LA VISION DU BARILLA CENTER FOR FOOD & NUTRITION
© Corbis
Le Barilla Center for Food & Nutrition (BCFN) est un centre d’analyse et d’élabora- tion de projets, caractérisé par une méthode pluridisciplinaire, qui poursuit le but d’approfondir les grandes questions du débat global concernant l’alimentation et la nutrition. Né en 2009, le BCFN s’est donné la mission de se pencher sur les exigences actuelles et émergentes de la société, en recueillant des expériences et des compétences de niveau mondial et en favorisant un dialogue constant et ouvert. Du fait de la compléxité des phénomènes pris en compte, il nous a semblé nécessaire d’adopter une méthodologie permettant de dépasser les fontières de différentes disci- plines et nous avons créé quatre sections d’études : Food for Sustainable Growth, Food for Health, Food for All, Food for Culture. Ces quatre sections d’étude concernent la science, l’environnement, la culture et l’économie, dont le BCFN examine en profondeur les sujets clés, en suggérant des propositions pour relever les défi s alimentaires du futur.
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www.barillacfn.com info@barillacfn.com Advisory Board Barbara Buchner, Claude Fischler, John Reilly Gabriele Riccardi, Camillo Ricordi, Umberto Veronesi En collaboration avec le Prof. Roger Clemens University Southern California School of Pharmacy Coordination ĂŠditoriale et redaction Codice Edizioni Projet graphique et mise en page adfarmandchicas Nutrition et bien-ĂŞtre pour une vie saine (mai 2012) Images National Geographic Image Collection Corbis Images Image de couverture: Corbis
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Introduction: alimentation et santé
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1. Le scénario de référence 1.1 Les grandes tendances démographiques : une population en croissance et vieillissante 1.2 Les principales maladies non transmissibles : évolution et impact économique et social 1.2.1 Obésité et surpoids 1.2.2 Le diabète et le syndrome métabolique 1.2.3 Tumeurs 1.2.4 Les maladies cardiovasculaires 1.2.5 La démence et les maladies neurodégénératives 1.2.6 L’ostéoporose 1.3 La prévention de l’obésité en tant que facteur déterminant de santé, à tous les âges de la vie
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2. Rôle de l’alimentation dans la prévention des maladies 2.1 Principales prevues du lien entre alimentation, prévention et pathologies cardiovasculaires issues de la littérature scientifique internationale 2.2 Principales prevues du lien entre alimentation, prévention et diabète issues de la littérature scientifique internationale 2.3 Principales prevues du lien entre alimentation, prévention et cancer issues de la littérature scientifique internationale 2.4 Principales preuves du lien entre alimentation, prévention et maladies neurodégénératives Box Le régime méditerranéen peut prévenir l’apparition de la maladie d’Alzheimer 2.5 Principales preuves du lien entre alimentation, prévention et ostéoporose issues de la littérature scientifique internationale
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4. Adhésion des modèles alimentaires les plus diffuses aux directives individuées pour le bien-être des gens 4.1 Le régime alimentaire méditerranéen et l’indice de conformité méditerranéenne
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14 20 20 22 24 26 28 31 33
39 45 54 59 61 62
3. Synthèse des directives pour l’adoption d’une alimentation équilibrée afin de prévenir l’apparition des principales maladies chroniques 67 Box Les nouvelles Directives Diététiques Pour Les Américains émises par l’USDA en 2010 71
5. Investir dans la prévention : coûts et avantages 5.1 Modèle prévisionnel des avantages économiques de la prévention 5.2 Un exemple concret
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6. Conclusions 6.1 Quelques reflexions 6.2 Lignes directrices pour l’avenir
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her lecteur, Voilà déjà plusieurs années que nous avons entrepris une étude des liens entre santé, habitudes alimentaires et mode de vie. Ce processus de recherche nous a conduits à évaluer ces liens à chaque étape de la vie : de la croissance durant l’enfance et l’adolescence aux conséquences de l’allongement de la durée de vie pour l’adulte. L’élaboration de ce document, qui a été mis à jour et enrichi, nous a confirmé l’existence d’une corrélation entre l’apport en nutriments essentiels, les comportements alimentaires et le mode de vie et la prévention des principales maladies chroniques (maladies cardiovasculaires, diabète et cancer) mais aussi des maladies neurodégénératives et de l’ostéoporose, pathologies généralement liées à l’allongement de la durée de vie. Dès le début, l’objectif de ces recherches consistait pour nous à traduire des données scientifiques souvent complexes sous forme de recommandations nutritionnelles et comportementales pouvant être comprises par un public non spécialisé. La remarquable convergence des principales directives internationales et les différentes suggestions concernant les futurs axes de recherche et les diverses politiques en matière de programmes éducatifs et de développement de produits respectant toujours mieux les recommandations nutritionnelles nous ont permis d’élaborer une liste de recommandations synthétisant les données obtenues par les experts et scientifiques faisant autorité dans ce domaine. Parmi cet ensemble de suggestions, un fait majeur s’affirme avec force : l’adoption d’une alimentation équilibrée et d’un mode de vie sain, capable d’influer de manière positive sur le bien-être des populations, peut se faire au travers de choix et de changements de comportement simples et faciles à intégrer à notre vie quotidienne sans bouleverser notre mode de vie ni celui de nos enfants. Il suffit seulement d’un petit effort pour un résultat remarquable : la perspective d’une vie meilleure et d’une bonne santé !
© © Corbis Corbis
Bonne lecture.
Guido Barilla Président BCFN
© Richard Nowitz/National Geographic Stock
INTRODUCTION : ALIMENTATION ET SANTÉ
INTRODUCTION : ALIMENTATION ET SANTÉ
Le modèle interprétatif adopté par le BCFN prend comme point de départ ces considérations et analyse en détail, sans perdre de vue sa mission, l’incidence sur la santé humaine des différents facteurs liés à l’alimentation. Le schéma ci-dessous présente une synthèse de l’approche adoptée. Diffusion, dynamique et impact
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économique et social des principales maladies non transmissibles à l’échelle internationale et en Italie
Analyse des directives émises par les
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principaux instituts et organismes scientifiques internationaux
Nutrition et bien-être pour une vie saine
CHANGEMENT IMPORTANT DANS LE TEMPS CONCERNANT L’ALIMENTATION ET LE STYLE DE VIE : RÉDUCTION DE L’ACTIVITÉ PHYSIQUE ET AUGMENTATION DE L’APPORT CALORIQUE MOYEN ABSORBÉ
LES FUTURES GÉNÉRATIONS CONNAÎTRONT DES CONDITIONS DE VIE PLUS MAUVAISES QUE LES GÉNÉRATIONS PRÉCÉDENTES
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principales maladies
dans le domaine de la prévention
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une alimentation équilibrée
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Recommandations
et un mode de vie sain
Les analyses présentées dans le premier chapitre soulignent clairement l’augmentation constante de ces maladies à l’échelle internationale, suscitant une question fondamentale : comment enrayer la propagation des maladies chroniques, que l’on observe désormais également chez les plus jeunes ? Une analyse approfondie du rôle joué par les différentes habitudes alimentaires et comportementales (particulièrement l’activité physique) dans la prévention des maladies chroniques les plus courantes semblait donc la prochaine étape à suivre suite à ces observations. Le deuxième chapitre porte en particulier sur les principales données publiées par la littérature internationale concernant le lien entre l’alimentation et les maladies cardiovasculaires, le diabète, le cancer, les maladies neurodégénératives et l’ostéoporose, et la corrélation entre l’absorption d’un large éventail de macro et micronutriments et la probabilité de développer ces maladies. Le troisième chapitre est consacré à une analyse des directives émises par les instituts et organismes scientifiques internationaux faisant autorité, recommandant l’adoption d’une alimentation équilibrée et d’un mode de vie sain afin de prévenir les principales maladies chroniques, mettant notamment l’accent sur les maladies les plus courantes et les plus graves : maladies cardiovasculaires, diabète et cancer. Ces directives consistent dans la plupart des cas en recommandations alimentaires et comportementales visant à prévenir également l’apparition des maladies neurodégénératives et de l’ostéoporose (même si ces maladies ne sont pas forcément mentionnées au cours de ce chapitre). En comparant les différentes recommandations alimentaires et comportementales proposées au niveau international, nous avons élaboré une synthèse mettant en avant les points communs entre les diverses approches de prévention de chaque maladie chronique. Nous avons ainsi mis en évidence les indications nutritionnelles et alimentaires qui, en associant étroitement choix alimentaires et mode de vie, peuvent constituer un outil synthétique et concret permettant de prévenir l’ensemble des maladies chroniques et de conserver une bonne santé de manière générale. Le quatrième chapitre s’efforce donc d’analyser dans quelle mesure les régimes alimentaires les plus courants à travers le monde respectent les principes d’une alimentation saine. Il semble en effet utile de quantifier l’impact concret de l’adoption en pratique de ces stratégies nutritionnelles, aussi bien d’un point de vue médical que d’un point de vue économique et financier. Dans ce but, le cinquième chapitre suggère un modèle prévisionnel proposé en parallèle des résultats obtenus.
Nutrition et bien-être pour une vie saine
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es habitudes alimentaires et le mode de vie ont une influence significative sur la santé humaine et la qualité de vie des populations. Cette constatation constitue le point de départ mais aussi la conclusion des travaux menés par le Barilla Center for Food & Nutrition (BCFN) depuis sa création en 2009. Si les carences alimentaires et la malnutrition sévissent dans de nombreux pays en voie de développement et provoquent chaque année la mort de millions de personnes, principalement des enfants, dans les pays occidentaux, ce sont le surpoids et l’obésité (apparaissant parfois dès l’enfance) qui représentent désormais un grave problème de santé publique. Alors que le Tiers Monde lutte contre la famine, le manque de nourriture et la pauvreté, l’Occident doit faire face à une tout autre « urgence alimentaire » : nous mangeons trop et mal. Au-delà de la difficile coexistence, notamment sur le plan moral et éthique, de ces deux problématiques dont l’opposition peut paraître choquante, on assiste depuis la deuxième moitié du 20ème siècle, particulièrement dans les pays occidentaux, à une évolution progressive des habitudes alimentaires, évolution qui prend la forme d’une véritable « transition alimentaire ». L’aspect le plus visible et le plus dangereux à long terme de ce changement est probablement une évolution sensible de l’alimentation et du mode de vie qui va vers une diminution de l’activité physique et une augmentation de l’apport calorique moyen. L’apparition de certaines maladies chroniques telles que l’obésité, le diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires et certaines formes de cancer a connu une forte augmentation en Occident au cours des dernières décennies. Ces maladies non transmissibles représentent en effet aujourd’hui le principal risque pour la santé humaine mais aussi un poids socio-économique énorme pour l’ensemble de la société. Le régime alimentaire et l’activité physique jouent un rôle important dans la survenue de ces maladies, en association avec d’autres facteurs de nature génétique, environnementale et socioculturelle : de nombreuses études médicales et scientifiques de renom ont clairement démontré qu’un mode de vie sédentaire et une mauvaise alimentation sont l’une des principales causes de l’augmentation du risque de maladie cardiovasculaire, de diabète et de cancer. Très répandue aujourd’hui, l’obésité est une pathologie qui augmente elle aussi le risque de diabète, d’hypertension et de maladie cardiovasculaire. Si les changements d’habitudes alimentaires et de mode de vie que l’on observe actuellement à travers le monde ne sont pas prises en compte dans toute leur ampleur et leur gravité et si aucune mesure n’est prise, non pour simplement ralentir mais pour renverser cette tendance, l’inévitable conséquence de ce phénomène, et elle ne devrait pas tarder à apparaître, sera la suivante : les conditions de vie des générations futures devraient être moins bonnes que celles des générations précédentes, mettant fin à l’amélioration constante du bien-être humain au fil du temps.
Coûts et avantages d’un investissement
Convergence des directives pour
Rôle de l’alimentation dans la prévention des
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Nutrition et bien-être pour une vie saine
BIEN MANGER AUJOURD’HUI POUR VIVRE MIEUX ET PLUS LONGTEMPS DEMAIN
Se basant sur les données scientifiques obtenues à ce jour, le sixième chapitre propose quant à lui différentes réflexions et directives pour l’avenir destinées à tous les acteurs impliqués directement ou indirectement dans la diffusion et l’adoption d’habitudes alimentaires favorisant le bien-être des populations. Les réflexions et indications proposées ici n’ont qu’un seul objectif, une seule certitude et une seule volonté : - l’objectif est de synthétiser, à travers une analyse scientifique à la fois exhaustive et rigoureuse, tous les aspects liant l’alimentation à la prévention, deux domaines en étroite corrélation, mais qui sont rarement considérés ensemble et du point de vue de leurs liens et synergies réciproques ; - la certitude que cette étude se base sur les travaux de spécialistes prestigieux – reconnus pour leurs compétences et leur expérience – dans le domaine de la médecine et de la prévention au niveau national et international ; - et enfin, la volonté de contribuer de manière concrète à l’avancement et à la diffusion des connaissances scientifiques dans le but de développer des politiques de prévention efficaces et de changer les comportements afin de permettre – globalement – une véritable amélioration des conditions de vie et de santé, actuelles et futures, des populations. Notre devise finale pourrait être : « bien manger aujourd’hui pour vivre mieux aujourd’hui, mais aussi bien manger aujourd’hui pour vivre mieux et plus longtemps demain ».
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1. LE SCéNARIO DE RéFéRENCE
74,79 70,09
73,79 69,17
72,75 68,20
67,47 63,08
1995-2000
71,59 67,09
66,63 62,21
1990-1995
70,14 65,71
65,76 61,48
1985-1990
68,65 64,27
64,33 59,85
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1970-1975
53,10 49,35
1960-1965
57,83 55,05
51,01 48,52
1955-1960
40 30 20 10
Femmes
2025-2030
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Hommes
Source : figure élaborée par The European House-Ambrosetti à partir des données fournies par l’ONU, World Population Prospect, 2010.
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de l’espérance de vie mondiale est la conséquence des chiffres élevés communs aux pays occidentaux et de la forte augmentation de l’espérance de vie dans les économies émergentes. Vous trouverez une sélection des dix pays de l’OCDE dont l’espérance de vie est la plus élevée dans la Figure 1.2. La Figure 1.2. montre les dix pays de l’OCDE ayant l’espérance de vie la plus élevée en 2010. Parmi ces dix pays, cinq sont situés en Europe et deux en Asie. Viennent ensuite l’Australie et le Canada. Les États-Unis sont un cas unique parmi les pays développés car certains États commencent
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84
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85
Figure 1.2. Espérance de vie dans les dix pays en haut du classement de l’OCDE, comparaison entre la population masculine et la population féminine (2010)
80
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elon les estimations des Nations unies, en 2025 la population mondiale dépassera les huit milliards d’habitants, et d’ici 2050 elle pourrait bien atteindre neuf milliards de personnes. En parallèle, on assiste à un vieillissement généralisé de la population mondiale. On prévoit un phénomène appelé « population shift » ou « évolution de la population » : le nombre de jeunes âgés de 10 à 14 ans diminuera entre 2000 et 2020, tandis que la population âgée de 50 à 60 ans augmentera fortement. Au niveau mondial, le taux de dépendance infantile (c’est-à-dire le rapport entre le nombre de jeunes de moins de 15 ans et le nombre de personnes âgées de 15 à 64 ans) passera de 0,472 en 2000 à 0,374 en 2020, alors que celui de dépendance sénile (c’est-à-dire le rapport entre la population de plus de 65 ans et celle âgée de 15 à 64 ans) augmentera de 0,110 en 2000 à 0,145 en 2020. En Italie, la population a augmenté lentement pendant des décennies et après avoir atteint un pic entre 2000 et 2010, sa courbe de croissance a de nouveau commencé à ralentir. Les estimations indiquent que la croissance moyenne annuelle de la population entre 2020 et 2030 sera inférieure à 0,1 %. Après avoir diminué lentement pendant des décennies, le pourcentage de personnes en âge de travailler (les personnes âgées de 15 à 64 ans) diminuera de 4,5 %. Ce pourcentage équivaut à environ 1,8 million de personnes. En 2030 environ 31 millions de personnes seront âgées de plus de 50 ans, soit 19 millions de plus qu’en 19802. On note des différences significatives entre la croissance démographique des pays industrialisés, où cette dernière est quasiment de 0 %, et la croissance démographique des pays en développement. En réalité, 90 % de la croissance démographique actuelle se produit dans les pays en développement. Tandis que le nombre de naissances et de décès est en quasi-équilibre dans les pays industrialisés, les pays pauvres et les pays émergents connaissent une forte croissance démographique. À l’heure actuelle, l’Italie, les États-Unis, le Canada, l’Australie, la NouvelleZélande, le Japon et la Corée du Sud voient leur mortalité diminuer, en raison de l’amélioration des conditions d’hygiène et des soins de santé au cours des cent dernières années, tandis que le taux de natalité diminue lui aussi depuis 50 ans. Au contraire, dans de nombreux pays en développement, dont l’Afrique subsaharienne, le Moyen-Orient et l’Asie du Sud-Est, la mortalité diminue alors que la natalité est encore très élevée et l’espérance de vie moyenne augmente. Les pays d’Amérique latine ainsi que la Chine et l’Inde se situent dans une situation intermédiaire. Grâce à la croissance économique mondiale et aux progrès de la science et de la médecine, l’amélioration généralisée des conditions de vie est étroitement liée à ces dynamiques, avec une espérance de vie moyenne3 en augmentation constante de par le monde depuis le début du siècle. En 2010, elle a atteint 70,14 ans pour les femmes et 65,71 ans pour les hommes. Les chiffres de l’espérance de vie au niveau mondial entre 1950 et 2030 sont présentés dans la Figure 1.1. Il est toutefois opportun de garder à l’esprit que certains pays connaissent une croissance
86
18
EN 2025, LE CAP DES 8 MILLIARDS D’HABITANTS SERA DÉPASSÉ ET UN CHANGEMENT DÉMOGRAPHIQUE EST PRÉVU AVEC UNE FORTE AUGMENTATION DE LA POPULATION ÂGÉE DE 50 À 60 ANS
Autriche
Canada
76 74 72 Italie
Japon
Espagne
Suisse Femmes
France
Corée
Australie
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Hommes
Source : figure élaborée par The European House-Ambrosetti à partir des données fournies par l’OCDE en 2010.
Nutrition et bien-être pour une vie saine
Nutrition et bien-être pour une vie saine
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48,66 46,67
60
1950-1955
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Figure 1.1. Espérance de vie mondiale, comparaison entre la population masculine et la population féminine (1950-2030) 62,64 58,70
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rapide de leur espérance de vie, même s’ils ne présentent pas encore les conditions suffisantes pour un développement économique et social. Au Bangladesh par exemple, l’espérance de vie des hommes atteindra 71 ans en 2020, soit 3 ans de moins seulement par rapport à l’Europe, ce en dépit du fait que ce pays est à suffrage partiel, a des structures sanitaires insuffisantes et de grandes difficultés à accéder aux médicaments de première importance. L’augmentation
1975-1980
1.1 Les grandes tendances démographiques : une population en croissance et vieillissantE
à connaître une baisse de l’espérance de vie dès à la naissance. En effet, une étude récente4 a démontré que dans les États du Mississippi, de l’Arkansas, du Kentucky, du Tennessee, de l’Oklahoma, de l’Alabama et de la Louisiane, on assiste à une diminution progressive de l’espérance de vie, surtout chez les femmes. L’obésité et le tabagisme sont deux fléaux qui touchent fortement la population féminine de ces États. Au Mississippi en particulier qui est l’État présentant le taux d’obésité le plus élevé des États-Unis, l’espérance de vie est de seulement 67 ans pour les hommes et 74 ans pour les femmes. Ces valeurs sont largement inférieures à celles des pays développés qui sont présentées en Figure 1.2. À l’opposé, la Figure 1.3. montre qu’en Chine l’espérance de vie a presque doublé entre 1950 et 2011. Cette tendance aura pour conséquence un rapide vieillissement de la population. Ce phénomène sera en outre accéléré par les effets de la politique de l’enfant unique, adop-
78,43 74,58
77,58 73,80
72,66 72,98
75,61 72,07
74,45 71,10
73,36 70,02
72,53 69,27
71,58 68,40
70,50 67,40
69,21 66,17
67,80 64,75
66,06 63,02
59,49 59,19
38% 13%
17%
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2025-2030
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2005-2010
Hommes
30%
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Femmes
2000-2005
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45,62 44,45
44,58 44,59
Figure 1.5. Ratio entre la population âgée de plus de 65 ans et la population active mondiale (15-64 ans) (1950-2020)
1950-1955
90 80 70 60 50 40 30 20 10 0
Source : figure élaborée par The European House-Ambrosetti à partir des données fournies par l’ONU, World Population Prospect, 2010.
0%
D’ICI 2050, UN TIERS DE LA POPULATION DES NATIONS INDUSTRIALISÉES ET UN CINQUIÈME DE LA POPULATION DES PAYS EN DÉVELOPPEMENT SERA ÂGÉ DE 60 ANS OU PLUS
tée dans ce pays en 1979. Le résultat combiné de toutes ces tendances est un vieillissement progressif et généralisé de la population, un phénomène désormais commun aussi bien dans les pays industrialisés que dans les pays en développement. Selon les estimations des Nations unies, d’ici 2050 un tiers de la population des pays industrialisés et un cinquième de la population des pays en développement sera âgée de 60 ans ou plus. La Figure 1.4. illustre la composition de la population mondiale âgée de moins de 65 ans et de 65 ans et plus entre 1950 et 2050. Figure 1.4. Composition de la population mondiale dans les tranches d’âge « moins de 65 ans » et « 65 ans et plus », (1950-2050, millions de personnes)
3499
3846
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Taux de dépendance Monde
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Taux de dépendance Pays industrialisés
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Source : figure élaborée par The European House-Ambrosetti à partir des données fournies par l’ONU, World Population Prospect, 2010.
2005
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2020
Taux de dépendance Pays en voie de développement
Source : figure élaborée par The European House-Ambrosetti à partir des données fournies par l’ONU (World Population Prospect, 2010).
La Figure 1.5. montre la forte augmentation du taux de dépendance des personnes âgées dans les pays développés par rapport à celui des pays en développement dans lesquels le taux est resté sensiblement le même au cours des 60 dernières années. Ce phénomène est dû au vieillissement démographique marqué dans les pays industrialisés. Les Nations unies prévoient une augmentation mondiale du taux de dépendance des personnes âgées qui devrait ainsi passer de 11,5 % actuellement à 25,4 % d’ici 2050. Sans variations supplémentaires d’autres paramètres fondamentaux, le vieillissement rapide de la population conduira à une augmentation de la demande en matière de soins de santé et de résidences médicalisées ainsi qu’à de meilleures prestations assurances et retraites. Par ailleurs, les maladies chroniques représentent aujourd’hui la principale cause de décès dans le monde, et selon les prévisions actuelles, les décès causés par ce type de pathologies augmenteront de 17 % entre 2005 et 20156.
Augmentation des coûts des soins de santé
0 1950
1950
L’augmentation de la population des personnes âgées au niveau mondial est synonyme d’une forte hausse des dépenses de santé, aussi bien dans le secteur public que privé.
LE RAPIDE VIEILLISSEMENT DE LA POPULATION CONDUIRA À UNE AUGMENTATION DU NOMBRE DE PERSONNES FAISANT VALOIR LEUR DROIT À LA RETRAITE ET AYANT BESOIN DE SOINS SUR DE LONGUES PÉRIODES
Nutrition et bien-être pour une vie saine
Nutrition et bien-être pour une vie saine
Figure 1.3. Espérance de vie en Chine, comparaison entre la population masculine et la population féminine (1950-2030)
La Figure 1.4. montre qu’au niveau mondial, la population de personnes âgées a augmenté de 13 % entre 1950 et 2010. D’ici 2050, les individus âgés de plus de 65 ans seront au nombre de 1,9 milliard. Ce phénomène aura un impact significatif sur la structure économique, politique et sociale de par le monde. Une augmentation de la part de la population âgée de plus de 65 ans est synonyme d’une baisse de l’activité économique, ce qui signifie que la population âgée deviendra de plus en plus dépendante de la population jeune. L’Europe a le taux de dépendance le plus élevé au monde, et selon les estimations, il augmentera encore pour atteindre 48 % en 2050. Cette croissance n’est pas due uniquement à l’augmentation du nombre de personnes âgées, mais aussi au déclin de la population en âge de travailler (de 15 à 64 ans). La Figure 1.5. présente une comparaison de l’évolution de la population âgée de 65 ans et plus par rapport à la population en âge de travailler entre 1950 et 2010. Les pays développés comme les pays en développement devront affronter les mêmes défis en matière de retraites et de soins de santé. À cause du vieillissement global et de la plus grande incidence des maladies chroniques, le coût des soins et du matériel de santé augmentera. La Chine, par exemple, connaîtra une forte hausse du coût des retraites qui devrait atteindre 160 000 milliards de dollars US d’ici 20505.i5.
21
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4% 0%
1960
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1980
OCSE
2000
1990
États-Unis
Grande Bretagne
2007 Italie
2008
Figure 1.7. Dépenses globales des soins de santé exprimées en dollars par habitant en Chine et en Inde (1995-2009) $ 50
$ 180 45 42
$ 140
27
$ 100 $ 80 17
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1996
1997
$ 40
76 71
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$ 25
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$0 1995
1998
1999
2000 Chine
2001
2002
2003
60
États-Unis
Iran
Chine Hommes
actif seront mis en place. Ils prévoient la contribution des personnes âgées dans les activités économiques et sociales, surtout parmi les tranches d’âge de la population qui sont considérées comme plus avancées et donc comme moins productives. Ceci est réalisable grâce à l’augmentation des années vécues en bonne santé.d’età della popolazione più avanzate e tendenzialmente considerate improduttive. La Figure 1.8. montre que les pays pour lesquels les coûts des soins de santé sont les plus élevés sont aussi ceux qui peuvent offrir aux citoyens une espérance de vie en bonne santé plus importante.
$ 30
93 61
$ 45
$ 35
34
$ 120
Grande Bretagne
Source : figure élaborée par The European House-Ambrosetti à partir des données de l’OMS, 2009.
France
$ 160
Italie
Femmes
2009
Source : figure élaborée par The European House-Ambrosetti à partir des données fournies par l’OCDE, 2009.
$ 60
73
12% 10% 10%
10%
9% 9%
9%
11% 8% 9%
9%
10% 7% 8%
8%
6%
7%
8% 8%
9% 6% 7% 7%
7%
7% 5%
7%
5%
5%
Monde
2%
2004
2005
$0
Inde
Source : figure élaborée par The European House-Ambrosetti à partir des données fournies par l’OCDE, 2009.
née aux soins de santé qui était de 6 % dans les années 1960 est aujourd’hui passée à environ 10 % (ce qui correspond à peu près à 180 milliards d’euros) en Italie et à 11,7 % en France. La Chine et l’Inde présentent elles aussi de fortes augmentations des dépenses de santé en termes de PIB par habitant. Sur toute la planète, le défi des prochaines années concernera le développement de moyens permettant de prendre en charge les coûts liés au vieillissement de la population. Pour répondre à ce défi des programmes dits d’active aging ou de vieillissement
© Corbis
Grèce
France
Nutrition et bien-être pour une vie saine
Nutrition et bien-être pour une vie saine
8%
4% 5% 4% 6% 4%
10%
11%
14% 12%
14% 12%
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16%
16%
18% 16%
17%
20%
62
Figure 1.6. Pourcentage du PIB destiné à l’ensemble des dépenses de santé (1960-2010)
Figure 1.8. Espérance de vie en bonne santé pour les pays sélectionnés et comparaison avec les données mondiales (2010)
59
La Figure 1.6 montre la hausse moyenne de la part du PIB destinée aux dépenses de santé dans les pays de l’OCDE en général, et en France, en Italie et aux États-Unis en particulier. Aux États-Unis 17,4 % du PIB (environ 2500 milliards de dollars US) est aujourd’hui destiné au secteur de la santé, contre 5 % en 1960. En Italie et en France, on assiste également au même phénomène de croissance, bien qu’en proportions plus modestes : la part du PIB desti-
23
54%
EN 2009, 100 MILLIONS DE CHINOIS ÉTAIENT OBÈSES ET 310 MILLIONS EN SURPOIDS : IL S’AGIT D’UNE TENDANCE EN CROISSANCE DEPUIS 2004
Au niveau mondial, la plupart des pays connaissent une croissance exponentielle du phénomène de l’obésité et du surpoids. L’Association européenne pour l’étude du diabète, (European Association for the Study of Diabetes – EASD), a même reconnu que l’obésité représente « le problème de santé publique le plus important au monde ». La Figure 1.9. montre clairement que les États-Unis ont le pourcentage le plus élevé au monde de population obèse7. En effet, environ 34 % de la population adulte (soit plus de 60 millions de personnes) correspond aux critères établis pour définir les cas d’obésité. Dans les pays asiatiques, nous assistons à une expansion du phénomène, mais avec des taux beaucoup plus faibles (3 % de la population adulte au Japon et 4 % en Corée du Sud). La situation de la Chine, au contraire, est inquiétante de par sa croissance rapide : en 2004, 60 millions de Chinois étaient obèses et 200 millions étaient en surpoids ; en 2009, les obèses étaient au nombre de 100 millions et les personnes en surpoids 310 millions. Toujours selon les statistiques de l’OCDE, qui a mené une enquête sur un échantillon de la population déclarée obèse, même en Europe le phénomène prend de l’ampleur : dans la zone euro, le pourcentage de l’obésité est passé de 6,6 % en 1978 à 13,4 % en 2010 (envi-
Ch in e
17%
15%
In de
25%
29% 21%
Ja po n
27%
Co ré e
Br és il
24%
18%
25
Source : figure élaborée par The European House-Ambrosetti à partir des données de l’OCDE (Obesity and the economics of prevention, 2010).
ron 70 millions de personnes). Les pays européens les plus touchés sont la Hongrie avec 19,5 %, la Grèce avec 18,1 %, l’Allemagne avec 14,7 % et la France avec 11,2 %. Il est désormais établi que le taux d’obésité augmente au fur et à mesure que le revenu par habitant croît, même si dans les pays riches, les plus pauvres sont les plus durement touchés par cette maladie en raison des coûts élevés d’une alimentation saine et variée et d’un accès difficile aux produits sains. En outre, dans les pays à revenu élevé, l’obésité et le surpoids n’apparaissent plus comme des phénomènes que l’on rencontre principalement chez les adultes et les sujets d’âge moyen, mais comme des maladies touchant de plus en plus les jeunes et les enfants. Et la situation ne fait qu’empirer. Le surpoids chez les jeunes est synonyme de probabilité accrue de développer à l’âge adulte des maladies et des troubles graves. En particulier, le diabète de type 2, qui était autrefois considéré comme une maladie touchant uniquement les personnes âgées, affecte de plus en plus les enfants et les jeunes.
1%
1%
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2%
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4%
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16%
19%
18%
19%
16%
24%
25%
24%
35%
Hommes
1.2.1 Obésité et surpoids tous les pays du monde enregistrent une hausse de l’obésité: en chine le phénomène est explosif
33%
36%
47%
52%
Ru ss ie
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34%
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47%
52% 36%
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36%
32%
Ét at sUn is
Nutrition et bien-être pour une vie saine
24
Femmes
Nutrition et bien-être pour une vie saine
D
Dans cette section, nous présenterons les dernières données disponibles sur la dissémination, la mortalité et l’impact socio-économique des principales maladies dont l’apparition semble être liée, avec une intensité variable, à l’alimentation. Ces maladies sont : - le diabète et le syndrome métabolique ; - les maladies cardiovasculaires ; et, - les tumeurs ou cancers. Nous présenterons également les données les plus importantes sur deux autres maladies dont l’apparition semble être plus ou moins liée à l’alimentation et au mode de vie, sachant que ces deux maladies se déclarent généralement à des stades plus avancés de la vie : - l’ostéoporose ; et, - les maladies neurodégénératives. Avant de décrire en détail le scénario des pathologies à l’étude, nous fournirons ci-dessous un aperçu du phénomène de l’obésité et du surpoids, qui représente un facteur de risque majeur dans l’apparition de toutes ces maladies. Il est opportun de noter que l’obésité touche de plus en plus les jeunes et que ses effets sont de plus en plus observés sur la santé des adultes et des personnes âgés.
Ét at sUn is
36%
45%
45%
53%
55%
60%
63%
65%
72%
67%
66% 57%
72%
Figure 1.9. Surpoids (graphique 1) et obésité (graphique 2) dans plusieurs pays (2008, pourcentage de la population adulte)
64%
1.2 Les principales maladies non transmissibles : évolution et impact économique et social
ENTRE 20 ET 79 ANS, LA PRÉVALENCE DE LA MALADIE EST ESTIMÉE À 5,9 %, SOIT 302 MILLIONS DE PATIENTS, AVEC UNE AUGMENTATION DE 34 % PAR RAPPORT À 2003
26
Le diabète est l’une des maladies chroniques les plus répandues dans le monde, en particulier dans les pays fortement industrialisés. C’est également l’une des maladies actuelles les plus importantes et les plus coûteuses au niveau social, surtout en raison de son caractère de maladie chronique, et parce qu’elle affecte désormais une population de plus en plus jeune. Quatre facteurs principaux se détachent à l’heure de déterminer les causes de l’apparition de cette maladie que l’on considère désormais comme une véritable épidémie. Ce sont : - la prolifération des mauvaises habitudes alimentaires ; - la croissance du nombre de personnes obèses/ en surpoids de par le monde ; - les modes de vie de plus en plus sédentaires ; et, - le vieillissement de la population. On a estimé qu’en 2009, 5,9 % de la population mondiale âgée entre 20 et 79 ans était affectée par la maladie, soit 302 millions de patients, ce qui représente une augmentation de 34 % par rapport à 2003. Chaque année, dans le monde, on enregistre plus de 7 millions de nouveaux cas de diabète (soit un toutes les cinq secondes). Selon les estimations, la prévalence du diabète va augmenter dans les pays industrialisés et dans les pays en développement. En Chine, par exemple, on estime qu’en 2007 environ 39,8 millions de personnes étaient atteintes du diabète, soit 4,3 % de la population totale du pays, et en 2025, ce devrait être près de 60 millions de personnes affectées par la maladie (5,6 % de la population) suite à une augmentation de 50 % du nombre de cas. En Inde, l’augmentation du nombre de personnes atteintes du diabète est encore plus inquiétante. À l’heure actuelle, on dénombre 40,8 millions de patients atteint du diabète (soit 6,2 % de la population), et l’on s’attend à ce que ce chiffre passe à 69,8 millions d’ici 2025 (soit 7,6 % de la population). Entre 2000 et 2030, le nombre de personnes diabétiques en Europe augmentera de 30,5 %, soit environ 14,6 millions de malades supplémentaires. En France, par exemple, au cours de cette période, la croissance du nombre de malades sera supérieure à la moyenne européenne, avec environ 1 million de cas additionnels. Malheureusement, la prévalence et la mortalité liées à cette maladie augmentent considérablement avec l’âge. La Figure 1.10. montre la répartition par tranches d’âge Figure 1.10. La mortalité absolue due au diabète par tranches d’âge dans le monde (2008) 214.156
400.000 350.000 300.000
4,9
5 4,8
4,8
4,8
4,6
4,6
4,5
4,4 4,2 4
3,9
3,9
3,8
3,9
3,9
4,5
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4,2
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4,4
4,3
4,0 4,0 3,9
3,6 2001
2002
2003
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2005
2006
2007
Taux standardisé
2008
2009
Taux brut
Source : figure élaborée par The European House-Ambrosetti à partir des données ISTAT/ISS, 2010.
27
En outre, les données relatives à l’Italie montrent clairement que la prévalence du diabète augmente avec l’âge, atteignant jusqu’à 19,8 % chez les personnes âgées de 75 ans et plus. Figure 1.12. Prévalence du diabète selon le sexe et l’âge (2010) 19,2
20,2
20
15
12,6
13,1
9,4
10 7,5
103.377
200.000
7,3 5,9
150.000
5,2
161.634
5
138.376
100.000
0
Figure 1.11. Tendance de la prévalence du diabète en Italie (2001-2010, pourcentage total de la population)
187.935
153.493
250.000
50.000
des décès dus au diabète (ainsi que les différentes complications liées à la maladie). En Italie, la prévalence du diabète au cours de ces dix dernières années montre une croissance constante : le taux de personnes affectées par le diabète est passé de 3,9 % en 2001 à 4,9 % en 2010, tandis que le taux standardisé a augmenté de 3,9 à 4,5 %8.
Nutrition et bien-être pour une vie saine
Nutrition et bien-être pour une vie saine
1.2.2 Le diabète et le syndrome métabolique
19.928
115.318
114.202
45-59
>80
10.424 8988
<30
27.754
3,3 0,2 0,4
0,2 1,0
0,6 0,6
0-14
15-17
18-19
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0,4
0,7
4,5
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0,9 0,7
0
30-44 Femmes
60-69
70-79 Hommes
Source : figure élaborée par The European House-Ambrosetti à partir des données de l’OMS, 2010.
20-24
25-34
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45-54
Femmes Source : figure élaborée par The European House-Ambrosetti à partir des données ISTAT/ISS, 2010.
55-59
60-64
Hommes
65-74
>75
TOTALE
28
De nombreuses études ont été réalisées au niveau international pour estimer les coûts économiques engendrés par le diabète. Selon la Fédération internationale du diabète (FID), en 2007, 232 milliards de dollars US ont été dépensés de par le monde pour le traitement et la prévention du diabète et de ses complications. Ces dépenses devraient atteindre au moins 302 milliards de dollars US d’ici 2025. Une étude réalisée en 2007 par l’American Diabetes Association9 a évalué à 174 milliards de dollars le coût du diabète aux États-Unis pour cette même année. Ce chiffre comprend 116 milliards de dollars pour les coûts médicaux directs et 58 milliards de dollars résultant de la perte de productivité des patients et des membres de la famille impliqués dans la prise en charge et les soins prodigués à ces derniers. En moyenne, les patients diabétiques américains soutiennent des coûts de plus de 11 400 dollars US annuels, dont 6 650 USD sont directement imputables au traitement du diabète. En Italie, la gestion du diabète et de toutes les complications associées (insuffisance rénale et cardio-respiratoire, lésions neuropathiques et vasculaires des extrémités des membres inférieurs) représente 7 % des dépenses nationales de santé publique, ce qui correspond à environ 7,7 milliards d’euros par an. Le coût moyen annuel par habitant d’un patient diabétique italien est d’environ 2 600 euros, dont les frais d’hospitalisation représentent plus de la moitié (54 %) de l’ensemble de coûts, alors que les médicaments prescrits aux patients atteints de diabète représentent environ 16 % des dépenses. Les hospitalisations liées au diabète et à ses complications (y compris les accidents vasculaires cérébraux, les infarctus du myocarde, les insuffisances rénales et l’amputation des membres inférieurs) sont estimées à plus de 75 000 par an et le coût des soins de santé dispensés à un patient diabétique augmente de trois à quatre fois lorsque des complications surviennent.
1.2.3 Tumeurs Les tumeurs sont la deuxième cause de décès dans le monde. En Europe et en Italie, les cas de tumeurs sont en augmentation, bien qu’on observe un renversement de la tendance depuis 2005 chez les hommes et un léger ralentissement du taux de croissance chez les femmes. Étant donné que ces maladies se déclarent pour la plupart à un âge avancé, l’allongement de la durée de vie moyenne des individus joue un rôle de plus en plus important dans leur propagation croissante. En plus du facteur démographique, la fréquence de la maladie est généralement plus élevée dans les pays développés, mais c’est seulement dans les sociétés les plus avancées et les plus riches, où d’importantes ressources pour la santé de la population sont investies, que l’on a la possibilité d’en réduire le risque et de prolonger l’espérance de vie des personnes victimes de la maladie. La Figure 1.13. montre que ces dernières années, le nombre de décès causés par le cancer a baissé. En effet, de nos jours, dans la plupart des pays économiquement avancés, plus de 50 % des personnes auxquelles on a diagnostiqué un cancer peuvent reprendre le fil de leur vie après la période de traitement. Malgré la tendance à la baisse de la mortalité, on constate une augmentation des cas de cancers dans les pays à hauts revenus comme la France, où environ 64 000 cas supplémentaires ont été enregistrés entre 2002 et 2008, ou encore les États-Unis où l’on a enregistré 5 000 nouveaux cas durant cette même période. En revanche, dans les pays à faible revenu, le risque de décès dus au cancer est beaucoup plus élevé. Selon les données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), en 2007, 7,9 millions de décès dans le monde entier était dus à une quelconque forme de cancer10, dont les trois
Figure 1.13. Évolution de la mortalité absolue sur 100 000 habitants due au cancer dans les pays de l’OCDE
5700
5629,2
5600
5581,8
5500 5364,1
5400
5265,5
5300
5246,6 5126,4
5200 5100
5044,8
5000,8
5000 4900 4800 4700 4600 2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
TOTAL DÉCÈS OCDE Source : figure élaborée par The European House-Ambrosetti à partir des données de l’OCDE, 2010.
quarts étaient dans des pays en développement11. De par le monde, un décès sur huit est dû au cancer et cette maladie fait plus de morts que le SIDA, la tuberculose et le paludisme réunis. Selon les estimations, d’ici 2020, près de 2 millions d’Italiens auront été diagnostiqués d’un cancer au cours de leur vie. Parmi les personnes concernées, environ 400 000 patients auront vu leur diagnostic établi moins de deux ans auparavant. Ces patients nécessitent des soins médicaux intenses pour vaincre la maladie. Et 700 000 patients du cancer seront en rémission depuis au moins 10 ans. Bien que ces derniers ne soient plus atteints d’un cancer, il est possible qu’ils souffrent des conséquences physiques, psychologiques ou sociales des traitements subis. Ces chiffres vont très certainement augmenter au cours des prochaines décennies12.
Impacts économiques et sociaux L’impact économique du cancer est très important et peut être mesuré par une évaluation des coûts médicaux directs (traitement, hospitalisation, rééducation, etc.) et des coûts indirects, liés à la nonproductivité de ces patients en raison de la maladie (coûts de morbidité indirects) et au coût social de la perte d’un emploi et à la mort prématurée (coûts de mortalité indirects). Aux États-Unis, par exemple, le National Institutes of Health estime que l’impact économique du cancer pour 2008 s’élève à 228,1 milliards de dollars US par an, coûts des soins et de la perte de productivité des malades compris13. En particulier, les coûts médicaux directs reviendraient à 93,2 milliards de dollars, les coûts indirects de morbidité à 18,8 milliards et les coûts indirects de mortalité à 116,1 milliards. Comme nous pouvons le voir sur la Figure 1.14., ces 50 dernières années l’ensemble des coûts économiques imputables au cancer ont augmenté de façon importante, en particulier à cause des coûts médicaux directs (en 1963, ils atteignaient 1,3 milliard de dollars US, en 1980 ils passaient à 13 milliards de dollars US, en 1990 à 27,5 milliards de dollars, en 2000 ils étaient de 55 milliards de dollars, pour finalement atteindre 93 milliards en 2008).
CETTE MALADIE CAUSE PLUS DE DÉCÈS QUE LE SIDA, LA TUBERCULOSE ET LE PALUDISME RÉUNIS
Nutrition et bien-être pour une vie saine
Nutrition et bien-être pour une vie saine
Impacts économiques et sociaux
29
Figure 1.14. Évolution de l’impact économique du cancer aux États-Unis (20012008, milliards de dollars) 209,9
171,6 156,7
189,5
189,8
109
103,5
118,4
219,2 206,3 112
228,1 116,1
110,2
95,2 84,7
15,5
56,4
60,9
2001
2002
16,3
16,9
64,2
69,4
2003
2004
Couts sanitaires directs
74
78,2
2005
Couts indirects de morbilité
18,2 89
18,8 93,2
Figure 1.15. Pourcentage de décès provoqués par des maladies cardiovasculaires en Europe (2008) Patologies coronariennes 22%
Ictus 13%
2006
2007
Patologies coronariennes 15% Ictus 12%
Nutrition et bien-être pour une vie saine
2008
Couts indirects de mortalité
Autres patologies cardiovasculaires 18%
Autres patologies cardiovasculaires 18%
Source : figure élaborée par The European House-Ambrosetti à partir des données de l’American Cancer Society (Cancer Facts & Figures 2009 et éditions précédentes).
POPULATION MASCULINE
POPULATION FEMININE
Source : figure élaborée par The European House-Ambrosetti à partir des données 2008 sur les maladies cardiovasculaires en Europe.
166,8
165,2
162,0
162,6
157,5
154,3
150,5
147,6
144,3
141,4
138,3
137,0
130,3
128,9
123,6
118,7
115,4
114,6
107,9
103,2
100,7
98,1
113,5
112,8
92,5
108,6
89,7
108,1
86,9
104,7
99,6
96,4
92,9
91,8
89,4
86,9
86,2
82,8
81,2
77,7
73,8
73,0
72,1
69,3
66,5
64,8
62,5
57,7
54,2
52,3
1983
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
180
1982
200
170,3
Figure 1.16. Évolution de la mortalité due aux ictus et aux maladies cardiaques ischémiques dans les pays de l’OCDE (1980-2006)
118,6
Les maladies du système cardiovasculaire15 représentent la première cause de décès dans tous les pays industrialisés. Il s’agit de pathologies souvent invalidantes, dont la diffusion est destinée à s’accroître à cause de l’augmentation progressive de l’espérance de vie. Les principaux facteurs de risque des maladies cardiovasculaires sont surtout liés à des styles de vie qui ne sont pas sains, comme le tabagisme et la sédentarité, et leurs effets, notamment les taux élevés de cholestérol et de tension artérielle, le diabète de type 2 ou encore l’obésité abdominale. Ils sont en partie imputables à une mauvaise alimentation (la présence simultanée de deux ou plusieurs facteurs multiplie le risque de contracter la maladie ischémique du coeur et des accidents cardiovasculaires). Les données de l’OMS16 indiquent qu’en 2008, à l’échelle mondiale, 17,3 millions de décès sont survenus suite à des maladies cardiovasculaires, soit 30 % de tous les décès. Sur ces 17,3 millions de décès, 7,2 millions étaient dus à des maladies cardiaques et 6,1 millions à un ictus. Alors que les pathologies cardiovasculaires étaient autrefois considérées comme des maladies touchant exclusivement les nations industrialisées, aujourd’hui 80 % des décès surviennent dans les pays en développement ou dans les économies émergentes.
Autres patologies 55%
1981
DANS LES PAYS DÉVELOPPÉS, LES MALADIES DU SYSTÈME CARDIOVASCULAIRE SONT LA PREMIÈRE CAUSE DE DÉCÈS. EN 2008, ELLES REPRÉSENTAIENT 30 % DU TAUX TOTAL DE DÉCÈS
Autres patologies 47%
171,8
1.2.4 Les maladies cardiovasculaires
31
122,5
Quant à l’Italie, la dépense relative aux coûts médicaux directs était estimée à 6,7 milliards d’euros en 2004, soit 6,6 % de la dépense totale de santé du pays. Enfin, les soins prodigués au patient oncologique en phase terminale de la maladie ont un impact physique, psychique, social et économique très important sur les membres de la famille du malade. Selon l’enquête de l’Italian Survey of the Dying of Cancer (ISDOC)14, chaque année, dans quelques 40 000 familles italiennes un membre doit réduire son temps de travail ou quitter son emploi pour venir en aide à un parent malade.
30
1980
Nutrition et bien-être pour une vie saine
15,6
17,5
17,9
Les maladies du coeur et du système circulatoire sont la principale cause de décès en Europe, faisant plus de 4,3 millions de morts chaque année. Près de la moitié de tous ces décès sont provoqués par des maladies cardiovasculaires (54 % chez les femmes et 43 % chez les hommes), et un peu moins de la moitié de ces cas sont dus à des maladies du myocarde et un tiers à un ictus. Au cours des dix dernières années, les décès dus à des maladies cardiovasculaires sont en baisse dans la majorité des pays occidentaux. La France et les États-Unis présentent une réduction moyenne annuelle de la mortalité de 2,8 % et 3,6 % respectivement. Bien que le nombre de décès soit encore très élevé, on constate une baisse par rapport aux années précédentes et en particulier, entre 1995 et 2005, une réduction de 9,6 % du nombre de décès en valeur absolue, alors que le taux moyen de mortalité17 a baissé de 26,4 %.
160 140 120 100 80 60 40 20 0
Tendance de la mortalité par maladies cardiaques ischémiques Source : figure élaborée par The European House-Ambrosetti à partir des données de l’OCDE, 2008.
Tendance de la mortalité par ictus
Les estimations tirées d’un rapport sur les changements démographiques et les maladies cardiovasculaires de 1950 à 2050 indiquent que la mortalité causée par les maladies cardiovasculaires aux États-Unis pourrait augmenter entre 2000 et 203018. Cette dernière analyse suggère la nécessité d’une forte action préventive en début de siècle.
32
EN 2006, L’IMPACT ÉCONOMIQUE TOTAL DES MALADIES CARDIOVASCULAIRES EN EUROPE A ATTEINT ENVIRON 192 MILLIARDS D’EUROS, SOIT UN COÛT TOTAL MOYEN PAR HABITANT DE 391 EUROS
Le traitement des maladies cardiovasculaires implique généralement des frais médicaux assez élevés, notamment en raison de l’hospitalisation des patients dans la phase aiguë de la maladie, des médicaments administrés et de la phase de réadaptation et de soins à domicile. En outre, ces maladies entrainent généralement des problèmes de santé chroniques chez les patients. Elles représentent l’une des principales causes d’infirmité de longue durée et d’abandon du travail. Les estimations les plus récentes du coût total imputable aux maladies cardiovasculaires aux États-Unis sont de l’ordre de 286,6 milliards de dollars US pour l’année 2010. Cette valeur comprend à la fois les coûts médicaux directs (services hospitaliers, médicaments, soins à domicile, etc.) et les coûts indirects calculés comme perte de productivité salariale causée par la maladie ou le décès prématuré des patients. La diffusion des maladies cardiovasculaires a de graves répercussions économiques et sociales, non seulement dans les pays industrialisés, mais aussi dans ceux en développement comme la Chine. En effet, selon les estimations récentes de l’OMS, l’impact des maladies cardiaques, des accidents vasculaires cérébraux et du diabète, entre 2006 et 2015, va conduire la Chine à une perte de revenu national égale à 558 milliards de dollars US. L’impact économique total des maladies cardiovasculaires en Europe en 2006 atteignait environ 192 milliards d’euros19; cette valeur correspond à un coût total moyen par habitant de 391 euros. En particulier, les coûts des maladies coronariennes s’élèvent à 49 milliards d’euros annuels (environ un quart du total) et ceux des accidents vasculaires cérébraux à 38 milliards d’euros (environ un cinquième du total). 57 % de l’impact économique total des maladies cardiovasculaires est dû aux coûts directs des soins de santé, 43 % aux coûts indirects résultants de la perte de productivité et d’autres coûts non médicaux. En particulier, les dépenses de santé pour les maladies cardiovasculaires s’élèvent à un peu moins de 110 milliards d’euros, soit 10 % des dépenses totales de santé. L’ensemble des coûts des maladies cardiovasculaires a été évalué à environ 21,8 milliards d’euros pour 200620. Parmi ceux-ci, 63 % (13,8 milliards d’euros) concernent les coûts directs pris en charge par le système de santé, y compris les soins hospitaliers et les médicaments. Et 37 % de l’impact économique total des maladies cardiovasculaires est imputable aux coûts indirects, soit à la perte de productivité des patients en âge de travailler (il s’agit des coûts de morbidité, d’un montant de 1,4 milliard d’euros), au décès des patients (coût de mortalité, d’un montant de 2,6 milliards d’euros) et à d’autres coûts informels engendrés par le traitement des patients21 (soit 4 milliards d’euros), pour un total d’environ 8 milliards d’euros.
1.2.5 La démence et les maladies neurodégénératives La démence est une maladie qui touche de 1 à 5 % de la population âgée de plus de 65 ans, avec une prévalence qui double ensuite tous les quatre ans, arrivant ainsi à une moyenne d’environ 30 % pour les personnes âgées de 80 ans. Des études récentes montrent également une diffusion croissante du risque de démence chez les personnes de moins de 65 ans (qui représentent entre 2 et 10 % du total des cas). © Corbis
Nutrition et bien-être pour une vie saine
Impacts économiques et sociaux
SELON LE RAPPORT « GLOBAL BURDEN OF DISEASE », LA DÉMENCE OBLIGERAIT LES ÊTRES HUMAINS À VIVRE 11, 9 % DE LEUR VIE DANS UN ÉTAT D’INCAPACITÉ CHRONIQUE
La démence désigne généralement un état de dysfonctionnement chronique et progressif des fonctions cérébrales qui conduit à un déclin des capacités cognitives de la personne. La définition générique de « démence » comprend plusieurs maladies, certaines classées comme « démences primaires », telles que la maladie d’Alzheimer, la démence à corps de Lewy ou la démence frontotemporale, et d’autres classées comme « secondaires. » Il s’agit alors de démences qui sont la conséquence d’autres conditions comme la démence liée au SIDA. Selon le rapport Global Burden of Disease, la démence obligerait les êtres humains à vivre 11,9 % de leur vie dans un état d’incapacité chronique et à perdre 1,1 % des années de leur vie. Une étude réalisée par le 10/66 Dementia Research Group sur la population d’Amérique Latine, d’Inde et de Chine a permis de découvrir que la démence est la première cause de dépendance (nécessitant un traitement) chez les personnes âgées.
Impacts économiques et sociaux Nutrition et bien-être pour une vie saine
34
40%
Figure 1.17. Prévalence de la maladie d’Alzheimer par tranche d’âge (2009) 36%
35%
32%
32%
32%
30% 25% 18%
3,9 MILLIONS DE FEMMES OSTÉOPOROTIQUES 14%
15%
80-89 10%
12% 10%
60-69 30%
7% 5%
5% 0%
L’ostéoporose est une pathologie caractérisée par la diminution de la masse osseuse et par la détérioration de la micro-architecture du tissu osseux, ce qui a pour conséquence une plus grande fragilité osseuse et donc des risques de fractures23 qui surviennent surtout au niveau du poignet, des vertèbres et du fémur proximal. Un nombre toujours croissant de personnes souffre d’ostéoporose, c’est pour cela que l’OMS a identifié cette maladie comme une priorité de santé publique au niveau mondial. En effet, elle prévoit une augmentation de l’incidence des fractures ostéoporotiques de 1 toutes les 8,1 minutes en 2001 à 1 toutes les 3,7 minutes en 202124. Selon les estimations, l’ostéoporose touche 150 millions de personnes dans le monde, dont plus de 75 millions en Europe, au Japon et aux États-Unis. La plupart des personnes qui en sont affectées ont une probabilité égale à 15 % de souffrir de fractures du poignet, du fémur et des vertèbres. Le taux de probabilité en question est très proche de celui d’être affecté par des troubles coronariens. En Chine, l’ostéoporose touche 70 millions d’habitants âgés de plus de 50 ans, causant près de 700 000 fractures par an. En Europe, une femme sur trois et un homme sur cinq de plus de 50 ans souffriront, au cours de leur vie, d’une fracture ostéoporotique. Aux États-Unis, on estime que plus de 10 millions de personnes sont atteintes d’ostéoporose, et qu’environ 34 millions d’Américains présentent des risques de développement de la maladie car ils ont une faible masse osseuse. En Italie aussi, l’ostéoporose est l’une des maladies chroniques associées au vieillissement les plus répandues. 7 % des Italiens souffrent de cette maladie, dont une majorité de femmes. En effet, l’ostéoporose touche 3,9 millions de femmes et 840 000 hommes25. Parmi la population féminine affectée, 15 % des patientes sont âgées de 50 à 59 ans, plus de 30 % de 60 à 69 ans et 45 % de 70 à 79 ans. Figure 1.18. Nombre de femmes ostéoporotiques en Italie et répartition par tranches d’âge (2006)
23% 20%
1.2.6 L’ostéoporose
2% 0%
0%
30-59
3% 0%
60-64
4%
5% 50-59 15%
1%
65-69
70-74 Femmes
75-79
80-84
85-89
90-94
>95
Hommes
Source : figure élaborée par The European House Ambrosetti à partir des données EURODEM.
70-79 45% Source : figure élaborée par The European House-Ambrosetti à partir des données ESOPO.
IL S’AGIT D’UN PROBLÈME GLOBAL EN HAUSSE : SELON LES PRÉVISIONS, L’INCIDENCE DES FRACTURES OSTÉOPOROTIQUES EST DESTINÉE À AUGMENTER, PASSANT DE 1 TOUTES LES 8,1 MINUTES EN 2001 À 1 TOUTES LES 3,7 MINUTES EN 2021
Nutrition et bien-être pour une vie saine
Le coût mondial des démences a été estimé à 604 milliards de dollars pour l’année 2010, dont 70 % des coûts correspondent à l’Europe occidentale et à l’Amérique du Nord22. Ces coûts représentent environ 1 % du PIB mondial et varient de 0,24 % dans les pays à faible revenu, à 0,35 % dans les pays à faible et moyen revenu, à 0,50 % dans ceux à revenu moyennement élevé et à 1,24 % dans les pays à revenu élevé. En Angleterre, le coût social de la démence (17 milliards de livres sterling) dépasse celui des accidents vasculaires cérébraux, des maladies cardiaques et du cancer. En 2008, la France a lancé un programme pour le traitement et la prévention des maladies neurodégénératives pour environ 1,6 milliard d’euros. Bien que seulement 38 % des personnes atteintes de démence vivent dans des pays à revenu élevé, ces pays représentent 72 % des coûts de la démence. Cela s’explique par le fait que dans les pays les plus pauvres une partie fondamentale de l’assistance est fournie de manière informelle par les membres de la famille, en raison de l’absence de services de santé structurés et accessibles.
Aujourd’hui, en Italie, environ 2 millions de personnes sont touchées par la démence, dont environ 63 % ont plus de 80 ans. Les coûts sont élevés pour les patients et leurs familles. Si nous multiplions le nombre d’Italiens souffrant de démence par le coût moyen annuel par patient, nous obtenons une estimation du coût annuel total de la démence en Italie d’environ 50 milliards d’euros (10 milliards pour les coûts directs et 40 pour les coûts indirects).
35
Le coût économique de l’ostéoporose est comparable à celui des principales maladies chroniques, mais chez les femmes de plus de 45 ans, l’ostéoporose est la cause d’hospitalisation la plus importante par rapport à d’autres maladies, y compris le diabète, l’infarctus et le cancer du sein. Malgré la sensibilisation croissante concernant cette maladie, il est fort probable que le nombre de fractures ostéoporotiques augmente, parallèlement au vieillissement de la population européenne, et que le coût du traitement de la maladie passe de 31,7 milliards d’euros en 2000 à environ 76,7 milliards d’euros en 2050. Ce sont les données qui ressortent d’une étude récente de l’International Osteoporosis Foundation et qui représentent la somme dépensée chaque année en Italie, en France, en Allemagne, en Suède, au Royaume-Uni et en Espagne pour traiter les fractures d’ostéoporose26. Les fractures de la hanche représentent 56 % du total des coûts, celles des vertèbres 5 %, celles du poignet 2 %, et le restant des fractures ostéoporotiques 37 %. Comme évoqué précédemment, le risque de futures fractures chez les personnes qui ont déjà souffert de fractures du fémur et des vertèbres fait qu’il est aujourd’hui nécessaire de développer de nouvelles thérapies ostéoporotiques, et notamment des thérapies qui pourront être efficaces sur tout le squelette et pas seulement sur le fémur et les vertèbres, ce qui permettrait de faire baisser le coût économique lié à l’ostéoporose.
36
© Greg Dale/National Geographic Stock
1.3 La prévention de l’obésité en tant que facteur déterminant de santé, à tous les âges de la vie
I
l est désormais acquis que celui qui mène une vie saine, qui ne fume pas, boit de l’alcool en quantité modérée et consomme une quantité suffisante de fruits et légumes réduit d’un quart la possibilité d’encourir des maladies chroniques par rapport à un individu qui a un mode de vie peu sain. Le taux de mortalité augmente fortement dès qu’un individu dépasse le stade du surpoids27. En effet, la durée de vie d’un obèse est en moyenne de 8 à 10 ans plus courte que celle d’une personne de poids normal (cette donnée vaut aussi pour les fumeurs habituels). Un individu en surpoids de stature moyenne présente un risque de mort plus élevé de 30 % pour tous les 15 kg de poids excédentaire. En plus des problèmes physiques, l’obèse est victime de nombreux comportements discriminatoires. Sur le marché du travail, un obèse est considéré comme moins productif qu’une personne de poids normal à cause des coûts plus élevés pour les soins médicaux et en raison de la plus grande quantité de jours d’absence au poste de travail. Il est aussi inévitablement pénalisé du point de vue de la rémunération : certaines estimations parlent d’une différence négative proche de 18 %. Le phénomène de l’obésité, bien qu’il concerne les hommes comme les femmes, frappe plus durement les femmes. À l’échelle mondiale, le taux d’obésité tend à être plus élevé chez les femmes que chez les hommes et on le constate aussi dans les pays de l’OCDE. Par ailleurs, certaines recherches montrent une certaine disparité entre le taux d’obésité dans la population féminine des pays riches et celle des pays pauvres, alors que les données sur la population masculine sont plutôt uniformes. Il n’est pas simple d’estimer avec précision l’impact de l’obésité sur le taux de mortalité. Toutefois, selon une étude menée par Olshansky (2005)28, publiée dans l’une des revues médicales internationales les plus prestigieuses, l’augmentation de l’obésité conduira à une révision des estimations concernant l’espérance de vie aux États-Unis dans la première moitié du 21ème siècle. D’autre part, d’après le Ministère de la Santé du Royaume-Uni, si la croissance de l’obésité se maintient à son niveau actuel, l’espérance de vie d’ici 2050 devra être revue à la baisse d’au moins cinq ans. Le moins que l’on puisse dire est que ces estimations sont très alarmantes. Est-il possible d’intervenir pour inverser ces tendances ? La réponse est affirmative. Les gouvernements nationaux des pays de l’OCDE ont réalisé différents programmes pour améliorer les habitudes alimentaires et de promouvoir l’activité physique, dès l’enfance, afin de prévenir le risque d’obésité et limiter ses effets dévastateurs. En particulier, l’OCDE et l’OMS ont identifié trois macro-régions clés et neuf actions possibles, considérées comme efficaces. Ces deux organisations ont également recueilli des données et des preuves factuelles dans le but d’évaluer l’impact futur des actions déployées.
L’ESPéRANCE DE VIE D’UN OBèSE EST EN MOYENNE INFERIèURE DE 8 à 10 ANS à CELLE D’UNE PERSONNE DE POIDS NORMAL
Nutrition et bien-être pour une vie saine
Nutrition et bien-être pour une vie saine
Impacts économiques et sociaux
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INTERVENTIONS D’ÉDUCATION ET PROMOTION DE LA SANTÉ INTERVENTIONS AU NIVEAU DES SOINS PRIMAIRES MESURES FISCALES ET DE RÉGLEMENTA TION DU SECTEUR AGROALIMENTAIRE
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4. Conseils sur l’activité physique 5. Conseils sur l’alimentation 6. Mesures fiscales destinées à avoir des répercussions sur les prix des fruits, des légumes et des aliments riches en graisse 7. Réglementation de l’information publicitaire concernant l’alimentation 8. Autoréglementation de l’industrie alimentaire sur l’information publicitaire concernant l’alimentation 9. Interventions pour l’amélioration de l’étiquetage des aliments 10. Strategie combinée (les 9 points précédents)
Les analyses effectuées ont permis de démontrer que les activités qui influent sur le comportement et les conseils en matière d’alimentation sont les plus efficaces dans la prévention des maladies chroniques, générant un plus grand impact en termes d’années de vie gagnées en moyenne. Comprendre quels régimes alimentaires peuvent prévenir l’apparition de l’obésité (et donc l’apparition de maladies associées) est crucial afin d’être à même d’identifier les leviers à notre disposition pour garantir, tout au long de la vie, une bonne santé.
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Alimentazione e salute
MESURES INTEGRÉES
1. Programmes de prévention/éducation dans les écoles 2. Programmes de prévention/éducation sur les lieuxde travail 3. Campagnes d’information dans les médias
Figure 1.19. Années de vie gagnées grâce aux mesures de prévention concernant la mortalité et l’état de maladie
39
4,5 4 3,5 3 2,5 2 1,5 1 0,5 0 0
10
20
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50
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70
80
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Temps (ans) Programmes de prévention/éducation dans les écoles Programmes de prévention/éducation sur les lieux de travail Campagnes d’information dans les médias Mesures fiscales Conseils sur l’activité physique
Conseils sur l’alimentation Réglementation de l’information publicitaire concernant l’alimentation Autoréglementation de l’industrie alimentaire sur l’information publicitaire concernant l’alimentation Interventions pour l’amélioration de l’étiquetage des aliments
© Corbis
Source : figure élaborée par The European House-Ambrosetti à partir des données du CDP (Analyse basée sur des modèles et des données recueillis par plusieurs sources, listées dans le Tableau A.2 en Annexe A).
© Paul Damien/National Geographic Stock
2. RÔLE DE L’ALIMENTATION DANS LA PRÉVENTION DES MALADIES
42
L’
Organisation mondiale de la santé (OMS) ne considère pas la « santé » uniquement comme « une absence de maladie ou d’infirmité » mais comme « un état de complet bien-être physique, mental et social »1, et définit le mode de vie saine comme « une manière de vivre capable de réduire le risque de maladies et de mort prématurée »2. L’alimentation est la composante essentielle d’un mode de vie sain, de mauvaises habitudes alimentaires pouvant en effet représenter un premier facteur de risque de contracter certaines des principales maladies non transmissibles. Une alimentation équilibrée et la pratique d’une activité physique régulière tout au long de la vie constituent des habitudes indispensables au bien-être des enfants comme des adultes. En matière de santé humaine, on assiste depuis la seconde moitié du XXe siècle à une évolution progressive des habitudes alimentaires que l’on nomme parfois « diet transition » ou transition alimentaire. Au cours des 50 dernières années, de nombreux changements sont intervenus en termes de médecine, de santé, d’espérance de vie et de régime alimentaire, notamment : - le progrès sur le plan médical et scientifique ; - l’augmentation de l’espérance de vie moyenne pour les hommes comme pour les femmes ; - le déclin de certaines maladies contagieuses et l’augmentation des maladies non transmissibles ; - et peut-être plus important encore, une évolution des habitudes alimentaires et des modes de vie, avec une augmentation de l’apport calorique moyen et une réduction importante de l’activité physique. Dans le même temps cependant, l’alimentation joue un rôle extrêmement important dans la prévention des maladies et permet aux populations de rester en bonne santé tout au long de leur vie. Une alimentation équilibrée peut en effet véritablement constituer le meilleur des remèdes. Les récents travaux de l’OMS, rapportés dans Diet, nutrition and the prevention of chronic diseases, constituent une synthèse particulièrement utile sur le thème de l’alimentation et de la prévention. Nous vous proposons ci-dessous un résumé des recommandations préconisées par ce rapport en termes de régime alimentaire.
2.1 PRINCIPALes Preuves du lien entre alimentation, prévention et pathologies cardiovasculaires ISSUES DE LA LITéRATURE SCIENTIFIQUE INTERNATIONALE
A
u niveau mondial, les maladies cardiovasculaires représentent une part très importante des maladies chroniques (ou non transmissibles). Par ailleurs, selon l’OMS, on observe également un « effet retard » dans la manifestation des maladies cardiovasculaires. En d’autres termes, les facteurs qui augmentent le risque cardiovasculaire, notamment une mauvaise alimentation, peuvent intervenir des années avant l’apparition de la maladie. Si l’on tient compte de cet « effet retard », on comprend alors que le taux de mortalité actuel est la conséquence d’habitudes alimentaires et de comportements pouvant avoir eu lieu bien avant l’apparition des premiers symptômes de la maladie.
Nutrition et bien-être pour une vie saine
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2. RÔLE DE L’ALIMENTATION DANS LA PRÉVENTION DES MALADIES
Activité physique La pratique régulière d’une activité physique à raison d’au moins 30 minutes par jour constitue un des facteurs majeurs de prévention des maladies cardiovasculaires. Les personnes pratiquant une activité physique adaptée ont moins de risques de développer une maladie cardiovasculaire, en particulier une affection coronarienne.
Acides gras et régime alimentaire à forte teneur en cholestérol Le lien entre les troubles cardiovasculaires et une alimentation riche en matières grasses est bien documenté et fréquemment traité par la littérature scientifique. Ce type de régime alimentaire riche en matières grasses a été largement étudié et différentes études cliniques, métaboliques basées sur l’observation ont été réalisées sur différentes populations humaines3 ainsi que sur les animaux. Les résultats montrent que les acides gras saturés augmentent à la fois la quantité totale de cholestérol et la quantité de cholestérol LDL, communément appelé « mauvais » cholestérol. Les lipoprotéines du cholestérol LDL transportent le cholestérol depuis le foie pour le déposer au niveau des parois des artères, favorisant ainsi la formation de plaques athérosclérotiques. D’autres études ont également démontré que tous les acides gras saturés n’ont pas les mêmes effets néfastes sur la santé humaine et le système cardiovasculaire4. Parmi les facteurs qui augmentent le risque cardiovasculaire, l’acide myristique5, et dans une moindre mesure, l’acide palmitique6 constituent les facteurs de risque les plus importants. On les trouve en grande quantité dans la viande et les produits laitiers (fromage, lait, beurre, crèmes et huiles tropicales telles que l’huile de palme). En revanche, il n’a pas été démontré que l’acide stéarique tende à augmenter le taux de cholestérol dans le sang. Une des solutions les plus efficaces pour réduire le risque de maladie coronarienne consiste à remplacer les acides gras saturés par des acides gras insaturés (monoinsaturés et polyinsatu-
LA PRATIQUE RÉGULIÈRE D’UNE ACTIVITÉ PHYSIQUE PENDANT AU MOINS 30 MINUTES PAR JOUR EST TRèS IMPORTANT
43
Nutrition et bien-être pour une vie saine
résultats ont montré qu’après avoir administré de l’huile de poisson aux patients pendant une période de trois ans et demi, le taux de mortalité a baissé de 20 %. Les décès liés aux maladies cardiovasculaires ont diminué de 30 % et les morts subites de 45 %. De la même manière, les études de Hu22 et Ascherio23 ont mis en évidence l’existence d’une corrélation inverse entre la consommation d’acides alpha-linoléiques et la survenue de maladies cardiovasculaires. De nombreuses études ont également prouvé que la présence de cholestérol dans le sang et dans les tissus constituait un facteur d’augmentation du risque cardiovasculaire. Le cholestérol provient de deux sources : du régime alimentaire du sujet ou d’une population donnée et de la synthèse endogène. Si l’alimentation est principalement composée de matières grasses, de produits laitiers et de viande, elle contribue de manière significative à l’augmentation du taux de cholestérol dans le sang.
Polysaccharides non amylacés et fibres alimentaires On appelle fibre alimentaire la partie comestible d’une plante qui ne peut être digérée et n’est pas absorbée par l’intestin grêle mais subit une fermentation complète ou partielle au niveau du gros intestin. Cette catégorie comprend également la cellulose, les gommes, les polysaccharides issus des algues, la pectine, l’hémicellulose, les arabinogalactanes, les arabinoxylanes et les bêta-glucanes, également appelés « polysaccharides non amylacés ». Les études menées par Anderson24 montrent que les fibres alimentaires permettent de réduire le taux de lipoprotéines de faible densité (LDL). D’autres études menées dans différents pays par Truswell25 et Rimm26 ont également démontré qu’un régime riche en fibres et en céréales complètes réduisait le risque de maladie cardiovasculaire.
Antioxydants, vitamine B9 et flavonoïdes En théorie, les antioxydants (glutathion, vitamine C et vitamine E) pourraient avoir un effet protecteur contre les maladies cardiovasculaires, mais les études effectuées à ce sujet sont discordantes et il n’existe aucun résultat établi quant à la capacité des antioxydants à réduire le risque de développer une maladie cardiovasculaire. L’International Task Force for Prevention of Coronary Heart Disease27 a mené une étude visant à analyser le lien entre une supplémentation en vitamine E et les maladies cardiovasculaires. Les résultats obtenus n’ont toutefois pas permis de mettre en évidence un tel lien28. Ils ont au contraire démontré qu’il n’existe aucun bénéfice significatif lié à la prise de doses supplémentaires de vitamine E, de vitamine C et de bêta-carotène chez les sujets présentant un risque élevé de maladie cardiovasculaire29. De même, le lien entre la vitamine B9 (ou acide folique) et les maladies cardiovasculaires a été amplement analysé par la littérature scientifique pour son effet sur l’homocystéine, un acide aminé pouvant lui aussi constituer un facteur de risque de maladie cardiovasculaire et d’accident vasculaire cérébral. L’acide folique est utilisé dans la méthylation de l’homocystéine en méthionine. Si une faible concentration en acide folique dans le sang a été associée à un taux élevé d’homocystéine, Brouwner30 a démontré qu’un apport supplémentaire en acide folique permettait de réduire le niveau d’homocystéine. Bien que de nombreuses études aient été menées à ce sujet, la communauté scientifique n’est pas parvenue à un consensus concernant le lien entre l’homocystéine et les maladies cardiovasculaires31. Les données du Nurses’ Health Study32 ont montré que l’acide folique et la vitamine B6 consommés dans le cadre d’un régime équilibré ou sous forme de compléments alimentaires protègeraient des pathologies affectant les artères coronaires33.
LES FIBRES ALIMENTAIRES AIDENT À RÉDUIRE LA CONCENTRATION DES LIPOPROTÉINES DE FAIBLE DENSITÉ (LDL)
Nutrition et bien-être pour une vie saine
44
L’AUGMENTATION DE 27 % DU RISQUE DE CONTRACTER DES MALADIES CARDIOVASCULAIRES ET 30 000 MORTS ENVIRON CHAQUE ANNÉE AUX ÉTATS-UNIS SONT ASSOCIÉS À DES RÉGIMES RICHES EN ACIDES GRAS TRANS
rés) tels que l’acide oléique. De nombreuses études et essais cliniques ont en effet démontré que le fait de remplacer les acides gras saturés et les acides gras trans par des huiles végétales polyinsaturées permettait de réduire de manière significative le risque cardiovasculaire7. On a également démontré l’existence d’un lien entre une alimentation riche en acides gras trans8 et les maladies coronariennes ou l’athérosclérose, ces acides se formant durant le processus d’hydrogénation s’avérant en effet les plus néfastes pour le système cardiovasculaire. En résumé, les acides gras trans proviennent de trois sources principales : - hydrogénation ou transformation d’une huile liquide en matière grasse solide ; - cuissons à haute température (fritures) ; - activité bactérienne de l’appareil digestif des ruminants qui produit les seuls acides gras trans naturels, présents dans le lait et les produits laitiers. Dans l’une de ses études, Mensink9 a démontré que les acides gras trans augmentaient le taux de cholestérol LDL tout en réduisant celui du cholestérol HDL, aggravant donc le risque cardiovasculaire. De nombreuses autres études ont par la suite confirmé ces résultats. Deux études ont notamment comparé les acides gras trans et les acides gras saturés et conclu que les premiers représentaient un facteur de risque plus élevé de maladie cardiovasculaire10. En 2012, la National Academy of Sciences (NAS)11 a elle aussi confirmé la thèse selon laquelle les acides gras trans étaient significativement plus dangereux que les acides gras saturés car ils augmentent le risque cardiovasculaire, et a recommandé leur élimination totale du régime alimentaire de l’ensemble de la population12. Des études épidémiologiques ont également confirmé la relation entre risque cardiovasculaire et acides gras trans. L’étude menée par Willett13 à partir de la base de données comprenant plus de 85 000 femmes du Nurses Health Study et celle menée par Ascherio14 sont en effet parvenues aux mêmes conclusions : le risque de développer une maladie cardiovasculaire est de 27 % supérieur chez les sujets ayant une alimentation riche en acides gras trans, quelque 30 000 décès pouvant être attribués chaque année aux États-Unis à ce type de régime alimentaire. Une étude ultérieure conduite par Koletzko15 a confirmé ces données, estimant de 25 000 à 30 000 le nombre de décès aux États-Unis. Ces résultats ont également été confirmés par d’autres études, notamment celles effectuées par Oomen16 et Willet17. Suite à l’établissement par la littérature scientifique d’un rapport clair et évident entre la quantité d’acides trans absorbée et le risque cardiovasculaire, la présence de ces acides gras dans les produits alimentaires a fait l’objet de lois et de règlementations strictes au niveau international. Ces dernières définissent la concentration maximale en acides gras trans de chaque aliment, différents plans d’action à long terme ont également été mis en place afin de supprimer totalement les acides gras trans des produits de l’industrie alimentaire18. L’une des solutions consiste à remplacer les acides gras trans par des acides gras monoinsaturés et polyinsaturés qui réduisent la concentration en lipoprotéines de basse densité (LDL). L’acide oléique est un acide gras monoinsaturé que l’on trouve dans l’huile d’olive, d’arachide et de Canola. Quant à l’acide linoléique, c’est un acide gras polyinsaturé présent en grande quantité dans le tournesol et le soja. L’acide eicosapentaénoïque et l’acide docosahexaénoïque19, que l’on trouve dans le pois son, et l’acide alpha-linolénique, que l’on trouve dans les légumes et les végétaux, sont les acides gras polyinsaturés jouant le rôle le plus important dans la réduction du risque cardiovasculaire. Ils ont également des effets bénéfiques sur la pression sanguine, les fonctions cardiaques et endothéliales et la réactivité vasculaire20. La majorité des résultats des études épidémiologiques menées sur les acides gras polyinsaturés (de type Oméga 3) se concentrent sur l’étude de la consommation de poisson au sein de différentes populations. L’huile de poisson a notamment fait l’objet d’études menées par le Groupe Italien pour l’étude de la survie de l’infarctus du myocarde (GISSI)21. Les
45
Une méta-analyse menée par Wald34 et publiée récemment a conclu qu’un apport élevé en acide folique dans l’alimentation permettrait de réduire le risque de cardiopathie coronarienne de 16 % et le risque d’accident vasculaire cérébral de 24 %. Enfin, concernant les flavonoïdes, composés polyphénoliques de métabolites secondaires des plantes, généralement hydrosolubles et présents dans les légumes, le thé, les oignons et les pommes, les résultats des études menées par Keli35 et Hertog36 indiquent qu’il existe une corrélation inverse entre une alimentation riche en flavonoïdes et la survenue de maladies cardiovasculaires.
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UNE TENSION ARTéRIELLE elevée est un des facteurs qui augmentent le plus le risque d’apparition de maladies cardiovasculaires et la consommation de sodium est directement liée à la pression sanguine
L’hypertension constitue l’un des facteurs les plus importants dans l’augmentation du risque de maladie cardiovasculaire et d’accident vasculaire coronarien et hémorragique. Les effets du sodium sur l’organisme ont été abondamment étudiés et analysés au travers d’études épidémiologiques et cliniques et d’expérimentations animales37. Les résultats de la majorité des études montrent clairement que la consommation de sel a un impact direct sur la pression sanguine : on associe en moyenne une différence de 100 millimoles de sodium par litre dans l’alimentation journalière à une variation de 5 mmHg de la pression systolique chez les sujets âgés de 15 à 19 ans, et de 10 mmHg chez les sujets âgés de 60 à 69 ans38. On estime qu’une réduction moyenne de 50 % de millimoles de sodium par litre permettrait une diminution de 50 % du nombre de personnes suivant un traitement contre la tension, cette diminution s’élevant à 22 % pour les décès liés aux accidents vasculaires cérébraux et à 16 % pour ceux liés aux maladies cardiovasculaires. Plus précisément, Cutler39 et Midgley40 ont étudié les effets sur la pression sanguine de la consommation de sel au quotidien. Les résultats obtenus par ces deux chercheurs ont démontré qu’une réduction de 70 à 80 millimoles de sodium par litre pouvait permettre une diminution de la pression systolique de 1,9 à 4,8 mmHg chez les sujets hypertendus et de 1,1 à 2,5 mmHg chez les sujets normotendus. Sacks41 a également démontré que les régimes alimentaires pauvres en sel ne présentaient aucun effet négatif particulier sur la santé humaine, qu’ils étaient efficaces et sans danger et pouvaient donc être suivis sur de longues périodes. Quant au potassium, la méta-analyse menée par Whelton42 montre au contraire qu’un apport supplémentaire en potassium permettait de réduire la pression sanguine systolique et diastolique de 1,0 à 1,8 mmHg en moyenne chez les sujets normotendus et de 2,5 à 4,4 mmHg chez les sujets hypertendus. Par ailleurs, Ascherio43 et Khaw44 ont démontré qu’il existe une corrélation inverse entre la prise de potassium et le risque d’accident vasculaire cérébral. Ces chercheurs indiquent toutefois que bien que le potassium ait des effets positifs sur la pression sanguine et les maladies cardiovasculaires, il n’existe pas de preuves scientifiques que la prise de doses supplémentaires de potassium sur une longue période puisse réduire la pression sanguine de manière durable. En général, la consommation quotidienne de fruits et de légumes assure l’apport en potassium nécessaire à l’organisme.
Autres types de nutriments et d’aliments Bien que la consommation de fruits et de légumes ait toujours été considérée comme un bon moyen de se maintenir en bonne santé, les preuves scientifiques concernant leur effet protecteur contre les maladies cardiovasculaires remontent à quelques années seulement. Les études réalisées par Ness45, Liu46, Joshipura47 et Gilman48 ont notamment observé une très forte corrélation entre la consommation de fruits et légumes et la survenue de maladies cardio-
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Sodium et potassium
vasculaires et d’accidents vasculaires cérébraux. Cependant, le Ministère américain de la santé et des services aux personnes (USHH) a démontré qu’il était possible d’obtenir de meilleurs résultats en combinant la consommation quotidienne de fruits et légumes à une réduction des matières grasses dans l’alimentation. En effet, dans son rapport intitulé Dietary Approaches to Stop Hypertension, le Ministère de la santé américain constatait qu’en termes de réduction de la pression sanguine, ce régime avait des effets bénéfiques plus importants que ceux obtenus grâce à un régime consistant uniquement à augmenter la consommation de fruits et légumes49. Concernant le poisson, de nombreuses études ont démontré que sa consommation régulière permettait de réduire le risque de maladie cardiovasculaire. Marckmann50 a réalisé une analyse systématique des études publiées par la littérature scientifique et montré que les bienfaits obtenus dépendaient de la typologie de l’échantillon et de la population étudiée, la consommation de poisson ayant de véritables effets positifs uniquement sur les sujets présentant un risque élevé de développer une maladie cardiovasculaire. La même étude indique qu’une augmentation de 40 à 60 grammes de la quantité de poisson consommé par jour permettrait une réduction de 50% des décès liés aux maladies cardiovasculaires chez les sujets à risque. En étudiant les patients ayant déjà souffert d’un infarctus, Burr51 a observé une réduction des décès après le deuxième infarctus chez les sujets auxquels il avait été conseillé de consommer du poisson au moins deux fois par semaine. Dans une étude effectuée sur 36 pays, Zhang52 indiquait que la consommation de poisson réduisait le risque de décès de manière générale et donc le risque de maladie cardiovasculaire. D’autres études épidémiologiques menées par Kris-Etherton53 et Hu54 ont démontré que la consommation fréquente de fruits secs (noix, noisettes, amandes, etc.) était également associée à une réduction du risque cardiovascuFigure 2.1. Synthèse des principales preuves et corrélations entre modes de vie, régimes alimentaires et survenue de pathologies cardiovasculaires présentes dans la littérature scientifique PREUVES
RÉDUCTION DU RISQUE
AUGMENTATION DU RISQUE
Activité physique régulière Acide myristique
Acide linoléique
Acide palmitique
SIGNIFICATIVE
Potassium
Acides gras trans
Faible consommation d’alcool
Consommation élevée de sel
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AUCUN LIEN Apport supplémentaire en vitamine E
Surpoids
Forte consommation d’alcool
Acide alpha-linolénique
Cholestérol élevé
Acide oléique
Café non filtré
Fibres alimentaires
PROBABLE
Polysaccharides non amylacés
Stéroïdes végétaux
Vitamine B9 (acide folique)
Flavonoïdes
Acide laurique
POSSIBLE
Dérivés du soja
Apport supplémentaire en bêta-carotène
Calcium
Glucides
INSUFFISANTE
Magnésium
Fer
Acide stéarique
Céréales
Vitamine C
Source : synthèse établie par The European House–Ambrosetti à partir des données recueillies par différents auteurs.
2.2 Principales preuves du lien entre alimentation, prévention et diabète issues de la littérature scientifique internationale
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© Robbie George/National Geographic Stock
laire. Ce type d’aliments se caractérise par une forte concentration en acides gras insaturés et par une faible teneur en acides gras saturés. Il convient néanmoins de rappeler que du fait de leur valeur énergétique élevée, la consommation de ces aliments doit se faire en respectant les besoins caloriques journaliers de chacun. Concernant le soja, les études effectuées par Crouse55 ont montré que sa consommation avait des effets bénéfiques sur le taux de lipides dans le sang56. L’analyse de 38 études cliniques a révélé qu’en consommant 47 grammes de soja par jour en moyenne, les patients atteints de maladies cardiovasculaires voyaient leur cholestérol total diminuer de 9 % et leur cholestérol LDL57 de 13 %. Le soja est riche en isoflavones dont la structure et la fonction sont semblables à celles des oestrogènes. Différentes expériences sur les animaux suggèrent que la consommation d’isoflavones pourrait protéger des maladies cardiovasculaires. Il n’existe toutefois à ce jour aucune donnée fiable quant à leur efficacité sur l’homme. La méta-analyse menée par Rimm58 démontre qu’une consommation d’alcool faible ou modérée peut réduire le risque de maladie cardiovasculaire. Une consommation de bière, de vin ou d’alcools forts peut également être associée à une réduction du risque de cardiopathie coronarienne. D’autres études ont toutefois montré que la consommation d’alcool est associée à une augmentation des autres maladies cardiovasculaires et doit donc être déconseillée.
Poids et activité physique De nombreuses études ont démontré qu’une perte de poids modérée pouvait avoir un effet positif sur l’apparition d’un diabète de type 2 et sur l’évolution de la maladie. Il semble donc qu’une réduction modérée de la surcharge pondérale puisse améliorer la sensibilité à l’insuline et donc réduire le niveau d’insulino-résistance chez les sujets à risque59-62.
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L’
approche nutritionnelle est unanimement reconnue comme un outil fondamental dans la prévention du diabète, son traitement et la prévention ou la diminution de la gravité des pathologies ou complications qui y sont directement associées : tension artérielle élevée (hypertension), présence excessive de glucose dans le sang (hyperglycémie) et présence excessive de lipides dans le sang (dyslipidémie). Il existe deux types de diabète, le diabète de type 1 (également appelé « diabète insulinodépendant ») et le diabète de type 2 (ou « diabète de la maturité ») dont l’origine, la gravité et le traitement sont très différents. De manière générale, la pathologie diabétique est liée à une insulino-dépendance (diabète de type 1) ou à une insulino-résistance (diabète de type 2). Il existe deux types de sécrétion d’insuline, l’insuline « basale », continue et indépendante de la prise de nourriture, et l’insuline « postprandiale » qui est sécrétée suite à une prise alimentaire. Un défaut d’absorption du glucose osmotique conduit à une carence en glucose dans les cellules et à une accumulation de glucose dans le sang. Une glycémie excessive peut endommager le tissu cellulaire et provoquer une acidocétose. Dans le diabète de type 2, on observe une forme d’insulino-résistance : l’organisme produit une quantité d’insuline suffisante mais ne l’utilise par correctement. L’insuline est sécrétée par le pancréas afin de permettre à l’organisme de transformer le glucose en énergie. Après un repas, la quantité de glucose dans le sang augmente et le pancréas sécrète de l’insuline afin d’aider les cellules à absorber et à utiliser ce glucose. Chez les patients insulino-résistants, les cellules situées au niveau des muscles, de la masse grasse et du foie ne répondent pas correctement, l’organisme a donc besoin d’une plus grande quantité d’insuline pour permettre l’absorption du glucose par les cellules. Pour faire face à cette demande, le pancréas doit donc augmenter la quantité d’insuline produite mais n’y parvient pas. Le glucose s’accumule donc dans le sang, d’où la survenue du diabète. L’insulino-résistance est principalement due à des facteurs environnementaux et liés au mode de vie et n’est qu’en partie héréditaire. Le lien entre l’alimentation et la prévention ou le traitement du diabète a fait l’objet de nombreuses études portant sur les effets et les conséquences de la consommation des principaux macro et micronutriments sur l’apparition du diabète et l’évolution de la maladie.
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Macronutriments Certains macronutriments jouent également un rôle majeur dans la prévention du diabète.
Glucides La concentration postprandiale de glucose dans le sang est, comme nous l’avons indiqué précédemment, un facteur essentiel non seulement chez les sujets atteints de diabète, mais également chez ceux risquant de développer la maladie. La quantité et la qua-
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lité des glucides apportés par l’alimentation ont donc une importance fondamentale. Les effets des glucides sur le taux de glucose dans le sang sont multiples : qu’il s’agisse du type d’aliment ingéré, du type d’amidon (amylose ou amylopectine) ou de sucre (glucose, fructose, saccharose, lactose), du degré de transformation de l’aliment ou de sa méthode de préparation, tous ces facteurs ont une influence sur l’impact des glucides sur la glycémie. De nombreuses études insistent cependant davantage sur l’importance de la quantité totale de glucides ingérés que sur le type de glucides ou les aliments qui contiennent ces glucides. Les résultats de ces études sont issus d’une enquête menée directement auprès de patients diabétiques dont la réponse glycémique était altérée : en analysant cette réponse après ingestion de différents types de glucides (notamment les amidons et les sucres), aucune différence significative n’a été observée pour la même quantité totale de glucides absorbés87. C’est dans le but de mesurer l’effet postprandial de l’absorption d’une quantité constante de différents types d’aliments riches en glucides qu’a été créé ce que l’on appelle « l’indice glycémique »88. Ce critère permet de mesurer les variations de la glycémie deux heures après l’ingestion d’une quantité constante d’un aliment donné (en général une portion équivalant à 50 grammes de glucides) et de les comparer à l’effet généré par l’ingestion d’un aliment dit « de référence » tel que le glucose ou le pain blanc. Le fait que de nombreux facteurs aient, comme nous l’avons vu, des répercussions sur la réponse glycémique, rend plus difficile la comparaison des effets qu’ont sur cette réponse des quantités identiques d’aliments différents en utilisant uniquement l’indice glycémique. Une solution au moins partielle à ce problème consiste à utiliser un indicateur appelé « charge glycémique » qui permet de calculer la quantité de glucides contenue par un aliment ainsi que l’indice glycémique de cet aliment, facilitant ainsi la comparaison entre les effets de l’ingestion d’une quantité identique d’aliments différents89. Certaines études ont montré que les régimes caractérisés par un faible indice glycémique pouvaient réduire le risque de diabète de type 2 et le niveau de glycémie90-93 chez les sujets diabétiques. Une étude menée récemment par Jenkins94 a montré qu’un régime à faible indice glycémique permettait de réduire de manière significative le taux d’hémoglobine glyquée (HbA1c) chez les patients diabétiques. De nombreuses autres analyses menées sur ce sujet n’ont toutefois pas confirmé l’existence d’un tel effet. Il n’est donc pas possible de démontrer de manière scientifique et univoque l’existence d’un lien entre les régimes à faible indice glycémique et le risque de survenue d’un diabète ou son évolution95, 96. De manière générale, comme l’indique l’Association Européenne pour l’Étude du Diabète (EASD), l’indice glycémique est un outil précieux pour effectuer une première classification des aliments, mais n’a de valeur réelle que s’il est utilisé pour comparer des aliments facilement « comparables », ayant de nombreuses caractéristiques communes, notamment leur valeur énergétique et la quantité de différents macronutriments qu’ils contiennent97, 98. Concernant le rapport entre la quantité totale de glucides présente dans l’alimentation et le risque de diabète, il existe donc, comme nous l’avons indiqué précédemment, des preuves scientifiques suffisantes montrant les possibles effets bénéfiques à long terme de l’adoption d’un régime à faible teneur en glucides, bien que ce type de régime ne semble pas avoir de véritable effet sur la perte de poids sur le long terme99. Une importante méta-analyse menée auprès de patients souffrant d’un diabète de type 2 a permis de comparer des régimes à forte teneur en glucides à des régimes à forte teneur en acides gras monoinsaturés mais contenant peu de glucides afin d’identifier un effet potentiel sur la perte de poids et le taux de lipides et de glucose dans le sang. Les résultats de cette étude montrent que ces deux types de régime n’ont pas de véritable impact sur le contrôle de la glycémie car aucune baisse significative de l’hémoglobine glyquée100 n’a pu être observée.
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UNE RÉDUCTION DE 5 À 7 % DE LA MASSE CORPORELLE, ASSOCIÉE À UNE ACTIVITÉ PHYSIQUE RÉGULIÈRE DE DEUX HEURES ET DEMIE PAR SEMAINE ET UNE STRATÉGIE ALIMENTAIRE PRÉVOYANT LA DIMINUTION DE L’APPORT DE MATIÈRES GRASSES ET DE CALORIES, PEUVENT RÉDUIRE SENSIBLEMENT (~60 %) LE RISQUE DE DIABÈTE DE TYPE 2
Par ailleurs, de nombreux essais cliniques ont révélé qu’une perte de poids pouvait ralentir la progression de l’intolérance au glucose dans le cas du diabète de type 2 chez les sujets à risque63, 64. La limitation de l’adiposité abdominale semble jouer un rôle particulièrement important dans la prévention du diabète de type 2 et l’amélioration de certains facteurs de risque qui y sont associés. De nombreuses études65-68 ont démontré que l’adiposité abdominale est en effet un facteur majeur dans le risque de développer un diabète de type 2, en tenant compte de l’indice de masse corporelle (IMC). Elle est également étroitement liée à l’insulino-résistance, élément essentiel dans la pathologie diabétique, comme le montre Després69. Il a été démontré que le surpoids et l’obésité, associés aux facteurs liés à l’apparition du diabète, pouvaient avoir de nombreux effets négatifs (principalement sur l’insulino-résistance). Il est donc important que les différents traitements et programmes de prévention mettent l’accent sur un changement de comportement et de mode de vie. Dans l’idéal, les patients devraient réduire leur poids de 5 à 7 % et augmenter leur activité physique, ces deux facteurs permettant, comme l’indique une étude récente de Franz, de réduire la probabilité de développer un diabète de type 270. Différentes études récentes et particulièrement exhaustives confirment cette hypothèse. Les conclusions de la Finnish Diabetes Prevention Study71 en Finlande et du Diabetes Prevention Program aux États-Unis72 ainsi que les résultats obtenus notamment par Hu73, Pan74 et Ramachandran75 confirment qu’une perte de poids de 5 à 7 % associée à une activité physique régulière (deux heures et demie par semaine) et à un régime alimentaire limitant la consommation de matières grasses et l’apport calorique, pouvait réduire sensiblement (~60 %) le risque de diabète de type 2. Les études menées par Manson76, Kriska77 et Helmrich78 soulignent qu’en plus de contribuer à la perte de poids, l’activité physique semblait également réduire le risque de diabète de type 2. Comme l’affirme également McAuley79, une augmentation de l’activité physique semble par ailleurs diminuer la sensibilité à l’insuline et le taux de glucose dans le sang. Il est désormais largement admis que les régimes pauvres en calories permettent une perte de poids importante et ont un effet positif sur la glycémie et la lipidémie80. De nombreuses études ont toutefois montré que ces régimes peu caloriques ne pouvaient à eux seuls avoir un effet positif durable sur la perte de poids et la prévention du diabète : ils doivent donc faire partie d’un programme à long terme visant à conserver un poids santé81. Ce programme doit combiner conseils diététiques et activité physique régulière, en ayant également parfois recours à des stratégies de maintien du poids spécifiques (le « régime de substitution » par exemple82). Il est donc utile de rappeler qu’une réduction de la surcharge pondérale chez les sujets en surpoids a également des effets bénéfiques sur la survenue ou la gravité des pathologies liées au diabète telles que l’hypertension artérielle, l’hyperglycémie et la dyslipidémie, comme l’ont montré Van Gaal83, Lean84, le Scottish Intercollegiate Guidelines Network (SIGN)85 et l’OMS86.
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IL NE SEMBLE PAS Y AVOIR DE PREUVES SCIENTIFIQUES SUFFISANTES SUR DE POSSIBLES BÉNÉFICES DE L’ADOPTION DE RÉGIMES CARACTÉRISÉS PAR UNE TRÈS FAIBLE TENEUR EN GLUCIDES
© Corbis
des nombreuse études ont démontré que la prise de fibres à travers l’alimentation a un potentiel protecteur contre le diabète de type 2
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De nombreuses études ont souligné l’effet positif de la consommation de fibres sur la santé, les aliments riches en fibres contenant généralement aussi un grand nombre de vitamines, minéraux et autres nutriments essentiels. On trouve des fibres dans de nombreux aliments, en particulier les légumineuses, certaines variétés de céréales (particulièrement les céréales complètes) et certains fruits et légumes101. Certaines études ont démontré qu’une alimentation riche en fibres pouvait jouer un rôle dans la prévention du diabète de type 2, quels que soient l’âge, l’indice de masse corporelle et le niveau d’activité physique des sujets étudiés102, 103. De nombreuses études ont également observé qu’une alimentation riche en fibres pouvait conduire à une réduction du taux de glucose et d’insuline sanguin chez les sujets souffrant d’une tolérance glucidique diminuée et chez les patients diabétiques de type 2104. Par ailleurs, selon certaines études,une alimentation riche en céréales complètes et en fruits et légumes (également riches en fibres) peut réduire le risque de développer un diabète de type 2 chez les sujets présentant une tolérance glucidique diminuée105, 106. La consommation d’aliments à forte teneur en fibres permet par ailleurs de réduire l’indice de masse corporelle (IMC), aussi bien chez les sujets diabétiques que chez les sujets sains107, 108 et d’augmenter le niveau de sensibilité insulinique chez les sujets non diabétiques109. La question du lien entre certains types de fibres et la prévention du diabète reste néanmoins ouverte. Certaines études indiquent en effet que la consommation de fibres solubles constitue la manière la plus efficace de prévenir le diabète110-113 alors que d’autres soulignent qu’un effet positif sur le diabète est obtenu principalement par la consommation de certaines fibres insolubles dérivées des céréales114. Sur la base d’analyses effectuées dans les années 80, il apparaît évident qu’une alimentation à haute teneur en glucides et en fibres (plus de 50 grammes par jour, dont au moins 50 % de fibres hydrosolubles) a un impact positif sur la glycémie, notamment par rapport à une alimentation à faible teneur en glucides et en fibres115. D’autres études ont également souligné les effets négatifs sur la glycémie que peut avoir une alimentation riche en glucides mais pauvre en fibres, par comparaison avec une alimentation pauvre en glucides116, 117, 118. Les glucides contiennent également un autre macronutriment essentiel : le sucre. De nombreuses études cliniques ont comparé les effets de l’absorption d’une quantité identique d’amidon et de sucre et ainsi démontré que le sucre ne semblait pas causer d’augmentation plus importante de la glycémie. Il a donc été impossible d’identifier un effet négatif de la consommation de sucre sur la survenue d’un diabète. Il convient cependant de rappeler qu’il existe une relation indirecte entre le surpoids et l’obésité et le diabète, des pathologies pouvant être favorisées par une consommation excessive de sucre. Les régimes riches en sucre et ceux à forte teneur en amidon ou en polysaccharides non amylacés peuvent provoquer une hypertriglycéridémie chez les sujets non diabétiques et ceux présentant un syndrome métabolique119. Concernant ces derniers, les chercheurs ont également observé qu’un régime à forte teneur en amidon et relativement riche en fibres pouvait conduire à une perte de poids, contrairement aux régimes à forte teneur en sucre120. Certaines études ont montré qu’une alimentation caractérisée par une forte consommation de boissons sucrées, contrairement à la consommation de boissons avec édulcorants, provoquait une augmentation de l’apport énergétique, du poids, de la masse grasse et du taux de lipides dans le sang. Ces résultats suggèrent qu’il existe une relation entre la consommation de boissons sucrées et les principaux facteurs de risque de survenue d’un diabète et d’autres maladies graves, en particulier les maladies cardiovasculaires121. Concernant le fructose, les études ont montré que le fait de consommer des aliments où il venait se substituer au sucre ou à l’amidon permettait de limiter la glycémie postprandiale, l’impact sur la glycémie semblant toutefois contrebalancé par l’effet négatif observé sur le maintien d’un taux lipidique optimal dans le sang122, 123. Dans tous les cas, on ne
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dispose pas actuellement de preuves scientifiques suffisantes d’une corrélation négative entre le fructose et la prévention ou le traitement du diabète : le fructose normalement présent dans les fruits et légumes ne semble en effet pas avoir d’effet négatif sur les sujets atteints de diabète ou risquant de développer cette maladie. En conclusion, la majorité des études scientifiques s’accordent sur le fait que la présence de glucides (particulièrement s’ils proviennent de céréales complètes et contiennent des fibres) dans l’alimentation est absolument essentielle.
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DES ÉTUDES OBSERVATIONNELLES ONT MIS EN ÉVIDENCE L’EXISTENCE D’UNE CORRÉLATION ENTRE LA CONSOMMATION D’ALIMENTS À FORTE TENEUR EN MATIÈRES GRASSES ET LA PROBABILITÉ DE DÉVELOPPER UNE INTOLÉRANCE AU GLUCOSE ALLANT JUSQU’À UNE RÉELLE PATHOLOGIE DIABÉTIQUE DE TYPE 2
Il est généralement admis que la quantité et la qualité des matières grasses consommées a une influence significative sur de nombreux facteurs de risque liés au diabète (et aux pathologies connexes telles que les maladies cardiovasculaires). De nombreuses études ont notamment observé qu’un fort apport calorique total au quotidien, en lien avec une consommation élevée de matières grasses (environ 30 à 35 %), pouvait causer une prise de poids, une augmentation de la sensibilité insulinique et une augmentation importante du cholestérol LDL124, 125. De nombreuses études ont également mis en évidence l’existence d’une corrélation significative entre une forte teneur en acides gras et la probabilité de survenue d’une intolérance glucidique ou d’évolution de cette intolérance en diabète de type 2126, 127. Différentes études soulignent également qu’une consommation plus élevée d’acides gras saturés augmente le risque d’intolérance au glucose et le taux d’insuline et de glucose à jeun128-131. Des études menées récemment auprès de sujets diabétiques et non diabétiques ont démontré qu’un régime consistant à remplacer les acides gras saturés par des acides gras insaturés permettait de réduire la sensibilité insulinique et les taux lipidiques post-prandiaux132-136. Une telle substitution permet également d’améliorer la tolérance au glucose137, 138. Folsom139, Vessby140 et Vessby141 ont montré qu’une consommation plus élevée d’acides gras saturés augmentait le risque de survenue d’un diabète de type 2. Salmeron142 et Meyer143 ont quant à eux observé que la diminution de ce risque était principalement liée à une consommation accrue d’acides gras insaturés d’origine végétale. Une réduction de la consommation de matières grasses ou le remplacement des acides gras saturés par des acides gras monoinsaturés semble avoir un impact particulièrement positif sur les différents facteurs de risque liés au diabète. Ce type de substitution semble en effet avoir des répercussions positives sur le niveau et la composition de la lipémie plasmatique et sur la sensibilité insulinique, à la fois chez les sujets présentant une tolérance au glucose diminuée et chez les sujets sains144-148. Des études métaboliques ont démontré que, chez les sujets étudiés, en garantissant le maintien d’un poids stable et d’un apport calorique constant, les régimes à faible teneur en acides gras saturés et à teneur élevée en glucides ou en acides gras monoinsaturés de type cis permettaient de réduire le taux de cholestérol LDL dans le sang149-153, et ce même chez les patients diabétiques154. La comparaison effectuée entre les régimes riches en glucides (~55 % de l’apport calorique total) et les régimes à teneur élevée en acides gras monoinsaturés a montré que les premiers, contrairement aux seconds, pouvaient causer une augmentation relative du taux postprandial de glucose, d’insuline et de triglycérides dans le sang. Le remplacement d’une partie des glucides présents dans l’alimentation par des acides gras monoinsaturés semble également avoir un effet positif sur les
L’ADOPTION D’UN RÉGIME PAUVRE EN GRAISSES ET CONTENANT DES ALIMENTS RICHES EN FIBRES ET EN GLUCIDES À FAIBLE INDICE GLYCÉMIQUE SEMBLE POUVOIR FAVORISER LA PERTE DE POIDS ET LE CONTRÔLE MÉTABOLIQUE, AUSSI BIEN CHEZ LES PATIENTS DIABÉTIQUES QUE CHEZ CEUX ATTEINTS DE SYNDROME MÉTABOLIQUE
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Matières grasses
concentrations plasmatiques en lipides155 et sur la tension artérielle156. Les résultats sont les mêmes si l’on compare un régime riche en acides gras monoinsaturés et un régime à forte teneur en acides gras polyinsaturés157. D’autres études ont confirmé les effets négatifs d’une alimentation riche en glucides par rapport à une alimentation riche en acides gras monoinsaturés, ce type d’alimentation ne semblant pourtant pas améliorer de manière significative le niveau d’hémoglobine glyquée si on la compare avec une alimentation riche en glucides158-162. De plus, le remplacement des glucides par des matières grasses peut conduire à une prise de poids du fait de la possible augmentation de l’apport énergétique total, alors qu’un régime pauvre en matières grasses et contenant des aliments riches en fibres et en glucides à faible indice glycémique semble favoriser la perte de poids et le contrôle métabolique, aussi bien chez les patients diabétiques que chez ceux présentant un syndrome métabolique163, 164. Certaines études ont souligné que le remplacement des acides gras saturés par des acides gras polyinsaturés165, 166, 167 dans l’alimentation avait des effets positifs sur la concentration et la composition des lipides dans le sang. Une telle substitution a également des effets bénéfiques en termes de sensibilité insulinique168 et de probabilité de survenue d’accidents cardiovasculaires mortels au sein de la population diabétique169, 170. Concernant l’acide linoléique, il est cependant important de rappeler que, bien qu’il n’existe aucune donnée sur ce sujet, il est préférable de le consommer en quantité limitée (pas plus de 10 % de l’apport calorique journalier total), pour des raisons de prudence et du fait d’une possible augmentation du risque de peroxydation lipidique171. Il ne semble pas au contraire y avoir de différences importantes entre une alimentation à forte teneur en acides gras monoinsaturés et une alimentation à forte teneur en acides gras polyinsaturés172, même si l’étude prospective menée par Trichopoulou173 a démontré qu’un régime où l’on remplacerait les acides gras polyinsaturés par des acides gras monoinsaturés pourrait permettre de réduire de 7 % la mortalité au sein dans la population âgée en Europe. Certaines études indiquent en effet qu’un régime riche en acides gras polyinsaturés a un effet identique sur la concentration lipidique dans le sang à celui d’un régime à forte teneur en acides gras monoinsaturés174-177. Concernant les acides gras polyinsaturés à longue chaîne de type oméga 3 (alfa-linoléiques), certaines études ont identifié une corrélation positive entre l’augmentation de leur consommation (par exemple dans l’huile de poisson) et l’amélioration de la sensibilité insulinique178. Une consommation accrue de ces acides gras semble permettre, comme nous l’avons déjà indiqué, une réduction du risque de mortalité liée aux accidents cardiovasculaires et aux accidents vasculaires cérébraux179, 180. L’absorption d’une quantité plus élevée d’acides gras polyinsaturés de type oméga 3 peut conduire non seulement à une augmentation du cholestérol LDL, mais également à une augmentation plus que proportionnelle du cholestérol HDL, contrebalançant ainsi de possibles effets négatifs sur la santé181, 182. Par ailleurs, des études ont indiqué que la consommation d’acides gras à longue chaîne de type oméga 3 pouvait conduire à une augmentation de la glycémie, bien que certaines méta-analyses récentes aient démontré que cet effet était en fait peu significatif183, 184. Bien que de nombreuses études montrent de manière relativement claire les effets positifs de la consommation d’acides gras de type oméga 3 et oméga 6, elles ne permettent pas de définir précisément la quantité optimale d’Oomégas 3 et d’omégas 6 qu’il convient de consommer. De nombreuses études ont indiqué qu’un régime riche en acides gras trans augmentait le risque de diabète de type 2185 et avait un impact négatif sur l’insulinémie postprandiale chez les sujets atteints de diabète de type 2186. Concernant le cholestérol présent dans l’alimentation, de nombreuses études menées
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à la fois auprès de patients diabétiques et de sujets sains ont montré une augmentation sensible du cholestérol plasmatique en cas de consommation accrue d’aliments riches en cholestérol187, 188, 189.
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ACTUELLEMENT IL NE SEMBLE PAS Y AVOIR ASSEZ DE PREUVES SCIENTIFIQUES EN FAVEUR DE L’EXISTENCE DE BÉNÉFICES DURABLES EN TERMES DE PRÉVENTION ET DE TRAITEMENT DU DIABÈTE, DÉRIVANT DE L’ADOPTION D’UN RÉGIME CARACTÉRISÉ PAR UNE ABSORPTION DE PROTÉINES SUPÉRIEURE À CELLE QUI EST RETENUE COMME ÉTANT APPROPRIÉE POUR UN APPORT CALORIQUE CORRECT (15 À 20 % DE L’ENSEMBLE DE L’APPORT CALORIQUE)
On ne dispose pas actuellement de preuves scientifiques suffisantes quant aux effets positifs à long terme sur la prévention et le traitement du diabète des régimes riches en protéines (15 à 20 % de l’apport calorique total). Dans la plupart des pays occidentaux, les protéines représentent 10 à 20 % de l’apport calorique journalier total, soit une consommation journalière d’environ 0,8 à 2 g par rapport au poids en kg. De nombreuses études ont démontré que chez les sujets sains comme chez les sujets atteints de diabète de type 2, le glucose produit par le métabolisme des protéines consommées à travers l’alimentation ne causait pas d’augmentation de la glycémie sanguine mais augmentait en revanche la réponse insulinique190, 191. Des études ont souligné une corrélation négative entre une glycémie et une insulinémie élevées et les régimes dont l’apport en protéines est supérieur à 20 % de l’apport calorique total192. Non seulement ces régimes limitent ces concentrations, mais semblent également diminuer l’appétit et augmenter la sensation de satiété, favorisant ainsi le contrôle du poids. Malgré ces résultats scientifiques, et comme l’a rappelé l’American Diabetes Association (ADA) dans son récent rapport Nutrition recommendations and interventions for diabetes publié en janvier 2008, il semble que, globalement, les effets à long terme des régimes riches en protéines sur la régulation de l’apport calorique, le poids ou la capacité des patients à suivre correctement ce type de régime sur la durée n’ont pas encore été suffisamment étudiés. Concernant la réduction de l’apport protéique dans l’alimentation, il est utile de rappeler que les personnes diabétiques (ou risquant de développer cette maladie) présentent fréquemment une augmentation de la vitesse de renouvellement protéique (caractérisée par le rapport entre les protéines utilisées, ou éliminées dans le cas de néphropathie diabétique, et les protéines absorbées). Il ne semble pas y avoir chez ces sujets de réduction positive de l’apport protéique. Néanmoins, comme nous l’avons vu, même si une telle réduction peut avoir des effets bénéfiques, l’apport en protéines ne doit pas être inférieur à 0,6 g par kg (poids normal) et par jour, une quantité plus réduite pouvant en effet conduire à des problèmes de malnutrition193-196.
Alcool Certaines études ont démontré qu’une consommation modérée d’alcool durant les repas n’aurait pas d’effet aigu véritablement significatif sur la glycémie et l’insulinémie206. On observe une corrélation, indépendamment de l’indice de masse corporelle, entre une consommation élevée d’alcool et un rapport taille-hanches plus élevé207. De plus, les glucides contenus dans l’alcool semblent faire monter la glycémie. Enfin, selon certaines études, l’alcool pourrait aussi augmenter la triglycéridémie et le risque d’hypoglycémie208, 209. Malgré ces résultats, une consommation modérée d’alcool semble également avoir un effet positif sur la sensibilité insulinique210, 211, 212 et de plus, réduirait le risque coronarien213, 214 et le risque d’accident vasculaire cérébral215. Une telle consommation augmente cependant le taux de cholestérol HDL dans le sang et réduit les indices de coagulation et d’oxydation lipidique (suite à l’action de différents antioxydants présents dans certaines boissons alcoolisées). Certaines analyses ont notamment montré qu’une consommation modérée mais régulière d’alcool était préférable à une consommation moins fréquente mais en grande quantité. Ces études n’ont en revanche pas observé de lien significatif entre l’heure de la prise d’alcool par rapport aux repas ou le type de boissons alcoolisées consommé et les effets positifs potentiels d’une telle consommation216, 217. Comme le rappelle l’OMS, on ne dispose pas actuellement de preuves scientifiques de l’intérêt d’une consommation modérée d’alcool dans la prévention du diabète de type 2.
Figure 2.2. Synthèse des principales preuves et corrélations entre modes de vie, régimes alimentaires et survenue du diabète présentes dans la littérature scientifique
Micronutriments En l’état actuel des choses, comme l’ont souligné Guerrero-Romero197 et Kligler198, les résultats obtenus à ce jour par les essais cliniques menés à long terme afin de déterminer l’innocuité en termes sanitaires et les éventuels bienfaits du chrome, du magnésium et des antioxydants dans l’approche préventive et thérapeutique du diabète de type 2 semblent encore insuffisants. Les résultats obtenus par les différentes études semblent contradictoires ou peu significatifs. Dans son récent rapport intitulé Diet, nutrition and the prevention of chronic diseases, l’OMS souligne également l’absence de preuves scientifiques adéquates venant confirmer l’hypothèse selon laquelle le chrome et le magnésium pourraient réduire le risque de diabète de type 2. Concernant les antioxydants, les nombreux essais cliniques menés à ce jour ont souligné l’absence de bénéfice évident sur la glycémie ou les risques potentiels pour la santé d’un apport supplémentaire en vitamines E et C, en carotène et autres antioxydants supposés permettre de réguler les taux naturellement présents dans l’organisme des sujets suivant un
EFFICACITÉ
SIGNIFICATIVE
RÉDUCTION DU RISQUE
AUGMENTATION DU RISQUE
Perte de poids chez les sujets obèses ou en surpoids
Surpoids et obésité
Activité physique
Obésité abdominale
Absence d’activité physique
Acides gras saturés
PROBABLE
Fibres alimentaires
Acides gras polyinsaturés de type Oméga 3 POSSIBLE Aliments à faible indice glycémique
Quantité globale de matières grasses absorbées Acides gras insaturés de type trans
Vitamine E INSUFFISANTE
Chrome Magnésium
Consommation excessive d’alcool
Consommation modérée d’alcool
Source : synthèse établie par The European House–Ambrosetti à partir des données recueillies par différents auteurs.
Nutrition et bien-être pour une vie saine
Nutrition et bien-être pour une vie saine
Protéines
régime équilibré et varié199, 200, 201. Par ailleurs, les données disponibles ne montrent aucun effet positif sur le risque de maladie cardiovasculaire de l’intégration de doses supplémentaires de ces nutriments202 dans l’alimentation. De nombreuses études ont également souligné l’absence d’effet positif sur le contrôle de la glycémie et du poids203, 204, 205 d’un apport de chrome chez les sujets atteints de diabète de type 2 ou intolérants au glucose.
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L LE CENTRE INTERNATIONAL DE RECHERCHE SUR LE CANCER (CIRC) A INDIQUÉ QUE LA SURCHARGE PONDÉRALE ET L’INACTIVITÉ PHYSIQUE REPRÉSENTENT DES FACTEURS QUI AUGMENTENT LE RISQUE DE CANCER DU SEIN, DU CÔLON, DU REIN ET DE L’OESOPHAGE
e cancer peut être causé par de multiples facteurs. Si certains sont bien connus, d’autres restent encore méconnus à ce jour par la communauté scientifique et médicale internationale. Le tabac, de mauvaises habitudes alimentaires, le manque d’activité physique, les infections, les facteurs hormonaux et une exposition aux radiations sont autant de facteurs de risque de développer un cancer. Selon certaines études, un régime alimentaire déséquilibré augmenterait le risque de cancer de 30 % dans les pays industrialisés, arrivant en second après le tabac218. Le risque de cancer lié à de mauvaises habitudes alimentaires est actuellement de 20 %219 au sein des pays en développement, mais pourrait augmenter sensiblement à la suite d’une évolution des habitudes alimentaires similaire à celle que connaissent les pays industrialisés. Le taux de cancer détecté au sein d’une population donnée et le nombre de cancers de manière générale varient selon le mode de vie et les habitudes alimentaires des différents pays. D’après le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC)220 le surpoids et la sédentarité seraient responsables de 20 à 35 % des cas de cancer du sein, du côlon, du rein et de l’oesophage.
Obesité et surpoids L’obésité et le surpoids sont des facteurs augmentant le risque de développer différents types de cancers. Le CIRC221 indique notamment que le surpoids et l’obésité augmentent le risque de cancer du côlon et du rectum. Une étude menée ultérieurement par Calle222 confirme le lien entre obésité et cancer colorectal, la fréquence de ce type de cancer étant plus élevée chez les hommes que chez les femmes. Les études de Cummings et Bingham223 ont également montré que le régime alimentaire pouvait expliquer plus de 80 % des différences constatées en termes de fréquence du cancer colorectal au sein des populations des différents pays étudiés. En d’autres termes, l’apparition de ce type de tumeur dépend essentiellement de l’alimentation. Au niveau mondial, la fréquence du cancer colorectal est dix fois plus élevée dans les pays développés que dans les pays en voie de développement. Rien qu’aux États-Unis, où le pourcentage de personnes en surpoids ou obèses est très élevé, le cancer colorectal représente la deuxième cause de décès par cancer224. En analysant les facteurs de risque de développer une tumeur de la cavité buccale, Brown225 a pu observer que le surpoids et l’obésité augmentaient effectivement le risque de développer un adénocarcinome226 de l’oesophage. L’étude réalisée par Michaud227 montre que le surpoids et l’obésité augmentent égale-
ment le risque de tumeur pancréatique, en particulier lorsqu’ils sont associés à une alimentation riche en viande et pauvre en légumes. Concernant le cancer du sein, plusieurs études, notamment celles de Radimer228, Trentham-Dietz229, Carmichael230 et Stephenson231 ont une fois de plus démontré que le surpoids, en particulier à l’âge adulte, augmentait le risque de développement d’un cancer du sein. Le surpoids et l’obésité accroissent le risque de cancer de l’endomètre, comme le montrent les études menées par Amant232. Bergstrom233 indique quant à lui que ce risque est environ trois fois supérieur chez les femmes obèses que chez les femmes de poids normal. Les études menées par Bergstrom234 montrent également que le surpoids et l’obésité sont responsables du déclenchement de 30 % des cas de cancer du rein. Bien que l’étiologie du cancer du rein soit encore mal comprise, le CIRC235 indiquait en 2002 qu’il existait suffisamment de données scientifiques prouvant que le surpoids constitue un facteur de risque dans l’apparition de ce type de cancer.
Boissons alcoolisées
Nutrition et bien-être pour une vie saine
Nutrition et bien-être pour une vie saine
2.3 Principales preuves de la relation entre alimentation, prévention et cancer issues de la littérature scientifique internationale
Dans les pays développés, le principal facteur de risque de cancer de la bouche, du larynx et de l’oesophage qui soit lié à l’alimentation est la consommation de boissons alcoolisées. Associée au tabagisme, la consommation d’alcool représente plus de 75 % de l’ensemble des tumeurs de la cavité buccale236. Les résultats de l’étude menée par McKillop237 ont montré qu’une consommation excessive d’alcool représente un facteur de risque dans la survenue du cancer du foie, probablement uite à l’évolution d’une cirrhose hépatique. Smith-Warner238 a également observé qu’une consommation accrue d’alcool au quotidien augmentait le risque de cancer du sein. Les études menées par Hamajima239 et Feigelson240 ont obtenu des résultats similaires. De manière générale et bien que ce lien soit encore peu connu, les études de Dorgan241 indiquent qu’il pourrait en effet exister une corrélation entre consommation d’alcool et cancer du sein, peut-être du fait d’une augmentation du niveau de certains oestrogènes. Enfin, certaines études menées par Giovannucci242 sur l’alcool ont souligné que la consommation d’alcool est associée à un risque plus élevé de développer un cancer colorectal.
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Fruits et légumes (fibres) Le CIRC243 indique qu’environ 60 % des tumeurs de la cavité buccale sont probablement liées à une carence en micronutriments causée par un régime alimentaire pauvre en fruits et légumes. Potter244 a observé une corrélation entre une faible consommation de fruits et de légumes et la survenue d’un cancer colorectal. De plus, la méta-analyse menée par Jacobs245 a relevé une faible corrélation entre l’apport en fibres alimentaires et la réduction du risque de cancer colorectal. Des études plus récentes réalisées par Mikels246 et Bueno de Mesquita247 ont abouti à des résultats contradictoires. L’une signalait une corrélation inverse entre la consommation de fruits et légumes et le cancer colorectal, tandis que l’autre affirmait qu’il n’existait aucune corrélation claire entre les deux. Les études menées par Schatzkin248 et Alberts249 auprès d’un échantillon de population ayant suivi sur une période de trois à quatre ans un régime enrichi en fibres alimentaires, en fruits et en légumes mais pauvre en matières grasses n’ont pas trouvé de corrélation entre ces aliments et la récurrence du cancer colorectal. Bien que cette corrélation n’ait pas encore été expliquée de façon claire et précise, les
MÊME S’IL N’Y A PAS DE LIEN DÉFINI CLAIR ET PRÉCIS, LES RÉSULTATS DES ÉTUDES INDIQUENT QUE LA CONSOMMATION DE FRUITS ET DE LÉGUMES PEUT RÉDUIRE L’APPARITION DES CANCERS COLORECTAUX
Nutrition et bien-être pour une vie saine
Certaines études réalisées au niveau international et en Asie par Ferlay275 et Yu276 ont observé un nombre particulièrement élevé de cancers du nasopharynx en Asie orientale, un phénomène associé à une forte consommation de poisson salé (très prisé dans la gastronomie chinoise), en particulier pendant l’enfance277. Palli278 et Kelley279 ont observé que le risque accru de cancer de l’estomac est associé à une consommation importante d’aliments conservés dans le sel ainsi que de charcuterie et d’aliments conservés dans le vinaigre.
Viande, charcuterie et saucisses
Aliments et boissons consommés très chauds
L’ensemble de la communauté médicale et scientifique internationale s’accorde sur le fait que de nombreux aspects de l’alimentation occidentale, notamment la consommation de viande, de charcuterie, de saucisses et autres viandes transformées augmente le risque de cancer. Il ressort d’une méta-analyse menée par Norat255 qu’une forte consommation de viande en conserve, associée à une alimentation riche en matières grasses, augmente le risque de cancer colorectal256. Shuurman257, Chan258 et Michaud259 ont observé qu’une consommation élevée de viande rouge et de produits d’origine animale avait un impact sur le développement de cancer de la prostate, une conclusion également confirmée par Kolonel260 et Rodriguez261. Enfin, une étude menée par Michaud262 montre qu’une alimentation riche en viande représente un facteur de risque de cancer du pancréas.
En étudiant les causes du cancer de l’oesophage, Sharp280 a noté une corrélation significative entre la consommation d’aliments et de boissons très chaudes et un risque accru de cancer de la cavité buccale.
Activité physique régulière
Surpoids et obésité (tumeur de la cavité buccale, cancer colorectal, cancer du sein, endométriose, cancer du rein et du pancréas)
Vitamine B9, vitamines, bêta-carotène, sélénium, calcium et lycopène
SIGNIFICATIVE Lycopène (cancer de la prostate)
Alcool (tumeur de la cavité buccale, du foie, du sein, cancer colorectal)
Poisson conservé dans du sel selon la tradition chinoise (carcinome nasopharyngé)
Fruits et légumes (tumeur de la cavité buccale, de l’estomac et colorectal)
Viande en conserve (cancer colorectal, du pancréas, de la prostate)
Calcium (cancer colorectal)
Calcium (cancer de la prostate)
L’étude de Giovannucci263 sur les principaux facteurs du cancer colorectal montre qu’un apport élevé en vitamine B9 (ou acide folique) et en vitamines permet de réduire le risque de cancer colorectal. Dans d’autres études plus spécifiques effectuées sur la vitamine D, Giovannucci note également qu’un apport en vitamine B9 pourrait prévenir l’apparition du cancer du côlon et du rectum264. De manière générale, les études médicales et scientifiques portant sur les causes et les principaux facteurs d’apparition du cancer du poumon ont donné des résultats contradictoires. De nombreuses études basées sur l’observation ont montré que le régime alimentaire des personnes atteintes d’uncancer du poumon présentait en général un faible apport en bêta-carotène265. Hennekens266, Omenn267 et différents groupes de recherche internationaux268 ont étudié le lien entre bêta-carotène et cancer du poumon, sans pourtant conclure à l’existence de corrélations probantes. Heinonen269 et Clark270 ont montré qu’une supplémentation en bêta-carotène n’avait pas d’effet sur le risque de cancer de la prostate, mais que la prise d’un complément en vitamine E et en sélénium pouvait en revanche avoir un effet protecteur. Bonithon-Kopp271 et Baron272 ont observé qu’une quantité élevée de calcium dans l’alimentation avait un effet protecteur contre les tumeurs du côlon et du rectum et permettait également de prévenir la récurrence de la tumeur chez le même sujet. Giovannucci273 observe toutefois qu’une supplémentation ou une quantité élevée de calcium dans l’alimentation augmentait le risque de développer une tumeur maligne de la
prostate. Kristal274 a démontré quant à lui que le lycopène, une substance contenue dans la tomate, diminuait le risque de cancer de la prostate.
Sel et aliments conservés dans le sel
Figure 2.3. Synthèse des principales preuves et corrélations entre modes de vie, régimes alimentaires et survenue du cancer présentes dans la littérature scientifique EFFICACITÉ
RÉDUCTION DU RISQUE
AUGMENTATION DU RISQUE
PROBABLE
Aliments conservés dans du sel (cancer de l’estomac)
Boissons et aliments très chauds (tumeur de la cavité buccale)
Acides gras saturés (cancer du sein)
Fibres alimentaires
Acides gras animaux
Soja
Acides gras de type Oméga 3
POSSIBLE/ INSUFFISANTE
Vitamine B2, B6, B12, C, D, E
Bêta-carotène (cancer du poumon)
Composants acaloriques des plantes (flavonoïdes, isoflavones et lignanes)
Sel (cancer de l’estomac)
Zinc et sélénium
Source : synthèse établie par The European House–Ambrosetti à partir des données recueillies par différents auteurs.
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résultats des études médicales et scientifiques indiquent que la consommation de fruits et de légumes peut réduire l’apparition de cancer colorectal. En analysant les facteurs de risque de cancer de l’estomac, Gonzalez250 a constaté que la consommation de fruits et légumes constituait un facteur de protection contre ce type de cancer. Dans une étude récente, Bandera251 suggère qu’un régime alimentaire comprenant une grande quantité de fruits et légumes pourrait réduire le risque de cancer de l’endomètre. De nombreuses études montrent que les fruits et légumes protégeraient du cancer du poumon252. Il est à noter cependant que ce rôle de protection n’a pas à ce jour été prouvé car les fumeurs (le tabagisme étant le premier facteur de risque de cancer du poumon) consomment en moyenne moins de fruits et de légumes que les non fumeurs. Enfin, Key253 et Smith-Warner254 n’ont découvert aucune corrélation particulière entre la consommation de fruits, de légumes et de fibres alimentaires et le cancer du sein.
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Activité physique régulière Le taux de cancer détecté au sein d’une population donnée et le nombre de cancers de manière générale varient selon le mode de vie et les habitudes alimentaires des différents pays, le régime alimentaire différant considérablement d’un pays à l’autre. Le CIRC281 indique qu’associée à une surcharge pondérale, la sédentarité représente de 0 à 35 % des cas de cancer du sein, du côlon, du rein et de l’oesophage. Des études spécifiques menées par Martinez282 et Hardman283 ont indiqué qu’une activité physique régulière pouvait être associée à une réduction significative du cancer colorectal.
2.4 Principales preuves du lien entre alimentation, prévention et maladies neurodégénératives issues de la littérature scientifique internationale
Nutrition et bien-être pour une vie saine
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L’
augmentation de l’espérance de vie moyenne qui caractérise nos sociétés occidentales conduit à l’émergence de problèmes de santé publique majeurs en raison de la charge que constituent les maladies chroniques invalidantes causées par le vieillissement. Notamment , les maladies cérébrales chroniques et dégénératives sont probablement les plus dramatiques pour le patient et sa famille et les plus coûteuses pour le système de santé. La démence sénile, comme les maladies neurodégénératives, est un trouble primaire qui tend à apparaître ou à s’aggraver avec l’âge. Indépendamment du tableau pathologique, on peut constater aujourd’hui que ces maladies sont le résultat d’une interaction entre prédisposition génétique et facteurs environnementaux, parmi lesquels le mode de vie, l’alimentation, les agents infectieux et les toxines environnementales. Relativement à l’alimentation, le lien entre une carence en éléments nutritifs et la démence a été mis en évidence depuis longtemps. Une étude menée à la fin des années 80 et analysant les divers facteurs de protection endogènes et exogènes présents dans le sérum de patients atteints de la maladie d’Alzheimer ou de démence vasculaire relevait une baisse importante des niveaux de vitamine E, C, de caroténoïdes, de zinc et d’albumine284. Il reste à déterminer si ce phénomène est dû à une mauvaise alimentation ou est une conséquence directe de la maladie sur les données biochimiques. Certaines expériences ont permis d’observer des réactions d’oxydation particulières au niveau du cerveau des patients atteints de la maladie d’Alzheimer285. Certains antioxydants, tels que la vitamine E contenue dans les graines ou certaines céréales, les fruits et les huiles végétales non cuites, semblent avoir des effets bénéfiques sur les patients atteints de la maladie d’Alzheimer. Il semble en effet qu’ils protègent les neurones contre la toxicité induite par le bêta-amyloïde286 et réduisent également le stress oxydatif causé par d’autres facteurs majeurs de la maladie. Concernant la maladie de Parkinson, les chercheurs ont constaté287 que l’association de la vitamine E, du bêta-carotène, de la vitamine C et des flavonoïdes, composés chimiques naturels présents dans de nombreux fruits (agrumes, pommes, abricots, etc.), légumes (chou, brocoli, épinards, tomates, fenouil, oignons, etc.) et dans certaines boissons (vin rouge, thé, jus de fruits) pouvait prévenir l’apparition de la maladie au sein d’un échantillon restreint de participants288. Bien que certaines études aient critiqué l’implication des métaux dans l’évolution de certaines maladies neurodégénératives289, il existe cependant de nombreuses preuves montrant qu’un déséquilibre ionique pourrait être partiellement responsable de lésions neuronales. Il est effectivement prouvé que la démence sénile peut être associée à une carence en magnésium (présent dans de nombreux aliments tels que les céréales, les noix, les amandes, les arachides, le sarrasin, le cacao, les germes de blé, les lentilles, les légumes verts, mais aussi les viandes et les féculents), dont l’action protectrice sur le cerveau290 est bien connue. La démence sénile pourrait ainsi être causée par un faible apport en magnésium dans l’alimentation ou par l’incapacité de l’organisme à le conserver physiologiquement.
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Nutrition et bien-être pour une vie saine
Le régime méditerranéen peut prévenir l’apparition de la maladie d’Alzheimer
Comme nous l’avons déjà constaté, de nombreuses études internationales montrent comment la modification de certains comportements alimentaires peut permettre d’obtenir de bons résultats en termes de protection contre les maladies neurodégénératives et cardiovasculaires. Une étude publiée en 2008 par le « British Medical Journal » et basée sur l’analyse de données provenant de sept études différentes menées au cours des deux dernières années à travers le monde (et auxquelles plus de 2 millions de personnes ont participé), s’intéressait aux effets bénéfiques de ce que l’on appelle le « régime méditerranéen ». Cette étude tentait ainsi de déterminer la capacité de ce régime à protéger les populations des maladies neurodégénératives. En créant un système d’évaluation spécifique permettant de mesurer le niveau d’adhésion des sujets au régime méditerranéen, l’étude a montré qu’une augmentation de seulement deux points de ce score se traduisait par un gain significatif en termes de protection contre les
principales maladies chroniques telles que les maladies cardiovasculaires, mais également les maladies neurodégénératives comme la maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkinson et la démence sénile. En effet, une augmentation, même légère, de l’adhésion aux habitudes alimentaires typiques du bassin méditerranéen permettrait de réduire les maladies cardiovasculaires de 10 %, les cancers de 6 % et le risque de maladie neurodégénérative de 13 %. Par ailleurs, modifier son régime alimentaire afin d’y intégrer davantage de fruits et de légumes, de céréales et de légumineuses, de poisson et d’huile d’olive pourrait retarder l’apparition de la maladie d’Alzheimer. Cette étude montre en effet que, bien que 30 % de la population européenne risque de développer cette maladie, il suffirait simplement, pour réduire de 90 % le nombre de patients souffrant de cette maladie et retarder de 10 ans l’apparition des premiers symptômes, d’adopter un régime de type méditerranéen.
Nutrition et bien-être pour une vie saine BCFN Index 2011
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L’opinion scientifique est désormais d’accord pour dire que le régime alimentaire peut aider à reduire le risque de maladies
Certains facteurs permettent également de faire le lien entre maladie d’Alzheimer et démence vasculaire. L’analyse de la cholestérolémie291 et du ratio entre acides gras saturés et polyinsaturés dans l’alimentation292 montre que le métabolisme des graisses peut avoir un impact sur la neurodégénération, soulignant le fait qu’une forte consommation d’aliments à teneur élevée en acides gras saturés et en cholestérol peut augmenter le risque de maladie cardiovasculaire, pathologie très fréquemment associée à la démence sénile. Les régimes hypercaloriques293 basés sur des aliments riches en cholestérol, en graisses saturées et pauvres en fibres, légumes et fruits294 joueraient un rôle tant dans la formation de plaques de bêta-amyloïde 295 que dans l’oxydation des neurones296. Une étude menée en 2004 et présentée par des chercheurs d’Harvard lors de la 9ème édition de la conférence annuelle intitulée Alzheimer’s Disease and Related Disorders se tenant à Philadelphie étudiait le rôle joué par les fruits et légumes dans la maladie d’Alzheimer en analysant les habitudes de consommation de ces aliments auprès de 13 000 femmes sur une période allant de 1984 à 1995. Elle permettait ensuite d’étudier la corrélation entre ces valeurs et les résultats obtenus lors des tests d’évaluation des fonctions cognitives effectués entre 1995 et 2003 par ces femmes ayant alors atteint leur quatre-vingt-huitième année. Cette étude montrait que les femmes ayant consommé une plus grande quantité de légumes riches en vitamine B9 et en antioxydants (caroténoïdes et vitamine C), tels que les légumes verts à feuilles ou les légumes crucifères (chou, brocoli, cresson, navet, radis), présentait un déclin des fonctions cognitives moins prononcé que celui observé chez les femmes ayant consommé une plus petite quantité de ces aliments297. L’hypothèse selon laquelle le régime alimentaire peut permettre de réduire le risque de maladie neurodégénérative se base sur le fait que l’alimentation peut être une source importante de composants aux propriétés neuroprotectrices et trouve confirmation dans les études expérimentales et épidémiologiques portant sur les polyphénols présents par exemple dans le thé vert ou dans d’autres aliments. Ces études ont montré que ces composants sont capables de traverser la barrière hémato-encéphalique et ainsi ralentir le déclin des fonctions cognitives lié à l’âge, agissant comme neuroprotecteurs dans les cas de maladie de Parkinson, de maladie d’Alzheimer, de cardiopathie coronarienne ou de reperfusion298. Le rôle de l’homocystéine299 dans la démence sénile suscite également un intérêt croissant de la part de la communauté scientifique. Une concentration excessive de cet acide aminé semble en effet être un facteur de risque de la maladie d’Alzheimer mais également un facteur de risque de maladies vasculaires du système nerveux central (autre fréquente cause de démence sénile)300. Bien qu’il existe des formes héréditaires, l’hyperhomocystéinémie acquise est habituellement le résultat d’une carence en vitamine B12, vitamine B6 et vitamine B9, toutes nécessaires à son métabolisme. On trouve une grande quantité de vitamine B9 dans les légumineuses, le jus d’orange, les asperges, les noix et les légumes verts à feuilles tels que les épinards. La vitamine B6 est présente dans les céréales complètes, les aliments à base de soja, les arachides, les noix, les bananes et les avocats. Quant à la vitamine B12, on en trouve habituellement dans les aliments et les produits d’origine animale mais aussi les céréales et le lait de soja enrichis ou les suppléments vitaminiques. Le contrôle de l’apport calorique dans le régime alimentaire301 semble aussi avoir un rôle dans laprévention des maladies neurodégénératives comme la maladie d’Alzheimer. Par exemple, chez certaines populations de Chine et du Japon ayant une alimentation dont l’apport calorique journalier moyen est peu élevé (1600 à 2000 calories par jour) la maladie d’Alzheimer est moins fréquente, contrairement aux populations des États-Unis ou d’Europe occidentale, dont le régime alimentaire se base généralement sur plus de 2000 calories par jour302. Cette observation a été confirmée par une étude menée en 2002 sur des patients américains âgés ayant été suivis pendant en moyenne quatre ans. Les résultats obtenus ont montré que le risque d’être atteint de la maladie d’Alzheimer était plus élevé chez les patients ayant une alimentation très calorique que chez ceux dont le régime était caractérisé par un apport énergétique limité303. Les résultats obtenus par les études effectuées par le passé et celles qui sont menées actuellement permettront d’identifier les aliments et les composants essentiels au développement de nouvelles stratégies de prévention et de protection contre les maladies neurodégénératives invalidantes.
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2.5 Principales preuves du lien entre alimentation, prévention et ostéoporose issues de la littérature scientifique internationale
LA CROISSANCE DU SQUELETTE S’ACHÈVE ENTRE20-30 ANS. APRÈS, LA MASSE OSSEUSE COMMENCE À DIMINUER CHEZ LES DEUX SEXES, DE MANIÈRE PLUS RAPIDE CHEZ LES FEMMES. LES FACTEURS NUTRITIONNELS, EN PARTICULIER LE CALCIUM ET LA VITAMINE D, ET L’EXERCICE PHYSIQUE ONT DE MULTIPLES EFFETS : ILS INFLUENCENT LE PIC DE MASSE OSSEUSE, LA TENEUR MAXIMALE EN MINÉRAUX DU SQUELETTE, LA PERTE OSSEUSE ASSOCIÉE À L’ÂGE ET LA FORCE MUSCULAIRE
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omme l’OMS l’indique dans son rapport intitulé Keep fit for life. Meeting the nutrional needs of older persons304, le processus de vieillissement a des conséquences sur les besoins nutritionnels des personnes âgées à deux niveaux : - une réduction des besoins énergétiques par kilogramme de poids, ce qui peut conduire à des carences en nutriments essentiels ; - une augmentation des besoins nutritionnels en nutriments essentiels. Les facteurs liés à l’alimentation, aggravés par les changements se produisant naturellement lors du processus de vieillissement, semblent également être associés à la survenue de nombreuses maladies dues au vieillissement telles que l’ostéoporose. Selon les études menées sur cette maladie, la corrélation entre ostéoporose et nutrition est cependant relativement modérée, la présence dans certains aliments de micronutriments spécifiques tels que le calcium et la vitamine D305 pouvant néanmoins permettre de prévenir l’ostéoporose en protégeant les os. On estime que la croissance du squelette s’achève autour de 20 à 30 ans. S’ensuit alors une perte graduelle de la masse osseuse pour les deux sexes. Cette perte est aggravée par la ménopause chez les femmes, ainsi que par les facteurs nutritionnels, en particulier l’apport en calcium et en vitamine D, et l’exercice physique. Ces facteurs ont un effet sur la densité minérale osseuse de crête, soit la teneur maximale en minéraux du squelette, et sur la perte osseuse associée à l’âge et à la force musculaire. Des études récentes comme celle menées en 2010 par une équipe de chercheurs européens et américains et publiée dans le British Medical Journal306, ont montré qu’un apport quotidien en vitamine D associé à du calcium réduisait jusqu’à 8 % le risque de fracture et constituait donc un outil essentiel pour la réussite d’un traitement de l’ostéoporose. Le calcium est le minéral le plus important pour notre organisme : 99 % du calcium présent dans notre corps se trouve dans les os et les dents et seulement 1 % dans les fluides corporels. Le métabolisme du calcium est étroitement lié à celui du phosphore. Au niveau du squelette, on trouve les plus grandes quantités de calcium et de phosphore sous forme de cristaux d’hydroxyapatite liés aux fibres de collagène. Le dépôt de ces cristaux et leur orientation sont en partie régis par les contraintes mécaniques subies par le squelette. De longues périodes de sédentarité ou de repos en position allongée favorisent la déminéralisation progressive des os et conduisent à l’ostéoporose. Le processus physiologique de minéralisation de l’architecture osseuse diminue également naturellement avec l’âge, ce qui a un impact sur la survenue de l’ostéoporose, en particulier chez les femmes après la ménopause, en raison de la diminution du taux d’oestrogènes. On ne peut néanmoins entièrement imputer l’apparition307 de cette maladie à une carence en calcium. L’ostéoporose résulte en effet d’une combinaison de facteurs à la fois
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pouvant neutraliser les radicaux libres et protéger l’organisme de leurs effets néfastes. En conclusion, bien que, comme nous l’avons vu, on ait pu observer une corrélation modérée entre l’alimentation et la prévention de l’ostéoporose, les études menées s’accordent sur le fait que la prévention doit commencer dès le plus jeune âge, lorsque le calcium contenu dans les aliments est absorbé par l’organisme et contribue efficacement à la consolidation de la densité osseuse. À l’âge adulte et durant la vieillesse, le ralentissement de l’évolution d’une maladie telle que l’ostéoporose ne peut que s’accompagner d’une alimentation équilibrée avec un apport réduit en sel, une consommation accrue de fruits et légumes, l’absorption d’un minimum de 400 à 500 mg de calcium et l’arrêt de toute consommation de l’alcool, ainsi que d’un mode de vie sain intégrant une activité physique modérée, le maintien d’un poids équilibré, et l’arrêt du tabagisme. Figure 2.4. Keep fit for life. Meeting the nutritional needs of older persons ÉVIDENCE
CONVAINCANTE Personnes âgéesa
RISQUE REDUIT
RISQUE ACCRU
Vitamine D
Apport élevé d’alcool
Calcium
Poids faible
Activité physique
PROBABLE Personnes âgées
AUCUNE RELATION
Fruits et légumesc
Fluorureb Phosphore
Apport élevé de sodium
Apport modéré d’alcool POSSIBLE
Apport réduit de protéines (chez les personnes âgées)
Apport élevé de protéines
Produits de soja
Seulement pour les personnes avec une forte prédisposition aux fractures. En relation aux hommes et aux femmes avec plus de 50-60 ans, avec un apport réduit de calcium et/ou une carence en vitamine D. bAux niveaux utilisés pour aménager des approvisionnements en eau. L’apport élevé de fluorure provoque la fluorose et peut également modifier la matrice osseuse. cPlusieurs composants des fruits et des légumes sont associés à un risque réduit si l’apport reste dans les niveaux normaux de consommation (tels que l’alcalinité, la vitamine K, les phytoestrogènes, le potassium, le magnésium, le bore). Carence de vitamine C (scorbut) qui apparaît dans l’ostéoponie, une maladie osseuse.
a
Source : OMS, 2002.
Nutrition et bien-être pour une vie saine
68
environnementaux, génétiques et nutritionnels. Le rôle du calcium reste néanmoins important, en particulier dans la prévention de la maladie, surtout si l’on tient compte que, quelle que soit la tranche d’âge, l’apport journalier en calcium est généralement bien inférieur aux doses recommandées308. Bien que l’on préconise généralement aux sujets âgés de 11 à 17 ans309 un apport journalier en calcium allant de 800 mg (Europe)310 à 1000 mg (États-Unis)311 pour les filles et de 1000 mg (Europe) à 1300 mg (États-Unis) pour les garçons , on sait par exemple qu’en Italie au moins 70 % des filles et 60 % des garçons ont un apport en calcium bien inférieur aux doses recommandées312. Chez les adultes, l’apport journalier en calcium doit se situer autour de 700 mg (Europe) et de 1000 mg (États-Unis), mais 50 à 60 % seulement de la population semble en réalité suivre ces recommandations. Pour les femmes ménopausées (âgées de 51 à 70 ans), l’Institute of Medicine conseille un apport en calcium d’environ 1200 mg en l’absence d’oestrogénothérapie, et de 1000 mg si les patientes suivent ce type de thérapie, soit la quantité de calcium recommandée pour les hommes de plus de 50 ans. Des études rétrospectives ont montré que les sujets ayant consommé du lait régulièrement pendant leur enfance présentent à l’âge adulte une masse osseuse plus élevée que ceux n’ayant pas suivi le même régime313. Ce résultat apparaît d’autant plus remarquable si l’on considère qu’au niveau de l’ensemble de la population, une augmentation de 10 % de la densité minérale osseuse de crête pourrait réduire de moitié le risque de fracture au cours de la vie adulte. La pratique régulière d’une activité physique pendant l’adolescence et la jeunesse favorise donc un développement optimal de la densité minérale osseuse et prévient le risque d’ostéoporose au cours de la vie adulte. Les carences en vitamine D314 sont également très fréquentes au sein de la population âgée. Elles s’expliquent par une réduction de l’apport en vitamines, mais aussi par une diminution de l’absorption de cette vitamine au niveau intestinal et de sa synthèse au niveau cutané ainsi qu’une réduction de la transformation de cette vitamine sous sa forme la plus active. La vitamine D315 est une vitamine liposoluble présente dans le corps sous forme de : - cholécalciférol (D3), produit par les animaux et présent en grande quantité dans l’huile de poisson et le jaune d’oeuf ; - ergocalciférol (D2), dérivé des plantes et des levures. La vitamine D joue son rôle au niveau des intestins, facilitant l’absorption du calcium et du phosphore par les reins, augmentant sa réabsorption au niveau des os, assurant ainsi une minéralisation osseuse optimale, tout en maintenant un niveau de calcium et de phosphore constant dans l’organisme. Etant donné que la majeure partie de la vitamine D est synthétisée de façon indépendante par la peau grâce à l’exposition au rayonnement solaire, il est difficile d’émettre des recommandations quant à sa supplémentation chez l’adulte. Toutefois, en cas d’augmentation des besoins ou de synthèse insuffisante du calcium, par exemple chez les personnes âgées très peu exposées au rayonnement solaire, il est recommandé d’apporter une supplémentation en vitamine D d’environ 10 mg / jour316. Les aliments contenant le plus de vitamine D sont le foie, les huiles de foie de poisson (en particulier l’huile de foie de morue), les poissons gras comme le saumon et les sardines, le lait et les produits laitiers (en particulier le beurre) et les oeufs. Enfin, plusieurs études montrent qu’en complément du calcium et de la vitamine D, d’autres micronutriments peuvent prévenir l’apparition de l’ostéoporose en favorisant la santé des os sur le long terme317, 318. Il s’agit d’antioxydants essentiels, des substances
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3. SYNTHÈSE DES DIRECTIVES POUR L’ADOPTION D’UNE ALIMENTATION ÉQUILIBRÉE AFIN DE PRÉVENIR L’APPARITION DES PRINCIPALES MALADIES CHRONIQUES
3. SYNTHÈSE DES DIRECTIVES POUR L’ADOPTION D’UNE ALIMENTATION ÉQUILIBRÉE AFIN DE PRÉVENIR L’APPARITION DES PRINCIPALES MALADIES CHRONIQUES Nutrition et bien-être pour une vie saine
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EN BREF : IL FAUT ADOPTER UN MODE DE VIE ET UNE ALIMENTATION « ÉQUILIBRÉS », CARACTÉRISÉS PAR LE CONTRÔLE DE L’ENSEMBLE DE L’APPORT CALORIQUE ABSORBÉ AU COURS DES REPAS, PAR UNE COMPOSITION APPROPRIÉE DES DIFFÉRENTS MACRO ET MICRONUTRIMENTS ET PAR UNE ACTIVITÉ PHYSIQUE RÉGULIÈRE
1.
Pratiquer une activité physique régulière à raison de 30 à 60 minutes par jour en moyenne, qu’il s’agisse d’une activité physique modérée (pratique de la marche ou du vélo par exemple) ou intense (courir, nager, pratiquer un sport d’équipe, etc.), et ce quasiment tous les jours de la semaine. 2. Éviter le surpoids et l’obésité à court et à long terme (en veillant aussi à ne pas reprendre le poids perdu). 3. Éviter la consommation excessive d’alcool (pas plus d’un verre par jour pour les femmes et deux pour les hommes). 4. Ne pas fumer. 5. Adopter un régime équilibré, en limitant l’apport calorique total et en absorbant les doses recommandées des différents macro et micronutriments. 6. Augmenter (jusqu’à environ 400 g/jour) la consommation de fruits et légumes en privilégiant les produits riches en fibres : consommer 4 à 5 portions de fruits et légumes par jour, par exemple pour le goûter ou comme en-cas. 7. Préférer les glucides complexes et augmenter la consommation de céréales complètes (pain ou pâtes fabriqués à partir de farine complète). 8. Augmenter la consommation de légumineuses. 9. Consommer 2 à 3 portions de poisson par semaine. 10. Préférer les assaisonnements à base d’ingrédients d’origine végétale (huiles végétales) et non animale (beurre, saindoux). 11. Limiter la consommation d’aliments riches en matières grasses (hot-dogs, sauces, crème fraîche, produits laitiers, saucisson, etc.) et préférer les produits maigres
Nutrition et bien-être pour une vie saine
A
u regard des résultats obtenus par les principales études publiées par la littérature scientifique, il apparaît clairement qu’il serait utile de traduire ces données scientifiques souvent complexes et particulièrement techniques sous forme de recommandations nutritionnelles pouvant être comprises par un public non spécialisé. Afin de procéder de manière à la fois rigoureuse et scientifique, nous avons analysé les directives émises par les instituts et organismes scientifiques internationaux les plus importants et les plus compétents en matière d’alimentation et de mode de vie pour la prévention des principales maladies chroniques. Nous avons mis l’accent sur les maladies les plus courantes et les plus graves : maladies cardiovasculaires, diabète et cancer. Ces directives consistent dans la plupart des cas en recommandations alimentaires et comportementales visant à prévenir également l’apparition des maladies neurodégénératives et de l’ostéoporose (même si ces maladies ne sont pas forcément mentionnées au cours de ce chapitre). En comparant les différentes recommandations alimentaires et comportementales proposées au niveau international, nous avons élaboré une synthèse mettant en avant les points communs entre les diverses approches de prévention de chaque maladie chronique. Nous avons ainsi mis en évidence les indications nutritionnelles et alimentaires qui, en associant étroitement choix alimentaires et mode de vie, peuvent constituer un outil synthétique et concret permettant de prévenir l’ensemble des maladies chroniques et de conserver une bonne santé de manière générale. Le leitmotiv de ce « manuel » en 16 points, s’il faut en trouver un, consiste probablement à insister sur la nécessité d’adopter, à des fins de prévention, un mode de vie et une alimentation « équilibrés », en limitant l’apport calorique de l’alimentation, en garantissant l’apport recommandé en macro et micronutriments et en pratiquant une activité physique régulière (même limitée). Comme nous l’avons constaté, il existe de nombreux éléments convergents sur le thème de l’alimentation visant à prévenir les principales maladies chroniques. Une analyse conjointe permet de définir les comportements et modes de vie à adopter afin d’avoir une alimentation équilibrée et de prévenir entre autres l’apparition des maladies cardiovasculaires, du diabète et du cancer. Dans de nombreux cas, de telles recommandations peuvent avoir des effets positifs sur la prévention et même l’apparition des maladies neurodégénératives et de l’ostéoporose, maladies souvent liées à l’âge.
Modes de vie, comportements et alimentation
73
Figure 3.1. Schéma de la méthodologie utilisée pour synthétiser les différentes directives en vue d’adopter une alimentation et un mode de vie équilibrés SYNTHÈSE DES DIRECTIVES
1
30 minutes d’activité physique par jour
2 ALIMENTATION ET MODE DE VIE EQUILIBRÉS
3
Consommer 2 à 3 portions de poisson par semaine
10
Éviter la consommation excessive d’alcool
Éviter le surpoids et l’obésité
11 9
Source : OMS, 2002.
BARILLA CENTER FOR FOOD & NUTRITION
Préférer les assaisonnements à base d’ingrédients d’origine végétale
4
5
6
Ne pas fumer
Limiter la consommation d’aliments riches en matières grasses
12
Adopter un régime équilibré
13
Augmenter la consommation de fruits et légumes
Limiter la consommation de viande et de volaille à 3 à 4 portions par semaine
Limiter la consommation d’aliments frits
14
Préférer les glucides complexes et augmenter la consommation de céréales complètes
7
Limiter l’ajout de sel
15
8
Augmenter la consommation de légumes
Limiter la consommation d’aliments et de boissons riches en sucre
16
Éviter la consommation au quotidien de compléments alimentaires
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© Rich Reid/National Geographic Stock
Les nouvelles Directives Diététiques pour les Américains émises par l’USDA en 2010
La publication en 2010 des Dietary Guidelines for Americans fait suite à une complète révision des données sur lesquelles sont basées les différentes informations et recommandations en matière alimentation saine et équilibrée (http://www. cnpp.usda.gov/dietaryguidelines.htm). Cette publication met principalement l’accent sur deux aspects fondamentaux : atteindre et conserver un « poids santé » et consommer des aliments et boissons riches en nutriments essentiels. Durant ces trente dernières années, l’United States Department of Agriculture (USDA) et le Department of Health Services (HHS) ont fait appel à des experts afin d’évaluer les résultats présentés par la littérature scientifique et d’émettre des recommandations en matière de régime alimentaire et de santé. Les directives alimentaires établies pour le public américain ont ensuite été appliquées aux différentes politiques et aux organismes de santé publique. Aux États-Unis, ces recommandations ont une incidence sur les programmes alimentaires et nutritionnels du Supplemental Nutrition Assistance Program (SNAP) ; http://www.fns.usda.gov/snap/snap.htm), du programme Women, Infants and Children (WIC) ; http://www.fns.usda.gov/wic/) et du National School Lunch Program (http:// www.fns.usda.gov/cnd/lunch/). Ces recommandations ont également un impact sur les informations nutritionnelles figurant sur l’emballage des produits alimentaires, sur la sensibilisation à la sécurité alimentaire et sur les différents programmes alimentaires du Center for Nutrition Policy and Promotion de l’USDA (CNPP), http:// www.fns.usda.gov/cnd/lunch/), chargé de la sensibilisation des consommateurs aux
moyens de rester en bonne santé grâce à une meilleure alimentation. Un comité consultatif composé d’experts dans le domaine de la nutrition, de la médecine, de la santé publique et des sciences de l’alimentation est nommé tous les cinq ans avec pour tâche d’examiner de manière critique les données fournies par la littérature scientifique et de proposer des recommandations en vue d’adopter de bonnes habitudes alimentaires. Parmi les 23 conseils contenus dans les recommandations diététiques adressées aux enfants de 2 ans et plus et destinées à prévenir les maladies chroniques, on note deux principaux impératifs : - préserver l’équilibre énergétique ; - consommer des aliments et des boissons riches en nutriments essentiels.
Déroulement Le processus d’élaboration de ces directives comprend trois étapes principales : - la constitution du Comité consultatif sur les directives alimentaires ; - la révision et la critique des différentes directives alimentaires par le comité consultatif ; - l’élaboration et la révision des Directives diététiques pour les Américains. Treize experts hautement diplômés et dotés d’une vaste expérience en matière de santé publique, ont procédé à une étude systématique de 130 problématiques en se basant sur des données scientifiques. Ils ont pour ce faire procédé à la consultation et à l’étude, de manière totalement transparente et publique, de la Nutrition Evidence Library, véritable « bibliothèque » où sont recueillies et conservées l’ensemble
Nutrition et bien-être pour une vie saine BCFN Index 2011
Nutrition et bien-être pour une vie saine
(comme les yaourts allégés ou le lait écrémé) 12. Limiter la consommation d’aliments frits. 13. Limiter la consommation de viande ou de volaille à 3 à 4 portions par semaine. 14. Limiter l’ajout de sel en tenant compte de la teneur en sel des aliments (ne pas ajouter plus de 5 à 6 grammes de sel, soit une cuillère à café environ). 15. Limiter la consommation d’aliments ou de boissons riches en sucre (pâtisseries, sodas, etc.). 16. Éviter la consommation au quotidien de compléments alimentaires.
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différentes questions spécifiques ont été développées. Un total de 130 questions a été approuvé par le comité consultatif puis transmis aux différents souscomités. L’approche PICO (Population, Intervention, Comparateur, « Outcom » ou résultat) et la définition des critères d’inclusion et d’exclusion ont été évaluées stratégiquement pour chaque recherche au sein des documents publiés. Les problématiques abordées, choisies en continuité avec les directives de 2005, ont permis d’étudier la littérature scientifique publiée de 2004 à 2009. Concernant les sujets n’ayant pas été abordés par le comité lors de l’élaboration des directives de 2005, la plage de données étudiées a en revanche été élargie en tenant compte de l’avis d’experts et des recherches bibliographiques exploratives.
Préserver l’équilibre énergétique
Conserver un apport équilibré en calories sur le long terme est un aspect essentiel pour conserver un « poids santé ». De nombreuses études récentes indiquent qu’environ 60 % de la population adulte ne sait pas ce que sont les calories ou l’équilibre énergétique. De nombreux consommateurs ne sont donc pas conscients de la relation qui existe entre leur consommation de nourriture et de boissons et leur poids. L’activité physique doit également être prise en considération quand on aborde la question du maintien d’un poids normal ou « poids santé ». Il est important de souligner que bon nombre des effets bénéfiques pour la santé obtenus grâce à l’activité physique ne sont pas liés au poids. Les cinq principales sources de calories de l’alimentation américaine sont les desserts à base de céréales, le pain levé, le poulet ou les plats à base de poulet, les boissons gazeuses, énergétiques et isotoniques et les pizzas. La consommation d’aliments particulièrement caloriques varie selon Problématiques abordées les tranches d’âge : les boissons alcoolisées constituent par exemple une source Avant de lancer la recherche systématique, importante de calories chez l’adulte tandis
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des études liées à la nutrition (www.NEL. gov). Cette base de données rassemble l’ensemble des protocoles de recherche et propose un large choix de publications, de documents de synthèse et de conclusions en rapport avec la nutrition. Les données étudiées, accompagnées des commentaires reçus de la part du grand public, ont permis l’élaboration d’un document de 445 pages qui a alors été soumis à l’approbation de l’USDA et du HHS. Ce rapport, accompagné des commentaires du grand public et des révisions apportées en interne par des nutritionnistes et des responsables politiques, a permis l’élaboration d’un document de 95 pages approuvé par l’USDA et par le HHS précisant les politiques à adopter en matière de santé. Les études prises en compte lors de la consultation de la Nutrition Evidence Library devaient répondre aux critères suivants : - études sur l’homme ; - pays développés ; - langue anglaise ; - revues soumises à un examen collégial. En utilisant des méthodes de recherche et de sélection spécifiquement adaptées aux problématiques concernées. Les critères de sélection des études tenaient compte de nombreux facteurs, notamment de : - l’âge des sujets (enfants, adultes, etc.) ; - l’environnement dans lequel l’étude a été menée (établissement hospitalier ou non, etc.) ; - le nombre de sujets impliqués dans chaque domaine d’étude ; - le taux d’abandon ; - les caractéristiques de l’intervention ; - l’évaluation des résultats (approuvés, cliniquement pertinents, etc.) ; - la méthodologie de l’étude (essais aléatoires contrôlés, test épidémiologique, etc.).
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Aliments riches en nutriments essentiels La plupart des aliments courants sont en général plus riches en calories qu’en nutriments essentiels, alors que les aliments à teneur élevée en nutriments essentiels sont des aliments également riches en vitamines, minéraux et composés phytochimiques. Ces derniers sont généralement des aliments maigres ou pauvres en matières grasses ou sans ajout de matières grasses, de sucres, d’amidon ou de sel et qui contiennent des composants présents dans la nature, comme les fibres. Il s’agit par exemple des légumes, fruits, céréales complètes, poisson, oeufs et noix ou de plats préparés sans ajout de matières grasses ou de sucre. Les viandes maigres, la volaille et les produits laitiers maigres ou allégés sont également considérés comme riches en nutriments essentiels.
Aliments et ingrédients dont il faut limiter la consommation Les aliments et ingrédients primaires dont il convient de limiter la quantité sont le sel, les matières grasses, certains sucres ajoutés, les céréales raffinées et l’alcool.
L’un des défis majeurs concerne notamment la réduction du sodium à usage alimentaire : la dose journalière recommandée pour les enfants et les adultes de moins de 50 ans doit être inférieure à 2300 mg (soit 5,8 g [environ une cuillère à café] de sel de table). Pour les adultes dont la pression sanguine pourrait être réduite grâce à une limitation de l’apport en sodium alimentaire, la dose recommandée est de 1500 mg par jour. La réduction de la teneur en sel des aliments exige une action immédiate et urgente de la part de l’industrie alimentaire. Il est cependant important de souligner qu’une telle action ne peut en aucun cas remettre en cause la sécurité alimentaire souvent garantie précisément par l’ajout de sel qui permet en effet d’assurer la conservation des aliments. Il est également de la responsabilité du consommateur de consulter les informations nutritionnelles des produits qu’il achète et de contrôler son apport journalier en sel. De nombreuses données scientifiques indiquent qu’une consommation d’acides gras saturés représentant moins de 10 % de l’apport calorique total permettrait de réduire le risque de maladie cardiovasculaire. Les effets bénéfiques d’une réduction de la consommation d’acides gras saturés peuvent être augmentés de 50 % environ grâce à la substitution isoénergétique entre acides gras monoinsaturés et polyinsaturés. Le principe consistant à réduire au minimum l’absorption d’acides gras trans industriels se confirme encore une fois. Les nouvelles recherches menées sur les acides gras trans issus des ruminants suggèrent cependant que, consommées en quantité raisonnable, ces graisses ne présentent pas de risque pour la santé. Toutefois, lorsque ces acides gras sont consommés en quantité 5 à 7 fois supérieure aux doses recommandées, les résultats obtenus concernant les risques potentiels pour la santé semblent manquer de cohérence. Le cholestérol contenu dans les aliments doit être limité à une dose journalière de
300 mg. De nouvelles données scientifiques démontrent l’excellente valeur nutritionnelle des oeufs et valident les modifications apportées au profil nutritionnel de cet aliment. Il est important de souligner que le fait de consommer un jaune d’oeuf par jour ne semble augmenter ni la cholestérolémie ni le risque de maladie cardiovasculaire. De nombreux aliments contiennent des acides gras saturés. Les aliments représentant 5 % ou plus de l’apport en acides gras saturés dans l’alimentation américaine sont le fromage, les pizzas, les desserts à base de céréales, les desserts à base de lait, le poulet et les plats à base de poulet, les saucisses (notamment les saucisses de Francfort), le bacon et les côtelettes. Il n’est donc pas surprenant que ces sources de graisses saturées soient aussi les aliments les plus caloriques. Les ingrédients alimentaires dont la quantité doit également être réduite sont les graisses solides et les sucres ajoutés car, une fois combinées, ces substances représentent plus d’un tiers des calories contenues dans le régime alimentaire des Américains. Il est toutefois important de rappeler que la méta-analyse de quatre études cliniques a conclu que l’acide stéarique, un acide gras saturé, n’augmentait pas le risque de maladie cardiovasculaire. Cette observation se base sur le fait qu’il ne semble avoir aucun effet sur le rapport C-LDL/C-HDL et un effet neutre sur le cholestérol LDL. Les principales sources d’acide stéarique sont les aliments à forte teneur en calories et en graisses. Il est d’ailleurs intéressant de noter que l’acide stéarique est un acide gras fonctionnel du chocolat, dont il faut rappeler qu’il peut, s’il s’agit de chocolat noir, avoir des effets bénéfiques importants sur la santé grâce à sa forte concentration en polyphénols. Les aliments de l’alimentation courante contenant des sucres ajoutés sont aussi les plus riches en calories et en graisses solides. Les données historiques affirment par ailleurs que les boissons énergisantes sucrées sont la principale source de sucres ajoutés dans l’alimentation américaine. Des données
plus récentes indiquent cependant un nette recul de la consommation de boissons sucrées, en parallèle avec la quasi-élimination de ces produits dans les écoles primaires et les collèges des États-Unis. Les produits à base de céréales raffinées contiennent généralement des graisses solides, des sucres ajoutés et du sel. Ces produits, dont le pain levé, les pizzas, les desserts à base de céréales, les tortillas, burritos et autres tacos, les pâtes et les plats à base de pâtes représentent environ 60 % de la consommation totale de céréales raffinées. Cependant, les produits à base de céréales raffinées contiennent également des nutriments essentiels tels que la vitamine B9 (ou acide folique) qui a été rendue obligatoire en 1996, ainsi qu’une grande variété de minéraux et de vitamines ajoutés lors de l’enrichissement des aliments, comme l’exige la réglementation américaine en matière d’alimentation. Concernant la consommation d’alcool, les recommandations incitant à une consommation d’alcool modérée restent inchangées : jusqu’à deux verres par jour pour les hommes et un verre pour les femmes.
Aliments et nutriments à privilégier De nombreux aliments devraient être consommés en plus grande quantité car ils contribuent à garantir l’apport recommandé en nutriments, à réduire le risque de maladie et à conserver une bonne santé de manière générale. Tout en respectant leurs besoins énergétiques, les consommateurs sont invités à augmenter leur consommation de légumes, de fruits, de céréales complètes, de lait, de produits de la mer (particulièrement le poisson, en remplacement de la viande), de volaille et d’huiles végétales. La consommation régulière de ces aliments contribue à l’apport recommandé des différents nutriments essentiels, en particulier du potassium, des fibres alimentaires, du calcium et de la vitamine D. Les céréales complètes ont un effet bénéfique
Nutrition et bien-être pour une vie saine BCFN Index 2011
78
que le lait représente la principale source de calories chez les enfants en bas âge. Cependant, certaines études indiquent que trop peu d’enfants consomment du lait, qui contient pourtant un grand nombre de nutriments essentiels, qu’il soit allégé ou non. Les comportements et les habitudes alimentaires sont des aspects qu’il est important d’évaluer afin d’aider les populations à réguler leur apport énergétique et leurs dépenses en calories. Pour ce faire, il est fondamental de réduire les portions, en particulier pour les aliments riches en calories, et de privilégier les aliments sains lorsque l’on mange hors de chez soi. Il est également important de limiter le temps passé devant la télévision ou l’ordinateur et d’augmenter l’activité physique.
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BCFN Index Nutrition et bien-être 2011 pour une vie saine
celle qui connaît actuellement la plus forte augmentation. Ces populations doivent consommer des aliments naturellement riches ou enrichis en vitamine B12.
Adopter des habitudes alimentaires saines Pour le consommateur, l’objectif consiste à suivre les recommandations émises à partir de données scientifiques en les intégrant à un régime alimentaire global permettant d’optimiser les effets bénéfiques sur la santé. Ces habitudes alimentaires qui respectent les quantités recommandées en aliments et en nutriments peuvent être adaptées aux choix et aux préférences alimentaires des individus et satisfaire leurs besoins nutritionnels tout en ne dépassant pas leurs besoins énergétiques. De nombreuses données publiées par la littérature scientifique montrent qu’il est possible d’obtenir de bons résultats en termes de santé grâce aux approches diététiques contre l’hypertension (Dietary Approaches to Stop Hypertension ou DASH), associées à des habitudes alimentaires inspirées du régime méditerranéen ou à certains régimes végétariens.
ajoutés, de céréales raffinées et de sel pter des habitudes alimentaires saines : est quant à elle nettement au-delà des - les produits alimentaires disponibles limites recommandées. sur le marché et l’environnement ou les lieux où pratiquer une activité physique ont un impact majeur sur le Faire le bon choix en matière de choix des populations en matière d’alisanté mentation et d’activité physique ; - chaque aspect de la société a un vrai Deux domaines principaux ont une influence rôle positif à jouer dans le projet visant sur la capacité des consommateurs à adoà améliorer la santé des Américains.
Figure 3.2. Dietary Guidelines for Americans (2010) RECCOMANDATIONS Pourcentage de la consommation comme but ou limite
0%
On doit manger plus: Céréal compléte
Ce graphique présente une comparaison entre l’alimentation de l’Américain moyen et les recommandations des Dietary Guidelines 2010. Comme on peut le voir sur ce graphique, la consommation de céréales complètes, de légumes, de fruits, de produits laitiers (maigres et allégés), de produits de la mer (principalement le poisson) et d’huile se situe en dessous des valeurs recommandées. Ce schéma montre également que l’apport en nutriments tels que les fibres, le potassium, la vitamine D et le calcium reste un sujet d’inquiétude. La quantité de matières grasses solides, de sucres
Calcium On doit manger moins:
81
52% 61%
40% 56% 42% 75% LIMITE À NE PAS SOURPASSER
Calorie de SoFAS
280%
Sucres ajouté
242%
Gras solides
281%
Grain réfiné
200%
Sodium Gras saturés
Source: OMS, 2002.
300%
42%
Huiles
Vitamine D
250%
59%
Lait
Fibres
200%
15%
Vegetables Fruits
150%
BUT À OBTENIR
Potassium
Recommandations étudiées
100%
50%
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reconnu sur la santé. Ce guide indique en effet qu’environ 50 % des céréales consommées doivent être complètes. Il existe trois manières d’atteindre cet objectif au quotidien : consommer 85 grammes d’aliments composés à 100 % de céréales complètes, ou 57 grammes d’aliments composés à 100 % de céréales complètes et 57 grammes de produits en partie à base de céréales complètes (> 51 %), ou alors 150 grammes de produits en partie à base de céréales complètes. La consommation de protéines est correcte chez la plupart des Américains. Cependant, une augmentation de la consommation de produits de la mer, en particulier de poissons comme le saumon, est à encourager. En effet, le poisson contient des protéines de qualité et offre un bon mélange d’acides gras insaturés essentiels, comme l’acide eicosapentaénoïque (EPA) et l’acide docosahexaénoïque (DHA) qui contribuent respectivement à la bonne santé du coeur et du cerveau. Les femmes en âge de procréer doivent consommer des aliments riches en fer hémique qui est facilement assimilé par l’organisme sans apport supplémentaire en vitamine C, contrairement à d’autres types d’apports ferriques (notamment le fer présent dans la farine enrichie) qui doivent être consommés avec une supplémentation en vitamine C pour assurer leur bonne assimilation. Les femmes de ce groupe sont également encouragées à prendre une supplémentation en vitamine B9, un nutriment que l’on trouve dans les légumes verts et dans la farine enrichie. Les femmes enceintes ou allaitantes doivent consommer environ 240 à 360 grammes de produits de la mer, principalement du poisson. Si l’on élimine les quatre types de poissons à forte teneur en mercure méthylique, soit les poissons de la famille des Malacanthidae (le requin, l’espadon et le maquereau royal) les effets bénéfiques sur la santé dépassent nettement les risques potentiels pour la santé. La tranche d’âge des plus de 50 ans est
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BCFN Index Nutrition et bien-être 2011 pour une vie saine
Existe-t-il un lien entre alimentation et santé dans les premières années de la vie ? Alimentation et croissance1 Dans les pays occidentaux, bon nombre des décès survenant à l’âge adulte sont liés à des pathologies résultant d’une alimentation trop abondante, de mauvaises habitudes alimentaires et d’un mode de vie trop sédentaire, habitudes souvent acquises dès le plus jeune âge. On sait que l’obésité infantile est un facteur majeur du risque d’obésité à l’âge adulte. D’autre part, et de manière plus générale, les modes de vie et les comportements acquis pendant l’enfance (préférences alimentaires, composition du régime alimentaire, répartition des apports alimentaires au cours de la journée, acquisition d’un mode de vie actif ou sédentaire, etc.) peuvent induire un comportement alimentaire adapté ou inadapté à l’âge adulte, en raison d’un « effet-mémoire » lié aux habitudes acquises. Il est donc fondamental de veiller, et ce dès la petite enfance, à l’adoption de comportements alimentaires adaptés, notamment de bonnes habitudes alimentaires au quotidien et un mode de vie sain. S’il s’avère difficile, voire impossible, d’éradiquer certaines des causes profondes du surpoids et de l’obésité aux travers d’actions préventives ou thérapeutiques car elles sont liées à des facteurs génétiques, d’autres peuvent au contraire faire l’objet d’actions préventives visant à modifier certains comportements en matière de mode de vie, d’alimentation et d’activité physique. Pour être véritablement efficaces et durables, de telles interventions doivent cependant commencer dès les premières phases de la vie. Comme l’a rappelé Claudio Maffeis à l’occasion du Second Forum International sur l’Alimentation et la Nutrition, « les premières années de la vie constituent une période très importante dans le développement de l’organisme. [...] Bien manger pendant la période de croissance est très utile car cela garantit non seulement une croissance et un développement [corrects] chez l’enfant, mais constitue également une défense contre les maladies et les désordres métaboliques qui peuvent apparaître au cours de la vie ». Compte tenu de l’importance de l’alimentation pendant l’adolescence, particulièrement afin de prévenir les principales maladies chroniques, les gouvernements et les différentes organisations internationales en charge des problématiques liées à la santé ont formulé certaines directives définissant quel régime équilibré devrait être adopté aux différents stades de la vie, insistant particulièrement sur l’adolescence2. En général, en ce qui concerne la répartition des différents repas au cours de la journée, il est nécessaire de rappeler que les spécialistes de la nutrition relèvent cinq moments fondamentaux pour la prise des aliments chez l’enfant. Voici par exemple une répartition hebdomadaire équilibrée : - céréales (pain et pâtes) : tous les jours ; - fruits et légumes : tous les jours ; - lait et produits laitiers : tous les jours ; - viande : 2 à 3 fois par semaine ; - poisson : au moins 3 fois par semaine ; - fromage : 2 fois par semaine ; - oeufs : 1 à 2 fois par semaine ; - légumes secs : au moins 2 fois par semaine. En complément d’indications plus strictement nutritionnelles, il apparaît nécessaire de rappeler qu’une activité physique régulière (pratiquée de préférence en plein air) est l’un des facteurs fondamentaux de la bonne santé de l’enfant et de l’adolescent (elle a par ailleurs un impact particulièrement positif sur la réduction du risque de survenue des principales maladies chroniques au cours de la vie et à l’âge adulte).
BIEN MANGER PENDANT L’ÂGE ÉVOLUTIF EST TRÈS UTILE CAR NON SEULEMENT CELA GARANTIT UNE CROISSANCE ET UN DÉVELOPPEMENT CORRECTS CHEZ L’ENFANT, MAIS C’EST AUSSI UNE DÉFENSE CONTRE LES MALADIES MÉTABOLIQUES QUI POURRAIENT APPARAÎTRE AU PLUS TARD AU COURS DE LA VIE
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Quatre points sont à prendre en compte et nutrigénomiques peuvent avoir un quant au cadre socio-écologique perimpact sur la santé. On observe en efmettant la prise de décision : fet différents types de polymorphisme - normes et valeurs socioculturelles sysgénétique, notamment les FAD (désatèmes de croyances, patrimoine, reliturase d’acides gras 1 et 2) et le clusgion, priorités, mode de vie et image du ter APOA1/C3/A4/A5 qui influent sur corps ; les apoprotéines et le taux d’élimina- secteurs d’influence gouvernement, tion postprandiale des acides gras. Ces santé publique et système de santé, polymorphismes peuvent avoir un imagriculture, marketing et médias, défipact à la fois sur les effets bénéfiques nition et sécurité de la société, fondaet les risques liés à la consommation tions et organismes de financement, d’acides gras. sans oublier les différents secteurs - probiotiques et prébiotiques – il a été d’activité [industrie alimentaire, boisdémontré que le microbiote de l’orgasons, sport et loisirs] ; nisme humain avait un impact signifi- environnement lieux de vie, établissecatif sur la santé. La consommation de ments scolaires, lieux de travail, équicertaines souches de probiotiques et de pements et infrastructures de loisirs, certaines formes de prébiotiques peut restauration et commerces, autres avoir des effets bénéfiques sur la santé, environnements socioculturels ; surtout pour les catégories de la popu- facteurs individuels facteurs démolation telles que les nouveau-nés, les graphiques, facteurs psychologiques, enfants et les personnes âgées. connaissances et compétences, interactions génétiques et environnementales, autres facteurs personnels, alimentation Synthèse et boissons consommées et activité physique. Les Directives diététiques des Américains de 2010 proposent différentes recommandations basées sur les données Recommandations pour la recherche scientifiques en matière de nutrition dans le but de : Le Comité des Directives diététiques a - améliorer la santé des populations ; identifié plus de 70 points sur lesquels - réduire le risque de maladies chrobaser la recherche, notamment : niques ; - polyphénols (substances phytochi- - réduire la prévalence du surpoids et de miques) – il est en effet nécessaire l’obésité. d’évaluer leur impact sur la santé, en Ces directives s’efforcent d’intégrer difparticulier au travers d’études pharma- férents conseils diététiques permettant cocinétiques et de type ADME (Absorp- d’adopter des habitudes alimentaires tion, Distribution, Métabolisme, Élimi- adaptables à chacun et dont le but est nation). Les aliments contenant des de retrouver ou conserver un bon état de polyphénols sont notamment le cho- santé général. Pour profiter au mieux des colat, les noix et noisettes, les fruits et effets bénéfiques de ces directives nutriles légumes, les graines et les céréales. tionnelles, les consommateurs sont invités Il est également important de tenir à respecter l’ensemble des recommandacompte de la composition de l’aliment tions proposées, en particulier celles qui dans son entier. concernent le maintien d’un apport éner- génétique – certaines données scien- gétique adapté et la consommation d’alitifiques récentes indiquent que les ments à forte teneur en nutriments. facteurs génétiques, épigénétiques
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Existe-t-il un lien entre alimentation et santé au cours de l’âge mûr ? Alimentation et longévité3 LA POPULATION ÂGÉE A AUGMENTÉ AU NIVEAU MONDIAL AVEC UNE TENDANCE À LA CROISSANCE CONSTANTE : SELON DES ESTIMATIONS, EN 2050 LA POPULATION DE PLUS DE 65 ANS SERA CONSTITUÉE DE 1,9 MILLIARD DE PERSONNES. CETTE CROISSANCE POURRAIT AFFECTER NÉGATIVEMENT BEAUCOUP DE PAYS, AUSSI BIEN INDUSTRIALISÉS QU’EN DÉVELOPPEMENT, CAR ENVIRON 80 % DES PERSONNES ÂGÉES (DE PLUS DE 65 ANS) SONT AFFECTÉES D’AU MOINS UNE MALADIE CHRONIQUE, ET ENVIRON 50 % SONT AFFECTÉS DE DEUX OU PLUSIEURS PATHOLOGIES CHRONIQUES
Selon les estimations de l’ONU, notre planète comptera plus de 8 milliards d’habitants en 2025, principalement du fait de l’augmentation de l’espérance de vie moyenne au niveau mondial. Au cours de ces cent dernières années, l’espérance de vie à la naissance a presque doublé, passant de 45 ans à la fin du 19ème siècle à environ 80 ans en 2010. Le pourcentage de personnes âgées a augmenté de manière impressionnante, passant par exemple en Italie de 4 % en 1900 à 20,6 % en 2010. Dans ce pays, les personnes âgées de plus de 65 ans représenteront 34 % de la population en 2050 : une personne sur trois sera une personne âgée, cette augmentation du nombre de personnes âgées pouvant être observée au niveau mondial. De 1950 à 2010, la population âgée a augmenté de 13 % par an en moyenne au niveau mondial, une augmentation qui ne semble pas devoir s’arrêter : on estime en effet qu’en 2050 les plus de 65 ans représenteront quelque 1,9 milliard de personnes au niveau mondial. Ces évolutions démographiques s’avèrent extrêmement préoccupantes et pourraient remettre en cause le système de santé de nombreux pays, qu’ils soient industrialisés ou émergents. En effet, environ 80 % des personnes âgées (de plus de 65 ans) souffrent d’au moins une maladie chronique, environ 50 % d’entre elles étant atteintes de deux maladies chroniques ou plus (maladies cardiovasculaires et cérébrovasculaires, cancer, diabète sucré, hypertension artérielle, maladies pulmonaires chroniques)4. Et ces chiffres ne peuvent qu’augmenter du fait de l’épidémie d’obésité et de diabète que l’on observe actuellement, notamment chez les plus jeunes. Le surpoids et l’obésité (en particu-
lier l’obésité abdominale) sont associées à une hausse du risque de maladie cardiovasculaire et de cancer, ces deux pathologies représentant environ 70 % des décès dans la plupart des pays industrialisés et en voie de développement. Compte tenu de ces évolutions démographiques, de l’actuelle épidémie d’obésité et de la dégradation du mode de vie (sédentarité, alimentation hypercalorique, tabagisme), il devient vraiment indispensable de concevoir et de mettre en place différentes actions afin de prévenir les maladies chroniques liées au vieillissement et améliorer la qualité de vie, c’est-à-dire réduire l’écart entre durée de vie (lifespan) et durée de vie en bonne santé (healthspan). Il est plus que jamais nécessaire de définir et d’adopter un mode de vie permettant de « bien vieillir » (healthy aging ou successful aging), en faisant en sorte de demeurer physiquement et mentalement en bonne santé, heureux, actif, fort, indépendant et socialement actif le plus longtemps possible, idéalement tout au long de la vie. Sans modification de notre mode de vie, l’allongement de la vie pourrait ne plus signifier une vie meilleure mais au contraire une vieillesse où la qualité de vie serait fortement dégradée, et ce sur une période de temps nettement plus longue. Pour atteindre cet objectif ambitieux, il est nécessaire d’aborder le problème du vieillissement et des maladies qui y sont associées en adoptant une approche préventive globale. La démarche consistant à lutter contre une maladie uniquement quand elle est détectée par un médecin est en effet par essence erronée et ne permet pas de relever efficacement le défi auquel nous faisons face aujourd’hui : réduire l’écart entre lifespan et healthspan. Le vieillissement est un processus provoqué par l’addition progressive dans le temps de dommages causés à l’ADN, aux cellules et aux organes de l’ensemble de l’organisme, les mécanismes de réparation de ces dommages ne fonctionnant plus. Accumulés, ces dommages provoquent une altération progressive d’un grand nombre de fonctions physiologiques et d’éléments vitaux de l’organisme. De récentes études ont démontré que le mode de vie (nutrition, activité physique, exposition à la fumée de cigarette, aux substances toxiques, à la radioactivité et à la pollution) a une influence majeure sur le processus de vieillissement. Par exemple, un régime hypercalorique, riche en matières grasses animales et pauvre en nutriments (vitamines, sels minéraux, etc.) et une vie sédentaire favorisent l’apparition de l’obésité, du diabète sucré, de l’hypertension artérielle, des maladies cardiovasculaires et du cancer, ainsi que l’accélération du processus de vieillissement. Au contraire, plusieurs études scientifiques ont démontré qu’un régime limitant les calories et riche en nutriments pouvait ralentir le processus de vieillissement et prévenir la majorité des maladies chroniques associées au vieillissement. Même si l’on ne peut stopper ou inverser le processus naturel de vieillissement, il est néanmoins possible d’agir de manière décisive sur le vieillissement environnemental (ou secondaire) et d’influer sur le vieillissement intrinsèque (ou primaire) en ralentissant les processus naturels de vieillissement et surtout en intervenant sur les maladies chroniques associées à ces processus (obésité, diabète, syndrome métabolique, cancer, maladies cardiovasculaires, hypertension, processus inflammatoires). Dans ce cadre, le rôle central joué par l’alimentation et le mode de vie apparaît clairement, notamment pour prévenir l’apparition de ces maladies, atténuer de leurs effets et finalement faire en sorte de conserver une bonne qualité de vie plus longtemps. On sait notamment que certaines actions ou approches contribuent à ralentir le processus de vieillissement dans la mesure où elles sont capables de prolonger l’espérance de vie moyenne et l’espérance de vie maximale d’un organisme et donc de ralentir les nombreuses modifications physiologiques et structurales (dues à l’âge) que subissent organes et tissus. D’importantes études ont en effet démontré que l’adoption d’un mode de vie globalement équilibré et notamment d’un régime alimentaire adapté pouvait en fait favoriser la « durée
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L’un des aspects essentiels d’un régime alimentaire équilibré est la variété. Un régime varié permet en effet aux enfants et aux adolescents d’obtenir facilement les nutriments nécessaires à leur croissance. En résumé, les directives à suivre pour adopter une alimentation et un mode de vie équilibrés et ainsi favoriser la croissance et la bonne santé de l’adolescent sont les suivantes : - adopter un régime alimentaire sain et équilibré qui intègre en alternance l’ensemble des principaux types d’aliments, nutriments et micronutriments (calcium, fer, vitamines, etc.) dont l’adolescent a besoin ; - éviter l’excès de calories, la consommation d’aliments particulièrement caloriques et riches en matières grasses ; - répartir de manière équilibrée les aliments au cours de la journée, en assurant un juste équilibre entre l’apport en protéines animales et végétales (ce ratio doit être égal à 1), en sucres simples et complexes (en limitant la consommation des confiseries et en mangeant plus de pain, de pommes de terre, de pâtes ou de riz) et en matières grasses animales et végétales (en consommant moins de saindoux, de beurre et plus d’huile d’olive) ; - limiter l’ajout de sel au minimum afin de réduire les risques d’hypertension, particulièrement à l’âge adulte ; - répartir l’apport alimentaire sous forme de cinq repas au cours de la journée (petit déjeuner, collation en milieu de matinée, déjeuner, goûter et dîner) ; - éviter de manger en dehors des cinq repas indiqués précédemment ; - pratiquer une activité physique pendant au moins une heure par jour, activités sportives et jeux divers inclus ; - éviter le plus possible la sédentarité, en particulier le temps passé devant la télévision ou l’ordinateur.
85 DES PREUVES SCIENTIFIQUES ONT DÉMONTRÉ QU’UN RÉGIME MODÉRÉMENT HYPOCALORIQUE ET RICHE EN NUTRIMENTS PEUT RALENTIR LE PROCESSUS DU VIEILLISSEMENT ET PRÉVENIR LA PLUPART DES PATHOLOGIES CHRONIQUES ASSOCIÉES AU VIEILLISSEMENT
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restriction calorique pouvait prévenir ou ralentir l’apparition de la plupart des maladies chroniques associées au vieillissement et prolonger la durée de vie jusqu’à 50 %7 : la restriction calorique permet par exemple de diminuer de manière spectaculaire (jusqu’à 60 %) le risque de tumeurs cancéreuses (première cause de mortalité chez les rongeurs)8. Enfin, comme le montrent certaines études9, chez les mammifères le vieillissement n’est pas nécessairement associé à l’apparition de maladies chroniques. Il est en effet possible de vivre longtemps sans tomber malade. D’autres études menées actuellement visent à mieux comprendre les mécanismes métaboliques et moléculaires qui sont à l’origine de ce phénomène. Les mécanismes expliquant l’effet « anti-âge » de la restriction calorique sont complexes et n’ont pas encore été pleinement éclaircis. De manière générale, en réduisant l’apport calorique (tout en assurant l’apport recommandé en nutriments), l’organisme tend à ralentir son processus de vieillissement pour mettre l’accent sur les systèmes dédiés à réparer les dommages qui lui sont causés : il se met en quelque sorte en « stand-by » et en mode « protection » dès qu’il perçoit que la quantité de nourriture est en diminution. Une étude récente a montré que, chez les singes, une réduction de 30 % de l’apport calorique pendant 20 ans réduisait de 50 % la mortalité due au cancer et aux maladies cardiovasculaires. Les singes soumis à une restriction calorique dans le cadre de cette étude semblaient également totalement protégés contre l’obésité et le diabète sucré. Les chercheurs ont aussi observé un ralentissement significatif de l’atrophie de certaines régions du cerveau chez les singes en restriction calorique, contrairement à ceux pouvant manger à volonté. On ne sait pas encore si un régime de restriction calorique assurant l’apport recommandé de tous les micronutriments essentiels peut ralentir le vieillissement chez l’homme. Audelà des nombreux effets positifs observés dans les études menées jusqu’à aujourd’hui, il faut souligner qu’une restriction calorique excessive peut également avoir des effets graves sur la santé.
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LES MÉCANISMES À LA BASE DE L’EFFET ANTIVIEILLISSEMENT DE LA RESTRICTION CALORIQUE SONT COMPLEXES ET PAS ENCORE COMPLÈTEMENT ÉLUCIDÉS. DE MANIÈRE GÉNÉRALE, EN PRÉSENCE D’UNE RÉDUCTION DE L’APPORT CALORIQUE, AVEC UN APPORT ADÉQUAT EN NUTRIMENTS, L’ORGANISME RALENTIT LE PROCESSUS DU VIEILLISSEMENT ET RENFORCE LES SYSTÈMES VOUÉS À RÉPARER LES DOMMAGES SUBIS
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DE RÉCENTES RECHERCHES SCIENTIFIQUES ONT MIS EN ÉVIDENCE LE LIEN ENTRE LES DIFFÉRENTES PATHOLOGIES CHRONIQUES ET L’ÉTAT D’INFLAMMATION « SILENCIEUSE » CRÉÉ PAR L’ADOPTION DE MODÈLES ALIMENTAIRES INCORRECTS, MAIS AUSSI QUE LE TYPE DE MODÈLE ALIMENTAIRE ADOPTÉ PEUT INFLUENCER LES RÉPONSES INFLAMMATOIRES DE L’ORGANISME DE MANIÈRE POSITIVE OU NÉGATIVE
de vie en bonne santé », confirmant ainsi le fait qu’il est véritablement possible de prévenir et d’atténuer les effets négatifs que de nombreux facteurs, à commencer par les maladies chroniques, ont et auront sur la longévité et sur la qualité de cette longévité. Deux domaines de recherche découverts récemment pourraient bien, dans un futur proche, venir confirmer les hypothèses existantes ou suggérer de nouveaux scénarios permettant de comprendre comment vivre mieux et plus longtemps : l’étude des états inflammatoires et de la restriction calorique. Concernant les états inflammatoires, il est important de souligner que la durée de vie potentielle de chaque individu est étroitement liée au bon fonctionnement des cellules jouant un rôle de protection et de constante réparation au sein de l’organisme. Ces cellules peuvent toutefois épuiser leur capacité de réplication, et donc leur potentiel de réparation, plus ou moins rapidement au cours de la vie, en fonction de certains facteurs. L’incapacité à remplacer les cellules « consommées » lors des processus de réparation conduit progressivement à l’apparition de phénomènes inflammatoires et dégénératifs, comme par exemple l’artériosclérose. Certaines maladies dégénératives chroniques peuvent résulter d’une incapacité progressive à faire face à un état de constante inflammation et à un échec progressif des processus de réparation (maladies neurodégénératives). D’autres maladies ou pathologies comme le diabète ou l’obésité conduisent au contraire à un état inflammatoire du sang et des tissus permettant un fonctionnement plus efficace des processus de réparation et ont donc un impact sur l’arrêt précoce de ces processus, arrêt qui se traduit par une réduction de l’espérance de vie. Dans un tel contexte, de récentes études scientifiques ont insisté sur le lien entre les différentes maladies chroniques et un état chronique d’inflammation « silencieuse » causé par de mauvaises habitudes alimentaires. Elles ont montré que le type de régime alimentaire adopté pouvait influer positivement ou négativement sur les réponses inflammatoires de l’organisme. Si le niveau d’inflammation est « bas », c’est-à-dire inférieur au seuil de la douleur et donc « silencieux », la présence prolongée d’un tel niveau d’inflammation silencieuse entraîne néanmoins un épuisement plus rapide des processus de réparation de l’organisme, ce qui finit par avoir un impact sur l’apparition de maladies chroniques et par conséquent, sur la durée et la qualité de vie des populations. Si l’on sait depuis longtemps que certaines blessures ou attaques microbiennes sont dues à des réponses inflammatoires de l’organisme, des études récentes indiquent que les habitudes alimentaires peuvent également avoir une influence positive ou négative sur ces réponses inflammatoires. L’inflammation cellulaire « silencieuse » est donc l’une des données permettant de déterminer l’origine de certaines maladies chroniques. En effet, ces inflammations provoquées par le type de régime alimentaire adopté entraînent de la part de l’organisme des « actions de réparation » dans lesquelles les télomères jouent un rôle essentiel. Comme nous l’avons vu précédemment, plus la fréquence et l’intensité des inflammations nécessitant l’intervention des télomères sont élevées, plus leur nombre tend à diminuer, jusqu’à épuisement complet. Le régime alimentaire adopté par les populations devient donc un facteur déterminant dans le traitement des états inflammatoires causés par l’obésité5, le diabète et les maladies cardiovasculaires. À la lumière des différentes recherches ayant été effectuées ou en cours actuellement, sur l’influence de l’alimentation sur la santé, il est possible d’affirmer que la restriction calorique sans malnutrition (soit une réduction des calories absorbées pouvant aller jusqu’à 50 %, mais avec un apport adapté en vitamines et sels minéraux) apparaît comme l’une des méthodes les plus efficaces pour ralentir le vieillissement et augmenter la durée de vie de nombreuses espèces animales6. Des centaines d’expériences menées sur les animaux ont démontré que la
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4. ADHÉSION DES MODÈLES ALIMENTAIRES LES PLUS RÉPANDUS AUX LIGNES DIRECTRICES IDENTIFIÉES POUR LE BIEN-ÊTRE DES PERSONNES
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LES INDICATIONS FOURNIES PAR LES SOCIÉTÉS SCIENTIFIQUES INTERNATIONALES LES PLUS INFLUENTES– MÊME DANS LEUR VASTE CONVERGENCE – NE PEUVENT NÉANMOINS PAS PORTER À L’IDENTIFICATION D’UN SEUL RÉGIME ALIMENTAIRE CORRECT. DES RAISONS LIÉES AUX SPÉCIFICITÉS TERRITORIALES, AUX TRADITIONS ALIMENTAIRES, AUX USAGES ET AUX COUTUMES DE CHAQUE PAYS OU RÉGION DU MONDE RENDENT IMPOSSIBLE ET FAUSSE LA PRÉTENDUE DIFFUSION D’UN RÉGIME IDÉAL UNIQUE
L
a synthèse des lignes directrices décrites au cours de cette étude a permis d’identifier un ensemble de comportements à adopter pour prévenir l’apparition de maladies chroniques. Les lignes directrices et les indications fournies par les sociétés scientifiques internationales les plus prestigieuses – lesquelles peuvent, parfois converger, – ne peuvent cependant pas conduire à l’identification d’un seul régime alimentaire parfait, véritable postulat, qui permettrait d’assurer une croissance correcte durant l’enfance, ainsi que des bénéfices optimums en termes de santé et de prévention des maladies, une longévité satisfaisante et une bonne santé dans les stades avancés de la vie. En réalité, les régimes adoptés par les personnes sont liés à des spécificités territoriales, aux traditions alimentaires, aux usages et aux coutumes de chaque pays ou région du monde1. Il est de ce fait impossible de développer et diffuser un régime alimentaire idéal. L’analyse comparée des lignes directrices internationales a permis de démontrer qu’il existe une convergence substantielle des habitudes alimentaires bénéfiques à la prévention des pathologies cancéreuses, des maladies cardiovasculaires et du diabète, mais aussi des maladies neurodégénératives et de l’ostéoporose. Ces analyses constituent ainsi un point de départ fondamental pour identifier des stratégies de prévention plus efficaces et uniformes. À travers un effort de simplification et de définition des lignes tendancielles à l’échelle mondiale, il est possible d’identifier dans le monde trois grandes traditions alimentaires, chacune caractérisée par ses traits typiques : le modèle méditerranéen, le modèle nord-américain et le modèle asiatique (qui comprend d’importantes variations en termes de traditions et de cultures, notamment japonaise, vietnamienne et chinoise). Le régime méditerranéen est le modèle adopté principalement dans les pays de la région méditerranéenne, en particulier en Italie, en Espagne, au Portugal, en Grèce et en France. Il s’agit d’un modèle alimentaire qui se distingue de par son équilibre nutritionnel. Ses quatre premières composantes (les fruits, les légumes, les produits dérivés des céréales, en particulier complètes, et les produits laitiers) présentent une répartition équilibrée aussi bien en termes de quantités absorbées (de 200 à 260 grammes par jour par groupe alimentaire) que par rapport à la consommation journalière (le total des quatre premières composantes est supérieur à 40 % des besoins journaliers). Généralement, ce régime tient compte des recommandations suggérées par les spécialistes scientifiques, il s’agit donc d’un des modèles les plus efficaces en termes de bien-être et de prévention des maladies. Le régime nord-américain est le modèle alimentaire qui prévaut aux États-Unis et au Canada ; il retient depuis longtemps l’attention du monde scientifique, inquiet du développement exponentiel de l’obésité et des maladies du métabolisme aux États-Unis. Il semble se caractériser par une consommation alimentaire excessive (environ 2 600 grammes contre les quelques
2 000 grammes journaliers des modèles méditerranéen et japonais) et par sa composition nutritionnelle déséquilibrée, trop orientée vers une surconsommation de viandes rouges et de sucreries, qui correspondent respectivement à 11,7 % et 7,1 % de l’apport journalier2. En réalité, il s’agit d’un régime riche essentiellement en protéines et en sucres, insuffisamment compensé par un bon apport en fruits et légumes. Ces caractéristiques font que le régime nordaméricain s’éloigne sensiblement des recommandations et des lignes directrices élaborées par les principales sociétés scientifiques internationales et il demande à être revu et modifié. Le régime japonais3, pris comme exemple des régimes alimentaires dominants dans les pays de l’Est de l’Asie, privilégie la consommation de céréales, qui représentent 24 % de la totalité des besoins journaliers, et de poisson avec 107 grammes quotidiens, dépassant ainsi largement les 45 grammes quotidiens du régime méditerranéen et les 18 grammes du régime nord-américain. En termes de composants alimentaires, ce régime est très similaire au régime méditerranéen, de même que dans la préparation des plats, le recours à la friture restant très modéré. Ce régime se caractérise par sa richesse en sels minéraux, en acides gras oméga-3 et en phosphore, dérivant surtout de la consommation de poisson. Ce régime nous permet de démontrer qu’il peut exister des styles alimentaires très différents les uns des autres, mais capables d’adhérer aux principes fixés par la recherche médicale.
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4. ADHÉSION DES MODÈLES ALIMENTAIRES LES PLUS RÉPANDUS AUX LIGNES DIRECTRICES IDENTIFIÉES POUR LE BIEN-ÊTRE DES PERSONNES
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© Richard Nowitz/National Geographic Stock
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C’
est en 1939 que naît le concept du régime méditerranéen suite aux travaux du nutritionniste Lorenzo Piroddi sur les liens qui existent entre alimentation et ls maladies telles quediabète, boulimie, obésité4. Puis, dans les années 1950, Ancel Keys5, médecin-savant de l’École de santé publique de l’Université du Minnesota (États-Unis), vint en vacances en Italie où il s’aperçut d’un fait très étrange pour l’époque : les personnes les moins bien nanties (pour ainsi dire, les « pauvres ») des petites villes de l’Italie du sud, qui mangeaient principalement du pain, des oignons et des tomates, étaient non seulement bien mieux portantes que les habitants de New York, mais aussi que leurs propres parents qui avaient émigré aux États-Unis des années auparavant. La valeur nutritionnelle du régime méditerranéen a été scientifiquement démontrée par la célèbre « Étude des sept pays »6, dirigée par Keys, dans laquelle les régimes adoptés par les populations de sept pays différents furent comparés afin d’évaluer les bénéfices et les points faibles de chacun d’entre eux. D’après les résultats obtenus, des associations entre le régime alimentaire adopté et le risque d’apparition des maladies chroniques7 furent découvertes : le niveau élevé d’acides gras saturés et de cholestérol dans le sang est un facteur qui permet aussi bien d’expliquer les différences dans les taux de mortalité que de prévoir les futurs taux de maladies coronariennes dans les populations analysées8. Le résultat final de cette étude indiqua que le meilleur régime alimentaire était celui des habitants de Nicotera, région de Calabre en Italie, qui avaient adopté un style alimentaire « méditerranéen. » Les population de Nicotera, de Montegiorgio (dans la région Marches) et de la région de Campanie, en Italie, avaient un taux très bas de cholestérol dans le sang et un pourcentage très faible de maladies coronariennes, ce grâce au régime alimentaire adopté, basé sur la consommation d’huile d’olive, de pain et de pâtes, d’ail, d’oignon rouge, d’herbes aromatiques, de légumes et de peu de viande. Dans l’ensemble, il apparaît que l’adoption d’un régime méditerranéen, ou similaire, représente un facteur de protection contre les maladies chroniques les plus répandues. Dans les études menées, le concept de régime méditerranéen s’est traduit concrètement par un régime alimentaire défini comme suit : une consommation élevée de légumes verts, de légumes secs, de fruits et de fruits à coques, d’huile d’olive et de céréales (qui, par le passé, étaient surtout complètes) ; une consommation modérée de poisson, de produits laitiers (surtout de fromage et de yaourts) et de vin ; une faible consommation de viande rouge, de viande blanche et d’acides gras saturés9. Les études de Panagiotakosa10 ont également permis de mettre en évidence que l’augmentation du niveau d’adhésion au régime méditerranéen a donné des résultats positifs pour la
prévision des cas d’hypertension, d’hypercholestérolémie, de diabète et d’obésité chez les adultes. Une croissance de 20 % environ de l’adhésion au régime méditerranéen11 réduit l’apparition des maladies cardiovasculaires de 4 % sur dix ans. D’autres études menées par Trichopoulou12 ont démontré que l’adhésion au régime méditerranéen produit une diminution significative du taux global de mortalité, surtout pour les décès liés aux maladies cardiovasculaires et aux cancers. On constate des résultats analoguesdans les récentes études de Mitrou13 menées sur un échantillon de plus de 380 000 Américains sur une période de dix ans. Pour les maladies coronariennes, De Lorgeril14 a démontré que le régime méditerranéen peut réduire de 72 % le risque d’infarctus. Dans l’une de ses recherches suivantes, publiée récemment, il souligne que l’adoption du régime méditerranéen permet de réduire l’apparition de thromboses, d’infarctus du myocarde et d’autres complications15. Les résultats des études de Fung16 ont confirmé les effets cardioprotecteurs du régime méditerranéen. Dans une récente méta-analyse de Sofi17, le régime méditerranéen s’est révélé être un facteur de protection contre toutes les causes de mortalité et, en particulier, contre celles liées aux maladies cardiovasculaires et cancéreuses, mais aussi contre les maladies de Parkinson et d’Alzheimer. La réduction de la probabilité d’apparition de maladies chroniques dans leur ensemble grâce à l’adoption du mode alimentaire propre au régime méditerranéen, est également confirmée par une étude qui a examiné le lien entre l’adhésion au modèle du régime méditerranéen et la durée de vie des personnes âgées. L’étude, après avoir analysé un échantillon de 1 037 individus âgés de plus de 70 ans, souligne que l’adoption du régime méditerranéen permet d’augmenter l’espérance de vie des individus18. Bien que les résultats de ces recherches signalent que le style alimentaire à suivre pour une vie saine est le régime méditerranéen, nous avons assisté à un abandon progressif de ce régime au profit de modes alimentaires moins sains. Dans une récente étude menée sur les régimes espagnol et italien, Baldini19 a démontré que les jeunes générations abandonnent progressivement le régime méditerranéen pour adopter de nouvelles tendances alimentaires, caractérisées surtout par des aliments riches en graisses. En Italie et en Espagne, le surpoids et l’obésité semblent être la conséquence, de l’abandon du régime méditerranéen, en plus de l’adoption d’un mode de vie de plus en plus sédentaire. Pour conclure, selon les recherches en ce domaine et le consensus entre les plus grandes organisations scientifiques, il apparaît que le modèle alimentaire méditerranéen est en accord avec les grandes lignes directrices préconisées en matière d’alimentation pour la prévention des principales maladies chroniques. Ces études étant l’aboutissement de rigoureuses recherches scientifiques. C’est pourquoi ce modèle méditerranéen a été pris comme point de référence par de nombreuses études menées sur le lien entre l’alimentation et les maladies chroniques. Comme nous l’avons vu, une tendance inquiétante apparue ces dernières années est l’abandon des principes directeurs de ce régime alimentaire. Même l’Italie n’y échappe pas.
BIEN QUE LES RÉSULTATS DE CES ÉTUDES SIGNALENT QUE LE STYLE ALIMENTAIRE À SUIVRE POUR UNE VIE SAINE EST LE RÉGIME MÉDITERRANÉEN, DEPUIS LES ANNÉES 1950 ET JUSQU’À AUJOURD’HUI, ON A ASSISTÉ DANS TOUTE LA RÉGION MÉDITERRANÉENNE, Y COMPRIS EN ITALIE, À UN ABANDON PROGRESSIF DE CE RÉGIME AU PROFIT DE STYLES ALIMENTAIRES MOINS SAINS
Nutrition et bien-être pour une vie saine
Nutrition et bien-être pour une vie saine
4.1 Le régime alimentaire méditerranéen et l’indice de conformité méditerranéenne
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5. INVESTIR DANS LA PRÉVENTION : COÛTS ET AVANTAGES
5.1 Modèle prévisionnel des avantages économiques de la prévention
Figure 5.1. Dépenses de prévention en pourcentage des dépenses de santé publique (2009) 7,0%
5,3% 4,0% 3,4% 2,6%
S
elon le classement de l’OCDE, les « dépenses de prévention » sont les services fournis dans le but d’améliorer l’état de santé général de la population, par opposition aux services de type thérapeutique. On considère comme services de prévention les campagnes de vaccination, les programmes de dépistage et les actions de sensibilisation menées auprès du public, par exemple dans le domaine de la promotion d’un mode de vie plus sain. L’OCDE précise que ce classement tient également compte de l’ensemble des domaines liés à la santé publique au sens large, notamment la protection de l’environnement, tandis que d’autres sources, en se basant sur une définition encore plus large des services de prévention, suggèrent des chiffres plus élevés1. Notre choix d’utiliser les données fournies par l’OCDE a été dicté à la fois par la nécessité de garantir un niveau de comparabilité acceptable des données au niveau international mais aussi par le fait que la classification des dépenses de prévention proposée nous a paru plus pertinente au regard des objectifs du présent document. Cette analyse considère les dépenses de prévention comme un tout et ne se base pas uniquement sur la prévention strictement liée aux habitudes alimentaires. Ce choix méthodologique se fonde sur deux considérations. La première est le rapport étroit entre une bonne alimentation et la prévention « non nutritionnelle » (programmes de dépistage, contrôle des facteurs de risque des principales maladies chroniques, recommandations médicales afin de définir le régime alimentaire idéal pour chaque individu, etc.). La deuxième est de nature purement technique : il s’agit de l’impossibilité de mesurer d’un point de vue statistique : - la proportion des dépenses de prévention investie directement et uniquement dans le domaine « médico-alimentaire » ; - la part des améliorations constatées sur la santé des populations (conduisant donc à une diminution des dépenses de santé publique) pouvant être attribuée uniquement à une modification des habitudes alimentaires (composition du régime alimentaire au quotidien), en excluant l’effet de concurrence sur le montant final des dépenses de prévention que peuvent avoir les actions définies précédemment comme relevant de la prévention « non nutritionnelle ». La seule variable pouvant être observée sur la durée (requise pour mesurer les changements liés à la prévention) est la réduction de l’incidence des maladies chroniques au sein de la population et la diminution des dépenses de santé qui en résulte. La répartition interne de cet effet ne peut être mesurée d’une façon précise. Le schéma 5.1. montre qu’en Italie les dépenses liées à la prévention, si on les compare à celles des autres pays, représente une part marginale des dépenses de santé publique : en 2009 elle équivalait à 0,6 % des dépenses de santé publique, contre 7 % au Canada, 4 % aux Pays-Bas, 3,4 % aux États-Unis, 2,6 % en Espagne et 2,1 % en France.
Canada
Finlande
Pays-Bas
États-Unis
Espagne
France
Italie
Source : Synthèse établie par The European House–Ambrosetti à partir des données de l’OCDE, Health Data 2011, janvier 2012.
Le but de cette analyse était d’évaluer l’importance des effets positifs obtenus et le temps nécessaire à leur obtention en se basant sur les résultats empiriques observés à l’échelle internationale. Cette analyse portait notamment sur cinq pays de l’OCDE : Canada, France, Pays-Bas, Espagne et États- Unis2. Etant donné que le critère de classification adopté par l’OCDE se base sur une définition de la prévention comme étant bien distincte des soins thérapeutiques, il était nécessaire d’analyser la corrélation entre dépenses de prévention et dépenses liées aux traitements thérapeutiques et à la rééducation afin d’évaluer les avantages d’investir dans une telle prévention. On peut déduire de l’analyse des séries chronologiques (Figure 5.2.) une corrélation inverse entre l’augmentation des dépenses de prévention et le montant des dépenses liées aux traitements thérapeutiques et à la rééducation dans les années qui suivent. On observe en particulier qu’une augmentation de 1 % des dépenses de santé publique consacrées à la prévention correspond à une baisse de 3 % du pourcentage des dépenses liées aux traitements thérapeutiques et à la rééducation.
97
Figure 5.2. Rapport entre dépenses de prévention et dépenses thérapeutiques Dépense thérapeutique (% dépense tot.)
96
L’OCDE, DÉFINIT LA « DÉPENSE POUR LA PRÉVENTION » COMME LA PRESTATION DE SERVICES DANS LE BUT D’AMÉLIORER L’ÉTAT DE SANTÉ GÉNÉRAL DE LA POPULATION, EN LES DISTINGUANT DES SERVICES DE TYPE CURATIF
0,6%
Nutrition et bien-être pour une vie saine
Nutrition et bien-être pour une vie saine
2,1%
60% 55% 50% 45% 40% 35% 30%
40%
25% 20% 15% 10%
0%
2%
4%
6%
8%
10%
Dépense de prevention (% dépenses tot.) France
Espagne
Pays-Bas
États-Unis
Canada
Source: The European House-Ambrosetti, Meridiano Sanità – Le coordinate della salute. Rapporto Finale, novembre 2011.
12%
Compte tenu des différents horizons temporels de la manifestation des effets positifs de la prévention, la corrélation statistique la plus courte entre la variation du pourcentage des dépenses de prévention et la variation des dépenses liées aux traitements thérapeutiques et à la rééducation se manifeste sur une période de dix ans. En conclusion, l’analyse des séries chronologiques révèle l’existence d’un multiplicateur des dépenses de type thérapeutique et de rééducation équivalant à moins 3 fois l’investissement fait en matière de prévention et la manifestation la plus importante des effets positifs sur une période de dix ans. Les résultats de l’analyse des séries chronologiques au niveau international ont ensuite été appliqués à la prévision des dépenses de santé publique en Italie en 2050. Compte tenu de la composante démographique et économique3, le montant des dépenses de santé publique en 2050 a été évalué à plus de 281 milliards d’euros, soit 9,7 % du PIB de 2050 (Figure 5.3.)
98
Estimation 2011
55%
9,73%
50% 45% 40%
Rapport DS/PIB
7,3%
35% 30% 25% 20% 15% 10% 0%
2%
4%
6%
8%
10%
12%
Source : The European House-Ambrosetti, Meridiano Sanità – Le coordinate della salute. Rapporto Finale, novembre 2011.
Afin d’évaluer l’impact d’une augmentation des dépenses de prévention, nous avons émis les hypothèses suivantes : - le multiplicateur des dépenses liées aux traitements thérapeutiques et à la rééducation équivaut à moins 3 fois les dépenses de prévention ; - la constance de ce multiplicateur par rapport à la valeur absolue des dépenses de prévention4 ; - la manifestation des effets positifs est visible sur une période de dix ans ; - l’impact de ces effets sur la diminution des dépenses liés aux soins hospitaliers d’urgence5 . Le niveau et les modalités de l’investissement dans la prévention sont des choix arbitraires par nature. Comme base de calcul, nous avons supposé une augmentation structurelle du rapport dépenses de prévention/dépenses de santé publique équivalente à 1 % tous les dix ans. Dans le cas de l’Italie, ceci signifie qu’un investissement dans la prévention d’un montant de 1135 millions d’euros (soit 1 % des dépenses de santé publique) aujourd’hui conduirait à une économie de 3528 millions d’euros sur dix ans (soit 2,4 % des dépenses de santé publique prévues en 2020).
L’
exemple suivant sur la pression artérielle illustre bien comment on peut obtenir de tels résultats. Les études menées par Lewington6 sur un échantillon de plus d’1 million d’adultes ont montré qu’une augmentation, même légère, de la pression artérielle (2 mmHg) de l’ensemble de la population équivaudrait à une hausse de 7 % du risque de décès dû à une maladie coronarienne et de 10 % du risque d’accident vasculaire. Les tendances actuelles en matière de régime alimentaire conduisent à une consommation accrue d’aliments augmentant la pression artérielle. Les données les plus récentes de l’Atlas des Maladies Cardiovasculaires en Italie montrent que 32 % de la population italienne souffre d’hypertension et environ 16 % est à la limite de l’hypertension. Dans ce contexte et face à ces tendances, il est nécessaire de multiplier les actions et les politiques capables d’amener la population à modifier son mode de vie et son régime alimentaire. Il existe concrètement différents moyens de résoudre les problèmes liés à l’hypertension au sein de la population7 : - l’adoption d’un régime pauvre en sel permettrait de réduire la pression sanguine de 2 à 8 mmHg, donc, même si l’on tient compte des prévisions les plus basses, d’éviter l’augmentation de 7 % des risques de mortalité coronarienne et de 10 % des risques d’accident vasculaire liés à une augmentation de 2 mmHg de la pression sanguine, comme l’indique Lewington ; - l’adoption d’un régime riche en légumes permettrait de réduire la pression sanguine de 8 à 14 mmHg ; - une perte de poids de 10 kg favoriserait une réduction de la pression sanguine d’environ 5 à 20 mmHg. En Europe, l’impact économique total des maladies cardiovasculaires s’élevait à environ 192 milliards d’euros8 en 2006. Le montant des dépenses liées aux maladies coronariennes était notamment de 49 milliards d’euros par an (soit un quart du total des dépenses de santé) et le montant des dépenses liées aux accidents vasculaires cérébraux à 38 milliards d’euros (soit un cinquième des dépenses de santé). Sur la base des données recueillies par les études que nous avons citées, on peut donc supposer que le simple fait d’adopter un régime alimentaire pauvre en sel permettrait d’éviter l’augmentation de 7 % des risques de décès lié aux maladies coronariennes, soit une économie annuelle de 3,4 milliards d’euros en dépenses de santé en Europe, et l’augmentation de 10 % des risques d’accident vasculaire cérébral, soit une économie annuelle de 3,8 milliards d’euros. En réduisant l’apport en sel dans l’alimentation (l’une des causes de l’hypertension artérielle), les économies réalisées par les systèmes de santé européens pourraient s’élever à quelque 7,2 milliards d’euros par an.
Nutrition et bien-être pour une vie saine
Nutrition et bien-être pour une vie saine
Figure 5.3. Modèle prévisionnel des dépenses de santé publique en Italie (2050)
5.2 Un exemple concret
99
EN RÉDUISANT L’APPORT DE SEL DANS LE RÉGIME ALIMENTAIRE, L’UN DES FACTEURS LIÉS À UNE PRESSION ARTÉRIELLE ÉLEVÉE, LES BÉNÉFICES POUR LES SYSTÈMES SANITAIRES EUROPÉENS SERAIENT ÉQUIVALENTS À ENVIRON 7,2 MILLIARDS D’EUROS PAR AN
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6. CONCLUSIONS
6.1 Quelques réflexions
Nutrition et bien-être pour une vie saine
La clé pour assurer aux nouvelles générations un avenir en bonne santé est la prévention
102
LA DÉFINITION, LE DÉVELOPPEMENT ET LA PRATIQUE D’UNE PROMOTION SYSTÉMATIQUE ET GÉNÉRALISÉE DES BONNES HABITUDES ALIMENTAIRES ET DE VIE SONT FONDAMENTAUX POUR LES ENFANTS, AUSSI BIEN POUR DES RAISONS DE SANTÉ PUBLIQUE QUE POUR DES RAISONS ÉTHIQUES ET MORALES
Au cours des 50 dernières années, nous avons assisté à la prise de conscience que les interventions de prévention sont plus efficaces que bon nombre d’autres actions cherchant à agir sur des sujets déjà malades. La prévention est plus efficace car, contrairement au traitement médical, elle permet à la société d’agir en ayant à coeur le bénéfice d’une plus grande partie de la population. En outre, le coût du déploiement de la prévention est moindre. La prévention est l’un des principaux axes d’action pour l’avenir car c’est le moyen le plus apte à assurer la durabilité des systèmes de santé accablés par la hausse exponentielle des coûts d’investissement et d’exploitation, comme c’est le cas dans la grande majorité des pays occidentaux. Pour ces raisons, ces dernières décennies ont vu un changement progressif de l’orientation du traitement médical, qui est passé du soin de la maladie à la prévention. Toutefois, les actions prises ne sont pas encore suffisantes, surtout au vu du changement dramatique qui s’opère dans les habitudes alimentaires de la population mondiale . Le BCFN est convaincu que la prévention est un domaine d’action privilégié, dont le potentiel n’a pas encore été totalement exploré. Il s’agit d’un secteur essentiel pour l’avenir de la médecine et des sciences de la nutrition, avec de possibles retombées sociales significatives. En particulier, notre travail a montré clairement le rôle clé occupé par la nutrition dans l’acte de provoquer ou de prévenir l’apparition des maladies chroniques les plus fréquentes dans toutes les phases de la vie d’une personne. La prévention dans ce domaine est donc essentielle et elle devrait s’adresser en premier lieu aux nouvelles générations : la définition, le développement et la pratique d’une promotion systématique et généralisée de bonnes habitudes alimentaires et de vie sont des actions fondamentales pour les personnes dès le début de la vie, aussi bien pour des raisons de santé publique que pour des raisons éthiques et morales. La prévention est, par conséquent, l’une des principales lignes d’action si l’on veut que les générations futures expérimentent une phase durable de Progrès sanitaire.
Durant ces deux années de travail, nous nous sommes rendus compte qu’à tous les niveaux, on constate une prise de conscience grandissante quant à l’importance de l’ensemble des habitudes alimentaires et des modes de vie adoptés par les personnes, en particulier au cours des premières années de la vie car c’est à ce moment là que les individus adoptent les habitudes qui permettent de rester en bonne santé tout au long de la vie. Les habitudes alimentaires, en particulier, sont l’un des aspects les plus liés à la qualité de la vie et à la santé des personnes. Elles représentent donc l’un des domaines d’influence où il est possible d’agir et d’obtenir des résultats concluants. Comme nous l’avons vu précédemment, les habitudes alimentaires jouent un rôle central dans la prévention de l’obésité et du surpoids (désormais considérés comme deux des facteurs les plus critiques en termes de santé), dans la prévention de chacune des grandes familles de maladies non transmissibles (cancers, maladies du système cardiovasculaire, diabète et syndrome métabolique), ainsi que dans la prévention des maladies neurodégénératives et de l’ostéoporose. Toutefois, afin de déterminer les méthodes correctes qui nous permettront d’améliorer l’état de santé moyen de la population, il n’est pas (et, il sera de moins en mois) suffisant de se concentrer sur les analyses, les informations et les actions du « régime » adopté par les personnes. Notre travail met clairement en évidence le fait que le régime alimentaire représente une partie seulement, importante certes, du changement global des modèles alimentaires et de mode de vie nécessaires pour que les tendances actuelles ne déploient pas leurs effets dévastateurs de façon toujours plus poussée. En particulier, il existe un problème sous-jacent lié aux profonds changements intervenus dans l’ensemble du « mode de vie » des personnes. Ce problème se manifeste par une augmentation de la quantité moyenne de calories absorbées, mais aussi par la grave détérioration de la qualité moyenne des aliments consommés, par la réduction significative du temps consacré à l’activité physique et par la perte de la valeur attribuée à l’alimentation en tant qu’élément central de la vie quotidienne, ce du point de vue social et culturel. L’évolution des tendances doit se faire dans le sens de la redécouverte et de la ré-actualisation de l’idée que la nutrition et le mode de vie sont associés à la notion clé de « qualité » : la réduction de la quantité d’aliments consommés au profit d’une plus grande attention portée à leur qualité, mais aussi la qualité du niveau de vie (avec un temps important consacré à l’activité physique et une réduction des tensions et du stress qui font désormais partie de notre quotidien, à tous les âges, dès l’enfance) et la qualité de la relation dialectique entre l’homme et l’alimentation (avec la redécouverte et la promotion des valeurs sociales et culturelles de l’acte de manger)1. Cela requiert évidemment un changement total du modèle centré sur l’individu et ses comportements. Ne sont pas uniquement concernés les seuls choix alimentaires. La première étape, et peut-être la plus importante, d’un changement global des modes de vie qui se sont affirmés ces dernières décennies est la correction des habitudes alimentaires et de vie chez les individus les plus jeunes, en commençant par les enfants en âge préscolaire et jusqu’aux adolescents. Cette phase de la vie est clé pour le développement d’habitudes alimentaires saines et de comportements appropriés, aussi bien pour la santé dans l’enfance et dans l’adolescence que pour la bonne santé et la qualité de vie à l’âge adulte. On constate que : - une alimentation saine et l’adoption de modes de vie adéquats permettent aux enfants et aux adolescents d’atteindre un développement (physique et mental) correct et de rester en bonne santé ;
Nutrition et bien-être pour une vie saine
É
tant donné les preuves et les réflexions apparues au cours de cette étude sur la nutrition et son lien avec la santé, il est possible d’identifier certaines recommandations fondamentales de caractère général.
Les comportements individuels sont au centre de toute action visant à corriger les tendances actuelles
103
LA PREMIÈRE ÉTAPE, ET PEUT-ÊTRE LA PLUS IMPORTANTE, D’UN CHANGEMENT GLOBAL DES STYLES DE VIE QUI SE SONT AFFIRMÉS CES DIX DERNIÈRES ANNÉES EST, EN PARTICULIER, LA CORRECTION DES HABITUDES ALIMENTAIRES ET DE VIE CHEZ LES INDIVIDUS LES PLUS JEUNES, DES ENFANTS EN ÂGE PRÉSCOLAIRE JUSQU’AUX ADOLESCENTS
- un processus de croissance et de développement lié à une alimentation saine jette les bases pour le maintien d’une bonne santé tout au long de la vie ; et, - il est probable – bien que difficile à prouver scientifiquement – qu’il existe un « effet mémoire » bénéfique : l’acquisition de bonnes habitudes alimentaires et de vie dans l’enfance et au cours de l’adolescence peut faciliter leur maintien à l’âge adulte. De toute évidence, la mise en place de bonnes habitudes dès le début de la vie n’est pas une souscription à une sorte de « police assurance vie. » Il est nécessaire que tous les com portements auxquels nous faisons référence restent cohérents, à l’âge adulte et plus tard au cours de la vie, et suivent les lignes directrices que le BCFN a identifiées et qui ont été résumées précédemment.
Nutrition et bien-être pour une vie saine
104
GARANTIR UN STYLE ALIMENTAIRE ADÉQUAT POUR LES ENFANTS ET LES ADOLESCENTS SEMBLE PASSER NÉCESSAIREMENT PAR LA MISE EN OEUVRE D’UN EFFORT COLLECTIF, RÉSULTAT DE LA cONTRIBUTION DE NOMBREUX ACTEURS : ÉCOLE, FAMILLE, PÉDIATRES, CLUBS SPORTIFS ET ENTREPRISES
S’il est vrai que le comportement et les choix d’alimentation et de vie des personnes sont fondamentaux pour obtenir un changement positif du niveau moyen de santé et de bienêtre, il est également vrai, et c’est la conviction à laquelle le BCFN est parvenuces dernières années, que l’individu seul ne peut changer les tendances qui ont été influencées, favorisées ou pas assez découragées par les nombreux acteurs compétents du domaine de la santé et du bien-être collectif, y compris les institutions de soins, les médecins, les médias et les entreprises privées. Tous les efforts mis en oeuvre afin d’améliorer le scénario actuel devront passer par une pleine participation et une synergie totale. Et ils devront être poursuivis en fonction des différentes responsabilités et domaines d’action spécifiques des cinq acteurs clés suivants : - les personnes (les individus et les familles) ; - les institutions (publiques et privées, y compris les groupes strictement médicaux et scientifiques et les organisations proches de l’aspect socio-culturel de la vie des personnes, comme l’école) ; - les médecins (en particulier les pédiatres et les médecins de famille, en raison de leur contact direct et quotidien avec les patients) ; - les médias (spécialisés, et surtout peut-être les médias de masse, capables d’influencer profondément l’opinion publique et la conscience collective) ; et, - les entreprises privées (à commencer par celles du secteur agro-alimentaire). Il faut en particulier, et avant tout, souligner les synergies entre ces acteurs clés dès lors que l’attention se porte sur les initiatives dont l’objectif est de favoriser la prévention dans l’enfance et au cours de l’adolescence. Garantir un mode d’alimentation sain pour les enfants et les adolescents devra passer par la mise en oeuvre d’un effort collectif, qui sera le résultat de la contribution de nombreux acteurs (école, famille, pédiatres, clubs sportifs, etc.) qui, à différents moments de la journée, s’occupent de l’enfant. Aujourd’hui, les actions sont souvent mal coordonnées, voire organisées selon des logiques et des objectifs contradictoires. Fort de telles réflexions, le BCFN a souligné énergiquement que la famille et l’école sont, pour des raisons différentes, les principaux acteurs de l’apprentissage efficace d’une bonne alimentation car ils ont tous deux le pouvoir de s’adresser aux jeunes qui sont, ne l’oublions pas, les adultes de demain. Si d’un côté, c’est en famille que l’enfant apprend à manger et le foyer est le lieu où il intériorise les comportements alimentaires qu’il adoptera naturellement par la suite,
Nutrition et bien-être pour une vie saine
Une coopération entre les différents acteurs impliqués à divers titres dans la détermination de la santé et du bien-être de la collectivité est nécessaire. L’inversion des tendances actuelles ne pourra pas être le résultat de l’effort d’un seul agent de changement isolé
d’un autre côté, l’école, en vertu de son influence grandissante sur le domaine alimentaire et des liens qu’elle maintient avec les familles, peut et doit jouer un rôle réellement actif dans la promotion de styles alimentaires équilibrés, en invitant les familles à comprendre quels sont les choix alimentaires les plus appropriés et en s’alliant aux parents afin de constituer un groupe unifié d’intervention. En plus des institutions, des individus, des familles et des médias (sur lesquels une analyse approfondie et méditée est probablement nécessaire, analyse qui jusqu’à maintenant n’a pas fait partie des intentions clés de notre travail), les médecins sont eux aussi, et depuis longtemps, des acteurs clés de la mise en place d’un bon parcours alimentaire et d’un mode de vie sain. En effet, il est fondamental, surtout dans une perspective future, que le rôle des médecins traitants et des pédiatres puisse pleinement devenir, encore plus qu’à l’heure actuelle, le premier point d’accès aux informations requises sur une bonne alimentation et sur une activité physique appropriée pour tous les membres de la famille, ce à toutes les étapes de la vie (enfance, adolescence, âge adulte, vieillesse). Dans ce but, il apparaît utile que ces figures professionnelles aient à leur disposition la meilleure formation possible pour s’acquitter de ce rôle, aussi bien à travers le développement et la diffusion d’une éducation spécifique sur ces thématiques que dans le cadre même des parcours universitaires, que grâce à des instruments de formation continue tout au long de leur carrière professionnelle. À côté de ces quatre acteurs principaux dont le rôle est de fournir les informations principales sur les choix alimentaires et d’effectuer le travail de prévention si nécessaire, nous avons constaté l’émergence d’un cinquième acteur : l’industrie agro-alimentaire. Cette dernière peut contribuer activement à la mise en place de propositions et d’offres cohérentes en conformité avec les lignes directrices sur les bonnes habitudes alimentaires et les modes de vie adéquats, et faire la promotion active de leur adoption. Le rôle de l’industrie agro-alimentaire est important surtout en ce qui concerne : - la promotion d’habitudes alimentaires saines et d’un mode de vie exemplaire dès les premières années de la vie, à travers la définition et la mise en oeuvre de stratégies productives (reformulation de produits existants et/ou de produits au contenu nutritionnel amélioré) et de méthodes de communication et d’éducation conformes avec les indications émanant des études scientifiques fiables en matière de rapport entre alimentation, mode de vie et santé. Ces initiatives doivent pouvoir répondre de manière appropriée aux diverses exigences des personnes qui, faute de temps, ne peuvent pas toujours se nourrir sainement ; - l’amélioration des connaissances scientifiques, à travers la promotion des investissements dans le domaine de la recherche appliquée et la création de groupes mixtes université-entreprise, à même de combler les lacunes des connaissances actuelles dans le domaine du rapport entre alimentation et santé, surtout lors de l’enfance et de l’adolescence ; - l’amélioration des processus de communication concernant l’alimentation, le mode de vie et la santé (avec une attention particulière sur les stades de l’enfance et de l’adolescence) en divulguant de façon simple et transparente les valeurs nutritionnelles des divers aliments et les bonnes règles alimentaires à suivre. Cela peut se faire à travers les différents canaux de communication à leur disposition (Internet, publicité, emballage, etc.). Le rôle de l’industrie agro-alimentaire est essentiel pour l’individu, quel que soit son âge, car il permet la mise en place d’un rapport positif entre alimentation et santé. Son importance est encore plus évidente en ce qui concerne les jeunes en pleine croissance. L’enfance est caractérisée par une réelle difficulté de compréhension de la part de l’enfant
105 LE RÔLE DE L’INDUSTRIE AGRO-ALIMENTAIRE EST IMPORTANT SURTOUT POUR LES DOMAINES SUIVANTS : LA PROMOTION D‘HABITUDES ALIMENTAIRES ET DE MODES DE VIE SAINS, ET L’AMÉLIORATION DES CONNAISSANCES SCIENTIFIQUES DISPONIBLES ET DES PROCESSUS DE COMMUNICATION
La rapidité et la portée des tendances actuelles font de la variable « temps » un élément central à chaque intervention correctrice. Les jours sont comptés, il faut agir maintenant.
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SI NOUS NE COMMENÇONS PAS DÈS MAINTENANT À MODIFIER LES HABITUDES ALIMENTAIRES ET DE VIE DES GÉNÉRATIONS PRÉSENTES, EN COMMENÇANT PAR LES PLUS JEUNES, QUE SERONS-NOUS EN MESURE DE FAIRE QUAND TOUS LES PHÉNOMÈNES MÉDICAUX ET DE SANTÉ QUI LEUR SONT LIÉS DÉPLOIERONT PLEINEMENT LEURS EFFETS NÉGATIFS ?
Toutes les données de santé, même celles émanant de régions géographiques normalement considérées comme des pays aux bons choix alimentaires et aux modes de vie sains (comme l’Italie), présentent les signes d’une rapide et inexorable détérioration des conditions de santé moyennes, à l’heure actuelle et pour l’avenir. Si les tendances alimentaires et les modes de vie actuels ne s’inversent pas, les futures générations seront condamnées à vivre moins bien et en plus mauvaise santé que celles qui les ont précédées. Certaines des études les plus importantes réalisées au niveau mondial montrent qu’environ 80 % des cas liés aux maladies chroniques non transmissibles auraient pu être prévenus de par l’élimination de certains facteurs de risque associés au mode de vie et aux habitudes alimentaires. Au contraire, sans prévention appropriée, le poids de ce fardeau sur la santé mondiale pourrait augmenter de 17 % au cours des dix prochaines années. Et il sera impossible au cours des décennies suivantes d’imaginer une amélioration quelconque sans que des mesures drastiques ne soient prises. L’histoire moderne a rarement vu un déclin de la qualité de vie et des conditions de santé tel que celui auquel il est permis de s’attendre, compte tenu des données actuelles, au cours des 10 à 30 prochaines années, c’est-à-dire lorsque les enfants et les adolescents d’aujourd’hui auront atteint l’âge adulte et les adultes d’aujourd’hui auront plus de 65 ans. Si nous ne commençons pas dès maintenant à modifier les habitudes alimentaires et de vie des générations présentes, en commençant par les plus jeunes, que serons-nous en mesure de faire quand tous les phénomènes médicaux et de santé qui leur sont liés déploieront pleinement leurs effets négatifs ? Cela signifie que des initiatives doivent être définies et mises en oeuvre. Ces dernières doivent viser à moyen et à long terme un bien-être durable. Elles doivent en outre apporter des résultats incisifs dans un futur immédiat (mesuré dans la perspective d’un nombre limité d’années). Des initiatives concrètes doivent être mises en place dès maintenant.
6.2 Lignes directrices pour l’avenir
É
tant donné les analyses et les réflexions menées, quelles interventions et/ou actions peuvent et doivent être réalisées afin de modérer et d’inverser les tendances négatives à l’oeuvre en matière de conditions alimentaires et de santé au niveau mondial, ce afin d’améliorer les perspectives de bienêtre, principalement pour les générations futures ? LA
Favoriser l’approfondissement des connaissances scientifiques disponibles sur le lien entre alimentation et santé Malgré l’importance de cette question, ce n’est qu’au cours de la seconde moitié du XXème siècle que les premières études d’observation sur le lien entre le comportement individuel/collectif et l’apparition des maladies chroniques non transmissibles les plus fréquentes ont été entreprises. Aujourd’hui, la richesse des connaissances scientifiques en matière de nutrition est certainement plus vaste qu’à l’époque, et en plein développement, mais il existe cependant une réelle possibilité d’approfondir le niveau de compréhension de la dynamique alimentation-santé. Nous devrions nous concentrer sur des domaines de recherche dits « de frontière », qui, selon nous, sont particulièrement prometteurs. Cela nous permettra par la suite de : - approfondir les études relatives aux mécanismes du vieillissement et de réparation des cellules. Nous savons en effet que l’incidence des maladies non transmissibles est liée à l’état de santé (degré d’inflammation) de certaines cellules de notre organisme. Par conséquent, l’étude des états proinflammatoires et inflammatoires pourrait, par exemple, être l’un des domaines les plus prometteurs de la recherche, étant donné les multiples relations que ces phénomènes entretiennent avec les maladies étudiées, et plus particulièrement le diabète ; - étudier plus en détail les liens entre les gènes, les nutriments et la maladie afin de comprendre de manière ciblée et systématique les mécanismes d’interaction entre les différents nutriments et les différents gènes, qui jouent un rôle important dans la prévention ou dans la cause de différentes pathologies ; - développer des méthodologies appropriées pour le dépistage précoce des individus qui présentent certains facteurs de risque typiques de l’apparition des maladies étudiées (cardio-vasculaires, cancéreuses ou diabétiques), tout en reconnaissant ces personnes comme étant les plus pertinentes et utiles pour l’analyse et l’identification des principaux liens entre alimentation et santé ; - favoriser la recherche systématique sur la restriction calorique, afin de mieux comprendre les besoins réels de notre organisme du point de vue de l’alimentation ; et,
Nutrition et bien-être pour une vie saine
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des phénomènes qui l’entourent, y compris le rôle de l’alimentation. Ce sont aux parents de l’aider à interpréter ces phénomènes. Au contraire, l’adolescence voit le détachement progressif des liens entretenus avec les pratiques familiales apprises dès les premières années de la vie et l’apparition d’influences significatives dans la vie de l’individu (aussi bien médicales que sociales) qui semblent bouleverser profondément les habitudes alimentaires et le mode de vie. Dans un tel contexte, l’industrie agro-alimentaire apparaît clairement comme l’un des acteurs majeurs qui permet de mettre en oeuvre une action d’information et de prévention destinée aux enfants et aux adolescents. Cette action se doit d’être vaste, complète et efficace. Selon le BCFN, l’industrie agro-alimentaire a un rôle essentiel à jouer et elle se doit de fournir des réponses appropriées aux différents modes de vie des personnes, aussi bien à travers des offres de produits correctement profilés qu’à travers une communication cohérente et responsable.
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ÉTANT DONNÉ L’IMPORTANCE DU SECTEUR AGRO-ALIMENTAIRE DANS NOTRE ÉCONOMIE, TOUTES LES CONDITIONS SONT RÉUNIES POUR LE LANCEMENT D’UN GRAND « PROJETPAYS » SUR LE THÈME ALIMENTATION ET SANTÉ, PERMETTANT DE COMBINER RECHERCHE SCIENTIFIQUE, DÉVELOPPEMENT TECHNOLOGIQUE ET CROISSANCE ÉCONOMIQUE
d’un échange nécessaire entre l’industrie agro-alimentaire et les centres de recherche. Compte tenu de l’importance du secteur de l’alimentation dans l’économie, toutes les conditions seraient réunies pour le lancement d’un grand « projet-pays » sur le thème alimentation et santé, capable de combiner recherche scientifique, développement technologique et croissance économique. Le BCFN est convaincu que l’Italie est le candidat idéal pour devenir le pays de référence au niveau mondial dans ce secteur.
Promouvoir la diffusion d’informations correctes et d’une bonne éducation nutritionnelleafin de favoriser l’adoption de bonnes habitudes alimentaires et de modes de vie appropriés Comme indiqué précédemment, grâce au travail effectué au cours des deux dernières années, nous avons constaté qu’il existe un degré élevé de convergence en termes de lignes directrices opérationnelles pour un régime alimentaire adéquat pouvant constituer une forme de prévention des principales maladies chroniques, indépendamment de la maladie étudiée. En d’autres termes, il existe des styles de vie et des habitudes alimentaires qui permettent de minimiser, en même temps et en parallèle, les risques d’apparition de cancers, de maladies cardio-vasculaires, de diabète et de troubles de l’alimentation tels le surpoids et l’obésité2. Cela représente un résultat tout à fait significatif car cela pose les bases de l’élaboration de messages clairs, univoques et ponctuels relatifs aux styles de vie et aux choix alimentaires à privilégier pouvant être envoyés aux citoyens. Par conséquent, un effort de communication est nécessaire de la part des gouvernements, des sociétés scientifiques, de la profession médicale et des entreprises privées pour que les individus puissent prendre pleinement conscience de l’importance des habitudes alimentaires et ainsi acquérirune plus grande connaissance en cette matière. Il est nécessaire d’aider les personnes à choisir un mode d’alimentation sain et à le conserver. Nosconnaissances actuelles dans le domaine de l’alimentation sont déjà suffisantes pour donner lieu à une campagne de communication massive, généralisée et scientifiquement fiable à l’échelle mondiale, capable de nous permettre de sauver un nombre important de vies humaines et d’améliorer la qualité de la vie sur la planète. En particulier, il semble nécessaire de rappeler à tous les agents de santé et aux familles l’importance du rôle de l’alimentation dès le début de la vie en les encourageant à adopter des moyens de contrôle actifs des comportements alimentaires (par exemple, à travers la diffusion d’un suivi régulier de l’indice de masse corporelle). Dans ce contexte, les pédiatres jouent un rôle décisif car ils ont une approche plus intense et plus fréquente que les médecins traitants qui eux prendront en charge l’adolescent. Il serait également très important d’intégrer au programme scolaire des écoles une classe d’introduction à l’étude de l’alimentation. Cette initiative semble simple, mais elle est dotée d’un énorme potentiel. La prévention et la culture d’un régime alimentaire sain peuvent non seulementêtre transmises de génération en génération, mais elles doivent aussi être enseignées dès l’école primaire. Il s’agit là d’une pierre angulaire pour le progrès sanitaire qui contribue à renforcer la culture de prévention. À cette fin, le BCFN considère très utile la définition de programmes de formation pluridisciplinaires pour l’étude de la nutrition, en relation avec les aliments, la nutrition, la prévention et le régime méditerranéen, et de son impact sur la santé humaine. À côté de ces initiatives, il semble également nécessaire que l’industrie agro-alimentaire soit elle aussi active et cohérente dans la promotion des normes de communication alignées sur desdirectives en faveur d’une alimentation saine.
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- promouvoir des approches de recherche de plus en plus intégrées et interdisciplinaires entre les organisations, instituts et universités qui étudient la nutrition et les thèmes qui lui sont connexes. En outre, la plupart des études sur le lien entre l’alimentation et la santé se sont jusqu’ici surtout intéressées au monde des adultes. Des problèmes d’ordre méthodologique, économique et organisationnel ont rendu difficile le développement de l’enquête, de façon suffisamment détaillée, vers l’univers des enfants et des adolescents. En effet, les problématiques nutritionnelles liées à la croissance, en dépit de l’énorme importance que les enfants et les adolescents ont en matière de prévention, restent encore trop peu étudiées. En matière de recherche sur le lien entre alimentation et santé dans les premiers stades de la vie, il semble en particulier utile de : - enquêter sur les effets métaboliques et endocriniens qui suivent l’absorption de nourriture et de repas de différente composition. Les conséquences anatomiques et fonctionnelles des conditions métaboliques différentes qui se développent dans la phase post-prandiale sont très importantes dans le développement des maladies chroniques dégénératives et les données pertinentes disponibles jusqu’à présent sur les enfants sont très limitées ; - enquêter sur l’action à court, moyen et long terme des polluants environnementaux sur le métabolisme et les systèmes immunitaire et neuroendocrinien. L’action des polluants est de plus en plus alarmante en raison de l’impact des substances nocives présentes dans l’environnement, et donc dans les aliments que nous ingérons, sur l’équilibre métabolique des enfants et des jeunes ; - étudier l’association entre les facteurs nutritionnels spécifiques, la composition des repas et du régime alimentaire, la distribution des nutriments dans les 24 heures suivant leur consommation, les niveaux de l’activité motrice, et la croissance et l’apparition des principales maladies chroniques ; - enquêter sur le rôle de l’exercice physique dans la régulation des apports alimentaires en quantité et qualité chez les enfants ; - enquêter sur les relations entre des structures génétiques particulières (polymorphisme), les habitudes alimentaires, les réponses métaboliques post-prandiales et la maladie métabolique chez les enfants. D’un point de vue opérationnel, le BCFN est persuadé que, pour l’Italie, la meilleure façon de donner une impulsion réellement positive à la recherche sur la nutrition et la santé est la création d’un « réseau national de la recherche », constitué des meilleurs centres universitaires et d’autres centres d’excellence (publics et privés, nationaux ou non, etc.). Cela nous permettra d’assurer une focalisation, une rationalisation et une optimisation adéquates des fonds de recherche, et surtout une définition précise des lignes stratégiques que la recherche se doit de suivre. Ce réseau devrait avoir deux objectifs : l’un centré sur les recherches de base permettant d’acquérir une meilleure connaissance de l’interaction « alimentation-individu » et l’autre centré sur la recherche appliquée et bénéficiant d’un mécanisme d‘interaction important avec l’industrie agroalimentaire qui lui fera part de ses conseils. Cela devrait permettre de créer des groupes de recherche mixtes, composés d’universités et d’entreprises, ce qui se révèlera beaucoup plus efficace. Ces groupes pourront proposer des projets financés par la Communauté européenne dans le cadre de divers programmes, et ils auront la possibilité de mettre sur pied un plus grand nombre d’organisations du domaine de la recherche spécialisée, et ils seront à même d‘obtenir des résultats significatifs rapides pour toute l’industrie ainsi que d’aider à former des chercheurs talentueux qui pourront ainsi mettre en oeuvre leurs idées et suggestions, le tout dans le cadre
109 IL EST NÉCESSAIRE D’AIDER LES PERSONNES À CHOISIR ET À CONSERVER UN MODE D’ALIMENTATION CORRECT. UN EFFORT DE COMMUNICATION EST INDISPENSABLE DE LA PART DES GOUVERNEMENTS, DES SOCIÉTÉS SCIENTIFIQUES, DE LA PROFESSION MÉDICALE ET DES ENTREPRISES PRIVÉES POUR QUE LES INDIVIDUS PUISSENT PRENDRE PLEINEMENT CONSCIENCE DE L’IMPORTANCE DES HABITUDES ALIMENTAIRES
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IL EST ESSENTIEL QUE LES RECOMMANDATIONS DIÉTÉTIQUES ET DE MODE DE VIE FOURNIES SOIENT PRATIQUES ET RÉALISABLES
Nous devons repenser la manière dont les connaissances scientifiques disponibles dans le domainede l’alimentation et de la santé sont traduites en actions concrètes, dans le sens de projets importants et complexes qui peuvent avoir un impact réel sur le comportement des individus. Les institutions publiques les plus impliquées sur ce thème ne sont pas les seules appelées à participer à la définition et à la mise en oeuvre de tels projets. D’autres tiers sont censés jouer un rôle actif et constructif (en vertu de leurs domaines d’expertise spécifiques), comme par exemple les entreprises privées et les médecins. Le travail réalisé par le BCFN ces deux dernières années a permis de définir quelques indications en faveur de l’amélioration de l’ensemble des mesures de diffusion concrètes sur les habitudes alimentaires correctes et les modes de vie sains. Voici un bref résumé de ces indications : - Il est essentiel que les recommandations fournies ayant trait à la diététique et au mode de vie soient de nature pratique et réalisable. En effet, elles doivent être compréhensibles et pouvoir être adoptées par les familles et les individus dans le cadre de leur vie quotidienne. Trop souvent, les instructions sont correctes, mais difficiles à appliquer, ou contredites par les pratiques et les habitudes, même institutionnalisées, qui sont très loin des principes énoncés dans le cadre de la solution optimale. À ce propos, pensons à la diffusion dans les hôpitaux et dans les écoles des distributeurs automatiques qui contiennent exclusivement des snacks/ sucreries/ bonbons/ boissons gazeuses, au lieu de fruits, comme il le serait souhaitable sur la base des informations fournies par les mêmes sources médicales et institutionnelles qui gèrent ces lieux d’intérêt public. - Les plans d’intervention formulés dans les domaines de la nutrition et de la santé doivent être définis selon une perspective structurelle qui vise à influencer durablement les comportements. De ce point de vue, on ne peut pas se limiter à des projets sur le court terme, même si des améliorations réelles sont nécessaires dans un délai raisonnable. S’il faut, comme cela semble nécessaire, modifier profondément les tendances observées dans les modes de vie actuels, des programmes logiques, compatibles les uns avec les autres et soutenus par des ressources financières adéquates sont nécessaires, tout en reconnaissant qu’il s’agit là d’investissements en mesure de garantir, dans le temps, d’importantes retombées économiques. Les actions trop orientées vers la réalisation d’améliorations limitées, temporaires et non dotées d’une masse critique suffisante ne semblent pas en mesure d’affecter de façon permanente les habitudes alimentaires des familles. - Généralement, il est souhaitable que les interventions sur l’alimentation et la santé aient une répercussion (au moins) à l’échelle nationale, avec des variations locales nécessaires qui, bien que pouvant se différencier de par leur forme d’exécution, ne diffèrent pas en substance des lignes directrices et des principes énoncés à l’échelle nationale (ou supranationale). - Pour les enfants et les adolescents, il est nécessaire que les questions liées à l’alimentation et au style de vie soient abordées avec une approche qui combine information et expérience (« éducation active »). Le chemin de l’expérimentation est certainement le plus efficace lorsque les interlocuteurs sont des enfants. Le chemin menant à une alimentation saine est aussi l’une des étapes d’un parcours d’éducation plus vaste qui contribuera à créer une sensibilisation à travers l’éducation des papilles. Il faut promouvoir l’apprentissage des aliments traditionnellement considérés comme « difficiles », mais excellents pour la santé (tels que les fruits et légumes). L’introduction de ces aliments selon une
approche pratique correcte devient donc cruciale pour la définition des perceptions et des croyances qui peuvent être maintenues à l’âge adulte. - La profession médicale doit être impliquée dans la diffusion d’habitudes alimentaires plus saines. Le pédiatre et le médecin de famille en particulier pourraient être les piliers d’une « chaîne de transmission » extraordinaire des habitudes alimentaires correctes. Cela demanderait un investissement important et une plus grande prise de conscience, à tous les niveaux, de l’importance du sujet. - Il faut demander à l’industrie agro-alimentaire de penser à la mise en oeuvre de stratégies et de plans opérationnels conformes aux orientations définies pour une bonne nutrition. Cela pourrait les encourager à réaliser des travaux de recherche scientifique, nutritionnelle et technologique et à travailler de manière constructive à plusieurs thèmes importants liés au thème de la nutrition (par exemple, l’amélioration progressive des profils nutritionnels, la définition d’aliments auxcaractéristiques spécifiques, l’amélioration de la densité nutritionnelle des produits, etc.). La question de la mise en place de politiques appropriées afin de favoriser de meilleures conditions alimentaires et de santé ainsi qu’une meilleure qualité de vie ne peut pas ignorer, si elle est déclinée à l’échelle mondiale, la nécessité, en plus de ce qui a été dit précédemment, d’identifier des actions à même de promouvoir un « rééquilibrage » des choix alimentaires, entre les pays du « Nord » en général et ceux du « Sud », ce afin de dépasser les fortes contradictions qui existent encore de nos jours.
Nutrition et bien-être pour une vie saine
Nutrition et bien-être pour une vie saine
Structuration des politiques et des interventions socio-sanitaires afin de promouvoir la diffusion efficace de comportements alimentaires sains tout en examinant les meilleures pratiques internationales dans ce domaine
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© Ted Spiegel/National Geographic Stock
Š Corbis
Notre connaissance au service de tous
La mesure du bien-être et de sa durabilité : le BCFN Index 2011
Double Pyramide 2011 : alimentation saine pour tous et durable pour l’environnement
Mesure de la durabilité des modèles appliqués dans les différents pays, et par conséquent évaluation de la possibilité de garder ou de modifier son propre niveau de bien-être à l’avenir
Développement et évolution du modèle de la double pyramide alimentaire environnementale concentré sur l’enfance et l’adolescence, pour inciter à adopter de bonnes habitudes alimentaires dès les premières années de la vie
Au delà des OGM. Les biotechnologies dans le domaine agroalimentaire Á l’échelle mondiale, confrontation des différentes positions et écoles de pensée sur le thème de la durabilité de l’ingénierie génétique et des nouvelles biotechnologies appliquées à l’alimentation Le coût de la nourriture et la volatilité des marchés agricoles : les variables impliquées Le coût de la nourriture et la volatilité des marchés agricoles : les variables impliquées
ntribution photographique de :
PUBLICATIONS | 2011
Le coût de la nourriture et la volatilité des marchés agricoles : les variables impliquées
Proposition d’un modèle interprétatif offrant une vision systémique des éléments qui déterminent la tendance des prix des denrées alimentaires
Longevité et bien-être : le rôle de l’alimentation Étant donné le vieillissement constant de la population mondiale, évaluation du rôle d’un mode de vie plus sain et de bonnes habitudes alimentaires afin de garantir un allongement de la durée de vie dans de meilleures conditions de santé Nouveaux modèles pour une agriculture durable
Enquête sur les nouveaux modèles agricoles qui permettent de supporter l’impact des changements climatiques et de la croissance démographique tout en assurant une productivité suffisante pour tous
Obesité et malnutrition : le paradoxe alimetaire pour nos enfants
Approfondissement du paradoxe qui voit augmenter aussi bien le nombre de personnes sous-alimentées que celui des personnes en surpoids, en particulier chez les enfants
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