LA VISION DU BARILLA CENTER FOR FOOD & NUTRITION Le Barilla Center for Food & Nutrition (BCFN) est un centre d’analyse et d’élaboration de projets, caractérisé par une méthode pluridisciplinaire, qui poursuit le but d’approfondir les grandes questions du débat global concernant l’alimentation et la nutrition. Né en 2009, le BCFN s’est donné la mission de se pencher sur les exigences actuelles et émergentes de la société, en recueillant des expériences et des compétences de niveau mondial et en favorisant un dialogue constant et ouvert. Du fait de la compléxité des phénomènes pris en compte, il nous a semblé nécessaire d’adopter une méthodologie permettant de dépasser les fontières de différentes disciplines et nous avons créé quatre sections d’études : Food for Sustainable Growth, Food for Health, Food for All, Food for Culture. Ces quatre sections d’étude concernent la science, l’environnement, la culture et l’économie, dont le BCFN examine en profondeur les sujets clés, en suggérant des propositions pour relever les défis alimentaires du futur.
www.barillacfn.com info@barillacfn.com Advisory Board Barbara Buchner, Claude Fischler, Ellen Gustafson, John Reilly, Gabriele Riccardi, Camillo Ricordi, Umberto Veronesi Agriculture, alimentation durables et changements climatiques (septembre 2012) En collaboration avec Chiara Trabacchi (CPI, Venice – Climate Policy Initiative), The European House-Ambrosetti, Prof. Carlo Alberto Pratesi, Université de Rome 3, Fac. d’Économie et du Prof. Riccardo Valentini (CMCC – Euromediterranean Center on Climate Change) Coordination éditoriale et redaction Codice Edizioni Project graphique et mise en page adfarmandchicas Infographique (pp. II, 14) centimetri.it Images National Geographic Image Collection Corbis Images Image de couverture Corbis
index
Résumé
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1. Les preuves du changement climatique mondial Box Le GIEC et le Quatrième rapport d’évaluation (AR4) 1.1 Introduction Box La variabilité naturelle du climat Box Le forçage radiatif 1.2 Les principales preuves scientifiques 1.2.1 Augmentation de la température moyenne de l’air et des océans à l’échelle mondiale Box Températures annuelles du XXème siècle (2001-2011) Box El Niño–Oscillation Méridionale (ENSO) et Oscillation Arctique (AO) Box Le projet CIRCE 1.2.2 Propagation de la déglaciation des glaciers et rétractation des glaciers continentaux Box Le programme GRACE 1.2.3 Housse du miveau des mers 1.2.4 Variation des precipitations 1.2.5 Phénomènes météorologiques extremes
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2. Changements climatiques et secteur agricole 2.1 Impacts du changement climatique et vulnérabilité du socio-écosystème 2.2 Impacts sur la productivité agricole 2.3 Rôle du secteur agro-forestier dans les changements climatiques 2.4 Contribution du secteur agricole au changement climatique Box Émissions de CO2 dues à l’utilisation de l’énergie dans le secteur agroalimentaire 2.5 Rôle du secteur agricole dans les stratégies d’atténuation et d’adaptation Box Atténuation et adaptation
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3. Le cadre de l’action internationale 3.1 L’évolution du débat sur le changement climatique dans le contexte international Box La Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC), les pays de l’Annexe I et la Conférence des Parties (COP) 3.2. Le processus de négociation : de copenhague à Durban Box Le groupe subsidiairre sur l’action coopérative à long terme de la CCNUCC (ANG-LCA)
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Le groupe subsidiaire sur les autres engagements pour les pays inclus dans l’Annexe I du Protocole de Kyoto (AWG-KP) 3.3. Les résultats du sommet de Rio+20 Box « L’avenir que nous voulons » : le resumé du document Box L’économie verte dans le contexte du développement durable et de l’éradication de la pauvrete Box Sécurité alimentaire et agriculture durable Box L’indice BCFN Box Le contre-sommet de la société civile Box
4. Les piliers des négociations sur le climat 4.1 L’adoucissement Box Mécanisme de développement propre (MDP) et Mécanisme de mise en oeuvre commune (MOC) Box La Conférence des Parties de Copenhague vue par les médias, entre Climategate et deception 4.2 L’adaptation 4.3 Les mécanismes de financement 4.4 Développement et déplacement technologique 5. Stratégies et positions de négociation adoptées par les acteurs internationaux majeurs 5.1 Le nouveau rôle de l’Union Européenne 5.2 Les États-Unis sans mandat du congrès, mais à la tête de quelques initiatives locales importantes 5.3 La Chine et le soutien de la feuille de route européenne
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6. Le rôle du secteur agroalimentaire 6.1 L’agriculture intelligente face au climat Box Agriculture et changement climatique : problèmes pour les négociateurs suite à Durban 6.2 Réduire les émissions résultant de la déforestation et de la dégradation des forêts (REDD+) Box La déforestation en indonésie pour la culture du palmier à huile 6.3 Viabilité des régimes alimentaires et impact sur le climat
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7. Les recommandations du BCFN
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Notes et références bibliografiques
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C
hère lectrice, cher lecteur, Le récent sommet international « Rio+20 » consacré au changement climatique et au réchauffement planétaire a remis à l’ordre du jour les problèmes liés à la définition d’une stratégie de prévention partagée au niveau mondial, prenant en compte à la fois le contexte global et les contraintes régionales. Nous savons aujourd’hui que nous devons, d’une part, nous atteler à réduire les émissions de gaz à effet de serre pour atténuer les éventuels effets aggravants sur le réchauffement planétaire ; et d’autre part, nous sommes dans l’obligation de nous adapter à une évolution climatique qui – toutes les données à notre disposition le démontrent – est désormais inévitable. Mesurer la participation de chaque État et de chaque secteur d’activité dans la réalisation des objectifs globaux continue néanmoins de faire l’objet de négociations complexes. Dans le secteur agroalimentaire – qui est un axe clé dans la bataille contre le réchauffement de la planète – nous pouvons parvenir à réduire les impacts de l’activité agricole à travers une variété de plans, de programmes et d’actions, que nous essayons de décrire et de développer dans le présent document. En particulier, une utilisation durable des sols permettrait d’obtenir des résultats significatifs non seulement en termes de réduction des émissions de gaz à effet de serre (comme pour d’autres secteurs) mais aussi d’augmentation de la capacité de capture de CO2. Alors que les solutions techniques existent, les solutions politiques sont plus difficiles à identifier et à partager. Le récent sommet de Rio, bien qu’il n’ait pas produit de résultats réellement satisfaisants, est un réel pas en avant dans la bonne direction. La forte opposition entre les pays développés et les pays dits émergents semble bel et bien être dépassée et, pour la première fois, la notion d’économie verte a été mise au cœur du cahier des charges. Ce sont des signes encore faibles mais qui méritent néanmoins l’attention des organisations internationales, des gouvernements et des entreprises, appelés à s’engager avec conviction et à promouvoir avec force les initiatives de soutien dans leurs domaines de responsabilités respectifs. Nous ne serons hors de danger que lorsque nous reconnaîtrons, avec réalisme, que l’enjeu n’est autre que la sauvegarde même de notre planète.
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Bonne lecture !
Guido Barilla Président BCFN
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RéSUMé
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À
il est dÉsormais dÉmontrÉ que l’activitÉ humaine est À l’origine du rÉchauffement CLIMATIQUE global
le secteur agricole subit les consÉquences des changements climatiques, mais il en est en partie responsable
partir du XVIIIème siècle, les activités de l’homme liées au développement économique et industriel ont commencé à altérer la composition de l’atmosphère et ont ainsi contribué à influencer le climat mondial, entraînant des changements très rapides par rapport à ceux rencontrés dans le passé. Les effets du changement climatique ont fait l’objet de diverses études. En résumé, le changement climatique se traduit par un certain nombre de phénomènes. Parmi eux, l’augmentation de la température moyenne de l’air et des océans à l’échelle mondiale conduit à de nombreux bouleversements : fonte des glaces, contraction de la superficie terrestre et marine couverte par les glaciers, recul des glaciers continentaux, élévation du niveau de la mer, variation de l’intensité des précipitations, augmentation de la fréquence et de l’intensité des phénomènes « extrêmes » (inondations, périodes de sécheresse, etc.). De ce fait, il est très probable que les changements climatiques en cours ont divers impacts sur les systèmes physiques et biologiques régionaux, et la gravité de ces impacts variera considérablement en fonction de l’augmentation de la température moyenne des diverses régions. Dans tous les cas, les principaux secteurs de l’écosystème social sujets aux impacts potentiels sont issus du secteur hydrique (la réduction de la disponibilité des ressources hydriques est considérée comme probable dans de nombreuses régions), des écosystèmes et de la biodiversité (une augmentation du risque d’extinction des espèces végétales et animales est probable), du système côtier (les côtes seront exposées à de plus gros risques, notamment l’érosion, dus à l’élévation prévue du niveau de la mer et à la manifestation d’événements exceptionnels), du secteur agricole et alimentaire (les projections indiquent des variations de la productivité agricole et forestière, et de la disponibilité des produits comestibles), et du secteur sanitaire (l’exposition aux changements climatiques influencera probablement l’état de santé des populations). Plus particulièrement, l’agriculture et le changement climatique se caractérisent par une relation complexe de cause à effet. Le secteur agricole génère en effet d’importantes quantités de gaz à effet de serre, principale cause du changement climatique, mais en subit dans le même temps les impacts qui dérivent des effets complexes des processus biophysiques à la base des systèmes agricoles. L’augmentation de la concentration des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, l’augmentation des températures, ainsi que les modifications du régime des précipitations et de la fréquence des phénomènes externes auront effectivement des répercussions sur le volume, la qualité et la stabilité de la production agricole et zootechnique, mais également sur l’environnement naturel dans lequel est pratiquée l’agriculture. Le changement des conditions climatiques, par ailleurs, aura une incidence sur la disponibilité des ressources hydriques et sur la prolifération des organismes nocifs, maladies des plantes et parasites, en conditionnant les productions agricoles et zootechniques.
Néanmoins, ils ont le potentiel de devenir une part essentielle de la solution aux problèmes du changement climatique. Pour affronter le double défi de réduire les gaz à effet de serre et de contraster les effets amenant à des changements climatiques au niveau local, il est nécessaire d’instaurer et d’exploiter les synergies possibles entre atténuation et adaptation, en identifiant et en mettant en place des mesures capables d’éliminer les émissions de CO2 et de renforcer la résilience des écosystèmes agricoles, ainsi que d’encourager une utilisation plus durable des ressources naturelles. Il a été calculé que le potentiel technique d’atténuation mondiale du secteur agricole s’élève à environ 5,5-6 Gt de CO2 équivalents à l’année 2030, dont 89 % résident dans le maintien et l’augmentation de la capacité d’absorption de carbone biologique à l’intérieur des terres et de la végétation, et les 11 % restants sont attendus de la réduction des émissions. D’ultérieures réductions peuvent être obtenues en apportant des améliorations dans la filière agroalimentaire, ainsi qu’à travers la production d’énergie venant de biomasses agricoles, du moment qu’elles n’entrent pas en conflit avec les cultures destinées à l’alimentation humaine. 2012 a été une année particulière dans l’histoire de l’action internationale sur les changements climatiques (avec deux rendez-vous très importants qui sont : l’expiration du Protocole de Kyoto et la Conférence des Nations Unies 20 ans après le Sommet de la Terre de Rio de Janeiro), parce que la communauté internationale s’est interrogée sur les actions entreprises jusqu’ici, sur l’efficacité des interventions réalisées et sur ce qu’il reste à faire pour combler l’« emission and financing gap », afin d’atteindre la stabilisation des concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique et de favoriser un développement résilient aux changements climatiques. Les piliers autour desquels se sont articulées les négociations et ont été définies les positions des différents pays (en particulier l’UE, qui se retrouve Présidente des négociations, les États-Unis, qui même en absence de mandat du Congrès proposent d’intéressantes initiatives, et encore la Chine, qui s’est rapprochée bien plus des positions européennes ces derniers temps), sont au nombre de quatre. On retrouve tout d’abord les thèmes de l’atténuation – c’est-à-dire la détermination des objectifs, des mécanismes et des stratégies pour réduire les émissions de gaz à effet de serre en vue de minimiser les causes anthropiques du changement climatique – et de l’adaptation, c’est-à-dire la définition de plans, de programmes d’action, de mesures et d’instruments visant à affronter/minimiser les conséquences négatives causées par le changement climatique, en réduisant la vulnérabilité des écosystèmes sociaux, et en augmentant la capacité de réponses. Vient ensuite le thème des financements, qui englobe les décisions relatives aux ressources financières nécessaires pour soutenir les actions d’atténuation et d’adaptation des pays en voie de développement, les modalités de déplacement de tels fonds ainsi que les sources possibles de financement. Pour finir, le thème des technologies et du développement des capacités, autrement dit des initiatives visant à promouvoir des mécanismes aidant au déplacement et au développement du savoir-faire et des technologies nécessaires aux interventions d’atténuation et d’adaptation. La récente conférence Rio+20 a confirmé le besoin et la volonté au niveau international de s’engager dans de nombreuses actions débattues et définies lors des précédentes négociations et a introduit des éléments importants, notamment le besoin de développer l’économie verte. Celle-ci peut se décliner même dans une agriculture rénovée, qui se fonde sur de nouveaux modèles commerciaux basés sur le développement durable de l’environnement, sur le développement d’indicateurs qui vont « au-delà du PIB » pour la mesure du bien-être de la société (par exemple une alimentation saine et à faible impact sur l’environnement
l’agriculture peut devenir un ÉlÉment essentiel de la solution au problÈme des changements climatiques grÂce aux mesures d’attÉnuation et d’adaptation
en 2012, on s’est interrogÉ sur l’efficacitÉ des interventions et sur ce qu’il serait nÉcessaire de faire
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
RéSUMé
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agriculture et rÉgimes alimentaires DURABLES ont un rÔle fondamental À JOUER dans la lutte contre les changements climatiques
la biodiversitÉ devient un instrument de rÉduction des risques
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Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
rÉduire les Émissions provenant de la dÉforestation et de la dÉgradation des forÊts
contre les changements climatiques à condition de bien vouloir corriger les modèles qui ne sont plus durables. Mais il ne reste plus beaucoup de temps devant nous pour agir. Le défi, par conséquent, est de savoir comment intervenir sur l’agriculture sur une échelle temporelle bien plus brève que celle que nous avions imaginée auparavant, pour la rendre plus durable et capable de s’adapter aux changements climatiques. Par conséquent, le BCFN recommande que soit privilégiée une gestion durable des ressources et du territoire par le biais d’approches d’atténuation et d’adaptation, et que la biodiversité devienne un vrai instrument pour réduire les risques. Il souligne la nécessité de favoriser la recherche et le déplacement des connaissances, des compétences et des technologies d’une part, mais surtout de promouvoir des styles de vie et des choix alimentaires durables d’autre part. Pour y parvenir, une volonté politique forte basée sur la philosophie « penser au niveau international, agir au niveau national » est la condition sine qua non.
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
FAO et agriculture INTELLIGENTE FACE AU CLIMAT
peut jouer un rôle fondamental dans la définition de nouveaux indices), ainsi que sur le rôle des consommateurs et du secteur privé pour donner un élan dans la modification des processus de production et de consommation. Trois autres réponses aux défis du changement climatique ont été approfondies dans ce document. Il s’agit du développement de l’agriculture intelligente face au climat mise au point par la FAO, des actions à entreprendre pour réduire les émissions liées à la déforestation et à la dégradation forestière, et enfin de l’influence des choix alimentaires sur de tels problèmes. La FAO estime que l’agriculture, en particulier dans les pays en voie de développement, doit devenir « intelligente » face aux changements climatiques si elle veut gagner le défi de nourrir un monde toujours plus densément peuplé et plus chaud. L’approche intelligente face au climat a pour objectif d’accroître de façon durable la productivité agricole et la résilience aux pressions environnementales, tout en aidant les cultivateurs à s’adapter au changement climatique et en réduisant les émissions de gaz à effet de serre. Ces résultats peuvent être obtenus grâce aux pratiques qui améliorent la fertilité du sol et renforcent la capacité de rétention hydrique. L’agriculture intelligente a recours aux techniques, pratiques et approches qui peuvent aider à atteindre la sécurité alimentaire, l’adaptation au changement climatique et l’atténuation de ses effets. Mais un plus grand soutien est nécessaire, surtout en matière de gestion et de développement de programmes d’action, en offrant aux pays en voie de développement des opportunités financières et d’investissement sans dissocier les fonds destinés à l’agriculture de ceux pour le climat. La réduction des émissions causées par la déforestation et la dégradation forestière, la conservation et l’accroissement des capacités de stockage des émissions exercées par le patrimoine forestier, ainsi que la promotion d’une gestion durable des forêts dans les pays en voie de développement – face à un soutien technologique et financier adéquats – représentent des composants critiques du portefeuille des mesures d’atténuation actuellement à disposition. REDD+ (Réduction des émissions provenant de la déforestation et de la dégradation des forêts) est un mécanisme prometteur de politiques qui se propose de réduire sensiblement la déforestation tropicale sur la base de la création d’un mécanisme financier et commercial sur des crédits de carbone. Les conséquences sur l’environnement du système de production et de consommation de nourriture, surtout dans les pays développés, représentent une problématique relativement récente dans le débat international sur les changements climatiques et le développement durable de l’environnement, mais au cours des dernières années, l’attention accordée à ces aspects s’est accrue considérablement. En effet, la typologie, la composition et la quantité de nourriture produite et consommée influe de façon significative sur les émissions totales de CO2 et sur la dépendance de l’homme vis-à-vis de la nature en termes de rapport entre consommation des ressources et capacité de notre planète à les (ré)générer. Comme le montre le modèle de la Double Pyramide alimentaire et environnementale mise au point par le BCFN, certaines typologies de nourriture (produits de l’élevage) produisent un impact sur l’environnement plus important par rapport à d’autres (fruits, légumes et céréales), et les produits de moindre impact sur l’environnement ont tendance à être ceux qui devraient être privilégiés dans le cadre d’une alimentation saine, capable de réduire le risque d’apparition de nombreuses pathologies chroniques. Des instruments comme celui-ci peuvent être utilisés pour communiquer efficacement aux consommateurs l’importance de choix alimentaires à la fois salutaires pour l’homme et durables pour la planète. En conclusion, pour le BCFN, l’agriculture peut jouer un rôle très important dans la bataille
LES PREUVES DU CHANGEMENT
CLIMATIQUE
L'AUGMENTATION DES TEMPÉRATURES
L'AUGMENTATION DES PHÉNOMÈNES EXTRÊMES
Au cours du dernier siècle
Les pertes économiques annuelles provoquées par les catastrophes environnementales liées aux phénomènes climatiques sont passées de quelques milliards en 1980 à plus de 200 milliards
+0,74°C
2001-2010
La décennie la plus chaude :
+0,2°C
Par rapport à la décennie précédente (1991-2000)
RECOMMANDATIONS
Gestion durable des ressources et du territoire entre atténuation et adaptation
Biodiversité comme instrument pour réduire les risques
LE DÉGEL DES GLACIERS
L'ÉLÉVATION DU NIVEAU DE LA MER
De 1978 à aujourd’hui, l’extension moyenne
2,7 % par décennie, avec des diminutions de 7,4 % au cours des périodes estivales s’est réduite de
Entre 1993 et 2011, un taux de croissance équivalent à 3,2 mm/an a été relevé
Recherche et transfert des connaissances, compétences et technologies
LES IMPACTS Styles de vie et alimentaires durables
Secteur hydrique
Secteur agricole/alimentaire
Secteur sanitaire
Écosystèmes et biodiversité
Système côtier
Réduction de la disponibilité des ressources
Variations dans la productivité agricole et forestière, et dans la disponibilité de nourriture
Augmentation possible de la mortalité ou des handicaps en lien avec des événements climatiques extrêmes ainsi qu’avec la diffusion de maladies tropicales dans les latitudes moyennes
Augmentation du risque d’extinction des espèces végétales et animales
Les côtes seront exposées à de plus grands risques en raison de l’élévation du niveau de la mer Volonté politique : penser à l’international, agir au local
Paul Nicklen/National Geographic Stock
1. Les principales preuves scientifiques des changements climatiques en cours
D
ans ce chapitre, nous démontrerons les principales preuves scientifiques concernant l’impact de l’homme sur les changements climatiques, selon le « Quatrième rapport d’évaluation » (nommé par la suite AR4) produit en 2007 par le GIEC, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, en observant comment les études publiées après 2007 ont pu renforcer ces conclusions.
Kike Calvo/National Geographic Stock
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Le GIEC et le Quatriéme rapport d’évoluation (AR4)
Le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) est un forum scientifique fondé en 1988 par deux organismes des Nations Unies, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE). Il a pour mission d’étudier le réchauffement global. Le GIEC est organisé en trois groupes de travail : - Groupe 1 : Il étudie les principes physiques du changement climatique ; - Groupe 2 : Il étudie les impacts du changement climatique sur la nature et l’homme, leur vulnérabilité et leur adaptation ; - Groupe 3 : Il étudie les moyens d’atténuer le changement climatique, c’està-dire la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le GIEC n’a pas pour vocation d’entreprendre des travaux de recherche ni de suivre et recueillir des informations sur l’évolution de ces changements. Ses évaluations sont principalement fondées sur la littérature scientifique publiée et révisée par les pairs, et tous ses rapports techniques sont à leur tour soumis à des procédures d’arbitrage. L’activité principale du GIEC est de préparer à intervalles réguliers et d’évaluer de façon claire et objective les informations d’ordre scientifique, technique et socioéconomique qui nous sont nécessaires afin de mieux comprendre les changements climatiques d’origine humaine, de cerner les conséquences possibles de ce changement et d’envisager les éventuelles stratégies d’adaptation et d’atténuation disponibles pour les politiques publiques. Les rapports d’évaluation, publiés jusqu’à présent, sont : - « Premier rapport d’évaluation » (1990) ; - « Deuxième rapport d’évaluation (1995) ; - « Troisième rapport d’évaluation » (2001) ;
- « Quatrième rapport d’évaluation » (2007) ; Le « Cinquième rapport d’évaluation » est prévu pour être livré en 2014. Le « Quatrième rapport d’évaluation » du GIEC est divisé en 3 parties qui reflètent les activités de 3 groupes de travail différents. La première partie, présentée à Paris le 6 février 2007, traite des connaissances scientifiques récentes sur le thème du climat et de l’impact de l’homme sur son évolution. La deuxième partie, présentée à Bruxelles le 6 avril 2007, expose les connaissances actuelles concernant l’impact du changement climatique sur l’homme et l’environnement ainsi que sa capacité d’adaptation et sa vulnérabilité. Enfin, la troisième partie, présentée à Bangkok le 4 mai 2007, propose les éventuelles stratégies d’atténuation et d’adaptation. Le « Cinquième rapport d’évaluation », prévu pour être livré en octobre 2014, fournira une mise à jour des connaissances sur l’aspect scientifique, technique et socio-économique du changement climatique et se basera sur un nouveau système de scénarios climatiques. Il sera composé des rapports des 3 groupes de travail et d’un rapport de synthèse à l’intention des décideurs, qui devraient se conclure pour le 1er groupe en septembre 2013, pour le 2ème groupe en mars 2014 et pour le 3ème groupe en avril 2014. Les rapports du GIEC sont cités dans tous les débats politiques qui abordent le thème du changement climatique. Le GIEC est en effet une source largement reconnue bien que contestée récemment. Pour répondre aux critiques survenues récemment - du Climategate aux différentes accusations de conflit d’intérêt - l’admi-
Agriculture, alimentation Agriculture durables durableetetchangements changementclimatiques climatique
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
1. Les principales preuves scientifiques des changements climatiques en cours
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1.1 introduction
BCFN Index alimentation Agriculture, 2011 durables et changements climatiques
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De plus, en adoptant des lignes de conduite précises, le processus de révision des rapports gagnera en rapidité et permettra alors de définir un protocole pour l’évaluation et la correction d’éventuelles erreurs relevées suite à la publication. Le 12 octobre 2007, le Prix Nobel de la Paix a été attribué conjointement au GIEC et à Al Gore pour l’engagement démontré envers la diffusion de la connaissance sur les changements climatiques dus à l’effet de serre.
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
nistration, le gouvernement et le système d’évaluation du GIEC ont été soumis à un processus de rénovation, afin de réfléchir aux évolutions du contexte géopolitique mondial au sein duquel certains pays en développement ont joué un rôle important en matière de décisions climatiques, mais également pour faire face aux progrès rapides des études du climat qui, grâce à l’expansion des connaissances scientifiques, ont fourni des données et des informations de plus en plus difficiles à analyser.
A
u cours de l’évolution de notre planète, le climat a toujours démontré une forte variabilité, à laquelle les socio-écosystèmes ont souvent dû s’adapter. Toutefois, à partir du XVIIIème siècle, les activités anthropiques liées au développement économique industriel ont commencé à altérer la composition de l’atmosphère, contribuant au bouleversement du climat global de notre planète et provoquant des changements plus soudains que ceux observés dans les ères géologiques précédentes. Afin de comprendre les mutations actuelles, il est nécessaire de connaître quelle partie de ces mutations doit être attribuée aux activités humaines et quelle partie, en revanche, à la variabilité de la nature. D’après la définition du GIEC, le terme changement climatique, fait en effet référence à « tout changement du climat qui survient dans le temps, en raison de la variabilité naturelle interne, ou bien à cause de forces externes ou d’activités de l’homme »1. Par ailleurs, il se réfère à une variation statistiquement significative de la situation moyenne du climat et/ou de sa variabilité, qui persiste à long terme (en général, on parle de décennies, voire plus). Les études d’« attribution » des causes des changements observés assument donc une importance particulière et visent à vérifier scientifiquement les mécanismes responsables des récents changements. Le processus d’attribution évalue si les observations effectuées dans le temps sont cohérentes avec la réponse attendue par les forçages externes (comme par exemple la variation de la radiation solaire ou des gaz à effet de serre d’origine anthropique) ou incohérentes par rapport aux explications alternatives plausibles pour la physique (GIEC, 2007). Les analyses du forçage radiatif représentent un progrès important dans la science du climat et ont contribué à l’obtention d’un degré de très haute confiance (very high confidence)2 permettant d’affirmer que l’effet global moyen net des activités humaines depuis 1750 a été l’une des causes du réchauffement planétaire3. Il apparaît donc clairement que l’influence exercée par des forçages naturels (comme l’intensité de la radiation solaire) sur le climat est limitée par rapport à l’augmentation, en particulier du niveau du dioxyde de carbone d’origine anthropique, enregistrée au cours du temps.
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L’analyse du forçage radiatif confirme que l’activitÉ humaine est L’une des causes du rÉchauffement climatique
BCFN Index alimentation Agriculture, 2011 durables et changements climatiques
La variabilité naturelle du climat
La variabilité naturelle du climat comprend notamment l’activité solaire, les éruptions volcaniques, la variabilité climatique interannuelle (par exemple El Niño-Oscillation méridionale ou ENSO) ou décennale (par exemple les fluctuations des températures superficielles marines observées aussi bien dans l’océan Pacifique que dans l’Atlantique septentrional et dans l’océan Antarctique). Étant donné l’importance de ses rechutes économiques et sociales ainsi que la vaste zone de son impact, l’ENSO est le phénomène climatique qui implique
une variabilité du climat interannuelle le plus connu et le plus étudié. Il est la conséquence d’une perturbation entre l’océan et l’atmosphère dans le Pacifique équatorial et se manifeste sous la forme d’une fluctuation périodique (3-7 ans) des températures de la surface marine, accompagnées de précipit ations anormales et d’une perturbation de la circulation atmosphérique enregistrées dans toute la région. Ses effets touchent de nombreuses régions de la planète, même à une forte distance de la région d’origine4.
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Le forçage radiatif
Les forçages radiatifs sont exprimés en W/m² « watt par mètre carré » (GIEC, 2007). Le forçage radiatif total dû à l’augmentation de dioxyde de carbone, de méthane et d’oxyde nitreux est de +2,30 W/m². De 1995 à 2005, celui du dioxyde de carbone a augmenté de 20 % ; il s’agit du plus important changement enregistré dans toutes les décennies de ces 200 dernières années (GIEC, 2007). © Corbis
Le forçage radiatif est « une mesure de l’influence exercée par un facteur anthropique ou naturel dans la modification de l’équilibre entre l’énergie qui entre dans l’atmosphère terrestre et celle qui en sort, et constitue un indice de l’importance de ce facteur en tant que mécanisme potentiel du changement climatique ». Un forçage positif tend à réchauffer la surface et un forçage négatif à la refroidir.
Figure 1.1.A. Variations de la température de surface aux échelles continentales et mondiales : comparaison des changements observés avec les résultats de simulations de modèles climatiques utilisant les forçages naturels et anthropiques
Figure 1.1.B. Composants du forçage radiatif : estimations et intervalles relatifs à l’année 2005, avec échelle spatiale et niveau évalué de la compréhension scientifique (LOSU) Valeurs de RF (W/m ) 2
Termes de fréquence radio (RF) CO2
2000
Année
1900
1950
2000
Année
Variation de température (°)
AMÉRIQUE MÉRIDIONALE 1,0 0,5
AFRIQUE
0,5 0 1900
1950
2000
Année
1950
1950
2000
Année
1,0
0 1900
0 1900
Antropogénique
1950
0,5
OCÉANIE
Ozone Stratosphérique Production de vapeur d’eau grâce à l’oxydation de CH4 (méthane) dans la stratosphère Utilisation du terrain Albédo de surface Aérosol total: effet direct effet de l’albédo des nuages
1,0
Trainée de condensation des avions de ligne
0,5
Irradiation solaire
0 1900
1950
2000
Naturel
0
1900
Hydrocarbure allogène
-2
Année
Élevé
0,48 [0,43-0,53] 0,16 [0,14-0,18] Global 0,34 [0,31-0,37]
Élevé
-0,05 [-0,15-0,05] De continental 0,35 [0,25-0,65] à global
Troposphérique
0,07 [0,02-0,12] Global
Moyen-élevé Bas
-0,2 [-0,4-0,0] De local à continental Moyen-élevé 0,1 [0,0-0,2]
Suie sur la neige
De continental -0,5 [-0,9--0,1] à global continental -0,7 [-1,8--0,3] De à global 0,01 [0,003-0,03] Continental 0,12 [0,06-0,30] Global
Total net des apports antropogéniques d’azote
Année
2000
N2O CH4
1,0
Variation de température (°)
0,5
0
Variation de température (°)
0,5
1,0
Variation de température (°)
Variation de température (°)
Moyen-élevé Bas Bas Bas
1,6 [0,6-2,4] -1
0
1
2
forçage radiatif (W/m2) Note: les aérosols volcaniques ne sont pas inclus en raison de leur nature sporadique. Ils représentent un facteur supplémentaire du forçage naturel.
24
1,0 0,5 0 1900
1950
1,0 0,5
2000
Année
0 1900
Température globale des océans
Variation de température (°)
Température globale de la Terre
Variation de température (°)
Variation de température (°)
Température globale
1950 Année
2000
1,0 0,5 0 1900
1950
2000
Année
Sortie des modèles qui utilisent seulement des forçages naturels Sortie des modèles qui utilisent des forçages naturels et anthropiques Observations
Note : la ligne noire indique les moyennes décennales des observations pour la période 1906-2005 par rapport à la moyenne correspondante sur la période 1901-1950. Les lignes en pointillé sont utilisées quand la couverture spatiale est inférieure à 50 %. Les tendances indiquées par des bandes roses signalent les résultats de modèles de simulations climatiques qui n’utilisaient que des forçages naturels dus à l’activité solaire et aux volcans. Les bandes vert représentent l’intervalle apparu lors de simulations de modèles climatiques utilisant des forçages à la fois naturels et anthropiques.
Source : GIEC, 2007.
25
Source: GIEC, 2007.
Michael S. Yamashita/National Geographic Stock
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
ASIE
1,0
AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE
Gaz à effet de serre durables/persistants
1,66 [1,49-1,83] Global
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
Variation de température (°)
EUROPE
Échelle spatiale
L’OSU observation des sciences de l’univers local
L
26
...et ses effets sont de plus en plus indÉniables
8
2011 inclus, les onze premières années du XXIème siècle (2001-2011) figurent parmi les 13 périodes les plus chaudes enregistrées en 132 ans de documentation. Seule une année du XXème siècle, 1998, a été plus ANNÉES DU XXIÈME SIÈCLE
chaude que 2011. Le tableau ci-dessous présente la classification des températures moyennes annuelles des océans et de la terre ferme étudiées ensemble ainsi que les anomalies de chaque année du XXIème siècle.
RANK 1 : PÉRIODE LA PLUS CHAUDE ENREGISTRÉE : 1880-2011
ANOMALIE EN °C
2011
11
+0,51
2010
1 (égal à)
+0,64
2009
7 (égal à)
+0,58
2008
13
+0,50
2007
7 (égal à)
+0,58
2006
6
+0,59
2005
1 (égal à)
+0,64
2004
9
+0,56
2003
4
+0,61
2002
5
+0,60
2001
10
+0,54
27
1.2.1 Augmentation de la température moyenne de l’air et des océans à l’échelle mondiale En 2007, le GIEC a reporté une augmentation de 0,74 °C7 de la température atmosphérique moyenne enregistrée à l’échelle mondiale pour la période 1906-2005. Comme indiqué sur la figure 1.1., au cours de la deuxième moitié des années 70, nous avons assisté à une augmentation de la vitesse de réchauffement avec une hausse de 0,17 °C par décennie (1979-2005). Les observations montrent donc que la vitesse moyenne du réchauffement au cours des 50 dernières années a pratiquement doublé par rapport à celle des 100 dernières années,
© Corbis
l’existence du changement climatique et ses causes ne sont plus contestÉes...
e réchauffement du système climatique est « sans équivoque : il ressort des observations de l’augmentation des températures moyennes globales de l’atmosphère et des océans, de la fonte généralisée des glaces et de l’élévation du niveau mondial de la mer ». Précisons encore qu’« il est fort possible que ce changement soit causé de manière prédominante par l’augmentation de la concentration de gaz à effet de serre due à l’activité humaine ». Il s’agit de deux messages présentés dans l’AR4 (GIEC, 2007). Depuis la publication de ce rapport, la situation quant aux connaissances sur le changement climatique, son impact potentiel ainsi que la compréhension des mécanismes physiques portant à la variabilité climatique a fait de remarquables progrès. Les études scientifiques les plus récentes confirment et appuient les conclusions présentées par le GIEC en 2007, c’est-à-dire non seulement la présence d’un lien entre la concentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère et ses possibles effets sur le système climatique, mais aussi la contribution fondamentale des activités anthropiques sur les changements observés. De plus, des études comme le rapport du « Copenhagen Diagnosis » (en 2009)5 ont relevé des perturbations plus rapides par rapport aux projections des études précédentes ainsi que des conséquences plus importantes. Dans le but de démontrer les principales preuves du phénomène apparues jusqu’à présent, nous présenterons ici des informations tirées de la littérature scientifique la plus récente sur les phénomènes emblématiques du changement en action, reportés comme suit6 : - Augmentation de la température moyenne atmosphérique et des océans à l’échelle mondiale ; - Déglaciation et réduction de la superficie terrestre et marine recouverte par les platesformes de glace, mais également rétractation des glaciers continentaux ; - Montée du niveau des mers ; - Variation dans les zones terrestres du volume des précipitations ; - Augmentation de la fréquence/intensité des phénomènes climatiques « extrêmes » (inondations, sécheresse, etc.).
Températures annuelles du XXIème siècle (2001-2011)
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
1.2 Les principales preuves scientifiques
suivant une tendance linéaire de 0,13 °C (de 0,10 à 0,16 °C) par décennie par rapport aux 0,06 °C enregistrés précédemment. Suite à l’AR4 (2005-2009), certaines analyses ont relevé un fort ralentissement du réchauffement mondial, bien que les températures moyennes globales soient toujours élevées. Dans un deuxièmetemps, on observe que les années 2005 et 2010 figurent au palmarès des années les plus chaudes depuis qu’on dispose d’enregistrements de la température de surface (depuis 1880). Figure 1.2.A. Anomalies globales moyennes annuelles des températures à la fois terrestres et marines, en référence à la période 1901-2010 (données en °C, mises à jour en novembre 2011)
1,0
Anomalies des températures (°C)
0,8 0,6 0,4 0,2 0,0 -0,2 -0,4 -0,6
El Niño-Oscillation Méridionale (ENSO) et Oscillation Arctique (AO)
En 2010, la vitesse de transition enregistrée lors du phénomène ENSO, causé par El Niño - qui se vérifie lorsque les températures des eaux équatoriales de l’océan Pacifique sont anormalement élevées - et par La Niña qui se vérifie lorsque les températures des eaux équatoriales de l’océan Pacifique sont anormalement basses - s’est révélée similaire à celle qui s’est manifestée en 1998, l’année la plus chaude depuis 1850. Au cours de la première moitié de l’année, un phénomène violent d’El Niño a contribué à une hausse exceptionnelle des tempéra-
tures. La période allant de janvier à juin a été pour la deuxième fois la plus chaude jamais enregistrée auparavant. La Niña, qui a fait son apparition fin 2010, a été enregistrée comme la plus forte depuis le milieu des années 70. L’AO a également atteint sa valeur la plus négative au cours de l’hiver 2010, provoquant des conditions particulièrement extrêmes aux latitudes moyennes de l’hémisphère nord et des températures des hautes latitudes septentrionales anormalement élevées.
-0,8 -1,0
28
1900
1880
1920
1940
1960
1980
29
2000
Figure 1.2.B. Anomalies globales moyennes annuelles des températures à la fois terrestres et marines, en référence à la période 1961-1990 (données en °C, mises à jour en janvier-décembre 2010)
Le projet CIRCE
90 N 60 N 30 N 0 30 S 60 S 90 S 180 -10
120 O -5
-3
60 O -1
-0,5
60 E
0 0,20
0
0,20
0,5
120 E 1
3
180 5
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
2005 et 2010 ont ÉtÉ les annÉes les plus chaudes depuis 1880...
10
Source : NOAA, 2011 ; OMM 2011 sur la base des données fournies par le centre Hadley de recherche climatique du Royaume-Uni et par le centre de recherche climatique de l’université britannique d’East Anglia.
Le projet de Recherche sur le changement climatique et ses impacts : la région méditerranéenne (CIRCE) est une étude européenne coordonnée et gérée par l’Institut national de géophysique et de vulcanologie (INGV) et par le Centre EuroMéditerranéen pour les Changements Climatiques (CMCC), qui ont analysé en détail le climat de la région méditerranéenne, démontrant la forte probabilité de se retrouver, au cours de la moitié du siècle, face à un scénario caractérisé par une hausse moyenne des températures de l’ordre de 2 °C environ (de 0,8 à 1,8 °C sur la surface marine) ainsi qu’une augmentation de la fréquence des phénomènes extrêmes, comme par exemple les vagues de chaleur. Les modèles utilisés pour ces analyses -
capables d’établir des prévisions climatiques jusqu’en 2050 sur une échelle spatiale plus précise que celle des modèles communément utilisés (30 km contre 300 km) - révèlent toutefois une grande variabilité et une grande incertitude des effets climatiques sur la région. Les signes liés à l’accroissement des températures et des phénomènes extrêmes climatiques durant l’été sont évidents, mais nous ne pouvons pas en dire autant des tendances climatiques enregistrées durant les mois d’hiver. Le système méditerranéen est caractérisé par sa grande complexité et sa diversification, et subit de façon plus importante les effets liés à la curieuse topographie de la région.
Les conséquences des changements observés dans la cryosphère, c’est-à-dire la partie de la surface terrestre et marine recouverte par les neiges et les glaciers, sont importantes et résultent de l’accroissement des températures enregistrées. Les scientifiques sont très intéressés par des phénomènes comme le taux de changement et la réversibilité du changement en lui-même. L’étude des dynamiques de la cryosphère est très importante, non seulement pour les répercussions que celles-ci ont sur le niveau de la mer suite à des variations au sein de la cryosphère même, mais également pour l’effet de réaction positive exercée sur le système climatique à travers : - une réduction de l’albédo terrestre ; - les changements qui se dirigent vers les courants océaniques. Le premier de ces phénomènes résulte d’une caractéristique intrinsèque des surfaces enneigées et glacées, plus exactement de la capacité de refléter jusqu’à 90 % des radiations solaires vers l’espace. La réduction de telles surfaces amplifiera ultérieurement le réchauffement planétaire, grâce à une majeure absorption de la chaleur de la surface sombre des océans – par rapport à la surface plus claire des glaciers et des surfaces neigeuses – ce qui influencera également le niveau de déglaciation (GIEC, 2007).
la rÉduction des superficies glaciaires intensifiera les phÉnomÈnes de rÉchauffement
Figure 1.3. Étendue de la glace arctique12
31
12
10 Étendue (millions de km²)
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
les plus importantes anomalies de tempÉrature ont lieu dans l’hÉmisphÈre nord
1.2.2 Propagation de la déglaciation des glaciers et rétractation des glaciers continentaux
8
6 2011 2010 4
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
30
...et ces dix derniÈres annÉes ont ÉtÉ les plus chaudes pour la planÈte
Les superficies terrestres et marines ont reporté une température annuelle globale d’environ 0,52 °C au-dessus de la moyenne observée au cours des années 1961-1990 (NOAA, l’« Agence américaine responsable de l’étude de l’océan et de l’atmosphère » – NCDC, le « Centre mondial de collecte des données météorologiques », 2011) et ont permis d’enregistrer, à partir de 1970, une hausse de la température moyenne globale de 0,16 °C par décennie, cohérente avec les valeurs précédentes. Si l’on observe la tendance générale, la décennie 2001-2010 a été reconnue comme la plus chaude de tous les temps, reportant une température moyenne globale de surface de 0,46 °C au-dessus de la moyenne des valeurs de référence (1961-1990) et de 0,2 °C supérieure aux valeurs de la décennie précédente (1991-2000) (OMM, l’Organisation météorologique mondiale, 2011a). Cette tendance est cohérente avec les valeurs de la décennie 2002-2011, rendues publiques récemment par l’OMS, l’Organisation mondiale de la santé (2011b) : 0,46 °C au-dessus de la tendance moyenne sur le long terme (1961-1990)9. Comme on l’a déjà mentionné, le climat n’est pas défini uniquement sur la base de la variation décennale de forces exogènes, il faut également prêter attention à la variabilité naturelle du climat lui-même. 2010 a en effet subi deux phénomènes naturels internes au système climatique qui ont contribué à déterminer les conditions atmosphériques observées au niveau mondial : « El Niño– Oscillation Méridionale » (ENSO) et l’Oscillation Arctique (AO) (OMM, 2011 ; NOAA, 2011). L’intensité des changements ne s’est pas manifestée de façon uniforme au niveau géographique. Les anomalies les plus évidentes ont été enregistrées sur la surface terrestre et dans l’hémisphère nord10 : les températures moyennes arctiques, par exemple, ont pratiquement doublé par rapport à celles enregistrées au niveau mondial au cours des cent dernières années. La région euroméditerranéenne – considérée par les experts comme un point chaud – a également enregistré des températures record par rapport à la moyenne mondiale. En effet, elle a relevé une hausse moyennede 0,95 °C à partir de 190011 et les scénarios climatiques prévoient une augmentation importante qui aura lieu au cours des prochaines décennies. Durant l’année 2010, on a enregistré les plus grandes anomalies de températures de l’air en surface au Canada et au Groenland (+3 °C), en Afrique septentrionale et au MoyenOrient ainsi qu’en Chine occidentale (+1 °C/+3 °C) (ENEA, 2011 ; OMM, 2010). L’année 2010 a battu le record de chaleur aussi bien dans l’hémisphère nord que sur le continent africain. En revanche, les premières évaluations pour l’année 2011 indiquent que les températures en Russie, en particulier dans la partie septentrionale, représentent les valeurs les plus éloignées de la moyenne sur le long terme, avec 4 °C environ au-dessus de la moyenne (entre janvier et octobre) (OMM, 2011). Les observations relevées depuis 1961 montrent que la température moyenne des océans de la planète a augmenté jusqu’à des profondeurs de 3 000 mètres, et que les océans absorbent plus de 80 % de la chaleur ajoutée au système climatique. Un tel réchauffement entraîne la dilatation del’eau en milieu marin, contribuant à la montée du niveau des mers (GIEC, 2007). Il a également de fortes répercussions sur la circulation atmosphérique. Avec 0,49 °C (+/- 0,06 °C) au-dessus de la moyenne établie au XXème siècle, les températures de la surface de l’océan en 2010 ont représenté, conjointement à celles de 2005, les troisièmes plus chaudes jamais enregistrées jusqu’à présent (NOAA-NCDC, 2011). En conclusion, la tendance au réchauffement climatique observée à partir de la deuxième moitié des années 1970 s’est récemment confirmée. Cette même tendance présente aujourd’hui un rythme decroissance d’environ 0,016 °C par an (Pagani, 2012). Des informations supplémentaires seront disponibles dans le « Cinquième rapport d’évaluation » du GIEC, qui présentera les récents progrès scientifiques dans la compréhension du système climatique, ainsi que de nouveaux instruments de mesure et de développement (qualitatif et quantitatif) de la base des données par rapport à l’AR4.
2008 2007 Moyenne 1979-2000 Déviation standard
2 Juin
Juillet
Août
Septembre
Note : données mises à jour le 3 octobre 2011. La ligne rouge dans l’image de droite indique la marge médiane de l’étendue des glaces arctiques entre 1979 et 2000 (en ce qui concerne le mois de septembre). Source : Centre national américain de données sur la neige et la glace (NSIDC), Université de Boulder, Colorado.
Octobre
La fonte des glaciers dans le Groenland a enregistrÉ des valeurs exceptionnelles en 2010
Changement de la masse glaciaire du Groenland relevée en utilisant le programme GRACE 1000
Anomalie de masse moyenne mensuelle; CSR-RL04
500
Gigatonne H2O
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
32
Figure 1.4.A. Anomalies de masse mensuelles au Groenland (de janvier 2003 à juillet 2011)
0
-500
-1000
-1500 2003
Erreur sigma ± 39,2 Gt 2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
Source : Landerer, 2011; Vellicogna, 2009; Tedesco et al., 2011.
Figure 1.4.B. Carte des anomalies enregistrées dans le 2011 durant le nombre de jours de fusion (2011)
Anomalie de jours de fusion
-30 -20-10 0 10 20 30 Source : NOAA’S, 2011.
2012
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
les changements les plus visibles sont en train de se produire dans la rÉgion arctique
Le deuxième facteur dérive de l’introduction d’eau douce en provenance de la fonte des glaciers, qui provoquera un affaiblissement des mécanismes à la base de la circulation thermohaline, c’est-àdire le transport de chaleur de l’équateur jusqu’aux hautes latitudes. De plus, à cause du réchauffement de la planète, la fonction de puits de carbone exercée de façon naturelle par les calottes glaciaires pourrait être supprimée, les transformant en une source supplémentaire d’émission de gaz à effet de serre (Schuur et Abbott, 2011). Enfin, il semble opportun de rappeler que la cryosphère contient environ 70 % des réserves d’eau douce de la planète. Au niveau régional, les variations de la couverture neigeuse des montagnes, des glaciers et des calottes glaciaires jouent un rôle fondamental en termes de disponibilité des ressources d’eau. Pensons par exemple aux glaciers de l’Himalaya qui alimentent les principaux fleuves de l’Asie et qui représentent la plus grande source d’approvisionnement en eau pour plus de 2 milliards de personnes, c’est-à-dire environ un tiers de la population mondiale. En 2007, le GIEC a observé le déclin moyen des glaciers et de la couverture neigeuse dans les deux hémisphères. Les changements les plus impressionnants ont été relevés dans la région arctique, où la masse des nappes glaciaires a fortement diminué au cours des dernières décennies. Le GIEC a affirmé que l’étendue annuelle moyenne des glaces arctiques a rétréci de 2,7 % par décennie à partir de 1978, avec une décroissance plus forte en été de l’ordre de 7,4 % par décennie. Depuis ce jour, les glaces arctiques ont enregistré des diminutions sans précédent depuis le début des relevés des données satellitaires de 1978. Comme indiqué de façon évidente sur le graphique de la figure 1.3., durant le mois de septembre 2007 – période au cours de laquelle s’achève de façon naturelle la fonte des glaces estivale – les glaces arctiques s’étendaient sur 4,28 millions de km², un record historique minimum (inférieur de 39 % par rapport à la moyenne des années 1979-2000) (NOAA-NSIDC, 2007). La réduction a été telle qu’elle a permis d’ouvrir le « passage du nordouest », c’est-à-dire une voie plus rapide à travers la mer reliant l’Europe à l’Asie. Le 9 septembre 2011, l’étendue minimum de la saison a atteint 4,33 km², une valeur d’environ 35 % inférieure à la moyenne des années 1979-2000. Cette valeur est la deuxième plus faible de tous les temps, avec seulement 0,16 km² au-dessus du record enregistré en 2007. À la différence de cette année-là, durant l’été 2011, les Passages du nord-ouest et du nord-est n’étaient plus entravés par les glaciers (NSIDC, 2011 ; OMM, 2011). En 2007, le GIEC a affirmé que les glaces arctiques auraient décliné de façon continue et il a retenu la possibilité (avec une oscillation entre 66 % et 90 % de probabilité), que vers la fin du XXIème siècle, durant l’été, seule une petite partie des glaciers serait épargnée. Toutefois, tenant compte que les valeurs observées au cours de ces dernières années reportent une vitesse supérieure à celle mise en évidence par les modèles climatiques (Stroeve et al., 2007), la communauté scientifique se demande si les signaux relevés impliquent une tendance à long terme de vitesse de déglaciation par rapport aux prévisions précédentes (Norden, 2010 ; Boé et al. 2009 ; Eisenman et Wettlaufer, 2009). Suite à la publication de l’AR4, des progrès supplémentaires ont été réalisés quant à l’étude de l’évolution de la masse des nappes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique. Les preuves recueillies récemment démontrent que le Groenland a également été témoin d’un changement plus rapide que prévu, subissant au cours des dernières années une perte importante des nappes glaciaires de l’ordre de 30 % entre 1976 et 200613. On ne sait pas encore s’il s’agit d’un phénomène temporaire ou bien si cela indique une tendance sur le long terme (Norden, 2010). En 2010, l’indice de fusion – c’est-à-dire le nombre de jours durant lesquels il est possible de relever une fusion de la calotte glaciaire pour la zone subissant un tel phénomène – a
33
Le programme GRACE
dans le domaine de la gravitation de la planète. Ces 2 satellites peuvent mesurer tout particulièrement les changements de taille et de masse des glaciers, des océans et des flancs aquiferes souterrains, fournissant ainsi des preuves évidentes des effets du changement climatique sur notre environnement.
BCFN Index 2011
Agriculture, alimentation Agriculture durables durableetetchangements changementclimatiques climatique
Le Gravity Recovery and Climate Experiment (GRACE) est une mission conduite par la NASA et l’Agence Spatiale allemande depuis 2002 qui propose de mesurer et surveiller les modifications de quantité de masse sur la planète, en utilisant un couple de satellites capable de mesurer avec précision les variations
© Corbis
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35
60
Variation moyenne du niveau de la mer (mm)
50 40 30 20 10 0 Vitesse 3,2 +0,4 mm/année
-10
TOPEX
JASON-1
JASON-2
2012
2010
2008
2006
2004
2002
2000
1998
1996
1994
-20 1992
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
1.2.3 Hausse du niveau des mers
Figure 1.5. Modèle historique du niveau moyen mondial de la mer (1993-2011)18
moyenne mobile à 60 jours
Note : données relatives jusqu’au mois de septembre 2011.
le niveau des ocÉans A montÉ, bien que plus lentement dans les derniÈres annÉes
Les analyses et les observations des variations qui frappent le niveau des mers ont joué une grande importance surtout pour les impacts potentiels sur les écosystèmes et sur les populations installéesdans les régions côtières et sur les îles : il suffit de penser que 60 % des zones métropolitaines composées de plus de 5 millions de personnes vivent à 100 km au large de la côte (GIEC, 2007). En 2007, le GIEC a rapporté que la croissance totale estimée pour le XXème siècle était de l’ordre de 0,17 m environ. Entre 1961 et 2003, le niveau moyen global de la mer a augmenté, atteignant un taux moyen de 1,8 mm par an, tandis que durant la période de 1993 à 2003, le taux de croissance a été encore plus important, de l’ordre d’environ 3,1 mm par an ± 0,7 mm. De récentes observations satellitaires ont permis d’ajouter des années supplémentaires afin d’étudier la tendance du phénomène, en relevant, entre 1993 et 2011, un taux de croissance égal à 3,2 mm/an (CU Sea Level Resaerch Group, « Groupe de recherche sur l’étude de l’élévation du niveau marin », 2011). Le taux de croissance a ralenti légèrement durant ces dernières années, restant tout de même au-dessus du niveau observé au cours du XXème siècle. Dans le « Quatrième rapport d’évaluation » du GIEC, la somme des phénomènes climatiques dus principalement à la montée du niveau de la mer – étendue thermique des océans et fonte des glaces terrestres – ne parvenait pas à fournir clairement une explication à une telle hausse. De nouvelles études ont permis de mieux comprendre le phénomène et d’attribuer une plus grande importance au rôle exercé par les glaciers terrestres, qui avait été sous-estimé auparavant16. Une meilleure compréhension de ce rôle et la prise en compte d’une rapide diminution observée récemment font penser que les prévisions de croissance future rapportées par le GIEC en 2007 ont été décisives17 (Norden, 2010). Des études empiriques successives au GIEC de 2007 – comme par exemple celles conduites par Vermeer et Rahmstorf (2009) – suggèrent que de telles évaluations devraient prendre en considération
37
Source : Université de Boulder, Colorado, CU Sea Level Research Group (Groupe de recherche sur l’étude de l’élévation du niveau marin), 4ème publication, 2011, http://sealevel.colorado.edu.
un taux de croissance situé entre 0,8 et 1,8 m pour le XXIème siècle. Le rapport du projet sur la cryosphère arctique « Neige, eau, glace et pergélisol dans l’Arctique » (SWIPA, 2011), qui souligne une forte incertitude quant aux évaluations de ce genre, a affirmé que les modèles d’évaluation récemment effectués prévoient une montée du niveau de la mer de 0,9 à 1,6 m au cours de la période 1990-2100, en raison notamment de la contribution prépondérante de la fonte des glaces arctiques. Pour mesurer au mieux l’impact que la fonte des glaces pourrait provoquer sur le niveau de la mer, il peut être intéressant de reporter certaines considérations sur des évènements, qui pour le moment sont considérés comme hautement improbables. Les scientifiques ont estimé que si la calotte glaciaire du Groenland devait un jour disparaître totalement, le niveau de la mer subirait alors une hausse de 6 m ; en revanche, au vu de la fonte de la calotte glaciaire de l’Antarctide, le niveau de la mer pourrait subir une montée des eaux de l’ordre de 60 m (NSIDC, 2011). Enfin, il semble opportun de décrire un autre phénomène qui touche les océans et d’autres urfaces d’eau, et qui pourrait engendrer dans le futur des conséquences particulièrement importantes sur l’existence même des écosystèmes marins et sur la capacité des océans à absorber le CO2 (buffercapacity)19 : l’augmentation progressive de l’acidification des océans et des eaux due à l’augmentation de concentration atmosphérique de dioxyde de carbone. Au cours des dernières années, la connaissance scientifique et la compréhension de ce phénomène ont fait d’énormes progrès (Norden 2010). Des études conduites suite au « Quatrième rapport d’évaluation » du GIEC confirment la tendance d’une croissance en cours, mais soulignent aussi la forte incertitude intrinsèque quant au type d’évaluations réalisées.
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
36
mÊme la pÉninsule antarctique est en train de fondre plus rapidement que prÉvu
enregistré des températures record (Tedesco et al., 2011). La zone exposée à la fusion s’est étendue sur 17 202 km² environ. Avec 16 800 km² par an, l’année 2011 obtient en revanche la sixième place du classement, après des records enregistrés en 2010, 2007, 1998, 2002 et 2005 (NOAA, 2011)14. Le déséquilibre du « bilan en masse » – c’est-à-dire un apport de neige plus important que la fonte du front glaciaire – estimé auparavant pour l’année 2010 et 2011 (à environ 300 Gt par an) est comparable avec les relevés du programme Gravity Recovery and Climate Experiment (GRACE), qui indiquent une perte de la masse totale de 248 ± 43 Gt par an pour les années 2005-2009 (Chen et al. , 2011). En 2007, le GIEC avait exclu la péninsule antarctique des zones les plus exposées au réchauffement climatique anthropogénique15. Les glaciers côtiers de la péninsule sont en train de disparaître, perdant également leur masse plus rapidement que ce qu’avait énoncé le « Quatrième rapport d’évaluation » du GIEC (Velicogna, 2009 ; Pritchard et Vaughan, 2007). Entre 2002 et 2009, on estime que cette péninsule a perdu 143 ± 73 Gt/an de sa masse, d’autres sources évaluant la perte pour cette même période à 190 ± 77 Gt/an (Chen et al., 2009). Pour conclure, les preuves scientifiques qui sont apparues après la publication du « Quatrième rapport d’évaluation » du GIEC démontrent que les glaciers sont en train de fondre à une plus grande vitesse que celle évaluée précédemment. Cela se vérifie aussi bien pour les glaciers de l’Arctique que pour les glaciers présents au Groenland et dans l’Antarctique, mais également pour les petites calottes glaciaires (Norden, 2010).
l‘acidification des ocÉans est Également un phÉnomÈne prÉoccupant
En ce moment, l’attention de la communauté scientifique est tout particulièrement dirigée vers une meilleure compréhension de l’évolution de la capacité naturelle d’absorption de CO2 des océans, ainsi que sur les potentialités des stratégies d’atténuation au moyen de la fertilisation et de l’introduction directe de CO2 au coeur des profondeurs océaniques.
38
On observe une variabilitÉ croissante des prÉcipitaTIONS dans les diffÉrentes rÉgions de la planÈte
2010 a ÉtÉ une annÉe trÈs pluvieuse dans certaines RÉGIONS et de grande sÉcheresse dans d’autres
Les précipitations ont un caractère extrêmement variable dans l’espace et dans le temps, et les données sont limitées dans certaines régions. Des tendances à long terme entre 1900 et 2005 ont été observées dans le volume des précipitations sur de nombreuses grandes régions. Des précipitations beaucoup plus violentes ont été observées à l’est de l’Amérique du Nord et de l’Amérique du Sud, au nord de l’Europe et en Asie du nord et centrale ; tandis que dans les pays situés au niveau de la bande subtropicale (comprise entre 10 et 30 °C de latitude nord), on a pu observer des baisses de précipitations. Depuis les années 70, des périodes de sécheresse plus sévères et plus longues ont été observées en particulier dans les zones tropicales et subtropicales en ligne avec les températures plus élevées et les précipitations plus faibles (GIEC, 2007). La fréquence des fortes précipitations a également augmenté dans la plupart des zones terrestres, en cohérence avec le réchauffement et les accroissements observés de la vapeur d’eau atmosphérique. (GIEC, 2007). En 2010, le cycle hydrologique a subi des changements climatiques extrêmes et les précipitations terrestres mondiales ont été anormalement élevées (NOAA-NCDC, 2011). En effet, les études conduites par le Centre national de collecte des données météorologiques des États-Unis (NCDC) affirment que les précipitations moyennes mondiales ont enregistré un record de pluviosité, avec 52 mm au-dessus de la moyenne de la période de référence 1961-1990 (1 033 mm)20. Deux autres années ont été importantes dans l’histoire du record de pluviosité : les années 1956 et 2000, qui ont toutes deux été frappées par le phénomène climatique La Niña (OMM, 2011a). L’année 2010 s’est révélée fortement humide sur une grande partie de l’Asie orientale et de l’Australie : en effet, cette dernière a connu sa deuxième année la plus pluvieuse de tous les temps (52 % en plus par rapport à la moyenne de 1961-1990). De plus, les précipitations ont été nettementsupérieures à la moyenne sur une grande partie de l’Indonésie, au Japon, dans le sud-est de la Chine, en Inde occidentale et au Pakistan, qui a connu sa quatrième année la plus pluvieuse de la saison des moussons. En outre, dans une grande partie de l’Europe centrale et sud-orientale, et dans les zones adjacentes à l’Asie, on a observé des précipitations de plus de 50 % au-dessus de la normale : parmi celles-ci on note la Hongrie qui a battu son record de pluviosité de 1901 et d’autres régions comme Bursa en Turquie, Novi Sad en Serbie ainsi que de nombreuses stations en Moldavie qui ont elles aussi enregistré des précipitations record. À l’inverse des tendances les plus récentes, l’Espagne et le Portugal eux aussi ont vécu une année 2010 très pluvieuse (pour ce dernier, l’année 2010 a battu son record établi en 2000 avec des précipitations supérieures à la normale de l’ordre de 20 %). Enfin, en 2010 on a également observé de fortes précipitations au-dessus de la moyenne dans unegrande partie de l’Afrique occidentale, au Sahel, dans certaines régions de l’Amérique méridionale et nord-occidentale, au nord et à l’ouest des États-Unis, dans les prairies canadiennes et dans le sudoriental du Brésil (OMM, 2011a). Comme nous pouvons le constater sur le graphique de la figure 1.6., en 2010 certaines régions ont connu des périodes de grande sécheresse, dont l’Europe nord-occidentale, l’Ar-
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
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1.2.4 Variation des précipitations
gentine, le Chili, certaines îles du Pacifique central et oriental ainsi que le sud-ouest de l’Australie (OMM, 2011a). La majeure partie des modèles climatiques mondiaux (GCM) émettent l’hypothèse d’une croissance caractérisée par de courtes mais fortes et violentes précipitations, suivies par des inondations. Mesurer les variations dans le régime des précipitations reste une tâche difficile à accomplir, à cause de la variabilité multi-décennale qui accroît le niveau d’incertitude des estimations sur le long terme. Malgré cela, les variations relatives à l’intensité des violentes précipitations ont tendance à dépasser la variation relative moyenne des précipitations moyennes annuelles (Kharin et al., 2007 ; Good et al., 2010). Figure 1.6. Anomalies enregistrées au cours des précipitations annuelles de 201021 90 N
60 N
30 N
0
39
30 S
60 S
90 S 180
120 O
60 O -70
-50
0 -30
-10
60 E 10
30
120 E 50
70
Source : OMM (2011) sur la base de données fournies par le Deutscher Wetterdienst, le centre météorologique de la République fédérale d’Allemagne, en 2011.
1.2.5 Phénomènes météorologiques extrêmes Dans ce paragraphe, nous voudrions compléter ce qui a été reporté précédemment, surtout à la lumière du rapport qui a été établi sur les phénomènes climatiques extrêmes du GIEC, adopté au mois de novembre 201122. Cette année-là, le GIEC a noté en particulierque les analyses disponibles jusqu’à présent permettent de mieux comprendre les phénomènes observés et de faire des prévisions de manière plus précise. Des typologies d’évènements extrêmes comme la sécheresse, les fortes précipitations, les vagues de chaleur et l’intensité des cyclones tropicaux ont été introduites dans l’AR4 parmi les nombreux changements climatiques à long terme observés à partir de 195023, dont nous avons pu constaterune forte augmentation d’intensité et de fréquence. Les perturbations météorologiques provoquent également des variations dans l’espace, dans la durée et dans le
180
Figure 1.7. Évènements et anomalies climatiques les plus importants (2010) Alaska Canada États-Unis
40
Égypt et Israël Ouragan Alex
Tempête tropicale Agatha
Colombie
el Niño – Oscillation méridionale
Brésil
1985. Au début de l’année, une série de violentes tempêtes hivernales a conduit à d’abondantes neiges ainsi qu’à des tempêtes de neige sur une grande partie des États-Unis. De nombreux records saisonniers ont ainsi été battus. FÉDÉRATION RUSSE Les températures élevées ont dominé sur les régions de la partie occidentale durant les mois
Mongolie
de juin et juillet. Moscou a enregistré un record de température (38,2 °C soit 100,8 °F), le record précédent ayant Japon
été établi il y a 91 ans. La chaleur extrême a provoqué des conditions de sécheresse, redoutables en particulier
Typhon Kompasu
Chine Bangladesh Inde
effectués depuis 130 ans.
Typhon Megi
Cyclone tropical Cyclone tropical Phet Giri Sri Lanka Cyclone tropical Laila Kenya
Guam
Afrique occidentale
en 1972. Pour la Fédération Russe, la période de juin-août 2010 a été la plus chaude de toutes au vu des relevés FINLANDE En 1987, la Finlande a connu son année la plus froide. L’hiver 2010 (de décembre 2009 à Février 2010) s’est révélé le plus froid depuis 1987. La Finlande a battu un nouveau record national de température le 29
par la plus grande sécheresse depuis 1948.
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
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Mexique Ouragan Celia
Extension des glaciers Finlande de la mer artique GrandeBretagne Russie Norvège Irlande Dépression du Allemagne cyclone Xyntha Pakistan France
ÉTATS-UNIS De décembre 2009 à février 2010, les États-Unis ont connu leur hiver le plus froid depuis 1984-
dans la ville en 10 ans. À Lima, au Pérou, les températures ont chuté de 8 °C (soit 46 °F), un record de tempéra-
MONGOLIE Durant les quatre premiers mois de l’année, on a relevé des températures plus froides par rapport à la
41
ture depuis 46 ans.
moyenne. Au cours de la période janvier-avril, les températures moyennes de toute la Mongolie ont été estimées
Pérou
Brésil
Tempête tropicale Hubert
Amérique du sud méridionale
Australie
Cyclone tropical Thomas Cyclone tropical Ului
Cyclone tropical Edzani
Source : NOAA - NCDC, 2011.
AFRIQUE OCCIDENTALE Certaines régions de l’Afrique occidentale ont été frappées par de fortes précipitations (au mois d’août). Des milliers d’habitations ont été détruites et presque 200 000 personnes ont été touchées. ALASKA Le troisième janvier le plus sec depuis le début des relevés en 1918. ALLEMAGNE L’Allemagne a vécu le mois de décembre le plus froid depuis 1969 et le quatrième décembre le plus froid depuis le début des relevés en 1881. AMÉRIQUE DU SUD Le froid polaire a frappé plusieurs régions de l’Amérique du sud (en juillet). La ville de Buenos Aires, en Argentine, a enregistré de faibles températures (-1,5 °C soit 29 °F), la plus faible température relevée
AUSTRALIE L’Australie a battu son record de pluviosité établi en 2000, la troisième année la plus pluvieuse depuis le
juillet (37,2 °C, soit 99 °F) en dépassant le précédent record de 1,3 °C (2,3 °F) établi en 1914. La période 20012010 a été la décennie la plus chaude depuis le début des relevés de températures, en 1840. FRANCE Les tempêtes ont apporté des pluies torrentielles dans le sud de la France (en juin), provoquant ainsi les plus graves inondations jamais vues depuis 1827. GRANDE-BRETAGNE ET IRLANDE La Grande-Bretagne et l’Irlande ont enregistré un record de chutes de températures hivernales de décembre à février, des années 1978-1979 et 1962-1963. La Grande-Bretagne a vécu le mois de décembre le plus froid qu’elle ait connu en 100 ans. L’année 2010 a été la plus froide depuis 1986 aussi bien pour la Grande-Bretagne que pour l’Irlande. INDE L’année 2010 a battu le record de température depuis le début des relevés nationaux en 1901. JAPON Il a connu son été le plus chaud depuis le début des relevés nationaux effectués en 1898. KENYA Des semaines caractérisées par de fortes pluies ont provoqué les plus graves inondations depuis plus d’une décennie ainsi que d’importantes coulées de boue. MEXIQUE Juillet 2010 a battu son record de pluviosité depuis 1940 et le mois d’octobre 2010 a été caractérisé
entre 2 et 5 °C (soit 4 à 9 °F) en-dessous de la moyenne.
début des relevés en 1900. Au printemps, elle a connu les plus fortes précipitations jamais enregistrées (de septem-
NORVÈGE 2010 a été l’année la plus froide depuis 1985.
bre à novembre). Des semaines de fortes pluies durant le mois de décembre ont causé de graves inondations dans
PAKISTAN Les pluies de mousson ont causé de violentes inondations dans certaines régions du Pakistan (au mois
toute l’Australie nord-orientale. Les plus graves inondations se sont produites dans le Queensland, où le bilan fait
de juillet). Ces inondations ont été les plus destructrices depuis 1929 et ont touché 2,5 millions de personnes.
état de 16 morts et près de 200 000 victimes. Ces inondations ont été les plus importantes depuis les années 1970.
PAKISTAN Le 26 mai, Mohenjodaro a battu un record de température historique pour le Pakistan (53,5 °C soit
BANGLADESH Il a connu la saison des moussons la plus sèche depuis 1994.
128,3 °F). Il s’agit du record de chaleur en Asie depuis 1942.
BRÉSIL L’Amazonie septentrionale et occidentale a connu la pire sécheresse enregistrée depuis 40 ans. Le Rio
PÉROU De fortes précipitations ont causé des inondations et des glissements de terrain, faisant environ 62 000
Negro est descendu à son plus bas niveau, soit 13,6 m depuis le début des relevés en 1902.
victimes (janvier).
BRÉSIL Des précipitations de 279 mm se sont abattues en l’espace de 24 heures entre le 4 et le 5 avril à Rio de
SRI LANKA Des moussons et des pluies causées par le cyclone tropical Laila ont contribué à la pire des inondations
Janeiro. Il s’agit là des pluies les plus violentes enregistrées en 48 ans.
de ces cinquante dernières années (mai). De fortes pluies et des inondations au mois de décembre ont détruit plus
CANADA 2010 a été l’année la plus chaude depuis le début des relevés nationaux en 1948. Le Canada a vécu
de 8 000 habitations, et ont fait plus de 350 000 victimes.
son hiver le plus chaud et sec de décembre 2009 à février 2010, son printemps le plus chaud de mars à mai,
OURAGAN ALEX Rafales de vents à 175 km/h. Alex a été le premier cyclone tropical formé en juin à avoir affecté le
son troisième été le plus chaud de juin à août et son deuxième automne le plus chaud de septembre à novembre.
bassin atlantique depuis 1995. Il a été le plus puissant en termes de vitesse du vent depuis l’ouragan de juin 1966.
CARAÏBES Depuis la fin 2009 jusqu’au début 2010, de nombreux pays situés aux Caraïbes ont connu une période
OURAGAN CELIA (Juin) Rafales de vents à 260 km/h. Il s’agit de la deuxième tempête la plus violente enregistrée
de sécheresse record.
et du deuxième ouragan de catégorie 5 le plus fort qui se soient abattus au mois de juin.
CHINE La Chine a connu son été le plus chaud depuis 1961. Au mois d’août, la Chine sud-orientale a battu des
CYCLONE TROPICAL GIRI (Octobre) Rafales de vents maximales à 250 km/h. Giri a été le cyclone le plus de-
records de précipitations, provoquant le débordement des fleuves. Ces inondations ont été les plus violentes de la
structeur de l’année 2010, en termes de vitesse de vent et de vagues de tempête, causant la mort de 150
région depuis plus d’une décennie.
personnes au Myanmar.
COLOMBIE De fortes précipitations ont causé de nombreuses inondations et glissements de terrain meurtriers,
CYCLONE TROPICAL LAILA (Mai) Rafales de vents maximales à 120 km/h. Laila a été la première tempête formée
frappant environ 2 millions de personnes et provoquant la mort de 47 personnes. Il s’agit là des inondations les
en mai à s’abattre sur le sud-est de l’Inde depuis deux décennies.
plus violentes enregistrées en Colombie depuis le début des relevés en 1969.
CYCLONE TROPICAL PHET (Mai) Rafales de vents à 230 km/h. L’ouragan Phet est le deuxième cyclone le plus fort
ÉGYPTE ET ISRAËL De violentes pluies se sont abattues en Égypte et en Israël, donnant ainsi naissance à l’inon-
jamais développé dans la péninsule arabique. Il a causé de graves inondations ainsi que des glissements de terrain.
dation la plus destructrice depuis plus d’une décennie (janvier).
Le plus violent a été le cyclone tropical Guno en 2007.
CYCLONE TROPICAL TOMAS (Mars) Rafales de vents maximales à 215 km/h. Tomas est la tempête tropicale la plus intense à avoir atteint les îles Fidji après le passage du cyclone Bebe en 1972. CYCLONE TROPICAL ULUI (Mars) Rafales de vents maximales à 260 km/h. Ului a été intensifié par une tempête tropicale équivalente à un ouragan de catégorie 5 en l’espace de 24 heures, et similaire à l’ouragan Wilma (dans l’Atlantique) en termes de vitesse d’intensification des tempêtes tropicales. SAISON DES CYCLONES TROPICAUX DANS L’OCÉAN PACIFIQUE MÉRIDIONAL Activité en-dessous de la moyenne : 10 tempêtes, 6 cyclones. SAISON CYCLONIQUE DANS LE PACIFIQUE NORD-ORIENTAL Activité en-dessous de la moyenne : 8 tempêtes,
42
diminution de la fréquence des tempêtes et des ouragans. L’Énergie cyclonique accumulée (ACE) pour 2010 a été la troisième la plus basse après les années record de 2007 et 1977. SAISON CYCLONIQUE DES TYPHONS DANS LE PACIFIQUE NORD-OCCIDENTAL Activité en-dessous de la moyenne : 14 tempêtes, 7 cyclones. SAISON CYCLONIQUE DANS L’OCÉAN INDIEN SEPTENTRIONAL Activité au-dessus de la moyenne : 5 tempêtes, 4 cyclones. SAISON CYCLONIQUE DANS L’OCÉAN INDIEN DU SUD Activité en-dessous de la moyenne : 13 tempêtes, 7 cyclones. CYCLONES DANS LA RÉGION AUSTRALIENNE Pour la première fois depuis le début des relevés de précision en 1960, on ne note aucune apparition de cyclone tropical au cours du mois de février dans la région australienne. LA DÉPRESSION DU CYCLONE XYNTHIA Xynthia a frappé des régions de la côte occidentale avec de fortes tempêtes de neige et de violentes pluies (février). Elle été évaluée comme la tempête la plus destructrice ayant touché la région depuis 1999. SAISON CYCLONIQUE DANS L’ATLANTIQUE Activité au-dessus de la moyenne : 19 tempêtes, 12 ouragans. La fréquence des tempêtes et des ouragans a battu le record établi en 2005. ACTIVITÉ MONDIALE DES CYCLONES TROPICAUX Activité bien en-dessous de la moyenne : 69 tempêtes et 39 ouragans/typhons/cyclones, 22 ouragans/typhons/cyclones importants. TEMPÊTE TROPICALE AGATHA (Mai) Rafales de vents à 75 km/h. Agatha a provoqué d’importants cumuls de précipitations et de glissements de terrain dans plusieurs pays d’Amérique centrale. Le bilan annoncé était d’environ 320 morts. TEMPÊTE TROPICALE EDZANI (Janvier) Rafales de vents maximales à 220 km/h. Edzani est l’un des quatre plus violents cyclones tropicaux à s’être formés en 2010. TEMPÊTE TROPICALE HUBERT (Mars) Rafales de vents maximales à 65 km/h. Les pluies torrentielles et les inondations ont causé la mort de dix personnes et ont détruit les maisons de 38 000 habitants. TYPHON KOMPASU (Août) Rafales de vents à 185 km/h. Kompasu a été le typhon le plus violent de ces 15 dernières années ayant frappé Séoul, en Corée du sud. TYPHON MEGI (Octobre) Rafales de vents maximales à 290 km/h. Megi a été le cyclone tropical le plus puissant au monde depuis 2005 et le plus violent qui se soit abattu dans le Pacifique nord-occidental depuis 1984. GUAM De janvier à mai 2010, Guam a connu une grande période de sécheresse, la pire depuis 1998. EL NIÑO-OSCILLATION MÉRIDIONALE (ENSO) L’ENSO a été caractérisé tout d’abord par une phase chaude en 2010 (El Niño) pour finir par une phase froide (La Niña) au mois de juillet 2010. L’EXTENSION DES GLACIERS DE LA MER ARCTIQUE Il s’agit de la troisième plus faible extension enregistrée durant la saison de déglaciation après 2007 (le premier record) et 2008 (le deuxième record). Durant son expansion annuelle, la banquise arctique a atteint sa cinquième plus faible extension depuis le début des relevés, en 1979. L’EXTENSION DES GLACES DE L’ANTARCTIQUE Il s’agit de la huitième plus faible extension des glaciers en milieu marin durant la saison de déglaciation. Au cours de leur expansion annuelle, les glaciers marins de l’Antarctique ont atteint leur troisième plus grande extension après les records établis en 2006 et 2007, depuis le début des relevés de 1979. ANOMALIES ET PHÉNOMÈNES CLIMATIQUES IMPORTANTS EN 2010 La température moyenne de surface du globe et des océans est identique à celle de 2005, reconnue comme la période la plus chaude de l’histoire des 131 dernières années. La décennie 2001-2010 a été la période la plus chaude jamais enregistrée sur Terre. Note : le calcul du nombre de cyclones tropicaux se base sur des chiffres préliminaires établis par le NCDC.
il y a de fortes probabilitÉs que nous assistions, dans le futur, À une augmentation de la frÉquence et de l’intensitÉ des ÉvÉnements extrÊmes
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
3 ouragans. Grâce aux données satellitaires de grande précision relevées depuis 1971, on a pu observer une
temps sur de tels phénomènes climatiques24. Le niveau de confiance dans l’augmentation d’évènements observés, comme la vague de chaleur 18 qui a eu lieu en Europe durant l’été 2003 ou bien encore l’été 2006, est plutôt élevé (very likely confidence, de 90 à 99 %. En effet, les journées chaudes et les nuits chaudes sont devenues plus fréquentes tandis que les journées froides, les nuits froides et le gel le sont beaucoup moins (GIEC, 2011 ; Norden, 2010). En outre, il est certain que de tels phénomènes se produiront également au cours du XXIème siècle25. Le niveau de confiance dans les affirmations reportées quant à la diminution générale du nombre de journées froides, de nuits froides et de gel, et l’augmentation de la fréquence de journées et nuits chaudes et de vagues de chaleur observées au cours des 50 dernières années est plutôt élevé (verylikely confidence, de 90 à 99 %). En ce qui concerne l’activité des cyclones tropicaux, dont l’AR4 décrivait l’augmentation, le GIEC a révélé en 2011 un niveau de confiance faible (low confidence) quant à l’accroissement observé sur le long terme (plus de quarante ans) de l’intensité, de la fréquence et de la durée de ces cyclones. Toutefois, il est probable que les cyclones extratropicaux se sont déplacés vers les pôles. Dans le futur, on peut s’attendre à une augmentation probable de la vitesse des vents accompagnantles cyclones tropicaux, mais la fréquence de ces derniers pourrait diminuer ou bien rester substantiellement invariable. Il y a également un certain niveau de confiance (medium confidence, de 50 % environ) quant à la réduction du nombre moyen de cyclones extratropicaux (GIEC, 2011). Au sujet des phénomènes climatiques exceptionnels, outre ceux que nous avons mentionnés précédemment – comme par exemple les vagues de chaleur anormales qui ont frappé la Russie occidentale et ont causé la mort d’environ 11 000 pesonnes, ou encore l’extension mini male atteine par la calotte marine arctique – il est bon de se remémorer un des phénomènes définis par les Nations Unies comme l’une des plus graves crises humanitaires de l’histoire actuelle : la période de pluies de mousson qui ont violemment frappé le Pakistan et causé plus de 1 500 victimes, sans compter l’évacuation de 20 millions de personnes (ENEA, 2011 ; OMM, 2011a). Parmi les évènements enregistrés au cours de l’année 2011, rappelons les inondations soudaines provoquées par les intenses précipitations qui sont survenues au Brésil (a nord de Rio de Janeiro) et ont causé la mort d’au moins 900 personnes, et qui resteront dans les mémoires comme la catastrophe naturelle la plus meurtrière de l’histoire du pays. Enfin en Italie, l’année 2011 a été caractérisée par de fortes et violentes pluies qui ont engendré des inondations, des glissements de terrain et des désastres, sans compter de nombreuses victimes (OMM 2011b). Les pertes économiques dues à des catastrophes environnementales liées à des phénomènes climatiques ont augmenté au cours des dernières décennies, bien qu’avec une large variabilité spatiale et temporelle. Selon les estimations, les pertes annuelles sont passées de 1980 à aujourd’hui de quelques milliards de dollars à plus de 200 milliards26, la plus grosse perte ayant été estimée en 2005 (l’année de l’ouragan Katrina). Les données ont toutefois été sous-estimées parce que seuls la perte ou l’endommagement direct des biens sont monétisés, alors que les dégâts causés au patrimoine culturel, aux services fournis par les écosystèmes – dont l’évaluation économique est particulièrement complexe – et la perte de vies humaines ne sont pas pris en considération (GIEC, 2011). Quant au PIB, durant la période 2006-2011, les pertes ont représenté 1 % du PIB dans les pays aux revenus moyens, 0,3 % dans les pays aux faibles revenus et moins de 0,1 % dans les pays aux revenus élevés (GIEC, 2011). La sévérité des impacts causés par les catastrophes naturelles dépend fortement du niveaud’exposition et de vulnérabilité à de tels évènements. En conclusion, dans la ligne de ce qui avait été prévu dans le rapport de 2007 sur les évènements extrêmes, il faut s’attendre à une hausse de l’intensité et de la fréquence de ces phénomènes, mais aussi à une augmentation significative des pertes économiques liées à ces catastrophes.
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© Corbis
2. CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET SECTEUR AGRICOLE
46
O les changements climatiques ont un impact sur divers secteurs importants du socio-ÉcoSYSTÈMe
n suppose que les récents changements observés au niveau régional ont eu très probablement différents impacts sur les systèmes physiques et biologiques (GIEC, 2007). La gravité de ces impacts est susceptible de varier considérablement en fonction de l’augmentation de la température moyenne, relative aux différentes régions. Les principaux secteurs du socio-écosystème concernés sont : - le secteur hydrique : il est fort probable que dans de nombreuses régions on constate une réduction de la disponibilité des ressources hydriques ; - les écosystèmes et la biodiversité : nous assisterons vraisemblablement à une augmentation du risque d’extinction des espèces végétales et animales ; - le système côtier : les côtes seront exposées à des risques majeurs, y compris l’érosion, dérivant de l’élévation prévue du niveau de la mer et de la manifestation de phénomènes exceptionnels ; - le système agroalimentaire : les prévisions indiquent des variations dans la productivité agricole et forestière et dans la disponibilité de produits comestibles (en particulier les poissons) ; - le secteur sanitaire : il est possible que les futurs changements climatiques influencent l’état de santé des populations ainsi que la mortalité/le handicap liés à des événements climatiques extrêmes et à la diffusion de maladies tropicales même à des latitudes moyennes. Good présente une nouvelle lecture de la littérature scientifique la plus récente à propos des différents impacts (Good et al., 2010), qui apparaît une nouvelle fois que l’on a eu recours à des méthodes probabilistes et que d’importantes considérations sur l’incertitude inhérente aux modèles prévisionnels climatiques ont été faites. Cette méthode d’évaluation est de plus en plus souvent adoptée, par exemple en ce qui concerne les cultures agricoles (Tebaldi et Lobell, 2008 ; Tao et al., 2009) et la modélisation de l’évolution des ressources hydriques (Gosling et al., 2010). Les conclusions que l’on peut tirer des modèles aléatoires peuvent différer considérablement de celles émergeant des modèles non-aléatoires et utilisées par l’GIEC dans l’AR4 (on pense, par exemple, aux conclusions de Tebaldi et Lobell, 2008). Les principaux résultats obtenus concernant le secteur agro-alimentaire seront à présent illustrés dans les publications faisant suite à l’AR4. Pour une analyse plus détaillée relative aux autres secteurs/systèmes, veuillez vous reporter à l’étude de Good et ses collaborateurs (2010).
2.2 Impacts sur la productivité agricole
E
n adoptant une approche d’analyse aléatoire, Tebaldi et Lobell (2008) montrent que l’impact mondial du changement climatique sur la productivité agricole pourrait être moins optimiste1 que celui suggéré par les conclusions non-aléatoires établies dans l’AR4. Les changements prévus dans les températures et dans les précipitations influencent négativement la productivité agricole, provoquant une diminution de cette dernière de 13 % (5 à 25 %) pour le maïs, de 9 % (1,7 à 17 %) pour le houblon et de 5 % (1 à 10 %) pour le blé. Si l’on inclut l’« effet de fertilisation du CO2 » supposé, la moyenne des pertes prévues se réduit de 7% pour le blé et le houblon, mais ne change pas pour le maïs. Good pense que l’approche adoptée par Tebaldi et Lobell (2008) peut être appliquée comme modèle pour la réalisation de futures analyses en la matière (Good et al., 2010). De plus, une approche similaire a été adoptée par Tao, qui a simulé des variations de la production de maïs en Chine (Tao et al., 2009). Prenant en compte l’impact du changement climatique et la croissance de la population, Hisas (2011) met en évidence qu’en 2020, la production mondiale subira un déficit entre l’offre et la demande de froment, de riz et de maïs de l’ordre de 14, 11 et 9 % respectivement, alors que la seule production de soja connaîtra un surplus mondial de 5 % environ. Le GIEC de 2007 souligne que sous l’effet de la fertilisation provoquée par la concentration atmosphérique de CO2, le rendement agricole augmentera de 10 à 25 % pour certaines typologies de céréales (par exemple, le blé) et de 0 à 10 % pour les autres (par exemple, le maïs)2. Après la publication de l’AR4, on a assisté à une rapide expansion de la recherche sur l’effet potentiellement positif de ce phénomène3. Pourtant, dans l’ensemble, les résultats obtenus par les études effectuées dans ce domaine sont moins optimistes que ceux présentés par l’AR4, en raison de l’effet de compensation entre les hausses et les baisses de rendement, associées à une augmentation du niveau de concentration de la couche d’ozone, des températures et de la prédominance de parasites et d’herbes envahissantes. En outre, ces études soulignent le niveau important d’incertitude associée à la relation entre concentration atmosphérique de CO2 et productivité agricole. Le GIEC de 2007 indique par ailleurs que l’« effet CO2 » supposé pourrait être plus important dans les cultures sous « moisture stress » que dans les cultures à irrigation, une affirmation confirmée par les études plus récentes pour lesquelles le CO2 enrichment induit des augmentations de productivité de l’ordre de 5 à 20 %4. En revanche, Challinor et Wheeler (2008) remettent en question cet effet. Enfin, de nouvelles études confirment les résultats indiqués par le GIEC de 2007 : les réductions substantielles de la dimension de l’impact que le changement climatique pourrait générer sur la production agricole mondiale, et donc sur la sécurité alimentaire, pourraient être obtenues par une politique d’atténuation. En effet, cela implique, par exemple, que les politiques d’atténuation vouées à limiter la température moyenne mondiale à 2 °C pourraient réduire les pertes dans la production agricole de 70 à 100 % et l’exposition à la malnutrition de 30 à 50 % par rapport au scénario dit « business-asusual» (Good et al., 2010 ; Friel et al., 2009 ; Arnell et al., 2010).
les changements dans les tempÉratures et les pluies auront des effets nÉgatifs sur la productivitÉ agricole
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
2.1 Impacts du changement climatique et vulnérabilité du socio-écosystème
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une forte incertitude demeure quant À la possibilitÉ d’effets positifs de la plus grande concentration de CO2 SUR la productivitÉ agricole
48
L’AGRICULTURE EST à LA FOIS UNE CAUSE DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET UN DES SECTEURS QUI EN SUBIT LES EFFETS
L’
agriculture et le changement climatique se caractérisent par une relation complexe de cause à effet (BCFN, 2009). Le secteur agricole génère, en effet, des quantités importantes de gaz à effet de serre, principale cause du changement climatique, et en subit en même temps les conséquences dérivant des effets complexes qu’ils auront sur les processus biophysiques à la base des systèmes agricoles. L’augmentation de la concentration de CO2 dans l’atmosphère, des températures, ainsi que les modifications dans le régime des précipitations et dans la fréquence des phénomènes extrêmes, auront des répercussions non seulement sur le volume, sur la qualité et sur la stabilité de la production agricole et zootechnique, mais également sur l’environnement naturel dans lequel l’agriculture ellemême agit. De plus, le changement des conditions climatiques aura des conséquences sur la disponibilité des ressources hydriques ainsi que sur la prolifération des organismes nocifs, des maladies et des parasites conditionnant la production agricole et zootechnique (UE et SEC, 2009). La sécurité alimentaire d’une population mondiale en croissance perpétuelle et le développement économique et social dépendent de façon substantielle du secteur primaire qui, selon la Banque Mondiale (2008), représente la première source de revenu d’environ 2,6 milliards de personnes, soit 40 % de la population mondiale5 : l’agriculture est, en effet, un secteur clé pour la lutte contre la pauvreté et la famine. En Asie méridionale, plus de 75 % de la population installée dans les zones rurales dépend de l’agriculture pluviale, zootechnique et de la sylviculture (Sapkota, 2010) ; la situation est la même en Amérique latine pour 70 % de la population (Muchnik et al., 1997) et plus de 60 % des Africains semblent dépendre directement du secteur pour leur survie (FAO, 2008). Toutefois, le secteur agricole, étant à l’origine un problème, est en mesure de devenir une partie de la solution, en jouant un rôle majeur dans les stratégies d’atténuation et d’adaptation. Une approche intégrée, transversale et holistique est nécessaire afin de transformer une menace en opportunité de développement à basse émission et faible effet de serre.
2.4 Contribution du secteur agricole au changement climatique
L
e secteur agricole produit 13,5 % des émissions mondiales de GES (GIEC, 2007), c’est-à-dire entre 5 et 6 Gigatonnes (Gt)6 de CO2-eq, et a une incidence indirecte pour 17 % supplémentaires, si on prend en compte également les variations dans la destination d’utilisation des terrains, la dégradation et la déforestation (GIEC, 2007 ; Banque Mondiale, 2009). Le secteur représentant environ 4 % du PIB mondial, ces données sousentendent que l’agriculture est un facteur intensif de gaz à effet de serre. L’incidence du secteur sur la part totale des émissions serait plus grande encore si également les phases et procédés de transformation de la filière agroalimentaire étaient ajoutés au calcul. Le profil d’émission de GES du secteur primaire est profondément différent de celui des autres secteurs, tout comme le secteur industriel et celui des transports, étant donné qu’il est source de protoxyde d’azote (N2O) et de méthane (CH4). Le premier est libéré dans l’atmosphère depuis les terrains agricoles, en raison principalement de la transformation microbienne des fertilisants azotés dans le sol, alors que le second est généré par la fermentation entérique des ruminants (bovins et ovins), par la décomposition anaérobie des déjections des élevages et par la culture du riz en immersion. Ces gaz ont un potentiel de dégradation du climat supérieur au CO2 : le N2O, notamment, a un potentiel de réchauffement global GWP)7 260 fois supérieur au CO2 ; le CH4 est lui 21 fois supérieur. Les émissions agricoles de N2O et CH4 ont augmenté de 18,1 et 148,1 % par rapport à l’ère préindustrielle et de 17 % dans la période 1990-2005 (GIEC, 2007). En 2005, le secteur a enregistré environ 58 % (2,8 GtCO2-eq/an) des émissions anthropiques mondiales de N2O et environ 47 % (3,3 GtCO2-eq/an) de celles de CH4. En l’absence de politiques environnementales futures, on a estimé pour 2030 une croissance de l’ordre de 35 à 60 % pour le protoxyde d’azote et de 60 % pour le méthane, augmentant ainsi à un rythme très important comparé à celui de la période 1990–2005. Le volume et l’importance relative des émissions provenant de sources diverses varient de façon considérable au niveau régional. Le GIEC de 2007 indique qu’en 2005 un groupe de 5 pays hors Annexe I ont été responsables de 74 % du total. La croissance économique et les changements dans les habitudes alimentaires de certains pays en voie de développement détermineront de manière significative la tendance future des émissions8. Si, d’une part, les changements dans la destination d’utilisation des terrains – in primis, la déforestation9 – la dégradation, les pratiques mono-culturelles et les élevages intensifs sont responsables d’une part importante des GES, ainsi que la cause d’une pollution agrochimique, d’un épuisement des sols et d’un appauvrissement des ressources hydriques ; d’autre part, des techniques agricoles appropriées peuvent, au contraire, favoriser le stockage de carbone dans a végétation et le sol, mais aussi encourager la conservation de la biodiversité, la protection des habitats, la gestion des bassins hydriques et l’entretien/la restauration des paysages multifonctionnels (CE et SEC, 2009 ; Banque Mondiale, 2008).
l’agriculture produit directement 13,5 % des Émissions de gaz À effet de serre
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
2.3 Rôle du secteur agro-forestier dans les changements climatiques
49
en tenant compte Également des effets indirects, on aboutit À environ 1/3 des Émissions totales
du problÈme À une solution possible : les techniques agricoles d’attÉnuation
Figure 2.1.A. Profil d’émission de gaz à effet de serre du secteur agricole
86,5 %
13,5 %
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
AGRICULTURE
CATEGORIE GAS
Sol (N2O) 40 %
Fermentation enterique (CH4) 27 %
N2O 46 %
Culture du riz (CH4) 10 %
CH4 45 %
Énergie relative (CO2) 9 % CO2 9 %
Gestion du fumier (CH4) 7 %
Autres (CH4, N2O) 7 %
Source : Kasterine et Vanzetti, 2010.
50
La part présentée des émissions liées au secteur primaire ne comprend pas celles générées par l’utilisation des fonds énergétiques d’origine fossile dans la filière agroalimentaire. Au niveau mondial, il n’existe aucune base de données exhaustive sur la part qu’il est possible d’attribuer à ces derniers, et de récentes estimations (El-Hage Scialabba et Müller-Lindenlauf, 2010) relatives aux États-Unis suggèrent que le secteur a re cours à presque 19 % de l’énergie fossile utilisée au niveau national. Certaines analyses préliminaires sur la répartition des émissions entre les différentes phases de la filière agroalimentaire estiment que la structure diffère de façon significative entre les pays dévelop PHASES
Figure 2.1.B. Émissions de N2O et CH4 (MtCO2-eq) historiques et prévisionnelles pour le secteur agricole dans 10 régions du monde10 (1990-2020)
Asie orientale Europe centrale hors-Annexe I EECCA et orientale 2000 500 500 0 0 1990 2020 1990 2020 1000 2020 Moyen-Orient et Afrique septentrionale South East Asia 0 500 1000 1990 2020
1000
1000 0 1990 0 1990
2020 Amérique Latine et Caraïbes 2000
8000
0
1990
2020
Afrique sub-saharienne
Monde 1000
1000
4000 0 1990
0 1990
2020
2020 Source : GIEC, 2010.
0 1990
0 1990
2020
OCDE Pacifique 500 0 1990
2020
SUÈDE
INDE
Production
15-19
87
Trasformation
17-20
2
Distribution et détail
20-29
1
Consommation
38-45
10
Source : CNUCED, 2011.
Europe occidentale OCDE Amérique septentrionale
pés et ceux en voie de développement, car si dans ces derniers la consommation de produits locaux et non-transformés est prédominante, dans les premiers, en revanche, on préfère utiliser des produits ayant subi différentes phases de transformation. Les phases de la supply-chain (chaîne d’approvisionnement) qui ont une influence majeure sur la part des émissions sont le transport et la transformation (raffinage, extraction, pré-cuisson, conservation, congélation, etc.). Rundgren (2011) ainsi que Pathak et ses collaborateurs (2011) présentent quelques estimations réparties par phases principales de la filière dans deux pays représentatifs, la Suède et l’Inde :
2020
Comparé à une production locale, quand un procédé de production étranger est majoritairement compétitif en termes d’énergie pour les conditions climatiques favorables (par exemple, pour les produits tropicaux) ou la saisonnalité (par exemple, fruits et légumes frais), le commerce mondial de produits agricoles peut être considéré efficace d’un point de vue énergétique. Les phases de transport qui génèrent des niveaux élevés d’émission, impliquant des changements dans les modèles de consommation, sont, en revanche, préférables quand la production locale se fait sous serre ou nécessite de
longues périodes de stockage en chambres froides (CNUCED, 2011). L’analyse du cycle de vie des produits dans l’ensemble de la filière (Life-cycle assessment, LCA) permet d’enregistrer, de quantifier et d’évaluer l’empreinte environnementale associée à la production d’un bien déterminé, en réussissant à identifier si des procédés de production efficaces peuvent compenser les dépenses énergétiques des phases de transport et de stockage ; elle permet également d’identifier d’éventuelles zones d’amélioration (comme par exemple le packaging) et aide à orienter les choix de consommation des agents économiques.
Agriculture, alimentation Agriculture durables durableetetchangements changementclimatiques climatique
AUTRES SECTEURS
Émissions de CO2 dues à l’utilisation de l’énergie dans le secteur agroalimentaire
51
2.5 Rôle du secteur agricole dans les stratégies d’atténuation et d’adaptation
Atténuation et adaptation
52
70 % du potentiel global d’attÉnuation dans le secteur eST concentrÉ dans les pays en voie de dÉveloppement
P
our affronter le double défi de réduire les gaz à effet de serre et d’empêcher les effets provoqués par les changements climatiques au niveau local, il est nécessaire d’instaurer/exploiter les synergies possibles entre atténuation et adaptation, en individualisant et en mettant en place des mesures capables de renverser les émissions et de renforcer la résistance des écosystèmes agricoles ainsi qu’une utilisation plus durable des ressources naturelles. Le potentiel technique d’atténuation mondiale du secteur12 estimé pour 2030 s’élève à environ 5,5 à 6 GtCO2-eq/an (Smith et al., 2007 et 2008), dont 89 % résident dans l’entretien et le développement de la capacité d’absorption de carbone organique13 à l’intérieur des terrains et de la végétation, en particulier à travers : - la rénovation des sols organiques cultivés ; - les améliorations dans les pratiques de traitement et de travail des terrains cultivés, y compris l’agronomie, la gestion des nutriments, le travail minimum et le non-travail (labour)/ la gestion des déchets et des ressources hydriques, notamment l’irrigation et le drainage ; - la rénovation des terrains dégradés à travers des interventions de reforestation et de revégétation, le contrôle de l’érosion et l’utilisation d’amendements organiques et de nutriments ; - l’amélioration des techniques de gestion des pâturages, y compris l’intensité et la gestion intégrée des éléments nutritifs, etc. (GIEC, 2007). Environ 70 % de ce potentiel se concentrent dans les pays en voie de développement (UNFCCC, 2008a ; FAO, 2007), alors qu’environ 11 % du potentiel de réduction du secteur proviennent de la réduction des émissions (principalement de N2O et CH4) à la source, à travers la gestion des pratiques de production rizicole et du bétail (y compris l’amélioration des pratiques alimentaires, l’utilisation d’additifs alimentaires et le traitement des déjections). Des réductions ultérieures peuvent être obtenues non seulement par des améliorations dans toute la filière agroalimentaire, mais également à travers la production d’énergie à partir des biomasses agricoles, comme par exemple les déchets des cultures et des forêts, en remplacement d’autres sources basées sur les combustions fossiles. Les opportunités d’atténuation établies ci-dessus pourraient contribuer non seulement à des réductions effectives et significatives des émissions, mais également à développer en même temps le potentiel de production des cultures, en augmentant la productivité et la résistance et en favorisant l’adaptation des systèmes agricoles aux impacts potentiels des changements climatiques (ICTSD-IPC, 2009 et 2008 ; CEC, 2009). Ces options représentent une forme relativement intéressante d’atténuation, étant réalisables à des coûts maîtrisés voire « négatifs » – c’est-à-dire en mesure de rentabiliser de façon adaptée et immédiate les investissements (McKinsey, 2009 ; Banque Mondiale, 2011) – et, les technologies et pratiques nécessaires à leur réalisation étant d’ores et déjà disponibles (FAO, 2009). McKinsey (2009) estime qu’en 2030, le coût de la réduction des émissions pour la gestion des
gement climatique. La redéfinition et l’ajustement du calendrier de semailles et des variétés semées, le transfert des cultures dans d’autres zones et l’amélioration des techniques de gestion du territoire, en sont des exemples. On notera que la réalisation des stratégies d’intervention, en raison de la complexité qui les caractérise, apparaît particulièrement coûteuse, surtout en termes de coordination des actions à mettre en place. En effet, outre les capacités et les compétences techniques, financières et institutionnelles, la planification et la mise en oeuvre de telles actions nécessitent surtout une volonté politique tant au niveau international que local, ce qui fait de la conception des stratégies aussi bien que de leur réalisation, une entreprise très stimulante.
53
© Corbis
limiter les Émissions et renforcer la rÉsilience et la durabilitÉ des systÈmes agricoles
Les stratégies d’intervention pour affronter et résoudre les problèmes liés au changement climatique peuvent être rassemblées en deux catégories principales : 1) stratégies d’atténuation : capables d’agir sur les causes du phénomène, à travers la recherche d’une réduction ou d’une stabilisation des émissions de gaz à effet de serre. L’adoption d’engrais biologiques, l’amélioration des techniques d’élevage du bétail et de traitement du fumier, la restauration des cultures végétales et l’optimisation des techniques de traitement du sol pour augmenter l’absorption et le stockage du CO2, en sont des exemples ; 2) stratégies d’adaptation : capables d’agir sur les effets à travers des plans, des programmes et des actions en mesure de minimiser les impacts du chan-
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
11
54
COÛTS DE RÉDUCTION ¤/CO2-eq 60 50 40 30 20 10 0 -10 -20 -30 -40 -50 -60 -70 -80 -90 -100
Interrupteur d’éclairage à incandescence à LED (Habitation) Appareils électroniques Efficacité du système du moteur Biocarburants de première génération Véhicule totalement hybride
5
10
Rénovation CCS (Capture et Stockage du carbone) des installations à gaz Conversion réduite Nouvelle construction CCS en fer et acier des cultures sur brûlis Nouvelle construction CCS à carbone Conversion réduite des pâturages Rénovation CCS Gestion des prairies à carbone Restauration des terrains biologiques
15
20
Géothermie Gestion du riz Petites centrales hydroélectriques Recyclage des déchets Amélioration du rendement et autres industries Génération d’énergie électrique à partir du gaz d’échappement Transformation de la masse en fusion en cendre volatile Rendement de construction des nouvelles constructions Rénovation de l’isolation (domestique) Travail de la terre et traitement des déchets Gestion des nutriments dans les champs cultivés Véhicules hybrides rechargeables Rénovation résidentielle des HVAS (échantillonneurs d’air) Biocarburants de seconde génération Appareil domestique
25
30
35
38
CSP solaire Conversion réduite en agriculture intensive Vent à haute pénétration PV solaires (Cellules photovoltaïques) Vent à basse pénétration Reboisement des forêts dégradées Reforestation des pâturages Restauration des terrains dégradés Nucléaire RÉDUCTION POTENTIELLE Gt CO2-eq
Source : McKinsey & Company, 2009.
la biodiversitÉ en tant qu’instrument de rÉduction des risques
L’exacerbation des effets des changements climatiques imposera des efforts d’adaptation importants, particulièrement dans les pays en voie de développement, afin par exemple de gérer les cultures dans des conditions de disponibilités limitées des ressources hydriques, de températures plus élevées et d’exposition à des phénomènes extrêmes. La résistance au stress climatique est étroitement liée à l’augmentation de la biodiversité agricole et à l’amélioration de la matière organique des sols. Les pratiques de conservation et d’accroissement de la biodiversité permettent aux cultures d’imiter des procédés écologiques naturels, afin de répondre aux changements et de réduire de cette façon les éventuels risques. L’exploitation de la diversité intra- et interspécifique fait office « d’assurance » contre les futurs changements environnementaux, en augmentant la résilience du système. Le développement de la matière organique des sols, par exemple par l’utilisation d’engrais végétaux, de compost et par le recyclage des déchets des cultures et du fumier, permettrait d’augmenter la capacité de retenue hydrique des sols et leur capacité de rétention en cas de pluie torrentielle. La rotation diversifiée des cultures permet aux agriculteurs de cultiver des produits pouvant être récoltés à diverses périodes et ayant des caractéristiques différentes de réponse aux stress climatiques/environnementaux. Cette variété de résultats et de niveaux de résilience constitue une protection contre le risque de sècheresse et les températures extrêmes ou hors des moyennes saisonnières, qui pourraient influencer négativement les rendements
PLANIFICATION POUR LE CHANGEMENT CLIMATIQUE ET LA VARIABILITÉ UTILISATION ET GESTION DURABLES DES RESSOURCES HYDRIQUES
1. Système national de surveillance du changement climatique 2. Prévision saisonnière et interannuelle 3. Systèmes décentralisés d’alerte anticipée gérés par les communautés 4. Assurance climatique 1. Irrigation par la pluie et au goutte à goutte 2. Récupération du brouillard 3. Récupération des eaux de pluie
GESTION DES SOLS
1. Terrasses de façonnage lent 2. Travail de conservation du terrain 3. Gestion intégrée des nutriments du sol
GESTION DURABLE DES CULTURES
1. Diversification des cultures et nouvelles variétés 2. Nouvelles variétés grâce aux biotechnologies 3. Gestion écologique de l’extermination des nuisibles 4. Stockage des semences et céréales
GESTION DURABLE DU BÉTAIL
1. Élevage sélectif par accouplement contrôlé 2. Gestion des maladies du bétail
SYSTÈME AGRICOLE DURABLE
1. Agriculture mixte 2. Agroforesterie
ORGANISATION ET CONSTRUCTION DES COMPÉTENCES
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
Figure 2.2. Courbe des coûts de réduction des gas à effet de serre estimés pour 2030 par rapport à la situation de départ
Figure 2.3. Présentation de technologies douces et dures d’adaptation avec des implications importantes en termes d’atténuation
1. Écoles agricoles dans les champs 2. Agents d’élargissement de la communauté 3. Groupes d’utilisateurs des forêts 4. Associations des utilisateurs d’eau
Source : CNUCED, 2011.
d’une certaine variété de cultures, sans toucher les autres. En somme, les mêmes pratiques de régénération des sols, grâce auxquelles on obtient des bénéfices en termes d’atténuation, permettent aux agriculteurs de gérer/s’assurer contre les risques dérivant des effets des changements climatiques mondiaux actuels. La promotion et le soutien à la recherche agronomique et climatique sont fondamentaux pour la planification de stratégies d’atténuation et d’adaptation à long terme, comme des activités appropriées de capacity building et le transfert des technologies dans les pays en voie de développement14.
le soutien À la recherche dans le domaine de l’agronomie et de la climatologie est essentiel
55
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cultures et des pâturages, et la rénovation des sols organiques et des terres dégradées seront en mesure de générer des bénéfices supérieurs au coût de l’intervention (figure 2.2.). Cependant, il n’y a pas une seule pratique ou technique qui puisse être adoptée pour tous les types de sols, conditions climatiques ou systèmes de culture : en effet, il est nécessaire d’individualiser et de réaliser, au cas par cas, les pratiques et les techniques qui s’adaptent le mieux aux conditions spécifiques d’un territoire.
Bruce Baumann/National Geographic Stock
3. Le cadre de l’action internationale
Figure 3.1.A. Probabilité de dépasser l’objectif de limiter la hausse des températures à 2 °C par rapport aux émissions de CO2 dans la première moitié du XXI siècle8
100 %
Scenarios:
il est techniquement possible et Économiquement viable de respecter l’objectif fixÉ pour les Émissions
improbable moins plus probable probable que que improbable improbable
Probabilité de dépasser les 2 °C
Incertitude climatique:
50 %
1 8
12
40 % 30 %
Intervalles d’incertitude liée à la sensibilité climatique Moyenne des variations Émulation de CMIP3 et CMIP4
20 % 10 % 0%
très probable
500
0 Émissions de CO2 de 2000 à 2006
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
l’objectif est de maintenir le rÉchauffement global en deçÀ de 2 °C par rapport À la pÉriode prÉ-industrielle
60 %
1000
2000
1500
2500
Émissions de CO2 totales pour la période 2000-2049 (Gt CO2) Utilisation sur Terre Gaz Pétrole Charbon
59
Total des réserves de combustibles fossiles
0
500
1000
1500
2000
2500
Carbone émis disponible
Figure 3.1.B. La tendence des émissions de CO2 liées à l’energie9 45
40
28 %
OCDE Non-OCDE
Scénario des politiques actuelles
35
71 %
Scénario des nouvelles politiques
7 Gt
33 %
30
15 Gt Scénario 450
65 %
25
20 1990
2000
Source : (A) Meinshausen et al., 2009 ; (B) AIE, 2011.
2010
2020
2030
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
58
2
70 %
Probabilité de rester en dessous de 2 ° C
80 %
012 est une année particulière dans l’histoire des accords internationaux sur le changement climatique, et deux d’entre eux sont très importants : l’expiration du protocole de Kyoto et la Conférence des Nations Unies, vingt ans après le « Sommet de la Terre » de Rio de Janeiro. Face à ce tournant, la communauté internationale s’interroge sur les mesures prises jusqu’à présent, sur l’efficacité des interventions, ainsi que sur ce qu’il reste à faire pour combler l’ « emission and financing gap »1, afin d’ « atteindre la stabilisation des concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique » (art. 2, CCNUCC, 1992) et de promouvoir un développement résiliant aux changements climatiques. Bien que le degré élevé d’incertitude qui caractérise encore la science du changement climatique et de ses impacts ne permette pas de définir « un objectif clair et incontestable » et que « la traduction directe des niveaux de température des émissions reste risquée »2 (Randalls, 2010), la communauté internationale s’engage à limiter la hausse de la température moyenne mondiale de 2 °C par rapport à la période préindustrielle, un objectif décidé au cours de la Conférence de Copenhague, intégré au droit interne des accords de Cancún (CCNUCC, 2010) et considéré comme le niveau au-delà duquel pourraient survenir des perturbations massives et irréversibles du système climatique (Schellnhuber et al., 2005). Pour avoir une probabilité de 50 % d’atteindre un tel objectif, il est nécessaire de stabiliser la concentration atmosphérique de gaz à effet de serre à 450 parts par million de CO2 équivalent (ppm eq. CO2) d’ici 2050, une valeur environ 5 % au-dessus des niveaux actuels (AIE, 2011). Une politique climatique visant à stabiliser les concentrations à ce niveau implique d’ici 2050 des réductions drastiques des émissions, plus de 80 % par rapport à 1990 (GIEC, 2007). Toutefois, en raison de la croissance économique rapide des pays émergents3 (Edenhofer et al., 2009) les tendances d’émissions actuelles dépassent déjà le scénario le plus « pessimiste » du GIEC (A1FI4) – orienté vers une utilisation importante des combustibles fossiles – et par conséquent l’objectif optimiste de stabilisation pourrait nécessiter des efforts de réduction encore plus ambitieux5. Inverser la tendance à la hausse enregistrée jusqu’ici et respecter l’objectif des 450 ppm est techniquement et économiquement viable face à un investissement de 0,1-1,4 % du PIB mondial annuel6 (Edenhofer et al., 2009), ou de 1,1 % selon de récentes analyses de l’Agence internationale de l’énergie (AIE, 2011)7. En 2011, cette dernière a souligné que reporter l’adoption et la mise en oeuvre des interventions représente une « fausse économie » ; en fait, elle soutient que « pour chaque dollar non investi dans le secteur de l’énergie avant 2020, il faudra 4,30 dollars de plus après 2020 pour compenser les niveaux d’émission supplémentaires », et ceci, surtout, compte tenu du fait que selon le scénario de stabilisation à 450 ppm eq. CO2, 80 % des émissions
très improbable
SRES A1FI 6 exemplaires SRES 35 SRES 7 EMF 14 EMF 3 Stern / EQW 948 EQW HALVED-BY-2050
90 %
probable
3.1 L’évolution du débat sur le changement climatique dans le contexte international
2035
« admissibles » est déjà « locked-in » dans les infrastructures énergétiques et non existantes. En outre, une éventuelle « inaction » pourrait avoir des conséquences sociales graves, de l’ordre de 1 à 5 % du PIB mondial, selon les estimations du GIEC (2007) et jusqu’à 20 % comme indiqué dans le rapport Stern de 2006, qui prend aussi en compte les impacts non commerciaux10. La plupart des solutions possibles existent et sont déjà disponibles (Pacala et Socolow, 2004) : les responsables politiques sont donc appelés à définir et à adopter les politiques nécessaires pour les mettre en pratique. À la lumière de ces considérations, les paragraphes suivants et le chapitre 4 proposent un résumé analytique des aspects pertinents qui sont apparus au cours des récents sommets internationaux sur le climat. En particulier, en se référant aux thèmes principaux traités, nous souhaitons présenter les résultats les plus importants obtenus au cours des rencontres de négociation suivantes : - la XVème Conférence des Parties à la Convention sur les Changements Climatiques11 (COP 15), tenue à Copenhague en décembre 2009 ; - la XVIème (COP 16) tenue à Cancún au Mexique en novembre/décembre 2010 ; - la XVIIème (COP 17) tenue à Durban en Afrique du Sud en novembre/décembre 2011 ; - le sommet Rio+20 tenu à Rio de Janeiro du 20 au 22 juin 2012.
60
© Corbis
©
La Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC), les Pays de l’Annexe I et la Conférence des Parties (COP)
La Convention-cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (United Nations Framework Convention on Climate Change, UNFCCC) a été ouverte à la signature dans le cadre de la Conférence des Nations Unies sur l’Environnement et le Développement, tenue à Rio De Janeiro en 1992. Le 12 juin 1992, 154 nations signèrent la CCNUCC, qui après sa ratification obligea les gouvernements à poursuivre un « objectif non contraignant » pour réduire les concentrations atmosphériques de gaz à effet de serre afin d’ « éviter toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique sur Terre ». Ces actions visaient principalement les pays industrialisés, avec l’intention de stabiliser d’ici l’an 2000 leurs émissions de gaz à effet de serre aux niveaux de 1990 ; en revanche, d’autres responsabilités retombaient sur toutes les parties impliquées dans la convention. Les nations signataires acceptèrent de reconnaître les « responsabilités communes mais différenciées », avec une plus grande responsabilité imputable aux pays développés listés dans l’Annexe I de la CCNUCC (Pays de l’Annexe I) concernant la réduction des émissions à effet de serre à court terme.
Les Pays de l’Annexe I (ou bien industrialisés) sont l’Australie, l’Autriche, la Biélorussie, la Belgique, la Bulgarie, le Canada, la Croatie, le Danemark, l’Estonie, la Russie, la Finlande, la France, l’Allemagne, la Grèce, l’Islande, l’Irlande, l’Italie, le Japon, la Lettonie, le Liechtenstein, la Lituanie, le Luxembourg, Monaco, la Norvège, la Nouvelle-Zélande, les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal, le Royaume-Uni, la République tchèque, la Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie, l’Espagne, la Suède, les États-Unis, la Suisse, la Turquie, l’Ukraine, la Hongrie, l’Union Européenne. Selon les termes établis par la CCNUCC, après avoir reçu les ratifications de plus de 50 pays, le traité entra en vigueur le 24 mars 1994. La Conférence des Parties de la CCNUCC eut lieu pour la première fois à Berlin au printemps 1995. Depuis cette date, les parties se réunissent chaque année (COP) pour analyser les progrès accomplis dans la lutte contre le changement climatique, en commençant par le milieu des années 1990, quand le protocole de Kyoto fut négocié, et au cours duquel ont été établies des mesures juridiquement contraignantes pour les pays développés dans le but de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
Agriculture durable et changement climatique
Agriculture durable et changement climatique
Le côut de l’inaction pourrait faire augmenter de 1 à 5 % le Pib mondial
61
62
Ces dernières années, les réunions de négociation ont montré une complexité croissante avec la mise en place d’un processus « two tracks »13 destiné à parvenir à un accord climatique. Les « piliers » (CCNUCC 2007) autour desquels s’articulent les négociations sont : - l’atténuation, ou bien la détermination des objectifs, mécanismes et stratégies pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre afin de réduire au minimum les causes anthropiques du changement climatique et d’atteindre l’objectif ultime de la Convention14 ; - l’adaptation, ou bien la définition de plans, programmes d’action, mesures et instruments destinés à affronter/réduire au minimum les effets néfastes causés par le changement climatique, en réduisant la vulnérabilité des socio-écosystèmes et en y augmentant la capacité de réponse ; - les financements, ou bien les décisions sur le niveau des ressources financières nécessaires pour soutenir les actions d’adaptation et d’atténuation des pays en développement, celles qui ont trait à la pertinence des modes de transfert de ces fonds, ainsi qu’à la consistance des sources possibles de financement ; - les technologies et le capacity building, soit les initiatives visant à promouvoir des mécanismes qui facilitent le développement et le transfert de technologies et de savoir-faire nécessaires à des mesures d’atténuation et d’adaptation. La définition des engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre à ratifier dans un accord international post-Kyoto représente la plus grosse difficulté, et est celle qui attire généralement le plus d’attention de la part de la presse.
L
ors des Sommets de Copenhague (COP 15), Cancún (COP 16) et Durban (COP 17), en plus de la Conférence des Parties – dédiée aux parties signataires de la CCNUCC – ont également eu lieu les Vème, VIème et VIIème Conférences des Parties sur le Protocole de Kyoto (CMP12), et des réunions des organismes de négociation de support, y compris ceux du Groupe de travail ad hoc sur les autres engagements des Pays de l’Annexe I qui ont ratifié le Protocole de Kyoto (AWG-KP) et ceux du Groupe de travail ad hoc sur l’action coopérative à long terme (AWG-LCA). Figure 3.2. L’historique des négociations sur le climat 1979
1985-1990 1985 1988 Création du GIEC
1991-2001
1990
1992 1995
GIEC 1er rapport d’évaluation (AR)
Entrée en vigueur du 1ère Conférence sur 1ère Conférence Mondiale sur le Climat les gaz altérant le climat Protocole de Montréal à Villach, Autriche (WCC), Genève
1997
GIEC 2ème AR
2002-2012 2001 GIEC 3ème AR
2005
2007
2008
COP 11 Montréal, Canada Entrée en vigueur du Protocole de Kyoto
2011 2012
Conférence sur le changement climatique de Bonn CCNUCC
COP 13 Bali, Indonésie Détermination des blocs (« building blocks ») et de la feuille de route de Bali
63
2014-15 GIEC 5ème AR
COP 14 Poznan, Pologne Accord sur le « Fonds d’Adaptation »
COP 15 Copenhague Danemark « Accord de Copenhague » 2ème objectif
Source : The European House-Ambrosetti.
2010
GIEC 4ème AR
Sommet de la Terre CCNUCC Rio de Janeiro
COP 3 Kyoto, Japon Adoption du Protocole de Kyoto
2009
2013-2015
Fin de la 1ère période des engagements du Protocole de Kyoto
COP 17 Durban, Sud Africa Durban Road Map
COP 16 Cancún Mexique « Accords de Cancún » (REDD+)
Rio+20 Conférence des Nations Unies sur le Développement Durable Rio de Janeiro
les quatre piliers des nÉgociations sur le climat : attÉnuation, adaptation, financement et technologie
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
3.2 Le processus de négociation : de Copenhague à Durban
COP 18 Quatar
64
Selon le principe CCNUCC des « responsabilités communes mais différenciées » (art. 3.1), la responsabilité historique de l’accumulation de gaz à effet de serre dans l’atmosphère retombe sur les pays développés, listés dans l’Annexe I de la Convention et, par conséquent, c’est d’eux qu’on attend une action d’atténuation plus incisive et pertinente. Cependant, la croissance économique qui au cours des dernières décennies a touché les pays en voie de développement (hors Annexe I), a entraîné une augmentation significative de leur part d’émissions, particulièrement pour la Chine, l’Inde et le Brésil. En outre, il est reconnu au niveau général (AIE, 2011 ; EIA, 2011) que ces pays – d’abord la Chine et l’Inde – seront responsables d’une grande part de la croissance soutenue du gaz à effet de serre dans l’atmosphère au cours des prochaines décennies, étant donné qu’ils connaissent la plus forte croissance en termes de population, de production et de demande énergétique15. Une telle constatation explique les cas présentés par les pays développés qui demandent aux pays en voie de développement de contribuer à la réalisation de l’objectif ultime de la Convention. Ces derniers, réticents à prendre en charge des engagements onéreux juridiquement contraignants, évoquent les faibles émissions par habitant (figure 3.4), la contribution relativement modeste aux émissions cumulées et l’engagement principal dans la réduction de la pauvreté. Cette réticence est partagée aussi par les États-Unis – grand (en termes d’émissions) absent du Protocole de Kyoto – dans la ratification de tout accord contraignant. Le cercle vicieux, cependant, s’étend également à d’autres grands émetteurs, comme le Japon, la Russie et le Canada. Le Canada, en particulier, en affirmant ne pas avoir l’intention d’accepter d’autres objectifs contraignants, s’est officiellement retiré en décembre 2011 du Protocole de Kyoto, un « événement unique » dans l’histoire des négociations. Ces conflits ont été l’une des principales causes de l’absence de progrès dans les négociations internationales, jusqu’à demander la révision/suppression de plusieurs articles de la subdivision maintenant ancienne de l’Annexe I (pays développés) contre les pays hors Annexe I (pays en voie de développement).
© Corbis
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
les diverses responsabilitÉs des pays développÉs et de ceux en voie de dÉveloppement et le contraste entre les deux situations
Le group subsidiaire sur l’action coopérative à long terme de la CCNUCC (AWG-LCA)
Figure 3.3. Tendance des émissions nationales de CO2 (1990-2008) 160 %
Monde États-Unis Asie Union Européenne (27)
Pourcentage de croissance depuis 1990
dès à présent, jusqu’en 2012 et audelà » (CCNUCC 2007). En outre, elle représente également le plus important lieu de discussion pour la définition d’un accord international sur le climat pour la période successive à 2012, terme de la première période des engagements du Protocole de Kyoto.
100 % 80 % 60 % 40 % 20 % 0% -20 %
2008
2006
2004
2002
2000
1998
1996
1994
1992
1990
-40 %
Année
Figure 3.4. Émissions cumulées de CO2 (secteur de l’énergie) totales et par habitant (1950-2005) 300.000
800
200.000
150.000
100.000
700 600 500 400 300 200
50.000
100
Source : WRI CAIT (http://cait.wri.org), 2011.
Afrique du Sud
Mexique
Brésil
Inde
Japon
Chine
U. Européenne (27)
Afrique du Sud
Mexique
Brésil
Inde
Japon
Chine
0 U. Européenne (27)
0 États-Unis
tion d’engagements supplémentaires de réduction des émissions pour les pays qui ont ratifié le Protocole de Kyoto, après 2012.
Tonnes éq CO2 par personne
250.000
Établi par la Ière Conférence des Parties du Protocole de Kyoto, tenue à Montréal en décembre 2005, l’AWGKP a pour objectif principal la défini-
67
900
États-Unis
Le groupe subsidiaire sur les autres engagements pour les Pays inclus dans l’Annexe I du Protocole de Kyoto (AWG-KP)
Source : WRI CAIT (http://cait.wri.org), 2011.
Tonnes éq. CO2 totales
66
Établi par la XIIème Conférence des Parties de la CCNUCC (COP 13, Bali, décembre 2007) avec le « Plan d’Action Bali », l’AWG-LCA est l’organisme chargé de se concentrer sur ces « piliers », afin de mettre pleinement en oeuvre la Convention à travers « une action de coopération à long terme,
120 %
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
Agriculture, durables et changements climatiques BCFN Index alimentation 2011
140 %
Économie verte et dÉveloppement durable au centre de la dÉclaration « l’AVENIR que nous voulons »
I. Notre vision commune II. Renouveler l’engagement politique A. Réaffirmer les principes de Rio et les plans d’action précédents B. Améliorer l’intégration, la mise en oeuvre et la cohérence : évaluer les progrès accomplis jusqu’à présent et les lacunes restantes dans la mise en application des résultats des principaux sommets sur le développement durable et faire face aux défis nouveaux et émergents. C. Faire participer la société civile et les autres intervenants III. L’économie verte dans le contexte du développement durable et de l’éradication de la pauvreté IV. Le cadre institutionnel pour le développement durable A. Renforcer les trois dimensions du développement durable
B. Renforcer les accords intergouvernementaux pour le développement durable C. Le pilier environnemental dans le contexte du développement durable D. Les institutions financières internationales et les activités opérationnelles des Nations Unies E. Niveaux régionaux, nationaux, infranationaux et locaux V. Cadre d’action et de suivi A. Domaines de recherche et questions transversales B. Les objectifs du développement durable (SDG) VI. Moyens de mise en oeuvre A. Finance B. Technologie C. Renforcement des capacités D. Commerce E. Registre des engagements
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68
D
u 20 au 22 juin 2012 a eu lieu à Rio de Janeiro le Sommet mondial sur le développement durable CNUDD (Conférence des Nations Unies sur le Développement Durable). On parle de « Rio+20 » parce que la conférence a été planifiée exprès vingt ans après le Sommet de la Terre CNUED (Conférence des Nations Unies sur l’Environnement et le Développement) – pierre milliaire de l’engagement pris par les pays industrialisés et les pays en voie de développement pour la protection de l’environnement – tenue à Rio en 1992. L’objectif, tel qu’identifié par l’Assemblée Générale des Nations Unies, était de renouveler l’engagement politique pour le développement durable, en évaluant les progrès et les lacunes dans la mise en oeuvre des engagements internationaux pris au cours des dernières décennies et en identifiant les nouveaux défis émergents. Le sommet a rassemblé 500 000 participants et 191 chefs d’État et de gouvernement, viceprésidents, ministres et responsables de délégations. Le travail a pris fin avec l’approbation du texte final de la déclaration intitulée « L’avenir que nous voulons », fruit de négociations effectuées au cours des derniers mois entre les délégations des pays participants. La déclaration est composée de 283 paragraphes, dans lesquels les deux thèmes principaux ont été traités : - l’économie verte dans le contexte du développement durable et de l’élimination de la pauvreté, ou bien la transition vers le nouveau modèle de l’économie verte, qui allie l’attention portée sur les problématiques environnementales à la promotion du bien-être social et économique ; - le cadre institutionnel pour le développement durable, en référence au système mondial d’administration et aux institutions en charge de la mise en oeuvre des politiques de développement durable. Lors du Sommet de Rio, l’attention a été portée sur de nombreux champs d’action, notamment l’intervention coordonnée (tout en respectant la souveraineté nationale) qui est considérée comme une priorité. Ces urgences ont déjà fait l’objet d’analyses par le BCFN (Barilla Center for Food and Nutrition) au cours des dernières années, et nous pensons qu’il est donc intéressant de les parcourir à nouveau. Les principaux thèmes en commun avec les activités du BCFN ont trait avant tout à la sécurité alimentaire, la nutrition et l’agriculture durable. Un point de contact supplémentaire avec les thématiques abordées par le BCFN est lié aux problématiques du changement climatique causé par l’augmentation des émissions dans l’atmosphère du gaz à effet de serre. En détails, la déclaration souligne que : - la gestion du phénomène et des menaces qui s’en suivent (notamment pour les pays en voie de développement) constitue une priorité immédiate et urgente au niveau mondial ;
« L’avenir que nous voulons » : le résumé du document
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
3.3 Les résultats du Sommet de Rio+20
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
L’économie verte dans le contexte du développement durable et de l’éradication de la pauvreté
Plusieurs approches, visions, modèles et outils sont disponibles pour les différents pays, afin de poursuivre le développement durable par l’économie verte, qui est mentionnée pour la première fois dans un document officiel et prise en compte parmi les outils les plus importants à utiliser. Le document final de Rio+20 contient en effet une section consacrée à ce thème qui identifie la politique à adopter pour développer l’économie verte ; les thématiques suivantes devraient, entre autres, être examinées : la souveraineté nationale sur les ressources naturelles, la participation de tous les acteurs concernés, la promotion d’une croissance soutenue et inclusive, la coopération internationale sur les thématiques financières, la lutte contre la discrimination commerciale, la réduction de l’écart technologique, la protection des peuples autochtones et les approches non commerciales, l’éradication de la pauvreté, l’élaboration de plans de protection sociale et la suppression des inégalités. Pour mettre en oeuvre les politiques, chaque pays peut choisir une approche appropriée à son contexte, utiliser les ressources de la manière jugée la plus efficace, doit examiner un certain nombre de facteurs sociaux, environnementaux et
économiques dans les différents processus décisionnels. Le document souligne la nécessité d’un système de partenariats et de réseaux entre les États, ainsi que la volonté pour certains pays en voie de développement d’adopter des politiques en faveur de l’économie verte. Dans le texte, est soulignée l’importance des technologies de la communication, des liens entre les finances, la technologie et le développement des compétences liées à l’économie verte, et l’accent est mis sur l’importance des gouvernements d’affirmer leur propre leadership. Les intervenants clefs, y compris les commissions économiques régionales et les autres organismes des Nations Unies, les organisations internationales, intergouvernementales et les grands groupes sont appelés à soutenir les efforts des pays en voie de développement. Les mêmes entreprises et l’industrie sont invitées à élaborer des stratégies qui intègrent les politiques de développement durable de l’économie verte. En outre, dans cette section sont examinés le rôle des coopératives et des micro-entreprises, et les partenariats public-privé.
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
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le sommet n’a pas satisfait toutes les attentes, notamment celles des groupes Écologistes et humanitaires
- la coopération internationale doit aborder plus efficacement le phénomène, en accélérant la réduction globale des émissions de gaz à effet de serre. Dans la déclaration, est soulignée également l’importance d’attribuer des fonds et des ressources financières pour les interventions visant à lutter contre les émissions de gaz à effet de serre, et le développement et le transfert de technologies et de compétences dans les pays en voie de développement. À cet égard, on ne peut qu’espérer le lancement et la mise en place rapide du Green Climate Fund. En outre, on a discuté des urgences liées à la quantité limitée des ressources en eau disponibles. En plus de réaffirmer l’engagement d’assurer un accès généralisé à l’eau potable et à l’’assainissement dans les pays en voie de développement, le sommet a reconnu la nécessité d’adopter les mesures nécessaires pour : - gérer des situations problématiques résultant des inondations, sécheresses et pénuries d’eau ; - améliorer la qualité de l’eau, réduire la pollution hydrique, augmenter les niveaux de traitement des eaux usées et réduire les déchets. Enfin, les discussions qui ont eu lieu à Rio ont fait un pas en avant dans le processus de dépassement du PIB comme outil de mesure du bien-être universel et pour trouver d’autres indicateurs afin de mesurer la prospérité et le bien-être. On a confirmé l’importance et l’utilité des Sustainable Development Goals à placer à côté des Millennium Development Goals, et un mandat formel a été donné à l’UN Statistical Commission pour lancer un programme de travail sur ces thématiques. Malgré la portée et la pertinence de l’événement à l’échelle internationale, selon une grande partie de l’opinion publique, les résultats obtenus n’ont pourtant pas été satisfaisants par rapport aux attentes initiales. C’est en partie dû à la situation géopolitique et économique actuelle : le sommet a eu lieu durant les derniers mois de la campagne des élections présidentielles aux États-Unis et en conjonction avec l’importante crise de la zone euro. L’absence à la conférence de certains dirigeants mondiaux doit en effet être attribuée à d’autres engagements politiques et institutionnels plus pressants. Les principaux « absents » furent le président américain Barack Obama, le premier ministre britannique David Cameron, la chancelière allemande Angela Merkel et le président russe Vladimir Poutine. Une faiblesse supplémentaire soulignée à plusieurs reprises – notamment par les groupes environnementaux et humanitaires comme le WWF, Oxfam, Greenpeace et Legambiente – est représentée par l’absence d’objectifs clairs et contraignants et de l’allocation de fonds certains. En effet, à aucun moment il n’est fait allusion dans la déclaration à la quantité des ressources économiques, à la façon de les trouver et à ceux qui devraient verser les financements pour soutenir les pays les plus pauvres. En ce qui concerne le thème du changement climatique, de nombreux observateurs pensent que Rio+20 a été le point le plus bas atteint depuis Rio 1992, insistant sur le fait que la déclaration a été préparée sans demander l’avis de la plupart des parties qui auraient dû être impliquées dans les consultations. Alors que le sommet aurait pu devenir un tournant, capable d’apporter des suggestions et des objectifs concrets, beaucoup pensent que cela a été une occasion manquée. En outre, pour ce qui est du respect de la souveraineté nationale, on observe une prévalence de souhaits et propositions d’actions futures, alors qu’il manque une véritable ligne d’intervention partagée pour l’immédiat. Par exemple, dans le texte, les expressions « soutenir » et « encourager » sont très largement utilisées, alors que les mots « devoir » et « nous ferons » n’apparaissent que rarement16. Cependant, le BCFN souhaite souligner quelques aspects positifs du sommet et du texte adopté. Tout d’abord, l’économie verte est apparue pour la première fois dans un document officiel,
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Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
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Sécurité alimentaire et agriculture durable
Le texte adopté à Rio réitère l’engagemesures pour renforcer la recherche ment d’assurer pour tous, générations et la formation dans le domaine de présentes et futures, la sécurité alimenl’agriculture, ainsi que l’accès à l’intaire et l’accès à des aliments sains, nuformation, l’expérience et l’expertise tritifs et en quantité suffisante. technique ; En outre, l’accent a été mis sur l’urgence - encourage les pays à envisager la mise de donner suite au développement du en oeuvre de lignes directrices volonsecteur agricole et rural - surtout dans taires (CFS Voluntary Guidelines) pour les pays en voie de développement - en une gouvernance responsable quant suivant des modèles durables tant sur le à la possession de terres, des eaux et plan économique que social et environdes forêts pour la sécurité alimentaire nemental. nationale ; Parmi d’autres éléments, le document : - souligne la nécessité de s’attaquer aux - reconnaît la nécessité de réduire de causes de la volatilité excessive des prix manière significative le gaspillage et des denrées alimentaires et de gérer les pertes tout le long de la filière aliles risques liés à des prix trop élevés et mentaire ; volatils des produits agricoles de base ; - souligne la nécessité d’adopter des - réitère la nécessité de mettre en place pratiques durables pour l’élevage, tant un système de commerce mondial en ce qui concerne l’élevage du bétail, aussi ouvert, réglementé et juste que que la pêche ; possible, afin de soutenir la croissance - annonce la décision de prendre des des pays en voie de développement.
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
mais certains aspects apparus au sommet et contenus dans la dÉclaration sont primordiaux
même si elle est étroitement liée à l’éradication de la pauvreté et au développement durable. Un aspect positif et nouveau survenu lors du sommet concerne le rôle des entreprises qui a té, bien plus que par le passé, très actif dans de nombreux side events survenus en marge du sommet, confirmant que pour au moins une partie du monde de la production, l’économie verte a commencé à décliner concrètement. Un autre point en faveur du sommet est le dépassement, apparu lors des rencontres précédentes, des fortes oppositions entre les pays développés et émergents qui, s’il est confirmé, permettra peut-être de bâtir un plan décennal de développement plus concret. Avoir souligné aussi la nécessité d’intégrer des Objectifs du Millénaire avec la définition « Sustainable Development Goals » représente une étape importante, mais pour l’instant on attend une accélération significative du processus de définition des systèmes de mesure du bien-être, qui donnerait suffisamment d’attention au rôle de l’alimentation. Enfin, bien que les thématiques de consommation et de production durable aient été déclinées surtout en relation à la consommation d’énergie fossile, alors qu’il est nécessaire d’élargir les termes d’évaluation à d’autres aspects où le rôle de l’alimentation et de l’agriculture occupe une place centrale, le thème de l’agriculture durable commence enfin à jouer un rôle important et le thème du gaspillage et des pertes alimentaires a été correctement inséré dans le texte de la déclaration finale.
73
74
Au sein du débat croissant sur la capacité des indicateurs économiques en général, et du PIB en particulier, de représenter correctement la réalité, s’insère l’Indice BCFN. L’objectif est de compléter les considérations macroéconomiques avec d’autres indicateurs des phénomènes qui influent sur la condition des citoyens, comme par exemple l’intégration sociale, l’inégalité et l’état de l’environnement. Le caractère novateur par rapport aux autres indices existants consiste à mesurer les facteurs liés au mode de vie et aux choix alimentaires qui affectent le bienêtre de l’homme et la durabilité de l’environnement, et qui ne peuvent pas être, par définition, décelables par les indicateurs économiques ordinaires. Plus précisément, le BCFN Index est composé de deux indices synthétiques multidimensionnels : - l’Indice BCFN de bien-être actuel, qui vise à mesurer le bien-être actuel des personnes ; - l’Indice BCFN de durabilité du bien-être, qui vise à mesurer les dynamiques/ten-
Le contre-sommet de la société civile
dances futures du niveau de bien-être actuel. Chaque indice synthétique est le résultat de l’agrégation de multiples Key Performance Indicators (KPI), en trois sous-indices : le Lifestyle Sub-index, le Wealth and Environmental Sub-index et le Social and Interpersonal Sub-index. L’élaboration de différents KPI, aussi bien dans le cas des index de bien-être actuel, que de durabilité, a permis d’évaluer les performances de dix nations de référence sur sept dimensions d’analyse : - bien-être psychophysique et comportemental ; - bien-être subjectif ; - bien-être matériel ; - bien-être éducatif ; - bien-être environnemental ; - bien-être social ; - bien-être politique. Les résultats obtenus ont permis d’identifier des situations d’équilibre plus ou moins important entre les différentes dimensions du bien-être et de sa durabilité, indiquant ainsi des actions d’amélioration possibles.
En même temps que la Conférence de Rio, plus de 200 associations, syndicats, représentants du monde scientifique, dirigeants des peuples autochtones ont organisé à Cúpula dos Povos un « contre-sommet » de la société civile. De cette rencontre, plusieurs propositions et avertissements sont apparus à l’égard des participants de Rio+20. Les associations ont en particulier identifié les risques d’un « capitalisme vert » : l’économie verte devrait plutôt devenir, selon l’appel des collectivités locales, le moyen d’assurer à tous l’accès aux ressources, en respectant les écosystèmes et leurs rythmes. Parmi les ONG qui ont exprimé plus vigoureusement des avertissements, Oxfam International a rappelé que les questions de la lutte contre la pauvreté et de la protection de l’environnement sont inextricablement liées et ne peuvent pas être traitées séparément. Antonio Hill, conseiller principal sur les changements climatiques de l’association, a déclaré : « Les personnes les plus pauvres du monde, qui n’ont pas accès à des services de santé et d’édu-
cation de qualité, sont également privées d’eau, de terre et d’air non pollué. Les populations pauvres seront les premières à y perdre si Rio+20 ne parvient pas à fixer un ensemble d’objectifs pour la planète. Nous avons besoin d’un cadre d’orientation unique dont le but est de mettre fin à la pauvreté et de sauvegarder le monde qui nous permet de vivre. » Pour résumer, le message des ONG aux puissants a été d’inaugurer une nouvelle économie verte, qui unit la durabilité environnementale et sociale. Sauvegarder la nature pour protéger les droits de tous. Lors du contre-sommet sont aussi arrivés de nombreux témoignages de réfugiés environnementaux, de personnes forcées de quitter leur propre terre à cause d’événements météorologiques extrêmes. Legambiente estime à 6 millions le nombre total de réfugiés victimes du changement climatique, mais selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), d’ici 2050 le phénomène pourrait toucher jusqu’à 250 millions de personnes.
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
Agriculture, durables et changements climatiques BCFN Index alimentation 2011
L’indice BCFN
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4. Les quatre zones objet des nĂŠgociations
L
78 aprÈs Copenhague, on a cessÉ de mettre en question la rÉalitÉ des changements climatiques pour commencer À discuter des actions À entreprendre
es aspects saillants liés aux actions de l’adoucissement discutés au cours des dernières négociations sont les suivants : - l’objectif de limiter la croissance de la température moyenne globale de superficie à 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels ; - l’engagement de la part des Pays Annexe I à mettre en oeuvre des actions individuelles ou communes pour réaliser des objectifs de réduction des émissions ; - l’engagement de la part des Pays non Annexe I à mettre en oeuvre des actions nationales d’adoucissement et de subjectivité adaptées à des actions de monitorage, de rapport et de contrôle ; - le consensus sur l’importance des instruments d’échange des droits d’émission (mécanisme de développement propre1 et mécanisme de mise en oeuvre commune2). Deux mécanismes pour parvenir à réaliser des objectifs de réduction pour les Pays Annexe I ; - la création d’un mécanisme pour réduire les émissions provenant du secteur forestier dans les Pays en voie de développement (REDD+3). À la fin de la discussion, la Conférence des Parties de Copenhague (dite COP) a parlé de l’existence ou non d’un changement climatique et elle s’est concentrée sur les moyens existants pour l’affronter. Bien qu’elle ne soit parvenue à atteindre ni ses objectifs ambitieux attendus ni un accord légalement contraignant qui aurait remplacé le Protocole de Kyoto après 2012 (Stavins, 2009 ; Doniger, 2009 ; Tol, 2010), cette Conférence a toutefois marqué un tournant par rapport au fossé historique existant entre les pays industrialisés et les pays émergents. Pour la première fois, en effet, tous les principaux pays émergents se sont engagés à accomplir des actions pour contrôler la croissance de leurs émissions4. Les soi-disant promesses de Copenhague,décidées unilatéralement5 par les parties et communiquées par celles-ci à la fin du cycle des négociations, ont été confirmées lors des négociations qui se sont tenues à Cancún en 2010. Il a été retenu à cet effet au cours du sommet de Durban que ces promesses continueront à caractériser les initiatives d’adoucissement dans les années à venir. Le décalage entre les attentes énormes du monde politique et de l’opinion publique, à la veille de la Conférence de Copenhague, ainsi que les résultats obtenus, ont suscité un sentiment d’échec généralisé et de méfiance envers le procédé multilatéral. Néanmoins, une analyse réaliste du sommet devrait admettre que les résultats n’auraient pas pu être différents en raison de deux obstacles insurmontables (Carraro et Masetti, 2010). Le premier obstacle se réfère à celui des États-Unis qui ne pouvait pas se lier à un traité international, étant donné le veto du Sénat sur la proposition de loi Boxer-Kerry qui contient des objectifs internes pour la réduction des émissions et qui aurait donné au Président Obama la possibilité de proposer des objectifs ambitieux de politique climatique au niveau international (Carraro et Masetti, 2010; Grubb, 2010). Le deuxième obstacle porte sur les effets de la crise économique et financière ainsi que sur les préoccupations relatives aux répercussions potentielles sur les niveaux de
Mécanisme de développement propre (MDP) et Mécanisme de mise en oeuvre commune (MOC)
Afin de réussir plus facilement à atteindre les objectifs de réduction des émissions, le protocole de Kyoto a introduit des instruments significatifs, connus comme étant des mécanismes flexibles, complémentaires aux mesures individuelles prévues par chaque pays. Le mécanisme de développement propre (prévu pour les pays en voie de développement) est un mécanisme de collaboration permettant aux pays industrialisés ou à ceux ayant une économie de transition (inclus dans l’Annexe I du Protocole de Kyoto) de poursuivre des projets visant à réduire les émissions certifiées dans les pays en voie de développement (non inclus dans l’Annexe I mais qui ont ratifié le Protocole), de façon à promouvoir un développement durable dans ces pays. Les pays promoteurs du projet reçoivent des crédits d’émission équivalant à la réduction obtenue par rapport aux niveaux qu’ils auraient atteints sans sa réalisation. De tels crédits sont définis comme des réductions d’émissions certi-
fiées (REC) et ils peuvent être utilisés pour réaliser des obligations de réduction ou être vendus sur le marché des émissions. Le mécanisme de mise en oeuvre commune (prévu pour les pays industrialisés ou ceux ayant une économie de transition) est un mécanisme permettant aux pays inclus dans l’Annexe I de mettre en oeuvre des projets communs visant à la réduction des émissions. Plus précisément, il permet à un pays de l’Annexe I de financer un projet visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre effectuées dans un autre pays de l’Annexe I, en obtenant des « crédits d’émission » (Unités de Réduction des Émissions dites URE). Les réductions d’émission, qui sont donc des émissions évitées, sont de ce fait certifiées sous forme d’URE par le pays qui accueille le projet et transférées au pays qui le finance et qui peut donc les utiliser pour respecter sa limite d’émission, en conformité avec les dispositions de l’Annexe B du Protocole.
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
4.1 L’adoucissement
79
New Scientist en particulier), cette histoire, en effet, ne remet en aucun cas en cause l’existence du phénomène du changement climatique ni le fait qu’il dépende des gaz à effet de serre. Par ailleurs, selon une enquête menée par le GIERC et l’hebdomadaire britannique “Mail on Sunday”, cette opération de discrédit de la communauté scientifique internationale a été organisée par les services secrets russes. Le dernier mot du scandale climatique a été prononcé le 7 juillet 2010, lorsqu’un rapport indépendant commissionné à l’ancien fonctionnaire public Muir Russell a établi que les scientifiques de l’Université d’East Anglia n’avaient pas manipulé les données en leur possession pour augmenter l’état d’alerte sur les changements climatiques. Selon le rapport, en effet, il n’existe aucune preuve de la malhonnêteté et du manque de rigueur des chercheurs, bien que le document de la commission d’enquête ait relevé que les climatologues n’avaient pas fait preuve d’un « degré de transparence adapté ». Indépendamment du scandale qui l’a précédée, la Conférence des Parties de Copenhague n’a pas été bien vue par la presse qui, d’une certaine façon, a souligné ses limites et son manque d’efficacité. En particulier, openDemocracy a trouvé que le sommet avait échoué parce qu’il « a représenté la dernière tentative de résoudre les défis du XXème siècle avec les instruments du XXème siècle », et parce qu’il « n’a reconnu le droit de décision qu’aux gouvernements, en mettant de côté la société civile, les chefs d’entreprise, les gouvernements locaux et les jeunes ». Le bilan a également été négatif pour le directeur de Libération, qui va même jusqu’à parler d’échec de la démocra-
tie : « Nous avons assisté au festival de l’impuissance diplomatique. Les gouvernements nationaux ont empêché qu’il y ait l’accord auquel nous nous attendions, avec une grande naïveté. » En revanche, le bilan a été positif pour les journalistes du Guardian, qui, malgré l’absence d’un accord des pays développés sur la réduction de 50 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050, des résultats ont néanmoins été obtenus pouvant représenter de bons points de départ, tels que la naissance de nouvelles coalitions entre les pays émergents et les pays développés ayant soutenu le projet. En effet, on affirme que l’« ancienne subdivision entre pays développés et pays émergents a été remplacée par des alliances bien plus intéressantes ». Lors de la COP 15, le rôle du Président des
États-Unis a été plutôt complexe. Déjà en novembre 2009, à moins d’un mois de la Conférence, le président Obama avait annoncé au préalable en Chine son impossibilité de trouver des accords sur le climat parce que le dernier mot aurait appartenu au Congrès de Washington. Malgré les difficultés, Obama a fini par obtenir un accord avec la Chine, l’Inde, l’Afrique du Sud pour limiter le réchauffement climatique à 2 °C, défini par beaucoup comme « un bon point de départ ». Après la Conférence des Parties de Copenhague, la communauté internationale a cessé de parler de l’existence ou non du phénomène du changement climatique pour se concentrer concrètement sur les modalités et les actions possibles visant à réduire d’ici à 2050 les émissions de CO2 de 80 %.
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En novembre 2009, à peine trente jours après la conclusion de la Conférence des Parties de Copenhague (COP 15), les quotidiens, les revues de presse et les sites mondiaux reportèrent l’information de ce qu’on surnomma par la suite le Climategate (scandale climatique). Selon les déclarations des médias, certains hackers avaient réussi à accéder au serveur du CRU (Centre pour la Recherche Climatique) de l’Université d’East Anglia, principal collaborateur scientifique du GIEC et s’étaient emparés d’un millier de mails des climatologues du centre, en en publiant le contenu sur le site Wikileaks. Les mails « volés » faisaient référence à de nombreuses conversations entre Phil Jones, chef de groupe de recherche du CRU, et certains de ses collaborateurs entre 1996 et 2009. Le tableau qui se dessinait dans les principaux médias (tels que The Guardian et BBC news, pour n’en citer que quelques-uns) était préoccupant et en quelque sorte délégitimait le travail scientifique sur lequel se fondait la Conférence des Parties de Copenhague. Les climatologues impliqués dans ce scandale étaient en particulier accusés, d’un côté, d’avoir manipulé les données sur les températures mondiales en vue d’obtenir des résultats en faveur de la théorie du réchauffement climatique (Anthropogenic Global Warming ou AGW) et d’autre part, d’avoir bloqué des publications scientifiques qui dénonçaient l’insuffisance de leurs théories, ne respectant donc pas, de ce fait, les normes internationales en matière de transparence de la recherche scientifique. Toutefois, bon nombre de personnes du secteur ont défini ce Climategate comme n’étant qu’un tollé médiatique. Selon certains journalistes scientifiques, (Nature et
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
Agriculture, durables et changements climatiques BCFN Index alimentation 2011
La Conférence des Parties de Copenhague vue par les médias, entre Climategate et déception
PAYS
Union Européenne
OBJECTIF DE RÉDUCTION DES ÉMISSIONS PROPOSÉ, À ATTEINDRE AVANT 2020
20-30 %
ANNÉE DE RÉFÉRENCE
CONDITIONS POUR LA RÉALISATION DU NIVEAU DE RÉDUCTION PROPOSÉ ET AUTRES DÉTAILS
1990
L’engagement de réduction à 30 % est conditionné à la définition des engagements comparables de la part des autres pays développés, en fonction des propres responsabilités et possibilités
82
États-Unis
17 %
2005
Dans le cadre de l’Accord de Copenhague, la cible préposée était conditionnée à l’approbation des normes sur l’énergie et les émissions. Les normes présentes prévoient des objectifs ultérieurs de réduction, de 30 % d’ici 2025 et de 42 % d’ici 2030, le tout conforme avec l’objectif de réduire les émissions de 80 % d’ici 2050. La présentation de l’objectif préposé avait été déterminée en supposant une association des autres parties de l’Annexe I, et des parties les plus développées parmi celles n’appartenant pas à l’Annexe I se seraient associées avant le 31 janvier 2010.
Japon
25 %
1990
Conditionné à la création d’un tableau international équitable et efficace souscrit par toutes les principales économies, et leur engagement vers des cibles ambitieuses.
15-25 %
1990
Conditionné à l’adoption d’accords contraignants de la part de tous les principaux émetteurs et au calcul du potentiel de l’adoucissement représenté par le secteur forestier russe pour contribuer à la réalisation des objectifs préposés.
Brésil
36-39 %
Engagement de réduction par rapport au niveau prévu dans les trajectoires d’émission
Le Brésil indique par ailleurs d’autres objectifs spécifiques pour la réduction des émissions issues de la déforestation, de l’agriculture et de l’énergie, et déclare que les actions nationales proposées sont de nature volontaire.
Chine
40-50 % de l’intensité des émissions sur le PIB
2005
Le fait de vouloir expressément augmenter de 15 % l’utilisation de combustibles non fossiles dans la consommation primaire d’énergie d’ici 2020 et d’augmenter la superficie en bois de 40 millions d’hectares dans la même année. La Chine a déclaré que de telles actions sont de nature volontaire.
Inde
20-25 % de l’intensité des émissions sur le PIB
2005
Le secteur agricole n’en fait pas partie. L’Inde a déclaré que les actions nationales proposées sont de ature volontaire et n’auront aucun caractère contraignant.
Russie
Source : CCNUCC FCCC/AWGLCA/2011/INF.1, 2011; FCCC/SB/2011/INF.1/Rev.1, 2011.
un second mandat pour le protocole de Kyoto a ÉtÉ dÉcidÉ À Durban et la dichotomie historique entre pays dÉveloppÉs et ceux en voie de dÉveloppement a ÉtÉ abandonnÉe
Figure 4.2. Le deuxième mandat du Protocole de Kyoto PAYS Participants
Ne savent pas encore
Non participants
Biélorussie, Croatie, Union Européenne (27), Islande, Kazakhstan, Monaco, Norvège, Suisse, Ukraine
Australie, Nouvelle Zélande
Canada, Japon, Russie, États-Unis
Source : Buchner (2011) par CCNUCC, 2011.
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Sam Kittner/National Geographic Stock
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
Figure 4.1. Tableau des engagements volontaires de réduction des émissions adoptés par les principaux pays Annexe I et non Annexe I
terme (AWG-LCA − CCNUCC, 2010). Toutefois, les engagements quantifiés et formalisés de réduction ne sont pas suffisants pour garantir une probabilité effective acceptable pour arriver à un tel objectif d’ici 2010, et d’ultérieures réductions des émissions sont en effet nécessaires : 5-9 Gt CO2-eq9 en fonction des estimations PNUE (2010). À Durban, d’ultérieures avancées ont été faites pour définir un futur régime climatique. Les décisions adoptées au sein de la COP 17, définissent effectivement un second mandat pour le Protocole de Kyoto, qui commencera en 2013 et se terminera en 2017, ou en 2020 si l’entité de la nature des engagements le permet. Des engagements de réduction supplémentaires seront adoptés uniquement par certaines parties du Protocole. Parmi les décisions adoptées, il y a aussi la « Plateforme de Durban », ou plutôt le lancement d’un nouveau processus de négociations qui implique toutes les parties et qui vise à l’adoption d’ici à 2015 « d’un Protocole, d’un autre instrument juridique ou d’une conclusion partagée avec force juridique » à mettre en oeuvre à partir de 2020 (CCNUCC, 2011). L’accord signé à Durban voit, pour la première fois, toutes les parties s’engager à négocier un nouvel accord visant à la réduction des émissions du changement climatique au niveau mondial et individuel, en abandonnant la dichotomie historique existant entre les pays développés et ceux en voie de développement.
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
les objectifs de rÉduction des Émissions et de limitation des tempÉratures ont ÉtÉ dÉfinis À CancÙn, mÊme si des accords contraignants n’ont pas ÉtÉ pris
compétitivité résultant de politiques de réduction « unilatérales », qui influencent négativement la volonté des pays développés d’adopter des politiques d’adoucissement et, par conséquent, celle des pays en voie de développement. Tel que l’ont souligné Carraro et Masetti (2010), le « point mort » des négociations est unsymptôme de la fragmentation de l’architecture internationale : les différentes parties sont disposées à entreprendre des actions de réduction des gaz à effet de serre, mais sur une base volontaire et non coordonnée. Le maintien de ces oppositions n’a pas permis d’aboutir à un accord contraignant avec des engagements renouvelés de réduction, ni même à Cancún où l’on a toutefois reconnu, par rapport à Copenhague, la nécessité d’une réduction globale des émissions des pays développés, avant 2020, de 25-40 % par rapport à 1990, et dont les objectifs de réduction unilatérales présentés par 16 paysde l’Annexe I (l’Union Européenne à 27 incluse) et par les 43 pays n’appartenant pas à l’Annexe I ont été formalisés, par ailleurs, par une décision de la COP6 suite aux pourparlers de Copenhague7 (figure 4.1.). L’Accord de Cancún a formellement accepté la décision de limiter la croissance de la température moyenne globale à long terme à 2 °C8, mais il renvoie au sommet de Durban toutedécision concernant les objectifs à long
84
A
le plan d’action pour l’adaptation dÉterminÉ À CancÙn et dÉveloppÉ À Durban a pour objectif de renforcer ces initiatives et d’augmenter leur EfficacitÉ et leurs rÉsultats
u cours des trois ans de négociations, pour répondre à une exigence avancée des pays en voie de développement, le poids des mesures concernant l’adaptation aux changements climatiques n’a cessé de s’accroître. L’Accord de Copenhague a reconnu en particulier l’exigence de développer avec urgence une action de coopération internationale visant à activer et à soutenir des mesures d’adaptation orientées vers la réduction de la vulnérabilité et l’accroissement des capacités de réponse aux effets contraires aux changements climatiques des pays en voie de développement, en particulier des pays plus vulnérables tels que les petits états insulaires et l’Afrique (CCNUCC, COP 15, 2009). Dans l’Accord de Cancún, les parties ont successivement convenu de : - l’institution d’un plan d’action pour l’adaptation (Cancún Adaptation Framework − CAF) afin de renforcer les actions d’adaptation et permettre une action plus cohérente et efficace ; - la création d’un comité pour l’adaptation (Adaptation Committee) capable de fournir un soutien technique, d’identifier et de favoriser la diffusion des meilleures pratiques d’adaptation et de produire des recommandations visant à identifier des actions et des mesures, en tenant compte de la survenue possible de nouveaux problèmes ; - l’institution d’un programme de travail sur la question des pertes et des dommages dus aux changements climatiques (perte et dommage) ; - le lancement d’un processus pour les pays moins développés (Least Developed Countries) pour la réalisation de Plans Nationaux d’Adaptation (NAPA –CCNUCC, 2010 ; CESPI, 2011). Le plan d’action pour l’adaptation identifie une série d’actions que les parties sont invitées à entreprendre telles que le développement des plans, des projets et programmes identifiés dans des plans et des stratégies d’adaptation ; la définition d’actions prioritaires ; l’évaluation des impacts, de la vulnérabilité et des besoins financiers ; le renforcement de la recherche, des informations et des données ainsi que de la connaissance ; le développement de la capacité ; l’amélioration de la résilience des écosystèmes sociaux etc. (CCNUCC, FCCC/CP/2010/7/Add.1). Un aspect important prévu par le plan d’action est d’avoir invité les parties à instaurer des relations avec le secteur privé (traditionnellement exclus du secteur de financement des mesures d’adaptation) sous forme de mécanismes de partage et de déplacement du risque comme les microassurances et la création d’une assurance sur les risques dérivant de phénomènes climatiques (CCNUCC, FCCC/CP/2010/7/Add.110). D’ultérieures indications sur le sujet seront définies au cours des prochaines négociations. Au cours de la dernière session de négociations (COP 17), en revanche, les parties ont tenté d’implémenter ultérieurement le plan d’action, en définissant les modalités opérationnelles, les procédures et la composition du Comité pour l’Adaptation11, les activités à entreprendre dans le cadre du plan d’action sur les pertes et les dommages12, les modalités et les lignes directrices pour les plans nationaux d’adaptation13.
4.3 Les mécanismes de financement
L’
accord de Copenhague a “tenu compte” de l’engagement des pays industrialisés à recourir à des ressources financières « nouvelles et supplémentaires »14 provenant d’une grande « variété de sources » pour soutenir de façon équilibrée des mesures d’adoucissement et d’adaptation dans les pays en voie de développement, s’élevant à 30 milliards de dollars pour la période 2010-2012, appelées Fast Start Climate Finance, et à 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020, à condition qu’ils entreprennent des actions significatives d’adoucissement pouvant être vérifiées et contrôlées avec transparence (CCNUCC, 2009, FCCC/CP/2009/11/Add.1). En outre, l’Accord mentionne l’institution du Fonds Vert pour le Climat (Green Climate Fund − GCF), le principal canal de distribution des 100 milliards de dollars que nous avons énoncé précédemment, dont l’objectif est de mobiliser des ressources financières supplémentaires à long terme pour les pays en voie de développement. Toutefois, l’organisation de l’administration du Fonds et les modalités opérationnelles n’ont pas encore été définies. La Conférence des Parties de Cancún a assimilé formellement les importants objectifs de financement de court et long terme formulés à Copenhague et la décision relative à l’institution du Fonds Vert pour le Climat, en remettant à un Comité de Transition constitué ad hoc (Transitional Committee) la tâche difficile de concevoir et de développer les modalités de gestion, la capitalisation, l’attribution des fonds, etc. et qui devra se conclure à Durban, avec son approbation dans le cadre de la COP 17 (FCCC/CP/2010/7/Add.115). À Durban, à la lumière des progrès réalisés par le Comité, la COP a décidé de rendre le Fonds opérationnel en définissant les instruments clés qui en réglementent le fonctionnement (rapport avec la COP, statut légal, etc. − CCNUCC, 2011)16. Le Fonds a l’intention de répondre aux exigences exprimées par les pays en voie de développement, c’est-à-dire de doter la communauté internationale d’un instrument en mesure de canaliser des ressources financières croissantes et stables (prévisibles) pour soutenir des projets, des programmes, des politiques et d’autres activités dans ses pays en voie de développement, en équilibrant les activités d’adoucissement (généralement prédominantes) et d’adaptation. Parmi les principaux problèmes à traiter avant l’entrée en fonction effective du Fonds, citons la nomination des membres du conseil d’administration (Board), qui devra assurer aux membres provenant des pays en voie de développement une représentation analogue par rapport à celle des membres des pays développés ; l’organe fiduciaire de gestion (Trustee) permanent, actuellement confié, non sans polémiques17, à la Banque Mondiale, et enfin les sources de financement. Ce dernier, représente un aspect particulièrement épineux, car le texte approuvé par la COP prévoit, en effet, que les contributions proviennent exclusivement des pays développés et de « diverses autres sources, publiques et privées, y compris les sources alternatives »18. En 2012, l’attention se concentrera donc sur la capitalisation du fonds, et étant donné le climat économique d’austérité, le monde se tourne vers le secteur privé avec des attentes élevées19.
De Copenhague À Durban : des engagements ont ÉtÉ prÉcisÉs et les instruments pour financer les actions d’attÉnuation et d’adaptation ont ÉtÉ mis au point
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
4.2 L’adaptation
85
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A
fin de favoriser un développement à faible émission et résistant aux changements climatiques, on a introduit au cours de la COP 16 le Mécanisme Technologie20, c’està-dire la promotion d’actions de coopération visant au développement et au déplacement des technologies. De telles actions doivent concerner le processus de développement total des technologies, y compris les activités de recherche, de développement, de démonstration, de diffusion et de transfert (CCNUCC, 201021; ENEA, 2011). L’Accord de Cancún a également fixé l’institution d’un Comité Exécutif Technologique (Technology Executive Committee − TEC) composé d’experts provenant de pays en voie de développement et de pays développés, d’un centre et d’un réseau régional de coordination (Climate Technology Center and Network − CTCN) orienté vers les exigences des pays en voie de développement. Des aspects concernant les modalités opérationnelles du comité exécutif technologique, ainsi que le fonctionnement du CTCN, les relations avec les fonds de financement, ou encore les aspects relatifs aux droits de propriété ont été exclus des décisions prises dans le cadre de l’Accord de Cancún. Le Comité Exécutif Technologique a fait l’objet d’une des décisions adoptées à Durban22, définissant en particulier les modalités et les procédures de fonctionnement. D’autres aspects (comme, par exemple, où établir le CTCN − CCNUCC, 2012) sont toutefois encore à négocier.
l’Élaboration du programme de promotion des actions de coopÉration pour le dÉveloppement et le transfert de technologies S’EST POURSUIVIE AU COURS Des rÉcents sommets
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
Agriculture durable et changement climatique
4.4 Développement et déplacement technologique
87
Š Corbis
5. Les positions prises par les principaux acteurs internationaux au sommet de Rio+20
5.1 Le nouveau rôle de l’Union européenne
Figure 5.1. Tendances et projections des émissions de gaz à effet de serre dans l’Union Européenne (27)2 Mt CO2 eq 6000
90
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
5000 -20%
4000 -30%
l’Union europÉenne est redevenue un acteur principal des nÉgociations À Durban en jouant un rÔle de guide (proposant une feuille de route) et de mÉdiateur
A
près les frustrations européennes suite à la Conférence des Parties de Copenhague, qui s’était soldée par un compromis (Accord de Copenhague) conclu entre les présidents des États-Unis, de la Chine, de l’Inde, du Brésil et de l’Afrique du Sud, excluant l’Union européenne de la « salle de contrôle », l’Union européenne a repris le devant de la scène à Durban. En effet, l’Europe, grâce à un engagement renouvelé envers la mise en oeuvre d’une excellence stratégique et d’un leadership dans la lutte contre le changement climatique, a été témoin d’un succès incontestable dans ce forum. Elle s’est présentée au rendez-vous ayant approuvé, le 5 décembre 2011, la « Feuille de route 2050 sur les énergies » par laquelle elle s’engage à réduire ses propres émissions, d’ici 2050, de 80 à 95 % par rapport à celles de 1990 – dans le contexte d’engagements d’une réduction de la part des autres pays développés également – et à poursuivre des objectifs de sécurité énergétique et de compétitivité. L’Union européenne a cherché à promouvoir une seconde phase d’engagement du Protocole de Kyoto, avec une feuille de route visant à inclure toutes les grandes économies dans un « cadre mondial contraignant », à mettre en place dès 2015, à la lumière des preuves qui seront présentées dans le cinquième rapport d’évaluation du GIEC, attendu pour octobre 2014. Certains pays en voie de développement, tels que l’Afrique, l’Amérique du Sud et les petits états insulaires, étaient en faveur de la feuille de route ; la Chine, par contre, un partenaire toujours difficile à convaincre, la considérait comme une étape prématurée. L’obstacle le plus difficile à surmonter a toutefois été la position des États-Unis, du Canada, de la Russie et du Japon, formant un bloc cohésif, comme pendant les conférences de Copenhague et de Cancún. Bien que plusieurs des parties considéraient déjà la COP 17 comme un échec, à la fin de la période officielle de la Conférence de Durban, l’Union européenne a réussi à bâtir une coalition comprenant les représentants de deux tiers des 194 pays présents, en particulier des pays les plus vulnérables comme les petits états insulaires et autres pays en voie de développement1, et ainsi à faire accepter également par les pays les plus réticents (États-Unis et Chine), un accord mondial « faisant force de loi » lié au nouveau Protocole de Kyoto. La formule adoptée – « un protocole, un instrument juridique ou une solution concertée ayant force de loi » –, met toutefois en lumière les difficultés rencontrées au cours de la négociation. Il convient de noter, en effet, l’absence du mot « binding » (contraignant) (IISD, 2011). En 2010, les émissions de la région UE-27 étaient en moyenne de 15,5 % inférieures à celles de 1990 (figure 5.1.). Prenant en considération les politiques supplémentaires, les émissions estimées pour l’année 2020 devraient enregistrer une baisse de 25 % (5 points de moins par rapport à la cible 20-20-20).
3000
2000
1000
0 1990
1995
2000
2005
2010
2015
Année
Émissions de gaz à effet de serre, transport aérien international exclu Émissions de gaz à effet de serre, transport aérien international inclus Prévision des États membres avec les mesures existantes Prévision des États membres avec mesures supplémentaires Primes/Gains de référence Primes/Gains mise en oeuvre de l’ensemble des mesures (-20%) Cible de 30 % d’ici 2020 Cible de 20 % d’ici 2020
Source : Agence Européenne pour l’environement, 2011.
2020
2025
2030
91
L
2002 Année
2000 1998 1996 1994 Source : WRI CAIT, 2012.
1990
-4 %
-2 %
0
1992 Pourcentage de croissance depuis 1990
2%
4%
6%
8%
10 %
12 %
14 %
16 %
18 %
20 %
À Durban, les États-Unis ont confirmÉ leur choix de ne pas adhÉrer au protocole de Kyoto, mÊme si dans le pays, il existe des initiatives rÉgionales trÈs prometteuses
22 %
92
a position des États-Unis est rendue très difficile en raison du manque d’un mandat par le Congrès pour signer des accords contraignants. L’absence d’une législation globale sur le climat et la défaite du président américain Barack Obama lors des élections de mi-mandat (2010) représentent une difficulté supplémentaire, compte tenu de la vive opposition du Parti républicain aux objectifs de réduction. Depuis 2007, suite à une décision de la Cour suprême, l’Agence américaine pour la protection de l’environnement (EPA) est devenue l’unique instrument de réglementation des émissions de gaz à effet de serre (Titre V du Clean Air Act) et a entamé une série d’initiatives importantes pour s’attaquer aux questions liées au changement climatique3. L’objectif réel que les États-Unis se sont proposés d’atteindre à Cancún est une réduction des émissions, d’ici 2020, de 17 % par rapport aux niveaux de 2005. À ces fins, l’EPA a lancé en 2011 un programme demandant aux usines importantes d’utiliser les « meilleures technologies disponibles » afin de contrôler les émissions. À Durban, les États-Unis n’ont pas encore confirmé leur intention d’adhérer à un second mandat du Protocole de Kyoto, insistant sur le principe d’une « vision commune pour une action coopérative » et de « l’égalité juridique » de tous les États dans un engagement à réaliser les objectifs de la CCNUCC. Toutefois, la COP 17 ayant lancé un processus de participation universelle dans la lutte contre le changement climatique, le gouvernement américain devra tenter de convaincre les sceptiques de prendre les précautions nécessaires. Dans le pays même, néanmoins, les initiatives relatives à l’environnement ne manquent pas. Dans certains États, en effet, ont été lancés des programmes régionaux de plafonnement et d’échange (échanges des quotas d’émissions) ou des normes de portefeuille d’énergie renouvelable. Ces programmes incluent, par exemple, la Regional Greenhouse Gas Initiative (RGGI), qui rassemble dix États et vise à réduire de 10 %, sur la période 2009-2018, les émissions provenant du secteur de l’énergie ; la Western Climate Initiative (WCI) rassemblant 11 États des États-Unis et du Canada et ayant comme objectif une réduction, d’ici 2020, de 15 % par rapport à 2005 ; ou encore le « California AB 32 » qui prévoit, parmi plusieurs autres mesures, d’atteindre 33 % d’énergie renouvelable vis-à-vis des opérateurs publics de réseaux de transmission.
Émissions national de CO2 (changement dans l’utilisation des sols exclus)
2004
2006
2008
Figure 5.2. Croissance des émissions de gaz à effet de serre aux États-Unis par rapport à 1990
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
5.2 Les États-Unis sans mandat du Congrès, mais à la tête de quelques initiatives locales importantes
93
2008 2006 Année
Union Européenne (27)
2002 2000
États-Unis
1996
1998
95
-40 % 1990
-20 %
0
Chine
1994 Source : WRI CAIT, 2012.
20 %
1992 Pourcentage de croissance depuis 1990
40 %
60 %
80 %
100 %
120 %
140 %
160 %
180 %
200 %
220 %
la Chine soutient la feuille de route de l’Union europÉenne et met dÉjÀ en œuvre des mesures significatives pour lutter contre les changements climatiques À l’intÉrieur du pays
2004
L
a position de négociation de la Chine4 a été de rappeler aux pays industrialisés leurs propres responsabilités historiques : tant que les pays industrialisés n’auront pas pris d’obligations juridiquement contraignantes pour une deuxième phase d’engagement du Protocole de Kyoto, la demande d’impliquer la Chine dans des engagements de réduction de ses émissions sera jugée comme inappropriée. La Chine estime que toute solution adoptée doit se baser sur le principe d’équité et de « responsabilité commune mais différenciée ». En effet, une autre pierre angulaire de sa stratégie de négociation concerne l’obligation des pays développés à assister financièrement les acteurs moins favorisés dans l’action menée contre le changement climatique. À Durban, la Chine a accordé son soutien à la feuille de route proposée par l’Union européenne, rassurée par le calendrier fixé à 2020 pour mettre en oeuvre tout instrument futur sous les auspices de la CCNUCC, et par conséquent sur le fait que les engagements pris à Cancún5 seront considérés comme acceptables (IISD, 2011). Indépendamment des négociations et des accords internationaux en cours, le pays a d’ores et déjà lancé une série de mesures importantes dans la lutte contre le changement climatique, qui ont produit des résultats positifs. Les mesures introduites dans le onzième plan de développement économique et social 2006-2010, par exemple, ont permis d’enregistrer une réduction des émissions/PIB de près de 20 % par rapport aux cinq années précédentes et d’atteindre les objectifs fixés par le plan. Le douzième plan quinquennal de développement économique (2011-2016) présente un engagement renouvelé en faveur de la promotion d’un développement socio-économique basé sur les concepts de l’économie verte en visant, entre autres, une réduction de 16 % de l’intensité énergétique par unité de PIB d’ici 2015 et l’augmentation de 11,4 % de l’énergie provenant de sources non fossiles renouvelables. Parmi les autres initiatives adoptées en Chine, il est opportun de rappeler : - l’adoption, en 2008, du Livre Blanc China’s Policies and Actions for Addressing Climate Change qui décrit les actions entreprises par ce pays au regard des objectifs ultimes de la Convention. Le document inclut, pour la première fois, les changements climatiques dans un document gouvernemental. - le lancement, dans 6 provinces et villes, de projets pilotes d’échange de quotas d’émissions, en vue de les étendre progressivement, en cas de succès, à l’ensemble de l’économie. 240 %
94
Figure 5.3. Croissance des émissions de gaz à effet de serre en Chine entre 1990 et 2008, et comparaison avec les États-Unis et l’Union Européenne
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
5.3 La Chine et le soutien de la feuille de route européenne
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6. Le r么le du secteur agroalimentaire
D
ans ce chapitre, trois réponses sont mises en avant concernant les défis posés par le changement climatique. Il s’agit du développement de l’agriculture « intelligente face au climat » théorisée par la FAO, des mesures qui doivent être prises afin de réduire les émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts, et de l’influence que les choix alimentaires ont sur ces questions.
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6.1 L’agriculture intelligente face au climat
L
a FAO soutient que l’agriculture, en particulier dans les pays en développement, doit devenir « intelligente » face aux changements climatiques si elle veut relever le défi de nourrir un monde plus densément peuplé et plus chaud1. À la conférence « Agriculture intelligente face au climat : Afrique - Appel à l’action » qui s’est tenue à Johannesburg, en Afrique du Sud en 2010, un appel a été lancé par la FAO et plusieurs gouvernements africains visant à collaborer afin de réaliser des progrès sur l’adoption d’une approche intelligente face au climat pour l’agriculture, de manière à gérer l’impact du changement climatique et de la raréfaction progressive des ressources naturelles. Le directeur adjoint de la FAO pour les ressources naturelles, Alexander Mueller, a souligné que l’Afrique doit augmenter sa productivité agricole ainsi que les revenus dans les zones rurales. En outre, les communautés rurales et les agrosystèmes dont elles dépendent doivent s’adapter au changement climatique afin de devenir plus résistantes à son impact. La FAO a développé le concept d’agriculture intelligente face au climat, permettant de gérer ces multiples défis par des moyens cohérents et intégrés. L’agriculture intelligente utilise des technologies, des pratiques et des approches qui peuvent aider à atteindre la sécurité alimentaire, l’adaptation au changement climatique et l’atténuation de ses effets. Mais un plus grand soutien est nécessaire, en particulier en ce qui concerne la gestion et le développement de programmes d’action, offrant aux pays en développement des possibilités de financement et d’investissement, sans dissocier les fonds destinés à l’agriculture des fonds destinés au climat. L’approche intelligente face au climat de la FAO a pour objectif d’accroître de manière durable la productivité agricole et la résilience aux pressions sur l’environnement, tout en aidant les agriculteurs à s’adapter au changement climatique, et en réduisant les émissions de gaz à effet de serre. Ces résultats peuvent être obtenus grâce à des pratiques améliorant la fertilité des sols et renforçant la capacité de rétention d’eau. Sans mesures d’adaptation de la production alimentaire aux défis posés par le changement climatique ou sans un financement adéquat permettant de les soutenir, la réduction de la pauvreté en Afrique et les objectifs de sécurité alimentaire ne seront jamais atteints. La FAO identifie plusieurs domaines dans lesquels des changements sont nécessaires. L’agriculture doit produire plus de nourriture, moins de déchets et faciliter la fourniture par les agriculteurs de leurs produits aux consommateurs. L’agriculture doit également devenir plus résistante aux inondations et à la sécheresse. À cet égard, il est nécessaire d’améliorer la gestion et l’utilisation des ressources naturelles telles que l’eau, les sols et les forêts, les nutriments du sol et les ressources génétiques. Il faut également réduire la vulnérabilité des communautés agricoles face aux futures catastrophes liées au climat, et préparer des systèmes d’alerte et de couverture des risques. Enfin, l’agriculture doit trouver les moyens de réduire son impact sur l’environnement, en particulier en réduisant ses émissions de gaz
l’agriculture INTELLIGENTE FACE AU CLIMAT a recours À des techniques, des pratiques et des approches intelligentes pour affronter le changement climatique et la pÉnurie de ressources naturelles
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6. Le rôle du secteur agroalimentaire
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Agriculture et changement climatique : problèmes pour les négociateurs suite à Durban
Le document « Agriculture et changement climatique : problèmes pour les négociateurs suite à Durban » (Agriculture and Climate Change : Post-Durban issues for negotiators), produit par l’initiative Food Security and Climate Change de l’IISD, analyse les résultats de la COP 17 vis-àvis de l’agriculture et de son rapport avec le changement climatique. Les principales discussions sur l’agriculture menées par le SBSTA (Subsidiary Body for Scientific and Technological Advice) ont été résumées au cours de sa 36ème session (Bonn, mai 2012). Parmi les thématiques mises en évidence, sont à noter en particulier la reconnaissance de l’importance de la sécurité alimentaire et le fait que les programmes de travail doivent inclure l’adaptation et l’atténuation, ainsi qu’une synergie entre les deux. À la fin du rapport, certains points critiques devant être pris en compte par les négociateurs pour établir un programme de travail sur l’agriculture suite à Durban, ont été mis en lumière. En résumé : - les décisions futures doivent reconnaître que l’adaptation est la priorité pour l’agriculture dans de nombreux pays en développement, et les efforts
-
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de la CCNUCC doivent se concentrer sur l’adaptation et l’atténuation dans tous les pays développés et en voie de développement ; les actions à mettre en oeuvre dans le secteur agricole doivent être adaptées aux besoins des différentes régions et de chaque pays ; l’atténuation dans le secteur agricole doit néanmoins satisfaire aux besoins alimentaires d’une population mondiale croissante ; des opinions différentes existent quant aux bénéficiaires potentiels d’un accord sur l’agriculture : les petits agriculteurs (dont la majorité se trouve dans des pays en voie de développement et dispose souvent d’un minimum pour leur subsistance), et/ou les agriculteurs commerciaux (se trouvant autant dans des pays en voie de développement que dans des pays développés) ; les petits agriculteurs des pays plus pauvres et moins avancés doivent recevoir une attention particulière ainsi que des financements afin d’améliorer la résilience et l’atténuation du changement climatique dans leurs systèmes de production.
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il faudrait des mÉthodes de financement innovaNTes À partager entre les secteur public et privÉ pour dÉvelopper l’agriculture INTELLIGENTE FACE AU CLIMAT
à effet de serre, sans pour autant compromettre la sécurité alimentaire et le développement rural. Pour ce faire, des investissements considérables sont requis pour combler ce que la FAO appelle un « gouffre » de données et de connaissances, afin de développer la recherche et les technologies appropriées et d’offrir des primes permettant de s’assurer que les pratiques agricoles intelligentes face au climat sont adoptées et mises en oeuvre. Un financement sera également nécessaire pour mettre en place des services d’information à la population rurale, indispensables quoique souvent négligés pour la formation des agriculteurs dans leur transition vers une agriculture intelligente. La FAO attire toutefois l’attention sur le fait que les ressources actuellement disponibles sont insuffisantes pour mener ces actions à terme, en particulier dans les pays en voie de développement. Le changement climatique exigera des investissements complémentaires pour garantir la sécurité alimentaire, et les ressources actuellement disponibles sont nettement insuffisantes, entre autres parce que les financements relatifs au climat, existants comme potentiels, ne prennent pas en compte les besoins spécifiques de l’agriculture dans les pays en développement. La Banque mondiale estime le coût de l’adaptation au changement climatique pour l’agriculture dans les pays en développement de 2,5 à 2,6 milliards de dollars par an entre 2010 et 2050, alors que, pour la CCNUCC, les flux financiers supplémentaires nécessaires pour accroître la« résilience » de l’agriculture dans ces pays s’élèveraient à 14 milliards de dollars par an jusqu’en 2030. Il est peu probable que les ressources publiques ou privées suffisent à elles seules : le défi consiste donc à trouver des moyens novateurs de financement.
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le mÉcanisme redd+ propose des incitations Économiques À la conservation des forÊts, qui sont une ressource essentielle pour l’attÉnuation du changement climatique
e secteur forestier contribue pour environ 17,4 % du total des émissions de gaz à effet de serre d’origine anthropique (GIEC, 2007) – ou environ 12 % selon les dernières estimations (van der Werf et al., 2009.) – compte tenu de la perte de la capacité intrinsèque de « séquestration » de carbone atmosphérique (cf. « carbon sink ») exercée par les forêts. Par conséquent, la réduction des émissions provoquées par la déforestation et la dégradation des forêts, la conservation et l’amélioration de la capacité de stockage des émissions exercée par le patrimoine sylvestre, de même que la promotion d’une gestion durable des forêts dans les pays en voie de développement – contre un soutien technologique et financier adéquat – constituent des éléments essentiels du portefeuille des mesures d’atténuation actuellement à disposition. Le mécanisme de la politique REDD+ comprend les activités mentionnées ci-dessus et il est estimé qu’il peut contribuer à une réduction des émissions d’environ 13,8 Gt/CO2 par an d’ici 2030 (GIEC, 2007). En plus d’aider à renforcer la résilience des écosystèmes et des communautés autochtones, les forêts représentent aussi une composante importante des stratégies d’adaptation et de protection de la biodiversité. À la base de ce mécanisme de marché, repose la considération que « la déforestation a lieu parce que le bien public fourni par le patrimoine forestier est sous-évalué par les marchés » (Humphrey, 2008). Le mécanisme REDD+, par conséquent, a pour but d’exploiter le potentiel d’atténuation des forêts en attribuant une valeur à la quantité de CO2 y étant séquestrée/séquestrable, et offrant une incitation économique directe capable d’influencer les décisions d’utilisation des sols par les différents acteurs impliqués dans les pays en voie de développement ; la conservation des forêts deviendra ainsi plus compétitive vis-à-vis des utilisations traditionnelles. Bien qu’étant considéré comme la ressource d’atténuation la plus économique, « l’opportunité la plus riche pour générer des effets immédiats et rentables de réduction des émissions » (Stern (2006) estime un coût de CO2 inférieur à 5 dollars par tonne), REDD+ a été bloqué pendant plusieurs années dans le contexte des négociations internationales en raison du manque de clarté sur son rôle au sein d’un accord entre les nations, mais aussi sur la façon dont il devrait être rendu techniquement opérationnel (Climatique, 2011). Bien que ses origines dans les négociations internationales remontent au Protocole de Kyoto (voir chap. 2 et chap. 3), REDD+ a été adopté au niveau international, et a défini dans son envergure, principes et instruments de protection, au cours des négociations de Cancún (1/CP16, CCNUCC, 2010), qui ont également défini sa mise en oeuvre sur trois phases2. Au cours des récentes négociations de Durban, les progrès enregistrés dans la définition de certains aspects techniques spécifiques (tels que le suivi, les rapports et contrôles, les baselines, etc.) continuent de renforcer la valence du mécanisme, effectuant d’importants pas en avant pour son inclusion dans un futur régime climatique (CIFOR, 2011). Eliasch (2008) estime qu’environ 17-33 milliards de dollars par an seront nécessaires pour réduire de moitié les émissions dues à la déforestation avant 2030 afin d’être compatible avec la cible de 2 °C. Diverses sources de financement devront donc être utilisées en parallèle.
La déforestation en Indonésie pour la culture du palmier à huile
Un exemple des effets négatifs résultant du processus de déforestation est le cas des forêts de tourbières indonésiennes, qui se distinguent par leur grande capacité d’absorption du carbone. L’Indonésie est l’un des pays ayant la plus haute couverture de forêts pluviales au monde et est également le lieu où la déforestation a été la plus sauvage, provoquant des dommages incalculables sur le climat, les habitats des animaux en voie de disparition, le patrimoine culturel et les droits des peuples autochtones. L’expansion continue des plantations de palmiers à huile, en particulier, est à l’origine d’importantes réductions dans l’étendue des forêts, et il est estimé que cette pratique génère annuellement environ 1,8 milliard de tonnes de gaz à effet de serre en raison de la déforestation, de la dégradation des sols et des incendies. L’Indonésie est en fait le troisième pays au monde pour ce qui est des émissions de CO2 après les ÉtatsUnis et la Chine, avec une production de plus de 2 milliards de tonnes, ou 4,5 % des émissions mondiales, et avec une projection de 3 milliards de tonnes en 2020 en l’absence de mesures d’endiguement. Environ 80 % de ces émissions proviennent précisément de la défores-
tation et des changements dans l’utilisation des sols, en particulier en faveur de la culture du palmier à huile. En octobre 2009, le président indonésien s’est engagé à réduire, d’ici 2020, les émissions de gaz à effet de serre de 26 % par rapport aux projections. Plus tard, afin de soutenir politiquement et financièrement le développement et la mise en oeuvre du programme REDD en Indonésie, une lettre d’intention a été signée fin mai 2010 entre les gouvernements indonésien et norvégien, avec la promesse d’un financement d’une valeur d’un milliard de dollars de la part de la Norvège, en vertu de l’accord de la Conférence de Copenhague sur le climat. En effet, la réduction des émissions de CO2 est financée directement par les nations riches, dans lesquelles la même réduction serait considérablement plus coûteuse. Toutefois, le gouvernement indonésien doit encore produire une stratégie claire ainsi qu’un cadre normatif pour soutenir cette initiative. Un pas en avant a été fait avec la formation d’un groupe de travail visant à établir un organisme de service spécial relevant directement du président et coordonnant les efforts afin de développer et mettre en oeuvre le programme REDD.
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6.2 Réduire les émissions résultant de la déforestation et de la dégradation des forêts (REDD+)
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6.3 Viabilité des régimes alimentaires et impact sur le climat
ment climatique. La figure suivante illustre les différents types de denrées alimentaires, classés en fonction de l’empreinte carbone3 par kilogramme ou litre de produit. Un exercice similaire peut également être effectué pour l’empreinte écologique des différents produits alimentaires : un indicateur mesurant la quantité de terre (ou de mer) biologiquement productive nécessaire pour fournir les ressources et absorber les émissions associées à un système de production, et qui est mesurée en m2 ou hectares mondiaux (figure 6.2.).
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PRODUCTION ET CONSOMMATION DES ALIMENTS ONT UN IMPACT SIGNIFICATIF SUR L’ENVIRONNEMENT
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Figure 6.2. L’empreinte écologique des denrées alimentaires
L’
impact sur l’environnement du système de production et de consommation des aliments, en particulier dans les pays développés, représente un problème relativement récent dans le débat international sur le changement climatique et la durabilité environnementale, mais ces dernières années, l’attention portée à ces questions est en plein essor. En effet, le type, la composition et la quantité de nourriture produite et consommée ont un impact significatif tant sur le total des émissions de CO2 que sur la demande humaine sur la nature en termes de rapport entre consommation des ressources et capacité de la planète à les (ré)générer. La consommation alimentaire a diverses incidences sur l’environnement, relatives au cycle de vie d’un aliment donné. L’impact se produit en particulier au niveau de la production agricole, de la transformation, du stockage, du transport, de la préparation et des déchets. Grâce à l’analyse du cycle de vie (Life Cycle Assessment – LCA), il est possible d’évaluer les charges énergétiques et environnementales relatives aux différents stades de la chaîne d’approvisionnement, afin d’évaluer l’impact environnemental total d’un produit. Tout d’abord, la nourriture a un fort impact sur les émissions de CO2, responsables du change-
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Figure 6.1. L’empreinte carbone des denrées alimentaires Source : Barilla Center for Food & Nutrition, 2011.
Source : Barilla Center for Food & Nutrition, 2011.
À partir de ces graphiques, il ressort clairement que certains types d’aliments (produits de l’élevage) produisent un impact sur l’environnement plus important que d’autres (légumes, fruits, céréales). Enfin, il est intéressant de noter que les produits à faible impact environnemental tendent à être ceux qui devraient être privilégiés dans le cadre d’une alimentation saine, en mesure de réduire le risque de nombreuses maladies chroniques. Le BCFN a développé le modèle de la « Double pyramide alimentaire et environnementale » comme outil permettant, en liant l’aspect nutritionnel des aliments et leur impact sur l’environnement, de communiquer aux consommateurs l’importance de choix alimentaires à la fois sains pour l’organisme et viables pour la planète. En effet, en s’appuyant sur la pyramide nutritionnelle suggérant la quantité d’aliments à inclure dans la consommation quotidienne pour une alimentation saine, on note que les aliments dont une consommation plus importante est recommandée sont généralement ceux qui ont un moindre impact sur l’environnement. Inversement, les aliments pour lesquels une réduction de la consommation est recommandée, sont également ceux qui ont un impact plus élevé sur l’environnement (figure 6.3.). Dans la pratique, deux objectifs différents mais tout aussi importants coïncident au sein de ce même modèle : la santé humaine et la protection de l’environnement. Nos choix alimentaires peuvent par conséquent avoir une incidence surprenante et significative dans la lutte contre le changement climatique.
les produits de l’Élevage ont un impact plus important sur l’environnement QUE LES autres aliments
Figure 6.3. L’empreinte ambientale des aliments
Source : Barilla Center for Food & Nutrition, 2011.
Par exemple, prenant en considération deux menus quotidiens différents, tous deux équilibrés en termes d’apport calorique et nutritionnel (protéines, lipides et glucides), mais différents vis-à-vis du type de protéines assimilées - dans le premier cas (figure 6.4.) principalement d’origine végétale (« menu végétarien »), dans le second (figure 6.5.) d’origine animale (« menu à base de viande ») - on observe que le menu à base de viande a un impact sur l’environnement deux fois et demie supérieur au menu végétarien : 42 mètres carrés mondiaux par rapport à 16.
Figure 6.5. Composition d’un menu de viande et son impact environnemental relatif
MENU DE VIANDE
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2
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Figure 6.4. Composition d’un menu végétarien et son impact environnemental relatif
m GLOBAUX
Petit dèjeuner 1 bol de lait demi-écrémé
MENU VÉGÉTARIEN
2030 16
KCAL TOTALI
2
m GLOBAUX
4 biscuits
protéines
graisses
14 % 30 % 56 % Goûter
Déjeuner
1 portion de fruits (200 g)
1 pot de yaourt maigre
4 biscottes
1 fruit
1 porzione de pâtes à l’aneth
1 pot de yaourt maigre 1 paquet de crackers non salés
1 m2 globaux
Dîner 1 portion de légumes: verts (200 g) et pommes de terre à la vapeur (400 g) avec copeaux de parmesan (40 g)
7 m2 globaux
Source : Barilla Center for Food & Nutrition, 2011.
Goûter 1 portion de fruits (200 g)
1 global m2
Goûter
Dîner
1 pot de yaourt maigre
1 portion de potage de petits pois et vermicelles 1 bifteck grillé (150 g) 1 tranche de pain
4 global m2
2 global m2 Source : Barilla Center for Food & Nutrition, 2011.
Goûter
glucides
15 % 25 % 60%
3 global m2
1 Porzione de flan potiron-poireaux
3 global m2
GRAISSES
Dèjeuner 1 portione de pizza tomates mozzarella – crudités en salade
glucides
Petit dèjeuner
1 global m2
protéines
20 global m2
16 global m2
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2140 42
KCAL TOTALI
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7. LES RECOMMANDATIONS DU BCFN
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D’autres réductions peuvent être obtenues en apportant des améliorations dans la filière agroalimentaire, mais aussi à travers la production d’énergie venant de biomasses agricoles – du moment qu’elles n’entrent pas en conflit avec les cultures destinées à l’alimentation humaine – tels que, par exemple, les résidus d’origine culturelle et forestière comme substitut des autres sources basées sur les combustibles fossiles. De telles options représentent une forme relativement intéressante d’atténuation, étant donné qu’elles sont mises en place à des coûts contenus, voire nuls – c’est-à-dire capables de rémunérer de façon adéquate et opportune les investissements –, et pour bon nombre d’entre elles, les technologies et les pratiques nécessaires sont déjà disponibles. 2
S
ans administration internationale, il sera toujours plus compliqué dans les années à venir de faire face aux changements climatiques si nous prenons en compte conjointement la croissance démographique, l’urbanisation, le changement des styles alimentaires et de consommation ainsi que la crise énergétique. Le temps est donc un facteur déterminant : il nous en reste peu devant nous pour agir. Si, il y a quelques années, nous étudions les prévisions climatiques sur les 50 – 100 ans à venir (GIEC), aujourd’hui nous n’en avons plus aucune utilité puisque nous devons désormais imaginer ce qu’il se produira dans un laps de temps plus restreint (15-20 ans). La crise climatique est en effet aggravée par l’exploitation des ressources, encore plus intense et rapide que par le passé, en dépit de la crise économique. Avec un tel scénario, l’agriculture peut jouer un rôle considérable dans la lutte contre les changements climatiques, à condition d’accepter que les modèles non durables soient corrigés. La question essentielle, par conséquent, est de savoir comment intervenir sur l’agriculture sur une échelle temporelle bien plus brève que celle que nous avions imaginée auparavant, pour la rendre plus durable et capable de s’adapter aux changements climatiques. Mais dans ce cas-là, de nombreuses connaissances et compétences sont déjà disponibles, et doivent être seulement mises en pratique.
Une gestion durable des ressources et du territoire entre atténuation et adaptation 1
Pour affronter le double défi de réduire les gaz à effet de serre dans l’atmosphère et de contraster leseffets amenant à des changements climatiques au niveau local, il est nécessaire de créer toutes les synergies possibles entre atténuation et adaptation, en identifiant et en mettant en place des mesures capables d’éliminer les émissions de CO2 et de renforcer la résilience des écosystèmes agricoles, ainsi que de favoriser une utilisation plus durable et efficace des ressources naturelles. Pour cela, il est recommandé de : - contraster le phénomène de la déforestation et promouvoir la gestion durable des forêts ; - appliquer les pratiques agronomiques correctes dans la gestion et le travail des terrains cultivés, en utilisant de façon correcte les nutriments et en réduisant dès que possible le labourage des terres (labourage minimum ou tillage / gestion des résidus et des ressources hydriques, y compris l’irrigation et le drainage) ; - rétablir les terres dégradées à travers des interventions d’exploitation forestière ou de restauration du couvert végétal, le contrôle de l’érosion et l’utilisation d’amendements biologiques et nutritifs ; - améliorer les techniques de gestion des pâturages (notamment l’intensité, la gestion intégrée des éléments nutritifs, etc.) et de gestion durable du bétail (y compris l’amélioration des pratiques d’alimentation, l’utilisation de compléments alimentaires, la gestion du fumier).
La biodiversité comme instrument pour réduire les risques
Les pratiques de conservation et d’accroissement de la biodiversité permettent aux cultures d’imiter les procédés écologiques naturels, de répondre aux changements et de réduire ainsi les risques éventuels. Optimiser et valoriser la diversité intra- et interspécifique contribue à limiter les impacts des futurs changements environnementaux, en augmentant la résilience et la capacité d’adaptation des espèces, habitats et écosystèmes. Le développement de la matière biologique des sols à travers, par exemple, l’utilisation d’engrais végétal, le compost et le recyclage des résidus culturels et biologiques permettrait de développer la fertilité des sols, en favorisant la capacité naturelle de rétention hydrique et du maintien de cette dernière en cas de pluies torrentielles. La rotation diversifiée des cultures permet aux agriculteurs de cultiver des produits qui peuvent être recueillis à des périodes différentes, et avec des caractéristiques de réponse différentes face aux facteurs de stress climatique/environnemental. Cette variété de résultats et de degrés de résilience est une couverture contre les risques de sécheresse, de températures extrêmes ou de températures en dehors de la moyenne saisonnière qui pourraient influencer négativement sur les récoltes d’un type de culture par rapport à un autre. La résilience aux facteurs de stress climatique est étroitement liée à l’augmentation de la biodiversité agricole et aux améliorations de la matière biologique des sols. 3
Recherche et déplacement des connaissances, compétences et technologies
La promotion et le soutien en matière de recherche agronomique et climatique sont des éléments fondamentaux pour la planification de stratégies d’atténuation et d’adaptation à long terme, mais il est encore plus important de veiller à ce que les connaissances et les compétences soient multipliées et disponibles sur le territoire, autant dans les pays développés que dans ceux en voie de développement. Par conséquent, toutes les initiatives qui facilitent le déplacement, la diffusion et le développement du savoir-faire et des technologies nécessaires aux interventions d’atténuation et d’adaptation doivent être favorisées. De telles actions doivent porter sur tout le processus de développement technologique (activité de recherche, développement, démonstration, diffusion et déplacement) et intéresser toute la filière productive. En général, il faut poursuivre sur le chemin de la mobilisation des investissements qui doivent soutenir l’engagement en matière de recherche et développement, en particulier de la part des pays développés, même par l’intermédiaire d’instruments tels que la REDD+ (Réduction des Émissions de CO2 provenant de la Déforestation et de la Dégradation des forêts) qui se propose de réduire sensiblement la déforestation tropicale sur la base de la création d’un mécanisme financier et commercial sur des crédits de carbone. 4
Styles de vie et choix alimentaires durables
Les styles de vie et les choix alimentaires tendent à avoir une incidence croissante sur l’équilibre écologique de la planète en plus de la santé des personnes.
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7. LES RECOMMANDATIONS DU BCFN
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Volonté politique : penser à l’international, agir au national
Pour la complexité qui les caractérise, la mise en place de stratégies d’intervention semble être particulièrement onéreuse, surtout en termes de coordination des actions à mettre en oeuvre. En effet, outre la capacité et les compétences techniques, financières et institutionnelles, la planification et la mise en pratique de telles actions nécessite surtout une volonté politique au niveau international et national. Autant le dessin des stratégies que leur réalisation ont une très grande importance. À cet égard, il convient de comprendre qu’il n’existe pas de simple pratique ou de technique qui puisse être adoptée par tous les types de sols, de conditions climatiques ou de systèmes de culture. Il faut sans cesse identifier et mettre en place ces pratiques et des techniques qui s’adaptent mieux aux conditions spécifiques d’un territoire précis. Et il est également nécessaire de tenir compte du fait que l’exacerbation des effets des changements climatiques imposera des efforts élevés d’adaptation, surtout dans les pays en voie de développement, afin de gérer les cultures dans des conditions de températures plus élevées et d’exposition aux événements extrêmes. Dans cette optique, il faut apporter un soutien et des réponses aux instances présentées par les pays émergents, qui sont appelés à contribuer au respect de cet objectif mais peu enclins à assumer des engagements coûteux et juridiquement contraignants. 1. Les institutions doivent par ailleurs instaurer des interactions avec le secteur privé – traditionnellement non intéressé par le cadre du financement des mesures d’adaptation – avec pour objectif de favoriser le recrutement et la participation financière aux activités d’atténuation et d’adaptation. Ceci peut se produire à travers des mécanismes de partage et de déplacement du risque, tels que par exemple les micro-assurances et la création d’une institution sur les risques dérivant de phénomènes climatiques.
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2. Les pays industrialisés sont appelés à trouver des ressources financières provenant de nombreuses sources afin de soutenir des projets, des programmes, des politiques et d’autres activités dans les pays en voie de développement, en équilibrant les activités d’atténuation – généralement prédominantes – et d’adaptation, et en s’occupant d’une certaine manière des modalités d’accès et de transfert de ces fonds.
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Dans le contexte alimentaire en particulier, nous remarquons effectivement que les modèles de consommation deviennent de plus en plus incohérents avec les objectifs de protection de l’environnement et de bien-être de l’individu. Nous faisons référence par exemple à l’augmentation de la consommation de protéines d’origine animale due à la croissance des pays émergents et du changement soudain des habitudes alimentaires des habitants et aux déséquilibres qu’ils provoquent ; ou encore à la significative entité du gaspillage alimentaire dans les pays occidentaux de la part des consommateurs finaux ; ou encore à la désaisonnalisation de la consommation des fruits et légumes et à la mondialisation du commerce des biens agricoles au détriment de la consommation de proximité, avec pour conséquence l’augmentation du rejet de gaz à effet de serre dérivant des transports. Par conséquent: 1. L’adoption d’un modèle alimentaire inspiré de la logique de la Double Pyramide, pour ses effets positifs en termes nutritionnels et environnementaux, a une incidence sur notre bienêtre actuel et sur l’avenir de nos enfants. 2. Il est donc aujourd’hui indispensable de lancer un processus de responsabilisation et d’avoir une conscience collective en termes d’éducation alimentaire et environnementale. 3. En effet, étant donné que les producteurs sont appelés à prendre en compte les effets externes dérivant des propres processus productifs, les citoyens devraient adopter des modèles de consommation moins « égocentristes », en évaluant les impacts environnementaux qui dérivent des propres choix alimentaires et autres. 4. Il est avant tout du devoir du secteur public de faire en sorte que cela se produise à travers des mesures adaptées et l’adoption d’un cadre normatif approprié. Les entreprises peuvent elles aussi jouer un rôle clé, en servant de guide pour les consommateurs et parfois en facilitant l’action du simple citoyen, qui se retrouve très souvent confronté à ses propres choix sans en connaître les effets.
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notes et références bibliografiques
NOTEs E références BIBLIOGRAFIques
15. Le rapport AR4 du GIEC (Solomon et al., 2007) indique qu’ « il est probable que tous les continents, à l’exception de l’Antarctique, aient subi un réchauffement anthropique marqué depuis en moyenne cinquante ans ». En raison des variations naturelles élevées de la région, il a été difficile de déterminer la part du réchauffement constaté à attribuer aux activités humaines. Des études ultérieures (Stott et al., 2010) ont permis d’établir clairement la relation entre les deux phénomènes.
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17. En fonction du scénario considéré, les prévisions d’accroissement indiquées par le GIEC en 2007 pour la période 1990-2095 varient d’un minimum de 0,18-0,38 m (B1) à un maximum de 0,26-0,59 m (A1F1). Une large part de l’accroissement estimé était attribuée à l’expansion thermique des eaux marines. 18. Au net des signaux saisonniers. CHAPITRE 1
19. La buffering capacity signifie la capacité des océans à absorber le CO2. Le processus d’acidification constaté a des répercussions sur la capacité des océans à servir de « puits » de carbone (carbon sink). 20. Les anomalies enregistrées reflètent la transition du phénomène El Niño à La Niña.
1. En ce qui concerne les activités humaines, la définition du changement climatique est la suivante : « changements persistants d’origine anthropique dans la composition de l’atmosphère ou dans l’utilisation des sols ». 2. Pour exprimer l’avis des experts sur l’exactitude d’une affirmation à communiquer aux dirigeants politiques, le GIEC utilise une terminologie indiquant divers degrés de « confiance » : confiance très élevée signifie qu’il y a au moins 9 chances sur 10 que la déclaration soit correcte (GIEC, 2007). 3. L’effet moyen global net des activités humaines a produit un forçage radiatif de +1,6 Wm-2 (+0,6 à +2,4), par rapport à 0,12 (0,06 à 0,30) dû à l’ensoleillement (GIEC, 2007). 4. Istituto Nazionale di Geofisica e Vulcanologia – INGV.it. 5. Le rapport « The Copenhagen Diagnosis » (2009) révèle une fonte plus importante et plus rapide des glaciers marins et terrestres ou une élévation accrue du niveau des océans. 6. Pour un examen plus approfondi des conclusions du rapport AR4, veuillez vous reporter au rapport même et au document Cambiamento Climatico, Agricoltura e Alimentazione (Changement climatique, agriculture et alimentation) disponible sur le site du Barilla Center for Food and Nutrition : http://www.barillacfn.com. 7. Une tendance linéaire pendant 100 ans (1906-2005) : 0,74 °C est la valeur moyenne de la fourchette comprise entre 0,56 º et 0,92 °C. L’augmentation totale de la température entre les périodes 1850-1899 et 2001-2005 atteint 0,76 °C (0,57 à 0,95) (GIEC, 2007).
21. Variations standardisées par rapport à la période de référence 1951-2000. 22. Le rapport actuellement disponible est intitulé Summary for Policy Makers (Rapport de synthèse pour les décideurs, disponible sur le site du GIEC, http://GIEC-wg2.gov/SREX/) : le rapport complet est disponible depuis février 2012. 220 scientifiques de 62 pays ont contribué à la préparation de ce rapport. Source : GIEC, http://GIEC-wg2.gov/SREX/. 23. Le degré de confiance attribué aux données relatives à ces phénomènes dépend de la qualité et de la quantité de ces informations et de la disponibilité des études les concernant. Celles-ci varient selon l’objet de leur analyse et la région considérée. Les événements extrêmes sont relativement rares ; la disponibilité des données permettant une analyse des variations de fréquence et/ou d’intensité de ces phénomènes est donc réduite (GIEC, 2011). 24. Les changements dans ces événements peuvent porter sur la moyenne, la variation ou la répartition de leur risque d’incidence. Veuillez vous reporter à la figure SPM.3 dans le rapport du GIEC (2011). 25. L’augmentation de la fréquence et de l’intensité des températures extrêmes chaudes et extrêmes froides quotidiennes est virtuellement certaine. Les journées chaudes pourraient être dix fois plus fréquentes dans la plus grande partie des régions du monde. Un accroissement de la longueur, de la fréquence et de l’intensité des vagues de chaleur est également très probable. 26. Données en dollars pour 2010.
8. State of the Climate Global Analysis Annual 2011, National Oceanic and Atmospheric Administration – National Climatic Data Center. 9. L’année 2011 n’a pas enregistré les températures exceptionnelles de 2010. Les estimations préliminaires de l’OMM (Organisation mondiale de la météorologie) indiquent une température annuelle globale des surfaces terrestres et marines supérieure de 0,41 °C environ (0,74 °F à 0,20 °F) à la période 1961-1990. 10. Dans l’hémisphère Nord, à partir de 1900, la température moyenne a augmenté de 0,87 °C. 11. 0,7 °C en été et 1,1 °C en hiver. Source : Agence européenne pour l’environnement – AEE (2007). 12. Partie d’océan ayant une concentration d’icebergs d’au moins 15 %. 13. Le recul enregistré des glaciers continue à être supérieur à l’accumulation constatée au cours des mois hivernaux, notamment en cas de températures élevées qui entraînent plus de fonte et une dérive plus rapide. Source : site web du National Snow & Ice Data Center (Centre national américain de données sur la neige et la glace) – NSIDC. 14. Une étude détaillée des derniers changements qui ont touché le Groenland se trouve dans Box et al., 2011.
ChAPITre 2
1. Notamment, l’affirmation que les niveaux de concentration du CO2 de 550 ppm dans la production agricole mondiale des cultures C3 resteront inchangés. 2. Les résultats relevés ont été obtenus en prenant en compte une concentration atmosphérique de CO2 de 550 ppm dans les cultures C3 et C4, dans des conditions unstressed (sans stress). 3. Cf. par exemple, Tubiello et al., 2007 ; Lobell et al., 2008 ; Ainsworth et McGrath, 2010 ; Aggarwal, 2008 ; Reilly et al., 2007 ; Van Dingenen et al., 2009 ; Booker et al., 2009. 4. À une concentration de CO2 de 550 ppm, dans des conditions sans stress. 5. Dans les pays traditionnellement agricoles, le secteur génère 29 % du PIB et emploie 65 % environ de la population en âge de travailler ; dans ceux qui se consacrent principalement à l’industrie de transformation, le secteur contribue à 7 % du PIB ; dans les pays urbanisés, cela représente 5 % environ du PIB (Banque mondiale, 2008).
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
Agriculture, alimentation durables et changements climatiques
16. Dans la période 1993-2003, il a été estimé que la fonte des glaciers représentait 28 % environ de l’augmentation observée par rapport aux 57 % causés par l’expansion thermique de l’océan.
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6. Le bilan net des émissions de CO2 est égal à environ 0,04 Gt d’équivalent CO2 (GIEC, 2007). 7. Le PRG (Potentiel de réchauffement global) est exprimé par le rapport entre le réchauffement global dû à une substance donnée, pendant une certaine période de temps - 100 ans, en l’occurrence - et celui produit par le CO2 dans la même quantité.
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9. Pirad et Treyer (2010) estiment qu’entre 1980 et 2000, plus de 83 % des zones récemment cultivées dans les régions tropicales étaient auparavant occupées par des forêts naturelles. La FAO (2010) indique que dans la dernière décennie, environ 13 millions d’hectares de forêts ont été convertis à d’autres utilisations ou détruits chaque année : le Brésil et l’Indonésie sont les pays où les pertes les plus importantes ont été enregistrées, notamment dans les années 90. Plus récemment, des périodes prolongées de sécheresse et des incendies ont aggravé la perte de forêts depuis le début des années 2000. Pour de plus amples informations sur la question, voir le paragraphe 2.2. consacré à REDD+ : Réduire les émissions résultant de la déforestation et de la dégradation des forêts (par. 6.2). 10. L’EECCA regroupe les pays d’Europe de l’Est, du Caucase et d’Asie centrale. 11. Un exposé complet des stratégies d’atténuation dans le secteur est disponible dans les travaux du BCFN (2009). 12. Excluant l’effet substitutif de la bioénergie. 13. Les plantes et les arbres sont constitués principalement du carbone qui provient de l’atmosphère et qui est stocké à travers le processus de photosynthèse. Par ce processus, de grandes quantités de gaz carbonique sont prélevées dans l’atmosphère puis incorporées dans la biomasse végétale (branches, feuilles, troncs, racines). 14. En 2009, la Commission européenne a consacré un Livre blanc à l’adaptation au changement climatique afin de stimuler la réalisation d’un plan d’action européen (EC et SEC, 2009). Le Centre Risoe du PNUE (2011) présente une analyse systématique des techniques d’adaptation pouvant être mises en place dans le secteur agricole des pays en voie de développement.
CHAPITRE 3
1. L’expression se réfère à la différence qui existe entre ce que les pays sont disposés à faire et ce qu’ils devraient faire étant donné les estimations sur les émissions de gaz carbonique et le réchauffement. Elle s’inspire du rapport Emission Gap Report. Are the Copenhagen Accord pledges sufficient to limit warming to 2 °C or 1,5 °C ? (Rapport sur le spectre des émissions. Les promesses de l’accord de Copenhague sont-elles suffisantes pour limiter le réchauffement à 2 °C ou 1,5 °C ?). Présenté par le PNUE lors de la Conférence de Cancún, ce rapport se propose d’évaluer et d’analyser les engagements prévus dans l’Accord de Copenhague. 2. Les émissions de gaz à effet de serre correspondant à un réchauffement maximal donné ne sont pas connues avec exactitude en raison des incertitudes sur le cycle du carbone et les contrecoups du climat (Meinshausen et al., 2009). 3. Le taux de croissance des émissions de CO2 est passé de 1,1 % par an à plus de 3 % entre 2000 et 2004. La plus grande part de cet accroissement (environ 73 %) peut être attribuée aux pays en voie de développement, notamment à la Chine (Edenhofer et al., 2010, in Raupach et al., 2007). 4. Plus de détails sur les scénarios proposés par le GIEC, intitulés SRES Scenarios, sont disponibles dans le rapport 2000 du GIEC. 5. Selon les éléments présentés à la Conférence sur le climat à Copenhague en 2009, http://climatecongress.ku.dk.
7. Relatif aux investissements en énergies propres. Pour plus de détails sur les estimations et les hypothèses les étayant, voir IEA (2011). 8. La partie A du graphique représente les probabilités de dépasser la limite de 2 °C selon les divers scénarios (voir, par exemple, SRES B1, A2 (GIEC, 2000), Stern et autres scénarios. Les lignes continues représentent la probabilité pour toutes les variations de la sensibilité au climat. La partie B du graphique représente les émissions totales de CO2 émises entre 2000 et 2006 (zone grise), celles qui pourraient se manifester en brûlant les réserves de combustibles fossiles disponibles, et celles causées par les activités de modification des sols entre 2006 et 2049 (médiane et série de 80 %). Pour des informations plus détaillées, voir Meinshausen et al. (2009). 9. En 2009, les émissions de CO2 liées à l’énergie ont représenté 61 % des émissions totales de gaz à effet de serre. Le Scénario de la nouvelle politique, qui tient compte aussi bien des politiques existantes que de celles proposées (y compris une mise en oeuvre prudente de l’Accord de Copenhague et des Accords de Cancún), prend en considération une augmentation des températures de plus de 3,5 °C. Les prévisions du Scénario de la politique actuelle, qui n’avancent pas de changements ultérieurs dans les politiques et dans les mesures par rapport à celles adoptées au début de 2011, sont bien plus négatives et envisagent un accroissement à long terme des températures de 6 °C ou davantage. Le graphique représente également la part de réduction des émissions interrégionales (bunker) qui, en dehors des 2 % de différence entre les scénarios, n’est pas visible dans les valeurs pour 2035. Pour des informations plus détaillées, voir IEA (2011). 10. Pour consulter une présentation détaillée des méthodologies et des hypothèses adoptées, voir les rapports y afférents : GIEC (2007) et Stern (2006). 11. La dite « Conférence des parties » (COP) est une entité établie dans le but de guider l’action des pays signataires de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC). 12. CMP - Conference of the Parties serving as the Meeting of the Parties to the Kyoto Protocol. (Conférence des Parties agissant en tant que Réunion des Parties au Protocole de Kyoto). 13. Établi en décembre 2007 à la Conférence de Bali. Source : site web de la CCNUCC, http://unfccc.int/essential_background/bali_road_map/items/6072.php. 14. L’objectif principal de la Convention, entériné dans l’art. 2, est la « [..] stabilisation des concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère à un niveau permettant de prévenir les interférences nocives des activités humaines sur le système climatique. Ce niveau devrait être atteint dans une période de temps suffisante pour : permettre aux écosystèmes de s’adapter naturellement aux changements ; garantir que la production de nourriture n’est pas menacée et permettre au développement économique de procéder de façon durable. » 15. Les pays ne faisant pas partie de l’OCDE représentent 90 % de la croissance de la population, 70 % de l’augmentation de la production économique et 90 % de la hausse de la demande énergétique dans la période 2010-2035. La Chine consolide sa position de principal consommateur d’énergie dans le monde : en 2035, on estime qu’elle consommera environ 70 % de plus que les États-Unis, le deuxième pays du classement, même si la consommation énergétique par personne en Chine sera encore inférieure à celle des Américains. Les taux de consommation énergétique enregistrés en Inde, en Indonésie, au Brésil et au Moyen-Orient augmentent plus rapidement que les taux chinois. 16. Au cours d’une recherche dans le texte en anglais de la déclaration L’avenir que nous voulons, soit The future we want, le mot : « encourage » revient 50 fois ; « support » revient 99 fois ; « we will » revient 6 fois.
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8. Entre 1967 et 1997, la demande de viande dans les pays en voie de développement est passée de 11 kg à 24 kg par personne par an, avec une croissance de plus de 5 % vers la fin de la période. On estime que cette demande augmentera ultérieurement de 60 % d’ici 2020, principalement en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne (GIEC, 2007).
6. Valeur actuelle des pertes de bien-être par rapport au niveau de référence. Ces coûts sont exprimés en termes « bruts », c. à d. qu’ils ne tiennent pas compte des avantages potentiels dérivant des changements climatiques évités. Ces estimations dépendent de façon significative des hypothèses à la base des algorithmes qui ont permis de construire les modèles utilisés (par exemple, innovation technologique et disponibilité de solutions alternatives « vertes » aux combustibles fossiles ; élasticité de la substitution, etc.)
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chapitre 4
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2. Il s’agit des « mécanismes de flexibilité » du Protocole de Kyoto, dont la ligne d’action consiste à permettre la réduction des émissions lorsque cela est avantageux d’un point de vue économique, et à faciliter le transfert technologique dans les pays en voie de développement et dans les économies en transition. 3. REDD+ : Reducing Emissions from Deforestation and Forest Degradation Enhancing Carbon Stocks (Réduction des émissions résultant de la déforestation et de la dégradation des forêts pour augmenter le stockage de carbone). Pour de plus amples informations, veuillez consulter le site web de la CCNUCC : http://unfccc.int/methods_science/redd/items/4531.php. 4. 98 pays en voie de développement ont promis d’entreprendre des actions spécifiques de réduction d’ici 2020, acceptant de les accompagner de systèmes de mesure, de suivi et de vérification des émissions réellement réduites. 5. Ces engagements n’ont pas été l’objet de négociations, mais ont été communiqués unilatéralement par les parties.
18. Parmi les « sources alternatives », on se réfère, par exemple, à celles qui proviennent des taxes sur les émissions des transports internationaux, des taxes sur les transactions financières, des Special Drawing Rights (droits de tirage spéciaux), et du changement d’attribution des subventions actuellement concédées aux combustibles fossiles (AGF, 2010). 19. Les experts se sont penchés principalement sur les fonds de pension et autres investisseurs institutionnels, dont le patrimoine matériel est estimé à 28 trillions de dollars. Voir : OCDE (2011), Climate Finance : Sources and Architecture www.oecd.org/document/60/0,3746, en_2649_34361_46273212_1_1_1_1,00.html. 20. Pour de plus amples informations sur ce sujet, veuillez consulter le site web : http://unfccc. int/ttclear/jsp/TechnologyMechanism.jsp. 21. Pour de plus amples informations sur ce sujet, veuillez consulter le site web de la CCNUCC : Technology Transfer Clearinghouse, http://unfccc.int/ttclear/jsp/Background.jsp. 22. Voir la version provisoire de la décision sur le site web de la CCNUCC : http://unfccc.int/files/ meetings/durban_nov_2011/decisions/application/pdf/cop17_tec.pdf.
6. L’Accord de Copenhague avait une dimension exclusivement politique. En effet, la Conférence des Parties avait seulement « pris acte » de l’Accord. 7. Pays Annexe I figurant dans l’Annexe I de l’Accord de Copenhague. Pour de plus amples informations, veuillez consulter le site Web de la CCNUCC : http://unfccc.int/meetings/copenhagen_dec_2009/items/5264.php. Les pays non inclus dans l’Annexe I figurant dans l’Annexe II de l’Accord de Copenhague ont présenté des actions nationales d’atténuation qui ont été incorporées par la CCNUCC dans le cadre des Nationally Appropriate Mitigation Actions (mesures d’atténuation appropriées au niveau national). Pour de plus amples informations, veuillez consulter le site web de la CCNUCC : http://unfccc.int/meetings/cop_15/copenhagen_accord/items/5265.php. 8. Seuil pouvant être ramené à 1,5 °C en fonction de l’état d’avancement des recherches scientifiques. 9. Les valeurs limites dépendent de la façon dont les engagements indiqués seront effectivement mis en oeuvre. Pour de plus amples informations, veuillez vous reporter à la publication PNUE, 2010. 10. Veuillez vous reporter à : http://unfccc.int/resource/docs/2010/cop16/eng/07a01.pdf#page=4. 11. Pour de plus amples informations sur ce sujet, veuillez consulter le site Web de la CCNUCC : http://unfccc.int/adaptation/cancun_adaptation_framework/adaptation_committee/items/6053.php.
CHAPITRE 5
1. Alliance des Petits États insulaires (AOSIS) et le groupe des Pays moins avancés (PMA). 2. Le graphique représente les prévisions des modèles Primes/Gains modifiées par l’Agence Européenne pour l’Environnement (AEE) et fondées sur les estimations d’émissions pour l’année 2010. Ces estimations incluent les émissions du secteur de l’aviation. Les prévisions des États membres, par contre, n’incluent pas ce secteur. 3. Voir par exemple le site Web : www.epa.gov/climatechange/initiatives/index.html. 4. Dans le cadre des négociations à la CCNUCC, la Chine agit en association avec le Brésil, l’Afrique du Sud et l’Inde sous l’acronyme BASIC. 5. Réduction de 40 à 45 % du rapport émissions/PIB par rapport aux niveaux de 2005 ; augmentation de 15 % du quota de combustibles d’origine non fossile dans la consommation d’énergie primaire ; accroissement de 40 millions d’hectares de la couverture forestière et de 1,3 milliard m3 du volume de stock forestier FCCC/SB/2011/INF.1/Rev.1 (2011).
12. Pour de plus amples informations sur ce sujet, veuillez consulter le site web de la CCNUCC : http://unfccc.int/adaptation/cancun_adaptation_framework/loss_and_damage/items/6056.php. 13. Pour de plus amples informations sur ce sujet, veuillez consulter le site web de la CCNUCC : http://unfccc.int/adaptation/cancun_adaptation_framework/national_adaptation_plans/ items/6057.php.
CHAPITRE 6
14. Considérés comme étant « complémentaires » à l’Assistance au développement traditionnelle (Official Development Assistance).
1. Climate-Smart agriculture: policies, practices and financing for food security, adaptation, and mitigation, FAO, 2010.
15. Rapport de la Conférence des Parties, XVIème session, qui a eu lieu à Cancún du 29 novembre au 10 décembre 2010 : http://unfccc.int/files/na/application/pdf/07a01-1.pdf.
2. Phase 1 : préparation (Readiness), soit le développement de stratégies nationales ou de plans d’action, de politiques et de mesures, le renforcement de la capacité. Phase 2 : investissements, soit la mise en oeuvre des politiques nationales et des mesures définies en Phase 1. Phase 3 : paiements selon les performances, c. à d. les actions fondées sur les résultats qui devront être mesurées, suivies et vérifiées.
16. http://unfccc.int/files/meetings/durban_nov_2011/decisions/application/pdf/cop17_gcf.pdf. 17. Le choix de la Banque Mondiale - depuis COP 16 - a été critiqué par divers représentants des pays en voie de développement et par quelques ONG, qui estiment qu’il ne convient pas à la gestion des Fonds dans l’intérêt de ces pays, dans la mesure où il émane des pays industrialisés
3. L’empreinte carbone représente et identifie les émissions de gaz à effet de serre responsables du changement climatique ; elle est mesurée en masse d’équivalent CO2.
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1. L’inclusion de projets pour la capture et le stockage de gaz carbonique (Carbon Capture and Storage − CCS) parmi ceux possibles dans le cadre du Clean Development Mechanism a été approuvée à Cancún.
qui détiennent un plus grand pouvoir décisionnel sur la Banque en vertu des contributions financières qu’ils lui versent (Pickering, 2010). Veuillez vous reporter à : Bird N., J. Brown et L. Schalatek, Design challenges for the Green Climate Fund, Policy Brief, Heinrich Boll Foundation, www.boell.de/ ecology/economics/ecological-economics-design-challenges-for-the-green-climate-fund-10976. html, in Pickering, J. (2010), Cancun conclusions on climate finance, Development Policy Blog.
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La mesure du bien-être et de sa durabilité : le BCFN Index 2011
Double Pyramide 2011 : alimentation saine pour tous et durable pour l’environnement
Mesure de la durabilité des modéles appliqués dans les differents pays, et par conséquent évaluation de l a possibilité de garder ou de modifier son propre niveau de bien-être à l’avenir
Développement et évolution du modèle de la double pyramide alimentaire environnementale concentré sur l’enfance et l’adolescence, pour inciter à adopter de bonnes habitudes alimentaires dés les premières années de la vie
Au delà des OGM. Les biotechnologies dans le domaine agroalimentaire
À l’échelle mondiale, confrontation des différentes positions et écoles de pensée sur le thème de la durabilité de l’ingénierie génétique et des nouvelles biotechnologies appliquées à l’alimentation Le coût de la nurriture et la volatilité des marchés agricoles : les variables impliquées
Proposition d’un modèle interprétatif offrant une vision systémique des éléments qui déterminent la tendance des prix des denrées alimentaires
Alimentatione et bien-être pour une vie saine
Longevité et bien-être : le rôle de l’alimentation Étant donné le vieillissement constant de la pooulation mondiale, évaluation du rôle d’un mode de vie plus sain et de bonnes habitudes alimentaires afin de garantir un allongement de la durée de vie dans de meilleures conditions de santé
Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
Pertes et gaspillages alimentaires : causes, impacts et propositions concrétes
Une étude des liens entre santé, habitudes alimentaires et mode de vie à chaque étape de la vie
Une présentation du phénomène et de ses principales causes, solutions et des possibilités pour combattre les pertes et les gaspillages alimentaires qui arrivent pendant la transformation industrielle, la distribution et la consommation finale
Obesité : les impacts sur la santé publique et sur la societé
Double Pyramide 2012: favoriser des choix alimentaires conscients
Une étude sur le phénomène de l’obésité, désormais considéré comme une épidémie mondiale en rapide expansion, qui met en évidence ses causes environnementales, culturelles, économiques et quant à son impact direct et indirect sur la société
Analyser des choix alimentaires au moyen de la troisième édition de la Double Pyramide confirme que la santé des êtres humains ne peut être dissociée de la santé des écosystèmes
Nouveaux modèles pour une agriculture durable
Enquête sur les nouveaux modèles agricoles qui permettent de supporter l’impact des changements climatiques et de la croissance démographique tout en assurant une productivité suffisante pour tous
Obesité et malnutrinotion : le paradoxe alimentaire pour nos enfants
Approfondissement du paradoxe qui voit augmenter aussi bien le nombre de personnes sous-alimentées que celui des personnes en surpoids, en particulier chez les enfants
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