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De Bassam à Bingerville : histoire des capitales ivoiriennes - Partie 1

Pendant le début de l’ère coloniale (fin du 19ème siècle), le comptoir de Grand-Bassam assure le rôle de capitale. En 1899, une violente épidémie de fièvre jaune s’abat sur la ville. Elle tue 30 colons (sur une population totale de 60 Européens) et 4 Africains et oblige le pouvoir à déménager. Les colons délocalisent alors la capitale de la colonie à Adjamé-Santé, plus connue aujourd’hui sous le nom de Bingerville. Pourquoi avoir choisi cet emplacement au détriment d’autres villes comme Grand Lahou, San Pédro ou même Assinie ? C’est ce que vous propose de découvrir Marie-Noëlle du blog Candy Côte d’Ivoire ce mois-ci.

En 1900, Adjamé-Santé devient la capitale de la colonie Côte d’Ivoire et prend le nom de Bingerville, en hommage à son premier gouverneur, Louis Gustave Binger. Depuis 1897, déjà alertée par les précédentes épidémies de fièvre jaune (notamment celle de 1852 et 1857) sur Grand-Bassam, Assinie et Dabou, l’administration coloniale envisageait sérieusement de “déménager”. Elle mandate alors une mission d’étude, pilotée par le capitaine Houdaille, afin de trouver un emplacement salubre et permettant surtout d’accueillir suffisamment de bateaux pour les affaires commerciales. Le choix se porte sur Bingerville et est validé par Monsieur Desprez, ingénieur des Ponts et Chaussées.

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Érigée en capitale provisoire de la colonie, elle regroupe les activités administratives et le lieu de résidence du gouverneur, mais la majorité des activités commerciales sont maintenues à Grand-Bassam. On ne trouve alors que 6 entreprises à Bingerville comme la Compagnie Française d’Afrique de l’Ouest (CFAO) ou encore Schneider. En effet, Bingerville ne fait pas l’unanimité et crée la polémique au sein de l’administration coloniale. Deux camps semblent se créer : pour le premier, il est impératif de délocaliser la capitale et il faut le faire vite et pour l’autre (majoritairement composé de commerçants), changer de capitale serait beaucoup trop coûteux et affecterait fortement le négoce.

En 1902, le comité d’Hygiène élabore un programme d’assainissement pour Grand-Bassam, vivement soutenu par les commerçants. À cet effet, il est prévu d’installer des toilettes publiques dans la ville, des citernes à eau pour les Européens, une clôture autour du cimetière où sont enterrées les victimes de la fièvre jaune, d’assécher les marais ou encore de détruire les maisons des autochtones pour les remplacer par des maisons de style européen. Une opération que l’administration coloniale trouve trop coûteuse, dangereuse et inutile d’autant plus qu’elle met tout en œuvre pour veiller à la propreté de la capitale provisoire (éradication des larves de moustiques, assainissement des endroits marécageux, installation d’une margelle autour de tous les puits de la ville, désormais dotés d’une pompe à godets...).

Malgré la résistance des commerçants bassamois (qui iront jusqu’à écrire à la presse de métropole), les nouvelles épidémies de fièvre de jaune de 1902 et 1903 sonnent le coup de grâce de Grand-Bassam. Ainsi en 1909, Bingerville, qui ne devait être que la capitale provisoire de la colonie devient la capitale définitive et officielle. Par devoir de mémoire, une statue dénommée la Marianne de Grand-Bassam ou encore Monument aux Morts a été érigée dans la ville. On y voit Marianne tenir un bouquet et un mort revêtu d’un linceul.

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