Il ne fut pas le premier, il n’était pas le meilleur, mais il a été le plus connu et le plus aimé de tous les cow-boys chantants du Québec. La carrière de Willie Lamothe, surnommé le cow-boy fantaisiste, débuta à son retour du service militaire en 1946 avec la signature d’un premier contrat avec RCA pour un 78 tours de 4 chansons, dont la célèbre Je suis un cow-boy canadien. C’est le début d’une histoire d’amour entre Willy et les Québécois, qui encore aujourd’hui perdure bien qu’il soit décédé en 1992, à l’age de 72 ans. Une télé série, des compilations hommage, un livre, une anthologie, bref, les «R» roulent encore à nos oreilles. Suite à ce premier contrat et les engagements qui en découlent, il quitte son emploi chez Goodyear à St-Hyacinthe et travaille à s’en ruiner la santé pour être certain de ne jamais avoir à y retourner. Chansons après chansons, 78 tours après 78 tours, spectacles après spectacles, mile après mile, Willie Lamothe bâti son nom sans jamais prendre de répit. Sa persévérance porte ses fruits et il devient LE cow-boy québécois. Son émission à CKVL, Willie Lamothe et ses cavaliers des plaines, confirme son statut et il n’a plus qu’à faire ce qu’il fait de mieux pour rester au sommet. Apparaît ensuite le rock’n’roll, qui ne fait pas tomber de selle le chanteur, lui inspirant plutôt de nouvelles chansons qui lui donnent une place dans une période ou tous les autres sont mis de côté au profit des nouveaux groupes de yéyé. Willie y va d’une innovation propre, du moins pour le Québec, et fusionne le rock’n’roll et le country, ce qui donne ce que certains appellent du «rockawilly». Vient ensuite la mythique émission de Télé Métropole, Le Ranch à Willie, qui anéantit les derniers résistants à la vague Willie Lamothe. Et son talent ne se limite pas à la chanson; quel-
ques rôles significatifs au cinéma peuvent en témoigner, notamment dans les films de Gilles Carle La mort d’un Bûcheron, La vrai Nature de Bernadette et L’âge de la machine. Il est aussi de la distribution de Bingo de Jean-Claude Lord, de Y’a toujours moyen de moyenner de Denis Héroux, de Le lit de Jacques Lem et de Mustang de Marcel Lefebvre. Mais sa santé décline et en 1978, il a une première attaque, qui le laisse affaibli. Il doit donc mettre la pédale douce pour se ménager un peu et finie par abandonner la scène de façon définitive en 1985. Il s’éteint chez lui en 1992. En plus de sa famille, il laisse dans le deuil des milliers de fans de country, qui peuvent toutefois redécouvrir leur héro dans une télé série relatant sa vie et sa musique, toujours aussi populaire aujourd’hui. La plus récente compilation de ses succès est parue en 2005, sur l’étique Les disques Expérience. Ce n’est pas la meilleure, mais les essentiels y sont presque tous. Une bonne façon d’aborder ce géant méconnu du showbiz québécois.
1-2-1-2 testing, 1-2-1-2 testing. Numéro zéro, numéro qui en principe n’existe pas et qui ne devrait pas être entre vos mains. Unique en son genre, y’en aura pas d’autre comme lui. Conservez-le dans une pochette en plastique, car un jour, vous pourrez le vendre sur e-Bay. Plutôt que de faire des études de marché et des stratégies de marketing, on a décidé de tester la chose en direct. Et c’est ce qui se passera qui va décider de ce qu’aura «d’l’air» le numéro 1. C’est pas mal sûr qu’il y aura d’autres BangBang, mais comme le numéro zéro, jamais. La preuve : c’est la seule fois qu’il y aura un éditorial. Enjoy. PKP Collaborateurs: Nour Haïk Derrick André Péloquin Francis Hervieux Ariane Gruet Pelchat Cynthia Lacombe Alexis Charlebois-Laurin
Ce que vous tenez entre vos mains est le résultat d’un après-midi de bière et de nachos à la Casa Del Popolo. Le MOTEL.BAZOOKA magazine venait de sortir et le RAD était à l’imprimerie, quand d’un coup de tête l’idée est venue de faire un magazine culturel québécois. Je voulais connaître et (re) découvrir la diversité culturelle du Québec avec ses accents, son monde, ainsi que sa place au niveau international... et bien sur une excuse pour voyager au Québec, boire, manger, avoir des aventures super piquantes et revenir avec un tas de photos et de CDS. Pour cela, nous avons besoin de votre aide. Écrivez-nous, faites-nous parvenir des démos, de l’art, des photos, des invitations, des recettes de cuisines, des histoires... Soyez nos yeux et nos oreilles. Merci! MOTEL.BAZOOKA reviendra l’année prochaine pour un numéro spécial sur l’ART TATTOO MONTREAL 2006. Je ne pourrais trahir cette complicité perverse après deux ans et demi. Je veux remercier tous ceux qui ont aidé de loin ou de proche MOTEL.BAZOOKA et LAMB. P’tit mot en anglais: Thank you MOTEL and LAMB readers! I haven’t forgotten you, 2006 will be very interesting. Do keep in touch! Check myspace.com/piratesrecords & piratesrecords.com.
Vigor Nathan Melissa Hetu Felix B. Défossé Serge Larivière Jean-Nic Racaille Mickael Bardier Xavier Brunelle Nelson Roberge Shaka Kan PKP Urbanologue Analogue
Leonardo Calcagno Levez les mains, on ne bouge plus! Ok, mettons ça au clair. En premier lieu, je crois que ce journal à été créé par des passionnés. On suit tous la scène émergente depuis très longtemps. On a tous produit notre propre publication avant de mettre sur pied le BangBang. On a tous essayé d’aider la scène locale à notre façon. Leo, Pat et moimême sommes des passionnés avant d’être des journalistes, avant d’être des businessmen se lançant dans une avenue qu’ils ne connaissent pas du tout, juste pour l’argent. En créant BangBang, on voulait, comme tout passionné, pouvoir en vivre. Après toutes ces années à travailler comme des fous par passion… hé bien! On vous annonce qu’on continue!! BangBang est le parfait mélange entre un journal et un fanzine. De plus, à nos côtés, on a tenté de regrouper d’autres fans comme nous pour écrire! Et on continue à recruter! L’équipe est loin d’être complète! Laissez-nous une chance, c’est quand même le numéro zéro!! Pour ma part, j’aimerais dire à tous les lecteurs qui m’ont supporté à chaque parution du R.A.D. Magazine que vous m’avez vraiment montré qu’il était possible de faire quelque chose par soi-même et que je n’étais pas seul dans la province à penser cela! Est-ce qu’une autre édition du RAD va paraître, je n’en sais trop rien pour tout de suite! En attendant, lisez BangBang! Nelson
BD - Simon Banville Correction – Cynthia Lacombe Graphiste / mise en page – David Savard Direction artistique – ArtTeam Images Éditieur – Patrice Caron Chef de Pupitre / Rédacteur en chef / Publicité – Nelson Roberge (nelson@bangbangtemort.com) Directeur Publicité/distribution/Marketing – Leonardo Calcagno (pubbangbang@gmail.com) www.bangbangtemort.com *Tous droits réservés 2005* Dépot légal bibliothèque de Québec Décembre 2005©BangBang
Page 7 – News
Page 22 – Dook
Page 8-9 – We are Wolves
Page 23 – Cuff The Duke / Priestess
Page 10 – The Expectorated Sequence
Pages 24-25 – St-Hyacinthe
Page 11 – Gatineau
Page 26 – Prototypes
Page 13 – Alley Dukes
Page 27 – White Noise Ensemble
Pages 14-15 – Against Me Page 16 – Sunny Duval Page 17 – Meesh / Aiden Page 18 – Pistolets Roses / Orchestrol Parade Page 19 – Le Baromètre Page 20 – Dobacaracol
/ The Tossers
Page39 – Gérant d’estrade Jeux Vidéos / Mots cachés Page 40 – Gérant d’estrade Fanzines : Mensuhell Page 41 – Gérant d’estrade Arts Visuels: Pat Hamou Page 42 – Gérant d’estrade – Bandes
Page 28 – Dare To Care
Dessinées
Page 29 – Les Charbonniers de l’enfer
Page 43 – Gérant d’estrade – Livres
/ Creature / Cult of the Psychic fetus
/ Les Abdigradationnistes
Page 30 – Closedown / Ladytron
Pages 44-45 – Palmarès des radios
/ Psycho Riders
universitaires et communautaires
Pages 32 – 36 – Gérant d’estrade CD
Page – 46 – Dale Hawerchuk
Page 38 – Gérant d’estrade DVD
• Le 5 novembre 2005 s’éteignait une légende du rock, Link Wray, à l’âge de 76 ans. Auteur de la pièce Rumble en 1958, il devait inspirer des hordes de guitaristes pour les 50 années suivantes, dont Pete Townsend qui, sans l’apport de Link Wray, n’aurait jamais touché à une guitare. Il laisse dans le deuil sa femme, son fils et le monde du rock en général. Rock in Peace. • Suicidal Tendencies doit de nouveau se mettre sur la touche suite à une nouvelle chirurgie au dos de son chanteur Mike Muir. Sa tournée brésilienne est annulée et aucune autre date n’est prévue pour l’instant, l’indomptable leader préférant mettre toute les chances de son côté et prendre le temps nécessaire à sa convalescence et sa guérison. • La saga de Metrik-Metrik2–Trikme s’est terminée abruptement la semaine dernière avec la défection de Patrik (le bassiste), qui a décidé de mettre plus d’emphase sur ses études et de quitter le groupe. Après plus de cinq ans ensemble, un album et une menace de poursuite de la part de Metric, d’où les changements de nom, le duo se scinde, laissant Merlin et sa batterie seuls pour l’instant. Après une participation très remarquée au premier drummer
kombat, il ne fait pas de doute qu’il ne se tournera pas les baguettes trop longtemps.
* La La Land Modernism et cocktails musclés au Tiki-Ti!
http://www.actuabd.com/abonnementnewsletter.php3
* Un autre regard sur le Habana Libre Hôtel de Cuba et le restaurant Polinesio.
Nouvelles tirés du BéDénautes: bedenaute@videotron.ca
Pour une deuxième année consécutive, l’Association des illustrateurs et illustratrices du Québec organise son exposition ORGIE D’ORIGINAUX. Des illustrations originales des meilleurs du Québec, parues dans des magazines, livres, publicités etc., seront en vente (entre 50$ et 500$) pour une période de trois jours seulement. Selon une source généralement bien informée, il y aurait trois planches de Paul a un travail d’été, et deux de Paul en appartement, de Michel Rabagliati, dans le lot.
* Toronto Tiki (Enfin!): Sutra Tiki Bar
• Le 24 janvier 2006 sera la date à marquer d’un gros X sur votre calendrier. Y paraîtra un album qui a pris 10 ans à se faire, Tunnel Vision Brilliance de Jeff Seeker, bassiste des légendaires Kyuss et de The Obsessed, renommé en tant que géniteur du doom metal. Sur l’étiquette Liquor and Poker. L’extrait The Day of the Neverending est actuellement disponible en mp3 sur le site de ceux-ci, www.LiquorAndPokerMusic.com.
Orgie d’originaux de L’AIIQ:
Vous pouvez aussi vous le procurer via Paypal ou si vous passez par Trois-Rivières (on vous le conseille fortement), quelques copies gratuites seront disponibles au joyau national qu’est le Coconut Motel.
• Orgie d’originaux
Les 9, 10 et 11 décembre 2005 dans les locaux de l’AIIQ: Édifice Belgo, 372, rue SteCatherine Ouest, espace 123 Infos: (514) 522-2040 http://www. aiiq.qc.ca/fr/index.htm • L’excellent et pertinent Mai Tai magazine est de retour après une absence prolongée avec plein des sujets excitants : * Larmes et zonage au New Jersey; la fin des motels des années 50 dans les Wildwoods?
* Tirer sur la télévision à Graceland dans la Chambre de la Jungle * Un entretien avec le sculpteur tiki des mers du Sud, Teva Victor * Histoire du Canada 101: Moai en Ontario! En vente maintenant. Envoyez 2$ à John Trivissimo (chèque ou mandat) à Mai Tai, 6361 20ème Avenue, Suite 301, Montréal, Québec, H1X 3P8 Canada.
• Une fois par mois, c’est bien mais deux fois, c’est mieux! La lettre d’information du site ActuaBD, «le magazine d’actualité de la bande dessinée» a fait peau neuve et est maintenant disponible, au choix, une fois par mois ou deux fois par mois, en format «texte» ou «html», c’est comme on veut. Voir
• Une rumeur persistante veut que le batteur de Slipknot, Joey Jordison, soit celui qui sera derrière la batterie de Ministry pour la prochaine tournée. S’ajouteront au groupe de Jorgensen, Tommy Victor de Prong et ex-Danzig, ainsi que Paul Raven de Killing Joke. La tournée américaine et canadienne doit débuter le 6 mai 2006, avec The Revolting Cocks en première partie. • Gary Glitter est de nouveau dans le viseur de la justice. Résidant au Vietnam, il a été interpellé et mis en accusation pour acte obscène sur un mineur. Il n’en est pas à sa première
accusation de cet ordre, ayant justement déménagé au Vietnam pour se soustraire à l’opprobre populaire de son pays d’origine. • Jeff Walker de Carcass prépare un album hommage au cuntry, qui s’intitulera comme par hasard Welcome to Carcass Cuntry, comprenant des reprises de Johnny Cash à Hank Williams, avec des collaborations de Faith No More, Amorphis, Napalm Death, Hellacopters et, bien sûr, Carcass. La parution est prévue pour Mars 2006. • Nouvelle triste, Kelly Osbourne a annoncé qu’elle se retirait du showbiz, prétextant qu’elle avait fait assez d’argent dans son adolescence pour se le permettre. Yes! Faudrait que son père l’imite, la pitié a ses limites. Si c’était un cheval, ça ferait longtemps qu’on l’aurait euthanasié.
bang bang | volume zéro • numéro zéro
Raconte-nous, en détails, les débuts de l’aventure We Are Wolves. Nous avons commencé à pratiquer en l’an 2000, Alex Ortiz, Vincent Lévesque et moi. On n’avait pas pour but de faire des albums, c’était avant tout un trip entre trois amoureux de musique. On voulait juste avoir du fun ensemble. À ce moment-là, y’avait pas tellement de groupes qui mélangeaient synthés et beat box avec du rock et du punk, et nous, on désirait expérimenter. On n’avait toujours pas de nom, mais on pratiquait quand même deux fois par semaine. En 2002, je suis retourné à l’école à temps plein, en littérature française et théories du cinéma à l’Université de Montréal. J’ai donc dû laisser le projet de côté, justement parce que c’était avant tout un projet et non un groupe. Donc pendant un an, Alex et Vincent ont continué seuls. En 2003, le nom We Are Wolves a été choisi, et les deux gars ont commencé par faire quelques petits shows. C’est alors qu’ils m’ont demandé de revenir dans le projet, car ils utilisaient juste un beat box et ils voulaient ajouter une vraie batterie. J’ai donc réintégré le groupe, et depuis ce temps-là, on roule comme un trio. Le tout est devenu plus sérieux par la suite, avec l’album et les tournées qui ont suivi. Tu as étudié en lettres et en cinéma, alors qu’Alex et Vincent ont étudié les arts visuels. Estce que votre bagage scolaire a quelque peu établi la tangente du groupe, musicalement parlant? Absolument. En fait, nous sommes tous, à la base, des amoureux des arts en général : les arts visuels, le cinéma, tout ce qui est création. Un peu comme les gars de Devo, qui étaient des étudiants en arts. C’est d’ailleurs de façon semblable que le projet We Are Wolves a débuté. On s’est rendu compte, à l’époque, que tout pouvait se mélanger ; si tu «trippes» sur un dessin ou une image, il y a sûrement moyen de traduire ce feeling intérieur en musique.
D’
abord, il y a la bête : la meute de loups déchaînée et énergique qui se manifeste sur scène un peu partout en Amérique du Nord, en torturant ses instruments comme si chaque spectacle était son dernier. Ensuite, il y l’envers de la médaille : les humains cachés derrière les loups, à savoir de jeunes Montréalais branchés, cultivés, souriants et polis, un brin posés mais nullement hautains. Au nombre de quatre (leur gérant Alex Beaulieu étant considéré comme un membre du groupe à part entière, même s’il n’apparaît pas sur scène), les gars de WE ARE WOLVES font preuve d’une contradiction étonnante. Un contraste décalé entre scènes de spectacles et scènes de vie quotidienne, une dualité nécessaire qui se retrouve au cœur même de leur démarche musicale, «un paysage post-punk avec des arbres analogues», selon le groupe lui-même. Il en résulte donc une formation bouillonnante et allumée, en constante progression, qui rêve de tournées Européennes et qui n’a pas fini de faire parler d’elle. Bang Bang s’est entretenu plus particulièrement avec le batteur de la formation, Antonin Marquis.
bang bang | volume zéro • numéro zéro
Pourquoi avoir attendu trois ans avant de sortir l’album Non-stop je te plie en deux? Quand on a commencé à faire des shows, on avait un certain nombre de pièces, assez pour faire un album. On avait plein de propositions de spectacles, et nous on disait : «oui, oui, ça nous tente, ça a l’air cool». On en jasait dans un bar avec les gens concernés, et
le lendemain, il n’y avait pas de coup de téléphone qui se faisait. C’est la que le quatrième membre du groupe, Alex Beaulieu, est arrivé dans le portrait. Alex, qui fait un paquet d’affaires pour nous (gérant, chauffeur, conseiller, on le considère vraiment comme un membre du groupe), est débarqué à un moment donné, en nous disant : «moi j’aime votre band, et il y a moyen de faire quelque chose d’intéressant avec ça. J’embarque la dessus». Lui, il est à son affaire et lui, il retourne les appels ! Il nous a trouvé un studio, il nous a fourni les ressources. Ça nous prenait vraiment quelqu’un qui croyait en nous pour nous prendre par le collet. Grâce au travail qu’Alex faisait pour nous à ce moment-là, tout ce qu’on voulait faire nous, c’était enregistrer des pièces, peut-être tirer 500 exemplaires de l’album, et le vendre pendant les shows ici à Montréal. On ne pensait pas alors partir en tournée. Tout s’est fait étape par étape, et j’aime mon band pour ça aussi : le succès est venu du fait qu’on pratique deux fois par semaine, qu’on a fait un album, qu’on fait des spectacles…C’est clair que sans album, on ne pouvait pas faire de grosses tournées. On voulait absolument laisser une carte de visite, du matériel. Tout s’est fait dans l’ordre logique des choses. On connaissait évidemment l’efficacité de We Are Wolves sur scène bien avant la sortie de l’album. Le public vous a adopté lorsqu’il a découvert cette formation énergique et originale. Ne craigniez-vous pas une certaine pression par rapport à votre propre capacité de bien canaliser votre énergie de scène, et de réussir à la transposer efficacement sur disque? Pendant l’enregistrement de l’album, je n’ai pas ressenti de pression. C’était la première expérience de studio pour tout le monde alors on était tous très naïfs par rapport à la façon dont ça allait se passer. Une fois l’album terminé, une fois l’album lancé, quand je l’ai écouté tout seul chez moi, c’est à ce moment que la pression a embarqué. Parce que moi, personnellement, je ne trouve pas que l’énergie de nos spectacles est retransmise sur le disque. Il a un son complètement différent de nos spectacles, avec une approche plus studio, plus travaillée. Le son est assez trash, mais l’approche en général l’est beaucoup moins que lorsque nous sommes live. Au début, j’avais de la
difficulté à aimer l’album à cause de ça, j’aurais aimé mieux enregistrer un album live, tant qu’à ça ! Maintenant par contre, j’ai tellement l’impression qu’il a un son particulier cet album, que je commence à l’apprécier pour ce qu’il est, à l’accepter comme il est, avec tous les défauts et toutes les qualités que je peux lui trouver. Il y a évidemment une différence entre l’album et le live. Certains préfèrent le premier, d’autres le second; c’est vraiment une question de goût. Il y a des gens qui peuvent être très surpris après nos shows. Quand tu joues dans une ville comme Cleveland, par exemple, où tu n’as jamais mis les pieds de ta vie, et qu’il y a des gens dans la foule qui viennent te dire «hey, j’ai vraiment aimé votre show, je vais m’acheter votre album», je me demande quelle idée ils auront du groupe après avoir entendu le disque! Pour le premier album, c’est ça laréalité, peut-être que ce sera différent pour le deuxième. L’album a été bien accueilli par les critiques… sauf par le magazine Vice. On y lisait récemment une critique virulente de votre album, qui disait à peu près ceci : «stupide référence animale pour le nom du groupe», «beaucoup de néons et de mauvais lettrages», «sous-produit des Unicorns…». Que pensez-vous de la critique faite à votre égard, qu’elle soit bonne ou mauvaise? Je vais tenter de te répondre le plus honnêtement possible. Alex, Vincent et moi, nous sommes trois gars extrê-
mement sensibles de nature, et à fleur de peau. On n’est pas insensibles à ça, comme on n’est pas impartiaux face à ça. Je pense qu’on est tous capables de lucidité, et d’avoir du recul pour pouvoir prendre de la distance par rapport à une mauvaise critique. La critique du Vice est particulièrement mauvaise dans sa construction, car la plupart du temps, les critiques sont plus nuancées. Dans 90% des cas, je suis d’accord avec ce qui est écrit. Tout ce que l’on peut reprocher au groupe, je peux le comprendre. L’inexpérience que nous avions à l’époque est quand même un aspect à considérer. Nous ne sommes pas vraiment des musiciens ; on a fait ce projet-là par amour, et les tournées, c’est nouveau dans nos vies. On s’expose au monde, et le monde nous critique. Ce que je me demande cependant est ceci : est-ce que c’est mieux avoir une mauvaise critique, ou de passer complètement inaperçu? Peut-être que l’indifférence est pire, je n’en sais rien ! Il est possible de télécharger Nonstop je te plie en deux au complet sur plusieurs sites de partage de mp3 sur Internet. N’est-il pas vrai de penser qu’il s’agit en quelque sorte de la rançon de la gloire pour un groupe, aussitôt que celui-ci prend de l’ampleur? En toute franchise, je suis pour le téléchargement gratuit sur Internet. J’ai tellement découvert des groupes de cette façon-là, c’est malade. Disons que je regarde les affiches de spectacles collées sur un poteau au coin de ma rue. Je ne connais pas les
groupes mais l’affiche n’est pas pire ; la salle non plus n’est pas pire. Je vais quand même télécharger quelques pièces pour me donner une bonne idée du groupe, et je vais aller le voir en show si j’aime ça. Je peux avoir l’album d’un groupe au complet en mp3, mais étant un grand collectionneur de vinyles, je vais aller l’acheter ce vinyle, si j’aime vraiment ça. On ne peut que bénéficier de l’exposure due au téléchargement gratuit. On est pauvres de toute façon. Nous, on veut «tripper» en faisant de la musique et si tu nous as découverts sur Internet, on n’a pas de problème avec ça. We Are Wolves se retrouve sur la récente compilation du magazine Nightlife, avec plusieurs groupes hype de Montréal : The Stills, The Dears, Hot Springs, Duchess Says… On y retrouve aussi des groupes qui composent leur matériel tout en français, comme les Breastfeeders et Malajube. On parle beaucoup de la scène musicale émergente montréalaise dans diverses revues spécialisées et journaux internationaux, mais on n’y parle jamais des groupes francophones qui font partie eux aussi de cette même scène. Comment l’expliques-tu ? Je le reproche aux revues et magazines, c’est évident. Les médias d’ici en ont parlé, mais je crois que c’est vraiment un leurre. Je ne sais même pas si les journalistes internationaux sont venus ici sur le terrain. Je l’espère mais j’en doute, car ils se seraient rendus compte qu’il y au minimum 50% des gens de Montréal
qui parlent français. Je me souviens d’une revue française, le Rock’n’Folk, qui avait fait une page sur la scène musicale d’ici et qui avait considéré les Breastfeeders, entre autre. Je crois que les médias américains auraient pu juste se surprendre eux-mêmes d’être intéressés par une autre langue. J’ai l’impression qu’au niveau international, on a peur des langues étrangères, et ça ne concerne pas juste le français. Quels sont les groupes punks rock italiens? En ce qui concerne notre groupe, nous l’avons cette peur-là aussi, parce que sinon, on composerait toujours en français. C’est peut-être une question de paresse dans notre cas, on a grandi en écoutant du rock anglophone, on compose en anglais parce que ça sort naturellement. Si on ajoutait une ou deux chansons francophones sur nos prochains albums, j’ai comme l’impression que les gens trouveraient ça exotique, et passeraient d’une certaine façon à côté de ce qu’on a à dire. En terminant, quels sont les objectifs à moyen terme pour votre groupe ? Il y a bien entendu un deuxième album en chantier, qui paraîtra sous l’étiquette Fat Possum. Il y a aussi quelques petits shows isolés, dont trois à New York en décembre. On va pratiquer au local le plus possible. Ce qui nous intéresse, c’est d’y mettre tout ce que l’on a aspiré comme influences lors de nos tournées pour faire un pas en avant musicalement. Et quelques spectacles en Europe. Pour moi, ça serait le trip ultime!
QUELQUES P’TITES VITES, POUR FINIR EN BEAUTÉ !
Un album à posséder, si tu te retrouves seul sur une île déserte ? THREE IMAGINARY BOYS, par The Cure. Qu’est-ce qui a joué dans le minibus lors de la dernière tournée ? Shocking Blue, Chromatics, Bob Dylan… Un film important ? PALINDROMES, de Todd Solondz. Une ville en région, au Québec, ou We Are Wolves aimerait jouer ? S’ils nous invitent à Trois-Rivières, j’y vais, ça me tente ! Un point positif de Star Académie ? (Gros rires) Je viens de conduire 11 heures d’auto, il y a eu 9 personnes à mon show, on n’a pas de place pour dormir, et bien c’est encore moins pire que Star Académie! Ça me rassure… Un petit mot pour les lecteurs du Bang Bang ? Euh….est-ce que je peux leur dire «salut» ?
bang bang | volume zéro • numéro zéro
pas vraiment rapport. Oui, je connais Locust, j’ai eu un moment il y a quelques années où j’écoutais beaucoup mais plus maintenant», raconte le batteur.
À l’été 2004, The Expectorated Sequence lançait son premier disque, Over The Top, contenant sept chansons pour une durée totale de près de dix minutes. On les qualifie tout de suite de hardcore mathématiques, en les associant à leur ami Discord Of A Forgotten Sketch. Il prend donc un peu moins de deux ans pour nous pondre un nouveau disque, cette fois un peu plus long (20 minutes!), mais avec une toute nouvelle approche.
Entrevue avec Eric, batteur de la formation. «On se laisse aller plus loin que seulement faire de la défonce». En effet, Hair Bomb est beaucoup moins «garoché» dans tout les sens, plus mélodique à la limite, et même plus violent. L’agressivité ne se mesure pas nécessairement par la vitesse d’un groupe mais plutôt par son intensité. The Expectorated Sequence a sûrement compris ça sans vraiment le
vouloir. «On se fait toujours poser la question, si on a été influencé par Isis et autres, puis on est un peu tanné de se faire associer à ça. De se faire associer à un groupe en particulier, c’est le pire. On perd un peu notre personnalité». Il fallait s’en attendre, le public et surtout les médias (!!!) cherchent autant que possible à trouver des étiquettes pour qualifier des groupes. «De se faire comparer à Locust ou Daughter partout, ça n’a
Je me suis souvent posé la question dernièrement, est-ce que pour qu’un groupe ait envie de vivre de la musique, il doit absolument pouvoir avoir les radios de son côté? «La radio n’est pas du tout notre objectif. Y’a plein de groupes qui réussissent à vivre présentement en se passant de la radio. Par exemple, Converge vivent de l’enregistrement et des spectacles, et c’est un gros band!» Il n’y a aucun doute la-dessus! De plus, nos amis du Québec sont en train de planifier une tournée canadienne avec leur label New Romance For Kids. «On pense peut-être aussi à un petit tour vers l’Europe au mois de septembre». Et les États-Unis? Tout groupe anglophone émergeant du Québec rêve avant tout de pouvoir tourner aux États-Unis. «On ne peut pas y aller. On a des membres qui ont des dossiers criminels. De toute façons, c’est sûr qu’il y’a un bon marché aux States, mais on ne s’apparente pas au groupes de ce pays, on est premièrement canadien, québécois et on va commencer par
faire ce grand territoire là. Ensuite, on va en Europe parce que c’est là qu’est la qualité, confie Eric. On est plus intéressé à un public européen, car la mentalité n’est pas la même que celle d’ici et je pense que tout le monde le sait. La scène de l’Europe est beaucoup plus concentré, plus chaleureuse». Donc, un nouvel album qui montre un nouveau talent très prometteur au Québec. Un peu baveux, lourd et agressif comme on a rarement entendu! Hairbomb est un bijou dans le style et mérite une attention particulière. www.geocities.com /theexpectoratedsequence
G
atineau est le centre administratif de la région de l’Outaouais. Ville hôte des Jeux du Québec en 1981, on y recense plus de 230 000 Gatinoises et Gatinois. Fief du club de hockey junior majeur Les Olympiques, Gatineau tient son nom d’un draveur du nom de Nicolas Gastineau. Celui-ci se serait noyé là où la rivière Gatineau se jette dans la rivière des Outaouais, en face d’Ottawa. Gatineau est aussi le nom du projet hip hop instigué par le rappeur Séba ainsi que le producteur Sa Sucreté alias Papa Sucreah, qui est passé, en l’espace d’une année seulement, de la scène du Divan Orange à celle du Métropolis, en plus de lancer indépendamment un premier EP nommé Sur ton visage. Entretien - dans tes yeux - d’une formation hip hop qui n’en est pas une. La fondation de Gatineau… Accoudés à une table du café L’Entretien de la rue Laurier, Séba et Sa Sucreté se remémorent la formation de Gatineau. «À la base, y’avait Séba qui travaillait avec les Loco Locass, raconte Sa Sucreté entre deux cigarettes. Leur batteur, Jean-Sébastien Nicol, ainsi que leur bassiste, Jean Philippe Pelletier, sont lancé un projet de drum n’ bass (Métatuque) et moi j’ai embarqué là-dedans», poursuit celui qui s’est aussi fait connaître comme programmateur et claviériste dans des formations locales comme le Vander Dub Expérience. «J’avais des beats et je lui ai donc demandé s’il voulait rapper dessus». Entrée en scène de Séba, MC, connu autant pour ses collaborations avec le DJ Ghislain Poirier que pour ses prestations mémorables lors de soirées de poésies. «Au début, je me cherchais quelqu’un pour faire mon album solo, explique Séba. Pendant un mois, on se demandait quelle pièce serait «Papa Sucreah featuring Séba», «Séba featuring Papa Sucreah», etc. Au moins, avec le nom Gatineau, on était tout les deux ensemble dans le projet». Naquit donc Gatineau. Population : deux en studio, quatre sur scène. Hip hopéra? Bien que l’étiquette rap lui colle à la peau, Gatineau ne se limite pas qu’à cette caste, autant sur disque que sur les planches. Séba raconte : «Notre toune Elephant, par exemple, s’inscrit plus dans une lignée de hip
hop plus progressif. C’est une toune de presque six minutes avec plusieurs passages à l’intérieur, qui comporte divers tableaux. C’est très cinématographique, un peu comme un court métrage», précise ce détenteur d’un DEC en cinéma obtenu au Cégep St-Laurent. Ainsi, comparer Sur ton visage à une bande annonce de film à venir serait à peine exagéré. «C’te toune-là se tient en elle-même, mais y’a comme deux ou trois autres chansons qui y font références. Par exemple, dans c’te chanson là, y’a un personnage qui s’appelle Poignard qui revient aussi dans d’autres tounes». Une véritable diégèse urbaine qui prend littéralement vie sur scène lors des performances de Gatineau. En quelque part entre le show punk déjanté et la performance théâtrale, changements de costumes et de personnages y compris, on pourrait presque qualifier le rap de Gatineau de «hip hopéra». «On en est à avoir une forme de mythologie», raconte Séba. En show, y’a une sorte de de progression vers la déchéance. Ça commence souvent avec la toune de party comme Alcool. Quand t’as trop bu, là t’as la toune Pawnshop parce que t’as pu de cash. Après ça, t’as la toune de prison, etc. C’est toujours narratif, y’a toujours une histoire, même si c’est complètement tordu». S’inspirant visiblement plus de la plume des Francoeur et Ronfart que du «bling» et autres thématiques «gangsta», Gatineau se trouve à des kilomètres des clichés du genre. «C’est une question de mode de vie aussi, confie Séba. Ma vie, c’n’est pas une vie de gangster ; je suis plus
culturel, j’ai vu beaucoup de pièces de théâtre et de films québécois. Au début, mon rap partait d’un travail sur la langue québécoise, mais je n’essaie pas de faire absolument «québécois». On tente de s’ouvrir sur autres choses. Souvent, les rappeurs rap sur eux-mêmes, ils rap qu’ils sont entrain de rapper : Yo j’pogne le micro, en ce moment je suis en studio. On le sait ça, la toune est faite! C’est sûr que t’as le micro dans les mains ! Ça n’intéresse personne», s’exclame-t-il. Papa Sucreah enchaîne : «Juste par l’attitude, le look et même le crowd, c’est sûr qu’on n’est pas que hip hop. On aime bien le groove, mais musicalement, je trouve ça ennuyant. C’est peut-être que je viens d’une école plus jazz, mais moi j’aime recevoir une taloche dans la face pis que le band s’en aille à gauche. Sur notre chanson Pointe all-dressed, par exemple, ça commence drum n’ bass, y’a un bout un peu dub pis ça fini en The Forest de The Cure !» La scène locale de Gatineau… Un autre cliché hip hop veut que les rappeurs se ghettoïsent, ne se rassemblant qu’entre congénères. Ce n’est évidemment pas le cas pour Gatineau, qui se veut autant une ville qu’une formation aux penchants multicultures. Alors que la localité possède une coopérative de solidarité multiculturelle nommée DIVART, le duo hip hop, lui, se complaît autant chez les artistes rock que les musiciens hawaïens. Ainsi, en plus de bidouiller les rythmes de Gatineau, Sa Sucreté
participe aussi au Mai Tai Orchestra, un ensemble de musique polynésienne formé de membres du très sélect collectif La Maison Brune. Séba, de son côté, s’est retrouvé en octobre dernier sur la scène du Ô Patro Vys en compagnie de membres de Malajube pour rapper avec nulle autre que Gisele Webber, la chanteuse des Hot Springs. «On avait l’idée pour Gatineau d’avoir une fille sur une track pour faire un duo, explique Séba. On ne voulait pas nécessairement une chanteuse hip hop, on voulait une autre énergie. On lui a demandé, elle a acceptée, mais c’est finalement elle qui est arrivée avec un projet de toune de rap et m’a demandé d’y aller. J’ai trouvé ça vraiment tripant. C’est sûrement le début d’une belle collaboration». Gatineau en 2006… Les prochains mois s’annoncent occupés pour Gatineau. Alors que la société de transports de l’Outaouais modifiera ses trajets pour la ville, le groupe prévoit faire des concerts en région, afin de répandre la bonne nouvelle, comme dirait Séba. Sucreah précise : «On a quand même une structure malléable. Y’a aussi les Maisons de la culture qui nous intéressent. Ça nous permettrait de pousser le côté théâtral du show plus loin en fonction de la crowd et des auditoriums. L’idéal serait de créer un genre de voyage psychédélique…» En ce qui concerne l’album qui devrait paraître en septembre, Séba déclare fièrement : «le public ne sait pas encore à quoi s’attendre, mais il va s’attendre à d’quoi !»
bang bang | volume zéro • numéro zéro
11
N
orthern Rednecks, le premier album d’ALLEY DUKES, est un hymne à cette rébellion. Entrevue avec Zak Duke.
Pouvez-vous nous donner un aperçu du groupe et de l’album, qui est soit dit en passant excellent? Merci. Nous voulions faire un album qui soit le plus proche du son traditionnel rockabilly, sans s’aventurer dans le neo-psychobilly, et en même temps ne pas tomber dans le cliché rockabilly musical qui existe maintenant. Nous avons tous des influences et des goûts musicaux différents dans le groupe, mais quand arrive le temps de composer, notre inspiration a toujours été David Allan Coe - chanteur country étasunien, connu pour son attitude hors la loi et par son excellent album Penitentiary Blues. Notre musique est inspirée de la rébellion pure du rockabilly. Le rockabilly d’aujourd’hui est dangereusement entrain de devenir une musique retro-fashion avec tous ces bands qui chantent à propos des Cadillac, du boppin et kats & kittens, bref, toute cette nostalgie peu pertinente. On trouve étrange qu’ils soient inspirés par le côté bonbon des années 50, quand le rockabilly est une rébellion musicale non révisionniste. C’est une musique excellente qui devrait refléter la vie des gens qui la jouent et qui l’écoutent aujourd’hui! Nous voulions aussi faire un disque qui sonne comme nos spectacles. Nous avons tout enregistré live en deux jours, tous le monde jouant en même temps dans la même pièce,
« Quelque personne sont offusquées par nos paroles.
Depuis quand le rock’n’roll est devenu inoffensif ? Le rockabilly original des années 50 a été le premier punk! Il rejette le conservatisme de la société... il devait faire trembler les parents, les professeurs et l’église. La musique du diable, le sexe, l’alcool et plus de sexe et d’alcool.
»
la façon dont le rock’n’roll doit être enregistré. Nous avons écrit des pièces qui ont l’élément du rockabilly des années 50, mais sans le copier. Nous voulions recréer ce son de basse puissant, l’écho, le rythme de train avec la batterie, le fingerpicking guitar et l’influence country. Donc il existe ce danger que le renouveau du rockabilly et psychobilly devienne une star académie à produire en masse? Il existe un élément de la nouvelle scène qui se veut de production en masse. Je vois beaucoup de nouveau amateurs de psychobilly qui écoutent de la cochonnerie comme Horrorpops et Tiger Army. Nous ne sommes pas extrêmement inquiet car le monde qui aime le style seulement pour la mode ne seront plus là à long terme et ceux qui aiment vraiment resterons. La bonne affaire de ce renouveau de masse est que plus de gens sont exposés à la musique. Pouvez-vous nous faire un mini tour de la scène rockabilly et psychobilly au Québec et au Canada? En premier lieu il faut mentionner les Gutter Demons. Ils ont beaucoup fait pour mettre le Québec sur carte dans la scène psychobilly. Nos amis Bloodshot Bill ont beaucoup voyagé en Europe et aux États-Unis. Il y
a les Brains qui viennent de sortir un excellent album, et je prédis qu’ils vont avoir beaucoup de fans. Concernant le Canada, le mieux est de se procurer les deux compilations Zombie Night In Canada (Stumble Records). A quoi devons nous attendre dans un spectacle d’ALLEY DUKES? Bière, vulgarité, nudité, blagues salées et la guitare féroce désaccordée de Danny! Top 10 2005? J’achète normalement beaucoup de vieux albums… les autres membres d’Alley Dukes ont sûrement d’autres choix, mais ceux-ci sont les miens. The Brains - The Brains, Bloodshot Bill - Rockabilly Trash, Vulgar Deli- Kill Rock’n’Roll, The Gutter Demons - Room 209, Endangered Feces - Ass For It By Name, Blind Lemon Jefferson - The Complete Blind Lemon Jefferson, Genetic Control - Brave New World, Nick Curran - Player, Alvin Youngblood Hart - Motivational Speaker et Reluctant Aquanauts - The High Voltage Sounds of The Reluctant Aquanauts. www.freewebs.com/alleydukes/
L
es choses ont bien changées pour ce groupe issu de la prolifique scène de Gainesville, FL. Autrefois marqué de l’étiquette anarcho-punk pour ses textes et attitudes se dégageant de ses premiers enregistrements et bien entendu de son légendaire album Reinventing Axl Rose sur No Idea!, le groupe semble aujourd’hui vouloir rendre sa musique plus accessible, par exemple avec son passage à l’émission de Conan O’Brien sur NBC, sa présence sur la première compilation du populaire site internet Myspace ainsi que ses performances sur quelques dates de la tournée de Green Day. Oui, Against Me! est sur le point de conquérir le monde avec son récent enregistrement Searching For A Former Clarity. Non, ils n’a pas perdu un seul instant son franc parler, que ce soit face à l’administration Bush ou à travers l’honnêteté qui se dégage immanquablement des textes et de la voix de Tom Gabel. Ce dernier a été joint dans l’état du Wyoming en octobre dernier au courant du Fat Tour. Est-ce que Against Me! serait la bouffée d’air frais que le monde du rock’n’roll attend depuis si longtemps? Vous aimez jouer ici à Montréal?
Est-ce que c’était organisé?
Oui, c’est toujours du bon temps. Nous avons quelques amis là-bas comme les gars des Sainte-Catherines et de Fifth Hour Hero. Venir au Canada, c’est toujours le fun.
En fait ils passaient par là en se dirigeant vers la Floride. Ils allaient enregistrer à Gainesville et ils jouaient un show à Baltimore, où nous enregistrions. Nous leur avons demandé : «Pourquoi vous ne venez pas en studio, vous pourriez faire les back vocals et on s’amuserait bien». Notre album est donc à moitié canadien.
C’est bien que tu en parles, car je voulais aborder le sujet des SteCatherines qui ont récemment été signés sur Fat Wreck Chords. Oui c’est très cool! J’ai entendu des histoires à propos de toi se battant avec un gars des Ste-Catherines dans un club en Ontario. Pas se battre l’un contre l’autre (rires), mais se battre ensemble oui. Tu parles de FHH. Geneviève Tremblay de ce groupe chante sur votre nouvel album. Oui…à toute les fois qu’il y a des back vocals de groupe c’est en fait tout le monde de FHH. Elle fait le solo sur How Low.
14
Vous avez sur le plateau de l’émission de Conan O’Brien récemment. Étiez-vous nerveux de ce passage sur les ondes télévisuelles nationales? Pas vraiment. J’étais peut-être un peu nerveux mais c’était cool. Les gens qui travaillent là collaborent et te font sentir confortable. Ce n’était rien pour nous inquiéter. Parlons un peu de votre nouvel album. Quand nous avons vu We’re Never Going Home, votre DVD, nous n’étions pas certains si vous alliez passer à un major label ou rester avec Fat Wreck Chords. Vous avez finalement décidé de rester avec eux. Pourquoi avoir
bang bang | volume zéro • numéro zéro
pris cette décision? Avez vous déjà vraiment considéré aller sur un major? Oui, oui, nous avons considéré et …je ne sais pas, nous avons juste décidé que c’était la bonne décision pour le moment de rester avec Fat. Avez-vous demandé à l’équipe de vous pousser un peu plus qu’elle ne le faisait? Hum…tu sais, nous avons une relation organisée avec Fat qui est de nos affaires et pas vraiment celle de personne d’autre. Fat a réalisé quel type de groupe nous sommes et que nous voulons vraiment le pousser. Tu sais, nous sommes en tournée présentement pour les trois prochains mois environ, et ce, sans arrêt. Nous allons aussi tourner l’année prochaine pour assurer le futur de notre album; ils voient notre niveau d’implication et jusque où nous voulons l’amener. Et ils sont cool avec ça. Jusqu’où voulez-vous amener ce groupe justement ? Est-ce qu’il y a une ligne que vous ne voulez pas dépasser, que vous croyez trop loin pour vous?
Je ne crois pas vraiment en ça. Je veux dire, nous sommes au point où ce que l’on fait est être un groupe, et nous faisons ça tout le temps. À un point tel que je n’ai même pas de maison; c’est ce que je fais tout le temps. Ce n’est pas comme si nous essayions de garder quelque chose de secret. Quand tu fais un album et que tu organises un show, tu veux que les gens l’entendent et qu’ils viennent te voir. Pourquoi quelqu’un mettrait-il une limite à ça? As-tu peur, ou te soucies-tu d’une quelconque façon, qu’un jour les personnes qui t’ont aidées en premier lieu vont s’éloigner de toi à cause du niveau où vous êtes rendus en tant que groupe, comme c’est arrivé à plusieurs formations? Penses-tu à ça? Je crois que c’est pas mal ridicule si quelqu’un s’éloigne de toi juste à cause de quelque chose comme ça. Ce n’est pas comme si nous faisions quelque chose de façon malicieuse comme jouer un show pour faire chier quelqu’un. Nous ne faisons que jouer des spectacles. Cela a toujours été notre intention. Puis si quelqu’un décide
que d’une quelconque façon cela est mal, qu’il y a quelque chose de mal à propos de ça, bien alors peut-être qu’il était juste confus dès le départ et qu’il n’aimait pas vraiment notre groupe. Tu sembles avoir une attitude très positive face à celle-ci mais en même temps tu sembles aussi avoir beaucoup de chose à dire sur l’industrie musicale. Particulièrement sur la pièce Unprotected Sex With Multiple Partners, tirée du nouvel album. Est-ce qu’il y a une histoire derrière le titre ou derrière le texte? Hum…je crois que la chanson dit pas mal tout par elle-même et qu’elle est plutôt explicite. C’est juste dire les choses comme elles sont. Je ne sais pas, c’est la façon dont les choses sont, la façon dont la majorité des groupes est organisée dans l’industrie musicale. Peu importe la cote pour la gérance, pour l’agent, pour le booking et tous ces genres de trucs. C’est la façon dont les étiquettes travaillent, et nous en faisons partie parfois malheureusement. Peu importe à quel point ça peut être frustrant pour moi. Mais je crois que c’est une chose
Parlant de ce sujet, vous étiez sur Rock Against Bush Volume 1. Puisque l’hypothèse flotte dans l’air, que penserais-tu du fait que Jeb Bush se présente pour la présidence en 2008 et remporte l’élection?
importante d’être au moins honnête à propos de la façon dont les choses sont. Es-tu confortable avec ça ou si tu sens que parfois tu «triches» par rapport à tes racines?
Crois-tu que les USA vont quitter l’Irak un jour ? Pas dans un futur rapproché en tout cas.
Je ne crois pas que Jeb va être dans la course. Je crois en fait que Dick Cheney va se présenter. C’est une chose très effrayante car je crois que présentement, Cheney est pas mal plus en contrôle de la situation que Bush ne l’est, et que Bush n’est qu’une marionnette exécutant les décisions de Cheney. S’il se présente, qu’il est élu et qu’il est réélu pour un deuxième mandat, on parle de 16 ans de Cheney. Je crois que les membres de la famille de Jeb ont trop d’histoires obscures. J’oublie les événements spécifiques mais je sais qu’il y a des gens dans sa famille qui ont été arrêtés quelques fois. Des trucs qui pourraient faire en sorte que ce n’est pas possible pour lui de devenir président. Puisque vous étiez sur Rock Against Bush, devons-nous assumer que vous étiez des
supporters de John Kerry ou des Démocrates? Je crois que c’était la seule alternative possible à ce moment, la seule alternative réaliste à Bush. Pour moi, c’était peut-être une question de ne pas être trop égoïste et malheureusement choisir celui qui est le moins pire des deux. Bien que je ne crois pas que Kerry était parfait dans l’ensemble sur certains sujets. Mais si tu regardes la Cour suprême qui est élue, tu parles de la fin des droits de la femme concernant l’avortement, ce qui est une question de piler un peu sur ta fierté et de voter pour quelqu’un en qui tu ne crois peut-être pas totalement, mais qui, au moins, serait une meilleur alternative à Bush. Ça demeure un bon choix. Certaines personnes ont adressé des critiques à Rock Against Bush en disant que les groupes utilisaient leur popularité pour influencer un auditoire qui ne comprenait pas nécessairement ce qui se passait. Sentiez-vous que vous utilisiez votre popularité ou est-ce une critique stupide à vos yeux?
Je crois que quiconque a une position qui peut faire en sorte que les gens les écoutent, s’ils peuvent dire quelque chose, c’est bien. Si nous allons sur scène et disons: «Hey! Il y a une guerre là bas. SVP informez vous et mobilisez vous». Si nous pouvons être un motivateur d’une quelconque façon pour amener quelqu’un à être impliquer dans cela, je n’y vois aucun mal. Considérant la situation aux dernières élections et le fait que nous avons perdu, honte à toi d’avoir bêtement critiqué. Les fois où tu critiquais, tu aurais pu être avec nous, tu aurais pu faire n’importe quoi pour motiver n’importe quelle sorte d’alternative viable et construire une quelconque forme de résistance. Tout ce que tu pouvais faire c’était de t’asseoir et te plaindre contre Rock Against Bush? Fuck that! Fuck you pour ça.
Fat Wreck Chords Tour: Against Me!, The Epoxies, Smoke Or Fire, The Soviettes @ Club SodaMardi 6 décembre- 19h30- 16,50$
Je ne sais pas…je suis confortable avec les décisions que je prends et je peux les défendre et tout ce genre de truc. Peut-être que des fois il y a un peu de culpabilité punk qui vient avec la vie, mais je crois que c’est un peu stupide. Et tu sais, je crois que c’est important d’être la personne que tu es maintenant et de ne pas être trop préoccupé par la personne que tu étais avant. Sur votre dernier album, il y a une chanson qui se nomme From Her Lips to God’s Ears dans laquelle vous semblez questionner les projets géopolitiques de Condoleezza Rice. Êtes-vous plus effrayés que jamais par l’équipe Bush ? Est-ce que c’est quelque chose que vous tentez d’exprimer? J’essayais juste de dire que je crois que c’est hypocrite de dire que la paix est ton but et d’aller ensuite en guerre. Que c’est de l’hypocrisie de dire que tu amènes la démocratie dans un pays, quand le pays est sous la loi martiale et qu’il n’y a pas de vrai choix. En Irak, il n’y a pas vraiment de démocratie. C’est un pays occupé. Ses citoyens ne sont pas en mesure d’élire leur propre gouvernement. Je crois que c’est hypocrite.
bang bang | volume zéro • numéro zéro
15
Avec un premier album en poche, intitulé Achigan, François «Sunny» Duval se détache musicalement du groupe Les Breastfeeders, dans lequel il est guitariste. Toutefois, ne lancez pas de fausses rumeurs ; Duval reste dans les rangs des Breastfeeders. La formation de Montréal ne se sépare pas. La preuve, un nouveau disque est en préparation. En observant la pochette, on voit bêtement un achigan dessiné au centre. Autour du poisson, il y a des vagues d’eau et le nom du chanteur. On reste un peu méfiant, car ce n’est pas le type de pochette à laquelle on s’attend. Tête de mort ou dessins dark seraient peut-être davantage représentatif. Pourquoi alors un poisson? «C’est un poisson rock. Il lutte tout le temps en eau souterraine, à l’image de la scène underground. Et je souhaite volontairement rester en dessous. Certains ont dit que si je voulais en vivre, il faudrait que je devienne plus sérieux.
D’où le mot «volontaire». De toute façon, le milieu de la chanson populaire ne m’intéresse absolument pas. J’ai déjà accompagné à la guitare une chanteuse populaire et je me demandais ce que je faisais là. Je n’ai pas en moi cette palette musicale qui me permet de jouer plusieurs styles», explique Sunny Duval. L’idée de lancer un disque, c’est plutôt une idée curieuse, car la carrière des Breastfeeders est bien enclenchée. Les relents de son ancienne formation Sunny Deloop, cartonnant sur les ondes universitaire avec Approche la ruche, lui ont-ils donné le goût de faire cavalier seul pour cet album? « Non, j’ai toujours eu le désir d’enregistrer un album solo. Dans les Breastfeeders, ce n’est pas moi qui compose la musique et les paroles, c’est plutôt un travail d’équipe si tu veux. Quand tu es seul, tu peux faire ce que tu souhaites, personne ne peut te dire quoi faire. Puisque je réalise mon album, je n’ai
pas besoin de point de vue, sinon celui de mes amis proches ou des Breastfeeders. En fait, je suis maître de mon produit», souligne-t-il. Achigan dans le local Contrairement à ce qu’a fait son groupe, Duval a décidé d’enregistrer dans un local plutôt que dans un studio. Une façon bien à lui de refléter une musique à son image. «Maintenant, avec la technologie disponible, il suffit au minimum d’un ordinateur et de micros. J’avais déjà accès à huit pistes et des micros dans le local, alors le tour était déjà joué. Le son d’Achigan a un côté live. En réalité, je déposais mon micro devant l’amplificateur et j’enregistrais mes chansons. J’ai participé à toutes les étapes de production : pochette, choix des pièces, enregistrement… C’est vraiment ce qui me représente, ce qui me permet de rester intègre».
À l’écoute de l’album, on comprend facilement que Sunny n’a pas fait d’Achigan une pale copie de Déjeuner sur l’herbe des Breastfeeders, même si certains pièces y ressemblent. Le guitariste se démarque de ses compatriotes par sa musique résolument plus sale, plus brute et des paroles à la québécoise avec des structures déconstruites, plus parlées. «Je n’avais pas peur de faire un album trop à l’image des Breastfeeders, car ici tout est une question de distorsion. Avec les Breastfeeders, le son était moins “distorsionné”, plus poli. Aussi, Luc Brien, chanteur et guitariste du groupe, ne manie pas les mots de la même manière que moi. J’avoue que musicalement quelques pièces s’apparentent au son garage de notre formation. Par contre, dans l’ensemble, le son d’Achigan est plus cru. De toute façon, qu’est-ce que ça me donnerait de lancer un disque identique à celui des Breastfeeders? Ça ne me serait pas très très utile», lance Duval. En plus de chansons typiquement rock garage, Sunny se laisser aller pour composer de mignonnes ballades relaxes comme Qu’esqu’on, où ressort particulièrement la guitare acoustique, ou l’instrumentale Double rhum où se croisent des accents country. «J’ai mis ces deux pièces à la fin de l’album, car ce sont des chansons douces se rapprochant même de la ballade, et les ballades m’emmerdent en spectacle, dit-il curieusement. C’est pour cette raison que je les élimine en sur scène, car je trouve que ça brise le rythme et ennuie les gens». Retour en arrière En écoutant Achigan, on se doute fortement que les références de Sunny Duval ne sont pas les peusdo rockeur FM comme Éric Lapointe. «L’esprit du punk rock, du new wave, c’est cela qui me rejoint, affirme le chanteur. Des formations comme
The Cramps, Bashung et Démolition influencent sans contredit ma musique, ma façon de créer». Avec l’apparition des Séquelles, de Le Nombre et de plusieurs autres, le garage rock’n’roll revient en force. On semble vivre une espèce de nostalgie des années 60-70, où les Beatles prenait d’assaut le palmarès, où Jimi Hendrix donnait des spectacles époustouflants et où les Sex Pistols créaient le mouvement punk. «C’est vrai que je ressens un retour à ces époques depuis quelques années. À ce moment-là, on découvrait des artistes qui ont marqué toute une génération et qui sont aussi adulés après leur mort. J’avoue qu’il y a une nostalgie des gens vivant dans cette période; il y a aussi le côté festif des chansons de l’époque, les images, les icônes, des idoles qui nous rappellent de beaux souvenirs. Aujourd’hui, avec les groupes comme The Hives et The Strokes, qui ont connu et connaissent encore du succès dans le monde, ce mouvement a sûrement aidé, d’une quelconque façon, des groupes québécois de ce genre musical à sortir de l’ombre», laisse-til entendre en terminant. www.achigan.ca
L
e 31 octobre dernier, vous étiez probablement plusieurs à fêter l’Halloween. Par contre, à Montréal, une femme à la voix agressive style Yeah Yeah Yeah et trois hommes jouant du rock décident de laisser tomber cette tradition pour se concentrer sur un événement très important dans leur carrière : le lancement de leur tout premier album, intitulé Touch. À première vue, le site Internet officiel de Meesh laisse croire qu’il s’agit d’une chanteuse solo accompagnée de trois musiciens. Par contre, comme se l’empresse de me dire Michelle lors d’une entrevue effectuée quelques jours après le lancement, «Meesh est un band! Ça fait quatre ans que je me bats pour avoir un groupe. Ce n’est pas du tout un projet solo. C’est vraiment une collaboration de quatre membres qui fait un tout». Voici ce qu’avait à dire la chanteuse. Comment s’est déroulé le lancement de votre album? Aviez-vous des attentes particulières? Non, moi je n’ai jamais d’attentes! On ne sait jamais ce qui peut arriver dans le monde de la musique. Comme je n’avais pas d’attentes, j’étais très contente : il y avait beaucoup de monde, la salle était comble et, sincèrement, le show était le meilleur que nous avons joué jusqu’à maintenant. Y avait-il une thématique ou une ambiance spéciale en cette soirée d’Halloween? Au début on voulait que le monde se déguise mais après on s’est rendu compte qu’on ne fêtait pas l’Halloween mais notre lancement! Il y avait des citrouilles au bar mais c’est à peu près tout. Vous avez fait quelques tournées à travers le Canada et joué lors de gros événements comme le Vans Warped Tour et le North By NorthEast de Toronto. Comment avez-vous trouvé ces expériences?
C’était le fun mais ce qui arrive avec le Warped Tour est qu’on ne sait jamais à quelle heure on joue. Il faut arriver à 9h le matin, mais on peu jouer à 7h le soir. Tout ça est un peu dur. Par contre, être avec les autres artistes et rencontrer les personnes qui sont mes idoles…je ne peux même pas décrire comment c’est! Qui as-tu rencontré lors de cet événement? Au Warped Tour 2003, j’ai rencontré le chanteur de The Used et ça c’est une expérience que je n’oublierai jamais. L’année dernière, j’ai rencontré Good Charlotte et plusieurs autres. Maintenant que votre album est sorti, quels sont vos plans pour la prochaine année? Nous allons faire beaucoup de tournée. Pour l’instant, je sais que nous allons faire la première partie de la tournée de Noël d’Éric Lapointe, à la fin décembre. Nous jouons le 22 à Québec, le 28 à Jonquière et le 31 à Montréal. www.meeshband.com www.diffusionyfb.com
A
vec un nom de groupe tout droit sorti du film The Ring, Aiden se joint à la grande famille de Victory Records. Mélangeant punk rock et ambiance gothique, la formation de Seattle qui a débuté au printemps 2003 a su faire beaucoup de bruit par elle-même avant d’attirer les regards. Quand on regarde vos débuts, on peut remarquer que Aiden est un groupe D.I.Y. qui a travaillé très fort. Quelle sensation ça fait de laisser toute la production à une grosse compagnie indépendante comme Victory Records, quand on sait que vous avez tout fait vous-mêmes pendant les trois dernières années? Nous étions un peu inquiets de laisser tant de contrôle, mais ça a été très bon en même temps. Nous pouvons concentrer toute notre énergie à notre tournée et à faire des spectacles. Tout le monde chez Victory sait ce qu’il fait. On est content qu’ensemble, nous puissions bien travailler. Vos paroles sont très sombres et parfois horrifiques. On peut remarquer dans celles-ci des messages sur la vie et votre chemin, et aussi sur l’utilisation des cauchemars ou de la mort pour décrire vos histoires. Où prenez-vous votre inspiration? Est-ce que votre vie est aussi noire que vos paroles ? Quelques années avant de joindre le groupe, j’ai vécu des moments assez durs à cause de l’al-
cool et de la drogue. La vie a été assez étrange et beaucoup de mauvaises choses se sont produites durant cette période. Mon inspiration provient entre autre de ces moments. Vous avez dédié l’album à la mémoire de Ian J.M. Anderson… Qui est-ce ? Je l’ai connu la première fois en secondaire un. Nous aimions la même musique, donc on s’entendait bien. Quand j’ai eu quatorze ans, il m’a demandé d’être dans son band. C’était la première fois que je jouais dans un band. C’était super! J’ai réussi, tranquillement, à arrêter la drogue et l’alcool, et nous sommes demeurés en contact après toutes ces années. Il a été un des mes seuls amis durant ces dures années. Quand j’ai finalement été sobre, j’ai commencé un groupe qui s’appelait Youth At Risk. Il avait, lui aussi, commencé un autre projet, puis on faisait des shows ensemble. Un soir, après un show, il allait chez sa mère puis il a été frappé par une voiture – le chauffeur était saoul. Vraiment tragique, il était un gars en or. J’ai senti que cet album devait lui être dédié, car nous avions la même vision et les mêmes buts. www.aiden.org
Après deux ans de promotion pour Ma Génération, une grosse tournée avec Les Partys Extrêmes et plusieurs concerts, Les Pistolets Roses remettent une nouvelle carte d’affaire. Il est indéniable qu’à travers le nouveau Sans Foi Ni Loi, on dénote une plus grosse production. Un des seuls liens pouvant unir les deux albums du groupe serait sûrement la chanson Grossière Indécence, qui possède aussi son vidéo-clip en rotation sur Musique Plus. Cette chanson, avec la reprise de Tex Lecor Ma Truie sont celles qui reflètent le plus le vieux Pistolets Roses, avec un côté plutôt vulgaire et un peu immature allié à un son plus punk rock. Sinon, en général, le groupe de Québec a réellement peaufiné son son de manière à accrocher les radios commerciales. Même Francis, le chanteur, l’assume : «Oui, c’est plus commercial. C’est un grand mot remarque, car ça dépend des goûts… Mais c’est vrai qu’il est pas mal accessible». L’album débute avec Que tombe les rois, qui nous montre une nouvelle facette un peu plus métal des Pistolets, plus lourd. «Au lieu de briser des vitres parce que t’es révolté, tu cries tes chansons, tu te défoules dans la musique. Puis t’as la chance de le crier à chaque shows», explique Francis. On reconnaît ensuite à travers le disque le vieux son Pistolets, puis soudainement des ballades. C’est là que l’on se rend compte du côté rock québécois dans
lequel le quatuor se faufile. Une façon d’essayer de s’intégrer dans l’industrie de musique québécoise? Non, je ne crois pas. Ce sont plutôt les vraies influences du groupe qui ressortent. «Contrairement à Ma Génération, où c’était seulement moi et Éric (guitariste) qui avions composé les chansons, cet album est vraiment une participation de tout le groupe». Les deux dernières années ont été très chargées pour le groupe avec toute la paperasse derrière la station de radio CHOI.FM et leur tournée provinciale avec Grimskunk. «Ça a sincèrement été notre meilleur souvenir des deux dernières années, mais aussi le plus éprouvant! Parce que ça a été neuf spectacles en onze jours, puis c’était le party avec Grimskunk. On a vraiment manqué d’énergie tout d’un coup. Tu ne veux jamais dormir puis dans les chambres d’hôtels tu dois te lever avant midi. Mais l’adrénaline du rock’n’roll fait en sorte que quand tu embarques sur le stage, t’as beau être brûlé, la foule te cogne et te supporte à un niveau où tu oublies ta fatigue». Bref, un retour en force du groupe rock franco de Québec, qui marque sûrement une nouvelle étape de sa carrière. Les critiques seront inévitablement partagées tout comme pour son premier album, mais je prédis qu’on en entendra peut-être plus parler. www.lespistoletsroses.com
Une virée avec l’Orchestrol Parade tient toujours du pur délire. Mis en valeur (ou estce le contraire?) par des déguisements toujours plus colorés et saugrenus les uns que les autres, les quatre musiciens nous invitent dans un monde où l’humour est roi, autant dans l’enrobage que dans la musique elle-même. Ce qui frappe en premier chez le groupe de Saint-Jean-Sur-Richelieu, c’est une complicité évidente entre quatre bons chums amoureux de la musique. De fait, Benjamin Arcand, guitariste chanteur, et François-Xavier Pâquin, batteur, jouent ensemble depuis leur adolescence. Ils s’appelaient alors Carpet Sweeper. Quant à la formation actuelle, formée de Benj, Frank, Dave et Marco, elle portait auparavent le nom de The Original Wrecking Crew, et officiait en anglais. Le changement de nom et de langue s’est effectué cette année, et gare à vous, car l’Orchestrol ira encore plus loin dans sa destruction des limites. Mais dans tous les cas, ces bons vivants ont toujours incorporé dans leur jeu d’innombrables clins d’oeil à l’histoire musicale. On découvre ici et là des bouts empruntés à toutes sortes de groupes qui ont marqué les temps, mais cela dans une optique tout simplement ludique. «On est un peu crétins, dans le fond! On fait les pièces
dans les règles, mais on n’est pas sérieux», d’en dire Frank. Les influences? «De ABBA à Zappa». Chaque membre apporte une personnalité et un bagage différent. «En fait, on se sert même de la musique “plate”, parce qu’on aime s’en moquer. Et de toute façon, on pense qu’il y a quelque chose à aller puiser dans tous les styles». L’écoute de leurs pièces est toujours surprenante. On se balade du punk au funk en passant par le jazz et le rock, tout cela sur une batterie «sale» à souhait qui ne se contente jamais de suivre un même rythme. En fait, le tout devient jubilatoire. Car en plus de toujours nous faire sourire, leurs chansons sont totalement imprévisibles, comportent un bon travail instrumental et sont ré-arrangées pour chaque spectacle. Sous leur précédent nom, le groupe a lancé l’album Orgasmophonic en 2002. Si tout se déroule comme prévu, un disque principalement francophone devrait paraître dans l’année à venir. En attendant, prêtez l’oreille à la prochaine compilation Live dans l’garage, sur laquelle figurera une pièce de l’Orchestrol Parade. www.orchestrolparade.com
Ç
a fait déjà plusieurs mois que les montréalais peuvent consulter, dans l’hebdomadaire ICI, le Baromètre. Dans son petit rectangle format publicité, on retrouve chaque semaine : les 10 meilleurs vendeurs, le top 10 des radios, le top 5 des sites Internet les plus visités (ceux qui ont le logo baromètre évidemment) ainsi que le disque de la semaine et le spectacle de la semaine. Un projet compilé par Cynthia Bellemare, travailleuse acharnée de la Société pour la promotion de la relève musicale de l’espace francophone (SOPREF). Mais là! Depuis la rentrée de septembre, le Baromètre n’est plus qu’un simple petit cinquième de page du journal de Quebecor, mais aussi une émission d’une demi-heure sur la chaîne Canal Vox. «J’ai appelé David Lafferière, directeur général de la Sopref, et je me suis présentée : bonjour, je suis une inconnue et j’aimerais vous présenter un projet». C’est d’une façon aussi directe que Catherine Mathys a vu son projet accepté avec beaucoup d’enthousiasme. Puis elle continue : «je ne leur ai pas demandé d’appui financier; tout ce que je demandais était vraiment de me servir de leur information de leur contenu musical et éditorial pour que je puisse bâtir une émission. Ils m’ont laissé une grande flexibilité». Catherine a toujours voulu être animatrice. Elle a longtemps travaillé dans le milieu des communications avant d’arriver où elle en est présentement. Elle a travaillé chez Spectra, où elle a découvert les coulisses de la télévision, ensuite chez Astral Media, ce qui lui a permis de saisir un peu plus le processus télévisuel. Elle a animé pendant quelques années des émissions de radio, notamment à CKUT, fait un bac en sociologie et un certificat en communication. Bref, on voit bien le chemin se dessiner. Mais, c’est lorsqu’elle a participé au concours «Les Mordus du Micro» à Radio-Canada, où elle fut sélectionnée parmi les dix meilleurs animateurtrice au Canada, qu’elle a gagné de la confiance par rapport à son travail. Je ne suis pas surpris lorsqu’elle me parle du concours parce qu’une des choses qui m’avait frappé la première
fois que j’ai écouté l’émission est son parler. Un bon français bien articulé et très radiophonique. Ça ne doit pas toujours évident d’interviewer des groupes de la scène locale, puisqu’il s’agit souvent d’une première expérience télévisuelle pour eux. «Ils ne sont effectivement pas très habitués de donner des entrevues à la télévision, mais ils sont bien contents de vivre cette première expérience. Je ne suis pas une grande adepte des pré-entrevues, et ils me demandent presque tous s’ils peuvent avoir les questions à l’avance. Ils ont très peur que je les piège, mais mon dieu s’ils savaient que je ne suis pas là pour ça!» Je fais référence à Dirty Tricks qui semblait plutôt timide, et à l’entrevue de Les Angles Mort : «même avec eux qui parlaient à peine le français, je n’ai pas du tout essayé de les coincer. Le français de Miles était bien meilleur en dehors de la caméra par contre! (Rires) Je sens beaucoup de nervosité dans les entrevues, mais sommes toutes, c’est là qu’on voit l’expérience médiatique des bands. Parce que lorsqu’on leur demande de jouer, c’est d’un professionnalisme!» Comme pour tout premier projet de cette envergure, il faut être prêt à recevoir des critiques du public et peut-être faire des améliorations. Mais la première saison de Baromètre semble s’être passée plutôt bien. «Non, sincèrement, je ne me rappelle pas avoir reçu de commentaire négatif. Il y a eu des courriels de téléspectateurs
qui me disent que c’est souvent trop rock. Je leur réponds qu’ils ont raison, mais c’est parce que je suis la tendance du Baromètre et en ce moment, les groupes qui y figurent sont très rock. Les entrevues à l’émission sont faites avec des groupes parus dans le Baromètre. C’est sûr qu’il y a aussi des Mara Tremblay ou des Yann Perreau, mais je pense qu’ils ont moins besoin de moi que Dorothée est une salope, par exemple». La première saison étant terminée, toute l’équipe est déjà prête à la préparation de la prochaine. À partir du retour des vacances des fêtes, vous pourrez regarder l’émission à travers la province. Comme de fait, chaque ville possédant une station de télévision communautaire peut diffuser l’émission sur ses ondes. Donc, tel un propagateur, je vous invite à découvrir ce qui se fait dans votre province! Faites la demande à la station télé de votre ville pour avoir Le Baromètre chez vous, sur votre écran! «Il faut mentionner que Baromètre est diffusé à la télé quatre fois (par semaine) en rediffusion, et sa trame sonore est également diffusée à la radio, soit à CIBL à Montréal et à CKRL à Québec. Elle est aussi disponible en podcast sur notre site web. Ça fait vraiment un maximum de visibilité pour les groupes». www.canalvox.com/barometre
aspect contemporain, renouvelé de la musique du monde. Montréal, ça reste un coin du monde», complète Doriane.
Un rave. Une rencontre entre 2 filles (Doriane Fabreg et Carole Facal) assez différentes l’une de l’autre. La chimie s’installe, les projets suivent. Quelques années plus tard, cette rencontre se traduit par un nom : DobaCaracol. Cette formation montréalaise (duo d’abord, maintenant quintette)
est un véritable trésor cosmopolite, par les influences tous azimuts de leur musique. Rappelant quelques fois les Fela & Femi Kutti, Ekova et parfois même subtilement Tryo, on ne peut faire autrement que de les associer à la musique du monde, même si avec son album Soley, DobaCaracol transcende le genre, par un côté qu’on pourrait associer
à la chanson ou à la musique pop. «On est un groupe très montréalais en fait, de par son côté éclectique et diversifié au niveau culturel. Évidemment, ça se traduit dans notre musique. Souvent, la musique du monde est vue comme un style plus traditionnel, plus typique des cultures qu’elle représente», commente Carole. «DobaCaracol serait plus un
Contemporain, peut-être, et ce n’est pas sans les aider. Pour les citer, renouvelant le genre, elles ont ouverts des portes que plusieurs artistes en musique du monde tentent en vain de franchir. Lancé en novembre 2004 sur l’étiquette Indica, Soley en est aujourd’hui à quelques 40 000 exemplaires écoulés, et maintenant distribué en sols français et australien! Et apparemment, l’accueil qu’on leur a offert en Australie a dépassé toute attente. Assez curieux, en fait… Un groupe dont le contenu est majoritairement francophone, qui crée vive réaction en territoire anglophone. Doriane explique : «C’est un peu comme lorsqu’on est jeune et qu’on écoute du Led Zep ou du The Doors… On ne comprend rien de ce qui est dit, mais on se laisse quand même porter par la musique». Mais qu’est-ce qui les a donc amené à se retrouver en Australie? Est-ce que le groupe DobaCaracol serait une raison inconsciente pour voyager? «TRÈS consciente en fait, dit Doriane. On a toujours aimé voyager. Avant, on voyageait et jouait de la musique pour le fun. Maintenant, on
le fait sur une base professionnelle». Et ça se sent, ne serait-ce qu’à l’écoute de leur musique, qui fait voyager à travers l’univers des filles, un univers émotif, poignant, intuitif. «DobaCaracol, c’est d’abord intuitif. On n’a jamais eu vraiment de plan concret, d’objectifs. On s’est toujours laissées porter par ce qui se passe. On a une démarche intuitive», commentent les deux filles. Elles ont du pif, si on compile l’activité des derniers mois : parution de l’album, tournée incessante au Québec, succès en diffusion radio. Une première envolée vers la France, où elles décrochent une licence. Puis une seconde licence, en Australie. Elles s’envolent vers le Japon (leur strange tour, chaque tournée étant nommée selon le déroulement de celle-ci), puis tournent en Australie (le seaside tour). De retour au Québec (leur late tour), elles remportent le Félix pour album Musique du Monde de l’année. Aujourd’hui, elles se préparent à retourner en France et en Angleterre, toujours en tournée… Avec toute cette activité, il y a-t-il quelque chose que les filles souhaiteraient pour ce qui se présente devant elles? «Tant que la joie de faire ce qu’on fait reste… C’est tout de même un beau défi à relever !»
Pour percer dans le milieu de la musique, y’en a pas de facile! Il n’y a pas un million de voie pour percer; il faut faire de la musique qui possède un certain attrait, tout genre confondu. De là, tu peux décidé de foncer directement vers la grosse machine ou prendre amplement ton temps avant d’arriver à être considéré comme un «gros» groupe. Mais il faut s’attendre aussi à ce qu’il n’arrive rien… Depuis 2000, un groupe essaie de faire parler de lui. Tout droit sortie de la vague new métal où les Deftones, Korn et autre Limp Bizkit faisaient fureur, Dook accouche de son premier disque, intitulé Who the fuck are they?. À ce moment, on ne connaît pas tellement le band, si ce n’est que par la multitude d’autocollants qui tapissent les parcomètres, les toilettes des bars alternatifs et les rues de Montréal et de la Rive Sud. «C’est vrai que l’on a fait beaucoup de promotion sans résultat», m’explique Sébastien, chanteur fondateur, par rapport à leurs débuts. On a fait un show à Québec, Valleyfield… Au début, on allait un peu partout, mais on s’est vite rendu compte que
22
monétairement, ça ne nous avantageait pas beaucoup. Nous étions souvent en déficit. Si tu veux faire un peu plus d’argent, t’es mieux de parler avec le promoteur, puis dealer des affaires, pas juste dire : “Ha ben, moi je prend 100$, puis c’est cool, on veut juste jouer.” Jouer, on l’a fait, on sait c’est quoi, c’est pas le problème. Le problème est de trouver les bons bookers, puis ne pas se faire fourrer en allant là-bas. En ayant un booker, on va pouvoir arrêter de se stresser avec ça puis se concentrer à composer». C’est sûrement pour ça que nous n’avons pas beaucoup entendu parler du groupe depuis les cinq dernières années. Les autocollants dans les rues sont restés, mais le côté actif de la formation restait à l’intérieur, plus précisément en studio, pour nous pondre un deuxième disque intitulé Archaic. «Cet album est archaïque pour vrai, amorce Sébastien. Ce sont de vieilles chansons qu’on a enregistrées il y a deux ans. Nous avions enregistré la batterie en septembre 2003. C’est Carlos Araya de Anonymus qui nous avait prêté ses bras à ce moment là. On pensait
bang bang | volume zéro • numéro zéro
sortir l’album au mois d’octobre qui suivait, puis rendu à ce moment, nous nous sommes rendu compte que l’on avait besoin d’une pré production. Ensuite, on s’est rendu compte que le studio nous avait coûté très cher. On a donc décidé de le continuer par nous-même». Même si le groupe à pris le temps de peaufiner le son de ses chansons, et même s’il a aussi trouver une maison de disques (Big Metal) pour aider à sa promotion, après tout ce temps passé à produire un album, les goûts se sont développés et les influences ont changé. «On est déjà en train de penser à un nouvel album. On apporte un son plus raffiné, plus rock, moins compliqué auditivement et ça drive un peu plus. On s’en va plus dans le mainstream. On ne veut pas rester dans l’underground. On vient de mettre un quart de page dans le magazine Revolver puis deux pages dans le Decibel avec l’aide de Big Metal. On met beaucoup d’argent pour la promo, puis voir du même coup comment fonctionne le marché. D’annoncer dans les revues, ça va sûrement nous aider à attirer plus de monde. Ça va peut-être
aussi nous donner un petit côté plus professionnel et sûrement plus de visibilité». Je le coupe et m’interroge : «Oui mais j’ai l’impression que tout le monde à Montréal ou dans les environs connaissent Dook, surtout à cause des autocollants qui sont tapissés à la grandeur de la ville. On dirait par contre que les medias locaux et le public n’ont pas suivi comme vous l’auriez voulu. Tu n’as pas l’impression que vous recommencez la même affaire avec les publicités dans les gros magazines?» Hésitant, Sébastien continu : «C’est pour ça que l’on a fait une entente avec Big Metal. On partage les coûts avec le label et les autres groupes du label. De là, on va voir si c’est un système qui fonctionne vraiment. Puis y’a aussi le fait qu’on n’a pas sorti d’album depuis presque quatre ans. Le monde nous a perdu en bout de ligne. C’est pour ça qu’on s’est fait oublier rapidement; on n’était pas assez actif, il n’y avait pas assez d’entrevues, pas de vidéos». Qu’est ce qui est mieux? Tourner jusqu’à ce qu’un label nous trouve et nous signe, ou foncer directement dans la grosse business de la musique? «C’est certain qu’il y a plu-
sieurs moyens de se faire accrocher par des labels. Pour nous, je pense que ça va être de travailler la qualité musicale, pour ensuite magasiner les étiquettes. Dans l’underground, t’as pas la radio. En fait, tu n’as pas le support des médias du tout. On veut aller plus du côté de la qualité musicale, qui va peut-être être faciliter notre passage sur les ondes. En même temps, on ne fait pas ça pour passer plus vite à la radio ou à la télévision, mais pour que les labels soient intéressés à nous promouvoir». Bien sûr, c’est une façon de voir les choses. Est-ce réellement la meilleure? Difficile à dire, alors que beaucoup ont des opinions différentes. Qu’à cela ne tienne, attendons de voir le parcours de Dook! En attendant, l’album Archaic devrait être disponible chez tous les disquaires canadiens. Espérons également les voir plus souvent sur scène, car ça aussi ça aide à montrer ce que l’on est capable de faire. Même que des fois, ça a plus d’impact! www.dook1.com
L
es Maple Leafs sont probablement les pires ennemis que nous, les Montréalais, avons sur terre. Il faut par contre laisser la chance à Toronto sur le plan musical. Plusieurs formations torontoises font un tabac international, mais nous sommes trop égocentriques pour nous informer de ces scènes autres que la nôtre. Je me suis donc entretenu avec Wayne Petti, figure principale de la formation alternative pop country Cuff The Duke, qui est présentement en tournée canadienne dans le but de parvenir à dominer la planète avec son dernier né paru cet été. La promotion de votre dernier disque a été chargée de plusieurs performances à travers le Canada. Vous semblez adorer être sur la route; est-ce que je me trompe?
Y’a-t-il un motif quelconque qui peut justifier le fait que vos deux premiers disques soient sortis à plus de deux ans d’intervalles? Est-ce de la minutie ou de la paresse?
Nous adorons faire des tournées, les problèmes de vans et conduire la nuit, mais le plus plaisant est définitivement le moment où nous prenons le contrôle de la scène; c’est vraiment là que nous trouvons satisfaction.
C’est de la minutie sans contredit, oublie la paresse avec nous. Nous sommes toujours partis en tournée, ce qui est probablement la raison première du délai entre nos albums. C’est notre principale source de revenus donc le seul moyen d’en retirer le maximum au stade où nous en sommes est de faire des spectacles sans arrêt.
Quels sont les groupes qui ont modelés votre son? Y a-t-il des figures importantes auxquelles vous aimeriez aujourd’hui rendre hommage? Absolument tout, nous sommes autant influencés par Hank Williams que par Johnny Cash, autant par les Beatles et The Byrds que par des groupes plus actuels comme The Sadies et Magnetic Fields. Nous n’avons pas d’influences premières. Est-ce que vous croyez être revenus plus mature de la tournée canadienne avec Sloan, ces vieux de la vieilles, ou est-ce vous qui leur en avez appris? Les membres de Sloan sont des personnes vraiment exceptionnelles. Ils nous ont appris beaucoup sur scène et à l’extérieur; ce sont des gens étonnement authentiques. En jetant un œil sur vos dates de spectacles passées, j’ai cru remarquer que jamais vous n’avez visité l’Europe et seulement quelques fois les États-Unis. Des raisons particulières? Après tout, nous sommes très jeunes dans notre cheminement au sein d’un groupe, mais nous planifions tant bien que mal aller y faire un tour au début de l’année 2006. Nous avons par contre déjà fait une mini tournée seul aux États-Unis et aussi une fois avec les excellents Hayden.
Comment se déroule le tournage du vidéo-clip pour la chanson The Ballad Of John Henry? Est-ce votre première expérience? Nous avions déjà tourné un vidéo-clip auparavant pour la pièce Take The Money And Run, qui a été une expérience particulièrement enrichissante même si nous devions faire jouer la chanson des milliers de fois pour prendre différentes prises de vues à différents endroits. C’est un peu exténuant mais c’est le métier qui rentre! Nous sommes donc présentement sur le point de terminer la vidéo pour The Ballad Of John Henry avec notre directeur artistique favori, Sean Michael Turell. À quoi doit-on s’attendre pour Cuff The Duke en 2006? Il y a plusieurs chansons sur lesquelles nous travaillons présentement, donc peut-être aurons-nous terminé de composer un album complet pour le début de l’année. Ensuite suivra l’enregistrement. Nous serons aussi sans aucun doute sur la route pour une bonne partie de l’année, et nous visiterons le Québec. Parlant de Québec, nous y avons récemment eu notre premier show à guichet fermé! Peutêtre serons-nous l’un de ces rares groupes en provenances de Toronto qui fera un tabac ici à Montréal? Nous l’espérons...
Il y a de ça un an, ou presque, un buzz médiatique plus ou moins concret tombait sur Montréal. Et pas n’importe lequel : un buzz qui nous venait de la grosse pomme, et qui aurait aussi débordé jusqu’en Grande-Bretagne. Il paraîtrait donc que Montréal est un bastion de diversité, laissant émerger des artistes forts en créativité, en innovation.
pas mal passé… «De toute façon, y’a pas juste à Montréal que la scène locale est bonne. À Toronto ou Vancouver aussi, y’en a un paquet de bons bands». Autrement dit, Priestess ne semble pas vouloir volontairement attirer le regard des médias d’ailleurs, qui est déjà tourné vers Montréal, mais préférerait plutôt créer son propre buzz. Louable.
Depuis un an, on a pu voir plusieurs articles nous présentant des lieux cultes à Montréal, et aussi des artistes qui s’y sont démarqués, tels les Arcade Fire, The Stills, Death From Above 1979, The Dears, The Unicorns… Et question d’en rajouter, on nous prépare à de nouveaux artistes, qui émergeraient sous peu vers une scène plus large, moins locale. Un de ceux-ci est PRIESTESS, une formation qui vient de faire paraître son premier album Hello Master. Réalisé par l’ex Me-Mom Gus Van Go, paru sur le label «indé» INDICA, cet album du quatuor issu des cendres du défunt groupe The Dropouts (dans lequel figurait des membres des Stills), arbore un ton qui nous indique que le band fait un peu bande à part, dans toute la lignée des groupes montréalais encensés…
«C’est clair que ça aide malgré tout… On a rencontré des gens à NYC à qui on a dit qu’on venait de Montréal. Tout d’un coup, leurs yeux s’ouvraient et on avait leur intérêt», affirme Mikey.
«Disons qu’on préfère faire notre propre affaire, créer notre propre buzz…», confie Mikey Hepner, guitariste et chanteur de la formation. Leur rock, de retour aux sources, suit les sillons des groupes cultes comme AC/DC, Black Sabbath et même parfois Led Zep, et se situe assez loin des Dears, Stills ou Arcade Fire, qui sont plus atmosphériques, plus aérés. Par ailleurs, selon Mikey, si buzz il y a concernant la musique montréalaise, il est déjà
Peu importe où ils se voient, c’est vraiment bien parti pour eux! L’album est lancé à travers tout le Canada, il y a un véritable intérêt de compagnies de disques dites «majors» aux États-Unis et les gars sont sans cesse sur la route entre le Canada et les USA, entourés d’une équipe solide. Et d’ici à ce qu’ils explosent comme l’ont fait les Arcade Fire, The Dears et compagnie… des projets, des attentes? «Nous on est heureux si on fait des shows. On souhaiterait faire de la tournée non-stop pour un bon bout. Aller en Europe, au Japon, en Italie, n’importe où. On veut aller partout». Priestess est donc inévitablement dans son élément une fois sur la route. S’il passe son temps à se promener sur la route et que son album est intitulé Hello Master (titre d’une pièce à paraître sur un prochain album), qui est donc ce «maître» qui l’a relâché? On le saura peut-être dans une couple d’années…
La capitale agro-alimentaire du Québec, St-Hyacinthe, a poussé ses premiers vagissements en 1748. En 2002, suite aux fusions, elle est devenue ce qu’elle est maintenant, soit un territoire de plus de 50 000 habitants, comprenant les anciennes municipalités de Ste-Rosalie Ville et Paroisse, St-Hyacinthe le confesseur, Notre-Dame de St-Hyacinthe, St-Thomas d’Aquin, et depuis 1976, La Providence, St-Joseph et Douville. Située à environ une demi-heure de Montréal, en prenant l’autoroute 20 vers Québec, on y trouve tous les signes de la civilisation, Mcdos, Wal Mart et autres, mais aussi une poignée de vaillants commerçants résistant aux envahisseurs pour garder leur identité et par le fait même celle de StHyacinthe. Une fois dépassé l’amas à la sortie de l’autoroute, tournez à gauche et admirez. Plusieurs maisons de style moderne, belles et bien entretenue, sans trop de ces nouvelles séries à la mode comme en sont affligées les banlieues de Laval et de la Rive Sud de Montréal (du moins je n’en ai pas vu). Le centre-ville est assez old school, un mélange de 1900 quelque et des années 50-70, rénové mais pas trop, juste assez pour ne pas avoir l’air scrap, sans pour autant ressembler à St-Sauveur. On trouve le principal lieu de rassemblement culturel et de vie nocturne autour du Marché Centre, un lieu de manifestations culturelles et de petits commerces indépendants. Des boutiques d’antiquités, des libraires, des galeries d’art, un disquaire, des bars, brasseries, tavernes et restos. Bref, on y trouve tout ce qui peut faire notre bonheur, et plus. Il est également possible d’explorer les petits centres-villes de chacune des ex-municipalités désormais fusionnées, qui ont chacun un cachet particulier. St-Hyacinthe est le site de plusieurs festivals comme le festival rétro, le festival western, le festival rockabilly et le festival de Punkmaska. La ville a la réputation d’être le berceau du rock au Québec, ou le Liverpool québécois, lieu névralgique du mouvement yéyé des années 60, qui avait donné naissance ou accueilli tous les groupes de l’époque. Elle est également le lieu de naissance de Willie Lamothe et par conséquent, de son fils Michel (Offenbach).
Encore aujourd’hui, St-Hyacinthe soutient sa réputation et rares sont les groupes qui n’aiment pas aller jouer là-bas. Deux bars spectacles offrent fréquemment des spectacles de tous genres. Le Mephisto, tendance rock, indie, alternatif, métal, punk, électro et funk présente des concerts la fin de semaine et des soirées djs toute la semaine. Le Zaricot, lui, se spécialise dans les performances acoustiques, mais fait parfois exceptions avec des bands tels Les Dales Hawerchuck. Une programmation où se croisent des chansonniers, des poètes, de la chanson française, du folk et du world. Doublé à un café bien garni, le lieu peu faire penser à feu Portés Disparus, moins «pogné», déco cabane rustique. Le disquaire Fréquences, comparable à L’Oblique pour les montréalais, fourni tous ces amateurs de musiques avec une sélection pointue et étendue, à des prix raisonnables et avec un personnel qui sait de quoi il parle. Situé à deux pas du Zaricot et du Mephisto, c’est un incontournable. La porte à côté est celle du Rock, arborant le même concept que partout ailleurs, mais toujours très pratique si on a de besoin de bongs, papier à rouler, t-shirts rock et autres accessoires essentiels au rockeur moyen. Un peu plus loin se trouve le studio de tatouage Sharon Wild, dans un complexe du bien-être corporel et mental. Sauf que Sharon et ses compères vous font passer par la douleur avant d’arriver au bien-être. Le studio, offrant tatous, perçages et accessoires, est très cool comparé au reste de ses voisins; ça vaut la peine de s’y rendre. Juste à côté du Zaricot se trouve Escapade, la boutique de skate. Planches de skate et de snow, vêtements et accessoires, dans un décor relax, tout comme ses employés. Autrefois, une grande salle de spectacles se trouvait dans le coin. La pancarte l’annonçant est toujours là, mais le bâtiment sera bientôt réaménagé pour faire place à des condos. Poche. Sinon, en se promenant un peu, on croise plusieurs bars comme le Bilboquet, une micro brasserie dont on me dit que le produit est excellent, également hôte de lecture publique. Des tavernes et brasseries : Le Grand Tronc, la Taverne Richelieu et le JP Gladu. Ceux qui ont un petit creux après la soirée peuvent se taper une bonne poutine au Géant Timothé, ouvert 24 heures. Est-ce que St-Hyacinthe rock ? Mets-en. 5/5
P
rototypes est de retour au Québec pour nous présenter son deuxième album, Mutants médiatiques. Une visite que ne durera que quelques jours, mais un horaire tout de même bien rempli pour le trio français. Au menu: une course à travers les médias, le tournage de deux vidéo-clips et un décalage horaire à récupérer. Résultat? Que deux spectacles… pour le moment. Cette entrevue a été réalisée alors que le groupe était toujours chez lui, quelques jours avant son départ. Mutants médiatiques est sorti chez nous le 15 novembre. Quel aurait été votre argument massue pour nous convaincre de se procurer le disque la journée même? Stéphane : Il ne faut jamais remettre au lendemain ce qu’on peut faire le jour même. Isabelle : Dépêchez-vous de rejoindre le club des initiés, après il sera peutêtre trop tard… François : Vous voulez mettre du piquant dans votre poutine? Achetez le dernier Prototypes. Quelles sont les principales différences ou évolutions du disque par rapport à Tout le monde cherche quelque chose à faire, paru en 2004? J’ai lu qu’il y aurait plus de guitare et que le son serait un peu moins électro… y’a du vrai? Isabelle : Globalement, le style ne change pas trop, mais on a essayé d’avoir un ensemble plus vivant. On voulait vraiment un son de groupe, un chant moins robotique que sur l’album précédent. La part belle a donc été laissée aux instruments live, les parties sont davantage «jouées» et enregistrées en prise directe. Particulièrement les guitares, qui sont effectivement plus présentes et utilisées pour la base des compositions, mais aussi les synthés qui ne sont plus programmés comme avant, ou encore l’intégration de percussions tel les bongos, claves, tambourins.
26
Seules les rythmiques sont encore véritablement programmées, étant donné qu’on ne peut enregistrer de batterie dans notre studio! De cette contrainte on a tiré le parti d’assurer une base rythmique carrée, soignée et très riche, qui apporte une structure solide aux morceaux. Néanmoins, en concert, notre batteur reprend les choses en main! François : Les titres de ce nouvel album ont été écrits à la guitare, instrument qui était utilisé plus comme un sample dans le premier LP. Sinon la manière d’enregistrer reste la même. On s’est juste penché sur un réel travail d’écriture. On est peutêtre un peu plus 60’s que sur Tout le monde... Y a-t-il une raison particulière pour que la sortie de l’album se fasse deux mois plus tôt au Québec qu’en France? Stéphane : Pas de raison particulière, juste une histoire de planning de maison de disque. François : Juste une question de planning, en plus ça nous fait plaisir d’offrir la primeur de cet opus à nos amis Québécois. Qu’avez-vous particulièrement hâte de faire lors de votre passage au Québec? Avez-vous développé des habitudes québécoises au cours de vos dernières visites? Isabelle : On a quelques habitudes pour manger, boire, écouter des concerts et magasiner disques, fripes et autres… mais vu qu’on a un plan-
bang bang | volume zéro • numéro zéro
ning assez chargé (tournage du clip de Gentleman et Exister, concerts à Québec et Montréal, etc.), ça ne va pas nous laisser beaucoup de temps malheureusement. Mais on espère au moins retrouvez la chaleur des Québécois(es)! Et puis on a déjà des projets de tournée pour 2006… François : J’ai hâte d’acheter une petite flasque de Jack Daniel’s. Pour votre venue au Québec, votre label a organisé un concours permettant à des fans de vous accompagner ici. Comment avez-vous trouvé cette idée? Stéphane : A vrai dire, l’idée, plutôt simple et amusante, nous a été proposé par Julie qui travaille avec notre label en France. On aime bien proposer aux gens de participer, en suscitant leurs points de vue… On l’avait déjà fait en invitant les visiteurs de notre site Internet à réaliser un clip sur un titre du premier album, et sur le nouveau site ils pourront faire des découpages collages d’images qui seront ensuite proposés en ligne comme fond d’écrans à downloader. Après cette tournée, qu’est-ce qui vous attend? À quoi devrait ressembler votre année 2006? Isabelle : Dès notre retour du Québec, on joue sur quelques dates en provinces françaises au mois de décembre, puis l’album sort le 9 janvier en France. Les concerts devraient alors s’enchaîner à partir du début de l’année, avec sans doute
un retour par chez vous qui se profilerait avant l’été…
une certaine influence sur vous à vos débuts musicaux?
François : À un agrandissement familial.
Stéphane : François et moi étions des fans hardcore du premier album des Wampas, quand il y avait encore un contrebassiste. Mari lou la la la la… Leur attitude, leur démarche inspire un profond respect, et il n’est pas étonnant de les voir toujours sur le devant de la scène après plus de 20 ans de pratique sans relâche. Mais au final, on a surtout la même envie de fun à partager.
Avez-vous eu des coups de cœur musicaux dernièrement? Stéphane : Clor, Black Mountain et Boards of Canada. Isabelle : Dans un autre registre et d’un point de vue plus ciblé sur Montréal, des groupes comme We Are Wolves, Duchess Says, et Georges Leningrad. François : Récemment, Black Mountain ou Art Brut sinon le premier album de Pink Floyd. En mars 2006, vous allez tourner en France avec Les Wampas. Estce que Didier et sa bande ont eu
François : Absolument aucune.
En spectacle le 2 décembre à la Rouje à Québec et le 3 au Zoobizarre à Montréal. www.prototypesonline.com www.bonsound.com
L’album ou chanson qui a changé ta vie ? J’ai vu le long des routes désolées des carcasses de chameaux blanchir. Pourriez-vous expliquer le titre de l’album? C’est une image qui rappelle l’idée de la route, parfois déserte, des pensées qu’on y sème ou que l’on se doit d’abandonner ; d’un album sans interruption, d’une musique qui s’y enracine ; de nos quatre carcasses (blanchies par le bruit ?). Some thoughts along the road, c’est le concept, non ? La pochette a été entièrement fabriquée à la main. C’est vrai que ça lui donne un côté unique. Mais pourquoi? D’abord, parce que l’industrie pond des disques en quantité, et pas toujours en qualité. Ainsi, nous voulions encourager le travail d’artisans, et la collaboration avec Philippe Roy et Josée Lepage, relieurs, nous a permis de créer un disque reflétant notre vraie image, ce qui prenait toute son importance pour un groupe dont l’aspect visuel est partie intégrante de la musique. Et puisque qu’en réalisant un album complètement indépendant, nous avions déjà participé à toutes les étapes de création de l’album (composition, enregistrement, mixage, etc.), il allait de soi que nous devions nous impliquer dans la fabrication de la pochette.
Expliquez le nom. Au départ, nous étions un duo: Simon à la guitare et Martin à la batterie. Nous étions à un stade expérimental, plus près du concept du bruit blanc, de la masse sonore, et nous faisions beaucoup d’improvisations libres. Nous avions par contre tous deux l’idée d’étendre le projet et de collaborer avec d’autres musiciens, mais aussi avec des artistes oeuvrant dans différents domaines, dans la volonté de ne pas se restreindre à des barrières stylistiques ou à des disciplines artistiques spécifiques, d’où l’idée «d’ensemble». C’est à ce moment que Véronique s’est jointe au groupe pour s’occuper des projections vidéo et de tout ce qui se rapporte au visuel. Sly s’y est ensuite greffé comme bassiste, et depuis nous envisageons toujours la possibilité de collaborer avec d’autres artistes. L’idée du white noise se situe maintenant davantage dans la cohabitation de plusieurs idées musicales et artistiques dans un univers qui demeure tout de même homogène. Expliquer la musique, la conception, l’univers de WNE? Issue de la rencontre entre trois musiciens et une vidéaste, la musique du White Noise Ensemble est un mélange de rock instrumental parsemé de folk et de musique électronique, se situant aux frontières du post-rock et de l’expérimental, résultant donc en de nombreuses explorations sonore. En spectacle,
l’énergie est un peu différente, puisque les projections vidéo amènent la musique à un autre niveau, comme si elle prenait parole par le biais de l’image, amenant un discours plus engagé, ou soulignant l’univers folk par l’utilisation d’images d’archives.
Jim Croce, Bad Bad Leroy Brown. Ma grand-mère m’a fait connaître. Twisted Sister, Stay Hungry, Prince, Purple Rain. L’album ou chanson la plus quétaine que vous avez aimé? Si j’aime, ça doit pas être trop mauvais…
Top 10 albums de l’année?
La meilleure chanson à boire ?
Nous sommes tous des fans de vieux folk à la John Fahey ou Blind Willie Johnson et de free jazz (pensons aux derniers albums de Coltrane, par exemple), mais si on s’en tient à un 10 top de disques sortis au cours des deux dernières années, ça pourrait donner quelque chose comme ça :
The Mountain Dew (Irlandais traditionnel), ou Dolly Parton, Daddy’s Moonshine Still.
1. Akron/Family, Akron/Family (Young God records) 2. Animal Collective, Sung Tongs (Fat Cat Records) 3. The Books, Lost and Safe (Tomlab) 4. Daniel Lanois, Belladonna (Anti) 5. Joanna Newsom, The Milk-Eyed Mender (Drag city) 6. Fred Fortin, Planter le décor (C4) 7. Wilco, A Ghost is Born (Nonesuch) 8. Tim Hecker, Mirages (Alien8) 9. A Silver Mount Zion, Horses in the Sky (Constellation) 10. Malajube, Le compte complet (Dare to Care)
La meilleure chanson pour une nuit d’amour ? Côté deux de l’album Ritual Habitual de Janes Addiction. Le meilleur album de 2005?
Le meilleur album ou chanson? And The Band Played Waltzing Matilda par Eric Bogle. Le meilleur artiste à connaître ? Legbone, The Siderunners, J. Davis Trio, Deals Gone Bad et plusieurs autres. Pourquoi The Tossers? C’est un nom historique. Quand les Irlandais ont gagné leur indépendance en 1922, la devise britannique fut remplacée par une devise irlandaise qui, pour l’Angleterre, n’avait aucune valeur. On leur donna le nom de Tossers, qui vient d’une expression qui signifie indésirable ou une personne sans aucune valeur. En même temps c’est une blague dans le band. Le meilleur drink de Noël ? Whiskey et bière.
J’étais en tournée toute l’année, et je n’ai vraiment pas eu le temps de découvrir des nouvelles affaires.
www.thetossers.com
CRITIQUE CD
THE VALLEY OF THE SHADOW OF DEATH Victory Records Musique celtique + fureur punk + boissons (beaucoup de boissons), voici les ingrédients magiques qui sont mélangés par les sept membres de The Tossers pour vous donner un quatrième album effervescent d’énergie. La beauté des albums punk irlandais est le mixe d’instruments comme la mandoline, le banjo, l’accordéon, le violon et la flûte, qui unissent tous leurs forces pour nous faire trasher joyeusement. Cet album est simple, avec des balades et un son punk décapant très bien exécuté. Si vous aimez The Pogues, DropKick Murphys et toutes les autres musiques irlandaises à boisson, ben vous serez servis.
bang bang | volume zéro • numéro zéro
27
E
n décembre, l’heure est habituellement aux bilans. Constat facile : l’année 2005 a été riche en rebondissements pour la scène locale. Entre le coup de circuit frappé par Malajube avec son Compte Complet et l’entente signée entre le combo punk The Sainte Catherines et la célèbre étiquette américaine Fat Wreck Chords, on remarque une constante : Dare To Care Records. Étiquette montréalaise établie depuis 2000, Dare To Care célébrait cette année son cinquième anniversaire et la parution de son 22e disque. Entrevue avec Eli Bissonnette, ex-membre de la formation ska punk Naked N’ Happy et propriétaire de l’étiquette.
«Oh boy!», s’exclame Éli Bissonnette lorsque interrogé sur son bilan de l’année. Installé dans un fauteuil entre son bureau, un pistolet à colle tout près de pochettes d’albums à assembler et des coupures de journaux mentionnant ses groupes, Eli – thé à la main – semble visiblement satisfait : «Depuis 2000, depuis la création de Dare To Care, chaque année a apporté son lot de nouveautés. Ça bouge ! 2005 a été une très bonne année. Y’a eu de bons disques comme ceux de Yesterday’s Ring, Pawa Up First, La Descente Du Coude, Fallout Project et Malajube, qui est sorti à la fin de 2004. Y’a aussi eu le Dare To Care Fest, avec lequel on a fait salle comble au Théâtre Plaza… et l’année n’est pas encore finie». Flash back, 2000. De Live At L’X à El Rancho La naissance de Dare To Care coïncide donc avec la mort du quintet ska Naked N’Happy. Désireux de laisser un dernier héritage à ses fans, ce quintet, qui s’est surtout fait connaître par son album We Strongly Failed paru en 1999, a donc enregistré ses deux concerts d’adieux afin d’en tirer un disque (Naked N’ Happy And Friends Live At L’X). Eli raconte : «À l’époque, j’habitais en appartement avec Hugo Mudie, le chanteur des Sainte Catherines et de Yesterday’s Ring, pis on s’est dit : “hey, on se part un label pis on sort ça comme premier disque”». S’en suit Early Summer Campfire Songs, une compilation de punk acoustique, et une série de splits regroupant entre autres la formation ska punk The Couch Addiction, le groupe post punk SelfMadeMan et le punk hardcore de
28
Suck La Marde. Avec un tel catalogue, l’étiquette s’est vite imposée auprès de la scène punk locale. Mais avec les récentes parutions d’album de rock alternatif comme Le Compte Complet ou encore de post-rock jazz avec Pawa Up First, tout porte à croire que Dare To Care ose maintenant s’aventurer dans des sentiers moins battus. Bissonnette élabore : «On a été étiqueté comme label punk rock parce que tout ce qu’on sortait au début, c’était du punk rock et ses dérivés. Mais jamais je ne me suis dit que Dare To Care serait un label punk rock qui ne sortirait rien d’autre. Je suis content de la diversité sur le label. Après les sorties de Malajube et Pawa Up First de cette année, on est retourné au gros hardcore métal avec le disque de Fall Out Project. Bref, y’a pas vraiment de ligne directrice musicale en tant que telle. C’est surtout une question de bonne musique, de bon esprit et de bonnes personnes». Le cœur sur la main, le disque dans la pochette… Une autre distinction de Dare To Care : son aspect caritatif. Au fil des ans, l’étiquette a versé une portion de ses profits à des œuvres de charité et organisations diverses allant de l’organisme Dans La Rue à la station de radio universitaire CKUT, en passant par le Comité Des Sans-Emploi de Montréal-Centre. Eli s’explique : «Quand moi et Hugo on a commencé le label, on a beaucoup été marqué par le label américain Subcity Records, qui verse environ 5% de ses revenus bruts annuels à des oeuvres de charité. Nous, on trouvait l’idée super bonne, mais on l’a appliquée à notre sauce; on allait remettre 0,25$ par copie de disque vendue à
bang bang | volume zéro • numéro zéro
une oeuvre caritative choisie par le groupe». Au fil des ans, la formule a été remaniée afin de limiter les états de compte, mais demeure essentiellement la même. Par exemple, les profits du concert Dare To Care Fest de juillet ont été versés au Club des petits déjeuners du Québec et à L’Action Boréale. «La formule remaniée n’est qu’une question administrative. Y’a toujours de l’argent donné à des organismes à buts non lucratifs, histoire de les aider et d’avoir une implication sociale. Veux, veux pas, les racines du label sont bien ancrées dans le punk et son idéologie. On fait donc notre bout de chemin en aidant ceux dans le besoin tout en faisant de la musique». Le cas Sainte Caths… Puis, la question à 100$ : que pense-t-il de l’association des vétérans de Dare To Care, The Sainte Catherines, avec la populaire étiquette Fat Wreck Chords? Qu’adviendra-t-il de Yesterday’s Ring, le projet country de ceux-ci? Y’a-t-il de l’animosité ? L’œuf ou l’enveloppe ? Ricochet ? Miroir ? Une question à la fois… C’est un Eli Bissonnette plutôt zen qui répond : «Y’a du monde qui me demande si ça m’écœure que les Sainte Caths soient partis sur Fat Wreck Chords. Mais non, bien au contraire ! Tant mieux pour eux si c’est ce qu’ils veulent et qui leur permettra d’être propulser au prochain niveau. Je ne vois pas ça comme un départ, mais une continuité. Et ça va avoir des répercussions sur Dare To Care aussi. Les gens qui vont découvrir les Sainte Caths à partir de Fat vont être intéressés à entendre ce
qu’ils faisaient avant. J’suis vraiment content pour eux et ça ne peut être que positif comme expérience». Puis, en ce qui concerne Yesterday’s Ring, «je ne m’assois pas avec les bands pour toujours parler du futur : «pis les gars ? Votre prochain album, vous le sortez avec Dare To Care, hein !?!» Je ne leur fais pas signer de contrats de cinq albums en dix ans, et etc. J’ai sorti tous les albums de Yesterday’s Ring jusqu’à présent et c’est sûr que j’vais toujours être intéressés à sortir ce qu’ils composent, parce que c’est bon, ce sont de bons musiciens, des amis à moi, parce que j’aime ça. C’est sûr que je vais toujours appuyer leurs projets à 100%». «On aime Eli… waahaaan!» (Le Métronome de Malajube lors du concert de la Nuit Blanche de février dernier) Un autre sujet prévisible lors de cet entretien : Malajube. Lauréats du prix Étoile montante au gala de la Montreal Independant Music Initiative, clip du Métronome réalisé par la fameuse boîte Nu Films (la même qui réalise les vidéos de Dumas… et de Céline Dion), têtes d’affiche des dernières Francofolies ainsi que de Pop Montréal. Bref, ce groupe qui a lancé son premier album sur l’étiquette Dare To Care. À l’orée d’une tournée en France et du lancement d’un deuxième disque, Eli raconte l’aventure. «En fait, ça faisait longtemps que je les connaissais de nom. Je les avais déjà bookés en spectacle, j’avais entendu leur démo, mais je ne les connaissais pas personnellement et je n’étais pas encore un grand fanatique du groupe. Tout ce que j’avais vu et entendu auparavant m’avait plus ou moins marqué, se rappelle-t-il, visiblement amusé. Y’a vraiment eu un déclic au mois d’août
2004, où je les ai vu en show dans le salon de leur batteur Francis. C’était comme un nouveau groupe, rien à voir avec que j’avais entendu auparavant». C’est aussi lors de cette soirée que les membres du groupe lui ont parlé de «la plus interminable et la plus incongrue des sessions de mixage de tous les temps» (selon le livret), de leur album à venir et de leur recherche d’une étiquette pour le lancer. Intrigué, Bissonnette s’est dit intéresser à l’écouter… par curiosité. «La semaine d’après, Julien m’amenait un CD de “rough mix”. J’ai pesé sur play et, sans blague, ça a pris cinq secondes et j’étais vendu», s’exclame-t-il. Un engouement qui n’est pas près de se tarir, selon lui. Dare To Care en 2006…. «Début 2006, c’est le nouveau Malajube qui sort», clame Bissonnette. Se refusant toutes tergiversations, le ton d’Éli laisse toutefois indiquer que d’autres choses, de grandes choses, sont à prévoir pour 2006, en plus d’une nouvelle cuvée de disques. Mais avant, l’étiquette concentrera tous ses efforts en début d’année sur la prochaine galette de Malajube. «C’est sur ça que je vais me concentrer à 100% avant de lancer d’autres disques au cours de l’année». Disponible dans les bacs des disquaires dès le 7 février prochain, cet album très attendu n’avait toujours pas de nom au moment de mettre sous presse. Son contenu s’annonce très éclaté selon le principal intéressé. «Ça va être malade ! Selon ce que j’ai entendu, y’a deux, trois tounes qui rentrent dedans, qui ont vraiment de la drive. Des trucs fuckés, mais tout de même avec une touche de pop. J’ai hâte, j’ai très hâte!»
CREATURE
E
nfin!nous aurons le bonheur d’avoir chez nous Les Charbonniers de l’Enfer, qui nous présentent En Personne, leur premier DVD live enregistré à La Tulipe. Depuis leurs débuts, chaque spectacle est une soirée endiablée de danse et de boisson, où le corps entre en transe pour mieux goûter à la beauté de la musique traditionnelle québécoise. Marci! ENTREVUE AVEC MICHEL FAUBERT PAR SHAKA KHAN
En premier lieu, pourquoi avoir pris tellement de temps pour faire un DVD? Les Charbonniers rejoignent un public assez varié. Une certaine base de nos fans de première heure (en région notamment) commence à peine à se convertir au DVD. Nous vendons encore parfois des audiocassettes après les spectacles. Personnellement, j’achète beaucoup de DVD musicaux depuis deux ans, mais force est de constater que peu de gens de ma génération le font encore. Il s’agissait simplement pour nous de capter l’énergie “Charbonniers” en spectacle et d’offrir aux gens une capsule visuelle de cette tournée de 150 spectacles. La différence artistique à travailler sur un DVD et un album? Enregistrer un album live nécessite un bon rodage du spectacle au point de vue musical. L’aspect visuel inhérent au DVD rajoute les éléments d’éclairage et de mise en scène. En tant que chanteurs, nous sommes habitués de nous entendre mais non de nous voir! À vrai dire une captation DVD nous permet de voir ce que nous rendons sur scène. Le soir des prises de vue on est plus stressés mais c’est en même temps positivement excitant ... et le public est là!
Votre opinion sur le futur de la scène traditionnelle au Québec? Voyez-vous des nouveaux courants? Des mélanges de styles musicaux et autres?
5- Aut’chose, Chansons d’épouvante
On assiste depuis quelques années à une explosion de nouveaux groupes. Les jeunes interprètes utilisent beaucoup plus que nous des ressources comme les archives de folklore de l’Université Laval. Il en résulte chez certains groupes (ceux du Québec entre autres) une plus grande variété de répertoires incluant par exemple la complainte qui est encore sous-utilisée dans le style “Lanaudière”. Les styles musicaux sont de plus en plus variés, de nouveaux instruments apparaissent (oud, tablas, etc.) et l’arrivée d’une formation comme Galant tu perds ton temps pourrait contribuer à installer avec nous (et d’autres), un style polyphonique québécois.
8-Familha Artus, Omi
Votre top 10 l’année?
En janvier, les Charbonniers entament l’élaboration d’un nouvel album pour l’automne 2006. Il est aussi question pour nous d’une collaboration sur scène avec Gilles Vigneault. Personnellement, je travaille sur un album Faubert pour le printemps.
1- Wagonbar 2-Jérome Minière, Chez Herri Kopter 3- Galant tu perds ton temps, Faistoi pas d’illusions 4- Loco Locass, Amour Oral
6- Buck 65, Secret house against the world
Deux femmes débordantes d’énergie, deux hommes très talentueux (tous deux musiciens pour Jérôme Minière, l’un d’eux étant un ancien membre du défunt groupe Me, Mom & Morgentaler) et tout un style! Un style vestimentaire un peu funky et un style musical qui est difficile à cibler. En effet, ce groupe, qui a récemment fait la première partie de Our Lady Peace et qui a joué lors du festival Pop Montréal, mélange le rock, le funk, le hip hop, le swing, bref, tout ce qu’il faut pour faire bouger la foule! Ils n’ont pour l’instant qu’un démo mais ils travaillent sur un album complet, produit de façon indépendante, qui devrait sortir au mois de janvier ou février prochain. Ensuite, Creature fera des tournées dans les plus grandes villes de l’Amérique du Nord, telles Toronto, Boston, Chicago, New York et, bien sûr, Montréal. Creature est certainement un groupe à surveiller! Allez les voir en spectacle et vous verrez… Ils vous feront bouger, chanter et vous éblouiront par leur style unique! (Nour)
7-Denez Prigent, Sarac’ h 9- Péloquin / Sauvageau, Laisseznous vous embrasser 10-DVD Nick Cave, The videos Groupes à découvrir ? Numéro 1 et 8 de ma sélection précédente. En général j’aime beaucoup les gens qui sortent des sentiers battus musicalement, mais au niveau des thèmes et des textes. En chanson traditionnelle, j’aime bien les artistes qui sont capables de sortir des carcans de l’animation, des partys et de l’humour. Ce n’est pas toujours facile... même pour les Charbonniers. Projets?
www.lescharbonniersdelenfer.com
CULT OF PSYCHIC FETUS Funeral Home sessions (RMG)
Un des groupes sélectionnés pour le Dropdead Festival de New York cette année, Cult of the psychic Fetus, fait ce qui s’appelle du Gothabilly, soit du rockabilly macabre. Il est vrai, les comparaisons entre eux et les B52’s à leurs débuts ou encore The Cramps sont faciles à faire. Mais à quoi bon se casser la tête alors que c’est ce qui se rapproche le plus de ce qu’ils font ? Cotpf ne se la casse pas : musique «basic», rock’n’roll cool avec du synthé au son fin 70 début 80 de circonstances, des textes dans le thème cimetière et ses environs, le tout «crooné» d’une voix d’outretombe. Classique. Mais efficace. (PK)
bang bang | volume zéro • numéro zéro
29
LADYTRON De toutes les formations actuelles qui s’abreuvent aux rythmes synthétisés et aux mélodies robotiques puisées dans la new wave des années 80, Ladytron est assurément parmi les formations les plus douées et les plus pertinentes du moment. Son 3e album, The Witching Hour, paru plus tôt cette année, possède un charme glacé, truffé de mélodies malsaines qui vous feront bouger et qui vous transporteront dans un univers sombre, inquiétant, dans lequel la chaude lumière du soleil et la joie de vivre sont à peu près inexistantes. La formation originaire de Liverpool fait évoluer son matériel, en insérant quelques guitares rock dans plusieurs morceaux, bien noyées dans les rythmes vaporeux de ses chansons aux teintes gothiques et industrielles, territoires musicaux dans lesquels le groupe plonge de manière réussie pour la première fois de sa carrière. La voix asexuée et désolante de la chanteuse Helen Marnie demeure toujours fidèle au rendez-vous, enrobant les compositions d’un mysticisme froid, qui fait en quelque sorte la notoriété de ce quatuor formé en 1998. On se retrouve donc avec un album très efficace, un des meilleurs disques de l’année, qui fait mouche à plusieurs occasions. Du vrai bonbon qui, cependant, n’aura jamais autant goûté la réglisse noire... (Jean-Nic Racaille)
LES PSYCHO RIDERS
Ne pariez jamais votre tête au diable (Disques Expérience) Pourquoi est-ce que tout le monde veut absolument que Les Psycho Riders soient les prochains Le Nombre? Oui, Nicotine a réalisé l’album, mais séparons la mêlée et remettons les deux formations dans leurs coins. Les PR livrent une marchandise survoltée toute en puissance, chargée d’airs qui restent dans la tête à coup sûr. Moins de fla-fla que Le Nombre, plus «dans ta face», plus consistant. Ici, l’énergie sert les chansons; les morceaux ne sont pas que des véhicules à punchs. J’entends là un groupe qui s’inscrit dans la tradition rock’n’roll du Saguenay-LacSt-Jean (la formation est originaire de la région) plus que d’une simple copie de Le Nombre. 3.5/5 (Felix)
30
bang bang | volume zéro • numéro zéro
C’est depuis le 18 octobre que Deflexion and Polarities, le premier album du jeune groupe que tout le monde qualifierait d’emo-core, est en vente dans la majorité des magasins de musique à travers le Québec. Emo-core, musicalement, est l’étiquette que l’on clou sur toute musique qui mélange les mélodies et les cris intenses nous racontant des peines d’amour. Côté apparence, c’est la catégorie cheveux noirs à toupet agencé à un t-shirt de band x-small noir et des jeans taille basse trop serré. Voici en deux simples phrases tous les plus pures clichés sur la qualification, mais, il faut faire attention de ne pas se laisser influencer par rapport à ces définitions de style… Certes, on peut ne pas aimer le genre, mais il faut reconnaître ceux qui savent se démarquer du lot. Vous aurez deviné mon entrée en matière, si je continue en disant que Closedown se démarque des centaines de petits groupes qui émergent de nos villes québécoises. «On n’est pas un band politique, on n’est pas un band qui fait des chansons d’amour, on n’est pas un band qui fait des chansons de haine envers quiconque. Le monde qui va écouter nos chansons va sûrement trouver une ressemblance avec les styles dans la musique, mais au niveau des paroles, on est loin d’être un groupe emo. On ne parle pas d’être en amour avec une fille, puis je l’aime, puis elle m’a quitté et etc.». Mais de quoi vous parlez dans ce cas? «On raconte des histoires et les gens peuvent les interpréter comme ils le
veulent», lancent les trois membres du jeune groupe à travers le haut parleur de leur téléphone. Il est près d’une heure de l’aprèsmidi, je suis au téléphone avec trois membres du groupe. Ils jouent en même temps à NHL et répondent à mes questions. Ensuite ils iront à Victoriaville dans le cadre de leur tournée de lancement d’album. «Ce n’est pas vraiment une tournée officielle. On a eu des shows un peu toutes les fins de semaine au Québec, puis aussi en Ontario. Nos week-ends sont «bookés» jusqu’à la fin janvier environ. On a aussi une couple de shows avec Disco Tiger. On essaie pas mal de visiter tout les coins de la province. Puis à la fin janvier, on va à London en Ontario pour y passer une semaine», m’expliquent les jeunes musiciens. Les spectacles et tournées d’un groupe sont une occasion en or de prendre de l’expérience sur le tas, même si c’est aussi une pérriode d’investissement peu évidente. «Je pense que ça nous rapporte surtout du plaisir… Je crois que c’est le principal. Côté monétaire, c’est sur que ça ne nous rapporte rien. C’est sûr que notre but est de rentrer dans nos dépenses… On n’est pas encore rendu à l’étape où il y a du profit. Puis avec la van que l’on a, on n’est pas arrangé pour faire du profit. Notre van nous coûte très cher. On a plus d’huile que de gaz dedans… (Rires) C’est sûr que si on faisait ça pour l’argent on n’irait pas à la moitié des shows que l’on fait présentement. Il y a des shows où l’on fait un peu d’argent, mais pour la majorité, on
en perd un peu quand on se déplace». Puis il continue. «On est déjà monté à Rimouski pour ne pas jouer aussi!! T’essaie de te consoler en te disant que tu n’es pas mort! On s’est rendu en vie! C’est le fun! On a donc veillé là-bas avec Much The Same, qui est un groupe de Chicago. On a pris ça d’un autre angle. C’est sûr qu’on n’est pas toujours contents. On ne se serai jamais déplacé pour ça». Bref, Closedown est l’icône typique du groupe punk rock D.I.Y. Et il nous promet une année bien chargée : «En principe, au mois de février, on prévoit aller sur la east coast des États-Unis pour passer dans New-York, Boston, Cleaveland et New Jersey. Nous sommes aussi présentement dans le projet de notre premier vidéo-clip avec le réalisateur Jonathan Desbiens. Vous pourrez le demandé vers le mois de janvier à Musique Plus. Au mois de mai on veut aller en Europe, on va y rester un mois et faire près de dix pays, soit la Suède, l’Allemagne, la France et etc. En revenant, on fait le Canada jusqu’à Vancouver avec un groupe de Suède, puis de Vancouver on descendrait sur le West Coast pour ensuite revenir. Les projets devraient s’étendre jusqu’à la fin du mois d’août. Ensuite, au mois de septembre, on commencerait à regarder pour le studio pour notre deuxième album». Toute une programmation! Reste maintenant à voir si les prévisions sont réelles! www.closedown.cjb.net www.myspace.com/closedown
ALBUMS BONGZILLA Amerijuanican (Relapse Records) www.relapse.com
DOBACARACOL Soley (Indica Records) www.indica-records.com
Le grand voyage musical de DobaCaracol continue avec Soley, l’album qui contient tous les ingrédients nécessaires pour vous faire sourire à l’année longue. Avec ce passeport musical, Dobacaracol vous transporte dans une musique sans frontières où des voix angéliques touchent le ciel et la terre, envoûtant votre espace sonore avec des épices enivrants venus de loin et mélangé avec notre goût d’ouverture et d’aventure. Le Québec devient tranquillement une terre créatrice et exportatrice de world beat dans le monde. (Lëø)
Le son Gargantua de Bongzilla revient avec Amerijuanican. Un voyage sonique dans les entrailles d’une Amerique violente et guerrière. L’album est tapissé de cris, de guitare sanguinaire, d’une basse au rythme cardiaque lourd et d’une voix fantomatique de désespoir. Allumez votre pipe à eau, roulez votre herbe magique et découvrez Bongzilla dans toute sa splendeur. (Lëø) PROPAGANDHI Potemkin City Limits (G-7 Welcoming Committee)
trop! Beaucoup de personnes avaient décroché lorsque le groupe avait sortie son excellent Today’s Empire Tomorrow Ashes le 6 février 2001, à cause de sa tournure plus hardcore et sans compromis. Hé bien! Ceuxci seront certainement déçus de Potemkin City Limits tandis que les autres jubileront. Le disque est une parfaite continuité du précédent avec leur côté plus agressif, baveux, arrogant et toujours aussi engagé, en assurant un peu plus de travail dans les arrangements. D’un point de vue très personnel, ma plus grosse attente de 2005 et mon numéro un tous styles confondus. (nelson) CUFF THE DUKE Éponyme (Universal) www.cufftheduke.com
www.propagandhi.com
Combien de fois la sortie de cet album a-t-elle été reportée durant les deux dernières années? Sûrement
La pochette laisse présager beaucoup sur le style que le groupe torontois nous offre sur son nouvel album. Une ouverture avec des chansons à l’odeur de vieux rock folk western très réussies et très prometteuses! Cuff the Duke nous met dans une ambiance qui se balance entre Bob Dylan et The Beatles jusqu’au moment où il surprend avec une approche qui le fait sortir de ce que l’on présageait avec la pochette. Par moment, les chansons montrent des influences beaucoup plus proches d’un rock moderne, voir même à la limite trip hop. Une découverte intense dans ma collection! (nelson) GUTTER DEMONS Room 209 (Pirates Records)
Devant écrire sur le disque des Gutter Demons, je change ma musique de travail pour Room 209. Le disque est terminé, et je n’ai toujours rien écrit. C’est que la qualité de l’enregistrement, la définition des instruments, l’efficacité des breaks instrumentaux, les intonations du chanteur et l’énergie apportée par le claquement hyper-rapide de la contrebasse m’obnubilent! C’est du psychobilly à son meilleur, c’est-à-dire du rockabilly dans tous ses extrêmes, tempo et énergie punks portés au maximum. L’équilibre est parfait entre le mur de son, les solos et la voix
ADAM WEST PAR SHAKA KHAN
A quoi devons-nous nous attendre de Power to the People? Jake Starr: Le nouvel album rock fort et il est impossible de l’arrêter! On fait de bons albums rock, je crois, sans prétention, et nous sommes fiers de la solidité de chacun d’entre eux. Le titre servira de ralliement contre George W. Bush et ses bandits. Ils peuvent tous aller se faire foutre! Vous vous apprêtez en ce moment à quitter pour l’Europe. Comment Adam West se prépare-t-il pour conquérir le vieux continent de ses sales sonorités? JS: Ceci sera notre sixième tournée Européenne depuis 2000 et, j’espère, notre meilleure. Nous allons jouer en Espagne et tourner toute la Scandinavie. Préparation? J’exerce ma voix chaque jour. Il est difficile de chanter à tous les jours avec le style musical que nous faisons, surtout pour 40 spectacles de suite. Je suis chanceux d’avoir une voix forte. Adam West doit se préparer physiquement et psychologiquement à boire chaque soirs jusqu’à 5 heures du matin et faire des spectacles et voyager. Nous nous entraînons donc à boire pour être en forme. … et pour le future? JS: Comme tu le sais nous travaillons comme des malades! Après la tournée Européenne, nous travaillerons sur des nouvelles chansons. Il nous reste huit compositions qui ne sont pas sur Power To The People… Nous allons peut-être les sortir sur Le volume #3 des archives d’Adam West, Longshot Songs for Brok’ Players 2001-2004, la suite de Hi-Balls Are Rolling! http://fandangorecs.com http://fandangorecs.com/adamwest http://www.myspace.com/adamwestrocks
gutturale mais expressive et mélodique de Johnny Toxik. Si la réalisation du premier long jeu pouvait les restreindre au niveau d’une notoriété internationale, Room 209 a tout pour les propulser autour du monde. Le son de la contrebasse est beaucoup moins superficiel, bien qu’on aurait espéré un son moins rock et plus profond. Les démons, avec ce second album, spécifient le tir, en s’éloignant des créatures d’outre-tombe, pour se concentrer sur des meurtriers humains. Exit les zombies ou les loupgarous, tremblez plutôt devant votre petite voisine ou devant cet homme accoudé au bar. Il ne vous reste qu’à vous lancer à pieds joints dans cet exercice d’idéalisation du mauvais
goût et à vous faire un pompadour d’un pied de haut. (Arianne) BIBLE OF THE DEVIL Brutality • Majesty • Eternity (Scarey Records) www.sacreyrecords.com
Un nouveau chapitre de la bible du diable a été écrit. Rédigé sur un fond sonore métallique, brutal, baignant dans une marre de sang, allant vers un combat contre Dieu qui laisse sur son passage un sepctacle de garnage à couper le souffle et pointant vers le ciel un salut à Satan.. À découvrir pour ceux qui aiment la musique sale et bien violente. (Lëø)
ADAM WEST Power to the people (People Like You Records) www.peoplelikeyou.de
Directement de Washington, ADAM WEST nous en met plein les oreilles avec un autre chef d’œuvre de rock américain emprunt d’indécence et d’influences rock’n’roll garage des années 60-70. Femmes, alcool, voitures, violence, sexe dans les ruelles, combat à coups de couteau… tous ceci soutenu par une force sexuelle qui laissera sur vos lèvres le goût mielleux de vos soirées les plus torrides. Power To The People!!! (Lëø) JERRYCAN The Day The World Die (S.O.L. Politics) www.jerrycan.com
La majorité d’entre vous ne connaît pas le groupe de King City en Ontario. Pourtant, le quatuor mérite de faire parler de lui. Sur scène, ses membres sont des bêtes. Sur disque, un amalgame de structures partant dans tous les sens, tout en ayant une trajectoire bien définie : faire crier les guitares!! Jerrycan a lancé en 2000 son premier album, un dix titres naviguant entre des mélodies à la Nirvana, System Of A Down et Satanic Surfer. Le mélange était réussi! Le groupe avait d’ailleurs été en nomination au Canadian Music Week. Ça leur a pris près de cinq ans pour nous offrir un nouveau répertoire, mais cette fois sur support vinyle. The Day The World Died est à mon avis un chef d’oeuvre. Jerrycan tombe totalement dans mes cordes avec sa musique plus agressive, plus
éclectique. Par contre, mon bémol du E.P. est la dernière chanson, où on sent une tendance du groupe à trop démontrer qu’il peut jouer tout style de musique et s’échappe vers une avenue plus punk rock linéaire avec des rythmes de guitare trop complexes qui nous font perdre l’essence de la chanson. Sinon, fans de métal, de punk et d’originalité, qui n’ont pas peur de découvrir, ouvrez vos oreilles!!!! (nelson) SUNNY DUVAL Achigan (Proxenett)
“Guitar hero” des Breastfeeders et des Saint-Sipoplette (entre autres projets), le Trifluvien François « Sunny » Duval replonge dans sa carrière solo pour produire un second effort intitulé Achigan. Bien qu’il signe la plupart des textes et des compositions, Duval mène tout de même sa barque en compagnie d’invités de marque (dont des membres de Call Me Poupée, une exSecrétaire Volante ou encore Anabel Langevin sur J’Aime La Barmaid et la déchirante Pas d’Sous). En aval du rock mode survolté de ces cohortes, l’Achigan du fameux guitariste baigne dans un rock sale et brut à la source de formations comme WD-40, Galaxie 500 ou encore Gros Mené. Question textes, le lectorat de ses chroniques publiées dans La Presse sera soulagé d’apprendre que Sunny prend toujours un malin plaisir à tordre la langue française tout en livrant des textes originaux, mais surtout francs. Histoires de tavernes sur La Nuit s’a Corde à Linge, histoires de femmes sur
Quesqu’on… ne manque plus qu’une histoire de pêche! Bref, les amateurs de bon rock se feront un plaisir d’ajoutez Achigan à leur collection de disques (et non pas sur leur Ipod, c’est vraiment pas « rock n’ roll » une bébelle en plastique blanc). (Arianne) NEKROMANTIX Brought back to life (Again) (Hellcat Records) www.hell-cat.com
Enfin, la réédition du premier album de Nekromantix est disponible pour le plaisir de tous. Brought back to life (Again) est plus qu’un album psychobilly cru, brillant et énergétique! Il est avant tout un album avant-gardiste de la deuxième génération de psychobilly, avec un son plus punk, une vitesse déchaînée et un battement de contrebasse essoufflant. Un classique. (Lëø) BROKEN SOCIAL SCENE Self Titled (Arts and crafts) Nous devons rester optimistes et garder espoir. Le rock hautain et remplis de prétention sera bientôt chose du passé puisque Broken Social Scene prend le contrôle. En optant pour une touche toujours aussi lo-fi mais bourrée d’étonnements colorés nous laissant la larme à l’œil, les membres du groupe parviennent à livrer la marchandise haut la main! La participation de plusieurs ami(e)s de la formation (Feist, Murray Lightburn, Jason Collett, K-OS, etc.) augmente de beaucoup la crédibilité que nous devons accorder au nouveau né de BSS. Les autorités
THE BLACK KEYS (Fat Possum Records)
Les duos rock font sensation ces jours-ci, et j’en convient : je suis estomaqué, spécialement par The Black Keys! Dan et Patrick ne nous cachent absolument rien; ils nous dévoilent des talents innés et un son particulier qui renoue avec le blues du Mississippi, arborant la même force mais avec une basse en moins. C’est pour faire suite à Rubber Factory, sorti il y a à peine plus d’un an, qu’on nous soumet déjà un DVD – pour l’instant non distribué au Canada – contenant des extraits live et des entrevues avec les membres. Nous avons d’ailleurs eu droit, en novembre dernier, à la visite du duo, qui venait promouvoir ce DVD mais surtout nous claquer de nouvelles pièces qui se retrouveront sur son prochain album, toujours sans titre. C’est donc un rendez-vous pour une session intense de rock’n’roll pur et dur ! (Michaël Bardier)
CRYPTOPSY
Once Was Not (Century Media) Les fans de Cryptosy qui s’attendaient à un autre album hallucinant vont être extrêmement déçus. Tout l’album consiste seulement en le gros jam ultra technique d’un band qui voulait prouver à ses amis et parents qu’il sait jouer, et non seulement faire du bruit. Le résultat est une insulte à tous ceux qui suivent le groupe depuis ses débuts. Un album à vendre dans une vente de garage. (Lëø) www.centurymedia.com musicales avaient précédemment jugés You forgot it in people (2003) agréablement déroutant, je me permettrai donc de donner à celui-ci le statut de sublimement magistral! (Michaël Bardier) RINGWORM Justice Replaced By Revenge (Victory) Oui, il nous aura fallu attendre 4 ans entre Birth Is Pain et ce nouvel album. La voix de Human Furnface nous explose dans les tympans dès les premières secondes et nous rappelle brutalement à quel point elle est unique. Ringworm a toujours eu une importante touche à la Integrity, et ce nouveau disque n’y fait pas exception. Toutefois, à cette influence métal vient cette fois s’ajouter un coté un peu plus accrocheur à la Hatebreed. Le fait que Frank 3-Gun joue avec Terror depuis un petit bout de temps n’est sûrement pas étranger aux riffs de guitare plus rapides sur quelques pièces. Ringworm fait partie de ces groupes qui n’obtiendront probablement jamais le crédit qu’ils méritent pour le travail qu’ils ont accompli en traçant la voie pour de nombreux groupes hardcore/métal très populaires aujourd’hui. De l’essentiel album The Promise paru en 1993 à celui-ci, Ringworm reste l’une des formations les plus honnête que le monde hardcore ait connu. Ceci n’est rien de moins que la scène de Cleveland à son meilleur! (Alexis)
SUNNO))) Black One Southern Lord www.southernlord.com
Sunno))) est de retour avec un sixième chef d’oeuvre sombre et atmosphérique. Black One est sans doute son album le plus vicieux - cet album a été enregistré dans des cercueils (j’ai les photos). Chaque note vibre dans notre inconsient comme un cauchemar d’enfant où la peur du bonhome sept heures est encore présente dans les coins noirs de notre imagination fertile. Chaque instrument est utilisé pour conjurer le mal et vous laisser sans défense devant vos phobies. Le meilleur album thérapeutique pour plonger dans son soi maléfique. (Lëø)
ALBUMS STUPEFLIP Stup Religion (Warner France)
Le retour du Stupeflip Crew!!! Après la tempête causée par son premier opus, Stupeflip se devait de frapper aussi fort, sinon plus, pour appuyer ses dires. Mission accomplie : on a droit, avec Stup Religion, à la suite logique de Vengeance. Toujours rap et rock, avec des textes pertinents tout en étant drôles, le côté nouveau Béru disparaît pour laisser place à un côté plus Bloodhound Gang. Moins surprenant qu’à la première occasion, Stup Religion demeure quand même un album supérieur, du même esprit qui a fait la renommée du groupe. On y entend aussi une évolution
dans la livraison et des débits de rap différents. Les textes touchent un peu plus le côté variétés et son moins «garderie», tout le contraire même, d’où ladite filiation avec Bloodhound Gang. Pas aussi à la mode que TTC, moins danse que Cuizinier mais tout aussi dense en contenu, le Stupeflip Crew n’a besoin que d’une oreille pour vous anéantir. Vengeance!!!! (PK) PAY THE PRICE Rage (Fight The Mentality) www.paytheprice.qchc. com
Direct dans les dents, comme un vieux groupe hard core des années 90. Pay The Price n’invente rien mais est plutôt efficace! En tout, douze chansons enragées (sans faire de mauvais jeux de mots) et rapides. Amateur de hard core, soyez prêts à sauter dans le pit! (nelson)
WE REACH The music of the Melvins (Fractured Transmitter Recording Company) www.fracturedtransmitter.com
J’ai découvert The Melvins dans un coin de rue à Chicago… Sur un gros poster, des gars maquillés à la KISS. On pouvait déjà deviner que nous allions entrer dans un monde de folie furieuse, de son cacophonique, de destruction structurale musicale et d’autodérision. Il est impossible de décrire ce style musical, car les fusions et le je-m’en-foutisme sonore qu’il dégage est à tous moments farfelus. Depuis plus d’une décennie, les Melvins inspirent des jams psychédéliques dans notre univers et cet album hommage, comprenant The Dillinger Escape Plan, Mastodon, Strapping Young Lad, Pig Destroyer, High on Fire, Eyehategod et plusieurs autres, leur font honneur. (Lëø)
Comme un homme libre Éponyme (Proxenett)
Comme un homme libre flirte avec les sixties, l’indie rock (De dire délire) et le new-wave. On dirait presque que Proxenett a inventé la Tin Pan Alley de la scène rock’n’roll montréalaise. Derrière la formation se cache une équipe du tonnerre composée de trois Breastfeeders et d’un gars de Gwenwed, qui encrent solidement la formation dans le rock québécois. Le tout est mené par la séduisante voix de Karine. La formule est efficace. Les chansons ont toutes trouvé leur chemin jusqu’aux palmarès des radios alternatives. Trop peu de titres pourtant sur cet effort qui représente le groupe depuis longtemps déjà. À quand un album complet? Les rumeurs laissent entendre un gros contrat pour leur prochain bébé. 3/5 (Felix)
BELL ORCHESTRE Recording a tape the color of the light (Rough trade) Formé de 2 membres de la formation The Arcade Fire, on peut supposer que Recording a tape the colour of the light est une suite libératrice du précédent album Funeral des stars montréalaises de The Arcade Fire. Comme une lumière se laissant s’entrevoir au bout du tunnel, cette thématique de mélancolie s’entend dans les textures mi-joyeuses, mi-peinées du sextuor du Mile-End. Un peu comme l’effectue si bien Dirty three, Bell orchestre a recours à un enregistrement qui s’harmonise avec l’esthétique du Jazz. Un son fort près de la performance live, à la limite non loin de l’expérimentation. Parce qu’avec des techniques d’enregistrement qui diffèrent de l’habituel enregistrement sous un tunnel et l’utilisation d’instruments moins communs comme la machine à écrire, Bell orchestre démontre encore une fois l’incroyable talent qui ère a Montréal. Théâtral, intime et à la fois intense. Pour les fans de Rachel’s, Dirty three et Arcade Fire. (Mathieu)
Inner City Silence The Open Door For Tragedy EP (Indépendant) www.innercitysilence.com
J’ai vu grandir ce groupe depuis ses débuts il y a près de trois ans. La formation a passé par des changements de personnel pour en arriver à un trio: David et Louis, ex-membres de Illness (formation punk rock de Joliette ayant existé aux alentours de 96-98), et Julien, un des bassistes ayant fréquenté Reset. Donc, maintenant tous de la grande ville de Montréal, Inner City Silence a forgé sa signature autour d’un genre rock alternatif des années 90, aux racines punk rock nouvelle école. Sur les cinq chansons du E.P., on en retrouve deux que j’ai déjà entendu sur un démo passé. Je pourrais dire que le groupe définit mieux la texture d’un son qui leur est propre : des guitares lourdes, un chant clair et original, des back vocals plus agressifs de temps en temps - pas comme la tradition le veut dans tous les nouveaux groupes qui veulent suivrent le courant-. Cette première carte de visite officielle, The Open Doors For Tragedy, dégage une ambiance mélancolique, quelques fois enragée, qui laisse encore place à un dépassement des limites. Inner City Silence débute du bon pied, mais gagnera à innover dans sa structure aux chants. (nelson) DIRTY THREE Cinder (Touch And Go)
Septième parution pour le trio australien Dirty three, Cinder est probablement non pas le plus pop, mais le plus structuré de tous. Parce que les précédents albums de Dirty three nous avait habitués à de délicates architectures simplistes, mais progressives. Cinder par contre est tout autrement; il contient 19 pièces de plus courtes durées avec un relevé considérablement plus exhaustif d’instrumentation (cornemuse, violoncelle, bouzouki, piano et
mandoline). Des tonalitiques qui détonnent beaucoup du country folk tout en gardant l’esthétique jazzy post rock qu’ils ont eux-mêmes contribué à forger depuis 1994. L’ajout d’un apport de la vocaliste de Cat power, Chan Marshall, sur la pièce Great waves, renforce cette idée de divergence avec les précédents disques. Un excellent récit automnal pour les journées de pluie, mais gare à la nostalgie que Cinder serait susceptible d’entraîner! (Mathieu) The Go! Team Thunder, Lightning, Strike (Memphis industries) Cet album est paru il y a environ un an sur l’étiquette britannique Memphis Industries mais est maintenant relancé par Sony. Quelques changements y ont été apportés, principalement au niveau des échantillonnages. Si vous n’avez jamais entendu parler de The Go! Team, il s’agit d’un gros buffet destiné aux amateurs de nourritures diversifiées, où on s’alimente sainement. Au menu on trouve de vieux classiques funk et de bons aliments new-wave punk. Vous voyez le genre? Les percussions sont étrangement «distorsionnées», les cuivres sont grumeleux à souhait, le vocal est hip parfois hop. Curieux non? Beaucoup de samplings s’étalent tout au long de l’enregistrement, ce qui est en partie la raison pour laquelle le disque a dû être retouché, ceux-ci n’étant pas autorisé. Ma foi, j’en conjure, cet album mérite une place dans votre assiette! (Michaël Bardier) C’MON In the heat of the moment (MapleMusic) La forme primaire du rock. Un trio composé d’une guitare, d’une basse et d’une batterie. Et dans celui-ci, un plus : la basse est tenue par une charmante demoiselle du nom de
Katie Lynn Campbell. Si je dis un plus, c’est que rare sont les femmes jouant du «vrai» rock. Et cette dame, croyez-moi, elle rock. Second long jeu de cette formation dirigé par le légendaire Ian Blurton, In the heat of the moment est juste assez pesant, juste assez groove, juste assez rapide ou juste assez lent. Un peu redondant par moment, soit. Mais les riffs incontestablement rock et la voix juste d’Ian Blurton ont vite fait de faire taper du pied même l’auditeur le plus timide. C’est donc le bras levé et les doits en signe du devil qu’on écoute les 13 pièces de ce disque, en s’écriant hell yeah! (C.L.) JELLO BIAFFRA WITH THE MELVINS Sieg Howdy (Alternatives Tentacles) Encore meilleur que la précédente collaboration de ces deux entités, Sieg Howdy pousse plus loin le trip Dead Kennedys de l’an 2000, pas le joke band qui se produit sous ce nom depuis 3-4 ans (désolé Ray et Flouride mais votre chanteur suce solide). Jello est auditivement galvanisé d’être entouré de musiciens qui veulent servir le chanteur et ses textes. La musique la plus adaptée pourra l’aider à aller rechercher ceux qui avaient progressivement abandonné le bateau à Jello pour une ou plusieurs raisons. Donc un Biafra en grande forme et des Melvins toujours aussi bons et surprenants, pas dans le sens que c’est révolutionnaire, non c’est du bon punk rock, mais pas binaire; des pièces de presque sept minutes, qui évoluent sans cesse et un Jello qui laisse toute la place à cette musique qui semble intemporelle tant elle est classique. En même temps, c’est rafraîchissant, ça change de ce qu’on entend dans cette scène dernièrement. Un autre bon coup de Jello, merci Les Melvins. (PK)
FRED FORTIN Planter le Décor (C4)
Il est tellement difficile d’exprimer nos entrailles avec des mots justes et honnêtes. C’est pour cela que Fred nous revient avec Planter le Décor, un album au language populaire tapissé d’une force instrumentale donc Fred seul connaît le secret. Il nous berce dans une ambiance qui nous rappelle ces soirées à boire, simplement pour trouver le courage de dire «je t’aime». Il est l’un des plus grands poètes du Québec moderne, qui exprime nos douleurs, amours, souffrances, notre insomnie, émerveillement, hypocrisie, visions alcooliques nocturnes, pleurs intérieurs, mais avant tout, notre humanité. Le plus bel album québécois de l’année. (Lëø)
LAGWAGON Resolve (Fat Wreck)
Joey Cape affirme que l’écriture d’un disque n’a jamais été aussi thérapeutique que l’a été celle de Resolve. Plus tôt cette année, en mars 2005, on apprenait le suicide de Derrick Plourde, batteur de Lagwagon sur les trois premiers albums (Duh, Trashed et Hoss). Derrick et Joey avaient ensuite monté le projet de Bad Astronaut. Déjà la rumeur laissant croire que le groupe allait se séparer. Ça lui a pris environ six ans avant de pondre Blazed. Puis maintenant, Resolve. Thérapeutique? En écoutant attentivement la musique et les paroles, on sent un retour dans le passé avec beaucoup d’émotion. De façon subtile, Joey parle des problèmes de Derrick, de la vie et de ses souvenirs. Comme on le sentait avec Blazed, la musique du groupe revient dans un tempo plus rapide. On pourrait regrouper certaines chansons avec des albums comme : Hoss, Double Plaidinum ou Let’s Talk About Feeling, mais d’autres aussi qui montrent un Lagwagon trouvant encore de l’originalité après toutes ces années. Un neuvième album, qui remet le groupe sur la scène avec force et beaucoup d’intensité.(nelson)
ALBUMS WILLIE NELSON Countryman (Lost Highway) MAD SIN Dead Moons Calling (People Like You Records) www.peoplelikeyou.de
Les dieux – oui, les dieux - du psychobilly allemand sont toujours aussi en forme avec Dead Moons Calling, un album qui vous décapera les oreilles d’un «rock’n’mort» acide. Chaque chanson est un rappel d’une soirée Berlinoise où la bière coule à flot, la musique est forte, où Mad Sin conjure l’âme de Johnny Cash sur l’amphétamine pour mieux ouvrir la voie à un pyschobilly enragé. L’album est avant tout un rappel à l’effet que, pour faire du rock’n’roll, il faut avoir envie de jouer fort et sans arrêt, jusqu’à ce que les doigts vous saignent de plaisir. (Lëø)
On connaissait l’amour de l’herbe de Willie Nelson depuis longtemps et depuis presque aussi longtemps courrait la rumeur d’un album reggae pour cette légende du country américain et icône de l’histoire de la musique tout styles confondus. Pour ceux qui ont écouté du country et du reggae, la connexion n’était pas trop difficile à faire et c’est de façon naturelle que Willie Nelson transpose son univers dans une facture jamaïcaine. Mollo, ça s’écoute tranquille avec la prescription approprié. Pas de quoi se mettre à danser de façon déchaînée en imitant le rugissement du lion. Très cool reprise de Worried Man de Johnny Cash et excellente réinterprétation de The Harder They Come de Jimmy Cliff. Les fans retrouveront la touche Willie Nelson, car ce n’est
pas très loin de ce qu’il fait habituellement. Peut-être gagnera-t-il aussi de nouveaux auditeurs. On leur souhaite. (PK) LES THANATHALOGUE Ils sont là! (Indépendant) lesthanato.tripod.com
Une énergie diabolique et monstrueuse! Danser sur du rock’n’roll n’aura jamais été aussi bestial que dans un concert des Thanatologues. Sur disque, c’est différent, mais avec un peu d’imagination et le son dans le tapis, on n’y voit que du feu. Ça a pris du temps avant de voir un nouvel album de la part de ce groupe de Sherbrooke. On aurait même pu croire à un certain moment que le groupe n’existait plus. Mais on se rend vite compte qu’il est plus en forme que jamais. Un bon son garage avec des mélodies rock’n’roll franco qui sortent d’outre-tombe! À réclamer! (nelson) TRICKY WOO First Blush (Last Gang Records) Après nombreuses années d’absence, voici enfin le retour de la formation rock montréalaise Tricky Woo. First Blush, son cinquième album, vient tout juste d’être lancé par l’étiquette Last Gang Records, dont les autres protégés sont les renommés Death From Above 1979 et Metric. Si la plupart des pistes qu’on y retrouve est prévisible, reste que Tricky Woo fait ce qu’il est juste de qualifier de «maudit bon rock» qui, du moins je l’espère, fait rougir de honte Jonas. De la pièce titre plutôt boogie rock à la touche métal de Living in the danger zone, en passant par la superbe intro acoustique de Mistress of the mountain, le quatuor, qui garde toujours les guitares et voix à l’avant-plan, nous en met plein la gueule au point de head banger jusqu’à ce que torticolis s’ensuive. Il a le talent, il a le style, il a le look. Il possède littéralement le rock. Levons nos verres à ce retour réussi! (C.L.)
GOGOL BORDELLO Gypsy Punks (SideOneDummy)
La preuve qu’il y a encore de la place pour les nouvelles idées dans le punk aujourd’hui est que Gogol Bordello réussi à concocter un mélange parfait de punk, de reggae-dub et de musique traditionnelle d’Europe de l’est, une recette où l’on distingue plein de saveurs familières mais qui nous donne l’impression de n’y avoir jamais goûté. Jusqu’ici l’un des meilleurs secrets de New York, la participation du leader de Gogol Bordello, Eugen Hutz, au film Everything is Illuminated avec Elijah Wood (concordant du même coup avec la parution de leur nouveau disque Gypsy Punks), a donné beaucoup d’attention à ce band de huit musiciens issus de différentes communautés de la planète. Eugene Hutz, au chant, vient d’Ukraine, alors que Yuri Lemeshev au chant et à l’accordéon et Sergey Rjabtzev au violon et au chant son natifs de Russie. Oren Kaplan, à la guitare et aussi au chant, ainsi que son compatriote Rea Mochiach à la basse, viennent d’Israël. Le seul américain du groupe est le batteur Elliot Gould, à qui s’ajoute la section percussion/danse/ chant formée de Pamela Jintana Racine d’origine Thai et d’Elizabeth Sun de descendance chinoise-écossaise. Tout ce beau monde donne forme à une macédoine de musique traditionnelle d’Europe de l’est. Pensez par exemple à la trame sonore d’Underground d’Emir Kusterica, ou au groupe de celui-ci, No Smoking. Pensez également aux Négresses Vertes époque Helno, ou à The Pogues même, mélangé avec The Clash et The Wailers version Scratch Lee Perry, avec des touches Gypsy Kings. Bizarre? Pas tant que ça. Le son est même familier si on connaît un des groupes susmentionné, à part peut-être Gypsy Kings, ha ha. Bref, c’est vraiment très bon. Un excellent courant d’air dans cette scène punk préoccupée à gratter ses bobos plutôt qu’à mettre le party sur le plancher de danse, tout en disant quelque chose. Gogol Bordello est là pour y remédier, et je vous conseille fortement cet album. (PK)
GOD IS AN ASTRONAUT All is violent, All is bright Revive Records Directement d’Irlande, le trio indépendant God Is an Astronaut en est encore à ses débuts. Après avoir sorti son premier opus sur sa propre maison de disque, il accouche de all is violent, all is bright. Dans la même veine qu’Explosion in the sky, mais avec cette tendance plus rock, on sent une certaine mélancolie qui se
percute à une agressivité noisy des guitares, tout en étant hautement mélodique. Truffés des boucles de guitares constantes suivies par un rythme simplement bien dosé, les petits ajouts de piano et d’orgue sombrent dans une délicatesse pure qui s’étire parfois vers cette agressivité poignante non loin du post doom métal à la Pelican. Il font vaguer l’oreille avec des pièces telles que Fragile et Forever lost. Pour les fans de Sigur ros, Explosion in the sky, GYBE et Mogwai. (Mathieu)
DVD NEW ORDER : ITEM London/Warner Nous avons eu droit cet automne à la sortie d’un coffret souvenir du groupe britannique New Order. Constitué de deux dvds distincts, il permet de jeter un regard intéressant sur cette formation qui a influencé notamment les Pet Shop Boys et U2. Le premier DVD est New Order Story, un documentaire produit en 1993, qui retrace l’histoire du groupe : la formation originale de Joy Division avec le leader Ian Curtis, sa disparition soudaine, et la transformation du groupe restant en cet Ordre Nouveau. À travers diverses entrevues, prestations live, vidéoclips et un quiz télévisé (The NO Show), on en apprend sur le band, tant au niveau musical que professionnel. Le deuxième DVD est une compilation des vidéoclips filmés du début à l’année 2005. Peu de ces vidéos ont été diffusés par ici, mais il est encore difficile de rester insensible en regardant et écoutant des classiques comme Bizarre Love Triangle, True Faith ou Blue Monday. À noter l’ajout de quelques versions alternatives et de prestations inédites. Ce coffret s’adresse autant au connaisseur qu’au non-initié : le plus important est de vouloir se replonger dans l’ambiance de l’époque (musique et esthétisme compris). (FH) BAD BOYS FOR LIFE People Like You Records/Pirates Records (QC-CND) - www.peoplelikeyou.de Le premier d’une série de vidéos pour découvrir l’univers d’une des compagnies de disques européennes les plus actives dans le circuit rocka/psychobilly, rock cru et punk. 2 DVD avec des vidéos de The Bones, Demented Are Go, Die Huuns, Damnation, Adam West, Mad Sin live au Japon, Sunride et plusieurs autres. Bad Boys For Life II sera disponible en Janvier 2006 sur www.piratesrecords.com. (Lëø)
BLACK TABOO PAR NELSON ROBERGE
Le 25 et 26 novembre, la formation rap gansta de Québec lançait son premier DVD! Vite vite, à la dernière seconde, j’ai envoyé un courriel à Richard Mangemarais pour en savoir plus sur le band et le DVD. Je vais t’avouer que je ne vous ai encore jamais vu en show. J’ai par contre entendu parler de vous. Beaucoup se demandent si vous êtes sérieux dans vos textes et vous détestent, tandis que d’autres croient que vous êtes sérieux et chantent vos paroles à tue-tête… Qu’est ce que c’est Black Taboo? Black Taboo c’est d’abord des chums qui se font du criss de fun sale. Que ce soit avec le cinéma ou la musique, le but est toujours de repousser les limites du collectif. Originaire de Québec, le groupe s’est fait connaître à travers la province grâce à son premier CD/DVD Au nom du pad et du vice (vendu à plus de 2000 exemplaires). Le travail nécessaire à la forme ou au contenant est plus que sérieux (certains membres du groupe travaillent professionnellement dans le milieu télévisuel) mais le contenu est tout le contraire… Alors à quoi peut-on s’attendre de votre DVD? Qu’est ce que l’on va y retrouver? Le nouveau DVD That Shit That’s All regroupe trois heures des meilleurs films et vidéo-clips de Black Taboo, produits pendant les trois dernières années. Les fans le demandaient souvent lors des spectacles. Ils voulaient ce qui se rapproche le plus de l’anthologie du groupe. Pour ne pas simplement réchauffer la sauce, des entrevues et des vidéos exclusifs ont été tournés pour la cause. Trois heures de gros vidéos sales pour public averti.
38
bang bang | volume zéro • numéro zéro
Indochine : l’Intégrale des Clips BMG Indochine… Oui, sans blague! C’est un groupe extrêmement important de la pop française des années 80, et son impact s’est aussi répercuté au Québec, que ça nous plaise ou non. Il est toujours facile de railler la voix du chanteur Nicolas Sirkis, les paroles à double sens et, surtout, l’esthétisme confus de ce groupe. Mais quand on y porte moindrement attention, il y a plus qu’une simple couche de brillantine… En effet, Indochine a révolutionné la musique francophone avec son utilisation intelligente et recherchée des claviers, et la qualité de sa musique a su résister au temps. Cette intégrale des clips peut prêter à rire un peu quand on se borne à l’aspect visuel peu assuré des débuts, mais la force qui se dégage de cette musique transcende bien l’époque et contamine facilement les esprits qui ont grandi dans la pop. Malgré l’absence d’extras, de pistes ou de commentaires, ce DVD est un bon complément à une compilation musicale du groupe. Alors que la production de vidéoclips n’est pas volumineuse pour les premières années, on se reprend assez bien dans la deuxième moitié des années 1980, pour terminer en force avec les extraits de leur dernier album Paradize, paru en 2002. Un visuel incontournable de la musique pop francophone! (FH) MALLRATS (Édition 10ème anniversaire de Kevin Smith) Universal « Mallrats », le deuxième épisode de la fameuse Trilogie du New Jersey du réalisateur Kevin Smith, vient tout juste d’être réédité en dvd. Pourquoi une nouvelle édition? Principalement pour offrir une nouvelle version du film, avec de nombreuses scènes inédites qui changent une bonne partie de l’histoire (principalement concernant la fameuse demande en mariage des personnages principaux). Ainsi, il nous est enfin permis de voir le film qui aurait sûrement été commercialisé si Kevin Smith avait fait le montage final à l’époque. Pour le meilleur ou pour le pire? C’est difficile à dire : Smith lui-même considère que Paul Dixon, le monteur original retenu par Universal Studios, a fait un excellent travail, en tenant compte du matériel qu’il avait sous la main. Mais quelques scènes alternatives avaient été tournées, et celles-ci nous offrent une vision différente de l’histoire. La version originale du film est aussi disponible sur ce disque, ainsi que plusieurs extras dont l’énumération serait fastidieuse. Alors si vous ne l’aviez pas déjà acheté, c’est l’édition à ajouter à votre collection, entre « Clerks » & « Chasing». (Lëø)
JEUX VIDÉOS JAK X COMBAT RACING La course a toujours ou presque fait partie intégrante des jeux de Jak. Surtout avec Jak 3, qui nous mettait déjà l’eau à la bouche avec des bolides montés. C’est maintenant chose faite! Avec Jak X, vous pouvez reprendre ces mêmes véhicules! On peut suivre l’histoire du jeu ou faire des courses avec un deuxième joueur. La plupart du temps, on doit mitrailler l’adversaire pour pouvoir gagner. Très divertissant, beaux graphiques! Pas déçu! (Nelson) TONY HAWK - AMERICAN WASTELAND Je ne sais pas ce qu’ils mettent dans ce jeu, mais à chaque nouvelle édition, j’accroche comme un junkie, ruinant ma qualité de vie et m’ankylosant les pouces au dernier degré. Justifiant une septième mouture de cette série avec des nouveaux tricks, de nouveaux pros et un story-mode différent, on se retrouve quand même en territoire connu. On ne peut pas tout réinventer et les innovations sont quand même minimes par rapport aux deux Underground. Le story-mode est un peu niaiseux au début; une des missions consiste par exemple à se faire couper les cheveux et s’acheter des vêtements. Et même si on sait comment faire les figures, tant que notre joueur n’a pas atteint ce niveau, on ne peut pas les exécuter. Hormis ces petits détails irritants, ça demeure un jeu qui nous réserve des jours et des semaines de plaisir et de frustration, avec une bonne couche de corne sur les pouces. (PKP) BURNOUT : REVENGE Dans la même optique que Jak X, celui-ci paraît un peu plus sadique et offre une violence gratuite, graphiquement plus près de la réalité. Dans ce jeu, plus vous démolissez et faites des ravages sur l’autoroute, plus on vous donne des points. On peut décider de faire une course classique où le premier arrivé est le gagnant (bien sûr il faut essayer de mettre à terre les autres concurrents), ou aussi (entre autre) créer les plus coûteux carambolages de l’histoire. En espérant que ça ne donne pas des idées à certains. En attendant, le jeu est quand même une réussite. On passe une bonne soirée à se mettre des volés! (Nelson)
bang bang | volume zéro • numéro zéro
39
FANZINES
C
’est à l’automne 1999 que le fanzine de bd, créé par Steve Requin, maintenant au service de Safarir, naît. Le jeune artiste avait sorti quelques numéros sous le nom de Requin Roll avant de changer complètement le nom pour Mensuhell, en février 2000. Ce fanzine de bd underground ne paraissait pas régulièrement, mais persistait. «C’est pour éviter que cet effort soit totalement perdu que j’ai décidé de reprendre la publication, avec la bénédiction du créateur original. Mon premier numéro fut ainsi le #35, en octobre 2002. Je ne crois pas que je savais réellement dans quoi je m’embarquais à ce moment!» C’est alors que Francis Hervieux prend la relève. Maniaque de lecture et d’histoire militaire, Hervieux, originaire de la banlieue de Montréal (Terrebone, Repentigny & Lavaltrie), a grandi, comme la plupart de sa génération, avec des bd européennes comme Astérix, Tintin, Journal de Spirou… «J’ai appris avec le temps à diversifier mes lectures, ce qui m’a amené à découvrir encore plus d’auteurs européens et québécois, pour finalement m’intégrer tranquillement dans les festivals et événements divers. À force de côtoyer les auteurs, je suis devenu plus qu’un simple lecteur, pour finalement faire partie du milieu. Par contre, je n’ai découvert la bd américaine que sur le tard (et je continue encore), si on ne compte pas un bref épisode de comics Héritage dans les années 80, raconte le jeune éditeur. Je suis l’éditeur, le rédacteur en chef, et le distributeur de MensuHell. Personne d’autre que moi ne représente ou ne travaille directement sur le MensuHell. Cependant, il m’arrive parfois de demander conseil à certains collaborateurs ou amis, surtout
pour des questions techniques ou de graphisme. Ainsi, des gens comme Richard Gagnon, Michel Viau, Stéphanie Gagnon (a.k.a. Technogotika) ou Éric Thériault m’ont aidé à plusieurs reprises depuis mes débuts, sans compter d’autres apports externes épisodiques». Le fanzine sort bel et bien à chaque mois, remplis d’histoires et de nouveaux artistes. «Le tirage a varié avec le temps et les numéros, mais il tourne normalement autour de 85 ou 90 copies». Évidemment, le Mensuhell ne roule pas sur l’or. Est-ce que la bd québécoise n’intéresse pas les québécois? «Le principal problème en est un de visibilité et de promotion du matériel local. À partir du moment où le public prendra généralement connaissance de la qualité des auteurs québécois, il y aura une demande grandissante du produit, ce qui devrait entraîner une augmentation de la production, et donc de la qualité en général. Le marché peut changer tellement rapidement, en bien ou en mal, que je ne
crois pas être en mesure d’apporter plus de précision», confie Hervieux. Ce qui est bien avec ce genre de publication, c’est qu’il est plus facile pour un artiste amateur de s’y voir publié que dans une revue distribuée à grande échelle: «Si un auteur produit du matériel que j’aime bien, je l’invite à participer. (…) Mon principal critère est naturellement de publier ce que j’aime en premier lieu. Mais les goûts changent, et il y a toujours moyen de s’arranger selon les occasions qui se présentent!» Mensuhell fait sa place coûte que coûte. De plus, il demeure encore la seule publication québécoise régulière de bd, ou sur la bd. Il est disponible à Montréal dans les principales librairies francophones dédiées à la bd locale, ou par abonnement. Sinon il est toujours possible de vous renseigner sur le site Internet qui est régulièrement mis à jours. Bonne lecture! www.mensuhell.ciboire.com
ARTS VISUELS Désolé si vous avez manqué le tout, mais au courant du mois d’octobre, sur les murs de la Casa Del Popolo, étaient exposés des portraits dessinés par Pat Hamou. Des portraits d’hommes qui, à première vue, ne semblaient pas présenter quelque chose de bien particulier, si ce n’est que leurs sujets avaient l’air d’avoir vécu au début du vingtième siècle. En fait, une chose extrêmement intéressante et précise ressortait des personnages de ces cadres. Ils ont en effet tous vécus entre 1900 et 1940, à New York. Et à cette époque, ils étaient des figures marquantes de la criminalité de la ville. Un second point bien précis doit de plus être souligné à leur sujet: ils étaient Juifs. Le monde du crime dans la grosse pomme au courant de ces années est des plus fascinants. L’intérêt de Pat Hamou pour la branche juive de celui-ci lui est venu lorsqu’il a lu «Tough Jew» de Rich Cohen. «Le livre détaille principalement les vies des troupes juives de Brooklyn et de Murder Inc. Ça s’éloigne des personnages plus connus comme Meyer Lansky (ndlr:qui a inspiré le personnage de Hyman Roth dans
Le Parrain II) et Bugsy Seigel, puis se concentre sur les gangsters de deuxième niveau moins connus et presque plus intéressants, explique Hamou. J’ai toujours été fasciné par certains aspects du crime dans le passé. Les gangsters ont attiré une fascination chez moi qui est très difficile à expliquer. Le livre de Cohen m’a ouvert sur un nouveau monde du gangstérisme avec lequel je n’étais pas familier. Des personnages incroyables que vous croiriez presque fictifs. Il écrit à leur sujet d’une façon romantique et nostalgique; mais il fait aussi remarquer, et je suis complètement d’accord, que tu ne peux pas glorifier leurs actions. Ils étaient des criminels, psychopathes sur les bords selon certains, mais ils étaient aussi plus grands que nature». Se passionner pour le crime organisé est une chose, mais décider de prendre le temps de dessiner tous ces portraits en est une autre. «Il y a quelque chose dans la façon dont les gens étaient photographiés à l’époque, dans ce qu’ils avaient l’air, qui les a toujours fait paraître plus vieux que ce qu’ils étaient en réalité. Je crois que tu peux voir leur dure
vie dans leur visage et cela les vieillit considérablement». L’artiste a aussi l’intention d’élargir son œuvre sur le sujet et même, éventuellement, de faire paraître un livre. «Il y a quelques personnalités auxquelles je n’ai pas touché pour cette exposition en particulier et dont j’aimerais traiter. Puis l’exposition allait seulement jusqu’à 1941. Il n’y a jamais eu une si forte concentration de criminels que dans ces 40 années alors ce sera encore le sujet central mais il y en a quelquesuns après cette période». Le but de ce travail n’est certainement pas de rendre hommage à ces personnages. «Mais je suppose que la raison pour laquelle plusieurs personnes sont fascinées par les gangsters est qu’ils ont eu les couilles de faire ce qu’ils ont fait. Je crois qu’au fond de nous, il y a peut-être de l’admiration», fait valoir Hamou. On peut même aller plus loin dans l’étude des ces hommes en tentant de comprendre pourquoi ils ont décidé de suivre cette voie. «Piètrement éduquée, la majorité d’entre eux provenait de familles d’immigrants de première génération fuyant la persécution en Russie et en Europe
de l’Est. L’Amérique était grande ouverte et c’était à vous de la prendre. Ça dépendait seulement de la façon dont tu décidais de t’y prendre. Les propriétaires d’usines de vêtement étaient les principaux employeurs mais la paye était mauvaise et les conditions d’emploi terribles. Le langage était aussi une barrière. Alors c’était ça ou se tourner vers une façon peut-être un peu plus facile de s’en sortir». Certains ont réussi à tirer leur famille de la misère par le gangstérisme, mais ils préféraient généralement garder celle-ci en dehors de leurs activités criminelles, pour qu’ils puissent un jour vivre avec elle, convenablement et de façon honnête. «Les gangsters juifs faisaient cela par choix; ils n’était pas nés la dedans. La majorité s’est assurée de garder sa famille en dehors de ça. C’est en grande partie la raison pour laquelle les bandits n’étaient pas aussi présents après 1940, car il n’y avait personne pour les remplacer». Fort intéressant pour quiconque veut prendre le temps de découvrir ce monde.
BANDES DESSINÉES Les aventures préscolaires de Vagin l’insolent #4 Sabine Par Kurt Beaulieu Indépendant Enfin, une Sabine grand format! Son auteur, Kurt Beaulieu, avait l’habitude de nous en présenter les histoires dans MensuHell, mais jamais de manière indépendante dans un format magazine. Serait-ce une étape vers les hauteurs de l’art de la bd québécoise? Sûrement pas, tellement Kurt a peur de devenir une vedette hyper médiatique et inaccessible (à la Bilal). Mais c’est tout de même un grand pas afin de se démarquer de sa production autonome habituelle. Les seins des personnages féminins sont donc encore plus gros et voluptueux que d’habitude, pour le plaisir de tous les lecteurs mâles. Qui s’en plaindrait? Des organismes féministes, peut-être? Peine perdue : Kurt Beaulieu a son style propre, et il est là pour rester encore longtemps parmi nous. Que Mark Kostabi se le tienne pour dit! (Francis)
Par Wax, éditions Les Créations Paradoxe Un titre surprenant ou dérangeant est toujours une bonne méthode pour se faire remarquer. Celui de la série de fanzine bd Vagin en est un bon exemple (à ne pas confondre avec «Ça pue», soit dit en passant…). Avec un tel mot provocateur, l’auteur Wax (a.k.a. Maxime Lemond) savait bien qu’il n’y en aurait pas de facile, mais il a persévéré dans son projet pour en arriver à un quatrième numéro. Son trait crayonné se laisse volontairement diriger par ses textes disjonctés et hors du commun. C’est un véritable esprit «cartoonesque» qui se cache dans cette série, où les rebondissements se chevauchent allègrement. Mais surtout, les chapitres de ce fanzine sont à des années-lumière de ce à quoi on pourrait s’attendre d’un fanzine avec un tel titre : il y a vraiment une histoire à suivre, et elle n’est pas au premier degré. Nous pouvons donc suivre l’évolution de Vagin, le personnage principal, à partir de ses
aventures préscolaires récitées dans ce quatrième volume. En extra, il y a aussi une courte histoire signée Sylvain Duhamel. De plus, le lecteur est invité à choisir son personnage principal de la série, afin de célébrer cette première année de publication. Personnellement, je pense avoir un faible pour le vilain en chef, soit Capitaine Utéro! (Francis)
Regards sur la bande dessinée Par Collectif (sous la direction de Sylvain Lemay), éditions Les 400 Coups. Voici donc un nouveau livre sur la bd publié au Québec. Ce type de publication (actes de colloque) est de plus en plus rare ici, tellement il y a peu de manifestation d’importance à rendre compte. Cependant, sa lecture ne nous avance pas tellement: aucun des six textes inclus ne porte sur la bd québécoise ou au Québec, et cinq d’entre eux ont pour objet des produits étrangers! Quelle ironie, puisque ce fut une initiative de l’Université du Québec en Outaouais, en raison d’un colloque tenu en 2000 lors de la première édition du Rendez-vous international de la BD de Gatineau… Pour le timing, on repassera! Près de cinq ans se sont écoulés depuis (pourquoi une telle attente?), et on peut même se demander si cet ouvrage est encore nécessaire. Comprenant surtout un langage littéraire peu propice à l’aspect visuel de la bande dessinée (et hors de portée du lectorat populaire), ce livre ne passera pas à l’histoire. Malgré toute la bonne intention des promoteurs, et les efforts des participants, il est difficile d’y trouver une chaleur propice à l’épanouissement de la bd au Québec. Espérons que ce résultat mitigé est surtout le résultat d’une première expérience mal dirigée, et que des futures éditions seront plus pertinentes. Regards sur la bande dessinée, publié chez Les 400 Coups sous la direction de Sylvain Lemay, peut donc être considéré simplement comme un ouvrage de référence secondaire de par son contenu. (Francis)
Obscure Agonie Par Nicolas Plamondon Indépendant Petit nouveau de la bande dessinée québécoise, Nicolas Plamondon risque de faire beaucoup parler de lui dans les années à venir. Malgré son jeune âge, il dessine depuis plusieurs années, et a pu profiter d’un environnement fertile pour se développer (son père est un libraire spécialisé, et il côtoie beaucoup d’auteurs de bd). Ce qui l’a d’ailleurs amené à sortir ses premiers albums cet automne, dont Obscure agonie, un recueil d’humour noir en bd. En utilisant différents styles de dessin, il s’amuse à nous surprendre, et presque à nous horrifier par son humour frôlant parfois l’insanité. On sent qu’il se cherche encore parmi tous ces essais, et la précision du dessin s’en ressent parfois. Mais on doit être indulgent devant un tel début de carrière, afin d’encourager l’émergence de talent. De plus, il serait vain d’essayer de contrôler l’impétuosité de la jeunesse! À suivre avec attention, et un coup d’œil furtif derrière soit pour mieux surveiller ses arrières… (Francis)
Matrix #71: Comic Issue Revue collective La revue montréalaise Matrix a publié cet automne un nouveau numéro ayant pour thème la bande dessinée. Le #71 de cette publication
anglophone n’a tout de même pas cherché à cerner la scène de la bd à Montréal (contrairement à l’édition spéciale du Comics Journal de l’hiver 2005), mais plutôt à présenter un certain nombre d’artistes canadiens au travers de certaines pages illustrées. Ainsi, on a droit à des bds de Billy Mavreas, Richard Suicide & Carlos Santos, Sully (a.k.a. Sherwin Tija), Joe Ollmann, Howard Chackowicz, Jason Lutes, et plusieurs autres. Cependant, en lisant ces bds inédites ou extraites d’ouvrages publiés (ou sur le point de l’être), il est difficile de trouver un thème principal. Il est même permis de se demander quel était le but réel de présenter ces bds ensembles… Le produit final est donc passablement inégal, mais non totalement dénué d’intérêt. L’article d’Andy Brown sur sa dernière visite au Comicon de Toronto est selon moi le point fort de cette édition bd (dont il est aussi le responsable), en autant que le sujet potentiellement [et volontairement] geek vous intéresse… Un autre article sur des réminiscences concernant le comique The Avengers #165 complète le thème, sans pour autant l’amener à un niveau supérieur. Une lecture personnelle, qui risque de s’oublier rapidement. En plus, une petite section sur le baseball, le lot habituel de critiques de livres ou albums de musique, et d’autres textes à caractère culturel ou littéraire. À consulter avant l’achat, pour être certain de faire une bonne affaire ! (Francis)
LIVRES THE DARK TOWER Stephen King – Plume Books Plus de 30 ans après ses premiers mots, la saga de la tour sombre s’est conclue beaucoup plus hâtivement que ce que Stephen nous avait laissé croire par à son œuvre maîtresse. Entreprise vers 1971-72, soutient l’auteur, le premier volume ne fut publié qu’en 1982, après avoir été diffusé en chapitre dans le Fantasy and science-fiction magazine. Le second fut publié en 1987, suivi en 1991 par l’excellent et incontournable Waste Lands, livre charnière de toute la série, qui ne sera jamais égalé par la suite. Survient alors l’accident hautement médiatisé où Stephen King se retrouve de nouveau devant la mort, avec l’urgence de terminer cette épopée avant qu’il ne soit trop tard. L’auteur amène même son accident au cœur du récit de Song of Susannah, le 6ème volume, et de The Dark Tower, septième et dernier livre de l’épopée de Roland le Gunslinger. Il y rencontre Roland et Eddie qui tente de rejoindre Susan, parti donner naissance à Mordred, le fils de Roland et de The Crimson King, au milieu de nulle part mais si près des Breakers, que Roland, Eddie et Jake ferait une pierre 3 coups en rejoignant Susan. 1-La sauver. 2- Sauver le «beam». 3-Libérer les Breakers. Et peut-être tuer le Crimson King et Mordred, tout en allant gaiement vers la «Dark Tower». On suit donc sur le bout de notre chaise la course contre le temps des Gunslingers pour sauver Susan, avec les allées et venues habituelles de l’auteur, pour finalement aboutir sur un plat qui nous amène à une conclusion un peu terne en queue de poisson, que King nous sert en récompense de toutes ces heures de lecture constante. Si on connaît bien l’auteur et ses thèmes de prédilections, toutefois, c’était un peu prévisible. Après le «tabarnak» initial qui nous échappe à la lecture de la fin, on se rend compte que c’est ce qu’on aurait dû prévoir de la part d’un auteur devenu, avec le temps, bien prévisible. Mais Stephen King a su, avec sa série Dark Tower, créer une œuvre qui nous aura fait voyager pendant de nombreuses et agréables heures. Pour amateurs de science-fiction chevaleresque apocalyptique. (PK) LES SAISONS DU PARC BELMONT Steve Proulx / Libre Expression Le Parc Belmont était un parc d’attractions situé près du pont de Cartierville, dans le nord-ouest de la ville. À l’époque de son ouverture, il s’agissait d’un oasis de verdure et de détente pour les Montréalais moins fortunés, qui ne pouvaient se permettre plus qu’un voyage de tramway pour s’éloigner de leur réalité. De 1923 à 1983, le Coney Island québécois procura du bonheur à des milliers de jeunes et moins jeunes, jusqu’à ce que le temps et l’argent fassent leur œuvre et mettent fin aux beaux jours de cette institution bien de chez nous. Steve Proulx explique, dans Les saisons du Parc Belmont, le contexte historique dans lequel le «Belmont Park» est né, les différentes administrations qui l’ont dirigé, les manèges, artistes et attractions qui l’ont animé. À part un site Internet légèrement incomplet, rien ne subsistait du Parc Belmont, sauf la mémoire de ceux qui l’ont connu. Ce n’est plus le cas maintenant, alors que Les saisons du Parc Belmont, livre essentiel à la préservation du souvenirs de ce Parc qui a tant diverti, retrace toute l’histoire, photos et commentaires à l’appui, de cet oasis de plaisir qui avait le charme authentique d’une autre époque, avant Disney et La Ronde. Mort dans l’indifférence et remplacé par un quartier résidentiel. Ce qui arrive malheureusement trop souvent. Un livre de référence. (PK)
O
n connaît les Abdigradationnistes comme trois bonhommes exhibant leurs g-strings, déblatérant d’absurdes vulgarités et ambitionnant sur la machine à fumée. Je me suis entretenue avec le chanteur barbu et poète PascalAngelo Fioramore afin de parler esthétique, car les Abdis sont toutefois des créateurs sous toutes leurs coutures.
Les premiers jours Rappelons la motivation première du groupe: desserrer la ceinture des nez levés officiant aux soirées de poésie. Pascal et Pascal (l’autre étant Pascal Desjardins, claviériste) ont ensuite été rejoints par WarnerAlexander Roche, violoniste de formation classique, jazz, expérimentale et électroacoustique, et par DJ DNT, maintenant occupé à d’autres projets artistiques. Sont venus leurs deux premiers albums, soit Vierges mais expérimentés et L’amour au fond de la gorge : des textes illustrant principalement les plaisirs de l’amour physique, soutenus par des spectacles volontairement tout croches, au comble de l’absurde. Puissance et gloire Le plus récent disque a été abordé d’une toute autre manière: Puissance et gloire est une parodie d’un boys band faite avec tant de minutie (paru sur les disques La Tribu, bonne réalisation) qu’un auditeur non averti pourrait penser que c’est réellement l’œuvre d’un mauvais groupe pop. «Après L’amour au fond de la gorge, on hésitait entre faire un projet vraiment axé sur le théâtre, et un autre vraiment pop. On a décidé de commencer avec le projet pop parce qu’on savait qu’il nous donnerait une discipline de travail et sur scène». Puissance et gloire, l’esthétique L’esthétique a toujours été partie intégrante de l’oeuvre des Abdigradationnistes. Il n’y a qu’à penser à l’épingle à linge qui faisait office de tranche du disque L’amour
au fond de la gorge ou à cette habitude qu’a Pascal-Angelo Fioramore de garder les textes dans ses mains: «On a conservé cette tradition car elle rappelle le poète qui fait de la déclamation de textes. Les Abdis, selon moi, demeurent encore une lecture de textes». Cette fois, le titre du disque provient de la chanson thème de la série Châteauvallon que le suprême Herbert Léonard interprétait dans les années 80. Quant à la pochette, l’idée des cercles concentriques (clin d’œil évident à Claude Tousignant) et de la transparence était de faire disparaître tout ce qui pouvait rappeler la conception normale d’un disque en tant qu’objet. Le site officiel (www.abdigradationnistes.com) est également une partie du travail esthétique des Abdis : «Le but était de faire un antisite, un fiasco! Il aurait dû être mis à jour, mais, juste pour la quantité de “hainiels” qu’on reçoit nous disant que notre site est pourri, je pense qu’on va le conserver!» Les projets Après Puissance et gloire, les Abdigradationnistes tenteront encore quelque chose de différent. «C’est ça l’intérêt des Abdis, c’est de voir comment on peut se mouler à différents concepts». Le prochain projet sera un spectacle entièrement théâtral, en lien avec un disque double. Le tout est encore embryonnaire, mais selon Pascal-Angelo, «il y aura forcément une confrontation entre les deux disques de l’album double, donc on essaye de voir les tensions qu’on va créer et la façon dont les concepts seront exploités». En
attendant cette appropriation d’un lieu théâtral, ils préparent un gros événement avec une tonne d’invités pour leur dixième anniversaire. «Ce sera l’apothéose de la mégalomanie abdiesque!» L’empire Rodrigol En dehors des Abdis, PascalAngelo Fioramore s’occupe de l’Empire Rodrigol, qui comprend les Éditions, les Productions et la Maison de disque. Les Éditions, dans lesquelles il accueille des textes de tout genre, occupent la majeure partie de son temps. «On favorise le fait de saisir des textes dans leur élan premier, des textes qui ont une charge poétique authentique même si c’est brut et tout croche, car nous voulons aller chercher la force de l’écriture». Les Éditions Rodrigol sont actives, entre autres, dans l’organisation de l’expozine (www. expozine.ca) et du Magasi-livre, qui aura lieu tout juste avant Noël. Pascal-Angelo, créateur Grand amateur de culture, il aime être déstabilisé par rapport à la réflexion en lien avec le processus de création. «Je veux être capable d’expliquer, lorsque je crée, la proposition que je voulais amener, comment je la vois dans sa finalité et comment je l’ai élaborée». On comprend aisément pourquoi un des livres qui l’a marqué est Le manifeste de la poésie vécue, une réflexion sur le processus de création face au quotidien, écrit par Alain Jouffroy. www.leseditionsrodrigol.com www.abdigradationnistes.com
Dale Hawerchuck est né le 4 avril 1963 dans le quartier Rexdale de Toronto. À l’âge de deux ans, il reçoit déjà sa première paire de patins (voilà pourquoi son père se plait à dire qu’il a appris à patiner avant de marcher… mais si tu ne marches pas à deux ans, y’a quelque chose qui cloche. Non?). Il débute sa carrière de hockeyeur dès l’âge de quatre ans et très tôt, ses qualités de joueur sont évidentes. Au tournoi Pee-Wee de Montréal, il marque huit buts pour une victoire de 8-1, fracassant le record détenu jusque là par Guy Lafleur.
une place sur l’équipe des Étoiles. À sa seconde saison junior, il surpasse sa production de l’année précédente avec 81 buts et 183 points, menant à nouveau les Royals au championnat de la Coupe Memorial. Dale y va d’ailleurs d’un nouveau record dans ce tournoi avec 8 buts. Inutile de dire que les dépisteurs de la ligue Nationale bavaient à l’idée de voir ce joueur joindre les rangs de leurs équipes respectives. Ce sont les Jets de Winnipeg qui gagne Hawerchuck à la loterie, grâce à leur dernière place au classement de la saison précédente.
À 16 ans, il est repêché par les Royals de Cornwall, de la ligue Junior Majeur du Québec. Dès son premier coup de patin, il cause une commotion à travers la ligue; il effectue une saison de 103 points et obtient le titre de recrue de l’année. Pendant les séries, il est nommé Joueur le plus utile, grâce à ses 45 points en 18 parties. En finales de la Coupe Memorial, il récolte trois points, le titre du joueur le plus complet et
Hawerchuck amorce sa carrière de 16 ans dans la ligue Nationale en 1981, demeurant avec Les Jets 8 saisons. Pendant ce temps, il participe à trois championnats du Monde, une Coupe Canada et à Rendez-vous 87, tout en demeurant le joueur dominant des Jets et en fracassant de multiples records individuels et d’équipe. Le numéro 10 termine sa première saison avec 103 points, le trophée Calder et le titre de recrue
de l’année et la deuxième avec 91 points, pour ensuite connaître cinq saisons consécutives avec plus de 100 points, dont une saison avec 53 buts et 130 points, devenant le 3ème plus jeune joueur de l’histoire de la LNH à atteindre cette marque. Celui que ses coéquipiers appelaient familièrement Ducky est aussi surnommé mini-Gretzky, dû à sa nomination sur la seconde équipe des Étoiles tout juste après ce même Gretzky. Après avoir tout fait pour les Jets, ceux-ci l’échangent aux Sabres de Buffalo en 1990, où il continue sa prolifique carrière pendant cinq ans, s’y méritant plus de 86 points par saison. Il est ensuite échangé aux Blues de St-Louis, où il demeure une saison (41 points en 66 parties). Il termine sa carrière à Philadelphie, accumulant 20 points
#1 En kiosque à compter du 2 Février 2006
Avec entres autres MALAJUBE WD-40 THe DARKNESS IRON MAIDEN Et plus . . .
64 Pages – Gratuit Partout à travers le Québec
Bang Bang T’é Mort Show 4 Février 2006 @ Petit Campus, Montréal
Pour plus d’infos www.bangbangtemort.com www.myspace. com/bangbangtemort
Surveillez la tournée Bang Bang T’é mort Avril 2006