L'Azenda de novembre 2017

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2017 / Photo : Compañia Sharon Fridman Free Fall © Javier Lopez

GRATUIT #130

NOV.


DOLORES

TAPKAL

VENDREDI 17 NOV. 20h Le Séchoir Musique, chanson

IL ÉTAIT UNE FOIS LE

QUELQUES PHRASES

THÉÂTRE GREC

D’ACCROCHE

VENDREDI 24 NOV. 20h Le K Spectacle & repas 0262 34 31 38 WWW.LESECHOIR.COM

Cie Danses en l’R VENDREDI 1ER DÉC. 20h Le Séchoir Danse


SOMMAIRE

N°130 NOVEMBRE 2017 MENSUEL CULTUREL 15 000 EX | GRATUIT

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LA PROG

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RUBRIK

les lunettes de zerbinette | l’horizon vertical

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C dans l’R | Quelques phrases d’accroche | 3 nov,

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LE Séchoir | novembre manzi te fait la leçon | danse avec tes chtars

LÉKIP

Dir. publication|Rédac chef Sandrick Romy Ont participé à ce numéro : Manzi, Zerbinette, Lodie, Celoo, David Rautureau, Camicii Photos Mickael Dalleau Distribution Mathias Techer, Shivam Jatoonah Impression : Graphica .

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ZOOM

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Le mix qui fait mouche | Wagner et Murcof | 26 nov

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Quel incogniti ... | Beyer et Gli incogniti | 16-19 nov

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LA PROG

TOTAL DANSE

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LA COUV

Un temps danse | Total Danse | 3-26 nov

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LA PROG

Théâtre du grand marché | novembre

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LA PROG

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Un flow qui fait mucci | Skarra Mucci | 4 nov

théâtre luc donat | novembre Le bel âge | Lo Gryo, la décennale | 4 nov

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Roulez jeunesse | Kaniki | 8 et 9 nov

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éloge de la folie | Don Quichotte ou ... | 9,10,14 nov

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du déséquilibre de grand calibre | 9,10 nov

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no prise de choux | les yeux d’la tête | 10 nov

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LA PROG

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sérafimova, encho et encore | 11 et 12 nov

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Dodo lé là (vraiment) ? | En attendant dodo | 14 nov

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el desdichado | novencento, un pianiste ... | 16 nov

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le indigo soley | Lindigo & Los muñequitos ... | 17,18 nov

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méditerranée en partage | Sete sois site luas | 23-25 nov

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la vie devant soi | éperlecques | 23 nov

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oralité local na point d’égal | 25 nov - 3 dec

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Premiers pas et dawa | Dock session | 24 nov

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Sous le lagon, l’agôn | 24 nov

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7 ans de réflexion : action ! | Sa M’Aim #7 | 22-26 nov

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LA PROG

kabardock | novembre

LES BAMBOUS | novembre


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MANZI TE FAIT LA LEÇON

DANSE AVEC TES CHTARS Vous avez vu la couverture de L’Azenda ? Novembre s’annonce comme la méga transe des membres ! Le graphiste – s’il en existe un dans cet organe de presse à la gloire de cette néo-culture de boudoir – aurait pu titrer « TOTAL RANCE » car y’a vraiment pas de quoi fouetter un entrechat pour ce rassemblement de petits ragondins contents pour rien.

L

a danse contemporaine est à la danse classique ce que la Segpa est au collège public : une voie de garage. Les danseurs contemporains partagent avec les circassiens le même parcours de ratés : pas assez physiques ni exigeants pour STAPS ou le

Ballet de Dunkerque, ils se sont réfugiés vers une discipline fourre-tout que des plumitifs à la solde de la grande cabriole qualifient pompeusement d’ « art ouvert à l’extension permanente du champ des possibles ».


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leurs crises d’épilepsie rampantes sur fond de klongs industriels, je pense que la fumisterie atteint son plus haut niveau d’exercice.

Chorégraphe, tête à baffes Et pourquoi pas filmer des mains qui bougent en inventant un barbarisme du genre « nano danse » pour camoufler cette giga branlette digitale ? La prochaine fois que je me fais pécho en plein grattage de balloches, promis je dirai que j’improvise une micro mazurka avec mes morbaques.

Reconnaissons à leurs confrères acrobates un atout majeur : le message ultra simpliste de leur création reste compréhensible pour le commun des mortels et certains organismes unicellulaires. À l’inverse, lobotomisés par des heures de pointe, nos matassins sans mocassins prennent les chemins de traverse en dansant tout nus devant des gens. Oulala oulala ! C’est ça votre choc esthétique moderne, les foufous ? Putain, faudrait inventer un tag YouPorn spécial pour les danseurs contemporains. Je peux comprendre que ces godelureaux aient envie de fuir la danse classique aussi ringarde que le patinage autistique et les vannes de Candeloro, mais quand je mate

Quand un photographe part aux îles Kerguelen et qu’il revient avec un reportage photo, la démarche fait sens. Mais quand un chorégraphe nous ramène un ballet abscons inspiré du coït des morses, y’a que le gratin des pingouins pour taper dans ses mains devant ce remix de la danse des canards. Et toi, spectateur ignare, arrête de dire que tu comprends que dalle à la trame narrative puisque nous sommes dans le merveilleux monde de la danse suggestive. Ouais gros relou, on t’a jamais dit que la danse se ressent plus qu’elle ne se raconte et que si mon cul c’est du poulet, l’avenir appartient aux poules qui se laveront les dents. Tu cherches un sens à cette phrase, oublie : c’est de la suggestion. Si tu es fan de Kamoulox, je te conseille de lire les dossiers de presse des spectacles de danse : tu y savoureras une cacographie psychédélique, capable de vanter une performance mêlant un orgasme tonitruant sur du Mozart, un GIF animé de Poutine exorcisé

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MANZI TE FAIT LA LEÇON | DANSE AVEC TES CHTARS

avec une danse zouloue et des spectateurs réduits en esclavage… Après, faut pas s’étonner que les classes laborieuses restent vautrées dans leur canapé pour déguster les sardanes à l’huile de Danse avec les stars…

#Balancetoncorps Les danseurs nous font chier à toujours parler de leur rapport au corps comme un truc spécial, comme si nous on n’était que des grosses têtes sur des moignons handicapés qui se détestent sous prétexte qu’on n’a pas passé nos vies en collants et qu’on passe pour des cons quand on danse en soirée. Eh connard, première nouvelle, quand tu commences à balancer des gestes improbables de pro en recherche sur du Beyoncé en soirée, t’as pas l’air moins con que nous, t’as juste l’air de te la péter. En plus, manque de pot, t’es jamais dans le tempo. Tu te prends pour une étoile du dancefloor alors que c’est nous les vraies stars avec nos déhanchements telluriques. Faut aussi que je te dise : tu nous fais chier avec ton hygiène de vie d’athlète 100% vegan alors que y’a pas si longtemps tu fourrais tes pointes avec des escalopes avariées. Ne nous fais pas croire que ta danse véhicule des messages alors que tu passes tes journées à te mater dans un miroir et que ton hobby n’est qu’un prolongement de ta crise égotique. Je te rappelle que si la danse est classée comme 6e art, c’est juste parce qu’à la fin du XXe siècle, le cinéma, la bédé et les jeux vidéos n’existaient pas.

Pour te dire, les mecs ont casé tes gesticulations au même niveau que les mimes qui, eux, ont le mérite de brasser de l’air pour essayer de dire quelque chose. Je te conseille de réfléchir à un smurf contemporain qui pourrait illustrer cette maxime : « Etre ridicule et en avoir conscience, c’est déjà ne plus l’être » et, promis, je m’arrange pour te trouver un créneau dans la programmation de Danse Péi, au CCAS de Tan Rouge.

Bon ok, j’avoue j’(h)aime ! Y’en a qui ont besoin de remuer leur couenne pour se sentir zen. Moi, je (sara)bande en faisant des crocs-en-jambe. C’est seulement après avoir vidé ma panse et libéré mes clichés sur la contredanse que je me lance dans ma réservation de places pour Total Danse. Et ouais, Manzi est aussi pleutre scribouillard que renard du grand écart, surtout quand un pigiste qu’il aime bien (voir p.22-23) lui a promis de l’embrasser s’il ne lâchait pas sa larme pendant le spectacle Kiss&Cry. Dernier truc, les danseurs : quand des tocards vous chambrent sur l’homosexualité inhérente à votre milieu, arrêtez de vous défendre en vous référant au couple Benjamin Millepied/ Natalie Portman, on s’en fout complètement des mœurs des artistes, tout comme on n’en a rien à cirer de mettre un terme technique sur vos mouvements sur le parquet. Nous, on veut vous voir bouger, tourner, sauter, baiser, convulser avec la tête de Poutine en GIF animé si vous voulez, tant que ça nous permet de faire léviter notre carcasse abîmée et de nous évader de cette société formatée.


ÎLE DE LA RÉUNION

2017

FESTIVAL INSOLITE DES MUSIQUES CLASSIQUES

AMANDINE BEYER ET GLI INCOGNITI LES QUATRE SAISONS & AUTRES CONCERTOS D’ANTONIO VIVALDI

JEU.16/11 - 20H - SAINT-DENIS - CITÉ DES ARTS VEN.17/11 - 20H - ÉGLISE DE SAINT-GILLES SAM.18/11 - 20H - ÉTANG-SALÉ - MAISON DU PÉLERIN DIM.19/11 - 16H - RIVIÈRE SAINT-LOUIS WWW.FESTIVALLANGTANG.RE - WWW.MONTICKET.RE


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UN BOUQUIN PASSÉ SOUS LES LUNETTES DE ZERBINETTE

OUI-OUI, BERNARD PIVOT ET LE PARADIS Où ta Zerbinette s’emballe pour ce roman iconoclaste et génial, à mi-chemin entre un recueil de Prévert et d’Henri Michaux. Où elle philosophe à la grande semaine sur les traces de Oui-Oui, s’enivre des formules magiques du compère Bonaldi et se régénère. Rien que ça.

B

rave lecteur, lorsqu’on songe que Philippe Bonaldi auto-édite son truculent roman alors que des nymphettes plastifiées tirent à des millions d’exemplaires leur prose et leur vacuité, ça donne une bonne raison de changer d’horizon, fût-il vertical. D’abord parce que cet auteur, est à lui seul tous les personnages : ancien archetier, cuisinier ambulant des stars pendant une décennie, musicien autodidacte, journaliste, poète et j’en passe, Bonaldi roule sa bosse entre le Quebec, les USA, la Réunion ( il ouvre une tanière gastronomique à Saint-Jo), et l’île aux nattes où il aime souffler un coup. Un parcours rocambolesque dont on retrouve la saveur dans L’horizon vertical, une Odyssée faussement naïve et pleine de grâce. Ensuite parce que le bouquin dégoupille de la pépite à tour de phrases. Bonaldi, roi du jeu de mots et du second degré multiplie les trouvailles qui n’ont rien à envier à Devos. On les recopierait toutes : « Les chansons, ce sont des mots tirés avec un arc à cordes

vocales. Il y a un arc et plein de cordes. L’arc, on a du l’avaler à la naissance. On l’a à l’intérieur. (...) Une chanson, c’est quand on veut chanter les mots que l’on a pas envie de dire. On les écrit avec un arc. » Côté fond, c’est profond. Le jeune Archimède, nous raconte comment il compte s’y prendre pour devenir intelligent. Fasciné par Oui-Oui et Vanessa Paradis, il livre ses analyses souvent ubuesques des travers de la société, dans des chapitres aussi surréalistes que « la cervelle du cerveau », « Cépatatoi », réflexion hilarante sur la propriété, ou encore le « manger correctement » qui nous vaut de bonnes tranches de rire. Poétique et grinçant, l’ouvrage scalpe les idées reçues et dézingue les bienséances, au profit d’une réflexion caustique sur l’homme moderne. « L’intelligence ne s’apprend pas chez le coiffeur, elle se transmet grâce aux gens plus grands et à la lecture de livres passionnants. » Donc acte. Philippe Bonadi, L’horizon vertical, Des livres et des îles, 407p, 12€


ÎLE DE LA RÉUNION

2017

FESTIVAL INSOLITE DES MUSIQUES CLASSIQUES

ENSEMBLE LINKS & CIE MAD STEVE REICH : MUSIC FOR 18 MUSICIANS MUSIQUE ET DANSE CONTEMPORAINES

JEU.30/11 - 20H -SAINT-LEU - MUSÉE DE STELLA SAM.02/12 - 20H - SAINT-GILLES - TEAT PLEIN AIR DIM.03/12 - 14H ET 16H - SAINT-DENIS - CITÉ DES ART WWW.FESTIVALLANGTANG.RE - WWW.MONTICKET.RE


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Féru de transmission, il accompagne depuis plus d’un an trois jeunes danseurs-chorégraphes (réunis sous Les Lignes d’R) dans leurs parcours artistiques. Ces derniers présenteront leurs premières oeuvres - certainement très marquées de la patte Languet - : des « petites formes » écrites justement les unes pour les autres. Reste donc à voir ce que « quelques phrases d’accroche » peuvent donner : ECLA44 | Chorégraphe et interprète : Sarah Dunaud | Sur fond de discours à la jeunesse hitlérienne de 1944, la jeune danseuse/chorégraphe nous plonge dans un univers sombre plein de remise en question et de crise identitaire.

C DANS L’R © DR DANSE

Quelques phrases d’accroche

3 nov 20h | St-Paul | Lespas | 8-10€ 1 dec 20h | Piton St-Leu | Le Séchoir | 11-16€

Trois jeunes danseurschorégraphes, quatre pièces dansées, une aventure collective passionnante, une soirée tout en pas chassés vous a été concoctée par la compagnie Danse en l’R et son dispositif Les Lignes d’R.

H

umanité et fascination marquent les créations de la Cie Danse en l’R menée par Eric Languet. Chorégraphe incontournable, ses propositions oscillent « entre théâtre physique, performance et pouvoir de subjuguer la danse »

Quand les murs nous poussent | Chorégraphe : Cédric Marchais. Interprètes : Sarah Dunaud et Brice Jean-Marie | La ville, la foule, le bruit. Comment être seul au milieu de tant de gens. Le message est clair : la proximité nous éloigne des autres… Lettre à Farah | Chorégraphe : Brice Jean-Marie. Interprètes : Sarah Dunaud et Annabelle Laik | Sur scène, deux femmes et une multitude de vêtements (ce qui ne déplaira pas à nos fashionistas). Ils représentent ce qu’elles montrent, ce qu’elles cachent, ce qu’elles laissent apparaître. Une pièce sur le paraître incontournable de notre société. Les chiens de Schrodinger | Création et interprétation : Sarah Dunaud, Brice Jean-Marie, Cédric Marchais  | Aux accents comiques, une chorégraphie interprétée par des hommes qui vont jouer à « qui a la plus grosse ».

LODIE


ÎLE DE LA RÉUNION

2017

FESTIVAL INSOLITE DES MUSIQUES CLASSIQUES

VANESSA WAGNER ET MURCOF STATEA

DIM.26/11 - ÉGLISE DE SAINT-GILLES WWW.FESTIVALLANGTANG.RE - WWW.MONTICKET.RE


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oilà un demi-siècle que les Jamaïcains voient s’exporter leurs vibes dans ce qu’ils doivent appeler l’outre-Atlantique et que, par commodité, nous appellerons l’Europe. Le Royaume-Uni a sa scène dub flirtant lascivement avec l’électro. L’Allemagne, des sound systems détonants d’où a surgi Skarra Mucci, un clasheur germano-jamaïcain qui a l’agaçante faculté de puiser dans un large spectre musical (reggae, dancehall, soul, gospel et hip hop) pour concocter des titres puissants quand d’autres parviennent surtout à synthétiser un goût vomi quand ils se risquent à ce type d’expériences dans leur cuisine. Plus fort que le game

© DR

UN FLOW QUI FAIT MUCCI CONCERT

Skarra Mucci

4 nov 21h | St-Pierre | Kerveguen | 10-18€ 1ère partie : Daddy Mory

« Skarra Mucci, Skarra Mucci, will you do the fandango? » chantait à peu près Freddy Mercury dans sa bohémienne rhapsodie. Réponse : non, Skarra Mucci, l’étoile bien montée du sound system germanique, ne va pas faire de fandango mais une épopée dancehall/un dancehall hip hopé qui cartonne.

Dans Greater Than Great, l’un de ses tout premiers clips, entre deux plans de bimbo remuant son boule dans une pose suggestive – enfin, avec la même suggestivité que de plonger une cuillerée dans la bouche d’un mioche avant de lui demander s’il a faim – le beau gosse joue sur une vieille Nintendo un Mario Bros pimpé à son image se mettant d’un coup à faire des sauts impossibles, à sortir le jet-pack et à tout péter, après être devenu invincible grâce à un bonus cannabique, en lâchant des « Bumboklaat ». Le message est limpide : Skarra Mucci reprend les codes du game pour mieux les exploser en studio comme à la scène. La recette de Président du Dancehall (autoproclamé, certes, mais pas volé) : Du brut. Il se détourne de l’autotune pour laisser son flow toaster librement, prend de vrais musiciens qui livrent du live de qualité et affiche une très très grosse attitude. CAMICII


ÎLE DE LA RÉUNION

2017

FESTIVAL INSOLITE DES MUSIQUES CLASSIQUES

INDIAN OCEAN SYMPHONIC ORKESTRA DIRECTION : CHRISTOPHE SAM PIANO : VANESSA WAGNER

MAURICE RAVEL: BOLÉRO

VEN.01/12 - 20H - SAINT-GILLES - TEAT PLEIN AIR SAM.02/12 - 20H - SAINT-DENIS - CITÉ DES ARTS MAR.05/12 - 20H - LE TAMPON - THÉÂTRE LUC DONAT WWW.FESTIVALLANGTANG.RE - WWW.MONTICKET.RE


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ÉLECTRO & CLASSIQUE, LE MIX QUI FAIT MOUCHE CONCERT Festival Lang Tang Vanessa Wagner et Murcof

26 nov 20h | St-Gilles | Eglise | 20€

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arier la musique électronique et classique semblent être un projet qui mène directement au divorce mais Vanessa Wagner et Murcof ont réussi leur pari. Avec leur album « Statea », ce duo atypique nous fait découvrir un univers mystique et unique. Comme la majorité des « unions », leur rencontre ne présageait en aucun cas ce qui allait suivre. Pour cela, il faut revenir sept ans en arrière, à La Carrière de Normandoux, dans la Vienne. Je sais bien qu’on est loin des plages réunionnaises mais vous allez bientôt remercier cet endroit car c’est là que tout a commencé. Réunis par le label InFiné pour des ateliers musicaux, nous avons d’un côté Vanessa Wagner, pianiste classique française de renom, et de l’autre Fernando Corona alias Murcof, producteur de musique électronique mexicain. En effet, rien ne semblait les unir. Mais une improvisation plus tard et la magie opère.

© Pierre Emmanuel Rastoin

La preuve que la patience a des vertus Il a cependant fallu attendre six ans pour que leur album « Statea » se concrétise. Une longue période de préparation et d’expérimentation que symbolise bien ce titre. En effet, « Statea » est une référence en italien ancien

au concept de balance. Une allusion à l’équilibre si difficile à trouver entre deux mesures, deux styles musicaux. Pour exprimer leurs qualités respectives, le duo s’est presque naturellement porté sur les compositions aériennes des grands noms du minimalisme tels que Arvo Pärt, John Cage, Erik Satie ou Philip Glass. A ces pièces illustres s’ajoute une parenthèse courte mais logique : un morceau emblématique d’Aphex Twin, l’artiste qui représente le mieux le lien entre musiques « savantes » et musiques « populaires ». Un véritable ping-pong musical La virtuosité au piano de Vanessa Wagner combinée à la touche électronique de Murcof nous offrent une résonance inédite. Avec un effet « écho » ou « miroir », les sonorités vous envoûtent, vous enivrent. Sur disque comme sur scène, cette fascinante partie de ping-pong propulse leur audience dans un intense voyage à l’intérieur du son, et à l’extérieur du temps. Cette collaboration prend à contre-pied la plupart des albums crossover du moment, et prouve que tout est possible en musique avec du talent. Comme le dit Vanessa Wagner elle-même, « C’est un grand n’importe quoi qui fonctionne à merveille ». CEELO

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© DR

QUEL INCOGNITI CE VIVALDI ! CONCERT Festival Lang Tang Amandine Beyer & Gli Incogniti : les 4 saisons de Vivaldi

16 nov 20h | St-Denis | Cité des Arts | 25€ • 17 nov 20h | St-Gilles | Eglise | 25€ 18 nov 20h | Etang Salé les Hauts | Maison du Pelerin | 25€ • 19 nov 20h | Rivière St-Louis | Eglise | 25€

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n 1630, Venise n’est plus celle qu’on surnommait la Sérénissime. L’âge d’or de son capitalisme est passé, les batailles contre les pays voisins ont été perdues et leurs eaux ne sont plus sûres. Aux commerçants du XVIème siècle ont succédé les rentiers qui, aristocrates comme tout, ont vécu la décadence vénitienne en guinchant comme des diables. Leur Azenda post-Renaissance était truffé de grandes fêtes dont on parlait dans toute l’Europe, ne serait-ce que son fameux carnaval qui s’étendait sur six mois de bringue. Ce bouillon culturel était le terreau rêvé pour la création de l’Accademia degli Incogniti, une académie dont les membres (souvent inconnus) créaient des œuvres artistiques folles, souvent amorales et complètement libres. À l’époque, on disait que ces œuvres étaient baroques, pas avec le ton du connaisseur de la

grande musique à petit doigt perché, non. Avec la moue répugnée du « qu’est-ce que c’est que ce truc ? » C’est à ce mouvement que rend hommage Amandine Beyer, l’orfèvre du violon (Diapason d’or, Choc de Classica, Editor’s choice de Gramophone, Prix Académie Charles Cros, Excepcional de Scherzo… si vous en voulez plus, il y en a). En appelant son ensemble Gli Incogniti, elle donne le ton : audace, technique et volupté pour revisiter les plus grands (son dernier album, BWV… or not ? se promène dans les sonates de Bach), arracher les compositions et les compositeurs à l’oubli. Comptez sur ces incogniti qui connaissent par cœur les concerti de Vivaldi pour vous emporter. CAMICII


2017 / Photo : Compañia Sharon Fridman Free Fall © Javier Lopez / Design Graphique : Rémi Engel


NOVEMBRE, LE MOIS DE LA DANSE VENDREDI 3 ET LUNDI 6

10h

MARDI 7

10h

VLOVAJOB PRU ( SCOLAIRES )

VLOVAJOB PRU (PUBLIC RESTREINT)

18h30

VLOVAJOB PRU ( GRATUIT – TOUT PUBLIC )

MERCREDI 8

14h

VLOVAJOB PRU ( GRATUIT – TOUT PUBLIC )

18h

JEUDI 9

9h30 et 13h30

Salle La Gare, Saint-André Salle du cinéma Le Casino, Le Port Théâtre Canter, CROUS, Saint-Denis Salle du cinéma Le Casino, Le Port

VERNISSAGE EXPO ( GRATUIT ) Galerie Ter’la TER’LA/CIRCULATION(S) VLOVAJOB PRU ( SCOLAIRES )

Théâtre des Sables, L’Etang-Salé

18h

VERNISSAGE EXPO ( GRATUIT ) Galerie du TER’LA/CIRCULATION(S) TEAT Champ Fleuri

19h

PLATEAU JEUNES TALENTS ( GRATUIT )

Parvis du TEAT Champ Fleuri

20h

M.A. DE MEY & J. VAN DORMAEL KISS & CRY

TEAT Champ Fleuri

19h

PLATEAU JEUNES TALENTS ( GRATUIT )

Parvis du TEAT Champ Fleuri

20h

M.A. DE MEY & J. VAN DORMAEL KISS & CRY

TEAT Champ Fleuri

17h

KEVIN JEAN DES PARADIS ANN O’ARO LO KOR KAPÉ

TEAT Plein Air – Badamier

DIMANCHE 12 17h

KEVIN JEAN DES PARADIS ANN O’ARO LO KOR KAPÉ

TEAT Plein Air – Badamier

VENDREDI 10

SAMEDI 11


TOTAL DANSE MARDI 14

9h30 et 13h30 19h

20h30

MERCREDI 15

COMPAGNIE PACO DÈCINA TEAT Champ Fleuri LA DOUCEUR PERMÉABLE... ROBYN ORLIN AND SO YOU SEE...

TEAT Champ Fleuri

19h

COMPAGNIE PACO DÈCINA TEAT Champ Fleuri LA DOUCEUR PERMÉABLE...

10h et 13h30

10h et 13h30

ROBYN ORLIN AND SO YOU SEE...

TEAT Champ Fleuri

VLOVAJOB PRU

Salle Polyvalente Collège, Salazie

( SCOLAIRES )

DIDIER BOUTIANA KANYAR Théâtre LISBETH GRUWEZ IT’S GOING... du Grand Marché VLOVAJOB PRU ( SCOLAIRES )

Salle Polyvalente Collège, Salazie

19h

A.T. DE KEERSMAEKER LA NUIT TRANSFIGURÉE

20h

COMPAGNIE PACO DÈCINA Théâtre Luc Donat LA DOUCEUR PERMÉABLE...

20h30

SAMEDI 18

Théâtre de Pierrefonds, Saint-Pierre

DIDIER BOUTIANA KANYAR Théâtre LISBETH GRUWEZ IT’S GOING... du Grand Marché

19h

VENDREDI 17

( SCOLAIRES )

19h

20h30

JEUDI 16

VLOVAJOB PRU

19h

TEAT Champ Fleuri

COMPAÑIA SHARON FRIDMAN FREE FALL

TEAT Champ Fleuri

A.T. DE KEERSMAEKER LA NUIT TRANSFIGURÉE

TEAT Champ Fleuri


NOVEMBRE, LE MOIS DE LA DANSE SAMEDI 18 (suite)

20h30

COMPAÑIA SHARON FRIDMAN FREE FALL

TEAT Champ Fleuri

LUNDI 20

13h30

VLOVAJOB PRU

Espace Guy Agenor, Plaine des Palmistes

( SCOLAIRE )

MARDI 21

9h30 et 13h30

VLOVAJOB PRU ( SCOLAIRES )

Espace Guy Agenor, Plaine des Palmistes

19h

JÉRÔME BRABANT A TASTE OF TED

TEAT Champ Fleuri

20h

MALANDAIN BALLET B. LA BELLE ET LA BÊTE

Théâtre Luc Donat

20h30

PERRINE VALLI UNE FEMME AU SOLEIL

TEAT Champ Fleuri

JÉRÔME BRABANT A TASTE OF TED

TEAT Champ Fleuri

20h30

PERRINE VALLI UNE FEMME AU SOLEIL

TEAT Champ Fleuri

JEUDI 23

19h

COMPAGNIE BERTHA INÉ-PUISABLE J.O. MANANTENASOA MÉTAMORPHOSE

Théâtre Canter

VENDREDI 24

20h

MALANDAIN BALLET B. LA BELLE ET LA BÊTE

TEAT Champ Fleuri

15h et 20h

MALANDAIN BALLET B. LA BELLE ET LA BÊTE

TEAT Champ Fleuri

BATTLE DE L’OUEST + KONKOUR KORÉGRAFIK TRADURB1

TEAT Plein Air

MERCREDI 22

SAMEDI 25

19h

DIMANCHE 26 18h


LA COUV

UN TEMPS DANSE FESTIVAL

Total Danse

du 3 au 26 novembre | Programme détaillé ci contre et sur www.azenda.re

Novembre sera dense et danse. Entre chorégraphes tendances, instants de transe et transcendance des corps, ce Total Danse 2017 s’annonce vraiment immense. De cette palanquée de ballets et performances, Lékip L’Azenda (Manzi, Lodie et Camicii) a tiré une sélection tout aussi subjective qu’interrogative. Let’s dance !

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LA COUV

TOTAL DANSE | UN TEMPS DANSE

CES MAINS D’AMANTS QUI S’AIMENT ET M’AIMANTENT Kiss & cry (Michèle Anne De Mey & Jaco Van Dormael) 9 et 10 nov 20h | St-Denis | Téat Champ Fleuri | 12-23€

J

e vote des deux mains pour Kiss & Cry comme l’événement de cette édition de Total Danse car il incarne l’esprit polymorphe de ce festival. Total Danse est l’un de mes rendez-vous préférés car il défriche aux frontières des arts du mouvement et n’hésite pas à aller piocher dans des imaginaires transdisciplinaires. La création originale que vous allez découvrir est une forme de danse totalement inédite, une sorte de condensé des festivals Tam-Tam, Leu Tempo, Danse Péi et de la Soirée du Court. Le genre de défi fou qu’aurait pu s’imposer Michel Gondry s’il ne perdait pas son temps à tourner des courts-métrages promotionnels avec son Iphone 7. Pour la faire court justement, vous allez suivre les rencontres amoureuses d’une femme, féti-

chiste des mains de ses amants. Les mimines sont donc les personnages centraux de cette odyssée intime et vont se raconter dans une sorte de mélange de magie, de cinéma et de danse des doigts. Cette nano-danse multi-sensorielle multiplie les traits d’union entre des géniales inventions et des giga-émotions Les mains dansent à l’écran pendant que s’agite sur le plateau une armada de techniciens (manipulateurs, cameramen) orchestrée par le réalisateur Jaco Van Dormael à qui l’on doit plusieurs films tels que Toto le héros, Le huitième jour ou Le tout Nouveau Testament avec Benoit Poelvoorde.


LA COUV

© Maarten Vanden Abeele

Sa collaboration avec la chorégraphe Michèle Anne De Mey débouche sur une explosion de trouvailles visuelles et une approche narrative sans précédent. En tout cas, mes souvenirs de spectateur dilettante mais chevronné n’y trouvent pas d’équivalent. La prouesse de cet objet théâtral c’est de se retrouver embarqué dans une biographie poétique en même temps que l’on pénètre dans les coulisses de la pièce. Ces allers-retours incessants n’altèrent en rien nos émotions, mieux ils les décuplent. Les cinéphiles auront plutôt le sentiment d’assister au making of d’un film onirique en temps réel. Quant aux marionnettistes, peutêtre parleront-ils de (manu)cure de jouvence du théâtre d’objets. Qu’importe ! Je mets ma main au feu que vous garderez un souvenir impérissable de cette œuvre magistrale et j’embrasse les spectateurs intrigués qui se déplaceront autant que je pleure les blasés pleutrons. MANZI

© Olivier Houeix

UN MONDE BIEN MALANDAIN Les nocturnes / Une dernière chanson / Boléro

21 nov 20h | Le Tampon | Théâtre Luc Donat | 20-34€

La belle et la bête

24 nov 20h | 25 nov 15h et 20h | St-Denis | Téat Champ Fleuri | 18-36€

C

e festival va vous permettre de (re) découvrir le ballet de Biarritz et son chef d’orchestre, Thierry Malandain, un des plus grands chorégraphes néoclassiques de l’univers intersidéral, au travers de deux soirées. La première se déroulera au Théâtre Luc Donat où le public tampézien pourra savourer trois pièces dansées (« Les nocturnes », « le Boléro » et « Une dernière chanson ») présentant différentes facettes créatives. La seconde au Téat Champ Fleuri où se jouera devant les Ô grands dyonisiens « La belle et la bête ».

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LA COUV

TOTAL DANSE | UN TEMPS DANSE

« La Belle et la Bête » pièce créée en 2015 et jouée en avant-première à l’Opéra Royal de Versailles (s’il vous plaît !), est un ballet de 77 minutes pour 22 danseurs. Sur des pages symphoniques de Tchaïkovski, Thierry Malandain met en scène un conte qui a inspiré les plus grands dont Jean Cocteau dans son film de 1946 et Walt Disney bien sûr. Une citation de Charles Baudelaire l’a particulièrement orienté dans sa version de l’histoire « Ah ! Faut-il éternellement souffrir ou fuir éternellement le beau ? Nature, enchanteresse sans pitié, rivale toujours victorieuse, laisse-moi ! Cesse de tenter mes désirs et mon orgueil ! L’étude du beau est un duel où l’artiste crie de frayeur avant d’être vaincu. ».

De tous ces ingrédients résultent un récit initiatique visant à résoudre la dualité de l’être : la Belle incarnant l’âme de l’être humain et la Bête sa force vitale et ses instincts. Le regard se porte sur la représentation des démons intérieurs de l’artiste à travers la double nature de la Bête. Face à la scène, vous ne saurez plus si c’est du classique ou du contemporain car les bases de classique sont très affirmées et une énorme part théâtrale prend les rênes grâce à un riche jeu de rideau. Tout ceci a des airs sombres et inquiétants, les costumes sont épurés, noirs, mais pas de panique : l’entrée du corps de ballet est magique et la fin de l’histoire sera douce et sous le soleil. En bref, la danse dans toute sa magnificence de paradoxes et d’oppositions, vous permettra de savourer toute sa bipolarité. LODIE

© Olivier Houeix


EN NOVEMBRE aU THÉÂTre DU GranD marCHÉ — ven. 03 19.00 & sam. 04 20.00

— mer. 08 19.00

COMÉDIA INFANTIL

TAXI TÉHÉRAN

d’après Henning Mankell la CoMMune Cdn d’aubervilliers / Cie Cinétique

(projeCtion) un film de jafar panahi

en partenariat avec La Lanterne Magique

— mer. 15 & JeU. 16 19.00 > FESTIVAL TOTAL DANSE

KANYAR

didier boutiana / soul CitY

IT’S GOING TO GET WORSE AND WORSE AND WORSE, MY FRIEND lisbetH gruWeZ / voetvolk

en partenariat avec les TEAT Champ Fleuri | TEAT Plein Air

— ven. 17 18.00

— JeU. 23 19.00 & ven. 24 20.00

PA MWIN LOTÈR :

ÉPERLECQUES

ELFRIEDE JELINEK X CIE NEKTAR

de et par luCien fradin Cie HvdZ

— JeU. 30 20.00

CONCERT CLASSIQUE RIVE

avec joHanne ralaMbondrainY (piano), aYako tanaka (violon), fabriCe biHan (violoncelle) organisé par l’association RIVE

RÉSAS

0262 20 96 36 / location@cdoi-reunion.com

2 rue du MaréCHal leClerC 97400 saint-denis www.cdoi.re

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LA COUV

TOTAL DANSE | UN TEMPS DANSE

© Ignacio Urrutia

TOMBER DE HAUT ET EN BEAUTÉ Free fall

17 et 18 nov 20h | St-Denis | Téat Champ Fleuri | 12-23€

À

l’état naturel, le corps humain est imparfait. Ne le niez pas, vous vous doutez bien que la Galathée tirée à quatre épingles du Choka laisse place, au matin, à une masse rendue hagarde par le contrecoup du mojito de trop.

Au lieu de nous imposer la grâce des artistes infaillibles, les danseurs de son éponyme compañia (car située à Madrid) doivent se maintenir dans un déséquilibre permanent, ils frôlent la chute et rendent ainsi hommage aux imprécisions qui nous collent à la peau.

Free fall, la dernière création de Sharon Fridman, chorégraphe israélien fasciné par ce besoin sociétal de se tenir droit dans un monde qui ne l’est pas, explore l’essence des lendemains de veille, quand votre corps n’est plus qu’une marionnette entre les moufles d’un neurasthénique.

Mais les professionnels qui feignent la maladresse sont légion en danse contemporaine comme au cirque. Dans les dossiers de presse, ils questionnent la gravité, la précarité de l’équilibre, la promesse sans cesse renouvelée d’une performance accomplie voire la condition humaine toute entière.


LA COUV

© Laurent Schneegans

Sur scène, il s’agit surtout de se porter, se lâcher, se rattraper in extremis et donner des suées aux spectateurs qui, quand le souffle leur revient, s’interrogent : « Non mais, là, Raymond, il a pas vraiment failli tomber, le chevelu ? » Par souci d’authentiques imperfections, les danseurs qui se jettent et qui s’enlacent, se projettent et se ramassent, ne sont pas tous des pros de la compagnie madrilène. Dans chaque ville de leur tournée, la troupe s’étoffe d’une vingtaine de danseurs amateurs briefés en quelques heures pour entrer dans une danse pourtant très exigeante. Loin d’entacher la qualité de Free fall, les amateurs ainsi glânés ont participé à l’obtention du prix du meilleur spectacle de danse du Marché International du Théâtre et de la Danse de Huesca. De quoi nous rassurer ? À quoi bon, nous savons tous que les frayeurs font partie intégrante du spectacle. CAMICII

DÈCINA MOI UNE DANSE La douceur perméable de la rosée

14 et 15 nov 19h | St-Denis | Téat Champ Fleuri | 8-15€ 17 nov 20h | Le Tampon | Th. Luc Donat | 12-18€

O

ccasionnellement, le Fond Régional d’Art Contemporain, que le sinistre monde des acronymes appelle FRAC, met en œuvre les « Ateliers des ailleurs » : un appel à projets qui voit s’affronter plusieurs catégories de créateurs artistiques de domaines très différents. Pour quel prix ? Un séjour dans une base subantarctique paumée dans les Terres Australes et Antarctiques Françaises, que le même monde sinistre appelle TAAF sans toutefois parvenir à saper la fascination qu’exercent ces îles reculées.

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LA COUV

TOTAL DANSE | UN TEMPS DANSE

Une fois débarqués du Marion Dufresne, les artistes s’imprègnent de ces territoires peuplés de manchots, de phoques et de scientifiques ; ils hument les vents glacés, captent les spécificités d’une nature à la fois sauvage et précaire, puis matérialisent ce que leur inspire leur résidence hors norme, comme une soirée diapo d’antan ou un album Facebook d’aujourd’hui, en mille fois mieux. De ses quatre mois dans l’archipel de Crozet, le chorégraphe napolitain Paco Dècina est soufflé par l’environnement inaltéré. Presque inaltéré : si le seul arbre de l’île, le pommier de la base française, ne cause aucun dégât, on ne peut en dire autant des pissenlits, des sagines et des stellaires qui, malgré leur joli petit nom, ont sacrément malmené l’écosystème local.

Comme tout un chacun, Dècina s’est alors posé la question de la place de l’homme dans la nature. Mieux que tout un chacun, il crée La Douceur perméable de la rosée. Pompeux, le nom ? Quand on revient du bout du monde, du bout de soi, y a-t-il mieux à faire qu’embrasser la grandiloquence brute? Y a-t-il mieux que de revenir avec les sons des éléments déchaînés et du quotidien des reclus, pour restituer avec trois fois rien (trois danseurs et quatre tréteaux) le témoignage de ce qu’on surnommait « les îles de la désolation » ? Un surnom bien pratique pour faire croire que la désolation venait d’ailleurs. On parie que la pièce de Dècina dit le contraire ? CAMICII

© Laurent Schneegans


03NOV•18H30

14NOV•18H30

TOTAL DANSE•17NOV•20H

TOTAL DANSE•21NOV•20H

LABEL PAROL•25NOV•19H

LABEL PAROL•01DEC•19H

LABEL PAROL•02DEC•19H

05DEC•20H

16DEC•20H

SCOLAIRES, TARIFS, BILLETS, ACTUS DU THÉÂTRE, SUR WWW.TLD.RE & SUR LA PAGE FACEBOOK

20 rue Victor le Vigoureux - Le Tampon 0262 27 24 36 - www.tld.re




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LE BEL AGE © Frédérique Gaumet

© Levy Stab CONCERT

Lo Gryo - La Décennale. Invité : Médéric Collignon 4 nov 20h | St-Denis | Teat Champ Fleuri | 10-19€

Lo Griyo, formation iconoclaste que l’Azenda suit d’ailleurs depuis sa création (nos débuts sont quasi concomittents), célèbre ses 10 ans. Avec pour l’occasion un invité tout aussi prestigieux que prodigieux : Médéric Collignon.

La soirée s’intitule la décennale. Pourquoi ? Pour notre dixième année, on compte faire 10 concerts, avec 10 invités, ici et en métropole. Et cette série commence avec Médéric Collignon dont nous sommes fan ! On avait fait une de ses premières parties il y a quelques années au Séchoir. Ça s’était très bien passé. Nous sommes contents de nous retrouver. Nous avons 5 jours de résidence pour préparer le concert. On l’adore comme cornettiste mais il va aussi venir avec son clavier et, a priori, il va aussi chanter 10 ans pour un groupe, c’est beaucoup. Vous le vivez bien ? Parfaitement bien ! Paradaxolement, depuis le vol de nos instruments à Marseille en 2015, on vit une sorte de renaissance. ça nous a obligé à explorer de nouvelles pistes. On a recommencé à jouer ensemble il y a moins d’un an. On est quatre sur scène maintenant : Sami Pageaux-Waro, Brice Nauroy, Cyril Faivre qui nous a rejoints

depuis un an et moi. On vient de réaliser 3 clips, de participer au Moshito en Afrique du Sud, au Iomma. Et surtout, on travaille sur notre 3ème album qui devrait sortir début 2018. Bref, on ne ressent aucune lassitude. Vous appliquez toujours la même formule ? Oui et non. En général, les compositions sont toujours de Sami ou moi. Niveau arrangements, même si tout le monde s’y colle, Sami garde toujours une longueur d’avance. C’est au niveau des influences que nous avons beaucoup évolué. On est de moins en moins un groupe trad. Il y a certes toujours des inspirations afghanes et africaines mais on sent poindre une tendance rock voire électro avec notamment Cyril à la batterie. Le terme « formation jazz », avec ce qu’il sous-entend d’impros, d’expérimentations, nous correspond bien. On est un groupe laboratoire. INTERVIEW DE LUC JOLY PAR DAVID RAUTUREAU


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© Madame Gascar - Petra Zist

ROULEZ JEUNESSE !

Ce mois-ci, Kaniki, la programmation Jeune public du Kabardock, propose deux spectacles à déguster en famille : du théâtre avec Madame Gascar et de la chanson avec Kolé kolé. THÉÂTRE - JEUNESSE

Madame Gascar

CONCERT - JEUNESSE

8 nov 14h | Le Port | Le Kabardock | 5€

M

algré son indiscutable beauté, Madame Gascar est bien malade. C’est la division de ses six enfants (symboliquement ses six provinces) qui la fait tant souffrir. Tout va être fait au cours de l’histoire pour trouver un remède à cette mésentente et revoir ses enfants à nouveau réunis. À l’origine du projet, le groupe Trio vocal : Mevah (interprétation et chant), Mamiso (instruments et chant) et Njiva (chant et danse). Derrière les chants polyphoniques en malgache et la fiction interprétée en français, ce conte musical, chanté, dansé nous offre une vision politique et historique de la situation de la grande île. Madame Gascar est un formidable hymne à l’amour et à l’espoir. DAVID RAUTUREAU

Kolé kolé

9 nov 19h | Le Port | Le Kabardock | 5€

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olé kolé est un territoire partagé où les instruments tout comme les musiciens sont venus de toutes parts pour faire oeuvre commune. Jean-Denis Marguerite, Pascal Futol, Bruno Gaba, Georges Razafintsotra et Lorenzi Pierre accordent leurs talents et leurs parcours singuliers sur des compositions originales. Balafon, guembri, percussions, valiha, accordéon, violoncelle, bibasse se rejoignent dans une recherche permanente de mélodies et d’harmonies. Cette diversité au service de la créolité est à coup sûr l’originalité de Kolé Kolé. Les textes, sensibles et puissants, qui viennent tempérer ce magnifique bouillon de cultures sont d’Audrey Labache.

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ÉLOGE DE LA FOLIE © Christian Berthelot

THÉÂTRE

Don Quichotte ou le vertige de Sancho

9 nov 13h30 | 10 nov 20h | 14 nov 13h30 | St-Benoît | Gramoun Lélé | 11-15€

Don Quichotte. 1200 pages. Tout le monde connait le roman de Cervantes. Mais soyons clairs, personne ne l’a lu. En 2013, la Compagnie Public Chéri, dirigée par Régis Hebette, décide d’adapter ce monument littéraire sur les planches. Et de le condenser en deux heures de spectacle. Reste à savoir en quoi les pérégrinations d’un hurluberlu du XVIIème siècle, fou de chevalerie, peuvent bien intéresser les spectateurs pétris de numérique et de modernité que nous sommes.

I

l est des clichés qui ont la vie dure. Quand on pense au Quichotte, surgissent instantanément les mêmes images : une monture famélique, guidée par une parodie de chevalier, affrontant une armée de moulins

qu’il prend pour des géants. Derrière lui, son écuyer Sancho Panza essuie les plâtres et la folie de son maître. Pourquoi Quichotte bat-il la campagne ? Quelle est sa quête ? Les critiques se déchainent pour nous éclairer.


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Retenons qu’au commencement, un gentilhomme désargenté, Alonso Quichano, obsédé par les livres de chevalerie, est victime d’un trouble du jugement. Le voilà qui se prend pour le chevalier errant Don Quichotte, dont la mission est de parcourir l’Espagne sur son vieux cheval Rossinante, pour combattre le mal et protéger les opprimés. Rien que ça. Il prend pour écuyer un naïf paysan, Sancho Panza, dont la principale préoccupation, outre le fait de se remplir la panse, est de supporter les visions de son maître et de leur donner un contrepoint. Dès lors, le thème majeur du roman apparait : à une époque où, entre baroque et classicisme, l’homme du XVIIème siècle tente d’imposer la suprématie de la pensée rationnelle, Cervantes fait entendre une autre voix, celle de la folie, qui mène bataille contre la tristesse du rationalisme. Et le philosophe contemporain Deleuze, d’ajouter que Don Quichotte, « n’est pas du tout un type qui se trompe (...), c’est un grand voyant, c’est un visionnaire. Oui il est halluciné. Évidemment, quand on voit ce qu’il y a derrière les choses, on est halluciné. » La courageuse position de Cervantes, qui refuse de séparer le vrai du faux, le visible de l’invisible, et le réel de l’imaginaire, est la clef de voûte de l’interprétation proposée par Régis Hebette. Or, qu’on se le dise, pour le metteur en scène, les points d’achoppement entre le XVIIème et le XXIème siècle sont nombreux. À commencer par cette obsession d’un ordre binaire du monde. Cervantes et Hebette se rejoignent quand à l’impossibilité de poser une frontière ferme, entre folie et raison.

Cela étant posé, Quichotte se prête merveilleusement à l’interprétation théâtrale. Parce qu’il est une affirmation poétique du pouvoir de transformation que recèle l’imaginaire des humains. De quelle fiction voulons-nous être les acteurs ? interroge la pièce. Pour combattre ce que la critique Juliette Chemillier nomme « Le geste castrateur du rappel à la réalité », Quichotte utilise ses armes : les mots. En renommant les choses et les êtres, et qu’importe ses visions, il reformule les conditions de leur apparition, donc l’existence. C’est ce qui explique d’ailleurs le vertige de Sancho, celui qui maintient son maître en prise avec le réel mais subit aussi, par ce parcours initiatique, une transformation. Lorsqu’on demande à Hebette pourquoi il a centré son adaptation sur le duo Sancho/ Quichotte, alors que le roman de Cervantes multiplie les personnages, l’homme explique qu’un défaut de subventions pendant le montage de la pièce l’a incité à réduire le nombre d’acteurs sur le plateau. Merveilleuse ironie du sort, quand on sait que le roman de Cervantes est aussi allégorie de la pauvreté. La mise en scène à l’épure, ouvre donc l’imagination, utilisant des objets symboliques aux multiples fonctions, afin que tout fasse signe, comme le veut l’esprit du texte. Avec un Quichotte interprété par 3 acteurs différents pour exprimer les contradictions inhérentes au personnage, et faire entendre, par cette mise en abîme, la voix de Cervantes, Hebette et son héros livrent bataille, pour que notre réalité ne soit pas « la fiction du plus fort ». Et qu’advienne enfin, le règne des agneaux. ZERBINETTE

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DU DÉSÉQUILIBRE DE GRAND CALIBRE CIRQUE

L’instinct du déséquilibre

9 nov 19h | 10 nov 20h | Piton St-Leu | Stella Matutina | 15-22€

Après le spectacle Chute ! du mois de juin, le Séchoir poursuit notre éducation au cirque contemporain en proposant L’instinct du déséquilibre du collectif Iéto : un spectacle qui n’est pas dans la recherche de la perfection absolue du geste mais qui circonvolue autour de la notion de perte d’équilibre.

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ictor Hugo, plutôt doué pour la causette mais tricard dans la galipette, disait : « Mettre tout en équilibre, c’est bien ; mettre tout en harmonie, c’est mieux ». Pendant une heure, les quatre acrobates de la Compagnie Iéto vont démontrer l’inverse, à savoir que l’harmonie naît du déséquilibre. Le spectacle est une suite de tableaux très nets, comme seul le cirque sait les dessiner, surtout quand la mise en scène est assurée par Christian Coumin, une référence du cirque

français depuis les années 90, professeur à la prestigieuse école de cirque du Lido et metteur en scène de nombreux spectacles qui font référence. Je pense notamment aux deux spectacles de la Cie Singulière, SoliloqueS et ApartéS, qui m’ont particulièrement emballé. Le matériau de base utilisé ici est le bois (planches de tailles diverses, balais, …). Vous allez me dire que c’est du déjà vu, sauf que le collectif Iéto a justement été l’un des précurseurs dans le domaine : ce sont les


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Un hymne à l’humanité amusant, branlant et brillant Si la métaphore n’est pas ton fort mais que tu es attiré par cette idée d’équilibre sur des planches, sache que les surfeurs sont évidemment les bienvenus. Tu peux même venir avec ta petite famille car, si ce spectacle ne cherche pas le spectaculaire, il doit être appréhendé comme un moment de partage ludique, pointu et accessible.

© Milan Szypura

premiers à avoir exploré l’équilibre des corps sur des grandes planches, travail qui a été repris par une tripotée d’autres compagnies par la suite. Pour cette création, ils questionnent l’équilibre de l’objet-bois en lui-même. Comment le mouvement crée l’équilibre ? Pourquoi ce déséquilibre est-il aussi risqué que vital ? On peut y voir toute une série d’allégories sur la vie (les premiers pas d’un bébé, la première embardée à vélo, …). Ces trois voltigeurs-acrobates et une contorsionniste se meuvent dans une espèce d’état d’urgence comme s’ils jouaient leur survie dans cet espace. Obligés de cohabiter sur un îlot scénique instable, ils réalisent des figures aériennes de haut vol aussi inquiétantes que réjouissantes.

Nos équilibristes vont essayer moult combinaisons de jeux instables, du plus idiot au plus biscornu : quel enfant n’est pas resté bloqué des heures en singeant des water flip bottle challenge, quel étudiant n’a pas usé ses phalanges à faire tournoyer son Bic autour de son pouce, quel couple de quadras avec enfants et amants ne feint pas de rechercher un équilibre hédoniste illusoire, quel gramoune ne donnerait pas la moitié de sa retraite pour attraper ce paquet de biscuits sans l’aide de son déambulateur, etc.. ? Les petits exploits ou grandes prouesses de nos artistes émergent dans une scénographie épurée combinant tantôt des séquences burlesques à la Buster Keaton tantôt des tableaux plus oniriques ; en particulier un passage associant chaussures magiques et balais communs, véritable monument de poésie de l’absurde. Je recommande ce spectacle transgénérationnel car les niveaux de lecture sont aussi variés que récréatifs. Dépêchez-vous, il reste encore quelques places pour avoir la chance de les écouter chanter, se taire, danser, vivre et survivre dans ce balai de futiles défis. MANZI

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NO PRISE DE CHOUX © Frédérique Gaumet CONCERT

Les yeux d’la tête

10 nov 21h | St-Pierre | Kerveguen | 10-18€ | 1ère partie : Iztamma

Vous croyiez la grande époque de la chanson festive révolue ? Vous aviez raison. Mais les larrons des Yeux d’la Tête n’ont pas eu le mémo. Tant mieux.

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n s’en souvient, le début des années 2000 tremblait moins pour son fameux bug (qui a plutôt fait pshhht !) que par la déferlante de ce qu’on appelait alors La Nouvelle Scène Française : des groupes aux noms rigolos (La Rue Kétanou, Les Amis d’ta femme, Les Wriggles…) et référencés (Les Croquants, Les Blérots de R.A.V.E.L, Les Hurlements de Léo…) se revendiquaient de la trinité Brel-Brassens-Ferré et des bals musettes pour alterner chansons cons et chansons engagées avec force accordéon, cuivres et 8.6. Parce que les oreilles ont besoin de nouvelles expériences et qu’il faut bien devenir adulte, les années 2010 sifflaient la fin du phénomène qui autorisait les dreads sur les têtes de zoreil et les sarouels en dehors de chez soi, ne lâchant plus qu’un ou deux rejetons (coucou Zoufris Maracas) d’une famille musicale qui avait pour habitude d’en pondre treize à la douzaine.

On connaît la chanson

Danser sur les Toits, le premier album des Yeux d’la Tête est sorti en 2010, manquant d’un rien le coche qui aurait pu les placer sous les projos des babos de la génération Y avant l’avènement de l’électro-swing. Qu’importe. Benoît Savard et Guillaume Jousselin, les fondateurs-chanteurs de LYDLT, batifolent depuis dix ans dans la chanson festive comme Georges Tron au salon de la pédicure. Ils connaissent par cœur les codes du swing, du jazz manouche et enfoncent les portes ouvertes par les copains dont ils font la première partie (Les Ogres de Barback, Sanseverino…), retraçant le classique rue/ métro/bistrots avant d’enflammer les scènes par leurs shows survoltés. Ils scandent des chansons libertaires, s’amourachent de femmes infidèles, trouvent injuste l’injustice. On connaît le refrain par cœur mais, quand c’est fait comme ici dans les règles de l’art, il n’en reste pas moins diablement efficace. CAMICII

© DR


LE KABARDOCK NOVEMBRE 2017

INFOS ET RÉSERVATIONS - 0262 540 540 - MON TICKET.RE - WWW.KABARDOCK.COM

MADAME GASCAR

TRIO VOCAL // MERCREDI 8 NOVEMBRE À 14H

DÈS 3 ANS FAMILLE

KOLE KOLE

MUSIQUE CRÉOLE // JEUDI 9 NOVEMBRE À 19H

DÈS 6 ANS FAMILLE


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SERAFIMOVA, ENCHO ET ENCORE

© Thomas - Le Poulailler

CONCERTS

Thomas Enhco (en solo) 11 nov 20h | Piton St-Leu | Stella Matutina | 30€ Funambules(Enhco et Serafimova) 12 nov 18h | Piton St-Leu | Stella Matutina | 30€ À peine plus d’un an après avoir enchanté la cinquième édition du festival jazz Opus Pocus, le pianiste Thomas Encho et la marimbiste Vassilena Serafimova rejoueront leur spectacle dans la même salle de Stella Matutina. Couchés les campeurs mais gardez hauts les cœurs ! Ici, ce n’est pas le jour de la marmotte, c’est bien mieux.

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i la métropole voit son quotidien modelé par l’état d’urgence, l’insularité réunionnaise presse son spectateur d’une façon bien différente : n’étant jamais certains qu’un spectacle venu d’ailleurs repassera un jour, nous nous ruons dessus ou risquons de voir passer notre chance à jamais.

C’est le cas pour Funambules, le spectacle où se répondent le piano de Thomas Enhco et le marimba de Vassilena Serafimova dans des jeux souvent délicats, parfois comiques et toujours pointus : on peut s’estimer chanceux. Chanceux de retrouver les titres qui ont enchanté le public d’Opus Pocus ou, pour ceux qui n’y étaient pas, de réparer cette grossière erreur.


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cancer. Lorsqu’on souligne la bonne cause de leur retour, Thomas Enhco sourit : « On vient toujours pour une bonne cause. » Lorsqu’ils jouent en soutien au Secours populaire ou à la Ligue contre le cancer, certes, mais aussi à chaque spectacle : « À la fin des concerts, on n’aime pas rester dans notre tour d’ivoire en coulisses. On préfère rencontrer le public et on a souvent des retours de personnes qui nous disent comment le spectacle les a aidées à oublier leurs soucis. » Aussi bénéfiques soient-ils, les effets de l’art sont généralement inquantifiables quand les spectacles humanitaires – le mot est lâché – permettent d’en mesurer concrètement l’impact. Futurs bacheliers, nul besoin de thèse, d’antithèse ou de synthèse pour votre dissert de philo : l’art est utile, un point c’est tout. POURQUOI FAUT-IL REVENIR Car ce duo prestigieux (mon premier est la révélation 2013 des Victoires du jazz, ma seconde est la musicienne de l’année 2009 en Bulgarie) cumule en ajoutant la générosité à la grâce, l’humour au talent, et en saupoudrant tout le reste de génie pour confectionner une œuvre d’une touchante humanité. Cette même humanité qui anime leur retour sous nos 21° 08’ de latitude sud. TOUJOURS UNE BONNE CAUSE Parce que, s’ils reviennent bien vous choyer les tympans et crapahuter sur les G.R.R, les recettes des deux concerts de cette première quinzaine seront reversées à l’association Ti Prince Marmaille constituée de douze valeureux bénévoles qui se sont donné pour mission de s’occuper d’enfants atteints du

Au point de revenir pour Funambules si vous l’avez déjà vu ? Indubitablement. En soi, le « vivant » du spectacle éponyme appelle naturellement le renouvellement mais les frasques de ce duo shooté à l’impro ajoutent toujours plus d’expérimentations et de formes qui n’existent qu’un temps, celui du live d’ici et maintenant. C’est aussi vrai pour Funambules que pour la prestation solo de Thomas Enhco qui se jouera la veille. Dans cette configuration intime, le pianiste se jette sans filet dans des monologues pianistiques. Poétiques ou dynamiques, introspectifs ou multiplicateurs de sourires, soyons assurés que, quelle que soit la forme de leur spectacle, ce qui se jouera à Stella sera de toute beauté. CAMICII

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DODO LÉ LÀ (VRAIMENT) ?

© Sergio Grondin

THÉÂTRE - JEUNE PUBLIC

En attendant Dodo

14 nov 18h | Le Tampon | Th. Luc Donat | 5-12€

Voici peut-être l’une des dernières occasions de (re)voir En attendant Dodo, la première création jeune public de Sergio Grondin. On vous en reparle car ce spectacle autoproclamé «irrévérencieux», co-écrit et joué par Lucie le Renard et Eric Lauret de la compagnie Karanbolaz, est d’une brillante perfidie.

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’il attire la marmaille en évoquant la relation d’un enfant, Gustave, à son ami imaginaire : ici le dodo, oiseau mythique et disparu de l’océan indien, c’est le couple parental, chargé de restituer par la narration ce que fut l’enfance de Gustave, qui risque fortement de perturber le spectateur.

Car ce cher Gustave est un enfant différent, doux euphémisme pour évoquer sa psychose. «Un inadapté social», comme se plaisent à l’expliquer avec tendresse ses géniteurs, qui, las de se confronter à l’incompétence des institutions spécialisées ont préféré, pour sortir de l’aporie, donner corps à sa maladie mentale. Épousant par amour la folie croissante de leur rejeton, qui s’est créé à travers le volatile imaginaire un alter ego à son image, les parents de Gustave décident de faire entrer le dodo dans la famille, en lui reconnaissant une existence propre. Un choix lourd de conséquences pour lequel ce trio, mué en quatuor délirant paiera le prix fort. . . Ultime degré de l’amour filial ou maltraitance parentale de deux adultes qui, incapables de se confronter à la violence que représente le fait de devoir éduquer un enfant différent finissent par se noyer eux-mêmes : la pièce ouvre de passionnantes abîmes. Rassurez vous cependant : le dynamisme de la mise en scène servi par deux acteurs formidablement complémentaires appelle le plus souvent au rire, instaurant un équilibre émotionnel subtil. Les échanges, vifs, potaches et drôles tout comme les personnages, fragiles et déterminés nous poussent finalement à recevoir cette fable iconoclaste comme un manifeste de résilience, au pays des intolérants. ZERBINETTE


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EL DESDICHADO © DR THÉÂTRE

Novecento, un pianiste sur l’océan 16 nov 20h | St-Paul | Léspas | 10-15€

Lui, c’est Novecento. Né et abandonné sur un paquebot, il devient un des plus grands pianistes à avoir jamais joué sur l’océan. Et de fait, une légende. Eux ce sont les apprentis comédiens de la N.E.R.A, la nouvelle école réunionnaise d’acteurs. Voici Novecento, un pianiste sur l’océan, monologue de l’italien Alessandro Barrico, dont ces acteurs proposent une adaptation sur les planches de Léspas. Récit d’une aventure qui n’a rien d’un naufrage.

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l n’est pas étonnant que la metteur en scène Caroleen Parc, après avoir vu la pièce à Avignon, ait été fascinée par le fabuleux destin de Novecento. Voilà une histoire vraie qui titille tous les fantasmes du conte initiatique. Dans les années 1900, le Virginian relie l’Europe à la grande Amérique. Sur le pont, des migrants européens en quête d’Eldorado. Dans les faits, précarité et difficultés d’intégration. Comme dans les récits merveilleux, les parents démunis abandonnent leurs enfants. C’est le cas de Novecento, baptisé 1900 par un machiniste qui le recueille. Les membres de l’équipage se penchent sur son berceau, il devient l’enfant du bateau. Et comme dans les contes, le gosse reçoit un don. Sans avoir jamais pris de cours, le voilà, à six ans à peine, pianiste virtuose. Son talent

grandit. Sa réputation traverse les océans. On le réclame en société. Mais l’homme est touché par une malédiction. Toujours entre deux eaux, Novecento refuse de quitter le pont. Et par là même incarne le fantasme artistique d’une vie par procuration, dans laquelle la musique et son infini tiennent lieu de réel. Forcément, son destin questionne : « J’ai désenfilé ma vie de mes désirs pour ne pas devenir fou » avoue le pianiste. Ce monologue sublime, Caroleen Parc l’a adapté en dialogue afin que ses douze élèves puissent y investir un rôle. Entre la passerelle et la salle de bal, à charge pour eux d’emmener le public vers les rivages intérieurs du pianiste autiste, et de nous convaincre l’espace d’une représentation qu’effectivement, la vie est ailleurs. ZERBINETTE

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LE LINDIGO SOLEY MUSIQUE

Lindigo & Los muñequitos de matanzas

© Laurent Benhamou

17 nov 21h | Le Port | Kabardock | 10-12€ 18 nov 21h | St-Pierre | Kerveguen | 6-10€ | 1ère partie : Gadiembe

À peine rentré de tournée, Olivier Araste nous accueille dans sa cour pour nous faire écouter le master de Komsa Gayar, sixième album de Lindigo qui sortira en novembre en étendant son Maloya Power jusqu’aux Amériques latines. Après cinq disques à se justifier face aux sempiternels puristes, le leader débonnaire confirme sa volonté d’être un musicien au sens large et laisse derrière lui les combats de ceux qui voudrait l’estampiller « maloyèr épicétou ».

«

C’est pas une enceinte Marshall, c’est une Marche mal. » pouffe Olivier Araste pendant qu’il bidouille les branchements d’une tablette sur une baffle posée sur un tabouret à l’équilibre précaire. Pour la pre-

mière fois, ses nouvelles chansons passeront dans des oreilles extérieures. Malgré sa légendaire décontraction, c’est une étape qui, immanquablement, donne l’impression de se mettre à nu.


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C’EST COMME D’HAB ET C’EST DIFFÉRENT

L’opportunité de se jouer des frontières musicales et d’enfoncer le clou de sa réputation de touche-à-tout

Pendant qu’il se dépatouille avec son câblage, profitons-en pour resituer Komsa Gayar dans la discographie du groupe du quartier de Paniandy. Trois ans après Milé sèk milé, album coup de poing brandi à la face des puristes d’un maloya supposément inaltérable, Araste, lors d’une tournée qui l’emmène à Cuba, rencontre les Muñequitos de Matanzas, sympathique groupe de guaguanco, un sous-genre de la rumba. Il ne parle que cinq mots d’espagnol, et alors ? C’est l’opportunité de se jouer d’autant plus des frontières musicales et d’enfoncer le clou de sa réputation de toucheà-tout qui ne brille jamais autant qu’hors de sa zone de confort. Après le métal avec Warfield, le dub et l’afrobeat au fil de Milé sèk milé et la trance avec Fixi (Java, Winston McAnnuf) et Cyril Atef (-M-) dans la formation Pachibaba, le colosse aux tresses plaquées a fini de rendre des comptes à l’intelligentsia musicale pour laisser place à une fiesta internationale qui fait secouer les postérieurs sur de la dance brésilienne pleine de fièvre, de la rumba cubaine mais aussi sur les gimmicks qu’il assume pleinement.

Oui, certains titres (comme Somin la kaz) n’ont que quatre phrases martelées en boucle. Mais on se voit déjà les clamer jusqu’au final aux allures de transe qui, à la trinité des instruments maloya incontournables, invite les beats électroniques dans une superbe cacophonie. Oui, l’habituel morceau en malgache vient encore faire la nique aux puristes qui crient au blasphème. On y trouve même un autre en espagnol (niveau premières pages d’Assimil) parce que ¿ porqué no ? Oui, on y trouve encore des textes simples que les détracteurs jugent simplistes parce que, oui, Olivier F-ing Araste est toujours sèk i lé : un artiste hypersociable (pour ce dernier album, en plus des cubains, il a invité Danyel Waro et les sudafs de Skip & Die) attaché à ses racines (son marmay est aussi en feat) et un alchimiste musical, un coupeur de canne qui constate les travers de la mondialisation et un showman qui embras(s)e à 100% la mondialité. Oui, oui, oui et encore trois fois oui mais plus encore. Pour Komsa gayar, il compose San ou, son premier morceau sentimental dédié à sa femme qui reste à Paniandy quand Lindigo part en tournée. Le quartier de Bras Panon lui-même est à l’honneur dans un titre qui envoie du street (et des extraits de course automobile urbaine) à grands coups de décibels. Parce qu’un nouvel album de Lindigo fait toujours beaucoup de bruit. CAMICII

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LA MÉDITERRANÉE EN PARTAGE FESTIVAL - MUSIQUE

Sete Sois Sete Luas

Du 23 au 25 nov | St-Paul | Léspas | 10€/soir

Pour la première fois, le festival Sete Sóis Sete Luas qui au sein d’un large réseau de villes d’Europe promeut les cultures méditerranéennes et portugaise fait étape à la Réunion. L’occasion de rappeler de façon artistique, chaleureuse et fraternelle que la Réunion est aussi une terre européenne.

N

é en 1993 d’une relation entre un groupe d’étudiants italiens férus de théâtre et l’écrivain portugais José Saramago, le festival Sete Sóis Sete Luas (sept soleils, sept lunes) est un Réseau culturel de 30 villes issues de 13 pays différents : Brésil, Cap Vert, Croatie, Espagne, France, Grèce, Israël, Italie, Maroc, Portugal, Roumanie, Slovénie et Tunisie. Sete Sóis Sete Luas c’est avant tout un voyage sensoriel dans la Méditerranée et dans

le monde lusophone. La France a rejoint le réseau en 2005 et c’est donc naturellement que Lespas a intégré à son tour le maillage des lieux culturels européens. Durant 3 jours, du 23 au 25 novembre, Léspas, qui porte décidemment bien son nom, propose une première édition de cet événement. Avec des sons, couleurs et saveurs venant du Portugal, de Sicile, d’Espagne et


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d’Italie... L’événement se terminera par la création « Les Voix des 7 lunes » née de la rencontre avec l’autre festival musical du mois : le Lang Tang. Et pour une immersion complète, Léspas a eu la bonne idée d’associer ses voisins à la fête (le restaurant Là-bas Ter là et le bar La Cerise évidemment). D’un côté un chef cuisinier portugais - Antonio Mauritti - invité pour l’occasion. De l’autre un « street artist » italien - Marco Burresi, alias ZED1 - qui, en plus d’exposer ses oeuvres, réalisera une fresque monumentale. DAVID RAUTUREAU

© Photografiero

Christina Maria | 23 nov 20h | 10€

Mario Incudine | 24 nov 20h | 10€

Après un parcours jalonné par des collaborations dans différents groupes de musique, Cristina Maria a trouvé dans le fado son mode d’expression idéal. A tel point qu’elle est aujourd’hui considérée comme l’une des artistes fado les plus sensibles du moment. Cristina est accompagnée à la guitare, par Ricardo Silva.

Mario Incudine et ses musiciens rendent hommage à leur île en sortant les beaux instruments de la tradition sicilienne : mandolino, mandola, tammorre, zampogne. La musique de Incudine évoque toutes les influences qui ont baigné la culture sicilienne à travers l’histoire qu’elles soient arabe, française, espagnole...

Les voix des 7 lunes | 25 nov 18h | Gr. & opéra participatif avec Lang Tang

17h : Grande répétition, ouverte à tous 18h - 19h30 : Gala lyrique : Airs d’opéra participatif avec un orchestre symphonique et le choeur Les Lignes, sous la direction de Christophe Sam.

20h : le Lang Tang festival et le Sete Sóis Sete Luas s’associe pour cette soirée exceptionnelle intitulée « Les voix des 7 lunes », moment de rencontres entre le Fado, la musique du nord de l’Afrique, d’Israel, de La Réunion et du sud de l’Italie.

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LA VIE DEVANT SOI © DR

THÉÂTRE

Éperlecques

23 nov 19h | 24 nov 20h | St-Denis | Th. du Grand Marché | 12-20€

Éperlecques est une commune française située dans le département du Pasde-Calais en région Hauts-de-France. En bref, un bled. C’est pourtant le sujet d’étude de la nouvelle création de Lucien Fradin, auteur, interprète et metteur en scène d’une pièce qui se veut aussi topographie intérieure. En bref, une autofiction. Coup de projo sur cet inclassable One man show.

«

C’est une réconciliation avec mon adolescence que j’ai voulu mettre en oeuvre en travaillant sur ce solo » affirme Lucien Fradin, qui a grandi à Éperlecques. Ce que se construire dans un tel patelin peut signifier, pour un ado homosexuel de surcroit, on n’a

pas de mal à l’imaginer. D’aucuns, comme le romancier Edouard Louis, ont vendu père et mère pour renier ce terroir mouroir, dont l’inénarrable « Bienvenue chez les chtis » est une version très édulcorée. Mais Fradin n’est pas de ceux qui piétinent leurs origines.


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Ce conférencier est capable de produire un discours scientifique sur tout et n’importe quoi

Lui reste donc à trouver le ton juste, pour rendre compte a posteriori de cette tranche de vie : « Je ne fais pas partie de ceux qui pensent qu’on peut être complètement honnête quand on raconte sa vie », expliquet-il, quand on lui demande si sa pièce, qui met pourtant en scène le jeune Lucien, son homonyme, à l’âge de quinze ans est autobiographique. Il faut donc comprendre qu’ Éperlecques est une auto-fiction, c’est-à-dire une oeuvre qui, si elle prend quelques libertés formelles avec la vie de Fradin, s’attache tout de même à en définir l’essence. Son secret, pour ne pas tricher lors de la restitution biographique, donc éviter l’auto-complaisance ; c’est la prise de distance. Bien loin d’un Rousseau, ou d’un Chateaubriand ; premiers auteurs à avoir osé parler d’eux en recherchant sans vergogne la compassion du lecteur, Fradin a souhaité traiter de son adolescence avec recul, comme si elle était un objet d’étude. Mais comment, dès lors, concilier la nécessité de se dire, propre au genre, avec cette volonté d’objectivité ? La solution, c’est la double narration, garde-fou de son spectacle.

D’un côté, un conférencier, de l’autre, Lucien. Le premier se charge d’une présentation historique, géographique et sociologique de la ville. Abordant des thèmes aussi variés que celui de l’héritage familial de l’adolescent ou des conséquences de la découverte du numérique dans la vie d’un jeune homosexuel de campagne, il propose ce que Fradin appelle « des savoirs froids ». Sa parole est de plus en plus fréquemment interrompue par la prise de parole de l’adolescent, dont les interventions, constituent « des savoirs chauds ». Dès lors, deux espaces dramatiques cohabitent : celui du conférencier, derrière son rétroprojecteur, et celui de Lucien, derrière son micro, l’acteur investissant tour à tour, par ses déplacements, ces deux personnages. On peut évidement s’interroger sur le lien entre eux. Et se demander pourquoi ce conférencier en sait autant sur Lucien. Fradin ne se prive pas d’introduire du suspense, dans la construction de l’intrigue. Mais l’essentiel n’est pas là. Il s’agit surtout, par le truchement de ces deux personnages dont l’un est narrateur et l’autre cobaye, de sortir d’une subjectivité qui sclérose. Où l’affect empêche d’aborder de manière constructive des sujets sensibles, le regard extérieur du conférencier semble libérer la parole. Non seulement parce que Fradin, jouant avec les codes du savoir, le désacralise : ce conférencier est capable de produire un discours scientifique sur tout et n’importe quoi. Mais surtout parce qu’il permet un retour à la bienveillance : en sortant des ornières de la morale, la réconciliation identitaire devient enfin possible. ZERBINETTE

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Affiche © FLOE

ORALITÉ LOKAL NA POINT D’ÉGAL FESTIVAL

Label Parol

Du 25 nov. au 3 déc. | Théâtre Luc Donat mais aussi au Théâtre sous les Arbres (Le Port), à La Cerise (St-Paul), à la Médiathèque du Tampon, dans le réseau Lecture, à la MJC, et puis dans les parcs, les rues du Tampon Programme détaillé sur www.azenda.re


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C’est la 5ème édition du festival Label Parol, initié par le conteur Sergio Grondin, en coproduction avec le Théâtre Luc Donat. Ce rendez-vous est la vitrine expérimentale de ce tchatcheur forcené qui partage ses mots et ses maux par monts et par vaux dans le but de révéler ce que la Réunion a de plus beau : sa langue.

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aranbolaz, le nom de la compagnie de Sergio Grondin, est le terme qui résume à merveille l’esprit de cette collision des arts de la parole, authentique rencontre frontale entre gouailleurs polyglottes et spectateurs épris de parlotte. Ce « temps fort » souffle sa cinquième bougie et il tend franchement à devenir LE rendez-vous pluridisciplinaire que le Sud de la Réunion est en droit d’attendre. Ce quasi-festival se distingue par la diversité de ses propositions artistiques : diversité des arts (conte, théâtre, chanson, slam...) ; diversité des formes (spectacles sur scène, hors scène, open mic, ateliers, repas-spectacle, balades contées...) ; diversité des artistes (professionnel-le-s et amateur-e-s se croisent sur les scènes).

fasse comme si de rien n’était, sifflotant la mine distraite le Batarsité de Danyel Waro alors que le score du FN n’a jamais été aussi haut – ça fait franchement plaisir de voir que la Ville du Tampon (50,7% de votes pour Marine Le Pen au deuxième tour) injecte des liquidités pour remette la diversité au centre de sa vie culturelle. Sergio Grondin, preux yab des dodécasyllabes, a concocté une programmation irréprochable en choisissant ce qui se fait de mieux sur la scène théâtrale locale.

Label Parol, florilège du théâtre réunionnais

Si vous êtes un fidèle lecteur de L’Azenda, vous savez tout le bien que l’on pense des propositions suivantes : Le conte des contes, Victoire Magloire et Kala figurent clairement sur le podium des spectacles réunionnais qu’il faut avoir vus, non pas pour se la péter mais pour aiguiser sa perception de la créolité. D’ailleurs, je pense qu’il faudrait créer un label qualitatif pour ces moments rares, un slogan un peu pompé sur la marque-repère Nou la fé qu’on intitulerait Tou lé parfé afin que le spectateur se déplace dans les salles, pépère.

En ces temps de repli identitaire auquel la Réunion n’échappe malheureusement pas – c’est quand même bizarre que tout le monde

Ce festival peut donc être appréhendé comme une séance de rattrapage unique, une espèce de best of de la création réunionnaise.

Le festival mise aussi sur la diversité des origines en faisant la part belle à la scène locale (Grèn Semé, les compagnies Baba Sifon, Lépok Epik et Ibao) mais en allant chercher des artistes en Bretagne, au Québec, à Madagascar et même dans le Poitou.

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LABEL PAROL | ORALITÉ LOKAL NA POINT D’ÉGAL

Label Parol, le festival qui a tout pour Plaire Concernant les artistes extra-départementaux, vous aurez la chance de revoir Achille Grimaud et François Lavallée, déjà présents sur la première édition de Label Parol avec Le Cabaret de l’Impossible : ce récit de voyage entre un québécois, un réunionnais et un breton proposait un hommage fort à l’amour de la langue française que j’avais trouvé particulièrement émouvant, innovant et hilarant. Je me réjouis de voir débarquer ces deux baratineurs avec leur dernière création intitulée Western : le duo propose cette fois-ci un duel de conversations sur ce que représente pour eux le Grand Ouest. Dans ce spectacle, leurs visions de ces deux mondes en mouvement s’accrochent : celui des pionniers, du train et des poteaux télégraphiques, et celui tout à fait contemporain des flux d’informations et des réseaux de fibre optique. Enfin, mon coup de cœur de cette édition c’est Plaire, Abécédaire de la séduction par Jérôme Rouger. Ce conteur majeur à l’humour cintré, proche de Fred Tousch et du Théatre Group nous avait bien fait marrer lors du Plaire... © Maxime Debernard

Tempo 2015 avec sa conférence azimutée Pourquoi les poules préfèrent être élevées en batterie ? Je suis plus qu’impatient de le revoir dans ce monologue sur la séduction, joué pour la première fois en janvier 2017 et qui cartonne un peu partout en France. À travers la séduction, Jérôme Rouger aborde des thématiques qui lui sont chères – l’amour, la joie d’être, le jeu, l’exaltation de créer, la manipulation, les modes de gouvernance – en usant de son humour pince-sans-rire très malin et surtout fédérateur. D’ailleurs, pour conclure ce papier aussi flatteur que sincère sur Label Parol, je vous propose cette citation de Jérôme Rouger qui pourrait servir de note d’intention à ce festival : “ Ce qui est essentiel au théâtre c’est de rassembler autour d’un même « objet » des gens d’âge, de sensibilité, de culture et d’intérêts différents ”. Si vous cherchez des spectacles intelligents, généreux, fins d’esprit et inscrits dans une démarche humaniste vous n’avez pas le droit de rater cette manifestation. MANZI

Kala © Sergio Grondin



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PREMIERS PAS ET DAWA CONCERT

© DR

Dock session - Les Salazians, Loocla, Raven 24 nov 21h | Le Port | Kabardock | Gratuit

La Dock Session, c’est le rendez-vous semestriel chargé de mettre le pied des nouveaux groupes péi à l’étrier de la professionnalisation. Rock, reggae ou trap : voilà le topo des trois groupes émergents qui vont se frotter à l’épreuve de la scène.

S

i vous n’êtes que spectateur, le Kabardock, pour vous, c’est juste deux salles de concert et des retours de soirées chargées de bonheur et d’acouphènes, non ? En grattant un peu pourtant, se dévoile tout un monde de médiation culturelle, de sensibilisation au jeune public, d’accompagnement d’artistes, de location de studios équipés pour musiciens professionnels et amateurs. Chaque semestre, parmi plus de 100 adhérents, trois sont sélectionnés pour se frotter à l’épreuve de la scène en étant gérés comme des pros. C’est ça la Dock Session. Et pour vous, public, ça implique un voyage entre trois univers fort différents. Vous êtes branchés reggae ? Les Salazians, les moins anonymes des trois, ont déjà bien promené leur reggae tradition dans les bistrots de l’île. Vous pouvez jeter une oreille à leur EP généreux (9 titres) qui chante le Salazion, Jah et la réunionité peinarde.

De son côté, Loocla n’a que quelques mois d’existence mais ses membres biberonnés aux Guns et à Led Zep ont déjà la bouteille pour un rock exigeant (pour un avant-goût, les chansons bluesy de leur chanteur sont sur Deezer : Gaël et les anges). Enfin, sous son blaze obscur, Raven est un rappeur DIY qu’on commence à entendre sur TRACE FM et qui cultive le goût pour une trap alternative à la PNL avec un accent afro beat bien prononcé. Dans ses textes largement autobiographiques, il recolle les pièces de ses amours difficiles et règle ses comptes avec ceux qui l’ont laissé dans le fond. De cafés concerts en scènes street, ces formations émergentes n’en sont pas à leur coup d’essai. La Dock session ayant déjà propulsé du monde sur de grosses scènes, ces groupes sont déterminés à marquer le futur de leurs blazes. CAMICII


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THÉÂTRE Il était une fois le théâtre grec

24 nov 20h | St-Leu | Le K | 13€ spectacle + repas

En effet, le théâtre antique, né au V ème siècle avant JC, a eu pour première vocation de s’affranchir de l’opinion des dieux pour permettre à chacun d’exprimer ses doutes sur les questions existentielles, dans des espaces de débat : les agoras.

© Philippe Moulin

SOUS LE LAGON, L’AGÔN

Avec plus de trois cents représentations depuis sa création en 2009, la pièce de la Compagnie Lépok épik : « Il était une fois le théâtre grec », détient le record du spectacle le plus joué sur l’île de la Réunion. Et c’est loin d’être fini. Promenade sur les sentiers d’une gloire méritée.

A

u commencement, l’idée nait d’un besoin pédagogique. Pascal Papini, alors en charge du CDOI aux côtés de Lolita Monga constate qu’à la Réunion, beaucoup ignorent tout des origines du théâtre. Or, comprendre comment et pourquoi les grecs ont inventé cet art ne relève pas simplement de la culture générale, mais de la formation des citoyens que nous sommes, dans la démocratie.

Pour Papini, revenir à l’Agôn, mot grec qui désigne dans une comédie ou une tragédie la scène de confrontation entre le juste et l’injuste, c’est recentrer le théâtre sur sa fonction première : l’élévation qui nait de toute opposition. Bien loin des désirs utopiques des réseaux sociaux, qui visent à homogénéiser une communauté, le théâtre est le lieu de l’altérité, des contradictions, des divergences, et donc, de l’enrichissement mutuel par la parole. Le résultat, c’est cinquante minutes d’un voyage fou au cours duquel Sylvie Espérance, unique comédienne de cette création, amène le théâtre grec et son vivifiant tumulte dans les classes : « Des répliques en français et en créole, des masques, des marionnettes, une carte, des personnages, des auteurs, des élèves, une salle de classe, et le tour est joué ! » annonce-t-elle, non sans avouer que son plus grand plaisir, après la représentation, reste ce temps de débat avec les élèves. Lorsque chacun reçoit la carte d’un personnage de la mythologie, pour l’investir, les rôles s’inversent. Le spectateur devient passeur de mythes, et la boucle est bouclée. ZERBINETTE

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7 ANS DE RÉFLEXION : ACTION ! © DR THÉÂTRE

Festival Sa M’Aim #7

Du 22 au 26 nov | Lucet Langenier | 5€/pièce - Pass 35€ | Programme détaillé sur www.azenda.re

7 ans après, et sans avoir jamais manqué à l’appel, il revient, plus en forme que jamais. Lui, c’est Sa M’aim, le festival de théâtre amateur réunionnais. Voici 7 bonnes raisons de t’y précipiter.

1

Parce que tu ne dois pas confondre théâtre amateur et amateurisme. D’ailleurs en Italie, cette distinction n’existe pas. C’est le public qui fait son choix, que l’acteur soit pro ou pas. Bref. Formés par des professionnels, ces comédiens ont travaillé d’arrache-pied pour te montrer leurs efforts d’une année. Le résultat se veut jouissif et passionné. Accepte d’en juger.

4

Parce que parmi les douze pièces proposées, tu trouveras forcément ton bonheur. Du théâtre classique aux pièces contemporaines en passant par le match d’impro, tu auras de quoi nourrir ta frénésie culturelle.

5

Parce que Sa M’aim est un événement familial, avec une majorité de pièces tout public et même des créations pour les ados. De la Nintendo au rideau, fais le grand saut !

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7

Parce que ce festival existe sur l’île depuis 7 années. Donc forcément, les élèves ont progressé, et le niveau est monté. « Ce qu’on fait parle aux gens, parle aux tripes », prévient Sabatta, l’organisatrice. Comprends : tu vas te régaler. Parce qu’il n’y a pas de fumée sans feu. Participer à un festival de théâtre amateur, c’est participer au rayonnement du théâtre à la Réunion. Donc remplir ta mission, brave spectateur.

Parce que chaque place vaut moins qu’un demi restau. Du spectacle à cinq euros, c’est barjo. On achète illico. Parce que même si tu es fauché, il y a 6 spectacles gratuits dont deux concerts. Un festival généreux, qui va te rendre heureux. Pas mieux. ZERBINETTE


RCS : B 482 283 694 - Août 2016 © Malte Braun

A touchce* of Fran * Une touche de France

L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ, À CONSOMMER AVEC MODÉRATION.


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L’AGENDA NOVEMBRE

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LES

BAMBOUS COMPLÈTEMENT À L’EST !

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Davies

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CINÉMA CRISTA jeudi 2 novem

L

bre 19h

Don Quichotte ou le vertige de Sancho Cie Public Chéri

SALLE GRAMOUN LÉLÉ un partenariat région réunion i les bambous

jeudi 9 novembre 13h30* vendredi 10 novembre 20h mardi 14 novembre 13h30*

Cie La Pata Negra

vendredi 17 novembre 20h

s le sable

Qui sait ce voit l’autruche dan samedi 18 novembre 17h

meur La noouuvevertelle cla Scène

LES BAMBOUSvembre 20h carte samedi 25 no UNITED blanche à 974

Visuel Don Quichotte ou le vertige de Sancho © DR

LES BAMBOUS Beckett oh les beaux jours de Samuel

* spéciale avec la participation de la Région Réunion, la DAC OI, le Département de la Réunion, la Ville de Saint-Benoît

direction : Robin Frédéric 2, rue jean moulin 97470 st-benoît

www.lesbambous.com INFOS 0262 50 38 63



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