BARBERLINE MAGAZINE N°2

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FREE

Volume 1 / Numero 2

RYAN LESLIE TONY HAWK SIMON ABKARIAN Alex Jumelin THE DEAD DAISIES BARBER INK


Le gant blanc, Élément de protection indispensable à la manipulation d’objets photographiques. Il évite les traces de doigts sur les surfaces optiques, films et tirages. Enfilez votre gant blanc et sortez le tirage de son enveloppe cristal, en le maintenant délicatement serré entre le pouce et l’index, sans appuyer sur sa surface. Ne tentez jamais de visualiser un tirage à la verticale en le tenant d’une seule main : vous risqueriez de provoquer une pliure arrondie irréparable appelée ‘lune’. Lorsque vous rangez le tirage dans sa pochette, veillez à le maintenir toujours bien à plat. En cas de résistance, ne forcez pas : sortez simplement le tirage à nouveau, et recommencez.

RETOUCHES

POST-PRODUCTION

PROCESSUSPHOTO.COM

TIRAGES D’EXPO

ARGENTIQUE








BARBERLINE

Traductions :

barberline.fr barberlin3@gmail.com

Keith Sarver Elisabeth Ordener

Rédacteur en chef Direction artistique

IMPRIMEUR :

Mehdi Sotot barberlin3@gmail.com

38 rue Durantin - 75018 - Paris France

Directeur de la photographie Directeur artistique Julien Lachaussée julienlachaussee.com julien.lachaussee@barberline.fr

Directeur de la publication web Daniel Yiu daniel.yiu@barberline.fr

Online : barberline.fr facebook.com/barberline twitter.com/barberline instagram.com/barberline youtube.com/barberline

COVER : Ryan Leslie par Julien Lachaussée

--- --- --- --- --- --- --- --- --- --La reproduction, même partielle, des articles et illustrations parus dans Barberline est interdite. All rights reserved. No part of this publication may be reproduced in whole or part without permission from the publisher.

Pulsio :

Développement : Les pellicules argentiques sont développées par le laboratoire Processus : 163 rue de la roquette - 75011 - Paris

Ont collaboré à ce numéro : Nicolas Petin, Quincy Brooks, Liz, Nom’s, Nadia Sarraï-Desseigne, Keith Sarver, Processus, Impossible Project

Nous remercions : Cartel Concerts, V7, Richard Folliot, Luidji Converse, Olivier Garnier, Miss Vegas, Lee SnowBeatch, Converse, Volcom, Birdhouse, Florent MPC Production, Zmirov, Famille Lachaussée, Tonyo&Morgane, David Sevo, Laurence Guerrieri, The Dead Daisies, Fabien BarberInk, McShaolink&Lilou Ciano, Ryan Leslie, Thierry Martino, Chris Kael, Jeff, Filo, Simon Abkarian, Layla, Zoe, Adrian Younge, Alex Jumelin, Tony Hawk, David Gonzales, Dustin Dollin, Oscar Candon, Sam Partaix, Vincent Coupeau, Kenny Anderson, Ben Raybourn, Kevin Staab, Louis Lopez, Jaws, Laurent Phelipot, Ninon Ramelet, Marine, Elise Ollivier-Wong, Romain Thirion, Dom


New Family c’est le titre de ce nouveau numéro qui est très spécial pour moi. Durant ces derniers mois où nous avons été absents sur le site internet, nous avons réalisé pour vous un magazine d’une qualité supérieure. La photographie a été mise à l’honneur grâce à notre nouveau Directeur de la photographie Julien Lachaussée. Mais ce n’est pas tout, comme vous le savez grâce à nos réseaux sociaux, Barberline compte de plus en plus de membres et nous partageons ce qui nous semble le plus important : notre état d’esprit.

New Family is the title of this new issue, which is very special to me. Because we were creating a high-quality magazine for you over the last few months, we weren’t very active on our website. Photography took the spotlight, thanks to our new Photography Director, Julien Lachaussée. But that’s not all, since as you probably know, as a result of our presence on social networks, Barberline has more and more members, and we’re sharing what we think is the most important with you: our state of mind.

Barberline ce n’est pas qu’un magazine ou une équipe dans les codes de la société, nous sommes dans l’indépendance et pratiquons la liberté d’expression. Notre état d’esprit s’apparente à la réussite d’un voyou : drôle, underground, provocateur mais surtout travailleur. Cela fait un moment que nous ne comptons ni notre temps ni notre argent pour satisfaire nos lecteurs, car c’est grâce à vous que Barberline pourra grandir et devenir le meilleur magazine gratuit du monde.

Barberline is not just a magazine or a team of company product codes, we’re involved with independence and practicing freedom of expression. Our state of mind is linked to that of a thug: odd, underground, provocative, but especially a hard worker. It’s been a while since we’ve kept track of the time and money needed to satisfy our readers, because it’s thanks to you that Barberline will be able to grow and become the best free magazine in the world.

Rédacteur en chef Mehdi Sotot

Depuis mon arrivée en mai chez Barberline en temps que directeur de la photographie j’ai pu communiquer à mon associé et ami Mehdi Sotot mon amour pour la photographie et vous proposer une toute nouvelle version du magazine. Ce numéro a été entièrement réalisé au film argentique et Polaroid. Nous avons pu compter sur des partenaire prestigieux tel que le laboratoire photographique Processus et Impossible Project pour cette nouvelle et incroyable aventure. Chaque sujet, photo et interview du magazine a été entièrement réalisé par le team Barberline nous vous proposons un numéro authentique, une vision street et sincère sans paillettes

Since my arrival at Barberline as Director of Photography in May, I’ve been able to express my love for photography with my colleague and friend Mehdi Sotot, and present you with a totally new version of the magazine. This issue contains photos taken entirely with 35mm and Polaroid film. It has been made possible for this fresh and incredible adventure thanks to prestigious partners like the photo labs Processus and Impossible Project. Every subject, photo and interview in the magazine was done completely by the Barberline team – we present you this genuine issue with no frills, from a sincere, street view.

Directeur de la photographie Julien Lachaussée

Edito


BARBERLINE MAGAZINE N°2 «NEW FAMILY»

BARBER INK p.14 MC SHAOLINK & LILOU CIANO p.20 RYAN LESLIE p.30 THIERRY MARTINO p.36 CHRIS KAEL p.42 THE DEAD DAISIES p.46 JEFF p.52

FILO p.56 SIMON ABKARIAN p.60 LAYLA ZOE p.66 ADRIAN YOUNGE p.70 ALEX JUMELIN p.74 PROFESSIONAL SKATEOARDERS p.78 TONY HAWK p.96 WOODLIFE p.100


PRODUITS POUR BARBE BIO

EN VERT VOUS Nous avons créé la marque, mon épouse et moi, en novembre 2014, deux ans après avoir développé notre gamme (produits, marketing...). Par notre démarche, nous proposons des produits naturels et bios, exempts de produits chimiques. Nous accordons une importance toute particulière à la qualité et à l’origine des ingrédients qui composent nos produits cosmétiques. Les huiles végétales et huiles essentielles sont 100 % bio. Les argiles et le charbon utilisés sont également 100 % purs. Nous sommes certifiés Nature et Progrès et avons reçu la mention Slow Cosmétique. Cette mention nous récompense pour notre volonté de travailler à une cosmétique plus responsable et pour la qualité de notre démarche.

En Vert Vous, des cosmétiques pour nous « les hommes à barbe » ? Notre gamme est composée de produits pour toute la famille mais aussi pour nous « les hommes à barbe ». Nous prônons un usage cosmétique plus raisonné en proposant des produits multi usages. L‘huile de barbe en est le parfait exemple. Un autre produit très reconnu pour de nombreuses vertus et notamment les cheveux et la barbe c’est le beurre de karité. Il peut être utilisé en masque pour la barbe ou les cheveux, il permettra de nourrir en profondeur le poil.

Cosmétique, c’est un mot encore peu connu des hommes. On pense tout de suite maquillage. Cosmétique est une préparation non médicamenteuse destinée aux soins du corps, de la toilette ou de la beauté. Le maquillage est une des catégories. Cependant il est vrai que nous avons facilement tendance à penser que les cosmétiques sont destinées aux femmes. C’est de moins en moins le cas, les hommes vont de plus en plus vers des produits de soins. Mais l’offre répond également plus à nos besoins.

Depuis quelques années, les produits de rasage se multiplient et vous faites partie des rares à se positionner dans le bio. Pourquoi devrait-on privilégier les produits bio ? Les produits bio sont des produits plus sains pour la santé et l’environnement. De plus, nous nous interdisons d’utiliser tout produit synthétique et tout test sur les animaux. Les consommateurs bio n’ont pas forcément une âme ultra-écolo, mais je pense que d’une manière altruiste, ils se soucient des générations futures, en plus de l’impact sur leur santé. Les produits bio sont d’une façon générale fabriqués de manière plus traditionnelle, il y a moins de produits de synthèse, voir pas du tout comme c’est le cas chez nous. Mais attention le « bio » est aussi un outil marketing pour certains alors ne vous laissez pas avoir et lisez les compositions.

Le poil est-il plus fragile ? À l’avenir, nous espérons que ce type de question ne soit plus posé concernant l’efficacité des produits bio. L’idée générale veut que produit bio rime avec non efficace. Alors que finalement l’efficacité est plus que réelle. Quand vous prenez une huile de barbe celle-ci est composée de produits dit actifs (huile végétale et huiles essentielles) lors de la réflexion menée sur la création d’un produit, nous réfléchissons au but du produit. Si l’on veut qu’il nourrisse ou qu’il renforce le poil, les huiles ne sont pas forcément les mêmes, mais nous utiliserons seulement des ingrédients naturels. Les propriétés des huiles devront intrinsèquement répondre à notre volonté.

Est-ce comme les cheveux, y a-t-il des ingrédients plus bénéfiques suivant le type de poil : bouclé ou raide. Ce qui compte avant tout, c’est l’entretien que nous donnons à nos poils. Les caractéristiques cheveux ou barbe sont très proches. L’application d’une huile ou d’un baume dans tous les cas est conseillée. Vous pouvez passer un shampoing sur votre barbe cependant attention à ce que le shampoings soit aussi hydratanst et non desséchants. Le lait d’ânesse est également un très bon moyen de laver et nourrir le poil en savons naturels et saponifiés à froid afin de garder les propriétés des ingrédients. Le beurre de karité permet d’assouplir le poil, c’est ce que nous conseillons pour nourrir et hydrater en profondeur la barbe et la peau.

Avez-vous un conseil d’utilisation pour les nouveaux barbus ? Ce que je conseillerai pour les nouveaux barbus, c’est de prendre soin de leur barbe et de leur peau dès le départ, cela peut éviter des sècheresses qui pour certains seraient plus difficiles à traiter une fois les poils poussés. Il faut voir le soin de sa barbe comme un instant de détente, l’application d’huile ou de baume doit être accompagnée d’un massage alors pourquoi ne pas demander 5 minutes à sa moitié pour l’application en léger massage.

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BARBERSHOP

Barber

Ink

FABIEN HOMME BARBIER J’étais coiffeur homme-barbier il y a plus de 20 ans et je sors d’une pause (de 20 ans), pendant laquelle j’étais responsable dans plusieurs magasins, ce qui m’a permis de vivre au Canada et en Australie... Je suis revenu à Paris pour reprendre le métier de barbier car j’avais besoin d’une activité qui me ressemble, j’avais besoin d’un retour aux sources. Dans les salons mixtes, je trouve que les hommes sont plutôt mal traités donc je me suis spécialisé dans l’homme barbier. Le monde du tatouage et celui de la barbe étant très similaires, j’ai voulu conjuguer les deux en ouvrant mon salon.

I was a man’s hairdresser and barber over 20 years ago. I’ve just come out of a 20-year break during which I was the manager of numerous stores, which allowed me to live in Canada and Australia… I returned to Paris to take back up being a barber, because I needed to do something that’s a reflection of myself; I needed to return to my origins. Men are net very well treated in mixed salons, so I specialized in men’s beards. Since the world of tattoos and beards are quite similar, I wanted to combine the two when I opened my salon.

Interview par Mehdi Sotot / Photo : Julien Lachaussée 14



As-tu senti que cette mode de la barbe a encouragé le métier de barbier ? Oui tout à fait, il faut savoir que le métier de barbier avait disparu dans les années 70/80 (peu après l’apparition du sida.) ce qui a fait naître la mode des métrosexuels, sans barbe et sans poil. Puis dans la plupart des métiers, il fallait toujours être bien rasé. La mode hipster a commencé il y a une dizaine d’années en France et s’est accélérée grâce aux artistes. À Paris, tu as 6/7 barbus sur 10 hommes. Je pense que beaucoup de monde s’est mis à la barbe et n’est pas prêt de la lâcher.

Pour toi, quel est le barbershop idéal ? Le barbershop idéal c’est celui que tu peux rencontrer dans le Bronx aux États-Unis. Ils sont 3 ou 4 à discuter avec leur clientèle. Plus un coté «entre potes», limite tu bois un verre, tu regardes la TV, tu passes un bon moment. Plutôt que de dire : un client c’est tant de temps car il me rapporte tant. Le barbier idéal, c’est celui qui prend son temps pour satisfaire son client. C’est ce qui manque dans la profession.

Y a-t-il de la concurrence entre barbiers, des amis, des ennemis ? Moi je n’ai pas d’ennemi, on fait tous le même métier avec un style différent. Je sais que dans certains salons, ils se critiquent beaucoup entre eux. Moi, je respecte tout le monde, ceux qui me critiquent... ne m’atteignent pas.

D’après toi, une formation de barbier officielle est-elle indispensable ? Avant tout, nous sommes des coiffeurs hommes, la barbe fait partie de notre formation. C’est une question qui revient souvent sur certains sites ou forums. C’est comme certains barbiers qui utilisent de la cire... Comme dit un ami : «Nous ne sommes pas des esthéticiennes, nous sommes coiffeurs.» Ce n’est pas que je suis contre, mais ce n’est pas mon état d’esprit. De toutes façons, ceux qui sont là pour faire de l’argent facile ne resteront pas longtemps. Notre métier, c’est avant tout une passion et quand tu es passionné, ça paye.

Tu nous disais que c’est important pour toi d’avoir le contact avec ton client mais pourquoi travailler seul ? Certains multiplient les salons, je pense à la Barbière, les Mauvais Garçons, la Clef du Barbier etc. Moi, ce n’est pas mon concept, je préfère bosser seul. Comme je le dis souvent : travailler à plusieurs, c’est multiplier les problèmes que tu pourrais avoir tout seul.

Did you fell like this trend for beards stimulated the barber trade? Yes, totally. You might not know that the job of being a barber had disappeared in the 70s and 80s (not long after the arrival of AIDS), leading to the birth of the metrosexual movement, and not having a beard or body hair. Then, in most jobs, you had to always be clean-shaven. The Hipster trend began a dozen or so years ago in France and was hastened because of artists. In Paris, you have about 6 or 7 bearded men out of every 10. I think a lot of people started wearing beards and aren’t ready to give them up.

What’s your ideal barbershop? The ideal barbershop is like the ones you have in the Bronx in the United States. About three or four barbers are there, speaking with their clients. It’s feels more like you’re “among friends”, on the verge of having drinks with them, watching TV – it’s a good time. This is a different way of thinking than the one where a client equals a certain amount of time, so I make a certain amount of money. The ideal barber is one that takes his time to satisfy the client; that’s what missing in the profession.

Is there competition among barbers; are they friends or enemies? I don’t have any enemies. We all do the same job, but with a different touch. I know that in some salons, people criticize each other a lot. I respect everybody – those who criticize me are below me.

Do you think people need official barber training, or can everybody just learn as they go on the job? First and foremost, we’re all male hairdressers, and the beard is part of our training. It’s a question that pops up often on sites and forums. It’s like some barbers who use wax… as a friend of mine says: we’re not beauticians, we’re hairdressers. It’s not that I don’t agree, but it’s not my state of mind. In any case, those that do it only for easy money won’t stay for a long time. Being a barber requires passion, above all, and when you’re passionate about it, that pays off.

You said it’s important for you to have contact with your clients, but why work alone? More and more salons are opening; take the Barbière, the Mauvais Garçons, the Clef du Barbier, etc. That’s not how I work; I prefer to work alone. As I have often said, working in a group means a multiplication of problems that you have when you work by yourself.

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Pourquoi les barbiers de Paris n’ont-ils pas le temps d’être présent avec leurs clients ?

Why don’t Parisian barbers have time to spend with their clients?

Dans mon salon, la coupe + la barbe dure une heure. Je pense que pour beaucoup, leur popularité leur a joué des tours. Il faut patienter 3 semaines voire un mois pour obtenir un rendez-vous dans 3/4 des salons parisiens. Avec autant de monde devant leurs portes, on ne peut pas prendre son temps. On me dit souvent que l’on aime venir chez moi car on est relax, et à terme je n’ai pas envie de changer ça. Une ambiance entre potes, c’est toujours plus cool.

In my salon, a haircut and beard trimming lasts an hour. I think that for a lot of people, the fame has gone to their heads. You have to wait three weeks or a month to have an appointment in ¾ of Parisian salons. With that many clients at your door, you can’t take your time. People often tell that they like coming to my salon because it’s relaxing, and I don’t want to change that. It’s always cooler to have an atmosphere of being among friends.

On m’a dit que tu ne tenais pas ton coupe-chou comme les autres barbiers ?

Somebody told me you don’t hold your straight razor like other barbers…

Nous sommes très rares à le faire, mais je tiens mon coupe-chou comme un sabre. C’est une technique que j’ai l’habitude d’utiliser pour raser, mais c’est propre à chacun et ça ne change pas la façon de raser.

Not many of us do it like that, but I hold my straight razor like a sword. It’s a technique I use when shaving, but each person has his own style and it doesn’t change how you shave.

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“Nous ne sommes pas des esthéticiennes, nous sommes coiffeurs.“


TATTOO

MC SHAOLINK

Lilou Ciano Pour notre première interview d’artiste tatoueur, il nous paraissait logique de vous présenter celui qui est sponsorisé par Barberline. Je vous vois déjà ruminer dans vos barbes : Pourquoi Barberline sponsorise-t-il des tatoueurs ? Car les jeunes talents ont besoin d’être accompagné vers la lumière. Sombre, décalé, hip hop, autodidacte sont les adjectifs qui définissent MC. Un tatoueur venant de Haute Normandie et qui à seulement 24 ans a ouvert son propre Shop. Remportant de nombreux prix lors de conventions, MC ne s’arrête pas là et souhaite conquérir un autre pays. Par ailleurs, comme vous le savez tous : derrière tout grand homme se cache une femme. Celle-ci se nomme

For our first interview with a tattoo artist, it seemed logical to us to introduce you to the one sponsored by Barberline. I can see you scratching your heads already: why does Barberline sponsor tattoo artists? Because young talent needs help getting into the spotlight. Somber, offbeat, Hip Hop, and self-taught are some words used to describe MC, a tattoo artist from Upper Normandy who’s only 24 and has already opened his own shop. Having won a number of awards at conventions, MC has only just started and wants to conquer another country now. By the way, as you all know, behind every great man is a great woman: Lilou Ciano!

Lilou Ciano ! Ne vous focalisez pas sur ses tatouages, Lilou en a plus dans le ventre que vous ne le pensez. Diplômée de grandes écoles internationales, artiste de métal confirmée, modèle photo et tenante du record du plus grand nombre de tatouages acquis en moins d’un an, ce

Don’t focus on her tattoos; beneath is much more than meets the eye. She has degrees in higher education (one from another country); she’s a confirmed metal singer and model; and she holds the record for the most tattoos acquired in one year. This pretty little lady has lots of surprises in store for you!

joli brin de femme n’a pas fini de vous surprendre !

Interview par Mehdi Sotot / Photo : Julien Lachaussée 20



Tu n’as pas été officiellement apprenti, comment as-tu fait pour évoluer ? Depuis tout jeune, je fus baigné dans un milieu artistique, mon père étant peintre à ses heures perdues, j’ai visité pas mal de musées, de galeries d’art, etc. Mes goûts étant un peu plus underground, je me suis très vite intéressé au monde du tatouage. J’ai en quelques temps cherché un apprentissage, mais les places sont chères et à l’époque, mon niveau n’était pas à la hauteur. J’ai donc essuyé pas mal de refus et reçu quelques « claques », qui m’ont permis d’évoluer plus rapidement. C’est un savoir qui se mérite, et que le chemin soit compliqué est une bonne chose en soi. Durant toutes ces années, de dessin et d’entraînement, j’ai également écumé les conventions. J’ai passé d’innombrables heures à observer le travail des meilleurs, leurs techniques, leurs règles. Aujourd’hui, je me considère toujours comme un apprenti et à chaque nouvelle rencontre j’apprends des choses qui me permettent d’évoluer.

Not officially having been apprenticed, how did you learn? Since a very young age, I was raised in an artistic environment: my Dad was a painter in his spare time; I visited lots of museums and art galleries. Since my tastes were a little more underground, I quickly became interested in the world of tattoos. I did look for an apprenticeship for a while, but they’re few and far between, and I wasn’t good enough. So, I racked up a lot of refusals, and was slapped in the face a few times, but all of that encouraged me to progress more rapidly. Knowing how to do it is worth it, and if the path to it is complicated, that’s a good thing in itself. Throughout all those years of drawing and practicing, I also prowled the conventions. I spent countless hours watching the best artists work, their techniques, their rules. Today, I still consider myself an apprentice, and with each new encounter I learn things that allow me to develop.

Quel tatoueur t’as inspiré pour réussir ?

Which tattoo artist inspired you to succeed?

Tout le monde m’inspire, aussi bien les bons que les mauvais, car tu vois les erreurs à ne pas faire (Rires.). Maintenant j’essaye de ne pas trop regarder les flashs des autres artistes, pour ne pas inconsciemment copier. Je tiens vraiment à ce que mes idées et mon style sortent de ma tête et soient le plus personnel possibles pour mes clients. Je ne veux pas que mon book ressemble à une page Google (Rires.).

They’re all inspirations to me, the good ones and the bad ones, because you see what NOT to do. (Laughs.) Now, I try not to look at other artist’s flashes too much, so I don’t unconsciously copy them. I’m really adamant that my ideas and style come out of my own head and be as personal as possible for my clients. I don’t want my book to look like a Google page. (Laughs.)

Justement, pourrais-tu nous décrire ton style ?

Speaking of that, could you describe your style to us?

C’est un mélange de styles que j’aime : Je suis vraiment fan du trad US, des lettrages cholo/ chicanos, mais j’aime aussi les tattoos avec des détails plus poussés voir réalistes. Donc la base de mon travail pourrait être définie comme étant du trad-cartoon... un style alternatif.

It’s a mix of styles I like. I a huge fan of American traditional tattoos, and cholo and chicano lettering, but I also like tattoos with a lot of detail, even realistic. So, the basis of my work might be defined as cartoon-traditional… an alternative style.

Tu as un shop à Bernay, Shamrock Tattoo, une ville assez reculé de la métropole. La mentalité dans le tattoo est-elle différente de Paris ?

You have a shop in Bernay (Shamrock Tattoo), a town basically in the middle of nowhere. Is the conception of tattooing different than in Paris?

Pas tellement, au final peu importe ta situation géographique, tu vas retrouver à peu près la même clientèle. À la différence que peu de personnes s’intéressent aux courants alternatifs. Mais j’ai la chance d’avoir une clientèle fidèle qui n’hésite pas à se déplacer pour mon style.

Not really. No matter where you are, in the end you’ll generally find the same clientele, except the difference that few people are interested in alternative trends. I’m lucky to have dedicated clients who don’t mind traveling for my style.

Tu fais énormément de conventions, quel est ton meilleur souvenir ?

You attend a huge number of conventions; what’s your best memory from them?

J’ai commencé les conventions il y a un an et j’en suis à ma huitième. Pour commencer, j’ai reçu neuf prix, et chacun d’entre eux est un bon souvenir. D’avoir la reconnaissance d’autres tatoueurs, que ton travail soit récompensé, c’est très encourageant et ça rend les parents fiers (Rires.). Cela m’a permis d’avoir l’honneur d’être publié dans des magazines spécialisés que je lis depuis toujours, c’est un peu comme un rêve de gosse. Sans oublier bien sûr que c’est en convention que j’ai rencontré ma femme, c’est donc mon meilleur souvenir !

I started going to conventions a year ago, and I’m at my 8th now. First off, I received nine awards, each one of them is a good memory. Being recognized by other tattoo artists, that your work is rewarded, is very encouraging, and it makes your parents proud! (Laughs.) That resulted in the honor of being published in niche magazines that I’ve read forever; it’s a little bit like a childhood dream. Let’s not forget, though, that I met my wife at a convention, so that’s my best memory, of course!

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C’est un savoir qui se mérite.


Quels sont tes projets ?

Do you have any future projects?

Oui, d’ici un an si tout va bien, je pars travailler en Russie. J’ai eu des propositions de la part de nos collaborateurs russes (Nik Barabash, Den Yakovlev…). Par ailleurs, lors de mes prochaines conventions (Nimes, Nancy en 2015, Toulouse, Tours et Moscou en 2016) vous pourrez nous retrouver en compagnie de Nik Barabash, gérant du salon Real Ink de Saint-Petersbourg.

Yes, if all goes well, in a year I’ll be going to Russia to work. I’ve received offers from some of our Russian collaborators (Nik Barabash, Den Yakovlev…). Incidentally, at the next conventions (Nimes & Nancy in 2015; Toulouse, Tours and Moscow in 2016), you’ll find me with Nik Barabash, manager of the Real Ink salon in St. Petersburg.

Le monde du tatouage évolue avec une nouvelle génération de tatoueurs. Certains peuvent être talentueux et d’autres répondent simplement à l’appel du gain, qu’en penses-tu ?

Tattooing is changing with the new generation of tattoo artists. Some are highly talented, while some are only in it for fame and fortune. What do you make of that?

Il y a clairement une vague d’artistes talentueux qui arrivent et renouvellent constamment le paysage du tatouage et ce mondialement ! Et c’est vraiment une bonne chose de voir notre art évoluer et perdurer. Pour ceux qui répondent à l’appel du gain, j’ai envie de te dire, qu’il y a mieux comme métier pour être riche ! Il y a tellement de charges et de taxes que selon moi la principale motivation doit être la passion, Ceux qui n’ont pas ça en eux, arrêteront un jour ou l’autre, car c’est de plus un métier plutôt difficile.

It’s clear that a new wave of talented artists has arrived and they’re constantly changing the landscape of tattooing, even globally! It’s really a good thing to see our art evolve and endure. For those only in it for the money, I’d say there are better professions for getting rich! There are so many expenses and taxes that, according to me, your main motivation needs to be passion. Those that don’t have it burning in them will stop one day or another, because on top of that, it’s a fairly difficult job.

Que penses-tu de toutes ces émissions de TV sur le tattoo? Y aurais-tu participé s’il y avait eu une version française ?

What do you think about all of these TV shows about tattoos? Would you be on one if there were a French version?

Je pourrais t’en parler des heures et pour tout t’avouer, je regarde peu ce genre d’émission. Mais je pense qu’à la base, c’est une bonne chose, ou du moins c’était censé l’être. Tu prends Miami Ink qui a plus de 10 ans, à l’époque on mettait en lumière un métier peu connu, on y montre la vie d’un salon de tatouage, la proximité avec les clients. Seulement comme toujours la télévision gâche tout, l’audimat prime, donc on te montre une vie trop cool, où tu t’habilles comme tu veux, tu sors etc. Mais on ne voit pas le travail et les sacrifices qu’il y a derrière. Et on se retrouve avec des milliers de personnes qui reproduisent ce qu’il voient a la télé sans rien connaitre qui achètent des kit chinois à 100 € sur internet et bousillent le corps de leur famille, leurs copains et plus… Le pire selon moi, c’est les concours comme Ink Master. L’art ce n’est pas un concours ! Imagine on prend Dali, Monet, et Van gogh. On leur dit: « Vous avez 3 heures pour faire une toile ». On les pousse à l’erreur, on les ridiculise presque, pour l’audimat… Donc pour être clair, je ne critique en aucun cas les protagonistes de ces émissions, mais les concepts des émissions en général. Les médias te montrent et te font gober ce qu’ils veulent, et selon mon propre constat, l’impact est plutôt négatif sur le monde du tatouage. Donc pour répondre à la deuxième question, NON !

I could talk about that for hours, and to be totally honest, I rarely watch that kind of TV show. But I think that in general, it’s a good thing, or at least it was supposed to have been. Take Miami Ink, for example, which has been around for over 10 years; at the time, they were highlighting a little-known trade by showing the life of a tattoo salon and the relationship with the clients. And, as always, TV screws everything up with prime time audience ratings and they show you a totally cool life where you wear what you want and you go out a lot, etc.… but they don’t show you the work and sacrifice that’s behind it. So we find ourselves with thousands of people who copy what they see on TV without knowing anything buy Chinese kits for 100€ on the Internet and destroy the bodies of their families, friends and others… In my opinion, the worst thing is those contests like Ink Master. Art is not a contest! Imagine doing that with Dali, Monet and Van Gogh. You tell them: “You have three hours to create a painting.” You push them until they make mistakes, almost ridiculing them, all for the ratings… Just to be clear, I’m not criticizing the shows’ creators, but the concept of these shows in general. The media shows you and tries to make you believe what it wants, and from what I can tell, the impact is fairly negative on the world of tattoos. So, to answer your second question, NO!

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Nous t’avons rencontré la 1ère fois en Belgique, lors d’une convention de tattoo il y a plus d’un an. Les gens te suivaient pour te prendre en photo, tu faisais le show avec le Speakers, une vraie rock star...

We met you for the first time in Belgium over a year ago, at a tattoo convention. People were following you around to take your photo, and you did a show with the Speakers, a real rock star…

À ce moment là, j’étais connue comme la modèle tatouée qui avait déjà 70% de son corps recouvert en moins d’un an. J’avais chaque semaine un nouveau tattoo et j’étais également connue car je n’ai jamais mal, au contraire ça me fait plutôt du bien et ça impressionne les gens. Beaucoup de photographes avec lesquels j’ai travaillé ont été choqué de voir mon corps autant modifié. J’ai commencé ma carrière de modèle à l’âge de 16 ans comme modèle classique. J’ai travaillé pour des marques comme Lacoste, Guess, Dior et Zara. Ça m’a permis de beaucoup voyager en Europe, dans les pays de l’Est, l’Inde et l’Afrique du Sud. J’étais sponsorisée par des marques, mais avec les tattoos, j’ai dû arrêter ma carrière de modèle classique.

Back then, I was known as the model tattooed person, with 70% of my body already covered in less than a year. Each week, I had a new tattoo, and I was also famous because it’s never painful to me; on the contrary, it feels pretty good and that impresses people. A lot of photographers with whom I’ve worked were shocked to have seen my body changed so much. I started my career at 16 years old, as a traditional model. I worked for brands like Lacoste, Guess, Dior and Zara. Thanks to that, I was able to travel a lot in Europe, Eastern Europe, India and South Africa. I was sponsored by the brands, but the tattoos ended my career as a classical model.

Tu es modèle Inked US je crois... C’est fini pour toi les shootings ?

You’re a model for Inked US, isn’t that right? Are you finished with photo shoots?

Je suis Inked Girl pour toujours ! J’ai ma page officielle sur le site InkedMagUS. En ce moment, je refuse beaucoup de propositions shooting car je n’ai pas assez de temps avec nos projets tattoos. On se prépare avec MC pour les conventions, du coup c’est un peu chaud pour moi de faire des shooting. Pendant les conventions, je suis toujours prête à réaliser des petits projets de photo. Je suis sponsorisée par des marques de vêtements comme InkAddict, InkArmy, Frenchflut, Deadweight Clothing etc.

I’m an Inked Girl forever! I have an official page on the InkedMagUS site. At the moment, I have to refuse a lot of photo shoots because I don’t have enough time with our tattoo projects. We’re preparing for conventions with MC, so I just don’t have the time for actual photo shoots. During the conventions, though, I’m always ready to do small photo projects. I’m sponsored by clothing brands, like InkAddict, InkArmy, Frenchflut, Deadweight Clothing, etc.

Nous avons la vision de MC, mais que représente le tatouage pour toi ?

We know what MC’s vision is, but what do tattoos mean to you?

Le tatouage «c’est ma vie !», c est en moi et sur moi... je le vis. Tous mes tattoos sont comme mes bébés (Rires.) Je les aime et je ne me séparerais jamais du tatouage !

Tattoos are my life, they’re a part of me, and on me… I live it. All of my tattoos are like my children. (Laughs.) I love them and tattooing will always be a part of me!

Tu as fais des études d’art, pourquoi n’es-tu pas devenue tatoueuse ?

You studied Art, why didn’t you become a tattoo artist yourself?

J’ai fais l’académie des Beaux Arts de Bruxelles juste pour le plaisir. Je n’ai pas encore eu la chance de tatouer. J’ai toujours aimé dessiner mais je ne me suis jamais posé la question car avec mes shoots, ma musique et mes études de sciences politiques, je n’avais pas le temps pour apprendre les techniques de tatouage. Peut-être bien qu’un jour je lâcherai tout pour devenir l’apprentie de Paul Acker, par exemple… (Rires.)

I attended the Academy of Fine Arts in Brussels just for fun. I haven’t had the chance yet to do a tattoo. I always liked to draw but I never even thought about it, because with the photo shoots, my music, and my studies in Political Science, I didn’t have the time to learn how to tattoo. Maybe one day I’ll give up everything to become Paul Acker’s apprentice. (Laughs.)

Tu as fais des études politiques, où les as-tu faites ?

Where did you study Political Science?

Je suis ukrainienne et j’ai passé mon Bac Sciences-Po dans l’une des meilleures académies d’Ukraine : « Mohyla BlackSea University ». Par la suite, j’ai fais deux ans en Master des relations politiques internationales en Inde, dans une des meilleures universités de New Delhi : « Jawaharlal Nehru University ». Après mes études j’ai travaillé dans un parti politique en Ukraine pendant les élections et j’étais en même temps journaliste politologue. En 2004, j’ai participé à la Révolution Orange à Kiev. En Inde, je faisais partie des membres du parti de Gandhi, lors des élections en 2011. Mes articles étaient publiés dans les magazines indiens comme Delhi News, Indian Journal of Economics and Business,The Pioneer etc. Après tout ça j’aurais pu devenir députée en Ukraine mais j’ai choisi de découvrir le monde.

I’m Ukrainian, so I got my degree in Political Science from one of the best schools in the Ukraine: Mohyla Black Sea University. Afterwards, I studied for two years in a Master’s program for International Political Affairs, in one of the best colleges in Delhi: Jawaharlal Nehru University. After my studies, I worked for a political party in the Ukraine during the elections and I was also a political scientist journalist. In 2004, I participated in the Orange Revolution in Kiev. In India, I was one of the Gandhi members during the elections of 2011. My articles were published in Indian magazines, such as Delhi News, Business Economics, Pioneer, etc. After all of that I could have become a deputy in the Ukraine, but I wanted to discover the world.

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J’ai fais partie des membres de Gandhi.


Tu es également chanteuse dans un groupe de métal, peux-tu nous en parler ?

You’re also the vocalist for a metal group. Can you tell us about that?

J’ai toujours baigné dans la musique car dans ma famille, il y a beaucoup de musiciens. J’ai passé mon enfance dans le garage à regarder les répétitions de mon frère. J’ai commencé avec lui, j’ai chanté dans son groupe de punk rock quand j’avais 13 ans. Après j’ai vite compris que son style n’était pas vraiment le mien. Donc à 16 ans, j’ai formé un groupe avec lequel je pouvais jouer mon propre style : le black metal. Nous avions commencé par des covers de Burzum, Behemoth, Marduk, Cradle of Filth, Suicide Silence... À 17 ans, j’ai sorti mon premier album avec la collaboration d’un groupe russe connu : North Black. Après la sortie de mon album, j’ai commencé à avoir beaucoup de propositions de concerts, c’était mon moment de célébrité. J’étais devenue une star dans ma ville, je suis la première plus jeune chanteuse : qrawl, scream... En peu de temps, j’étais connue en Russie et en Pologne grâce à mon album qui était placé dans la catégorie du top 5 black metal. À 19 ans j’ai dû quitter mon pays pour aller en Belgique où j’ai formé un nouveau groupe avec lequel j’ai réalisé un projet de black metal. Je progressais à chaque instant et je faisais des concerts en Belgique et en Allemagne. Mon dernier projet a été réalisé en 2014 avec mon nouveau groupe belge Epidemian. Dans un style black/ death metal avec lequel j’ai pu faire des concerts en Belgique. En ce moment, je cherche des musiciens en France pour donner des concerts et j’ai déjà quelques petites idées. (Rires.)

I was always surrounded by music, because there are a lot of musicians in my family. I spent my childhood in the garage watching my brother’s practices. I started singing in his Punk Rock group when I was 13. I quickly realized his style was not mine, so at 16, I formed a group so I could play my own style, Black Metal. We started with covers of Burzum, Behemoth, Marduk, Cradle of Filth, Suicide Silence, etc. When I was 17, I released my first album, a collaboration with a famous Russian group: North Black. After my album came out, I started to get a lot of propositions for concerts. It was my 15 minutes of fame. I became a star in my town, was the first youngest female singer to growl and scream ... In just a short time, I was famous in Russia and Poland because the album went into the top 5 for Black Metal. When I was 19, I had to leave the Ukraine to go to Belgium, where I formed another group with which I created another Black Metal project. I was continually getting better and doing concerts in Belgium and Germany. My latest project was in 2014 with my new Belgian group, Epidemian. It was Black/Death Metal, and we did some concerts in Belgium. Right now, I’m looking for some musicians in France to do some concerts, and I have a few ideas. (Laughs.)

Au final, tu es assez connue dans ce milieu...

So, you’re quite well known in that milieu...

Bah, quand même (Rires.) mes albums, mes chansons les gens peuvent facilement les retrouver sur Google, Youtube ou MySpace...

Well, I’d hope so! (Laughs.) My albums and songs can easily be found on Google, YouTube, or MySpace.

Un jour au festival NecroFest en Allemagne pendant le concert de Slayer, Tom Araya passe le micro au public et je l’attrape et commence à screamer. Après le concert, j’ai reçu une invitation pour faire quelques chansons avec eux. C’est ouf quand même, mais j’avais mes propres projets donc je ne les ai jamais recontactés. Peut-être un jour !

One day at the NecroFest in Germany during a Slayer concert, Tom Araya passed the microphone into the crowd, and I grabbed it and started to scream. After the concert, they invited me to do a few songs with them. It was totally insane, but I had my own projects, so I never contacted them. Maybe one day!

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RYAN LESLIE BLACK MOZART



Pour la sortie de son nouvel album MZRT et de sa

For the release of his new album “MZRT” and his last

dernière

rencon-

international tour, we met the Black Mozart aka Ryan

tré le Black Mozart, de son vrai nom Ryan Leslie, à la

tournée

internationale,

nous

avons

Leslie in Paris. After 6 albums, Ryan has nothing left to

Bellevilloise de Paris. Après 6 albums, Ryan n’a plus rien à

prove and his main concern is to be in touch with his fans.

prouver et sa principale préoccupation est d’être en contact

If you want to chat with Black Mozart, well you can! Ryan

avec ses fans. Si tu veux textoter avec Black Mozart et

gives his phone number on Facebook for the world to

bien c’est possible ! Ryan donne son numéro de téléphone

see. From now on, you could be part of his 14.999 unread

sur Facebook et au monde entier. À partir de maintenant,

messages and you could even chat with him in French.

vous pourriez faire partie de ses 14 999 messages non lus et vous pouvez même lui parler en français... Tu parles super bien Français...

Your French is very good...

Je suis très chanceux, en 5ème, ma mère travaillait dans un cabinet d’avocats à Bruxelles. L’école américaine était trop chère alors elle nous a envoyé ma sœur et moi dans une école catholique, l’institut des Sœurs de Notre-Dame. J’ai dû apprendre le français pour survivre dans les rues. J’essaie d’écrire des lettres en français à mes amis pour rester en contact. Sinon j’adore la France, j’ai fait des collaborations plutôt cool, comme celle avec Booba. C’est cool de pouvoir communiquer dans la langue natale de quelqu’un. Les gens savent que tu respectes leur culture en faisant ça. Si j’avais le temps, j’apprendrais le plus de langues possible. Je suis allé en Corée et j’ai engagé un traducteur juste pour être capable de me présenter. Je veux que les gens sachent que je respecte là d’où ils viennent.

I have been lucky, in 8th grade my mother was working in an international law firm in Brussels, Belgium. The American school was too expensive so she sent me and my sister to a catholic school called «Institut des Soeurs Notre Dame». I had to learn French to survive in the streets. I still try to write letters to my friends here in France to keep in touch with them. I love Paris. I’ve done some cool collaborations here, such as the one with Booba. Being able to communicate in someone’s first language is nice. I would learn as many as possible if I had the time. When I went to Korea, I hired an interpreter just to be able to introduce myself. I want people to know I respect their culture and the place they come from.

Tu es en contact direct avec tes fans ?

Are you in touch with your Fan Base?

Je connais tous les interviewers, tous les stylistes, tous les maquilleurs, tous les fans, tous les supporters. Je connais tout ceux que je croise car je crois aux vraies relations. Le challenge, c’est de récupérer toutes ces informations et de gérer une relation avec chacun d’eux.

I know every interviewer, every stylist, every make-up artist, every fan, every supporter. I know every single person I run into because I believe in genuine relationships. The real challenge is to keep in touch with every single one of them.

À combien de personnes parles-tu par mois ?

How many people do you talk to each month?

La plupart des personnes que je connais, même les plus respectables, disent qu’ils n’en ont que 5. Je peux te montrer... regarde : 14 999 conversations non-lues. N’importe qui peut m’envoyer un message. J’ai plus de 20 000 conversations sur WhatApp, et 35 000 vrais contacts, plutôt que d’avoir des followers sur Facebook ou Twitter... L’engagement est tellement faible, tout le monde suit tout le monde... Mais tout le monde n’a pas le numéro de son artiste préféré ! Peut-être que d’autres artistes vont faire pareil, mais moi ça fait 2 ans que je fais ça. Les gens ont soit peur, soit ils ne sont pas assez courageux pour gérer toutes ces connexions. Je connais mon fan numéro un sur Paris ou dans toutes les autres villes. Je connais leurs noms, leurs adresses. Et ça serait encore mieux de pouvoir leur parler dans leur langue natale. J’espère que les technologies m’y amèneront.

Most people I know, even the most respectable ones, say they only have 5 friends. let me show you... See: 14 999 unread conversations. Anybody can send me a message. I have more than 20 000 conversations on Whatsapp, and 35 000 real contacts rather than “followers” on Facebook or twitter. Everybody follows everybody nowadays but not everyone has their favorite artist’s phone number! I’ve been doing this for 2 years, maybe some other artists will do the same anytime soon... They are either scared or not brave enough to manage all these connections. I know my number one fan in Paris and in every other city in the world. I know their names, I know their addresses. And it would be even better if I could talk to them in their native languages. Hopefully, technology will take me there.

Que penses-tu des clashs actuels ?

How do you feel about Beefs these days?

C’est génial ! C’est important ! Le hip hop a été défini par de grandes battles. Qui ne se souvient pas de 50 Cent VS. tout le monde? ou Jay VS. Nas ? ou Pac VS. Biggie ? C’est ce qui rend le hip hop intéressant et excitant. Je pense que les gens s’intéressent plus à Meek Mill maintenant, qu’avant son clash. Je suis le genre de personne qui est cool avec tout le monde mais des fois, je me

It’s great! It’s important! Hip Hop is defined by the great battles. Who doesn’t remember 50 cent vs everybody? Jay vs Nas, or Pac vs Biggie? That’s what makes it interesting, that’s what makes it exciting. I think people pay more attention to Meek Mill now than they did before. I’m the kind of person that’s cool with everybody though sometimes I wonder if I should set up a beef myself, so people be

Interview par Nicolas Petin et Mehdi Sotot / Photo : Julien Lachaussée 32



dis que je devrais avoir un clash aussi. Comme ça les gens se demanderaient si je suis vraiment dingue et si je mérite le nom de Black Mozart. Mais je pense que c’est bien pour divertir et pour la musique. Les artistes doivent mettre la barre plus haut et il faut que les gens comprennent que le rap a commencé à partir des battles.

like «Is this guy really dope?! does he really deserve his name Black Mozart?!». I think it’s good for entertainment and for music, artists start stepping their game up, they understand it all started in the streets with Battle Rap. I still watch some.

Vaporwave ? Codéine ?

Vaporwave? Codeine?

J’aime tout du moment que c’est honnête. Lorsque quelqu’un le vit et s’exprime honnêtement alors je l’applaudis. Les gens disent que les rockstars meurent à 27 ans parce qu’ils vivent difficilement. Avec les drogues, ils vont là où la plupart des humains ont peur d’aller. C’est pas non plus génial, je ne pense pas qu’il faille en faire la pub. Regarde Jimi Hendrix, il a eu une carrière de 3 ans, mais son héritage reste pour des générations. Même si il y est parvenu grâce aux drogues, ça ne m’embête pas parce que sans ces drogues, on n’aurait pas de Jimi. Ça doit juste être honnête et tu dois comprendre les ramifications et les conséquences de ce style de vie. Ta vie va être plus courte et ce n’est pas le meilleur moyen de voir tes enfants grandir. Il y a plein d’histoires et pas que dans la musique. Les gens se souviendront de Whitney Houston, Bobby Brown ou Kurt Cobain et comprendront l’impact que l’abus de ces substances peut avoir sur l’être et sur l’art. On est tellement attirés, on ne peut pas s’empêcher de regarder une star en train de chuter. Ce sont des histoires qu’on se doit de partager en tant qu’humain.

I love everything as long as it’s honest. If that’s what somebody is living and is being honestly expressed then I applaud it. People say the rockstar age of reckoning is 27. Because they live hard, with psychedelic drugs, they go to places where other human beings would be scared to go. It’s not necessarily great, we shouldn’t promote it. Jimi Hendrix’s career lasted 3 years, but his legacy is for generations and generations. And the way he got there with psychedelic drugs, I’m not mad at it, because without those drugs we wouldn’t have Jimi. It just got to be honest and you have to understand the ramification and consequences of adopting this lifestyle. It’s not the best way to have a long life and watch your kids grow up. There’s a lot of stories, not only in music, but people will remember Whitney Houston, Bobby Brown or Kurt Cobain, they understand the impact that substance abuse can have on art and on one person. We are so transfixed, so engaged, we can’t take our eyes away from watching a star beginning to fall. These are stories that we have to tell.

Fashion ?

Fashion?

Pour moi c’est avant tout s’exprimer ! Qu’est-ce que ça veut dire si ma veste est détruite, mes pantalons déchirés et que je porte une Rolex à 30 000$. Je pense pouvoir accorder tout ça ensemble parce que peu importe ce que je porte, le plus important est dans ma tête. Je peux aller à un meeting avec les gens les plus puissants de la Silicon Valley et toujours avoir mes 6 dents du bas en or. Si quelqu’un est décidé, passionné et travaille dur, le style devient juste un autre niveau d’expression. Je porte aussi des costumes, et ça ne passe jamais de mode. Ça donne un autre genre de respect.

It’s about expression! What does it mean that my jacket is destroyed, my jeans are ripped and i’m still wearing a $30 000 Rolex. I feel I can put it all together, no matter what i’m wearing what matters is what’s going on in my head. I can go to a meeting with the most powerful man in Silicon Valley and still wear my gold bottom fronts. If someone is focused, passionate and a hard worker, style just becomes another level of self expression. I also wear suits, and that’s never going out of style. You show somebody a different kind of respect.

Tidal ou Apple music ?

Tidal or Apple music?

Je soutiens n’importe quel moyen qui permet aux artistes d’être découverts. Pour moi, ce qui compte c’est d’avoir de vraies relations. Je ne suis pas d’accord si Apple, Spotify, ou Tidal s’approprie ma relation avec mes fans. Si je te connais, pourquoi ne pas nous parler directement ? Mais si Tidal te permet de découvrir ma musique alors c’est cool. Je suis un enfant de Youtube et avant les stars naissaient des médias traditionnels, la télé ou la radio. J’ai découvert Youtube et j’y ai posté mes premiers beats. Les gens ont pu le partager gratuitement et c’est pourquoi j’ai cette relation avec eux aujourd’hui.

I support anywhere that musicians can be discovered. For me, it’s about having a real connection. I’m not cool with Apple or Spotify or Tidal owning my relationship with my fans. If I know you, why can’t I talk to you directly? But if Tidal is a way for you to discover me and my music, then I’m cool with that. I’m a child of youtube. Before stars were born from traditional media, radio and television. I discovered Youtube and started making my beats on it. People could share it freely, and that’s why I have that kind of relationship with people today.

Straight Outta Compton !

Straight Outta Compton!

C’est marrant, ils m’avaient envoyé un script pour être dans le film. C’était il y a tout juste un an. C’est incroyable... Je suis si pressé de voir comment l’histoire a été racontée. Le film Ray était incroyable et pour moi c’est un standard, je pense que les biopics sont géniaux quand ils sont bien faits.

Interesting story, they sent me a script to actually be in the film. It was just a year ago. It’s incredible… I’m excited to see how well the story is told. Ray was incredible, and for me that’s a standard, i think biopics are great when they are done right.

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BIJOUTIER

THIERRY MARTINO SOULFETISH JEWELRY

Bijoutier et créateur de la marque Soulfetish, Thierry Martino fait partie des leaders dans la bijouterie dite « Rock ». Skulls et symboles religieux sont ses références en matière de bague. Il puise son inspiration dans ses émotions et veut partager sa vie à travers ses créations. Etant l’un des seuls détenteurs d’une licence avec Harley Davidson, sa collection «Harley By Thierry Martino» enchante les bikers du monde entier. Notre homme est simple et entier, nous avons passé un bon moment en sa compagnie, pour en apprendre plus sur sa

Jewelry-maker and creator of the brand Soulfetish, Thierry Martino is one of the forerunners of jewelry called Rock. Skulls and religious symbols are the criteria for his rings. His inspiration is drawn from his emotions, and he wants to share his life through his creations. One of the only people to hold a license with Harley Davidson, his collection called «Harley by Thierry Martino» stokes up bikers around the world. Simple and uncompromising, we enjoyed our time meeting with Martino to learn more about his life, ambitions and Soulfetish’s future.

vie, ses ambitions et le futur de Soulfetish. Cela fait 16 ans que Soulfetish est placé dans le monde de la bijouterie. Comment avez-vous fait pour tenir aussi longtemps ?

Soulfetish has been involved in jewelry-making for 16 years now. What’s your secret in lasting so long? No! It’s not us, we’ve only just begun! (Laughs.)

Non ! Nous ne sommes pas présent, nous débutons seulement. (Rires.)

Après 16 ans, ce n’est qu’un début ?

After 16 years, is it only the beginning?

Il y a eu 16 ans de construction d’une collection, d’un outil de travail et d’un savoir-faire. Quand je dis outil de travail, je parle bien-sûr de mon équipe, qui est présente pour Soulfetish et mes créations. À mes débuts, j’ai voulu me construire en faisant l’inverse des créateurs classiques. C’est-à-dire que la marche à suivre logique serait : 1. dessiner son bijoux, 2. partir en Asie pour le façonner et le développer, et de temps en temps mettre un petit «made in France» (Rires.). 3. parcourir les salons et faire de la publicité pour vendre ses produits. Je n’ai pas fait ce chemin-là, mais l’inverse. Je suis parti en Asie pour monter une usine et maintenant que mon usine est prête, nous avons une collection de plus de 1000 références. Et c’est maintenant que chacun me dit : « Hey Martino, c’est le moment de t’ouvrir un peu plus au monde ! »

We had 16 years to build a collection, working tools, and savoirfaire. When I say working tools, I’m talking of course about my team, who is always there for Soulfetish and my creations. In the beginning, I wanted to build myself up in the opposite was as traditional creators. What I mean is that the logical way to proceed would be: 1. Draw your jewelry. 2. Go to Asia to manufacture and develop it, and put a “Made in France” sticker on it from time to time. (Laughs.) 3. Run from salon to salon and advertise to sell your products. I didn’t follow that path; I went in reverse order. I went to Asia to build a factory, and now that my factory is ready, we have a collection with over 1,000 items. And it’s right now that everyone’s telling me: “Hey Martino, now’s the time to go global!”

D’ailleurs, comment s’est construite ta collaboration avec Harley ?

By the way, how did the collaboration with Harley Davidson come about?

C’est une opportunité que Harley nous a offert, ils étaient à la recherche d’un créneau haut de gamme dans leur bijouterie et ils ont trouvé nos bijoux aux États-Unis. Ils nous ont contacté pour un rendez-vous, nous nous sommes empressés de réaliser des dessins et de montrer nos meilleurs modèles pour les allécher. Nous avons signé un contrat pour que nous puissions réaliser des bijoux sous la licence Harley Davidson.

Initially, it was them who approached us. They were looking for a top-end niche for their jewelry, and they found ours in the U.S. They contacted us for a meeting; we hastily made some drawings and were eager to show our best designs to get them. We signed a contract to create jewelry with a Harley Davidson license.

Interview par Mehdi Sotot / Photo : Julien Lachaussée 36



As-tu créé toute la gamme de bijoux Harley ou avais-tu des contraintes ?

Did you create the entire range of Harley Davidson’s jewelry, or did you have any constraints?

Harley nous laisse une entière liberté dans la création et de temps en temps nous donne quelques indications sur les tendances de la saison. Je créé les modèles, quelques fois je commence par un dessin mais la plupart du temps je travaille directement sur le modelage du bijou en 3 dimension. Par la suite, nous leur envoyons pour qu’ils puissent les valider et c’est extrêmement rare qu’ils refusent mes créations «Harley By Thierry Martino».

They gave us complete freedom in our creation and gave us some information from time to time about the season’s trends. I created the styles, sometimes starting with a drawing, but most of the time, I work directly on shaping my jewelry in 3D. Then, we send them for approval, and it’s extremely rare if they refuse my Harley by Thierry Martino creations.

Tu travailles principalement l’argent...

You work primarily in silver...

L’argent pour plusieurs raisons, j’aime aussi bien l’or que l’argent. Il faut savoir que si l’on souhaite s’ouvrir à différents publics, l’argent est plus simple que l’or. Par contre l’argent c’est le métal lunaire, c’est le mercure des alchimies, c’est le reflet de la lune, il y a énormément de métaphores pour désigner l’argent. C’est avant tout un métal que j’aime beaucoup, l’argent peut être sensuel, très doux. C’est un métal qui vit et qui est très capricieux car il oxyde... Il n’est pas rare d’entendre des clients s’exclamer : «Ah mon bijou est sale !» ce qu’ils ignorent, c’est qu’au contact de l’oxygène, le métal devient instable et peut noircir.

Silver for many reasons; I like gold just as much as silver. If you want to open up to new audiences and clients, silver is much more simple than gold. On the other hand, it’s a lunar metal, the mercury of alchemies, the reflection of the Moon – dozens of metaphors exist to describe silver. Most importantly, it’s a metal I like very much; it can be very sensual and soft. It’s alive, and is capricious because it oxidizes… you often hear clients say: “Ah, my jewelry is dirty!” What they don’t know is that when in contact with oxygen, the metal becomes unstable and can blacken.

Comment fabriquez-vous vos bijoux ?

How do you manufacture your jewelry?

J’ai trois maquettistes qui travaillent avec moi dans notre usine. Nous commençons toujours par une base au dessin quelques fois seules nos explications suffisent. Ensuite, nous modélisons le bijou dans un bloc de cire de bijouterie à la gravure. Comparé à certaines maisons de bijouterie, nous travaillons exclusivement à la main et c’est pourquoi le métier de bijoutier est en train de se perdre. Parce qu’un bijoutier c’est avant tout un artiste qui travaille avec ses mains alors qu’aujourd’hui, c’est devenu un mec qui tapote sur son ordinateur.

I have three model makers that work with me in our factory. We always start from a drawing, and sometimes, just our explanations are enough. Next, we model the piece in a block of sculptors wax with carving tools. Compared to many other jewelry houses, we work exclusively by hand, and that’s why the craft of jewelry-making is starting to be lost. A jewelry-maker is, above all, an artist; he works with his hands typically, but more and more today, it’s someone who types on a computer keyboard.

Après 16 ans d’apprentissage, quel serait le nouveau positionnement de Soulfetish ?

After 16 years of experience, what will Soulfetish’s new position be?

C’est une question difficile pour moi, car ça fait 20 ans que j’ai quitté la France et que je vis dans mon atelier à Bangkok à réaliser mes créations. Je ne suis pas un grand vendeur, ni un gars dans le marketing même si je connais les tendances actuelles. Mais aujourd’hui je suis entouré d’une équipe et notre but est d’être reconnus, afin de grandir et de franchir une nouvelle étape. J’aime laisser le vent nous guider.

That’s a difficult question for me, because I left France 20 years ago, and I live in my atelier in Bangkok to create my jewelry. I’m not a great seller, or a marketing guy, even though I am aware of the latest trends. But today, I have a team around me, and our goal is to be known, in order to grow and reach the next level. I like letting the wind take us where it will.

Allez-vous garder cette inspiration rock des débuts ?

So, you’re going to keep this Rock inspiration you had from the beginning?

Je n’ai pas mis de barrière entre mes bijoux et moi. Je vis ma vie à fond, du matin au soir je suis la même personne et je n’enfile pas de masque. Soulfetish, c’est ma vie et quand je réalise mes bijoux, je veux transmettre une part de mes influences et de mes émotions. Dans ma collection, il y a quatre grands courants : «Eternel» qui est basé sur le gothique et l’art religieux. «Révolution» c’est notre coté rebelle, contre le système, avec des poings américains, des kalash, ce sont des symboles et aucunement un appel à la violence. « Lost » qui représente nos vices avec des références aux jeux, à la drogue, au sexe... «Vitriole» qui est plus axé sur les sociétés secrètes et sans oublier la collection créée par mon épouse qui est très féminine.

There is no barrier between my jewelry and I. I live life to the fullest. From the morning to the evening, I’m the same person; I don’t put on any masks. Soulfetish is my life, and when I create my jewelry, I want to convey a part of my influences and emotions. There are four major themes in my collection: “Eternal”, based on Gothic fashion and religious art; “Revolution”, is our rebellious side, against the system, with brass knuckles and Kalashnikovs. They’re only symbols, and we’re not trying in any way to inspire violence; “Lost”, which represents our vices, with a nod toward gambling, drugs, and sex; “Vitriole”, which is more oriented toward secret societies. Without forgetting the collection created by my wife, which is very feminine…

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Je n’enfile pas de masque, Soulfetish c’est toute ma vie !




METAL

I NT E RV I E W B A R B E DE 3 33 X2 J O U R S

CHRIS KAEL Interview par Nicolas Petin et Mehdi Sotot / Photo : Julien Lachaussée

Aux allures de Davy Jones dans Pirates des Caraïbes, Chris Kael le bassiste du groupe Five Finger Death Punch nous a rejoint devant le Zénith de Paris avant de jouer en 1ère partie de Judas Priest. Pour la sortie de leur nouvel album Got your Six, nous avons parlé de barbe, de musique et de satanisme avec Chris, qui nous a avoué que derrière sa barbe se trouvait le démon qui sommeille en lui. Drôle, énergique et parfois moqueur, Chris Kael nous a bien fait comprendre que dans le métal, il n’y a pas que

Looking like Davy Jones in Pirates of the Caribbean, Chris Kael, bassist for Five Finger Death Punch, met us in front of the Zénith before opening for Def Leppard. For the release of their new album Got your Six, we talked about beards, music and Satanism with him. He told us that hiding behind his beard was some of the demons inside him. Funny, full of energy et sometimes a jokester, Chris made it clear to us that in metal, there’s more than just people who are unsociable.

des insociables. Quel âge a ta barbe ?

How long have you been growing beard?

(Rires.) Drôle d’histoire, deux jours avant que j’apprenne que Five Finger Death Punch cherchait un bassiste, j’avais coupé ma barbe pour un job à Vegas. J’avais une barbe un peu comme la tienne, pour le business. Et je me suis dit “évidemment qu’il cherche un bassiste maintenant que j’ai coupé cette putain de barbe”. Donc pour répondre à ta question, depuis mai 2010.

(Laughs.), that’s a funny story. Two days before I heard that 5FDP was looking for a bass player, I had actually cut off my beard for a job in Vegas. I had something kinda like what you have there: business professional, and then two days later I found out they were looking for a bass player, and I was like, “Of course they’re looking for a bass player now that I just cut my damn beard off.” And I got the job with Death Punch and I haven’t cut it since May 2010.

La meilleure chose qu’il te soit arrivé grâce à ta barbe ? On me pose tout le temps cette question, on me demande aussi si on me reconnait étant du groupe. Mais à ce point, on me regarde tout le temps. Je ne sais pas si c’est la barbe ou le groupe... Mais en tout cas, je ne peux pas me cacher avec ça, crois moi.

Que cache ta barbe? Sûrement le démon qui est en moi. (Rires.)

Si une fillette de 4 ans te demande : Pourquoi as-tu l’air si méchant ? Tu sais, j’ai grandi en écoutant des groupes comme Slayer, Metallica... Ils ont tous cette sorte d’agressivité. Mais clairement, je ne suis pas le mec le plus intimidant du monde, une fois que tu m’écoutes parler. J’aime me lâcher ! Je fais aussi des arts martiaux, il y a des choses que je dois laisser sortir, que ça soit par la musique, en tapant des sacs ou en soulevant des poids... J’essaie de m’entraîner, littéralement.

What’s the best thing that has happened to you because of your beard? Gosh, it’s one of those things people always ask me, like do you get recognized from being in 5FDP? At this point, I get looked at all the time, but I don’t know if it’s because of the beard, or because of the group. I don’t know, but I do get noticed quite a bit. A big guy with a beard, I kind of stick out a little bit. Haha, there’s no hiding with this thing, trust me.

What is your beard hiding? It’s certainly a blessing and a curse, I don’t know if it’s a demon necessarily, but it possibly hides some of the demons within I guess. (Laughs.)

If a 4-year-old girl asks why you are so mean, what do you tell her? If a four-year-old girl asks you, why do you look so mean, what do you say? You know, I grew up listening to bands like Slayer and Metallica, that always have that kind of aggressive rage. But I don’t know. Clearly, listen to me talk, I’m not exactly the most intimidating dude in the world once the voice comes out. I just like to let things out. I’m also a martial arts guy so, there’s something in that I need to get out, whether it’s music, kicking bags or whatever it is, lifting weights … something in there that I’m trying to exorcize… literally. (Laughs.)

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Et si elle tire ta barbe ?

And if she pulls your beard?

Oh c’est bon, la seule chose qui me saoule, c’est quand mes potes me tire la barbe, je leur dis qu’ils se fassent pousser les leurs ! Mais si tu me demandes, des fois je te laisse... (Rires.)

Oh it’s fine. The only I don’t like is when dudes come up and touch it. I say: “Come on, grow your own!” (Laughs.) If you ask though, sometimes I’ll let you.

Comment est le public en France ?

You have a big fan base all over the world; how are the audiences in France?

J’adore nos fans français. Je me rappelle comment le public était bouillant en chantant nos chansons la dernière fois à Paris. Tu sais, c’est le genre de truc dont tu te rappelles et tu sais que la foule est tarée quand tu peux les entendre avec les oreillettes...

Pop ou Hip Hop ? Chacun ses choix, c’est mon attitude dans la vie en générale. Peu importe ce que tu veux faire, fais-le ! S’il y a du rap que j’aime, je pense que c’est des groupes comme Run DMC, «The Disposable heros of hip ho... pocracy ...» Je n’arrive même pas à le dire. C’est pour ça que je ne fais pas de rap. (Rires.) Moi je suis surtout métal hardcore, mais si tu aimes le hip hop achète les CD, arrêtez de voler putain ! (Rires.)

Les réseaux sociaux ? Il y a une image qui montre un mec avec une paille dans le nez, et au lieu de sniffer de la cocaïne, il sniffe des «like». C’est vraiment ça ! On ne se drogue pas dans le groupe. On boit un peu mais c’est vraiment ça notre nouvelle drogue. C’est cette illusion d’être important à travers les réseaux sociaux. Moi c’est 5fdpchriskael sur tous mes trucs, je suis actif sur tous mes comptes que tu peux suivre. Je suis derrière tout ça et j’adore cette drogue. (Rires.)

I love the fans here in France. I remember how loud the crowd was singing along to our songs the last time we were here in Paris. You know when you play in a lot of places there are certain things you remember about different crowds, different experiences. The minute I walked in here, I automatically remembered the volume of the crazy crowd out there singing along. You know the crowd is loud when you’re wearing the in-ear monitor and you can still here them singing.

Pop or Hip Hop? To each his own, really, on everything. I don’t care either way. That’s pretty much my attitude in life in general. What ever you wanna do, do it. As far as Hip Hop goes, if there’s any sort of Hip Hop that I ever did like, it’d be bands like Run DMC, “The disposable heroes of hip ho..pocracy”, not easy for me to say, that’s why I don’t rap, can’t spit that out that fast! Uhm, I enjoy the older stuff. I had some friends back in the day in High School that I’ve listened to, but I’ve always been a hard rock, heavy metal, punk hard core kind of guy… But if you like Hip Hop, enjoy, just buy the damn records! Quit stealing shit! (Laughs.)

Social media? Pour quelle raison accepterais-tu de couper ta barbe ? Je ne vois pas de raison. Peut-être si je voulais disparaître ou si le groupe se sépare. Mais j’aime attirer l’attention. Tu sais, tu ne peux pas te laisser pousser ça, sans aimer attirer l’attention (Rires.) Ça m’a mené à vous les gars ! Donc c’est que ça fonctionne pas mal !

There is a graphic that I saw the other day, it’s a picture of a person with a straw up his nose, and instead of taking cocaine, he’s snorting likes. That’s fucking perfect! Because in the band we don’t do any drugs, Ivan and I drink a little bit but most of people are sober, and that’s our new drug. It is a foul sense of importance through social media. Yeah I’m on all that stuff... I’m 5fdpchriskael, I’m active, any account that you follow, that’s me, I do all of it. So, I love it. It’s my drug.

For what reason would you agree to cut off your beard? I can’t think of any reason, I obviously... I cut it once for a job. If I wanted to completely disappear, if Death Punch is done with music... whatever ... at that point I would cut it off just to get away. But I enjoy the attention. You don’t grow this damn thing without enjoying some bit of attention you know. (Laughs.) And it lead me to you guys today, so it’s working well for me…

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“évidemment qu’il cherche un bassiste maintenant que j’ai coupé cette putain de barbe.”

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ROCK

THE DEAD DAISIES ROCK N ROLL ALL STARS

Imaginez-vous le groupe improbable : la gratte et le clavier des Guns, un des chanteurs de Motley Crüe et la basse de Whitesnake... En quelques accords, je viens de vous présenter le collectif de rock stars des années 80 «The Dead Daisies». Nous les avons rencontré lors de leur concert au Zénith de Paris, en première partie du groupe

Imagine an improbable group: the guitarist and keyboardist from Guns N’ Roses, a singer from Mötley Crüe and the bassist from Whitesnake... I’ve just described The Dead Daisies, made up of rotating rock stars from the 80s. We met them at their latest concert at the Zénith in Paris, where they opened for the mythic band KISS.

mythique «KISS». JOHN : (C’est très sexuel votre truc,) Je viens de Nashville et tout

JOHN: (Your shit’s kinda sexual…) I’m from Nashville, where

le monde a de la barbe et des chemises à carreaux. Je viens de me raser la barbe et ma femme n’aime pas. Elle veut la full barbe !

everyone has a beard and wears plaid shirts. I just shaved off my beard, and my wife doesn’t like it. She wants a full beard!

MARCO : Elles veulent la full barbe !

MARCO: THEY want a full beard!

Rock’n’Roll encore et toujours ?

Rock’n’Roll now and forever?

JOHN : Personnellement, ça me rend fou toutes ces catégories

JOHN: Personally, all these music labels drive me crazy. When I

que l’on donne à la musique. Quand j’étais gosse, je pensais que les 15 meilleures années de la musique, c’était à partir du moment ou les Beatles ont fait du psychédélique, jusqu’à ce que Bon Jovi explose. J’allais aux concerts et je voyais des groupes comme Black Sabbath avec du blues en première partie. Je ne comprends pas toute cette compartimentations, ces séparations. Si tu regardes, dans mon iPod, j’ai du Frank Sinatra, Sade, Led Zep et même du rap. Tu peux tout mettre dans le même pot et les mélanger, faire du Cookie-Rock !

was a kid, I thought the best 15 years of music, started the moment when The Beatles were making psychedelic music, up until Bon Jovi exploded on the scene. I went to concerts to see groups like Black Sabbath with Blues opening acts. I don’t understand all of this categorizing. If you look at my iPod, I have Frank Sinatra, Sade, Led Zep and even some Rap. You can put everything in the same bowl and mix them up, and make some Cookie-Rock!

MARCO : L’industrie est basée sur le profit. S’il y a quelque chose qui marche bien, l’industrie voudra que tu le fasses de la même façon. L’industrie s’est un peu «autodétruire». Même le jazz, Take 5 de Dave Brubeck, c’est juste une partie instrumentale qui passait à la radio. C’est devenue un tube populaire ! C’était magnifique ! L’industrie était si pure et innocente. C’était basé sur des valeurs artistiques contrairement à des valeurs monétaires. Dans le rock, on peut parler de Nirvana. Après eux, il fallait être grunge, fallait dire ce que tout le monde n’osait pas dire : on n’est pas contents !

MARCO: The industry is based on making a profit. If something

Le Rock en France

Rock in France

JOHN : J’ai déjà joué en France mais pas à Paris, j’ai surtout été ici pour rencontrer la presse. Demain sera ma première fois.

JOHN: I’ve already played in France, but not in Paris. I was here mainly for the Press. Tomorrow will be my first time.

MARCO : La France a toujours su garder sa propre identité, de

MARCO: France has always been able to keep its own identity, in

tellement de façons. Je suis venu ici avec plusieurs groupes dont un groupe de jazz et les toutes petites salles acoustiques étaient démentes ! Vous savez apprécier les bonnes choses. Mais nous ne venons pas souvent ici parce que nous sommes des States et politiquement, il y a pas mal de petites merdes entre nous… Sinon on a fait Marseille avec les ZZ Top et c’était génial ! Surtout la bouffe (Rires.)

so many ways. I’ve been here with so many groups, one Jazz, and all of the small acoustic venues were totally off the hook! You know how to appreciate the good things. But we don’t come here very often because we’re from the States and politically, there’s a lot of shit going on between us… Otherwise, we’ve been to Marseille, with ZZ Top and it was awesome! Especially the food… (Laughs.)

works well, the industry wants you to do it the same way. It’s a little “self-destructive”. Even Jazz, Dave Brubeck’s Take 5, it’s just an instrumental that was on the radio. And it became a hit! That was fantastic! The business was so pure and innocent. It was founded on artistic values, as opposed to financial ones. As for Rock, take Nirvana. After them, you had to be Grunge, no one said what needed to be said: we’re not happy!

Interview par Nicolas Petin et Mehdi Sotot / Photo : Julien Lachaussée 46





JOHN : Aux States, quand on a une maison des années 50, c’est historique. Ici, il y a des bâtiments qui ont 500 ans, il y a tant d’histoire. J’y ai probablement passé les meilleures nuits de ma vie ! Ça impliquait une incroyablement belle directrice de vente et un sac de weed (avec l’accent français) c’était putain de ouf.

JOHN: In the States, if you have a house from the 50s, it’s an antique. Here, you have buildings that are 500 years old; there’s so much history. I’ve probably had the best nights of my life here. That involved an incredibly beautiful sales director and a bag of weed (with a French accent). It was insane.

Où serez-vous dans 20 ans ?

Where will you be in 20 years?

MARCO : Dans 20 ans, j’aurais 120 ans donc je ne sais pas…

MARCO: In 20 years, I’ll be 120, so I have no idea… (Laughs.)

(Rires.)

JOHN : Je dis toujours : «Forward Momentum» même si c’est des pas de bébé. J’essaie de ne pas voir trop loin dans le futur. Je peux sortir dans la rue et me faire écraser par un satellite. Je m’inquiéterai de demain, demain quand je me réveillerai, si je me réveille demain...

JOHN: I always say: “Forward Momentum” even if it’s baby steps. I try not to look too far into the future. I can walk out into the street and a satellite might fall on my head. I’ll worry about tomorrow when I wake up tomorrow, if I wake up tomorrow…

MARCO : J’aurai 65 ans dans 20 ans. Je ne sais pas où on sera.

MARCO: I’ll be 65 in 20 years. I have no idea where we’ll be.

On veut juste faire la différence.

We just want to make a difference.

Le rap ? La pop ?

Rap? Pop?

MARCO : Il y a du bon rap. J’ai des enfants, donc j’écoute tous les

MARCO: There is some good Rap. I have kids, I listed to all that Pop stuff, and it’s inspired by Rap. Everything has a Rap groove.

trucs pop et c’est inspiré du rap. Tout a un groove de rap dedans.

JOHN : Il y a tellement de styles différents. Je viens du Tennessee et j’ai des potes qui me balancent des artistes country que je ne connais même pas ! Mais j’aime les classiques : 2Pac, 50 Cent étaient bons aussi. Si tu aimes le rap, c’est cool mais écoute de tout ! Essaye de peindre un tableau avec une seule couleur, genre un paysage avec que du jaune. Ça va être bizarre.

JOHN: There are so many different styles. I’m from Tennessee, and I have some friends who played some Country artists for me who I don’t even know! But I like the classics: 2Pac, 50 Cent were good. If you like Rap, that’s cool, but listen to a bit of everything! Try to create a painting with only one color, like a landscape with just yellow. It’ll be totally weird.

Cuba...

Cuba...

JOHN : Il faut comprendre l’histoire du pays, ce qui s’est passé

JOHN: You have to understand the history of the country, what

entre les USA et Cuba. Il n’y avait plus rien... Il faut savoir que tous les instruments et les accessoires étaient fabriqués aux States. Les musiciens devaient envoyer de l’argent à des connaissances aux USA et espéraient recevoir une boite de corde. Ça ne change rien à leur amour pour la musique. Ils étaient tellement contents que l’on soit là. D’ailleurs si vous voulez vivre un week-end de fou, allez là-bas ! Avant qu’ils y installent des Starbucks !

happened between the USA and Cuba. There was nothing left… You might not have known that all the instruments and accessories were manufactured in the States. Musicians had to send money to people they knew in the USA, and hope they’d get a pack of strings. It didn’t change their love for music. They were so pleased we were there. By the way, if you want have a great weekend, go over there, before they put up Starbucks everywhere!

MARCO : On leur a laissé plein de trucs et on a joué avec des artistes locaux, c’était très inspirant.

MARCO: We gave them a lot of stuff, and we played with local

Un invité mystère dans le prochain album ?

A mystery guest on the next album?

JOHN : Mon rêve de gamin serait de m’assoir et d’écrire juste une chanson avec Paul McCartney. Ça pourrait arriver…

JOHN: My childhood dream is to sit down and write just one song with Paul McCartney. It could happen…

MARCO : Faites-le lui savoir !

MARCO: You gotta tell him!

artists; it was really inspiring.

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Jeff

Made In France

Nous avons rencontré Jeff au restaurant Dame Jane, où il officie en tant que chef, prêt à découper tout ce qui lui passe entre les mains. Les couteaux, c’est mon truc m’a t-il dit, les lames qu’elles soient françaises, japonaises ou d’ailleurs n’ont aucun secret pour lui. Pensiez-vous que Barberline pouvait s’intéresser à la bouffe ? La réponse est Oui, nous sommes de bons mangeurs même si ce sont ses tattoos, sa barbe, ses punchlines et son style que nous voulions vous faire partager.

We caught up with Jeff at the restaurant Dame Jane, where he works as a chef, ready to cut up anything he can get his hands on. Knives are his thing, he says. French, Japanese, none of them hold any secrets for him. Did you actually think that Barberline is interested in food? Yes, we like to eat, but we wanted to share his tattoos, his beard, his punch lines and his style with you, while drinking a delicious organic coffee.

Pourquoi t’être lancé dans la cuisine il y a 20 ans ?

Why did you get into cooking over 20 years ago?

J’étais un gamin qui n’allait pas trop en cours et l’école venait plus me chercher que je n’y allais. Puis un jour, on m’a dit qu’il valait mieux que je fasse quelque chose de ma vie sinon je risquais d’être mal barré.» Je me suis donc dit que j’allais faire un apprentissage et je suis tombé dans les fourneaux. J’ai toujours aimé la bouffe et c’est grâce ma mère. J’ai fais deux ans d’apprentissage puis à cause des ordres, j’ai décidé d’arrêter. À l’époque, ce n’était pas la même ambiance en cuisine...

I was a little kid who didn’t go to class much, and they came looking for me more than I went. Then, one day, I was told I’d better do something with my life, otherwise, I’d be in big trouble. So, I told myself that I’d do an apprenticeship, and I ended up in the kitchen. I’ve always liked food, because of my Mom. I did two years as an apprentice, then decided to stop, because of all the being ordered around. At that time, it wasn’t the same ambiance in the kitchen as there is today.

Quelle était la différence ?

How was it different?

Par exemple, mon chef se cachait lorsqu’il préparait son foie gras. Il n’apprenait pas à ses assistants, du coup les seconds ne savaient pas le faire. Ça lui permettait de garder sa place Maintenant tous les chefs montrent leur façon de travailler. C’était une ambiance très carrée, très militaire. Pendant deux ans, un apprenti ne coupait que de la salade ou faisait le ménage. C’est un peu comme les tatoueurs, avant ils ne montraient pas comment ils tatouaient. Au final, j’ai envie de te dire : « Les tatoueurs, ça reste des cons comme les cuisiniers ! » (Rires.)

For example, when the chef I worked under made his foie gras, he would hide while he was doing it. Today, chefs all show how they do things. Even if he had assistants, the sous-chefs didn’t know how to do it. He kept his position that way. It was a totally strict, military environment. For two years, an apprentice would only cut lettuce, or mix things. It’s similar to tattoo artists; in the past, they wouldn’t show how they tattooed. In conclusion, I’d like to say: “Tattoo artists are just as stupid as chefs!” (Laughs.)

Comment as-tu évolué dans ce métier ?

How were you able to move up in your trade?

Déjà, je suis amateur de cuisine, le plus gros de mon budget va dans les restaurants. J’ai mangé dans des palaces, chez des chefs étoilés au guide Michelin. Je suis passionné de bouffe. Puis mes plats viennent tout seul, je suis autodidacte. Je regarde les produits et c’est comme un jeu de couleur. Je ne mélange pas certaines couleurs avec d’autres et une fois que tu as les bases, tu sais les produits qui marchent et ceux qui ne marchent pas ensemble.

First of all, I’m a food-lover. Most of my budget goes to eating out. I’ve eaten in luxurious hotels and at Michelin-starred restaurants. I’m passionate about food. My dishes come naturally to me, though I’m self-taught. I look at the products and it’s like a color game. I don’t mix certain colors with others, and once you have the basics, you know what works and doesn’t work together.

Et 20 ans après ?

And 20 years later?

Je me suis remis comme à mes débuts. Professionnellement, le prêt-à-porter ne paie plus. Je voulais faire un apprentissage de sellier, et finalement, un pote chef cuisinier m’a dit : «Pourquoi tu ne reprendrais pas la restauration?». Donc j’ai commencé par des extras quelques jours, puis plus souvent... c’est comme ça que j’ai repris la cuisine. C’est que je sais cuisiner ! (Rires.)

I’m back like I was in the beginning. Professionally, there’s no money in prêt-à-porter anymore. I wanted to do an apprenticeship as a saddler, and in the end, a chef friend of mine told me: “Why don’t you take up restauration again?” So I started doing extra days, then more and more often… that’s how I got back into cooking. I do know how to cook. (Laughs.)

Interview par Nicolas Petin et Mehdi Sotot / Photo : Julien Lachaussée 52



Et tu penses quoi des produits bio ?

And what do you think about organic products?

Je vais chercher mes produits bio chez un artisan qui ne revendique pas qu’il l’est. Je me fous de l’étiquette bio, ceux qui en ont une, c’est qu’ils ont travaillé avant de pouvoir se l’acheter. Ils n’avaient peut-être pas une bonne terre et ils l’ont travaillé pour pouvoir retirer leur étiquette. Faut avoir les moyens de se payer cette étiquette à la con tu sais !

I get my organic products from an artisan who doesn’t claim that he is. I don’t care at all about the organic label; who has one, who’s had to work before being able to buy one. Maybe their soil wasn’t good and they had to work to be able to get the label. You gotta have the means to be able to pay for idiotic label, you know!

Parlons tattoo : As-tu souvent des remarques sur tes tatouages ou sur ton style ?

About tattoos: do you often get remarks about your tattoos or your style?

NON, ça n’inquiète que les beaufs ou quelques provinciaux, ça inquiète les gens qui ont des oeillères. En même temps ceux qui ont des oeillères je ne les calcule pas, je les laisse dans leur merde.

No, local yokels and rednecks worry about that stuff; people who have blinders on! I don’t even give those types the time of day; I leave them in their own shit.

Ton premier tattoo il date de quand ?

When did you get your first tattoo?

Je me suis fait tatouer cette merde sur l’épaule à l’âge de 17 ans. D’ailleurs je vais bientôt le faire recouvrir... Hein Tu veux le voir ? Je ne te le montrerai pas (Rires.).

I got this crappy tattoo on my shoulder when I was 17, which, by the way, I’m going to get covered up soon… What, you wanna see it? I won’t show it to you! (Laughs.)

Alors c’est que tu regrettes tes tatouages pour les recouvrir ?

So do you regret getting those tattoos if you have to cover them up? Do I regret having them?

Je les regrette ? Pas du tout... Les recouvrir ne veut pas dire que je les regrette. Il n’y a que les cons qui ne changent pas d’avis. Je veux juste passer à autre chose, et du tout noir ça se marie avec tout. L’idée du bariolé, ça ne se marie avec pas grand chose.

Not at all... covering them up doesn’t mean I regret getting them. Only idiots don’t change their minds. I just want to move on to something else, and black goes with everything. Tie-dye really doesn’t go with much of anything.

Tu as sûrment des petites anecdotes sur tes tatouages ?

You must surely have some anecdotes about your tattoos?

J’ai des mouches à merde pour chercher la merde. (doigt d’honneur) (Rires.). Je me fais tatouer à chaque fois quand je suis bourré. Par exemple le crâne je l’ai fait à 5H du matin, après je ne sais pas combien de D**** ... Tu as compris le délire.

I have some dung flies for stirring up shit. (middle finger - Laughs.) I get a tattoo every time I’m drunk. For example, I had my skull done at 5 a.m. one morning after I have no idea how many drugs… you get the picture.

J’ai vu que tu étais à fond sur Instagram...

I saw that you’re constantly on Instagram...

Non je m’en fous, je poste pour le plaisir. Ça fait un an et demi que je poste sur Instagram et je pense que les gens me suivent pour mon délire. En fait je me fais des séries de trois, vu que le mur instagram est par 3 photos. Je cherche les trucs bof, les trucs les plus moches. Là, je suis à la recherche du gâteau le plus moche, le plus mauvais look, tout ce qui est moche (Rires.). Tout le monde veut poster du beau alors que moi je veux poster du moche.

Nah, I don’t really care; I just post for fun. I’ve been posting for a year and half now, and I think people follow me because of my insanity. In fact, I make series of three, since Instagram’s wall shows only three photos. I look for stuff that kinda sucks, the ugliest stuff. Right now, I’m searching for the ugliest cake and the worst look: everything that’s grotesque. (Laughs.) Everybody wants to post beautiful things, but I want to post unsightly things.

Tu ne mets pas de hashtag ?

You don’t type a hashtag?

NON, Je fais ce que je veux, j’ai pas envie de parler au monde, j’ai juste envie de montrer ma photo. C’est tout !!

No, I do what I want. I don’t feel like talking to the whole world. I just want to show my photos. That’s it!

Pour finir : Tu n’as jamais rasé ta barbe ?

To finish up: did you ever shave your beard?

Si, une fois quand j’ai pris feu dans un restaurant. J’étais entrain de boire de la poire dans un restaurant dégueulasse qui servait des fondues savoyardes. J’ai fait tomber l’alcool puis ça a pris feu et ma barbe s’est enflammée. Donc j’en ai perdu ma barbe (Rires.) d’ailleurs j’avais une sale gueule après ça.

Yeah, one time, when it caught on fire in a restaurant. I was drinking some pear liqueur in a disgusting Savoyard fondue restaurant. I dropped the alcohol, it caught on fire and my bear went up in flames. So, I lost my beard (Laughs.). By the bye, I was looking pretty rough after that.

Et la meilleure chose qui te soit arrivée avec ta barbe ?

And what’s the best thing that’s happened to you with your beard?

Je ne peux pas en parler... (Rires.).

J’avais oubié : des futurs projets dans la cuisine ? Ouvrir un restaurant... On va fait faire un braquage de banque ensemble avec des couteaux de cuisine et des borsalinos (Rires.).

I can’t talk about it ... (Laughs.) I forgot one thing: any future projects in the kitchen? Open a restaurant ... We’ll rob a bank together with some kitchen knives and some fedoras Borsalino. (Laughs.)

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EDITEUR

FILO SERIOUS PUBLISHING Nous lisons énormement de livres et nous faisons très rarement attention à l’éditeur, ce petit nom qui publie vos livres préférés. Alors quand nous avons appris que l’un des éditeurs de Serious Publishing était un grand fan de bécane, de rock et un inconditionnel de la pop culture, nous nous devions de le rencontrer pour en apprendre un peu plus sur sa maison d’édition qui publie des ouvrages pas comme les autres. Filo nous a ouvert les portes d’un ancien garage transformé en loft pour discuter de ses livres et de la culture underground. En 2005, vous aviez sorti un magazine sur la culture populaire du nom de «CULTures», un mélange de références artistiques sur la pop culture. Oui, c’est un projet qui a mis du temps à sortir car je ne connaissais pas le monde de la presse. Mais j’avais cette idée en tête depuis longtemps. On a mis des années avant de sortir le n°1, malheureusement il n’y a pas eu de n°2. C’était une super expérience, pleine de rencontres, ce qui m’a beaucoup appris.

We read a huge amount of books without actually paying attention to who the publisher is, maybe the little name of the company that publishes your favorite books. So, when we discovered that someone who worked at Serious Publishing was a fan of biking, rock, and an out-anout fan of pop culture, we had to meet him to learn a bit more about this publisher who puts out books unlike all the others. Filo welcomed us into a garage that had been transformed into a loft, to discuss their books, and underground culture. In 2005, you published a magazine on popular culture, called CULTures, a mixture of artistic references on pop culture. Yes, it was a project that took time to be released because I didn’t have many contacts in the Press. But I had had that idea in my head for a long time. It took us years to put out the first one, and unfortunately, there wasn’t a second one. It was an amazing experience; I met a lot of people and they taught me many things.

C’était en quelque sorte un «Tracks» version papier...

It was a sort of Tracks, but on paper...

Je n’avais jamais fait le rapprochement avec Tracks et c’est un compliment. C’est une émission que j’adore même si je n’ai pas la TV (rires). L’idée était de faire découvrir plein d’influences sur la culture populaire, musique, cinéma, tattoo, littérature etc.

I never made the connection with Tracks, but it’s a compliment. I love that show, even if I don’t own a TV (Laughs.). The idea was to make known a large amount of influences on popular culture, cinema, tattooing, literature, etc.

Vous avez créé votre maison d’édition du nom de «Serious Publishing» et vous avez réalisé plusieurs livres sur l’imagerie des films pour adulte. Que pensez-vous de l’évolution du monde de la pornographie ?

You created your own publishing house, called Serious Publishing, and you’ve released a number of books with images from adult films. What do you think about the evolution of the pornography sector?

C’est très hypocrite, c’est à la fois tabou et non, on n’a jamais eu autant de facilité à accéder à mille trucs en même temps avec internet, les DVD... Un gonzo est super accessible, en deux clics, tu as accès à des univers que tu n’imaginerais même pas. La censure est présente et en même temps hypocrite, il y a des choses de l’époque qui ne pourraient plus sortir aujourd’hui. C’est une évolution dans l’art et la façon de voir les choses. Ça ne va pas disparaître, mais les moyens techniques ou les réseaux de distribution sont différents. Il y en a encore qui travaillent avec des scénarios et un état d’esprit d’ancien réalisateur porno.

It’s highly hypocritical, at once taboo and not. We never had such easy access to a million things at one time like we do with the Internet, and DVDs… A gonzo is simple to get your hands on, in two clicks, you can enter a universe you’ve never even imagined. Censorship is there, but is also hypocritical. There were things in the past that couldn’t be released today. It’s an evolution in art and they ways of seeing things. It won’t disappear, but the technical means or the distribution networks are different. Some people still work with scenarios and the mindset of a veteran porn director.

Interview par Mehdi Sotot / Photo : Julien Lachaussée 56



Chez Serious, vous parlez souvent des faces underground de la culture populaire. Avec le livre «Vikings et Panthers» par exemple, les photos révèlent un état d’esprit...

At Serious, you often speak about the underground faces of popular culture. With the book Vikings and Panthers, you’ve brought back a frame of mind focused on photography.

C’est une époque que j’ai vécue avec des personnes que je fréquentais peu car j’étais plus dans le milieu de la moto. On se croisait lors de concerts, ils avaient une grosse réputation sur Paris. Quand j’ai réussi à remonter la trace du photographe qui avait partagé leur quotidien pendant des mois : leur soirées, leurs virées, leur bastons... J’ai retrouvé dans les photographies certaines figures que je connaissais (Rires.) et vu la qualité des photos, je me suis dit que cela méritait un livre qui raconterait leurs histoires. D’ailleurs, j’ai été super surpris de certaines réactions lorsque nous avons annoncé la sortie du bouquin. On a été inondé de messages de personnes qui avaient eu des embrouilles avec ces mecs là, qui avaient pris une gifle ou s’étaient battus avec eux, comme-ci cela faisait 48H. Ils étaient encore traumatisés, c’est une époque qui a marqué les esprits.

It was a time I was living with people who I didn’t see very often, because I was totally in to the motorcycling world. We saw each other at concerts; they had a huge reputation in Paris. When I was finally able to track down the photographer who was with them like every day for months – their parties, their joyrides, their fights – I rediscovered in those photos certain people that I knew (Laughs.), and seeing the quality of the photos, I told myself that they deserved to be in a book that told their stories. By the way, I was totally surprised by some people’s reactions when we announced the book was to be released. We were inundated with message from people who had had run-ins with those guys, who’d been in a fight with them, as if it had just happened two days ago. They were still traumatized; it was a time that marked them.

Est-ce un choix artistique d’avoir illustré le chapitre des Hells Angels Paris sous forme de livre photographique ?

Is it an artistic choice to have illustrated the Hell’s Angels period in Paris as a photography book?

Beaucoup de lecteurs qui se posent la question, pourquoi il n’y a pas plus d’explications dans le bouquin ? Au départ, l’idée de faire un livre est venue du photographe Alain Fretet, qui suivait le club depuis pas mal d’années. Moi qui ai beaucoup de contact avec le club, ça me paraissait tout naturel de le faire éditer chez nous. Il faut savoir qu’il y a énormément d’étapes de validation internationale avant que le projet puisse sortir. À la suite de ça, nous avons réfléchis à l’image photographique du livre. En parlant avec le club de Paris, ils étaient tous dans l’optique de mettre l’image en avant, afin de laisser parler l’imagination des gens.

A lot of readers ask the same question: why aren’t there more explanations in the book? In the beginning, the idea to make a photography book was photographer Alain Fretet’s idea; he’d been a fan of the club for years. Because I had a lot of contact with the club, it seemed entirely natural to me for us to print it. You have to realize that a huge amount of phases of international approval exist, before a project like this can be released. After that, we thought about the photographic image of the book. Speaking about the Paris club, they were totally in line with putting the image in the forefront, so people could use their imaginations.

Pourquoi avoir choisi Alain Fretet en tant que photographe ?

Why did you choose Alain Fretet as the photographer?

Le club a souvent dit non à ce genre de projet, car beaucoup de propos ont mal été utilisés ou mal interprétés dans le passé. Quand Alain s’est présenté avec son travail, ça c’est fait naturellement car il a un état d’esprit très proche de celui du club. Il roule en moto, il est présent lors des événements et c’est important pour le club de voir un photographe qui est déjà implanté dans le même univers.

The club had often said no to this type of project, because a lot of claims were misused or misinterpreted in the past. When Alain came in with his work, it just fell into place, because he has a way of thinking that is quite similar to the club’s. He rides a motorbike, he attends all the events, and it’s important for the club to see a photographer who’s already part of the same universe.

Votre nouveau projet est un livre sur Pigalle qui suit la même ligne éditoriale des bouquins précédents. Y-a-t-il un sujet en particulier que vous auriez voulu traiter ?

Your new project is a book on Pigalle, which follows the same editorial style as the previous books. Is there a subject in particular that you’d like to cover?

Nous avons deux projets qui sont compliqués à monter car il nous faut trouver un maximum d’archives. On passe beaucoup de temps à rechercher l’iconographie dans nos sujets, ce qui peut prendre des années. Notre livre Bikers était pratiquement dépourvu d’images et nous avons mis presque deux ans avant de pouvoir trouver toute la matière pour illustrer ce livre. Le premier est un gros projet sur le catch français des années 50 jusqu’aux années 80. Ça fait déjà 3 ans qu’il est en route et c’est difficile de retrouver toute la documentation alors nous guettons dans les vide-greniers, les brocantes, les sites internet. Le 2ème bouquin, c’est un sujet assez atypique, ce sera sur les nains dans toute l’histoire du cinéma (Rires).

We have two projects that are difficult to get off the ground, because we have a large amount of archives to find. We spend a lot of time doing iconographic research on our subjects, which can take years. Our book, Biker, had practically no images and it took us almost two years before being able to find all the material to illustrate that book. The first is a huge project on French wrestling from the 50s to the 80s. We started it three years ago, and it’s difficult to find all the documentation, so we’re always scouring yard sales, second-hand stores, and websites. The second book has a fairly atypical subject: about dwarves throughout the entire history of cinema (Laughs.).

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ACTEUR

SIMON ABKARIAN

MOI JE NE SUIS PAS COOL / JE NE SUIS PAS TON POTE Nous avons rencontré Simon Abkarian après l’un de ses concerts avec les Rhythm Men, son groupe de Rock & Swing. Chemise hawaïenne rouge à la Scarface, Simon est l’un des acteurs français les plus controversés de sa génération. Il ne mâche pas ses mots et autour d’un verre de vin, il nous raconte comment le théâtre est venu à lui et surtout ce qu’il pense du monde. Acteur et auteur, Simon Abkarian nous a fait beaucoup rire dans Kaboul Kitchen mais ce qu’il préfère, c’est interpréter les Bad Boys à la Japonaise. La faconde est sa forme d’expression son sourire dévoile son humanité et l’engagement et la passion

We met up with Simon Abkarian after one of his Rock Ab concerts. In a red Hawaiian shirt à la Scarface, he’s one of the most controversial French actors of his generation. He’s not afraid to speak his mind. While having a glass of wine, he explained to us how he got involved in the theater, and especially what he thinks about the world. Actor and author, he made us laugh a lot in Kaboul Kitchen, but he prefers being a Japanese-style bad boy. Excess is how he expresses himself, but his smile, however, shows us his more human side, which has sometimes been affected by France.

son chez-lui une seconde nature. C’est quoi la musique pour vous ?

What do you think about music?

Tu sais, les gens qui n’écoutent pas de musique me font peur ! Avant d’être dans le théâtre, j’étais dans la musique, le swing, le jazz... La musique c’est une matière qui t’unie aux autres dans le partage.

You know, people who don’t listen to music scare me! Before the theater, I was into Swing and Jazz music… Music is something that unifies you with others in sharing the experience.

Plus que le théâtre ?

More so than the theater?

Le théâtre aussi... mais il s’est quelque part embourgeoisé. Tu sais à partir du moment où ça veut dire quelque chose musicalement, qu’il y a un son fort et unique, une parole dite par des gens qui ont besoin de l’exprimer alors moi j’adhère. Dans la musique que j’aime, les artistes dénoncent la société, vue par la vision du peuple.

The theater, too... but it’s become a bit gentrified. You know right away when something is good musically; it has a powerful and unique sound, or words sung by people who have something to say. I embrace that. In the music I love, artists condemn society, and look through the people’s eyes.

Comme dans le hip hop...

Like in Hip Hop...

Je pense que si j’avais eu 20 ans dans les années 80, j’aurais aimé le hip hop. Je n’aurais pas pris de cours de danse de hip hop, mais j’aurais appris dans la rue, ça c’est sûr. On l’a institutionnalisé commercialisé et on l’a tue dans l’œuf. Aujourd’hui, la danse hip hop c’est devenu des ballerines.

I think that if I’d been 20 in the 80s, I would have loved Hip Hop. I wouldn’t have taken dance classes, but I would’ve learned it in the streets, that’s for sure. All of a sudden, it became institutionalized and commercialized, and we killed it before it was born. Today, Hip Hop is like ballerina dancers to me.

Est-ce que la rue vous a influencé dans votre carrière ?

Was your career influence by anything from the streets?

Naturellement, je ne viens pas d’un milieu bourgeois, et être bourgeois ce n’est pas un mal. Moi la rue, c’est mon monde, mon imaginaire. Quand je suis arrivé du Liban, j’avais 16 ans, j’étais livré à moi-même. J’ai écouté cette musique qui m’a plongé dans la rue et dans la nuit.

Naturally, I don’t come from a bourgeois environment, and being middle-class is not a bad thing. The streets for me are my world, my imaginary world. I was 16 when I arrived in Lebanon, and totally on my own. I listened to music that plunged me into the depths of the street and the night.

Interview par Nicolas Petin et Mehdi Sotot / Photo : Julien Lachaussée 60



Lorsque nous avions interviewé Filo de Serious Publishing, nous sommes tombés sur votre photo dans le livre Vikings & Panthers. Vous évoquez cette époque-là quand vous dites «la rue et la nuit» ?

When we interviewed Filo from Serious Publishing, we came across your photo in the book, Vikings & Panthères. It that the period you’re talking about when you say, “street and night”?

Oui, c’est dans les années fin 70/80. C’était une époque de fou, où les classes sociales se mélangeaient encore, aux Bains Douches ou au Palace. On pouvait retrouver toutes les catégories sociales et toutes les couleurs de peaux dans un même endroit.

Yeah, it was at the end of the 70s, beginning of the 80s. Those were wild times, when people of all social classes were still mixing together, at the Bain Douche and Le Palace. You could find people of all shapes and sizes in the same place.

Comment pourriez-vous expliquer ce changement... ?

How do explain the change?

Le néolibéralisme... Il n’y a pas plus à dire... On cherche à séparer les gens : toi tu es beau, toi tu es gros, toi tu es arabe, toi tu es gentil...

Neoliberalism ... there’s nothing else to say ... People are always trying to divide: you’re beautiful, you’re fat, you’re an Arab, you’re nice...

Dans vos choix artistiques aviez-vous l’impression de faire en sorte que ça change ? Je ne vous imagine pas aller au conservatoire...

Do you have the impression that you’ve tried to change things, via the artistic choices you’ve made? I can’t see you going to a conservatory.

Je ne pouvais pas aller au conservatoire, je n’étais pas dans ce créneau. J’ai été prof là-bas après le Cirque du Soleil. Pour entrer au conservatoire, il faut avoir fait deux ans d’études dans une école privée de théâtre. Si tu n’as pas fait ça, tu ne peux pas y aller donc en résumé, si tu n’as pas d’oseille, tu ne peux pas... Donc 95% des élèves se font payer leurs études par papa-maman et les 5% restant ont trimé comme des ânes. Tu ne verras jamais un noir ou un chinois au conservatoire. Il faut donc inventer des écoles parallèles pour accueillir d’autres classes sociales comme le Théâtre du Soleil où il y avait 17 nationalités différentes.

I couldn’t go to the conservatory. I wasn’t from that world. I was a teacher over there, after the Cirque du Soleil. To get into a conservatory, you have to have studied two years in a private theater school. If you didn’t do that, then you didn’t get in, so, in short, if you’re not loaded, you can’t do it. Consequently, 95% of the students have their studies paid by mommy and daddy, and the other remaining 5% work their asses off. You’ll never see a Black or a Chinese person at the Conservatory. Other schools had to be created outside those for other social classes, like the Théâtre du Soleil, which included 17 different nationalities of students.

Est-ce pour cela que vous avez choisi le Théâtre du Soleil ?

Is that why you chose the Théâtre du Soleil?

Le Théâtre du Soleil, c’est une longue histoire... Au tout début, c’est mon ami Julien Morel qui étudiait là-bas. Puis j’ai passé une audition que j’ai réussi au moment où Julien quittait l’école après 8 années d’études. Inconsciemment, j’ai suivi les traces de mon ami. Ce n’était pas qu’un théâtre artistique ou d’art, c’était aussi un théâtre politique et engagé. Or aujourd’hui, on dit faire de la politique ou du cinéma engagé. On en est arrivé au point où le mot politique devienne un gros mot. Quand tu regardes Rambo qui fait le ménage tout seul sans passer par un juge fédéral... C’est un acte politique. Et maintenant, les mecs calculent le gramme de noir, le gramme de blanc, le gramme d’hétéro ou de gay qu’ils veulent dans leur film. On vit dans un monde super policé.

It’s a long story about the Théâtre du Soleil... In the very beginning, my friend Julien was studying there. Then, I passed an audition at the same time he left the school, after having studied eight years there. I unconsciously followed in his footsteps. It wasn’t just an artistic theater and art, it was also political and activist. Today people say they “do” politics, or socially engaged cinema. We’re now at the point where the word “political” has become a bad word. When you watch Rambo cleaning house all by himself without the help of any court or judges… that’s a political act. And now, people are calculating each gram of Black, White, hetero or gay they want in their films. We’re living in a highly policed state.

Faites-vous attention à cela quand vous choisissez vos personnages ?

Is that something you take into account when you choose the characters you would like to portray?

Je ne fonctionne pas par personnage, bien-sûr c’est important ce que je dois jouer, mais je fonctionne surtout par la nature du projet. Après j’ai besoin de travailler, les chefs-d’œuvre, on les fait tous les dix ans. Le reste du temps, on survit ! Moi je n’ai rien contre l’argent, mais c’est l’argent qui a un problème contre moi. Qui veut annihiler mon esprit et ma liberté. Je sais ce qu’est ma liberté. Quand je ne pourrai plus regarder dans les yeux de la nouvelle génération, c’est que je me serai fait baiser.

I don’t choose in relation to the character per se; of course, the role I have is important, but I choose especially in relation to the nature of the project. In the end, I have to work. Masterpieces only come around every ten years or so; the rest of the time we just have to survive! I don’t have anything against money, but money has a problem with me. It wants to annihilate my mind and my freedom. I know what my freedom is. When I can no longer look into the eyes of the next generation, I know I’ll be screwed.

Que penses-tu de cette nouvelle génération ?

What do you think of the next generation?

Je pense qu’il faut dire les choses et à force de dire les choses ils entendent. Si tu changes la vie d’une personne, en étant honnête et sans t’en apercevoir alors tu peux sauver le monde. À l’inverse, si tu détruis une personne, tu peux détruire le monde. Quand j’étais

I think things need to be said, and repeating them a number of times, they hear you. If you change one person’s life, in all honesty and without realizing it, you can save the world. On the contrary, if you destroy someone, you can destroy the world. When I was on

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en Corse, je me suis rendu compte qu’ils étaient dingues de leur terre. Moi, j’écrasais mes mégots et je les mettais dans ma poche alors que je ne le fais même pas à Paname. Pourquoi le faire là-bas et pas à Paname... Car eux ne laissent rien passer. Je pense que la nouvelle génération a besoin de fessées, des fois on a besoin de quelqu’un pour nous dire qu’on ne se comporte pas bien.

Corsica, I realized they were totally obsessed with the land. I put out my cigarettes and kept the butts in my pocket, even though I wouldn’t even do that in Panama! Why do it there, and not in Panama? Because they don’t let anything slip. I think the new generation news a kick in the butt; sometimes we need someone to tell us we’re not acting right.

Vous avez dit une fois que vous étiez acteur pour l’amour des gens...

You once said that you were an actor for the love of people...

Un jour on m’a demandé : «Pourquoi es-tu acteur ?» et j’ai eu du mal à répondre. J’aime bien représenter les humains, et quand je parlais d’une fessée juste avant, je parle aussi des acteurs. Il y a des acteurs... quand tu les regardes jouer, tu te dis : C’est une blague ! On dirait qu’il s’est mis une craie dans le cul et qu’il tourne. Il n’y a pas de tripes, rien, pas de souffrance... Il faut s’ouvrir aussi à la réaliser... «Moi je ne suis pas cool, je ne suis pas ton pote alors je ne suis pas cool...» Tout ça a été aplati au fil du temps. Tu vois à force de parler de «Coolitude», les gens ont oublié ce que c’est qu’être cool. Être cool, c’est quelqu’un qui est capable de t’arracher la bouche et qu’il ne le fait pas parce qu’il est magnanime. C’est quelqu’un qui regarde une femme sans la siffler car il est bien élevé. C’est ça être cool !

Somebody asked me one day: “Why are you an actor?”, and I didn’t know how to answer them. I like to represent people, and when I was talking about a kick in the butt just before, that also goes for actors. Some actors… when you watch them act, you say to yourself, “It has to be a joke!” It seems like he put a stick up his butt and they started rolling. There’s no trip, nothing, no suffering… You have to open yourself up in order to do it… “I’m not cool. I’m not your friend, so I’m not cool.” That’s all been straightened out over time. Everyone talks so much about coolitude, they’ve forgotten what cool actually is. Somebody who’s cool is someone who’s able to rip out your mouth, but he won’t do because he’s magnanimous. It’s someone who looks at a woman without whistling at her because he’s well educated. That’s what being cool is!

Dans Kabul Kitchen, vous interprétiez un personnage assez drôle... Etait-ce pour effacer cette image de Bad Boy ?

In Kabul Kitchen, you play a pretty funny character ... Was it to get rid of the Bad Boy image?

Tu sais, si tous les rôles de bad boys étaient bien écrits, je jouerai des rôles de bad boys toute ma vie. Mais j’ai eu des scénarios censés être des comédies qui ne le sont pas. J’ai rencontré Didier Bourdon avec lequel je vais peut-être faire un film. Lui, il est d’une finesse et d’une intelligence, c’est un dandy ce mec ! Mais c’est le regard que les gens posent sur toi qui ne va pas... Par exemple : Toi, tu as ta casquette à l’envers et lui, il a une bebar... Alors aujourd’hui les gens ne veulent pas regarder ce que tu as à l’intérieur, ils vont se figer sur ton apparence et tes résultats. Ils veulent de l’oseille, donc quand ils me voient bon dans un rôle de bad boy, ils me proposent des rôles de bad boys. Ce sont des faignants ! Ils étouffent l’imaginaire des gens, ils étouffent le goût des gens, ils étouffent les rêves des gens...

You know, if all the roles for bad guys were well written, I’d play the bad guy my whole life! But I’ve had scenarios that were supposed to be comedies, and weren’t. I met Didier Bourdon, with whom I might make a film. He’s so subtle and intelligent – the dude’s a dandy! It’s how people see you that isn’t right… For example, you, you have your hat on backwards, and him, he’s got a beard… so people today don’t want to see what you’re like inside, because they’ll get hung up on your appearance and the fruit of your efforts. They want moolah, so when they see me playing a bad guy, they offer me bad guy roles. They just wanna hold people back! They suffocate people’s imaginations, tastes and dreams.

Y-a-t-il des rôles que vous auriez aimer jouer ?

Are there any roles you would have liked to have had?

Un biopic sur mon boucher (Rires). On fait des biopics sur Claude François, alors que nous pourrions en faire sur les héros du peuple... Au final, je ne sais pas répondre à cette question... Je veux rencontrer des gens qui m’étonnent, le reste je m’en fiche !

A biopic about my butcher. (Laughs.) They made a biopic about Claude François, why can’t we make one about a hero of the people? Actually, I don’t know how to answer that question… I just want to meet people who amaze me; I don’t give a damn about the rest.

On s’est demandé si vous aimiez le cinéma Japonais ?

We wondered if you liked Japanese cinema?

Le cinéma japonais est l’une de mes sources d’inspiration principales. J’aime énormément Toshiro Mifune, qui est l’un de mes acteurs préférés au monde avec Chaplin. Ce sont des maîtres absolus, qui ont posé une pierre dans le cinéma, ils sont incontournables.

Japanese cinema is one of my main sources of inspiration. I absolutely love Toshiro Mifune, who’s one of my favorite actors in the world, along with Charlie Chaplin. They are total masters, who have left an unavoidable mark on cinema.

On en est venu à cette conclusion car on sent l’inspiration japonaise dans votre façon de jouer...

We figured that, since we sensed some Japanese inspiration in your roles...

C’est parce qu’il y a de l’outrance dans le jeu. Il n’y rien que l’on ne puisse faire. Regarde les actrices qui font défiler le monde... «Je ne peux pas crier comme ça...» Certain acteur ne bougent même plus la bouche car ça déforme leur visage. Le pire ce sont les acteurs genre Denzel Washington, dans leur contrat il est stipulé que tu ne peux pas le regarder dans les yeux. Moi je ne bosse pas avec eux ! L’ambition n’est pas politique, l’ambition est sociale...

It’s because of the outrageousness that’s in play. There’s nothing we can do about it. Look at the actresses everybody goes to se … “I can’t scream like that.” Some actors can’t even move their mouths anymore cause it distorts their faces. The worst are actors like Denzel Washington: their contracts stipulate that you can’t even look them in the eye. I won’t work with them! Ambition is not political, it’s social.

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L AYL A ZOE NE LA COMPAREZ PAS À JANIS JOPLIN

Dans le blues il y a de la tristesse, de l’amour mais surtout la vérité. Layla Zoe c’est le genre d’artiste qui grâce à sa voix, vous transporte au fond de vous-même. Sentiment, émotion, elle nous confesse que beaucoup d’hommes ont pleuré lors de ses concerts. Layla n’est pas le genre de femme à se cacher derrière sa musique mais à travers ses tatouages traçant l’histoire de sa vie et ses influences. Janis Joplin, Frank Zappa et Bob Dylan sont plus que des artistes pour elle. C’est une inspiration de vie car la vérité est dans le Blues.

In the Blues, you find sadness, love, and especially the truth. Layla Zoe is the type of artist that can take you to the depths of yourself with her voice. She admits that a large number of men have cried at her concerts full of sentiment and emotion. She’s not the kind of woman who hides behind her music, but behind her tattoos that trace the story of her life and influences. Janis Joplin, Frank Zappa and Bob Dylan are more than just artists to her; they’re life’s inspiration, because the truth lies in the Blues.

Interview par Nicolas Petin et Mehdi Sotot / Photo : Julien Lachaussée 66



Quand as-tu réalisé que tu vivrais de ta voix ? Je me suis rendue dans un atelier de blues il y a des années, et les professeurs étaient tous des musiciens professionnels. Beaucoup m’ont dit que je pouvais en vivre. À cette époque j’étais dans un groupe de bar. On ne jouait que le week-end, on faisait des reprises. Puis j’ai commencé à faire mes propres disques sous mon propre nom. J’ai sorti mon premier album en 2005 et je viens tout juste de sortir le 9ème. J’essaie d’en faire un tous les ans. J’ai toujours su que je chanterai.

When did you realize you could make a living from your voice? I went to a Blues workshop years ago, and the professors were all professionals, many of whom told me I could. I was playing in a bar band at that time. We played only on the weekends and only played covers. Then, I started to do my own albums under my own name. I released my first one in 2005, and I’ve just released my 9th. I try to put one out every year. I always knew I would sing.

Quelles ont été tes inspirations ?

What were your inspirations?

Je dirai tout ce qu’il se passe dans ma vie. Sur le dernier album, il y a une chanson sur mon père, qui parle de notre rupture depuis 18 ans et ça me rend triste. En général, ce sont des chansons d’amour, de business blues ou de routine. Il y a aussi une chanson sur la maison de ma mère, sur ce que je ressens quand j’y suis, le calme pur... c’est toute ma vie. La vie des autres est aussi une grande inspiration pour moi. Tu sais, Paris est très inspirant, je vois différentes cultures, je rencontre des gens... Le blues c’est ça ! C’est rencontrer d’autres personnes et d’autres musiques. C’est ce que j’ai toujours voulu. Je rencontre beaucoup d’artistes, et j’écoute de tout. De Slayer à Mozart.

I’d say everything that happens in my life. On the last album, there’s a song about my Dad, which talks about our split that has lasted 18 years, and that makes me sad. In general, they’re usually love songs, business Blues, or songs about routine stuff. There’s also a song about my Mom’s house, about what I feel when I’m there, the pure calm… that’s my whole life. Other people’s lives are a big inspiration to me. You know, Paris is quite inspiring, too; I see different cultures, and meet people… that’s the Blues! It’s meeting other people and other music. That’s what I always wanted. I meet lots of artists and I listen to everything, from Slayer to Mozart.

Pourquoi le blues ?

Why the Blues?

Mon père écoutait du blues et il y avait quelque chose qui était triste et puissant, La vérité est dans le blues. Quand je joue du blues, je donne tout mon cœur et je dévoile montre mon coté triste et sombre. Je dis toujours que pendant mes concerts, j’arrache le cœur des gens, et ensuite je le remets en place. Il y a beaucoup de personnes à mes concerts qui pleurent pour la première fois et souvent ce sont des hommes. C’est important d’atteindre les sentiments des gens parce qu’ils travaillent tous les jours et parfois il y a un sentiment au fond d’eux qu’ils n’arrivent pas à atteindre. Si la musique peut les aider, c’est que ça fonctionne.

My Dad listened to the Blues and there was just something sad and powerful about it. “The truth is in the Blues.” When I sing the Blues, I give my whole heart and show everyone my sad and dark side. I always say that during my concerts, I rip out people’s hearts, and then I put them back where they belong. Lots of people cry for the first time at my concerts, and it’s often men. It’s really important to touch people’s feelings because they work every day, and sometimes there’s a feeling deep inside them that they can’t reach. If music can help them do it, that’s what works.

Le Jazzgame !

The Jazz game!

C’est dur pour tout les musiciens aujourd’hui et peu importe le genre. Au moins avec le blues, je peux chanter jusqu’a ce que je sois vielle et grosse. (rires). Je peux le faire jusqu’à ma mort. Dans la musique pop à un moment les gens n’auraientt plus voulu de moi. J’en écoute pas beaucoup mis à part quelques artistes comme Beyonce, c’est une pile électrique ! Elle a du talent ! J’ai de l’admiration pour les femmes fortes, sensuelles et qui n’ont pas peur de l’être. Dans mon concert je danse et je bouge beaucoup aussi. Il y a beaucoup d’aspects non traditionnel au blues dans mon spectacle.

It’s hard for musicians today, no matter which genre. At least with the Blues, I can sing until I’m old and fat! (Laughs.) I can do it until I die. In Pop music, people wouldn’t have wanted anything to do with me after a time. I don’t listen to many Pop artists, apart from people like Beyoncé – she’s a firecracker! She’s got talent! I admire strong, sensual women, who aren’t afraid to be that way. I dance and move a lot during my concerts as well. There are a lot of untraditional aspects of Blues during my show.

Tes tattoos nous racontent une histoire...

Your tattoos tell a story…

J’ai eu mon premier tattoo à l’âge de 16 ans. Après j’étais en couple avec un tatoueur qui était assez connu dans la scène du tatouage aux Etats-Unis. J’ai commencé à faire les conventions de tatouage de Detroit, Toronto, New York... J’ai été tatouée par beaucoup de grands tatoueurs, c’était tous des amis. J’aime bien un peu de douleur (Rires.) La vie c’est la douleur et je l’exprime à travers le tattoo. J’ai beaucoup de portraits : Frank Zappa, Bob Dylan, Tom Waits, Neil Young, Janis Joplin. Ils sont tous sur mon corps.

I got my first tattoo at the age of 16. I was with a tattoo artist afterwards, and he was pretty well known around the tattoo scene in the U.S. I started to go to tattoo conventions in Detroit, Toronto, New York, etc. I have tattoos from a lot of famous tattoo artists; they were all friends of mine. I like a little bit of pain. (Laughs.) Life is pain and I express that through tattoos. I have a lot of portraits: Frank Zappa, Bob Dylan, Tom Waits, Neil Young, and Janis Joplin – they’re all a part of me.

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La vérité est dans le blues


HIPHOP / SOUL

Adrian Younge J’ai quitté le HipHop en 1997

d’où venait son génie.

You might not know who he is, but the whole Hip Hop universe is in agreement about Adrian Younge. Searching for that perfect beat, he’s a perfectionist of Soul Music with an unconditional culture and vision of Rap that goes beyond what exists today. Producer of the last two Ghostface Killa albums, being an artist to him doesn’t go hand in had with talent, but performance. His music crosses over generations and is inspired by vinyl from the late 60s to the beginning of the 70s. As a guest at the so-called Wu Tang concert, Adrian explained to us where his genius comes from.

La soul music...

Soul music...

J’essaie de tout faire avec la soul. Si je fais de la country, j’y mets de la soul, si j’écris une musique classique, j’y mets de la soul. Je gravite autour de ça. À la base, je suis un compositeur et producteur qui voit la musique à travers la culture vinyle. Précisément celle entre 68 et 73. C’est pour moi l’âge d’or de l’enregistrement. Mon studio est composé de tout ce que tu aurais pu trouver à cette époque. Des cassettes, des vieux micros, des compresseurs etc.

I just try to make everything have soul. If I make a country song I want to have soul, if I’m writing a classical song I want to have soul. I just gravitate to that. Basically I’m a composer/producer that sees music through the vinyl culture, specifically the vinyl culture between ’68 to ’73. That’s the golden era of recording. My studio is based on everything they would’ve used back then so, when you walk into my studios, you won’t see computers and all that stuff – just tapes, old microphones, old compressors...

Ce nom ne vous dit peut-être rien, mais Adrian Younge met tout l’univers du hip hop d’accord. À la recherche du beat parfait, Adrian est un perfectionniste de la soul music. Possédant une culture inconditionnelle et une vision du Rap qui dépasse celle d’aujourd’hui. Producteur des deux derniers albums de Ghostface Killah, pour lui artiste rime avec talent et avec performance. Sa musique traverse les générations et trouve son inspiration dans les vinyles des années fin 60/début 70. En guest au soi-disant concert du Wu-Tang, Adrian nous a permis de comprendre

Que penses-tu du Hip Hop d’aujourd’hui ? J’ai quitté le hip hop en 1997, quand le changement a commencé à se faire sentir. J’ai toujours été extrêmement impliqué dans la culture hip hop et encore aujourd’hui. À une époque en Amérique le hip hop faisait partie de la sous-culture. Beaucoup d’artistes populaires ont pris et vendu la culture hip hop à la radio et malheureusement c’est devenu mainstream. Cette musique ne faisait plus partie de la sous-culture et elle était produite pour que les personnes puissent danser et passer un bon moment. Alors depuis 1997, ça a continué d’évoluer en musique populaire, ce qui ne me dérange pas, mais c’est juste pas mon truc. Cette musique ne me parle pas, comme ma musique ne parle pas à tout le monde. Quand je fais de la musique c’est pour un certain type d’auditeurs. Je veux qu’ils me trouvent loyal ! Je fait de la musique qui me plait, et je veux que les gens kiffent ce que je kiffe.

Hip Hop today? I left Hip Hop music in ’97, that’s when it started to change. So I’ve always been extremely involved with the Hip Hop culture, and I still am right now, but I left the music aspect. There was a time in America when Hip Hop music was made directly for the sub-culture of Hip Hop. It was a movement in America. And when a lot of these popular artists came, and took Hip Hop and marketed this music to mainstream radio, it was just a split. It was made for the average person to dance and just have a good time. So from ’97 to now, it continued to evolve into absolute popular music, which I’m okay with, but it’s just not my thing. I’m okay with it because my music doesn’t speak to a lot of people, and I’m okay with that. When I make music, I make it for a specific audience. I want that audience to feel that I’m loyal to them. That audience is me; I really make music for myself and I just want people to dig what I dig.

Interview par Nicolas Petin et Mehdi Sotot / Photo : Julien Lachaussée 70



Aurais-tu un conseil pour les jeunes artistes ?

Advice

Je n’écoute pas particulièrement de musique actuelle, que ce soit du rap ou de la soul. Ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de bonne musique moderne. Je suis juste inspiré par les vieux enregistrement parce que c’est la musique que je fais. M’adressant à des jeunes rappeurs, premièrement : je dirais que si tu adules quelqu’un et que tu veux qu’il écoute ta musique, la pire chose à faire c’est de lui donner ta musique. Essaie d’être ami avec avant et dans un second temps : aies une approche unique de la musique, ne fais pas ce que tout le monde fait. Quand tu tombes dans les tendances, tu feras partie des gens qui ne restent pas. L’art classique est crée par des gens qui comprennent la progression et le fait d’être prolifique. Essaie d’être en avance dans le game en essayant de savoir ce qui va arriver après. Et dernièrement : je dirais qu’il faut essayer de trouver de vielles musiques que tu aimes. Tout ce que tu peux essayer a déjà été fait à une autre époque et regarde qui a réussi... Ce sont ceux qui sont resté créatifs en continuant de progresser.

I don’t particularly listen to modern music, whether it’s Rap or Soul or anything. It doesn’t mean there’s not any good modern music. I just am inspired by old records, because that’s the kind of music I like to make. Talking to young aspiring rappers, first of all, if there’s somebody that you idolize and you want him to hear your music, the worst thing to do is to give him your music. Try to create ways to contact these people and become friends, then show them your music. Secondly, approach music in a way that’s unique, don’t do what everyone else does. Classic art is created by people who understand progression, and the concept of being prolific. Try to be ahead of the game and try to know what’s going to be the next thing. Lastly, I would say: try to find old music that you like, because everything you try to do right now has been done in different eras, and see who won... Most of the time, it’s gonna be the people that stayed creative and progressive.

Wu-Tang Clan...

Wu Tang Clan...

RZA avait un label appelé Soul Temple, et un ANR m’a dit qu’il voulait que je fasse l’album de Ghostface Killa. J’ai accepté et nous sommes devenue des amis proches avec les mecs du Wu. RZA a toujours été un mentor pour moi et je l’ai toujours adulé. Mais c’est après l’avoir rencontré qu’il est vraiment devenu mon mentor et il l’est encore aujourd’hui. Ce n’est pas une histoire folle. Juste un mec qui m’a contacté via Facebook...

RZA had a label called Soul Temple, and a A&R reached out to me and said I would like you to do the Ghostface Killa album. I said, “Hell yeah!” and we became good friends with all the dudes of Wu. RZA has been a mentor to me and I’ve always idolized him. But it’s in meeting him that he became a mentor, and still is to this day. He’s a good friend. There is no crazy story, just somebody contacting me on Facebook…

L’industrie de la musique...

Music Industry...

Il y a des gens qui font de la musique mais pas en tant qu’artistes, ils veulent juste faire de l’argent. Je n’ai pas de problème avec ça, mais ce monde n’existe pas pour moi. S’ils veulent faire de l’argent, ça veut dire qu’ils essayent de faire quelque chose qui plait au plus grand nombre de personnes. C’est donc mainstream ! C’est de la tendance et je déteste les tendances. Ce monde n’existe pas non plus pour moi. C’est de la merde pour incultes ! Ce n’est pas de l’art. Moi je suis du genre à claquer tous mes sous pour être sûr que ma musique va plaire. Quand je serais mort, je veux que les gens se disent : « Putain le mec était bon dans son truc !»

There’s people that make music not as artists, but just to make money, and I don’t have a problem with, that but that world doesn’t exist to me. When people come in to make money, it means they’re trying to tap in to what most people will like. And when most people like something, when it’s mainstream! It’s not good shit, it’s trendy shit. I hate trendy shit, that world doesn’t exist to me. It’s all uncultivated shit! It’s not art. I’m the artist that will spend all my money just to ensure that the music is great to me and hope that people think that’s great. When I’m gone, I want people to look at my art and be like, “Damn, this dude was on his shit.”

Tes projets ?

Future projects?

Je sors un album avec Ghostface Killah qui s’appellera 12 reasons to die pert II ça sort en automne. Et un autre album avec Ali Shaheed de A Tribe Called Quest qui s’intitulera In the Midnight Hour.

I have an album with Ghostface called 12 Reasons to Die Part II, that releases in the fall. And I have an album with Ali Shaheed from A Tribe Called Quest, called In the Midnight Hour.

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“Quand je serais mort, je veux que les gens se disent : Putain le mec était bon dans son truc”

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BMX

X E AL M E L I N JU ST A F RI D E

LD O E DI

Tu peux nous raconter ton histoire dans le BMX ?

Can you tell us a bit about your history with BMX?

À mes tout débuts, j’étais sponso par Vans, ils m’ont payé mon premier billet d’avion pour aller faire un contest aux states. J’avais 19 ans et c’est là que je me suis qualifié pour les X Games en 98. Je les ai fait de 19 à 25 ans. C’était une super époque mais j’en parle à l’imparfait car je pense que les X Games ont enterré le sport non-mécanique. Ils ont mis en avant le rallye, la moto etc. À l’époque il y avait beaucoup de skate, de bmx, de l’escalade et de la luge, c’était ouf. Ensuite j’ai roulé pendant 10 ans pour Adidas et quand ça s’est terminé il y a 5 ans, je suis repassé chez Vans.

In the very beginning, I was sponsored by Vans, they paid for my first plain ticket to go compete in the States. I was 19 and that was when I qualified for the X Games in ’98. I competed in them from age 19 to 25. Those were good times, but I’m speaking about it in the past because I think the X Games have basically killed non-mechanical sports. They’ve focused on rallies, motorcycles, etc. At the time, there was a lot of skating, BMX, rock climbing, and sledding – it was rad. Then, I rode for Adidas for 10 years, and when that was over five years ago, I returned to Vans.

Qu’est-ce que tu penses de l’évolution du BMX ?

What do you think about how BMX has changed?

Ma discipline : le BMX Flat, c’est hyper technique, pour être fort il faut exécuter avec précision les enchaînements. Ne pas poser le pied par terre, être créatif, artistique mais avant tout progresser. Ma vision c’est de progresser et faire avancer le sport à ma manière en créant mes enchainements sinon je me serais lassé de ce que je fais. Aux USA les riders font du BMX spectacle, des tricks très visuels, pas très technique et à partir de ses figures là, tu peux faire une démo à Disney ou n’importe quelle fête foraine. Au final, plus tu fais de démo, moins tu t’entraines et par conséquence tu es moins bons lors des contests. Tous les riders se sont mis à faire des démos et à quitter le circuit de la compétition, le Half-Pipe disparaît. Il reste une dizaine de riders.

In my discipline, the BMX Flat, it’s super technical; to be the best you have to execute the sequences with precision. Don’t put your feet on the ground, be creative and artistic, but most of all, make headway. My vision is to make progress and move the sport forward in my own way by creating my own sequences; otherwise, I’d get bored with what I do. In the USA, riders make BMX a show, highly visual tricks, not very technical, but using those moves, you can do a demo at Disney, or any State Fair. Finally, the more demos you do, the less you practice and, as a consequence, you don’t perform as well during competitions. Every rider has started doing demos and quit the competition circuit: the Half-Pipe will disappear, since only about a dozen riders remain.

Le BMX a connu une expansion incroyable ces 5 dernières années, du coup les marques spécialisées ont fabriqué énormément de vélos. Pendant ce temps, Wallmart (équivalant de carrefour USA) a vendu énormément de bikes et les marques spécialisées se sont retrouvées en surproduction. Aujourd’hui, le park, qui est une discipline super visuelle, qui consiste à simuler la gymnastique en trampoline, perd en intensité, parce que les kids veulent faire du street. Aux USA, tu as 300 mecs qui font un jam dans les ditch de LA touts les dimanche et c’est accessible à tout le monde. Tu as juste à apprendre à faire du fakie ou un bunny hop. Pour revenir sur le flat, ma discipline, elle est portée par le Japon qui booste le nombre de riders. En France ont fonctionne par club, comme en Normandie, il y a une petite ville dont tu n’as jamais entendu parler, Condésur-noireau, il y a peut-être le futur meilleur rider du monde… Il y a un vrai avenir dans le BMX flat en France. On a aussi le plus gros événement de sport extrême au monde : le « FISE » à Montpellier.

BMX has seen incredible development [une expansion incroyable] over the last five years. As a result, specialized brands have started manufacturing enormous amounts of bikes. At the same time, Wal-Mart sold a huge number of bikes, and niche brands found themselves with too many bikes. Today, tramp biking, a highly visual activity that involves simulating gymnastics on a trampoline, is losing ground because kids want to do freestyle BMX. In the USA, you have 300 guys who do ditch jams in L.A. every Sunday, and anyone can participate. You just have to learn to do a fakie or a bunny hop. To get back to my discipline, it’s being sustained by Japan, which has boosted the number of riders. In France, we have clubs, like in Normandy, where there is a small town you’ve probably never heard of (Condé-sur-Noireau), and probably the best rider in the world from comes from there… There’s a bright future for BMX flatland in France. We also have the largest event for extreme sports in the world: the “FISE” in Montpellier.

Interview par Nicolas Petin et Mehdi Sotot / Photo : Julien Lachaussée 74



Tu n’avais pas créé des marques ?

Didn’t you create some brands?

Je reviens de 4 ans aux États-Unis donc je n’ai pas de regard précis sur ce qui se passe en France. Puis toutes les marques que je portais avant n’éxistent plus trop. Oui c’est exact, j’ai créé 2 marques de streetwear, Stereo Panda et Diffrent Caracter. On avait des riders dans toutes les disciplines, de la street culture, des graffeurs des DJs etc. Je trouvais cool à l’époque que le BMX soit super confidentiel donc quand une marque prenait du BMX, ça faisait la marque un peu rebelle. (Rires.)

I just returned from four years in the United States, so I don’t really have a clear idea of what’s happening in France. And all of the brands I knew before don’t really exist anymore. But yeah, I did create two brands of streetwear: Stereo Panda and Different Character. We had riders from all walks of like, from street culture, some who were graffiti artists, DJs, etc. What I thought was cool back then was that BMX was super confidential, so when a brand chose BMX, it was felt to be a bit rebellious. (Laughs.)

Tu en penses quoi de la cohabitation BMX, skate, trottinette ?

Do you think there’s a peaceful existence between BMX, skating, and scooters?

C’est pas pratique de rider sur un spot où il y a des skaters. En skate quelque soit ton niveau, à un moment donné ta planche elle se barre. Quand tu fais du flat en BMX, tu ne peux pas éviter une planche qui arrive vers toi. Par contre je pense que c’est la même culture, la même jeunesse, la même envie de rider et d’utiliser la rue. La culture skate est plus ancienne, donc il y a cet esprit : on est des skaters quoi qu’il arrive. J’entends souvent dire : le BMX c’est des gars avec des grosses épaules, ils prennent de la place avec leur vélos et ils se la racontent… mais ce n’est pas lié au sport, c’est la personnalité. Il y a des riders super cool, des skaters super cool, et des gros cons des 2 cotés !

It’s not practical to ride in a place where there are skaters. No matter how good you are at skating, at one time or another, you’re board goes flying. When you do BMX flatland, you can’t avoid a board flying at you. On the other hand, I think the culture is the same: the same youth, the same desire to ride and use the streets. Skating culture is older, so that spirit of “We’re skaters no matter what” is there. I often hear it said the BMX riders are the big guys that take up space with their bikes and are full of themselves… but that has to do with personality, and not the sport. Some riders and skaters are super cool, but there are assholes on both sides, too!

On ne peut pas ne pas parler de la trott’, sa représente des milliers de kids qui ont entre 8 et 13 ans... j’espère pas plus. (Rires.) Tu ne peux pas dire que c’est de la merde, parce que les kids foncent dans les skatepark, sur les routes et peut-être qu’ils finiront sur un skate ou un BMX. En tout cas je n’en ferai pas la promo … Moi ça me fait chier quand je vois des mec de 17 ans qui font 1m80 sur des trott’, ça me dépasse. (Rires.) Si tu sais faire un triple whip avec une trott’, il est tant d’aller sur un skate ou un BMX, les mecs doivent se faire super mal au dos. La trott’ c’est pour les petits ! D’ailleurs ce qui est incroyable, c’est que la trott’ a pris en France ! Il y en a partout même dans les petites villes de provinces. Au final je ne pense pas que ce soit de la street culture, en tout cas c’est très français.

We can’t forget to talk about scooters, since thousands of kids between 8 and 13 years old do it … I hope it’s not more. (Laughs.) You can’t just say it sucks, because they’re filling the skateparks and roads, and maybe they’ll end up one day on a skateboard or a BMX. Whatever the case, I won’t be plugging it … It pisses me off when I see guys that are 17 doing 1m80 on a scooter; it’s beyond me! (Laughs.) If you can do a triple whip on a scooter, you need to get on a skateboard or a BMX man; those guys must have really bad backs. Scooters are for little kids! By the way, what’s hard to believe is that it even took hold in France! They’re everywhere, even in small villages in provincial France. To finish, I don’t think it’s street culture; in any case, it’s really French.

Tu es pas mal tatoué !

You have a lot of tattoos!

Je me tatoue au fil des années, au fil des voyages… La plupart des mes tattoos sont réalisés dans des villes que j’ai adoré lors de mes contests. Tu peux voir le nom de mes enfants, la date de mon mariage etc. Quasiment tout est symbolique, sauf ceux que j’ai fait très jeune. Quand je suis revenu en France, la première chose qui m’a choqué, c’est le nombre de tatouages sur les panneaux publicitaires, des tatoués jusqu’aux mains. C’est devenu à la mode, c’est chanmé ! En Angleterre il y a beaucoup de mecs qui se font leur premier tatouage sur le visage, sur les mains ou le cou. Je me suis tatoué à 15 ans et j’ai déjà 3 covering. Si j’avais fait mon premier tatouage sous l’oeil à cet âge et que je devais me faire un covering, je me demande ce que je pourrais bien y foutre ! (Rires.) Les mecs ils n’hésitent pas, c’est pour se différencier et prouver qu’ils sont plus hardcore que les mecs qui se tatouent le pec’ ou l’épaule. Après anglais ou pas, ils ont des couilles !

I’ve gotten tattoos over the years, and during my travels… Most of them I got in cities that I fell in love with during competitions. You can see it in my kids’ names, the date I got married, etc. Almost all of them are symbolic of something, except for the ones I got when I was really young. When I returned to France, the first thing that shocked me was the number of people with tattoos in advertising – tattooed up to their hands! It’s become trendy; it’s absolutely crazy! In England, a lot of guys get their first tattoo on their faces, their hands, or their neck. I got tattoos when I was 15, and I already have three cover-ups. If I had gotten my first tattoo under my eye at that age and had to cover it up, I would have to really ask myself what the hell I could do. (Laughs.) Those dudes don’t hesitate, but it’s to stand out and prove they’re more hardcore than the guys who tattoo their pecs or their shoulders. But well, English or not, they’ve got balls!

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PROFESSIONAL

Interview par Nicolas Petin et Mehdi Sotot / Photo : Julien LachaussĂŠe


SKATEBOARDERS


PROFESSIONAL SKATEBOARDS TEAM VOLCOM

DAVID GONZALES Le skate c’est mieux aujourd’hui ?

Do you think Skateboard is better today?

Putain ouais ! Le skateboard est là depuis si longtemps, Tony Hawk a presque 50 ans. Depuis 10 ans, il y a une nouvelle génération qui a émergé avec un nouveau style, de nouveaux tricks... Même le gosse de Tony Hawk est un skater et il est putain de bon ! Ensuite lui aura un gosse et ce sera la génération suivante...

Hell yes! Skateboard has been around for so long now, Tony Hawk is almost 50, there’s a new generation that’s been there for 10 years now so there’s new tricks, new stuff... Even Tony Hawk’s kid is a skateboarder and a fucking good one. Skaters will have kids and it’ll be the next generation.

Hip hop ou rock ?

Hip Hop or Rock?

Je suis fan de Heavy Metal, surtout Motörhead, je les ai déjà rencontré à Hollywood dans un bar. Mais sinon j’écoute de tout, j’aime bien le hip hop mais j’en ai rien à foutre de ce monde là. J’aime le bon hip hop avec des bons lyrics, ce genre de merde. J’aime aussi le reggae, le blues et la country, mais principalement c’est le hard rock et le thrash metal.

I’m a fan of Rock’n’roll and Heavy Metal. I love Motorhead, I met them before at the rainbow bar in hollywood and I saw them backstage as well. I listen to everything, I like hip hop but I don’t give a shit about that kind of world. I like good hip hop with good lyrics. I also like reggae, blues, country. But mostly Hard Rock and Thrash Metal.

Les tatouages ?

Tattoos

J’en ai seulement 5 ou 6. Le premier j’avais 16 ans, c’était une ancre avec un serpent autour. J’ai Eddie de Iron Maiden : Vraiment mon groupe préféré ! J’en ai un autre pour mon pote Sean Cross qui est mort en 2007.

I only have 5 or 6, the first one I got was an anchor with a snake around it when I was 16, I got a tattoo of Eddie from Iron Maiden, my favorite band. This one is for my homie Sean Cross who passed away in 2007.

Pas de barbe ?

No Beard?

En fait, elle ne pousse même pas. J’ai même pas de poils sur mon torse. Sinon je pense que j’en aurais une !

Basically it doesn’t grow, I don’t even have hairs on my chest... otherwise I would probably grow one.

Penny ou longboard ?

Penny or Longboard?

Je n’ai rien contre, c’est cool. La sensation des roues, la vitesse, peu importe c’est vraiment cool. Mais pour les mecs qui font que ça, il faut apprendre à tomber et à faire des ollies et des grinds, ils auront plus de style.

I’m not against it. It’s cool, the wheels, the speed, it feels fucking cool. The guys who only do longboard have to learn how to fall and how to do ollies and grinds, it gives you more style.

Les trottinettes ?

Scooters?

Tuez-les tous.

kill’em all !

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PROFESSIONAL SKATEBOARDS TEAM VOLCOM

DUSTIN DOLLIN Le skate today ?

Skateboard today?

Je préfère le skate d’aujourd’hui en fait. C’est toujours plus gitan, les gens font de moins en moins d’argent, ça permet de garder le coté authentique.

I like it better nowadays actually, I think it’s kind of gipsy. Skateboarders make less money than before, keeping it real.

Longboard ou penny ?

Longboard or Penny?

(Rires.) C’est juste un moyen de transport, ce n’est rien de plus qu’une planche de plastique mais ça ne me dérange pas. Ça n’a rien à voir avec le skateboard, ce sont juste des mecs pétés qui se déplacent...

haha it’s some kind of transportation, it’s just a plastic board and it doesn’t bother me at all because it has nothing to do with skateboarding, just a bunch of wankers cruising around…

La France

France

J’adore Paris, l’été c’est de la putain de folie, c’est top et je m’éclate toujours. La première fois, c’était en 2001 et je suis revenu 8 fois depuis.

I love Paris,especially in summer time, it’s fucking insanity. It’s the best, I always have so much fun. The first time was in 2001, I came back 8 times since then.

Les tatouages ?

Tattoos

C’est vraiment au pif, c’est comme la carte du monde. Les tattoos des skaters sont comme ceux des marins, c’est pour se rappeler différentes villes. Donc c’est un peu comme le monde, ils sont stupides tu vois !

They’re really random, it’s like a map of the world. Skaters tattoos are like sailors’, to remember different cities... they’re kind of stupid you know haha

Pas de barbe ?

No Beard ?

J’aime avoir l’air jeune, parce que je suis vieux, j’ai 35 ans. Quand j’ai une barbe, c’est quand j’ai la gueule de bois (Rires.). J’aime que les gens pensent que je ne suis pas aussi barré que je le suis.

I like to look young because I’m old, I’m 35… If you see me with a beard that probably means I’m hungover or something. I like people to think that I’m not as fucked up as I am.

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PROFESSIONAL SKATEBOARDS TEAM VOLCOM

OSCAR CANDON Le skate today ?

Skateboard today?

Il y a de plus en plus de gens qui font du skate, malgré les bons et les mauvais côtés de la chose. J’essaie de ne voir que les bons cotés, même si j’admets que c’est un peu dur parfois. En tout cas, je n’ai pas à me plaindre, je vis de ma passion donc c’est cool. Ça fait 13 ans que je skate, j’ai commencé à l’âge de 10 ans.

There’s more and more people Skateboarding, there’s good and bad sides, I try to keep the best of it even if it gets hard sometimes. I can’t complain though, I’m living the dream. I’ve been Skating for 13 years, I started when I was 10.

Des blessures ?

Injuries?

Je me suis tout cassé, même là j’ai une entorse. Mais bon ça fait partie du jeu (Rires.).

I’ve broken pretty much everything, it’s part of the game!

Longboard ou penny ?

Longboard or Penny?

J’ai envie de leur dire, qu’ils essayent de monter sur une vraie planche pour ne pas devoir s’arrêter devant tous les trottoirs pour ramasser leur planche et remonter dessus juste après. C’est con pour eux, s’ils apprenaient le ollie, leur vie en serait changée.

I just want to say, they should try riding a real board to avoid having to stop in front of every sidewalk, grab their board and get back on it right after. It’s just too bad, their lives would change if they learned how to Ollie!

Les tatouages ?

Tattoos?

Je vis sur le canapé de l’une de mes meilleures amies qui est tatoueuse. Elle a ouvert son shop à Boulogne, «le Filactère» c’est elle qui m’a fait tous mes tatouages. J’en ai une dizaine si on compte toutes les petites bousilles que j’ai sur les cuisses.

I live on one of my best friend’s couch who is a tattoo artist. She opened her shop in Boulogne “le Filactère”, she did all my tattoos. I have a dozen including all the little ones on my legs.

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PROFESSIONAL SKATEBOARDS TEAM VANS

SAM PARTAIX Je skate depuis l’âge de 11 ans et ça fait maintenant 10 ans que je skate pour Vans. Ils m’ont toujours bien encouragé, ils m’ont laissé faire ce que je voulais et je n’ai pas à me plaindre. J’aime leur image et ce qu’ils font pour le skate.

I’ve been skateboarding since I was 11 and I’ve been skating for Vans for 10 years now. They always supported me, they let me do what I wanted to do, I can’t complain. I love their image and I love what they do for skateboard.

Le skate today

Skateboard today?

Aujourd’hui le skate, ça devient de plus en plus gros, il y a beaucoup de nouveaux pratiquants. Et en même temps, ça part un peu dans tous les sens. L’image du skate est récupérée par tout et n’importe quoi.

Skateboard is getting bigger and bigger, there’s a lot of new kids practicing. It’s becoming a mess though. The image of skateboard is getting all over the place.

Penny ou longboard ?

Penny or Longboard?

(Rires.) Ils ne font pas de skate, ils font de la penny. C’est un phénomène de mode qui est apparu et qui s’en ira aussi vite. C’est comme le fixie et tous ces trucs à la con…

They’re not skateboarding, they’re doing penny. It’s a trend, like fixies and all these stuff.

Les marques

Brands?

Je suis chez Electric pour les lunettes car j’aime bien ce qu’ils font. Antiz est une marque influente dans le milieu, après je ne suis pas à fond dans les marques. Il y en a qui m’aident dans ma carrière et j’en suis content, mais je ne suis pas un fou de sneakers, ce n’est pas vraiment mon délire. Tu sais, il n’y a pas énormément d’argent dans le skate, donc ça permet de rester simple.

Electric for glasses because I like what they do. Antiz is a very influential brand in skateboard, but I don’t really care about brands. Some of them are helping me in my career and I’m happy about it. I’m not a sneaker addict or anything like that. You know, there’s not a lot of money in skateboard. We’re keeping it simple.

Les tatouages ?

Tattoos?

Je me suis fait tatouer la première fois à l’âge de 18 ans. À la même époque, je venais d’ouvrir mon shop et je skatais pour Antiz. Mon magasin s’appelait «Skate Pistols» dit «SP» à Tours, j’en garde de beaux souvenirs. Les tatouages que j’ai racontent un peu mon histoire, les voyages que j’ai fait, mes amis tout ça…

I got my first tattoo when I was 18, I had just opened my shop and I was skating for Antiz back then. My shop’s name was “Skate Pistols” aka “SP” in Tours, France. Good times. My tattoos are telling my story, the places I went to, my friends etc…

La barbe

Beard?

Bah... il faut que je me rase justement, je n’aime pas ma barbe, elle me gratte. En ce moment, je n’ai plus de maison, je suis un peu nomade. Je n’ai plus ma tondeuse mais je vais essayer d’y remédier.

Well… I need to shave, I don’t like my beard, it’s itchy. I don’t have a house right now, I feel kind of gipsy. I don’t have my trimmer but I’ll try to do something about it.

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PROFESSIONAL SKATEBOARDS TEAM CONVERSE

VINCENT COUPEAU Le skate today ?

Skateboard today?

Ce n’est pas dit que ce soit de mieux en mieux. J’étais à fond dedans quand j’ai commencé et j’ai grandi avec cette culture. Maintenant, je commence à me dire que ça devient tendance... (soupir). Ce n’est pas pour autant que j’aime plus le skate. Regarde, aujourd’hui sur cet événement, on s’amuse bien mais il faut se rendre compte que l’image du skater est utilisé à tord et à travers.

I’m not sure it’s getting better… I was very into it when I started and I grew up into this culture. Now I’m starting to think it’s becoming a trend. I still love skateboard though. Look, we’re having fun today at the Volcom Bastille days but people need to realize the skater image is not used properly.

Les marques ( Converse / Electric )

Brands (Converse/Electric)

Converse est une grande marque qui essaie de rester correcte et de réaliser des projets proches de ce que j’aime dans le skate. C’est-àdire : se faire plaisir, avoir de belles images, voyager, créer de super belles choses à travers ce que nous faisons en tant que skater. Sinon je pense qu’il ne faut pas se voiler la face, Converse reste Nike, c’est quand même une belle machine à fric, mais bon... Les gens connaissent mon état d’esprit et savent que mon but c’est de faire du skate le plus longtemps possible et s’il y a des gens qui peuvent m’aider à en vivre, c’est tant mieux (Rires.). Je suis photographe à coté, et menuisier, je construis des skateparks avec mon pote Jean Marc Soulier basé à Paris. C’est ça d’être skater, c’est savoir s’ouvrir à plein d’autres choses car malheureusement en Europe, vivre du skate, ça n’existe pas.

Converse is a huge brand, they try to stay authentic and realize projects that are close to what I love in skateboard. Which is: having fun, getting beautiful images, travel and create amazing things through what we do as skaters. But let’s be real, Converse is owned by Nike, which stays a huge cash machine. Well… people know my state of mind and they know my goal is to be skating as long as possible and if people can help me do it than let it be… I am a photographer and a carpenter as well, I build skateparks with my friend Jean Marc Soulier in Paris. That’s what it’s like to be a skater, learning to do a lot of different things because, unfortunately, in Europe you can’t live from skateboard.

Les tatouages ?

Tattoos?

Ça par exemple, c’est le logo d’une boutique qui a fermé, on était dans une optique anti-société et ça marchait vraiment bien (Rires.). Tu vois mes tatouages c’est ça, ça reflète un peu ce qui se passe dans ma tête, beaucoup de rigolade quoi. Je ne suis pas très porté sur les grosses pièces compliquées, aller dans les salons connus et tout ça. J’aimerais bien mais de un, je n’ai pas d’argent et de deux, je n’ai pas d’idées !

This one for example is a logo from a closed store, we were in an antisocial state of mind… My tattoos are about what’s going on inside my head, a lot of fun. I’m not all about big or complicated tattoos or even going in famous shops and all that kind of stuff… I would love to but 1) I don’t have any money, 2) I don’t have any ideas.

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PROFESSIONAL SKATEBOARDS TEAM CONVERSE

KENNY ANDERSON La marque Converse

Converse, the brand

Converse soutient vraiment le skateboard dans son aspect général, la culture, la sous-culture. Le skate, ça a pris tellement d’ampleur maintenant que les entreprises vont et viennent, font ci, font ça... Il y a des projets que Converse a réalisé avec l’ensemble des riders de la team, à travers le monde. On peut dire qu’ils représentent le skate d’une manière unique, chaque rider a une personnalité différente dans sa manière de skater. En plus de ça, tous les projets Converse Cons que nous avons réalisé soutiennent la scène musicale locale, l’art, la photographie, et ont travaillé le béton pour créer des rampes. En tant que gosse, d’avoir une marque qui t’enseigne tout ça, c’est quelque chose que tu gardes avec toi toute ta vie. Quand j’ai commencé le skate, c’était prendre un produit et essayer de le vendre, du commerce classique.

Converse really supports Skateboarding all the way, culture, subculture. Skateboard is such a huge thing right now, companies come over and do this, do that… Converse made some projects with the whole rider team, worldwide. You can say they all represent Skateboard in an unique way, they all have different personalities with the way they ride. In addition to that, every Converse Cons project we made did support the local music scene, art, photography… And tackled concrete to create ramps. As a kid, having a brand that shows you all that is something that will stay with you your whole life. When I started skating, it was taking a product and trying to sell it, typical trade.

Le skate today ?

Skateboard today?

Je le préfère actuellement parce que c’est un mélange des années 80’s et 90’s. Toute cette diversité vient de ces kids qui apprennent l’histoire du skate et qui ressortent tous ces vieux tricks. Mais il y a une révolution qui arrive. Les gens créent leurs propres trucs, s’expriment d’une manière plus profonde au lieu de se conformer et de se dire “Le skate c’est forcément ceci ou cela”. Ou comme dans les années 90’s : “Je vais mettre ce gros pantalon, des petites roues à ma board, et des putains de grosses chaussures.” (Rires.) Mais avant, ce n’était pas le cas de tout le monde. J’ai des potes qui faisaient du bowl et qui n’ont pas changé. Le style d’aujourd’hui c’est toujours une mode.

I like it better today because it’s a mix between the 80’s and the 90’s. All this diversity comes from those kids who are learning the history of Skateboard and are still using all those old tricks. But there’s a revolution coming, people are creating their own stuff, they are speaking their minds more freely instead of complying and be like “Skateboard should be like this or like that”. Like in the 90’s: “I’m gonna wear these huge pants, fucking humongous shoes and put tiny wheels on my board”. Before that it was different, some of my friends used to ride bowls and they still do. Style is temporary nowadays.

Et comment ce sera dans 2 ans ?

How is it gonna be like in 2 years?

Ça sera différent... On verra.

It’s gonna be different, we’ll see...

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PROFESSIONAL SKATEBOARDS TEAM BIRDHOUSE

BEN RAYBOURN

«TONY HAWK M’A DONNÉ L’ENVIE DE FAIRE DU SKATE»


PROFESSIONAL SKATEBOARDS TEAM BIRDHOUSE

KEVIN STAAB

«JE SUIS LE VÉTÉRAN DE TOUTE UNE GÉNÉRATION»


PROFESSIONAL SKATEBOARDS TEAM CONVERSE

LOUIE LOPEZ

«Les gosseS sont saucéS de mettre des Converse»


PROFESSIONAL SKATEBOARDS TEAM BIRDHOUSE

JAWS

«JE SUIS DANS LE NOUVEAU TONY HAWK’S PRO SKATER !»


TONY HAWK TONY HAWK’S PRO SKATER 5



PROFESSIONAL SKATEBOARDS Comment s’annonce le prochain THPS5 ?

How is next THPS5 shaping up?

C’est vraiment une ode à la franchise des quatre derniers Tony Hawk’s Pro Skater. Les commandes ont été optimisées pour les nouvelles consoles ainsi que la technologie et le graphisme. Mais principalement le mode en ligne sera bien plus grand, parce qu’on n’a jamais pu faire ce genre de choses avant. Nous n’avons pas sorti de jeux vidéo depuis que le phénomène du jeu en ligne s’est établi. Ça sera un beau changement pour les fans de la série, ils reconnaitront le même gameplay dont ils ont déjà l’habitude.

It’s really an ode to the four latest Tony Hawk’s Pro Skater franchises. The controls have been optimized for the new consoles, as well as new technology and design. But, mainly, the online mode will be much broader, because we were unable to do anything like that before. We haven’t put out a game since the phenomenon of online games began. It will be a nice change for the fans of the series; they’ll recognize the same way of playing they’re used to.

Avais-tu pensé à l’impact que cela aurait pu apporter à la culture populaire ?

Have you though about the impact that it might have on popular culture?

Non ! Je voulais juste faire un jeu dont les skaters seraient fiers. Je n’aurai jamais pensé que ça irait au delà de l’industrie du skate. Je me disais juste que ça permettrait aux skaters de se poser devant la playstation (Rires.). Donc je suis plus qu’honoré que THPS soit allé aussi loin dans le monde du jeu vidéo et que notre culture soit représentée. Le skate, la musique, notre mode de vie est aujourd’hui ancré dans toute une génération.

No! I only wanted to make a game that skaters would be proud of. I never imagined that it would go beyond the skating industry. I just told myself it would give skaters the opportunity to pose with Playstations (Laughs.)! So, I’m more than honored that THPS has made it so far in the video game world and that our culture is being represented. Skating and music – a way of living that’s rooted in an entire generation.

Quelle était ta principale motivation ?

What was your main motivation?

En grandissant, je jouais à tous les jeux de skate, 720, Skate or Die, California games... en gros toutes ces mauvaises versions de jeu de skate. Quand j’ai eu l’opportunité d’en faire un pour moi, je l’ai pris très au sérieux. Mais je pense que mon inspiration venait plutôt des gens qui jouaient aux RPG. Je me suis dit que nous pourrions réaliser quelque chose de spécial : skater librement dans des mondes ouverts, au lieu de devoir toujours faire des challenges. Aujourd’hui, je ne joue plus qu’à notre jeu, j’y suis encore bon ! (rires).

Growing up, I played all the skating games, 720, Skate or Die, California games ... basically all the bad skating games. When I had the chance to do one myself, I took it very seriously, but I think my inspiration came mostly from the people who played RPG. I told myself that we could create something special: skating out in these open worlds, instead of always having to do challenges. Today, I only play our game; I’m still good! (Laughs.)

Comment va le skateboard aujourd’hui ?

How is skateboarding doing today?

Je pense que le skate est plus accepté dans notre société, les endroits comme les skateparks en sont la preuve. Les communautés soutiennent le skateboard, les villes également. À mon époque, c’était considéré comme une mode pour les kids, et que ça partirait... Je ne pense pas que ça parte de si tôt...

I think skating is more accepted in today’s society – places like skate parks are the proof. Communities and cities support skateboarding. When I was young, it was considered a fad for kids, and that it would disappear… I don’t think it will go away so quickly.

Et les longboards ou pennys ?

Longboards or Pennys?

Tous ces trucs partiront par contre... et le skate restera ! Peu importe ce qui amène quelqu’un à la long ou à la penny, il se rendra compte par lui-même que ce n’est pas fonctionnel, et il ira s’acheter une vraie board !

All of that crap will disappear, however ... but skating is here to stay! No matter what influences someone to get a Long or a Penny, they’ll realize themselves that it’s not functional, and go buy a REAL board!

La marque Birdhouse

The Birdhouse brand

On a une team très forte ! Je pense qu’on a une des meilleures équipes. Ils seront encore sur le prochain King of the Road de Thrasher. Chaque skater travaille sur ses propres vidéos et divers projets. On est encore très actifs et vivants tu sais ! On veut être reconnu pour nos propres directions. Ce n’est pas vraiment par rapport à la concurrence mais vraiment pour établir notre propre identité. Les marques les plus influentes maintenant sont Baker et Girl. J’aime aussi Underdog qui démarre seulement, puis les marques étrangères comme Welcome, Fucking Awesome. Quand j’ai repris Birdhouse tout seul il y a quelques années, je voulais choper la meilleure team, et je pense qu’on y est parvenu.

We have a strong team, and I think we have one of the best! They’re still on the next Thrasher King of the Road. Each skater is working on his own videos and various projects. We’re still alive and active, you know! We’d like to be recognized for our own ideas. It’s not really in relation to our competitors, but actually for establishing our own identity. The most influential brands at the moment are Baker and Girl. I also like Underdog, which is just getting off the ground, and foreign brands like Welcome and Fucking Awesome. When I took over Birdhouse all by myself a few years ago, I wanted to get hold of the best team, and I think we’ve succeeded.

Interview par Nicolas Petin et Mehdi Sotot / Photo : Julien Lachaussée 98


“Je voulais juste faire un jeu dont les skaters seraient fier“

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WOODLIFE FAMILY Fondée en 2011 aux abords de la forêt de Sénart en région parisienne, la marque Woodlife est spécialisée dans la confection d’articles en bois. Coques de téléphone, bijoux, décoration d’intérieur, tels sont les différents thèmes abordés par la « Cabane » Woodlife. Dans le but d’affirmer les valeurs et de revendiquer «La vie des Bois», nos bûcherons décident de créer plus que des accessoires. C’est en décembre 2014 que la première ligne de prêt-à-porter voit le jour avec l’appui de «Colette», aujourd’hui la marque est présente dans tous les Citadiums de France. Chemise à carreaux et barbes soignées, tels sont les outils des bûcherons. Tatoos imprimés comme des hymnes, nos pièces revendiquent notre vision de la mode selon nos codes. Toutes nos créations sont confectionnées à Paris, dans un atelier utilisant un processus artisanal, dans le respect des valeurs que nous revendiquons. #INWOODWETRUST

De gauche à droite : Chemise à carreaux rouge, Dickies X Woodlife. Pantalon «Ridgeway», Dickies. Boot Noir, Dr. Martens. / Bonnet grosse laine, Element. T-shirt «Home Sweet Home», Woodlife. Robe Jeans Salopette, Dr. Martens. Boot Multi Kaboom, Dr. Martens. / Veste sans manches «Julesburg», Dickies X Woodlife. Jeans, Levi’s Vintage Collector. Holton St Sb, Chaussures de sécurité homme, Caterpillar. / T-shirt blanc «Woodlife Bûcherons», Woodlife. / T-shirt «In Wood We Trust», Woodlife. Salopette en velours noire, Pantheone. Boot Multi Wanderlust, Dr. Martens.


De gauche à droite : T-shirt «In Wood We Trust», Woodlife. Salopette en velours noire, Pantheone. Boot Multi Wanderlust, Dr. Martens. / Bonnet grosse laine, Element. T-shirt «Home Sweet Home», Woodlife. Robe Jeans Salopette, Dr. Martens. Boot Multi Kaboom, Dr. Martens.


De gauche à droite : Serre-tête fleurs blanches, Claire’s. Chemise à carreaux bleu, Dickies x Woodlife. Couronne de fleurs sauvages, Claire,S. Chemise à carreaux Rouge, Dickies x Woodlife.


T-shirt blanc «Dent pour dent», Woodlife. Jeans, Levi’s Vintage Collector. Holton St Sb, Chaussures de sécurité homme, Caterpillar.


Page de droite : Serre-tête fleurs blanches, Claire’s. Chemise coton à carreaux homme, Kiliwatch.



Page de droite : T-shirt blanc «Woodlife Bûcherons», Woodlife. Veste sans manches «Julesburg», Dickies X Woodlife.




T-shirt Noir «Woodlife Bûcherons», Woodlife.



Page de gauche : Couronne de fleurs sauvages, Claire’s. Chemise à carreaux rouge, Dickies x Woodlife.

Photographe : Julien Lachaussée Direction Artistique : Mehdi Sotot, Julien Lachaussée Styliste : Quincy Brooks Make-up, Coiffure : Elise Ollivier-Wong Modèles : Ninon Ramelet, Marine, Romain Thirion, Laurent Phelipot, Dom Sarraï-Desseigne




YAKES www.yakes.fr




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