il voit ». 3
[82] -- Canard ou bien lapin ?
La vision apporte, et bien plus rapidement, une énorme quantité d’informations comparée aux autres sens. Or, de temps en temps, l’œil perçoit des illusions qui ne correspondent pas avec la réalité. Ces perceptions faussées font quotidiennement partie de notre vie quotidienne, mais la plupart du temps, nous ne les remarquons pas. À la lumière de ces illusions, nous nous sommes demandés par quel mécanisme cette image, formée sur notre rétine, se transmet à notre cerveau. Théoriquement, l’activité perceptive est régie par une règle. Par exemple, lorsqu’un individu aperçoit un objet dans son champ visuel, il réagit d’une manière à créer un point de fixation prioritaire. Et à l’aide de ce dernier, l’individu constitue des repères essentiels capables de définir l’objet : les frontières, les angles, les intersections, etc. D’après la théorie de la Gestalt4, pour percevoir une forme, il faut la distinguer des autres qui se situent à l’arrière-plan. Donnons l’exemple d’un point noir dans un fond blanc, un phénomène appelé différenciation figure – fond. La distinction parait évidente dans ce cas. En revanche, dans la réalité, les figures remplissent notre environnement et possèdent des formes plus complexes, le plus souvent, masquées en partie par des obstacles ou encore confondues dans un arrière-plan surchargé. Or, dans tous les cas, la perception d’une forme ou d’une figure nécessite une
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organisation qui permet de grouper les parties de l’image appartenant à la forme. À cet effet, la théorie de la Gestalt établit la loi de la forme qui, se décompose en plusieurs lois : – Loi de la bonne forme : le cerveau va tenter de percevoir des « bonnes formes » dans un groupement de parties.
– Loi de continuité : des points rapprochés sont perçus dans une continuité et tendent à représenter des formes.
– Loi de la proximité : Des éléments proches sont perçus comme appartenant au même ensemble.
– Loi de similitude : les éléments semblables sont perçus comme appartenant à la même forme.
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Psychologie environnementale
– Loi de destin commun : Des éléments subissant simultanément un mouvement dans une même direction sont perçus comme appartenant à la même figure.
– Loi de clôture (ou fermeture) : notre cerveau tente de combler les vides afin de percevoir une forme dans sa totalité.
[83] --World Trade Center Twin Towers, New York, États-Unis.
L’application de la théorie de la Gestalt en architecture, pourra être une prouesse inespérée, ayant pour but d’aboutir à des formes désirées inconsciemment par l’ensemble de la société. Ci à coté figurent des photos montrant respectivement les lois de : proximité, destin commun et enfin de la bonne forme. [84] -- Opéra de Sydney, Australie.
[85] -- Le palais de l’Aurore, résidence des présidents de la République, Brasília.
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Et pour terminer, le dernier mécanisme qui caractérise la sensation visuelle, est la couleur. Cette dernière joue un rôle dans la structuration de l’environnement, et participe à la mémorisation de l’espace. Il est bien connu que les couleurs de l’environnement peuvent retentir sur notre comportement : le jaune stimule, le vert détend, le bleu apaise, le rouge excite, l’orangé tonifie. À côté des rôles fonctionnels, la couleur est porteuse de message de valeur et d’identité. Et en abordant cette notion l’architecte Rem Koolhaas affirme qu’ : « Il y a deux types de couleurs. D’une part, les couleurs intrinsèquement liées à un matériau ou à une substance, qui sont immuables, et d’autre part, les couleurs artificielles, qui sont appliquées sur une surface et qui transforment l’apparence des objets » 1. Par exemple, le béton, la brique et le bois sont des matériaux qu’on pourra fièrement exposer dans leur état brut2. Finalement, la vision au fond, est la capacité de tirer une signification fournie par les renseignements visuels sur un objet observé. Néanmoins, elle seule ne suffit pas à former une connaissance.
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Psychologie environnementale
0.5 m
2 m
5 m
7.5 m
10 m
Rem Koolhaas. 1999. OMA 30: 30 colours. p : 13. Éditeur V+K Publishing. 2 Christopher Drew, Marie-Chantal Leblanc, David Proulx. La pensée constructive en architecture, Louis Kahn, Phillips Exeter Academy Library. Site Web sur INTERNET. <https://www.arc.ulaval.ca/files/arc/LouisKahn_Exeter.pdf>. Dernière consultation : le 02-04-2017. 3 Edward Hall. 1971. la dimension cachée. p : 85, éd. du Seuil. 4 Steve Cherpillod.2010. Espace sonore, p20. http://archivesma.epfl.ch/2011/016/cherp_ enonce/steve_cherpillod_enonce.pdf/
100 m 80 m 50 m 20 m
1
[86] -- La perception visuelle.
2.2.2 – Perception haptique Pour comprendre un objet, il ne nous suffit pas uniquement de le voir, mais aussi de le toucher, le palper et le soupeser. Ce contact avec les choses est un besoin inévitable pour l’enfant lors sa découverte du monde. La perception haptique met en œuvre des processus intégrant les informations cutanées pour former une image d’un objet. De surcroit, la main est considérée comme le moyen le plus utilisé pour entrer en contact avec des objets. La peau et les muscles occupent une place considérable dans la perception [87] -- Homoncule de Penfield présentant de l’espace, du moins par leur la sensibilité cutanée. Les dimensions des étendue, et cela parce qu’ils ont la représentations des différentes parties faculté de nous mettre en contact du corps sont proportionnelles à leur direct avec le monde : les variations sensibilité. de pression et de température, les contacts, le plaisir et la douleur. « La texture est jugée et appréciée par le toucher, même si elle est offerte à la vue... C’est le souvenir d’expérience tactile qui nous permet d’apprécier la texture » 3. De tous nos sens, le toucher reste le plus personnel. Il faut toucher pour connaître, pour apprendre, et pour mieux comprendre les textures spatiales. 2.2.3 – Perception sonore Nous avons choisi de nous intéresser à la perception sonore parce que nous étions convaincus qu’un espace se vit à la fois à travers la vision, l’olfaction et l’audition. Théoriquement, «le son peut se comprendre comme une faible et rapide variation de pression du milieu environnant causée par un objet matériel»4. Autrement dit, le son est une onde produite par une vibration mécanique. Il n’est pas non plus figé comme une image, il bouge, se diffuse, et évolue dans l’espace. Ainsi, il a la particularité d’introduire la notion de temps dans un espace donné. Le son a un grand rôle à jouer, puisqu’il nous fournit des informations sur un matériau, sa structure interne, son élasticité et même l’ambiance d’un endroit. En guise de conclusion, la perception sonore demeure un élément souvent négligé aussi bien dans nos espaces urbains qu’à l’intérieur de nos maisons, malgré qu’elle soit intimement liée à notre équilibre psychologique.
83
2.2.4 – Perception olfactive Le mécanisme de perception des odeurs est comparable à celui de l’ouïe : une substance odorante placée latéralement par rapport à un observateur transmettra à la narine la plus proche une plus grande concentration, alors qu’une substance placée devant lui communiquera la même information à chaque narine. Si le système olfactif joue un rôle communicationnel important dans le monde animal (identification des individus, de leurs états affectifs…), il est très peu utilisé par l’homme, qui par ailleurs localise très mal les odeurs autour de lui. Ce caractère personnel de la perception d’un environnement induit une sorte de réflexion sur sa représentation. C’est ainsi qu’on se demande comment un architecte peut représenter ce qui ne se voit pas mais qui se ressent ? 2.3 - LA PERCEPTION DE L’ESPACE URBAIN « Toute ville est, formellement, un assemblage de volumes pleins, d’immeubles et de constructions ; mais symétriquement, ce sont les vides et non les pleins, les espaces urbains et non les volumes bâtis, qui définissent les lieux et orientent nos perceptions ». 1 En Europe, la plupart des villes anciennes ont conçu des places publiques sur un ordre de grandeur : 100 mètres en longueur par 70 mètres en largeur. De telles dimensions ont le mérite d’offrir à la fois perspectives et détails, ce qui permet aux occupants d’observer toutes les activités qui se déroulent. En outre, la Piazza del Campo, principale place publique de Sienne, en Italie, forme l’exemple idéal. Elle fait 135 mètres de long par 90 mètres de large. À l’intérieur de ce périmètre, une ceinture de bornes délimite un nouvel espace respectant approximativement la règle des 100 mètres. Cette place publique démontre que de vastes espaces bien conçus peuvent aussi respecter nos perceptions sensorielles.
1
Ricardo Bofil & Veron Nicolas. 1995. L’architecture des villes. Édition Odile Jacob. 2 Jean Cousin. 1980. L’espace vivant. p : 58. Édition du Moniteur.
84
Densification urbaine
[88] -- St. la Piazza del Campo, Italie.
En raison de l’horizontalité du champ de vision de l’homo sapiens2, ce dernier a tendance à plus s’intéresser au rez-de-chaussée des immeubles, qu’aux étages courants. Une raison de plus pour les diversifier et accorder au marcheur une expérience de vie riche. Cependant, une fois que la vitesse de l’homme dépasse celle de la marche ou de la course, la possibilité d’interpréter les éléments de l’environnement diminue à cause du déclin du champ visuel. Dans un contexte de planification urbaine, rues, sentiers et boulevards sont conçus pour un mouvement linéaire, et les places publiques convoient à un espace d’arrêt.
[89] -- Rez-de-chaussée, Dublin, Irlande.
Conclusion Depuis l’enfance, l’homme vit l’expérience de l’environnement, et ce, sans nécessairement y réfléchir. Sa perception et sa représentation de l’environnement mettent simultanément en jeu des processus perceptifs, cognitifs et affectifs, tout en intégrant nécessairement ses expériences passées. Ceci-dit, l’homme discerne son monde extérieur à travers ses modalités de perception. Lors du chapitre prochain, nous allons accorder une grande importance à l’étude des conditions environnementales potentiellement stressantes telles que le bruit, la température extrême, la pollution atmosphérique et le surpeuplement. 85
CHAPITRE 3 : LES STRESSEURS ENVIRONNEMENTAUX « Le stress est la réponse non spécifique de l’organisme à toute demande. Par définition, il ne peut être évité. La complète liberté par rapport au stress, c’est la mort » 1. Hans Selye2 Depuis que Hans Selye2 a introduit la notion du stress en 1936, l’étude des stresseurs est devenue une préoccupation majeure dans la psychologie environnementale. Les stresseurs de l’environnement se contextualisent sous différentes formes. Autrement dit, Ils nous dérangent, en nous mettant dans une situation intense et désagréable. Il en existe à l’école, au parc, à la plage et même chez soi. Parmi ces stresseurs, nous pouvons citer le bruit, les températures extrêmes, la pollution et le surpeuplement. 3.1 - LE BRUIT
1
Catherine Gaumé. les déterminants de la santé subjective dans les pays baltes au cours des années 1990. p 39 2 Hans Selye (1907-1982) est un « Physiologiste canadien dont l’œuvre a dévoilé les principaux mécanismes de la réaction biologique des organismes animaux face aux agressions de toute nature »Site Web sur INTERNET. <http://www.universalis.fr/ encyclopedie/hans-selye/>. 3 Jean Morval. 2007. La psychologie environnementale. Presses de l’Université de Montréal. 4 Claude Lévy-Leboyer a été professeur de psychologie du travail à l’université René Descartes-Paris V et vice-président de cette université. Elle est actuellement consultante auprès des organisations des secteurs public et privé. Elle est également l’auteur de nombreux ouvrages dans le domaine de la psychologie du travail, notamment sur les compétences, la motivation et la personnalité.
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Psychologie environnementale
Tout d’abord, une distinction entre le bruit et le son est nécessaire. Premièrement, le son est une vibration acoustique qui se propage dans l’air, perçu par l’ouïe comme une vibration harmonique (musique, discussion...). Néanmoins, le bruit est l’ensemble des sons gênant et désagréable à entendre, soit parce qu’il est physiologiquement insupportable [90] -- Pollution sonore dans un quartier (par son intensité ou sa fréquence), résidentiel ; avant l’atterrissage à soit parce qu’il interfère avec l’aéroport de Londres Heathrow. d’autres sons plaisants. C’est pourquoi une longue période d’exposition aux bruits dans des environnements, (tels que usines, écoles et maisons) expose l’individu à toute une gamme d’effets négatifs : anxiété, troubles du sommeil, basse performance scolaire, augmentation de la pression sanguine. Ceci rappelle une étude réalisée par le National Safety Council aux États-Unis3 qui explique qu’il y a une corrélation entre le bruit et les accidents de travail. Elle affirme qu’à cause des hurlements des sirènes d’alerte qui se font d’une manière inattendue, les ouvriers deviennent plus stressés et plus susceptibles d’avoir des accidents lors de leur travail. Quoi qu’on dise, les bruits imprévus tels que klaxons, travaux de construction et musique forte amènent les individus à ressentir moins de contrôle sur leur environnement. Mais malheureusement, cette menace psychocorporelle s’impose de plus en plus dans nos villes. Et dans l’absence du contrôle du bruit, le citadin devient de plus en plus agressif.
Pour corroborer le tout, Richard A. dans son livre « Noise and helping Behavior » 3 résume en cinq points, les effets négatifs de l’exposition aux bruits : – Le bruit crée une ambiance désagréable qui entraine la mauvaise humeur, l’irritation et une baisse de concentration intellectuelle. – Le bruit est un agent de diversion qui découpe « l’attention en mille morceaux », et de ce fait, les personnes qui y sont exposées remarquent moins souvent une personne demandant de l’aide. – Le bruit empêche la communication interpersonnelle. – Le bruit cause une surcharge d’information chez l’individu. – Le bruit est un stimulus négatif que l’on fuit le plus souvent et le plus rapidement. 3.2 – TEMPÉRATURE EXTRÊME DE L’AIR La température du corps humain est maintenue constante à 37,6 °C. Et comme nous savons, le confort thermique dépend de plusieurs variables : le métabolisme, l’habillement, la température et l’humidité de l’air. Mais que se passe-t-il quand notre corps est sous l’effet d’une canicule extérieure ? Est-ce que cela entraine l’apparition d’un comportement belliqueux ? Selon Jean Morval, « Lorsque la température est extrêmement élevée, les personnes sont surtout préoccupées de s’en écarter le plus vite possible (...) Ainsi l’agressivité n’est pas susceptible d’augmenter avec le seul facteur de hausse extrême de la température (...)Dans une expérience en laboratoire où les sujets... avaient très chaud (...) On a pu constater que la préoccupation principale concernait la réduction de l’inconfort (...) L’agressivité par rapport à autrui venait en second plan et ne semblait pas être manifeste ». Lévy-Leboyer4 , lui, a mené des expériences sur le comportement des enfants soumis à des températures entre 20, 27 et 30 ° C. Il en déduit que lorsque la température est légèrement inconfortable, la performance baisse, tandis que lorsqu’elle est gênante, la tension venant du stress supplémentaire améliore la performance de la vitesse d’exécution. On peut conclure que les personnes exposées à des températures élevées ne sont pas nécessairement portées à adopter des comportements agressifs. C’est juste que la chaleur modifie leurs comportements et ils deviennent moins habiles et plus tendus.
87
3.3 – POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE « On entend par pollution atmosphérique toute substance dont les émanations respirables sont nocives pour la santé de l’individu, peuvent causer de sérieux dommages physiques, et sont susceptibles d’avoir une influence sur la santé mentale. » 1 Par ses minuscules particules toxiques telles que l’oxyde de carbone, le sulfure et l’azote, la pollution atmosphérique expose la société à des maladies chroniques ainsi que cardio-vasculaires. Mais malgré son habituelle présence, la plupart des habitants vivant dans des espaces urbains pollués n’en souffrent apparemment pas et semblent s’y habituer. Evans, professeur en psychologie environnementale, nous éclaire à partir de ses expériences, en expliquant que « les résidents d’une ville ont la capacité à s’adapter aux conditions de pollution extrêmes et à devenir plus résistants, contrairement aux nouveaux résidents qui ont tendance à remarquer les signes de pollution » 1. En somme l’exposition chronique à une pollution atmosphérique entraine chez l’individu une adaptation du comportement. 3.4 – SURPEUPLEMENT Le surpeuplement est une densité perçue. Il est le fait de ressentir la présence de trop de monde dans un espace, par exemple dans un stade ou une manifestation. Cependant peut-on considérer le surpeupleument comme un stresseur environnemental ? Jonathan Freedman fait valoir que le surpeuplement n’est ni bon ni mauvais, mais dépend de ce que nous attendons2. Il ajoute aussi que la densité bâtie, n’affecte d’aucune manière nos comportements. Par exemple, si nous prévoyons passer un bon moment dans une fête bondée, nous allons nous amuser. Pourtant, devant un même surpeuplement mais avec l’idée de passer prochainement un moment désagréable, nous allons sentir misérables. De surcroit, il affirme que dans un milieu urbain, les gens conscients du niveau de densité à l’avance, se sentent moins encombrés que ceux qui ne savent pas à quoi s’attendre. De même, Jean Morval souligne, lui aussi, que la haute densité a un rôle favorable, afin de minimiser l’impact des stresseurs environnementaux : « Le nombre de personnes par pièce reflète, outre l’agaçante présence 1 Evans Gary. 1982. «Adoptation to air des autres, le privilège de sentir que les membres de la famille nous pollution». journal of Environmental protègent contre le stress et assurent un sentiment d’appartenance qui Psychology. vol2, p99, 108. est surement le plus grand ennemi de la dépression » 3. 2 Jonathan Freedman. 1975. Crowding and behaviour. Éditeur : W.H.Freeman & Co Ltd. 3 Jean Morval. 2007. La psychologie environnementale. Presses de l’Université de Montréal.
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Psychologie environnementale
Ceci signifie que le surpeuplement dans une zone ne crée aucune limite pour les interactions sociales. En revanche, c’est notre habilité et notre capacité à contrôler la situation qui nous pousse à être moins agressif et sociable.
Conclusion L’exposition à des circonstances environnementales potentiellement stressantes, déclenche tout un ensemble de mécanismes psychologiques. Les nuisances environnementales, à l’exemple de l’exposition à un surpeuplement en absence d’un contrôle territorial, restreignent les comportements sociaux et intensifient les conduites hostiles ( agression, incivilité, manque de responsabilité et repli sur soi-même). En gros, la surdensité n’est pas un problème en soi, la promiscuité si.
ÉTUDE DE CAS
L’OMBRIÈRE
[91] -- Vue générale sur l’ensemble du projet.
[92] -- Vue d’ambiance.
L’ombrière est une structure métallique de 6 mètres de haut, offrant une ombre aux passants. L’architecte de cette dernière, Foster, a favorisé l’utilisation du miroir comme élément principal ; un matériau qui a la capacité de capter les piétons et de leur montrer une réalité ou bien de la déformer. Cet exemple a capté notre intérêt car il se distingue par un choix de matériaux affectant la psychologie des individus. [93] -- Carte représentant l’emplacement du projet.
Localisation : vieux port de Marseille, France Année de construction : 2013 Architecte : Norman Foster & Partners Fonctions et usages : Abri contre les rayons de soleil Caractéristique de l’espace : – La vue : mer, ciel, piétons, bateaux, immeubles, commerces,etc. – L’ouïe : Cri et chant du goéland et sirène de bateau.
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Psychologie environnementale
– L’olfaction : odeur du sulfure de diméthyle, émis lors de décomposition d’algues déposées par les marées et l’odeur du carburant des bateaux.
CENTRE ÉDUCATIF EL CHAPARRAL
[94] -- Vue d’ambiance.
Comme les couleurs influencent de façon directe le comportement des humains, Alejandro Miranda a inclus dans son projet plusieurs nuances produisant des réactions émotionnelles. Opter pour faire entrer les couleurs dans les jardins d’enfants est un moyen moins onéreux, mais qui permet d’influencer et de maîtriser la personnalité ainsi que le comportement de l’enfant. La présence de matériaux ludiques appropriés, déteint fortement sur l’apprentissage précoce de la sociabilité des enfants, en favorisant chez eux les interactions entre pairs.
[95] -- Vue générale sur l’ensemble du projet.
[96] -- Carte représentant l’emplacement du projet.
Le choix de ce projet provient de notre ultime conviction que les couleurs avec leur maintes signification, permettent de modeler positivement la personnalité des citoyens en milieu urbain. Localisation : Granada, Spain Année de construction : 2010 Architecte : Alejandro Miranda Fonctions et usages : Jardin d’enfants Caractéristique de l’espace : – La vue : utilisation de multiples couleurs affectant la personnalité de l’enfant : Le rouge : Inspire la sécurité et l’autonomie. Le vert : représente l’amitié, la
convivialité, la générosité et l’assurance. Le Fuchsia : représente l’acceptation de ses complexes. L’orange : inspire l’optimisme, le mouvement et la passion – L’ouïe : Ambiance de récréation, pleurnichement, chant des enfants, musique, etc.
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SYNTHÈSE Lors de cette partie, les environnements denses et les stresseurs ont fait l’objet d’une attention particulière, afin d’assimiler la majorité des mécanismes psychologiques, face à un nombre de conditions potentiellement perturbateurs (la température d’air, la pollution, le bruit et la surdensité). Et à travers nos multiples recherches, nous sommes convaincus que l’exposition à une forte densité physique ou à un surpeuplement, en absence d’un contrôle territorial, entraine des comportements négatifs tels que l’agression, l’incivilité, le manque de responsabilité et même le repli sur soi-même. Autrement dit, la surdensité provoque une réaction aversive en raison de la forte stimulation sensorielle qu’elle produit et la présence d’interactions non désirées. En gros, la surdensité peut dans cette optique, être définie comme de la non-satisfaction d’un besoin de privacité.
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Psychologie environnementale
PARTIE
03
LA QUALITÉ DE VIE URBAINE Pour échapper au modèle de la ville étalée, nos villes sont appelées d’une part à fusionner l’ambition écologique avec l’exigence d’une qualité de vie urbaine, afin d’améliorer leur habitabilité. Nous chercherons à comprendre dans cette partie, la notion de « qualité de vie urbaine » comme outil d’aménagement pour les villes de demain. C’est ainsi, que l’on se demande : quels sont les processus à mettre en œuvre pour la construction d’une qualité de vie urbaine ?
[97] -- Devant l’opéra de Zurich, Switzerland.
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PARTIE
03
CHAPITRE 1 : DÉFINITION DE LA QUALITÉ URBAINE « La qualité de vie est un élément fondateur des préoccupations à la fois politiques et sociétales et fait partie des enjeux urbains actuels. À l’heure où l’on tente de maîtriser l’étalement urbain, où l’on parle de renouvellement urbain, où l’on évoque la nécessité d’une densification des centres, la question de la qualité de vie urbaine est au cœur des projets d’aménagement et de développement »1. La notion de la qualité de vie urbaine ou simplement la qualité du « cadre de vie » est encore mal circonscrite, puisqu’elle est pluridisciplinaire et multithématique. Demander aux gens de parler de la qualité de vie, les amène systématiquement à être tantôt objectifs et tantôt subjectifs, selon la situation ainsi que la personne. Usagers de la ville, travailleurs, enfants, adolescents et personnes âgées, chacun d’eux a une vision propre de la qualité de vie. Une personne par exemple pourra décrire, les ambiances les lumières, les couleurs, les infrastructures, tandis qu’une autre vous parlerait avec effusion de ses impressions sur un bâtiment, une placette ou bien d’un souvenir de vacance ou d’enfance. Par conséquent, la qualité de vie est constituée par les souvenirs : vécu, perçu et ressenti. De surcroit, plusieurs organismes internationaux proposent un classement de ville évaluant la qualité de vie urbaine. Par exemple lors du classement Mercer sur la qualité de vie dans les villes du monde, plusieurs critères sont pris en compte, parmi eux : la sécurité, la connectivité internationale, le climat, l’architecture, les transports publics, la tolérance des habitants, l’accès à la nature, l’aménagement urbain, le marché du travail, les politiques de développement et les soins médicaux.
[98] -- Les dimensions de la qualité urbaine.
1
De la qualité de vie au diagnostic urbain : vers une nouvelle méthode d’évaluation. Le cas de la ville de Lyon, Certu, 2006, Département urbanisme
94
Qualité de vie urbaine
Compte tenu de ce qui précède et comme la constitution de la notion de la qualité de vie urbaine n’est guère cernée avec précision, nous avons voulu avoir une position médiane, dans une optique où le confort urbain du citadin est notre priorité. Pour définir les différents corpus qui pourront constituer la notion de la qualité de vie urbaine, nous pouvons admettre qu’il y a quelques clés en main, pouvant toucher un large public, fondées sur la psychologie environnementale. Comme cette dernière s’intéresse à la manière dont l’individu interagit avec l’environnement, elle ouvre la reconnaissance de quelques aspects importants de la qualité de vie : La satisfaction résidentielle, le confort du logement, le sentiment de sécurité, l’accès aux services, la qualité de l’eau et de l’air, l’accès au transport, la préservation des espaces naturels de proximité et les espace verts. En adoptant une approche environnementale, nous avons déduit à travers les critères rassemblés en-dessus, que la qualité urbaine se compose en trois dimensions : Immatérielle/ou formelle, fonctionnelle et environnementale.
LES TROIS MEILLEURES VILLES SELON MERCER 2016
[99] -- Graben Street, Vienne, Austriche.
[100] -- Bahnhofstrasse, Zurich, Switzerland.
[101] -- Queen Street, Auckland, New Zealand.
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CHAPITRE 2 : QUALITÉS IMMATÉRIELLES Au cours de cette partie, nous nous sommes interrogés sur plusieurs notions immatérielles, basées sur la psychologie environnementale et contribuant à la qualité de vie urbaine telles que : l’équité, la sociabilité urbaine, la satisfaction résidentielle, le confort et l’ambiance. 2.1- L’ÉQUITÉ Nous vivons dans une période où nous mobilisons une grande énergie politique, pour protéger les droits de l’Homme, afin d’édifier un monde meilleur. Dans cette perspective, on s’est intéressé à la justice spatiale et au droit d’accès à un espace comme critère d’une qualité urbaine implicite. Pour Henri Lefebvre, philosophe et sociologue français, la ville juste est celle qui respecte le droit à la vie urbaine, c’est-à-dire, le droit pour tous les habitants, de s’approprier les aménités et les biens publics offerts dans l’espace urbain. Certes, cette source d’inspiration est utile et passionnante, mais difficile à appliquer sur le terrain, vu que la ville est devenue de nos jours un milieu fragmenté par le pouvoir de l’argent [Photo n°102]. De ce fait, la recherche de la ville juste prend la forme d’une chimère, dont la réalisation est presque vouée à l’échec dans un contexte capitaliste. « La qualité de vie urbaine, de même que la ville elle-même, est désormais une marchandise réservée aux plus fortunés dans un monde où le consumérisme, le tourisme, les industries de la culture et de la connaissance sont devenus des aspects majeurs de l’économie politique urbaine »1. Pour corréler le tout, la revendication d’un espace urbain juste et équitable rentre dans l’idéalisme, même si elle apparait comme une qualité formelle imparable.
1
David Harvey . 2011. Le capitalisme contre le droit à la ville, Néolibéralisme, urbanisation, résistance. p : 21. éd. Amsterdam 2 Moser Gabriel. Op. cit., p : 165 3 Kurt Lewin est un psychologue américain d’origine allemande spécialisé dans la psychologie sociale et le comportementalisme. Il est un acteur majeur de l’école des relations humaines. 4 Moser Gabriel. Op. cit., p : 85
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Qualité de vie urbaine
[102] -- Condos de luxe et la favela Paraisópolis à São Paulo au Brésil.
2.2- LA SOCIABILITÉ URBAINE D’innombrables études tournant autour de la sociabilité ainsi que la solitude démontrent la nécessité d’appartenance à un réseau social et de l’entretien des liens stables pour chaque individu. Elles soulignent de même que les relations interpersonnelles sont amplement importantes pour affronter les situations stressantes. Ainsi, elles affirment qu’il existe une relation positive entre la fréquentation de nombreux amis ou connaissances et l’étouffement efficace des périodes de vie stressantes. La quintessence de ces propos est totalement confirmée par les recherches d’Argyle et de Henderson. Ces chercheurs en psychologie expérimentale soutiennent que «l’amitié procure un support social et émotionnel et qu’elle est pourvoyeuse d’aide et permet à se consacrer à des activités communes»2. Or de nos jours, dans les grandes métropoles, les réseaux relationnels des citadins ne sont plus mono spatiaux en raison de la mobilité sociale et résidentielle et de la séparation des lieux de travail et de résidence. De ce fait, les citadins sont des membres de plusieurs réseaux dispersés spatialement (réseau de collègues, de travail, de loisir, etc.), au point que cette mobilité géographique tend à restreindre les opportunités de pratique relationnelles, puisqu’elle ne laisse pas du temps aux individus d’établir des relations stables et de les entretenir. Pour conclure, on peut proclamer que «la sociabilité urbaine» nous permet de fortifier notre théorie de la ville dense, dans la mesure où elle supporterait la minimisation du temps de transport des habitants vivants en périphérie. 2.3 - LA SATISFACTION RÉSIDENTIELLE La prise de conscience que les habitants des grandes agglomérations se plaignent de leur environnement résidentiel (le foyer, le logement, le voisinage et la communauté), nous a systématiquement poussé à évaluer les critères dont l’individu se sert pour s’estimer heureux. De prime abord, la satisfaction exprime la présence d’un sentiment subjectif de bien-être, accompagné de l’appréciation de chaque individu de son propre environnement, selon des critères sociaux, économiques ou autres. D’après Kurt Lewin3, les souhaits de chaque individu concernant son cadre de vie, sont liés à ses traits psychologiques et à son histoire personnelle. Autrement dit, chaque individu évalue de façon plus au moins favorable son environnement en fonction de ses critères personnels. A travers cette optique, l’adaptation à un environnement n’assouvissant pas les désirs et les inspirations d’une personne ne peut aboutir qu’à deux situations : «soit l’adaptation est passive, alors la personne s’accommode avec son milieux en rationalisant ses choix, soit elle est active, alors la personne recherche le changement dans l’environnement plutôt que chez elle, en essayant de le rapprocher le plus possible de l’image idyllique fixée dans sa tête»4.
97
En outre, la durée de résidence, les souvenirs et la tranquillité fournie par le voisinage viennent aussi renforcer cette satisfaction. Et pour conclure, les caractéristiques physiques telles que le bâti ou les services, constituent elles aussi, des éléments inhérents à la satisfaction résidentielle1. Or, l’exigence de congruence entre environnement et individu n’est pas uniquement limitée à la satisfaction résidentielle mais aussi au confort de ce dernier. 2.4 - LE CONFORT Le confort participe d’une manière récurrente à la qualité de vie et au bien-être des individus. Malgré qu’il soit très peu exploré ou mal exprimé, il reste éventuellement lié à nos sentiments, nos perceptions, nos humeurs et nos différentes situations quotidiennes2. Et afin d’englober ce concept et mieux comprendre ses diverses particularités, nous avons préféré nous attarder sur plusieurs études et recherches qui l’expliquent laborieusement. En premier lieu, la sociologue Sèze3 nous fait comprendre à travers son ouvrage, apparu en 1994, qu’il existe deux types de confort. Le premier est le confort sensoriel. Il est lié aux qualités de l’environnement s’adressant aux sens : la lumière, l’air, la vue et la qualité tactile des matériaux. Le second est le confort existentiel : c’est-à-dire l’ensemble des qualités environnementales du cadre de vie qui affectent le plan psychique et l’épanouissement personnel de l’individu.
1
Moser Gabriel. Op. cit., p : 85 Moser Gabriel. Op. cit., p : 107 3 Sèze est une ancienne directrice du centre de recherche sur l’innovation à l’Université du Québec à Montréal 4 Dumur, E., Bernard, Y. & Boy, G. 2004. Designing for comfort. P : 111-127. Ed. Maastricht 5 Jeanne Moore. 2000. Placing home in context. Journal of environmental psychology, 20, 9. 207-2017 6 Claude Pineau . 1980. Psychologie différentielle du confort ; Étude des besoins individuels en matière de confort dans les logements. Paris : CNRS, laboratoire de psychologie environnemental 7 Levy-Leboyer, C. 1980. Psychologie et environnement. Paris : PUF. 2
98
Qualité de vie urbaine
En deuxième lieu, la réflexion d’Eliane Dumur et de ses confrères4, classe la notion du confort selon quatre volets : - Le confort matériel qui est lié à la satisfaction des besoins primaires et matériels. - Le confort esthétique qui est subjectif et qui dépend des perceptions individuelles. - Le confort social qui correspond à un équilibre entre le besoin de sociabilité et celui d’intimité. -Le confort de conformité qui marque l’appartenance à un groupe social donné. Ensuite, Moore Jeanne, psychologue clinicienne, affirme que la notion du confort est étroitement associée à des environnements spécifiques et appropriables, tels que le logement ou les lieux de travail5. Et au final, Pineau Claude, professeur à l’université René Descartes à Paris, souligne que le confort est lié à nos besoins fondamentaux, au style de vie, à l’appartenance sociale et aux expériences antérieures en matière de confort6. À la lumière de ce qui précède, le confort peut être envisagé comme un indicateur de la relation de l’individu avec son environnement. Les équipements, les services urbains, les espaces verts, l’ambiance,
le voisinage et le chez-soi participent dynamiquement à l’affiliation subjective du confort et du bien-être. Cependant, le fait d’améliorer le cadre de vie d’un individu, de lui garantir un service urbain de qualité et de l’attribuer à une classe sociale supérieure, entraîne l’apparition de plusieurs aspirations plus élevées7. Ce qui nous amène finalement à penser que le confort n’est plus défini par le concepteur, mais plutôt perçu par l’usager. 2.5 – L’AMBIANCE « Les gens vont là où il y a du monde », affirme un dicton scandinave. L’être humain est spontanément stimulé et attiré par l’activité et la présence d’autrui. Sa prise de conscience d’une ambiance se fait par ses sensations visuelle, sonore, tactile et olfactive. Avec l’ambiance, il ne s’agit plus seulement de percevoir un paysage ou d’appréhender visuellement un environnement, mais d’être sensible à la vie urbaine. Jan Gehl, architecte et urbaniste danois, explique que si un enfant de sa fenêtre aperçoit ses camarades en train jouer, il se précipite dehors pour les rejoindre. Ainsi, le secret d’une animation d’une ville réside dans la combinaison d’un espace urbain accueillant et d’une masse critique de gens souhaitant l’occuper. De plus, si on souhaite rendre une ville animée et attrayante, il est important de tenir compte des activités pratiquées sur place, et surtout dans les rez-de-chaussée.
[103] -- Rue commerçante, quartier Flushing, New York, États-Unis.
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Quelques mesures pour animer l’espace urbain selon Jan Gehl :
Transparence L’ambiance en ville est plus agréable si on voit des vitrines transparentes bien garnies.
Appel aux sens Les ambiances font référence à notre expérience vécue sur le plan de la sensibilité.
Textures et détails Les rez-de-chaussée des immeubles faits de matériaux de qualité attirent les piétons.
Mixité des fonctions Devant des façades uniformes, le contact entre l’intérieur et l’extérieur se réduit, ce qui pousse le piéton à marcher vite. Façades à axes verticaux Les rez-de-chaussée dont les éléments de façade sont disposés selon un axe vertical rendent le trajet des piétons intéressant. Contrairement aux façades rythmées à l’horizontale qui rendent les distances moins courtes. [104] -- Illustration représentant quelques mesures pour animer l’espace urbain
100
Qualité de vie urbaine
Conclusion En guise de conclusion, les qualités formelles semblent favoriser les rapports sociaux et l’édification d’un chez-soi souvent lié au foyer. Ce dernier représente d’une part un territoire primaire, dans lequel les habitants exercent un contrôle à la fois exclusif et permanent, et d’autre part, un point central de leur déplacement quotidien.
CHAPITRE 3 : QUALITÉS FONCTIONNELLES Pour valoriser la qualité de vie urbaine, il est nécessaire de s’intéresser à l’espace urbain en tant que théâtre de plusieurs activités culturelles, sportives, commerciales, etc, tout en garantissant aux usagers une sécurité et un éclairage urbain de qualité. Pour cela, on cite parmi les qualités fonctionnelles : les usages, l’aménagement des espaces urbains, la sécurité et le service d’éclairage urbain. 3.1 - LES USAGES Observer les différentes pratiques de l’individu, s’intéresser à sa façon de penser, de travailler, de se déplacer et de consommer, aide à créer une cité qui souhaite comprendre et maîtriser les usages de sa population. Ainsi, Jan Gehl a fractionné cet espace en plusieurs catégories, selon l’activité pratiquée dans cet endroit : d’une part, les activités incontournables où les citadins sont généralement tenus à se rendre au travail ou à l’école, à attendre l’autobus et livrer des biens de consommation, sans s’occuper de la qualité de l’espace urbain. D’autre part, les activités facultatives, ou récréatives qu’on aime pratiquer : faire une promenade, s’asseoir ou rester debout pour observer la ville ou juste pour profiter du beau temps. Et enfin, les activités sociales qui se produisent en milieu urbain et favorisent l’interactivité sociale : sortie avec des amis, parler avec des inconnus, etc. L’absence d’une vision sur les différentes manières d’occupation de l’espace affaiblirait la vie urbaine. Autrement, il est nécessaire d’offrir un espace urbain de qualité et non de quantité, afin d’assurer une diversité, une prévisibilité et une sécurité : « Plus un espace urbain est invitant et facile d’accès, plus il est vivant. Dans presque toutes les situations, mieux vaut avoir accès à un mètre carré adjacent à la maison, qu’à dix mètres carrés au coin de la rue » 1.
1
Jan Gehl. 2010. Pour des villes à échelles humaine. p : 99. éd. Écosociété.
[105] -- Activités incontournables, facultatives et sociales.
102
Qualité de vie urbaine
Bavarder
Entrer et sortir
S’arrêter
Faire une pause
Faire ses emplettes
S’asseoir
Interagir
S’asseoir à côté
Longer
Se tenir dans un cadre de porte
Faire du lèche-vitrines
Se trouver de part et d’autre
[106] -- Illustration indiquant quelques pratiques urbaines
103
3.2 - LA SÉCURITÉ « L’insécurité est considérée comme un des aspects les plus négatifs de la vie en ville. Un nombre élevé de résidents de grandes villes est exposé à la violence et à la criminalité dans la mesure où les taux de criminalité sont plus forts dans les grandes villes qu’en milieu rural »1. Des recherches réalisées par Carlestam et Levy2, préconisent que Stockholm qui concentre 16 % de la population suédoise regroupe 40% des vols. Cette analogie nous a laissé supposer que la violence et la densité sont intimement liées et qu’il existe plus de délinquance dans le centre ville qu’à la périphérie. Or, une telle conclusion est un peu prématurée, puisqu’il peut y avoir d’autres explications alternatives telles que : la migration, la mauvaise condition de l’habitat, la pauvreté et la discrimination ethnique. Et parallèlement avec ce qui précède, la forte criminalité dans les grandes villes peut s’expliquer aussi par l’existence de bien précieux dans le centre urbain, comparé aux périphéries. Au clair, si nous contrôlons les effets de différents facteurs tels que le revenu, le niveau d’éducation et l’origine ethnique, nous nous apercevrons que la densité a peu ou même pas d’effet sur l’agression ; ce qui nous a orienté à nous intéresser d’avantage au sentiment d’insécurité.
1
Moser Gabriel. Op. cit., p : 148 Carlestam et Levy sont des chercheurs en psychologie environnementale. 3 Fisher, C.S. 1976. The urban experience. New York : Harcourt Brace Jovanich. 4 Moser Gabriel. Op. cit., p : 150 5 Ethique des concepteurs lumières, l’urbanisme lumière. Site Web sur INTERNET <HTTP://WWW.ARTURBAIN. FR/>. 2
104
Qualité de vie urbaine
Ce dernier constitue un élément majeur qui nuit à la fonctionnalité des espaces publics et stigmatise la convivialité urbaine, puisqu’il incite les individus à déserter ces derniers. Ainsi, il représente un véritable stress pour les individus qui y sont exposés, à tel point qu’ils expriment une volonté accrue pour déménager.3 Dès lors, le sentiment d’insécurité est considéré comme « une réponse individuelle et affective à une criminalité ambiante »4. Or, à une époque où les automobiles ont envahi les rues marocaines, la peur et l’inquiétude font partie intégrante de la vie quotidienne des citadins, puisque les accidents de la route sont devenus assez fréquents. Ce manque d’assurance a poussé le citoyen à abandonner plusieurs pratiques telles que la marche et le vélo. Et dans le but de déminer ce sentiment d’insécurité et d’encourager les individus à s’approprier les espaces publics, il est prépondérant qu’ils se sentent en sécurité en permanence : qu’ils aient l’impression d’être à l’abri des agressions et de la circulation automobile, d’avoir une appréciation positive sur leur environnement et enfin de se sentir bien chez-soi. 3.3 – L’ÉCLAIRAGE URBAIN L’éclairage urbain a contribué à un changement radical dans notre mode de vie urbain, en nous permettant d’apprécier la ville sous une autre forme et en nous faisant oublier que la nuit était ténébreuse et menaçante. Des villes telles que Paris et Lyon ont été parmi les pionniers à développer un projet de ville nocturne5. En réalisant un plan lumière, elles se sont adaptées aux pratiques des occupants et elles ont pu
rendre la nuit un moment de bien être. Cette valorisation de leur espace urbain a contribué notamment à la promotion de leur image. Ce plan lumière qui a servi pour cette valorisation, est un document né à la fin des années 1980. Il est destiné à la mise en valeur de l’espace public et du paysage urbain à différentes échelles (agglomération, quartier, etc.). En plus, il a pour objectif d’améliorer la qualité fonctionnelle et environnementale de toute ville. L’éclairage urbain au Maroc maintient toujours sa vocation sécuritaire vu qu’il se focalise essentiellement sur l’éclairement des voies de circulation. Par exemple si on veut comparer le service d’éclairage de Béni-Mellal et celui de Paris ou de Lyon, l’analogie pourra sembler hardie, puisque cette localité marocaine a longtemps marginalisé le rôle du plan de lumière dans la fabrication de son identité en se focalisant juste sur une rage décoratif. Par exemple, dans les grandes artères, tel que l'avenue Mohammed V, on remarque la présence de multiples panneaux décoratifs, qui représentent l’idée d’embellir la ville sans se soucier de leur fonctionnalité. En gros, entre réverbère, panneaux lumineux et fontaine éclairée, l’éclairage urbain à Béni-Mellal demeure modeste, mais utile.
[107] -- Éclairage public à Béni-Mellal.
Conclusion Il ressort de ce chapitre que les qualités fonctionnelles estompent les incivilités verbales ou physiques (dégradation des lieux ou bien graffitis), qui perturbent les relations interpersonnelles et la convivialité urbaine. Cette déduction s’explique par le fait que face à l’adéquation de l’aménagement des lieux, les usagers prennent le contrôle de leur territoire et évitent toute sorte de situation stressante.
105
CHAPITRE 4 : QUALITÉS ENVIRONNEMENTALES « Les êtres humains sont au centre des préoccupations relatives au développement durable. Ils ont droit à une vie saine et productive en harmonie avec la nature. » 1 Une fois que l’Homme est devenu sédentaire dans des agglomérations urbaines, il oublia sa précédente dépendance sur la nature pour survivre. En filigrane, il s’est montré moins soucieux de la présence de celle-ci en milieu urbain. Or, le rapport Brundtland et la conférence de Rio 1992, ont dévoilé d’innombrables problèmes écologiques (réchauffement climatique, épuisement des ressources et pollution), ce qui a engagé l’Homme d’aujourd’hui dans des efforts pro-envirommentaux2, et l’a mobilisé réellement en faveur de son environnement. Et pour cela, il est essentiel de débuter par le maintien de l’espace vert, la présence de l’eau, la conservation d’une biodiversité et d’une température stable en milieu urbain. 4.1 - L’ESPACE VERT Les espaces verts sont très importants en milieu urbain et sont considérés comme un élément central lors de la planification urbaine. Ils contribuent en plus à la qualité de cadre de vie à l’attractivité des villes et répondant de même à des enjeux non seulement sociaux et écologiques, mais aussi économiques. Cependant, l’acte de planter n’est plus suffisant pour garantir une qualité environnementale. Cette intervention doit être le résultat d’une
1
Principe 1, déclaration de Rio sur l’environnement et le développement. Site Web sur INTERNET. <http://www.un.org/ french/events/rio92/aconf15126vol1f.htm>. 2 Comportements pro-envirommentaux : Ils sont l’ensemble des comportements qui contribuent à réduire notre impact sur l’environnement.
106
Qualité de vie urbaine
[108] -- Ain Asserdoun lors des années soixante ; une source d’eau en entrée de ville, Béni-Mellal.
réflexion basée sur des intérêts qui ont pour objectifs de : -Favoriser un équilibre écologique. -Lutter contre les îlots de chaleur urbaine. -Limiter les risques d’inondation. -Participer à la santé publique. -Aérer les tissus urbains denses. -Améliorer le cadre de vie urbain. Et dans le but d’améliorer le cadre des résidents, un seuil a été fixé par le guide d’élaboration des plans verts urbains au Maroc qui détermine : + Un seuil minimal : 10 m2/hab pour tissus urbains à forte densité. + Un seuil moyen : 15 m2/hab pour tissus urbains à moyenne densité. + Un seuil optimal : 25 m2/hab pour tissus urbains à faible densité. Certes, l’espace vert a un important rôle environnemental qui ne peut être mesuré par l’argent payé pour sa création, cependant il réclame un entretien constant pour sa pérennité. 4.2 - L’EAU Les standards de qualité de vie urbaine sont culturellement déterminés d’un pays à un autre. Néanmoins, l’accès à l’eau est une norme universelle, puisqu’elle est une ressource indispensable à notre survie. Sa présence dans un site donné entraine un rafraîchissement d’air, la croissance de végétation et aussi une biodiversité. Son existence dans nos espaces urbains a un impact positif sur nos modes de vie, nos relations sociales et notre bien-être. Et c’est juste à l’intérieur des murailles des Médinas marocaines, que l’acquisition de l’eau est considérée comme un droit (illustration 118). Vivre dans ces quartiers,
[109] -- Fontaine principale, Béni-Mellal, 1922.
107
c’est de prime abord le privilège d’avoir une fontaine d’eau gratuite et à proximité. En gros, les médinas marocaines représentent des endroits où la présence constante de l’eau incite les habitants à se sédentariser. 4.3 - LA BIODIVERSITÉ La biodiversité, ou diversité biologique, constitue le tissu vivant de notre planète. Elle recouvre l’ensemble des formes de vie sur Terre et les relations existantes entre elles et avec leur milieux. Elle fait aussi allusion au nombre et à la distribution des différentes espèces vivantes dans une certaine région. La ville abrite un large nombre de différents animaux et plantes. Or, la construction et le maintien de celle-ci, peuvent par conséquent, retentir sur sa biodiversité. Et afin de protéger cette dernière, l’abondance des espaces verdoyants en milieu urbain est l’ultime solution. Elle va avoir de même un effet positif sur le climat local, l’absorption de la pollution et donc la qualité de l’air, et la perméabilité du sol. Cependant, pour garantir une étendue biodiversité, les espaces verts doivent adhérer à certaines caractéristiques : larges plutôt qu’étroites, circulaires plutôt que longues, ayant diverses tailles et comportant des corridors entre elles1. Ces précédents attributs sont d’importants tremplins où de différentes espèces peuvent aisément bouger, augmentant par conséquence les moyens de leur subsistance. En prenant tous ces éléments en considération, la végétation et l’eau préservent la biodiversité qui est aujourd’hui gravement menacée du fait des activités humaines ( pollution, étalement urbain, désertification). 4.4 - ÎLOTS DE CHALEUR
1
Lars Grnaker. 2015. Densification with qulity of urban life. P :51. Master thesis. Departement of architecture. Design and media technology Aalborg university. 2 Les îlots de chaleur urbains, un enjeu social, L’Architecture d’Aujourd’hui n° 411, p115 WMO : l’Organisation météorologique mondiale
108
Qualité de vie urbaine
La hausse des températures moyennes à la surface du globe est la première conséquence tangible d’un réchauffement climatique. Et le principal facteur de ce phénomène demeure toujours l’émission des gaz à effet de serre causé par l’Homme. De surcroit, les villes, les agglomérations et les banlieues contribuent, de même à ce phénomène, par leurs matériaux et leurs formes urbaines. Et ceci en continuant à stocker la chaleur diurne et à la diffuser pendant le soir. En d’autres termes, la densité urbaine tend à limiter l’activité éolienne, puisque l’air chaud reste durablement emprisonné dans la ville 2. À tout prendre, les espaces urbains engendrent par leur matérialité des îlots de chaleurs qui dérèglent à leur tour la période du repos des individus pendant la nuit et participent à accentuer les conséquences du réchauffement climatique. Conscient que les îlots de chaleur ont un impact négatif sur le bien-être des individus et de l’environnement, voici quelques parades possibles :
– – – – –
L’utilisation d’un revêtement perméable. L’implantation de la végétation en façade. L’orientation des bâtiments. La diminution de la climatisation active. L’aménagement de la forme urbaine afin de favoriser les courants d’air.
[110] -- L’impact de la densité urbaine sur la température locale.
Conclusion Les qualités environnementales ouvrent la voie à la reconnaissance du bien-être individuel, collectif et celui des générations futures. Et pour cela, des actions menées en faveur de l’environnement, doivent nécessairement impliquer la collectivité aussi bien à l’échelle nationale qu’à l’échelle internationale. Et en parallèle, elle doit susciter le changement de comportements individuels. Tout compte fait, une société dominée par des stratégies de survie individuelles, ne peut pas mettre en œuvre des comportements compatibles avec le développement durable.
109
SYNTHÈSE La qualité de vie est un concept étroitement lié à la psychologie environnementale, puisque cette dernière est en mesure de contribuer significativement à la définition et à l’identification des conditions du bien être de l’individu. Lors de notre exploration de ces deux notions, nous pouvons dire qu’il est possible de distinguer quatre approches psychologiques concernant la qualité de vie. La première est centrée sur les aspects concernant les services de santé, alors que les trois autres renvoient à une approche plutôt globale : les objectifs individuels, la satisfaction résidentielle et enfin le développement durable.
110
Qualité de vie urbaine
PARTIE
04
REVITALISATION URBAINE : UNE NOUVELLE CENTRALITÉ Béni-Mellal se qualifie comme une véritable « ville éparpillée », « anarchique » et « rurale ». Par son évolution urbaine spontanée, elle a participé à générer un étalement et un mitage de l’espace urbain. En avance par rapport à certaines régions du monde, et en retard par rapport à d’autres, cette localité ne devrait pas être seulement analysée comme une « ville disloquée », sans avenir. Néanmoins, il faudrait l’observer comme un véritable laboratoire des dynamiques urbaines ; à l’image d’une métropole régionale, elle aura prochainement la capacité de structurer son développement urbain, de maintenir sa biodiversité et d’organiser ses espaces. Le terme revitalisation urbaine dans cette étude signifie l’amélioration de la qualité du cadre de vie des résidents de Béni-Mellal, en densifiant un terrain creux adjacent au centre-ville. Les objectifs principaux de ce projet seront de : -Créer une nouvelle centralité. -Fabriquer la ville sur elle même. -Améliorer les services en matière de loisirs et de mobilité. -Renforcer la cohésion sociale -Atténuer le mitage urbain
[111] -- Béni-Mellal, vu de la montagne.
113
1 - MONOGRAPHIE DE LA VILLE DE BÉNI-MELLAL 1..1 - Situation Béni-Mellal est une ville située au centre du Royaume marocain, entre le Moyen Atlas et la plaine de Tadla, plus exactement sur l’axe routier des villes impériales : Fès et Marrakech. 1.2 - Population Selon le voyageur français Charles de Foucauld1 en 1883 « la kesbah de Béni-Mellal » s’estimait à 3000 habitants. Quant au Haut-commissariat au plan, il estime la population : Recensement R é g i o n Béni-Mellal de la population Khenifra
Province de Béni-Mellal
Commune urbaine de Béni-Mellal
1994
1.324.662
448.478
140.212
2004
2.307.566
529.029
163.286
2014
2.520.776
548.776
192.553
1.3 - Histoire Béni-Mellal a une longue histoire. Un passé qui n’est pas sans conséquence sur son identité actuelle. De prime à bord, il est nécessaire d’avancer quelques précisions sur sa toponymie avant de procéder à la présentation de son histoire. La ville s’appelait auparavant la cité Day (nom d’une petite rivière qui existe dans les environs de la ville), puis Kasbah de Belkouch et ensuite Béni-Mellal. D’emblée, le mot Béni-Mellal est composé de « Béni » qui signifie le bâti et « mellal » qui signifie blanc, d’après l’historien Mustapha Arbouch2. Historiquement, cette agglomération datait d’avant la création de la dynastie Idrisside en 789, premier fondateur de l’État marocain. Cette localité a constitué pendant plusieurs siècles, un lieu de passage obligatoire entre deux villes impériales, Fès et Marrakech, appelée communément « la voie du Sultan ».
[112] -- Potentialités et infrastructures
de la ville.
114
Et d’après Charles de Foucauld1, pendant sa tournée effectuée en 1883-1884 au Maroc, la ville de Béni-Mellal prenait dans le temps la forme d’un petit bourg en pisé. Ses habitations étaient éparpillées entre les remparts quadrilatères dénommée « Kasbah ». Au centre du bourg se trouvait le marché, des points d’eau de provenance de Ain Assardoune et des jardins. Avant même l’arrivée des Arabes, la ville était habitée uniquement par des Amazighs, des juifs et quelques minorités qui adoptent le christianisme.
Et sous la pression de la poussée des Arabes de sud-ouest, les amazighrophones se trouvaient dans l’obligation de loger dans les montagnes contiguës, laissant la plaine aux Arabes et aux Amazighs arabisés. 1.4 – Contexte climatique Elle jouit d’un climat continental caractérisé par un froid intense en hiver et un été très chaud. La température moyenne est de 18 °C avec un minimum de –3,5 °C et un maximum qui peut aller jusqu’à plus de 47 ° C. La pluviométrie annuelle moyenne est de 415 mm. 1.5 – Contexte géographique La ville est située à 600 m d’altitude au pied du mont Tassemit. Elle s’étend sur trois ensembles géographiques distincts et interdépendants : La plaine : caractérisée par un potentiel agricole important qui est tributaire des ressources d’eau. Toutefois elle souffre d’une pression urbaine qui détruit au fil des années son écosystème. Le piémont (Dir) : Une étroite bande de terres fertiles créant un espace de transition entre la plaine et la montagne, riche en oliviers. La montagne : Elle représente un château d’eau par excellence en faveur de la plaine de Tadla. Par ailleurs, elle est actuellement victime de la dégradation du couvert forestier et d’érosion du sol excessive. 1.6 – Contexte géologique L’ancienne ville de Béni-Mellal « l’kasbah » a été construite sur des terrains contenant un nombre inestimable de cavités et de grottes souterraines. Ces vides souterrains ont été anciennement creusés par les habitants pour combler leurs besoins en termes d’abri, de stockage, de fosses septiques et de construction. Cependant, la nouvelle ville est presque caractérisée par un bon sol rocheux situé entre 1 m et 2 m, ce qui facilite les travaux de terrassements et de fouilles. 1.7 – Activités Béni-Mellal est perçue comme un centre régional important. Son économie principale est basée sur l’agriculture, le tourisme et l’artisanat. Cependant, son rôle de chef-lieu régional lui permet d’attirer diverses activités : commerce, services, industries et administration. La ville joue un rôle intermédiaire dans la hiérarchie urbaine, qui est marqué par la décentralisation de multiples services de la grande ville, reliant ainsi les petites villes aux grandes agglomérations.
Charles De Foucauld, Vicomte (18831884), Reconnaissance au Maroc, éd. Les Intouvables.
1
. من تاريخ منطقة إقليم تادلة,)1989( مصطفى عربوش و بني مالل 2
115
1.8 – Ressources naturelles Les ressources naturelles ont joué un rôle fondamental dans l’organisation de l’espace agricole et urbain de Béni-Mellal. Par ailleurs, elles ont accompagné la ville au fil du temps en subvenant aux besoins alimentaires de sa population. La ville ainsi bénéficie de plusieurs sources telles que : Ain Aserdoun qui produit 1.1m3s-1, Ain Ourbiaa, Tamaknounte et Ain Sidi Bouyaakoube. 1.9 – Catastrophe naturelle L’eau est une épée à double tranchant : elle incarne normalement le symbole de vie, cependant, elle peut présenter aussi une menace pour la population. La situation géographique de la ville est défavorable puisqu’elle est située à l’exutoire de petits bassins versants de montagne (Oued Sabek, El Handak et Kikou) 1. Du coup, elle connait de temps en temps des inondations catastrophiques en raison du développement urbain mal maîtrisé.
[113] -- Carte hydrographique et topographique de la ville de Béni-Mellal.
116
1.10 - Quelques orientations du SDAU pour la commune de BéniMellal à l’horizon de 2025 : –Élaborer des opérations de requalification et de renouvellement urbain. –Planifier de nouveaux pôles urbains. –Créer de grands équipements à rayonnement régional et local. –Concevoir des activités industrielles de transformation. –Aménager des grands espaces verts et paysagers et des espaces publics. –Aménager les entrées de villes. –S’ouvrir sur la montagne. –Réaménager et densifier des axes structurants de la ville. –Faciliter les déplacements et améliorer le transport des marchandises. –Préserver l’environnement en protégeant la zone agricole et les espaces fragiles. –Favoriser la diversification des activités et stimuler la création d’emplois. –Maîtriser la croissance urbaine en optant pour une organisation multipolaire. –Réhabiliter la médina. 1.11 - Mode de vie Traditionnellement, au Maroc et en particulier à Béni-Mellal, la religion musulmane, la tribu et la famille constituent des cadres d’appartenance. Ils exigent un nombre de codes sociaux, des règles de conduite et des valeurs : -Par exemple le méllali comme beaucoup d’autres a tendance à organiser son temps selon les cinq prières. -Il a tendance à choisir son voisin avant sa maison. -Il réserve en permanence un salon à ses convives. -Il aime être dans un espace ouvert ou dégagé près d’une rivière, une cascade, une fontaine, etc. L’eau est sa fierté. -Il éprouve du plaisir à être agglutiné dans une foule. Il est habitué à fréquenter les souks et les hammams. -À cause de son habitation inadaptée au climat, le mellali gèle en hiver et rôtit en été. -Pour se protéger contre la chaleur d’été, il construit des caves. - L’hospitalité et la solidarité sont ses deux traits majeurs. -L’empiétement envers sa propriété est considéré comme un acte de transgression. -La rue est un lieu de rencontre propice pour les habitants de BéniMellal. Les données collectées en-dessus nous permettront à présent d’établir un projet cohérent avec son environnement et d’être en concordance 1 Agence du Bassin Hydraulique de l’Oum Er Rbia avec les objectifs du S.D.A.U. et les attentes de la population.
117
2- CHOIX DU TERRAIN
1
2
[114] -- Plan de situation du terrain.
Par la synthèse des données précédentes, on observe que Béni-Mellal jouit de plusieurs dents creuses susceptibles d’accueillir une densification urbaine. Cependant, aucune d’elles ne pourra structurer la ville et lui donner un essor économique et un nouveau dynamisme urbain autant que celle-ci ( espace entouré en jaune) : 1- Le terrain est adjacent au centre-ville. Il est à proximité des facultés, des équipements sportifs, culturels, commerciaux et administratifs. 2- Le terrain est doté d’une surface de 7 hectares, pouvant héberger d’innombrables pratiques et activités. 3- Les habitants l’ont déjà approprié à travers plusieurs usages : raccourci de trajets, terrains de sport, station de taxis, lieu événementiel (lieu d’expositions, fantaisia, etc.). C’est-à-dire qu’ils l’ont habité avant même qu’il soit bâti. 4- Le terrain est doté d’une mémoire collective de lieu, sous le nom de « Terrain de Ba Allal » : Cette appellation provient du prénom de l’ancien gardien de ce terrain. 5- l’aménagement de ce terrain atténuera l’effet tunnel existant entre le centre-ville et les quartiers limitrophes. 6- Une fois cette parcelle exploitée, elle aura la capacité de faire passer la ville à une vitesse supérieure aussi bien sur le plan économique que social. 7- Il n’aurait pas besoin de déboiser des hectares d’oliveraies ou d’agrumes pour construire. 118
1 [115] -- Terrain « Ba Allal », vu depuis le Bd. Mohamed V.
2 [116] -- Terrain « Ba Allal », vu depuis le Bd. Bayrouth.
119
3 - ANALYSE URBAINE DU SITE 3.1 - Infrastructure
Vers Casablanca
Vers Marrakech
1 : 10 000 Artères urbaines
L’analyse urbaine est l’étude des facteurs qui influent l’emplacement des bâtiments, leur agencement et leur orientation. Elle débute majoritairement par la collecte des données physiques pertinentes : La carte ci-dessus indique les principaux axes routiers du site, accompagnés par les différentes implantations des stations bus et Taxis.
120
Boulevards Arrêt de bus Station taxi
Terrains à revaloriser
N
N
NNW
NNE
NW
NE
WNW
3.2 - Nature et climat
ENE
E
W
ESE
WSW
SW
SE SSW
SSE
S
Direction des vents dominants (%) (windfinder.com)
+
1 : 10 000
N
Canal d’évacuation des eaux pluviales
Cette illustration énumère les différents circuits d’eau, précise la direction des vents dominants, et démontre la rareté des espaces verts et l’empiétement urbain envers les zones agricoles.
Riviére Espace vert
+
Agriculture péri-urbaine
121
3.3 - Cartographie du bruit
000 10 000: 110 : 1 N
Cette figure représente l’intensité du bruit dans notre zone d’étude.
122
60-55 db db 60-55 65-60 db db 65-60 70-65 db 70-65 db
N
3.4 - Limites, Nœuds, Points de repères et Poles.
+ + + + + +
+ +
+ +
Adaptée selon les éléments organisateurs de la perception de l’espace urbain ( Kevin Lynch, 1960) 1 : 10 000
N
Limites Noeuds
Cette cartographie regroupe notre représentation subjective de ce territoire. Elle représente les différents lieux que nous avons fréquentés et illustre de même des repères, permettant l’orientation des individus ( je suis à coté de ...; je suis près de... ; etc.)
Points de repéres
+
Poles
123
3.5 - Équipements et centre urbain
6 5 4 8
2 3
1
7
1 : 10 000
Les données collectées lors de cette analyse retracent les emplacements de quelques équipements de la ville.
124
N
Centre commercial 1
La poste 5
Station Taxis 2
Place El Houria 6
Canal d’évacuation des eaux pluviales 3
Palais de justice 7
Centre ville 4
Stade d’honneur 8
Ain Asserdoun
Emplacement du Terrain
4 - INTENTION DU PROJET
[117] -- Béni-Mellal vu du ciel.
La gestion de la ville de Béni-Mellal doit faire face à de multiples défis qui comptent parmi eux le contrôle de l’étalement urbain. La fabrique de la ville sur elle-même est une solution incontournable pour atteindre les objectifs d’une ville plus au moins durable. Interstices, friches industrielles et dents creuses peuvent récupérer de nouveaux rôles dans le système urbain. Néanmoins, lors de ce travail nous n’avons pas l’intention d’entamer une densification absurde juste pour préserver les terrains agricoles de la ville. Mais nous voulons lui donner aussi une vocation. Si nous choisissons de densifier le centre-ville de Béni-Mellal, c’est en ayant à l’esprit que la ville doit contribuer à la durabilité, notamment par sa mobilité, sa morphologie et ses espaces verts. Et comme Béni-Mellal est considérée comme une métropole régionale, une revitalisation de son centre urbain aura un grand impact sur le développement de son rayonnement. En outre, la création d’une nouvelle centralité constituera un levier pour orienter et maîtriser le développement économique et foncier de la ville. Elle sera aussi un atout capable d’améliorer le cadre de vie des citoyens. Au total, notre projet urbain peut se résumer en deux parties. La première intervention se situe dans le centre-ville. Elle a intérêt à créer un espace récréatif, des équipements culturels et de service et enfin des galeries commerciales ; un noyau urbain qui reflétera l’image de la ville et ses potentiels naturels. La deuxième partie sera la connexion de ce noyau avec d’autres centralités et quartiers périphériques par le biais d’une ligne téléphérique et une ligne tramway-bus. L’implantation de cette infrastructure aura comme vocation de rassembler les différentes centralités complémentaires de la ville et de leur procurer un nouveau dynamisme. 126
T
XISTAN E S U B
S BU Y A MW
Centre-ville
TRA
CON
NEX
ION
TÉL
ÉPH
ÉRIQ
UE
Ain Asserdoun
PROJETÉ EXISTANT PÉAGE URBAIN [118] -- Plan satellite, Béni-Mellal.
5 - PROJET 5.1 - Mesures requises : À travers une densification urbaine, ce projet veut apporter un dynamise à la région. Et pour cela plusieurs mesures ont été requises : •Mesures pour le lien social -Promouvoir l’équité -Encourager la sociabilité urbaine -Diversifier entre densité d’habitants et densité de personnes visiteurs. •Mesures pour l’environnement : -Compacité -Optimiser la consommation énergétique des bâtiments (Panneaux solaires, géothermie et favoriser la construction en pierre) -Réduire les transports individuels motorisés -Améliorer la gestion de l’eau et favoriser la biodiversité -Intégrer les toitures et les façades végétalisés lors de la conception du projet. -Encourager la nidification des oiseaux et surtout de la cigogne. •Mesures pour le cadre de vie : -La mobilité -La proximité •Mesures pour la polarité -Regrouper un certain nombre de fonctions (commerciales, récréatifs et culturelles). 127
5.2 - Évolution du projet :
Emplacement du projet : Le Terrain choisi est sous forme d’une dent creuse non viabilisée. Il est délimité par le Boulevard Mohamed V au Nord, par des quartiers résidentiels et administratifs à l’est et par un centre commercial à l’ouest.
Eau et espace vert : La première étape dans l’élaboration du projet est de dévier le parcours de la rivière existante et d’implanter de multiples zones végétales. Ces éléments figurent parmi nos priorités, puisqu’ils procureront un espace récréatif et encourageront la biodiversité.
Voiries : La deuxième étape est de désenclaver ce quartier par des voiries. La voie principale reliera le Bd. Mohamed V et le Bd Beyrouth. Et afin de minimiser les bruits et le sentiment d’insécurité, la vitesse de circulation tolérée sera de 30 km/h.
128
Renforcement des alignements: La troisième étape est de structurer le Bd Mohamed V, afin d’escamoter l’effet tunnel qui existait auparavant. Cette densification urbaine, équipée de commerces, de services, de logements et d’espaces publics à l’échelle de la ville, apportera une plus grande mixité sociale et une meilleure articulation entre les quartiers.
Introduction de la masse bâtie: L’idée principale sur laquelle repose ce projet, est d’émaner une satisfaction résidentielle et un bien-être chez l’individu, et ce même sous une forte densité. Et pour cela, lors de la conception, nous avons encouragé l’implantation de plusieurs espaces publics, pour inciter les interactions entre les habitants. D’autre part, l’ensemble de la masse bâtie est morphologiquement varié, afin de permettre l’ancrage de multiples programmes (de grands équipements et en même temps des logements).
Toits, terrasses et façades végétalisées : Les toits végétaux sont introduits dans le projet pour le rendre plus durable. Quant aux façades végétales, elles sont créées pour apporter une ambiance fraiche et zen aux passants.
129
5.3 - Quelques techniques utilisées :
IMPLANTER DES HAIES BRISES VENT : Cette technique diminue la vitesse du vent et engendre une zone relativement calme à l’abri du vent. Parmi ses avantages, elle réduit la quantité de poussière soufflée par le vent, offre un ombrage de qualité, et affaiblit le bruit urbain. Et en plus, elle améliore la qualité de l’air, stabilise le sol et réduit l’éblouissement d’été.
FACILITER LE DRAINAGE DU SITE: Conscient que tout aménagement d’un terrain perturbe le réseau de drainage existant et crée un écoulement d’eau supplémentaire venant des toits et des surfaces pavées, le projet est doté d’un drainage souterrain qui transporte les eaux pluviales vers un bassin de stockage.
Bassin de stockage
Source : http://www.euroviaetancheite.fr/
RENFORCER L’UTILISATION DES DALLES ALVÉOLES: Ce revêtement de sol est une dalle écologique à forte proportion d’engazonnement, puisqu’elle permet la perméabilité du sous-sol et la croissance saine des végétaux. Par ailleurs, elle constitue un revêtement propice à la circulation piétonne.
Structure alvéolaire Source : www.bivois.fr
130
FACILITER LA VENTILATION NATURELLE :La ventilation naturelle constitue un élément nécessaire pour la bonne santé des occupants et pour l’évacuation des odeurs. Ainsi, elle représente un moyen pour faire diminuer la consommation d’énergie des appareils de ventilation mécanique. Ci dessous quelques procédés pour maîtriser la ventilation : A Pour maximiser le flux d’air, les sorties doivent être au moins aussi grande que les entrées et placées en haut. B Les surplombs du toit augmentent le flux d’air.
A Basse pression
Haute pression
C Les surplombs au-dessus des ouvertures dirigent le flux d’air vers le haut, ce qui atténue le potentiel de refroidissement. D Des fentes dans les surplombs régularisent la pression
B
FAVORISER L’ÉCLAIRAGE NATUREL : En plus du fait que la lumière du jour a un effet positif sur la psychologie de l’individu, elle réduit la quantité d’énergie consacrée à l’éclairage artificiel. Et pour cela, voici quelques techniques pour réguler l’éclairage d’une pièce. A La mise en place des auvents met le vitrage à l’abri de la lumière solaire directe tout en réfléchissant la lumière du jour vers le plafond de la pièce. B Un puits de lumière à vitre translucide donne un bon
A
C
D
extérieure.
éclairage naturel à une pièce sans apport excessif de la chaleur. C Pour obtenir l’éclairage naturel le mieux équilibré dans une pièce, la lumière du jour doit y entrer à partir d’au moins deux directions. D La présence de fenêtres contre les murs latéraux intensifie
B
C
D
la réflexion et l’éclairage.
MAINTENIR DES DISPOSITIFS D’OMBRAGE : Les dispositifs d’ombrage protègent les fenêtres et les autres aires vitrées contre la lumière solaire directe et diminuent l’éblouissement et l’apport excessif de chaleur solaire par temps chaud. Par ailleurs, ils sont plus efficaces que les dispositifs intérieurs parce qu’ils interceptent les rayons solaires avant qu’ils n’atteignent une fenêtre . A Les surplombs horizontaux offrent une efficacité maximale quand ils sont orientés vers le sud. B Les lames inclinés protègent mieux que les lames parallèles au mur. L’angle d’ouverture varie selon la gamme d’angles solaires.
A
B
131
5.4 - Matériau favorisé : Favoriser la pierre taillée comme matériau de construction : La pierre taillée appartient aux matériaux éco-responsables. Elle se trouve en abondance sous nos pieds, vieillit avec élégance et traverse les temps. Elle est presque gratuite et moins énergivore durant sa mise en œuvre, contrairement au béton. Et une fois extraite, il est facile de la découper en blocs de pierre. Toutes ces raisons nous ont encouragé à son utilisation.
[119] -- Parlement de Malte, Renzo Piano.
132
[120] -- Musée jumex, Mexico, David Chipperfield.
Le coût du matériau : Aujourd’hui, l’utilisation de la pierre est très coûteuse, parce qu’elle est liée au manque de prescription des architectes. Ce qui entraine un affaiblissement de l’exploitation des gisements et de la modernisation des carrières, contrairement au béton qui est subventionné.
[121] -- Carrière de pierre, Béni-Mellal.
[122] -- Technique de pose.
133
5.5 - Programmation urbaine :
Face à une extension accélérée des villes au détriment des terres agricoles, l’urbanisme d’aujourd’hui doit reposer sur un véritable projet de sol, puisque la bonne gestion de ce dernier aura des répercussions directes sur la qualité de vie urbaine.
Coupe A
Sous-sol 2
Sous-sol 1
Parking Espace collectif Médiathèque Espace de stockage Maison de jeunesse Centrale photovoltaïque 134
NOMENCLATURE DES SOLS
Ce projet urbain assure un espace dense, tant du point de vue des activités que du bâti, et répond aux caractéristiques d’un centre-ville, en satisfaisant les attentes des habitants et en offrant plus d’espace de rencontre que de passage.
Commerces
Recevoir de stockage d’eau
Auditorium
Restaurant
Maison de la cigogne
Logements
Hôtels
Médiathèque
Espace collectif
Station bus
Espace bureau/ Administration
Gare téléphérique
Station taxi
Parking
Maison de jeunesse
A Utilisation
B Surface
C Volume au sol
Logements
20623m²
60940 m3
Espaces bureaux
6157m²
17840m3
Commerces
24968 m²
74904m3
Médiathèque
6318 m²
18954m3
Auditorium
3566m²
15759m3
Gare téléphérique
2760m²
5750m3
Maison de jeunesse
3347 m²
10041m3
Centrale photovoltaïque
3566 m²
10698m3
Parking silo
21771m²
65313 m3
Administrations
2581m²
7745m3
Espaces collectifs
33508m²
100524m3
Hôtels
1039m²
3121m3
Organisme communautaire
1646m²
3957m3
Restaurants
555m²
1665m3
Totaux
124251m²
372753m3 COS du Projet : 1.78
135
136
Les citadins ont tendance à évaluer leur ville en fonction de leur centre urbain. Ils attendent majoritairement de cette centralité un ensemble de fonctions (convivialité, mixité sociale, concentration d’activités et commerce...) et une configuration (densité du bâti, présence de places, diversité des voies), qui ont une répercussion directe et positive sur le lien social. 137
PLAN MASSE ECHÂ : 1/2000
Vue 1 Vue 2
Vue 3
138
Vue 1
Vue 2
N
Vue 3 139
CONCLUSION GÉNÉRALE Cela fait près de 40 ans depuis la première crise concernant le prix du pétrole, et plus de 20 ans depuis l’inauguration du terme de développement durable par la commission de Brundtland, que maintes et diverses stratégies ont été mises au point et ont été largement discutées de part le monde. Toutefois, peu de choses ont été modifiées durant ces 40 années passées, concernant notre comportement quotidien et les procédés avec lesquels on construit nos villes. Pour autant aujourd’hui, nous sommes largement conscients que nos ressources naturelles ne sont pas inépuisables, que nous produisons des déchets en quantité croissante, et que nos comportements de consommation génèrent des problèmes environnementaux, souvent irréversibles. Afin de surmonter cette situation, nous devons radicalement réduire nos émissions de gaz à effet de serre, mener des actions en faveur de l’environnement et aussi repenser nos modèles urbains. Nos villes sont, elles aussi, considérées parmi les premières responsables de cette situation affolante ; à cause de leur matérialité (béton et goudron) et leur pollution, issue des véhicules et des engins. Or, pour parvenir à renverser la vapeur et à changer les choses, la densification des territoires est une solution, puisqu’elle tolère l’optimisation des ressources naturelles, foncières et financières. La densification urbaine est une nécessité, puisqu’elle participe à la durabilité des villes. Ses avantages environnementaux sont multiples et répondent à d’innombrables préoccupations, telles que la santé des populations et l’économie des ressources naturelles. Et à coup sûr, si elle est habilement alliée à une qualité urbaine, elle sera sans doute synonyme de bien-être. D’une manière générale, un tel mot d’ordre, permet aux villes transformées en agglomération de se rattraper et de récupérer une autonomie et une résilience face aux crises sociales et économiques. Les villes marocaines sont désormais appelées à devenir des villes frugales, dans la mesure où elles accompliront un rôle de leadership environnemental, permettront de réduire le poids des grandes villes génératrices de dysfonctionnement urbain, garantiront une qualité de vie à leurs habitants et sauvegarderont leurs terrains agricoles. Au final, nous avons intérêt à assimiler rapidement les leçons des générations, précédentes afin d’admettre que l’avenir de chaque espèce sur Terre dépendra bel et bien de la manière dont nos villes seront construites. Et dans l’espérance d’agir avec rectitude et d’inverser ce cercle vicieux en cercle vertueux, il faudra désormais commencer par densifier nos villes afin d’inscrire le Maroc dans une urbanisation rationnelle et respectueuse de ses territoires agricoles, sa première richesse.
146
147
BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE OUVRAGES : BIOLAT Guy, «Marxisme et environnement», Éditions sociales, 1973. CHURCHMAN Arza, «Handbook of Environmental Psychology», Éditions John Wiley & Sons, 2002. COLLECTIF (auteur), Densité et formes urbaines dans la métropole marseillaise, Éditions imbernon, 2005. COLLECTIF (auteur), «Cavités souterraines de la médina de Béni-Mellal, origine, typologie, caractérisation et technique de restauration», Éditions universitaire, 2010. COLLECTIF (auteur), «Dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement», Éditions Puf, 2010. CORBUSIER (le), «La Charte d’Athènes», Éditions du Seuil, 1933. CORBUSIER (le), «Le Modulor». Éditions Birkhäuser, 2000. COUSIN Jean, «L’espace vivant», Éditions Moniteur, 1980. DA CUNHA Antonio, GUINAND Sandra, «Qualité urbaine : justice spatiale et projet», Éditions PPUR 2013. DESMARAIS Robert, «Considérations sur les notions de petite ville et de ville moyenne», Cahiers de géographie du Québec, 1984. GEHL Jan, «Pour des villes à échelles humaine», Éditions Écosociété, 2010. HAENTJENS Jean, «La ville frugale, un modèle pour préparer l’après-pétrole». Éditions Fyp, 2011. HALL Edward, «La dimension cachée», Éditions du Seuil, 1971. LEFEBVRE Henri, «Du rurale à l’urbain». Editions Economica, 2001. LEFEBVRE Henri, «Le droit à la ville». Éditions Economica, 2009. LEFEBVRE Mégane, «Densité et formes urbaine, vers une meilleure qualité de vie», Mémoire de fin de cycle : Université Paris Ouest Nanterre la Défense, 2013. MARTOUZET Denis, «Ville aimable». Press universitaire François Rabelais, 2014. MAURET Elie, «Pour un équilibre des villes et des campagnes, aménagement, urbanisme paysage», Éditions Dunod, 1974. MORVAL Jean, «La psychologie environnementale», Presses de l’Université de Montréal, 2007. MOSER Gabriel, «Psychologie environnementale : Les relations homme-environnement», Éditions De Boeck, 2009. PÉLEGRIN François, «Ambiances, densités urbaines et développement durable», Éditions Archinov, 2008. PORTZAMPARC Christian, l’îlot ouvert, Édition de AAM, 2010 SOMMER Robert, «Milieux et modes de vie : à propos des relations entre environnement et comportement» Éditions Infolio, 2003.
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148
MÉMOIRES ET THÈSES : CHABI Nadia, «L’homme, l’environnement, l’urbanisme, Tome I», thèse en vue de l’obtention du diplôme de doctorat option : URBANISME, 2007. FADEL Ahmed, «Croissance démographique et dynamique urbaine, cas de la ville de BéniMellal»,Mémoire de troisième cycle, L’I.N.A.U, Rabat, 2001. GRNAKER Lars, «Densification with qulity of urban life», Master thesis. Departement of architecture. Design and media technology Aalborg university, 2015. MIDAFI Ismail, «La densité urbaine», Travail de fin d’étude pour l’obtention du diplôme d’architecte, École d’architecture de Casablanca, 2010.
ÉTUDES ET RAPPORT : Aménagement et pratique urbaines rêves et réalités de la ville moyenne, Centre national de la recherche scientifique. Centre régional de publication de bordeaux, université de Pau et des pays de l’ADOUR, Novembre 1980. Étude sur la stratégie de développement et de promotion des petites ville au Maroc, Ministère de l’aménagement du territoire de l’eau et de l’environnement. Direction d’aménagement du Territoire, Avril 2007. Étude relative à la réadaptation de la grille des normes urbaines des équipements, phase 1, rapport d’analyse et d’évolution. Ministère d’urbanisme et de l’aménagement du territoire , direction de l’urbanisme.
REPORTAGE NUMÉRIQUE : Le Maroc vert : l’agriculture familiale au cœur du développement. www.youtube.com. Dernière consultation : le 25-04-2017.
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LISTE DES FIGURES ET CRÉDIT PHOTOGRAPHIQUE
[1] -- Densification urbaine à Béni-Mellal © Mahmoud Mohamed 09 [2] -- Exemple de densification urbaine à Béni-Mellal, vue depuis le piémont © Mahmoud Mohamed 09 [3] -- Situation de Béni-Mellal, par rapport au autres villes Marocaines © Mahmoud Mohamed 10 [4] -- Empiétement sur les terrains agricoles, périphérie de Béni-Mellal © Mahmoud Mohamed 10 [5] -- La vallée de Mexico, Mexique © www.img. washingtonpost.com 10 [6] -Des indices pour évaluer la densité de population © Mahmoud Mohamed 15 [7] -- Représentation d’un densité perçue © www. mrpilou.unblog.fr 15 [8] -- Les principaux indicateurs de la densité physique © Lars Grenaker 16 [9] -- Tableau reflétant la densité démographique à Casablanca et à Béni-Mellal, H.C.P., 2014. 17 [10] -- Plage déserte © www.hdwallpaper.ws 18 [11] -- Classement de quelques villes selon leur densité, 2016. 12th Annual Edition of Demographia World Urban Areas 19 [12] -- Champ émotionnel de vision © Lars Grenaker20 [13] -- L’échelle humaine © Jan Gehl 21 [14] -- Type de ville médiévale. Google Image 22 [15] -- Plan Voisin pour Paris réalisé par le Corbusier © www.iewonline.be 22 [16] -- Plan masse du projet « Yléo » à Nantes © Atelier Christian de Portzamparc 22 [17] -- Formes urbaines. Google Image 23 [18] -- Avenue de Broadway, New York © www. enlecturerapide.fr 25 [19] -- Place des nations unies, Casablanca © www.212traveler.com 25 [20] -- Boulevard Mohamed V, Béni-Mellal © Mahmoud Mohamed 25 [21] -- Tableau motionnant les différentes intentions d’une ville durable © Reference Framework for sustainable Cities 27 [22] -- Écoquartier Vauban Freiburg, Allemagne © www.vauban.de 28 [23] -- Les impacts projetés sur les rendements agricoles dans un monde chaud de 3 °C © The Global Risks Report 2016, 11 th Édition 29 [24] -- Densification urbaine à Vancouver, Canada © www.ispa.fr 30 [25] -- L’évolution urbaine de Shanghai depuis 1984, Chine © www.earthobservatory.nasa.gov 31 [26] -- Figure représentant l’augmentation des dépenses annuelle par ménage par milieu (en dirhams
150
courants), Maroc © Haut Commissariat Au Plan 33 [27] -- L’équation de la ville frugale : Les quatre compromis © Jean Haentjens 33 [28] -- Tableau indiquant les performances des différents modes de transport en milieu urbain © Agence de l’Environnement et de la Maitrise de l’Énergie 34 [29] -- Tableau présentant les différentes échelles et fonctions d’une ville © Jean Haentjens 36 [30] -- Plan multipolaire, Rennes-Métropoles © Les Cahiers du développement urbain durable Centralités, urbanisme durable et projet, Numéro 11 - décembre 2010 37 [31] -- Organisation des centralités à Turin © Les Cahiers du développement urbain durable : Centralités, urbanisme durable et projet, Numéro 11 - décembre 2010 37 [32] -- Zoom sur la densité de la population au Maroc © Agence urbaine Béni-Mellal 40 [33] -- Casablanca, Vue satellite sur 2 km © Google map 41 [34] -- Béni-Mellal, vue satellite sur 2 km © Google map 42 [35] -- Paysage de la région de Béni-Mellal Khénifra. © Afdbgroup 43 [36] -- Patrimoine vert sous la pression urbaine, Quartier Ayat, prés du circuit touristique de Béni-Mellal © Mohamed Mahmoud 44 [37] -- Évolution de la population par commune (1971-2004) © Atlas régional région du Tadla-Azilal, Maroc, 2015 45 [38] -- Croissance urbaine de Béni-Mellal © Agence urbaine de Béni-Mellal 46 [39] -- Cartes représentant le patrimoine vert de Béni-Mellal sous la pression de l’urbanisation entre 1964 et 2004 © Atlas régional région du Tadla-Azilal, Maroc, 2015 47 [40] -- Tableau indiquant es différentes typologies de l’habitat dans la municipalité de Béni-Mellal © Agence urbaine de Béni-Mellal 48 [41] -- Carte représentant les différents typologie de l’habitat dans la municipalité de Béni-Mellal © Agence urbaine de Béni-Mellal 49 [42] -- Carte : Médina, vue satellite sur 100 m © Google map 50 [43 et 44] -- Ancienne médina, Béni-Mellal © Mahmoud Mohamed 50 [45] -- Carte : Quartier administratif, vue satellite sur 100 m © Google map 51 [46 et 47] -- Quarter administratif, Béni-Mellal ©
Mahmoud Mohamed 51 [48] -- Habitats économiques, vue satellite sur 100m © Google map 52 [49 et 50] -- Habitas économiques, Béni-Mellal © Mahmoud Mohamed 52 [51] -- Ait tislit, vue satellite sur 100 m © Google map53 [52 et 53] -- Ait tislit, Béni-Mellal © Mahmoud Mohamed 53 [54] -- Riad salam, vue satellite sur 100 m 54 [55 et 56] -- Quartier Riad salam, Béni-Mellal © Mahmoud Mohamed 54 [57] -- Vue générale sur l’ensemble du projet © El croquis n° 124, MVRDV, 1998-2002 56 [58] -- Façade arrière © El croquis n° 124, MVRDV, 1998-2002 56 [59] -- Carte représentant l’emplacement du projet © Google map 56 [60] -- Maquette du projet © Groupe s333 57 [61] -- Vue générale sur l’ensemble du projet © Jan Bitter 57 [62] -- Carte représentant l’emplacement du projet © Google map 57 [63] -- Vue générale du projet © Caradec & Risterucci architects 58 [64] -- Cheminement piétonnier et aire de stationnement © Caradec & Risterucci architects 58 [65] -- Carte représentant l’emplacement du projet © Google map 58 [66] -- Photo aérienne du projet durant les années soixante © Casamémoire 59 [67] -- Photo exprimant l’évolution verticale du projet © Mahmoud Mohamed 59 [68] -- Carte représentant l’emplacement du projet © Google map 59 [69] -- L’ombrière, vieux port de Marseille, France © www.tuxboard.com 61 [70] -- Tableau exprimant les différents niveaux concentriques © MOSER Gabriel 63 [71] -- Les espaces concentriques d’interaction individuenvironnement © MOSER Gabriel 64 [72] -- Illustration reflétant la bulle personnelle © Google Image 66 [73] -- Illustration schématisant l’espace personnel © Mohamed Mahmoud 67 [74] -- Little boxes, Yick cheong buildings in quarry bay, Hong Kong, 10m² pour personne © Photographer Peter Stewart 68 [75] -- Intrusion dans l’espace personnel © http://2013. festivalcite.ch 69 [76] -- Zoo en Chili : les humains en captivités dans
des cages et les lions en liberté © www.ibtimes.co.uk73 [77] -- La prison de Quezon à Manila pendant la nuit, Philippines © http://time.com 74 [78] -- Résidence universitaire. Google image 73 [79] -- Rrivière Tamraght, Agadir, Maroc © Ahmed El Hanouni photographie 77 [80] -- Exposition de l’artiste Esther Stocker concernant la perception de l’espace © www.tuxboard.com 78 [81] -- Tableau schématisant les différentes manières pour la représentation d’un espace © CHABI Nadia78 [82] -- Canard ou bien lapin ? © www.today.com 79 [83] -- World Trade Center Twin Towers, New York, Etats-Unis. Google image 81 [84] -- Opéra de Sydney, Australie © http:// wallpapercave.com 81 [85] -- Le palais de l’Aurore, résidence des présidents de la République, Brasília © www.lemonde.fr 81 [86] -- La perception visuelle © Jan Gehl 82 [87] -- Homoncule de Penfield. Google Image 83 [88] -- St. la Piazza del Campo, Italie © www.italy24. ilsole24ore.com 84 [89] -- Rez-de-chaussée, Dublin, Irlande © Jan Gehl85 [90] -- Pollution sonore dans un quartier résidentiel © https://en.wikipedia.org 86 [91] -- Vue générale sur l’ensemble du projet. Google Image 90 [92] -- Vue d’ambiance. Google Image 90 [93] -- Carte représentant l’emplacement du projet © Google map 90 [94] -- Vue d’ambiance © Fernando Alda 91 [95] -- Vue générale sur l’ensemble du projet © Fernando Alda 91 [96] -- Carte représentant l’emplacement du projet © Google map 91 [97] -- Devant l’opéra de Zurich, Switzerland © Google Image 93 [98] -- Les dimensions de la qualité urbaine © Qualité urbaine, justice spatiale et projet 94 [99] -- Graben Street, Vienne, Austriche. Google Ima ge 95 [100] -- Bahnhofstrasse, Zurich, Switzerland. Google Image 95 [101] -- Queen Street, Auckland, New Zealand. Google Image 95 [102] -- Condos de luxe et la favela Paraisópolis à São Paulo au Brésil, photo prise par © Tuca Vieira 96 [103] -- Rue commerçante, quartier Flushing, New York, États-Unis © Jan Gehl 99 [104] -- Illustration représentant quelques mesures pour animer l’espace urbain © Jan Gehl 100 [105] -- Activités incontournables, facultatives et
151
LISTE DES FIGURES ET CRÉDIT PHOTOGRAPHIQUE sociales © Jan Gehl 102 [106] -- Illustration indiquant quelques pratiques urbaines © Jan Gehl 103 [107] -- Éclairage public à Béni-Mellal © Redouane Agunagay photography 105 [108] -- Ain Asserdoun lors des années soixante ; une source d’eau en entrée de ville Béni-Mellal. Google im age 106 [109] -- Fontaine principale, Béni-Mellal. Google ima ge 107 [110] -- L’impact de la densité urbaine sur la température locale © http://blog.pages-energie.com 109 [111] -- Béni-Mellal, vu de la montagne. Google imag es 113 [112] -- Potentialités et infrastructures de la ville. Google images 114 [113] -- Carte hydrographique et topographique de la ville de Béni-Mellal. Plan d’aménagement BéniMellal 2004 116 [114] -- Plan de situation du terrain. Google map 118 [115] -Terrain « “Ba Allal »”, vu de Bd. Mohamed V. © Mohamed Mahmoud 119 [116] -Terrain « “Ba Allal »”, vu de Bd. Bayrouth © Mohamed Mahmoud 119 [117] -- Béni-Mellal vu du ciel. Google images 126 [118] -- Plan satellite, Béni-Mellal. Google map 127 [119] -Parlement de Malte, Renzo Piano. Google images 132 [120] -Musée jumex, Mexico, David Chipperfield. Google images 132 [121] -Carrière de pierre, BéniMellal © Mohamed Mahmoud 133 [122] -- Technique de pose. Google image 133
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ANNEXES LES DATES CLÉS DU DÉVELOPPEMENT URBAIN DE LA VILLE DE BÉNI-MELLAL SELON LE SDAU DU GRAND BÉNI MELLAL 1934
Protectorat français : Destruction des murailles de l’ancienne Médina et construction du siège du contrôle civil (actuel siège de la wilaya) et du service de la santé (Hôpital)
1935
1er P.A. introduisant certains équipements dans la Médina et réglementant la périphérie immédiate de celle-ci.
1950
2eme P.A. Sous la direction de M. Ecochard constituant le principal événement majeur pour l’extension de la ville et dont les orientations sont : -Le développement longitudinal de la ville le long de la R.N 8 vers l’Est et l’Ouest -La division de l’espace urbain en deux grandes parties : Au nord-est : habitat traditionnel, économique et social Au sud-Ouest : Habitat résidentiel, immeubles à plusieurs niveaux, administration
1962
3eme P.A. Constituant l’événement majeur. Il lui a permis une structuration de l’espace par : -La configuration des options du plan d’Ecochard -Le renforcement longitudinal avec l’intégration d’Oulad Hamdane. -Le tracé des voies d’aménagement de la partie intégrée au Nord et au Nord-Ouest surtout l’avenue des F.A.R actuelle et la voie de déviation de 50 m d’emprise qui limite ce P.A au Nord en mordant sur les terres agricoles. -L’emplacement d’un nombre important d’équipements structurants. -Le renforcement des équipements administratifs au sud-est par la création d’un quartier administratif
1978
Le S.D.A.U. Élaboré par une équipe allemande (Bet ARGE et Bet PLANCO et E.B) et les cadres de la Direction de l’Urbanisme et de l’Aménagement du Territoire. dont les principales orientations étaient : -La confirmation des options fondamentales des anciens P.A -La réaffectation de certaines zones -L’extension nord au-delà du périmètre urbain -L’extension sud-ouest au-delà du périmètre urbain par la zone résidentielle limitée par la zone vivrière.
Début des années 80 à Le 4 eme P.A. est élaboré en 1979 sur la base du SDAU, mais il n’était homologué qu’en 1988. Il a autorisé l’extension du périmètre urbain à 6400Ha, 1994 en donnant naissances à plusieurs lotissements et équipements publics : -La faculté des sciences et techniques avec sa cité universitaire sur plus de 24Ha à l’extrême Nord-Est. -La nouvelle zone industrielle de 40Ha à l’Ouest. -Le club équestre, important équipement de loisirs et de sport sur 38 Ha à l’Ouest sur la R.N. 8 -L’intégration de plusieurs quartiers dans les limites provinciales de BéniMellal.
2002
Élaboration du Schéma Directeur d’Aménagement Urbain, par une équipe marocaine, et du 6ème plan d’aménagement. Ce document a proposé d’orienter l’urbanisation vers le piémont, de freiner l’extension vers le nord afin de préserver les terres agricoles, de renforcer la tendance de l’urbanisation le long de la RN8 et d’intégrer les composantes nord-est et sud-ouest de la ville dans le périmètre urbain pour maîtriser leur développement dans le cadre du « Grand Béni- Mellal ». Nous procéderons à l’évaluation de ces documents plus loin.
2016
L’actualisation de SDAU du grand Béni-Mellal et l’établissement du PA de la ville (en cours d’homologation).
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EnquêteBASÉE publiqueSUR 60 INDIVIDUS ENQUÊTE À QUOTAS Terrain Ba Allal - Béni Mellal (Basée sur 50 individus)
À travers une enquête à quotas, nous avons eu la possibilité de mettre en évidence des priorités L’objectifpour de ce questionnaire est attentes d’orienterdes la citoyens. programmation d’un projet urbain à Béni-Mellal, d’action mieux répondre aux comme étant une métropole régionale. Et pour cela on est convaincu que pour aiguiller n’importe quel aménagement urbain, nous allons établir sondage. FORMULAIRE DUun QUESTIONNAIRE Nom : M. / Mlle. / Mme .............................................................................................................................. Age : Entre 15 et 20 ans
Entre 20 et 30
Entre 30 et 60
Supérieur à 60
Fonction : ..................................................................................................................... Lieu de résidence : ...................................................................................................................................................................................... 1 : Peu important La ville de Béni Mellal a besoin :
De plusieurs espaces publics D’un centre urbain * Du logement Des équipements culturels
5 : Trés important
1
2
3
4
5
Autres ( précisez )
1 : Peu important Quel élément vous fera vivre dans un quartier dense* :
Vivre dans un logement spacieux
5 : Trés important
1
2
3
4
5
Posséder une terrasse, un jardin ou 1 : Peu important 5 : Trés important une vue panoramique Pouvoir faire des courses en proximité
158
1Peu important 2 3 4 5 1 : 5 : Trés important
Scolariser les enfants à un par Accéder facilement au quartier établissement en proximité voiture et stationner Être à côté d’une station de bus de Accéder au quartier*par Vivrefacilement dans tramway ou un deeco-quartier téléphérique voiture et stationner Être à côté stationtranquille de bus de Vivre dansd’une un quartier tramway ou de téléphérique
1
2
3
4
5
Avoirdans un logement individuel Vivre un quartier tranquille
côté d’unindividuel parc AvoirÊtre un àlogement
TABLEAU N°1 Besoins de la ville Béni Mellal
Besoin de plusieurs espaces publics Besoin d'un centre urbain Besoin du logement Besoin des équipements culturels
RÉSULTATS
SANS Peu Assez IMPORTANCE important important Important 0 3 5 8 4 3 11 14 28 10 12 6 2 5 11 17
LA VILLE DE BÉNI MELLAL A BESOIN : Besoins de la ville Béni Mellal 60 60 5050 40 40 3030 2020 Vivre dans un logement spacieux 1010 Posséder une terrasse, jardin ou une vue panoramique 00
Pouvoir faire des courses en proximité Scolariser les enfants à un établissement en proximité Vivre dans un eco‐quartier Être à côté d'une station de bus,tramway,téléphérique Avoir un logement individuel Être à côté d'un parc
Besoin de plusieurs espaces publics SANS Peu
IMPORTANCE important Besoin d'un centre urbain 5 7 4 5 Besoin du logement 2 5 Besoin des équipements 3 3 culturels 4 3 10 2 7 4 8 4
Assez important Important 18 14 8 13 13 21 9 18 12 17 12 22 5 18 14 15
Elements vous feront vivre dans un quartier dense Elements vous feront vivre dans un quartier dense
ÉLÉMENTS VOUS FERONT VIVRE DANS UNTABLEAU N°2 QUARTIER DENSE 60 35 30 50 25 40 20 30 15 20 10 510 00
SANS IMPORTANCE Peu important Assez important Important Très important
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INDEX DES NOMS A
G
ALLAIN Rémy : 27 ALTMAN Irwin :70 ARGYLE Michael : 97 AZAGURY Élie : 59
GEHL Jan : 21, 99, 102 GILL Daniel : 14, 16 GROUPE s333 : 61
MORE Thomas : 05 MORVAL Jean : 75, 87, 88 MOSER Gabriel : 64,70, 71 MVRDV : 56
H
N
HALL Edward T. : 65, 67, 77 HAENTJENS Jean : 26,32, 33, 34, 36 HEIDDEGER : 73 HENDERSON Monika : 97
NEWMAN Peter : 35 NIEMEYER Oscar : 20
B BOFIL Ricardo : 05 BRUNET Roger : 14
C CARLESTAM Gösta : 104 CHARMES Éric : 14 CLAUDE Pineau : 98 COSTA Lucio : 20 COUSIN Jean : 66
D DARCY Pénélope : 30 DARLEY John : 72 DUMUR Eliane : 98
E ÉCOCHARD MICHEL : 37, 46, 153 ÉPICURE : 32 EVANS Gary : 92
I I.N.S.E.E. : 24 IOEH MING Pei : 20
160
PAULUS PAUL : 17 PINERO Grégoire : 62 PORTZAMPARC Christian : 22
Q
K
QUÁDRIO José Alves : 33
KATZ David : 65 KENWORTHY Jeffrey : 35 KOOLHAAS Rem : 82
R
L
S
LATANEÉ Bibb : 72 LEWIN Kurt : 97 LEBOYER Lévy : 87 LEFEBVRE Henri : 19, 96 LENNAR Levy : 104 LORENZ Konrad : 70 LUNDBERG Ulf : 72
SELYE Hans : 86 SOMMER Robert : 17, 65, 68 STOKOLS Daniel : 72
F FISCHER Nicolas : 67 FOSTER Norman : 90 FRANKENHAEUSER Marianne : 72 FREEDMAN Jonathan : 88
P
M MIRANDA Alejandro :91 MOLES Abraham : 66 MOORE Jeanne : 98
ROHMER Élisabeth : 66
V VOISIN Denis : 18
Tu ne jouis pas d’une ville à cause de ses sept ou soixante-dix-sept merveilles, mais de la réponse qu’elle apporte à l’une de tes questions. ITALO CALVINO, les villes invisibles 2013
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