Habiter durablement entre un désert de sable et d'eau - BAJJA YAZID

Page 1

Mémoire du travail de fin d’étude en vue de l’obtention du diplôme d’architecte DENA

HABITER DURABLEMENT ENTRE UN DÉSERT DE SABLE ET D’EAU Pour une architecture durable adaptée au contexte saharien : réaménagement de la centralité de Dakhla . Travail présenté et soutenu publiquement le 28 juillet 2020 par BAJJA Mohamed Yazid Sous la direction de : Pr. Abdelghani TAYYIBI Pr .Dominique GAUZIN-MÜLLER

1

Jury composé de : Pr. Abdelghani TAYYIBI Pr. Dominique GAUZIN-MÜLLER Pr. Issam SOBHY Pr. Abdelaziz BELKZIZ Pr. Massimiliano MARTINO 0

0

0

0

0

École Nationale d’Architecture Marrakech



Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

Royaume du Maroc Ecole Nationale D’architecture de Marrakech Mémoire du travail de fin d’étude en vue de l’obtention du diplôme d’architecte DENA

HABITER DURABLEMENT ENTRE UN DESERT DE SABLE ET D’EAU Pour une architecture durable adaptée au contexte saharien : réaménagement de la centralité de Dakhla .

travail présenté et soutenu publiquement le 28 juillet 2020 par BAJJA Mohamed Yazid Sous la direction de : Pr. Abdelghani TAYYIBI Pr. Dominique GAUZIN-MÜLLER Jury composé de : Pr. Abdelghani TAYYIBI Pr. Dominique GAUZIN-MÜLLER Pr. ISSAM SOBHY Ing. Abdelaziz BELKZIZ Arch. Massimiliano Martino Pour citaton : Bajja Mohamed Yazid, Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau , pour une architecture durable adaptée au contexte saharien : réaménagement de la centralité de Dakhla, TPFE ENAM 2020 Toute distribution ou reproduction à but commercial du présent ouvrage sans consentement écrit de l’auteur est strictement interdite .

1


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

2

TPFE Mohamed Yazid Bajja


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

A ma famille , à mes grands parents que je souhaite posthumement honorer par ce travail , et à Adam auquel je souhaite donner courage et inspiration

3


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

PRÉAMBULE Le travail personnel de fin d’étude, est une étape charnière dans la vie professionnelle de tout cadre en passe d’obtenir son diplôme. En architecture, ce travail de recherche a la valeur d’un manifeste personnel, en effet c’est une occasion pour l’étudiant d’extérioriser ses convictions concernant la pratique du métier, ses ambitions, ainsi que ses centres d’intérêt concernant le vaste cosme de l’architecture et de l’urbanisme, et ce tout en soumettant sa méthodologie à l’épreuve de la recherche de solutions pour une thématique d’actualité. Ce travail ne déroge pas à ces règles et se présente comme une occasion de concrétiser mes apprentissages tant académiques que professionnels par l’étude holistique des concepts de durabilité en architecture et en urbanisme et leur rabattement sur un contexte saharien propre au terrain d’étude. Ce Travail est également pour moi une obligation civique, à travers laquelle j’ai essayé de cibler des thématiques de durabilité environnementale, économique et sociale d’importance nationale et en directe relation avec la population et le nouveau plan de développement national . Le Maroc s’est engagé depuis 2009 à adopter une stratégie nationale de développement durable, avec tout ce que cela implique en terme de transition économique, énergétique et adaptation de différents secteurs tant au niveau des pratiques qu’au niveau des objectifs, et à cet égard, la SNDD met l’accent sur la composante urbaine et architecturale de ce plan de développement , En effet l’axe stratégique 11 du Projet de la Stratégie Nationale de Développement Durable 2030 vise à Aligner l’urbanisme sur les principes de développement durable, et l’objectif 68 préconise de Prendre en compte le développement durable dans l’élaboration des documents d’urbanisme, de surcroît la loi Loi Cadre 99-12 portant Charte Nationale de l’Environnement et du Développement Durable prise comme référence dans l’élaboration de ce même projet considère les secteurs de l’urbanisme , de la construction et du bâtiment comme secteurs disposant d’une haute potentialité de durabilité et présentant un caractère prioritaire en terme d’exigences de respect du développement durableb. J’ai essayé à travers ce travail, avec les moyens dont je dispose, d’apporter mon humble contribution à cette mouvance nationale en quête de durabilité tous azimuts, là où le besoin d’adopter un nouveau mode de développement urbain et architectural se fait le plus sentir, dans une région où les ressources naturelles se font rares, mais qui se démarque en pôle d’attractivité majeur avec le mouvement migratoire inter-régional le plus important au Maroc .

a Stratégie Nationale De Développement Durable.” Maroc.ma, Ministere De La Jeunesse Et Des Sports Porte Parole Du Gouvernement Departement De La Communication, 26 Mar. 2019, www.maroc.ma/fr/content/strategie-nationale-de-developpement-durable. b Projet de Stratégie Nationale de Développement Durable 2030-Rapport final

4


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

REMERCIEMENTS Mes meilleurs efforts pour remercier les personnes qui m’ont accompagnés durant ces dernières six années d’études ne pourraient suffire pour exprimer l’immense gratitude que je leur éprouve , à ce titre je souhaite remercier M. Tayyibi Abdelghani et Mme Dominique Gauzin-Müller pour leur accompagnement de longue date qui a commencé bien avant leur direction bienveillante de ce travail. Je remercie également M. Sobhy Issam pour les efforts et les longues heures qu’il a consacré à l’encadrement de la partie technique de ce mémoire. J’adresse également mes vifs remerciements à M. Martino Massimiliano et à M. Belakziz Abdelaziz dont l’aide va bien au delà de ce travail et remonte à leurs séminaires et cours de grande qualité qui ont marqué ma formation. Je tiens à remercier le personnel de l’agence Urbaine de Dakhla Oued Eddahab ainsi que la direction provinciale du transport de l’équipement et de la logistique pour leur partage d’informations. Ma Gratitude est adressée également à mes mentors et Amis à Stuttgart et ailleurs qui m’ont permis de mûrir professionnellement, académiquement et personnellement. Je pense à M. Michael Geiger pour son sens du partage, à Mme Sigrid Hintersteininger pour m’avoir pris sous son aile et à Mme Jenny Weiss et M. Eberhardt Winkler pour leur patience, bienveillance et apprentissages. Je souhaite exprimer ma grattitude envers tous les architectes émérites de Marrakech et ailleurs qui m’ont acceuillis dans leurs ateliers et on fait tout leur possible pour me transmettre généreusement leur précieux savoir faire, je cite à ce Titre M.Karim Elachak , M.Andrea Mannocci et M.Amine Abouraoui. Ma grande gratitude envers Mariam S. d’avoir été si serviable et efficace en terme de recueils d’informations sur site et pour ses longs entretiens qui m’ont informé sur le mode de vie sahraouie. Merci à tous mes camarades de promo pour leur actes de gentillesses qui ont rendu notre quotidien à l’école si agréable et mémorable. Enfin je remercie ma famille , mes amis et bien évidemment mes parents sans qui rien de cela ne serait possible toute ma gratitude pour leur amour, patience ,conseil et soutient infaillible et inconditionnel qui m’a toujours poussé à donner le meilleur de moi même .

5


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

ABSTRACT It is now commonly acknowledged that growing urban needs and its ensuing polluting industrial and transport strategies are largely responsible of climate change, rising pressure on the planet’s resources and degradation of various ecosystems . Taking into consideration that United Nations estimates predict by 2050 two thirds of the world population living in an urban area, an integrated urban sustainability strategy is more than ever a must for every city there is or that will come to be, and where is this more true than in remote human settlements such as Dakhla, Morocco. Indeed remote and desertic locations present an opportunity in testing new sustainable theories regarding human settlement and activities, for the resources scarcity and import costs makes them economically viable socially awaited and politically embraced. The city of Dakhla is built on a 40km long peninsula extruding from the Moroccan Sahara coast, it has seen an unprecedented growth during the last decade; in fact between 2004 and 2014 the city went through a 75% population increase , this increase in population has led to a massive duplication of the same housing strategies over an immense stretch of the city’s buildable land, which consist, essentially, of identical terraced houses built out of imported concrete based materials , the latter represents 89.4 % of total dwellings in the city as of 2014 [Ibidem] .With the city running short of land in the peninsula, as the natural configuration of the site tends to reduce the buildable portion in favor of protected natural reserves and potentially high tide localities, and with the population growth trend in mind, this papers raises questions about the environmental, social, and economical sustainability of such a building strategy, and aims to seek alternative architectural and urban typologies to better fit the local natural and anthropological context as well as to integrate these solutions to the existing urban fabric as a way to define a strong urban centrality, that the city currently lacks .These aims are to be reached first through a definition of urban and architectural sustainability goals that will pave the way to a practical research work seeking to propose solutions based on an empirical computer simulated bio-climatic approach , building materials benchmark and a participative design process.

RÉSUMÉ Il est désormais communément admis que les besoins urbains croissants et les stratégies d’industrie et de transport polluantes qui en résultent, sont en grande partie responsables du changement climatique, de la pression croissante sur les ressources de la planète et de la dégradation de divers écosystèmes. En prenant en considération les estimations des nations unies selon lesquelles en 2050 les deux tiers de la population mondiale habiteront un milieu urbain, une stratégie de développement durable urbaine est plus que nécessaire pour toute ville existante ou en création, ce constat est particulièrement pertinent dans les établissement humains isolés tels que la ville de Dakhla, en effet les lieux lointains désertiques présentent une opportunité pour tester de nouvelles théories de durabilité concernant les établissements et activités humaines, et ce car la pénurie de ressources et le coût d’import les rends économiquement viables, socialement anticipés et politiquement soutenues. La ville de Dakhla est bâtie sur une presqu’île en saillie sur la ligne côtière du Sahara marocain. Dakhla a connu un développement sans précédent durant la dernière décennie, entre 2004 et 2014 la ville a connu une hausse de 75% en terme de population ( rgph, haut commissariat au plan 2014 ). Cette hausse rapide a conduit à une duplication massive des mêmes stratégies d’habitat sur des surfaces immenses de la presqu’île, stratégie qui consiste en des lotissements de maisons marocaines modernes économiques construites à base de matériaux dérivés du ciment importé d’autres régions du royaume , cette typologie représente en 2014 89.4% du parc de logement qu’offre la ville (ibidem) . Consciencieux à l’égard de l’amoindrissement de la surface ouverte à l’urbanisme de la ville au profit de zones naturelles, zones protégés et zones de marées ainsi qu’envers les projections d’accroissement de la population, ce mémoire questionne la durabilité économique sociale et environnementale de la stratégie d’habitat actuelle en lotissements juxtaposés de maisons marocaines modernes au niveau de la ville de Dakhla, et par conséquent projette de trouver une alternative architecturale et urbaine mieux adaptée au contexte local, naturel et humain tout en intégrant ces solutions au tissu urbain existant, et ce dans le but de créer une forte centralité qui manque actuellement à la ville . Dans une première étape pour arriver à ces fins, il convient de définir les buts de la durabilité urbaine et architecturale , étape qui prépare le terrain pour ensuite proposer des solutions basées sur les conclusions faites de l’étude des bilans d’expériences passées, et de l’assimilation de plusieurs principes issus de courants d’architecture et d’urbanisme durable, les solutions proposées seront basées aussi sur les constats 6


‫‪TPFE Mohamed Yazid Bajja‬‬

‫‪Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau‬‬

‫‪dressés après des études de simulations empiriques de propositions bioclimatiques ainsi que sur un‬‬ ‫‪benchmarking de matériaux, et enfin sur une intégration compréhensive de l’approche participative‬‬ ‫‪dans le processus de conception.‬‬

‫ملخص‬ ‫في سياق التغير المناخي ‪ ،‬والضغط المتزايد عىل موارد األرض المصحوبة بتقهقر النظام البيئي المترتب عن قطاعي‬ ‫الصناعة والنقل الملوثين‪ .‬المرتبطين بالتوسع الحضري الذي تعرفه المدن ‪ ,‬واذا اخذنا بعين االعتبار توقعات االمم‬ ‫المتحدة بأن ثلثي سكان العالم في‪ 2050‬سيعمرون المدن فإن استراتيجية تطور حضري مستدام ضرورة لكل مدينة‬ ‫كائنة او في طور التكون‪ .‬نخلص إىل أن هذا ينطبق بصفة خاصة عىل تجمعات سكنية معزولة كما الحال في مدينة‬ ‫الداخلة ‪ .‬وهكذا فالمناطق النائية تمثل فرصة لتجربة نظريات جديدة مستدامة تتعلق بتعمير المناطق السكنية المأهولة‬ ‫بالسكان و نشاطاتهم وذلك ألن نقص الموارد في هذه المناطق و تكلفة توفيرها يجعالنها في المتناول اقتصاديا‬ ‫ومتوقعة اجتماعيا و مدعومة سياسيا ‪.‬مدينة الداخلة بنيت عىل شبه جزيرة في خط ساحلي من الصحراء المغربية ‪.‬‬ ‫عرفت المدينة تطورا في العشرية األخيرة ‪ - ,‬مابين ‪ 2004‬و‪ - 2014‬ارتفع أعداد ساكنتها بمعدل ‪75‬في المائة‬ ‫أدى هذا التسارع المتزايد في عدد السكان إىل انتشار الستراتيجيات السكن المتماتلة عىل مساحات شاسعة من شبه‬ ‫الجزيرة ‪ ,‬تتكون من تجاور لبنايات من صنف بيوت مغربية عصرية و اقتصادية بنيت أساسا بمواد مشتقة من اإلسمنت‬ ‫المستورد من مناطق أخرى للمملكة‪ ,‬يمثل هذا التصنيف ‪ %89.4‬من مجموع السكن الذي توفره المدينة‪ .‬يضع هذا‬ ‫البحت في اعتباره التقلص التي تعرفه المساحة المفتوحة لتخطيط المدينة ‪ ،‬عىل حساب المجال الطبيعي والمناطق‬ ‫المحمية ومناطق المد والجزر و يضع كذلك في اعتباره توقعات النمو السكاني‬ ‫هذا البحث يثير مسألة االستدامة االقتصادية واالجتماعية والبيئية للمجمعات السكنية من صنف البيوت المغربية‬ ‫العصرية عىل مستوى مدينة الداخلة ‪.‬ويخطط إليجاد بديل معماري و حضري يناسب بشكل أفضل السياق الطبيعي و‬ ‫البشري المحلي مع دمج هذه الحلول في النسيج الحضري بهدف خلق مركزية قوية تفتقر إليها المدينة ‪.‬في مرحلة أوىل‬ ‫لكي نصل إىل هذا المبتغى ‪ ،‬ينبغي تحديد أهداف االستدامة الحضرية و المعمارية التي تهيئ األرضية القتراح حلول‬ ‫قائمة عىل مالحظة مبنية عىل دراسات محاكاة تجريبية لمقترحات بيوكليماتيكية وكذلك عىل قياس أداء المواد‬ ‫المستدامة ‪ .‬وأخيرا من خالل دمج النهج التشاركي في عملية التصميم‬

‫‪7‬‬


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

TABLE DES MATIÈRES

8

PRÉAMBULE

4

REMERCIEMENTS

5

RÉSUMÉ/ABSTRACT

6

INTRODUCTION/

11

1/penser global et agir local, croissance de la région et enjeux de développement durable 2/problématique 3/méthodologie

11 11 12

CHAPITRE 1: Bâtir Durablement dans le désert /

15

15

1/Introduction : la durabilité dans un contexte de crise environnementale mondiale

2/Caractérisation de l’urbanisme et de l’architecture durables a) l’urbanisme durable b) la ville durable c) la durabilité en architecture d) low tech ou high tech ? e) caractérisation de l’architecture et de l’urbanisme durables i) caractérisation de l’architecture durable ii) caractérisation de l’urbanisme durable

16 16 17 17 18 19

3/Exemples d’architectures et d’urbanismes durables adaptées au désert ( benchmark ) a) la khaima vernaculaire b) Alison&peter smithson kuwait urban studies c) Foster&Partners masdar eco-city - abu dhabi

24 24 25 26

4/Conclusion

29

CHAPITRE 2: Diagnostic du territoire d’intervention

31

1/Introduction 2/Emplacement et caractéristiques géographiques

31 32

3/Analyse du climat et des ressources hydriques a) climat ( pluviométrie -température - hygrométrie ) b) phénomènes météorologiques c) ressources hydriques ( nappe phréatiques - sebkhas - dessalement d’eau de mer

34 34 35 37

4/Analyse contextuelle et démographique a) Développement intégré et Projets d’envergure i) nouveau modèle de développement des provinces du sud ii) voie expresse Tiznit Dakhla iii) port Dakhla atlantique iv) station de dessalement b) Croissance économique et tendances futures c) Tendances des secteurs clés de la région d) Analyse socio-démographique de la population i) croissance démographique ii) distribution de la population par groupes d’âge iii) distribution spatiale de la population

38 38

39 40 41


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

TABLE DES MATIÈRES iv) situation familiale et matrimoniale v) typologie d’habitat vi) niveau scolaire et éducatif vii) mixité ethnique et linguistique viii) secteurs d’emploi ix) préférences et attentes urbaines et architecturales de la population 5/Historique architectural et urbain de la ville de Dakhla a) 1884 -1940 phase d’occupation et de contrôle militaire b) 1940 -1964 phase d’organisation urbaine et politique de sédentarisation c) 1964 -1975 phase de développement urbain et exploitation des phosphates d) 1979 - 1991 libération et stabilisation du territoire e) 1991 - 2020 phase de développement accéléré

44 44 45 46 46 47

6/Analyse urbaine a) analyse de la macro-forme et de l’organisation spatiale urbaine b) analyse de la mobilité urbaine c) analyse de la typologie urbaine et architecturale de la ville d) analyse du régime foncier e) analyse des orientations et directives du sdau f) analyse SWOT du SDAU forces - faiblesses - opportunités - et menaces

47 47 48 49 52 53 53

7/Conclusion

54

CHAPITRE 3: Hypothèses d’interventions architecturales et urbaines pour une architecture durable à Dakhla

55

1/Introduction

55

2/Typologies architecturales et urbaines envisageables et analyse empirique a)Objectifs b)Méthodes c)Résultats i) éprouvette témoin lotissement typique à Dakhla ii) variante A ( immeubles r+4 ouverts sur cour) iii) variante B (tissu dense de maisons individuelles ) iv) variante C (immeuble bioclimatique ouvert sur la corniche ) d)Conclusions

56 56 56 59 59 63 67 71 73

3/Matériaux et techniques de construction adéquats a)Objectifs b)Méthodes c)Résultats i) éprouvette témoin structure béton armé et agglos de ciment ii) pierre naturelle iii) briques de sable des dunes stabilisées à la chaux et au ciment d)Conclusions

76 76 76 77

84

CHAPITRE 4 : Le projet

88

1/ Analyse spécifique de la centralité de Dakhla a) situation et justification du choix du site b) vide et plein c) images et visualisation du site

89 89 90 92 9


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

TABLE DES MATIÈRES d)échelle d’analyse/échelle d’intervention e)trame viaire f)zonage et fonctions g)gabarits , équipements et activités h)historique et densités i)potentialités et risques j)constats et observations

98 100 102 104 106 108 110

2/ Intentions du projet 3/ Spécificités du projet a)respect des coutumes locales b)bioclimatisme c)aspects de frugalité dans le projet d)l’artisanat comme référentiel d’esthétique e) Le recyclage comme solution à la pénurie de ressources

112 113 113 114 115 116 117

4/ Projet Urbain : Quartier «Vrîg-al» a) logique d’aménagement b) logique des circulations c) logique fonctionnelle et programme

118 118 119 120

5/Projet architectural «îlot d’habitation» a) l’approche participative à travers la méthode B.O.B b) application de la méthode B.O.B au cas d’étude i) développement de l’architecture primaire ii) développement de l’architecture secondaire c)conception type d’un îlot

121 122 122 123 124 130

137

6/Visite guidée du projet

CONCLUSION/ BIBLIOGRAPHIE/ ANNEXES/

10

150 152 155


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

LISTE DES FIGURES Liste des figures: Page Page Fig. 1: Organigramme de la méthodologie adoptée ................................................................................................................................................ 16 16 Fig. 2: Modèle de développement durable ......................................................................................................................................................................20 20 Fig. 3: Pôle oenotouristique Viavino réalisé par l’architecte Philippe Madec sur les principes de frugalité ..........................................22 22 Fig .4 : Plan schématique montrant le concept d’urbanisme durable superblocs à barcelone permettant une reconstruction sociale et naturelle. .............................................................................................................................................................25 24 Fig .5: Perspective , plan , croquis de barre de faîte , plan de toiture, toutes illustrant une kheima de la tribu “tekna” .................................................................................................................................................................................27 26 Fig. 6 & 7 : Maquette et plan illustrant le projet proposé par alison&peter smithson alison and peter “urban form studies for the old city of kuwait......................................................................................................................................................................28 27 Fig .8 : Maquette, , croquis d’ambiance sous une galerie ,élévation, croquis d’ambiance rue piétonne ombrée...................................29 28 Fig 9: Approche adoptée par Foster et Partners .........................................................................................................................................................30 29 Fig. 10: Plan des fonctions de la ville de Masdar.........................................................................................................................................................30 29 Fig. 11: Rendu 3d montrant le mode de transport PRT conçu pour la ville de Masdar.....................................................................................31 30 Fig. 12: Plan masse de la ville de Masdar .....................................................................................................................................................................32 31 Fig. 13 : Emplacement global national et régional de la ville de Dakhla .............................................................................................................34 33 Fig. 14: Principaux ports de marchandises en Afrique...............................................................................................................................................35 34 Fig. 15: Sebkha d’Imlili............................................................................................................................................................................................................36 35 Fig. 16 : Bathymetrie de la baie de DakhlaCirculation Marine De La Baie De Dakhla .....................................................................................37 36 Fig. 17 : Diagramme pluviométrique et moyennes de températures mensuelles.............................................................................................38 37 Fig. 18 :Niveaux de confort selon l’humidité rapportée en pourcentage de temps passé dans divers niveaux de conforts catégorisées selon la température de rosée, Phénomènes météorologiques.........................................................38 37 Fig .19: Rose mensuelle des vents à la station météorologique de Dakhla sur la période 2005-2014.......................................................39 38 Fig. 20: Régime de vents au Maroc ...................................................................................................................................................................................39 38 Fig. 21: Comparatif d’irradiation globale horizontale................................................................................................................................................... 38 39 Fig. 22: Dynamique sédimentaire au niveau de la presque ile et de la baie de Dakhla...................................................................................40 39 Fig. 23: Plan du nouveau port Dakhla atlantique..........................................................................................................................................................42 41 Fig. 24: PIB par secteur d’activité à Dakhla....................................................................................................................................................................42 41 Fig. 25 : Croissance de la population à Dakhla ............................................................................................................................................................43 42 Fig. 26: Diagramme des âges comparatif entre la distribution des âges de la commune de Dakhla et le reste du Maroc................44 43 Fig. 27: Diagramme démontrant les compositions de ménages à Dakhla .........................................................................................................44 43 Fig. 28: Pourcentage de ménages par type de logement .........................................................................................................................................45 44 Fig. 29: Diagramme démontrant les types de ménages à Dakhla..........................................................................................................................45 44 Fig.30: Évolution de la taille des ménages à Dakhla...................................................................................................................................................45 44 Fig. 31: Langues parlées par la population à Dakhla...................................................................................................................................................45 44 Fig. 32: Statut professionnel des actifs et chômeurs ayant déjà travaillés à Dakhla .....................................................................................46 45 Fig. 33: Souhaits exprimés par la population en matière de typologie et surfaces de logements..............................................................46 45 Fig 34: Sources d’insatisfaction de la population par rapport à leur environnement urbain ..................................................................... 46 Fig. 35: Vue aérienne non datée, de la ville de Dakhla au début de l’aviation.....................................................................................................48 47 Fig. 36: Vue axonometrique d’un fort de défense militaire (espagnol )situé au nord de Dakhla..................................................................48 47 Fig. 37: Photo aérienne de la ville de Dakhla ................................................................................................................................................................48 47 Fig. 38. Croissance de la ville de Dakhla par nouveaux bâtiments par années.................................................................................................49 48 Fig. 39: Répartition de la croissance de la ville de Dakhla par nouveaux bâtiments ......................................................................................52 51 Fig. 40: Macroforme des quartiers résidentiels à Dakhla.........................................................................................................................................52 51 Fig. 41: Épannelage des quartiers Sud de la ville de Dakhla....................................................................................................................................53 52 Fig. 42: Volumétrie et façades courantes à Dakhla.....................................................................................................................................................54 53 Fig. 43: Paysages urbains des quartiers d’habitation sud de la ville de Dakhla................................................................................................54 53 Fig. 44 : Plan résumant les directives du schéma directeur urbain de la ville de Dakhla.............................................................................56 55 Fig. 45 : Processus de simulation numérique et intégration des différents logiciels......................................................................................59 58 Fig. 46 : Humidité relative mensuelle moyenne et température de l’air à Dakhla.............................................................................................60 59 Fig.47 : Diagramme psychrométrique extérieur à dakhla.............................................................................................................................60 59 Fig 48: Diagramme annuel d’heures de conforts thermique classées selon l’indice ppd à l’extérieur à Dakhla............................ 60 Fig. 49 : Dôme d’irradiation solaire....................................................................................................................................................................................61 60 Fig. 50 : Rose des vents de Dakhla................................................................................................................................................................................... 60 61 Fig. 51: Plan masse suivant le modèle courant de lotissement à dakhla ............................................................................................................62 61 Fig. 52: Modèle 3d (eprouvette témoin) soumis aux simulations thermodynamiques.................................................................................... 61 Fig.. 53: Températures opératives intérieures annuelles à Dakhla (eprouvette témoin).................................................................... .63 62 Fig. 54: Humidité relative intérieure annuelle à Dakhla. (eprouvette temoiin)..................................................................................... 63 62 Fig. 55: Température de rosée calculée à partir de la température de l’air et de l’humidité relative (eprouvette témoin) ..........63 62 Fig.56: Diagramme psychrometrique tracé à partie des conditions intérieures de température de l’air(eprouvette témoin) et d’humidité relative simulés pour chaque heure durant l’année..............................................................................................63 Fig. 57: Plan urbain des vitesses des vents nord et plan urbain de la direction des vents au niveau piéton 1.5m et soumis à une vitesse des vents supérieure à 10m/s (eprouvette témoin) ....................................................................................... 64

11


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

LISTE DES FIGURES

Fig. 58: Plan de masse du projet proposé par l’étude d’intervention sur les quartiers menaçants ruine à Dakhla..............................66 65 Fig. 59: Maquette 3D du projet proposé par l’étude d’intervention sur les quartiers menaçants ruine à Dakhla................................. 66 65 66 Fig. 60: Maquette soumise à la simulation thermique variante A...........................................................................................................................67 66 Fig. 61: Températures opératives intérieures annuelles à Dakhla - variante A ................................................................................................67 Fig. 62: Humidité relative intérieure annuelle à Dakhla variante A .......................................................................................................................68 67 Fig. 63: Température de rosée calculée à partir de la température de l’air et de l’humidité relative .....................................................68 67 Fig. 64: Diagramme psychrometrique tracé à partir des conditions intérieures de température de l’air et d’humidité relative simulées pour chaque heure durant l’année, variante C ............................................................................. 68 67 Fig. 65: Plan urbain de la vitesse du vent au niveau piéton 1.5m et soumis à une vitesse des vents supérieure à 10m/s................. 69 68 Fig. 66: Plan de masse de la variante B dans son insertion complète au site................................................................................................... 69 70 Fig. 67: Vue aérienne de la variante B dans son insertion complète au site .................................................................................................... 70 71 Fig. 68: Vue axonometrique du modèle 3D de la variante B soumise à la simulation thermodynamique.................................................71 70 Fig. 69 Températures Opératives intérieures annuelles à Dakhla - variante B ................................................................................................71 70 Fig.70: Humidité relative intérieure annuelle à Dakhla - variante B......................................................................................................................72 71 Fig.71: Températures opératives intérieures annuelles à Dakhla - variante B ................................................................................................72 71 Fig.72: Diagramme physchrométrique - variante B .............................................................................................................................................72 71 Fig.73: Plan urbain (variante B) de la vitesse du vent .............................................................................................................................................73 72 Fig. 74: Vue aérienne démontrant la typologie de la variante C ............................................................................................................................74 73 Fig. 75: Vue axonometrique du modèle 3D de la variante C soumise à la simulation thermodynamique ................................................74 73 Fig. 76: Températures opératives intérieures annuelles à Dakhla - variante C .............................................................................................. 73 74 Fig. 77: Humidité relative intérieure annuelle à Dakhla - variante C ...................................................................................................................75 74 Fig. 78: Diagramme physchrométrique - variante C.................................................................................................................................................. 74 75 Fig. 79 : Planche comparative des performances de confort à l’intérieur de confort au vent et de respect des principes du true urbanism.................................................................................................................................................................... 77 78 Fig. 80 : Tableau de benchmarking pour les matériaux durables......................................................................................................................... 78 79 Fig. 81: Illustration montrant le système de structure le plus répandu à Dakhla ...........................................................................................80 78 Fig. 82: Bloc d’agglos conventionnel 20x20x50............................................................................................................................................................80 79 Fig. 83: Photo démontrant l’usage très courant d’agglos de ciment au niveau de la ville de Dakhla........................................................80 79 Fig. 84: Diagramme physchrométrique .........................................................................................................................................................................80 79 Fig. 85: Ancien phare espagnol ........................................................................................................................................................................................83 82 Fig. 86: Carte géologique de Dakhla ...............................................................................................................................................................................83 82 Fig. 87: Diagramme psychrometrique résultant de la simulation «shoebox» pour un mur de pierre de 40cm ....................................85 84 Fig. 88 : Dimensions et aspect de la brique de sable stabilisée.............................................................................................................................85 84 FIg. 89: Comparatif de performances thermiques simulés et d’indices de durabilité calculés sur la base des RI .............................87 86 92 91 Fig.90: Photo aérienne des quartiers ouest et centre de la ville de Dakhla.................................................................................................. 92 Fig. 91 : Vue rasante donnant une impression des gabarits de la zone d’étude................................................................................................91 93 Fig. 92 : Image de synthèse 3d quartier Ksikssat .......................................................................................................................................................91 94 Fig. 93: Image de synthèse aérienne des quartiers ouest et centre de la ville de Dakhla..........................................................................92 94 Fig. 94: Photo du quartier de recasement d’alomrane...............................................................................................................................................92 95 Fig 95 : Voie de desserte au nord du site d’étude ......................................................................................................................................................92 95 Fig. 96 : Square commercial du quartier ksikssate....................................................................................................................................................92 96 Fig. 97: Photo aérienne des quartiers ouest et centre de la ville de Dakhla...................................................................................................93 96 Fig. 98: Vue rasante donnant une impression des gabarits de la zone d’étude..............................................................................................93 97 Fig. 99 :Image de synthèse 3d quartier Ksikssat........................................................................................................................................................93 113 Fig. 100: Dessin de concept démontrant la disposition en rangées .............................................................................................................102 113 Fig. 101 : Photo aérienne de Dakhla durant l’occupation espagnole.....................................................................................................................102 114 Fig. 102: Ébauche d’une volumétrie type du projet.....................................................................................................................................................103 114 Fig. 103: Croquis d’André Ravereau montrant l’usage des terrasses..................................................................................................................103 115 Fig. 104: Irradiation solaire incidente sur un cube de 3M de coté à Dakhla.....................................................................................................104 114 Fig. 105: Étude d’ensoleillement sur rhino3d durant le solstice d’hiver et solstice d’été.............................................................................104 Fig. 106: Croquis d’une porte dans un mur de pierre à charnière creusée dans la roche...................................................................... 115 Fig. 106b: Aspects d’artisanat traditionnel du sahara............................................................................................................................................115 117 Fig. 107 Bateau échoué sur les plages de Dakhla ....................................................................................................................................................107 117 Fig. 108 & 109 :Bateaux échoués sur une plage du Sahara marocain ...............................................................................................................107 121 Fig. 110 :Diagramme résumant le principe BOB de Pascal Gontier.....................................................................................................................111 121 Fig. 111 : Tels deux pommiers, les bâtiments BOB partagent les mêmes règles de conception............................................................111 113 Fig. 112: Croquis démontrant un exemple d’application des règles fixées pour l’architecture primaire.................................................112 113 Fig. 113: Maquette 3d d’un ensemble d’îlots crées en application des règles de l’architecture primaire...............................................112 Fig. 114: Croquis d’une coupe de principe d’intégration d’éléments d’architecture secondaire passant 123 par l’un de des blocs constituant l’îlot.....................................................................................................................................................113

12


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

13


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

INTRODUCTION 1/Penser global et agir local, croissance de Dakhla oued eddahab et enjeux de développement durable Au fil de l’histoire, le Maroc des plaines, montagnes et plateaux ne peut être dissocié du Maroc saharien, on pourrait aller même plus loin et dire que le Maroc doit sa grandeur au Sahara; un bon nombre de sultans, notables et guides spirituels vinrent de ces contrées désertiques, Comme l’avait habilement décrit Feu Hassan 2 “le Maroc est un arbre dont les racines plongent en Afrique et qui respire par ses feuilles en Europe”, le Sahara marocain a donc été et continue d’être un territoire de brassage culturel entre l’Afrique méditerranéenne, l’Afrique subsaharienne et le proche orient . A l’aube du 20ème siècle et plus précisément en 1912 suite à la convention de Madrid les empires espagnols et français arrivèrent à couper le Maroc de son Sahara et de son Rif qui étaient tombés sous le joug de l’occupation espagnole tandis que le reste du pays fut soumis au protectorat français , les territoires sud sous contrôle espagnol évoluent très différemment du reste du Maroc vu que la population locale a conservé son mode de vie nomade, et la présence espagnole est restée limitée au villes situées sur la façade atlantique à savoir Villa Cisneros (Dakhla), Layoune et Cap juby, de ce fait le développement des villes de la région autrefois dénommée le Sahara espagnol ne s’est amorcé que très tard durant les années 50 et est resté limité jusqu’à ce que le Maroc récupère les régions de Laayoune Sakia el hamra et guelmim Es Smara en 1975 suite à la marche verte, et puis en 1979 la région de Dakhla Oued Eddahab. Le Maroc a donc regagné la souveraineté de La région il y a de cela tout juste 40 ans, ses potentialités de développement se débloquent au fur et à mesure, durant la dernière décennie les efforts déployés par les instances régionales et gouvernementales pour accélérer le processus de développement en dotant la région d’importantes infrastructures ont étés fructueux; la région est devenue une destination mondiale de kitesurf et a accueilli en 2017 plus de 160 000 passagers à travers son nouvel terminal aérien inauguré en 20101c, la région a pu également gagner le pari d’agriculture dans un milieu saharien et compte 435 hectares cultivables en 20152d, le secteur halieutique a le vent en poupe avec 614 000 tonnes péchés en 2016 et une production qui a doublé en 5 années e, le secteur de l’aquaculture débute également et l’agence nationale de développement de l’aquaculture ambitionne d’atteindre une production de plus de 115 000 tonnes par an3f. Ces figures témoignent d’une politique marocaine qui vise à faire de Dakhla un hub de commerce régional, dans le cadre de l’ouverture du royaume sur le continent africain, symboliquement portée par le projet de double voie express vers Guerguerat lancé par le ministre des transports, ainsi que par le lancement du projet de construction du nouveau port «Dakhla atlantique» avec une capacité de 100 000 EVP et un coût estimé à 10 milliards de dhs4g. 2/Problématique Le développement de la région Dakhla Oued Dahab concerne principalement le chef lieu de la région, à savoir, La ville de Dakhla et son agglomération. En effet, la région concernée affiche un taux d’urbanisme de 74.15% en 2014 et ce même taux atteindrait selon les estimation du HCP 87.5% en 2030 h5 , cette croissance urbaine rapide suscite un bon nombre de questions, compte tenu de l’éloignement de la région des métropoles marocaines et également compte tenu du fait que c’est une région où à cause des conditions climatiques dures l’urbanité reste une nouveauté pour les populations traditionnellement nomadiques, et donc la plus proéminentes des questions qui se posent et qui jusqu’à présent à été adressée d’une manière assez marginale est la suivante : par quels moyens l’architecture et l’urbanisme peuvent-t-ils garantir la durabilité et la résilience de la ville de Dakhla ? car ce sont principalement ces deux questions parmi d’autres qui ont historiquement empêchés les population de se sédentariser durablement dans la région. Cette problématique corrélant architecture, urbanisme et Sahara à la thématique de la durabilité et

14

c,d,e,f,g, haut commissariat au plan, 2018, monographie de la région Dakhla oued eddahab h Projet de Stratégie Nationale de Développement Durable 2030-Rapport final


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

à la résilience est naturellement complexe vu que chacun de ces mots clés présente de multiples facettes et sous-thèmes elle ne pourrait être logiquement résolue qu’en la ramifiant en plusieurs autres problématiques encore plus précises ; Un premier angle d’attaque serait celui des ressources, en effet faire pérenniser les ressources et bien les gérer est une condition sine qua non pour toute démarche relevant de la durabilité et est d’avantage plus importante dans un milieu en manque de ressources vitales telle que la région en question , le secteur du bâtiment étant demandeur de ressources énergétiques hydriques et minières très importantes tout au long du cycle de vie des ouvrages il est évident de se demander dans ce contexte , quelles ressources renouvelables et quels matériaux utiliser pour une architecture locale et durable, à Dakhla en particulier et dans les climats et contextes sahariens en général ? L’architecture comme l’urbanisme c’est également une théorie , des typologies et des solutions, une armada d’outils , de principes et de fondements qui ont des répercussions fortes et bien réelles sur le terrain, à travers l’histoire l’homme a su adapter le bâti comme la ville aux contraintes de la nature , actuellement grâce au progrès de la science on a la possibilité “d’accélérer” ce processus d’adaptation de l’architecture au milieu grâce à la simulation, qui permet d’évaluer la performance des bâtiments et même des villes sur la plan thermodynamique dans un environnement donné , ce qui nous amène à la question suivante quelle typologie d’architecture et d’urbanisme adopter pour améliorer la résilience et la durabilité de Dakhla ? par quel moyens peut-on atteindre l’efficacité énergétique et l’économie des moyens en architecture et urbanisme à Dakhla ? et comment traduire ces principes en un projet qui sera investit par la population , respectueux de l’environnement et viable pour la ville ? 3/méthodologie Afin de Mener à bien ce travail de recherche une méthodologie alliant recherches bibliographiques réunions avec les parties concernées, expérimentations empiriques et études sur terrain sera envisagée. Dans une première phase le travail accompli est celui d’immersion dans le sujet , à ce titre toute documentation relative au thématiques abordées à savoir l’architecture et l’urbanisme durable ainsi que l’architecture adaptée au désert et bien sûr toute documentation relative au terrain d’étude fut collectée et triée puis synthétisée selon sa pertinence . Ensuite après avoir collecté et assimilé un maximum d’informations concernant le sujet d’étude ainsi que le site étudié une visite de la ville de Dakhla et de sa vicinité fut planifiée, durant laquelle il était envisagé d’effectuer un travail d’analyse et d’enquête du terrain sur plusieurs dimensions, la première étant naturellement une analyse sensorielle qui sera étayée par une analyse socio-démographique visant à mieux cerner le cadre de vie de la population, leurs attentes, leurs habitudes ainsi que leur socle culturel à travers des témoignages recueillis auprès de la population, cette étape fut effectuée à distance grâce à l’aide de plusieurs personnes présentes sur place .Le contact a également été établi avec le personnel des entités étatiques chargés d’urbanisme et d’architecture ( agence urbaine , direction provinciale du ministère de transport et logistique) pour avoir du recul sur les projets qui ont étés réalisés ainsi que les projets en cours, en s’arrêtant sur les succès et manquements qui ont étés remarqués, le but de ces entretiens est également d’appréhender la dynamique de développement économique, environnemental et sociétal avec lequel a noué la ville de Dakhla , ces entrevues ont également permis de s’arrêter sur les ressources disponibles sur place à la fois hydriques , naturelles mais aussi géologiques et donc exploitables pour une construction durable . A ce travail de terrain s’ajoute également un travail de simulation analytique assistée par ordinateur permettant de tirer des conclusions concernant l’impact des orientations, des dispositions architecturales et urbanistiques ainsi que des matériaux sur le confort thermique, travail qui sera couronné de conclusions prescrivant les choix optimaux pour un confort thermique et une efficacité énergétique optimale au niveau des bâtiment mais aussi au niveau urbain. Une fois les données recueillis et les fait constatés, un travail d’analyse et de superposition d’éléments puis de déduction fut entamé afin de vérifier les hypothèses formulées en amont du travail de recherche pour ainsi les corroborer ou les rectifier selon les résultats du travail d’analyse, ou même en tirer de nouveaux éléments de réponse . 15


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

et enfin à la lumière du travail de recherche , d’analyse et également des conclusion tirés dans la partie théorique du mémoire un site fut choisi dans la centralité de la ville de Dakhla dans lequel prend place un projet durable, éco responsable et bioclimatique, visant à combler les besoins de la ville identifiés durant l’analyse socio démographique et urbaine en matière de logement , d’activités économiques et de services , la partie projet tire ses préceptes en matière de programme , choix de matériaux , aménagements et divers choix urbains et architecturaux des conclusions de la partie théorique , les choix de conception sont donc argumentés par les conclusions de cette dernière.

Consultations d’experts

visite du site d’étude

documents officiels

tache assurée par Mariam Saad (élève architecte en S8) en raison du confinement covid 19

état des savoirs

benchmarking de matériaux

benchmarking de typologies

Recherche bibliographique Entretiens Workshop de bioclimatisme

Avis externes

ANALYSE HOLISTIQUE DU SITE D'ÉTUDE

THÉORISATION DES CONCEPTS

Expériences de l’atelier d’architecture S8

EXPÉRIMENTATION

vérification des hypothèses /synthétisation du mémoire

rabattement des concepts de durabilité sur le terrain d’étude

PROPOSITIONPROPOSITION D’UN PROJET DURABLE UN PROJET DURABLEADAPTÉ AU ADAPTÉ AU CONTEXTE CONTEXTE

Fig. 1: organigramme de la méthodologie adoptée

16


TPFE Mohamed Yazid Bajja

4/Plan de travail

Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

17


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

Chapitre 1 :

Bâtir durablement dans le désert 1/la durabilité dans un contexte de crise environnementale mondiale La notion de durabilité ayant été malmenée par les médias et par les industriels qui se mettent à la mode du greenwashing, a perdu son sens premier, de ce fait et afin de redécouvrir ce qu’est la durabilité une rétrospective au temps anciens pré révolution industrielle s’impose, l’architecture ainsi que la civilisation pour l’essentiel de l’histoire de l’humanité a été durable1 ; l’être humain a toujours composé avec les éléments offerts par la nature pour concevoir le cadre bâti de ses civilisations, il a pu adapter ces réalisations aux conditions naturelles et au contraintes que lui imposait son biome d’installation en utilisant au mieux les ressources d’énergies renouvelables et les matériaux naturels grâce à un savoir faire perfectionné de génération en génération, cependant ce cycle a connu une rupture presque brutale avec l’avènement de la révolution industrielle , l’accès aux énergies fossiles et le développement de machines augmentant drastiquement la productivité a permis un développement agricole sans précédent provocateur d’une explosion démographique qui fait grimper la population mondiale de 990 millions en 1800 à 7700 millions en 20192, l’interconnexion des marchés mondiaux et les possibilités d’exportation que commençaient à offrir les nouveaux moyens de locomotion ont fait que l’industrialisation a touché tous les domaines de production, n’épargnant bien sûr aucunement l’architecture, notamment à travers l’utilisation de 1 2

18

Carl bovill 2014 sustainability in architecture and design HYDE(History Database of the Global Environment)

matériaux issus de l’industrie sidérurgique, dans un premier temps, et du béton et ses dérivés dans un deuxième. Cependant une croissance infinie dans une planète au ressources finies est logiquement et pratiquement impossible , dans plusieurs contrées au monde cela se fait sentir déjà : assèchement des nappes phréatiques au sud du Maroc , déboisement chronique de l’Amazonie , la dégradation du 1/3 des sols arables3, de surcroît, conséquence directe de l’utilisation des énergies fossiles, le niveau de Co2 dans l’atmosphère a augmenté drastiquement ce qui a augmenté les température moyennes , l’IPCC prédit une augmentation entre 2 et 4 degrés Celsius d’ici la fin du siècle , par ailleurs l’industrialisation a crée des pôles industriels mondiaux capables par concentration d’activités et par optimisation des procédés industriels de produire à des prix très bas les produits et matériaux, entrant ainsi en compétition directe avec le savoir faire séculaire, les matériaux locaux et la production artisanale des populations partout dans le monde, transformant ainsi leurs habitudes et modes de consommation et sacrifiant leur cultures sur l’autel du modernisme . Cela dit, au vu de cette conjoncture mondiale, il n’y a pas lieu d’ajouter l’épithète durable à l’architecture car si un bâtiment n’est pas conçu en conscience des problèmes majeurs que connaît la planète, il ne s’agit pas là d’architecture mais plutôt de construction, n’ayant pas répondue à la fois au exigences environnementales, culturelles et économiques, mais ayant tout simplement traduit un programme en bâtiment . 3 Pimentel, D., Harvey, C., Resosudarmo, P., Sinclair, K., Kurz, D., McNair, M., ... & Blair, R. (1995). Environmental and economic costs of soil erosion and conservation benefits. Science, 267(5201), 1117-1123.


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

2/Caractérisation de l’urbanisme et de l’architecture durable a)l’urbanisme durable Contrairement à d’autre courants d’architecture et d’urbanisme , l’urbanisme durable n’as pas de manifeste qui se dégage de manière assez forte 4, ceci peut être dû au fait qu’un urbanisme durable est fortement tributaire de la culture et du site d’étude et ne peut donc être canonisée sous une forme ou sous des manifestes immuables, comme en témoigne l’accent mis sur la gestion rationnelle plutôt que la construction ou l’urbanisation dans le chapitre 7 de l’agenda 21 qui pourtant prône l’établissement d’un modèle d’urbanisme , plusieurs travaux ont essayés de dresser un modèle type d’urbanisme durable mais se heurtent au constat que l’urbanisme durable dans sa quintessence est une adaptation du cadre bâti au cadre socio-culturel, économique et naturel , tel que l’affirme Professeur Emanuel Ray dans son ouvrage Green Density :

Il n’existe pas de recette univoque pour faire évoluer la ville actuelle vers plus de durabilité . Cette évolution émerge plutôt de la concrétisation de solutions sur mesure développées de manière itérative et adaptée, tant en termes de projet que de processus” ,5 Toutefois, plusieurs études et ouvrages ont essayés de décrire la problématique, de faire des bilans de projets “durables” et de proposer des guides d’action et de bonnes pratiques , le plus iconique et édifiant de ces pamphlets est la charte d’aalborg 1994 ainsi que son épilogue les engagement d’aalborg 2004 (ibid) , Claire Carriou, Olivier Ratouis ont résumé les dispositions de ces deux chartes édifiantes dans le tableau suivant: critères

charte d’aalborg 1994

imaginaire

Ambivalence : discours de fonda- Ambivalence : « vision commune tion qui en même temps vise à « » des villes européennes pour un rééquilibrer » la ville existante « développement durable local »

Temporalités

Durabilité comme « système « Futur durable ». Conserver l’héd’équilibrage », « tirer les leçons ritage culturel urbain, responsadu passé au plan local », « pas un bilité intergénérationnelle état immuable »

Structure sociale

Ville comme « entité holistique » “soutenir les communautés ouou « écosystème vertes et solidaires »

Nature

« Capital naturel » à préserver et Protection et préservation des valoriser, biodiversité biens naturels communs

Technique

Appui : « utiliser les instruments politiques et techniques pour une approche écosystémique de la gestion urbaine

Technique Morphologie urbaine

Combinaison des fonctions, ré- Densité urbaine, restaurer les duction des besoins de mobilité, « zones désavantagées et friches chaque ville est différente », ville compacte

Esthétique

- Néant -

Économie

Favoriser une économie qui as- « promouvoir l’économie et l’emsure la « viabilité de la commu- ploi « au niveau local » nauté »

Gouvernance

Pouvoir des villes, « négociation », « participation » des citoyens, experts mis au service des collectivités locales

4 5

aalborg plus 2004

Ambivalence : « Faire face aux pressions de la technique » mais favoriser « les techniques de construction de haute qualité »

- Néant -

Démocratie participative, appliquer l’Agenda 21 local, experts mis au service des collectivités locale

Carriou, C., & Ratouis, O. (2014). Quels modèles pour l’urbanisme durable? (Rey, Emmanuel, 2013 Publié dans:GREEN DENSITY, 181-184)

19


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

De cette analyse des chartes d’aalborg, selon une optique architecturale et urbaine, se dégage une forte impression d’absence de préconisations directes concernant la morphologie de l’espace urbain allant plus loin que la notion de ville compacte aux fonctions mixtes et la restauration des friches. En combinant ce fait à l’absence d’idéal esthétique de la ville durable, on peut sortir avec deux constats, le premier est que l’urbanisme durable et par extension l’architecture durable ne fait pas table rase avec l’existant mais s’y immisce pour l’améliorer, ainsi l’approche spatiale dépendra entièrement du contexte urbain, naturel, économique et culturel. Le second constat est que le spatial n’est pas le vecteur principal d’action sur la ville , ce qui est tout à fait logique en considérant que l’urbanisme durable découle d’une approche holistique qui inclut traditionnellement l’aspect environnemental , économique et social, mais qui en réalité se ramifie vers des thématiques connexes tout aussi importantes tels que la culture , la gouvernance et l’éducation, dans ce paradigme l’espace est présent en filigrane dans toutes les disposition de l’urbanisme durable puisque c’est le terrain du changement mais également le réceptacle de ressources, sans pour autant être toujours l’élément de solution. A défaut de ne pas avoir retenu de définition claire de modèle spatial urbain durable dû au fait que l’urbanisme durable est un urbanisme d’acupuncture et de “réparation de l’espace urbain “ puisqu’au fond le développement durable cherche à limiter l’extension urbaine et que cette approche est plus économe en ressources et plus respectueuse de l’environnement , nous essayerons donc de définir l’outil par le résultat escompté, nous retenons que l’urbanisme durable est l’aboutissement de l’ensemble des solutions intégrées qui peuvent être d’ordre spatial , social, technique mais également économique et de gouvernance qui mènent au développement d’une ville durable et résiliente , ce qui nous conduit à définir la ville durable. participation

EN

ve dé

T

co n fi

lt d

e

/ cu

lo p ONNEM

cat

N VIR

Edu

EE

ion

E

AL

AL

IT

LYSEURS CATA Modèlemodèle proposée de developpement durable inspiré du modèlepar proposé par catherine chalot,valdieu et phillippe outrequin -charte Fig.2: de DD proposé l’auteur inspiré des modèles de l’association suden et du modèle de Campbell S developé da ns “green cities , growing cities , just cities ? urban planning and the contradictions of sustainable developpement “ journal of the american planning association , vol 92 C.Valdieu , P.Outrequin du modèle de S.Campbell

b) la ville durable Que veutcomme dire donc l’architecture pour le developemment durable? , l’architecture l’urbanisme Tout le développement durable, la etdéfinition étant tout les deux des outils et des conséquences du developpement de la ville durable est sujette àdonc deunnombreuses inils s’immiscent en réalités dans tous ces composantes et sont paramêtre importaant pouraboutir à la durabilité terprétations qui diffèrent par leur part d’inclusion de l’aspect socio-culturel et du modèle économique adopté , cependant certaines définitions se distinguent par leur pragmatisme et leur conciliation entre les différentes dimensions qui font la ville , notamment la définition de Cyria Emelianoff qu’elle a formulée ainsi “une ville durable est une ville capable de se maintenir dans le temps en gardant une identité et son dynamisme , capable aussi d’offrir une qualité de vie en tous lieux dans une mixité sociale et fonctionnelle, et capable enfin de se réapproprier un projet politique à la recherche d’un équilibre sur le plan écologique et social vis à vis du territoire et de la planète”6

6 7

20

Cette définition est particulièrement pertinente en raison de sa juxtaposition entre objectifs du développement durable et enjeux qu’on peut résumer dans le tableau suivant : objectifs volet social

p e m e nt

vivable

viable

re

équitable

QU

c ur so co n filt d e res ce e ien Efic escenc nér régé

es

EQ

ltu

MIQUE NO CO

SOCIALE TE UI

EFFICACI TE E

S URS YSE TAL CA

CAT AL YS EU R

flit de proprié con té

enjeux

homogénéisation mixité sociale et de la qualité de fonctionnelle vie

volet écolo- équilibre entre continuité pogique social, écologie litique (gestion et territoire de ressources volet écono- se maintenir dans mique le temps (soutenir une croissance )

garder son dynamisme et son identité ( en dépit de la gestion rationnelle des ressources)

c) la durabilité en architecture Après avoir cerné la quintessence de l’urbanisme durable ,définir l’architecture est un exercice de changement d’échelle sans pour autant perdre en vue les objectifs du développement durable , car souvent le développement durable en architecture est limité aux bâtiments à basse consommation d’énergie, mais le fait est que la question de l’architecture durable est aussi bien environnementale qu’esthétique, fonctionnelle , géographique et sociale , il faut donc considérer que l’architecture durable se doit d’avoir une approche holistique dès les premières phases de sa conceptualisation 7 .

Cyria emelianoff vivre en ville favoriser le développement des collectivités viables sorel quebec 2 avril 2003 (aliki -myrto Perysinaki évolution des publications autour de l’architecture durable 2012)


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau Afin d’arriver à une vision claire de ce qu’est réellement l’architecture durable, la question à ce poser n’est pas “que veut dire la durabilité pour l’architecture “ mais l’inverse “ que veut dire l’architecture pour la durabilité “ car en se posant cette question on reconnaît que la finalité n’est pas d’adapter les pratiques actuelles aux thématique durables mais de mettre par dessus toute considération la durabilité8, et de remettre en question par conséquent radicalement la manière de faire l’architecture . Une architecture durable est donc une architecture consciente des conséquences du mode de croissance économique et d’étalement urbain, consciente que le secteur du bâtiment est le premier consommateur d’énergie avec 36 % de part de consommation (ADEREE), consciente de l’épuisement imminent des ressources naturelles, à leur tête les ressources hydriques, et enfin consciente qu’elle est destinée à être bâtie et habitée par des humains et doit donc porter un intérêt social, loin des visions utopistes, c’est une architecture qui a comme rôle la survie de l’espèce humaine à travers des solutions réalisables9 . Une architecture durable est donc la définition originelle de l’architecture; c’est à dire la maîtrise de l’art et de la science de construire en composant avec l’équité sociale, la qualité environnementale et l’effid) L’architecture durable low tech ou high tech ? l’architecture écoresponsable l’architecture durable étant essentiellement une architecture prônant l’économie des moyens, et partant la parcimonie au niveau de l’exploitation des ressources et encourageant la minimisation de l’impact environnemental, il est intuitif de l’associer à une approche frugale adoptant des solutions passives, des matériaux naturels abondants renouvelables voir recyclables et peu ou pas du tout traités industriellement. Cependant cette approche ne fait pas l’unanimité dans les rangs des concepteurs , une autre approche serait celle d’une architecture high tech reposant sur le progrès technique pour réaliser l’équilibre écologique, où l’économie des moyens et des ressources énergétiques passe par l’utilisation de matériaux industriels performants, et de systèmes intelligents contrôlant en temps réel les facteurs environnementaux entourant le bâtiment, et composant avec ces derniers pour améliorer la consommation, l’empreinte carbone ou encore allonger la durée de vie de l’ouvrage. Cela dit, dans un contexte urbain où la population est accoutumée

TPFE Mohamed Yazid Bajja à un haut niveau de vie il est nécessaire de composer avec les deux approches, c’est ainsi qu’est né le concept d’architecture éco responsable consciente des retombées économiques positifves des avancées technologiques et de la production industrielle, mais également de ses conséquences sur les ressources et milieux naturels, de ce fait l’architecture éco-responsable préconise d’abord le recours à des techniques bioclimatiques passives qui sont le plus souvent en plus d’être low tech , low cost également, voir qui ne coûtent parfois rien comme l’orientation du bâtiment par exemple , pour ce faire l’architecte ou le concepteur passe obligatoirement par la case analyse du site et de son territoire pour en faire ressortir le maximum de valeur matérielle, culturelle et également sociale par le biais de l’utilisation des matériaux locaux, l’implication des bénéficiaires du projet et la valorisation du savoir faire local , une fois cette voie épuisée et si besoin d’avantage d’économies énergétiques , matérielles ou de confort , des solutions optimisées et plus poussées techniquement sont envisageables en concertation avec les parties prenantes 10. on pourrait glisser ce précepte sur la maxime de l’architecte allemand Heinrich Tessenow

Le plus simple n’est pas toujours le meilleur, mais le meilleur est toujours simple”. l’architecture frugale Devant l’urgence climatique et l’accélération des dégradations des milieux naturels, le domaine de la construction connait une influence grandissante venant d’une autre vision de l’architecture durable, qui est celle de l’architecture frugale avancée par plusieurs architectes dont Philippe Madec , Alain Bornarel et Dominique Gauzin-Müller qui ont étés les rédacteurs du manifeste pour la frugalité heureuse et créative , ce même manifeste qui désormais ( en juillet 2020 ) compte plus de 9690 signataires 11 dont d’illustres architectes tel que Giles perraudin ou encore Salima Naji. la frugalité dans son sens large selon le larousse est la qualité d’une entité qui se nourrit de peu et qui vit de manière simple, dans son etymologie le mot frugal trouve son origine dans le terme latin “frux” ou “fruges” qui veut dire fruit de la terre , et c’est donc d’ici que la frugalité dans le contexte de durabilité prend tout son sens, la frugalité est donc une

8 Thompson-Fawcett, M. (1998). Leon Krier and the organic revival within urban policy and practice. Planning Perspectives, 13(2), 167-194. 9 Friedman, Y. (2003). L’architecture de survie: une philosophie de la pauvreté. éditions de l’éclat 10 D.Gauzin-Müller- à la recherche d’un équilibre entre low tech et high tech-encyclopaedia universalis 11 le manifeste dde la frugalité heureuse et créative - https://www.frugalite.org/fr/le-manifeste.html

21


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau attitude d’engagement basée sur la compréhension empathique d’un environnement12. Le manifeste pour la frugalité heureuse et créative a transposé ces définitions au domaine de l’architecture, de l’urbanisme et de la construction , et ce en déclinant ses aspects concrets sur quatres niveaux d’application comme suit: En énergie : à ce niveau le mouvement de frugalité en architecture privilégie les techniques de chauffage et de climatisation passives ainsi que la ventilation naturelle sans avoir recours à des techniques actives qui sont particulièrement énergivores , cependant ce n’est pas pour autant que le confort de l’occupant est oublié , bien au contraire tout les préceptes de l’architecture bioclimatique se prêtent à cet exercice . La frugalité en énergie c’est aussi la transition vers les énergies renouvelables, pour aboutir à des bâtiments autonomes ou encore à énergie positive En matière dans ce volet il est proposé de faire table rase avec les pratiques actuelles privilégiant des matériaux industriels polluants , énergivores et peu ou pas recyclables, le mouvement frugal ne propose pas de matériaux spécifiques, mais recommande d’avoir recours au filières locales, qui varient au gré des cultures et des territoires. Peu polluants faciles à extraire et souvent également économiques, ces matériaux, tels que la pierre, la terre, le bois ..., nécessitent quand même d’être couplés au développement, s’il existe déjà, sinon à l’investissement dans la création d’un savoir faire local qui maitrise le matériau. En technicité bien que n’étant pas catégoriquement opposé à la technologie, l’approche frugale appelle néanmoins à la minimisation du recours au solutions high-tech, et pour cause la simplicité que prône le mouvement exige que les technologies employées soient aisémment réparables et réutilisables ou recyclables, ce qui n’est souvent pas le cas de technologies de pointe ,qui en plus d’être difficilement réparables sont également plus polluantes et plus coûteuses à produire, de ce fait l’approche frugale à travers l’éloignement de la complication technique est consciente envers l’inclusion de l’utilisateur dans l’acte de bâtir et d’entretenir, afin qu’il puisse s’investir dans le bâtiment, le comprendre , et le réparer si besoin Envers le territoire la frugalité considère le territoire dans toute l’étendue de son sens, spatial, humain et culturel, l’ap-

12

22

Frugality: Considering an Intimate Modern. -Riyaz Tayyibji

TPFE Mohamed Yazid Bajja proche frugale plaide ainsi pour de l’empathie envers le territoire aussi bien dans sa composante naturelle et ce que cela impose en terme de respect des milieux naturels que dans sa composante urbaine et architecturale où le bâtiment s’insère de manière fidèle à ses valeurs frugales, sans pour autant constituer une rupture ni gaspiller le foncier , il s’agit également de faire preuve de respect envers la dimension humaine du territoire, le projet frugal prête une attention particulière à la culture, au systèmes de valeurs des communautés, et à l’usage que font les populations de l’espace tout en gardant en vue la dimension sociale du projet, en particulier son apport à la communauté et son inclusivité.

Fig.. 3: Pôle oenotouristique Viavino réalisé par l’architecte Philippe Madec sur les principes de frugalité , source : viavino.fr

e) caractérisation de l’architecture et de l’urbanisme durable Tel qu’il a été préalablement énoncé il n’existe en réalité pas de modèle universel avec des solutions prêtes et reproductibles dans tous les scénarios , les solutions durables émergent des territoires et des composantes naturelles culturelles et démographiques propres au site, cependant , plusieurs publications préconisent des approches de conception intégrées faisant allusion aux éléments et facteurs à prendre en considération dans toutes le phases du cycle de vie du projet et à toutes les échelles, aussi bien celles de l’objet architectural, du quartier et de la ville. C’est donc selon ces échelles qu’on va caractériser l’architecture et l’urbanisme durables. i) à l’échelle de l’architecture : La théorisation du concept d’architecture éco-responsable par D. Gauzin-müller dresse un profil pragmatique de l’architecture durable, du fait que ce dernier ne se limite pas aux dispositions bioclimatiques et les réponses techniques mais élargi la caractérisation à l’aspect humain, social, économique et territorial ;


éco

responsable

social

culture

écologie

économie

matériaux et techniques

site et territoires

énergie et ambiances

paramètres d’architecture

humain et usage

pérennité des matériaux et de leur mise en oeuvre

limiter l’empreinte carbone et les énergies grises

minimisation des charges de maintenance

économie des coûts de construction et des ressources premières y compris les ressources hydriques

utilisation de matériaux locaux et naturels

prise en considération des sensibilité des écosystèmes locaux

respect des cultures constructives locales et intégration de l’aspect identitaire

promotion des savoir faire locaux

promotion de l’économie locale

l’appropriation du bâtiment par les utilisateurs et l’adoption de comportements durables

concertation entre les parties prenantes et les utilisateurs du bâtiment

intégration à la topographie et au microclimat ( bioclimatisme )

limiter les besoins

solution passives d'éclairage naturel

solution passives ensoleillement et ventilation naturelle

économie d’énergie et utilisation d'énergies renouvelables

proposition de critères de l’architecture durable inspirée par l’approche éco responsable développée par D.gauzin-müller nous notons le fort enchevêtrement entre les principes de la durabilité et les paramètres de l’architecture témoignant d’une relation intégrée et multidimensionnelle entre l’architecture éco responsable et le développement durable , notons également la position centrale de l’humain qui est la clef de voûte dans cette approche

piliers du développement durable

Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau TPFE Mohamed Yazid Bajja

Fig. 10 :proposition de critères de l’architecture durable inspirée par l’approche éco-responsable développée par D.gauzin-müller

23

Architecture éco-responsable


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

ii)caractérisation de l’urbanisme durable à l’échelle urbaine, les enjeux de développement durable, en d’autre mots la conciliation entres les différentes dimensions du développement durable restent les mêmes, cependant, les solutions sont plus complexes et nécessitent plus de recul en raison du grand nombre de parties prenantes dans la genèse et le développement de la ville, et également en raison de l’impact environnemental et social plus prononcé, ainsi le projet d’urbanisme durable n’est pas pensé dans une logique spatiale pure, mais il s’agit d’un projet complexe portant à la fois un projet d’urbanisme dans le sens architectural , un projet social prônant l’équité sociale et la solidarité, un projet économique efficace, et un projet environnemental13. Ces points cités portent bien entendu à leur tour des ramifications de solutions pratiques, sur lesquelles il convient de s’arrêter, et ce pour ne pas tomber dans les généralisation superflues et les conclusions hâtives qui sont souvent avancés dans une logique commerciale comme arguments de projets urbains qui se réclament durables: Le projet urbain (conception architecturale et spatiale ) : En ce qui concerne ce volet le but est d’abord de concevoir une ville vivable et ayant un sens de l’espace , et ce en améliorant l’aspect esthétique sous réserve de se référer à la culture locale - et fonctionnel de l’espace urbain14 . En effet l’amélioration de la ville résulte en un engagement citoyen plus fort et un sens de communauté plus prégnant deux composantes essentielles pour aboutir à la démocratie participative primordiale pour le succès du projet social urbain durable et une meilleure prise de décision, cette amélioration de la ville peut être comprise par l’approche du mouvement «Making cities liveable» développé par Suzanne.C et henry.L de l’institute for livable cities leur qu’il nomment “True urbanism”, cette approche peut être synthétisée en quelque points ; D’abord la valorisation de l’espace public et les espaces de rencontre urbains ( square / cafés / marchés), ensuite la réintroduction des espaces publics multifonctionnels, servant de marchés le matin, de square l’après midi, et de terrasses de cafés le soir, dans le but de favoriser l’échange intra et extra communautaire et de dynamiser l’économie locale, au niveau des gabarits urbains l’idée du “true urbanism” est de mettre l’architecture à l’échelle humaine, et de ce fait il est préconisé de ne pas excéder 5 étages et de favoriser l’architecture traditionnelle dont les éléments architectoniques ont une échelle plus humaine, dans ce volet également il est aussi question de respecter le contexte urbain et architectural dans lequel le projet s’insère et de conserver l’homogénéité du tissu urbain , à moins que ce dernier ne soit chaotique, cas dans lequel il faudrait “montrer l’exemple”. Concernant les fonctions le “true urbanism” s’appuie sur la mixité fonctionnelle des bâtiments et fait de la maison boutique son unité de construction basique, admettant qu’elle offre beaucoup de flexibilité. Cette typologie a également l’avantage de rapprocher les activités des résidences tranchant ainsi avec la politique de zoning de l’urbanisme moderniste, et partant, favorise la transition vers un tissu urbain

compact, ils imagnent ce tissu urbain tissu couvant des espaces publics et traversé par des rues animés d’activités commerciales ou communautaires et aérée par le biais de cours intérieures garantissant le bon ensoleillement et la bonne ventilation des bâtiments. Un exemple illustrant ces propos serait les superblocs de Barcelone .

Fig. 4 : Plan schématique montrant le concept d’urbanisme durable superblocs à barcelone permettant une reconstruction sociale et naturelle.(BCN ecologia)

Selon la thèse du “true Urbanism” ce caractère compact de la ville couplé au principe de ville à structure cellulaire a comme effet la naissance de la ville à courtes distances. En effet, la ville cellulaire est une ville qui bien qu’elle dispose d’un grand nucleus agissant comme centralité attractive, dispose aussi dans chaque quartier d’un “square” doté d’équipements de proximité et d’infrastructures permettant la création d’emplois et d’activités commerciales , il est également suggéré dans la littérature que le modèle de ville multipolaire s’inscrit au mieux dans les but de l’urbanisme durable15. Cette proximité des activités aux résidences rend possible et pragmatique l’utilisation de mobilités douces dans les trajets urbains , cependant cela veut aussi dire que des réseaux de mobilité urbaine douce devrait être développés favorisant des voies piétonnes et cyclables au détriment de voies carrossables , ce qui résoud en partie le problème de pollution urbaine lié au transport et améliore l’expérience vécue de l’espace urbain. Concernant la politique de mobilité urbaine «l’institute for livable cities» recommande de ne pas se focaliser sur le

13,15 ( Catherine Chalot valdieu et phillippe outrequin-l’urbanisme durable concevoir un écoquartier -editions le moniteur). 14 Knox, P. (2013). Small Town Sustainability: 2nd. Basel: Birkhauser

24


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau flux des véhicules mais plutôt sur l’accessibilité, et ne pas se focaliser uniquement sur les besoins en mobilité des adultes mais plutôt s’intéresser à tout le spectre démographique, ainsi le développement de nouveaux modes de transport collectifs moins polluants et plus efficaces s’impose, de même que la promotion des déplacements à pied ou à vélo à travers des aménagements qui leur sont pratiques. Enfin cette approche n’oublie pas de mettre l’accent sur le concept d’esthétique et d’identité urbaine en partant du postulat que ces notions sont vitales au sentiment du bien être. Dans le même sens, cette thèse met en garde contre l’étalement urbain frénétique et sa tendance à diluer l’identité et l’image de la ville . le projet social : Rome ne s’est pas faite en jour et elle n’as pas été faite par une seule personne non plus, en effet plusieurs intervenants apportent leur pierre à la conception, construction et gestion de la ville. Cela dit le projet urbain afin d’être investi par ses utilisateurs finaux qui sont les citoyens, doit être le produit d’une approche participative entre ses différents acteurs, mais par dessus tout, devrait émaner des citoyens et répondre à leurs attentes et besoins , et ce dans le but d’arriver à réduire les inégalités et atteindre la justice sociale, tel que recommandé par la charte d’Aalborg. De manière générale le développement urbain durable fait de la communauté le socle de sa démarche16 et tout projet prétendant être durable veille non seulement à inclure la communauté17 dans la prise de décision mais à l’inclure également dans la stratégie de conception à travers l’aménagement d’espaces communautaires à l’échelle du quartier, et la favorisation des mobilités douces, permettant à travers un lien plus direct à l’espace urbain et la proximité aux activités de transformer des personnes étrangères en personnes familières. La conception urbaine devrait également favoriser le développement de “micro événements sociaux” qui aident à construire la communauté détruite par la mobilité automobile qui a délocalisé le cercle social du quartier et a fortement endommagé la mixité sociale. Le projet économique: L’économie durable et solidaire est généralement citée comme étant le fruit, principalement, de réformes organisationnelles, notamment à travers la distribution équitable des bénéfices, la création de coopératives et la promotion des produits locaux et des industries respectueuses des ressources et de l’environnement, en mettant l’accent sur le nombre d’ emplois qu’il génèrent. Cependant l’impact de l’urbanisme durable

TPFE Mohamed Yazid Bajja sur l’économie durable est très prégnant du fait que l’urbanisme et la construction de la ville en soi est à la fois une industrie capable de créer une économie et créatrice du socle des activités économiques. A ce titre le projet économique porté par l’urbanisme durable vise à promouvoir d’abord l’économie locale en augmentant la qualité des emplois, à travers la mise en valeur des savoirs faire traditionnels locaux en matière de construction, et la mise en valeur des matériaux locaux. D’autre part l’urbanisme durable vise la promotion des petites et moyennes entreprises à travers l’intégration de ces dernières au tissus résidentiels les rapprochant ainsi de leur clients et augmentant le niveau de confiance envers elles. D’un point de vue organisationnel, une économie durable ne vise pas l’accroissement du capital en premier lieu mais plutôt l’amélioration des conditions de vie de la population, la protection de l’environnement et la réalisation de bénéfices en même temps. Dans ce cas la stratégie économique de la ville devrait donner plus d’importance à la qualité et à l’impact holistique des activités économiques plutôt qu’aux nombre d’emplois crées ou de firmes implantées18. Et enfin toute argumentation pour une économie durable ne peut passer que par une remise en question du paradigme économique actuel, inadéquat concernant l’évaluation de ses effet sur l’homme et l’environnement. À cet égard l’économie environnementale prends en considération dans son évaluation des opportunités économiques, les dépenses liés à la dégradation écologique et sanitaire19. Ce nouveau paradigme économique présente plus de pertinence dans un contexte de durabilité, et permet de justifier la résistance à une croissance économique incontrôlée, qui s’appuie sur l’augmentation du capital et des bénéfices se basant sur le modèle économique néoclassique . Projet environnemental: Bien entendu, concernant ce volet il existe des généralités applicables à tout site d’étude tels que l’utilisation efficace des sols , favoriser la densification au lieu de l’étalement urbain, la protection des espaces verts et la reforestation ainsi que la diminution de la dépendance envers les ressources fossiles et la protection de l’environnement des pollutions liées aux activités humaines. La philosophie générale étant celle de penser global et agir durable. Toute mesure concernant la limitation des rejet de gaz à effet de serre et leur absorption ainsi que la réduction et le recyclage des déchets ménagers et industriel est la bienvenue dans le projet d’urbanisme durable . Cependant afin de démon-

16 Carriou, C., & Ratouis, O. (2014). Quels modèles pour l’urbanisme durable?. 17 Principles of True Urbanism | International Making Cities Livable. (2020). Retrieved 20 July 2020, from https://www.livablecities.org/articles/principles-true-urbanism 18 (Knox, P. (2013). Small Town Sustainability: 2nd. Basel: Birkhauser. 19 (Hamstead, M. P., & Quinn, M. S. (2005). Sustainable community development and ecological economics: Theoretical convergence and practical implications. Local Environment, 10(2), 141-158.

25


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau trer l’importance du projet environnemental dans notre cas d’étude. Il convient de citer ce qui suit ; le mode de vie nomade a été dominant durant la majeur partie de l’histoire dans la région de Oued Eddahab, car la faible capacité régénérative de la flore désertique et les limites techniques de profondeur de creusement de puits faisaient que les ressources des territoires de transhumance notamment hydriques étaient vite épuisées et imposaient une nouvelle relocalisation. Cela a changé avec l’avènement de technologies de dessalement d’eau de mer et la découverte de nappes artésiennes profondes, ces territoires voyaient naître pour la première fois des villes. Avec cette installation les activités d’élevages de camelins , la production de déchets ménagers et la pollution des eaux marines de la baie nécessitent des plans d’actions afin d’assurer la pérennité d’une zone classée site d’intérêt biologique et écologique (SIBE) et également, au niveau international, comme zone importante pour la conservation des oiseaux (ZICO) et, depuis 2005, comme zone humide d’importance internationale.20 Dans ce cas spécifique un projet urbain environnemental devrait protéger le capital naturel en premier lieu. Dans ce contexte l’état et les collectivités locales ont fait des efforts; ce qui est le cas avec le sdau de 2015 qui précise les zones protégées (SIBE) (site d’intérêt biologique et écologique) de Foum Labouir et le village Lassarga ainsi que le parc régional et les zones de protection et de sauvegarde le long du littoral de la baie. D’autre part , le site de la décharge bénéficie d’un projet délocalisé en dehors de la presqu’île21. Parallèlement une station d’épuration est projetée au sud de la ville.22 Cependant le risque d’érosion au long du littoral de la presqu’île du côté atlantique met en question le faible recul de zone non aedificandi préconisé ,Mais quoi qu’il en soit, les deux grands risques environnementaux de la ville restent la surexploitation de la nappe phréatique qui a pour cause l’accroissement de l’activité agricole, ainsi que la pollution de la baie à cause de la présence du port. Il convient de rappeler que pour résoudre ces deux problématiques deux projets sont en phase d’étude notamment le projet du port Dakhla atlantique et le projet de station de dessalement d‘eau de mer23 .

TPFE Mohamed Yazid Bajja 3/exemples d’architectures et d’urbanisme durables adaptés aux désert ( benchmark ) a)Habitat des nomades ( la khaima vernaculaire) : L’habitat vernaculaire de la région de Dakhla Oued Edahab est celui des populations nomades pratiquant la transhumance dans le Sahara, au delà des montagnes de l’Anti-Atlas. En effet on retrouve la tente maure appelée “ khaima “ dans multiples contrées arides et désertiques en Afrique du nord en Algérie , Maroc et Mauritanie. Dans l’imaginaire de la population, la tente prend une teinture sacrée et évoque l’hospitalité et l’union familiale 24. Les campements de populations maures appelés “vrîg” sont peuplés le plus souvent par des personnes partageant un lien de parenté. Les tentes sont alignées en une ou plusieurs files et disposent d’une cour délimitée par de la broussaille25, plusieurs aspects de la vie influencent l’évolution de ces campements. Tout d’abord la clémence des conditions naturelles et la disponibilité du pâturage et de l’eau, déterminent la durée de la sédentarisation. Les événements familiaux déterminent également la morphologie du “vrîg”, à titre d’exemple la naissance du premier enfant dans un couple signifie

Fig. 5: (de haut en bas) perspective , plan , croquis de barre de faîte , plan de toiture, toutes illustrant une kheima de la tribu “tekna” 20 Maroc baie de Dakhla. (2020). Retrieved 20 July 2020, from https://www.ramsar.org/fr 21 Agence Urbaine Oued Eddahab Aousserd, 2013. Analyse Diagnostic Et Variantes Du Plan D’Aménagement Dakhla Edition Finale. 22 MUAT- rapport du SDAU de la baie de Dakhla - 2015 23 Ministère de l’Aménagement du Territoire National,de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la Ville -contrat programme régional 2017-2021 24 Sébastien Boulay,2004. « Quand un objet change de statut : trajectoire de la tente dans la société maure (Mauritanie) »ethnographiques.org,Numéro 6 - novembre 2004 25 denis couchaux, 1980 ,habitats nomades , édition alternatives

26


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

l’ajout d’une tente, des facteurs socioculturels influencent au même titre : l’assistance à des festivités tels que les moussems signifie le démantèlement du campement , des raisons religieuses telle que la visite d’un mausolé peuvent également motiver le groupe pour changer de point d’attache et enfin les contraintes de sécurité et les conflits tribaux décident également du sort des camps nomades.26 D’un point de vue architectural, la tente maure -représentée dans l’ouvrage Habitats nomades de Denis Couchaux par l’iconique tente des tribus tekna- est le fruit d’une adaptation séculaire au conditions brutales du désert , et de ce fait elle est conçue de manière à être plus légère et plus simple à dresser que celle des berbères du nord du maghreb ; la tente n’as besoin que de 8 montants en bois dont deux longues perches se croisant au niveau d’un barreau de faite de forme arrondie , afin de soutenir des bandes de tissu en laine de chèvre faisant 40x20cm. L’amarrage se fait à l’aide de crochets en bois cousu au bord de la toile sur les côtés courts, et la tension de ce fait ne s’exerce que sur le sens de la longueur , les côtés sont cloisonnés avec le même matériaux utilisé pour le revêtement, tandis que le fond est protégé des rayons du soleil par un tissu de coton blanc (ibidem).La tension exercée sur le revêtement confère à la tente une bonne résistance aux vents chargés de sable, particulièrement violents à cause du manque de masque végétal, Les tentes sahraouies sont également conçues dans le respect des leurs mœurs, us et coutumes , ainsi la tente est divisée par un rideau en deux espaces, un pour chaque sexe les deux tapissées par des nattes en esparto ( fibres d’alfa tressées ) , les deux espaces s’ouvrent sur une cour palissadée avec du branchage dans laquelle est aménagée du côté des femmes un foyer de cuisson ainsi qu’un four et une outre à eau. Cependant bien que l’habitat nomadique traditionnel qu’est la tente est adapté au style de vie nomade et à la chaleur ardente du désert, on ne peut pas en dire autant pour les nuits froides du Sahara, à Dakhla la moyenne des minimas de températures est de 11°C , ce qui fait que la nuit la vie s’organise autour de feu de camp et des couverture en laine de mouton sont utilisés par les nomades pour se protéger du froid. b) Alison & Peter Smithson kuwait urban form studies

Alison et Peter Smithson , furent un couple d’architectes britanniques connus pour leur implication dans le groupe des «Team 10» , groupe d’architectes postmodernistes critiques envers le modernisme et l’architecture type que ce courant a reproduit nonobstant les cultures et spécificités de chaque territoire, ville et site d’étude où il s’insère. C’est donc dans ce sens qu’il proposèrent en septembre 1970 au prince du Koweït , “l’étude urbaine de la ville de Kuwait et le mat building”27 le but de cet étude est de retrouver l’identité du centre ville historique de Koweït qui a été détruite au profit d’un quartier central d’affaire. Ayant déjà théorisé le mat building et s’inspirant fortement des tissus anciens des médinas arabo-musulmanes comme en témoigne leur propres propos decrivant le projet “plein de départs et d’arrêts et

Fig.. 6 & 7maquette et plan illustrant le projet proposé par alison&peter smithson alison and peter “urban form studies for the old city of kuwait (1968-1975” Lotus international )18 mars 1978-smithson and smithson 2005)

26 Sébastien Boulay,2004. « Quand un objet change de statut : trajectoire de la tente dans la société maure (Mauritanie) »ethnographiques.org,Numéro 6 - novembre 2004 27 (Al-Ragam, Asseel. (2015). Critical nostalgia: Kuwait urban modernity and Alison and Peter Smithson’s Kuwait Urban Study and Mat-Building. The Journal of Architecture.

27


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja permettre à une vie de communauté de prendre place , l’accès à l’étage se fait par le biais d’unités de circulation qui transcendent le bâtiment à l’image de minarets. c) Foster and partners - Masdar city

Fig. 8 : (de haut à gauche en bas à droite) maquette, , croquis d’ambiance sous une galerie ,élévation, croquis d’ambiance rue piétonne ombrée du projet kuwait urban study.

d’ombre ... avec un degré élevé de connectivité pour permettre le changement d’esprit et les effets du temps”28 , le couple Alison & Peter Smithson trouvèrent dans l’étude urbaine de Kuwait le cas parfait pour son application; le mat building étant un développement horizontal de l’architecture sur une trame alliant vide et plein afin d’aboutir à une connectivité et interchangeabilité entre les espaces, cette dernière leur a permis d’intégrer plusieurs aspects bioclimatiques. En effet le projet fidèle au préceptes du mat building s’étale de manière horizontale et occupe une grande partie du plan masse ceci est dû au fait que les axes de circulations rafraîchies par des fontaines sont couverts et protégés des rayons solaires par les étages en encorbellements successifs, de surcroît une grande partie des circulations se fait à l’ombre au niveau du rez de chaussée qui fut dégagé et pensé comme un espace publique de discussion, de rencontre et de marchandage pour

- Contextualisation et présentation du projet: Les émirats arabes unis sont le pays avec la plus grande empreinte écologique par habitant au monde29 ,et pour cause le mode de vie consumériste adoptée par sa population inspiré par le mode de vie américain et rendu possible par les revenus du pétrole dont le pays est le huitième producteur mondial en 201730, vers le fin de la première décennie du 21 siècle la classe politique est devenue consciente des enjeux du développement durable en vue de la déplétion des ressources pétrolières du pays au terme du siècle courant, dans ce contexte l’Etat émirati ainsi que ses partenaires privés ont investi à partir de 2007 plus de 20 milliards de dollars dans la planification et la construction de ce que Simon Joss de l’université de Westminster qualifie de “ecocity”31 dans la banlieue de la métropole d’Abu Dhabi. La ville est conçue sur la base d’un modèle de développement durable basé sur l’incorporation de technologies de pointe développées conjointement par le gouvernement d’Abu Dhabi et Foster&Partners. Cette ville projetée sur une surface de 6 million de mètres carrés dans l’horizon d’abriter 40 000 résidents et 1500 entreprises est conçue pour utiliser des technologies à faible bilan carbone et se réclamait à la date de son lancement la première communauté entièrement durable au monde. Annoncée comme alliant énergies renouvelables , utilisation efficace des ressources avec une architecture arabe traditionnelle et des éléments d’architecture spectaculaires tout en étant une ville sans voiture sans déchets et enfin une ville au bilan carbone neutre (Nikhil Manghnani 2014) ,la ville n’as pas pu tenir toutes ces promesses et en effet après la crise financière et après que la date de réception du projet fut décalée vers 203032l’objectif zero carbon a également été revu pour n’être que faible émissions carbone33 (Nikhil 2014) - Aspects de durabilité en architecture et urbanisme bioclimatiques: Selon ses concepteurs la ville s’inspire du modèle de la ville arabe afin de dompter les températures désertiques extrêmes, ainsi la ville de Masdar adopte

28 Forés, J. J. F. (2006). Mat urbanism: growth and change. Projections 29 14. Reiche D. “Energy Policies of Gulf Cooperation Council (GCC)Countries—Possibilities And Limitations of Ecological Modernization in Rentier States.”Energy Policy 2010; 38: 2395-403. 30 « BP Statistical Review of World Energy » [PDF], sur http://www.bp.com/ juin 2016. 31 Lau, A. (2012). Masdar City: A model of urban environmental sustainability. Social Sciences. 32 Cugurullo, F. (2013). How to build a sandcastle: An analysis of the genesis and development of Masdar City. Journal of Urban Technology, 20(1), 23-37. 33 Nikhil Manghnani Int. Journal of Engineering Research and Applications Vol. 4, Issue 10( Part - 4), October 2014, pp.38-42

28


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

coût

d’une ville normale35 et ce à travers l’usage de techniques passives, une rigueur au niveau de l’efficacité energies renouvelables de rendements des systèmes actifs et de l’éclairage Systèmes actifs ainsi qu’une haute performance au niveau des isolations et à travers une gestion énergétique intelligente des bâtiments (ibidem). enveloppe & systèmes Optimisation efficaces Le deuxième volet concerne l’approvisionnement du bâtiment gestion intelligente de l’énergie requise de sources renouvelables. Les objectifs sont ambitieux, la ville projette de n’utiliser que des sources d’énergies renouvelables, noventilation tamment le solaire photovoltaïque, le solaire therForme & Orientation orientation forme moélectrique et des centrales éoliennes36. Dans ce contexte technocentriste adoptée par la ville un nouveau modèle de centrale solaire a été développé Gain environemental , en l’occurrence il s’agit de la beam down plant, déFig.modèle 9: approche adoptée par Foster et Partners selon de conception architecturale et urbaine adopté par F+P(Nikhil selon nikhil et al veloppée par le Masdar institute ainsi que le Tokyo Manghani et al 2014) institute of technology. Toutefois malgré les efforts une conception compacte, un développement verti- déployés Masdar city n’as pas encore atteint une aucal de 4 à 6 étages et des rues étroites , des mesures tosuffisance énergétique et a commencé à s’appromême plus extrêmes ont étés adoptés dans ce sens , visionner en hors site en énergie37. en effet la totalité de la ville a été élevée de 7 mètres du niveau naturel sur une dalle en béton afin de la -En gestion de déchets et de ressources: faire profiter des vents côtiers froids et permettre 96 % des déchets générés par la construction de la la circulation souterraine de voiturettes électriques. ville de Masdar sont recyclés et ce sur site dans le Au niveau de l’architecture des bâtiments, selon les centre de recyclage de matériaux (MRC) qui s’étend architectes du projets, les bâtiments sont optimi- sur 12 hectares. Une bonne partie de ces matériaux sés dans le but de maximiser l’usage de la lumière est réutilisée pour les chantiers de la ville à l’excepnaturelle et devrait être conformes aux régulations d’isolation et d’utilisation d’appareils efficaces énergétiquement34. Les panneaux solaires montés sur la toiture et en encorbellement sur les rues de la villes procurent de l’énergie et également de l’ombre (Lau 2012 ). De manière générale, selon Nikhil Manghnani et al., les concepteurs ont adoptés une approche pyramidale selon laquelle les solutions les moins coûteuses sont les plus efficaces, notamment la forme et l’orientation du bâtiment suivis par l’optimisation de l’enveloppe du bâtiment. Sa gestion efficace est enfin la plus onéreuse et la moins significative en terme d’impact, reste l’implantation de systèmes actifs alimentés par des énergies renouvelables, cependant en dépit du réalisme de ce modèle et bien que les concepteurs ont pris en considération les éléments passifs du bas de la pyramide, les bâtiments de la ville Masdar sont équipés de systèmes actifs énergivores notamment l’immense centrale de distribution de refroidissement . -En gestion énergétique: La stratégie énergétique de la ville de Masdar se déploie sur deux volets, le premier étant la minimisation des besoins énergétiques au quart de ceux

Fig.. 10: Plan des fonctions de la ville de masdar (Masdar city www.masdar.ae)

34 “What is Masdar City?” 2011. Masdar City.<http://www.masdarcity.ae/en/27/what-is-mas-dar-city>. 35 8. Fortson D.“GreenCity Rises from Désert—Abu Dhabi Is Building a $22 Billion Zero-Carbon Showcase City for 50,000 Residents. Danny Fortson Went to See Its Beginnings.” Sunday Times [London] 1 Feb. 2009, 2nd ed. 36 ureka volume 3 n12 21 jullet 2010 lima perou. 37 Cugurullo, F. (2013). How to build a sandcastle: An analysis of the genesis and development of Masdar City. Journal of Urban Technology, 20(1), 23-37.

29


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja et la construction en plus de biosolides utilisables comme compost 40. - En stratégie de transport: La ville vise en premier lieu comme stratégie de transport la promotion des déplacements doux à pied, à bord de vélo, trottinette électrique ou segway. Cependant vu l’étendue du plan masse, d’autres modes de transport alimentés par l’énergie électrique ont étés introduits , notamment des bus électriques de façon à ce qu’aucun point de la ville ne soit à plus de 300 m d’une forme de transport en commun. À ces solutions s’ajoute l’usage expérimental d’un système: le personal rapid transit (PRT) qui est une solution hybride entre transport en commun et transport privé dans le sens ou il s’agit de véhicule électrique à cabine unique développée spécifiquement pour la ville de Masdar. Néanmoins, en 2014, il ne s’étend que sur 1.7 km entre l’institut Masdar et son parking41 ,quoi qu’il en soit tout véhicule utilisant des énergies fossiles est banni de circulation au sein de la ville , mais des véhicules électriques sont libre de circuler à Masdar city. 42

Fig. 11: Rendu 3d montrant le mode de transport PRT conçu pour la ville de Masdar (Foster&Partners )

tion des métaux et plastiques qui sont recyclés hors site38. En plus des matériaux traditionnellement recyclables à savoir le bois et les métaux , le béton est également concassé et utilisé autant que remblai. Concernant les déchets domestiques un système de tri est en vigueur afin de produire du compost et recycler les matériaux recyclable aussi près de la ville que possible. De surcroît le bois utilisé est sourcé de forêts durables , 90% de l’aluminium utilisé est recyclé, le béton utilisé de type GGBS riche en scorie moulue réduit le bilan carbone de 30 à 40 pour cent comparé à un béton traditionnel (ibidem). - En gestion de ressources hydriques: Ce point est particulièrement important puisque 98% de l’eau douce de la région est issue de centrales de dessalement d’eau de mer39 -technique gourmande en énergie- , la ville adopte une approche technologique afin de réduire la consommation d’eau à 105 litres par personne par jour, à travers des appareils sanitaires à faible débit , des compteurs d’eau connectés ainsi qu’à travers une conception paysagiste axées sur des plantes xérophiles et un recyclage des eaux usées. Actuellement la ville dispose d’une centrale de traitement des eaux usées par bioréacteur et membranes microporeuses permettant l’obtention d’une eau utilisable pour l’irrigation

-Benchmarking de masdar city: Le modèle d’urbanisme durable que prône Masdar city a suscité beaucoup d’intérêt lors de son lancement, la WWF l’avait promu autant que “benchmark global pour un développement urbain durable”, cependant ce modèle est loin de faire consensus parmi la communauté scientifique, en effet le modèle technocentriste de la ville est davantage centré sur la durabilité économique et essaye d’atteindre une certaine durabilité environnementale par des solutions techniques au bilan carbone débattable. Ceci est couplé à une occultation de l’aspect social du modèle de développement. Au vu de cette situation la littérature étudiée relève plusieurs critiques: en effet le Professeur Federico Cugurullo qualifie le projet de château de sable et démontre que la ville n’est plus ce qu’elle était lors de son lancement, et que les idées derrière son développement sont perdues. D’abord la ville n’était plus “zéro carbone” mais “neutre en émissions carbones”, ensuite la ville n’as pas pu être autonome énergétiquement, de surcroît seul 10 % du master plan a été réalisé en 2014 alors que la réception du projet était programmée pour 2016, les déclarations de Masdar ne peuvent être vérifiées, vu que la performance environnementale n’as pas été vérifiée par une expertise externe depuis 2009 (Cugurullo 2013)42 . En gros le problème de durabilité de Masdar city peut être résumée en trois points: le premier est que le développement de la ville de Masdar s’est beaucoup

38, 40 Nikhil Manghnani Int. Journal of Engineering Research and Applications Vol. 4, Issue 10( Part - 4), October 2014, pp.38-42 39 Crot, L. (2013). Planning for sustainability in non-democratic polities: The case of Masdar City. Urban Studies, 41 Nikhil Manghnani Int. Journal of Engineering Research and Applications Vol. 4, Issue 10( Part - 4), October 2014, pp.38-42 42 Cugurullo, F. (2013). How to build a sandcastle: An analysis of the genesis and development of Masdar City. Journal of Urban Technology,

30


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau trop focalisé sur la viabilité économique, et de ce fait , les problématiques environnementales et sociales on étés sous développées ou carrément ignorées: le second est que le discours de durabilité adopté par la ville associe l’environnementalisme avec le consumérisme et la limitation de l’aspect environnemental au bilan d’émission de CO2, surtout que les solutions proposées pour limiter ces émissions: sont des solution technologiques nécessitant des processus de fabrication à l’origine même de ces émissions; et puis le troisième problème est celui de la faible inclusion sociale de la ville, en effet la ville ainsi que les revenus qu’elle génère ne profitent qu’aux citoyens émiratis et aux associés de l’initiative Masdar dans un premier degré, la population d’Abu Dhabi étant majoritairement -à 85%- des expatriés il ne sont pas inclus physiquement et économiquement , s’ajoute à cela que 20% seulement du parc de logement qu’offre la ville est destiné au populations ayant un revenu limité, ceci fait de la ville un projet injuste socialement et aux bénéfices économiques et environnementaux mal distribués parmi la population43. Il est clair que la ville de Masdar est loin de remplir les exigences d’un établissement humain durable notamment à cause de sa faible inclusion sociale et sa poursuite du progrès technologique plutôt que l’équilibre environnemental, cependant mis dans son contexte à savoir un émirat sous profusion de revenus pétroliers habitué au méga projets de grande envergure, ce choix d’opérer un changement radical vers un mode d’établissement humain plus durable est une action louable, au niveau des résultats, le projet peut être considéré comme un cas d’école de ville durable où le capital des investisseurs dans les technologies dites “vertes” a pris le dessus sur les objectifs premiers, toutefois d’un point de vue de distribution spatiale et d’aménagement urbain , il n’y as pas grand chose à reprocher au projet à part le planning de zones purement résidentielles à la périphérie au lieu de zones à usage mixte ce qui ne résout pas les problèmes de transport et de fragmentation sociale que rencontrent les villes modernes, il n’en demeure pas moins que l’inclusion de solutions de conception bioclimatique adaptées au climat aride et augmentant le bien être social sur le niveau urbain et architectural est un point fort du projet notamment à travers la conception de ruelles étroites ombrées et animées par des activités commerciales qui alimentent un tissu urbain compact ne dépassant pas les 6 étages. La rigueur en terme d’efficacité énergétique au niveau architectural est également un point positif, cependant la stratégie adoptée dans ce sens privilégié des solution de haute technologie et l’usage de

TPFE Mohamed Yazid Bajja matériaux importés négligeant ainsi les savoir faire locaux et contournant l’économie locale , une approche plus simple et plus passive aurait mieux accommodé un agenda de réel développement urbain durable. Masdar par son esthétisme singulier inspiré -quoique vaguement- des traditions constructives arabes rempli son rôle dans l’attribution d’une identité forte à la ville et la construction d’un sens de communauté, cependant ces efforts sont minés par la négligence de l’inclusion sociale des ménages à faible revenus et donc l’absence d’une mixité sociale. D’autre part la conception de Masdar n’as par émanée d’une démarche participative et inclusive de la population mais plutôt d’une politique classique de planification gouvernementale. On en déduit que c’est sur le plan social que le projet Masdar laisse le plus à désirer, que son bilan environnemental est mitigé mais que sa viabilité économique est prouvée.

MASDAR CITY MASTER PLAN

Fig.. 12: plan masse de la ville de Masdar (Masdar city www. masdar.ae)

4/Conclusion: Devant la crise environnementale dont les effets sont palpables au quotidien et dont les victimes se comptent par centaines de millions, la question n’est plus s’il faut bâtir durable ou pas mais comment bâtir durable. À ce sujet plusieurs courants et plusieurs pensées partagent les concepteurs impliqués dans l’acte de faire la ville et l’architecture. En effet, bien que le triptique viabilité vivabilité et équité semble faire concensus , sa traduction sur le terrain partage encore, et pour cause, l’architecture et l’urbanisme durables contrairement à d’autres mouvements que ces deux disciplines ont connues ne

43 Cugurullo, F. (2016). Urban eco-modernisation and the policy context of new eco-city projects: Where Masdar City fails and why. Urban Studies,

31


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau suivent pas de canons fixes ni de dogmes interchangeables dans toutes les situations : les solutions émanent du territoire d’insertion de ses opportunités, de la population et de sa culture, de son savoir faire, et ce, comme il est souvent le cas en architecture, suivant un processus itératif. Bien sûr, le but reste invariable, à savoir d’aboutir à la ville durable qui arrive à maintenir un équilibre entre les objectifs sociaux et écologiques d’un coté et les enjeux économiques d’un autre et ce en faisant un usage judicieux de catalyseurs afin de résoudre les conflits entres ces composantes, notamment l’éducation et la culture, l’efficience et la régénérescence . En architecture durable ce qui partage le plus les acteurs, est la part de la technologie de pointe dans le processus de transition vers une architecture durable, on remarque d’un coté un courant de pensée qui donne libre cours à l’intervention de la technologie industrielle dans le bâtiment et l’utilisation de matériaux performants nonobstant leur origine, en justifiant ses choix par les objectifs de neutralité carbone: et un autre courant qui émet de fortes réserves quant à ces technologies. Ce dernier prône le retour à tes techniques plus simples réparables et recyclable, donc à des matériaux locaux et naturels peu industrialisés. L’architecture éco-responsable essaye de trouver un juste milieu entre ces deux mondes en plaidant pour l’utilisation de la technologie à sa juste mesure tout en optant prioritairement pour les techniques passives et les solutions du site en premier lieu, l’architecture éco-responsable met également l’humain, qu’il soit maître d’œuvre utilisateur ou artisan, au centre de ses préoccupations et l’implique donc forcément dans le processus de conception , et le rend, au même titre que la maitrise d’ouvrage, conscient des conséquences de ses choix sur les milieux naturels tout en respectant sa culture et sa manière de faire usage de l’espace Concernant l’urbanisme durable, en réalité il est bien plus qu’un projet spatial mais l’acte de faire la ville se pense d’une manière holistique portant également un projet social, un projet économique, et un projet environnemental qui se développent tous de manière horizontale. Cela n’empêche pas qu’on puisse tirer des enseignements en matière d’aménagement urbain durable en pratique sur le terrain, tel que la volonté de donner un sens à l’espace ou comme le précise Paul L knox «améliorer esthétiquement et fonctionnellement l’espace» ce qui passe par le multi-fonctionnalisme , la mise de l’architecture à l’échelle humaine, la compacité du tissu urbain et la favorisation de mobilités douces, l’aménagement d’espaces communautaires pour la construction d’une vie communautaire 44 , l’intégration de petites et moyennes entreprises au tissus résidentiels afin de les rapprocher de leur clients et bien

32

TPFE Mohamed Yazid Bajja sûr l’utilisation efficace de la ressource foncière. À ces principes d’aménagements spatiaux s’ajoutent des impératifs sociaux tels que l’émanation du développement de la population concernée elle même et la satisfaction de ses attentes et besoins. Sur le plan rentabilité, la priorité est à l’économie locale et le savoir faire local que ce soit à travers les filières des matériaux locaux ou de l’artisanat , et enfin au niveau du territoire, l’accent est mis sur le fait de penser local et d’agir global avec tout ce que cela implique en matière de respect de l’environnement et de limitation de la dépendance vis à vis des ressources fossiles. Les projets soumis aux benchmarking sont de natures très différente et ce afin d’inférer les avantages et limites de chaque approche, en effet le projet Masdar par Foster&Partners en dépit d’avoir le mérite de faire pousser en avant la recherche scientifique dans le domaine de la construction et d’offrir un haut niveau de confort avec un bilan carbone meilleur que celui des villes conventionnelles en plus de recycler une majeure partie des déchets générés par le chantier. Ce projet a tellement privilégié l’approche hightech et l’utilisation de matériaux industrialisés qu’il a dévié de son objectif principal qui était celui de concevoir une ville zéro carbone et qu’au final une grande partie de la pollution générée est délocalisée vers les pays producteurs. L’aspect social du développement durable a également été plutôt négligé vu que le projet est plutôt élitiste et peu inclusif pour les couches sociales marginalisées. Le projet d’Alison et Peter Smithson qui fut proposée pour le centre ville du Koweit en 1970 proposait déjà un urbanisme bioclimatique avant-gardiste qui s’inspirait de médinas arabes aux allées exclusivement piétonnes ombragées par des encorbellements et rafraîchies par des fontaines, pensant même au rez de chaussée libre conçu comme espace de socialisation. Cependant le projet étant influencé par le brutalisme fait un usage intensif de béton armé. Le dernier élément évalué est la tente nomade sahraouie , cet objet architectural dont la perfection a pris des siècles, apporte plusieurs solutions et réponses, en effet, l’essentiel se sa structure est faite entre autre de tissus et en poil d’animaux, le parterre en esparto et en tapis, en plus les éléments verticaux qui assurent la tensions ne sont que deux rondins de bois. Cette extrême frugalité qui résiste aux dures condition du désert apporte beaucoup de confort durant la journée mais reste quand même sans utilité face aux basses températures nocturnes du Sahara. Elle offre peu de protection et de résilience face au éléments naturels tels que les tempêtes ou les épisodes d’invasion de criquets que peut connaitre la région de temps à autre.


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

Chapitre 2

Diagnostic du territoire d’intervention

Fig.. 13 : emplacement global national et régional de la ville de Dakhla ( composé par l’auteur )sources : images satellites ESRI - ARCGIS 2020

33


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau 1/Introduction: Dakhla est sans doute un de ces lieux sur terre ou la nature prend le dessus par sa force, l’omniprésence de ses éléments et sa dureté, c’est un de ces lieux qui révèlent la faiblesse de la condition humaine et l’insignifiance de nos temporalités et de notre civilisation devant la temporalité de la planète terre qui a fait de Dakhla une péninsule s’élançant vers l’océan, vers l’infini, vers le bout du monde et du Sahara une gigantesque étendue minérale, cependant bien que le paysage de la région de Dakhla s’apparente à une œuvre minimaliste et abstraite et qu’on se sentirait presque au bout du monde et devant un canevas blanc, la genèse de ce lieu et de son urbanisation est tributaire de plusieurs facteurs complexes et ramifiés, certains sont naturels, d’autres historiques, démographiques ou encore administratifs. 2/Emplacement et caractéristiques géographiques: La ville de Dakhla est un lieu ou se chevauchent plusieurs sphères d’influences naturelles et culturelles, et c’est sans doute cela qui compose l’essentiel du gisement de potentiel de développement de la ville et de la région. En effet située à l’extrémité ouest du Sahara, la région de Dakhla surplombe l’Atlantique

Fig. 14: principaux ports de marchandises en Afrique(questions internationales n°70 novembre décembre 201

TPFE Mohamed Yazid Bajja tout en domptant sa force grâce à sa baie. La ville de Dakhla se dresse de ce fait comme oasis bâtie par l’homme dans une zone du Sahara où la nature n’as pas été assez clémente pour en faire émerger une. Dans le cas de Dakhla l’oasis prend un sens double , celui de l’oasis du désert minéral fait de regs et de ergs, mais également celui de l’oasis du désert marin, en effet, pour les navires traversant l’espace macaronésien. Le port est un point d’attache important au continent, surtout que son littoral est sur une des voies maritime fortement usitée pour les liaisons Europe - Amérique latine et Europe Afrique de l’ouest et du sud, sans qu’il y ait aucun autre port accostable dans un périmètre de 300 km à la ronde , Située au sud du Maroc, la ville est également d’un intérêt économique majeur pour le royaume. La région de Dakhla Oued Eddahab étant frontalière au sud avec la Mauritanie, son chef lieu, la ville de Dakhla est par conséquent également une ville frontalière, bénéficiant des liens entre l’ensemble du pays et l’Afrique saharienne et subsaharienne. À une échelle plus rapprochée on remarque que la ville elle même est érigée sur un promontoire en forme de langue de terre s’élançant vers l’océan ,formant ainsi une presqu’île allongée et étroite longue de 45 km et large de 2.5 à 5 km et présentant des altitude de 5m en moyenne45. Cette jetée naturelle au proportions impressionnantes cerne à l’Est entre elle et le continent une baie ouverte sur le sud peu profonde de 1 à 9 m46, faisant d’elle un spot idéal de sports de glisse marins surtout avec les alizés forts qui balayent la ville régulièrement . Du côté Ouest de la presqu’île, la vastitude de l’océan atlantique noie le paysage mais offre à la ville ce qu’elle a de plus précieux une richesse halieutique qui fait du Maroc le premier producteur d’aliments marins à l’échelle continentale47 . Sur le terrain, on constate que malgré son appartenance au biome désertique la vicinité de la ville dispose d’écosystèmes et de milieux géographiques riches en faune et flore, et variés en terme de paysage qu’on peut décliner en 4 parties distinctes qu’on va énumérer d’Est en Ouest : - Le littoral d’Attef Agargar : Cette vaste région sculptée par la force des vagues et du vent constitue la frange littorale du continent près de Dakhla. Elle se termine, dans l’arrière pays continental, en hautes falaises atteignant les 60 m48. Ces falaises sont friables et sujettes à l’érosion et pour cause elles sont issues de la densification d’un relief

44 haut commissariat au plan, 2018, monographie de la région Dakhla oued eddahab 45,48 Agence Urbaine Oued Eddahab Aousserd, 2013. Analyse Diagnostic Et Variantes Du Plan D’Aménagement Dakhla 46 GLOBEFISH | Food and Agriculture Organization of the United Nations. (2020). Retrieved 20 July 2020, from http://www.fao.org/ in-action/globefish/countries/countries/mar/fr/ 47 SELOUANE Karim (2003) La presqu’île et la baie de Dakhla. Dynamique margino-littorale et évolution du trait de côte , GraFigéo

34


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau dunaire du quaternaire49 . À l’intérieur du continent la bande littorale est dominée par un paysage lunaire composé de regs qui ne sont d’autres, que de vastes plaines caillouteuses et ponctuées de «hefras», de petites collines, et de champs de dunes50,51, ayant pour couverture végétale des espèces steppiques très clairsemées et permettant à une faune composée de gazelles dorcas, de mouflons à manchettes et d’outardes houbara (entre autres espèces d’oiseaux migrateurs) de se développer. La surface du domaine «forestier» s’étale profondément dans le continent , elle atteint une surface de 300 000 hectares (ibidem) . Cette zone est aussi le lieu d’écosystèmes formés autour de zones humides uniques et fragiles ,c’est le cas notamment de sebkhet Imlily et son peuplement unique dans un biome saharien de tilapia de guinée52.. -La presqu’île de Dakhla : la péninsule de Dakhla est une continuité du bassin sédimento-atlantique qui a connu un affaissement par rapport au littoral. La baie constitue ainsi un secteur de distanciation verticale et horizontale ce qui implique que les forces tectoniques éloignent la presqu’île du continent vers l’Ouest53 ,ainsi la genèse de la géographie actuelle serait une faille (aujourd’hui présente au niveau de la baie) qui aurait séparée et affaissée une partie du bassin sédimento-atlantique du reste du continent ,un isthme se serait alors formé reliant cette aile au

TPFE Mohamed Yazid Bajja continent, ce qui explique la faible altitude et la composition sédimentologique de l’isthme de Dakhla . La péninsule sur laquelle la ville est bâtie s’apparente à un promontoire plutôt plat et où la végétation se fait rare, fait dû à son sol sablonneux , sur sa côte ouest ce promontoire finit abruptement en falaise sur l’océan Atlantique. À l’exception de la plage Foum Labouir, ce constat contraste avec la côte Est où le littoral peu imposant laisse apparaître d’immenses plages54 . -Les zones humides de la Lassarga et de l’isthme de Dakhla: Au nord de la péninsule une zone aux caractéristiques géographiques et topographiques uniques et étonnantes en a fait un circuit touristique bénéficiant d’une popularité internationale. Il s’agit de l’isthme reliant la presqu’île au continent, ayant une altitude très faible de 2 à 3m ce secteur couvert de dépôts sableux à la blancheur remarquable est souvent submergé par périodes de marées. Le paysage plat est cependant cassé par un rocher haut d’une quarantaine de mètres nommé “Ueil Laksa” ou encore” monté de la déception” ou ”elguiro”, ce rocher a permis la formation d’un cordon dunaire. Cette formation n’est pas le seul témoin de la séparation du plateau de Aguerguer , en effet à 2,5 km au sud dudit rocher se dresse un îlot nommée «Gzeira me-truk» ou encore l’ile du dragon au vu de sa forme en élé-

Fig.. 15: Sebkha d’Imlili , image téléchargée de Marocenv.com le 09/07/2020 (credits photo RAMSAR)

49 52 54 La presqu’île et la baie de Dakhla. Dynamique margino-littorale et évolution du trait de côte Auteur - SELOUANE, Karim 50 Haut commissariat au plan, 2015, monographie de la région Dakhla oued eddahab 2015 51 Sebkhet Imlily, une zone humide UNIQUE dans le Sud marocain-écologie.ma-décembre 11, 2013) 53 Agence Urbaine Oued Eddahab Aousserd, 2013. Analyse Diagnostic Et Variantes Du Plan D’Aménagement Dakhla 55 Rapport du Haut Commissariat aux Eaux et Forêts et à la Lutte Contre la Désertification en 2010.

35


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau vation semblable à un reptile56. Au sud de la péninsule se démarque également un lieu d’exception , il s’agit de la zone humide de la pointe de la-sarga en ce lieu donnant sur la baie où la topographie est pratiquement au même niveau que la mer sur une surface de 3km², les pécheurs ont élu domicile sur cette zone ensablée. -La baie de Dakhla : La bathymétrie révèle que cet espace marin est d’une faible profondeur, à savoir 9 m dans son point le plus profond, la protection physique que lui procure la presqu’île des forts courants atlantiques ainsi que la température que lui procure le haut taux d’ensoleillement en font un écosystème d’intérêt mondial , en effet la baie de Dakhla est déclarée SIBE ( site d’intérêt biologique et écologique ) et pour cause la diversité de faune et flore qu’elle offre est inégalée au niveau régional et même national comme en témoigne le rapport du Haut Commissariat aux Eaux et Forêts et à la Lutte Contre la Désertification en 2010 “Unique en son genre en Afrique du Nord, elle constitue à la fois un relais de migration et une zone d’hivernage et de nidification pour des milliers d’oiseaux d’eau. Ne recevant aucun apport d’eau douce permanent, la marée maintien de vastes habitats aquatiques peu profonds, sur-salés et très produc-

Fig. 16 : bathymetrie de la baie de DakhlaCirculation Marine De La Baie De Dakhla (Sud Du Maroc) Par Modèle Hydrodynamique 2d Hilmi Karim et al

TPFE Mohamed Yazid Bajja tifs57 ” . Par ailleurs la baie est également classifiée en tant que zone importante pour la conservation des oiseaux (ZICO) et comme zone humide d’importance RAMSAR58. 3/analyse du climat et des ressources hydriques Du fait de sa situation au sein du plus vaste désert au monde qu’est le Sahara et entre le 23ème et le 24 ème parallèle le climat Dakhla est classifiée en tant que climat désertique tempéré Bwn (köppen) et a un index d’aridité de 0.9 sur l’index de Martone ce qui en fait un désert hyper aride, ou un désert absolu, cela dit, la ville est située sur la façade maritime et reçoit donc des vents septentrionaux frais et un degré d’humidité élevé par rapport au continent, ce qui nécessite par conséquent une analyse plus profonde du climat afin d’avoir une vision plus holistique que stéréotypique du climat dominant . a) climat (pluviométrie - températures (différentiel jour nuit ) - hygrométrie) i- température le climat de Dakhla est fortement influencé par les courants marins froids de l’atlantique ainsi au niveau des températures la station météorologique a enregistré une température moyenne annuelle de 22 °C La moyenne des maximas est de 24° et celle des minimas est de 17° seulement60. Les températures moyennes minimales de l’air varient entre 11.7°C et 21.3°C et les températures moyennes maximales entre 20.3°C et 28.8°C sur la période 19862015 61, on note donc que l’amplitude de la variation des températures jour/ nuit est fortement atténuée à Dakhla ne dépassant pas les 10 °C 62 du fait d’une humidité relative élevée , ii- précipitations et humidité: L’observation des précipitations à Dakhla ne dégage aucune tendance particulière excepté le fait que les précipitations restent extrêmement rares et ne dépassent pas en moyenne les 30 mm par an, cependant le régime pluvial est très inconsistant inter annuellement , ce constat est corroborée par la fiche sur les changements climatiques concernant la région Dakhla Oued Eddahab réalisé par l’observatoire régional de l’environnement et du développement durable: «le maximum annuel observé dans la région étant 100 mm à la station de Dakhla, qui a aussi enregistré un minimum de 2.3 mm. D’une façon générale, les moyennes annuelles font ressortir

56 SELOUANE Karim(2003) La presqu’île et la baie de Dakhla. Dynamique margino-littorale et évolution du trait de côte , GraFigéo 57 Rapport du Haut Commissariat aux Eaux et Forêts et à la Lutte Contre la Désertification en 2010. 58 haut commissariat au plan, 2018, monographie de la région Dakhla oued eddahab 59 El Kanti, S. M., El Mansouri, B., & Arjdal, Y. (2017, November). Management of the Laayoune-Dakhla Deep Aquifer System 60 (Agence Urbaine Oued Eddahab Aousserd, 2013. Analyse Diagnostic Et Variantes Du Plan D’Aménagement Dakhla 61 ( Hilmi, Katani et al ) 62 Météo Maroc. (2020). Retrieved 20 February 2020, from http://www.meteomaroc.com/

36


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja sud de Larache65 . Les villes côtières situées dans cette zone ont des besoins de chauffage et de climatisation moindres, comparées aux villes continentales notamment grâce à leur climat tempéré et à leur exposition non obstruée à l’alizé . b) phénomènes météorologiques La ville de Dakhla connaît plusieurs phénomènes météorologiques qui affectent la vie sur la péninsule ou dans la région :

Fig..17 : Diagramme pluviométrique et moyennes de températures mensuelles

que la pluviométrie reste largement inférieure à 50 mm/an. Les hauteurs de pluie enregistrés diminuent progressivement en direction du sud à raison de 0.2 mm par kilomètre. Cependant, il faut noter qu’en zone saharienne, ces moyennes annuelles et mensuelles n’ont pas une grande signification étant donné la grande variabilité de la pluviométrie».63 De ces éléments on peut donc déduire que l’apport pluvial ne peut être considéré pour l’approvisionnement en eau potable , ni pour recharger les nappes phréatiques, toutefois vu son caractère imprévisible. Fig.. 18 :Niveaux de confort selon l’humidité rapportée en Le risque de crues et d’averses reste bien réel64 , pourcentage de temps passé dans divers niveaux de conforts catégorisées selon la température de rosée (weather spark) pas au niveau de la presqu’île, mais plutôt au continent en raison des cours d’eau endoréiques que présente l’hydrographie de la région. i- Inondations et crues iii- hygrométrie Selon le rapport du plan d’aménagement , l’irréguEtant donnée que la ville de Dakhla est une presqu’île larité des précipitations et leur présentation sous en saillie sur l’océan atlantique et que cette der- forme d’averses fait que la ville peut connaître des nière reçoit une quantité importante d’irradiation épisodes de crues ou d’inondations cependant ces solaire, le taux d’humidité relative moyenne atteint propos sont à relativiser vu que la ville présente un des valeurs élevés entre 61% et 86% , sous l’effet des relief très plat et n’est traversée par aucun cours masses d’air froid provenant du nord, la tempéra- d’eau , les crues concernent plutôt d’autres contrées ture de rosée est facilement atteinte surtout durant plus continentales de la région Dakhla Oued Eddahab la nuit, chose qui favorise la formation de brouillard et se produisent tous les cinq à dix ans la dernière ou de condensation sur les surfaces froides. Ceci crue ayant touché en 2006 la province d’Aousserd66 . permet également à quelque espèces végétales de résister au conditions d’aridité. Cependant, en pé- ii- Courants marins riode de hautes températures le taux élevé d’humi- Faisant partie du système marin du bassin des Canadité est également source d’un important inconfort ries, la côte atlantique de la ville de Dakhla subit des thermique . courants marins longeant la côte , ces derniers ne représentent de risque que pour les falaises friables iv- zonage du RTCM 2014 à l’Ouest de la ville, mais également un atout vu qu’il Le RTCM 2014 place la ville de Dakhla dans la zone favorisent le phénomène d’upwelling qui permet au 1 du RTCM au même titre que Agadir ainsi que l’en- masses d’eaux marines froides riches en nutriments semble des villes sur la bande côtière atlantique au de remonter vers la surface et ainsi favoriser le 63 Fiche sur les changements climatiques- région Dakhla Oued Eddahab -l’observatoire régional de l’environnement et du développement durable 64 Agence Urbaine Oued Eddahab Aousserd, 2013. Analyse Diagnostic Et Variantes Du Plan D’Aménagement Dakhla 65 RTCM 2014 ADEREE 66 Ministère de l’habitat , de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire direction de l’amenagement du territoire schéma régional d’aménagement du territoire - oued eddahab lagouira 2011

37


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

Fig.. 20: Régime de vents au Maroc (knidiri et al 1986)

qu’une diminution de la force des vents à un niveau urbain ne peut qu’être bénéfique pour le bien être des habitants , mais aussi une exploitation de cette ressource à travers des tours à vents et des turbines éoliennes peut s’avérer avantageuse.

Fig. .19: Rose mensuelle des vents à la station météorologique de Dakhla sur la période 2005-2014 (Maroc météo 2015)

peuplement côtier par des espèces marines iii- vents La ville de Dakhla est balayée régulièrement par un vent provenant du Nord, Nord-Est et du Nord Ouest dans une moindre mesure , il s’agit de l’alizé qui est un vent régulier des régions intertropicales (entre 23°27 nord et 23°27 sud), soufflant d’est en ouest de façon régulière des hautes pressions subtropicales (crête subtropicale) vers les basses pressions équatoriales (zone de convergence intertropicale). Dans l’hémisphère nord, il souffle du nord-est vers le sud-ouest, dans l’hémisphère sud du sud-est vers le nord-ouest67 , les vents ont une vélocité maximale moyenne supérieure à 9m/s68 ce qui fait de Dakhla un site privilégié pour l’implantation de centrales éoliennes vu que la vitesse minimum moyenne enregistrée est de 5.5m/s en novembre et le maximum en été est de 11.2m/s69 et leur fréquence est de 73 %70 , ces vents frais et humides ont un impact direct sur les déplacements et les habitudes de la population, de leur façon de se vêtir à leur habitudes de consommation, par ailleurs, on peut déduire de ces données

iv- ensoleillement : Bien que la ville de Dakhla est située dans la région la plus insolée du Maroc, la présence de particules suspendues dans l’air ainsi que d’une humidité élevée réduit l’irradiation solaire reçue considérablement. La ville reçoit moins d’irradiation solaire en été comparée à Marrakech ou encore Ouarzazate et Oujda. Toutefois la durée moyenne de l’insolation annuelle y dépasse largement 3.000 heures, avec un pic mensuel en mois de mai de l’ordre de 400 heures 71 . et un pic de 220 (kWh/m2/mois) durant le mois de juillet, la ville bénéficie d’un ensoleillement considérable ayant un impact réel sur la température de l’air. La couleur claire des sols sablonneux de Dakhla signifie aussi qu’une bonne partie de l’irradiation solaire est réfléchie en albédo sur les bâtiments.

Fig.. 21: comparatif d’irradiation globale horizontale(P.Sinha ,et al 2014)

67 N. Sarrabat, Dissertation sur les causes et les variations des vents (1730) 68 (Hlimi et al 2017 ) 69 Nfaoui, H., Buret, J., & Sayigh, A. A. M. (1998). Wind characteristics and wind energy potential in Morocco. Solar Energy, 63(1), 51-60. 70 Fiche sur les changements climatiques- région Dakhla Oued Eddahab -l’observatoire régional de l’environnement et du développement durable 71 Agence Urbaine Oued Eddahab Aousserd, 2013. Analyse Diagnostic Et Variantes Du Plan D’Aménagement Dakhla Edition Finale.

38


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau v- impact de la montée des eaux de mer: À part une étude générale du littoral Marocain effectuée par l’institut royal des études stratégique signalant que la montée des eaux de mer présente un risque pour Dakhla, aucune étude concrète et approfondie sur le sujet n’as été faite. La fiche sur le changement climatique concernant la région ne le mentionne pas comme étant un risque . La ville de Dakhla étant bâtie sur une langue de terre se jetant vers l’océan se présente topographiquement comme un promontoire plutôt plat d’une altitude - dans le périmètre ouvert à l’urbanismevariant entre 5.69m et 10.62 m72 . À ce niveau la ville est bordée par des falaises plutôt hautes et stables du côté Est donnant sur la baie, en contraste avec le côté ouest ou le front de mer est sujet au houles de l’atlantique et donc à ce titre menacé d’érosion. Cependant en ce qui concerne la montée du niveau des océans, étant donné que les pires des prévisions craignent une montée d’1,1 mètre dans les 100 ans à venir selon l’IPCC, Les seules parties de la ville qui sont menacées sont les infrastructures portuaires. Le village de pêche de Lassarga ( qui est en dehors du périmètre urbain de Dakhla ) et le tronçon de la route nationale 1B reliant la péninsule au continent. vi- Ensablement et tempêtes de sable Les vents bien que rendant possible les sports de glisse et étant une manne de développement pour la ville évoluent vers des tempêtes de sable73 , ceci est dû au fait que la ville se situe sur un courant sableux qui va de cap Juby à cap Blanc défini par Mainguet et al en 197674 cette importante dynamique

TPFE Mohamed Yazid Bajja éolienne fait que, annuellement, la ville reçoit 90 000 mètres cube de dépôt de sable éolien (ibidem), face à cette nuisance, les autorités locales ont mis en place une ceinture verte de 60ha dont 45 ha sont déjà réalisés afin d’empêcher l’ensablement de la ville 75. L’activité minière est également un facteur qui pourrait contribuer à exacerber le phénomène 76. c/ressources hydriques ( nappe phréatiques - sebkhas - dessalement d’eau de mer): Sans grande surprise les ressources en eau potable dans la région de la ville de Dakhla, de part l’aridité extrême du climat sont d’une grande rareté ce qui en fait sans doute la composante la plus contraignante pour le développement de la ville. Les eaux de surface sont quasi absentes et ne se présentent qu’épisodiquement, leur écoulement endoréique fait preuve de la rareté des précipitations. Cela étant dit, quand des précipitations sont enregistrées, cet événement alimente le réseau de sebkhas et de gueltas et de Graras qui constituent un point de ravitaillement pour les bergers et le cheptel. Elles permettent également, dans une moindre mesure, le renouvellement de la nappe souterraine. Le peu de végétation observable subsiste grâce aux précipitations occultes notamment la rosée et le brouillard engendrés par le taux élevé d’humidité relative, ce qui suggère la possibilité de capter l’humidité présente dans l’air pour des usages domestiques (ibidem). Cela étant dit, les volumes d’eau de surface enregistrés étant insignifiants, ils ne sont pas en mesure de constituer une source d’approvisionnement en eau douce. De ce fait actuellement la ville pompe de la nappe artésienne très ancienne non renouvelable (qui s’étale de 300 à 600 mètres de profondeur) pour subvenir à ses besoins en eau. Cependant la qualité de l’eau laisse à désirer du fait de sa haute salinité 1.3g / litres et nécessite donc un traitement avant toute utilisation. La baisse du niveau de cette nappe est inquiétante, à savoir 1.5 mètres par an durant les 10 dernières années77. Au vu de ces données, les pouvoirs publics vont prochainement doter la ville de Dakhla d’une station de dessalement d’eau de mer par osmose inverse d’une capacité allant jusqu’à 100 000 mètres cube par jour, ce qui permettrait d’alimenter le secteur d’agriculture en eau douce en plus de la consommation domestique. Fig.. 22: dynamique sédimentaire au niveau de la presque ile et de la baie de Dakhla Selouane. K 2001

72 73 74 75 76 77

MUAT, 2015, Carte du SDAU Dakhla MUAT- rapport du SDAU de la baie de Dakhla - 2015 SELOUANE Karim(2003)La presqu’île et la baie de Dakhla. Dynamique margino-littorale et évolution du trait de côte , GraFig.éo étude plan vert Dakhla. Agence Urbaine Oued Eddahab Aousserd, 2013. Analyse Diagnostic Et Variantes Du Plan D’Aménagement Dakhla El Kanti, S. M., El Mansouri, B., & Arjdal, Y. (2017, November). Management of the Laayoune-Dakhla Deep Aquifer System

39


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau 4/analyse contextuelle et démographique a) Développement intégré et Projets d’envergure: i)le nouveau modèle de développement des provinces du sud et la ville de Dakhla: Une réelle volonté politique et une implication des pouvoirs publics et des citoyens ainsi que l’ouverture récente du Royaume sur le continent africain avec son retour en 2017 à l’union africaine, a fait de la région de Dakhla Oued Eddahab en particulier et de l’intégralité du sud Marocain un chantier prioritaire ouvrant la voie à un nouveau modèle de développement. Ce dernier porte, en plus de réformes sociales et économiques, sur la réalisation d’importants investissements en infrastructures dans le cadre d’un contrat programme établi entre la région et l’Etat, tel qu’énoncé lors du discours royal de S.M Mohammed VI à l’occasion du 40ème anniversaire de la marche verte.

“L’application du modèle de développement de nos provinces du Sud traduit Notre fidélité à Notre engagement auprès des citoyens dans nos provinces du Sud pour ériger celles-ci en un véritable modèle de développement intégré. Nous l’entendons comme un pilier d’appui pour l’insertion définitive de ces provinces dans la patrie unifiée, et pour le renforcement du rayonnement du Sahara, comme centre économique et comme trait d’union entre le Maroc et son prolongement africain. C’est pourquoi Nous avons décidé de mobiliser, avec l’aide de Dieu, tous les moyens disponibles pour la réalisation de grands chantiers et de projets sociaux et médico-éducatifs, dans les régions de Laâyoune Sakia El-Hamra, Dakhla Oued Eddahab et Guelmim Oued Noun.”

Extrait du discours royal adressé à la nation, le 6 novembre 2015 à l’occasion du 40ème anniversaire de la marche verte En réponse à ce discours, le Conseil économique social et environnemental (CESE) a avancé un nouveau modèle de développement pour les provinces du sud. Ce modèle prend en considération les principes du développement durable, le rapport de ce même conseil paru en 2013 propose des mesures sociales visant à favoriser la participation des populations locales , et prône la culture autant que levier de développement , des mesures économique qui visent à substituer l’économie de rente par une

TPFE Mohamed Yazid Bajja économie basée sur l’initiative privée et le désenclavement des villes du sud , et enfin des mesures environnementales qui se basent sur la gestion et la répartition des ressources selon les règles de durabilité et d’équité.78 Dans son Rapport le CESE met également l’accent sur la nécessité d’opérer une transition écologique et énergétique au niveau urbain et d’ériger les villes du Sahara Marocain en tant que villes modèles. À cet égard on peut citer “Le Conseil envisage à travers les grandes lignes du NMDPS (nouveau modèle de développement des provinces du sud) de réussir la transition écologique et énergétique au niveau de ces provinces, d’en faire un modèle de territorialisation des fondements du développement durable et de la protection de l’environnement et d’ériger leurs villes en modèle au niveau national et régional en prenant en considération les dimensions écologiques (villes écologiques), urbanistiques et numériques (villes intelligentes).” 79 Le même discours de sa majesté cité préalablement, a également annoncé de grands projets concernant la ville et la région de Dakhla notamment : ii) La voie express Tiznit-Dakhla: S’étalant sur plus de 1055 km et bénéficiant d’un budget de 8.5 milliards de dirhams, ce projet d’envergure nationale qui sera réceptionné fin 2021 ambitionne de dynamiser l’économie des provinces du sud, les rendant plus attractives en améliorant la sécurité et l’efficacité de la route nationale N1. Ce projet rendra cette route plus résiliente à l’ensablement facilitant ainsi le transport des biens et des personnes entre le nord et le sud du royaume80. Le chantier est actuellement en phase d’exécution. Au niveau de la contenance du projet, on distingue une première tranche entre Tiznit et Laayoun qui sera un dédoublement de la voie existante alors que le tronçon entre Laâyoune et Dakhla consiste en un élargissement de la voie actuelle vers une voie de 9 m. iii) Port Dakhla atlantique La ville de Dakhla dispose actuellement de deux ports le premier étant construit durant les années 60 avec des quais de 486 ml par les colons espagnols et actuellement uniquement utilisé par la marine royale 81. En vue des besoins croissants de l’industrie de pêche locale et étant donné que Dakhla est désormais une escale pour l’armateur français de porte conteneurs CMA CGM, un port construit sur un îlot gagné sur la mer moyennant des techniques de pompage hydrauliques fut construit en 2001 et puis agrandi en

78 & 79 Nouveau modèle de développement pour les provinces du sud , synthèse CESE, oct 2013 80 ( lettre du METL oct NOV dec 2015) 81 (Monographie Dakhla 2018).

40


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau 2012 , situé à 5km au sud de l’ancien port, cet ouvrage en plus de comporter une zone industrielle de 290 ha totalise une longueur de quais de 1371 ml82. Cependant étant donné que ces deux ports s’ouvrent sur la baie de Dakhla qui est un écosystème assez fragile et vu la croissance que devrait connaître le transit maritime dans la région. Sachant que le port de Dakhla est le seul port marocain accostable entre la Mauritanie et Laâyoune, le projet d’étude et de construction du port Dakhla Atlantique a été lancé et une enveloppe budgétaire de 7.3 milliards de dirhams lui a été allouée. Ce nouveau port actuellement en étude sera construit à Ntireft à 54 km au nord de la ville de Dakhla afin de délocaliser toutes les nuisances surtout que le port développera également une zone industrielle. Ce port permettra d’abord de développer la filière de pêche des petits pélagiques, ensuite, il permettra le développement des autres secteurs productifs à savoir l’agriculture et les industries manufacturières, grâce à une zone franche dont il disposera83, et dans une plus grande échelle ce port permettra d’améliorer le volume des échanges commerciaux avec les pays subsahariens. Le ministère vise haut avec une capacité de 100 000 evp (équivalent vingt pieds) et 2300 ml en longueur de quais.

TPFE Mohamed Yazid Bajja b- Croissance économique de la ville de Dakhla: Tous les indices signalent que la région de DOE connaît un développement économique en crescendo. En effet, selon la monographie du HCP concernant la région, le taux d’accroissement régional du PIB durant les 5 dernières années est de 7.8 % , le PIB régional a pratiquement doublé entre 2009 et 2016 ( passant de 5,76 milliards de Dhs à 11 milliards),et ce en dépit des effets de la crise économique mondiale . Ce développement est également souligné dans la note consacrée aux agrégats économiques et sociaux du haut commissariat au plan 2015 qui justifie le fort taux d’urbanisation de la région 77.3 % en 2014. Ce taux est lié au rythme accéléré du développement économique et l’amélioration des conditions de vie de la population comme en témoigne également l’accroissement accéléré du PIB par habitant en comparaison avec la moyenne nationale. La stratégie nationale visant à faire de la ville un hub à l’échelle africaine ainsi que les potentialités naturelles du territoire on fait que le développement économique s’est fait tous azimuts et concerne surtout le secteur de la pêche avec une croissance annuelle moyenne de 12 %. Le secteur touristique et énergétique avec des croissances respectives de 21.4% et 30% annuellement ainsi que le domaine du BTP qui lui enregistre une croissance per annum plus timide mais quand même impressionnante de 16.8 %84.

Fig.. 23: Plan du nouveau port Dakhla atlantique (ministère de l’équipement et du transport de la logistique et de l’eau)

iv)Projet de la station de dessalement: Au vu de la diminution des réserves en eau de la nappe phréatique de la ville de Dakhla et l’accroissement de la demande en eau due au développement du secteur agricole, le contrat programme signé entre la région DOE et l’état projette la construction d’une station de dessalement d’eau de mer sur le territoire de la commune Bir Anzarane à 130 km au nord de la ville de Dakhla

Fig.. 24: PIB par secteur d’activité à Dakhla 82 ( Diagnostic PA ) 83 84 (Monographie DOE 2018)

41


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau c) Tendances des secteurs clés de la région: i) Le secteur de la pêche: La pêche est le secteur moteur de l’économie de la région Dakhla Oued Eddahab , en effet la région concentre 60% de l’effort de pêche national et détient 65% des ressources halieutiques du royaume réparties sur ses côtes atlantiques . L’infrastructure du secteur est également assez développée proportionnellement au peuplement de la région. On recense ainsi au niveau régional un port (celui de Dakhla) six sites de débarquement pour la pêche artisanale, 7 halles aux poissons, 6 fermes aquacoles, 85 unités de traitement des produits marins, 19 unités de pêche hauturières, 70 palangriers et senneurs , et 3600 barques85. Ceci a permis à la région de produire en 2016 plus de 614 000 tonnes, le port de Dakhla à lui seul a ainsi enregistré une production estimée à 1 421 539 dhs 86 . Les projections en 2011 pour le secteur selon le schéma régional d’aménagement du territoire ont été même dépassées vu que ce dernier anticipait une production de 500 000 tonnes. Le secteur de pêche côtière et artisanale à lui seul a atteint une production de plus de 602 000 tonnes en 2016 , soit une augmentation de 76% par rapport à 2011 et une augmentation des valeurs de 78% ii) Le secteur de l’administration publique et de la sécurité sociale Le secteur est actuellement le premier en terme de contribution au PIB régional87 entre 2011 et 2015 le nombre de fonctionnaires du secteur devrait doubler. Cependant puisque Dakhla est une ville région, le nombre d’emploi actuel est largement dimensionné , de surcroît ce secteur ne peut être un moteur de développement mais simplement un multiplicateur d’emploi tributaire de la croissance des autres secteurs productifs 88. iii) le tourisme : La région de Dakhla Oued Eddahab dispose de plusieurs atouts touristiques indéniables. La diversité géographique y est pour beaucoup , on assiste au développement de trois vecteurs d’activités touristiques89 : d’abord le tourisme balnéaire, grâce à une myriades de plages offrant des conditions diverses entre plages houleuses à l’atlantique et eaux calmes et peu profondes au niveau de la baie. Les sports de glisse, le jet-ski et la pêche à la ligne font partie des sports praticables au niveau du littoral, vient ensuite l’écotourisme qui présente également une opportunité pour le secteur, avec une diversité de la faune et de la flore offerte par les conditions uniques

TPFE Mohamed Yazid Bajja de la baie mais également grâce à la diversité des écosystèmes présents dont, l’océan, lagunes, dunes , forêts d’acacias et curiosités géologiques. Ce vecteur est d’autant plus prometteur que la réalisation d’un parc régional est prévue 90 . Le tourisme d’aventure est également en croissance dans la région. Les steppes désertiques fait d’ergs, de dunes et de regs ponctuées par d’intéressantes formations géologiques et d’acacias épars, comme celles qu’on peut admirer à Adrar Settouf ou à Assafya ainsi que les sebkhas comme celle d’Imlily font de la région un site de prédilection pour les caravaniers avides d’aventure et de découverte . Actuellement le secteur touristique bien qu’en croissance, 120 000 nuitées en 201791 contre 19517 en 200892 ne pèse pas beaucoup sur l’économie locale il ne représente qu’environ 0.3% de la valeur ajouté de la région93 . Le schéma national d’aménagement du territoire considère toutefois, le secteur comme un secteur porteur pour une pérennisation de croissance. Le rapport du plan d’aménagement décrit le secteur comme levier de développement pour la ville mais conditionne cela à un renforcement des structures d’accueil qui en 2016 n’offraient que 915 lits94. Le renforcement des liaisons aériennes et le rabais de leur coût , la résolution de la question de l’eau et la disponibilité d’une main d’œuvre qualifiée95 , sont autant de facteurs encourageants. C’est donc dans cette optique que le sdau de la ville et de la baie a ouvert 217 ha destinés à recevoir des activités touristiques. Le contrat programme pour le développement des provinces du sud prévoit également 24 projets touristiques structurants à travers la région dont un pôle écotouristique muni d’une enveloppe de 581 million de dhs. d) analyse socio-démographique de la population: N.B: les statistiques régionales sont aussi pertinentes vu que 97,4 % des ménages résidant dans la province de Oued Eddahab sont domiciliés à Dakhla

Fig. 25 :croissance de la population à Dakhla (HCP-RGPH 2014 , aïun 1973 , Agence Urbaine Oued Eddahab Aousserd - analyse diagnostic et variantes du Plan d’aménagement Dakhla édition finale avril 2013) 89, 90, 92 85 86 Schema regional de l’amenagement du territoire - Oued Eddahab Lagouira - Mars 2011 91, 93, 94 monographie 2018 87 88 95 Diagnostic PA

42


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau La population de la ville de Dakhla a été multipliée par presque six depuis le recensement de 1972 allant de 17309 habitants à plus de 100 000 en 201496 . Selon le graphique ci-dessus, son allure montre une tendance d’accélération du taux de croissance démographique annuel depuis l’indépendance de la ville jusqu’à l’an 2004, suivie d’un léger repli de la croissance. Les taux d’accroissement démographique restent, cependant supérieurs à la moyenne nationale. Selon le rapport du Plan d’aménagement de 2013 ce taux fut de 4.6 % par an durant la période intercensitaire de 1982 - 1994 et de 6.9 % par an durant la période 1994-201497 et enfin de 5.5 % par an durant la période 2004-2014 contre une moyenne nationale de 1.25 %.

TPFE Mohamed Yazid Bajja Une autre centralité démographique se démarque au sud autour du quartier Al massira 3 et enfin plus à l’ouest autour des quartiers Hay Alhassani et Assalam; voir la carte de répartitions démographiques jointe à ce mémoire (Page 98)

ii)distribution de la population par groupes d’âge: La population urbaine à Dakhla affiche comparativement au reste du royaume une répartition des âges significativement plus jeune. En effet selon le recensement général de la population de 2014 à l’échelle de la commune urbaine, la proportion d’habitants de moins de 25 ans est de 49.3% dont 31,4% de moins de 15 ans98. Le groupe d’âge des actifs, est également important ce qui réduit légèrement le rapport de dépendance par rapport à la moyenne nationale. Il s’agit en l’occurrence, de 53% à Dakhla contre 55% pour le reste du territoire national en raison de la faible proportion des groupes d’âges supérieurs à 60 ans.

iv) Situation familiale et matrimoniale: Parmi la population excédant l’âge légal du mariage on remarque que la population de Dakhla affiche un taux de célibat légèrement supérieur à moyenne nationale 55.2% contre 53.2%. Ce taux de célibat est plus prononcé du côté de la population masculine 59,3% , de surcroît cet indice est en augmentation par rapport à 2010 vu qu’il n’était que de 43.85 % en 2004. Plusieurs facteurs expliquent ces nombres notamment le fort rapport de masculinité 1,175 soit 117 hommes pour 100 femmes, ajoutons à cela le phénomène de retardement de l’âge du premier mariage au niveau national dû à la scolarisation des filles ainsi qu’à des considération sociales. La présence également de travailleurs temporaires ou saisonniers pourrait expliquer dans une moindre ampleur, ce phénomène . Mais malgré ce taux élevé de célibat, la composition des ménages reste dominée par la structure familiale nucléaire qui dépasse les 2/3 du total ( composée d’un père, une mère est des enfants ) suivie par des ménages de familles élargies 16% et des ménages sans familles 12 %100 .

Fig.. 26: Diagramme des âges, comparatif entre la distribution des âges de la commune de Dakhla et le reste du Maroc

Fig.. 27: diagramme démontrant les compositions de ménages à Dakhla (diagnostic PA 2013) ( graphisme par l’auteur)

iii- distribution spatiale de la population Les nouveaux quartiers situés au sud et à l’ouest du cœur de la ville créés après l’an 2000 abritent les 2/3 de la population urbaine99. En analysant la carte des répartitions démographiques la bande nord de la ville sur le littoral donnant sur la baie est largement sous peuplée et pour cause les casernes et divers équipements militaires qui y sont aménagés. Toutefois concernant le sud de la ville, diverses centralités de densités urbaines émergent notamment autour des quartiers Hay Al matar et Al ghofrane.

v) Typologies d’habitat: La typologie d’habitat dominante à Dakhla est de loin la typologie dite maison Marocaine moderne. Bien que la taille moyenne des ménages dans cette ville selon le RGPH 2014, est de 4 personnes par ménage ce qui est inférieur à la moyenne nationale, le taux d’occupation des logements est supérieur à la moyenne nationale soit 1.7 personne/pièce. Ceci est probablement dû au fait que plusieurs ménages habitent la même maison par biais de location.

96, 98 Haut commissariat au plan recensement général de la population humaine au Maroc 2014 97, 99, 100 (Rapport Pa 2013)

43


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja cale devient inférieur à la moyenne nationale et cet écart s’accentue au fur et à mesure qu’on monte de niveau d’éducation. Mais quoi qu’il en soit, le taux d’analphabétisme de la région est inférieur au taux national 21.1% et 22.6 % respectivement. Il est important de relever l’écart de scolarisation observé entre les deux sexes; le taux de scolarisation masculin est supérieurs aux taux féminin, comme en témoigne le taux d’analphabétisme des filles qui est de 28.5 %102 .

Fig.. 28: Pourcentage de ménages par type de logement (HCP RGPH 2014)

vii) Une mixité linguistique et ethnique (signe d’émigration et d’immigration) Au niveau des langues parlées à Dakhla le dialecte arabe Marocain ( darija ) ne fait pas défaut et affiche un taux similaire à la moyenne nationale puisqu’il est parlé par 89.4 % de la population et est donc de facto la langue véhiculaire. Cependant là où on remarque une nette différence concerne la langue hassania , langue autochtone des tribus du Sahara Marocain et mauritanien, fortement inspirée de l’arabe traditionnel. Ce dialecte est parlé par 19.2 % de la population La troisième langue la plus parlée par les habitants de la ville est le tachelhit , langue berbère des tribus de l’Anti-Atlas et de la tribu saharienne nomade des tekna. Ceci suggère que la ville de Dakhla a été une terre d’émigration et d’immigration vers et depuis d’autres régions du royaume103. En effet selon

Fig.. 29: Diagramme démontrant les types de ménages à Dakhla (diagnostic PA 2013) (graphisme par l’auteur)

Selon le même recensement le pourcentage de locataires et beaucoup plus prononcé à Dakhla qu’ailleurs au Maroc; en effet 49% des ménages à Dakhla sont locataires contre 42,7% de propriétaires. Ce taux de propriété s’explique partiellement par le fait que l’urbanisation de la ville de Dakhla est un processus historiquement récent. Dans des villes où le processus d’urbanisation a commencé au début du 20ème siècle on trouve des Fig.ures significativement différentes. À titre d’exemple à Marrakech 66.5% des ménages sont propriétaires contre 24% de locataires 101. vi) Niveau scolaire et éducatif: La population de la ville de Dakhla présente un taux d’éducation primaire nettement supérieur à la moyenne urbaine nationale. Cependant à partir du niveau secondaire collégial le taux d’éducation lo-

Fig..30: Évolution de la taille des ménages à Dakhla (hcp RGPH) ( graphisme par l’auteur)

Fig.. 31: Langues parlées par la population à Dakhla

101, 102 Haut commissariat au plan recensement générale de la population humaine au Maroc 2014 103 ( diagnostic PA)

44


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau le RGPH 2004 23.4 % de la population âgée de plus de 5 ans résidait en dehors de la commune et 23.3 % provenaient de l’extérieur de la région Dakhla Oued Eddahab104, et enfin seul 53.2 % des habitants de la ville y sont nés, ce qui témoigne d’une forte attractivité de la ville. viii)Secteurs d’emploi: Contrairement à la tendance des décennies passées , le privé est désormais le premier employeur au niveau de la commune de Dakhla en effet l’administration qui en 2004 employait 33.7 %105 des actifs n’emploie aujourd’hui que 17.8 % se plaçant comme troisième employeur de la commune. Même si ce taux reste supérieur à la moyenne nationale de 10.2 % 106 , désormais le privé est le premier employeur avec 54.2% ce qui témoigne de la croissance économique remarquable de la ville et sa forte capacité à créer des emplois. La deuxième situation professionnelle la plus répandue à Dakhla est représentée par les indépendants qu’ils soient pêcheurs, commerçants ou artisans pour la plupart. Ce mode d’activité est en effet à valoriser et à encourager,car les professionnels de ces catégories sont plus réceptifs au questions de développement durable au vu de leurs circuits courts de commercialisation et leur dépendance intime à l’environnement naturel et social. Ils forment ainsi, une catégorie plus réceptive aux thématiques de développement durable .

TPFE Mohamed Yazid Bajja caine moderne ou une villa contre 6% seulement qui souhaitent habiter un appartement en copropriété. En termes de surfaces et de typologies la population de Dakhla semble préférer largement la maison marocaine de 80m² à 150m² (71% de la population) suivie par les villas de 100m² à 200m² (10%de la population )107 . En superposant les préférences de la population et l’occupation actuelle des logements on remarque que le déficit en offre est plus prononcée pour la typologie de villas que seul 2.2% de la population occupent actuellement contre 14% qui souhaitent habiter cette typologie. De même pour les appartements actuellement occupés par 4.2% des ménages contre 6% qui souhaitent habiter un appartement. Cela ne veut pas dire non plus, qu’il n’y a pas de déficit dans le parc de maisons marocaines modernes, bien au contraire car une grande partie des ménages sont locataires à 49% 108.

Fig.. 32: Statut professionnel des actifs et chômeurs ayant déjà travaillés à Dakhla (RGPH 2014)

ix)Attentes de la population en matière d’urbanisme et de logement: -Aspirations en matière de logement: Indépendamment du logement actuellement occupé par les ménages, une enquête effectuée en 2010 dans le cadre du diagnostic précédant l’élaboration du sdau a interrogé la population de Dakhla sur leur préférences en matière de logement : Cette étude a révélé que les habitants de la ville de Dakhla affichent une préférence claire pour un logement sur foncier qui lui est propre puisque 94.8% des habitants préfèrent habiter une maison maro-

Fig.. 33: Souhaits exprimés par la population en matière de typologie et surfaces de logements(diagnostic PA 2013)

103, 104, 107, 108 (diagnostic PA) 105 , 106 (Rgph 2014 du Haut commissariat au plan)

45


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau Aspirations d’urbanisme et de vie de quartier: La vie communautaire et sociale à Dakhla semble très bien se porter puisque 94.5% des personnes interrogés déclarent avoir d’excellentes ou bonnes relation avec le voisinage109 . Cependant la majorité des personnes interrogés ont exprimé leur insatisfaction en matière de services et d’équipements publics notamment le manque d’espaces publics de loisirs et de parcs de jeux pour enfants , le manque d’espaces verts et enfin l’insuffisance du service de ramassage de déchets, en matière de loisirs que la ville peut offrir la population exprime une préférence envers le sport 19.08% et la lecture 8,75%110, ce qui laisse imaginer que la ville manquerait d’équipements sportifs de proximité et de bibliothèques. Cela dit, les habitants concèdent que la ville présente plusieurs atouts notamment la propreté , le niveau de vie satisfaisant , mais déplorent le niveau insuffisant des équipements sanitaires , sportifs et culturels.

TPFE Mohamed Yazid Bajja 5/historique architectural et urbain de la ville de Dakhla : L’histoire de la ville de Dakhla fut marquée par le colonialisme, la lutte pour l’indépendance et enfin la réunification avec la mère patrie et l’effervescence économique qui en suit, toutes ces époques ont laissé leurs traces autant sur l’architecture que sur l’urbanisme. Il n’est d’ailleurs pas anodin que l’aéroport se trouve au beau milieu de la ville, et que le quartier militaire se trouve à son entrée. Tous ces faits sont le fruit de circonstances et faits historiques, l’histoire de la ville de Dakhla avant sa récupération en 1979 est indissociable de l’histoire de la colonie du Sahara espagnol , selon José A. Rodríguez Esteban et Diego A. Barrado Timón 111 , l’histoire de l’urbanisation dans la «colonie du Sahara espagnol» suit trois étapes majeurs -1884 à 1940 phase d’occupation et de contrôle militaire -1940 à 1964 phase d’organisation urbaine et de politique de sédentarisation -1940 à 1964 phase d’organisation urbaine et de politique de sédentarisation Il convient de rappeler que, avant 1884 la presqu’île de Dakhla a vu des établissements humains s’y installer, mais il n’eurent aucun impact sur sa morphologie urbaine puisqu’il s’agissait de populations nomades. a) 1884 -1940 phase d’occupation et de contrôle militaire

Fig. 34: Sources d’insatisfaction de la population par rapport à leur environnement urbain

L’occupation espagnole du Sahara commence en 1884. Les colons occupaient une zone qui leur semble stratégique du fait qu’elle est une presqu’île située au hinterland maritime des îles canaries. Ils la nomment villa cisneros en hommage au cardinal Francisco Jiménez de Cisneros. C’est donc cette jetée de terre nommée villa cisneros qui deviendra par la suite Dakhla. En cette même année l’Espagne déclare un protectorat s’étalant de la ville de cap boujdour à cabo blanco (Lagouira actuellement). Cependant son contrôle effectif sur ce territoire reste limité. Durant cette phase, l’accroissement urbain de la ville de Dakhla et des villes du Sahara en général fut très modeste. La présence espagnole s’est limitée au maintien des établissements militaires et de pêche, à Dakhla en particulier, ainsi que les autres villes portuaires sur la façade atlantique, fait dû à l’aridité extrême du Sahara et l’affaiblissement de l’Espagne suite à la perte de la plupart de ses colonies. Durant les années 20, pour les nécessités de l’aviation française et pour pouvoir effectuer des escales

109, 110 (diagnostic PA) 111 José A. Rodríguez Esteban et Diego A. Barrado Timón Le processus d’urbanisation dans le Sahara espagnol (1884-1975). Une composante essentielle du projet colonial

46


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja b-1940 -1964 phase d’organisation urbaine et de politique de sédentarisation

Fig.. 35: Vue aérienne non datée, de la ville de Dakhla au début de l’aviation( Centre cartographique et photographique, ministère (espagnol) de la Défense.)

Après la fin de la guerre civile espagnole, par impulsion nationaliste, des bâtiments utilitaires furent construits à Dakhla. En 1941 un gisement de phosphates fut découvert à Boucraa et en 1947 le projet d’exploitation a vu le jour. Cette découverte va lancer une nouvelle dynamique d’urbanisation de la part des espagnols. Ainsi la ville de Dakhla bien que ne comptant à l’époque que 125 bâtiments bénéficiera d’un projet d’urbanisation en 1953113, et les églises de Dakhla et Laâyoun furent réalisées par Diego Mendez architecte lié au régime franquiste. Cependant à partir de 1958 la villa cisneros (Dakhla) perdit le statut de ville chef-lieu au profit de Laayoune . Il convient de s’arrêter sur le fait que jusqu’à cette date les bâtiments enregistrés à Dakhla comme à layoune ne concernent que les officiers et militaires européens. Les autochtones ont conservés leur mode d’établissement traditionnel à savoir des tentes regroupés en bandes de plusieurs rangées.

de ravitaillement plusieurs hangars et zones d’atterrissage furent aménagées. La ville comptait à cette époque une zone militaire et administrative et des habitats de l’administration et de l’armée espagnole. Au début de la quatrième décennie la population européenne de Dakhla fût de 200 personnes112 , autant dire, que le projet colonial à Dakhla en ce moment se limitait à exercer une présence militaire modeste. Par ailleurs, la plupart des édifices réalisés durant cette époque sont faits en maçonnerie de pierre ce qui laisse penser qu’un retour vers ce matériau est

Fig.. 37: Photo aérienne de la ville de Dakhla (Extrait du vol photogrammétrique de 1960, Institut géologique et minier d’Es-

Fig.. 36: Vue axonometrique d’un fort de défense militaire (espagnol )situé au nord de Dakhla (A.Sanchez 2012) 112 (El Sahara Espagnol. Alta Comisaria de Espana en Marruecos, Madrid, 1946) 113 José A. Rodríguez Esteban et Diego A. Barrado Timón Le processus d’urbanisation dans le Sahara espagnol (1884-1975). Une composante essentielle du projet colonial

47


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau c-1964 -1975 phase de développement urbain tirée par l’exploitation des phosphates Alarmée par la vague d’indépendance des pays maghrébins et souhaitant attirer les populations sahraouies d’une part et encouragée par l’exploration pétrolière et les revenus de l’exploitation des phosphates d’autre part, l’occupation espagnole sur le Sahara entama durant cette période une nouvelle étape d’urbanisation114 . En effet en 1960 à Madrid eu lieu une réunion entre le directeur général des provinces africaines et des généraux et colonels français et espagnols où l’accent fut mis sur l’importance de soudoyer la population des rguibates par des incitations économiques à se sédentariser et à renoncer à leur mode de vie nomade par crainte de contagion d’idées indépendantistes pro Marocaine . C’est dans cette optique donc que l’institut national du logement ( instituto nacional de la vivienda ) s’est chargé de l’étude du financement et de la mise en œuvre de plusieurs projets de logements dans les provinces du Sahara en ayant en ligne de mire “la concordance entre l’homme, le sol, le climat et le logement “. À l’opposé de Laâyoune où les nouveaux logements furent construits en zones suburbaines indépendantes, à Dakhla les nouvelle habitations furent implantées à l’intérieur même de la ville, en témoignent les maison hexagonales à mi chemin entre la tente traditionnelle et un logement sédentaire puisque ces logements proposent une cour in-

TPFE Mohamed Yazid Bajja térieur destinée à garder le bétail . Ces nouveaux logements situés dans les quartiers de Leftihat, Ghribilat, Labouichat et Kseiksat furent réservés au agents de l’administration coloniale et certaines troupes militaires. La plupart de Marocains nouveaux venus fuyant la sécheresse étaient installés sous des tentes. Le développement urbain de Dakhla continuera de s’accélérer avec la découverte d’une nappe phréatique en marge d’exploitations pétrolières en 1963 (ibid)115 et la construction du premier port en cette même période116. Ces extensions urbaines ont également impacté la croissance de la population, la veille de la marche verte , la ville comptait 8400 habitants dont 3000 étrangers. Bien que les espagnols ont jeté les bases d’un urbanisme à Dakhla et les autres villes du Sahara marocain occupé, leur approche fut celle de l’acculturation et de la ségrégation, vu que le clivage entre autochtones et occupants se dessinait sur les plans d’urbanisme avec des quartiers séparés dédiés à chacune de ces deux catégories. d-1979 - 1991 libération et stabilisation du territoire: Bien que la ville de Dakhla fut créé et a connu un développement intéressant durant la présence espagnole, l’étendue et l’importance de son développement urbain est à relativiser quand on la compare à Fig.. 38. Croissance de la ville de Dakhla par nouveaux bâtiments par années(José A. Rodríguez Esteban et Diego A.)

113, 114 José A. Rodríguez Esteban et Diego A. Barrado Timón Le processus d’urbanisation dans le Sahara espagnol (1884-1975). Une composante essentielle du projet colonial 115 Istituto nacional de la vivienda 116 (HISPANIA NOVA. Revista de Historia Contemporánea. Número 10 (2012) del pasado colonial español en Río de Oro (Sahara Occidental. La línea de Fortines de Villa Cisneros Blanco Vázquezl .) 117 (Historical Dictionary of Western Sahara”. The Scarerou Press, London, 1982) 118 (Extrait d’un journal espagnol, Aaïun 1973)

48


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau la période post indépendance. En effet après la récupération de la région Oued Eddahab en 1979 l’extension urbaine a repris de plus belle. En 1980 avec au programme plusieurs lotissements de logement social et la construction de plusieurs équipements en commençant par le quartier Hay oum Tounsi. La ville a vu se concrétiser en 1984 une opération de construction de 192 logements sociaux. Une dynamique qui s’est poursuivie durant la deuxième moitié des années 80 avec 9 opérations de construction de logements et de lotissements sur une superficie totale de 18 Ha, étalés sur les quartiers de Laachriat, Mly Rachid, Oum tounsi, Al masjid, Al massira et le quartier Al Wahda. Bien que le ville se développait assez rapidement néanmoins, son plein potentiel de développement fut occulté par la période d’instabilité dans la région en cette période. e- 1991 - 2020 phase de développement accéléré: La construction de lotissements , de logements et d’équipements s’est poursuivie d’une manière beaucoup plus accélérée suite au cessez le feu et l’arrêt du conflit armé, ce qui a fait entrer la ville dans une ère de prospérité et de stabilité qui se poursuit jusqu’à maintenant. Ainsi, durant les années 90 L’ERAC a conduit 5 opérations étalées sur 25 hectares; au sud de la ville des extensions de 104 hectares furent ouvertes à l’urbanisme ce qui donna naissance aux quartiers al Qods , Al Rahma , Al Massira et Al Ghofrane. la période allant des années 2000 au jour présent confirme la tendance précédemment observée, à savoir une nouvelle accélération du processus d’urbanisation catalysée par l’amélioration des infrastructures de la ville, la construction d’un nouveau port et un nouveau terminal de l’aéroport, le développement de l’agriculture et l’essor du tourisme, plus de 4900 lots et 700 logements furent construits pour répondre à cette nouvelle demande ce qui a conduit la ville à arrêter son développement jusqu’ici linéaire dans un axe nord sud parallèle à la côte pour s’étaler à l’ouest au delà de l’aéroport contournant la zone non aedificandi. C’est ainsi que les quartiers Amal I et II, Al Hassani, Al Aaouda, Oued Achayaf, Al Wakala (Al Wahda), Al Khalij ont vu le jour. Au nord de la ville et donc à son entrée fut projeté un lotissement dédiée au showrooms, Plus au sud une zone d’activités industrielle “Essalam” de 27 Ha a été lotie ainsi qu’une zone portuaire de 300 Ha dont 60 Ha furent aménagés 119. Ce développement urbain qu’a connu la ville de Dakhla dans la période poste indépendance est sans doute très louable et remarquable de par sa vitesse:---- le

TPFE Mohamed Yazid Bajja périmètre urbain a été multiplié par sept (100 Ha en 1979 à 700 Ha en 2007). Il a pu répondre rapidement à une demande urgente en matière de logements et de bâtiments tertiaires. Toutefois ce développement s’est fait d’une manière très sommaire au niveau des typologies urbaines et architecturales sans vraiment se référer au contexte culturel ,climatique et naturel de la région. On remarque à cet effet que la plupart des bâtiments dédiés au logements se présentent sous la forme de la maison marocaine r+2 ou parfois portée à r+3 (75.16% des logements en 2010 ). Voir plan de croissance de la ville Chapitre 4 , sous chapitre 1 section “e” historique et densités. 6/analyse urbaine a- analyse de la macroforme et de l’organisation spatiale urbaine: -au niveau de la macroforme: Voir plan de vide et de plein de la ville chapitre 4 sous chapitre 1 section b La macroforme de la ville est fortement influencée par trois composantes à savoir sa situation géographique sur une étroite presqu’île, l’emprise énorme de l’aéroport et du parc régional qui lui est adjacent occupant plus de 600 hectares121 et enfin la zone industrielle et portuaire au sud de la ville qui limite le développement de la ville en cette direction. L’urbanisation de la péninsule s’est donc faite sous le joug de ces contraintes . Ceci explique son allure actuelle ; allongée sur un axe nord sud en bande, à l’étroit entre le périmètre de l’aéroport et la baie, avec une masse urbaine au sud qui contourne aussi bien l’aéroport que le périmètre du parc régional s’étalant ainsi vers le nord et l’ouest de la presqu’île en direction de la côte atlantique à un rythme accéléré. À noter également l’amorce d’un noyau urbain touristique et de standing radioconcentrique au nord de la ville qui faute d’une connectivité au reste de la ville est restée dans un état embryonnaire n’abritant que 6% des habitants de la ville (ibidem). La gestion du foncier restant qui est dans les 500 ha (ibidem) devrait se faire à l’issue d’une réflexion mûre sur les perspectives de développement spatial de la ville. Le rapport du PA de 2013 souligne qu’à l’horizon de l’aboutissement du plan d’aménagement, la ville aura consommé tout le foncier disponible. - Au niveau du zonage et de l’utilisation spatiale. Le zonage de la ville à été échafaudé à la lumière du plan de zonage homologué il y a 20 ans en 2000. Ce document a atteint un taux de réalisation de 70 % en 2012122 , en effet

119 Mohammed Abdellah Bouhjar directeur CRI DOE -interview pour les écos 120, 121, 122 Rapport diagnostic du plan d’aménagement de Dakhla 2013

49


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau ce plan a connu peu d’avenants qui se limitent à la conversion de la zone industrielle du quartier Essalam en zone d’habitation, ainsi que le faible développement des zones résidentielles prévues au nord de la ville. Bien que le modèle d’urbanisme moderne prônant le zonage comme outil de planification urbaine est fortement dépassé et d’ailleurs n’as jamais -dans le contexte Marocain- vraiment pu séparer les zones résidentielles des zones commerciales et celles d’industries artisanales ,ce modèle reste pertinent afin d’effectuer une analyse à grande échelle de la ville et en sortir des conclusions en termes d’allocation d’espaces, de liaisons urbaines et de fonctionnement de la ville . Ainsi de ce scope se dégage le constat immédiat de grandes ruptures urbaines , en effet la ville est scindée dans un axe nord sud par l’aéroport et sa zone non aedificandi, et elle est également scindée dans un axe est ouest par les casernes militaires. L’espace urbain restant peut être divisé en 5 blocs urbains à caractéristiques distinctes ; * La zone résidentielle nord: Cette zone du fait de sa situation sur le rivage de , attire un bon nombre d’équipements hôteliers et de services touristiques , malgré le fait qu’elle fût prévue autant que quartier résidentiel elle est équipée de divers équipements et elle n’abrite que 6% de la population. * La zone à usage mixte centrale: Elle est située autour de l’ancien port de la ville et englobant le quartier Moulay Rachid ainsi que le quartier Al matar et Ghribiliate. Elle peut être qualifiée de centre historique et est effectivement dans l’imaginaire local la centralité principale de la ville. Cette zone est caractérisée par une forte activité commerciale, un développement en immeubles, certains dédiés à l’hôtellerie, mais elle est également caractérisée par une forte présence d’administrations publiques d’ordre régional, tels que la wilaya et plusieurs directions régionales ministérielles. * La zone résidentielle et commerciale sud: Cette partie bâtie après le retour de la ville à la mère patrie, et avant la fin du siècle dernier comprend les quartiers de Oum Tounsi, Ksikssates, Almassira Rahma et Assalam. Cette zone se caractérise par une profusion d’habitat de type économique régulièrement interrompue par divers équipements de proximité ainsi que par des avenues commerçantes assez animées par les commerces aménagés au long des galeries au niveau de RDC des habitations. L’avenue Almasjid ainsi que le boulevard Ahmed Bahnini sont à cet égard des cas d’école. Sur le lit-

TPFE Mohamed Yazid Bajja toral, cette partie de la ville commence à afficher un intérêt touristique comme le démontre l’installation de cafés restaurants et hôtels autour dans la partie ouest de cette zone. La nouvelle zone d’extension résidentielle à l’ouest Cette zone, initialement non prévue par le plan d’aménagement, est relativement récente et s’est faite en raison de la grande pression sur le parc de logement , e t la volonté politique de résoudre les problématiques liées à l’habitat insalubre , cette zone est caractérisée par une suprématie de la typologie d’habitat économique de type maison Marocaine , actuellement les quartiers ouest à savoir les quartiers Alwahda , Ennahda Hay elHassani et Oued Chiaf sont plutôt des quartier dortoirs et restent loin de la dynamique économique et touristique des quartiers situés à l’est * La zone portuaire et industrielle: Judicieusement située au sud de la ville afin de bénéficier des alizés provenant du nord pour dissiper la pollution provenant du nord, cette zone peut être divisée en trois parties; une partie aménagée sur 37 ha ( zone industrielle Essalam) et raccordée en eau,assainissement, électricité et en voirie au reste de la ville, une deuxième zone industrielle portuaire s’étendant sur 270 ha dont 58 sont viabilisés123 (diag pa) et enfin une troisième zone de 40ha pas encore réalisée. b)analyse de la mobilité urbaine: Etant bâtie sur une presqu’île la circulation interne de la ville lui est endogène, en d’autre termes, elle est exemptée de trafic issus de déplacements inter urbains. Ceci couplé à une bonne couverture de la trame viaire fait que la circulation automobile est fluide à Dakhla, surtout que le plan de déplacement urbain a fait l’objet d’une étude récente en 2011 , suite à laquelle la liaison entre les quartiers est et ouest fut renforcée par la construction de deux routes traversant la servitude de l’aéroport. Les grands axes structurants de la ville dans l’axe nord sud sont le Bd AL Oualaa, le Bd mohamed V ainsi que l’avenue Almasjid , alors que dans l’axe Est Ouest les grands Boulevards sont le boulevard Bahnini l’avenue hassan 2 et dans une moindre mesure le boulevard Tah. L’intérêt de ces axes est d’autant plus économique que routier vu qu’ils concentrent plusieurs commerces et activités , cependant le paradoxe qui ressort de l’analyse des mobilités au sein du périmètres urbain est que la ville ne disposent pas d’assez d’aménagements dédiés au piétons dans une ville ou 44.98% des habitants se déplacent à pied et ou 81.7%124 des ménages ne sont pas motorisés , le

123 Rapport diagnostic du plan d’aménagement de Dakhla 2013 124 Haut commissariat au plan recensement générale de la population humaine au Maroc 2014

50


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau manque de bus pose également des question et ne peut être expliqué que par son manque de compétitivité financière avec les grands et petits taxis.

Fig.. 39: Répartition de la croissance de la ville de Dakhla par nouveaux bâtiments par années(José A. Rodríguez Esteban et Diego A.) Fig.. 40: Macroforme des quartiers résidentiels à Dakhla (graphisme par l’auteur)

TPFE Mohamed Yazid Bajja

voire analyse de la trame viaire chapitre 4sous chapitre 1 section d. b) Analyse de la typologie urbaine et architecturale de la ville: - Au niveau des formes urbaines: A l’exception des zones en bandes situées entre l’aéroport et la baie caractérisées par la présence de zones villas et d’administrations publiques et militaires, ainsi que le centre historique autour de ksiksate , hay elmatar et ghriblate connues par des opérations de logements expérimentales ainsi que des zones immeuble, la majeure partie de la ville qui s’est d’ailleurs construite assez récemment -après les années 90- s’est faite par juxtaposition de lotissements économique en r+2 en barres aux formes régulières ponctuées régulièrement par du foncier public dédié au équipements. Cette typologie atteignant près de 75% au niveau des quartiers limitrophes du quartier al massira est alignée sur une trame viaire orthogonale qui change d’orientation, semble -t-il, selon les zones qui lui sont limitrophes notamment la zone non aedificati de l’aéroport et la bande littorale, cette discontinuité de la trame est résolue par une profusion de giratoires. L’abondance de cette typologie est directement liée au régime foncier de la ville de Dakhla qui est

51


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau presque totalement un foncier privé de l’Etat qui a été transféré à un régime de propriété privée, ce qui a laissé libre cours à la volonté des lotisseurs au niveau des formes et tailles des parcelles . Au niveau des quartier récents, notamment Hay al Wahda, on remarque l’adoption du même format parcellaire économique, cependant leur regroupement n’est plus en barres mais plutôt sous forme de blocs en U orthogonaux juxtaposés de façon à créer des cours communes dans les cœurs d’îlots ouvertes sur la voie. Cette même tendance continue au niveau du quartier Ennahda mais en ayant recours à une imbrication de blocs en L pour créer des espaces communs intérieurs. Ces deux typologies sont répliquées à grande échelle au niveau de ces quartiers. La taille moyenne des parcelles dans les quartiers centraux de la ville est de 100m². Au niveau de l’épannelage urbain, les hauteurs sont très hétéroclites et confèrent au paysage urbain un aspect d’amoncellement de formes parallélépipédiques sur une trame orthogonale. En effet, la plupart des nouveaux quar-

TPFE Mohamed Yazid Bajja tiers résidentiels au sud et à l’ouest de la ville présentent des hauteurs variant du rez de chaussée au r+3 avec une forte prévalence de hauteurs r+1 et r+2. -Au niveau de l’architecture: Le paysage architectural de la ville en dehors de quelque bâtiments publics et D’administrations situés principalement sur la bande nord est de la ville bénéficiant d’une recherche architecturale poussée et des formes recherchées et quelques hôtels et immeubles du centre ville au niveau du quartier Almatar et Ghribilate , présente les mêmes caractéristiques. Le faciès architectural de la ville est effectivement conditionnée par les limites du parcellaire de petite taille ainsi que la limite de hauteur imposée en r+2 sur la majorité des quartiers résidentiels, ce qui cependant n’empêche pas de constater que plusieurs bâtiments dérogent à cette règle atteignant une hauteur en r+3 . La volumétrie générale des bâtiments est de forme parallélépipédique en raison des contraintes de mi-

Fig.. 41: Épannelage des quartiers Sud de la ville de Dakhla (Agence urbaine Oued Eddahab Aousserd -Étude d’intervention sur les quartiers menaçant ruine à Dakhla, Vision de renouvellement urbain - 2012)

52


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja leur traitement ne sont pas homogènes et sont assez hétéroclites en terme de taille des ouvertures, de leur traitement ainsi qu’au niveau des couleurs et des hauteurs. Au vu de ces observations on ne peut parler dans le cas de Dakhla d’un style architectural, tel que l’a formulé l’architecte Brahim Ouazzi “Ce type d’architecture, n’étant pas le résultat d’une proclamation stylistique, est plutôt un style-résultat; un style résultant d’une façon standard de produire de l’architecture domestique pour le plus grand nombre.” (ibidem). Dans ce même sens le diagnostic du plan d’aménagement de 2013 assure que la programmation d’un tissu urbain dominé par l’habitat économique a amoindri le répertoire de formes urbaines, et souligne l’incapacité de ce mode d’aménagement à aboutir vers une complexité urbaine évolutive et à concrétiser la paysage urbain d’une ville de l’ampleur de Dakhla126. Cependant certaines architectures issues pour la

Fig.. 42: Volumétrie et façades courantes à Dakhla Agence urbaine d’Oued Eddahab Aousserd -Étude d’intervention sur les quartiers menaçant ruine à Dakhla, Vision de renouvellement urbain - 2012

toyenneté et de la forme régulière du parcellaire. Cette volumétrie parallélépipédique est souvent agrémentée sur la façade d’encorbellements, augmentant ainsi la surface des planchers à l’étage. Ces extrusions ne dépassant pas un mètre et suivent une trame qui divisent la façade par tiers avec une présence prépondérante de la cage d’escaliers125 . Ces encorbellements sont moins souvent utilisés comme balcons ou loggias, surtout quand il s’agit de petites parcelles. Au niveau du traitement architectonique des façades, les ouvertures des bâtiments adoptent dans la quasi totalité des cas, une axialité des ouvertures réparties le plus souvent sur trois rangées verticales. Les ouvertures sont marquées par des encadrements en béton ou en enduit souvent peints en couleurs distinctes et s’étalant parfois sur l’ensemble des étages à l’exception du rez de chaussée, qui est fréquemment aménagé en commerces ou garages. Parfois les ouvertures sont marquées également par des auvents. Au niveau des ouvertures il n’est pas rare de constater qu’il prennent la forme d’arcs écrasés ou en plein cintre et parfois en voûte. Sur les grands axes les bâtiments résidentiels qui y sont alignés, disposent de galeries parallèles aux boulevards, où des commerces sont aménagées au rez de chaussée. Les façades bien que similaires dans la nature de

Fig.. 43: Paysages urbains des quartiers d’habitation sud de la ville de Dakhla (agence urbaine d’Oued Eddahab Aousserd diagnostique quartiers sous équipés.)

125, 126 (Agence urbaine d’Oued Eddahab Aousserd diagnostique quartiers sous équipés.)

53


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau majeure partie d’initiatives publiques ont essayé de traduire une identité de la ville en langage architectural. Effectivement, au niveau de la nouvelle gare routière déjà réalisée ainsi, qu’en ce qui concerne la proposition gagnante du concours du musée de Dakhla réalisé par Omar Kobbité-EGA on remarque dans ces deux cas un référentiel au cultures nomades notamment à travers la symbolique de la tente. D’autres projets tel que le terminal de l’aéroport de la ville réalisé en 2006 par l’agence d’architecture Abdou Lahlou, s’inspirent de Kasbah du Maroc présaharien notamment les formes de ksours et leurs tours caractéristiques marquées d’ouvertures meurtrières et rythmées des lignes horizontales issues du banchage du pisé, Quelques projets plus anciens datant de la fin du siècle dernier dans la même lignée que l’église notre Dame de Carmen, composent avec l’arc en plein cintre et avec l’arc en fer de cheval en considérant ces derniers éléments tel que endogène à la culture Marocaine saharienne, et pour cause on retrouve l’arc en plein cintre à l’entrée de la zaouia Maa Elainanine à Smara ainsi que l’arc lancéolé mauresque dans les mosquées de cette zaouia. On retrouve ce même référentiel au niveau des kiosques à musique emblématiques de l’aménagement paysager de la ville devant l’hôtel Sahara Regency ainsi qu’une myriade de façades agrémentées d’arcades soit en encadrement de fenêtres ou au niveau des galeries s’ils en disposent au rez de chaussée.

TPFE Mohamed Yazid Bajja d/analyse du régime foncier Les terrains à Dakhla relèvent du domaine privé de l’État, vu qu’il s’agit de terres récupérées 127. L’ensemble des terrains étant immatriculés au nom de l’État, l’affectation de terrains et leur exploitation se fait à travers des cessions d’autorisations d’exploitation de la part de la wilaya, qui précèdent la vente du terrain aux particuliers128 selon les prix de cession fixés par la commission d’expertise qui se base sur les prix de vente arrêtés par le ministre des finances129. Ce régime foncier qui a pour but l’intégration sociale et économique des populations a montré son efficacité surtout dans la promotion de l’autoconstruction130 . L’appartenance au domaine privé de l’État permet un aménagement totalement libre des contraintes foncières en ce qui concerne les typologie d’urbanisation et d’aménagement de lotissements. Cependant la cession sans apurement de la situation foncière et sans relevé détaillé des affectation a engendré plusieurs problèmes dont d’abord le morcellement non réglementaire, lequel empêche la valorisation de certaines parcelles. Ensuite la procédure d’octroi des terrains nourrit la spéculation foncière qui sont revendus en moyenne à 4 fois le prix de cession initiale131. Cette même procédure de cession a conduit à l’utilisation abusive du front de mer132 . De surcroît selon le rapport du plan d’aménagement de 2013, 42.6% des terrains domaniaux à Dakhla ont étés cédés sans approbation du statut foncier133 . Bien que la réserve foncière de la ville est encore assez conséquente (500 hectares en 2013)ibidem , cette dernière est limitée par les limites géographiques de la péninsule de Dakhla ainsi que par les zones protégées par le sdau. De ce fait une gestion plus stricte et une affectation plus ciblée du foncier de la ville s’impose afin d’éviter une privatisation infructueuse et spéculative des terrains.

126, 128,129, 131, 132,133 Rapport diagnostic du plan d’aménagement de Dakhla 2013 128 ,129 Aménagement et restructuration diagnostic

54


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

e/analyse des orientations du sdau Le SDAU homologué en 2015 porte les préconisations suivantes : 1 / maintien de l’emprise de l’aéroport 2/réalisation de Parc urbain Stades , terrains omnisports .. 3/aménagement d’un nouveau parc d’activités (zone franche offshore) 4/développement d’une unité touristique sur l’atlantique 5/développement d’une cité nouvelle intégrée ( mixité sociale équipements structurants .. ) 6/restructuration des quartiers sous équipés (Essalam Errahma , Al massira) 7/réhabilitation et valorisation des tissus anciens 8/aménagement de corniches : extension de la corniche sur la baie et ouverture sur l’atlantique 9/maillage de voirie ( ouverture de voies est-ouest ..) 10/aménagement de la façade atlantique et ouverture à l’urbanisation d’une zone résidentielle et touristique Ces orientations révèlent que l’apport majeur de ce document au niveau du périmètre urbain de la ville sur le point morphologique est l’extension vers la façade atlantique et l’ouverture de la ville sur cette côte, en plus de l’aménagement de cités intégrées au niveau des équipements et services au delà de l’emprise de l’aéroport au nord. Par ailleurs le SDAU garde l’emprise de l’aéroport et celle des casernes intactes , mais propose une intervention et remise à niveau des quartiers déjà existants.

Fig.. 44 : Plan résumant les directives du schéma directeur urbain de la ville de Dakhla (MUAT- Plan du SDAU de la baie de Dakhla)

f/analyse SWOT du SDAU L’analyse SWOT ( strength, weaknesses, opportunities, Threats ) utilisée d’habitude dans le domaine du management est un outil d’analyse stratégique permettant d’évaluer les options selon l’objectif escompté, l’outil se présente sous la forme d’une matrice ou l’on dresse les forces, les faiblesses, les opportunités et les menaces concernant un projet donné qui dans notre cas est le rapport du SDAU de 2015 de la ville de Dakhla. Les forces et faiblesses sont d’habitude internes au projet tandis que les opportunités et menaces sont d’ordre externes ou émanent de l’environnement. -FORCES -inclusion de la réhabilitation et remise à niveau d’anciens quartiers - réitération du projet de parc urbain -développement de quartiers intégrés - restructuration de quartiers sous équipés. -FAIBLESSES -maintien de l’emprise des casernes et de l’aéroport - aménagement de la façade atlantique sur terrain instable - développement d’unités à usage uniquement touristique - éclatement urbain et distanciation du centre et exacerbation du scindement causé par les emprises de l’aéroport et des casernes.

55


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

-OPPORTUNITES -émergence de nouvelles zones touristiques -foncier privé de l’Etat -ville en croissance humaine et économique constante -présence de plusieurs dents creuses au sein de Dakhla -Cadre naturel et géographique unique -l’ancien port ouvre la possibilité de liaison routière vers le continent -la servitude de l’aéroport offre une réserve foncière importante. -MENACES -périmètre de l’urbanisme limité en raison du contexte insulaire -périmètre de la zone aéroportuaire étouffant pour la ville -zones urbaines gangrenés par les ruptures urbaines causés par les casernes et l’aéroport -possibilité de dégradation des milieux naturels -risque de sur-densification -front de mer atlantique peu stable.

voir plan analyse potentialités et risque en annexe à ce mémoire.( page 95) 6/Conclusion: Les plages immaculées de la baie de Dakhla ainsi que l’austérité idyllique des plaines parsemées d’acacia du plateau de l’Aguerguer contrastent fortement avec la réalité de la ville de Dakhla qui est en pleine croissance urbaine, démographique et économique. En effet, sur cette péninsule en saillie sur l’océan atlantique à 1700 km au sud de Rabat et au cœur du Sahara marocain tous les indices sont en croissance, le climat tempérée, et le ciel presque constamment dégagé grâce aux alizés et l’influence du climat marin a encouragé les habitants de la région à se sédentariser à Dakhla. D’autres populations sont venues aussi, de differentes régions du royaume pour s’y installer, d’autant plus que la ville connait une réelle effervescence sous l’impulsion du nouveau modèle de développement des provinces du sud avancé par le CESE (conseil économique social et environnemental ). Celui-ci fait du développement durable une pierre angulaire dans ses projets pour le développement des villes du sud Marocain, qu’il compte ériger comme “modèle de territorialisation des fondements du développement durable”134 .Ce processus de développement est déjà amorcé comme on peut le constater à travers la réalisation de plusieurs projets au niveau de la région Dakhla Oued Eddahab notamment la voie express Tiznit- Dakhla , le nouveau port Dakhla atlantique ainsi que la station de dessalement d’eau de mer. Ces projets ont d’ores et déjà eu un impact positif sur la croissance économique de la ville. Le taux d’accroissement annuel moyen du PIB est de 7.8 % ce qui hisse la région au premier rang en terme de PIB par habitant135, . Les secteurs de la pêche, de l’immobilier et des services ainsi que le commerce sont prometteurs et s’accaparent l’essentiel du PIB régional privé. Cette croissance économique a été la locomotive

d’une croissance démographique toute aussi impressionnante. La population a été multipliée par six entre 1979 et 2014136 . Les jeunes âgés de moins de 25 ans, forment presque la moitié des habitants de la ville. Cet accroissement démographique a bien sûr conduit à un étalement urbain considérable et a engendré la construction de nouveaux quartiers à l’ouest de la ville au delà de l’aéroport qui historiquement cernait la ville contre la côte. Le paysage urbain de la ville est dominé par le type architectural de la maison marocaine moderne à 89.4 % . L’autoconstruction fait que ces maisons sont le plus souvent des habitations dont des hauteurs sont hétéroclites et donnent un aspect d’amoncellement de formes parallélépipédiques sur un plan hippodamien, de surcroit la grande proportion de locataires 49.7% 138 ,signifie que l’étalement urbain se poursuivra d’avantage. En réponse le SDAU envisage une expansion de la ville vers la côte atlantique et l’aménagement de cette dernière, tout en gardant l’aéroport dans son emplacement actuel. Toutefois la côte atlantique de la péninsule de Dakhla s’effrite sous l’effet de la houle ce qui rend tout intervention à ce niveau là, à haut risque. Cela dit, la ville de Dakhla profite quand même d’un fort développement économique, d’un cadre géographique unique, d’une réserve foncière importante grâce à son aéroport situé au centre de la ville, de plusieurs zones touristiques qui sont en pleine émergence , et d’un statut foncier qui relève du domaine de l’État ce qui ouvre la possibilité à l’expérimentation urbaine. Néanmoins la ville est également menacée par la possibilité de dégradation des milieux naturels, un risque de sur-densification en raison du foncier limité sur la presque île , et le risque de clivage entre les quartiers est et ouest de la ville en raison de la grande emprise de l’aéroport .

134 Nouveau modèle de développemnt pour les provinces du sud , synthèse CESE, oct 2013 135 Monographie de la région Dakhla Oued Eddahab 2018- haut commissariat au plan 136 Agence Urbaine Oued Eddahab Aousserd - analyse diagnostic et variantes du Plan d’aménagement Dakhla edition finale avril 2013 137 HCP RGPH 201

56


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

Chapitre 3 :

Hypothèses d’interventions architecturales et urbaines pour une architecture durable à Dakhla 1/Introduction L’isolement géographique de la ville de Dakhla et la rareté de ressources qui l’accompagne ainsi que le climat extrême que connaît la ville notamment, une humidité excessive et un climat venteux font que la construction de bâtiments ainsi que leur exploitation soit énergivore, polluante et onéreuse. La sensibilité du cadre naturel de la ville ainsi que le nouveau modèle de développement imaginée pour la région sont des incitations pour réduire ces facteurs. L’architecture et l’urbanisme sont bien sûr des facteurs déterminants dans cette transition. Il s’agit donc de composer avec les paramètres qu’offrent ces deux disciplines sous la lumière des informations et déductions collectées dans les chapitres précédents afin d’aboutir vers des solutions durables qui soient écologiques, économiques mais aussi socialement bien reçues et culturellement adaptées au contexte. La finalité escomptée de ce chapitre est de permettre d’effectuer des choix architecturaux durant la phase du projet, guidées par les résultats obtenus. Lors de cette phase de vérification d’hypothèses, il sera question se servir d’évaluation empirique de la performance thermique et du niveau de confort offert par différentes configurations architecturales et urbaines dans un état passif. Il sera aussi sujet de benchmarking de l’impact environnemental et de ca-

ractéristiques d’espaces créés en terme de qualité architecturale, de valorisation du foncier et de mixité sociale et vie de quartier qui en résulte. La méthode adoptée pour l’analyse du potentiel de confort et d’économie d’énergie du site étudié s’inspire de la méthodologie approuvée par le groupement d’ingénieur Trans solar qui divise le domaine d’intervention sur 3 échelles; i/ la première “space design” traitant l’approche d’urbanisme, l’épannelage, l’orientation, le plein et le vide et le programme, ii/ la deuxième échelle “building performance design” s’intéresse au choix faits à l’échelle du bâtiment notamment les matériaux adoptés, les masques architecturaux et végétaux et la qualité et dispositions d’ouvertures, iii/la troisième échelle “infrastructure design” concerne les performances des infrastructures de climatisation et de production d’énergie sur une grande échelle. Cette méthodologie a été adaptée aux objectifs du présent mémoire notamment en mettant au centre de l’analyse les paramètres architecturaux et urbains. Ce chapitre dressera ainsi trois paramètres clés influant le confort interne et externe au bâti, l’économie d’énergie et des ressources ainsi que la qualité architecturale et sociale de la vie urbaine, ces paramètres sont: les structures urbaines, les typologies architecturales et les matériaux de construction .

57


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau 2/typologies architecturales et urbaines envisageables et analyse empirique a)Objectifs: L’objectif principal de cette série de simulations est de comparer les conditions de confort extérieures et intérieures offertes passivement par les différentes variantes de configurations urbaines et architecturales en tenant compte des composantes du climat local . b)Méthodes: L’ensemble des variantes d’aménagement sont modélisés sur Rhinocéros 3d. La variante éprouvette témoin suppose que les pratiques d’urbanisme et de lotissement restent inchangées. Le but étant de savoir si les variantes proposées constituent réellement une amélioration par rapport à l’état actuel. Ces modèles 3D sont ensuite soumis à une simulation thermodynamique et une simulation d’ensoleillement en se basant sur les logiciels radiance et energy plus à travers l’interface Honeybee et Ladybug sur Grasshopper138 . On récolte de cette simulation les données journalières pour une période d’une année; température opérative ainsi que l’humidité relative à l’intérieur des bâtiments afin de tracer le nombre d’heures situées dans la zone de confort sur le diagramme psychrométrique. En ce qui concerne le confort extérieur, vu que le site étudié se situe

TPFE Mohamed Yazid Bajja dans une zone très venteuse, ces mêmes modèles sont soumis à une simulation numérique de la mécanique de fluides (MFN) unidirectionnelle. vu que la rose des vents de la ville de Dakhla est largement dominée par les vents venant du nord. Cette simulation MFN est exécutée à travers le plugin incorporé à Grasshopper eddy 3d qui sert d’interface entre rhinoceros 3D et le logiciel Blue CFD-core139 , et enfin après avoir effectué cette simulation numérique chaque variante est évaluée sur le plan de durabilité selon une liste de contrôle inspirée des principes du true urbanism applicables à cette échelle. L’analyse thermodynamique et l’analyse de l’ensoleillement sont effectuées sur la base d’un fichier météo de la ville de Dakhla TMY (année météorologique type) dont les données ont étés récoltées entre 2004 et 2018 de l’ISD (integrated surface database) de l’agence américaine d’observation océanique et atmosphérique et convertis au format EPW par les administrateurs du site climate.onebuilding. org140 , ce fichier météo nous permet de dresser plusieurs profils de caractéristiques météorologiques de Dakhla en concordance avec la littérature préalablement citée au premier chapitre :

Fig.. 45 : Processus de simulation numérique et intégration des différents logiciels

138 Sadeghipour Roudsari, Mostapha; Pak, Michelle, 2013. Ladybug: a parametric environmental plugin for Grasshopper to help designers create an environmentally-conscious design. In: Proceedings of the 13th International IBPSA Conference Held in Lyon, France Aug 25–30th. (http://www.ibpsa.org/proceedings/BS2013/p_2499.pdf) 139 Kastner, P., & Dogan, T. (2019). A cylindrical meshing methodology for annual urban computational fluid dynamics simulations. Journal of Building Performance Simulation, 13(1), 59-68 140 http://climate.onebuilding.org/default.html. Date de consultation : 30 avr.. 2020.

58


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

Fig.. 46 : Humidité relative mensuelle moyenne et température de l’air à Dakhla selon L’EPW de Dakhla ( source : auteur, données collectés à travers Ladybug pour Grasshopper )

En analysant uniquement la température minimum et maximum journalière d’une année météorologique type de la ville de Dakhla, on constate qu’elle est pour l’essentiel du printemps et de l’été dans des seuils acceptables bien qu’elle présente une tendance erratique durant les mois d’automne et d’hiver. Cette variabilité pourrait être attribuée à l’instabilité de la vitesse moyenne journalière des vents durant ces saisons, ( Fig. 36 ) cependant en couplant cette analyse à celle de l’humidité relative moyenne mensuelle, et en supposant une vitesse moyenne du vent de 5.75 m/s on remarque que pendant une bonne partie de l’année les conditions de confort thermique ne sont pas satisfaites tel que démontré par le diagramme psychrométrique annuel ainsi que le graphique annuel de confort (Fig. 48). Etant donné la position géographique de Dakhla sur le tro-

pique du cancer, l’angle d’élévation du soleil est plus important par rapport aux autres villes du Maroc il se situe ainsi entre 42.87° à midi durant le solstice d’hiver et 88.67° à midi durant le solstice d’été. Il en résulte de ce fait, que l’angle d’incidence des rayons solaires et plus proche du zénith. On peut en inférer que l’irradiation reçue est plus puissante vu que les rayons solaires parcourent une distance inférieure dans les couches de l’atmosphère et que l’essentiel de l’irradiation est reçu par la toiture. Toutefois, on remarque également que durant l’hiver le côté sud est et sud ouest reçoit une quantité importante de radiation solaire. Cette tendance reprend en été mais semble être atténuée en hiver. Sachant que Dakhla se situe sur l’hémisphère nord du globe terrestre la moitié sud du dôme reçoit la totalité du rayonnement solaire direct, alors que la moitié nord ne reçoit que du rayonnement diffus.

Fig..47 : Diagramme psychrométrique sur lequel sont tracés le nombre d’heures passées sous chaque condition de température de l’air et d’humidité le polygone de confort est tracé en tenant compte d’une vitesse du vent d 5.75 m/s , un ratio d’humidité maximum de 0.012 kg d’eau/kg d’air un niveau d’habillage de 0.96 clos et un métabolisme d’une personne debout à l’arrêt ( source :

59


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

Fig. 48: diagramme annuel d’heures de confort thermique classées selon l’indice ppd

le vent est une composante importante du climat de Dakhla, cependant c’est aussi une composante complexe à simuler en raison de sa variabilité. Dans notre cas particulier le fichier EPW révèle à travers la rose des vents une dominance de vents provenant du nord en premier lieu (Fig.X), et dans une moindre mesure des vents provenant de 36° de part et d’autre du plein nord. Ceci nous permettra de considérer lors des simulations uniquement le vent provenant du plein nord à une vitesse moyenne de 5.75 m/s attribuée à une hauteur de 1.5 m. Cette vitesse et altitude a été déduite du profil moyen du vent tracé à partir du fichier météo (voir Fig. 50)

Fig.. 49 : Dôme d’irradiation solaire selon l’EPW de Dakhla ( source : auteur , données collectées à travers ladybug pour

Fig.. 50 : Rose des vents de Dakhla selon l’EPW de Dakhla ( source : auteur , données collectées à travers ladybug pour Grasshopper

60


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

c)Résultats: N

i) éprouvette témoin lotissement typique à Dakhla: -Géométrie : cette variante reprend la trame urbaine courante et répandue dans les quartiers limitrophes du site d’étude mais aussi dans l’ensemble de la ville de Dakhla ainsi que d’autres villes du Sahara. C’est donc une variante qui suppose que le mode d’urbanisme de la ville reste inchangé. Il s’agit d’une typologie de lotissement de maison marocaine moderne économique en R+2 en bande disposant de cours communes bien que séparées avec des murs situés en fond de parcelles pour chaque grappe de quatre maisons. L’orientation de la maquette a été dictée par l’alignement par rapport aux voiries comme c’est le cas des lotissements adjacents. Les bâtiments sont de ce fait orientés à 33° vers l’ouest par rapport à l’axe nord sud. -Conditions de confort intérieur: En raison des capacités limitées de la machine sur laquelle la simulation est effectuée seule une partie du modèle à été soumise à la simulation des conditions de confort intérieur (voir Fig.52). Les données récoltées de la simulation intérieure sont la température opérative ainsi que l’humidité relative. Une moyenne des valeurs obtenues des différentes zones simulées pour chaque heure de l’année est dressée afin de situer chaque heure de l’année sur le diagramme psychrométrique et ainsi en déduire le degré de confort offert par cette configuration . On remarque d’après les résultats de températures opératives que pendant une bonne partie de l’année notamment du mois de mai à mi-novembre les température sont au delà du seuil de 28°C pendant l’essentiel de la journée, ce qui suggère une surexposition des bâtiments au rayonnement solaire et un manque de masques architecturaux et végétaux.

Fig.. 51: Plan masse suivant le modèle courant de lotissement à Dakhla ( source : auteur )

Par rapport aux conditions extérieures, (voir Fig.54) l’humidité relative est inférieure en raison de la température élevée de l’air à l’intérieur et donc de sa capacité à emmagasiner plus de molécules d’eau. Toutefois le niveau d’humidité reste élevé comme en témoigne la température de rosée qui est au dessus de 15°C pratiquement pendant toute l’année.

Fig.. 52: Modèle 3d de l’éprouvette témoin soumis aux simulations thermodynamiques ( source : auteur )

61


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

Fig.. 53: Températures opératives intérieures annuelles à Dakhla (résultat moyen de l’ensemble des zones testées , résolution: chaque heure) (source auteur données collectées à travers Foneybee pour Grasshopper)

Fig. 54: Humidité relative intérieure annuelle à Dakhla (résultat moyen de l’ensemble des zones testées , résolution: chaque heure) (source auteur, données collectées à travers ladybug pour Grasshopper)

Fig. 55: Température de rosée calculée à partir de la température de l’air et de l’humidité relative selon Td = T - ((100 - RH)/5.)141 141 Lawrence, Mark G., 2005: The relationship between relative humidity and the dewpoint temperature in moist air: A simple conversion and applications. Bull. Amer. Meteor. Soc., 86, 225-233.

62


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

Fig.56: Diagramme psychrométrique tracé à partir des conditions intérieures de température de l’air et d’humidité relative simulés pour chaque heure durant l’année, le polygone de confort est tracé en vert, PPD 20% , indice d’habillement entre 0.61 clo et 0.96 clo (source auteur , simulation Honeybee)

Le diagramme psychrométrique des conditions de température et d’humidité intérieures affiche clairement que pendant plus que la moitié du temps durant l’année, les conditions de confort ne sont pas atteintes et ce en raison d’une température et d’une humidité plus élevées que la limite de confort établie par l’ASHRAE. -Conditions de confort extérieur : confort au vent Le plan de vitesse des vents issu de la simulation des vents (Fig.57) affiche deux régimes de situations contrastées de confort piéton au vent; la première est une situation défavorable au niveau des rues orientées à 35° degrés de l’axe nord sud. Sur un axe nord est- sud ouest on remarque que la vitesse du vent dépasse le seuil des 10m/s défini par les critères Lawson LDDC , tandis que sur les rues orientées à 123° par rapport au nord sur un axe nord ouest - sud est, semblent bénéficier d’une assez bonne protection et affichent des vitesses de vent modérées ne dépassant pas les 8m/s. Les squares et les espaces laissés complètement ouverts bénéficient de la couverture au sillage des bâtiments adjacents uniquement sur un axe nord sud et ce jusqu’à la zone de séparation des flux. “La zone de séparation des écoulements au niveau du sol est instationnaire et se situe à une distance d’une à deux fois la hauteur de la construction.” Guyot (2002) 142. Les cours intérieures cependant semblent être à l’abri et affichent des vitesses de vent confortables au niveau piéton grâce à l’effet de cour qui s’applique quand la largeur de la cour est inférieur à trois fois la hauteur moyenne de 10m (Guyot 2002)

142 L’impact de la configuration urbaine sur l’écoulement des vents, cas de l’habitat collectif à Tébessa - Nouioua Asma 2015

63


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

Fig. 57: Plan urbain des vitesses des vents nord et plan urbain de la direction des vents au niveau piéton 1.5m et soumis à une vitesse des vents supérieure à 10m/s (source auteur à travers une simulation MFN eddy3d)

Satisfaction des principes d’urbanisme durable «true urbanism»143 critère

conformité

commentaires

espace public

moyenne

sur cette typologie les espaces publiques sont le plus souvent tributaires d ‘équipements publiques et manquent de divertissements pour les plus jeunes

marchés plein air / faible squares multifonctionnels

les marchés sont des structures à part entière et couvertes, par conséquent durant la journée les espaces publics sont généralement désertés, et durant le soir les marchés sont vides.

architecture à échelle satisfaisante les lotissements ne dépassent que rarement le seuil r+3 et ne humaine dépassent pas le seuil R+4 défini par les principes du true urbanism cafés restaurants plein faible air

ces derniers ne sont situés que sur la côte

multifonctionnalité lo- satisfaisante les lots bâtis sur le long des routes principales ou à proximité de gement / commerce mosquées disposent souvent de commerces au RDC tissus urbain compact

moyenne

la mitoyenneté des deux côtés pour la plupart des logements fait que cet urbanisme est assez compact cependant la trame viaire extensive fait perdre une partie de cette compacité

ville à distance courtes

moyenne

bien que les commerces et quelques services sont généralement proches des habitations, cette typologie favorise peu l’installation de bureaux en raison de nuisances de voisinage et de manque d’espace

143 «Principles of True Urbanism | International Making Cities Livable.» https://www.livablecities.org/articles/principles-true-urbanism. Date de consultation : 5 mai. 2020.

64


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

plan de transport balan- faible cé / voies piétonnes / voies cyclables

à travers la trame viaire on constate que cette typologie met en priorité les déplacements en voiture, on remarque une absence de pistes cyclables et la rareté de voies uniquement piétonnes hormis du côté de la corniche

identité / ville en tant faible qu’œuvre d’art

cette typologie n’est propre à aucune région du Maroc ,elle ne procure pas une identité architecturale à la ville et par sa monotonie est peu esthétique

ii) variante A (immeubles r+4 proposition de l’AUOE) Cette variante est celle proposée par une étude commandée par l’agence urbaine dans le cadre d’un programme de réhabilitation des quartiers menaçants ruine et de renouvellement urbain. Le programme prévoit sur le terrain étudiée quatre îlots d’immeubles R+4 dont la partie donnant sur la corniche est dédiée au logement moyen standing, aux plateaux bureaux au commerce et à l’hôtellerie, tandis que les deux îlots intérieurs sont dédiés aux logements sociaux. Des structures de commerce sont également prévues du côté donnant sur la corniche.144

N

-Géométrie : le projet se présente sous quatre îlots d’immeubles de 5 niveaux, ceux donnant sur la corniche sont ouverts à l’ouest tandis que l’îlot sud est complètement fermé et celui du nord est ouvert partiellement au sud. Le projet présente plusieurs cours et esplanades dans les cœurs d’îlot , les cir-

Fig. 59: Maquette 3D du projet proposé par l’étude d’intervention sur les quartiers menaçants ruine à Dakhla (source : Agence urbaine d’Oued Eddahab etude d’interventionsur les quartiers menaçants ruine à Dakhla, vision de renouvellement urbain )

Fig. 58: Plan de masse du projet proposé par l’étude d’intervention sur les quartiers menaçants ruine à Dakhla (source : Agence urbaine d’Oued Eddahab étude d’intervention sur les quartiers menaçants ruine à Dakhla, vision de renouvellement urbain )

culations semblent également être intégralement piétonnes et bordées de palmiers

144 Agence urbaine d’Oued Eddahab étude d’intervention sur les quartiers menaçants ruine à Dakhla, vision de renouvellement urbain - décembre 2012

65


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

Fig. 60: Maquette soumise à la simulation thermique ( source : auteur , à travers Honeybee et Rhino3D)

-Conditions de confort intérieur: Le modèle 3D à été conçu en 155 zones thermiques et a été soumis en intégralité à la simulation de conditions de confort thermique intérieur d’Energy Plus, de la même façon que les autres variantes. La moyenne des résultats ensuite a été calculée afin d’aboutir à un résultat uniforme représentatif de l’ensemble du projet. Les températures enregistrées par cette simulation sont significativement supérieures aux autres variantes soumises aux mêmes conditions, et sont théoriquement pas confortables. Ceci peut s’expliquer par le grand nombre d’ouvertures sur l’ensemble des façades ainsi que les grands prospects entre les bâtiments . L’humidité relative étant corrélée à la température est atténuée, cependant la température élevée se refléte par une température de rosée supérieure aux variantes simulées précédemment, elle est bien au-delà du seuil de confort, frôlant durant les mois d’été les 27°C.

Fig. 61: Températures opératives intérieures annuelles à Dakhla - variante A (résultat moyen de l’ensemble des zones testées , résolution: chaque heure) (source auteur données collectées à travers Honeybee pour Grasshopper)

66


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

Fig. 62: Humidité relative intérieure annuelle à Dakhla variante A (résultat moyen de l’ensemble des zones testées , résolution: chaque heure) (source auteur, données collectées à travers Ladybug pour Grasshopper)

Fig. 63: Température de rosée calculée à partir de la température de l’air et de l’humidité relative selon Td = T - ((100 - RH)/5.) Fig. 64: Diagramme psychrometrique tracé à partir des conditions intérieures de température de l’air et d’humidité relative simulées pour chaque heure durant l’année, variante C paramètres identiques au simulations précédentes(source auteur , simulation Honeybee) selon Td = T - ((100 - RH)/5.)

67


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

le diagramme psychrométrique (Fig.64) montre que les conditions élevés de température intérieures couplées à l’humidité naturellement élevée de la ville de Dakhla font que pendant la quasi totalité de l’année cette typologie ne procure pas des conditions de confort acceptables . - Conditions de confort extérieur : Les résultats de simulation au confort du vent dont les conditions furent les mêmes que les autres variantes affichent au niveau piéton à 1.5 m du sol deux conditions contrastantes; au niveau des cours intérieures on remarque que la vitesse des vents est assez confortable ne dépassant pas les 8 m/s. Cependant au niveau des circulations la vitesse s’accroît considérablement vers des seuils inconfortables notamment au niveau de l’axe central orienté à 38° de l’axe nord sud et dans une moindre mesure au niveau de l’axe qui lui est perpendiculaire orienté à 123° par rapport à l’axe nord-sud. Au niveau des accès aux cours intérieures on remarque que la vitesse des vents s’accélère au long de leur tracé. On peut conclure de cette simulation des vents que ce modèle d’urbanisme en îlots protège les cours et espaces publics semi ouverts du moment que le côté nord est obstrué tandis que les circulations ne bénéficient pas d’un confort optimal en raison de leur orientation trop proche de l’axe des vents dominants nord-sud et aussi en raison de la largeur des axes

en raison de la faiblesse de l’impact de masques végétaux composés essentiellement de hauts palmiers qui n’influent pas sur la dynamique des vents au niveau piéton.

Fig. 65: Plan urbain de la vitesse du vent au niveau piéton 1.5m et soumis à une vitesse des vents supérieure à 10m/s (source auteur à travers une simulation MFN eddy3d)

Fig.66: Coupe urbaine de la vitesse du vent le modèle fut soumis à une vitesse des vents supérieure à 10m/s (source auteur à travers une simulation MFN Eddy3d pour Grasshopper)

-Satisfaction des principes d’urbanisme durable true urbanism145 critère

conformité

commentaires

espace public

satisfaisante les espaces publiques sont hiérarchisés et offrent plusieurs ambiances et sont destinés à des usages différents

marchés plein air / satisfaisante des squares sont prévus sur la façade maritime et sont couplés squares multifonctionà un usage commercial nels 68


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau architecture à échelle moyenne humaine cafés et plein air

TPFE Mohamed Yazid Bajja

les bâtiments sont très hauts par rapport à leur environnement immédiat composé principalement de maisons rdc et R+1

restaurants satisfaisante le rdc commercial sur la côte s’étale sur une assez large surface et peut accommoder ces activités

multifonctionnalité lo- moyenne gement / commerce

cette multifonctionnalité se limite aux bâtiments donnants sur la corniche

tissu urbain compact

les bâtiments sont plutôt espacés, ceci est particulièrement contrastant sur le plan masse en comparaison avec le contexte bâti immédiat

faible

ville à distances courtes satisfaisante la mixité des fonctions rapproche les services et commerces aux habitants plan de transport balan- satisfaisant cé / voies piétonnes / voies cyclables

des parkings sont prévus aux extrémités du projet et l’ensemble des circulations est piétonne ou cyclable

identité / ville en tant faible qu’oeuvre d’art

cette typologie n’est propre à aucune région du Maroc ,elle ne procure pas une identité architecturale à la ville .

iii) variante B: Géométrie : cette variante est le fruit d’optimisations effectuées sur le principe de la maison marocaine moderne puisque c’est la typologie de prédilection de la population à Dakhla. En effet cette variante remplace les rues carrossables surdimensionnées par des cours arborées communes aux habitations et regroupées par grappes, ainsi que des circulations étroites afin de minimiser l’exposition au soleil surtout sur les côtés est et ouest. La suppression de rues carrossables a permis de libérer plus d’espace au profit des habitations dont les surfaces habitables vont de 141m² à 171m² en plus d’espace verts privatifs allant de 21 à 92 m² . Les îlots sont disposés de manière linéaire perpen-

diculairement à un axe nord sud, et les rues les plus larges sont dans un axe Est Ouest et ce afin de se protéger des vents du nord ainsi que d’offrir le maximum d’exposition au niveau des façades sud. Le ratio d’ouvertures a également été diminuée sur toutes les façades à part les façades sud.

Fig. 66: Plan de masse de la variante B dans son insertion complète au site (source : auteur )

N

69


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

Fig. 67: Vue aérienne de la variante B dans son insertion complète au site (source : auteur )

-Conditions de confort intérieur En raison de la capacité limitée de calcul, seule une partie du plan masse a été soumise à la simulation de conditions de confort thermique intérieures d’Energy Plus. De la même façon que les autres variantes la moyenne des résultats a ensuite été calculée afin d’aboutir à un résultat uniforme représentatif de l’ensemble du projet. Les résultats de températures montrent une baisse générale de températures opérative à l’intérieur probablement due à l’ombrage qu’a permis la réduction du prospect et le changement d’orientation des ouvertures. La baisse de température a permis également de faire baisser la température de rosée en dessous du seuil de 15 °C pendant l’hiver. Cependant elle reste quand même élevée durant la période estivale ainsi que durant l’automne, notamment entre les mois de Mai et Novembre.

Fig. 68: Vue axonometrique du modèle 3D de la variante B soumise à la simulation thermodynamique (source : auteur )

Fig. 69 Températures Opératives intérieures annuelles à Dakhla - variante B (résultat moyen de l’ensemble des zones testées , résolution: chaque heure) (source auteur données collectées à travers Foneybee pour Grasshopper)

70


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

Fig.70: Humidité relative intérieure annuelle à Dakhla - variante B (résultat moyen de l’ensemble des zones testées , résolution: chaque heure) (source auteur, données collectées à travers Honeybee pour Grasshopper)

Fig.71: Températures opératives intérieures annuelles à Dakhla - variante B (résultat moyen de l’ensemble des zones testées , résolution: chaque heure) (source auteur, données collectées à travers Honeybee pour Grasshopper)

Le diagramme psychrométrique indique un gain clair en terme d’heures de confort par rapport à toutes les autres variantes. L’étroitesse des rues longeant les façades Est et Ouest, ainsi que l’optimisation des expositions Sud a permis une réduction des températures qui s’est reflétée positivement au niveau du diagramme psychrométrique . Fig.72: Diagramme physchrométrique - variante B (résultat moyen de l’ensemble des zones testées , résolution: chaque heure) (source: auteur, données collectées à travers Honeybee pour Grasshopper)

71


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

- Conditions de confort extérieur : Grâce à l’orientation Est-Ouest des voies principales, cette disposition permet d’avoir un degré de confort au vent satisfaisant entre 8 et 10 m/s au niveau des circulations principales ainsi qu’un degré de confort au vent très satisfaisant en dessous des 8 m/s au niveau des cours intérieures communes et privatives. Les arbres ont également démontré une grande efficacité dans la réduction de la vitesse du vent surtout quand ils sont placés en quinconce. Fig.73: Plan urbain (variante B) de la vitesse du vent au niveau piéton 1.5m et soumis à une vitesse des vents supérieure à 10m/s (source auteur à travers une simulation MFN eddy3d)

- Satisfaction des principes d’urbanisme durable true urbanism146 critère

conformité

commentaires

espace public

satisfaisante les espaces publiques sont hiérarchisés et offrent plusieurs ambiances et sont destinés à des usages différents

marchés plein air / satisfaisante des squares sont prévus sur la façade maritime et sont couplés squares multifonctionà un usage commercial , des places publiques qui jouent le rôle nels d’interfaces sont prévues du côté des quartiers adjacents architecture à échelle satisfaisante les bâtiments ne dépassent pas la hauteur R+2 , liant significahumaine tivement l’habitant au quartier cafés-restaurants plein satisfaisante le long des rues ainsi que sur les placettes le rdc prend une voair cation commerciale m u l t i f o n c t i o n n a l i t é moyenne logement / commerce tissu urbain compact

certaines habitations présentent des locaux de commerce au RDC

satisfaisante les bâtiments sont compacts et les trajets sont raccourcis

ville à distances courtes satisfaisante la mixité des fonctions rapproche les services et commerces aux habitants plan de transport bal- satisfaisant ancé / voies piétonnes / voies cyclables

des parkings sont prévus aux extrémités du projet et l’ensemble des circulations est piétonne ou cyclable

identité / ville en tant satisfaisante cette typologie s’inspire des tissus de ksours et de médinas avec qu’oeuvre d’art un trait bien particulier celui de l’orientation linéaire hérité des “feriq” ou “vrig” ( campement de tentes )

72


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

iv) variante C Cette géométrie est un essai d’amélioration des performances de la typologie d’immeubles que présente la variante A. Vu que cette typologie a présenté un confort au vent très intéressant, le défaut donc étant que cette typologie fut sur-exposée à l’ensoleillement, un jeu de volume à été adopté afin d’offrir plus d’ombre sur la façade. L’accès à l’étage se fait également à l’aide de rampes qui augmentent d’avantage l’ombrage sur le Rez de chaussée dédiée aux commerces et services.

Fig. 74: Vue aérienne démontrant la typologie de la variante C

- Conditions de confort intérieur: Les changements opérés sur la variante A ont procuré une diminution de la température qui a permis de glisser une centaine d’heures dans la zone de confort par rapport à sa conception précédente. Cependant l’essentiel de l’année reste en dehors de la zone de confort, seuls les mois de janvier février et décembre exhibent des conditions intérieures de température et d’humidité confortables. Cette typologie, bien qu’elle n’est pas aussi performante sur le plan de confort thermique et d’efficacité énergétique que les typologies en R+1 qui bénéficient des masques architecturaux de leur contexte urbain,

permet une plus grande densité de logements ainsi qu’une amélioration palpable en terme de comportements thermiques par rapport aux immeubles de la variante A initiale. (voir diagramme psychométrique)

Fig. 75: Vue axonométrique du modèle 3D de la variante C soumise à la simulation thermodynamique (source : auteur )

Fig. 76: Températures opératives intérieures annuelles à Dakhla - variante C (résultat moyen de l’ensemble des zones testées , résolution: chaque heure) (source auteur données collectées à travers Honeybee pour Grasshopper)

73


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

Fig. 77: Humidité relative intérieure annuelle à Dakhla - variante C (résultat moyen de l’ensemble des zones testées , résolution: chaque heure) (source auteur données collectées à travers Honeybee pour Grasshopper)

Fig. 78: Diagramme physchrométrique - variante C (résultat moyen de l’ensemble des zones testées , résolution: chaque heure) (source auteur données collectées à travers Honeybee pour Grasshopper)

74


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

satisfaction des principes d’urbanisme durable “true urbanism” critère

conformité

commentaires

espace public

satisfaisante les espaces publiques sont hiérarchisés et offrent plusieurs ambiances et sont destinés à des usages différents

marchés plein air / satisfaisante des squares sont prévus sur la façade maritime et sont couplés squares multifonctionà un usage commercial , des places publiques qui jouent le rôle nels d’interfaces sont prévues du côté des quartiers adjacents architecture à échelle satisfaisante les bâtiments ne dépassent pas la hauteur R+3, liant significahumaine tivement l’habitant au quartier cafés-restaurants plein satisfaisante cette typologie ouverte sur la baie offre un excellent cadre pour air ces commerces m u l t i f o n c t i o n n a l i t é satisfaisante le RDC ainsi que le 1er sont dédiés au commerce et au tertiaire logement / commerce tissus urbain compact

faible

l’emprise du bâtiment laisse plus de place au domaine public

ville à distance courtes

satisfaisante la mixité de fonctions rapproche les services et commerces aux habitants

plan de transport bal- satisfaisante des parkings sont prévus au sous sol et l’ensemble des circulaancé / voies piétonnes / tion est piétonne ou cyclable voies cyclables identité / ville en tant moyenne qu’oeuvre d’art

bien que cette typologie essaye de s’adapter au mieux au climat local, batir en hauteur et en faible densité n’est pas endogène aux climats désertiques .

d)Conclusions Excepté le fait qu’elle a un certain degré de multifonctionallité et d’avoir le mérite d’être à la bonne échelle ni trop élancée ni peu exploitatrice du foncier, la typologie actuelle de la quasi totalité des lotissements construits à Dakhla ne présentent pas beaucoup d’intérêt en matière de durabilité. Elle souffre même de certains manquements à cet égard, notamment le manque de places publiques à l’échelle du quartier. l’invasivité des circulations automobiles dans une ville où 80 % de la population n’est pas motorisée en plus du fait que cette typologie de lotissements constituée de maisons marocaines modernes mitoyennes n’est spécifique à aucune région marocaine et n’a pas d’ancrage historique ultérieure à la période coloniale. Ce constat fait que la ville de Dakhla manque aujourd’hui, d’identité dans le sens architectural. Sur le plan des performances thermodynamiques la performance a été moindre comparée à sa rivale la variante B et ce fort probablement, à cause du manque de masques architecturaux et végétaux ainsi que les importants prospects dus aux voies carossables. Le confort au vent n’est pas optimal, vu que le plan plutôt hyppodamien mets certaines rues à l’abri du vent et expose d’autres pleinement au vents dominants sur l’axe nord sud. La variante B quant à elle présente de réels avantages en terme de durabilité et de vivabilité. Cette variante proposée fut le fruit de tests répétés et de multiples ajustements afin d’aboutir à sa forme finale qui se regroupe en îlots d’habitations étroitement liés avec une forte directionnalité d’Est en Ouest afin de palier au vents dominants du Nord. Cette typologie conserve les avantages de celle présentée dans l’éprouvette témoin. Elle y ajoute plus de compacité, élimine les circulations carossables au profit des piétons, marque le paysage urbain par des places publiques hiérarchisées et se distingue par ses formes urbaines imbriquées pour donner plus d’identité à la ville et au quartier. Sur le plan thermodynamique cette typologie a le mieux performé grâce à la compacité du tissu urbain. L’exposition sud pour tous les logements, les masques architecturaux et végétaux ainsi que les prospects calculés de 6.8 m afin de permettre au soleil d’éclairer même les ouvertures du RDC sans perdre en compacité urbaine, l’étroitesse de circulations nord sud et leur imbrication qui casse leur linéarité, tout ces facteurs entrent en jeu dans l’élimination de la surchauffe des façades ouest et permettent un confort piéton optimal au vent. 75


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

La variante A est une proposition de l’agence urbaine de Oued Eddahab qui propose un projet d’immeubles R+4 s’ouvrant sur une série de larges cours. D’après les résultats obtenus cette typologie a le mérite de proposer de larges espaces publiques dédiés à diverses fonctions et également d’exclure les déplacements automobile du quartier et de favoriser les circulations piétonnes. Toutefois cette typologie n’est pas très populaire auprès des habitants vu que l’enquête sociale a révélé que seuls 6% des habitants de la ville souhaiteraient habiter un appartement, d’autant plus que la hauteur en r+4 aura du mal à s’insérer avec les bâtiments des quartiers adjacent ne dépassant pas en moyenne les R+2 . Au niveau des performances thermodynamiques cette typologie a beaucoup de manquements, notamment l’importante exposition à l’ouest et les surchauffes que cela engendre. Les grandes surfaces des cours annulent tout intérêt bioclimatique de ces derniers. La variante C est une proposition dérivée de la variante A qui conserve la multifonctionnalité et les espaces publiques assez larges et y ajoute un intérêt bioclimatique et urbain à travers une réduction du nombre de niveaux au R+3, ainsi qu’a travers la conception d’appartements traversants avec des balcons en avant corps dont le but est d’ombrager la façade. La fonction de service et de commerce est étendue au deux premiers niveaux afin d’appuyer la multifonctionnalité escomptée de cette typologie .

76


VarianteC

Variante A

Variante

éprouvette temoin

77

Fig. 79 : Planche comparative des performances de confort à l’intérieur, de confort au vent et de respect des principes du «true urbanism»

-tissu urbain peu compacte

- Multifonctionalité -larges squares et espaces publiques -circulations douces -architecture à l’échelle humaine et à l’échelle du quartier

-tissu urbain peu compacte -pas d’identité propre à la ville /typologie peu adaptée au climat

- Multifonctionalité des espaces publics -larges squares et espaces publiques -circulations douces

-bien que possible la mulifonctionalité est réduite

- Multifonctionalité -architecture à l’échelle humaine -tissu urbain compact -circulations douces -forte identité -places publiques

- manque de places publiques , -manque d’identité, -circulations automobiles invasives

- Multifonctionalité -architecture à l’échelle humaine

Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau TPFE Mohamed Yazid Bajja


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau 3/matériaux et techniques de construction adéquats a)Objectifs: L’objectif du travail de recherche effectué dans ce sous chapitre est de déterminer les matériaux de construction adéquats au contexte de la ville de Dakhla particulièrement mais également dans le contexte saharien atlantique en général. Le matériau idéal étant dans une optique de développement durable, un matériau performant aussi bien sur le plan technique que sur le plan socio économique et environnemental. b)Méthodes: Afin de sélectionner les matériaux adéquats pour la phase projet, il convient d’asseoir en premier lieu une méthode de benchmarking entre les différents matériaux disponibles, cette méthode devrait prendre

critères environnementaux critères environementaux conformité au lois environnementales environementales minimisa�on de la pollu�on Zero toxicité Poten�el d’epuisement d’ozone recyclabilité dechets générés en mise en œuvre energie grise op�ons d’élimina�on écologique impact sur la qualité de l’air impact sur l’environnement durant l’extrac�on méthodes d’extrac�on

RI (rela�ve index) 0,846 0,82 0,793 0,763 0,749 0,729 0,723 0,717 0,692 0,67 0,615

critères techniques maintenance efficacité energe�que et isola�on durabilité résistance au feu Construc�bilité / simplicité de la mise en œuvre resistance à la degrada�on

0,892 0,886 0,881 0,859 0,853 0,774

critères socio économiques esthé�que cout de maintenance santé et securité coût ini�al coût d’élimina�on usage de matériaux locaux disponibilité de main d’oeuvre qualifiée

0,898 0,839 0,825 0,81 0,808 0,752 0,639

Fig. 80 : à gauche tableau de benchmarking pour les matériaux durables développé par (Akadiri et al 2012), à droite tableau modifié pour l’adapter à notre cas d’étude toujours selon la classification développée par (Akadiri et al 2012)

TPFE Mohamed Yazid Bajja en considération les trois grands volets du développement durable, à savoir le volet économique, écologique et social, et y intégrer également les qualités techniques intrinsèques au matériau. Une étude publiée par Peter O. Akadiri et Paul O. Olomolaiye offre ce cadre de benchmarking en se basant sur 24 critères répartis sur trois catégories à savoir des critères environnementaux, des critères techniques, ainsi que des critères socio-économiques. Cette étude a également le mérite et l’avantage d’inclure un RI ( relative index ) qui indique la pertinence des critères selon une enquête où ont participé une centaine de maîtres d’œuvres britanniques, le résultat fut donc une liste de 24 critères répartis en 7 catégories. Pour les finalités de notre cas d’étude certains critères semblables furent fusionnés en un seul critère et leur RI est résultant de leur moyenne. Pour chaque matériau un score sera attribué sur la base de la somme de notes allant de 0 à 3 pour chaque critère multipliés par le RI correspondant .

coût du cycle de vie coût ini�al coût de maintenance coût d’élimina�on

RI (rela�ve index) 0,81 0,839 0,808

capacité de performance résistance au feu efficacité énergé�que et isola�on Durabilité / résistance aux dégrada�ons Construc�bilité / simplicité de la mise en œuvre maintenance

0,859 0,886 0,827 0,853 0,892

efficacité de la ressource méthode d’extrac�on / impact de l’extrac�on déchets générés en mise en œuvre énergie grise

0,642 0,729 0,723

impact environnemental conformité aux lois environnementales Zéro toxicité Minimisa�on de la pollu�on

0,846 0,793 0,82

minimisa�on des déchets recyclabilité op�ons d’élimina�on écologique

0,749 0,717

bénéfice social esthé�que Santé et sécurité / qualité de l’air usage de matériaux locaux Disponibilité de main d’œuvre qualifiée

0,898 0,785 0,752 0,639

147 (Peter O. Akadiri Paul O. Olomolaiye, (2012),»Development of sustainable assessment criteria for building materials selection», Engineering, Construction and Architectural Management, Vol. 19 Iss 6 pp. 666 - 687)

78


aps

Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

c)Résultats i) éprouvette témoin structure béton armé et agglos de ciment Présentation : Le système de construction en poteaux poutres avec un système de cloisonnementhttps://www.google.com/maps/place/Station+Emiteur+Maroc+Telecom... en blocs de béton est incontestablement le plus répandu à Dakhla. D’emblée ce matériaux a le désavantage de ne pas être disponible sur place et pour cause le ciment constituant essentiel du béton et des blocs de béton n’est pas produit à Dakhla et est acheminé de Laâyoune à 530 km au nord148. L’autre produit constituant de cette technique de construction qui pose problème au niveau des énergies grises liés à son transport et sa manufacture consiste en l’acier d’armature qui est également acheminé d’autres régions du royaume. Toutefois ce système constructif permet une liberté au niveau de l’expression architecturale et la main d’œuvre ainsi que la maîtrise d’ouvrage qui est formée pour travailler avec le béton . Fig. 81: Illustration montrant le système de structure le plus répandu à Dakhla, à savoir une structure en portiques de béton cloisonnée avec des murs en blocs d’aggloméré de ciment creux

Fig. 82: (à droite) Bloc d’agglos conventionnel 20x20x50 source menaraprefa.ma Fig. 83: ( à gauche ) photo démontrant l’usage très courant d’agglos de ciment au niveau de la ville de Dakhla credit photo Andreï Bobrovsky source maps.google.com Fig.84: Diagramme physchrométrique

Simulation thermique shoebox pour un mur d’agglos: Afin de déterminer les performances du matériau dans le contexte climatique de la ville de Dakhla, une simulation thermique “shoebox” fut effectuée. Cette simulation consiste en l’application des propriétés du matériau sur les murs d’un modèle 3d simple d’un parallèlipipède constitué d’une seule zone thermique, les résultats ont servi par la suite au traçage du diagramme psychrometrique (Fig.84) , on relève du diagramme que les conditions climatiques à l’intérieur atteignent des niveaux plus extrêmes qu’a l’extérieur, notamment au niveau des températures, résultat de la faible capacité des matériaux à isoler ou à déphaser des conditions extérieures . 148: propos de M.Bendriss Directeur chef d’infrastructure de la délégation régionale du Ministère de l’Equipement à Dakhla recueillis par l’auteur.

79


TPFE Mohamed Yazid Bajja

Evaluation selon les critères de Akadiri et al : 80

pas de données

pas de données

-

Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau


TPFE Mohamed Yazid Bajja

pas de données

pas de données

s en

déversements

Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

81


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

ii) Pierre naturelle: Présentation: la maçonnerie en pierre naturelle est une des techniques les plus anciennes mise en œuvre par l’humanité, et pour cause la ressource est abondamment disponible presque partout dans le monde sous plusieurs formes , ainsi à Dakhla on retrouve des édifices de l’époque espagnole construit en maçonnerie de pierre ébauchée et concertée, notamment les 4 forts à l’entrée de la ville ainsi que l’ancien phare qu’on peut toujours observer au nord ouest de la ville. Au niveau de la presqu’île la carte géologique (Fig. X) fait état d’une dalle de lumachelles carbonatées mais peu profonde, cependant le réel potentiel de situe au niveau du plateau de l’Aguerguer où plusieurs études 149 ont fait mention de la présence d’un faciès du pliocène quaternaire riche en calcarénites et en grès. La présence

Fig. 85: Ancien phare espagnol (années 20) credits photo mapio.net téléchargée le 17/07/2020 Fig. 86: Carte géologique de Dakhla S.M. el kanti et al 149 : O.saddiqui et al 2015 , geographie Dakhla ) 150 : Géographie Dakhla

82

d’une dalle calcaire immense au niveau de la dalle moghrébine150 indique également la possibilité d’obtenir assez facilement de la chaux afin de remplacer le ciment comme liant.


pas de données

TPFE Mohamed Yazid Bajja

Evaluation selon les critères de Akadiri et al :

pas de données

Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

83


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

Simulation thermique shoebox pour un mur en pierre : Comme dans le cas du béton et agglos et avec les mêmes conditions afin de comparer les performances des matériaux dans le contexte climatique de la ville de Dakhla, une simulation thermique “shoebox” fut effectuée. Cette simulation consiste en l’application des propriétés du matériau sur les murs épais de 40cm d’un modèle 3d simple d’un parallèlipipède constitué d’une seule zone thermique. Les résultats ont servi par la suite au traçage du diagramme psychrometrique (Fig. 87) , on relève du diagramme que la répartition des heures de l’année sur le diagramme est plus rapprochée du polygone de confort et un grand nombre de ces heures (en rouge sur le diagramme ) sont à l’intérieur du polygone. On en déduit que les performances des parois en pierre sont nettement supérieures à celles d’un mur en aggloméré dans le contexte climatique de Dakhla.

iii) briques de sable des dunes stabilisées à la chaux Présentation : le concept de la brique à base de sable de dunes est né en Algérie suite aux recherches de Y.Leghrieb et al en 2012 151 , l’idée étant d’utiliser le sable du Sahara pour la fabrication de briques stabilisées à la chaux à hauteur de 12% du poids total de la brique et stabilisée également au ciment à hauteur de 8 %. L’autre avantage de taille, la brique n’est que moulée sans pression ni cuisson. Les performances de la brique en matière de résistance à la compression sont comparables à celle de blocs de béton B80 à savoir presque 9 MPa et affichent une conductivité thermique intéressante de 1.026 W/m.k. Cependant le manque d’étude complémentaires au sujet des performances de cette brique ainsi que l’absence de tests empiriques sur des bâtiments qui ont faits usage de cette technique, laissent penser que son développement n’est pas assez poussé pour une application concrète de grande échelle Fig. 88 : Dimensions et aspect de la brique de sable stabilisée , source : (Y.Leghrieb et al 2012) 151 : Y.Leghrieb et al

84

Fig. 87: Diagramme psychrométrique résultant de la simulation «shoebox» pour un mur de pierre de 40cm


Evaluation selon les critères de Akadiri et al :

pas de données pas de données

pas de données

pas de données

pas de données pas de données

:

Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau TPFE Mohamed Yazid Bajja

85


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

Simulation thermique shoebox pour un mur en briques de sable stabilisée de 35 cm : Comme dans le cas du béton et agglos et avec les mêmes conditions afin de comparer les performances des matériaux dans le contexte climatique de la ville de Dakhla une simulation thermique “shoebox” fut effectuée, cette simulation consiste en l’application des propriétés des briques de sable stabilisé sur les murs épais de 35cm d’un parallélépipède constitué d’un seule zone thermique, les résultats ont servis par la suite au traçage du diagramme psychrometrique (Fig. Ci-dessous), on relève du diagramme que la répartition des heures de l’année sur le diagramme est très similaire à la performance de la maçonnerie de pierre naturelle , cependant elle reste toutefois en dessous d’elle sans doute grâce à l’épaisseur plus importante des murs en pierre naturelle et le déphasage thermique plus prononcé qui en résulte.

d) Conclusion Les méthodes mises en œuvre afin de déterminer la durabilité des systèmes de construction ont révélés une disparité claire dans les performances thermiques, techniques et environnementales. En effet il en ressort que le système de construction utilisé actuellement à Dakhla est peu durable et pour cause, la brique conventionnelle couplée au béton ont un fort impact sur l’environnement au niveau de l’extraction, la fabrication mais aussi le transport et la mise en œuvre. De surcroit le matériau est peu performant énergétiquement comme en témoignent les simulations, ce qui en fait le matériau le moins adapté pour une intervention urbaine à Dakhla. La pierre naturelle quant à elle, couplée à un liant de chaux, est fortement intéressante, c’est un matériau local, historiquement utilisée dans la ville , et bien

INDICE DE DURABILITÉ briques conventionelles: 1.4 béton armé: 1 maçonnerie en pierre naturelle: 1.8 brique de sable stabilisée: 1.6

86

Fig. 89: Comparatif de performances thermiques simulés et d’indices de durabilité calculés sur la base des RI developpés par Peter O. Akadiri et Paul O. Olomolaiye


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

plus performant sur le plan environnemental que le couple béton armé et blocs d’agglomérés, notamment en ce qui concerne la recyclabilité, l’économie d’énergie en production et le faible bilan d’énergie grise. La pierre naturelle a également été le matériau le plus performant thermiquement sans doute grâce à son inertie thermique et sa perméabilité à la vapeur d’eau. De plus ce matériau présente un fort intérêt esthétique et s’insère parfaitement dans son environnement . La technique assez nouvelle et encore peu expérimentée de la brique de sable stabilisée n’est pas sans intérêt non plus. En effet ces briques dont la résistance à la compression 9mpa152 équivaut à celle de briques B80 conventionnelles. Elle présente en plus l’avantage d’être facile à mettre en œuvre , d’être à 92 % d’origine locale et d’être légèrement plus économique que les briques conventionnelles. Au niveau thermique ce matériau est presque aussi performant que les murs en pierre. La différence perçue dans les simulations étant la conséquence de la différence de 5cm d’épaisseur entre les dimensions des deux systèmes de construction. Cependant ce matériaux utilise 8% de ciment et 20 % de chaux dans sa composition ce qui diminue de son potentiel d’être le matériau durable et résilient de la ville et région de Dakhla . Compte tenu de ces résultats le matériau durable de prédilection à Dakhla serait donc la pierre naturelle ,. Toutefois, les DTU de maçonnerie exigent la présence d’un chaînage horizontal obligatoire en béton armé 153 et l’absence de bois structurel nous pousseraient à expérimenter avec des planchers en voûtains de briques de sable stabilisées , sous réserve d’effectuer d’autres tests afin de mieux caractériser et connaitre le matériau.

152 Y.Leghrieb et al 153 NF DTU 20.1 2008-10 -Afnor

87


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

Chapitre4 :

Le projet 1/ Analyse spécifique de la centralité de Dakhla i)Situation et justification du choix du site En regardant le plan de la ville de Dakhla on est saisi d’abord par l’emprise et l’impact qu’exerce l’aéroport sur la morphologie de la ville, ensuite on remarque que la ville présente plusieurs terrains en friches , la plupart sont des terrains de casernes militaires toujours en usage d’autres sont simplement des lycées et collèges dont l”éxtension est prévue . Toujours est il qu’à l’ouest , donnant sur la baie et située entre les deux ports de la ville, on remarque un site de surface assez importante (2.5ha) en friche présentant plusieurs qualités et opportunités et occupé actuellement que par des antennes de radio transmission facilement délocalisbles , de surcroit ce site est mitoyen avec des tissus urbains anciens et sous-valorisés, et est cernée par deux axes routiers très fréquentés à savoir le boulevard Mohamed V et le boulevard Almasjid , la situation du site au cœur de la ville de Dakhla et plus particulièrement si près de quartiers anciens a le potentiel de pouvoir créer une vraie centralité ayant la capacité d’asseoir une identité urbaine et architecturale pour la ville , ce qui permettrait également d’éliminer la rupture urbaine que constitue ce terrain actuellement palissadé , en plus de densifier en même temps la ville de Dakhla, au lieu de grignoter dans la réserve foncière de la ville. C’est donc sur ce site des antennes de radiocommunications que se focalisera cette étude , et qui servira de socle au projet urbain et architectural 88


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

89


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

Justification du choix du site -Opportunité pour réhabiliter un tissu urbain ancien. -Opportunité pour éliminer une rupture urbaine. -L’urbanisme durable vise à limiter l’expansion urbaine en densifiant. -Le site s’ouvre sur la baie d’une part et sur des quartiers de basse qualité urbaine et archiutecturale d’autre part et peut donc être un facteur d’inclusion sociale. -Situé entrée deux axes l’un touristique et l’autre marchand. -Opportunité de créer un impact sur la ville et son identité du fait de la centralité du site. -Assiette foncière importante 2.5 ha , et foncier relevant de l’état. -Site actuellement très peu valorisé , entièrement palissadé et occupé par des antennes satellites et des structures légères de la radio transmission.

90


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

91


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

proposition de projet Analyse

miteur Maroc Telecom - Google Maps

https://www.google.com/maps/place/Station+Emiteur+Maroc+

Source Fig. 91 Andrey Bobrovsky 2017 - google maps Source Fig. 90 Les ÉCOSuppléments -Mercredi 13 avril 2016 92


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

01c IMAGES ET VISUALISATION SU SITE -Comme en témoignent ces Figures la friche de plus de 2.5 ha constitue non seulement un handicap en terme de mobilité mais également une rupture urbaine surtout que le terrain est actuellement entièrement palissadé -Il est également clair et saisissant que le site profite d’un ouverture optimale sur la baie de Dakhla qui n’est obstruée que partiellement par l’hotêl Bab Albahar dont la hauteur ne dépasse pas le RDC -La monotonie au niveau des typologies urbaines répétitives se fait sentir également au niveau des images aériennes et sur le paysage urbain , le projet proposé se doit donc de relever le défi de rompre avec cette typologie -L’image aérienne révèle également un manque prononcé d’espaces verts et de couverture végétale en général, et ce aussi bien à l’échelle du quartier qu’à l’échelle de la ville -Au niveau de l’environnement immédiat: -Du coté sud-est le site d’étude s’ouvre sur la corniche aménagée au long de l’avenue Mohamed V ainsi que sur le parvis du musée de Dakhla (toujours en construction) tandis que l’est est obstrué partiellement par l’hôtel Bab Albahar bien qu’il soit de faible hauteur -Du coté ouest le site borde un quartier jadis informel et récemment remis à niveau par Al Omrane, constitué d’enfilades parallèles de logements mitoyens de plain pied. -Au nord le quartier essentiellement dédié au logement, Ksikssat, interfère avec le site en question par le biais d’une placette bordée d’une enfilade de commerces.

Fig.90: photo aérienne des quartiers ouest et centre de la ville de Dakhla Fig. 91 : Vue rasante donnant une impression des gabarits de la zone d’étude Fig. 92 : Image de synthèse 3d, quartier Ksikssat ( rendu par l’auteur)

93


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

proposition de projet Analyse

94


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

01c IMAGES ET VISUALISATION SU SITE

Fig. 93: Image de synthèse aérienne des quartiers ouest et centre de la ville de Dakhla Fig. 94: Photo du quartier de recasement d’Alomrane fig 95 : Voie de desserte au nord du site d’étude Fig. 96 : Square commercial du quartier Ksikssate

95


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

proposition de projet Analyse

96


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

01c IMAGES ET VISUALISATION SU SITE -les ruptures urbaines sont claires sur la photo aérienne ainsi que sur le modèle 3d -les potentialités d’ouverture sur la baie par le biais d’espaces verts et esplanades s’illustrent bien sur ces vues -le paysage présente une monotonie de typologie que le projet devra rompre -la photo aérienne montre que la zone du site manque d’espaces verts , composante que le projet devra incorporer

Fig. 97: image de synthèse aérienne des quartiers ouest et centre de la ville de Dakhla Fig. 98: Vue sur la rue Idriss 1er à la periphérie sud du site étudié Fig. 99 a et b : vues sur la corniche à l’est du site étudié (Boulevard Mohamed V) 97


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

98

TPFE Mohamed Yazid Bajja


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

99


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

100

TPFE Mohamed Yazid Bajja


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

101


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

102

TPFE Mohamed Yazid Bajja


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

103


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

104

TPFE Mohamed Yazid Bajja


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

105


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

106

TPFE Mohamed Yazid Bajja


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

107


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

108

TPFE Mohamed Yazid Bajja


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

109


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

proposition de projet Analyse CONSTATS ET OBSERVATIONS Les planches d’’analyse révèlent plusieurs spécificités et caractéristiques propres à la ville de Dakhla sur plusieurs niveaux ; Facteurs détérminants -Situation géographique , presque île étroite -Emprise de 600 Ha de l’aéroport au milieu de la presque-île1 -Zone industrielle au sud limitant l’extension Macro-forme -Allure allongée sur un axe nord sud -Bande à l’étroit entre l’aéroport et la baie -Étalement urbain à l’ouest contournant l’aéroport et ses servitudes -Amorce d’un développement urbain au nord peu valorisé, 6% seulement des habitants y vivent 1 -Au niveau de l’organisation spatiale : -Le plan de zonage en vigueur date de 2000 , avec un taux de réalisation 70 % (2012)1 , il a fait ressortir les zones suivantes : -Ruptures urbaines: -Aéroport et cône d’atterrissage -Casernes militaires sur la Baie à l’est -Zone Residentielle NORD -Bâtie sur le rivage de la baie -Attire des équipements Hôteliers et touristiques -Faible densité -Zone à Usage mixte centrale -Située autour de l’ancien port -Centralité économique et historique -Forte activité commerciale -Développement d’immeubles -Concentration d’administrations publiques -Zone residentielle et commerciale Sud -Zone urbanisée après l’indépendance -Typologie dominante: habitat économique r+2 -Boulevard commerçant Almasjid -Foncier important dédié aux équipements -Nouvelle Zone d’extension résidentielle à l’ouest -Zone rapidement urbanisée en lotissements économique -En réponse au programme ville sans bidonvilles -Il s’agit plutôt de quartiers dortoirs -Zone portuaire et industrielle -Située au sud et majoritairement dédiée à l’industrie halieutique, encore sous développée Trame viaire -Circulation exclusivement intra urbaine -Bonne couverture de la trame viaire -Plan de déplacement urbain en 2011

Agence Urbaine Oued Eddahab Aousserd - analyse diagnostic et variantes du Plan d’aménagement

1

110


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

-Axes NORD-SUD : - -Axes EST OUEST :

-Bd Al Oualaa -Bd Mohamed V -Av Al Masjid -Bd Bahnini -Bd Hassan II -Bd Tah

TPFE Mohamed Yazid Bajja

01j

Au niveau des modes de transport -81.7% des ménages ne sont pas motorisés1 -Prédominance de la marche et de déplacements en taxi -Absence de bus pour cause de son manque de compétitivité en raison des prix subventionnés de carburants Au niveau de la typologie urbaine -Juxtaposition de logements économiques en R+2 -foncier de 100 m² en moyenne de forme régulière -trame orthogonale aux zones limitrophes du site étudié -groupement en barres dans les quartiers EST et sud -nouveaux quartiers en blocs en U ou imbriqués en forme de L -exception : zones expérimentales et immeubles limitées au centre historique Au niveau des densités: -Les quartiers les plus denses sont généralement les plus anciens mais aussi plus généralement les quartiers au sud de la ville qui adoptent une typologie de lotissements de maisons marocaines modernes et d’immeubles R+3 au niveau des grands axes Constats au niveau du quartier du site choisi Au niveau de la morphologie La vicinité du site d’étude choisi se distingue du reste de la ville par plusieurs aspects, d’abord par son exposition peu obstruée à la baie et ensuite par sa trame viaire qui déroge aux grilles orthogonales qui structurent la ville, en effet les trois ilots qui encerclent le site adoptent des circulations de desserte piétonnes, exception faite d’une unique rue goudronnée qui traverse cet ensemble en diagonale. L’épannelage du quartier est très hétéroclite, cependant on peut relever quelques tendances générales: les habitations au nord varient fortement en terme d’hauteur mais restent généralement autour du R+2, à l’ouest le quartier récemment aménagé ne dépasse pas le niveau RDC tandis qu’au sud la trame régulière de la ville reprend sur une trame orthogonale remplie de bâtiments bâtis sur un foncier de 100 m² carrés en moyenne et s’étalant sur 2 à 3 étages. Au niveau des vocations, fonctions et équipements La vocation du quartier est principalement résidentielle , cependant le front de mer est jonché de bâtiments touristiques, toujours est il, que les bâtiments résidentiels dédient souvent leur RDC à des activités commerciales, surtout au long des axes à grande fréquentation, on visualise cet élément au niveau de la carte des activités où la majorité des commerces et services se repartissent au long des boulevards Mohamed V et le boulevard Almasjid. En ce qui concerne les équipements, de par sa proximité au centre historique de la ville , le quartier dispose de plusieurs équipement sportifs, éducatifs , religieux et sécuritaires, et même culturels avec le projet du musée. Toutefois, le manque est palpable en terme de structures sociales, en effet le seul équipement social dont dispose le quartier est une maison de jeunesse . Menaces et opportunités le quartier, à l’image de l’ensemble de la ville subit les conditions climatiques parfois êxtremes de la région notamment les vents forts du nord, et la température caniculaire en été en raison de la forte humidité. Le manque de connectivité et la qualité architecturale assez basse des îlots environnant est également une composante à composer avec . Il n’en demeure pas moins que le site a également de grandes opportunités à offrir notamment l’ouverture directe sur la baie , sa cohabitation avec le futur grand lieu de la culture dans la ville que sera le musée de Dakhla, le pôle hôtelier et la situation privilégiée entre deux boulevards très fréquentés, chose qui garantit un certain dynamisme , et enfin l’appartenance du foncier à l’état facilite l’intervention et offre plus de créativité et de liberté urbaine et architecturale. 111


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

INTENTIONS DU PROJET AU NIVEAU DES FORMES URBAINES ET ARCHITECTURALES

02

-Les formes urbaines et architecturales -la partie habitat devrait combler les demandes et adoptées découleraient de 3 composantes besoins de la population locale en premier lieu et principales: non pas celles de la spéculation immobilière. -La bonne intégration aux spécificités de configuration urbaine et architecturale du site. AU NIVEAU DES MATÉRIAUX ET TECHNIQUES DE CONSTRUCTION -Le référentiel culturel devrait être palpable au niveau de la typologie urbaine, architecturale et -Le projet devra faire usage dans la mesure du architectonique, cependant le projet doit rester possible de matériaux locaux , à faible impact réaliste et loin d’une vision utopique / fantaisiste. environnemental et faire preuve de frugalité en matière d’énergie de ressources et de technicités. -L’aspect bioclimatique influe également sur la configuration spatiale et architecturale et ce -Le choix des matériaux devrait prendre également selon la vérification des hypothèses avancées en considération la mise en valeur du savoir faire dans ce volet. local. -L’aspect bioclimatique influe également sur la configuration spatiale et architecturale, et ce selon Le programme devrait être en phase avec la vérification des hypothèses avancées à ce sujet. les attentes de la population, cependant il est impératif qu’il soit multifonctionnel afin de satisfaire les objectifs d’écourtemement des distances , de densification et de reconstruction sociale . AU NIVEAU DU PROGRAMME

-Par ailleurs, de par sa position au sein de la ville, il est évident que le programme devrait comprendre les éléments suivant : -Une esplanade ,agrémentée d’espaces verts pour drainer les flux de l’avenue Mohamed V. -Une partie dédiée au commerce, aux services ou aux activités artisanales (à moins qu’elles ne soient source de nuisances). -La partie habitat est importante au projet, et ce afin de permettre aux habitants de se réapproprier le front de mer qui est souvent occulté par des projets touristiques .

112


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

SPÉCIFICITÉS DU PROJET 03

A/ RESPECT DES COUTUMES LOCALES -la région de Dakhla oued dahab fut et est toujours un territoire de transhumance des Ouled delim et Rgueibas ainsi que des Tekna , Tidrarine et Laaroussiyine2 des tribus avec une histoire riche et des coutumes séculaires fruit du nomadisme - «comme chez les bédouins les campements maures sont formés de tentes alignés sur une ou plusieurs files devant chaque tente, une petite cour est délimitée par une haie de broussaille» habitats nomades , denis couchaux -«Lafrig ( le campement) possède tous les moyens de production : le troupeau, les bouviers, la tente du M’allam (le maître artisan), la tente du Faqih (le jurisconsulte), ainsi qu’un lieu de prière» site du Conseil royal consultatif pour les affaires sahariennes -Comme en témoignent ces deux citations , les tribus sahraouies avaient développé au fil des siècles une manière de s’installer dans l’espace qui répond au exigences du climat et

Fig. 101 : Photo aérienne de Dakhla durant l’occupation espagnole source : (JAR Esteban 2015) au mœurs qui leur sont propres , ce patrimoine sera la fondation et le fil conducteur de la réflexion architecturale et urbanistique du projet proposé , à ce titre on remarque sur le croquis de concept la disposition linéaire des ilots à l’image des campements de tentes «Vrigs» ou «Friq» disposées de manière linéaire pour faire barrage au vent .

Fig. 100: Dessin de concept démontrant la disposition en rangées source: auteur mémoire Sara Laghlid, architecture du desert -2019

2

113


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

-les tentes nomades sont traditionnellement presque tous séparées en deux espaces: un espace familial où la femme passe l’essentiel de son temps et qui s’ouvre sur la cour et un espace exclusif pour les hommes et les invités3, -cette division horizontale, s’est transformé en division verticale après la sédentarisation , André Ravereau fait cette observation dans la vallée du Mzab et souligne l’importance des terrasses dans la vie de famille des populations du Mzab

Fig. 103: Croquis d’André Ravéreau montrant l’usage des terrasses. source : Ensemble de 19 maisons Fig. 102: Ébauche d’une volumétrie type du projet économiques, aux portes de Ghardaïa, 1975-1976. Crédit photo : Ravéreau André B/ BIOCLIMATISME -Toutes les unités de logement ont une façade sud ce qui leurs permet de bénéficier d’un ensoleillement suffisant en hiver et d’un ensoleillement optimisé en été. -La plupart des façades Ouest sont mitoyennes et sont ainsi protégées des surchauffes de fin de journée .

-L’utilisation de la pierre et de la chaux permettent au parois d’être perméables à la vapeur d’eau , et évitent par conséquent une accumulation anormale de l’humidité dans les espaces intérieurs.

-En raison de la proximité à l’équateur, l’angle d’incidence des rayons solaires est beaucoup plus élevé que dans les régions au Nord ce qui permet de réduire le prospect tout en conservant une bonne exposition solaire. - Les cours intérieures permettent de créer un espace vert qui sert de masque végétal et évite le vis à vis. -La disposition linéaire des îlots , protège les circulations piétonnes des vents du nord qui atteignent souvent les 9m/s .

Fig. 105: Étude d’ensoleillement sur rhino3d durant le solstice d’hiver et solstice d’été , source: auteur

Une architecture mobile: La tente nomade -skounti 2017

3

114


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

Fig. 104: Irradiation solaire incidente sur un cube de 3M de coté à Dakhla source : auteur, à travers une simulation Ladybug C/ ASPECTS DE FRUGALITÉ DANS LE PROJET MATÉRIAUX -La priorité est aux matériaux locaux peu onéreux, notamment, la pierre , la chaux et le sable. -Les coûts économisés en terme d’import de matériaux coûteux et high tech sont redirigés vers le perfectionnement du travail de la matière locale par la main d’oeuvre locale. TECHNICITÉ -L’usage de techniques avancées ne se fait que quand il est absolument nécessaire, l’usage de techniques assez simples permet au habitants de faire par eux même les travaux d’entretien, assistés par des artisans. -L’utilisation de techniques conventionnelles de maçonnerie en pierre naturelle.

OPTIMISATION DES RESSOURCES/ENERGIE -Le projet tire le maximum de son contexte sans pour autant y nuire . -Emploi de techniques passives de régulation thermique , tels que l’inertie thermique, et les masques architecturaux et végétaux. -Utilisation de l’énergie éolienne et de l’eau issu de la condensation de l’humidité TERRITOIRE -Respect du mode de vie des populations locales notamment la structure familiale, la pudeur, le lien avec la terre et le ciel. -La première ressource optimisée est d’abord le foncier ce qui passe par la densification du Bâti et la réduction d’emprises excessives de voiries. -Le projet met l’habitant sahraoui au cœur des préoccupations de confort, d’entretien et de viabilité et vivabilité.

-Minimisation de l’apport en béton et de la l’acier au niveau des dalles en optant pour des dalles à voûtains. -Inclusion de techniques traditionnelles constructives, en l’occurrence les tissus réalisés en poil de chèvre et autres matières fibreuses naturelles. Fig. 106: Croquis d’une porte dans un mur de pierre à crapaudine creusée dans la roche , source : auteur 115


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

D/ L’ARTISANAT COMME RÉFÉRENTIEL D’ESTHÉTIQUE MATERIAUX ET FORMES -L’essentiel de l’artisanat sahraoui repose en premier lieu sur le travail du cuir, vient ensuite l’orfèvrerie, le tissage et enfin le travail du bois. -Dans la culture sahraouie, il existe aussi bien des «mâalem» que des «mâalemates» , elles sont les gardiennes de l’artisanat du tissage et du travail du cuir 4. -Au niveau des compositions géométriques, on remarque un contraste permanent entre formes courbes et formes angulaires possiblement en raison du travail de l’ambre qui exige des formes courbées et organiques couplé au métal ou au cuir qui permet des angles plus prononcés .

TPFE Mohamed Yazid Bajja

LE «FLIJ» -Tissé par les femmes sur un métier à tisser horizontal à partir de laine de mouton agrémentée de poils de chèvre et de duvet de chameau, le flij a servi de vélum pour les tentes des tribus sahraouies depuis son introduction au VIe siècle par les banou hilal5 -Les largeurs des flij vont de 50 à 90 cm avec une epaisseur de 3mm, tandis que leur longeur est très variable et atteint en moyenne 7m506 -Le tissus se resserre sous l’effet de l’humidité et peut résister à la pluie7 -au but de 6 ou 5 ans le flij s’use et les bandes abimés son remplacées successivement8

-La rigueur géométrique de l’artisanat des villes du nord du Maroc laisse place ici à une expression plus spontanée

4: Crédits photos : L’artisanat​, fondation almouggar, page http://www.fondationalmouggar.org/copie-demusique-et-litterature consultée de consultée le 22/06/2020 5, 6, 7, 8: M. Gast, « Flij ou Flidj », Encyclopédie berbère, 19 | 1998, 2855-2857. 116


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

E/ LE RECYCLAGE COMME SOLUTION À LA PÉNURIE DE RESSOURCES L’éloignement de Dakhla des grandes zones industrielles du Maroc, ainsi que son contexte désertique impose une rareté et un surcoût des matériaux non disponibles sur le territoire. En fort contraste avec ces données 1% des déchets générés par la ville, sont des bois issus des chantiers de construction notamment des chandelles et des bois de coffrage9, En considérant que la ville produit 300 tonnes/j de déchets solides10, cela nous laisse devant 1000 tonnes de déchets en bois générés annuellement. D’autre part à Dakhla ainsi que tout au long de la cote atlantique du Sahara marocain plusieurs bateaux ont échoué sur les plages, certains sont inertes depuis plusieurs années, leur démantèlement constituerait une source importante de bois et d’acier. C’est pour ces raisons que le projet fait utilisation uniquement de bois recyclé, et pour la majeur partie, ne l’utilise pas comme élément principal de structure afin de pouvoir faire usage même des bois de moindre qualité.

Fig. 107 bateau échoué sur les plages de Dakhla , source : Mapio.net Fig. 108 & 109 :bateaux échoués sur une plage du Sahara marocain , source : lesdgimis.eklablog. com credits photo : bois d’echafaudage , Yabiladi.com

9, 10 : Agence Urbaine Oued Eddahab Aousserd, 2013. Analyse Diagnostic Et Variantes Du Plan d’aménagement Dakhla Edition Finale. 117


Plan de masse : logique d’aménagement un«vrîg» frugal; le quartier Vrîg-al Logique spatiale: -Tel que précédemment énoncé, le plan puise son organisation spatiale du mode d’installation des nomades, ce qui explique la forte linéarité du plan masse dans un axe Est Ouest, et ce afin de contrer les vents dominants du nord. En effet les axes majeurs structurant le projet vont d’Est en Ouest tandis que les circulations nord-sud sont limitées au ruelles de desserte et ne sont jamais alignées. -L’opportunité qu’offrent les bords du projet qui interfèrent avec la trame orthogonale de la ville sont employés en tant qu’interfaces de cohabitation entre le projet «Vrigal» et les quartiers avoisinants -Au sein du quartier Vrigal, seul les moyens de mobilité doux sont permis, à savoir la marche, la bicyclette, la trottinette etc.. . À cet effet aucune voie carrossable n’est prévue au sein du projet. La seule voie automobile qui scinde la place du marché ne sera ouverte à la circulation automobile que durant les matinées des jours ouvrables et exclusivement piétonne le soir . Logique organisationnelle: Le projet se compose de plusieurs éléments remplissant diverses fonctions qui répondent aux besoins relevés au niveau de la ville et du quartier, ces éléments peuvent être énumérés comme suit: -Le cœur du quartier qui abrite les îlots d’habitations familiales. Chaque rangée est composée de plusieurs îlots qui s’ouvrent sur une cour arborée mêlant cours privatives et espaces mutualisables. -Un bâtiment «vedette» au sud qui s’ouvre sur la corniche et sur le parvis du musée de Dakhla, ce bâtiment multifonctionnel où l’activité commerciale s’étale sur 2 étages a comme but d’offrir une vue imprenable sur la baie aux habitants de la ville à travers son étage accessible au public, mais également de marquer le paysage urbain de la ville et de donner une forte identité au quartier. Les étages supérieures sont dédiés au logement de personnes qui n’entrent pas dans la démographie visée par les maisons familiales, ou pour les touristes. -Le coin Est donnant sur le pôle touristique abrite des bâtiments commerciaux dont le but est de rapprocher les services des foyers touristiques. -Au nord du projet l’éclaircie qu’offrait le quartier Ksikssate fut prolongée du coté du quartier «vrig-al» pour créer une place dédiée au marché et se double en place publique, ou esplanade d’expression artistique le soir. -À l’ouest, l’ouverture sur un quartier de recasement, a rendu évident la nécessité de projeter un pôle social et communautaire. C’est ainsi qu’on retrouve adjacente au quartier voisin une maison des associations qui s’ouvre sur une place communautaire meublée de structures en toiles de «flij», façonnables par l’utilisateur selon ses besoins de socialisation.

04/a


logique du plan de masse: circulations

04/b

Au niveau des connexions, le projet est pensé comme trait d’union entre le front de mer et les quartiers à l’intérieur de la ville ,c’est donc dans cette optique là que plusieurs aménagements ont étés pensés afin de drainer les flux importants que connaissent les deux artères cernant le projet, à savoir l’avenue Mohamed V et le boulevard Almasjid : - deux avenues piétonnes s’étalant d’Est en Ouest, larges respectivement de 7 et 8 mètres, ombragés par des ombrières en toile et plantées d’acacias on étés pensés comme axes de liaison entre la corniche et les quartiers intérieurs , à cet effet ces deux voies sont ponctuées de commerces , Celle au nord baptisée «rue du frig» traverse le projet sur toute sa longueur et relie le pôle touristique déjà existant au boulevard commerçant Almasjid. Celle au sud baptisée «rue du fondouk» draine le flux de l’avenue Mohamed V vers le complexe artisanal aménagé sur cette rue et continue son cheminement vers les quartiers au sud. La place de la corniche profite également de sa position privilégiée en face du front marin, pour capter les flux des passants longeant la corniche et les guide à l’intérieur du quartier à travers le passage sous saba du bâtiment «el-ltham».

Place de la corniche

Rue du foundouk

Rue du “Frig”

Place du marché


Logique du plan de masse fonctions

Aire d’intervention 3.6ha qui comprend: 88 logements 16 appartements familiaux 72 maisons familiales 1ha de surfaces commerciales dont 5000 m² dédiés à la place du marché 1ha d’espaces verts et de places publiques une maison des associations sur 1200 m² un complexe artisanal sur 721 m²

04/c


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

APPROCHE PARTICIPATIVE : MÉTHODE BOB 05 A/ BÂTIMENTS OUVERTS SUR MESURE (BESPOKE OPEN BUILDING) -L’article 139 de la Constitution stipule que «Des mécanismes participatifs de dialogue et de concertation sont mis en place par les Conseils régionaux et les Conseils des autres collectivités territoriales pour favoriser l’implication des citoyennes et des citoyens, et des associations dans l’élaboration et le suivi des programmes de développement» -La méthode BOB concerte démocratie participative et montage de projet architectural en offrant à l’architecte le degré de contrôle qu’il souhaite conserver et la marge de customisation qu’il souhaite léguer au acquéreurs du logement

acte créatif raisonné et contextualisé de l’architecte

acte participatif concerté

architecture primaire (structure, plein et vide, prospects ...)

règles de conception

architecture secondaire

(ouvertures,modénatures,éléments architectoniques ...)

règles d’amenagement

BOB Batiment Ouvert sur Mesure Fig. 110 :Diagramme résumant le principe BOB de Pascal Gontier ( réalisé par l’auteur ) ARCHITECTURE PRIMAIRE -Conception propre à l’architecte . -Détermine l’insertion du bâtiment dans son contexte. -Définit une structure primaire conçue avec rationalité. -Conception des distributions et espaces structurants. -Dans notre cas l’architecture primaire est le plan d’urbanisme, la disposition des îlots ainsi que les dimensions des modules et leur prospects.

Fig. 111 : Tels deux pommiers, les bâtiments BOB partageant les mêmes règles de conception qui sont similaires mais pas identiques.

ARCHITECTURE SECONDAIRE -Permet de concevoir des logements sur mesure pour l’acquéreur -L’architecte met en place une boite à outils à la disposition de l’acquéreur qui fixe : -Les règles de composition -La bibliothèque des éléments de façades

HOME, l’Habitat ouvert et sur-mesure , Pascal Gontier 121


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

Fig. 112: Croquis réalisé par l’auteur démontrant un exemple d’application des règles fixées pour l’architecture primaire. B/ APPLICATION DE L’APPROCHE PARTICIPATIVE : MÉTHODE BOB I/ ARCHITECTURE PRIMAIRE Le Travail effectué est celui de l’adaptation des préceptes de l’œuvre de Pascale Gontier à notre cas d’étude, car la méthode BOB a été développée et appliquée jusqu’à présent sur des immeubles qui s’étalent en hauteur et qui partagent la même structure et les même circulations, cependant par translation et grâce à la grande flexibilité de la méthode BOB on peut inclure dans l’architecture primaire (où l’acte créatif est entièrement laissé à l’architecte) les éléments suivants :

-Dimensions des modules (5m (l) x 3m (h) x 9~25m (L)) -Prospects (8m , 4m si RDC seulement) -Hauteurs et épannelage (R+1 7m80) -Orientations (tous orientés Sud mitoyenneté Ouest et Est) -Servitudes (3m minimum) -Structure des Bâtiments (murs porteurs en pierre) -Regroupement de 4 logements par îlots -Obligation d’une cour par logement et terrasse à l’étage si possible , -Emplacement des arbres aux coeurs d’îlots et sur les voies

Fig. 113: Maquette 3d d’un ensemble d’îlots crées en application des règles de l’architecture primaire , source : auteur 122


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

II/ ARCHITECTURE SECONDAIRE Bibliothèque d’éléments :

Règles d’aménagement:

les éléments établis dans le respect du parti dont le placement est laissé au choix de l’habitant sont les suivants:

-Afin d’éviter les vis à vis, il convient de désaxer les ouvertures qui se font face d’au moins 2m, à part si un arbre occulte la vue. -Pour des raisons d’harmonie de la composition des -Ouvertures à volets basculant sur façade sud façades, si deux ouvertures superposées sur la même -Ouvertures à volets pliants sur façade sud façade sont désaxées de moins de 1m elle devraient -Ouvertures à volets battants façade nord être déplacées de manière à ce que leur encadrement -Portes sur cour se superpose parfaitement -Balcons voilés - Les balcons ne peuvent être placés sur les voies de -Mur ajouré, parapet de terrasses desserte de 3m ou moins -Porte d’atelier -Les appareils techniques ne peuvent être placés que -Couverture de terrasse sur la toiture et non les terrasses -Séparations en toile de «flij» -Pour une aération optimale toutes les pièces -Mur masque façade ouest habitables doivent disposer d’une fenêtre même si elle -Éoliennes disposent d’une porte donnant sur cour -Collecteurs de rosée -Sur les façades Sud, Est et ouest la surface des ouvertures ne soit pas dépasser 10% de la surface totale de la façade ( sans tenir compte des ouvertures d’ateliers et commerces ) Fig. 114: Croquis d’une coupe de principe d’intégra- -La distance minimum entre deux ouvertures sur le tion d’éléments d’architecture secondaire passant même niveau (trumeau) ne doit pas tomber en dessous de 80cm par l’un de des blocs constituant l’îlot

123


approche participative : methode BOB

05/b/ii

ARCHITECTURE SECONDAIRE COUPE SUR FACADE

Au niveau des fondations : ces dernières peuvent être réalisées en pierre si la solidité du sol le permet, à défaut de ne pas disposer d’étude géotechnique concernant le site, des semelles filantes en béton armé transmettent les charges du mur vers le sol.

140

Cette coupe démontre les systèmes constructifs adoptés dans le projet qu’on peut décrire comme suit :

Au niveau des murs, réalisés avec un appareillage large de 40cm de pierres calcaires ébauchées , ils sont couronnées de chaînages en béton armé selon les disposition des DTU de maçonnerie afin de transmettre les charges du plancher uniformément sur le mur.

6.40m

coupe transversale plancher à voutains

Le dallage du RDC est réalisé avec un hérissonnage de moellons sur lequel est coulée une chape de chaux hydraulique, elle même recouverte d’une couche de tadellakt.

revêtement de sol en tadellakt dalle en béton de chaux avec fibres v égétales

190

chainage en béton isolation en fibres de gramin és volets orientables pliants fenêtre battante

70

coupe au niveau d'une poutrelle en dessus d'une ouverture

3.40m

180

140

300

120

Au niveau de la toiture, une couche d’isolation biossourcée à base de graminées ou de chénopodiacées est prévue entre la dalle et le faux plafond afin d’éviter la surchauffe due à l’angle presque perpendiculaire du soleil en été .

0.40m 30

Le dallage du RDC à l’intérieur est surélevé par rapport au niveau de la voie de 40cm, et ce afin d’éviter les regards indiscrets des passants vers l’intérieur, cette surélévation permettra également d’absorber les déchets de déblayage générés après la réalisation des fondations.

poutrelle en b éton

265.00

Le plancher : le système de plancher utilisé est celui d’une dalle à voûtains en briques de sable stabilisée. En raison du manque de bois adapté à son utilisation en structure, les voûtains reposeront sur des poutrelles préfabriquées en béton armé qui elles même reposent sur un chaînage servant à transmettre les efforts au murs porteurs en pierre. Sur ce système sera coulée une dalle en béton de chaux allégée avec des fibres végétales afin de réduire ses charges sur les murs .

mur en pierre

0.00m

coupe sur façade sud type sur rue

façade sud type sur rue


approche participative : methode BOB

05/b/ii

ARCHITECTURE SECONDAIRE OUVERTURES FACADE SUD FENERTRES À VOLETS BASCULANTS BALCONS VOILÉS

-Le balcon est protégé du soleil, des vents et du vis à vis à l’aide d’une toile de «flij» actionnable manuellement depuis l’intérieur.

190 70

265.00

120

180

-Les balcons en encorbellement qui font 1.20m x 1m sont accessibles via une porte fenêtre en ferronnerie faisant 260cm x 85cm. Leur structure assez minimaliste en acier est solidarisée avec le chaînage et leur plancher est fait de bois recyclée issu de l’industrie maritime. Le garde corps est formé d’un fil de laine tendu entre le plancher du balcon et l’appui du parapet.

140

-Les fenêtres aux niveau du RDC font 0.85cm x 130cm, les volets au niveau du RDC s’ouvrent’ en basculant à l’extérieur ( à l’italienne ) et ce afin d’empêcher le vent, le sable et d’autres polluants extérieurs d’entrer tout en bénéficiant d’une ventilation optimale. Ces mêmes volets sont composés de lamelles orientables visant à mieux contrôler l’aération, l’ensoleillement et l’intimité.

3.40m

300

-Les fenêtres au RDC : bénéficient d’une allège assez haute (140cm) qui est suffisante pour garder l’intimité des pièces situées au RDC surtout que la tradition veut que les populations du Sahara s’asseyent dans leurs salons et pièces de vie à même le sol. -Bien que les précipitations pluvieuses à Dakhla sont des épisodes plutôt rares, l’appui de fenêtre réalisé en pierre taillée est chanfreinée afin de permettre à l’eau de s’écouler vers l’extérieur pour ensuite être égouttée loin de la façade par le larmier en saillie, tandis que le linteau est le même que le chaînage afin de limiter l’usage du béton au maximum.

6.40m

0.40m 30

-Toutes les ouvertures sont encadrées par un enduit de chaux blanc qui sert d’abord à marquer les ouvertures sur la façade et ensuite à garder une uniformité et harmonie, vu que ces encadrements conservent les mêmes dimensions, et enfin, la chaux est reconnue répulsive contre les insectes et autres pestes, chose qui permet de garder un intérieur sain.

140

En ce qui concerne les ouvertures, plusieurs dispositions ont été mises au point afin de répondre au mieux au exigences naturelles du site mais aussi aux préférences de la population qui s’étalent comme suit :

0.00m

façade sud type sur rue

façade sud type sur rue


Approche participative : methode BOB ARCHITECTURE SECONDAIRE MUR AJOURÉ PORTE D’ATELIER COUVERTURE TERRASSES

05/b/ii -Les terrasses peuvent être couvertes d’un tissus de «flij» cousu et tendu entre deux portiques en acier. Cette couverture qui s’élance sur le coté donnant sur la rue une fois entièrement déployée, permet de protéger la terrasse des rayons solaires, mais aussi d’observer l’activité en bas sans être perçu. Une fois la nuit tombée un treuil manuel permet de la rétracter pour révéler la voûte céleste et garder le lien avec les constellations qui guidaient les sahraouis durant leur périples. -Les murs des terrasses ajourés avec des ouvertures triangulaires permettent de ventiler la terrasse même en gardant sa couverture déployée, et aussi de permettre au personnes assises à même le sol d’avoir des vues à l’extérieur sans devoir se lever. -Les commerces et ateliers disposent d’ouvertures mesurant 3m de hauteur et 4.2 de largeur, sont intégrés au îlots d’habitation et bénéficient d’une porte en accordéon qui permet plusieurs configurations. D’abord celle d’ouvrir complètement l’échoppe au public, ensuite celle d’utiliser le dernier panneau autant que porte battante simple et donc de réguler l’accès et enfin fermer complètement la porte, ce qui laisse quand même la possibilité de continuer le travail à l’intérieur grâce aux éléments vitrés intégrées en haut des panneaux.

6.40m

125

2

40

3.40m

0.40m 0.00m mur de terrasse ajouré

coupe détail 1 porte coulissantes pliantes 2 couverture terrasse

320

280

1


Approche participative : methode BOB

05/b/ii

ARCHITECTURE SECONDAIRE OUVERTURES FACADE NORD FENERTRES BATTANTES PORTES SUR COUR

140

-Vu que l’entrée au logement se fait du coté de la cour et que cette dernière est souvent privative, les portes d’entrée sont vitrées au même titre que les porte des balcons. Elles sont donc également protégées par un voile extérieur actionnable par treuil manuel. -Haute de 197 cm ou 230 cm si on mesure le linteau et seuil et large de 130 cm la porte d’entrée s’ouvre en deux battants l’un mesurant 90cm et l’autre 40cm. -La spécificité de la porte d’entrée reste la charnière qui est inspirée des portes traditionnelles des rares zaouïas qu’on peut encore trouver dans la région. En effet le système consiste en deux pivots extrudant de part et d’autre de la porte, pour s’enfoncer dans deux trous taillés dans le seuil et dans le linteau. La porte pivote simplement autour de cet axe et est par la même occasion fixée à travers ce dispositif. Pour améliorer sa longévité la face intérieur des deux trous est couverte d’un métal malléable afin de limiter l’usure sur les tiges et permettre un mouvement fluide -Les fenêtres donnant sur le nord n’ont pas besoin d’être pliantes puisque cette façade est faiblement exposée au soleil, c’est donc pour cette raison qu’on retrouve des volets battants s’ouvrant vers l’extérieur. Toutefois chaque fenêtre dispose de quatre volets afin d’être en mesure de profiter de ventilation naturelle sans pour autant perdre de son intimité en n’ouvrant que les volets hauts.

70

265.00

190

6.40m

140

300

120

3.40m

façade sur cour type

coupe technique façade nord sur cour

30

0.40m


approche participative : methode BOB

05/b/ii

265.00

190 70

300

120

30

140

-Au niveau de la cour, les séparations entre les cours privatives de chaque ménage sont pensées en toiles traditionnelles. Ces toiles seront tendues entre le mur, les potelets délimitant les portillons ainsi que les arbres d’acacia , qui structurent cet espace. Il est à noter que du coté du mur cette séparation s’attache à l’aide de mousquetons, les potelets de portillons ne sont qu’enfoncés dans des trous chaulés dans le sol. -L’ensemble de cette séparation peut donc être enlevé et enroulé, afin de libérer de l’espace au niveau de la cour, et ainsi pourvoir mutualiser les cours intérieures pour en faire des espaces de célébration d’événements et de socialisation entre voisins .

140

ARCHITECTURE SECONDAIRE SÉPARATION INTRA-ILOTS EN TOILES DE «FLIJ»


approche participative : methode BOB

05/b/ii

155.00

140

ARCHITECTURE SECONDAIRE MUR MASQUE

70

300.00

265.00

190

6.40m

20.00

3.40m

140

180

300

120

130.00

calepinage mur masque

30

0.40m

facade ouest type

-À l’image des murs masque qu’avait développé André Ravereau ,le quartier «Vrîgal» propose également des murs masque réalisés à partir de briques en terre cuite uniquement. Comme le démontre le plan de calepinage, pas besoin de béton ni d’attaches métalliques, les assises de briques reposent sur d’autres briques qui s’enfoncent dans le mur. -Un vide ventilée de 10cm est laissé entre le mur masque et la paroi porteuse en pierre, pour assurer l’effet de protection de la surchauffe notamment au niveau de la façade ouest.

coupe technique mur masque


Conception Type d’un îlot

05/c

Forte analogie avec la répartition fonctionnelle de la khaima Surface au sol 131~140 Surface habitable 145~170 Surface totale 216~237

1m

5m

10m

La disposition des fonctions sur le Plan est fortement inspirée de la répartition des fonctions dans une khaima traditionnelle. On retrouve ainsi ce même principe d’ouverture d’espaces linéaires sur une cour au formes organiques. La division de la tente en une partie réservée aux hommes, et une autre réservée aux femmes fut également transposée. On retrouve donc un salon pour hommes et pour invités ainsi qu‘un salon pour femmes plus proche de la cuisine et des espaces intimes, en l’occurrence les escaliers menant aux chambres. Les cours intérieures se distinguent avec la douceur de leur périmètre grâce au murs raccordés en congé ou en arrondi ce qui donne une sensation de convivialité au sein des cours qui contraste avec le plan relativement carré des circulations extérieures. Les arbres structurent l’espace et permettent de garder une division équitable, mais aussi naturelle de ces cours.

plan RDC d’un îlot type


Conception Type d’un îlot

190

140

70

180

30

140

210

300

120

70

265.00

190

140

05/c

façade sud type sur rue

0.50.5 1m 1

2m

2

coupe générale


Conception Type d’un îlot

Au niveau des circulations intérieures du quartier, la quiétude et sérénité des passants et des habitants sont mises à l’honneur. De ce fait ces circulations bénéficient d’un ombrage grâce à un alignement d’acacias épaulés par des ombrières en toiles biossourcées. Les voies sont également ponctuées d’ateliers, et de magasins qui s’ouvrent sur la rue au niveau du RDC de certains îlots. Cette multifonctionnalité ne fait pas seulement que rapprocher les habitants des services et vice-versa mais garantit également l’entretien et l’embellissement de ces voies qui deviennent bien plus que des espaces de déambulation.

05/c

Image de synthèse d’ambiance-ruelle


Conception Type d’un îlot

05/c

-Au niveau de l’étage, les logements familiaux disposent de 3 chambres, en plus d’un hall et d’une terrasse, si l’espace le permet. -La linéarité est-ouest est conservée à l’étage et ce afin de profiter au maximum de l’exposition sud . -Les vis à vis sont annulés par les arbres d’acacias plantés au sein de la cour

1m

5m

10m

plan étage d’un îlot type


Conception Type d’un îlot

05/c

Image de synthèse d’une cour intérieure


Conception Type d’un îlot

05/c

Image de synthèse d’une pièce de vie type du projet


Conception Type d’un îlot séparations amovibles en tissu “flij”

terrasses

cour intérieures

05/c entrée par passage ss saba ombrière en “flij “

ateliers / magasins

Les îlots d’habitation s’organisent de manière à couver une cour intérieure accessible depuis les voies de desserte via un passage sous saba. Cette disposition permet d’avoir des cours intérieures plus conviviales comme en témoignent les murs raccordés en congé et en arrondis et ce afin de préparer le terrain pour une vie commune et des relations de partage et de bon voisinage au sein de l’îlot qui peut abriter les membres d’une même famille élargie comme au sein des campements nomades.

chauffage solaire d’eau chaude sanitaire

Image de synthèse d’ambiance- cour intérieure


bâtiment «El-ltham» Visite guidée

06

Coupe démontrant le fonctionnement du système de facade «el-ltham»


Conception urbaine

06

Visite guidée

place du marché

placette communautaire

rues piétonnes commerciales

maison des associations

bâtiment multifonctionnel

foundouk de l’artisanat

place de la corniche

musée de dakhla

Image de synthèse d’ambiance- vue aérienne


Bâtiment multifonctionnel «El-tham»

06

Image de synthèse d’ambiance- vue aérienne


Bâtiment «El-ltham» Visite guidée

06

image de synthèse façade cinétique «El-ltham»

Turban Elhaf traditionel source: à citer


Inspiration

06

Église catholique de Dakhla


Bâtiment «El-ltham» Visite guidée

06

Image de synthèse d’ambiance- circulation au 1er Etage


Maison des associations

06

Visite guidée

ateliers

salles d’exposition

théâthre romain

cafétéria

parc pour enfants La maison des associations est un équipement prévu afin d’assurer un rôle de développement social et culturel, sa sphère d’influence s’étend au delà du quartier crée, vers les quartier avoisinants. Le programme de cet équipement est en concordance avec ses missions de mixité sociale et de démocratisation de la culture, ainsi le bâtiment en U orienté plein sud pour des raisons bioclimatiques s’ouvre sur une vaste cour accessible des trois rues adjacentes. Afin de marquer l’ouverture de cet équipement sur son environnement. Plusieurs fonctions s’organisent autour de cette cour, notamment une cafétéria, et des salles d’exposition. La cour elle même se dédouble en terrain omnisport pour les personnes en situation d’handicap. Au niveau de l’étage on retrouve des ateliers d’activités diverses consacrés au secteur associatif œuvrant dans le domaine socio-culturel. La programmation est laissée donc libre selon les besoin de la société civile. A l’étage toujours, un théâtre romain est aménagé en dessus des salles d’exposition profitant de l’angle aigu qu’impose le terrain pour bien asseoir ses gradins.

MAISON DES ASSOCIATIONS

Image de synthèse d’ambiancevue aérienne


Place communautaire Visite guidée

06

PLACETTE COMMUNAUTAIRE L’idée de la place communautaire qui s’ouvre sur le quartier de recasement récemment réalisé par Al omrane est de permettre à toutes les catégories sociales d’investir l’espace publique et ce en leur offrant la possibilité de façonner l’espace publique selon leur besoins de socialisation. C’est ainsi, et en s’inspirant du travail de Myriam Rochd et Ilyass Moussanif pour le concours 120 heures 2018, que cet espace fur conçu sur une trame de 3m x 3m sur laquelle sont placés des portiques permettant de dérouler des toiles légères et de les accrocher grâces à des mousquetons sur d’autres portiques selon la disposition souhaitée .

Image de synthèse d’ambiance- vue aérienne


Foundouk de l’artisanat Visite guidée

Bénéficiant de deux accès l’un de la rue Est Ouest qui lui est éponyme, et l’autre depuis le large passage sous saba passant sous le bâtiment vedette , cette place bien que reculée du front de mer et des avenues intensément fréquentées est en passe d’attirer touristes et locaux en quête d’artisanat local. Le fondouk en U ouvert sur le Sud et de plein pied est assez austère et minimaliste afin de laisser les objets d’artisanat souvent richement ornés se distinguer du décor. L’ombrage de ce lieu est assuré par des flij de 80cm de diamètre en tension et tissés entre eux même. Dans leurs intersections ces derniers sont raidis par des tiges métalliques qui solidarisent en même temps les bandes de tissus entre elles.

06

Image de synthèse d’ambiance- vue aérienne


Parvis de la maison des associations Visite guidée

Toujours en référence au contrastes, courbés et angulaires qu’on retrouve dans l’artisanat sahraoui, des protections solaires latérales sont prévues afin d’éviter l’éblouissement et la surchauffe des rayons solaires incidents d’Est et d’Ouest. Le «Rez de ville» loin d’être uniquement un espace de déambulation, sert d’espace commercial, d’espace de socialisation et d’expression. Son exposition inobstruée à l’ouest en fait un espace de détente privilégiée durant les fins d’après midi .

06

Image de synthèse d’ambiance- vue aérienne


Place du marché Visite guidée

Au nord du quartier «Vrîg-al», l’interface avec le quartier Ksikssate prend la forme d’une place de marché, qui se dédouble en place publique investie par les gargotiers le soir. L’idée à travers cette place est celle d’être à la fois utile pour les habitants du quartier mais également intéressante pour les touristes afin qu’il puissent y découvrir les produits du terroir. Cette place est couverte par une structure qui s’inspire des arbres d’acacias et rappelle leur branchements qui s’étalent horizontalement . Sa surface ondulée permettrait par ailleurs de disperser les vents vers différentes directions et d’ainsi diminuer leur ampleur pour assurer un confort piéton optimal.

06

Image de synthèse d’ambiance- vue aérienne - place du marché


Place du marché Visite guidée

06

Image de synthèse d’ambiance- place du marché


Bâtiment commercial

Visite guidée

Proche du pôle touristique au nord est, ce bâtiment commercial ambitionne de conserver un grand niveau de transparence sur la façade( pour l’éclairage naturelle que cela procure et l’attrait des grandes vitrines). Sans surchauffe des espaces intérieurs, et ce à travers une structure en bois de chantier récupéré sur laquelle seront étirés des toiles horizontales en «flij» , ce qui est sur d’apporter assez d’ombre non seulement sur la façade mais également sur le parvis du bâtiment qui donne sur la baie; idéal pour des activités de restauration .

06

Image de synthèse d’ambiance- coté nord est


Vue d’ensemble du quartier «vrîg-al»

Visite guidée

Plus qu’une simple offre de logement le quartier «Vrîg-al» propose un style de vie inspiré des us et coutumes locales. Une manière durable de faire la ville et une opportunité de renouveau de l’identité de la ville de Dakhla, fidèle à son passé séculaire et ancestral, un passé qui fait la fierté aussi bien des habitants de la région que celle de tous leur compatriotes marocains .

06

Image de synthèse d’ambiance- vue aérienne


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

CONCLUSION “IL ne subsistera que ce qui est uniquement humain”, ces mots attribués à la designer Jennifer Leonard résument succinctement l’approche et le développement de ce projet visant la création d’une centralité multifonctionnelle au cœur de la ville de Dakhla. Effectivement l’architecture et l’urbanisme durables ne peuvent être que des actes humains qui nécessitent de l’empathie envers le territoire et les populations ainsi qu’une conscience bien réelle des conséquences de chaque ligne tirée et de chaque choix acté. Il a été primordial de comprendre et d’assimiler le mode de vie sahraoui, leurs paradigmes, leurs mœurs, leur système de valeurs, et de comprendre leur besoins et attentes, puis composer avec les ressources présentes sur place et les données du terrain aussi bien climatiques et physique qu’économiques et démographiques pour enfin sortir avec des solutions conciliants les besoins de l’humain avec son environnement nourricier. Tel que l’affirmait le professeur Emmanuelle Rey, il n’existe en effet pas de recette univoque pour aboutir à une ville durable, les paramètres qui entrent en jeu ont tellement de variables, qu’au final le projet abouti, porte un ensemble de solutions, spatiales et fonctionnelles fortement liées au territoire en étant une réponse spécifique au site d’insertion, ce qui n’empêche pas d’en inférer plusieurs aspects qui restent pertinents dans le contexte saharien. Le projet fait de la frugalité son fer de lance pour arriver à la durabilité. Il en incorpore ainsi plusieurs aspects notamment l’usage privilégié de matériaux locaux dont la pierre naturelle, la chaux, et les briques de sable stabilisées. L’incorporation de l’artisanat local à travers l’usage très répandu des tissus traditionnels servant à la confection des tentes est un plus tant ornemental que nécessaire. Cependant la frugalité ne s’arrête pas à ce niveau, le recours à des techniques passives a fortement influencé la conception: en commençant par la compacité du tissu urbain, l’orientation nord sud du projet, l’étroitesse et le désaxement des connexions dont le but fut de limiter les surchauffes des façade ouest, La garantie d’une exposition sud pour tout les logements et la protection des vents du nord particulièrement forts et inconfortables aux piétons. Autre aspect de frugalité dont fait preuve le projet est la simplicité des techniques mises en œuvre ce qui est apparent au niveau des ouvertures toutes opérables manuellement. Il en va de même pour les couvertures des terrasses ainsi que les séparation textiles entre les cours. Le but de ce parti pris, est de permettre à l’habitant ou l’utilisateur de “comprendre” le bâtiment, de se l’approprier réellement, de s’investir dans son entretien, et si besoin il y a, de sa réparation. Le projet est également respectueux de son territoire d’insertion dans sa dimension physique et naturelle, à travers l’usage de matériaux locaux et non polluants et également dans sa dimension urbaine en optant pour une hauteur en R+1 sur la majeure partie du projet. Ces mesures sont en concordance avec l’environnement urbain immédiat. D’ailleurs, dans ce volet, le projet joue également le rôle de liaison entre les deux axes les plus fréquentés de la ville à savoir l’avenue Mohamed V longeant la corniche et le boulevard commerçant Almasjid. Profitant donc de cet emplacement le projet propose une grande multifonctionnalité dans laquelle les commerces s’ouvrent au niveau du RDC sur les rues piétonnes, et certains bâtiments en périphérie du site sont entièrement dédiés aux activités commerciales. Ce respect du territoire s’étend également au respect de la culture locale et des systèmes de valeurs sahraouies. C’est ainsi que les logements puisent leur inspiration des tentes nomades qui sont habituellement disposées de manière linéaire dos au vent, et chacune s’ouvre sur une cour délimitée par de la broussaille. De la même façon tous les logements conçus disposent d’une cour sur laquelle s’ouvrent les pièces de vie, séparées comme le veut la tradition en salon pour femmes et salons pour hommes et en espace cuisine. Les valeurs de pudeur contrôlent également les hauteurs d’allèges des fenêtres du RDC hautes de 1.40 m par raport à la dalle intérieure et de 1.8 m par rapport à l’extérieur évitant ainsi les regards indiscrets. Les allèges prennent également en compte les postures d’usage; les populations du sud préférant généralement s’asseoir à même le sol. Les allèges à l’étage ont étés abaissés à 70 cm, mais les fenêtres sont toutefois dotées de volets s’ouvrant à deux hauteurs afin de permettre de garder l’intimité des intérieurs tout en permettant une ventilation optimale. Et enfin le projet en étant soucieux de son environnement, cherche à remédier aux manquements des quartiers qui lui sont adjacents, en proposant des équipements et places publiques qui viennent jouer le rôle de traits d’union assurant une continuité urbaine. C’est le cas de la place du marché au nord, venu remplacer un marché quelque peu délabré. La place communautaire à l’ouest profite de son emplacement, pour être le meeting point de fin d’après midi, de même pour la place de la corniche qui vient mettre en exergue le musée de Dakhla plus au sud qui verra le jour très prochainement, et lui permet de s’ouvrir ainsi sur la corniche. Loin de toute prétention de grand geste architectural ou d’intervention volontariste, ce projet, proposant une 151


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

vision pour une nouvelle centralité au sein de la ville Dakhla, est simplement le fruit d’un juste compromis entre une multitude d’éléments spécifiques au terrain choisi, à savoir : les besoins de la population locale, leur culture, us et coutumes, les ressources du territoire, la préservation de son environnement d’insertion, la configuration physique du site et ses spécificités climatiques et la viabilité économique du projet. Les mots d’ordre furent frugalité simplicité et authenticité . Par ailleurs le projet porte l’idée d’adopter un regard nouveau sur le quartier loin de sa définition de lieu dortoir qui n’offre que le logement. Dans ce sens ce qui est proposé est un quartier d’habitation, de commerce, d’éducation, de production culturelle et artistique et surtout un quartier constructeur de liens humains et de cohésion communautaire.

152


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

BIBLIOGRAPHIE

21,45,48,53,60,64,71,76,82,87,88,95,99,97,100,103,104,107,108,109,110,120,121,122,123,126,128,129,131,132,133,136 Agence Urbaine Oued Eddahab Aousserd, 2013. Analyse Diagnostic Et Variantes Du Plan d’Aménagement Dakhla Edition Finale. 50 Haut commissariat au plan, 2015, monographie de la région Dakhla oued eddahab 2015 c,d,e,f,g,,44,58,81,83,84,91,93,94,135Haut commissariat au plan, 2018, monographie de la région Dakhla oued eddahab 69 Nfaoui, H., Buret, J., & Sayigh, A. A. M. (1998). Wind characteristics and wind energy potential in MoroccoSolar Energy, 63(1), 51-60. 70,63 Fiche des changement climatiques observatoire régionale du developpemnt durable et de l’environnement 77,59 El Kanti, S. M., El Mansouri, B., & Arjdal, Y. (2017, November). Management of the Laayoune-Dakhla DeepAquifer System (South Sahara, Morocco). In Euro-Mediterranean Conference for Environmental Integration (pp.603-605). Springer, 96,98,101,102,106,105,124,137 Haut commissariat au plan (2014) recensement générale de la population humaine b,h Projet de Stratégie Nationale de Développement Durable 2030-Rapport final Haut commissariat au plan , Centres des recherches démographique , 2025 Démographie Marocaine tendances passées et perspectives d’avenir a “Stratégie Nationale De Développement Durable.” Maroc.ma, Ministere De La Jeunesse Et Des Sports Porte Parole Du Gouvernement Departement De La Communication, 26 Mar. 2019, 114,113,111 José A. Rodríguez Esteban et Diego A. Barrado Timón -2015- Le processus d’urbanisation dans la colonie du sahara espagnol (1884-1975). Une composante essentielle du projet colonial 115,112 Alta

Comisaria

de

Espana

en

Marruecos,

Madrid,

1946 -Instituto nacional de la vivienda

10 Dominique GAUZIN-MÜLLER, « ARCHITECTURE ÉCOLOGIQUE ou ARCHITECTURE DURABLE »,Encyclopædia Universalis 116 (HISPANIA NOVA. Revista de Historia Contemporánea. Número 10 (2012) del pasado colonial español enRío deOro (La línea de Fortines de Villa Cisneros Blanco Vázquezl .) 117 (Historical

Dictionary

of

Western

Sahara”.

The

Scarerou

Press,

London,

1982)

119 (mohammed Abdellah Bouhjar directeur CRI DOe -interview pour les écos) 18,14 Knox, P. (2013). Small Town Sustainability: 2nd. Basel: Birkhauser. 146,143,17 Principles of True Urbanism | International Making Cities Livable. (2020). Retrieved 20 July 2020, from https://www.livablecities. org/articles/principles-true-urbanism 1 Carl bovill 2014 sustainability in architecture and design 2 History Database of the Global Environment - HYDE. (2020). Retrieved 20 July 2020, from https://cmr. earthdata.nasa.gov/search/concepts/C1214613363-SCIOPS 3 Pimentel, D., Harvey, C., Resosudarmo, P., Sinclair, K., Kurz, D., McNair, M., ... & Blair, R. (1995). Environmental and economic costs of soil erosion and conservation benefits. Science, 267(5201), 1117-1123. 16,4 Carriou, C., & Ratouis, O. (2014). Quels modèles pour l’urbanisme durable?. 5 (Rey, Emmanuel, 2013 Publié dans:GREEN DENSITY, 181-184) 6 Cyria emelianoff -2003- vivre en ville favoriser le développement des collectivités viables sorel quebec . 7 (aliki -myrto Perysinak, 2012, évolution des publications autour de l’architecture durable ) 8 Thompson-Fawcett, M. (1998). Leon Krier and the organic revival within urban policy and practice. Planning Perspectives, 13(2), 167-194.

153


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

9 Friedman, Y. (2003). L’architecture de survie: une philosophie de la pauvreté. éditions de l’éclat. 15,13 Charlot-Valdieu, C., & Outrequin, P. (2011). L’urbanisme durable: concevoir un écoquartier. 19 Hamstead, M. P., & Quinn, M. S. (2005). Sustainable community development and ecological economics: Theoretical convergence and practical implications. Local Environment, 10(2), 141-158. 20 Maroc baie de dakhla. (2020). Retrieved 20 July 2020, from https://www.ramsar.org/fr 25 denis couchaux, 1980 ,habitats nomades , édition alternatives 27 Al-Ragam, Asseel. (2015). Critical nostalgia: Kuwait urban modernity and Alison and Peter Smithson’s Kuwait Urban Study and Mat-Building. The Journal of Architecture. 20. 10.1080/13602365.2014.1000679. 28 Forés, J. J. F. (2006). Mat urbanism: growth and change. Projections, 29 Reiche D. “Energy Policies of Gulf Cooperation Council (GCC)Countries—Possibilities And Limitations of Ecological Modernization inRentier States.”Energy Policy 2010; 38: 2395-403.) 30 « BP Statistical Review of World Energy » [PDF], sur http://www.bp.com/ juin 2016. 31 Lau, A. (2012). Masdar City: A model of urban environmental sustainability. Social Sciences. 32,37,42 Cugurullo, F. (2013). How to build a sandcastle: An analysis of the genesis and development of Masdar City. Journal of Urban Technology, 20(1), 23-37. 43 Cugurullo, F. (2016). Urban eco-modernisation and the policy context of new eco-city projects: Where Masdar City fails and why. Urban Studies, 53(11), 2417-2433. 34 What is Masdar City?” 2011. Masdar City 35 (8. Fortson D.“GreenCity Rises from Désert—Abu Dhabi Is Building a $22 Billion Zero-Carbon Showcase City for 50,000 Residents. Danny Fortson Went to See Its Beginnings.” Sunday Times [London] 1 Feb. 2009, 2nd ed.) 36 (eureka volume 3 n12 21 jullet 2010 lima perou ) 39 Crot, L. (2013). Planning for sustainability in non-democratic polities: The case of Masdar City. Urban Studies, 50(13), 2809-2825. 46 (Morocco | GLOBEFISH - Information et Analyse sur le Commerce Mondial du Poisson | Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture | GLOBEFISH | Food and Agriculture Organization of the United Nations. (2020). Retrieved 20 July 2020, from http://www.fao.org/in-action/globefish/countries/countries/mar/fr/ 47,49,54,52,56,74 SELOUANE Karim (2003) La presqu’île et la baie de Dakhla. Dynamique margino-littorale et évolution du trait de côte , Grafigéo 51 Sebkhet Imlily, une zone humide UNIQUE dans le Sud marocain-écologie.ma-décembre 11, 2013) 55,57 Rapport du Haut Commissariat aux Eaux et Forêts et à la Lutte Contre la Désertification en 2010. 72 MUAT, 2015, Carte du SDAU Dakhla 33,38,40,41 Nikhil Manghnani Int. Journal of Engineering Research and Applications ISSN : 2248-9622, Vol. 4, Issue 10( Part - 4), October 2014, pp.38-42 72 MUAT- Plan du SDAU de la baie de Dakhla - 2015 22,73 MUAT- rapport du SDAU de la baie de Dakhla - 2015 23 Ministère de l’Aménagement du Territoire National,de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la Ville -contrat programme régional 2017-2021 24,26 Sébastien Boulay,2004. « Quand un objet change de statut : trajectoire de la tente dans la société maure (Mauritanie) »ethnographiques.org,Numéro 6 - novembre 2004 126,125 Agence urbaine d’O-ued Eddahab Aousserd diagnostique quartiers sous équipés. 11 Le manifeste pour une frugalité heureuse et créative (https://www.frugalite.org/fr/le-manifeste.html) consulté le 20 jul 2020

154


Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

TPFE Mohamed Yazid Bajja

12 frugality , considering an intimate modern , Riyaz Tayyibji 68,61 Circulation Marine De La Baie De Dakhla (Sud DuMaroc) Par Modèle Hydrodynamique 2d Hilmi Karim et al 2017 65 Reglement thermique de la construction au Maroc ADEREE 2014 66,89,90,92,86,85 Ministère de L’Aménagement du Territoire National, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la Ville Schéma Regional de l’aménagement du territoire, 2011 138 Sadeghipour Roudsari, Mostapha; Pak, Michelle, 2013. Ladybug: a parametric environmental plugin for Grasshopper to help designers create an environmentally-conscious design. In: Proceedings of the 13th International IBPSA Conference Held in Lyon, France Aug 25–30th. (http://www.ibpsa.org/proceedings/BS2013/p_2499.pdf) 139 Kastner, P., & Dogan, T. (2019). A cylindrical meshing methodology for annual urban computational fluid dynamics simulations. Journal of Building Performance Simulation, 13(1), 59-68 140 http://climate.onebuilding.org/default.html. Date de consultation : 30 avr.. 2020. 144 Agence urbaine d’Oued Eddahab étude d’intervention sur les quartiers menaçants ruine à Dakhla, vision de renouvellement urbain - décembre 2012 152,151 The Manufacture of Raw Brick from the Saharan Sand-Based Mortar of Ouargla (Located in the Septentrional Sahara, Algeria) for use in Arid Regions , Youcef Leghrieb ,2012 155 NF DTU 20.1 2008-10 AFNOR 149,150 Recommended Geoheritage Trails in Southern Morocco: A 3 Ga Record Between the Sahara Desert and the Atlantic Ocean, O. Saddiqi et al ,2015 142 Izard. J.L, Guyot. A, Archi Bio, Editions Parenthèses, Paris, 1979 141 Lawrence, Mark G., 2005: The relationship between relative humidity and the dewpoint temperature in moist air: A simple conversion and applications. Bull. Amer. Meteor. Soc., 86, 225-233 67 N. Sarrabat, Dissertation sur les causes et les variations des vents (1730) 75 Agence Urbaine de Dakhla Etude du plan vert de la ville de Dakhla 134,78,79 Nouveau modèle de developpement pour les provinces du sud, synthèse CESE, oct 2013 80 lettre du METL oct NOV dec 2015 126,125, 128,129 Agence urbaine Dakhla Oued Eddahab, aménagement et restructuration des quartiers sous équipés de Dakhla Partie Projet: 1 Agence Urbaine Oued Eddahab Aousserd - analyse diagnostic et variantes du Plan d’aménagement 2 mémoire Sara Laghlid, architecture du desert -2019 4 L’artisanat​, fondation almouggar, page http://www.fondationalmouggar.org/copie-de-musique-et-litterature consultée de consultée le 22/06/2020 5, 6, 7, 8: M. Gast, « Flij ou Flidj », Encyclopédie berbère, 19 | 1998, 2855-2857. 3 Une architecture mobile: La tente nomade -skounti 2017 9, 10 : Agence Urbaine Oued Eddahab Aousserd, 2013. Analyse Diagnostic Et Variantes Du Plan d’aménagement Dakhla Edition Finale.

155


piliers du développement durable

économie

paramètres d’architecture

économie d’énergie et utilisation d'énergies renouvelables solution passives ensoleillement et ventilation naturelle

énergie et ambiances

solution passives d'éclairage naturel

éco

limiter les besoins

intégration à la topographie et au microclimat ( bioclimatisme ) écologie concertation entre les parties prenantes et les utilisateurs du bâtiment

Architecture éco-responsable

humain et usage

l’appropriation du bâtiment par les utilisateurs et l’adoption de comportements durables promotion de l’économie locale

culture

promotion des savoir faire locaux

responsable

site et territoires

respect des cultures constructives locales et intégration de l’aspect identitaire prise en considération des sensibilité des écosystèmes locaux utilisation de matériaux locaux et naturels économie des coûts de construction et des ressources premières y compris les ressources hydriques

social

matériaux et techniques

minimisation des charges de maintenance limiter l’empreinte carbone et les énergies grises pérennité des matériaux et de leur mise en oeuvre

proposition de critères de l’architecture durable inspirée par l’approche éco responsable développée par D.gauzin-müller nous notons le fort enchevêtrement entre les principes de la durabilité et les paramètres de l’architecture témoignant d’une relation intégrée et multidimensionnelle entre l’architecture éco responsable et le développement durable , notons également la position centrale de l’humain qui est la clef de voûte dans cette approche


TPFE Mohamed Yazid Bajja

ANNEXES

Habiter durablement entre un désert de sable et d’eau

157


RESUMÉ Il est désormais communément admis que les besoins urbains croissants et les stratégies d’industrie et de transport polluantes qui en résultent, sont en grande partie responsables du changement climatique, de la pression croissante sur les ressources de la planète et de la dégradation de divers écosystèmes. En prenant en considération les estimations des nations unies selon lesquelles en 2050 les deux tiers de la population mondiale habiteront un milieu urbain, une stratégie de développement durable urbaine est plus que nécessaire pour toute ville existante ou en création, ce constat est particulièrement pertinent dans les établissement humains isolés tels que la ville de Dakhla, en effet les lieux lointains désertiques présentent une opportunité pour tester de nouvelles théories de durabilité concernant les établissements et activités humaines, et ce car la pénurie de ressources et le coût d’import les rends économiquement viables, socialement anticipés et politiquement soutenues. La ville de Dakhla est bâtie sur une presqu’île en saillie sur la ligne côtière du Sahara marocain. . Consciencieux à l’égard de l’amoindrissement de la surface ouverte à l’urbanisme de la ville ainsi qu’envers les projections d’accroissement de la population, ce mémoire questionne la durabilité économique sociale et environnementale de la stratégie d’habitat actuelle en lotissements juxtaposés de maisons marocaines modernes au niveau de la ville de Dakhla, et par conséquent projette de trouver une alternative architecturale et urbaine mieux adaptée au contexte local, naturel et humain tout en intégrant ces solutions au tissu urbain existant, dans le but de créer une forte centralité qui manque actuellement à la ville .

TITRE EN ANGLAIS SUSTAINABLE DWELLING BETWEEN A DESERT OF SAND AND WATER : TOWARDS A SUSTAINABLE ARCHITECTURE TAILORED FOR THE SAHARA CONTEXT, DEVELOPPEMENT OF

MOTS CLEFS Architecture Durable, Sahara Marocain Atlantique, Architecture Frugale, Developpement durable, Matériaux Locaux, Simulations Thermiques dynamiques, Simulations Mécanique des fluides numérique, Construction Éco-résponsable, Architecture en pierre, Bespoke Open Building.

ÉCOLE NATIONALE D’ARCHITECTURE - MARRAKECH MEMOIRES DE FIN D’ÉTUDES - 2020


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.