MARS 2015
www.syndicat-cotesdurhone.com
ACTUALITÉ. L’ÉPOPÉE DVR • FISCAL. TVA ET DROITS D’ACCISES VITICULTURE. LES MALADIES DU BOIS
N° 845
MARCHÉS EXPORT Comment prospecter en 10 étapes © Lionel Moulet, 2009
> Dossier pages 8 à 15
L E M A G A Z I N E D U V I G N E R O N D E S C Ô T E S - D U - R H Ô N E E T D E L A VA L L É E D U R H Ô N E . I S S N 0 9 9 5 – 79 4 4 . M E N S U E L 앚 5 €
Des
vins
hauts en
couleur
L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ, À CONSOMMER AVEC MODÉRATION.
3 Le Vigneron
N°845
l’éditorial de Philippe Pellaton, directeur de la publication et Bernard Farges, président de la Cnaoc
Mensuel/mars 2015
Bulletin d’abonnement en page 37. Cette édition contient un encart Rencontres rhodaniennes.
sommaire 4. ACTUALITÉ
> Mobilisation de la filière sur le projet de loi de Santé publique > DVR : Une épopée de 14 ans > Œnotourisme : Michel Bernard, directeur du pôle d’excellence national > Jean Natoli fait le point sur Diœnos Rhône > Des Eaux-de-vie reconnues IGP > Application mobile : The Wine That I Love.
8. DOSSIER
La prospection des marchés export en 10 étapes.
16. RÉGLEMENTATION
Coup de projecteur sur la fiscalité du vin.
18. PROMOTION
USA : Un programme de promotion audacieux.
20. VITICULTURE
Maladies du bois de la vigne : Un fléau pour le vignoble.
26. ŒNOLOGIE
Brettanomyces : La lutte s’organise.
28. L’ÉCHO DES VIGNOBLES Les Côtes-du-Rhône et la Vallée du Rhône.
34. MAGAZINE
Le Domaine de Coyeux à Beaumes de Venise.
35. INFOS PRATIQUES
Petites annonces> Agenda, lu pour vous, transactions.
Dossier : “Pour une pulvérisation optimale en viticulture”
>INFORMATIONS GÉNÉRALES & AGRICOLES> ADMINISTRATION ET RÉDACTION 6 RUE DES TROIS FAUCONS – CS 60 093 – 84 918 AVIGNON CEDEX 9, TÉL. 04 90 27 24 24 FAX 04 90 86 92 05 DIRECTEUR DE LA PUBLICATION PHILIPPE PELLATON DIRECTEUR DE LA RÉDACTION LAURENT JEANNETEAU RÉDACTRICE EN CHEF SYLVIE REBOUL COMITÉ DE RÉDACTION AURORE LEMBERT, LAURENT JEANNETEAU, JEAN MICHEL GUIRAUD, NATHALIE ARCHAIMBAULT [LUBERON], MORGANE MOREL [GRIGNAN LES ADHÉMAR], ANNE SOPHIE BENARD [VENTOUX], NICOLAS PONZO [COSTIÈRES DE NÎMES] SECRÉTAIRE DE RÉDACTION SOLANGE CAREGLIO COMMISSION PARITAIRE 0919 G 85 288 N° ISSN : 0995-7944 GRAPHISME AGENCE SALUCES (AVIGNON) IMPRIMERIE RIMBAUD, 888, ROUTE D’AVIGNON, 84 300 CAVAILLON, TÉL. 04 90 06 60 30 DÉPÔT LÉGAL À PARUTION ABONNEMENT ANNUEL 50 € TTC [11 NUMÉROS + LES “HORS-SÉRIE”] PRIX DU NUMÉRO : 5 € – C.C.P. 840 676 T MARSEILLE PUBLICITÉ RÉGIONALE ARB PUBLICITÉ 23, RUE JEAN BALDASSINI 69 364 LYON CEDEX 07 TÉL. 04 72 72 49 07 PUBLICITÉ NATIONALE TOPAGRI, CITÉ PARADIS, 75 010 PARIS, TÉL.
01 40 22 70 40,
DES
VIGNERONS
FAX
DES
01 48 24 17 61.
ÉDITEUR
CÔTES-DU-RHÔNE,
84 918
SYNDICAT AVIGNON
GÉNÉRAL CEDEX
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Défendons notre métier et nos valeurs Dans quelques semaines vont débuter à l’Assemblée nationale les discussions sur le projet de loi de Santé publique. La profession est mobilisée depuis plusieurs mois et a réussi à éviter une augmentation de la fiscalité. La campagne menée à l’automne 2012 par la filière au travers de Vin et Société et intitulée “cequivavraimentsaoulerlesfrançais.fr” a marqué les esprits et illustré notre ras-le-bol. Les pouvoirs publics jouent à ce stade la carte de la prudence et n’ont prévu aucune mesure anti-vin dans le projet de loi initial. Cependant, nos adversaires s’organisent et vont tenter de convaincre les parlementaires d’amender le projet. Que proposent-ils ? Revenir sur le vote de la loi Hôpital de 2009 et la possibilité de faire de la publicité sur Internet, interdire les noms de cuvée, noms de domaine et marques qui seraient considérés comme incitatifs, supprimer la référence à l’abus dans le message sanitaire et condamner toute forme de consommation, interdire l’affichage dans certaines zones, interdire la publicité à la radio pendant la journée et le week-end… Sans parler des propositions visant à instaurer une taxe sous forme de contribution à la santé publique. En résumé une politique dont l’objectif serait de faire diminuer la consommation globale de vin et d’alcool et qui serait basée sur les interdits. Le directeur de l’Anpaa ose même pousser la comparaison entre les sites alcooliers, pédophiles ou nazis…
Nos organisations nationales et notamment la Confédération des vignerons AOC (Cnaoc) sont en mouvement et ont engagé depuis plusieurs semaines des actions vers les parlementaires. Notre objectif est d’éviter l’adoption de ces amendements par la Commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale le 17 mars prochain. Nous travaillons aussi à convaincre les élus de la nécessité de définir le champ de la publicité pour clarifier la loi et éviter notamment l’autocensure qui se développe dans notre Pays. Chacun de nous est concerné par ce débat à double titre. Comme citoyen tout d’abord, puisque la discussion qui va s’ouvrir opposera deux visions de la société : l’une basée sur les interdits et l’autre sur la responsabilité. Bien entendu, nous défendons la deuxième. Comme vigneronne et vigneron ensuite car l’adoption des amendements défendus par nos adversaires aurait des conséquences lourdes sur l’économie du secteur et nous contraindrait encore plus dans notre communication. Chacun de nous doit donc se préparer et être prêt, si nécessaire, après le 17 mars à se mobiliser aux côtés des organisations dans des actions syndicales. D’ici là, il est souhaitable d’interpeller les élus et les pouvoirs publics pour leur dire que nous n’accepterons pas d’être assimilés à des empoisonneurs et que nous nous donnerons tous les moyens pour empêcher l’adoption de ces propositions. Nous savons pouvoir compter sur vous.
(ASSOCIATION LOI 1884) INTERNET WWW. SYNDICAT-COTESDURHONE.COM E-MAIL : LE.VIGNERON@SYNDICAT-COTESDURHONE.COM
LE VIGNERON DES CÔTES-DU-RHÔNE ET DU SUD-EST | MARS 2015 | N° 845
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ACTUALITÉ
PROMOTION
Des élus engagés aux côtés de la filière
Les élus du vin ont animé les Premières rencontres de la vigne et du vin, le 17 février 2015 à l’Assemblée nationale. ;
“L
Gérard César, président du Groupe d’études de la vigne et du vin au Sénat – ont profité de cette occasion pour préciser leur demande. “Ce n’est pas normal que certains médias se censurent avant de parler du vin par crainte d’être condamnés a posteriori ! Il faut profiter de la loi de Santé publique pour débattre de manière apaisée et trouver une solution face à cette insécurité juridique permanente. Une définition claire de ce qui est autorisé ou non rassurera tous les acteurs !” Une position que les élus défendront dans l’Hémicycle. Les élus du vin se sont également inquiétés de plusieurs propositions “anti-vin”. Première inquiétude : la restriction de la communication du vin sur Internet. “En 2009, lors de la loi Hôpital Patients Santé Territoire (HPST), nous avons construit un
cadre équilibré et suffisant pour la communication du vin sur Internet. Tous les acteurs sont satisfaits, alors pourquoi le modifier ? Nous serons vigilants face à toute proposition de restriction”. Autre inquiétude, le renforcement du message sanitaire avec la suppression du mot “abus”. Là aussi les élus sont unanimes : transformer le message en “L’alcool est dangereux pour la santé”, reviendrait à assimiler toute consommation de vin, dès le premier verre, à un comportement dangereux pour la santé. Ils estiment que la politique de santé publique doit rester fondée sur la lutte contre les comportements abusifs et ne pas incriminer toute forme de consommation. Sur tous ces sujets, ils appellent à des débats apaisés et mesurés au printemps. ) Jean Benoît KREMER
INAO. Contingent de plantation 2015/2016 La Commission permanente de l’Inao a validé les contingents de plantation pour la campagne 2015/2016 et approuvé les critères nationaux et régionaux ainsi que le projet d’arrêté relatif aux critères fixant notamment la date limite de dépôt des dossiers. La campagne 2015/2016 est une campagne de transition en matière de régime des droits de plantation.
Dès le 1er janvier 2016, un nouveau régime entrera en vigueur, remplaçant les droits de plantation par des autorisations de plantation. Nous vous informerons sur ce nouveau régime dès que les bases réglementaires seront établies. En attendant, les demandes déposées au titre des plantations, replantations, replantations anticipées et surgreffages devront être
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Tour d’horizon des opérations de promotion des vins rhodaniens.
Royaume-Uni Rock and Rhône à Londres
Engagés aux côtés de la filière, les élus du vin demandent une clarification de la notion de publicité à l’occasion des discussions sur la loi de Santé publique. A prochaine loi de Santé doit être l’occasion de clarifier la définition de la publicité pour les boissons alcoolisées !”, ont déclaré unanimement les élus du vin le 17 février à l’Assemblée nationale (Paris), lors des Premières rencontres de la vigne et du vin. Ce nouvel événement rassemblera, une fois par an, les élus de territoires viticoles et membres de la filière viticole, pour débattre d’un sujet d’actualité. Cette année, le thème de la loi de Santé publique. Les élus du vin – Philippe A. Martin et François Patriat, coprésidents de l’Association nationale des élus de la vigne et du vin (Anev), Catherine Quéré, présidente du Groupe d’études viticulture de l’Assemblée nationale et
Les Rendez-vous d’Inter Rhône
déposées avant le 31 mars 2015 à l’Inao (31 août 2015 pour les demandes déposées au titre de cas de force majeure ou de situations exceptionnelles ayant entraîné ou entraînant une péremption de droit au 1er août 2015). ) Toutes les informations sont sur le site : www.syndicat-cotesdurhone.com
Le 9 mars 2015 aura lieu la grande dégustation annuelle des vins des Côtes-du-Rhône sur le marché anglais au cours du concert de Skin Contact, à l’espace Vinopolis, au cœur de Londres. Sponsorisé par les vins des Côtes-du-Rhône, ce concert est organisé en soutien au Red Nose Day afin de récolter des fonds au profit de l’association caritative anglaise Comic Relief, sous la bannière vin Wine Relief, créée par Jancis Robinson. Ce groupe de rock formé spécialement pour l’occasion est composé uniquement de professionnels anglais influents dans le monde du vin, notamment Richard Hemming, journaliste pour Jancis Robinson.com
Allemagne Soirée spéciale dans le cadre de Prowein Chaque année, l’Union allemande des sommeliers organise la soirée Chill Out Weiss Rot dans un lieu phare de Dusseldorf : la Nachtresidenz. Avec plus de 1 200 professionnels (importateurs, cavistes, sommeliers, journalistes), il s’agit de la soirée la plus en vogue du salon. Le 16 mars prochain, les vins des Côtes-du-Rhône et Côtes du Rhône Villages seront co-sponsors de cette soirée. 15 vins seront présentés sur un espace dédié et personnalisé dans une ambiance “salon” pour inviter à la découverte et au partage.
États-Unis. Greystone Flavor Summit Le Greystone Flavor Summit aura lieu dans la Nappa Valley, en Californie, du 11 au 13 mars 2015. Inter Rhône sponsorisera cet événement qui regroupe les Top leaders de l’Industrie Food & Wine. C’est une occasion pour faire déguster les vins de la Vallée du Rhône et de partager autour du thème de la gastronomie et du vin. ) Réalisé grâce aux Services d’INTER RHÔNE
5 22 & 23 JUIN À AVIGNON
Conférence mondiale sur la durée de vie des vins Cette conférence internationale se tiendra au palais des Papes, à Avignon, le 23 juin 2015. Elle sera précédée, le 22 juin, d’une visite du palais et du pont d’Avignon ainsi que d’une présentation des vins de la Vallée du Rhône pour tous les congressistes. Lors de la journée du 23 juin, quatre thèmes seront abordés : + Gestion du SO2 pour les vins “bio”, + Apports d’oxygène lors du stockage des vins conditionnés, + Impact des dommages causés aux emballages sur les transferts d’oxygène, + Comment réduire la variabilité de durée de vie des produits ?
Inscription payante (places limitées) avant le 30 avril 2015 par mail à : comRetD@inter-rhone.com http://www.inter-rhone.com/Vinsrhone/ Programme_Conference_BIB_FR_2015.pdf ŒNOTOURISME
Michel Bernard
pilote le pôle d’excellence national Missionné par Mathias Fekl, secrétaire d’État au Commerce extérieur et à la Promotion du tourisme, Michel Bernard, président d’honneur d’Inter Rhône, prend la direction du nouveau pôle d’excellence national dédié à l’œnotourisme. Président du cluster œnotourisme d’Atout France (agence touristique du gouvernement français) et propriétaire-vigneron du Château Beauchêne (Piolenc), c’était le candidat idéal. Sa mission sera de rendre l’offre œnotouristique française plus visible et structurée et de mieux valoriser l’offre touristique en général. À travers la consultation d’acteurs sur le terrain, il devra mettre en place un plan d’action avec les représentants de la filière.
L’ É V É N E M E N T Au fil des ans, Découvertes en Vallée du Rhône a trouvé sa place dans l’arsenal des salons et autres manifestations de promotion d’Inter Rhône.
DVR : Une épopée de 14 ans
C
’ÉTAIT EN 2001. Pour la première fois, l’Interprofession des vins des Côtes-du-Rhône et de la Vallée du Rhône propose une semaine de dégustations sur le principe des Grands jours de Bourgogne. Cinq jours, 18 salons dégustation répartis dans tout le vignoble rhodanien, 562 exposants… Pour les équipes d’Inter Rhône, le défi est de taille, en particulier sur le plan de la logistique. Mais aussitôt, l’accueil est excellent. “Vous faites un très bon travail” déclare le journaliste anglais Tim Atkin tandis que son compatriote Oz Clarke ajoute : “Ces journées sont passionnantes, importantes pour nous, pour ces rencontres nouvelles, ces découvertes et ce regard nouveau. Il faudra les refaire”. En 2003, la 2e édition s’annonce plus incertaine, avec un millésime 2002 hétérogène. Pour autant, DVR transforme l’essai avec 785 exposants inscrits contre 574 deux ans plus tôt et 2 000 visiteurs très motivés. Cent dix mille invitations, 35 000 verres, 12 000 repas, 10 000 bouteilles, 350 km d’itinéraires fléchés, 200 tonnes de matériel, trois kilomètres de moquette rouge et de nappe blanche… Déjà les chiffres donnent le tournis. Tandis qu’apparaissent pour la première fois les “tables découverte” à l’entrée des salons, un programme “off” prend forme en marge des dégustations. Il ne cessera de s’enrichir au fil des ans. Là encore, les acheteurs sont ravis. Mais l’inflation du nombre d’exposants lors des éditions suivantes trouve ses limites : 900 en 2005, 950 en 2007. Tout comme le nombre de salons (une vingtaine) et la durée de la manifestation (6 jours) gênent les visiteurs. Les parkings sont saturés, on s’inquiète de voir les dégustateurs prendre la route. “Il sera de plus en plus difficile de trouver des lieux d’accueil suffisamment vastes et pratiques d’accès” prévient Jean Michel Guiraud, le responsable de DVR à Inter Rhône.
Dès la création de DVR, en 2001, les équipes d’Inter Rhône ont YLSL]t SL KtÄ K»\UL THUPMLZ[H[PVU OH\[ KL NHTTL
Cette folle expansion trouve son terme en 2009. Les exposants proposant plusieurs appellations peuvent choisir un salon et présenter leur gamme. Leur nombre est ramené à 750 sur 15 lieux différents mais avec une concentration géographique : un jour dans le Gard, trois jours à Avignon et deux jours dans les Côtes-du-Rhône septentrionales. Par ailleurs, à la demande des exposants, les visiteurs sont davantage filtrés : seuls les professionnels en activité peuvent participer. Quant aux journalistes, ils sont de plus en plus nombreux à plébisciter DVR. Tous sont choyés avec des buffets préparés par le Chef étoilé Éric Sapet. En 2011, les contacts avec la mairie d’Avignon ne permettent pas d’organiser la manifestation en centre-ville, l’édition renoue donc avec des salons dégustation dans le vignoble mais c’est pour mieux revenir dans la cité des papes deux ans plus tard. L’édition 2013 est grandiose, avec un palais des Papes entièrement privatisé durant 2 jours pour les exposants de la zone méridionale. Les 2 200 visiteurs sont bluffés par tant de faste. L’image et la notoriété des vins de la Vallée du Rhône montent d’un cran. Hélas, l’édition 2015 ne peut bénéficier des mêmes conditions, les conservateurs du patrimoine ayant mis leur veto. Mais l’esprit reste : organisé durant 4 jours, DVR se concentre sur 5 lieux : Ampuis, Tain l’Hermitage, Mauves et Avignon. Buffets de produits du terroir, guide d’accueil complet, dégustations master class, conférence-débat avec des journalistes de renom… les 2 000 visiteurs sont particulièrement soignés tandis que les équipes d’Inter Rhône font tout pour faciliter la vie des exposants. Vraiment, une belle réussite. ) Sylvie REBOUL
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ACTUALITÉ
“Accompagner nos clients vers davantage de valeur ajoutée” Six mois après le lancement de Diœnos Rhône, la société d’analyse et de conseil œnologique qu’il a créée avec le laboratoire Dubernet, Inter Rhône et l'IFV, Jean Natoli fait le point.
Diœnos Rhône propose un plateau technique complet en matière d’œnologie, de microbiologie et K»HUHS`ZLZ ÄULZ (www.dioenos.com)
INTERVIEW
ean Natoli, quelles ont été vos motivations pour présider à la création de la société Diœnos Rhône ?
J
Ma société, Natoli & Cœ, est située à Saint Clément la Rivière, dans l’Hérault, mais ma clientèle est assez dispersée et relativement importante dans le Vaucluse où j’ai d’ailleurs passé mon enfance. Je dispose d’un système d’annexes pour le dépôt d’échantillons. À Sarrians, le bâtiment était ancien et j’étais en pleine réflexion pour monter quelque chose de plus sérieux lorsque l’appel d’offres d’Inter Rhône est arrivé. Avec Matthieu Dubernet, que je connais depuis longtemps, nous avons alors imaginé cette société, Diœnos Rhône, en collaboration avec l’Institut français de la vigne et du vin (IFV) et bien sûr Inter Rhône. Nos clientèles et nos compétences sont complémentaires et nous avions une réelle volonté de maintenir l’activité et la structure en place, ce qui allait dans le sens de l’Interprofession.
PORTRAIT EXPRESS Né en Algérie, Jean Natoli, 58 ans, a grandi dans le Vaucluse, entre Aubignan et Mazan, où son père cultivait de la vigne, des cerisiers et des asperges. “J’ai toujours participé à la vie de l’exploitation” aime-t-il à se rappeler. Ingénieur agronome et œnologue diplômé de l’Ensa Toulouse, il a débuté en tant qu’œnologue conseil en 1983 au laboratoire Dubernet, à Narbonne. En 1992, il crée son propre laboratoire œnoconseil près de Montpellier, activité qu’il complète par un cabinet de conseils œnologiques et agronomiques en 1996. Aujourd’hui, il emploie au total une trentaine de personnes, compte 500 clients au laboratoire (100 000 analyses par an) dont 300 font aussi confiance à son équipe pour le conseil. Il est également propriétaire de vignes en AOC Terrasses du Larzac, Languedoc et diverses IGP dont l’IGP Pays de Vaucluse.
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Après six mois de fonctionnement, quel bilan tirezvous de votre activité ? Cela n’a pas été facile car nous avons démarré à la veille des vendanges, avec un millésime compliqué. Il a fallu manager à distance, sur Orange et Tain l’Hermitage, des équipes qui n’avaient pas la même culture d’entreprise. Mais aujourd’hui, je suis rassuré : cela a bien fonctionné, les dépenses ont été maîtrisées, nous avons maintenu et même développé le service aux clients. Désormais, nous regardons vers l’avenir avec des investissements en perspective : un analyseur plus performant, des aménagements dans le laboratoire mais aussi le recrutement d’un œnologue-conseil supplémentaire, ce qui portera à 5 leur nombre (dont un basé à Tain l’Hermitage). Nous employons également 7 techniciens et mutualisons, avec le laboratoire Dubernet, certaines tâches avec nos propres entreprises (assistance technique au laboratoire, comptabilité, informatique…).
Qu’allez-vous apporter de plus à vos clients ? Nous souhaitons développer le service et aider les vignerons à générer de la valeur ajoutée, à vendre leur vin à des prix rémunérateurs. Cela signifie faire les choix techniques qui s’imposent mais en tenant compte d’une approche économique pertinente. Cela me semble très important aujourd’hui de tenir ce discours mais surtout de le mettre en pratique.
Nous allons également développer les analyses fines et proposer de nouveaux services en plus des analyses de routine qui seront forfaitisées. Le vigneron qui voudra aller plus loin aura à sa disposition un panel de services pointus, assurant une meilleure maîtrise technique, génératrice de valeur ajoutée.
Quelles vont être vos priorités dans les mois à venir ? En dehors des investissements évoqués plus haut, Matthieu Dubernet et moi avons prévu de passer beaucoup plus de temps avec les équipes de Diœnos, d’accompagner les œnologues et d’aller à la rencontre des clients, de les écouter. Ma priorité n’est pas d’augmenter à tout prix leur nombre mais au contraire de conforter les 200 qui nous font confiance pour répondre pleinement à leurs attentes. Nous avons encore une large marge de progrès technique à accomplir en Vallée du Rhône, y compris pour les crus des Côtes-du-Rhône. Je suis persuadé que la clé du succès est à trouver dans la valorisation des terroirs, notamment de crus, tout en élaborant un vin à la hauteur, typique et sans défaut gustatif. Lorsque j’ai créé mon laboratoire à Montpellier, en 1992, j’ai démarré avec quelques clients. Le succès est venu grâce au bouche-à-oreille, sans publicité. Nous devons conforter la confiance de nos clients. ) Propos recueillis par Sylvie REBOUL
7 EN BREF…
Des Eaux-de-vie reconnues IGP
( Jean Mottet est président du Syndicat des Eauxde-vie de Provence.
VINISUD
Les IGP Eaux-de-vie de vin et de marc des Côtes-duRhône ont désormais leur Cahier des charges et Plan d’inspection. Les opérateurs vont devoir s’identifier.
D
EUX nouvelles Indications géographiques protégées (IGP) ont été reconnues par l’Inao le 26 juin 2014 : “Eau-de-vie de vin* des Côtes-du-Rhône” et “Eau-de-vie de marc des Côtes-du-Rhône”. Rappelons que ces produits ne datent pas d’hier puisqu’ils ont été définis dans un décret datant du… 19 mars 1948 ! Ces eaux-de-vie pourront faire référence à une appellation de la région des Côtesdu-Rhône, sous réserve bien sûr, de respecter les conditions de production de la matière première. Le 23 juillet 2014, le Syndicat général des Côtes-du-Rhône a été reconnu par l’Inao Organisme de défense et de gestion (ODG) pour ces deux nouveaux produits, il a créé une section spécifique “Eaux-de-vie”. Pour en arriver là, il a travaillé en étroite collaboration avec l’Inao et les professionnels de la filière Eaux-de-vie, en particulier Jean Mottet, président du Syndicat des Eaux-de-vie de Provence (SIAO) et Lydie Debarge. Les Cahiers des charges sont désormais homologués et publiés au Bulletin officiel du ministère de l’Agriculture. Le Plan d’inspection ainsi que la Grille de traitement des manquements ont également été validés par le directeur de l’Inao. Tous ces documents sont disponibles sur le site Internet
du Syndicat**. C’est l’OIVR qui a été choisi pour mettre en application le Plan de contrôle auprès des opérateurs. La déclaration d’identification permettant aux opérateurs de s’identifier afin d’être habilités à produire, transformer ou élaborer ces produits est en cours d’élaboration. Elle sera transmise aux opérateurs connus dès sa validation. Ces opérateurs “connus” devront être identifiés avant le 1er juillet 2015 auprès de l’ODG pour une habilitation dite “d’office”. Ils feront l’objet d’un contrôle sur site dans les 5 années suivant la date de dépôt de l’identification. Pour les nouveaux opérateurs, un contrôle préalable sur site ou, s’il n’y a pas l’activité de distillation ou d’élevage, un contrôle documentaire (sous réserve d’un contrôle sur site dans l’année qui suit le dépôt de la déclaration d’identification) pourra permettre l’habilitation. Les opérateurs sont invités à consulter rapidement les Cahiers des charges et Plan d’inspection pour vérifier s’ils sont en conformité. ) Renseignements au SYNDICAT GÉNÉRAL, tél. 04 90 27 24 24. * En attendant d’être enregistré au niveau européen, le terme “Fine” peut être utilisé en tant que mention d’étiquetage complémentaire. ** Cahier des charges et Plan d’inspection sont consultables sur le site : www.syndicat-cotesdurhone.com (rubrique Réglementation/AOC des Côtes-du-Rhône).
Application mobile “The Wine That I Love” Twil – The Wine That I Love- est une nouvelle application mobile qui vise à accompagner les vignerons dans de nouvelles voies de commercialisation. Il suffit de prendre en photo l’étiquette d’une bouteille. L’utilisateur accède instantanément aux informations associées au vin qui vient d’être “twilé” et peut même passer commande directement si le producteur est adhérent à la plate-forme. Pratique au restaurant par exemple, quand on a apprécié un vin, inutile de noter les coordonnées sur un bout de papier. Lancé par Erwann de Barry, issu d’une famille de vignerons de Provence, le concept est bien ficelé : le vigneron est payé par l’acheteur lors de la commande, il expédie (ou dépose en point relais) ses vins dans des emballages fournis. Twil se rémunère par une commission sur les ventes (environ 18 % du prix HT). Déjà 500 vignerons de toutes les régions ont adhéré à Twil, l’application sera lancée début avril. Contact : tél. 01 41 66 47 77, www.twil.fr/producteur
La prochaine édition de Vinisud se tiendra du 15 au 17 février 2016 au Parc des expositions de Montpellier. Deux régions viticoles seront invitées : Bordeaux et la Californie. Par ailleurs, les organisateurs ont annoncé que Vinisud allait devenir annuel, notamment pour mobiliser toujours plus d’acheteurs et prescripteurs internationaux mais aussi pouvoir présenter chaque millésime.
VINEXPO
Programmé du 14 au 18 juin 2015, le salon Vinexpo (Bordeaux) a été complètement revisité, avec des espaces tournés vers le lac. Des espaces thématiques (digital, free-tastings, accords mets et vins…) ponctueront les allées tandis que seront organisées des conférences et dégustations de très haut niveau. Pour la première fois, de grands Chefs et sommeliers prestigieux seront invités, remettant la gastronomie à l’honneur.
PÉPINIÉRISTES
Face à la pénurie de plants engendrée en partie par les aléas climatiques, la Fédération nationale des pépiniéristes rappelle aux vignerons engagés dans la restructuration du vignoble qu’ils ont la possibilité de revoir leur engagement (avant le 15 mars en Vallée du Rhône), qu’il y ait L\ H]HUJL KL ÄUHUJLTLU[ V\ pas. D’une façon générale, elle recommande une réservation des plants un an à l’avance pour un approvisionnement dans de bonnes conditions.
MALADIE DE PIERCE
La maladie de Pierce a été découverte pour la première fois en Europe, sur le territoire italien, en 2013. Causée par une bactérie, Xylella fastidiosa, elle est présente en Amérique et a fortement touché les vignobles californiens durant les années 1990. Elle est transmise par des insectes vecteurs. Pour éviter sa propagation, la France a demandé à l’Union européenne d’interdire l’importation de plants depuis les pays et zones contaminés.
DISTILLERIES
3LZ KPZ[PSSLYPLZ KP]LYZPÄLU[ KL plus en plus leur production (engrais organiques normés, conservateurs alimentaires naturels, huiles de pépins de raisins…) en plus des alcools de bouche. En 2015, deux nouveaux produits sont à l’essai : le Vititan (à base de tanins de marcs distillés) pour fabriquer des colles végétales et le Vitichar (à base de pulpes de raisins issues de marcs distillés) pour retenir l’eau en excès dans les parcelles de vigne et la restituer en conditions sèches.
TAPISSERIE
Dessinée par l’artiste Jacques Lecoultre puis réalisée en 1945-1946 par le licier L. Bascoulergues, cette tapisserie célèbre les vendanges dans un esprit de fête. Elle rappelle, par ses couleurs et personnages, les toiles de Paul Gauguin. Pièce unique de grande dimension (337 cm de long sur 224 de large), elle est proposée par le magasin “Tapis et Kilims” en Avignon (Jean Louis Goy, tél. 04 90 27 16 41). Avis aux amateurs !
LE VIGNERON DES CÔTES-DU-RHÔNE ET DU SUD-EST | MARS 2015 | N° 845
DOSSIER
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DOSSIER COMMERCIALISATION
Comment prospecter les marchés export en 10 étapes Se lancer sur les marchés internationaux représente un grand pas à franchir pour de nombreuses entreprises viticoles. Voici une méthode qui a fait ses preuves en Vallée du Rhône. ) Dossier réalisé par Badre MAHDI
O
RGANISER une mission commerciale export requiert une approche et des outils spécifiques que le chef d’entreprise doit impérativement maîtriser. Il les mettra en application pour susciter l’intérêt d’opérateurs étrangers, signer des contrats de distribution rentables et réussir dans la durée. Connaître son marché domestique, c’est bien mais disposer d’informations sur les marchés étrangers et des techniques de négociation propres à l’export, c’est encore mieux. L’article qui vous est ici proposé a été conçu pour vous aider dans cette démarche d’expansion internationale. Cette “Méthode de prospection des marchés étrangers”, se structure en 10 étapes lesquelles font état de conseils pratiques à l’attention des viticulteurs préparant une mission commerciale export.
ÉTAPE 1 : Analyser le marché cible que vous envisagez de prospecter Toute entreprise désireuse d’exporter ses vins avec succès doit impérativement, au préalable, procéder à une analyse des marchés qu’elle envisage de prospecter. Conseils pratiques Pour mener à bien cette approche appelée par les spécialistes “Recherche d’informations secondaires”, le chef d’entreprise doit N° 845 | MARS 2015 | LE VIGNERON DES CÔTES-DU-RHÔNE ET DU SUD-EST
( (\ ÄS KLZ éditions, Découvertes en Vallée du Rhône accueille de plus en plus d’acheteurs étrangers. ©L. Moulet
9 se poser un certain nombre de questions, permettant de bien connaître le(s) marché(s) qu’il cible. ) L’environnement politique et les relations internationales : Quel est l’état politique du pays, est-il stable ? Quels problèmes diplomatiques pourraient influencer la commercialisation de vos vins ? ) L’environnement social : Quel est le climat social ? Quelles sont les conditions de travail ? ) Monnaie et solvabilité : Quelle monnaie est utilisée ? Comment les taux de change ont-ils évolué ? Quel est le taux d’insolvabilité (voir avec la Coface) ? Existe-t-il des zones franches (Dubaï…) ? ) Distance culturelle : Langue, habitudes de consommation/d’achat, spécificités culturelles… ) Les lois et obligations réglementaires : la production ou la vente de votre produit est-elle réglementée ? Quelle est la politique des douanes pour votre produit (taxes, documents à fournir, quotas éventuels, règle du double étiquetage…) ) Étude de la demande du marché cible : Qui achète votre produit ? Quelles sont les habitudes de consommation/d’achat (caractéristiques du produit) ? ) Étude de l’offre du marché cible : Qui sont les concurrents (leurs produits, leurs marques, leur stratégie, leurs réseaux de distribution, leurs parts de marché) ? ) Procéder à une quantification du marché cible en volume et en valeur. ) Analyse de la logistique : Quelles sont les infrastructures et dans quel état sont-elles ?
ÉTAPE 2 : Évaluer les points forts et les points faibles de ses vins Cette phase est cruciale. Elle vise à déterminer et à matérialiser la valeur ajoutée de vos vins sur le marché cible. Il s’agit d’un critère important que le chef d’entreprise doit prendre en considération pour préparer et réussir sa mission commerciale export. Selon une étude faite par les organismes Global Wines & Spirits, la WTSA (The UK Wine & Spirit Trade Association), ou encore l’Aftak (Association of foreign trading agents of Korea), pour la majorité des importateurs de vins et spiritueux, le lien entre l’innovation et l’exportation est très fort. Il s’agit, en effet, d’un critère très important que ne manquent pas de faire valoir les opérateurs, plus particulièrement ceux des marchés dits “émergents” où la demande potentielle reste très significative en ce qui concerne les vins positionnés en haut de gamme, connus sous la dénomination “Premium Wines” ou “Top of the Range Wines”.
S’agissant de ces marchés à proprement parler, “innovation” et “stratégie de différenciation de l’offre” sont des critères marketing clés. C’est d’ailleurs l’un des points forts des viticulteurs américains, australiens, sud africains, néo-zélandais, argentins, chiliens… qui ont su améliorer leur position et imposer leurs marques à l’export en élaborant des vins sur mesure, baptisés “Tailormade Wines”, bien adaptés aux besoins des importateurs et des consommateurs finaux. Parmi ces viticulteurs, on pourrait citer, à titre de références, certaines marques ou entreprises telles que Henschke (Australie), Risacoli Barone (Italie), Fairview (Nouvelle Zélande), Peter Lehmann (Australie), D’Arenberg (Australie), Villa Maria (Nouvelle Zélande), Heartlandwines (Australie). Leur développement international est très significatif. En 2015, il repose sur plus de 60 pays ! Compte tenu des éléments précités, la démarche commerciale à privilégier est l’enquête sur le terrain (“In-depth study”) et l’observation, donc une démarche dite “Field Work”. Conseils pratiques ) Faire une identification et une évaluation des concurrents les plus performants à l’international (analyse en termes de points forts et de points faibles). Ce travail spécifique baptisé par les spécialistes “Recherche d’informations primaires”, vise à identifier vos concurrents français et étrangers, présents sur le marché cible, les vins qu’ils produisent et exportent, leurs modes de distribution que ce soit par le biais de distributeurs ou de filiales. Ce travail méticuleux vous permettra de mieux connaître les types de vins déjà commercialisés, leur niveau de gamme et de prix publics, leur composition, leur présentation. Pour ce faire, il est recommandé d’opérer comme suit : A – Procéder à des relevés de prix publics des vins concurrents sur le marché (matrice de prix) ; B – Déterminer la structure de prix export spécifique au marché prospecté. Ce volet étant très important, il doit être complété par le calcul du Coefficient multiplicateur ou “Mark Up” appliqué par l’importateur sur le prix export pour obtenir le prix détail (“Retail Price”) ; C – Faire le point sur la stratégie de communication des concurrents (supports utilisés…). ) Déterminer si vos vins sont en parfaite adéquation avec la demande du ou des marchés prospectés en termes de goût, de couleur… La technologie, la composition, la sérigraphie, l’habillage… utilisés sont-ils en retard, en avance ou dans les attentes du marché ? Il s’agit d’un point sensible que le viticulteur devra bien établir afin de déterminer ses manquements par rapport aux
concurrents les plus actifs. Aussi, si votre niveau en termes de technologie, d’habillage… est trop banalisé, vous serez contraint de vous battre sur les prix, et donc de revoir vos marges à la baisse. Sur ce segment de marché, les négociations sont dures. ) Un troisième moyen efficace pour bien vous préparer la participation aux salons internationaux. Véritables “tremplins” ou “baromètres” pour l’international, ces manifestations seront le moyen d’apprécier l’attractivité des marchés que vous serez amené à prospecter. Ils vous permettront également d’identifier leurs principaux acteurs (concurrents, importateurs, producteurs, grossistes, duty free-shops, agents commissionnaires à l’export, agents commissionnaires à l’import, grossistes, détaillants, chaînes de distribution spécialisées). Lors d’un salon international spécialisé, pensez toujours à jeter un coup d’œil sur les catalogues et annuaires distribués lors de ces manifestations. Ils vous donneront incontestablement un bon aperçu quant aux concurrents présents et à leur impact auprès des distributeurs étrangers.
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Un passionné de l’export Badre Mahdi, auteur de cet article, est un praticien et un passionné de l’export. Depuis 1982, il s’est spécialisé dans le développement international des biens de consommation, dont les vins et spiritueux. Il a représenté diverses entreprises, organisé leurs missions export et les a conseillées lors de leurs négociations avec des opérateurs étrangers. La méthodologie qu’il vous suggère est appliquée par des entreprises qui ont réussi à exporter leurs vins et bâtir des stratégies de marque avec succès dans la durée. Parmi elles, on peut citer notamment : Yalumba (Australie), Henschke (Australie), Taylors Clarke Valley (Australie), Penfold’s (Australie), Mazzei 1 435 (Italie), Risacoli Barone (Italie), Nautilus Estate (Nouvelle Zélande), Jean Leon (Espagne), Milton (Argentine), Royal Tokaji (Hongrie)… Des entreprises ou des marques qu’il convient de retenir comme références en raison de leurs méthodes de prospection particulièrement efficaces. Consultant et Agent commissionnaire à l’export, intervenant en Commerce international à l’Isema Business School (Avignon). Diplômé ESC Marseille/CECE Marseille & MBA, formateur en Anglais des affaires RTSA Avignon (Tél. 04 90 88 57 53) E-mail : access.international@yahoo.fr
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prometteur, les barrières non-tarifaires (normes, certificat d’analyse, procédures d’enregistrement…) restent des contraintes administratives très lourdes, contraignantes, parfois difficilement surmontables. Tous ces aspects sont concrets et cruciaux. Vous devez retenir que lors d’une mission commerciale export, vous serez inévitablement questionné sur ces différents points. Il faut savoir et comprendre qu’un importateur, s’il est un vrai professionnel, avec une visibilité de qualité sur son territoire, est avant tout un investisseur. Ainsi, vous devez comprendre et accepter qu’avant de vous passer une commande et de signer avec vous un contrat de distribution, il est tout à fait recevable qu’il se renseigne sur votre entreprise et votre capacité à gérer l’international. ( Multipliez SLZ ÄJOLZ pédagogiques et techniques sur vos vins et méthodes KL ]PUPÄJHtion. Mettez en avant des témoignages, les prix ou récompenses. Autant de petits plus qui rassureront l’importateur. © Messe Duesseldorf
ÉTAPE 3 : Impliquer toute l’entreprise dans le processus d’internationalisation Cette étape consiste à examiner les ressources et les connaissances que votre entreprise possède déjà. Disposez-vous de toutes les ressources humaines pour réussir dans l’arène internationale ? Disposez-vous d’employés possédant des aptitudes en marketing adaptables aux différences culturelles pour répondre rapidement et efficacement aux demandes et relances des importateurs ? Conseils pratiques ) S’assurer que son personnel a bien la dimension pour travailler avec l’international. Votre travail consistera à faire un bilan des langues parlées dans l’entreprise et des collaborateurs qui ont une véritable sensibilité pour l’international. Le but majeur est de faire l’inventaire des personnes capables d’être des relais pour les projets de développement à l’export. Si aucune personne de votre entreprise ne répond à ce profil, il vous faudra pallier ces manquements par une formation spécifique aux techniques de l’export et en anglais des affaires. Peu à peu, toute l’entreprise devra impérativement s’intégrer et évoluer dans une dimension internationale. ) Désigner une personne capable d’organiser les opérations commerciales export. Une fois votre mission commerciale export terminée, une question clef s’impose : “Qui va recevoir et s’entretenir avec les opérateurs étrangers, répondre au téléphone, envoyer les documentations… ?” Il vous faudra donc définir au sein de votre entreprise un nouveau fonctionnement spécifique à l’international. Aussi, un de vos collaborateurs devra être formé aux incoterms, moyens de paiements internationaux, contrats de
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distribution, l’organisation de rendez-vous avec des interlocuteurs étrangers, suivis des missions export et des salons internationaux, formations produits… Le but majeur d’une telle restructuration consistera à sécuriser le flux d’informations pour un traitement efficace et dynamique de l’export. Elle permet de surcroît de rassurer vos interlocuteurs étrangers sur le professionnalisme et l’ouverture de votre structure sur l’international. ) Traduire vos principaux outils nécessaires à une prospection commerciale export. Après avoir reçu votre proposition de rendez-vous dans le cadre d’une mission export, la première chose qu’un importateur étranger fera automatiquement sera de consulter votre site Internet. Son intention majeure sera de se renseigner sur votre entreprise, votre héritage, vos vins et savoir-faire. Ainsi, pour capter l’intérêt des opérateurs les plus sérieux, il est hautement recommandé de réaliser en anglais les “Outils Exports” suivants : notices techniques, fiches techniques produits, site Internet, questionnaires export, company profile. Mais attention ! S’agissant des travaux de traduction, assurez-vous les services d’un traducteur spécialisé dans l’export des vins et spiritueux, voire de biens de consommation agroalimentaires. L’anglais des affaires propre aux vins étant très technique, il est vivement déconseillé d’avoir recours au traducteur Google. ) Une implication au niveau de la production (service technique). Pour certains marchés, vous serez parfois amené à réaliser des analyses ou des adaptations… De surcroît, cette implication de la partie amont est indispensable pour des marchés où l’analyse des produits est une contrainte à laquelle l’exportateur ne peut se soustraire s’il souhaite obtenir une autorisation de mise à la consommation pour traiter avec un importateur (barrières non-tarifaires). Cela concerne par exemple des marchés tels la Chine ou l’Inde où, en dépit du potentiel qui est très
ÉTAPE 4 : Construire un site Web tourné vers l’international Un site Internet tourné vers l’international est un outil indispensable pour préparer efficacement, à partir de la France, votre prospection commerciale export. Il faut savoir et comprendre qu’un importateur de vins ne doit pas être considéré comme un simple acheteur. C’est un opérateur qu’il faut percevoir et traiter comme un investisseur, prêt à investir dans le développement de nouveaux vins sur le territoire où il opère. Compte tenu de cet élément d’information, la construction d’un site Internet tourné vers l’international est un tremplin de choix pour tisser, à partir de la France, des contacts et engager des discussions constructives avec des “importateurs – investisseurs” de qualité en vue d’une mission export. Conseils pratiques ) Organiser une mission commerciale export visant à rencontrer les meilleurs opérateurs internationaux d’un pays, qu’ils soient : importateurs, distributeurs, grossistes, détaillants, “Purchasing managers” (responsables des achats) de grands magasins… tous, sans exception, vous réclameront toujours, avant de vous rencontrer, les coordonnées de votre site Internet. Leur intention première est de se renseigner sur votre entreprise, son historique, ses valeurs, sa visibilité sur le marché national et export, les vins que vous produisez et leur notoriété sur le marché français, vos circuits de distribution, vos points forts par rapport aux concurrents… Ces critères d’appréciation peuvent être décisifs pour un premier contact et la suite des négociations. D’où la nécessité de bien connaître, au préalable, les attentes des importateurs – distributeurs étrangers, lesquels sont très exigeants, car
11 récompenses obtenues…). Aussi, prenez bien en compte tous ces paramètres. Multipliez les fiches pédagogiques et techniques de vos vins et de vos méthodes de vinification. Mettez en avant des témoignages émanant de clients français et étrangers (articles de presse ou press-book…), les prix ou récompenses qui vous ont été décernés (médailles obtenues à l’occasion de concours…). Autant de petits plus qui vous permettront d’être convaincants et rassurants aux yeux d’un importateur. En d’autres termes, il faut lui démontrer que vous êtes une “valeur sûre”, un “partenaire d’avenir” sur lequel il peut compter et doit investir.
ÉTAPE 5 : Bien choisir son mode d’implantation ou de représentation constamment sollicités par des viticulteurs du monde entier. Mais attention !!! Le but d’un tel travail ne consiste pas simplement à traduire votre site en anglais. Vous devez, en revanche, veiller à bien soigner son visuel, son contenu, la présentation de votre héritage, la description de votre activité, de votre savoir-faire et de vos vins. ) Tout importateur étranger jouissant d’un important circuit de distribution et d’une notoriété reconnue sur son marché est toujours très soucieux de l’aspect “technique” des nouveaux vins qui lui sont proposés. Ainsi, il faut savoir que lors de vos discussions à l’occasion d’une mission export, un importateur de qualité vous questionnera principalement sur la qualité de vos vins, leur composition, vos méthodes de production et de vinification, leur reconnaissance auprès des professionnels (médailles ou
Quelle stratégie d’implantation pour imposer ses vins et réussir dans la durée ? Faut-il opter pour un agent commissionnaire à l’export ? Un agent commissionnaire à l’import ? Un distributeur ? Une implantation locale et sous quelle forme (filiale de distribution…) ? Un accord de licence ? Un détaillant ? Une chaîne de magasins spécialisés ?… Réussir sa mission commerciale export nécessite, en effet, de se poser les bonnes questions quant aux modes de partenariats possibles. Organiser et participer à une mission commerciale export représente un effort important pour de nombreuses entreprises viticoles, lesquelles ont généralement du mal à obtenir des informations pertinentes sur les opérateurs étrangers et les marques qu’ils représentent (Qui fait quoi ?). En effet, cellesci sont souvent inexistantes, mal actualisées voire erronées, donc inutilisables. Or, avoir
au préalable une visibilité parfaite des opérateurs des marchés à prospecter est indubitablement le seul moyen efficace pour réussir une mission commerciale export. De même, dans un environnement international où la concurrence est toujours plus vive et les parts de marché de plus en plus difficiles à conquérir, il est clairement conseillé d’être très prudent et professionnel dans le choix d’un partenaire. Ainsi, exporter des vins n’est pas une entreprise simple ou à prendre à la légère. Pour éviter de faire le mauvais choix, le chef d’entreprise doit, à l’occasion d’une mission export, prendre toutes les précautions nécessaires lui permettant de connaître précisément le profil de ses interlocuteurs. Comment sélectionner le meilleur partenaire export ? Quel mode de distribution vous permettra d’obtenir la meilleure visibilité de vos vins sur le marché en aval ? Telles sont les réelles problématiques qu’il faut prendre en considération avant de s’engager dans une prospection commerciale export.
( En janvier 2014, Le Vigneron a publié un dossier de Badre Mahdi sur le choix du bon partenaire à l’export : des données intéressantes à rapprocher de cet article.
Conseils pratiques ) La préparation d’outils de travail spécifiques pour éviter les erreurs de ciblage. Pour savoir avec qui vous traitez, il est vivement conseillé d’élaborer deux outils de travail en anglais, à savoir : Un “Questionnaire export” et un “Company Profile”. Ces supports vous permettront de mieux cerner les profils des opérateurs rencontrés, leur secteur d’activité, les marques de vins qu’ils représentent (leurs fournisseurs), leurs courants d’importation, leurs circuits de distribution, leurs chiffres d’affaires sur 3 ou 5 ans, leurs références bancaires… ) Lors d’une mission commerciale export et durant vos discussions avec des opérateurs
; Pour préparer et réussir sa mission commerciale export, il est important de connaître les types de vins déjà commercialisés, leur niveau de gamme et leurs prix sur le marché cible. © Messe Buesseldorf
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Qualités requises du bon interlocuteur à l’export Spécialité sectorielle L’interlocuteur doit être un spécialiste des biens de consommation agroalimentaires et plus particulièrement des vins et spiritueux. Connaissance du marché des vins L’interlocuteur doit avoir une parfaite connaissance des marques de vins importées, dont celles déjà présentes sur le marché où il opère. Ainsi, il doit bien connaître les circuits de distribution.
Capacité et Expertise commerciale Après avoir pris connaissance de vos vins, un bon interlocuteur doit être à même de vous constituer une liste de partenaires potentiels soigneusement ciblés. Il doit également pouvoir organiser un programme de rendez-vous sur plusieurs jours, vous assister et conseiller lors des négociations. Enfin, à l’issue de votre mission, il doit être à même d’assurer le suivi de vos contacts et vous aider à concrétiser avec le partenaire adéquat.
Connaissance des opérateurs locaux L’interlocuteur doit avoir une parfaite connaissance des entreprises importatrices et distributrices de vins et spiritueux. Il doit surtout avoir un carnet d’adresses actualisé avec les noms et coordonnées des décideurs clefs (adresses e-mail, portables…).
Répondre parfaitement à vos objectifs Il doit comprendre et respecter pleinement votre stratégie commerciale. Pour ce faire, il doit avoir une parfaite connaissance de vos vins et de vos objectifs stratégiques. Mais il doit, par-dessus tout, respecter la confidentialité quant aux résultats obtenus. LE VIGNERON DES CÔTES-DU-RHÔNE ET DU SUD-EST | MARS 2015 | N° 845
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étrangers, n’hésitez surtout pas à réclamer à chacun d’entre eux leurs “Company Profiles”. Vous pourrez ainsi comparer ces différents acteurs entre eux, les évaluer et surtout les mettre en concurrence. Nul doute que cette façon de procéder est la plus sûre pour vous permettre de sélectionner le partenaire qui est à même de répondre pleinement à vos valeurs, à votre stratégie d’ensemble, mais par-dessus tout, d’assurer à vos vins une visibilité de qualité sur son marché. ) Si, à l’issue d’une mission commerciale export vos vins intéressent des opérateurs, nous vous recommandons de réclamer à chacun d’eux un “Marketing plan” sur 3 ans expliquant de façon circonstanciée la stratégie qu’ils mettront en place pour commercialiser vos vins. Ce “Marketing plan” devra être précis et détaillé. Il devra surtout faire état de la structure de prix ainsi que du coefficient multiplicateur appliqué sur le prix export pour obtenir le prix détail. Des éléments indispensables qui vous permettront ensuite de calculer un “Prix export d’acceptation”.
ÉTAPE 6 : Savoir toujours s’entourer de spécialistes pour faire les meilleurs choix Pour faire les meilleurs choix lors d’une prospection commerciale export, il est souhaitable d’avoir parfois recours aux conseils de spécialistes produit/marché, à condition toutefois que ces derniers fassent état
de sérieuses références ou expériences. La quasi-totalité des exportateurs vous le diront, c’est souvent grâce à des conseils externes qu’ils ont pu organiser efficacement leur mission commerciale, rencontrer des opérateurs soigneusement ciblés, initier un courant d’affaires et signer un contrat de distribution. Que ce soient des acteurs publics, des associations professionnelles, des sociétés privées d’accompagnement à l’international, des consultants privés, voire des interprètes… l’effet de levier créé par l’apport d’une personne présente dans le pays, parlant sa langue, connaissant sa culture, peut s’avérer concluant mais surtout vous faire gagner du temps. Le tout est de tomber sur le bon interlocuteur présentant le profil adéquat. Que faut-il entendre par profil adéquat ? Comment le définir et le reconnaître ? Conseils pratiques ) Si dans le cadre d’une mission commerciale export vous envisagez d’utiliser les services d’une personne ou d’une structure locale, assurez-vous qu’elle présente les cinq qualités commentées en hors-texte p. 11. Nous retiendrons que l’utilisation d’un tel relais peut s’avérer nécessaire, voire obligatoire, notamment pour certains marchés où les spécificités, tant culturelles que linguistiques, peuvent s’avérer être un obstacle difficilement percevable pour un novice (Chine, Corée du Sud, Taïwan, Russie, Dubaï, Brésil, Inde…).
© J. Ubassy
Clauses de résolution de conflits indiquées dans le contrat Clauses de médiation/Arbitrage Les parties acceptent de tenter de résoudre les conflits avant de porter l’affaire devant les tribunaux.
Décisions de justice rendues Les parties acceptent de se plier aux décisions de justice rendues par la juridiction choisie.
Droit s’appliquant au contrat Déterminer le cadre juridique dans lequel s’applique le contrat. (Droit applicable)
Garantir le paiement Si, suite à un litige, la décision vous est favorable, comment serez-vous payé et comment ferez-vous pour respecter votre accord ?
Juridiction Lieu du procès, où l’affaire sera débattue N° 845 | MARS 2015 | LE VIGNERON DES CÔTES-DU-RHÔNE ET DU SUD-EST
ÉTAPE 7 : Savoir apprécier ses capacités financières Réussir une mission commerciale export, c’est aussi être capable de mettre en adéquation les capacités financières de l’entreprise avec son projet de développement international. L’approche d’un nouveau marché requiert un investissement conséquent. Étudier le marché cible, se faire connaître, se déplacer, participer à des salons, faire des relations presse, former des collaborateurs en interne ou des distributeurs… En bref, mettre en place toute une batterie d’actions qui, mises bout à bout, représentent un certain investissement, amortissable au bout de 3 à 5 ans en moyenne. D’un autre côté, il n’y a jamais eu autant d’aides pour se développer à l’international : Sidex, Crédit d’impôt, PPE, CDI, FASEP, VIE, l’assurance prospection… En utilisant à bon escient le dispositif, vous pouvez disposer d’un effet de levier appréciable pour mobiliser les ressources nécessaires. Ainsi, réfléchir et se préparer au financement de l’internationalisation de votre structure nécessite que vous vous penchiez sur les points importants listés ci-après. Conseils pratiques ) Évaluation de vos besoins en équipement et en installations : liste détaillée des dépenses nécessaires pour l’approvisionnement des marchés étrangers. ) Prévisions de ventes pour chaque marché d’exportation : nombre d’unités exportées, prix par unité, ventes totales (prévisions sur 3 ou 5 ans) avec le détail par mois pour la première année. ) Détermination du coût des marchandises vendues pour chaque marché d’exportation : nombre d’unités exportées, coût par unité exportée, coût total des marchandises vendues. ) Projection de bénéfices à l’export : Bénéfice net = Ventes internationales – Coût des marchandises vendues. ) Élaborer une analyse détaillée : Total des ventes en € ou en $ et en unité à atteindre avec votre partenaire étranger pour couvrir le coût des marchandises et les charges liées à l’exportation. ) Autre conseil pratique : Lors d’une mission commerciale export, il est hautement recommandé de réclamer à chacun des opérateurs intéressés par vos vins, un Plan marketing (“Marketing plan”) faisant état de prévisions de Chiffre d’affaires sur 3 ans au minimum (en € ou en $ et en unités). Il serait également très utile de connaître la durée minimum pour atteindre le point mort. >>>
13 LEXIQUE PRATIQUE Négocier avec des importateurs étrangers nécessite une maîtrise parfaite des termes en anglais spécifiques au commerce international, dont l’export des vins et spiritueux. Petit lexique à l’attention des exportateurs. Structure de prix : Price structure Liste de prix : Price list Prix export : Export price
La Déduction Pour Aléas (DPA) : pour qui et pourquoi ?
Prix départ usine : Ex-Cellar price Prix départ usine : Ex Works price Prix Franco à bord : FOB price Prix Coût Assurance et Fret : CIF price Rendu Droits Acquittés : DDP (ou) LANDED COST Point mort : Break even Rentabilité : Profitability Prix détai : Retaiprice Droits de douane : Customs duties Assurance : Insurance Taxes à l’importation : Import taxes Frais de transport : Transportation costs Marge : Margin Importateur : Importer Grossiste : Wholesaler Détaillant : Retailer Plan marketing : Marketing plan Matrice de prix : Price matrix Circuit de distribution : Distribution network Distribution sélective : Selective distribution Grande distribution : General distribution Coefficient multiplicateur : Mark up Adéquation au marché : Suitability for the market
Comme son nom l’indique, Qu’est-il exigé de la part la DPA est un mécanisme du souscripteur ? de déduction fiscale qui « Le premier conseil que l’on peut donner au souscripteur s’adresse aux exploitants est de respecter l’utilisation agricoles relevant d’un conforme à la loi de l’épargne régime réel d’imposition. DPA dans le délai de 7 ans qui Créée au début des années suit la déduction fiscale. 2000, son objectif était de Isabelle Sasia, Responsable du service En cas d’utilisation non conforme permettre à l’exploitant de juridique et fiscal de CERFRANCE AFGA. de l’épargne (prélèvement pour se constituer une épargne des dépenses non visées par le texte), la peine volontaire de précaution pour faire face aux est douloureuse. Les sommes déduites sont aléas touchant l’exploitation. réintégrées et assorties d’un intérêt de retard de Modernisé pour être plus attractif, le dispositif 4,8 % par an. » devrait rencontrer un plus vif succès face au recul progressif du Fonds National de Garantie S’agit-il d’une solution d’épargne de plus ? des Calamités Agricoles. Responsable du « On ne peut pas parler de solution d’épargne de service juridique et fiscal de CERFRANCE AFGA plus, puisque c’est la loi qui impose l’ouverture d’un compte d’épargne exclusivement dédié à (Association de Gestion et de Comptabilité), l’épargne professionnelle DPA. Isabelle Sasia, nous éclaire sur le sujet. Aucune autre épargne ne peut être inscrite sur ce compte, sous peine de perdre les avantages
A quel besoin de l’exploitant agricole fiscaux du dispositif. Parallèlement, le compte d’épargne ouvert doit clairement être identifié répond cet outil ? « Face à un aléa, qu’il soit d’origine climatique, naturel, sanitaire ou économique, l’exploitant agricole peut avoir un besoin impérieux de trésorerie, qui ne sera pris en charge par aucun organisme extérieur (risques non assurables, franchise des contrats d’assurance, perte de valeur ajoutée produite par l’exploitation). La DPA est un dispositif de constitution d’épargne défiscalisée permettant de faire face à ces aléas. Cet outil fiscal “d’auto-assurance” incite l’exploitant agricole à épargner les années fastes (sorte de constitution de provision) pour débloquer cette épargne les années où survient l’aléa. C’est un outil particulièrement adapté aux productions agricoles à la rentabilité irrégulière ».
Marché en amont : Upstream market
Est-ce un dispositif souple ?
Marché en ava : Downstream market
« Le dispositif s’est fortement assoupli ces dernières années. L’exploitant agricole ne doit plus placer que 50 % du montant de la DPA pratiquée sur un compte d’épargne professionnelle. Le virement d’une somme égale à 50 % du montant de la DPA peut intervenir dans les six mois de la clôture de l’exercice au titre duquel la DPA est pratiquée (et au plus tard à la date du dépôt de la déclaration de résultat). Enfin, l’administration fiscale admet qu’en cas de survenance d’un aléa, le prélèvement de trésorerie sur le compte d’épargne puisse intervenir postérieurement à la date de clôture de l’exercice au titre duquel la DPA sera utilisée et rapportée au résultat fiscal ».
Remise : Discount Taux : Rate Pourcentage : Percentage Contrat de distribution exclusive : Sole distribution agreement (ou) Exclusive distribution agreement Pouvoir d’achat : Purchasing power Revenu par tête : Income per head (ou) Income per capita (ou) Per capita income Procédure de dédouanement : Customs clearance Administration des Douanes : Customs Authority
comme un compte DPA pour répondre aux exigences du texte, et être retranscrit de manière visible dans la comptabilité de l’exploitant. Cette épargne est par ailleurs très intéressante, puisque les intérêts produits sont exonérés d’Impôt sur le Revenu lorsqu’ils sont capitalisés sur le compte bancaire spécifique ».
Le Crédit Agricole Alpes Provence rémunère vos liquidités avec la DPA Avec la DPA, le Crédit Agricole Alpes Provence propose une offre permettant aux agriculteurs de rémunérer leurs liquidités en épargnant sur un dispositif sécurisé et fiscalement avantageux sur l’exploitation. André Serrus, Responsable du Marché de l’Agriculture de la Caisse Régionale, précise : “Au travers des avantages multiples pour l’agriculteur, décrits par Isabelle Sasia, la DPA apparaît donc comme la solution à privilégier pour optimiser la trésorerie des exploitations.” La déduction pratiquée, plafonnée à 27 000 € par an, impacte directement le bénéfice imposable, le capital et les taux étant garantis pendant toute la durée du placement (8 ans). Pour plus d’informations, n’hésitez pas à vous renseigner auprès de votre conseiller Crédit Agricole Alpes Provence.
www.ca-alpesprovence.fr CAISSE RÉGIONALE DE CRÉDIT AGRICOLE MUTUEL ALPES PROVENCE. Société coopérative à capital variable agréée en tant qu’établissement de crédit - Siège social situé 25, Chemin des trois Cyprès, 13097 AIX-EN-PROVENCE CEDEX 2 - R.C.S. 381 976 448 AIX-EN-PROVENCE - Société de courtage d’assurance immatriculée au Registre des Intermédiaires en Assurance sous le numéro 07019231.
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ÉTAPE 8 : Sécuriser la dimension juridique de votre développement à l’international
; “DVR” ce sont plus de 2000 professionnels sur 4 jours. C’est là un moyen d’apprécier l’attractivité des marchés à prospecter.
Échanger des biens et des services à l’international sans s’appuyer sur une préparation minutieuse et sur un contrat bien rédigé mènera l’exportateur vers des difficultés d’ordre juridique. Compte tenu de ces éléments, un certain nombre de précautions juridiques doivent être prises. Avant de s’engager dans une mission commerciale export, le viticulteur ne doit en aucun cas sous-estimer l’importance des aspects juridiques auxquels il pourrait être confronté. Le commerce international implique une diversité de partenaires, de territoires, de réglementations… tous régis par des lois et des systèmes juridiques différents. C’est donc pour ces diverses raisons qu’il faut se préparer à toute éventualité afin d’éviter toute situation floue et potentiellement préjudiciable. Toutefois, en règle générale, les meilleurs avocats vous diront souvent : “Sachez qu’une bonne négociation est toujours préférable à un procès pouvant s’avérer incertain, long et coûteux”.
Conseils pratiques ) Clauses de résolution de conflits à prévoir dans votre contrat (voir hors-texte p. 12). ) Termes et conditions du contrat à préciser : Incoterms/Monnaie utilisée pour le paiement et taux de change/Méthode de paiement (lettre de crédit ? Virement ? Crédit documentaire ?…) ) Propriété intellectuelle : Protection nécessaire sur le(s) marché(s) prospecté(s) pour garantir les droits de propriété de l’entreprise viticole (protection de la marque, des Domaines, des logos). ) Précautions à prendre que l’on traite avec un agent et/ou un importateur – distributeur : Tenir compte des lois et règlements en vigueur s’appliquant au contrat de distribution : prix export, niveau de prix pratiqué sur le territoire de l’importateur, commissions ou marges retenues après négociation, territorialité, exclusivité ou pas, liste des vins à commercialiser, assurance territorialité et exclusivité, circuits de distribution visés, publicité et communication en % du chiffre d’affaires, participation à des salons, formation, responsabilités, résiliation de contrat. Chacune de ces clauses devant être clairement spécifiée dans le contrat final.
Durée De 3 à 4 jours par ville. Nombre de rendez-vous conseillés De 3 à 4 rendez-vous par jour, sachant qu’un premier rendez-vous doit durer en moyenne 2 heures voire 3 heures. Utiliser les services d’un interprète Surtout pour les pays où l’anglais est peu compris et afin d’éviter des malentendus et des contresens (Chine, Corée…).
Visite de points de vente et des sièges des opérateurs… Ne pas se contenter des rendez-vous avec des opérateurs potentiels. Si les entretiens avec vos interlocuteurs s’avèrent concluants, demandez à les revoir pendant au moins une demi-journée chacun. Demandez-leur la visite de leurs installations, bureaux et points de vente. C’est, en effet, le moyen le plus performant pour évaluer le profil des partenaires potentiels. Assurer le suivi des contacts Ce travail doit être accompli par vous-même, dès votre retour en France. Pour les distributeurs étrangers, il s’agit d’un gage de sérieux car il confirme votre professionnalisme et votre implication réelle dans le projet que vous leur proposez.
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Réussir une mission commerciale export et éviter les erreurs d’appréciation nécessite de la part du viticulteur une maîtrise totale du projet tant en termes de planning que de budget. Conseils pratiques ) L’organisation : La réussite d’une mission commerciale internationale passe par son organisation. La réponse à cette problématique est développée sous forme de conseils dans le hors-texte ci-dessous. ) Élaborer un prévisionnel : Une fois la stratégie de prospection commerciale définie en termes d’organisation, ne vous lancez pas la fleur au fusil ! La prospection commerciale est un investissement, et doit donc être traitée comme tel. Fixer des objectifs (spécifiques, ambitieux, atteignables et définis dans le temps), définissez des moyens et élaborez un prévisionnel.
ÉTAPE 10 : Les principales erreurs à éviter pendant une mission commerciale export
© L.. Moulet
Organisation du séjour
ÉTAPE 9 : Être organisé, pragmatique, prévoyant et observateur
Cette dernière étape a pour but de prévenir le viticulteur sur les principales erreurs à ne pas commettre, dans le cadre d’une mission commerciale export tant en amont qu’en aval. ) Ne pas faire l’étude de marché au préalable ou réaliser une étude médiocre. ) Avoir des ambitions irréalistes. Si vous exportez pour la première fois, attaquez-vous à un seul marché à la fois. Chaque marché devant être traité au cas par cas et non en globalité. À titre d’exemple, Singapour n’est pas Hong Kong, ni Taïwan et la Corée encore moins le Japon… ) Manquez de préparation. Pensez à vous munir de vos outils export soigneusement conçus. Ceux-ci vous permettront de mieux négocier et ainsi d’être plus convaincant. Ces outils export sont principalement : le “Company Profile”, le Questionnaire Export, les Fiches Techniques vins… ) Aborder l’export en ayant seulement une vision macro-économique des marchés cibles. ) Négliger les aspects relatifs à la protection de la marque, des logos, des domaines… ) Manquer de connaissance et de savoirfaire dans la recherche, le ciblage et la sélection des opérateurs étrangers (chercher à bien définir le profil des importateurs rencontrés). ) Être trop “nombriliste”, sous-estimer ses concurrents australiens, néozélandais, sud
15 africains, italiens, chiliens, espagnols, américains, argentins, portugais… et rester persuadé que la référence “Produce of France” peut, à elle seule, vous faire remporter des marchés. ) Négliger la préparation et l’organisation de votre mission commerciale. ) Se contenter de vos rendez-vous avec les importateurs de vins et négliger la visite, l’observation et l’analyse des installations et des circuits de distribution de ces derniers. ) Maintenir les barrières linguistiques et culturelles. Faites l’effort de communiquer dans la langue de vos interlocuteurs et d’avoir un minimum de connaissances sur l’histoire et la culture de leur pays. Aux yeux des importateurs, c’est une marque de considération et de respect. ) Éviter de penser que signer un contrat de distribution sera un blocage pour vous. Bien au contraire, un contrat bien conçu donnera une meilleure visibilité de vos vins sur le marché prospecté. De plus, le contrat est incontestablement la meilleure issue en cas de litige. ) Ne pas voir trop petit dans votre démarche, mais raisonner sur un succès dans la durée. C’est souvent l’idée directrice qu’oublient certains viticulteurs qui, en raison de stocks trop importants ou d’invendus, sont prêts à accepter une commande émanant de n’importe quel opérateur étranger, sans connaître son profil ou chercher à savoir dans quels circuits de distribution leurs vins seront commercialisés et à quels prix. En effet, un tel choix empêcherait toute “visibilité” de vos vins sur le marché et serait très préjudiciable pour l’image de votre entreprise… Q
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RÉGLEMENTATION
Faire déguster son vin au caveau, le vendre à des Français, l’expédier au Royaume-Uni, l’exporter au Brésil… Comment appliquer les taxes fiscales dans des situations aussi diverses ? Décryptage. TVA, DROITS D’ACCISES ET FORMALITÉS DOUANIÈRES
Coup de projecteur sur la fiscalité du vin ) Anaïs HUYSMANS, avec le concours de Francine TALLARON (stagiaire) et les Douanes d’Avignon
S
ELON la situation géographique ou fiscale de leurs clients, les vignerons ne s’acquittent pas des taxes fiscales sur leurs produits de la même façon. Il existe, à l’heure actuelle, trois lieux ou destinations de vente de vins français : • La France : Les vins sont vendus par les vignerons en France pour une consommation en France. Le territoire français s’entend par la France métropolitaine, la Corse, la Principauté de Monaco et les eaux territoriales, les DOM-TOM étant exclus du territoire fiscal français. • L’Union européenne et ses 28 pays membres. Au sein de l’UE, certains pays ont un statut particulier et, par conséquent, ne sont pas des ressortissants de l’UE, mais des pays tiers, à l’instar des Îles Féroé, du Groënland, des Canaries, d’Andorre, etc. Lors des échanges intracommunautaires, nous parlerons d’introduction sur le territoire de produits en provenance d’un autre pays membre et d’expédition depuis la France vers un autre pays membre. • Les pays tiers, soit le “grand export”. Sur ce marché, nous utiliserons les termes “Exportation” pour l’envoi de marchandises de la France vers un pays tiers et “Importation” lors de l’entrée d’une marchandise d’un pays tiers sur le sol français. La TVA s’applique à tous les produits consommés en France et son taux ordinaire est actuellement de 20 %. Elle peut être facturée ou non lors de la vente. À cette taxe s’ajoutent les droits d’accises qui concernent les produits alcooliques et le tabac. Ils sont acquittés en France par les opérateurs (3,75 €/hl pour les vins tranquilles pour
2015), puis répercutés sur le prix de vente au détail.
Qui paie la TVA ? En France, la TVA est payée par le destinataire final, soit le consommateur. Entre professionnels, les biens circulent le plus souvent HT et la TVA est répercutée ensuite sur le client final qui payera le bien TTC. Cependant, les choses se compliquent lors de l’expédition ou de l’exportation. La TVA doit être payée par le consommateur final, mais que se passe-t-il s’il réside en Allemagne ou au Japon ? Dans ces cas-là, la TVA acquittée doit être celle du pays de destination. Les biens qui sortent du territoire français circulent donc HT. Au sein de l’UE, le paysage fiscal a été simplifié. Lors de toute expédition, les producteurs doivent remplir une Déclaration d’échanges de biens (DEB) qui reprend tous les mouvements taxables ou non taxables de marchandises qui circulent entre la France métropolitaine et un autre État membre de l’UE. Lors d’une vente à un professionnel, dès le premier euro de vente des produits soumis à accises, l’opérateur a l’obligation de remplir cette DEB. À réception, le destinataire final s’acquittera de sa TVA locale. Ainsi, les expéditions entre professionnels de l’UE sont exonérées de TVA en France, à condition que l’expéditeur et le destinataire soient assujettis à la TVA dans leur état respectif. L’exonération est aussi valable pour l’exportation vers des pays tiers. Par ailleurs, lors d’une expédition à un particulier, la marchandise est vendue TTC, l’acheteur s’acquitte ainsi de la TVA française. Lorsque des produits en provenance d’un autre État membre de l’UE sont introduits sur le territoire français, le destinataire devra obligatoirement remplir une DEB quand le
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montant total des marchandises introduites est supérieur ou égal à 460 000 € HT par année civile. Enfin, certaines mentions, en matière de TVA, doivent être obligatoirement apposées sur les factures, notamment en cas d’exonération de TVA, il faut mentionner “Exonération de TVA en vertu de l’article 262-ter-I du CGI”.
© Sébastien Voerman
Qui paie les droits d’accises ? Pour les droits d’accises, comme pour la TVA, les marchandises peuvent être vendues en droits suspendus ou acquittés. La vente en suspension de droits permet, comme pour la TVA, d’éviter aux entreprises des avances de trésorerie trop importantes. Pour les ventes en droits suspendus, les producteurs ne pourront vendre ainsi qu’aux seuls destinataires habilités à recevoir des marchandises en suspension de droits. Ces destinataires seront des professionnels entrepositaires agréés (personne qui produit ou transforme des alcools) tels que les négociants, les caves… Ces structures doivent être identifiées et agréés par le Service des douanes. Lors des ventes en suspension de droits, la marchandise doit être accompagnée d’un Document administratif électronique (DAE)*, équivalent numérique du Document administratif d’accompagnement (DAA). Ce document dématérialisé permet le suivi et le contrôle du produit qui circule en suspension de droits. C’est l’opérateur en bout de chaîne qui émettra un certificat de réception afin d’apurer le DAE. Pour les ventes en droits acquittés, les marchandises devront circuler sous Document simplifié d’accompagnement (DSA).
* Le DAE se remplit via le système de téléservice GAMMA/EMCS accessible depuis le site Prodouane.
17 Tableau récapitulatif des formalités et du régime fiscal à appliquer selon le type de vente (EM desti. = Etat membre de destination)
TTC en droits acquittés (sous CRD)
TTC en droits suspendus
HT en droits suspendus (sous capsule neutre)
HT en droits acquittés
VENTE EN FRANCE Dégustation au caveau
EXONÉRÉ (si enregistré en comptabilité) Pour consommation en France
Vente au caveau
Pour prof. débitants de boissons (ex : restaurateurs) Pour consommation Hors UE
Avec facture En pratique vente TTC privilégiée
À partir de 175€ DAE + DAU
Pour consommation en France
Vente en ligne
Pour consommation Hors UE
Sous DAE + DAU
En bouteille Vente à des professionnels Entrepositaires Agréés (EA)
En France En vrac
Sous DAE
Dans l’UE Si l’organisation n’est pas EA
Vente et dégustation en salon
Sous DAE Sous DSA imputé quotidiennement
Si l’organisation est EA
Sous DAA (doc papier du DAE)
VENTE DANS L’UE Vente en ligne
Vente et dégustation en salon
Pour consommation dans l’UE (particuliers)
DSA + consignation dans l’EM desti.
Pour conso dans l’UE (par des professionnels non EA)
Sous DSA + consignation dans l’EM desti. + DEB
L’organisateur est EA L’organisateur n’est pas EA
Sous DAE Sous DS DSA + consignation dans l’EM desti.
Vente à des professionnels EA
Sous DAE + DEB
VENTE À L’EXPORT Sous DAE + DAU N° EORI
Particuliers ou professionnels
Quelles formalités douanières ? Au sein de l’UE, les droits d’accises doivent être acquittés dans le pays de destination, aux taux en vigueur localement. C’est pourquoi l’opérateur qui reçoit la marchandise devra consigner les droits d’accises des marchandises commandées auprès du service local des Douanes de son pays ou équivalent, et dont il aura reçu au préalable une facture pro forma de la part du vendeur. Une fois les droits consignés, son service lui délivre une attestation de consignation qu’il renvoie au vendeur qui fait alors partir la marchandise. Une fois les vins réceptionnés, le destinataire vérifie que la marchandise est conforme à la facture pro forma et régularise le paiement des droits d’accises auprès de son service, le cas échéant. Toutefois, il faut savoir que le système de consignation n’est pas mis en place dans tous les États membres de l’UE. À défaut, il faudra désigner un représentant fiscal.
Les ventes peuvent être réalisées sous différentes modalités : • Les ventes HT en droits suspendus, • Les ventes HT en droits acquittés, • Les ventes TTC en droits suspendus, • Les ventes TTC en droits acquittés. Le producteur devra alors facturer son produit selon un des montages précédents en fonction de la qualité de son client. Si l’acheteur est un consommateur, la vente s’effectuera TTC en droits acquittés, les droits d’accises étant acquittés à la sortie du chai. À l’inverse, si le producteur vend à un négociant lequel le revendra à un consommateur, il a tout intérêt à vendre la marchandise HT en droits suspendus et le négociant, lui, répercutera le prix de la TVA et des droits d’accises sur le consommateur (se référer au tableau).
En plus des taxes fiscales à s’acquitter, il existe aussi des formalités douanières pour l’exportation de produit. Au sein de l’Union européenne, les frontières douanières ayant été supprimées, les produits peuvent donc circuler librement dans le respect des règles de circulation intracommunautaire des produits soumis à accises. En revanche, pour une exportation vers un pays tiers, il faut effectuer une déclaration d’exportation en douane qui se matérialise par un Document administratif unique (DAU). Ce document prouve la sortie de la marchandise du territoire de l’UE et autorise la facturation HT. En cas de vente en suspension de droits, le DAU viendra apurer le DAE dès la sortie du territoire communautaire. Ce document nécessite la production d’autres documents comme la facture, la liste de colisage, le document de transport, le certificat d’oriQ gine, le numéro du DAE etc. LE VIGNERON DES CÔTES-DU-RHÔNE ET DU SUD-EST | MARS 2015 | N° 845
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PROMOTION
Les USA figurent dans le trio de tête des pays importateurs de vins rhodaniens. Inter Rhône en a fait un marché prioritaire, continuant en 2015 à développer une communication originale et décalée.
USA. Un programme de promotion audacieux ) Sabine PRADELLA (Responsable marketing USA à Inter Rhône) spradella@inter-rhone.com
E
N cinq ans, le marché américain s’est fortement développé sous l’impulsion d’une nouvelle génération de consommateurs. C’est particulièrement vrai pour les vins de la Vallée du Rhône qui ont enregistré la plus forte progression des régions françaises, passant de 80 000 hl en 2009 à 145 000 hl en 2013. Les USA sont dans le trio de tête des pays importateurs de vins de la Vallée du Rhône en volume et figurent même à la première place du classement en valeur. En 2013, les Américains sont devenus les plus gros consommateurs de vin au monde devant la France (320,8 millions de caisses contre 313,1 millions). Même si la consommation locale est toujours très forte (72 % de l’offre de vins tranquilles en 2013 avec un leadership incontestable des vins californiens), les Américains recherchent des vins authentiques, offrant un bon rapport qualité/prix et se différenciant de cette production locale. Cela implique que ce marché reste un axe prioritaire de développement pour Inter Rhône. Les vins de la Vallée du Rhône seront donc présents toute l’année 2015 auprès des professionnels du marché et, dans certains États cibles, les consommateurs seront directement visés par la promotion.
Présence renforcée en restauration Sachant que la consommation de vin au verre a augmenté de 2,6 %, les vins du Rhône bénéficieront en 2015 d’une présence renforcée dans le secteur de la restauration,
Animer le réseau de la distribution avec des activités de promotion variées permettant de toucher différentes cibles : • Des promotions dans les restaurants Toujours en partenariat avec Bottle Notes, c’est à Washington qu’Inter Rhône organisera cette année des promotions de vin au verre pendant deux semaines dans plus de 50 restaurants. • Une participation à des salons professionnels Les vins rhodaniens seront présents au Greystone Flavor Summit en Californie (événement de trois jours regroupant les Top leaders de l’industrie Food & Wine), au Culintro à New York (Association professionnelle du secteur de la restauration), au Texsom (grand rendez-vous de la sommellerie aux USA). • Des professionnels toujours formés En partenariat avec l’American Sommelier Association, Inter Rhône proposera deux séminaires dédiés aux sommeliers et futurs sommeliers à Chicago et Miami. Ensuite, la compétition annuelle autour des vins de la Vallée du Rhône aura lieu à New York.
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Afin d’engager les professionnels autour des vins rhodaniens, Inter Rhône a mis en place “l’Importer Support Programm” soutenu par ses ambassadrices sur place : Daphné Payan et Eileen Fabunan. Un support pour la mise en place de dégustations avec leurs partenaires (distributeurs, retailers) sera proposé et les forces de vente seront animées grâce à des formations et kits de formation. Le programme de promotion sur les points de vente a été concentré sur des chaînes et cavistes prioritaires. Week-ends et semaines aux couleurs du Rhône (promotions, dégustations, opérations d’image) seront ainsi organisés dans les magasins chez Total Wine, Binny’s, PLBC et chez les cavistes.
Des événementiels inoubliables Après le succès marqué de 2014, Inter Rhône organise début juin sa dégustation annuelle 2015 des vins du Rhône à New York : “Le Rhône Odyssey”. 400 professionnels du trade et de la presse seront conviés à une “expérience unique” comprenant une
: Décor d’un voyage inoubliable lors de la dégustation annuelle du Rhône Odyssey 2014.
19 dégustation et des accords mets et vins. Cette année, les invités voyageront dans le temps dans différentes pièces aux concepts et époques différentes guidés par deux sommeliers experts de la Vallée du Rhône. En sus, des expériences dînatoires décalées, les “Makin it”, seront déclinées dans plusieurs États cibles afin de quadriller le territoire. Tenus dans des lieux secrets et insolites, ces dîners concoctés par de jeunes Chefs réuniront professionnels et amateurs de vin dans une ambiance conviviale et permettront de générer une résonance importante sur les réseaux sociaux.
Le “Three Tier System” en pratique La vente d’alcools aux États-Unis est soumise à la règle du “Three Tier System”. Explications.
Une communication privilégiée aux professionnels du marché Pour la quatrième année consécutive, la newsletter trimestrielle Rhône Valley Wines sera diffusée auprès de plus de 7 500 professionnels clés du marché (importateurs, distributeurs, retailers, sommeliers, prescripteurs, journalistes). Les entreprises désirant communiquer leurs actualités en lien avec le marché américain ont la possibilité de transmettre leurs informations tout au long de l’année à Anaïs Richard (arichard@inter-rhone.com).
Une communication digitale renforcée Le recours à une nouvelle agence permettra d’engager encore plus les professionnels du marché et consommateurs. Inter Rhône alimentera le Facebook Rhône Valley Wines et le compte Twitter @getRhone. Un compte Instagram sera également créé pour dynamiser la visibilité Web. Enfin, sera réalisée une communication autour des événements annuels, de l’actualité des vignobles, des accords mets et vins parsemés de contenu humoristique. Q ( Inter Rhône organise des séminaires dédiés aux sommeliers, ici à Miami.
Le “Three Tier System” confère un rôle bien précis à chaque acteur du circuit commercial. Ce système complexe est un héritage de la Prohibition. La distribution triangulaire issue de cette réglementation se compose du 1er tiers représenté par le fournisseur (importateur, producteur), du 2e tiers représenté par le grossiste (distributeur) et du 3e tiers, représenté par les détaillants ou revendeurs (CHR, GMS, supermarchés, cavistes). Dans la pratique, une bouteille de vin doit être achetée par un importateur qui la vend à un distributeur qui lui-même la distribue aux détaillants. Ce système interdisant de réaliser des ventes directes sur le marché américain engendre une cascade de prix importante en raison des marges appliquées par les intermédiaires* et implique pour l’exportateur, une bonne connaissance des législations applicables au niveau fédéral et provincial. Tandis que l’importation de vins est régie au niveau fédéral par la Food and Drug Administration (FDA) et par l’Alcohol and Tobacco, Tax and Trade Bureau (TTB), la distribution et la vente sont gérées au niveau de l’État dans lequel le vin est importé. Ainsi, en complément de la loi fédérale, chaque État possède son propre système de contrôle sur le circuit de distribution des alcools. Si la licence d’importation délivrée par le TTB est valable sur l’ensemble des USA, les licences de distribution de vente en gros et de vente au détail seront délivrées au niveau de chaque État concerné. Ainsi, pour importer ses vins aux USA, il convient de collaborer avec au moins un importateur au niveau fédéral et avec plusieurs distributeurs, installés dans les États dans lesquels les bouteilles seront commercialisées. Il existe cependant quelques spécificités à certains États tels que ceux de New York et de Californie autorisant l’importateur de détenir une licence de distribution.
À chaque État fédéral, une législation spécifique Afin de contrôler au mieux les flux d’alcool revendus sur leur territoire, certains États imposent un seul et unique distributeur par référence de produit (“Franchise States”). Certains États appliquent également la “Primary source law”, imposant que ne soit désigné qu’un seul importateur par marque ou par étiquette, obligeant les distributeurs de l’État à ne s’approvisionner qu’auprès de cet importateur. À ce titre, il convient pour le fournisseur de connaître la législation applicable de l’État dans lequel ses vins seront commercialisés afin de respecter l’exclusivité pouvant être légalement exigée. Lorsque le producteur désigne un importateur comme “primary source of supply”, il permet à ce dernier d’agir en qualité de son représentant légal et lui transfère tous ses droits sur la distribution de ses produits mais également la possibilité de modifier une étiquette, en y apposant notamment le logo d’importation. Enfin, quelques États tels que celui de New York ou le Kansas interdisent de vendre du vin à des non-cavistes ou marchands de vins. Tel ne sera pas le cas en Californie ou la vente est tolérée plus largement, notamment dans des supermarchés alimentaires. ) Anaïs HUYSMANS Service juridique de conseil à la commercialisation du Syndicat des Côtes-du-Rhône * En 2014, Ubifrance “North America” a constaté des marges de 30 % en moyenne pour l’importateur, 30 % à 40 % pour le distributeur et 30 % à 50 % pour le détaillant.
Droit Fédéral
1er tiers : fournisseur Importateur/Producteur
Droit Fédéral +
2e tiers : grossiste Distributeur
Droit de l’État d’importation
3e tiers : détaillants/ revendeurs CHR/GMS, supermarchés, cavistes
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VITICULTURE
Véritable fléau, les maladies du bois de la vigne sévissent dans tous les vignobles. Quelles sont-elles ? Comment peut-on les prévenir et quelles sont les pistes de recherche pour pouvoir, peut-être un jour, les combattre efficacement ?
Maladies du bois de la vigne : Un fléau pour le vignoble ) Philippe LARIGNON (Institut français de la vigne et du vin, Pôle Rhône Méditerranée)
L
ES maladies du bois de la vigne d’origine cryptogamique peuvent mettre en péril l’outil de production des viticulteurs et, par conséquent, la pérennité de leur exploitation. Ces maladies affaiblissent et/ou détruisent la charpente de la souche ce qui entraîne le plus souvent la mort du cep. Selon l’enquête menée en France entre 2003 et 2008, la perte moyenne de surface productive varie de moins de 4 % à plus de 15 % selon les situations régionales et se situe autour de 11 % du vignoble français en 2008 (source DGAL). Des enquêtes ont été réalisées dans quelques régions françaises pour estimer les pertes économiques occasionnées par les maladies du bois. En Indre et Loire, elles entraînent chaque année des dégâts estimés entre 12 et 14 millions d’euros (source : Les vignerons de la Touraine) ou encore dans le Gers à des pertes annuelles évaluées à 13 millions d’euros (source : Chambre d’agriculture du Gers). La charge financière que représente le remplacement des pieds morts est estimée au minimum à 2 millions d’euros par an pour la filière bourguignonne, sans compter la perte de récolte (source Chambre d’agriculture de Bourgogne). Outre les dégâts importants que provoquent les maladies du bois sur la pérennité du vignoble, elles conduisent également à des modifications de la qualité des vins. Des études ont montré que l’eutypiose entraîne une perte des arômes variétaux chez le sauvignon, même légèrement atteint. L’esca/ Black dead arm (BDA) affecte la composition phénolique des grappes et décroît la qualité organoleptique des vins. La recrudescence
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de telles maladies dans le vignoble français est fortement liée à l’interdiction de l’arsénite de sodium en novembre 2001, seule molécule efficace à l’égard de l’esca et du BDA, du fait de sa toxicité non seulement pour l’homme mais aussi pour l’environnement. Sa suppression inquiète d’autant plus les viticulteurs comme le montrent de récentes manifestations ou interventions politiques à l’Assemblée nationale, qu’aucune méthode de lutte de remplacement ne leur a été proposée. La difficulté de ne pas avoir trouvé de solutions depuis l’interdiction de l’arsénite de sodium est liée à plusieurs facteurs : a La complexité de ces maladies se manifestant sous différentes formes dans le vignoble et impliquant plusieurs pathogènes, tout cela associé à l’implication d’autres facteurs encore peu connus d’origine biotique ou abiotique, b La durée très longue des expérimentations pour mettre en évidence une éventuelle efficacité d’un produit ou d’un itinéraire technique, les symptômes ne se manifestent le plus souvent qu’à partir de 7 ou 8 ans après la plantation, c Les agents pathogènes se développent dans les tissus ligneux de la plante et, par conséquent, sont difficiles à atteindre contrairement aux agents pathogènes qui touchent les organes herbacés comme l’oïdium ou le mildiou par exemple.
21 Eutypiose, esca et Black dead arm sont les trois principales maladies du bois qui sévissent dans les vignobles français.
Un trio dévastateur L’eutypiose se manifeste par le rabougrissement des rameaux (entre-nœuds courts) qui présentent des feuilles chlorotiques, crispées, déchiquetées avec des nécroses marginales qui peuvent se généraliser sur l’ensemble du limbe, et parfois d’inflorescences desséchées ou de grappes millerandées. Elle se traduit également par la mort d’un bras, d’où le nom de maladie du bras mort. Dans le bois, elle montre la présence d’une nécrose brune et dure en position sectorielle. L’agent responsable de cette maladie est Eutypa lata. Caractéristique L’esca présente une forme lente caractéridu Black dead sée par des taches nécrotiques bordées d’un arm, la bande brune située sous liseré jaune sur les feuilles. À des stades plus avancés, ces nécroses sont plus importantes, l’écorce du bois ne laissant qu’une bande verte le long ; des nervures principales, ce qui donne un aspect tigré à la feuille. Elle peut toucher soit
: Symptômes d’esca sur feuille. ( Symptômes d’esca sur bois.
toute la plante, soit un seul bras ou encore quelques rameaux. Dans le bois, de telles plantes montrent différentes nécroses dont la plus caractéristique est une nécrose de couleur claire et de consistance tendre, connue sous le nom d’amadou. La formation de cette nécrose résulte de l’action successive de différents champignons : Phaeomoniella chlamydospora, Phaeocremonium aleophilum, Eutypa lata, différents Basidiomycètes comme Fomitiporia mediterranea. La Botryosphaeriose ou Black dead arm se manifeste dans le vignoble sous plusieurs formes : a Une forme sévère caractérisée par une défoliation des rameaux conduisant ou non à leur desséchement, b Une forme lente se traduisant par la présence de taches nécrotiques bordées d’un liseré sur les feuilles. à des stades plus avancés, ces nécroses sont plus importantes, ne laissant qu’une bande verte le long des nervures principales, ce qui donne un aspect tigré à la feuille. Les plantes affectées se caractérisent aussi par la mort de bras, de coursons ou encore par la présence d’une végétation affaiblie. Dans le bois, ces formes d’expression se caractérisent par la présence de chancres de
couleur grise et d’une bande brune située sous l’écorce partant du rameau atteint et pouvant descendre jusqu’au porte-greffe.
Une forme apoplectique Pour chacune de ces maladies, il existe une forme apoplectique. Elle est caractérisée par un flétrissement rapide de tout ou partie de la végétation. Le feuillage, les rameaux et les grappes se dessèchent en quelques jours. Contrairement à la forme sévère de la Botryosphaeriose, les feuilles sont desséchées sur les rameaux. Dans le tronc de telles plantes, différentes nécroses sont observées seules ou en association : la nécrose de l’eutypiose, celle caractéristique de l’esca ou encore celle provoquée par les champignons de la famille des Botryosphaeriaceae. Elle est usuellement rencontrée lors de périodes sèches ou de forts vents. Elle est due à une forte évapotranspiration qui n’est plus compensée par un afflux en eau suffisant à cause d’une faible quantité de bois fonctionnel. L’apoplexie peut être due à d’autres causes telles le pourridié, le pied noir, l’excoriose, l’étranglement du porte-greffe par le greffon, la réalisation d’une très mauvaise taille, etc. >>>
: L’eutypiose peut se traduire par la mort d’un bras, d’où le nom de maladie du bras mort.
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VITICULTURE
De nombreux travaux de recherche sont actuellement menés dans le monde pour lutter contre les maladies du bois, à la fois pour les prévenir mais aussi pour les guérir. Tour d’horizon.
Une recherche active à travers le monde Dans l’objectif d’aider la viticulture à sortir de cette impasse technique, il est important d’apporter des moyens de lutte aux viticulteurs pour contrôler ces maladies, qui doivent être efficaces, respectueuses de l’environnement et économiquement acceptables pour les exploitations. L’aboutissement de ces recherches doit impérativement permettre de préconiser des méthodes prophylactiques et préventives (protection des voies de pénétration des champignons dans la plante au moyen de substances chimiques ou biologiques, éradication des sources d’inoculum, retard de leur développement au sein de la plante), de préconiser des pratiques culturales ou des itinéraires techniques pour limiter leur incidence, de proposer des méthodes de lutte curatives (pesticides, produits biologiques, stimulateurs des mécanismes de défense de la plante) ou d’apporter à plus long terme des variétés plus tolérantes à ces dépérissements (amélioration génétique). La stratégie choisie est située à deux niveaux, l’une n’excluant pas l’autre : action directe sur les agents pathogènes, action menée sur la plante pour limiter l’expression foliaire ou la mortalité. Le premier axe de travail concerne la recherche de méthodes de lutte qui ont une action directe sur les champignons associés aux maladies du bois. L’objectif étant d’empêcher leur pénétration dans la plante, leur développement dans les tissus ligneux ou d’éliminer leur inoculum. Les voies choisies pour atteindre ces objectifs sont : a La production de matériel sain en pépinières, b La protection des voies de pénétration par des produits biologiques ou phyto-pharmaceutiques, c La limitation de leur développement dans le cep, d L’éradication des sources d’inoculum,
e La recherche de systèmes de conduite limitant les contaminations ou l’amélioration de la prophylaxie en détectant les ceps malades avant l’extériorisation de symptômes, f La réalisation de modèles prédictifs construits à partir de plusieurs paramètres (facteurs pédoclimatiques, pratiques culturales). La réalisation de ce travail nécessite des connaissances plus approfondies : déterminer les cycles biologiques des champignons en pépinières et dans le vignoble ; identifier les produits chimiques ou biologiques ayant une activité biologique à l’égard des champignons ; connaître le microbiote rencontré au sein des ceps asymptomatiques comparés à des ceps malades dans l’objectif d’identifier une microflore protectrice ; identifier les facteurs pédoclimatiques en relation avec les pratiques culturales qui ont une incidence sur l’extériorisation des symptômes et la mortalité.
Rechercher des méthodes de lutte Le deuxième axe stratégique porte sur la recherche de méthodes de lutte qui ont une action directe sur la plante. Ce travail nécessite des connaissances plus approfondies sur les facteurs environnementaux (facteurs biotiques comme la fertilisation, l’enherbement, les porte-greffes, la densité, l’irrigation…, facteurs abiotiques comme le climat, le sol…), l’objectif serait de “jouer” sur les facteurs impliqués pour limiter l’expression foliaire ou la mortalité. Il concerne également la recherche de méthodes de lutte renforçant ces mécanismes de défense. La compréhension de l’interaction entre la plante
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et les agents pathogènes (identification des voies métaboliques touchées, identification des déterminants du pouvoir pathogène) est tout à fait nécessaire pour atteindre cet objectif. Ces recherches portent également sur l’identification des marqueurs de tolérance par comparaison de variétés sensibles et plus tolérantes qui seront utilisés dans le cadre de l’amélioration génétique (création de variétés tolérantes aux maladies du bois). Ces actions sont menées dans le cadre de différents programmes de recherche financés par FranceAgriMer national ou régional, le Casdar, les Interprofessions, la Fondation Poupelain, les Régions ou Interreg, et l’Union européenne. À côté de ces programmes de recherche, des initiatives privées ont vu le jour portant sur la recherche de procédés, de micro-organismes ou de substances naturelles efficaces à l’égard des maladies du bois. Ces entreprises travaillent en étroite collaboration avec les organismes de recherche et de développement. Plusieurs groupes de recherche se sont mis en place en France suite à l’interdiction de l’arsénite de sodium en novembre 2001. Ces groupes pilotés par l’IFV sont constitués de chercheurs et de techniciens de différents organismes et de diverses régions françaises. À côté de ces groupes, les acteurs se réunissent aussi lors de réunions de pilotage de programmes nationaux (AAP Casdar 2014 – 2016). À l’échelle européenne, une plateforme d’échanges, mise en place en novembre 2013 dans le cadre d’un COST (COST FA 1303 intitulée Gestion durable des maladies du bois de la vigne 2013-2017), regroupe environ une centaine d’experts
: Une vigne trop productive est plus sensible aux maladies du bois. © Inter Rhône
23 L’ARSÉNITE DE SODIUM DE NOUVEAU À L’ÉTUDE Les composés arsénicaux utilisés tout d’abord chez la vigne comme insecticides envers les pyrales, les altises, les vers de la grappe… ont montré une certaine efficacité à l’égard de l’esca au début du XXe siècle. Le premier emploi d’un tel produit a été réalisé par M. Arnal, droguiste à Carcassonne, qui présenta à la Société d’agriculture de l’Aude en 1903 une émulsion à base d’arsenic avec laquelle il badigeonna trois cents ceps dont les trois-quarts périrent. Son efficacité contre l’esca fut observée l’année suivante après une reformulation. Ainsi, cette découverte a permis de contrôler cette maladie, qui mettait déjà en péril de nombreux vignobles à la fin du XIXe et au début du XXe siècle comme le soulignent des témoignages de l’époque. Cette découverte de première importance pour la sauvegarde de notre patrimoine viticole a eu pour conséquence l’arrêt des travaux de recherche à la fin des années 20. L’augmentation du coût du traitement suite à l’adjonction d’un répulsif pour protéger le gibier a incité à l’utilisation de panneaux récupérateurs de bouillies qui ont aussi permis de mieux respecter l’environnement en diminuant le taux d’arsénite épandu sur le sol. Au cours des années 80, de nouveaux travaux de recherche sur cette maladie ont été initiés en France à l’Inra de Bordeaux en raison de son éventuel retrait et de l’identification d’une autre maladie de la vigne, l’eutypiose. À savoir que les produits arsénicaux n’avaient aucun effet sur cette dernière maladie. En novembre 2001, ils furent retirés du fait de leur toxicité pour l’homme et l’environnement. Aujourd’hui, l’arsénite est de nouveau à l’étude pour comprendre son mode d’action envers ces maladies et trouver un produit de substitution ou un ensemble de moyens qui simulerait son action. Ce travail, effectué par une approche multidisciplinaire alliant pathologistes, physiologistes et chimistes, est financé par le ministère de l’Agriculture et le Conseil national des Interprofessions vinicoles (Cniv).
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ANTYS de 21 pays issus de différentes disciplines (agronomie, biochimie, chimie, écologie microbienne, épidémiologie, microbiologie, mycologie, pathologie, physiologie…). Ces experts viennent de centres de recherches et d’instituts techniques. Elle est complétée par la présence de sociétés phytosanitaires et de pépinières. Elle présente quatre grands thèmes : a Caractérisation des pathogènes, détection et épidémiologie, b Écologie microbienne, c Interaction hôte pathogène, d Méthodes de lutte. Son but est la mise en commun des méthodologies d’études (outils de diagnostic, modèles sur boutures, etc.), l’harmonisation des expérimentations pour évaluer des stratégies pour limiter les maladies du bois, la mise en collection des différents agents pathogènes dans une banque européenne, etc. Elle permettra également de créer une synergie entre la recherche et l’industrie phytosanitaire et construire un lien plus fort avec la profession. Au niveau international, un groupe de travail (ICGTD) a été mis en place en 1998 et regroupe une centaine de chercheurs venant de tous les pays viticoles. Il se réunit tous les deux ans. Le dernier congrès était à Adelaïde (Australie) en novembre 2014.
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VITICULTURE
Faute de moyens de lutte, on peut néanmoins limiter la propagation des maladies du bois en adoptant certaines pratiques culturales.
de plus de 25 ans, cette technique apparaît relativement délicate et hasardeuse. Ces deux techniques permettent de reconstituer en deux ans un cep bénéficiant du potentiel qualitatif initial de la vendange. La troisième technique, le curetage, a été récemment remise au goût du jour par la Sicavac. Utilisée depuis l’Antiquité par les vignerons, elle consiste en l’ouverture des pieds malades pour rendre visible les tissus ligneux dégradés par l’action des champignons. Ce bois mort, semblable à l’amadou, est ensuite retiré et la souche est laissée ouverte.
Comment lutter contre les maladies Les mesures prophylactiques du bois ? et préventives © Pascal Xicluna-Min. Agri.
Aujourd’hui, aucune méthode chimique n’existe pour contrôler les maladies du bois. Le seul produit efficace à l’égard de deux de ces maladies (esca, BDA) était l’utilisation de l’arsénite de sodium (voir encadré) qui fut retirée en novembre 2001 en raison de sa toxicité envers l’homme et l’environnement. Actuellement, elles peuvent être cependant limitées au moyen de différentes techniques basées le plus souvent sur les pratiques culturales.
La restauration des souches Plusieurs techniques permettent de restaurer les souches malades. Il s’agit du recépage, du regreffage ou du curetage. La première technique doit être utilisée dès l’apparition des premiers symptômes. Elle consiste à couper le tronc à un niveau suffisamment bas pour que les nécroses ne soient plus visibles. Après le démarrage des gourmands un tuteurage est nécessaire. Si l’opération est effectuée en hiver, il est important de protéger la plaie avec un mastic. De nombreux cépages se prêtent bien à cette technique si l’opération est réalisée correctement. Elle peut se faire de façon systématique. Pour les cépages pour lesquels il est difficile d’obtenir des gourmands, il faut réaliser cette technique uniquement sur des plantes qui en présentent. La deuxième technique, le regreffage, ne doit être utilisée lorsque la nécrose arrive au niveau de la soudure et ne descend pas dans le portegreffe. Elle peut être aussi utilisée pour les cépages pour lesquels les gourmands sont difficiles à obtenir. Pour des vignes âgées
Pour empêcher les contaminations des ceps par les champignons, il est essentiel de conjuguer plusieurs méthodes. Les premières mesures à prendre en considération sont les méthodes prophylactiques. Elles consistent à éliminer les bras morts, les ceps morts laissés sur place dans les vignes et les tas de souches à proximité des parcelles. Cette mesure doit être réalisée avant la taille. Le bois mort peut être porteur de l’inoculum qui peut infecter les plantes saines. À noter que les méthodes de restauration des souches permettent d’éliminer de façon conséquente l’inoculum dans une parcelle. La deuxième mesure est de tailler les cépages sensibles le plus tard possible. La taille doit être effectuée le plus tard possible au moment de la montée de la sève lorsque les blessures sont moins réceptives au champignon. Cette mesure n’est efficace que pour l’eutypiose. La taille tardive n’a aucun effet sur l’esca et la Botryosphaeriose. Certains systèmes de taille peuvent limiter l’eutypiose. Pour les deux autres maladies, aucun effet n’a été constaté. Pour éviter les contaminations du cep par les champignons, les plaies doivent être protégées aussitôt après la taille. Seul leur badigeonnage peut avoir une certaine efficacité. Cependant, cette technique est contraignante pour le viticulteur en attente d’une solution plus facile. L’application d’un produit par pulvérisation ne pourra pas être efficace car la quantité de produit ne sera pas assez suffisante. Elle sera diluée par les pluies, de plus, les unités contaminatrices iront au-delà de la barrière fongicide. Le seul produit homologué à l’égard des maladies du bois, l’esquive, est un produit à base d’un microrganisme, le Trichoderma atroviride. Actuellement, aucune expérimentation n’a montré au champ sa réelle efficacité sur l’eutypiose. Elle limiterait cependant l’extériorisation des formes apoplectiques lorsque les traitements sont associés à des mesures prophylactiques. Des expérimentations sont toujours en cours.
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Le remplacement des ceps malades Une solution pour lutter contre les maladies du bois est le remplacement des ceps malades. Cependant, cette technique n’est pas toujours facile à mettre en œuvre et ne mène pas toujours aux résultats escomptés (mortalité de la jeune plante, retard de la production de telles plantes). Ces difficultés sont liées à la concurrence des autres souches au système racinaire très développé, à l’état du sol (compactions), aux maladies (jeunes plantes se trouvant dans la zone hors d’atteinte des traitements phytosanitaires), à la fragilité face aux travaux mécanisés. Cette technique nécessite donc une attention tout à fait particulière et engendre par conséquent un coût important pour le viticulteur : tuteurage et protection des plants contre les lapins et herbicides, risque d’échaudage à l’intérieur des protections en cas de fortes chaleurs, refuge pour les escargots (responsables de gros dégâts sur les bourgeons au printemps), arrosage des jeunes plants si nécessité… ( Certaines pratiques culturales comme le regreffage permettent de restaurer les souches malades.
Autres conseils • Ne pas désinfecter les outils de taille pour lutter contre les maladies du bois. Les champignons ne se propagent pas par les sécateurs comme l’ont montré les études réalisées à l’IFV et à l’Inra de Montpellier et de Bordeaux. • Bien respecter les traitements, notamment à l’égard de l’excoriose car l’agent responsable de cette maladie peut jouer un rôle important directement ou indirectement sur les maladies du bois. • Respecter la charge. Une vigne trop productrice est plus sensible aux maladies du bois. Q
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ŒNOLOGIE
Face à la nécessité d’approfondir les connaissances sur les conditions de contamination d’un vin par les levures Brettanomyces, Inter Rhône coordonne un Groupe national de recherche.
Brettanomyces : la lutte s’organise ) Virginie SERPAGGI (Chargée de Recherche, Inter Rhône)
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A CONTAMINATION des vins par la levure Brettanomyces reste une problématique importante pour la filière vinicole française. Cette levure provoque une altération organoleptique importante, apportant au vin des odeurs définies comme “sueur de cheval” ou “écurie”. Dans un contexte concurrentiel mondial important, où l’export tient un rôle de plus en plus grand, la filière vinicole française ne peut se permettre de proposer des produits à défauts aux consommateurs du monde entier. Or, malgré les connaissances déjà acquises sur Brettanomyces et sa production de phénols volatils, les contaminations et les dévalorisations organoleptiques de vin en France ne diminuent pas. Ce constat met en avant le besoin urgent d’approfondir les connaissances sur les conditions de contamination d’un vin par Brettanomyces, et évidemment de créer des outils simples et efficaces de lutte contre cette levure, aussi bien au laboratoire qu’en cave.
Mieux connaître la levure Brettanomyces Dans ce contexte, Inter Rhône coordonne depuis août 2014 un groupe national de recherche sur cette problématique. Ce programme financé par FranceAgriMer devrait durer trois ans et compte divers partenaires : Inter Rhône, la cellule de transfert Microflora de Bordeaux, le groupe ICV, le laboratoire Dioenos Rhône, l’Institut français de la vigne et du vin (IFV), la Chambre d’agriculture de Gironde, l’Institut universitaire de la vigne et du vin (IUVV) de Dijon et l’Institut des sciences de la vigne et du vin (ISVV) de
Bordeaux. Ces différents partenaires travaillent ensemble sur la problématique en suivant différents axes de réflexion. Le premier axe de travail tourne autour de la biodiversité naturelle de cette levure et de l’étude de son métabolisme. Dans un premier temps, l’ISVV étudiera la diversité génétique d’une large collection d’isolats de Brettanomyces représentatifs de différentes régions de production. L’identification génétique des souches sera réalisée par la méthode de l’analyse des marqueurs microsatellites développée à l’ISVV. La structure de la population sera établie et les liens génétiques et de parenté entre souches seront recherchés. Les travaux antérieurs montrant un lien entre proximité génétique et propriétés métaboliques des souches (notamment la résistance aux sulfites), cette première étape est essentielle afin de choisir les individus pour réaliser les tests phénotypiques. Ainsi, un sous-échantillon plus restreint d’une cinquantaine de souches, représentatif des groupes génétiques et régionaux, sera constitué pour la mise en œuvre des tests phénotypiques (production d’éthyl-phénols, métabolisme des sucres). De même, Inter Rhône étudiera l’impact simultané de divers facteurs (sulfites, température, pH, sucres, lies et alcool) sur la croissance de trois souches différentes de Brettanomyces. Et l’IUVV testera la résistance de diverses souches de Brettanomyces vis-à-vis de concentrations en sulfites variées en fonction de la population de levures présentes dans le milieu. L’état “viable non cultivable” (VNC) en relation avec les conditions de croissance sera également étudié par Inter Rhône et l’IUVV, et la capacité des cellules VNC à produire des phénols volatils sera précisée par le travail de l’ICV. Les données de diversité génétique seront ainsi confrontées aux données métaboliques.
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L’objectif étant de mieux comprendre la biologie de cette espèce (mode de reproduction, mode de dissémination) à échelle nationale et régionale et les facteurs influençant sa croissance, afin de proposer des méthodes de lutte plus adaptées à chaque cas.
Améliorer les méthodes de détection Le deuxième axe de travail du groupe a pour objectif de confronter et de faire évoluer les méthodes de détection de Brettanomyces actuellement disponibles dans les laboratoires. Pour cette partie, l’ICV, Microflora, l’IUVV et Inter Rhône travailleront main dans la main, afin de multiplier les répétitions d’analyses et les types de matrices testées. Chaque laboratoire travaillera avec des vins contaminés en Brettanomyces en laboratoire, ou bien naturellement contaminés, récupérés sur le terrain. Ces vins permettront de déterminer la pertinence des différentes méthodes de détection et quantification de Brettanomyces actuellement sur le marché, et surtout en fonction de l’état physiologique de la levure après un traitement visant à l’éliminer (sulfitage, chitosane, flash pasteurisation…). En effet, il existe très peu de données sur cet aspect, et il est parfois difficile pour le professionnel, et même pour le laboratoire, de choisir l’analyse la plus appropriée en fonction du moment auquel celle-ci intervient dans le processus de vinification. Dans cet axe doit également être développée une méthode de détection par cytométrie en flux spécifique de Brettanomyces. Basée sur la méthode d’hybridation in situ développée à l’IUVV, cette technique sera améliorée afin d’obtenir un test plus rapide et optimisé au maximum.
Mesurer l’influence des conditions de vinification Enfin, le dernier axe de ce programme étudiera l’influence des conditions de vinification sur le risque Brettanomyces et apportera des outils concrets dans la maîtrise de cette contamination en conditions pratiques dans
; Depuis 2014, Inter Rhône coordonne des équipes de recherche et acteurs de la ÄSPuYL KLZ WS\Z pertinents sur la problématique “Brett”. © Inra Dijon, Virginie Serpaggi
27 les caves. Ce travail commencera à partir de septembre 2015 et sera réalisé en parallèle par la Chambre d’agriculture de Gironde, l’IFV de Beaune et Inter Rhône. Chaque partenaire travaillera avec plusieurs domaines dans le but de suivre pendant toute une année plusieurs cuvées, de la récolte à la mise en bouteille. Dans chaque site, un suivi rigoureux sera réalisé grâce à divers outils de gestion du risque Brettanomyces disponibles sur le marché, et à partir de la traçabilité des opérations et d’analyses microbiologiques et chimiques sur les moûts et les vins. Le but étant d’établir une logique “anti-brett” sur les sites de production, intégrant les habitudes de travail et le style de vin produit. Les clés sont la maîtrise des fermentations, la maîtrise des règles et des procédures d’hygiène, le contrôle microbiologique et la connaissance en microbiologie en lien avec les autres partenaires du groupe et avec les résultats déjà obtenus au cours du projet.
Des objectifs bien identifiés
© Inra Dijon, Virginie Serpaggi
: Brettanomyces est une levure très répandue, présente dans les chais, dans les endroits mal nettoyés (caniveaux, robinets..) et parfois même sur les raisins.
En trois ans de travail, ce projet permettra : • D’apporter de nouvelles connaissances sur la biodiversité de Brettanomyces, sa répartition génétique au sein du territoire français, • De compléter les données sur les facteurs influençant le développement de cette levure dans le vin, afin de mieux comprendre les phénomènes de résistance observés dans certaines conditions, • D’étudier les performances de diverses méthodes de détection et de quantification de Brettanomyces en laboratoire, afin de développer des outils d’aide à la décision pour le choix analytique en fonction des moyens (financiers, matériels et techniques) et des besoins des professionnels, • De développer et d’optimiser des méthodes de détection innovantes, prenant en compte tous les états métaboliques de la levure et permettant ainsi de s’assurer une détection optimale, • De mettre en place des modifications d’itinéraires spécifiques pour la vinification et l’élevage en fonction des risques et des contaminations détectées, • De créer un document de préconisations en cave et des outils d’aide à la gestion de Brettanomyces pour limiter sa présence et son développement quel que soit le profil de produit souhaité. Ce projet regroupe les équipes de recherche et les acteurs de la filière les plus pertinents sur cette problématique, répartis sur la majorité des régions françaises de la filière vinicole. De cette union ressortira donc un travail complet et approfondi, aboutissant à de nouvelles connaissances pour les chercheurs et des outils pratiques pour les techniciens du vin qui en manquent cruellement Q aujourd’hui.
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cho des vignobles CRUS DES CÔTES-DU-RHÔNE
Une promesse en guise de bilan pour Roger Gleize
[Vinsobres] Vinsobres n’est pas encore Hollywood, mais le Comité des vignerons a exploré quelques facettes d’un grand succès, lors de son assemblée générale du 30 janvier 2015, avec de l’émotion, du suspense et du spectacle. C’est en effet avec une émotion certaine que Roger Gleize a conduit sa dernière assemblée au terme de son mandat de trois ans. Comme l’a souligné Pierre Bonnefoi, le vice-président, à l’issue de la réunion, Roger Gleize a largement œuvré pour relancer le Cru et redonner de la cohésion au Comité. Président de La Vinsobraise pendant près de dix ans et administrateur au Comité pendant aussi de nombreuses années, c’est tout naturellement et avec beaucoup de reconnaissance, que les vignerons de Vinsobres lui ont offert, pour lui et son épouse, un séjour pour la destination de leur choix. Auparavant, plusieurs intervenants se sont succédé pour présenter les nombreuses actions mises en place sur l’appellation. Biljana Arsic (Syndicat général) a détaillé le travail réalisé pour le contrôle interne, complété par Anna Thoburn, vice-présidente, pour le contrôle externe. Le Plan d’inspection est en cours de modification pour intégrer
le contrôle produit post-mise en bouteille.
: Roger Gleize laisse un ODG dynamique et tourné vers l’avenir.
Une forte progression des sorties Le trésorier, Aurélien Aubert, est ensuite revenu en détail sur les comptes du Comité avec, notamment, l’annonce d’une baisse de la cotisation ODG de 0,50 €. Il s’agissait aussi pour lui de sa dernière présentation puisqu’il quitte le Comité après s’être fortement impliqué pour dynamiser l’appellation. Christelle Magnard, secrétaire du Comité, a présenté les bons résultats pour l’utilisation de la bouteille
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syndicale avec une progression de plus de 50 % sur 2014. Cette dynamique fait notamment écho à la situation économique du Cru, développée par Dominique Toillon (Inter Rhône) qui montre une forte progression des sorties avec notamment une augmentation de près de 40 % des volumes vrac. Cette année marque aussi une revendication record pour le Cru avec près de 20 000 hl sur le millésime 2014. Au niveau technique, la prospection flavescence dorée se poursuit comme l’a expliqué Clémence Tijou de la FDGDON de la Drôme. Pierre Bonnefoi a quant à lui exposé la mise en place d’une commission Safer au sein du Comité afin de travailler sur la gestion du foncier. Cette initiative a notamment été saluée par Marie Pierre Monier, sénatrice-maire de la commune. Au niveau de la Section interprofessionnelle, l’activité a été importante, comme l’a rappelé Pascal Jaume, co-président de la Section, suivi d’Aurélie Grellet (Inter Rhône). Les retombées presse sont de plus en plus nombreuses et, pour la première fois, Jeb Dunnuck du Wine Advocate est venu spécifiquement à Vinsobres déguster les vins. Cette dynamique marque aussi une forte volonté de renforcer la promotion
Promulgué en 2006, Vinsobres est le seul Cru des Côtes-du-Rhône en Drôme provençale. ;
de l’appellation. Et 2014 a été très riche de ce point de vue là. De belles manifestations se sont ainsi enchaînées avec la Balade gourmande des terroirs, les Nuits diviniques ou encore le Ban des vendanges. Pour clôturer cette assemblée, les vignerons ont pu apprécier la projection de la nouvelle image du Cru, développée par l’agence Le Marsographe, qui dévoile de belles promesses pour l’appellation Vinsobres. Pascal Jaume a souhaité cependant ménager le suspense car quelques éléments restent encore à affiner. Il a donné rendez-vous pour une présentation officielle vers la fin mars 2015, une invitation à noter en bonne place pour un moment intense et authentique, à l’image des vignerons et vigneronnes de Vinsobres. ) Marc OUVRIÉ
@ DERNIÈRE MINUTE Les membres du Conseil d’administration ont élu, le 6 février 2015, Pierre Bonnefoi à la présidence du Comité des vignerons de Vinsobres.
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EN BREF…
BEAUMES DE VENISE
Cartons pleins pour le Marché [Ampuis] Pour sa 87e édition, le Marché aux vins d’Ampuis (2326 janvier 2015) a fait salle comble avec plus de 14 000 visiteurs. Il faut bien avouer que le choix fut tentant, puisque 60 domaines et maison de négoce présentaient plus de 200 vins à la dégustation et dans des crus aussi prestigieux que Côte Rôtie, Condrieu, Saint Joseph, Cornas, Saint Péray, Crozes Hermitage et Hermitage. Lors de la journée inaugurale, Gilles Barge, président du Syndicat des vignerons de Côte Rôtie, a offert la médaille “Côte Rôtie” ainsi qu’un magnum de son Domaine, un Côtes-du-Rhône rouge 2013 à l’invitée d’honneur, Élisabeth Ayrault, présidente de la Compagnie nationale du Rhône. Puis, il a appelé Philippe Pellaton, président du Syndicat général des Côtes-duRhône et Catherine Armenier représentant l’ODG Châteauneuf du Pape pour les féliciter de leurs efforts et de leur persévérance qui ont permis le retour de l’AOC Châteauneuf du Pape au sein de la famille Côtes-du-Rhône. Ils ont également reçu la Cuvée “Sérine” du Domaine Barge. L’étiquette humoristique a été créée par Charb, dessinateur et directeur de publication de Charlie Hebdo, assassiné le 7 janvier 2015 lors de l’attentat perpétré au Journal.
: Gilles Barge (à g.) a offert la Cuvée Sérine à Catherine Armenier, Philippe Pellaton et Élisabeth Ayrault.
Pour clôturer l’événement, un concours des Côte Rôtie des deux derniers millésimes à la vente a été organisé avec vingt professionnels. Voici les résultats Millésime 2012: Domaine Garon (or) – Domaine Christophe Semaska (argent) – Domaine Mouton (bronze). Millésime 2013 : Domaine Garon (or) – Domaine Christophe Semaska (argent) – Domaine Pichat (bronze).
Et vous, vous faites quoi après le travail ? En 2015, le Cru Beaumes de Venise s’invite à Avignon en proposant ses “After Work”. Ces séances de dégustation sont ouvertes à tout épicurien curieux souhaitant en savoir plus sur les AOC Beaumes de Venise. Elles se dérouleront à la Maison des vins d’Avignon de 18 heures à 20 heures, les 7 avril (les 3 terroirs du Cru), 19 mai (Verticale sur 10 ans), 23 juin (Muscat et fruits d’été), 6 octobre (accord avec le chocolat) et 17 novembre (menu de fêtes). 25 € l’atelier – Renseignements au 04 90 36 11 26.
RASTEAU : Charb, dessinateur à Charlie Hebdo, a signé l’étiquette de la Cuvée Sérine du Domaine Barge.
Incontournable, le Marché d’Ampuis voit ses allées bondées durant quatre jours. ;
L’assemblée générale du 9 février 2015 de l’ODG Rasteau suivie du conseil d’administration a désigné Frédéric Julien nouveau président. Le bureau est constitué des vice-présidents Jean Pierre Bertrand et Thierry Eysseric, de la secrétaire Réjane Pouzoulas, du trésorier Robert Charavin et des trésoriers adjoints Karine Biscarrat et Gilles Ferran. Les administrateurs sont : Laurent André, Élodie Balme, Jean Marc Brun, Mickaël Goliard, Guillaume Long, Julie Paolucci, Nicolas Peyre, Réjane Pouzoulas, Michel Rancelli et Laurent Robert.
VACQUEYRAS
En ce début 2015, les responsables du *Y\ ZL ZVU[ Ä_t WS\ZPL\YZ VIQLJ[PMZ LU matière de communication. Le premier est de faire évoluer l’image Vacqueyras sur un segment toujours plus haut. Ce travail KL ¸]PZPIPSP[t¹ H t[t JVUÄt H\ JVUZ\S[HU[ marketing Étienne Laporte. Ensuite, le Syndicat accueille jusqu’au 19 juillet sa première stagiaire, Alexandra Berthet-Rayne, étudiante en quatrième année d’école de commerce qui aura notamment pour mission le développement des réseaux sociaux. Signalons également la participation du Cru à DVR et, plus précisément, une master class sur le thème “Une mosaique de terroirs pour une multitude de saveurs”, le 4 mars au Rouge-Gorge (Avignon) avec déjà plus KL WYVMLZZPVUULSZ PUZJYP[Z ,UÄU S»(6* Vacqueyras sera pour la première fois présente à Prowein du 15 au 17 mars 2015.
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ÉCHOS DES CÔTES-DU-RHÔNE & CÔTES-DU-RHÔNE VILLAGES
Un vin de mémoire [Sablet] Depuis de nombreuses années, un important travail au vignoble est réalisé par les coopérateurs du Gravillas à Sablet. La Cuvée “Mémoire de Vignerons” en est le résultat tangible. Pour cette cuvée, un Côtes-du-Rhône Villages Sablet 2012 a été élaboré à partir d’une sélection de très vieilles vignes (+ de 40 ans) de grenache vendangées manuellement. La vinification (18 jours de cuvaison) a permis de valoriser le potentiel du terroir, et l’élevage en bouteilles, d’exprimer l’équilibre et la maturité. L’habillage a été lui aussi soigné : une bouteille haut de gamme dont la présentation, classique et riche, affirme un caractère
très fort et serein (modèle Divine de chez Saverglass). Destinée aux cavistes, à l’exportation ainsi qu’au CHR, “Mémoire de vignerons” complète harmonieusement la gamme “Terroirs” du Caveau parmi les Côtes-du-Rhône Villages Séguret, Plan de Dieu ainsi que les appellations Gigondas et Rasteau en VDN sans oublier les Côtes-du-Rhône. Elle sera enrichie en 2015 d’une grande sœur en Cru Gigondas au potentiel de garde significatif. Le millésime 2014 a apporté beaucoup de satisfactions aux vignerons, que ce soit sur le volume de récolte que sur la qualité globalement excellente. Ce millésime a fait “phosphorer” en cave. Après
Jean Dieu a rendu les clés de la Cave… ( Lors de son départ à la retraite, Jean Dieu a reçu les médailles de la Coopération et du Mérite agricole.
[Villedieu] Depuis 1982, date à laquelle il a intégré le conseil d’administration de la Cave Les Vignerons de Villedieu-Buisson, jusqu’à cette fin janvier 2015, Jean Dieu aura été un coopérateur engagé. Président de l’établissement en 1992, il a su veiller aux destinées des 160 coopérateurs qui lui ont toujours renouvelé leur confiance. Il a préféré attendre l’assemblée générale pour annoncer son départ à la retraite. De ces vingt-trois années de présidence, il retient la chance d’avoir eu Jean Pierre Andrillat comme directeur à ses côtés. Entré en 1983 et toujours là aujourd’hui, avec lui
et un bureau motivé, il se remémore les nombreux investissements indispensables qui ont été engagés. Parmi ceux-ci, il évoque volontiers l’équipement pour le “thermo flash”, technique pour laquelle la Cave fut l’un des précurseurs dans la région. “Une cave très tôt en avance dans beaucoup de domaines” commentet-il. L’ex-président cite également la vinification de domaines et leur valorisation commerciale qu’elle réalise depuis trente ans (Domaine des Fouquettes et Domaine des Hautimanes). De même, pour la culture bio, elle est reconnue depuis longtemps comme l’une des rares à en produire plus de 50 %. De trois
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: Les dirigeants et le personnel du Gravillas découvrent la Cuvée “Mémoire de vignerons”.
les vinifications, les vins sont d’une très belle tenue avec beaucoup d’intensité et de richesse. Pour les vendre, la Cave continue à développer ses réseaux et, notamment, ses relations commerciales avec ses partenaires que sont Terranéa (Piolenc) et Vins et Terroirs export (Vacqueyras). ) Marc OLIVIER
vignerons en 1983 à 30 vignerons en 2014, l’essor a été permanent. Cela a permis d’amortir les chocs et d’être toujours là “en bonne santé”. Les vignerons en bio se réunissent fréquemment pour conforter leurs expériences, suivis par la technicienne, Aurélie Macabet. Aujourd’hui, 67 % de la production est réalisée en bouteilles, Bib© et petit vrac. Ces vins sont vendus par des agents aux cavistes, grossistes, CHR et GMS. Le caveau participe lui aussi à cette dynamique. Quant à l’export, il est en progression, le bio étant très prisé en Allemagne et en Belgique, les ventes en Chine, États Unis et Canada et Grande Bretagne décollent pour tous les vins.
La coopération reste l’avenir “Rendre les clés d’une cave en état de marche avec des perspectives de développement” est une des fiertés de Jean Dieu. Son successeur, Olivier Bertrand, 36 ans, reprend les rênes de cette structure où l’esprit familial entre coopérateurs et employés représente un gage de pérennité. Jean Dieu reste optimiste quant à l’avenir de la viticulture à Villedieu car le renouvellement se réalise et les prix redeviennent rémunérateurs. Mais les contraintes imposées aux coopératives deviennent de plus en plus dures. “La coopération reste néanmoins le salut pour les
jeunes, en période de crise certes, mais aussi en période de croissance” remarque l’ex-président. Si, dans l’ensemble, il ne veut retenir que les bons moments il regrette notamment que le terroir de Villedieu ne soit pas reconnu à sa juste valeur. Il attend cependant de voir l’évolution du dossier d’accession en Côtes-du-Rhône Villages Villedieu. Lors de l’assemblée générale, le bureau lui avait réservé une belle surprise. En présence du maire de la commune Pierre Arnaud, Frank Alexandre pour le Crédit agricole et le Syndicat général des Côtesdu-Rhône, Jean Dieu a reçu de Joël Reynaud, président des caves coopératives de Vaucluse, la médaille de la Coopération et celle du Mérite agricole de Claude Haut, président du Conseil général de Vaucluse. ) Marc OLIVIER
d’infos Créée en 1939, la Cave Les vignerons de Villedieu-Buisson regroupe 160 coopérateurs pour une surface de 600 ha de vigne. Exercice 2013-2014 : 32 299 hl commercialisés (73 % en bouteilles, Bib© et petit vrac). Récolte 2014 : 43 800 hl soit plus de 30 % par rapport à la moyenne des dernières années. Répartition : Blanc : 8 %, Rosé : 20 % et Rouge : 72%. La Cave produit des IGP Vaucluse en rouge et blanc, des AOP Côtesdu-Rhône et Côtes du Rhône Villages dans les 3 couleurs, en bio ou conventionnel.
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Coup de foudre à Saint Marcel d’Ardèche En 1422, Raymond Saladin achète un plantier de vigne à Saint Marcel d’Ardèche. C’est l’acte de naissance du Domaine Saladin. Au cours des siècles, cet héritage se transmet de père en fils et de père en filles.
M
arie Laurence et Élisabeth Saladin sont aujourd’hui, à la tête d’un vignoble familial de 17 ha. Un domaine cultivé en bio depuis toujours. Par nécessité, quand la chimie fait son apparition dans les années soixante et que les produits de traitement sont trop chers, puis par choix, lorsque Louis, le père, et Paul, l’oncle, décident de ne pas succomber au “progrès”. Des originaux ces “Saladin” qui, au fil des générations, achètent des terres de galets roulés difficiles à travailler avec le cheval, quand les autres se ruent sur les terres alluviales de la plaine à fort rendement. “Li Saladin saran riche quand li peiro se vendran” plaisantait Marcel Despeysses, maire de Saint Marcel de 1955 à 1971. Mais l’achat de parcelles éparpillées est fait en connaissance de cause. Depuis vingt générations, la famille cultive la vigne. Le choix des
“
Même dix ans après, j’ai toujours autant le trac quand arrive la vendange. sols pour saisir l’expression d’un terroir, la situation géographique des parcelles pour une culture bio, la vinification sans intrant, de la vigne à la cave tout a un sens. Ici, on ne contraint pas la terre, on vit à son rythme. On choisit la parcelle pour ce qu’elle peut donner et le mot “exploitation” n’a pas cours dans le vocabulaire familial. La citation saint-exupérienne “Nous n’héritons pas de la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants” trouve ici tout son sens tant la transmission
des savoir-faire est fondamentale chez les Saladin. Dans ce même esprit, Louis et Paul optent en 1965 pour la vente en direct et en bouteilles. à une période où le négoce achète les yeux fermés, les deux frères tournent le dos à la “facilité”. Visionnaires, peutêtre, indépendants certainement. Pour eux, être vigneron indépendant, c’est l’être pour tout : depuis la gestion du domaine jusqu’à la vente du vin. Pourtant, ce relais aurait pu ne jamais être passé. Diplômée de l’Isara Lyon (agriculture) et de l’ESDES Lyon (commerce), Marie Laurence et Élisabeth reviennent au domaine en 2003, en pleine crise, quand leur père subit une intervention chirurgicale qui le contraint au repos. La première rentre d’Argentine, la seconde est en partance pour l’Écosse, la vendange 2003 scellera l’avenir professionnel des deux sœurs. “C’est un coup de foudre. La nuit, je rêvais des cuves. C’était sensoriel. Les parfums, les couleurs, tout s’imposait à moi. Plus qu’un métier, j’ai décidé d’en faire ma vie” explique ( C’est en Marie Laurence. Une septembre 2003 fois leurs études terqu’Élisabeth et minées, 2004 pour Marie Laurence, Marie Laurence et SLZ ÄSSLZ KL 2005 pour Élisabeth, Louis et Annick Saladin, créent c’est le retour chez leurs premiers papa-maman avec vins. tout ce que cela comporte. Apprenant des Marcel Guigal et Richaud (“Nos maîtres de stage et nos anges gardiens du Nord et du Sud”), aidées dans les assemblages par Jean Louis Grippat, réputé à Tournon pour ses Saint Joseph et Hermitage, les filles se répartissent les tâches. Marie Laurence dans la cave “même dix ans après, j’ai toujours autant le trac quand arrive la vendange” et Élisabeth dans les vignes, qui compose avec les caprices de la météo pour rentrer le raisin à maturité, aidée de ses quinze vendangeurs. Dix ans au cours desquels elles apprendront de leur père les subtilités de la terre et de leur mère, Annick, l’art de recevoir. “C’est grâce à notre mère (anciennement restauratrice) qui a un sens aigu de l’accueil que nous avons cette relation avec nos clients. Aujourd’hui, nous avons des clients citoyens, des acheteurs épicuriens, des agents et des importateurs qui partagent nos convictions”
expliquent d’une même voix les deux sœurs. Et si on leur demande ce que signifie “être vigneron aujourd’hui”, elles répondent avec une complicité spontanée : “C’est exercer dix métiers en même temps, c’est se remettre en question à chaque saison, ce sont des rencontres humaines formidables avec les vignerons Saint Marcellois de notre génération comme Hélène et Catherine Thibon (Mas de Libian), Jean Luc Dorthe (Domaine de Couron), Frédéric Dorthe (Domaine du Chapitre), Fréderic Lambrois (Cellier du Moulas), Pierre Marc Allégre (Domaine Pierre Laine), Jean Pierre Chandeysson (Domaine Chandeysson), Amandine Dorthe (Domaine de l’Oliveraie), Sébastien Dumarché (Domaine des Champs Vermeil), Florence et Olivier Le Riche (Domaine des Accoles) qui arrivent de Bourgogne. C’est aussi rencontrer d’autres femmes et partager avec elles des expériences communes. Nous sommes heureuses de faire partie des Femmes Vignes Rhône et d’avoir créé en 2009 l’association nationale Femmes de vin, fédération qui regroupe toutes les associations régionales de femmes vigneronnes”. ) Christian CONIL
d’infos Petits paysans polyculteurs, la famille Saladin cultive l’olivier jusqu’en 1956, des cerisiers et des plantes aromatiques jusque dans les années 80. Ils sont aussi négociants en vin et en huile d’olive entre 1850 et 1914. De ce passé, Marie Laurence et Élisabeth conservent 10 ha de céréales bio, des cerisiers, des châtaigniers et 4 ha d’amandiers. Des 6 ha originels de vignes, le Domaine Saladin s’étend aujourd’hui sur 17 ha répartis en 25 macro-parcelles pour un rendement moyen de 30 hl/ha. Avec 40 000 bouteilles vendues chaque année la production est écoulée à parts égales sur le marché hexagonal et à l’export en Europe, Asie, USA, Canada et au Québec
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ÉCHOS DES CÔTES-DU-RHÔNE & CÔTES-DU-RHÔNE VILLAGES
EN BREF…
Karine Ogier, à la tête des Vignerons du Castelas [Rochefort
du
Gard]
Élue présidente des vignerons du Castelas fin décembre 2014, Karine Ogier a pris officiellement ses fonctions en tout début d’année. Un nouveau challenge débute pour celle qui est déjà conseillère municipale à Saze et siège au Grand Avignon. Succédant à Éric Soulier, 18 ans passés à la Cave, dont 16 en qualité de président, Karine Ogier, aborde son mandat en toute sérénité. À 44 ans, à la tête de l’exploitation familiale qu’elle reprend en 1999, Karine connaît bien les rouages du monde viticole et le fonctionnement de la cave coopérative. Administratrice depuis 99 et vice-présidente des Vignerons du Castelas depuis 2009, elle a vécu les restructurations de la surface viticole et les aménagements successifs de l’outil de travail. Après dix ans de crise viticole, 2003 à 2013, durant lesquels les vignerons ont, malgré la baisse de leurs revenus, trouvé les ressources nécessaires pour pallier la volatilité des marchés, l’avenir s’annonce sous de meilleurs auspices avec des prix de vente confortés et une demande en augmentation. “Présider la Cave, c’est piloter une équipe pour un projet commun. J’ai réorganisé le bureau avec deux vice-présidents et réparti les tâches entre Jacques Bourret, pour la partie technique avec notamment, la commission d’agréage, et Dominique Roger, en charge du développement commercial et des animations comme le week-end primeur. J’ai également demandé au conseil d’administration de voter des indemnités pour ces deux vice-présidents car je considère que ce temps de travail mis au profit des viticulteurs mérite une rémunération” explique Karine qui a aménagé son emploi du temps pour mener de front son exploitation, ses mandats politiques, la présidence de la Cave et sa vie de famille. “La Cave est un outil de travail collectif. C’est un lieu d’échange et d’apprentissage. Je souhaite sensibiliser l’ensemble des viticulteurs au rôle de la Cave et, plus
CAIRANNE
particulièrement, les jeunes, sans distinction d’âge, car on est jeune dans le métier quand on reprend une exploitation. La réussite professionnelle dépend aussi de la qualité de l’accompagnement que l’on accorde aux jeunes entrepreneurs” poursuit Karine. Accentuer la lutte raisonnée, “de la taille à la vendange, de la vigne à la bouteille, chaque action à un sens”, miser sur la qualité “nous investissons dans un filtre tangentiel pour une meilleure conservation des caractéristiques organoleptiques”, soutenir les viticulteurs chaque fois qu’ils en ressentent le besoin, développer un réseau de distributeurs en France, renforcer la présence des vignerons à l’étranger, Karine Ogier impulse une nouvelle dynamique. “Commercialement, nous ouvrons plusieurs fronts. Localement, pour élargir notre clientèle au caveau, en France, pour recruter de nouveaux agents et à l’export où nous avons des débouchés en Chine et une ouverture aux USA en participant aux salons de Huston, New York et Chicago. Nous avons une gamme qui nous permet de répondre aux demandes actuelles avec un produit phare, les Signargues, qui sont notre haut de gamme”. Une équipe solide, compétente et restructurée pour aborder un futur apaisé, la volonté d’aller de l’avant pour atténuer autant que faire se peut les affres d’une possible récession, un conseil d’administration constructif pour saisir les opportunités, Karine a de nombreux atouts pour réussir une belle mandature.
Le Cahier des charges de l’AOC Cairanne a été validé par l’Inao, le 12 février 2015. (WYuZ SLZ WOHZLZ K»VMÄJPHSPZH[PVU KL la délimitation et de la validation des statuts de l’ODG Cairanne, cette nouvelle étape offre au Syndicat des vignerons de Cairanne, présidé par Denis Alary, la satisfaction de voir aboutir prochainement le dossier de demande d’accession en Cru.
ORANGE
Le Lycée viticole d’Orange était présent au Forum des métiers de Valréas. L’occasion de faire connaissance avec son nouveau directeur, Pascal Buron. Originaire de Touraine, de milieu viticole, cet ingénieur agronome et œnologue de 50 ans occupait précédemment la direction du Lycée agricole des Arcs sur Argens (Var). Ce forum fut l’occasion pour S\P KL KtJV\]YPY SL WYVNYHTTL KtÄUP[PM de la journée du 13 mars “Des mots pour déguster” organisé par le Syndicat des vignerons de Valréas présidé par Emmanuel Bouchard et animé par Eva Mathieu (photo). Pascal Buron organisera le 21 mars sa première journée Portes ouvertes du Lycée viticole d’Orange.
ORANGE
) Christian CONIL d’infos Comptable de formation, Karine Ogier quitte son emploi après 5 ans d’activité pour reprendre les 30 ha de l’exploitation familiale implantée sur la commune de Saze où une partie est vinifiée sous le nom Domaine du Fournier. La cave coopérative des Vignerons du Castelas compte 46 apporteurs. La surface du vignoble est de 500 ha. 80 % sont en CDR et CDR Villages Signargues et 20 % en IGP. La production annuelle moyenne se situe autour de 25 000 hl
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: Pour Karine Ogier, la gamme du Castelas permet de répondre aux demandes actuelles.
La 63e édition du Concours des Vins à Orange s’est déroulée le 7 février 2015 à l’Espace Daudet. Cette année, quelque 2 500 échantillons ont été présentés (près de 940 000 hl) et dégustés par plus de 600 professionnels mais aussi par des amateurs avertis venus de l’étranger. Pour la petite histoire, rappelons qu’en 1952, lors de sa 1re édition, 26 échantillons ont été présentés et dégustés par 16 professionnels, le tout soutenu par quatre subventions de 100 F ! Aujourd’hui, le Concours, l’un des premiers de l’année, a acquis une dimension européenne et internationale. L’ensemble du palmarès est consultable sur le site www.concoursdesvins.fr
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ÉCHO DE LA VALLÉE DU RHÔNE
The Voice of Côtes du Rhône
[Avignon] Voilà maintenant 24 ans que “Les Chanteurs des Côtes-du-Rhône” promènent leurs chansons bachiques à travers les vignobles de la Vallée du Rhône. Ils vont aussi bien au-delà : en Belgique, en pays mosellan ou savoyard, portant haut la bannière des vins du soleil et des chants provençaux. Régulièrement, la Chorale change de président afin que chacun puisse apporter sa pierre à l’édifice. Le premier d’entre eux fut Max Aubert. Président fondateur, il a donné le ton de l’amitié et de la convivialité dès 1991 pendant que son complice Edmond Maby donnait le “la”. Depuis, sept autres présidents se sont succédé, pour la plupart issus de la filière vin. Les choristes des Côtes-du-Rhône ont donc choisi le 28 janvier 2015 pour une durée de deux ans, renouvelable, leur nouveau président. Pour procéder à cette élection, la Maison des vins à Avignon a été préférée. Leur présence sur ce lieu emblématique est pour les chanteurs une façon de rendre hommage à l’Interprofession et plus particulièrement, à l’un de ses présidents, Gérard Pierrefeu qui fût lui-même membre de cette remarquable confrérie. C’est donc André Brioude qui préside désormais aux destinées de cette Chorale. André, s’il est amateur de vins, n’a aucune implication professionnelle dans ce milieu. Enseignant, il porte un regard intéressé sur ce monde, un peu nouveau
Passionnés de vin et de chant, ils se sont réunis pour former la Chorale des Côtes-du-Rhône.
pour lui. “Notre groupe, les chanteurs des Côtes-du-Rhône préciset-il fonctionne avec une direction que je qualifierai de "collégiale" où chacun apporte ses propres compétences dans ses domaines de prédilection et il n’y a aucune raison pour que cela change. Nous allons continuer nos efforts engagés dans le domaine de la communication. Notre site* vient de voir le jour et donnera toutes les informations à qui veut mieux nous connaître et, pourquoi pas, nous rejoindre. Nous souhaitons également resserrer nos liens avec tous les acteurs du monde du vin. Nos autres efforts se font lors de nos répétitions où, pour employer une expression connue, nous travaillons sérieusement, sans nous prendre au sérieux et sans jamais oublier la notion de plaisir”. De nouveaux textes sont musicalement arrangés par le Maître de chant Jean Nubel, et de nombreuses prestations sont d’ores et déjà prévues, notamment sur le vignoble du Plan de Dieu, Gadagne, Rasteau ou encore Puyméras… Enfin, si votre passion du vin possède en parallèle une ferveur pour le chant, n’hésitez pas à les rejoindre !
Le vin a parlé
[Luberon] Le 19 février, les vignerons du Luberon se sont donné rendez-vous à Lourmarin pour la présentation du millésime 2014. Le but d’une telle journée est surtout d’inciter les vignerons, techniciens, cavistes, œnologues présents à échanger sur le millésime. C’est également pour eux l’occasion de déguster les vins de l’ensemble de l’appellation et de se rencontrer. En préambule, Françoise Besson a présenté les grandes lignes des modifications du plan d’inspection avec le passage du contrôle post-conditionnement. Puis Florent Touzet de l’ICV a fait un rapide topo sur les caractéristiques du millésime avec des conditions climatiques très particulières. Ensuite, quelque 50 vignerons ont dégusté à l’aveugle 10 blancs, 9 rosés et 9 rouges du millésime 2014. Le principe de la présentation est simple. Chaque table déguste les vins par couleur, puis, une personne s’exprime au nom de la table pour donner les impressions recueillies sur les vins. D’une
A AGENDA 12 mars 2015 : Assemblée générale du Syndicat des vignerons de l’AOC Luberon à Lourmarin. manière globale, les vins sont apparus comme de très bonne qualité, avec des différences de styles selon les marchés et occasions de consommation. Tous ont souligné la qualité du travail des vignerons cette année, avec des vendanges un peu compliquées à gérer en fonction des aléas météo. Il est également à souligner la bonne participation à ce rendez-vous et, notamment, la présence de nouveaux domaines dans l’appellation. Après ce studieux travail, tous ont partagé un buffet très convivial en poursuivant leurs discussions. ) Nathalie ARCHAIMBAULT
De g. à d. : Jean Louis Piton, président de Marrenon Vignobles en Luberon & Ventoux, Joël Bouscarle, président AOC Luberon et Julie Bogenschutz (Château de Clapier
) Pierre GALAUD *www.chanteurscotesdurhone.com
LE VIGNERON DES CÔTES-DU-RHÔNE ET DU SUD-EST | MARS 2015 | N° 845
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MAGAZINE
Le Domaine de Coyeux à Beaumes de Venise, réputé pour la beauté de ses paysages et la qualité de ses vins, a été repris fin 2013 par Hugues de Feraudy.
Un second souffle pour le Domaine de Coyeux
L
Son frère Jean occupe plus précisément le poste “communication” du Domaine. ;
e Domaine de Coyeux à Beaumes de Venise est sans doute exceptionnel. Par sa position géographique d’abord : à 300 mètres d’altitude, ses vignes se déroulent au pied des Dentelles de Montmirail et la vue sur les pics rocheux est extraordinaire. Le Ventoux est là aussi, tout près, qui domine de sa masse cet ensemble harmonieux de vallons et de collines. Par son terroir ensuite : on est là sur les terres du Trias, avec ses sédiments datant de plus de 200 millions d’années, enfouis au plus profond des sols mais qui ressurgissent ici en surface suite à un phénomène de compression géologique unique en Vallée du Rhône. Par sa superficie enfin : 112 hectares d’un seul tenant, dont 65 ha de vignes. Et sur ces 65 ha (dont cinq en Gigondas), 45 sont plantés en muscat. On produit au Domaine de Coyeux des vins doux exceptionnels qui ont su séduire la famille royale d’Angleterre et la Maison Blanche… “Et les amateurs de Muscat ont tous en tête les vins produits dans ce lieu d’exception depuis des décennies”, soulignent Hugues et Jean de Feraudy, les deux frères qui se partagent la tâche pour relancer ce
domaine. C’est le premier, Hugues, qui a racheté l’exploitation en décembre 2013 dans le cadre d’une procédure judiciaire. Les anciens propriétaires avaient, entre 1976 et 2013, agrégé le domaine et assemblé les terres entre elles et, même s’ils avaient donné au Domaine de Coyeux ses lettres de noblesse avec des clients prestigieux à travers le monde entier, au fil du temps, ils ont lâché prise pour diverses raisons. Une occasion que n’a pas laissé passer Hugues de Feraudy qui, jusque-là, avait exercé ses talents dans un tout autre domaine, même si ses parents étaient agriculteurs à Aubignan. Lui, ingénieur, est devenu industriel dans la transformation des plastiques. Directeur général de Galloo Plastics, leader européen du plastique recyclé, il a décidé à 64 ans de tourner la page et de réaliser avec le Domaine de Coyeux un rêve de jeunesse. À ses côtés donc, Jean, son frère, qui lui aussi a passé sa vie dans un tout autre secteur, celui du commerce de l’eau pour les collectivités locales. Aujourd’hui, il s’occupe de la communication du domaine.
Relever le challenge Voici donc Hugues de Feraudy à la tête d’un domaine exceptionnel mais “qui s’est cassé la gueule” au fil des années. Pour relancer la machine, la première urgence a été de remettre en route les installations de la cave. “C’était la priorité des priorités car la chaîne de vinification avait disparu”. Aujourd’hui, c’est chose faite même si la production n’est que de mille hectolitres environ, dont 600 de muscat. “Nous sommes encore en version très basse. On était à moins de 10 hl/ha. Cette année, on a presque doublé. Même si ce qui sort d’ici aujourd’hui, c’est superbe, il va falloir passer à la vitesse supérieure”. Pour y parvenir, et c’est la deuxième urgence, il faut remettre en état le
N° 845 | MARS 2015 | LE VIGNERON DES CÔTES-DU-RHÔNE ET DU SUD-EST
: Hugues de Feraudy entend redonner au Domaine de Coyeux toutes ses lettres de noblesse.
vignoble : apporter des engrais, faire de la taille… Les plus vieilles vignes ont 80 ans, la plus grande partie 60, les plus jeunes 25 : “On ne compte pas augmenter la surface de production mais sur les 47 ha de muscat, il y en a une vingtaine qui va être arrachée et replantés en rouge et un peu en blanc, l’essentiel en grenache, syrah, mourvèdre. On commence cette année avec 5 ha de grenache”. Côté vinification, le nouveau propriétaire a fait appel à Xavier Vignon, œnologue-conseil de plusieurs propriétés de la Vallée du Rhône. Ce flying winemaker (il a œuvré en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Californie…) supervisera donc le Domaine du point de vue œnologique. Arnaud Immélé, un vigneron alsacien spécialiste de la production des vins sans sulfites, lui apportera son concours. Reste le problème de la commercialisation et ça, c’est Jean de Feraudy qui s’en charge. Son boulot ? Remettre la “com” en marche : plaquettes, site Internet, signalétique routière, nouvelles étiquettes, charte graphique… “Et maintenant que les premiers vins qui sortent sont ceux du nouveau propriétaire (récolte 2014), dit-il, nous allons pouvoir lancer le domaine sur ces nouvelles bouteilles”. Avec d’autres méthodes de vinification aussi. Car cette année, à Coyeux, on a vendangé par parcelle, par cépage, ce qui ne se faisait pas avant. “Même si le vin était excellent et très réputé, l’idée aujourd’hui c’est de créer des cuvées différentes dont une, 100 % grenache, quitte à sortir de l’appellation. Nous voulons tirer le domaine vers le haut avec quelques cuvées prestigieuses qui vont faire reparler du domaine et que l’on présentera dans les concours”. ) Jean CALABRESE
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# Élève en terminale PRO TCVS au lycée viti. à Orange recherche apprentissage BTS technico-commercial ou BTS MUC pour 2015/2016. Contact : Clément ZERBINI – Mél : jean-jacque.zerbini@orange.fr Tél. : 04 90 37 78 82. # Master en Management ESC DIJON, anglais courant, recherche un poste de commercial export (ou VIE). Expériences France & international (NZ, UK). Contact : samuel.ledouarin@gmail.com Tél. 06 13 53 31 56. # Étudiant en L3 Œnotourisme recherche un stage pour développer et organiser l’œnotourisme dans un domaine viticole. Contact : benjamin.poirier@outlook.fr
TRANSACTION DE DOMAINES VITICOLES
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# Key Account Manager/Responsable Commercial. Des débuts comme ADV Export, puis 5 années d’expérience dominante de directeur commercial en Champagne, enfin 15 ans comme CEO d’une entreprise au Luxembourg. Recherche poste de commercial pour dix ans de pleines passions dans le vin. Mél : jf2j@icloud.com. # Je recherche une cave coopérative ou indépendante prête à m’encadrer lors d’un DNO en alternance et à investir sur moi à moyen/long terme. La formation débute en septembre et les modalités d’inscriptions commencent en avril. Pour tous renseignements (date de scolarisation, aides à l’emploi…), contactez-moi. Hugo : tél. 07 85 45 23 51.
LE VIGNERON DES CÔTES-DU-RHÔNE ET DU SUD-EST | MARS 2015 | N° 845
36
AGENDA RÉUNIONS AUTOUR DU DIAGNOSTIC PAYSAGER ENVIRONNEMENTAL CÔTES-DU-RHÔNE
Mars 2015 2> 5/03
© Territoires et Paysages
DÉCOUVERTES EN VALLÉE DU RHÔNE. 8e édition de Découvertes en Vallée. Les deux premières journées seront consacrées aux AOC de la Vallée du Rhône septentrionale (le 2 mars : Côte Rôtie et Condrieu à Ampuis ; le 3 mars : Crozes Hermitage et Hermitage à Tain l’Hermitage ; St Joseph, Cornas et Saint Péray à Mauves) et les deux dernières (4 et 5 mars à Avignon) aux AOC méridionales. Informations sur le site : www.decouvertes-vins-rhone.com
Le Syndicat général propose à tous les vignerons intéressés de prendre connaissance du diagnostic paysager environnemental qu’il a fait réaliser par le Cabinet Territoires et Paysages sur l’ensemble des appellations Côtes-du-Rhône. Des réunions sont organisées depuis le 24 février afin de présenter le diagnostic de chaque territoire aux vignerons et de réfléchir ensemble aux actions sur lesquelles ils souhaitent être soutenus.
Prochaines réunions : ) MARDI 10 MARS 2015 Salle des fêtes de Rochefort du Gard de 15h30 à 17h30. ) MERCREDI 11 MARS 2015 Maison des vins de Tain l’Hermitage (Drôme), de 10h à 12h. ) JEUDI 12 MARS 2015 Lycée viticole d’Orange (Vaucluse) de 10h à 12h
À Châteauneuf du Pape (salle Dufays)
À Tain l’Hermitage
Le 26 mars 2015 : Crus méridionaux Le 27 mars 2015 : Côtes-du-Rhône et Côtes-duRhône Villages, Grignan les Adhémar Le 19 mars 2015 : Ventoux, Luberon, Costières de Nîmes, Clairette de Bellegarde et Duché d’Uzès Le 20 mars 2015 : Crus septentrionaux
(Lycée Hôtelier)
Guide Hachette des vins. Tél. 01 43 92 34 45
N° 845 | MARS 2015 | LE VIGNERON DES CÔTES-DU-RHÔNE ET DU SUD-EST
21 & 22/03 SALON “VINS EN FÊTE” À BONS EN CHABLAIS (74). Salon organisé par l’Association “Vins en fête”. Renseignements au 06 75 53 71 25 (M. Pierrefeu) et sur Internet : www.vins-en-fête.fr
Avril 2015 1/04
CONCOURS DES VINS DE LA RÉGION PACA DE PERTUIS. Concours organisé par les Compagnons de Dionysos dans le cadre du Salon des vins et de la gastronomie (6 au 8 mars). Tél. 06 08 04 83 66 (Mme Ravoire). Site Internet : www.concoursdesvins-pertuis.com
CONCOURS DES VINS DE NÎMES. Concours organisé par les Jeunes agriculteurs du Gard au Parc des expositions de Nîmes. Cette 37e édition est ouverte aux caves des autres départements de la Région Languedoc-Roussillon. Renseignements au 04 66 04 50 20 (Élodie Maurel). E-Mail : ja30@wanadoo.fr
CONCOURS DES VINS AOC CÔTES DU RHÔNE CONVENTIONNELS & ISSUS DE L’AGRICULTURE BIOLOGIQUE À TULETTE. Organisé par le Comité des vignerons de Tulette, à la salle des fêtes. Renseignements au 06 29 89 41 62 (Patrice Lardenois).
14/03 CONCOURS INTERPROFESSIONNEL DES CÔTES-DU-RHÔNE VILLAGES ET CRUS À VINSOBRES.
4, 5 & 6/04 SALON “VINS EN FÊTE” À ST THEGONNEC (29). Salon organisé par l’Association “Vins en fête”. Renseignements au 06 75 53 71 25 (M. Pierrefeu) et sur www.vins-en-fête.fr
10 & 11/04 CHALLENGE INTERNATIONAL DU VIN À BOURG SUR GIRONDE. Organisé par l’association Concours des vins. Renseignements au 05 57 68 25 66 et sur le site : www.challengeduvin.com
11/04 CONCOURS DES VINS DE PIOLENC Concours organisé par l’Association Piolenc Millésimes (657, Chemin du Cade, 84420 Piolenc). Tél. 06 40 26 06 25. E-mail : contact@piolenc-concours-vins.com Internet : www.piolenc-concours-vins.com
Merci de confirmer votre présence à Lucile Chedorge par mail : l.chedorge@syndicat-cotesdurhone.com ou téléphone au 04 90 11 46 17.
Sélections régionales 2015
JOURNÉE PORTES OUVERTES AU LYCÉE VITICOLE D’ORANGE. Renseignements au 04 90 51 48 00.
7/03
Une synthèse (16 pages) et le diagnostic complet sont sur le site : www.syndicat-cotesdurhone.com
Guide Hachette 2016 [rappel]
21/03
Organisé par le Comité des vignerons de Vinsobres, tél. 09 61 59 48 14 (Christelle Magnard). Les documents d’inscription sont sur le site du Syndicat des Côtes-du-Rhône : www.syndicat-cotesdurhone.com CONCOURS DES VINS DE LA FOIRE D’AVIGNON. Au Parc des expositions, renseignements au 06 09 04 56 80 (Mme Caron).
15> 17/03 SALON PROWEIN À DÜSSELDORF (Allemagne). Informations sur le site : www.prowein.com
18/04 CONCOURS DES GRANDS VINS DE FRANCE À MÂCON. Renseignements auprès de Monique Pinetre, tél. 03 85 21 30 40. E-Mail : contact@concours-salons-vinsmacon.com Internet : www.concours-des-vins.com CONCOURS INTERRÉGIONAL DES VINS DE LA FOIRE DE BRIGNOLES (83). Ce Concours des vins se déroule dans le cadre de la Foire de Brignoles (du 18 au 26/04). Renseignements au 04 94 69 10 88 (Pierre Grupp). Internet : www.foiredebrignoles.fr E-Mail : foiredebrignoles@wanadoo.fr
37 LUPOURVOUS
23 & 24/04
22 & 23/06
28 & 29/11
CONGRÈS DE LA CNAOC À SANCERRE. Le congrès annuel de la Confédération nationale des vignerons d’AOC (Cnaoc), qui réunit tous les syndicats viticoles de France, se tiendra cette année à Sancerre. Renseignements au 01 42 61 21 25.
CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LE CONDITIONNEMENT DU VIN. Ce grand rendez-vous aura lieu au Palais des Papes d’Avignon. Contact : 04 90 11 46 00 E-mail : comRetD@inter-rhone.com
SALON “VINS EN FÊTE” À CLERMONT (BELGIQUE). Salon organisé par l’Association “Vins en fête”. Renseignements au 06 75 53 71 25 (Johannès Pierrefeu) et sur le site : www.vins-en-fête.fr
25> 27/04 Mondial du rosé à Cannes. Organisé par l’Union des œnologues de France. Renseignements au 01 58 52 20 20. E-Mail : vinalies@oenologuesdefrance.fr
Mai 2015
Septembre 2015
Décembre 2015
5 & 6/09
5 & 6/12
SALON “VINS EN FÊTE” À VOYER (57). Salon organisé par l’Association “Vins en fête”. Renseignements au 06 75 53 71 25 (M. Pierrefeu) et sur le site : www.vins-en-fête.fr
SALON “VINS EN FÊTE” À MARINIER (74). Salon organisé par l’Association “Vins en fête”. Renseignements au 06 75 53 71 25 (Johannès Pierrefeu) et sur Internet : www.vins-en-fête.fr
9 & 10/05
23> 25/05
Novembre 2015
5/06 VINALIES NATIONALES À AGDE. Organisées par l’Union des œnologues de France à l’occasion de son congrès annuel. Renseignements au 01 58 52 20 20. Internet : www.vinalies.fr
Filtrations en œnologie
24> 26/11 15> 17/02
SITEVI À MONTPELLIER. Informations sur le site : www.sitevi.com
VINISUD À MONTPELLIER www.vinisud.com
Hervé Romat
LES CITADELLES DU VIN À BOURG SUR GIRONDE. Organisées par l’association Concours des vins sous le haut patronage de l’OIV. Renseignements au 05 57 68 25 66. Internet : www.citadellesduvin.com
Juin 2015
Février 2016
Avec la collaboration de Guy Guimberteau Préface : Denis Dubourdieu
Bulletin d’
Abonnement Conformément à la loi, vous disposez d’un droit d’accès et de rectification aux informations vous concernant.
SALON “VINS EN FÊTE” À SALMAGNE (55). Salon organisé par l’Association “Vins en fête”. Renseignements au 06 75 53 71 25 (M.Pierrefeu) et sur le site : www.vins-en-fête.fr
Nom, Prénom Adresse
Mél.
14> 18/06
Signature :
VINEXPO À BORDEAUX Informations sur le site : www.vinexpo.com
Pour 50€ recevez pendant un an “Le Vigneron des Côtes du Rhône et du Sud-Est” et disposez d’un accès personnel à ses archives sur le site Internet www.syndicat-cotesdurhone.com OUI, je m’abonne pour 1 an au “Vigneron”. Je recevrai les 11 éditions du magazine + les hors-série et disposerai d’un accès personnel à ses archives. Je joins mon réglement de 50€ TTC par chèque établi à l’ordre de “Le Vigneron des CDR” Une facture acquittée me sera adressée*. * La dépense de votre abonnement professionnel au “Vigneron” peut entrer dans votre comptabilité au titre des frais généraux.
Le Vigneron des Côtes du Rhône et du Sud-Est. Maison des Vins - 6, rue des Trois Faucons, CS 60093 - 84918 Avignon Cedex 9. 04 90 27 24 24. Fax 04 90 86 92 05 E-mail : le.vigneron@syndicat-cotesdurhone.com Site internet : www.syndicat-cotesdurhone.com
La filtration des liquides alimentaires a toujours préoccupé les hommes pour en faire des liquides plus stables, mois évolutifs, et moins sensibles aux conditions de conservation ou de transport. Celle du vin n’y fait pas exception, et s’est souvent trouvée en opposition avec la clarification naturelle, ou provoquée par l’addition d’une protéine par le collage. Les auteurs réalisent ici un état des lieux de l’art et des connaissances actuelles sur l’ensemble des éléments pouvant ou devant être pris en compte pour effectuer une bonne filtration, au meilleur moment, et avec le moins de conséquences négatives possibles pour le vin. L’ouvrage reprend ainsi les étapes incontournables à une meilleure compréhension : • l’historique et l’évolution globale de la filtration des vins ; • les approches théoriques et les éléments de caractérisation de clarification et de filtration ; • les différentes filtrations utilisables ; • leurs applications œnologiques ; • l’influence des filtrations sur la composition des vins et les aspects environnementaux. Féret Éditions 39,90€, Site Internet : www.feret.com
LE VIGNERON DES CÔTES-DU-RHÔNE ET DU SUD-EST | MARS 2015 | N° 845
38
T
RANSACTIONS
Bilan des enregistrements des transactions en vrac du 23/01/2015 au 19/02/2015 PRIX MOYEN [€/HL]
AOC
CÔTES-DU-RHÔNE RÉGIONAL MILLÉSIME 2014 ROUGE MILLÉSIME 2014 ROUGE CONVENTIONNEL ROUGE CHÂTEAUX ET DOMAINES ROUGE BIO CERTIFIÉ ROSÉ MILLÉSIME 2014 ROSÉ CONVENTIONNEL BLANC MILLÉSIME 2014 BLANC CONVENTIONNEL BLANC BIO CERTIFIÉ MILLÉSIME 2013 ROUGE MILLÉSIME 2013 ROUGE CONVENTIONNEL ROSÉ MILLÉSIME 2013 ROSÉ CONVENTIONNEL CDR VILLAGES AVEC NG ROUGE CONVENTIONNEL ROUGE CHÂTEAUX ET DOMAINES ROUGE BIO CERTIFIÉ BLANC BIO CERTIFIÉ CDR VILLAGES SANS NG ROUGE CONVENTIONNEL ROUGE CHÂTEAUX ET DOMAINES ROUGE BIO CERTIFIÉ ROUGE CONVENTIONNEL ROUGE BIO CERTIFIÉ BEAUMES DE VENISE ROUGE CONVENTIONNEL ROUGE BIO CERTIFIÉ CONDRIEU BLANC CONVENTIONNEL CÔTE-RÔTIE ROUGE CONVENTIONNEL CROZES-HERMITAGE ROUGE CONVENTIONNEL ROUGE BIO CERTIFIÉ BLANC CONVENTIONNEL GIGONDAS ROUGE CONVENTIONNEL ROUGE CONVENTIONNEL HERMITAGE ROUGE CONVENTIONNEL BLANC CONVENTIONNEL LIRAC ROUGE CONVENTIONNEL RASTEAU ROUGE CONVENTIONNEL ROUGE BIO CERTIFIÉ SAINT-JOSEPH ROUGE CONVENTIONNEL ROUGE BIO CERTIFIÉ SAINT-PÉRAY TRANQUILLES BLANC CONVENTIONNEL TAVEL ROSÉ CONVENTIONNEL VACQUEYRAS ROUGE CONVENTIONNEL COSTIÈRES DE NÎMES ROUGE CONVENTIONNEL ROSÉ CONVENTIONNEL GRIGNAN LES ADHÉMAR ROUGE CONVENTIONNEL BLANC CONVENTIONNEL LUBERON ROUGE CONVENTIONNEL ROSÉ CONVENTIONNEL VENTOUX ROUGE CONVENTIONNEL ROUGE CHÂTEAUX ET DOMAINES
MILL.
2014 2014 2014 2014 2014 2014 2014 2014 2014 2014 2013 2013 2013 2013 2013 2014 2014 2014 2014 2014 2014 2014 2013 2013 2014 2014 2014 2014 2014 2014 2014 2014 2013 2014 2014 2014 2014 2014 2014 2014 2014 2014 2014 2014 2014 2014 2014 2014 2014 2014 2014
NBRE DE CONTRATS
VOLUME (HL)
433 406 367 302 29 36 18 15 21 18 2 18 16 14 2 2 66 34 18 4 1 66 51 6 2 4 1 8 7 1 8 8 21 19 45 34 3 5 43 38 4 15 8 7 4 3 13 11 2 27 19 1 2 2 7 7 29 22 40 8 15 24 11 4 35 22 9 65 36 7
366 463 363 585 350 464 316 853 16 910 16 701 11 357 10 637 1 764 1 650 65 1 891 1 816 1 816 75 75 16 078 8 978 5 954 290 25 33 668 27 355 4 248 555 810 260 674 668 7 164 164 379 329 7 332 5 230 1 663 234 7 480 6 933 298 234 166 68 494 394 2 819 2 806 14 4 410 3 233 120 68 68 1 272 1 272 3 571 3 440 15 909 2 758 6 368 10 846 6 880 551 23 135 20 171 2 414 40 204 25 721 2 256
N° 845 | MARS 2015 | LE VIGNERON DES CÔTES-DU-RHÔNE ET DU SUD-EST
QUINZAINE
MILLÉSIME
140,4 € 138,4 € 140,9 € 159,1 € 137,7 € 137,7 € 166,6 € 165,4 € 202,0 €
137,4 € 136,2 € 137,9 € 159,5 € 137,4 € 137,3 € 164,4 € 164,0 € 181,4 €
142,6 € 142,6 € 111,7 € 111,7 €
138,8 € 136,2 € 133,8 € 132,8 €
192,7 € 203,1 € 209,3 € 190,0 €
192,1 € 198,0 € 215,5 € 190,0 €
165,2 € 169,9 € 168,1 € 172,0 € 165,0 €
165,7 € 168,2 € 168,9 € 159,8 € 190,5 €
347,4 € 360,0 €
347,4 € 360,0 €
1 323,9 €
1 323,9 €
1 373,9 €
1 369,4 €
401,1 € 419,6 € 409,5 €
401,9 € 419,6 € 404,2 €
653,7 € 648,7 €
652,5 € 656,7 €
1 384,3 € 1 308,5 €
1 384,3 € 1 294,0 €
210,3 €
210,5 €
334,8 € 341,7 €
334,0 € 341,7 €
488,1 € 520,0 € 420,6 € 294,2 € 439,0 € 117,5 € 113,1 €
VOLUME CAMPAGNE
DEPUIS LE
01/08/14
COMPARAISON
944 304
910 009
1%
46 453
38 241
-9 %
67 166
58 676
-9 %
729
674
-42 %
303
164
15 %
969
405
24 %
10 480
8 622
-29 %
11 399
9 501
33 %
348
268
-65 %
1 545
1 063
-82 %
6 365
5 870
-21 %
9 220
4 441
9%
68
68
-3 %
7 856
7 856
-34 %
5 931
4 924
-23 %
98 405
86 536
7%
490,1 € 520,0 € 420,6 € 294,8 € 442,1 € 114,4 € 112,9 € 13 082
49 %
107,0 € 125,0 € 109 277
109,9 € 118,0 €
109,8 € 113,7 €
116,8 € 117,7 €
118,0 € 120,2 €
VOLUMES ENREGISTRÉS par tranches de prix
20 101 106,6 € 125,0 €
VOLUME
MILLÉSIME 2014 VOL. CAMPAGNE N-1
124 458
107 703
118 653
16 %
6%
Nb Prix (€/hl) Contrats
Volume (hl)
%
> Côtes-du-Rhône millésime 2014 rouge toutes catégories
<120
4
895
0%
120 – 124,9
10
2 579
1%
125 – 129,9
20
6 861
3%
130 – 134,9
40
36 453
19 %
135 – 139,9
58
40 686
21 %
140 – 144,9
91
56 602
29 %
145 – 149,9
28
19 598
10 %
150 – 154,9
30
11 268
6%
155 – 159,9
7
2 040
1%
160 – 164,9
25
10 796
5%
165 – 169,9
7
1 245
1%
≥ 170
26
7 745
4%
Vol. tot. CDR
196 768
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