BangBang vol3 no.2

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GRATUIT

Vol. Trois - No. Deux

Février 2008

Sur Tout CE QUi BOuge







BANGBANGTEMORT.COM CONCOURS

DISQUES COMPACT

Graphisme / Mise en page:

Creature - No Sleep At All Mozaïq - Mozaïq Millimetrik - Northwest Passage’s New Era Flogging Molly - Float Monsieur Mono - Petite musique de pluie Madcaps - Kiss the Lion

Grille graphique:

LIVRES

Simon Jodoin Nelson Roberge

Comité de rédaction:

Prison de Poupées de Edouard H. Bond

BANGBANG TV

Éditeur / Rédacteur en chef Patrice Caron patrice@bangbangtemort.com 514-845-1658 ext.359 Directeur de la production/ BangBang TV Nelson Roberge nelson@bangbangtemort.com 514-845-1658 ext.377

29.Tout est parfait/ 32.Sophie Goyette + La longue nuit du court/ 33.Joe Strummer: The futur is unwritten

Publicité:

Directeur des ventes Leonardo Calcagno leonardo@bangbangtemort.com 514-845-1658 ext.364

30. S.T.Y.L.E.S. 30.Missy Industry + Good Life/ 31.T-shirtologie

Représentant des ventes Émilie Jouan ejouan@bangbangtemort.com 514-845-1658 ext.349

46. LITTÉRATURE

Distribution

46.Edouard H. Bond

Diffumag 514-842-6809

Québec 470, rue de La Couronne Québec (Québec) G1K 6G2 www.bangbangtemort.com www.myspace.com/journalbangbang www.bangbangblog.com *Tous droits réservés 2007* ISSN 1718 -3529 Dépôt Légal à la Bibliothèque nationale du Québec et Archives Canada

9.Brève:Dub Trio/ 11.Mimi 2008/ 12.Millimetrik/ 13.Maxime Robin/ 14.Creature / 17.Plants and Animals + Monsieur Mono / 18.Tomas Jensen / 20.Madcaps/ 21.Mimosa + Francouverte/ 22.Kamakazi/ 24.Flogging Molly/ 25.Le Volume Était Au Maximum/ 26.Hate Eternal/ 27. Negativa/ 28.Mozaïq + Online/ 39.Histoire du rock: Bruce Springsteen/

29. CINÉMA

Correction Sébastien Charest

BangBang est une publication de Les Éditions Bangbang inc. Montréal 355 Ste-Catherine ouest 7e étage Montréal, Québec, H3B 1A5 514-845-1658

9. MUSIQUE

35. Gérant d’estrade MUSIQUE 47. Gérant d’estrade littérature 48. Gérant d’estrade BD Abonné Telus: Téléchargez les entrevues sur vos cellulaires en envoyant le mot “bang” au 5588.

LISTE D’ENVOI T’es pas au courant des dernières nouvelles concernant le journal? Qu’est ce que t’attends pour t’inscrire à notre liste d’envoi?

p.10 Foulosophie 101 François Yo Gourd p.11 Du haut de la King Dominic Tardif p.18 Semi Automatique André Peloquin p.22 Télémathysmes Catherine Mathys p.31 Base Art Visuel Julie Ledoux p.34 Je zappe je mate Jean-Nicolas Labrie p.43 Ondes souterraines Stéphane Martel p.47 Le petit Tavernier Sunny Duval p.48 Un pied dans la bouche Edouard Hardcore

FÉVRIER 2008

Site web:

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www.vaste.ca

8 .Plogue / 9. Brève: Le Revolver porte une brassière

BANG BANG

Nelson Roberge

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Photo et montage Creature: Julie Artacho

VOLUME TROIS • NUMERO 2

Conception graphique:

CREATURE P. 14

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Alexis Charlebois-Laurin, Stéfane Campbell, Dorothée Roy-Parent, Julie Brunet, Laurence Lepage, Yanick Klimbo Tremblay, Sunny Duval, Christophe Gagné, Nicholas Lavallée, Marilou Bérubé-Picard, Francis Hervieux, Ed Hardcore, André Péloquin, Sébastien Charest, Arnaud Cordier, Dominic Tardif, Jean-Nicholas Labrie, Martin Véronneau, Catherine Mathys, Stéphanie Chicoine, Carole Bertrand, Fabbie Barthelemy, Julie Ledoux, François Gourd, Stéphane

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Collaborateurs:


P.

PLOGUES

4 avril au Bar Le Magog alors que plus de 5000$ en prix seront versés aux divers gagnants. La période d’inscription maintenant terminée, les artistes participants seront annoncés sous peu. Détails du concours au www.hbproduction.ca. par Sébastien Charest

CONGA 2008 La finale de l’édition 2008 du CONGA, qui a eu lieu à l’Amphithéâtre 1112 du pavillon Adrien-Pouliot de l’Université Laval, a été remportée le 25 janvier par Détour, dépassant au fil d’arrivée Les Saligauds et Outtamind. Le groupe se mérite entre autres 100 heures d’enregistrement et le pressage de 500 CD aux studios New Rock. MIMI Il est encore temps de voter pour les catégories Découverte et Chanson de la 11e édition de l’Initiative Musicale Indépendante de Montréal (MIMI). Vous avez jusqu’au 26 février prochain 17h00 pour faire part de votre sélection parmi les artistes du TOP 20. Vote au www.mimimtl.com. Phonopolis Nathan Gage, membre du groupe montréalais Shapes and Sizes, a ouvert en janvier dernier un magasin de disques et de vinyles du nom de Phonopolis. Ayant pignon au 5403A avenue du Parc à Montréal, le magasin accueille également des artistes en prestation lors de la sortie de leur album. Après Julie Doiron à la soirée d’ouverture et Elfin Saddle en début de mois, le tour viendra à Plants and Animals à la fin février. International Songwriting Competition Trois chansons d’artistes québécois ont obtenu une nomination à l’International Songwriting Competition. OL1KU et Ray Ray se retrouvent dans la catégorie R&B/Hiphop avec Babylone (Ray Ray Mix) tandis que Nitza et Joshua Lebofsky se feront tous deux compétition dans la catégorie Musique du monde, respectivement avec Red Reign et The Briss. Toutes les chansons sont éligibles au Choix du public, dont la date limite pour participer est le 29 février prochain. Rappelons que The Disease Of Being Sad de Jason Bajada avait terminé en troisième position l’an dernier dans la catégorie Adulte contemporain. Vote au www. songwritingcompetition.com. Indie Awards 2008 Les Independent Music Awards remettront ses prix le 8 mars prochain dans le cadre du Canadian Music Week à Toronto. Nos Québécois repartiront peut-être avec une statuette: Album de l’année: Neon Bible / Arcade Fire, The Besnard Lakes Are

The Dark Horse / The Besnard Lakes. Chanson de l’année: Keep The Car Running / Arcade Fire. Groupe de l’année: Stars. Artiste électro de l’année: Amon Tobin, Chromeo, Ghislain Poirier. Artiste francophone de l’année: Hot Springs, Jean Leclerc, Les Trois Accords, Mes Aïeux, Tricot Machine. Artiste métal de l’année: Anonymus, Blinded By Faith, Martyr. Artiste pop de l’année: Miracle Fortress, Young Galaxy. Festi Rock de Richmond Le jury du Festi Rock de Richmond a choisi les artistes de sa septième édition. S’affronteront lors des demifinales les 5, 6 et 7 mars au Centre d’art de Richmond Akronautes, Alecka, Andréanne Thériault Band, Bujo, Chapeau Melon, Charlamagne, Les Gars Trans, Le Roi Poisson, Les Bons Y’ables, Maraudeur, Mozaïk et Sage Délire. La finale, où 14 000$ en prix seront remis, aura lieu le 8 mars en compagnie du parrain Longue Distance. The Great Rock War I Nouveau concours en terre sherbrookoise, The Great Rock War I atterrira les 7, 14 et 21 mars et le

REGARD sur le court métrage au Saguenay Rémi-Pierre Paquin sera le porteparole de la 12e édition du festival REGARD sur le court métrage au Saguenay qui se tiendra cette année du 12 au 16 mars prochain. Celui qu’on peut voir dans Les Invincibles et Rumeurs (et prochainement dans Nos étés IV) a déjà participé au festival en tant que comédien, notamment lors du tout premier film improvisé en 2000. De plus, le festival prend un tournage compétitif en remettant cette année plus de 25 000$ en prix. Le jury sera présidé par le comédien français Laurent Lucas. Festi-Grunge Le Festi-Grunge lancera sa deuxième compilation Festi-Grunge: 7 ans 3 slogans le samedi 15 mars prochain à l’Azile (Joliette), sur laquelle on retrouve 15 artistes pour la majorité originaires de la région de Lanaudière. En vente au coût de 5$, tous les profits seront remis au Festi-Grunge pour la poursuite de ses activités. Les Tirebouchons, Saranerape et The POP ROP seront en prestation le soir du lancement. Plus de détails au www. festigrunge.com.

L’équipe Bonsound

Tournoi de bowling

Le Bang Bang célébrait en fin de semaine dernière sa deuxième année d’existence à l’occasion de son tant attendu tournoi de bowling. Vingt-quatre équipes de la scène alternative montréalaise (MusiquePlus, P45, CISM, Indica, SOPREF, Moquettes Coquettes, The Sainte Catherines, Spectra, Misteur Valaire, Death Boat, CHOQ et j’en passe) se sont affrontées afin de remporter la troisième édition de ce tournoi. Le groupe punk Les Dorothée et Slam Disques se sont partagé la troisième place avec un score ex æquo de 610. Bien qu’elle ait obtenu le score le plus élevé lors de la ronde préliminaire, CKOI s’est incliné en deuxième position avec 698. Le trophée de la victoire a été remis à Bonsound qui, malgré un taux d’alcoolémie élevé (ce fut le cas pour la majorité des équipes d’ailleurs), a obtenu la marque de 721. Félicitations à toutes les équipes! (SC)


P.

PLOGUES elle se nomme Le Revolver porte une brassière – et ce n’est peut-être pas pour ta mère.

Le Revolver porte une brassière Estrie de Boucherie siècle après sa disparition avec la résurrection des soirées burlesques et des quelques pièces inspirées de classiques horrifiques comme Evil Dead (un musical créé à Toronto) et The Texas Chain Saw Massacre (le sympathiquement anecdotique Texas de François Létourneau). De Sherbrooke, L’Abattoir a à nous raconter une histoire assez bizarre:

www.myspace.com/abbatoirtheatre

29 février et 1er mars Théâtre Léonard-St-Laurent (Sherbrooke)

BANG BANG

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FÉVRIER 2008

Jadis à Paris, le Théâtre du Grand Guignol sévissait sous les rires et les cris de masses d’ahuris qui se gavaient de ses pièces dramatiques comportant sexe et violence graphique. Le genre disparu a inspiré par la suite le cinéma, en particulier les séries B des années 80 qui adoraient tant les effets tout en excès. On a pu récemment assister à un retour du pendule un demi-

La troupe, fondée il y a presque un an par Mathieu K. Blais et Mylène V. Rioux, promet de transformer pour deux soirs le Théâtre Léonard-St-Laurent en véritable abattoir. «Contrairement à plusieurs pièces, ce ne sont pas les personnages qui sont au service de l’histoire», soutient Blais, tout en précisant que c’est plutôt l’inverse, car le récit violemment burlesque «prend forme en fonction de leurs actes et paroles qui puisent dans une gratuité totale». Ç’a de quoi intriguer, surtout qu’on y traite de perversions, machinations et surconsommation, mais aussi de six jeunes gens dénués d’émotions mais avides de pouvoir, sur un fond noir comme la mort, alliant ironie, euthanasie et anthropophagie. Une Estrie de Boucherie qui donne vachement envie… (Kristof G.)

Dub Trio

Pas barrés, ils ont depuis joué avec Clutch, Helmet et Gogol Bordello avant d’être signés sur Ipecac Recordings (le label de Patton) qui vient de sortir leur troisième album studio Another Sound Is Dying. Composé de D.P. Holmes (guitariste), Stu Brooks (bassiste) et Joe Tomino (batteur), le groupe garde d’ailleurs un excellent souvenir de son premier concert en nos terres alors qu’il se produisait à Montréal (en 2006 avec Peeping Tom au National). «Un show incroyable, une foule vraiment super, l’un des meilleurs – sinon le meilleur

– shows de la tournée pour Dub Trio!», confiait récemment Tomino lors d’un échange de courriels décontracté et rigolo (ils auraient maintenant comme scénique arsenal une machine à boucane!?!). Chaud devant, Dub Trio risque de foutre le feu au Lambi… On vous aura avertis. (Kristof G.) Another Sound Is Dying magasin depuis le 22 janvier

en

www.dubtrio.com

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le CD de Peeping Tom avant de les recruter pour accompagner ET faire partie dudit orchestre en tournée.

4 mars – Club Lambi (Montréal)

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Depuis quelques années, le métal instrumental (ou instrumétal) fait tranquillement sa place dans le paysage musical mondial. Bien qu’influencés par les planantes divagations de Neurosis (et leur illégitimes fils d’Isis), ils sont légion à ne pas avoir besoin de cordes vocales dans leur mix (on n’a qu’à penser aux Pelican, Red Sparowes ou Mono entre autres). Les New-Yorkais de Dub Trio ont eu la bonne idée de se démarquer du lot en fusionnant à leur groove/punk/métal éclectique une bonne dose de dub supersonique. D’autant plus qu’ils sont coachés par le vocaliste élastique et hyperactif Mike Patton qui aura inclus leur toute première collaboration sur

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Échos de métallos


Politique

P. En 1532, François Rabelais a proposé sa vision personnelle de la cité utopique idéale en décrivant dans Gargantua l’abbaye de Thélème. Pas de gouvernement car, pense Rabelais: «Comment pourrait-on gouverner autrui quand on ne sait pas se gouverner soi-même?» Sans gouvernement, les Thélémites agissent donc «selon leur bon vouloir» avec pour devise «Fais ce que voudra». «Dans la journée, chacun fait donc ce qu’il veut, travaille si cela lui chante et sinon, se repose, boit, s’amuse, fait l’amour. Les horloges ont été supprimées, ce qui évite toute notion du temps qui passe. On se réveille à son gré, mange quand on a faim. L’agitation, la violence, les querelles, sont bannies.»

L’Utopie ou la mort* En 1991, Hakim Bey a publié à New York TAZ, Temporary Autonomous Zone ou Zone Autonome Temporaire. Il nous parle des «Utopies pirates» du XVIIIe siècle. Des hommes qui, désirant être libres, fuyaient l’armée et la marine afin de créer leur propre petit village sur des îles du Sud ou des côtes de l’Afrique du Nord. «Certaines de ces îles abritaient des “communautés intentionnelles”, des microsociétés vivant délibérément hors-la-loi et bien déterminées à le rester, ne fût-ce que pour une vie brève, mais joyeuse.» Chacun de nous peut devenir une zone d’utopie. En refusant que le système contrôle nos pensées. En inventant notre propre vie et nos propres valeurs. L’Utopie est notre rêve intérieur et si nous abandonnons nos rêves, nous allons mourir ou devenir des zombies. Plein de petits groupes de gens se forment pour résister à la horde de barbares sans cœur qui nous poussent vers une militarisation outrancière. Des gens sérieux et des fous délirants tissent un réseau de résistance. Ensemble, nous pourrons renverser la tendance de la bêtise humaine en proposant la pensée universelle face à la pensée unique du monde. Il faut fuir l’hypnose quotidienne de la télévision. Ne plus regarder cette gélatine de couleurs sans saveur qu’on nous sert dans nos salons. Loft Story, Le Banquier, Occupation Double, Star Académie et toutes ces niaiseries font du jello avec nos cerveaux. Notre cinéma devient du manger mou avec courses de char. On fait pareil comme les Américains. On fracasse les millions. Le débat des générations est vraiment stérile. Les vieux, les baby boomers qui accusent les jeunes de tous les maux. Ils sont bien bardés de REER et autres rentes. Ils font la belle vie avec leurs bateaux, leurs roulottes, leurs chalets et leurs Volvo. Mais que

veulent les jeunes sinon une possibilité de vivre tout simplement. Comme disait Gandhi: «Vivre simplement afin que les autres puissent simplement vivre.» Aujourd’hui la seule vraie barrière est économique et se situe entre ceux qui ont et ceux qui n’ont pas. Les musiciens, les rêveurs et les baby boomers fous comme moi n’ont jamais pensé à la retraite. Nous avons toujours été pour la vie intense sans nous soucier de la sécurité. Nous n’avons rien mais notre cœur est grand et notre esprit libre. Il faut juger une personne sur ce qu’elle est et non sur ce qu’elle a. Dans son magnifique film Sicko, Michael Moore nous fait la démonstration de la cupidité des compagnies d’assurance et autres prédateurs qui accaparent tout le butin, même si ça laisse sans soin des milliers de personnes qui finissent par mourir à la rue. Cette logique infernale tente de nous emmener vers la privatisation en nous vantant les mérites du système privé. En sous-finançant le système public et en le désorganisant, on nous pousse lentement vers le privé. Une fois dedans, ce sera trop tard. Ça me rend triste la cruauté humaine. La neige a brûlé sur les pavés. Une petite horde résiste encore malgré la morosité ambiante. Sortons de l’ombre, chevaliers de l’échiquier. Allons mettre les rois sur le bûcher de l’insomnie. Les fous prennent la diagonale pour damer le pion au système. Je suis en colère dans mon petit cœur de poète sensible. J’ai envie de crier fort sur la place publique. Mais elle est où la place publique? Elle est déjà privatisée. Bientôt seront privatisés l’éducation, la santé, l’eau, l’air aussi tant qu’à y être. J’ai une rage de bouffon qui s’agite dans mon ventriloque. J’ai envie d’envoyer des ondes de choc dans les cerveaux. Nous allons devoir travailler ensemble comme jamais nous aurons été contraints de le faire. Nous allons devoir nous réinventer une utopie réalisable.

Avec 25% des votes, le gouvernement Harper nous plonge dans une guerre ignoble afin de renforcer le contrôle des États-Unis et des grandes compagnies pétrolières sur une région stratégique. Leurs amis marchands de canon sont pour les guerres car ils font beaucoup de fric. Harper, ce son of a Bush, a même signé des accords permettant à la police et à l’armée américaine d’intervenir sur le territoire canadien. Quelque 40% des Canadiens ne votent pas. Les humains ont attrapé le syndrome de la grenouille que l’on met dans une casserole remplie d’eau froide sur un rond de poêle allumé au maximum. Au début, elle se réjouit de cette douce chaleur qui envahit son bain. Puis elle flotte morte dans l’eau qui bout. L’autre jour, je discutais d’éducation avec un Algonquin des Laurentides. Je lui racontais que le gouvernement Charest avait coupé les subventions pour les cours de musique à l’école Pierre-Laporte, la première école publique de musique au Québec. L’option musique d’une école secondaire où il n’y a aucun décrochage. Je lui disais l’importance de la musique dans l’éducation de mon fils. La musique stimule les deux côtés du cerveau, le rationnel et le créatif. Ça rend les gens mieux équilibrés. L’ami indien me disait que lui il enseignait aux enfants la survie en forêt. Il m’a dit ce à quoi, dans dix ou quinze années, quand ce sera le chaos et la famine, servirait à mon fils son piccolo dans la forêt. Puis il m’a dit qu’il allait dehors fumer sa cigarette. Je me suis dit qu’il serait mort d’un cancer du poumon à fumer comme ça et que le piccolo servira peut-être à calmer les esprits de ce tumulte de la fin du monde. *L’Utopie ou la mort, titre du livre de René Dumont publié en 1974 François Yo Gourd, foulosophe et niaisologue… fousoigourd@hotmail.com


M.

musique rendre pantois, plutôt l’allure des filles qui les accompagnaient.

Du haut de la King Sherbrookoise chronique Dominic Tardif Les filles de Montréal couvrent leur visage de bandana comme Lasagne pendant la guerre du Golf. C’est la conclusion qu’Alex Lys et moi avons tirée de notre dernière soirée dans la métropole. Mardi, pénards, nous stationnons devant le Musée Juste pour rire à 18h30, The Teenagers doivent monter sur scène à 22h. Alors qu’on se tape un burger au cassecroûte, Alex joue les prédicateurs entre deux bouchées: «Il va sûrement y avoir plein de gars habillés pareil tantôt au concert.» Le concert des Teenagers avait effectivement tout un potentiel d’attraction de hipsters: succès MySpace mais pas encore d’album en magasin, musique rock mais qui ne dédaigne pas des incursions du côté de l’électro. Alex allait avoir raison, mais ce n’est pas l’habillement des gars qui allait nous

Jeans comme une deuxième peau, talons hauts ou Converse (au choix), chandail bouffant. Alex et moi étions débarqués dans une pub d’American Apparel sans même avoir signé de contrat. La surprise était d’autant plus grande que la notion de hipster à Sherbrooke est on ne peut plus flou. Non pas que du haut de la King personne ne soit à la page. Non, c’est seulement qu’on a ici peu propension à la parade de mode urbaine et à la recherche effrénée de nouvelles hypes. Alex et moi avons assouvi notre soif de belles hipsters pour un bon bout. Elles étaient nombreuses, comme si elles avaient tous été mises au courant de notre passage: «ce soir, faut qu’on en jette pour les provinciaux». Assouvie notre soif de musique branchée également. Nous connaissions déjà l’album de CSS qui jouait en boucle avant le concert, au moins nous n’avions pas à souffrir le rock rural des Dales Hawerchuk. Alex et moi avions cependant quelques réticences face au port du bandana en plein visage. Et pas seulement à cause des réminiscences de Lasagne que ce choix suscitait. Il s’agissait là de la

frontière qu’aucune fille ne franchirait à Sherbrooke. L’absence de hipsters ici a pour corollaire l’heureux avantage de réduire les occurrences de fashion faux-pas, comme disent ceux qui connaissent la mode. En ce qui me concerne, traitez-moi de vieux jeu, il s’agissait simplement d’un outrage à la beauté. C’est ce qui j’imagine se trouvait derrière ces bandanas. Nous sommes rentrés à Sherbrooke et allés prendre une bière. Les filles étaient belles même sans ces jeans comme une deuxième peau, talons hauts ou Converse (au choix) et chandails bouffants. Comment j’ai trouvé le concert? Réjouissant mais vraiment trop court. Les hipsters n’osaient pas demander de rappel de peur d’avoir l’air trop emporté devant ce qui n’était, après tout, qu’un petit buzz MySpace. Pour plus de détails, présentez-vous à la succursale American Apparel la plus près de chez vous. Toutes leurs employées y étaient. À Sherbrooke, du haut de la King, Alex et moi attendons l’album complet des Teenagers en priant pour qu’il ne s’agisse pas d’un éphémère phénomène MySpace et regardons passer les filles qui, même si le vent souffle fort, se promènent à visage découvert.

MIMI 2008

Mimi 2008 samedi 1er Mars au Lion d’Or 20h, Montréal (sur invitation) suivi de Ciel mon Mimi! dès 23h00 avec Beast, The National Parcs, Mathias Mental, The Hot Springs, Numéro# et DJ Figure 8. www.mimimtl.com

10 - 11

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C’est quoi le MIMI? LA question qui revient toujours, même à sa 11e édition. Et cette année, rien pour arranger les choses, la formule a pris une autre tangente. Mais une constante demeure, le MIMI est une cérémonie qui souligne le potentiel et les réalisations des musiciens et groupes montréalais, tels que vus et entendus par les observateurs de cette scène effervescente. Par le passé, on remettait des prix lors d’un gala informel et cette année, ça sera à l’occasion d’un cocktail tout aussi informel, suivi d’un concert/party qui mettra en vedette certains de ces artistes au potentiel éclos ou en voie de l’être. Le tout dans le cadre de Montréal en Lumière. Voilà, pas si compliqué que ça dans le fond. (K)

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FÉVRIER 2008

The Hot Springs


M.

MUSIQUE

Millimetrik Passage obligé S’il est des activistes souvent portés à agir dans l’ombre d’un flux médiatique qui dévore en omettant de recycler, Millimetrik est de ceux-là. Depuis ses premiers beats jusqu’à ce quatrième album, Pascal Asselin a maintenu le cap, à son rythme (soutenu) et en symbiose avec ses inspirations et l’air de son temps. Plongé dans son laptop, derrière sa batterie ou comme disquaire, à la barre de sa petite étiquette réconfortante Chat Blanc Records, Millimetrik opère avec une adversité remarquable. Tantôt invité par le Musée National des Beaux-Arts du Québec ou encore participant au premier Igloo Fest dans le Vieux-Port de Montréal, Millimetrik se forge un parcours sans faute qui lui aura permis entre autres de collaborer avec Radio-Canada ou encore Télé-Québec. À l’aube de la sortie de Northwest Passage’s New Era, Pascal semble serein et animé par une flamme revigorée par les premiers commentaires sur son nouveau-né. Tu as l’air rassuré comme jamais à la suite des commentaires reçus de tes proches pour ce nouvel album. Avais-tu plus de craintes que pour les autres sorties? C’est vrai que j’étais stressé plus qu’à l’accoutumée et les premières réactions m’ont vite prouvé que j’avais pris le bon chemin. Je n’ai jamais été aussi fier d’un album comme je le suis de Northwest Passage’s New Era. J’aime l’album et son design graphique. J’y ai mis beaucoup de moi et je voulais que ça se sente après quelques moments de vie plus difficiles.

photo: courtoisie

Polar Bear On Earth? Pas du tout. Il faut prendre ces deux titres au second degré car je ne suis vraiment pas activiste. Sympathisant sûrement mais je ne donne aucune leçon. Last Polar… était ma situation psychologique. Je me sentais seul (même si j’étais bien entouré) dans mon monde. Pour Northwest…, c’est plutôt moi qui sors du trou, qui prends une nouvelle voie, si tu veux. La corrélation avec le vrai passage du Nord-Ouest semblait bonne.

Qu’est-ce que tu entends par moments difficiles? La production de l’album s’est étalé sur un peu plus d’un an et dans deux villes, Montréal et Québec. Je me relevais d’un vol de laptop à Bruxelles quelque temps auparavant. J’avais alors tout perdu, toute ma production. J’étais anéanti. Il fallait repartir à zéro. Ensuite, j’ai déménagé à Montréal. Bien vite, je me suis rendu compte que cette ville ne me ferait pas de cadeau. J’étais vraiment sous pression car je n’arrivais pas à joindre les deux bouts. Je ne dormais plus et comme par hasard je me suis blessé lourdement au dos. Il aura fallu pas mal de temps avant que le tout se rééquilibre. Northwest Passage’s New Era est le reflet de ce que j’ai vécu durant ces périodes. Tu perçois donc Northwest… comme un changement drastique? Je ne prétends pas me couper totalement de mes albums précédents mais j’ose croire qu’il est en rupture sur divers aspects. Avant, il fallait absolument que ma musique tourne autour de l’ambiant, l’élément de base des titres, comme un dogme. Je ne sais pas pourquoi j’y attachais autant d’importance. Et puis j’ai débordé pendant la production sur des choses plus rythmées, touchant un peu au hip-hop instrumental, trouvant de nouvelles sources pour agrandir ma palette de sons. J’ai décidé de ne plus mettre de barrière à ma musique. Doit-on également comprendre le titre comme une preuve d’un engagement politique, à l’image de ton disque précédent The Last

Tu n’as pas été tenté de grossir le son? Non du tout, même si j’avoue que j’étais tout d’abord réticent en voyant arriver la clique d’Ed Banger, Justice et consorts, je reconnais que c’est drôlement efficace. De toute façon, on recycle aux dix ans avec l’essor technologique qui vient avec. Tu écoutes Daft Punk et tu entends ce qui joue maintenant. Je pensais que Les Georges Leningrad étaient avantgardistes, j’ai écouté The Residents et c’est pareil. Note: je craque parfois sur des pièces légères dont je ne suis pas fier comme du Avril Lavigne (rires). Dans le iPod, c’est efficace. J’ai redécouvert Haddaway aussi (rires). Tu fais souvent appel à des collaborateurs, c’est encore le cas ici. Est-ce devenu une habitude ou un besoin? J’aime avoir des visions extérieures, des apports qui t’aident à voir autre chose que tes propres gestes. La production solitaire a ses limites. Quelqu’un comme Sixtoo qui a fait le mastering m’a donné quelques idées, des conseils techniques auxquels je n’aurais pas pensé. Gardes-tu la même passion qu’au premier jour? Oui, je la ressens différemment car je vieillis, je mature et je sais davantage où je veux aller. L’été dernier, j’ai vu Ian MacKaye avec son projet The Evens. Les gens de Fugazi ont toujours été des modèles pour moi. Ils sont restés ce qu’ils sont depuis leurs débuts, font de la musique qui leur plaît, tournent, produisent sans penser à des enjeux futiles. J’ai choisi de continuer dans la musique comme je pouvais en me disant que même si je ne serai jamais riche, au moins je fais ce qui me plaît. Depuis 2001, je peux dire que j’ai réalisé beaucoup de mes objectifs et c’est ce qui compte le plus. (Arnaud Cordier) Northwest Passage’s New Era en magasin dès le 4 mars. www.millimetrik.net

28 février – Le Cercle (Québec) 1er mars – Tapageur (Sherbrooke) 8 mars – Casa Del Popolo (Montréal)


M.

photo: Mathieu Morasse

musique

Est-ce que tu aimes le live? En fais-tu souvent? Je n’ai pas fait beaucoup de live en rapport à l’album. Quand tu regardes ça, en fait pour le genre de musique que je fais, du hip-hop instrumental, je ne vois pas l’intérêt de reproduire de façon identique le matériel de l’album. Il n’y a pas vraiment de challenge et c’est un peu ingrat pour les gens dans la salle. Je ne suis pas un passionné du live, à moins de transformer la musique, de la manipuler différemment, d’y ajouter du visuel. Et puis je suis rarement revenu d’un show avec de l’argent.

www.maximerobin.com

FÉVRIER 2008 | BANG BANG

Quel est ton regard sur le hip-hop québécois? Y’a des bons trucs et j’y vois une certaine maturité dans le sens où les groupes savent où ils vont. Ils ont trouvé leur formule de prédilection. On constate aussi deux courants: le hip-hop plus traditionnel qui découle de gens comme Muzion et Sans Pression et celui de nouvelles avenues avec Omnikrom, Les Robots De La Rime, Gatineau et NulSiDécouvert. Ces derniers ne proviennent pas nécessairement du hip-hop mais par contre ils connaissent «leur hip-hop» parfois plus que des gens tagués hiphop. Ce qui est parfois regrettable, c’est le peu de reconnaissance qui va avec la démarche pourtant encensée à l’extérieur du Québec. Des gens comme Ghislain Poirier ou Kid Koala demeurent encore très marginaux alors qu’ils tournent partout sur la planète. (Arnaud Cordier)

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Prépares-tu l’après-Maxime Robin Is Town Tempo Kind Of Guy? J’essaie de le sortir ailleurs en envoyant des copies à gauche et à droite. Je prépare le terrain afin d’avoir une structure qui me permettra aussi de sortir le prochain album sans souci de distribution. Entre le moment où j’ai produit l’album et sa sortie, j’étais déjà ailleurs. J’aimerais une sortie qui collerait plus à ma production en termes de temps.

VOLUME TROIS • NUMERO 2

Donc tu arrivais ici en terrain connu? Je connaissais déjà beaucoup de personnes et les gens de CHYZ ont été extra. Ils m’ont tout de suite demandé d’être leur directeur musical hip-hop. Je connaissais aussi Anachronic XP, on a monté une émission Hip Hop Is Dead avec Émile Gauthier ainsi que les

Outre la musique, tu produis des films pour les soirées Kino… Depuis 6 ans déjà, je présente des animations régulièrement même si je ne suis pas le super spécialiste du genre. Je fais parfois du montage vidéo et bien sûr de la musique. Je touche un peu à tout ce qui me plaît et c’est l’essentiel. J’ai pas un seul domaine, ça peut avoir ses inconvénients mais ils ne sont pas majoritaires.

Chemins d’été de Steve Fiset et comment tu y ajoutais des effets, tu la coupais pour finalement aboutir en pièce électro hip-hop. Une démarche ludique et didactique vraiment rare… J’aime pouvoir expliquer comment ça se passe pour construire une pièce, le processus de transformation. J’ai toujours aimé décrire plus qu’accomplir. Je ne suis pas instrumentiste ou virtuose. C’est plus facile avec une guitare de montrer ce que l’on sait faire, d’épater la galerie par rapport à un quelqu’un qui est derrière un laptop et un beatbox.

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Tu es revenu à Québec l’an passé. N’étant pas originaire de cette ville, pourquoi cette relocalisation dans la Vieille Capitale? En fait, j’ai étudié à Québec, je connaissais déjà pas mal la ville. Avant ça, je restais à Trois-Rivières avec d’incessants allers-retours vers Montréal. Revenir ici devenait évident pour moi. J’aime Trois-Rivières, mais ça devenait frustrant de devoir toujours expliquer ce que je faisais, de ne pas pouvoir exprimer pleinement ma démarche. Et les opportunités sont moins nombreuses qu’à Québec. On m’associait au hip-hop traditionnel, que j’aime aussi, celui qui fait encore peur à beaucoup de gens, «du hip-hop? moi je veux pas de problèmes ici…», tu vois le genre de commentaires faciles. Alors après, faut justifier les nuances, c’est lassant. Même à la radio universitaire de Trois-Rivières, je n’arrivais pas à trouver ma place.

soirées du même nom. Dernièrement, on se concentre sur la radio et on a mis de côté les soirées. On n’est pas des bons organisateurs.

Je me souviens d’une prestation où en fin de set tu expliquais aux gens comment tu montais une pièce à partir d’un sampling des

Jeudi 20h et samedi 12h CHYZ 94,3 FM (Québec)

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Laborantin patenté, Maxime Robin touche à tout avec minutie et dévotion. Tantôt kinoïste assidu, tantôt organisateur de soirées, le directeur section hiphop de CHYZ 94,3 FM, la radio de l’Université Laval à Québec, se clone à longueur de semaines. Depuis ses premières armes dans son bastion natal de TroisRivières, Maxime Robin a su fructifier son pragmatisme au gré de ses multiples activités artistiques.

Professeur Robin


l’énergie qu’on a sur scène. Quand j’étais toute seule, avec le voyant rouge allumé, je chantais au mur, l’énergie n’était pas là. Mais quand Kim et Sid étaient à côté de moi, à danser pendant que je chantais, là on réussissait à recréer l’énergie.

C’est afin de discuter de la sortie imminente de leur album No Sleep At All le 4 mars prochain que j’ai eu l’occasion de m’entretenir avec Cowbella, une des membres du quatuor montréalais Creature, dans une sympathique croissanterie du Mile End. À mon arrivée, cette dernière est occupée à lire une entrevue récemment donnée par le band – entrevue qui marque le début d’une longue tournée médiatique. «Je me demandais comment l’histoire avec Anastasia sortait». Si le sujet semble rendre la claviériste et chanteuse mal à l’aise, cette sensation semble rapidement disparaître lorsqu’on aborde celui de sa dernière prestation en lice, un Centre Bell

comble, en première partie de Mika. «Ç’a super bien été, c’était un rêve devenu réalité. L’énergie était déjà là, les fans de Mika étaient dedans, ils étaient là pour danser donc ça se rejoignait. On avait juste à faire un petit mouvement de bras et tout le monde criait. Même si on joue pour une seule personne, du genre un vieux grincheux, nous on donne la même énergie, le même show. Il y a toujours cette magie qui s’opère lorsqu’on se retrouve nous quatre.» Et cette magie qui s’effectue tire ses racines à plusieurs endroits, à commencer par les liens qui unissent les membres du groupe à Me Mom and Morgentaler. Sid Z (le batteur) a fait partie de ce groupe mythique, alors que Kim Ho (le chanteur) a jadis collaboré avec John Britton, percussionniste,

mais outre ces collaborations, on remarque surtout cette attention accordée à la prestation et à l’énergie dégagée. Si le groupe de ska mythique a marqué les membres de Creature, il n’est toutefois pas le seul à servir d’inspiration au quatuor… On est ouverts à tout. Le glam rock m’a beaucoup inspiré. J’aime regarder ses groupes en prestation sur scène, voir leurs mouvements, leurs costumes. Kim de son côté jouait du blues, mais en ma compagnie, il s’est mis à rapper bizarrement, comme s’il était une autre personne. On a joué toutes ses influences lors de nos premiers spectacles, mais on a remarqué que les gens embarquaient plus sur les pièces dansantes, de party. Alors on s’est dit

que c’était peut-être notre point fort. Vous êtes entrés en studio afin de commencer l’enregistrement de l’album, mais la date de sortie n’a pas cessé d’être repoussée. Qu’est-ce qui a été si compliqué? Tout le monde avait un autre emploi au moment de l’enregistrement, donc il fallait faire ça durant la fin de semaine. Ç’a pris finalement un an pour enregistrement l’album et on est ensuite retournés en studio pour remixer les pièces. Alors qu’on pensait qu’on avait fini, on s’est rendu compte après deux semaines que l’énergie n’était pas là et on a alors décidé de refaire certaines pistes. On a constaté à ce moment-là qu’il faut que tout le groupe soit dans la même pièce lors de l’enregistrement pour retrouver

Pour ceux qui ne connaissent pas ce que vous faites, à quoi peut-on s’attendre? Moi je dis souvent qu’on fait du dancepop party rock. On a l’élément funk des B-52’s mais avec plus d’expérimentation en studio. Il y a beaucoup de niveaux, c’est un vrai layer cake! On retrouve aussi beaucoup d’éléments de funk cool, ça groove, y’a du hip-hop, c’est une ambiance de party, de célébration. Kim écoute pas mal de blues, Sid du punk, moi c’est plus le hip-hop. On fait beaucoup de mélange des genres. Le mélange des genres, n’est-ce pas un peu la nouvelle vague, le nouveau truc branché? Nous, on ne se voit pas comme une vague. On veut faire le party, on a un message. Oui, on a une certaine image, mais on est là pour du long terme. La chose la plus importante pour nous, c’est qu’il faut que ça soit une bonne chanson. Si j’aime ta chanson, je me fous de savoir les claviers que tu as utilisés, comment tu définirais ton style. On veut surtout ne pas être une mode. On veut être nous-mêmes. On veut être là encore longtemps. On a confiance en nous et surtout on veut le partager au plus de gens possible. On n’a pas peur d’être cool. Fuck cool.»


Si le groupe songe déjà à un nouvel album, leur permettant d’aller encore plus loin, ce dernier devra attendre un peu. C’est que le quatuor a déjà beaucoup du pain sur la planche pour les mois à venir. En plus du lancement de son album le 5 mars prochain au National, Creature prévoit également donner quelques spectacles au Québec, dont à Joliette et à Saint-Jean-surRichelieu. «On a également des fans à Québec et Sherbrooke donc un show est également à prévoir.»

No Sleep At All en magasin dès le 4 mars www.creatureband.com

5 mars – Le National (Montréal) 7 mars – L’Azile (Joliette) 8 mars – Bar Le Metric (Saint-Jean-sur-Richelieu)

suivons le tr io de montréal à Québec où il performe ra avec Ghislain poirier

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BangBang prête une des ses caméras à nul autre que Séba, qui immortalisera à sa façon la première tournée européenne de Gatineau

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Tout ça sans compter la sortie prochaine d’un vidéoclip pour Pop Culture où la danse et la paillette seront à l’honneur, sa présence au Canadian Music Week à Toronto ainsi qu’un retour à Austin, Texas dans le cadre du South by Southwest. Le tout au courant du mois de mars. Si les membres du groupe souhaitaient jouer plus souvent

au courant de l’année, il apparaît clairement qu’ils y parviendront, avec un agenda déjà bien rempli. Puisque nos chouchous montréalais sont appelés à être occupés et à conquérir le monde, assurez-vous de ne pas les manquer lors de leur show-lancement. Vous pourrez ainsi dire: «Ah ouais, Creature, j’étais là avant qu’ils soient trop big…» (Dorothée Parent-Roy)

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Est-ce que tu crois que l’industrie change? Je crois surtout que moins de gens vont faire de la musique pour l’argent. Tous ceux qui feront de la musique le feront pour les bonnes raisons. Moi, en tant que musicienne, l’important, c’est d’abord et avant tout de m’améliorer et de faire quelque chose qui me fait sentir bien. La musique, c’est comme une relation à long terme et pour que ça dure, tu dois la rendre intéressante. L’important, c’est de s’exprimer et d’être fidèle à soi-même. Je déteste les groupes qui changent subitement de

direction. Mais j’aime les Beatles qui eux ont commencé à un certain point et puis qui ont graduellement évolué pour arriver si loin, de façon lente, tout en gardant quelque chose dans leur son, dans leurs voix, pour les rendre si uniques. Et c’est sur ça qu’il faut s’accrocher.

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Donc il n’y a pas tant de pression? Non car on agit intelligemment. Notre label est vraiment cool. Comme hier, j’étais à leurs bureaux et on riait et niaisait. L’équipe nous a demandé ce qu’on voulait faire pour le vidéo, on leur a donné l’idée et ils étaient cool avec ça. C’est pas comme les Beatles où leur gérant disait: “tu vas te faire couper les cheveux de telle ou telle manière”. On ne serait pas capables

Si être soi-même est un sujet récurrent pour Creature, d’autres sujets sont également abordés sur cet album. C’est important de passer un message dans les chansons, comme pour la pièce Last Days of America, par exemple? Des fois, c’est quelque chose qu’on lit dans les nouvelles, d’autres fois un feeling que j’ai, par exemple avoir un emploi de 9 à 5, mais wanting to break out, se sortir du tourbillon. Politiquement, on veut parler de certains trucs, mais on n’a pas une opinion forte et développée. On va lire ça, se dire: “wow, oh my god!”, pis on va faire une toune là-dessus, car le monde est fou. Et on se dit: “fuck, pourquoi ne pas avoir du fun pendant qu’on peut. Le monde pourrait s’écrouler à tous les jours”.

Parlant de s’écrouler, l’industrie du disque bat de l’aile en ce moment. En tant qu’artiste, ça te fait peur? Je me souviens d’une soirée où, après avoir jasé de Radiohead et de Nine Inch Nails qui quittaient leurs compagnies de disques, je suis revenue à la maison en pleurant, me demandant ce que j’avais choisi de faire. Depuis l’âge de sept ans que je travaille dans la musique, que je fais de la musique, je ne peux rien faire d’autre. Je vais être pauvre, mais peu importe, you know, c’est tout ce que je sais faire.

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Est-ce justement difficile d’adopter cette attitude dans l’industrie? Est-ce que vous ressentez une certaine pression par rapport à votre façon d’être, d’entretenir une certaine image? Yeah mais tout le monde a besoin de ça un peu. J’essaie toujours de trouver ce que je veux porter. Si j’ai le goût de m’habiller en pantalons jogging, je vais me foutre de ce que le monde pense. Mais en tant que band, we want to be about fun, donc on pense couleurs vives, brillants. Je veux pouvoir m’habiller comme je veux. Si je feels weird un jour, well fuck it. J’assume ce que je suis.

d’accepter de telles choses. Nous, on est plus: “dude, tu ne vas pas me dire comment m’habiller car je vais mettre quelque chose de hot que j’aime, que les gens ne vont pas nécessairement aimer, mais j’en suis consciente”. Être libre d’être soi-même, c’est notre motto.



M.

musique

Il abonde sur les moult collaborations retrouvées sur l’album: «De prime abord, c’est des amis ou encore des connaissances qu’on avait perdues de vue avec lesquels on a repris contact, explique le compositeur qui s’est tout d’abord fait connaître dans le monde du théâtre et de la danse quand on lui parle des Katie Moore, Sarah Neufeld (Bell Orchestre, Arcade Fire) qu’on retrouve sur Parc Avenue. Au départ,

Parc Avenue en magasin dès le 26 février www.plantsandanimals.ca

Lancement Parc Avenue: 26 février – Sala Rossa (Montréal) 27 février – Cercle (Québec) 28 février – Zaphod Beeblebrox (Ottawa)

Petite musique de pluie magasin depuis le 12 février.

en

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21 mars – Côté-Cour (Jonquière) 22 mars – Le Cercle (Québec) 3 avril – Maison de la culture Villeray (Montréal)

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www.monsieurmono.com

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En plus de se préparer à lancer l’œuvre en question, l’orchestre mi-animal, mi-végétal s’apprête à présenter ses nouvelles compositions sur la route, notamment lors de l’incommensurable foire South By Southwest qui se tient en mars au Texas. Bien que les compères soient déjà des habitués d’événements du genre (Plants and Animals s’est notamment distingué lors de la vitrine M For Montreal), Basque et ses potes ne s’en font pas outre mesure pour ces concerts réunissant autant les fans que de grosses huiles de l’industrie. «On a confiance en notre matériel. De toute façon, on ne peut pas forcer les gens à venir nous encourager lors de ces spectacles-là, surtout qu’il y a tellement de bands qui se produisent en même temps. On ne sait jamais. Tsé, la légende veut que Jimmy Hendrix ait déjà joué dans ses débuts dans un petit bar de New York devant trois personnes et là-dedans, y’avait la blonde de Keith Richards qui l’aurait ensuite amené en Angleterre pis on sait là où ça l’a mené ensuite!» (André Péloquin)

«Je préfère observer le côté obscur des choses», nous confie-t-il lorsqu’on lui demande d’où lui vient ce penchant si marqué pour la ballade d’écorché vif et la complainte spleenétique. Même si aucun album signé de la main de Goulet n’avait jamais été marqué du sceau de la jovialité, la surprise avait été de taille au moment de la parution de Pleurer la mer morte, album que Goulet avouait sans ambages avoir créé pour s’extirper d’une rupture particulièrement éprouvante. Le chanteur qui peinait à concevoir que l’album allait trouver preneur allait

Le succès du premier effort supposait évidemment un deuxième album. Et pour ce faire, il fallait contourner l’écueil que constituait la tentative d’écrire un Pleurer la mer morte numéro 2. «Ça n’aurait pas été honnête avec le public. J’ai simplement essayé de prendre les éléments réussis dans cet album-là et de pousser ça d’une coche.» Pas de changement majeur cependant. «J’ai enregistré de la même façon, avec plus d’équipement. J’ai plus poli, c’est moins brouillon.» Reste que Goulet n’a pas cédé à la folie des grandeurs que peut supposer la signature avec une maison de disques de l’envergure d’Audiogram, lui qui a préféré tout enregistrer en solitaire, cédant à la tentation d’une collaboration que pour étayer ses chansons de cordes ou pour enjoliver sa chanson Comme en temps de guerre de la voix d’Ariane Moffatt.

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Situé sur le Plateau, coincé entre le mont Royal et les voies ferrées du Canadian Pacific Railway, le Mile End est un secteur de Montréal qui a pris des proportions mythiques au fil des années. Aujourd’hui, c’est devenu beaucoup plus qu’un simple quadrilatère où, chaque jour, plus d’une vingtaine de milliers de personnes vivent, bossent, sortent, s’achètent quelques bagels en retournant à la maison ou encore peinent à monter leurs emplettes dans l’escalier en colimaçon les menant à leur appartement. «Je ne sais pas trop ce que ç’a de si spécial, confie Nicolas Basque entre deux bouchées de sandwich lorsque invité à expliquer l’effervescence de la bourgade à un lectorat ne résidant pas nécessairement sur l’île de Montréal. Y’a plusieurs salles de spectacles dans les environs et des studios comme l’Hotel2Tango (autant Arcade Fire que Wolf Parade y ont enregistré) et le Treatment Room (qui a autant accueilli le projet de Basque que Socalled par le passé). C’est aussi un quartier l’fun, avec une culture éclatée, des gens de plusieurs régions du monde. C’est moins le cas de nos jours, mais les loyers étaient auparavant plus abordables pis ça encourageait les musiciens d’ici et d’ailleurs à s’installer là.»

on voulait tout faire par nous-mêmes, mais quand est venu le temps d’ajouter du violon ou des voix de femme, on se tournait vers Katie, car Warren Spicer (autre musicien du groupe) a produit son album, ou encore Sarah qu’on a rencontrée à l’université. Tout simplement.»

être pris au dépourvu. «On a vendu les 500 exemplaires en deux, trois jours». La suite surprend encore le principal intéressé.

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Avec Parc Avenue, le trio montréalais Plants and Animals livre autant un bijou indie pop qu’un témoignage de l’effervescence du quartier où il a été enregistré.

Au moment de faire la promotion de son premier album en tant que Monsieur Mono, Pleurer la mer morte, Éric Goulet disait à la blague qu’il avait voulu enregistrer «le disque le plus triste au monde» et pour cause, il n’y avait pas quoi rire. De retour avec Petite musique de pluie, Goulet assure que l’orage est passé, même si encore une fois, il n’y a pas de quoi rire.

Petite musique de pluie comporte d’ailleurs encore une fois une reprise, L’espace d’une fille, interprétée à l’origine par Jacques Dutronc, bien qu’il ne s’agisse pas, comme c’était le cas pour L’amour fait mal (Love Hurts) d’une traduction. Goulet voulait en fait inclure à Petite musique de pluie sa version d’All Tomorrow’s Parties du Velvet Underground, Le grand bal du dernier soir, qu’il interprète en concert. «On n’a pas encore obtenu les droits», explique-t-il. Mais qu’estce que cette manie de pratiquer un art aussi suranné que la traduction de succès? «Il y en a qui font des Sudokus, moi je fais ça, badine Goulet avant de se reprendre plus sérieusement. L’idée, c’est de créer un univers cohérent avec toutes les chansons.» Il s’agit effectivement d’un univers cohérent, singulier et surtout engageant que propose Monsieur Mono, un univers qui ne supporterait pas une oreille distraite. Il faudra idéalement, comme nous le recommande son créateur, écouter Petite musique de pluie «un soir qu’on file relaxe, avec un verre de vin rouge, en bonne compagnie». (Dominic Tardif)

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Plants and Animals Une histoire de quartier

photo: courtoisie

Monsieur Mono Pas de quoi rire

photo: Dan Foley

Son duo avec Mara Tremblay, L’amour fait mal, en avait remué plusieurs.


M.

MUSIQUE

André Péloquin

En attendant que ça paye

Faut qu’j’surveille mes arrières, ça commence à jaser au boulot. «C’est toi le gars qui écris les critiques méchantes? C’est toi qui fais le cave à la webtélé? C’est toi André Péloquin?» Faut que je brouille les pistes. «Non, moi j’suis l’autre André Péloquin, celui qui prend des clichés osés de demoiselles qui n’ont pas trop l’air de s’amuser pendant la séance photo. Googlez-moi! Vous allez voir! Pis faitesmoi signe si vous voulez que je vous croque le portrait, tsé.» Voilà, on y verra que du feu. Passion ou boulot? Là est la question. Certains musiciens se dégotent une jobine – «en entendant que ça paye, tsé» – pour payer les factures et financer le démo. Puis viennent les premières critiques et Péloquin (le scribouillard, pas le pervers à lentille) massacre le maxi. Pire encore, Dare To Care ne répond pas à nos appels. On est déçus, mais ce n’est pas très grave, car on peut bien garder le 9 à 5 – «juste en attendant que ça paye, j’te dis» – pour rembourser la marge de crédit puis investir dans un album. Des années plus tard, le «en attendant que ça paye» devient «en attendant de prendre sa retraite» et on se retrouve comme Michael Hutchence: mort triste, seul, dans la douche, la corde au cou et la bite entre les doigts (véridique!). Au moins, Elvis, lui, avait encore son pantalon aux genoux… Jacques-Olivier Moffatt, de son côté, est plus veinard que le King et l’exchanteur d’INXS car il est toujours en vie et évite de subir les frais de sa passion – le groupe funk Mozaïq – en la finançant par une autre: l’enseignement de l’éducation physique au collégial. Rencontré à son bureau le lendemain matin du lancement, Moffatt (le frère d’Ariane, en effet) est pimpant. L’œil vif, le discours passionné, la poignée de main ferme, il n’y a pas de doute: ce gaillard arborant un short et un pull en polar (tenue qui est évidemment aux antipodes de ce qu’il porterait sur les planches) est bien la même bête de scène vue la veille au Téléjournal de la SRC. Quelques minutes avant de renseigner ses élèves sur les bienfaits des exercices cardiovasculaires, Jack s’est penché sur cette fameuse dualité l’habitant. «J’ai laissé tombé un poste dans une école secondaire réputée pour la musique. J’y étais permanent! J’suis donc passé d’un très bon salaire à près d’un an de chômage», poursuit-il en faisant la moue. Et si «ze occasion» se pointait? Qu’arriverait-il si on offrait la chance à Mozaïq de jouer à l’extérieur du Québec, du Canada ou encore du continent pour un bon moment? Le chanteur et professeur n’hésite même pas. «C’est clair que je laisserais tomber ça ici. Je n’ai rien contre mes étudiants, je trippe avec eux, mais c’est ce qu’on s’est promis avec les autres gars de Mozaïq si ça arrivait.» Pour en savoir (et même, en voir) beaucoup plus, surfe sur le www. tv.bangbangtemort.com pour visionner le premier webisode d’En attendant que ça paye, la nouvelle série documentaire s’intéressant au côté le moins reluisant d’un esprit créatif: le cubicule l’emprisonnant de jour. Vous avez des suggestions d’artistes de tout acabit qui paye leur chauffage d’une autre façon qu’en tétant des bourses ou de l’argent à leurs parents? Écrivez-nous à tv@journalbangbang.com

Tomás Jensen Au cœur de soi

«Tout ce que je sais, toutes mes expériences musicales, je les ai apprises là.» Voilà comment résume Tomás Jensen toutes ses années en compagnie de ses Faux-Monnayeurs. Mais telle la fin des classes, il vient le temps où les chemins se séparent, où le goût de voir ailleurs se fait sentir. L’Argentin d’origine est fin prêt à ramer seul sa barque musicale, tel Quelqu’un d’autre. Le parallèle avec l’école n’est pas fortuit. Les chansons de Tomás Jensen et Les Faux-Monnayeurs ont toujours trouvé beaucoup d’écho au sein de la population estudiantine, celle qui dénonce les abus des

photo: Jean-Charles Labarre

André Péloquin

gouvernements, qui plaide pour un monde gauchiste, qui brandit les pancartes, qui s’altermondialise, à un point où la formation était associée indubitablement aux manifestations étudiantes, devenant presque son porte-étendard. «Moi, je l’ai jamais senti comme ça. J’ai été étudiant longtemps et un minimum actif lors de nos revendications. Donc, si moi je pouvais leur apporter mon support d’une manière ou d’une autre, je le faisais. Mais je n’ai jamais voulu prendre la tête de quoi que ce soit. Je te dirais même qu’on m’a fait plus revendicateur et militant que je ne l’étais, même dans mes chansons.»

Maintenant que ces années en groupe sont derrière soi, de quoi désire-t-on parler dans ses chansons, vu que nous sommes dorénavant seul à les assumer? De l’amour certes, celui qui blesse, qui nous laisse, que l’on cherche. Mais le désir de s’interroger reste là, tel ancré en soi. Sur cet album, les abus des gouvernements ont laissé place à l’Humanité, à sa place du hasard dans nos vies, au combat entre la rectitude et le laisser-aller. «J’ai étudié en sociologie et en anthropologie. Mon éducation morale et physique est donc très humaniste, très la raison avant tout. Toutefois, arrive le moment où tu constates que la raison a ses limites, où elle n’arrive plus à tout expliquer. Il y a maintenant un mystère pour moi qui fait partie de la vie. Elle perdrait quelque chose si ça n’y était pas.» Tomás Jensen, qui a eu le goût d’emprunter une avenue musicale différente pour ses débuts en solo, a choisi François Lalonde, réalisateur du Living Road de Lhasa de Sela et du Soley de Dobacaracol, pour opérer ce mélange d’acoustique et d’électro (Jensen est un fana de drum’n’bass depuis deux ans), deux styles qui s’opposent de prime abord mais harmonisés ici, rehaussé d’un quatuor à cordes teinté dans l’arabisant et de percussions mises à l’avant-plan. Le rythme a considérablement ralenti sur la plupart des pièces, lui qui nous avait habitués à des marathons festifs sans entracte lors de ses spectacles. «Sur l’album, c’est très doux. Mais sur scène, ce sera beaucoup plus énergique.» Nous voilà rassurés. (Sébastien Charest) Quelqu’un d’autre en magasin depuis le 22 janvier


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Madcaps Baiser dangereux

photo: courtoisie

M.

MUSIQUE

C’est le 12 février dernier qu’est paru Kiss The Lion, troisième album de la formation montréalaise Madcaps. Sur ce disque, le groupe s’éloigne de ses racines funk pour plonger tête première dans le rock. C’est que Madcaps, fondé par Frédéric Pellerin en 1997, ne s’est jamais contenté d’explorer un style en particulier. «On a eu envie d’écrire des chansons avec des thèmes clairs et précis plutôt que des tounes reposant sur des grooves», explique Frédéric. Bien qu’on retrouve encore des traces de funk, la prédominance du rock sur Kiss The Lion est frappante. «On s’est fait plaisir. Il y a beaucoup de chansons rock mais pour la première fois, il y a aussi des chansons plus douces, plus atmosphériques», ajoute-t-il. Impressionné par son travail sur Gisèle de Xavier Caféïne, le groupe a fait appel à Glen Robinson pour coréaliser l’album avec Pellerin. «Glen a su nous remettre en question pour emmener les chansons plus loin», lance Marie-Anne Arsenault, la bassiste. La plupart des chansons ont été écrites et enregistrées en cinq mois, au Studio Vox. Ce deadline, imposé par le cycle des tournées, fut bénéfique pour Madcaps. «On a eu le temps de faire tout ce qu’on voulait, sans commencer à douter de notre musique», note Frédéric. Marie-Anne ajoute: «on perd souvent de la spontanéité en voulant trop peaufiner des chansons». Comme ce fut le cas pour High (2006), Frédéric s’est adjoint les services du professeur d’anglais passionné de littérature Tom Sklavis pour l’écriture des paroles qui se veulent plus introspectives sur ce troisième effort. «Je ne me suis pas censuré, confie Frédéric. L’écriture m’a permis d’exorciser mes démons.» Les textes sont livrés de façon énergique, mais lorsqu’on leur prête attention, on découvre un univers sombre et une vision plutôt pessimiste du monde. «Les sujets joyeux ne font pas toujours de bonnes chansons», soutient le chanteur qui prend notamment la peau d’un traqueur dans Saviour. Madcaps a eu la chance de présenter ses nouvelles chansons à Trois-Rivières, le patelin de Frédéric, quelques semaines avant la sortie de l’album. «Les réactions ont été positives», s’exclame MarieAnne. Selon certains, le groupe aurait fait preuve de plus d’énergie en concert qu’à son époque funk. De l’énergie, il en aura besoin. Le groupe se prépare pour une tournée dans le reste du Canada, un territoire conquis depuis déjà longtemps. «L’accueil est très fort dans les provinces de l’Ouest, indique Frédéric Pellerin qui explique ce succès par les nombreux concerts donnés par le groupe en sol canadien (en dix ans de carrière, Madcaps a joué plus de 600 fois). C’est arrivé qu’on joue 13 shows en 13 jours!» Mais les nombreuses tournées de Madcaps ont aussi contribué au départ de plusieurs de ses membres. «C’est pas tout le monde qui est prêt à laisser son emploi ou sa famille pour partir quelques semaines», admet Marie-Anne. Avec la formation actuelle, le groupe croit avoir atteint une certaine stabilité. (Nicholas Lavallée) Kiss The Lion en magasin depuis le 12 février www.themadcaps.com

3 avril – Heart and Crown (Ottawa) 17 avril – Cabaret Juste pour rire (Montréal) 3 mai – Bar Le Magog (Sherbrooke)


M.

musique

Gogodark. Terme absent du dictionnaire mais toujours présent lorsque vient le temps de décrire la musique de Mimosa. Mot qui dit tout et rien à la fois, rempli de contrastes, tel Méchant méchant!, le premier album de la formation.

Avec la victoire viennent les prix. Des Francouvertes, Mimosa repart avec une participation à RIDEAU 2008 (qui vient tout juste de se terminer), le Prix de la chanson primée de la SOCAN, des bourses de 5000$ de Sirius et 2000$ de la Guilde des musiciens et musiciennes du Québec, mais surtout avec la production, la diffusion et la distribution d’un mini-album (devenu un album par l’investissement monétaire personnel du groupe). «Ç’a été un travail d’exploration. On a changé les textes, des lignes de voix. On a retravaillé les chansons en fonction qu’on

Méchant méchant! en magasin depuis le 5 février www.myspace.com/mimosamusique

21 février – Théâtre Hector-Charland (L’Assomption) 25 février – Lion d’Or (Montréal) 11 avril – Maison de la culture Maisonneuve (Montréal)

Préliminaires les lundis soirs du 25 février au 7 avril – Lion d’Or (Montréal) Demi-finales les 22, 23 et 24 avril – Lion d’Or (Montréal) Finale le 6 mai – Club Soda (Montréal)

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Voilà un concours qui a su prendre de l’expansion au fil des années et dont les prix remportés par le gagnant sont d’une très grande utilité pour la suite de sa carrière. Pour sa 12e édition, plus de 60 000$ en prix seront remis aux divers lauréats des Francouvertes, notamment la production, la réalisation et la promotion d’un mini-album et une bourse Sirius Radio Satellite de 10 000$ pour l’artiste en pôle position. Les 21 participants maintenant choisis,

ceux-ci se disputeront les lundis soirs au Lion d’Or les 9 places disponibles pour accéder à la demi-finale. Trois d’entre eux pourront par la suite se rendre en finale le 6 mai au Club Soda. Parmi les joueurs à surveiller, outre ceux dont le nom circule déjà dans les méandres de la scène alternative (Bonjour Brumaire, Polipe, KidSentiment, Les Handclaps, Le Citoyen), il y retrouve le collectif La Tribune, duquel fait partie Seblast, gagnant francophone du concours Hip-hop freestyle 2004, dont les 10 ans d’expérience de

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Francouvertes

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Fonojône

ses membres devraient grandement lui profiter. Sinon, directement du quartier Hochelaga-Maisonneuve à Montréal, L’Étranger rappelle Arcade Fire par ses orchestrations ténébreuses de violons, mais a le mérite de le faire en français. Enfin, Fonojône, groupe originaire de la ville de Québec, à son premier concert en terre montréalaise, devrait prendre tout le monde par surprise et étonner tant le public et le jury par son rock faisant écho à Karkwa (l’écoute de la pièce Parfois vous rendra dépendant, autant que l’est Catherine Couture, directrice musicale de CHYZ 94,3 FM). Liste complète des participants et horaire des compétitions au www.francouvertes.com. (Sébastien Charest)

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La chanteuse Ines Talbi l’avoue d’emblée: elle est paradoxale. Elle adore faire réagir les gens, voire les choquer. Toutefois, quand c’est l’inverse, c’est différent. «C’est ce qui me fait peur avec les critiques. Je ne suis pas bonne pour dealer avec elles, souvent on me les cache. Je ne veux pas que ça m’atteigne, mais ça m’atteint quand même. Ça m’énerve que ça m’atteigne autant!» Quand même surprenant à entendre de la part de quelqu’un qui a obtenu sa renommée grâce aux concours. Mimosa se rend en 2006 jusqu’en finale du Festival international de la chanson de Granby (Ines sera d’ailleurs filmée durant toute la com-

pétition dans le cadre du documentaire On s’en va à Granby présenté à MusiMax) et remporte l’édition 2007 des Francouvertes. «Ces concours, j’y ai participé pour la vitrine qu’ils donnaient, pour l’expérience de jouer, la chance d’apprendre mon métier. De plus, j’ai eu la chance de jouer dans de belles salles tout à fait gratuitement», se justifie-t-elle.

Laissons à Ines le mot de la fin. «Ce n’est pas pour rien que l’album a été intitulé Méchant méchant. S’il y a bien une chose que je hais, c’est la méchanceté, et dans cette industrie-là, il y en a. C’est ça qui me fait peur, c’est quand il y a de la méchanceté gratuite dans une critique. Des fois, les gens semblent avoir plaisir à haïr sans avoir de raison valable. Ils haïssent ça parce que ça leur tente de haïr, parce qu’ils trouvent drôle de haïr. Ça, ça me fait moins tripper. Que tu n’aimes pas parce que ce n’est pas ton genre, ça va. Mais qu’on respecte du moins qu’il y ait eu un travail. On parle ici d’années d’efforts et je trouve que les gens sont durs avec ça, qu’on ne respecte pas tout ce travaillà.» Serez-vous Méchant méchant? (Sébastien Charest)

FÉVRIER 2008

Mimosa La vie en rose... et noire

photo: Sophie Samson

n’aurait pas de visuel, la folie qu’on a en spectacle.» Car c’est là que Mimosa déploie son plein potentiel: sur les planches. Maintenant accompagnée de Stéphane Leclerc et Maxime Lefebvre à la guitare, Blanche Baillargeon à la basse, Audrey-Michèle Simard à la voix, Pierre-Philippe Côté aux claviers et François Chauvette à la batterie, la charismatique chanteuse s’y permet tout. Son rock cabaret prend possession de la scène jusqu’à la toute fin, l’énergie y est à son comble, la prestation haute en couleurs… en rose et noir surtout.


M.

MUSIQUE

En plus du Canadien de Montréal qui récupère une pièce de l’album pour sa pub… C’est clair! Moi et Nick (Gagnon, chanteur de la formation), on est des fans de hockey. On jouait ensemble à une certaine époque. Et c’est certain que mon père nous prend plus au sérieux depuis qu’il a réalisé que notre chanson jouait sur RDS.

Face à Samian Samuel Tremblay alias Samian est natif de la communauté algonquine de Pikogan en Abitibi-Témiscamingue. Ici, la mission dépasse la musique elle-même. Par la force des choses, Samian est devenu un messager, un porte-parole de sa culture autochtone. Samian est venu s’installer à Montréal pour sa musique. Il se cherchait un contrat de disques qu’il a fini par trouver avec une étiquette… d’Abitibi. (Ironie, quand tu nous tiens!) C’est en effet avec 7ième Ciel Records, label de hip-hop québécois établi à Rouyn-Noranda et dirigé par Steve Jolin alias Anodajay, qu’est paru l’automne dernier son premier album Face à soi-même. Sur cet album, il collabore entre autres avec Loco Locass, Horg, Anodajay et Shauit, un rappeur montagnais qu’on retrouve sur la pièce Le nomade, qui en sera le prochain extrait. Un clip est d’ailleurs en préparation pour un tournage prévu en mars sous la réalisation d’Anaïs Barbeau-Lavalette (réalisatrice du longmétrage Le Ring) qu’il a connue comme formatrice avec le Wapikoni mobile. C’est là que tout a commencé. En 2004, Samian a participé à cette initiative de la réalisatrice Manon Barbeau qui mettait un studio audiovisuel itinérant à la disposition de la créativité des jeunes autochtones de partout au Québec. C’est également cette année-là qu’il fait la rencontre des trois membres de Loco Locass et qu’il se produit sur scène avec eux. Mais pour la majorité d’entre nous, ce n’est qu’à son passage au Festival Voix d’Amérique l’an dernier qu’on a enfin pu le découvrir. Pour Samian, le rap offre une liberté d’expression plus large que d’autres genres musicaux. «C’est la meilleure musique pour faire passer un message.» Samian écrit depuis le début de son adolescence et ses textes engagés lui servent d’exutoire pour dénoncer les problèmes sociaux qu’endure la jeunesse amérindienne et que le reste de la société tolère en silence. Mais quand on aborde le talent de Samian, reste qu’on parle souvent plus de la cause que de la musique comme telle. Le principal intéressé ne s’en plaint pas. «Je suis d’abord un auteur et un interprète, c’est le texte et le message qui priment.» Le texte oui, mais aussi et surtout la langue. Il parlait l’algonquin quand il était petit et sa grand-mère l’aide à le reparler et à traduire ses textes. Il veut montrer aux jeunes que la langue est un des principaux vecteurs d’une culture et que celle des Algonquins est en train de disparaître. On se doute bien que son jeune fils sera vite bilingue lui aussi. Et si l’algonquin et le français font déjà bon ménage sur ce premier album, sachez que Samian ne compte pas s’arrêter là. Il a bien envie d’explorer d’autres amalgames avec sa langue maternelle comme le créole ou même l’espagnol. Par ailleurs, Samian n’a pas l’intention de se cantonner dans le rap toute sa vie. En plus de nos préjugés, il aimerait bien aussi faire éclater quelques frontières musicales. Pour le moment, l’année 2008 se déroulera sous le signe de la tournée pour promouvoir son album. Il sera entre autres au Café Campus à Montréal le 22 février, le 12 mars au Cégep Édouard-Montpetit et le 3 avril au Petit Champlain à Québec. Il fera aussi une tournée dans un tout autre genre avec le CEPN (Conseil d’éducation des Premières Nations) où il ira parler aux jeunes autochtones des écoles secondaires pour leur insuffler un peu de courage et d’espoir. Ne manquez pas son passage à Baromètre le 28 février prochain dès 22h30 à Vox. Pour réserver vos places en studio, le 28 dès 19h, écrivez à info@publiccible. com.

www.samian.ca - www.voxtv.ca/barometre

Kamakazi Fougue post-pubère Le trio banlieusard montréalais flirte depuis déjà quelques années avec la scène pop-punk locale. En effet, bien que l’histoire du groupe soit relativement brève, les jeunes hommes qui le portent à bout de bras s’évertuent depuis maintenant quelques années à jeter leurs états d’âmes sur des mélodies. Tantôt dans la langue de Shakespeare (au sein du maintenant défunt Prolead) puis en français avec le nouveauné Kamakazi. Qu’à cela ne tienne, les gars n’entendent pas baisser le ton pour autant, loin s’en faut. En témoigne d’ailleurs l’album Tirer le meilleur du pire à paraître ce mois-ci sur Slam Disques. Avantgoût en compagnie du bassiste Gab Prévost. Quelles seraient les principales différences entre Prolead et Kamakazi, considérant que les trois membres ont fait partie des deux formations?

Nous étions quatre musiciens dans Prolead et la chimie n’opérait plus trop avec le quatrième membre. On avait douze ans quand on a commencé, donc c’est certain que les choses changent beaucoup dans ces années-là. Notre batteur actuel (Ryan Stevenson) jouait de la guitare dans Prolead et il voulait depuis quelque temps absolument jouer de la batterie. Quand on s’est retrouvés après la fin de Prolead pour jammer, c’était vraiment pour le pur plaisir de se revoir et rejouer ensemble, rien de bien sérieux. Puis on s’est booké des shows et l’engouement s’est petit à petit fait sentir. Et le side project est devenu l’intérêt principal. Slam Disques vous prend sous son aile et Énergie vous inclut dans ses artistes à surveiller. Avez-vous peur de la machine? On trouve ça malade. On n’aurait honnêtement jamais pensé un jour recevoir autant d’attention. En même temps, on essaie de garder la tête froide…

Quelles sont vos influences? Pour ce qui est des influences qui nous ont tous marqués, je dirais blink-182 et Green Day. Sans quoi, on est très différents l’un de l’autre. Ryan écoute beaucoup de hip-hop, Nick va plus vers le rock classique comme The Police ou U2 et moi j’écoute plus des trucs punk d’aujourd’hui tels Yellowcard et The Used. Que répondez-vous à vos détracteurs qui vous trouvent trop novices pour l’attention qui vous est accordée? On ne se concentre vraiment pas sur les insultes. Je trouve ça tellement plate de vouloir descendre les autres parce qu’ils vont bien. On a grandi avec cette musique-là, on le fait parce qu’on aime ça, un point c’est tout. C’est une perte de temps d’y prêter trop d’attention. Et puis, on n’écrit pas sur la politique ou les causes environnementales, on ne connaît pas ça. On parle de trucs que l’on connaît, inspirés de nos vies. On fait de la musique avant tout pour avoir du plaisir. On ne voudrait pas se prendre trop au sérieux. (Stéfane Campbell) Tirer le meilleur du pire en magasin depuis le 19 février www.kamakazirock.com


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M. musique


Flogging Molly Retour en mère patrie

photo: Lyndsay Hutchens

M.

MUSIQUE

«Non. Non jamais. Jamais.», m’a répondu de façon très sec Dave King, le chanteur de Flogging Molly, après que j’ai eu la mauvaise idée de lui demander si des fois il remettait en question son choix d’avoir décidé de jouer du punk rock pour vivre. La formation se trouvait à Kansas City dans le cadre de sa quatrième tournée annuelle Green 17 Tour qui est un décompte vers la Saint-Patrick mais aussi une façon de rappeler à tout le monde que Float, son quatrième album studio, sortira le 4 mars. «As-tu entendu quelques résultats jusqu’à date?» C’est que nous étions le mardi 5 février, ce fameux Super Tuesday des primaires américaines, et King aimerait bien savoir qui de Barack Obama ou Hillary Clinton sortira en avance de cette journée. «Ça va être la course politique la plus intéressante qu’il y ait eu dans ce pays depuis très longtemps. J’espère qu’un de ces deux candidats pourra apporter quelque chose de positif après tout ce qui est arrivé dans les huit dernières années. Je ne pourrais pas dire qui est le plus compétent des deux mais je crois qu’Obama est très passionné et qu’il apportera de l’espoir à l’Amérique. Peut-être que les gens vont avoir un peu peur à la dernière minute mais s’ils veulent du changement, ils devront vraiment se lancer. Puis l’Amérique a besoin de ça. Tout comme le reste de la planète d’ailleurs.» «Nous sommes retournés en Irlande et c’était le fun de voir le monde à partir d’un pays qui a tant changé que ça, raconte King à propos de Float qui a été enregistré dans son pays d’origine et où les membres de la formation sont retournés vivre il y a deux ans, se sauvant ainsi du soleil de la Californie. Je crois que le fait d’avoir enregistré l’album là-bas et d’être retourné dans cet environnement a eu une influence sur le son et l’attitude de l’album. Il y a beaucoup d’optimisme sur cet enregistrement. Je crois que c’est aussi un disque beaucoup plus direct et focusé que le dernier. Nous l’avons tous écrit et enregistré au même endroit en même temps. Puis en studio, nous nous sommes concentrés sur une chanson à la fois. C’est moins all over the place comme travail.» C’est une Irlande très différente que King a retrouvée lorsqu’il est retourné y vivre. Mais différente de façon positive. «L’influence des pays européens, à travers l’Union européenne, a été une bénédiction pour le pays. Ç’a grandement aidé à ramener la paix en Irlande puis les gens ne voient plus cet endroit comme étant simplement une toute petite île. L’effet a aussi été bénéfique au niveau économique et espérons que ça sera la même chose pour les pays de l’Est comme la Pologne et la Bulgarie.» Puis estce que ce fameux conflit entre Catholiques et Protestants sera un jour réglé? «Je crois sincèrement que oui. C’est déjà 1000 fois mieux comparativement à quand j’ai quitté le pays. Je pense que les gens commencent à se rendre compte que c’est ridicule de se battre pour quelque chose comme ça, sur une si petite terre. Plus les générations passent, plus elles vont laisser ça derrière eux.» (Alexis Charlebois-Laurin) Float en magasin dès le 4 mars. www.floggingmolly.com


M.

musique on ne parle tout de même pas ici d’un comeback. «On ne peut pas conserver une hype à son apogée de façon constante. Nous avons connu une belle attention et puis ça s’est naturellement dissipé. Et voilà un nouvel album, quatre ans plus tard.»

FÉVRIER 2008 |

1er mars – L’Agitée (Québec) 29 mars – Téléphone Rouge (Sherbrooke)

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www.pafdisques.com

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Suivant l’exil, plusieurs changements ont modifié le sinueux parcours du projet depuis les dernières nouvelles. À commencer par un remaniement de personnel qui nous réserve d’ailleurs quelques surprises gardées pour le moment sous silence complet, le temps de deux concerts à Québec et Sherbrooke pour en tester l’efficacité avant que le public montréalais ne le découvre tôt ou tard. Et si l’attente entre le dernier album et celui à venir a pu paraître longue pour plusieurs,

«Joey Ramone a déjà affirmé s’inspirer de toute la merde qui s’impose dans nos vies pour la célébrer et peut-être ainsi l’embellir, à défaut de la rejeter. En disant fuck off, ça devient un peu une façon de célébrer la vie. Bien que ça cache aussi une certaine mélancolie.» En cela, les principales dualités qui nourrissent Le Volume Était Au Maximum. À s’en gaver. Sur un ton joyeusement naïf et un sentimentalisme aux allures exacerbées. «C’est une musique à plusieurs paliers. Il y a quelque chose de pointu même si c’est sucré. C’est ce que j’ai toujours cherché à créer.» Une muse qui extrait la beauté de ses souillures. Et du sucre raffiné. (Stéfane Campbell)

VOLUME TROIS • NUMERO 2

Mur du silence «Pour arriver à bien faire cet album-là, il fallait que je sorte de la ville», lieu de

surabondance où tout va trop vite au dire de M. Love. Affirmation soutenue tout au long de l’entretien et qui soustend une sorte d’apologie du silence. Fait autrement plus étrange lorsque l’on connaît la musique du Volume, amalgame de moult pistes érigées tel un wall of sound. Un mal nécessaire considérant qu’il y a «une telle combustion sur le plan de la création musicale qu’il est devenu essentiel de taire le bruit autour de moi. Ça devenait difficile de simplement y laisser entrer autre chose. Ça sert très bien la création mais ça peut être lourd par moments lorsque tu vis avec». Puis d’ajouter: «Ça fait dix ans que c’est aussi prenant. À un certain moment, c’est tout simplement devenu insupportable. Ça pourrait probablement être de la maladie mentale», laisse-t-il même tomber nonchalamment. Avec clairement toute sa tête.

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C’est en tirant Johnny Love de sa nouvelle retraite loin des mondanités urbaines que nous avons remis la table pour l’attendu retour du Volume Était Au Maximum. «Il fallait me couper de la musique», nous dira-t-il d’entrée de jeu sur ce ton toujours très posé, typique de l’homme beaucoup plus à l’aise engouffré dans un studio d’enregistrement qu’exposé sur une scène. «Certaines choses ne changent juste pas.» En effet, lorsqu’on se rappelle le buzz médiatique qui avait suivi l’arrivée de Radio maximum dans les bacs il y a quelques années, puis la forte rotation du clip Les princesses, on se souvient aussi cette image souvent (faussement) accolée au principal intéressé d’un être aigri, voire carrément fermé aux journalistes, qui ne livre rien. Et ce, bien en deçà du souvenir gardé de nos rencontres précédentes avec le jeune homme et qui, bien au contraire, nous avaient laissé l’agréable impression d’un dialogue fluide. Doublé d’un plaisir quasi coupable à écouter puis réécouter ce Radio maximum et ses prédécesseurs. Trêve de flatteries. Ainsi, en attendant la sortie imminente du nouvel opus, Les vacances, à paraître quelque part durant l’été, entretien avec l’homme derrière la machine. Welcome back.

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Le Volume Était Au Maximum Souillures et sucre raffiné

Sugar, Love & R’n’R Et à quoi donc s’attendre de ce nouveau matériel? «Une continuité du Volume mais poussée encore plus loin. Un son encore plus sucré, plus pop, une autre façon de travailler. Malgré le cliché, on pourrait même dire un album concept avec une trame narrative qui s’écoute comme une seule chanson, ou vingt variations sur un même thème – ce que certains voient comme un opéra rock.» Résultat de quatre années d’intense création. Puis, il clarifie au bout de quelques minutes. «Je pense de toute façon qu’on écrit la même chanson tout au long de notre vie. Tous les artistes ont un axe de création par lequel ils abordent leur travail.» Un filon qu’il peaufine depuis bientôt une décennie de façon obsessive. «Créer de la beauté sous sa forme la plus pure», voilà ce dont au final il retourne du bonbon toujours plus soigneusement sucré de Love.


M.

MUSIQUE comme un fou en me demandant si les gens vont sentir tout ce qu’on a misé là-dedans et tout le travail qu’on a accompli.» Lorsque Rutan s’est éloigné de Morbid Angel et Riping Corpse pour se consacrer davantage à Hate Eternal, il sentait que ce groupe méritait une implication totale. L’aboutissement a été en 2005 I, Monarch qui avait rendu les fans hystériques et emballé la critique.

Hate Eternal Du métal chargé À l’occasion de la sortie publique de Fury and Flames, le dernier monstrueux bébé extreme death metal du groupe Hate Eternal, confession d’un père très angoissé: Erik Rutan. Celui qui est à la fois le fondateur, la voix, le guitariste, le producteur et l’âme d’un des groupes les plus heavy de l’histoire en arrive à oublier l’épuisement général pour son obsession du moment: comment le monde va-t-il accueillir Fury and Flames?

«C’est bizarre, tu sais. J’ai travaillé tellement longtemps sur cet album. J’y ai consacré tellement d’énergie. C’est comme si j’avais jeté toute ma vie dedans. Je me souviens d’un moment vers la fin des sessions en studio où je me suis assis dans un coin et j’étais alors complètement vidé. Et maintenant je me dis que je dois juste le laisser partir, attendre de voir comment il va se débrouiller. Je suis très fier. Intimement je sais que c’est un truc énorme, mais j’angoisse

Hate Eternal apportait au genre de la musicalité et une production ultra soignée (assurée par Rutan luimême), là où avant seules comptaient la brutalité et l’ultra rapidité. Est-ce que le but de Fury and Flames est de surpasser I, Monarch? «Cet album est super chaotique, super lourd. Mais il est surtout chargé à l’émotion. OK, les musiciens du groupe sont très forts, mais la technique, c’est le moteur, pas l’essence. Tout est dans l’émotion, aussi bizarre que ça puisse paraître. C’est l’émotion qui fait le death metal! On n’a pas voulu faire mieux, on a voulu y mettre plus d’accomplissement, l’ouvrir davantage.» Pour cet enregistrement, Rutan n’a pas seulement recruté des amis pour se créer une bulle. «Travailler avec eux, c’était tellement particulier. On se connaît si bien, les idées fusent et on va tous dans la même direction.» Il a aussi

réuni des prodiges instrumentaux, comme le batteur Jade Simonetto. «Sa vitesse est incroyable, il a une acuité et une endurance exceptionnelles. En plus, il groove comme personne, ça manquait au groupe!» Pour l’heure, les réactions sur la qualité de l’album sont très bonnes, mais ça n’empêche pas le groupe de voir très loin pour l’impact de son dernier chapitre. «En l’écrivant, même en studio, j’étais très immergé dans ce que je faisais et je savais que ce serait mon meilleur disque. C’est un album de tueur! Mais maintenant je veux qu’il déclenche chez les fans qui l’écoutent de l’émotion…» Une nervosité et des attentes qui pourraient sembler disproportionnées maintenant que le gros du travail est fait et que le temps de la tournée est venu, mais l’extreme death metal a toujours eu son lot d’excès et de démesure, ce qui constitue une toile de fond logique pour le genre qui est probablement le plus vorace et le plus exigeant du rock dur. (Carole Bertrand) Fury and Flames en magasin depuis le 19 février www.myspace.com/haeteternal


M.

musique du MCD, ce sont les accords faux, les cordes, l’absence d’harmonie où tout le monde fait quelque chose de différent mais en beaucoup moins rapide.

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www.negativa.ca

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Est-ce que les nouvelles chansons suivent la dynamique du premier EP MCD? C’est vraiment différent. Ce qui suit

Entrevue complète sur le blogue Chanceux Comme un Quêteux au www.bangbangtemort.com

BANG BANG

Pour l’ajout de Roxanne (Quo Vadis, Augury), qu’est-ce qui vous a incité d’avoir une voix féminine? Moi et Luc avions commencé à composer des bouts avec différents

Est-ce que Roxanne devient donc la voix principale du groupe? Il n’y aura plus ma voix ni celle de Luc. Nous, on va se concentrer sur notre rôle de guitariste.

En terminant, légende ou fait: est-ce que c’est toi sur la pochette du groupe Obscura? Hahahaha! Non, mais je peux te dire que ce gars-là, Claude-Henri Breton, est le Père Noël officiel de Carmen Campagne! J’espère, si je me rends jusqu’à 65 ans, être aussi beau que Claude-Henri… (Yanick Klimbo Tremblay)

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L’album est prévu pour 2008? Ça devrait. On doit retourner en studio très bientôt pour mettre la voix de Roxanne sur ce que l’on a enregistré en juin dernier. Cette fois, c’est vraiment un démo des trois chansons pour les compagnies.

grains de voix, des bouts parlés. Moi, j’étais plus ou moins à l’aise, le tout serait devenu très complexe pour nous et Luc aussi était du même avis. Dans ce temps-là, j’écoutais un groupe, Battle Of Mice. Je suis un fan de ce groupe et surtout de sa chanteuse. J’ai alors eu un flash: pourquoi on ne ferait pas la même chose, avoir une fille à la voix?

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nouveau matériel en compagnie de sa nouvelle chanteuse, Roxanne Constantin, pour poser lui quelques questions. On met les choses au clair, justement, avec Steeve Hurdle.

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Il est rare que l’on puisse dire qu’un groupe réinvente un style aussi pur que le métal. Negativa le fait en déconstruisant toutes les structures habituelles que l’on connaît, jette le tout au sol, remodèle et refaçonne le tout à sa manière. S’il y a bien un album attendu métalliquement parlant au Québec, c’est celui de Negativa qui comprend dans ses rangs aux guitares Steeve Hurdle et Luc Lemay, tous deux autrefois de Gorguts, Miguel Valade, un ancien bassiste de l’hyperactif Ion Dissonance et Étienne Gallo qui a déjà frappé les peaux de Neuraxis. Bang Bang a profité du fait que le groupe enregistre du

Revenons à Negativa. Pour ce qui est des paroles, c’est très introspectif avec la douleur de l’âme… Effectivement, c’est une thérapie. Je me suis débarrassé de certains sentiments et idées. Le MCD, c’était autobiographique. Chaos in Motion, c’est la consommation de drogues et les idées noires qui viennent avec. Thedium Vitae, c’est le suicide parce que je suis passé par ce chemin. J’ai perdu mon ami Steve MacDonald. Sa thérapie a été ça. Moi j’ai décidé que j’allais prendre le bon côté, lui a choisi le mauvais. Et la pièce Rebellion parle justement du fait qu’il faut se faire violence dans la vie si on veut changer pour du positif.

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Negativa (Dé)construire


M.

Mozaïq Bonne vibration D’habitude, la musique dite soleil pointe le bout de son nez durant la période estivale pour ensuite hiberner vers l’automne, histoire de ne pas attraper froid. Contrairement à cette tendance, le quintette montréalais Mozaïq a préféré afficher ses couleurs chaudes en février. Entrevue avec deux membres de la formation, Jacques-Olivier Moffatt et Sylvain Gagné. C’est une histoire de chum... Retour en arrière, retour dans le temps. C’est dans les bars que tout a commencé. Rien de très sérieux, Jacques-Olivier Moffatt, chanteur et parolier, ne voulait que s’amuser et jouer devant un public. «C’était un trip de chums. On faisait des covers», dit-il le sourire en coin. Des gars authentiques, des trippeux de musique, l’évolution du band se fait petit à petit à travers les expériences

photo: courtoisie

MUSIQUE

scéniques. S’ajoutent aux covers des compositions de leur cru et se greffent tour à tour les autres membres du groupe. C’est en 2002, avec l’adhésion de Sylvain Gagné au groupe en tant que bassiste, que Mozaïq voit officiellement le jour. C’est à partir de ce moment que la démarche professionnelle s’est développée, donnant naissance en 2008 à son premier album en carrière. Un premier disque: une carte de visite Signé sur la jeune et nouvelle maison de disque Into, Mosaïq offre avec son disque un éventail de styles musicaux, mariant le rock à la pop en passant par le reggae et le ska, faisant écho à Dobacaracol et au groupe français Tryo. Un son particulier qui sort du lot, qui fait concurrence à la tendance indie pop qui règne depuis quelque temps sur la scène musicale québécoise. Pourtant, ne pas suivre la vague ne semble pas l’effrayer. «Ça fait notre

affaire. On est sûrs que notre album ne sera pas dépassé», lance Sylvain Gagné. «Ce genre de son-là, ce stylelà, y’en a pas beaucoup au Québec. On veut continuer à faire les tounes qu’on aime sans faire les putes, sans commencer à changer notre démarche artistique pour pogner», de rajouter le chanteur. Une musique mixée par les goûts de chaque membre du groupe et les influences de ceux-ci. Les Colocs, Jean Leloup, Manu Chao, Sublime sont des exemples de mentors. Tout débute par la musique, par les univers que les jams construisent. «On trouve la mélodie avant les mots, explique Jacques-Olivier Moffatt. C’est la musique, la vibe que les tounes vont nous donner qui vont me dicter les histoires.» Les écrits traitent d’exils, de voyages et de road trips. Des histoires chantées prennent alors vie dans un contexte musical varié. Un avenir sous le soleil? Avec un lancement d’album qui a eu lieu le 11 février dernier, le groupe espère à présent parcourir les scènes du Québec, enregistrer éventuellement un deuxième album et voir sur les ondes télévisuelles son clip La vallée d’Ivoire réalisé par Christine Crépin. En attendant, il saisit toutes les occasions de performer, d’acquérir une certaine visibilité, histoire d’offrir un peu de soleil à la population en cet hiver. (Sonia Ghaya) Mozaïq en magasin depuis le 12 février www.mozaiq.ca

pas l’impression d’avoir réellement de quoi à dire de nouveau maintenant. Faut avoir envie de faire ça. Je n’écris pas sur le coin d’une table, il faut que je sois dans le mood… Y’en a qui font de la musique, d’autres font du sport. Faut que tu sois animé par ce que tu vis.»

Online La réforme scolaire On dira ce qu’on voudra sur le programme d’enseignement qu’offre l’école à nos jeunes, les cours de français du secondaire ont certainement permis de donner naissance à au moins un artiste: Online. Celui qui baigne dans l’écriture depuis maintenant six ans a été amené sur cette voie lors d’un cours où il devait écrire un poème. «Il fallait lire notre poème devant la classe et j’ai eu une grosse réaction. C’est ça qui m’a donné le goût de l’écriture.» De fil en aiguille, Jonathan, c’est son vrai nom, se fait convaincre par ses amis de continuer à écrire en faisant du rap. Il rencontre d’autres rappeurs et fait des concerts qui sont chaque fois un tout petit peu plus gros. En chantier depuis deux ans,

c’est finalement au mois de septembre dernier qu’il a pu voir son premier album Musique d’amour sur les tablettes des disquaires. «Je voulais sortir un album le plus tôt possible car j’étais rendu là. J’en avais pas mal à dire et il y a eu plusieurs événements marquants dans ma vie, notamment mon passage au Téléthon Enfant Soleil où j’ai remporté un concours dans la catégorie auteurcompositeur-interprète.» Loin d’être bâclée, une telle production peut-elle tout de même manquer de profondeur et de maturité lorsque le principal intéressé n’a que 17 ans quand il débute l’écriture des textes? «La maturité vient certainement avec l’âge, mais surtout avec ce que tu vis. J’avais assez de vécu pour écrire un premier album. Je ne commencerais pas l’écriture du deuxième tout de suite parce que je n’ai

Quel est le parcours de ce jeune rappeur de Villeray qui, de son propre aveu, aurait pu aussi bien finir dans un groupe rock? «C’est en secondaire 2 que des amis m’ont dit: “Pourquoi t’écrirais pas du rap?”. Je ne me suis pas dit que je voulais faire du rap, je voulais juste écrire. Je n’avais pas de parti pris, j’écoutais plein de genres de musique. J’écoutais ce qui jouait à la radio à ce moment-là. Alors j’écoutais entre autres Dubmatique! Je connaissais toutes les paroles par cœur. Le rap était à la mode. Quelque part, que tu fasses du rock, du punk ou du rap, tu fais ce qui te rejoint le plus. Dans ce tempslà, on ramassait un peu d’argent à gauche à droite, on se trouvait un petit 40 piasses pour aller en studio, parce que ça coûtait 20 piasses de l’heure… On revenait à l’école avec une première version qu’on faisait écouter et c’est comme ça que ç’a commencé!» Deux mille albums plus tard, Online passera le mois de février en France où il a été invité à performer auprès des rappeurs El Matador et Brasco. Souhaitons beaucoup de succès à ce petit gars bien de chez nous. (Martin Véronneau) www.onlinelesite.com


C.

FÉVRIER 2008 | BANG BANG | VOLUME TROIS • NUMERO 2

Quatre amis se suicident le même jour. On soupçonne un pacte, mais Josh (Maxime Dumontier, Gaz Bar Blues) semble être le seul de sa bande à n’avoir pas passé l’arme à gauche. Malgré les questions sans réponses, la vie reprend son cours dans cette banlieue industrielle terne. Il y a beaucoup de choses à dire sur Tout est parfait, tant ce premier long-métrage du réputé réalisateur publicitaire et gagnant de la Course Destination Monde

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Réalisé par Yves Christian Fournier. Écrit par Guillaume Vigneault. Go Films/Alliance Vivafilm

de l’édition 97-98 Yves Christian Fournier explore de sentiers. Le film de Fournier ne se veut ni une critique, ni même une tentative d’explication d’un phénomène (qui nous échappe), mais plutôt le portrait isolé de Josh (horrible nom) et de l’entourage des défunts. À mi-chemin entre le film d’adolescents, le film d’auteur et le film publicitaire léché, Tout est parfait aborde la mort avec la même lumière aveuglante qu’Elephant de Gus Van Sant et parle de l’adolescence à la façon de Larry Clark. Et en dépit d’une trame narrative confuse, on semble comprendre que les protagonistes semblent passer le plus clair de leur temps à flâner dans

leur ville entre l’école, le skate park, les beuveries et les recoins reculés de leur patelin. On a donc droit aux petites misères de leur jeune existence et aux cicatrices héritées de leurs parents comme point d’ancrage. On peut mentionner de belles trouvailles de la part de Sara Mishara à la direction photographique et de David Pelletier à la direction artistique. Autre point positif, le montage embrouillé est bien tissé à l’univers riche en son et en ambiance. D’ailleurs, la bande sonore se démarque par la présence de Cat Power, Buck 65, 2Faces et Loco Locass. On note également la présence de nouveaux visages et on remercie mille fois la production de ne pas avoir recruté ses acteurs dans la distribution de Ramdam. Toutefois, quelques erreurs de casting sont en grande partie responsables de quelques ratés émotionnels. Aussi, l’impression que le scénario de Vigneault demeure inachevé plane sur la dernière heure de ce premier effort. Le film s’éternise donc dans une contemplation qui finit par lasser. À quelques moments, la note semble forcée et la faiblesse des dialogues, à l’image de nos adolescents, on imagine, n’aide malheureusement en rien à la dynamique. Néanmoins, on termine la séance déprimé avec bien plus de questions que de réponses sur le mal de vivre des adolescents. (Fabbie Barthelémy)

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Tout est parfait

CINÉMA


S.

S.T.Y.L.E.S.

Missy Industry Des bijoux avec du punch!

sont distribués au Canada, aux ÉtatsUnis, en Angleterre, en France et même au Japon! Le célèbre rappeur Nas a même été vu avec un chandail de Good Life lors d’un concert il y a quelques mois. C’est top pour une compagnie de chez nous!

Si vous êtes de fervents admirateurs et consommateurs de colliers, bracelets, bagues et boucles d’oreilles, j’ai une belle découverte pour vous et en plus, elle vient du Québec! Voici le portrait de Missy Industry ainsi que de sa créatrice Mélissa Lafrenière. Mélissa a débuté sa compagnie en 2004 avec l’aide de subventions et de ses talentueux amis qui ont su l’épauler en lui offrant entre autres leurs services en photographie, en design graphique et en comptabilité. Si la fondation de sa propre compagnie est une tâche très ardue et peut décourager plusieurs entrepreneurs en devenir, Mélissa, elle, trippe à fond dans son projet. «J’adore être une travailleuse autonome. Personne ne me dit quoi faire! J’aime avoir un horaire chargé et tout contrôler et organiser.» Elle a beaucoup de pain sur la planche et se met beaucoup de poids sur les épaules puisqu’elle est impliquée jusqu’au bout, de la confection des bijoux jusqu’à la mise en vente de ses produits. Missy Industry offre des bijoux à l’encontre des produits cheap offerts dans les boutiques d’accessoires à bon marché. Toutes ses confections sont faites à la main et nécessitent beaucoup de technique et de patience. Les bijoux ont un look antique qui donne du mordant, comme s’ils avaient déjà du vécu. On peut voir des cœurs, des têtes de mort, des ancres de bateau, des étoiles, des guitares et autres logos funky du genre. Vous pensez peut-être que ce genre d’accessoires ne peut attirer qu’une clientèle précise, mais la compagnie s’est forgé une clientèle vaste, tant chez les hommes que chez les femmes. «Au début, je visais les gens des communautés rave, rock, fétichistes, bref les hardcore. Avec le Salon des métiers d’art, j’ai vu que je rejoignais tous genres de fans de bijoux mode.» Il est aussi important de souligner que Mélissa peut aussi faire des commandes spéciales pour ceux et celles qui le désirent. Malgré son horaire hyper chargé, Mélissa aspire à de gros projets pour le futur. Elle désire percer aux États-Unis et en Europe, ouvrir son atelier-boutique et exposer à la convention de tatous de Calgary. (Stéphanie Chicoine) www.missyindustry.com

Good life L’art vestimentaire urbain Si vous voulez encourager une compagnie québécoise qui fait des chandails funky et qui va de l’avant dans le streetwear, bien j’ai une proposition pour vous. J’ai parlé avec Thau Weva au Know Show 2008, qui a eu lieu au Palais des Congrès de Montréal au début février, pour en savoir davantage sur Good Life.

Les gars de Good Life œuvrent dans le domaine de la mode depuis déjà quelques années, ayant collaboré à la ligne Djab offerte chez Simons ainsi que pour d’autres compagnies de mode. Ils ont décidé de créer leur propre ligne et depuis le lancement de la première collection, les ventes se multiplient à une vitesse incroyable et les vêtements

Good Life se concentre surtout sur des t-shirts pour femmes et pour hommes qui illustrent parfaitement le streetwear actuel. Toutefois, vous pouvez aussi vous procurer des culottes et des kangourous à l’effigie de la compagnie. Ils ont décidé de créer des morceaux qui démontrent ce qui les inspire dans le moment présent au lieu de se faire imposer une mode qui ne leur convient pas. Pour ce qui est des modèles disponibles, on peut trouver des t-shirts avec des prints aux influences urbaines ou des messages positifs ainsi que des chandails en l’honneur de Stevie Wonder et James Brown, deux artistes que Thau apprécie énormément. En fait, ces deux chandails se vendent comme des petits pains chauds et sont devenus cultes dans le monde du streetwear! Tout récemment, une édition limitée de 400 chandails a aussi été lancée en collaboration avec Ninja Tune et Ghislain Poirier où l’on peut lire le fameux terme Bounce le gros sur le devant du chandail. Je vous suggère donc d’aller visiter le site web de Good Life où vous serez au courant des événements futurs et des nouveaux modèles offerts en édition limitée ainsi que pour vous procurer la collection courante de la compagnie. (Stéphanie Chicoine) www.glife.ca


S.

S.T.Y.L.E.S.

Arthur Desmarteaux

- le t-shirt fan: aux couleurs du groupe du jour, majoritairement de la tournée en cours. Quelques spécimens plus rares (première tournée, staff…) suggèrent qu’on a affaire à un fan un cran au-dessus des autres. - le t-shirt expert: exemple, au

- l’erreur/la provocation: on ne répétera jamais assez qu’il faut impérativement éviter de porter un tshirt des Guns N’Roses à un concert des Melvins. Malheureusement, l’équilibre naturel est menacé et il ne vous aura pas échappé que la mode est à la récupération du punk-rock. Ainsi voit-on sur les adolescentes les plus niaiseuses des tshirts d’AC/DC (je parierais que 85% des Québécois pensent qu’AC/DC est une sous-marque de GAP). Dans ce cas, la grosse erreur serait d’appliquer les observations ci-dessus. N’importe qui peut arborer The Clash et écouter Rihanna sur son iPod. C’est bien simple, les signaux de reconnaissance

Continuons la Nuit blanche parce que vous avez encore de l’énergie et qu’il reste tant de choses à voir! Opportunité. Participez à la création d’une fresque dans la neige au parc ÉmilieGamelin. Amusement. Chez Eva B., photos, toiles, musique, déguisements, etc., à tenter! Fantasmagorique. Retrouvez l’inimitable Arthur Desmarteaux en pleine démonstration de sérigraphie aux Ateliers Graff. Ne manquez pas non plus la Nuit blanche au MAC et au CCA! Bonne nuit! www.montrealenlumiere.com Guérilla d’Art L’art visuel dévie maintenant vers la littérature et offre un monde de possibilités. Présentée par L’Oeil dans l’Front et en collaboration avec l’Articule, cette guérilla propose à tout un chacun de créer des signets qui seront redistribués dans les bibliothèques de Montréal. Venez créer vos propres signets et marquer la vie littéraire de votre ville! Une exposition aura lieu au Cagibi avec tous les signets amassés avant que ceux-ci ne soient redistribués. Vous pouvez aussi créer vos signets en direct de votre salon et les déposer d’ici le 30 mars dans les boîtes prévues à cet effet aux endroits suivants: Divan Orange, Dépanneur Café, Casa Del Popolo, café Cagibi et chez Articule. Pour plus d’infos sur le projet Guérilla d’Art, contactez directement les membres de L’Oeil dans l’Front à loeildanslfront@ yahoo.ca ou consultez le site de l’Articule au www.articule.org.

FÉVRIER 2008 |

- le t-shirt du débutant: le sujet étudié est là un peu par hasard. Histoire de se rassurer, il se camoufle dans un t-shirt des Ramones (politiquement correct) dans l’espoir de se fondre dans la masse.

Voyage. Expo-photo de Victor Diaz Lamich sur le Chili, pays en vedette au Festival Montréal en Lumière. Inquiétant. À la Fonderie Darling, découvrez sous un autre angle les photographies de Jean-François Bouchard en jouant de la lampe de poche! Funky. À la boutique-atelier Gogo Glass, assistez à une démonstration de verre soufflé et à l’Espace Verre, de verre manipulé selon toutes ses possibilités. Futuriste. À la Galerie Monopoli, repensez votre vision de Montréal avec 16 plans imaginés pour l’année 2108 par de futurs architectes de l’atelier Oupropo de l’Université de Montréal. Belgo time. Véronique Miljkovitch nous fait une démonstration d’aérographie et Oupropo de graffiti à l’espace 223, Ehryn Torrell nous invite au cœur d’une maison abandonnée au 314 (SKOL), Bettina Forget chasse le froid de l’hiver avec ses toiles d’une nuit d’été étoilée au 421 et, finalement, terminez votre visite aux cabinets d’aisances (communément appelés toilettes) présentés par l’atelier d’estampe Zocalo à l’espace 426. Art en direct. Dernière chose à ne pas manquer au Belgo, Arts Matters (Université Concordia) présente deux de ses enfants prodiges aux espaces 427 (Qu’est-ce que Lard?) et 413 (Art In Progress).

BANG BANG

Tel l’ornithologue dans son camouflage de branchages en coton noir, épiez sans pudeur les rituels vestimentaires de cette fascinante espèce qu’est l’homo metalus. Le fait même d’être là indique déjà «je suis une minorité socioculturelle». Certes. Mais à la tombée de la nuit, dans la chaleur moite de la forêt tropicale du Centre Bell, vous finirez par distinguer plusieurs phénomènes exotiques. Comme un insecte émettrait des phéromones ou des signaux, le métalleux choisit son t-shirt.

- le t-shirt rocked in the cradle of filth: hérité du grand frère (version classe) ou acheté en friperie (version Plateau Mont-Royal). Totalement vintage, un must. Se reconnaît aux sérigraphies usées. Le message c’est «la musique, baby, chez nous on a ça dans le sang. À 3 ans, j’écoutais Led Zep et à 5, je jouais Helter Skelter avec mes dents.»

Une seule règle que nous emprunterons à un proverbe timoréen oriental: «L’important n’est pas ce que tu poses sur ton dos, c’est ce qui entre dans tes oreilles». (Carole Bertrand)

Nuit Blanche à Montréal Pour la 5e édition de la Nuit blanche de Montréal le 1er mars prochain, on met le paquet dans trois quartiers in de la grande ville: Vieux-Montréal/Vieux-Port, Quartier des spectacles/Centre-Ville et le chic Plateau-Mont-Royal. Voici en vrac ce qu’il faut ou ne faut pas manquer – choisissez – lors de cette nuit endiablée.

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Mais s’il est un univers dans lequel ce code vestimentaire devient particulièrement complexe et distrayant, c’est vraiment au cœur d’un parterre de concert! Si, comme moi, vous mourez d’ennui pendant les premières parties et préférez étudier vos congénères (les jeunes mâles dans mon cas), trouvez un poste d’observation…

- le t-shirt underground: rarissime, représente des groupes expérimentaux obscurs ou des albums introuvables. Là, on sait que le torse à l’intérieur est un esthète, un dur, un vrai de vrai, ce qui lui confère une aura de supériorité sur la salle.

mutuelle sont complètement troublés, on n’y comprend plus rien, la survie de l’espèce est menacée.

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Cette pièce de tissu transforme l’individu moyen en panneau publicitaire mobile. Inutile de réfléchir pour comprendre le principe de base: je te montre ce t-shirt pour que tu saches qui je suis. T-shirts Greenpeace = j’ai une conscience politique, t-shirt Superman = je refuse de grandir dans ce monde poche, t-shirts Beastie Boys = je suis prêt à enfiler n’importe quoi pourvu que ça vienne de chez Urban Outfitters, etc.

concert d’Amon Amarth, un t-shirt de Celtic Frost. Visiblement, notre sujet n’est pas là par hasard et fait preuve d’une certaine unité dans ses goûts musicaux.

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Le t-shirt noir de groupe est au fan de rock ce que le mauvais goût est à Paris Hilton: plus qu’un accessoire, une déclaration.

Que tous ceux qui ont un t-shirt noir lèvent la main…

Programme en deux temps ce mois-ci! Tout d’abord, une Nuit blanche au cœur de Montréal avec le meilleur de l’art visuel de la métropole. Ensuite, une œuvre d’art pour enjoliver les lieux littéraires de Montréal.

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T-shirtologie


C

CINéMA le fond, il faut se donner les moyens d’y croire et ne pas avoir peur!»

Sophie Goyette En parallèle Le 1er mars, au coup de minuit, une partie du conte de fées de Sophie Goyette, 26 ans, se concrétisera. La finissante en Communication volet cinéma de l’UQAM travaillant depuis sa sortie sur divers projets télévisuels et scéniques verra En parallèle, son premier court-métrage, présenté à la Longue nuit du court. Sophie Goyette est la première femme à être choisie par le jury pour le film de minuit. Ce panel se donne comme mandat chaque année de sélectionner la première œuvre d’un réalisateur de la relève et de le dévoiler au public dans 19 villes du Canada à minuit. Dans sa première œuvre, on suit le parcours d’une jeune femme cherchant son chien Bette Midler dans le Quartier Chinois, dans un Québec récemment indépendant.

L’idée de son film, celui qui lui a permis de se distinguer, est venue d’une pulsion, d’une vision. Dès que l’histoire a germé dans la tête de cette femme-orchestre, Sophie Goyette a eu ce besoin viscéral de la matérialiser. Elle a donc décidé d’y travailler à tous les niveaux. La pétillante cinéaste a alors porté pas mal de chapeaux, celui de réalisatrice, de scénariste et de productrice. Le DIY, cette toucheà-tout y croit fermement. Autonome, elle déplore en partie les plaintes du milieu. «Tout le monde le dit qu’il n’y a pas assez d’argent dans le cinéma. Ce n’est pas une raison pour rester les bras croisés. Il faut trouver des alternatives et passer à l’action même si ça demande beaucoup de sous. Dans

Si la réalisatrice se défend de prendre (ou non) position sur le sujet de la souveraineté qu’elle a imagée, elle préfère voir cet écart non pas comme une charge politique, mais comme une fantaisie narrative, un petit tour de magie. C’est la liberté qu’elle aime dans le court-métrage. «C’est cette possibilité de raconter une histoire sans faire trop de compromis dans l’imaginaire. J’ai essayé d’en profiter.» Elle prend en exemple Marc-André Forcier (qu’elle décrit comme généreux et intègre), avec qui elle a travaillé, qui sait très bien combiner l’onirisme au réalisme. C’est avec lui et à cause de certains enseignants qu’elle a saisi l’importance de la liberté au cinéma. «Être autosuffisant, c’est le meilleur moyen d’essayer quelque chose de nouveau, de briser les barrières et de mélanger les conventions», conclut l’impulsive réalisatrice. La passion de la polyvalente et charmante cinéaste est contagieuse. On a donc bien hâte de voir le résultat de ce premier opus à la Longue nuit du court diffusé à minuit le 1er mars à travers le Québec. (Fabbie Barthelémy) www.videofestif.com

En Parallèle

La Longue nuit du court

L’an dernier, l’initiative de Vidéo Festif, la Longue nuit du court, a ravi plus d’un millier de cinéphiles en diffusant plus de 175 courtsmétrages de chez nous dans 19 villes canadiennes (Montréal, Victoria, Halifax, Mont-Laurier, Sherbrooke, Joliette, Îles de la Madeleine, Québec, Victoriaville, Sept-îles, Trois-Rivières, Chicoutimi, Gatineau, Sudbury pour ne nommer que celles-ci). Chaque ville ayant sa propre programmation, le film de minuit est présenté partout dans toutes les villes mentionnées plus haut, mais à différents moments. Cette année, c’est En parallèle de Sophie Goyette qui a été sélectionné par le jury pour marquer l’an 2008. Pour les mélomanes, les organisateurs ajoutent une nouveauté au programme en proposant une collaboration avec CIBL. Grâce à cette alliance, les intermèdes seront assurés par des groupes musicaux de la relève québécoise. Rendue à sa 5e édition, la Longue nuit du court croise le fer une fois de plus avec Montréal en Lumière et sa fameuse Nuit blanche (au O Patro Vys et à l’ONF) pour lever le voile sur une tonne de courts-métrages de différents horizons. Coopérant avec Radio-Canada International, le concours Métissé Serré, Prends ça court, Kino, Vitesse Lumière, Fantasia, Wapikoni Mobile et le Festival du DocuMenteur de l’Abitibi-Témiscamingue, cette année risque encore de nous éblouir malgré la thématique (la nuit) de cette année. Un bon prétexte pour suivre les conseils de Corey Hart et mettre ses lunettes de soleil, même la nuit. À partir du 1er mars. (Fabbie Barthelémy) www.videofestif.com


C.

CINÉMA entrecoupés de films d’époques ou de lieux en lien avec la trame narrative (extraits de publicité, documentaires, reportages et films qui appuient le propos de Strummer et les différents intervenants du documentaire). Ceuxci sont réunis pour la plupart (tous sauf Mick Jones en fait) autour d’un feu pour raconter leurs souvenirs, la trame de fond du documentaire, inspirée de Strummerville, un jamboree organisé par le musicien sur sa propriété où tous étaient bienvenus autour du feu pour échanger et jammer jusqu’au matin. Un symbole très fort dans l’imaginaire de Strummer, qui deviendra pour lui la façon de partager ses idées et sa musique, un moyen de réconcilier les différentes phases de sa vie et qui finira par lui redonner le goût de remonter sur scène.

Joe Strummer: The Future Is Unwritten en salles dès le 21 février www.joestrummerthemovie.com

| BANG BANG

Julien Temple est allé creuser profondément au cœur de l’homme, y découvrant de multiples facettes de sa vie jusqu’alors inconnues ou mal interprétées qui pourtant permettent de cerner plus précisément le personnage, son trajet et ses motivations. Le documentaire est fait d’une courtepointe d’images provenant tant des archives familiales que la télévision d’État britannique,

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La réputation de Julien Temple n’est plus à faire. Documentariste privilégié des premiers jours du punk anglais, il a le matériel et les connaissances pour aller plus loin que les images de cartes postales que l’histoire voudrait bien garder de ces précurseurs. Il avait, avec The Filth and the Fury en 2000, réalisé le document définitif de l’histoire des Sex Pistols, une façon pour lui de boucler la boucle d’une épopée commencée avec The Great Rock ’n’ Roll Swindle en 1980. Et pour Joe

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Réalisé par Julien Temple. IFC First Take

Julien Temple réussit encore à humaniser une des icônes de la musique populaire sans déboulonner sa statue, à donner plus de profondeur à un artiste figé dans l’idée que les autres ont de lui. On en vient à aimer encore plus cet homme qui a fait sa marque indélébile dans l’histoire de la musique et on n’écoute plus ses chansons de la même façon. Un film incontournable pour quiconque s’intéresse à la grande histoire du rock et une valeur sûre pour ceux qui aiment les documentaires bien faits. (Patrice Caron)

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The Future Is Unwritten

Strummer: The Future Is Unwritten, il répète l’exploit, sinon plus, avec le document le plus complet jamais réalisé sur la vie de Joe Strummer, né John Graham Mellor en août 1952 à Ankara et entré pour l’éternité dans la légende le 22 décembre 2002.

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Joe Strummer:

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The Clash demeure un des morceaux les plus constitutifs du film. Temple y déploie tout le génie qu’on lui prête, avec des images jamais vues auparavant ou si c’est le cas, montés de façon différente, avec des entrevues de personnalités telles que Bono, John Cusack, Johnny Depp, Jim Jarmusch ou Flea, démontrant l’impact global de ce groupe. On y sent un respect certain pour The Clash mais sans complaisance, la critique des contradictions y est aussi présente que les éloges. Et il en va de même avec Strummer, son passé de hippie fils de diplomate à sa période prolo-punk politisé, tout y passe. Et ça se termine avec l’image d’un homme qui a finalement fait la paix avec tout ça, sachant enfin qui il est.


T.

TÉLÉVISION Être PKP…

Télé-Noctambule Franchement, la programmation télévisuelle offerte aux oiseaux de nuit (et j’en suis), c’est un peu comme les Blue Jackets de Columbus de la LNH: ils ont Rick Nash et Pascal Leclaire, c’est vrai, mais pour le reste du régiment, c’est soit totalement méconnu, soit totalement insignifiant. Je veux bien croire que les trois quarts de la populace active pioncent à même le sofa vers les 22 heures en semaine, mais il serait absurde de penser qu’à l’arrivée des douze coups de minuit, toutes les chattes sont grises. Nenni. Transportons-nous si vous le vouliez bien, un lundi soir de février, 00h45 bien sonnées, 2 heures et quart d’attente pour Sports 30 à RDS. Après m’être tapé la Fosse aux lionnes en rediffusion à Radio-Canada (une émission de tantines qui soit dit en passant, est loin d’être mauvaise, même si c’est un copier-coller franco de The View), je me mets à la recherche d’un somnifère télé convenable ayant pour but de m’assommer candidement pour ensuite pencher vers le sacrosaint sommeil paradoxal. Je débute alors une tournée des canaux et à ma grande surprise (sarcasme), j’assiste à une cascade de productions d’une banalité rare. Infopubs ridicules, fins de films moches, rediffusions de toutes sortes (même en reprise, les émissions de Vox font pitié à voir), et fatalement, l’inévitable fin des émissions, avec la mouette couleur pastel sur fond d’Oh! Canada et de dessins animés préhistoriques ayant fait époque. Bien sûr, mise à part les généralistes, la plupart des chaînes câblées offrent une programmation dite 24 heures, mais dans la grande majorité des cas, après 23 heures, un brave technicien appuie sur Play, la cassette préprogrammée défilant alors sous nos yeux. Bonne nuit chers téléspectateurs, on se revoit demain. Fin du direct. Question d’avoir la rassurante impression d’avoir quelqu’un qui me parle directement à travers mon téléviseur, je décide donc de faire un

tour sur LCN et de m’y stationner quelques minutes. Difficile de savoir si le lecteur de nouvelles devant moi est réellement en direct, mais chose certaine, c’est assurément le cas de figure qui s’y rapproche le plus à une heure aussi tardive. Pendant que les mêmes nouvelles circulent sans arrêt aux 15 minutes, voilà que je flashe sur une nouvelle en particulier. Le président de l’Agence mondiale antidopage et ex-membre du CIO, Dick Pound, ancien athlète «canayen» et Officier de l’Ordre national du Québec, se prépare à faire une demande au CRTC afin d’obtenir deux licences dans le but de développer deux chaînes télé (anglo et franco) entièrement consacrées au sport amateur, à la grandeur du pays. On ne parle pas ici d’un retour inopiné des Héros du samedi, mais bel et bien d’une chaîne opérationnelle complète, branchée sur la nage synchronisée, le lancer du marteau et le 110 m haies. Le projet est noble certes, mais est-il réalisable? On verra bien.

Demeurons dans la fantaisie. Pour m’amuser un brin, je me suis imaginé moi aussi en train de faire une demande de licence au CRTC afin d’obtenir MA propre chaîne télé. Un canal aussi précis qu’une chaîne sportive pour gymnastes et judokas. Une chaîne qui viendrait rejoindre mes propres besoins et ceux d’une poignée d’irréductibles insomniaques québécois. Bienvenue sur TÉLÉ-NOCTAMBULE, la télé des somnambules! Une station audacieuse, diffusée de minuit à midi, avec une programmation typiquement conçue pour les couche-tard. J’engagerais les garçons de Vox Pop Montréal en leur donnant carte blanche. Je demanderais à Ed.Hardcore de venir nous lire des contes trash en direct… La chaîne se voudrait un antagonisme total par rapport à ce qui se fait de jour. Les bobonnes, les membres de clubs du troisième âge et les gamins en seraient automatiquement exclus. De plus, un peu à la manière de Conan, il y aurait un talk-show de type late late night en direct et question de garder les invités (de même que les téléspectateurs…) sur le qui-vive, Jean-François Mercier serait pressenti comme animateur. Après tout, il y a bien un public pour les émissions radiophoniques de lignes ouvertes nocturnes, pourquoi pas récupérer une partie de ce public et les scotcher devant leur télé à 3h30 du matin par un beau un lundi soir?

La réalité

Bien sûr, tout ça tient du pur délire. En quelque sorte, l’idée de M. Pound, aussi bonne soit-elle, tient elle aussi du farfelu. Effectivement, l’idée de vendre le sport amateur aux jeunes Canadiens par le truchement de deux chaînes approuvées par le CRTC est un projet

discutable. Cependant, le sport amateur peut très bien être programmé en se greffant à la grille horaire de chaînes plus généralistes (Radio-Canada, CBC et CTV) et plus spécialisées (RDS et TSN). Par contre, même si mon projet Noctambule se veut insensé, il soulève néanmoins une question: et si TVA, TQS, Télé-Québec et Radio-Canada utilisaient leur temps d’antenne nocturne de façon plus pragmatique? Les publicitaires achètent-ils ces plages horaires à si fort prix? Tant qu’à diffuser des infopubs mal doublées et d’une bêtise déconcertante, pourquoi ne pas présenter l’intégral de François

Truffaut ou de Martin Scorsese? Si vous voulez mon avis, il y a du temps d’antenne qui pourrait être récupéré adéquatement. Pas pour toute la nuit, mais quand même… Bref, après m’être informé à LCN, par ce froid lundi de février, après une dernière tournée des postes, je décide finalement d’aller gagner ma paillasse. Question d’être en forme pour Deux filles le matin, bien entendu… je.zappe@gmail.com


M.

www.myspace.com/hateeternal

Monsieur Mono Petite musique de pluie Audiogram/Sélect

On se restreignait presque d’écouter le premier album de Monsieur Mono tellement il était désespéré. Il était impossible de

www.paintitblack.org

www.mononc.com

Ma Grand-Mère En Bikini Ma Grand-Mère En Bikini Indépendant

Ma Grand-Mère En Bikini nous garroche dans la face son premier EP éponyme, sans merci. Vous vous demanderez ce que Ma Grand-Mère… a bien pu manger au petit déjeuner pour chier une telle tonne de briques dans vos céréales! Le quatuor de Thetford Mines sait effectivement comment nous séduire avec son bikini, mais aussi avec son rock pesant efficace façon Turbonegro et ses paroles à la Marmottes Aplaties. Cette galette rappelle Genghis Tron à l’école primaire: deux fois moins de technique, mais deux fois plus de plaisir! (MR) www.myspace.com/magrandmereenbikini

Lightspeed Champion Falling Off The Lavender Bridge Domino

Après avoir fait un premier bip (hum… un “schrrrrrrrrr” serait plus indiqué dans le cas présent) au sein de Test Icicles (un groupe londonien post-punk aux antipodes de son

www.lightspeedchampion.com

Blood On The Wall Liferz The Social Registry

On accole sans trop se poser de questions de nos jours l’étiquette indie rock à n’importe quelle formation et à celle de son frère. Elle a en quelque sorte remplacé celle d’alternatif (il en va ainsi des dénominations dans le merveilleux monde de la culture populaire). Blood On The Wall est un de ces groupes qui donnent dans un indie rock conforme à ce qu’il était au départ. Le son rugueux, plein de distorsions et de réverbération, est véritablement héritier de cette tradition, ce qui a de quoi faire plaisir en cette époque de

www.bloodonthewall.com

Born Ruffians Red Yellow & Blue Warp/Fusion 3

Born Ruffians, trio torontois qu’on a pu voir sur scène aux côtés de Caribou et de Hot Chip et qui avoue craindre la hype comme la peste, nous présente Red Yellow & Blue. Produit par Rusty Santos (Animal Collective, Panda Bear), ce premier effort, touchant au punk folk, au punk, au rock et au country, rappelle vaguement les univers éclatés de Hefner, Flogging Molly ou de Violent Femmes. Sur Red Yellow & Blue, on entend des voix criardes et hystériques, des handclaps tout aussi frénétiques que les guitares et des chœurs qui frôlent le ridicule. Bien que le groupe ne réinvente rien et enfile les titres (qui se ressemblent) tels des cowboys hyperactifs, il semble bien s’amuser et le fait sans prétention. (JB) www.bornruffians.com

Yelle Pop-up EMI/Fusion 3

PLOGUES

Réplique spontanée et espiègle à la misogynie de TTC, Yelle présente un premier album qui ne loge pourtant pas bien loin de ceux à qui elle s’en prend sur Je veux te voir, titre qui l’avait élu coqueluche de la

FÉVRIER 2008

Nouvel album d’Hate Eternal est synonyme de nouveaux membres. Ici, Erik Rutan s’entoure d’Alex Webster de Cannibal Corpse à la basse, de son ancien compatriote guitariste Shaune Kelly de Ripping Corpse et d’un gars d’ici, Jade Simonetto de Camilla Rhodes, à la batterie. Assez imposant comme formation pour un album qui l’est autant! Tout aussi discordant et déconstruit que les albums précédents, Fury and Flames nous propose rien de moins qu’un séjour punitif au camp Claques-Sur-la-Yeule où vous serez punis, bande d’impies, pour avoir douté de l’intensité du disque. Rapidité en première place suivie de la virtuosité, Hate Eternal ne laisse rien de côté et nul ne sera indifférent après avoir entendu Hell Envenom et Funerary March. La chanson Tombeau, qui se veut un hommage à l’ancien bassiste du groupe Jared Anderson, nous laisse croire qu’il pourrait s’agir d’une pièce tranquille. Non car furie et flammes sont les guides ici…(YKT)

Holy shit. Holy shit. HOLY SHIT! Dan Yemin et sa bande ont toujours été des chefs dans ce qu’ils faisaient mais cette fois-ci, ça dépasse l’entendement. Les quelques mélodies – du genre Strike Anywhere – amenées à sa sonorité rendent le tout bien plus aéré que ce que Paint It Black nous avait servi sur ses deux premiers albums. Le travail du réalisateur hip-hop Oktopus, qui s’est permis de rajouter quelques interludes entre et durant les chansons, ne nous fait qu’apprécier encore plus l’intensité de chacun des hymnes composés par Dr. Yemin. Un Yemin qui nous prouve encore une fois être un des auteurs les plus intelligents de la planète punk/hardcore. Puis du hardcore dans ta face et vraiment intelligent, ça ne court pas les rues. Je suis aussi complètement en admiration devant la présentation de la pochette qui nous montre des images qu’on imagine être un centre d’achat de banlieue complètement désertique. La tristesse, le pathétisme de la chose en est beau. Un album surprenant. Puis ça fait du bien dans cette scène, des fois. Jamais dans cent ans je ne me serais imaginé, sur un album de PIB, une finale comme celle de la chanson Shell Game Redux. Très solide. (ACL)

rock lissé. Un son à contre-courant n’est bien sûr pas garant d’un bon album. Blood On The Wall sait brillamment tirer le meilleur de ses chansons en les interprétant avec une rage, une conviction et une intégrité punk qui rappellent The Breeders, Rival Schools et Dinosaur Jr. Du vrai rock d’université américaine. Le grunge est de retour et on ne nous l’avait pas dit. (DT)

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Fury and Flames Metal Blade Records

New Lexicon Jade Tree

actuel gagne-pain, mais comme les critiques – ces êtres tristes et souvent éjaculateurs précoces – aiment étaler leur savoir, voici donc…), Devonte Hynes se remet en selle rapidement et de façon admirable sur l’excellent Falling Off The Lavender Bridge, premier album de son violon d’Ingres indie pop. Enregistré au Nebraska en compagnie de plusieurs potes du Conor Oberst (le percussionniste de Bright Eyes Mike Moggis, le chanteur de Cursive Tim Kasher et la future mère de mes enfants Kianna Alarid de Tilly & the Wall), ce compact rappelle évidemment plusieurs projets de l’étiquette Saddle Creek, autant sur le plan des mélodies aigres douces que du spleen transpirant des textes d’Hynes (bien que la rupture soit sûrement un prérequis chez les artistes endisquant au Nebraska, Devonte s’en tire plutôt bien sur des pièces comme Midnight Surprise). Plus près de nous, Lightspeed Champion devrait conquérir les amateurs de The Dears. L’année est encore jeune, mais on peut quand même prédire que Falling Off The Lavender Bridge de Lightspeed Champion devrait se mériter son lot de médailles d’ici quelques mois au sein des listes citant les meilleures parutions de l’année. Bref, ne passez pas à côté! (AP)

BANG BANG

Hate Eternal

Paint It Black

Après son escapade métal (avec Anonymus), Mononc’ Serge s’est coltiné avec des gars du Lac pour former son Sarge Jazz Band (rappelant les Langevin et Fortin) qui a été rebaptisé Les Accommodements Raisonnables l’automne dernier – Mononc’ ayant toujours adoré être ridiculement controversé. Un disque live au Dagobert (Québec)? Oui messieurs-dames, et sachez que ça rocke et ça sonne – Simone et Destruction sont trop bonnes! En bonus, trois hilarantes quétaineries de son grotesque projet Suxxion. Néanmoins, comme Plume Latraverse, son modèle, l’iconoclaste personnage s’embrase littéralement sur scène. L’attraction principale reste donc le DVD qui est plus que tout garni. Outre une prestation en solo à Lavaltrie (où il fait taire les parleurs à grands cris), quelques vidéoclips de qualité variable et d’autres titres en groupe (dont la morbidement débile Peter Paul Nécrophile, avec son puissant guitariste), on y retrouve un Mononc’ en feu déclamant des monologues délicieusement baveux. Un grand cru. (KG)

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www.monsieurmono.com

www.sonsanddaughtersloveyou.com

Pestak (CD/DVD) Mononc’ Serge/DEP

VOLUME TROIS • NUMERO 2

Le quatuor de Glasgow raffine plus que jamais ses élans pop sur ce troisième effort, laissant du coup presque entièrement tomber les références à l’americana des premiers albums. Qu’à cela ne tienne, nous sommes en présence d’un groupe qui a fait ses devoirs et qui manie ses références avec une époustouflante finesse. Du motown des années 60 de The Nest aux riffs rockabilly de Chains en passant par la très suave présence de la voix d’Adele Bethel sur Darling ou encore Split Lips, plus de la moitié des pièces ici proposées sont aisément des singles potentiels. Une collection de petits bijoux qui culminent tous vers l’ultime House In My Head, brûlot plutôt rock sur lequel les attaques de guitares saccadées combinées aux envolées voraces de Bethel frôlent le sublime. Du très, très beau travail. (SC)

Mononc’ Serge

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This Gift Domino/Outside

pleurer la mer morte sans avoir ensuite l’humeur altéré et le mine basse. Il ne s’agit pas de défauts, bien au contraire, mais puisque cet album était à ce point prenant et que c’était l’émotion qu’il véhiculait qui nous avait d’abord happés, on n’avait pas aussi bien jaugé le talent d’auteurcompositeur d’Éric Goulet que sur ce récent Petite musique de pluie. Les chansons de ce récent opus ne nous présentent pas un homme aussi atterré, même si on se tient toujours à considérable distance de la bluette sentimentale, mélancolique étant une épithète qui lui sied bien. Sa force de frappe n’est pas du même ordre non plus. Ce qui saute aux oreilles ici, c’est la constance du leader des Chiens qui arrive à signer des disques de haute tenue qui nous accompagneront et nous habiteront longtemps. Éric Goulet échafaude une œuvre dont la beauté se précise chaque fois qu’il y ajoute un album. (DT)

34 - 35

Sons And Daughters

GÉRANT D’ESTRADE - musique


M.

GÉRANT D’ESTRADE - musique

blogosphère. Yelle ne prend pas exactement le contre-pied de Cuizinier, Teki Latex et Tido Berman, autant musicalement que textuellement. Bien qu’elle adopte un ton plus bon enfant, Yelle traite avec la même désinvolture de sexualité, de drague, de fête sur des musiques électro-rétro, empruntant sans sourciller aux années 80. Elle pousse la référentialité jusqu’à reprendre le tube À cause des garçons. On aime parce que ça sonne sincère, mais ne soyons pas dupes, on a affaire à rien d’autre qu’un disque de fête, mais un disque de fête qui fait mouche. Au final, c’est l’absence de deuxième degré ou de réflexion sur la condition humaine qui fait défaut à Yelle, contrairement à TTC, chez qui on voit parfois poindre une pointe de finesse derrière le clinquant de leur vulgarité. (DT) www.yelle.fr

Buck 65 Situation Warner Music

Dur à croire qu’un album concept si pointu se retrouve sur un des majors! Deux ans après avoir livré le disque le plus pop de sa carrière, l’icône iconoclaste du hip-hop canadien revient sur scène en empruntant le parcours habituel: le plus sinueux. Car en plus de déposer dans les bacs un énième compact, Richard Terfry échafaude une véritable capsule temporelle dédiée à l’année 1957. Alors que nos voisins du Sud grognaient en lisant Ginsberg et ses potes beatniks une journée, ils scrutaient le ciel le lendemain, de peur de recevoir Spoutnik 1 en pleine gueule. Situation marque aussi le retour à des rythmiques plus accentuées (outre l’iggypopesque Kennedy Killed The Hat, sa précédente offrande ne swinguait pas fort fort). Tandis que l’explosive Dang carbure aux bongos, Way Back When est soutenue par une mélodie de synthétiseur surfant dangereusement la mince ligne entre le lounge et le kitsch. Aventurier tout de même prudent, Terfry voyage dans le temps en compagnie d’acolytes de choix. En plus de pouvoir compter sur les bons soins de Skratch Bastid aux platines, Richard mène aussi sa Guerre Froide avec la sensation Cadence Weapon sur le brûlot Benz. Sans être l’œuvre la plus significative de son impressionnante discographie, Situation est un album obligatoirement old school rafraîchissant tout en demeurant un exercice de style plus concis que tape-à-l’œil. Bref, une galette autant recommandée aux amateurs de rap de champ gauche qu’aux grands-parents qui voudraient revivre leur jeunesse… genre. (AP) www.buck65.com

Horrorpops Kiss Kiss Kill Kill Hellcat Records

Sur ce troisième effort, Horrorpops réussit où il avait échoué lors des disques précédents: nous prouver que le néopsychobilly n’est pas que noir ou blanc. Laissant de plus en plus de côté sa sonorité popabilly et son enrobage trop sucré, le trio danois tente de nous prouver qu’il a mûri en nous servant un son davantage new wave et gothique se rapprochant de celui de The Cure(!). Toutefois, une chanson rendant hommage à Madness (MissFit), une rencontre «botte dans la gueule» entre le street punk de The Generatorz et The Distillers (Boot2Boot) et un instrumental surf menaçant (HorrorBeach pt.2) viennent épicer Kiss Kiss Kill Kill autrement régulier et morose. (MR) www.horrorpops.com


M.

GÉRANT D’ESTRADE - musique

Action Frontiers/Fusion 3

La compagnie Frontiers est une entreprise italienne qui promeut une bonne quantité des groupes hard rock très FM des années 80 qui existent encore aujourd’hui et qui lancent des albums régulièrement mais dont vous n’en aviez aucune espèce d’idée! Vous seriez étonnés de voir son catalogue avec des artistes comme Toto, White Lion, Winger et Night Ranger. J’oubliais, il y a aussi Action qui existe depuis 1985! Il faut l’aimer très kitsch son rock pour apprécier le son très délavé d’Action, groupe au sobriquet ultimement viril. Les chansons demeurent dans la lignée de Loverboy, époque Heaven In Your Eyes de la trame sonore du film Top Gun. En bref, si vous croyez que la chanson Headed For A Heartbreak de Winger est une chanson intemporelle, que c’est ça la vraie facette du rock même encore en 2008, eh bien pénétrez l’univers d’Action. Frissons garantis mes chanceuses et surtout, mes chanceux! Transcendant. (YKT) www.actiontheband.com

Alestorm Captain Morgan’s Revenge Napalm Records

Ouch. Comment ridiculiser un album sans l’humilier? Disons à la défense d’Alestorm que c’est très probablement le disque idéal pour la bande-son d’un B movie dans lequel des pirates zombies violeraient des sirènes cannibales. Je l’excuse encore, parce qu’un soir très imbibé comme on en trouve dans les pubs écossais, ça peut s’écouter. Je n’irai pas jusqu’à dire que Captain Morgan’s Revenge est haïssable, pas du tout. C’est seulement la mauvaise plaisanterie d’un groupe de petits rigolos. Pour commencer, il faudrait qu’Alestrom comprenne que si le métal des années 80 a fait une erreur tragique, c’est bien l’utilisation massive de claviers pourris. On ne le dira jamais assez: le clavier dans le métal, oui, pourquoi pas, mais à manier avec beaucoup de prudence! Je parlais de B movie pour cet album de scottish pirate metal, mais à bien y réfléchir, par moments ça ressemble beaucoup plus au générique de Supercopter. (CB) www.alestorm.net

Annihilator Metal Steamhammer/SPV/Fusion 3

Des albums avec invités spéciaux, du genre Match des étoiles du métal, c’est toujours fascinant. Pensez à Probot par exemple

www.annihilatormetal.com

Ayreon 01011001 Inside Out

Ayreon, c’est le projet d’Arjen Lucassen, un multi-instrumentiste de talent qui en est à son huitième album sous ce nom. Laissant majoritairement le micro à d’autres chanteurs ou chanteuses renommés, les albums d’Ayreon sont toujours attendus et excessivement bien reçus autant par la presse que par l’amateur de métal. Le concept de Lucassen est l’opéra rock ou métal, mais pas cul-cul comme Starmania, pas de crainte! Non, c’est beaucoup plus un concept axé sur les voyages dans l’espace entremêlés avec les dommages que l’on cause à la planète Terre. Sur ce disque, de nombreux invités tels que Anneke, autrefois de The Gathering, Jonas Renkse de Katatonia ou Simone Simons d’Epica prêtent leur voix à divers personnages. Si Peter Gabriel était un créateur de métal, probablement que le tout donnerait quelque chose d’aussi riche qu’Ayreon. 01011001 est un album double très riche musicalement qui se laisse apprécier vigoureusement. Édition avec DVD disponible. (YKT) www.ayreon.com

Brain Drill Apocalyptic Feasting Metal Blade

Ce disque porte le seau d’approbation d’Alex Webster de Cannibal Corpse donc vous pouvez vous attendre à une débauche sanguinaire grandiose sous forme d’une abondante technicité musicale. J’avise tous les batteurs en herbe du Québec: Marco Pitruzzella est probablement le batteur le plus rapide jamais capté sur un enregistrement. Il est inhumain et excessivement rapide. J’espère qu’il n’y a pas trop de rafistolages studio pour lui permettre de piper les dés. Sémillant death metal aux rythmiques précises calculées au millième de seconde

Yoav

Charmed and Strange Phi/DEP/Universal Né en Israël, ayant grandi en Afrique du Sud dans une famille aisée, Yoav a rencontré la musique pop clandestinement, en cachette de son père qui désapprouvait. Très tôt, il avait décidé que c’était de la musique qu’il voulait faire, et sur une guitare, instrument non noble mais si excitant. Après, il a cherché comment se distinguer du nombre effarant de musiciens qui cherchent à se faire une place. Un jour, un peu stone dans Central Park, il commence à dériver sur sa guitare, à s’en servir comme percussion et constate l’effet d’entraînement que ça provoque. En tapant sur sa guitare et en s’armant d’une pédale de delay, il avait trouvé son créneau. À la différence des flâneurs de parcs, il a ajouté ces méthodes singulières à son large bagage musical pour faire des chansons, à tendance pop, hip-hopisantes et presque rock… coiffées d’une voix riche, d’un regard sur le monde. Dur à croire que tout ce qu’on entend sur cet album n’est que guitare mais c’est le cas. (LL) 5 mars - au Cabaret - (Montréal) www.yoavmusic.com

FÉVRIER 2008

Action

www.airbournerock.com

www.myspace.com/braindrill

Si tu te fermes les yeux, tu peux pratiquement penser que c’est le nouvel opus de Nevermore. Alors, pour l’amateur de la troupe de Warrel Dane, vous devriez jeter l’oreille sur ce groupe allemand qui en est à son neuvième album! Du métal comme dans le temps, Downburst est effectivement un disque qui est lourd avec un chanteur aux bonnes intonations et des guitares qui

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www.mozaiq.ca

Ce n’est pas que c’est mauvais. C’est plutôt vraiment dérangeant comme album et je m’explique. Airbourne est aussi pertinent musicalement et talentueusement que Wolfmother ou The Darkness. Si Wolfmother est l’émule de Led Zeppelin et The Darkness calquait Queen en général, eh bien pour Airbourne, c’est AC/DC. Venant du même pays, l’Australie, on doit se dire que l’on attrape probablement cette sonorité en buvant l’eau du pays. C’est ce qui chicote tout au long de l’écoute de Runnin’ Wild, l’évidente comparaison avec ce groupe plus que légendaire. Copié/collé au maximum, c’est difficile d’imaginer ce groupe passer l’étape du deuxième album, un peu comme The Darkness qui s’est pété la gueule et Wolfmother qui devrait le faire incessamment. La seule consolation est que la voix du chanteur Joel O’Keeffe ressemble à celle de Frank C Starr de The Four Horsemen. Plus capable d’attendre le nouveau AC/DC? Pitchez-vous là-dessus! (YKT)

Downburst Metal Blade

BANG BANG

Premier disque en carrière pour le quintette montréalais Mozaïq qui roule sa bosse depuis quelque temps. L’intro musicale 1631 annonce déjà le style haut en couleurs teinté des pays chauds de l’album. Les influences de ska et de reggae, rappelant vaguement The Planet Smashers, Subb ainsi que Bad Manners, prennent place pièce après pièce. La musique chevauche le rock et le pop, créant de cette manière des chansons pleines de contrastes où le rythme uptempo contrebalance le sérieux des thèmes explorés dans les textes. L’environnement musical intéressant permet l’évolution et la transmission de messages subtils, mais reconnaissables, qui évoquent voyages, exils et quêtes identitaires. La symbiose entre les paroles et la musique donne l’impression que le disque dans son ensemble est un livre d’histoires chantées (Volé une vie et Zoé poursuite en sont des exemples). Mozaïq aborde avec ce disque un style qui s’inscrit dans la lignée de Dobacaracol et de La Chango Family qui ont connu un bon succès lors de leur rentrée sur la scène musicale québécoise. Sans pourtant être tombé dans l’oubli, ce genre musical n’est pas des plus populaires sur les étalages en ce moment... Voyons voir alors si dans ce cas, le soleil saura se faire remarquer. (SG)

Brainstorm

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Runnin’ Wild Roadrunner/Universal

près, il est intéressant de penser que ce groupe peut livrer la même marchandise en concert. Cependant, les dix pièces de l’album peuvent paraître redondantes à la longue car les structures sont assez répétitives et l’utilisation abusive des sweeps à la guitare semble aussi agréable à l’oreille que les ongles de Michèle Richard éraflant l’ardoise du local de classe. Véritable tuerie musicale pour tout amateur de death extrême. (YKT)

VOLUME TROIS • NUMERO 2

Mozaïq Into/Outside

ou les deux albums Nuclear Blast All Stars. Annihilator, c’est principalement le guitariste canadien Jeff Waters. Il a réuni quelques copains qui viennent surtout gratter leur guitare comme des débiles sur ses compositions. Oui, c’est de la haute voltige au niveau de la six cordes avec Jeff Loomis de Nevermore, Alexi Laiho de Children of Bodom ou Will Adler de Lamb of God. Pour ce qui est des invités vocaux, le duo entre Angela Gossow d’Arch Enemy et Danko Jones est assez étonnant mais en général la voix du chanteur principal, Dave Padden, est très agréable car elle est similaire à celle de Devin Townsend, période Vai. Conséquemment, Annihilator risque peut-être de retrouver la gloire de l’époque Alice in Hell avec ce disque bigrement varié et furieusement multiforme. (YKT)

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Airbourne

36 - 37

Mozaïq


M.

GÉRANT D’ESTRADE - musique galopent à merveille. Je ne sais pas si c’est mon disque qui a un défaut de fabrication mais à certains moments, le son à tendance à baisser légèrement mais remonte petit à petit… De bonnes structures métalliques avec des refrains mémorables qui s’apprennent bien dès la première écoute comme sur Fire Walk With Me ou Protect Me From Myself. Groupe excessivement populaire en Europe mais qui risque de s’ouvrir quelques portes ici au Québec avec ce disque… si une tournée majeure l’y conduit. (YKT) www.brainstorm-web.net

Brown Jenkins Dagonite Moribund Records

Ceux qui s’y connaissent en littérature ne seront point déstabilisés par le titre car effectivement, Dagonite est avant tout une nouvelle littéraire de H.P. Lovecraft. Et qui dit Lovecraft dit habituellement black metal. Ce projet de «chambre à coucher» est celui d’un seul homme appelé UA. Dagonite est un album très sombre d’un black metal glauque axé majoritairement sur les guitares. La preuve en est la pochette où l’on peut voir les mains d’UA sur le manche de sa guitare. De nombreuses couches très huileuses de guitare coulent sur chacune des pièces du mini-album où elles prennent réellement vie dans ce royaume de tourmente. Empiffrezvous d’un pizzaghetti extra saucisses 12 pouces vers minuit et allez au lit ensuite en écoutant ce disque… Cauchemars assurés. Donc, cinq chansons intenses et délivrées à la manière du black metal américain comme Leviathan ou Xasthur et c’est sur Moribund donc, très recommandable. (YKT) www.myspace.com/brownjenkinsband

Isole Bliss of Solitude Napalm Records

Un vrai, classique, album de doom. C’est lent, sombre, romantique, chargé en basses, les pistes sont longues, ça rendrait dépressive une cheerleader californienne, bref, c’est du doom. Le doom, ça fait partie des choses de l’univers qui ne changent jamais. Si on en fait trop, on tombe dans la musique pour jeune fille émotive, si on n’en fait pas assez, c’est juste du metal ad tempo. Et en matière de doom, Isole sait ce qu’il joue. Ne cherchez pas de révolution dans le genre. Même si le groupe se qualifie d’epic doom, vous ne trouverez rien dans cet album qui tienne de l’expérimental. Quelques surprises parfois dans les intros très soignées, mais rien de plus. Cela dit, le tout est très propre, plutôt bien produit et l’ensemble des titres sur Bliss Of Solitude est assez cohérent, faisant d’Isole un groupe mature et très respectable (comme souvent les groupes qui viennent de Scandinavie, en passant). Un bel album.

À ne pas écouter un dimanche après-midi pluvieux toutefois. (CB)

Gamma Ray

www.forevermore.se

Land of the Free II Steamhammer

Epicurean A Consequence Of Design Metal Blade

Epicurean est un peu de la même famille métallique que des groupes comme Profugus Mortis et Blinded By Faith. Oui, car tout comme nos compatriotes québécois, Epicurean pige et sélectionne dans chaque sous-couche métallique un peu de ci un peu de ça et nous livre le tout d’une manière fort réjouissante, festive même, malgré quelques allusions à des thèmes légèrement morbides. Par contre, Epicurean a quelques tendances un peu plus émotives mais il reste que le groupe donne à profusion vers les rythmiques folichonnes qui font le délice des amateurs ici au Québec. Le clavier bodomesque est omniprésent tout au long de l’album avec l’alternance des voix acidifiées et celles au caramel. Pas vraiment ma tasse de bière mais j’imagine bien la génération qui ne jure que par Alexi Laiho se laisser aller sur les compositions d’Epicurean. Beaucoup plus recommandé pour votre frère de 15 ans que votre cousin de 28 ans. (YKT) www.epicureanmetal.com

Finsterforst Weltenkraft Prodisk Music

Lorsqu’on a entendu pour la première fois Rammstein (durant Lost Highway de David Lynch), on trouvait d’emblée que le phrasé germanique fittait avec le son bien métallique. Ça nous a rappelé aussi les belles années du thrash metal d’antan alors que la musique de groupes allemands assez méchants (comme Kreator et Destruction) traversait les océans. En écoutant le premier album de Finsterforst, on pense plutôt au métal médiéval des vikings d’Amon Amarth et surtout de Finntroll, mélangeant à leur black/death metal mélodique (doté de vocalises éraillées entre Dani «Cradle of Filth» et Jeff «Carcass» Walker) beaucoup de lignes et d’instruments classiques et folkloriques (avec claviers, flûtes et beaucoup d’accordéon!). Digne de Dungeons & Dragons et de Lord of the Rings, le métal de Finsterforst est si joyeux et victorieux qu’il aurait sa place à la montagne sur le bord d’un feu ou avec une bière en jouant à God of War sur PS2. (KG) www.finsterforst.de

J’ai un jeu pour vous, amateurs de métal. Prenez ce disque, écoutez-le et dès que vous trouvez qu’un passage est emprunté à Iron Maiden, appuyez sur pause, indiquez le temps de la chanson et faites la même chose pour un riff emprunté à Judas Priest. Vous devez accorder 2 points par comparaison à Iron Maiden et 3 points pour celle de Judas Priest. J’ai eu un total de 89 points, et vous? Si vous battez mon pointage, envoyez-moi vos coordonnées et je vous ferai parvenir la discographie complète de Sowatt autographiée! Trêve de plaisanteries, Gamma Ray n’est pas la formation la plus originale de métal mais c’est tout de même une sacrée machine à faire des chansons! L’amateur du groupe sera grandement ravi car Kai Hansen et son groupe offrent un album à la hauteur des classiques comme Somewhere Out In Space et Powerplant. Curieux d’un nouveau son s’abstenir; maniaques seulement! (YKT) www.gamma-ray.com

Horna Sotahuuto Moribund/Fusion 3

Ça sonne la méga-raie, c’est très kvlt et c’est de même, bâtard! Pur black metal, point à la ligne. Horna en est probablement à son 169e album de véritable haine et de misanthropie avec la même recette qui plaît encore, proposant le même degré de satisfaction. La formation finlandaise y va ici avec son hommage tout à fait personnel à Quorthon de Bathory, décédé il y a quelque temps déjà. Le clin d’œil est au niveau de la sonorité des guitares, offrant un détour vers le son de Bathory. Quant aux textes, aucune idée étant donné que je ne parle pas le finlandais, langue dans laquelle s’exprime Horna. C’est bien garroché avec Corvus expulsant son venin vocal contagieux et âcre, le tout transpirant agréablement à travers cette production sale rappelant parfois le punk crotté. Si vous recherchez le côté studio rudement léché de Dimmu Borgir, ceci n’est aucunement pour vous… (YKT) www.legion-horna.com

Necronoclast The Plague Moribund Records

Autre projet d’un musicien unique se laissant aller sur sept compositions fortement influencées par le black metal d’un Mayhem entrecroisées avec l’absinthe doom d’un My Dying Bride de la vieille école. Necronoclast est l’enfant maudit de G, musicien écossais qui en est à son deuxième album. Contrairement à bien des projets solo black métalliques, Necronoclast n’abuse point


M.

Satanic Grimoire: A Greater Black Magick Moribund Records

Une combinaison née en enfer probablement; la cadence thrash metal combinée avec les rythmiques black metal ou vice-versa. Très efficace comme formule, déjà utilisée certes mais Satan’s Host n’est pas à négliger car sur ce disque, il n’y a pas de place à l’ennui et aux bâillements. Malgré que ce groupe américain existe depuis 1985 et en soit à son cinquième album, le sixième s’en vient très bientôt car ceci est une réédition d’un album paru en 2006 (il est relativement inconnu chez nous). Avec un bon plan de promotion, ce qui inclut une tournée majeure en ouvrant pour un artiste d’envergure, il est fort à parier que ce groupe pourra se créer de nombreux fans car c’est très lucratif musicalement et métalliquement parlant. Avec des pièces comme Chameleon of Witchery et Metal

Un des groupes métal les plus originaux à paraître sur Relapse Records est dorénavant chez Metal Blade. Hein, Soilent Green est devenu metalcore? Non, c’est toujours un amalgame de métal de la vieille école, de thrash, de grindcore, avec quelques bribes de rock sudiste. Loin est le jour où la troupe de Ben Falgoust risque de nous offrir un album faible musicalement sans recherche introspective. Même s’il y a un changement d’étiquette de disques, le fanatique de l’époque de Sewn Mouth Secrets ne sera point déboussolé car on retrouve la fougue typique de la formation louisianaise. La seule chose qui risque de surprendre est la pochette qui fait beaucoup plus futuriste, comparativement à ce que le groupe nous a habitués par le passé. Après une dizaine d’écoutes, je vous confirme que ce disque est exquis et ne trahit aucunement le passé de Soilent Green. Du métal pour boire de la broue. (YKT) www.soilentgreen.net

Spektr Mescalyne Moribund Records

Un titre d’album qui ferait saliver quelques têtes flambées de Chicoutimi car cette substance trouve de nombreux preneurs dans cette ville saguenéenne. Pensez au texte Chicoutimi des Wampas, groupe français tout comme Spektr. Très glauque comme ambiance mais ce qui titille à la longue, c’est l’utilisation fréquente d’éléments électroniques combinés au son très rasoir du groupe. Ce duo français expérimente à cœur joie sur les quatre chansons mais

Bruce Springsteen Probablement parce qu’il ne fait pas dans la demi-mesure, on a souvent taxé Bruce Springsteen de racoleur. Il s’agit bien là d’une lecture superficielle de l’œuvre d’un artiste qui compte parmi les figures les plus importantes de la culture américaine. Les commentaires emportés que suscite l’œuvre de Springsteen sont une des plus convaincantes preuves de sa portée dans l’histoire du rock. Certains comme Chuck Klosterman se rangeront du côté de ceux pour qui le natif du New Jersey n’est qu’un créateur de mythe dont l’inanition n’a d’égale que la fulgurance avec laquelle il les porte en chanson: «Springsteen écrit comme quelqu’un qui taperait une lettre pour adolescents à partir du Penthouse Forum: des lignes comme “just wrap your legs round these velvet rims / and strap your hands across my engines” est aussi drôle que n’importe quelle chanson que Tenacious D a jamais enregistré, sauf que Bruce tente d’être profond». Au-delà de la drôlerie de la rhétorique de Klosterman, il nous semble que, soit par mauvaise foi, soit par méconnaissance, le critique tourne les coins ronds. Il ne faudrait pas confondre Bruce Springsteen et John Mellencamp. S’il n’était que le working class hero chantant de la figure de style maladroite que décrit Klosterman, Springsteen n’aurait pas hérité du surnom de The Boss. C’est en concert que les chansons de Bruce Springsteen prennent toute leur épaisseur et que plusieurs d’entre elles deviennent les essentiels brûlots fédérateurs qu’on devinait sur disque. On peut entre autres y constater de visu qu’il n’est pas le prolétaire empêtré dans des textes pétris de clichés que Klosterman dépeint. Springsteen y devient, comme toute bonne rock star, figure propice à déification. À force de mimiques narcissiques, de sourires gouailleurs, d’appels aux vivats, Springsteen arrive à incarner minutieusement le personnage de fils de prolétaire s’étant extirpé de son milieu qui implore sa blonde dans Thunder Road: «So Mary climb in / It’s a town full of losers / And I’m pulling out of here to win». Si l’on croit Nick Hornby, célèbre romancier anglais auquel on doit High Fidelity, Springsteen, avec ce personnage, arrive à toucher l’universel: «j’ai beau ne pas être Américain, ne plus être jeune, détester les bagnoles et comprendre tout à fait pourquoi tant de gens trouvent Springsteen grandiloquent et histrionique, Thunder Road réussit à me parler». Se priver de Springsteen serait donc prêcher par excès d’antiaméricanisme zélé et bouder son cathartique plaisir. Il faut le voir actualiser sur scène l’amitié qu’il décrit dans nombre de ses chansons avec Little Steve Van Zandt, complice guitariste depuis la tournée de Born To Run, pour prendre le pouls de la sincérité de l’homme à la Telecaster. Pudique, mais sans modération dans son intensité, cette amitié a de quoi rassurer sur l’avenir du rock. On est bien loin du pécuniaire mariage de raison entre Keith Richards et Mick Jagger. Quand Springsteen invite son vilain garnement de comparse Van Zandt à partager son micro, l’homme parvient à nous faire croire à la durabilité de l’amitié. Venant d’un artiste qui s’était fixé comme but de découvrir si l’amour est vrai («the primary questions I’d be writing about for the rest of my work life first took form in the songs on Born to run, I want to know if love is real»), ces poignantes certitudes sont toutes bienvenues. (Dominic Tardif) 2 mars – Centre Bell (Montréal)

FÉVRIER 2008

Satan’s Host

Inevitable Collapse In The Presence Of Conviction Metal Blade Records

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www.pagansmind.com

www.primordialweb.com

Soilent Green

BANG BANG

Il est rare de voir et d’entendre un groupe de Norvège qui ne donne pas dans le black metal. Pagan’s Mind est beaucoup plus orienté vers le métal teinté d’un soupçon progressif. Très énergique comme album, les chansons sont parfois très lourdes musicalement avec les guitares, la rythmique précise de la batterie, le tout accompagné par la voix très puissante de Nils K. Rue qui peut rappeler par instants un jeune Geoff Tate de Queensryche. La reprise de Hallo Spaceboy de David Bowie semble, aux premiers coups d’oreilles, légèrement inutile mais le travail effectué sur cette dernière est assez imposant, la rendant pratiquement méconnaissable versus l’originale. Les prouesses du clavier sont bien intéressantes quoique cet instrument ne soit pas un des points centraux du son de Pagan’s Mind et par le fait même, il reste que le groupe, malgré une appellation progressive, tend un peu plus vers le métal traditionnel. Choix judicieux. (YKT)

www.satanshost.com

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God’s Equation LMP/Fusion 3

Primordial sonne comme une véritable trame sonore qui défile dans notre tête. On imagine aisément un film où un combattant souffrant, blessé et meurtri tente de rejoindre son royaume, apportant avec lui, enfoui sous sa veste, un objet quelconque qui ne nous serait révélé qu’à la fin. Si je suis capable de m’imaginer tout cela, et encore plus mais l’espace me manque, je présume que chacun risque d’être aussi inspiré que moi par ce fantastique disque paru à la fin de 2007 qui a malheureusement passé dans la margarine. Musicalement, To The Nameless Dead me fait penser à une courtepointe ne réunissant que les meilleurs éléments d’un groupe comme Borknagar… mais en plus sombre. Le caractère épique des chansons fait de ce disque un véritable chef-d’œuvre en soi, surtout avec des compositions comme As Rome Burns et Empire Falls qui nous propulse royalement sur un véritable champ de bataille! (YKT)

VOLUME TROIS • NUMERO 2

Pagan’s Mind

To The Nameless Dead Metal Blade Records

From Hell… 22nd Century, tout amateur de métal, toutes catégories confondues, devrait y trouver un brin de satisfaction satanique! (YKT)

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www.necronoclast.com

Primordial

www.brucespringsteen.net

38 - 39

des percussions électroniques dissonantes qui sonnent très canettes de peinture vides. Les chansons sont effectivement tortueuses et aux frontières de l’hypnotisme. Je me sentais vraiment imprégné par le son poisseux de Necronoclast sauf, et c’est mon seul point négatif, la voix devient suante à la longue. Uniforme mais suicidaire, la voix de G manque pourtant de volubilité machiavélique. Lent et abyssal, nous ne sommes que rarement dans l’hyperactivité mais plutôt vers des détours sombres d’un acte suicidaire manqué. Cette année, Moribund offre une sacrée récolte d’albums tout aussi intéressants que métalliquement variés. (YKT)

GÉRANT D’ESTRADE - musique


M.

GÉRANT D’ESTRADE - musique à la longue, on se perd dans la cacophonie créée par la superposition des percussions électroniques et des riffs répétitifs des guitares criardes. Probablement très kvlt pour certains mais il demeure que l’absence réelle d’une structure organique au profit de l’électronique nous rend impatients. Mince consolation qu’est la pièce ambiante mais très horrifique qui porte le nom de Maze of Torment. Discordant… mais si le duo peut se concentrer sur l’ambiant, le tout risque d’être plus fructueux pour l’auditeur. (YKT) www.moribundcult.com

The Arcane Order In the Wake of Collisions Metal Blade Records

Prenez la pochette du disque, effacez le nom du groupe et inscrivez Soilwork à la place. J’aurais aimé que ce disque soit celui de Soilwork, sérieusement, car les Suédois nous ont déçus en 2007 mais The Arcane Order nous surprend par contre! Première (et sûrement pas la dernière) parution numérique de Metal Blade en 2008, ce qui veut dire «Ne cherchez pas ce disque en magasin car il ne sera disponible qu’en format téléchargeable»! Autres temps, autres mœurs… The Arcane Order s’accapare du son suédois, même si le groupe est originaire du Danemark, et l’ajuste à son rythme hyperactif aux nombreuses subtilités fort accrocheuses. Petits bonbons que sont les chansons qui se retrouvent sur cette parution. Oui, ce groupe sonne comme 359 autres mais il demeure que le tout est bien fait et excessivement racoleur avec un death metal fort accessible car il possède cette petite saveur d’ambroisie exquise. (YKT) www.thearcaneorder.net

The Codex

The Codex Frontiers/Fusion 3

The Codex est le tout nouveau projet de Mark Boals, ancien chanteur d’Yngwie J. Malmsteen’s Rising Force et de Magnus Karlsson, guitariste extraordinaire qui est responsable de l’écriture des albums The Battle et The Revenge qui marquait la collaboration de Russel Allen, chanteur de Symphony X, avec John Lande de Masterplan. Si vous avez aimé les deux albums susmentionnés, vous risquez fortement d’apprécier le son du groupe The Codex car c’est assez similaire au niveau de la sonorité et surtout dans le domaine des attaques à la guitare, des intonations et des interprétations des refrains. Donc, on nage en eaux prudentes mais combien satisfaisantes. Pas de mauvaises surprises et la voix de Boals est tout aussi puissante qu’à l’époque de Trilogy et de War to End All Wars, album qui avait une sonorisation digne d’un démo. The Codex nous permet d’apprécier le talent de ses deux grands musiciens qui travaillent souvent dans l’ombre. (YKT) www.frontiers.it

Godless Rising Rising Hatred Moribund/Fusion 3

Réédition du premier album de 2006 de ce groupe de death metal vieille école et franchement, la pochette d’origine était grandement supérieure à celleci. C’est crasseux, aussi visqueux qu’un Scream Bloody Gore ou un Slowly We Rot de l’époque, pas si lointaine, où nous portions tous de pimpants 301 de Daoust,

la moustache molle voguant au gré des vents. Si vous êtes en attente d’un album sans failles musicales, changez de section pour Necrophagist car Rising Hatred est un digne représentant de l’époque où la brutalité outrepassait la technicité. Les six chansons originales sont présentes mais en guise de matériel additionnel, le groupe a réenregistré Divine Blasphemy et Soulless qui subissent une cure d’intensité. Le jeu de la comparaison entre les deux versions prend donc tout son charme car celles de 2007 sont beaucoup plus costaudes avec un tempo un tantinet plus rapido. Sonorité crapule pour l’infernal amateur méphistophélique… averti. (YKT) www.myspace.com/godlessrising

Laura Barrett Earth Sciences Paper Bag/Universal

Une conteuse qui s’accompagne d’une boîte à musique, c’est à cela que ressemble Earth Sciences, un mini-album de six chansons que nous propose la musicienne torontoise Laura Barrett, aussi membre des Hidden Cameras. Cette jeune pianiste de formation, à la voix incroyablement habile, joue en fait du kalimba, un piano à pouces africain. Cette sonorité peu commune peut toutefois ennuyer à la longue puisque l’instrumentation dépouillée (kalimba et voix) est exactement la même du début à la fin de l’album, à l’exception de la dernière pièce, un remix de Joshua Van Tassel. Mais l’univers de Earth Sciences, teinté de science-fiction et de cynisme, paraît tellement singulier, un peu à la Final Fantasy, qu’il vaut la peine d’être découvert. (JB) www.myspace.com/laurabarrett

The Authors Everything Around Me Do They Dance?

Ce duo francophone de Montréal a longtemps joué dans des groupes hommages ou groupes tout court… En 2005, fatigués de jouer les chansons des autres et de se chamailler à cinq pour des décisions de groupe desquelles ils s’accommodaient sans être convaincus, ils décident de réduire l’effectif à deux et de devenir The Authors. Après un premier démo de quatre pistes, ils lancent un album complet, belles photos incluses. L’objectif, trouver une maison de disques prête à les produire et à leur faire parcourir le monde. C’est pour ça qu’ils chantent en anglais. Souvenirs de voyage et rêves de jeunes hommes, beaucoup de guitares et des atmosphères de synthétiseurs moins maîtrisés. On flaire beaucoup de U2, une volonté franche de viser large, peut-être trop. (LL) www.the-authors.com

ASG Win Us Over Volcom

Surtout connu dans les milieux du skate/ snowboard (merci à une présence accrue de ses pièces sur une flopée de vidéos du genre), ASG rapplique pour un quatrième tour de piste. Ainsi, Win Us Over poursuit dans la veine stoner du groupe mais cherche très clairement à se détacher de la communauté susmentionnée pour tenter de conquérir un public purement métal. Et bien que l’on soit presque tenté d’y croire avec des pièces comme Dream Song ou Richard of Richard K. qui comportent leur lot respectif de vociférations et autres lourds échos sludge, l’impression générale reste au demeurant plutôt fade. On plaque trop souvent un groove très uptempo (piqué chez Corrosion Of Conformity) sans toutefois y injecter la dose de crasse nécessaire à faire lever le tout. Trop sage et trop propret. Bref, trop peu pour faire vibrer les headbangers de ce monde. (SC) www.asgnation.com

Daedelus Fair Weather Friends Ninja Tune

Producteur de champ gauche états-unien qui s’est tout d’abord fait une redoutable réputation au sein des scènes IDM et électronica, Alfred «Daedelus» WeisbergRoberts veut maintenant se faire de nouveaux amis avec le maxi Fair Weather Friends. Exit les beats baroques et les collaborations avec des rappeurs de la trempe de Busdriver, Roberts mise davantage ici sur les grosses rythmiques encourageant les déhanchements et les «TU RESSEMBLES À LA FILLE QUI JOUE DANS LES ANNONCES DE TIC TAC À LA TV. VEUX-TU QUE JE TE PAYE UN VERRE!?» typiques des clubs. Bien qu’on imagine Daedelus être ici sur le pilote automatique, le produit final demeure satisfaisant. Alors que la pièce-titre a des airs de joyeux pastiche de The Go! Team, Bonjour devrait amuser les amateurs de projets à la Cassius ou encore Stardust, l’ancien dada de Thomas «Daft Punk» Bangalter. Seule ombre au tableau: la chanson vaguement house El Subidon qui semble être un rejet d’une compilation de Daniel Desnoyers (et on s’entend que si Dan se débarrasse d’une composition pour une de ses ignobles parutions, ça doit être vachement mauvais). Ainsi, bien que Daedelus s’en tire plutôt bien dans un registre exploité à outrance ces

jours-ci, on espère qu’il reviendra vite à sa spécialité: les sons tordus, tergiversant, mais ô combien satisfaisants. (AP) www.myspace.com/daedelusdarling

Malibu Robo-Sapiens Expansion Team Records

Si le nom de Malibu ne vous est pas familier, c’est que le personnage est surtout connu sous le nom de Roger Joseph Manning Jr. Découvert d’abord en tant que claviériste pour Beck, puis par le Moog Cookbook, l’artiste s’est surtout fait un nom en collaborant avec des artistes aussi variés que Soulwax, Jamiroquai et même blink182. Sur ce projet solo, Roger s’amuse ferme avec ses synthétiseurs, donnant naissance à un album où les résonances italo-disco frayent avec des riffs de guitare accrocheurs à souhait et vocoder de tout acabit. On se trouve transportés dans une épopée galactique, avec des sonorités à la fois cousines du 8 bits et du rock. Si le résultat est tantôt effervescent, tantôt amusant, on comprend rapidement où l’artiste veut aboutir, résultant d’un disque où, après l’écoute des 5-6 premières pièces, on pourrait se lasser un brin. Toutefois, c’est un album qui vaut le détour, simplement car il est rempli de dance floor fillers et qu’il nous fait redécouvrir l’éventail des possibilités liées aux synthétiseurs. (DPR) www.rogerjosephmanningjr.com

Efterklang Parades The Leaf Label

Compact qui – malgré son nom plus près du tintamarre que de l’incognito – est malheureusement passé sous les radars dans notre coin de pays, Parades est un véritable défilé pour les oreilles: fort en chœur (puis en cœur pendant qu’on y est), en trompettes, et en émotions. Après avoir livré un premier CD plus électro, le collectif post-rock de Copenhague revient pour un second tour de piste plus chaud, plus vivant et plus organique. Entreprise quasi mégalomaniaque (même Win Butler et sa bande se demanderaient si la troupe n’en fait pas un peu trop du côté de ses instrumentations par moments, notamment sur Caravan, idem pour Tim DeLaughter et sa cabale polyphonique à l’écoute de Illuminant), Parades s’est enregistré sur une période de 18 mois en compagnie d’une trentaine de musiciens (dont trois chorales), en plus d’avoir pu compter sur Darren Allison (qui a auparavant collaboré avec le groupe culte Spiritualized) pour son matriçage. Bref, la grosse classe! Bien que le galvaudage de la meute puisse parfois être saturé (Horseback Tenors s’avère interminable), Parades demeure une œuvre qui gagne à être connue, écoutée et appréciée. (AP) www.efterklang.net

With All Due Respect Blueprint for Destiny Indépendant

À première écoute, on constate que le duo composé de Stéphane Lavallée et Nicolas Cousin a bien fait ses devoirs sur Blueprint for Destiny en créant un album efficace, dans la lignée directe des Massive Attack, Telepopmusik ou Boards of Canada. Si le genre peut donner une sensation de déjàvu – un mélange de musique ambiante, de


M.

Artistes variés Funky Nassau: The Compass Point Story 1980-1986 Strut Records

L’historique de Chris Blackwell prendrait à lui seul plusieurs pages dans ce journal. Mais en survolant Funky Nassau, on aura l’occasion de se faire une idée des enregistrements complétés par le fondateur, entre autres, d’Island Records. Ce Jamaïcain blanc avait établi une base incontournable dans les Bahamas avec son Compass Point Studio, plaque tournante qui dans les années 80 allait produire nombre d’hymnes

Steve Reid Ensemble Daxaar Domino/Outside

À 16 ans, Steve Reid avait déjà sa batterie, précocité qui devait le mener à travailler rapidement avec ce qui faisait de meilleur en soul, jazz et avant-garde. De James Brown à Sun Ra, de Miles Davis à Dionne Warwick. Toujours en activité depuis plus de 40 ans, Steve Reid élabore depuis quelques années une relation fructueuse avec Kieran Hebden (aka Four Tet), autre hédoniste mais de l’électronique cette fois. Après deux sorties relatant leurs expérimentations, Steve Reid s’adjoint un ensemble et propose avec Daxaar une version beaucoup plus élaborée de leurs pérégrinations tous azimuts. Insistant sur le lieu, Dakar, Steve Reid revient en Afrique après y avoir vécu

L’équanimité Disques Fruit

Équanimité, n.f. Litt. Égalité d’humeur; sérénité. Ce n’est pas cet adjectif qui nous serait venu à l’esprit en premier lieu si on nous avait demandé de titrer ce deuxième album du projet de Dominick Lareau paru sur étiquette Fruit (Carl-Éric Hudon). On aurait plutôt choisi des termes comme déjanté, psychédélique, surréaliste, adjectifs qui décrivent mieux d’après nous le monde à la fois inquiétant et comique de Lareau. L’auteur-compositeurinterprète se tient toujours en équilibre sur la frontière délimitant la grimace du clown de celle du monstre. Sa voix, qui curieusement rappelle celle de Daniel Bélanger, concourt principalement à cette impression, ainsi que les textes évocateurs, d’une belle étrangeté (Les squelettes m’ouvrent la porte, Les morts-vivants sifflent). La palette sonore est très large, il s’agit de chansons aux arrangements rock et électro, dirons-nous succinctement. Ne reste plus qu’à ciseler davantage les mélodies. On ira réécouter le premier album 4d et le prince louvesque en surveillant ce nouveau venu qui en signant un Équanimité qui sonne comme une tonne de briques, se mérite d’ores et déjà une place de choix aux côtés d’un Navet Confit et d’un Husky. (DT) www.myspace.com/jenexistepas

FÉVRIER 2008

http://big.kacane.com

4d

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Voici un petit quelque chose qui créera une grosse tendance. L’album a l’air de rien, les huit titres semblent bien inoffensifs. Préparez-vous à être surpris. Mathieu BIG Leduc manie les échantillons à travers ses pièces éclatées et éclectiques. Plus électrique que chansonnier, BIG met une bonne dose d’humour et d’attitude dans ses pièces efficaces et dynamiques. Go le ciel est un album créatif qui secoue un peu les principes établis et apporte du nouveau (yé!) dans le merveilleux monde de la musique locale branchée. (MBP)

BANG BANG

Une fois de plus, Cass McCombs se réinvente. Bien que l’auteur-compositeurinterprète folk semble toujours écouter ses vieux vinyles de Velvet Underground et de Lee Hazlewood en boucle, le Californien d’origine se fait toutefois moins brouillon sur cette première offrande lancée par Domino Records (maison de disques de Franz Ferdinand, Animal Collective, Clinic et autres projets n’ayant aucun lien avec McCombs). Alors qu’il abondait dans les motifs slowcore sur son précédent compact Prefection (paru en 2005 sur le label 4D), Cass se fait plus pop sur Dropping The Writ où il suscite même des dandys de la trempe d’Elvis Costello (planante That’s That) et Thom Yorke (well, lorsque la grosse tête de Radiohead ne se la joue pas trop artiste torturé) sur la brianwilsonesque Pregnant Pause. Sans être une œuvre remarquable, le nouveau cru de McCombs est néanmoins loin – très loin – d’être la pire parution des

Go le ciel Kacane

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Dropping The Writ Domino/Outside

Petit BIG

VOLUME TROIS • NUMERO 2

Cass McCombs

www.cassmccombs.com

allant du disco, au funk ou encore au dub et reggae. Des égéries cold wave Cristina et Lizzy Mercier Descloux (pour une reprise erratique de Sun Is Shining) à Ian Dury (prince noir de la new punk anglaise), du reggae de Sly Dunbar au disco-funk du Tom Tom Club (génial Genius of Love, souvenir de mes premiers émois de gamin ébahi devant MTV), cette histoire foncièrement bien choisie ne révèle bien évidemment qu’une infime partie de l’œuvre de Blackwell. Accompagnant Grace Jones et Talking Heads (Born Under The Punches), quelques moments sont plus douteux comme celui de Guy Cuevas qui flirte avec le sirupeux sous l’influence de claviers datés. On n’échappe pas non plus aux oripeaux dévolus de la décennie. À surveiller dans la même collection: Funky Nassau GrandMaster Flash et déjà sortie la compilation Disco Not Disco, du très bon à en juger par les pièces rassemblées. (AC)

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www.withallduerespect.ca

derniers mois et se veut quand même une sympathique introduction à l’univers éclaté de ce drôle de personnage. (AP)

40 - 41

dub et de mélodies cinématographiques –, le second effort du duo mérite tout de même notre attention. L’album se démarque d’abord par cette approche un brin politique, en créant une trame sonore parfaite pour toute révolution ou conspiration. Mais ce qui marque beaucoup plus, c’est cette espèce de zénitude qui transcende l’album, cette sensation d’avoir traversé une époque sombre et d’en ressortir plus léger. Bref, WADR peut se targuer de réussir à trouver le juste équilibre en empruntant une direction, certes beaucoup exploitée, tout en évitant les clichés et la facilité. (DPR)

GÉRANT D’ESTRADE - musique


M.

GÉRANT D’ESTRADE - musique quelques années et joué avec Fela Kuti pour mémoire. Sous la férule du New-Yorkais, le continent originel devient un terrain de jeu passionnant. L’ouverture plus traditionnelle de l’album se résume d’ailleurs à la Kora et la voix de Isa Kouyate, une introduction parfaite pour d’emblée planter le décor. Ici, le jazz se traduira par de longues pièces parfois plus africaines sur un fond permanent de funk, feutré dans des évolutions solitaires tout en retenue. Chaudron bouillonnant, dont les inspirations rappellent tantôt Miles Davis (Dabronxxar), tantôt Santana (Big G’s Family), pour le passage le moins convaincant, mais toujours court-circuité par les bidouillages intelligents d’Hebden. Daxaar réussit le pari de rester actuel en s’organisant pour garder les pieds sur la terre telle qu’elle se présente en ce début de siècle, une gageure par évidente pour tous. (AC) www.steve-reid.com

Silje Nes Ames Room Fat Cat Records

Silje Nes n’est pas un groupe. C’est une multiinstrumentiste et chanteuse norvégienne qui propose sur son premier effort Ames Room un amalgame de rock acoustique parfois folk, de sonorités électroniques et de divers bidouillages. À travers quatorze courtes pièces qu’elle a habilement enregistrées d’elle-même, Silje Nes nous ouvre la porte de son univers de petite fille, très minimaliste, où les paroles sont souvent mises de côté et où sa délicate voix sert parfois d’instrument. Ames Room est un agréable collage, quoique difficile à saisir, souvent inégal bien que répétitif. La démarche de la jeune artiste semble intéressante, mais le résultat, plutôt ordinaire, fait preuve de peu de mordant. Une trame sonore toute douce qu’il faut écouter les jours de pluie. (JB)

Moriarty

www.myspace.com/siljenes

Drifting Letter Office Naïve

Adam Kesher

Définitivement, la fascination de l’Hexagone pour l’americana ne se tarit pas. Après Blueberry et Lucky Luke en BD, Johnny Hollyday brillant sur la scène gériatrock’n’roll et Luc Besson en fin de carrière, voici Rosemary Moriarty et ses cinq collègues qui s’invitent auprès des Julie Doiron, Calexico et autres cow-boys du folk. Privilégiant une approche intimiste (voire rachitique, voire «t’as “à la bonne franquette”, t’as “être cheap” et t’as Moriarty) des mélodies, Rosemary comble admirablement le vide à l’aide de sa voix chaude, parfois blues, souvent jazzy (les chansons Jaywalker (Song for Beryl) et Fireday sont d’ailleurs d’excellents exemples des prouesses orales de la dame). Côté textes, on est néanmoins loin du Klondike. On se rapproche plus du Dust Bowl du cliché (la pièce Jimmy et ses légendes gnagna de buffles savants sonne notamment faux aux oreilles en plus de faire rouler des yeux… et que dire de White Man’s Ballad). Bien que l’œuvre ne soit pas si mal, le sextette a toutefois une compétition redoutable (autant à l’international que plus près de chez nous avec les Katie Moore, Carl-Éric Hudon, United Steel Workers Of Montreal, Lake Of Stew et j’en passe… beaucoup même). J’aurais aimé terminer avec un gag vraiment mauvais sur Sherlock Holmes, mais Drifting Letter Office m’a enlevé le goût. C’est tout dire. (AP) www.moriartyland.com

An Allegory of Chastity Disque Primeur

Outre la photo ornant la pochette d’An Allegory of Chastity, à mi-chemin entre décadence et relent d’adolescence, on retiendra bien peu de ce super-maxi comprenant quatre chansons et quatre remix. Sans tomber dans la projection et affliger les français d’Adam Kesher de nos bien québécoises considérations linguistiques, on s’interroge encore à savoir pourquoi ils n’adopte pas la langue de Molière, ce qui lui permettrait au moins de se distinguer de ces nombreux équivalents anglais que sont, par exemple, Klaxons. L’écoute n’est pas désagréable, mais nous laisse sur notre faim, surtout en ce qui concerne les remix de ces chansons qui n’en méritaient pas. Si la France a jadis été un des plus grands colonisateurs de la planète, on constate de plus en plus son statut de colonisé en matière de rock. On souhaite à Adam Kesher de s’émanciper, à l’instar de leurs compatriotes de BB Brunes et de Mademoiselle K. (DT) www.adamkesher.com

Pierre Lapointe En concert dans la forêt des mal-aimés avec l’Orchestre Métropolitain du Grand Montréal dirigé par Yannick Nézet-Séguin Audiogram/Sélect Y êtes-vous allés? Avez-vous vu quelque chose? Avez-vous entendu ces arrangements

magnifiques ou plutôt les complaintes des gens autour qui ne voyaient rien, bousculés par ceux qui essayaient d’aller s’acheter une bière ou de rejoindre leurs potes? Qu’on y soit allés ou pas, on peut applaudir l’idée folle de ce concert en premier mais surtout de sa captation. Une entreprise énorme pour un soir seulement, une centaine de musiciens ayant changé d’univers pour s’aventurer dans la fameuse forêt de Pierre Lapointe, la jetant aux oreilles devant eux et pour longtemps. On a dû travailler fort en studio (et sur place) pour tout balancer, parce que l’enregistrement est excellent. Après on peut se poser des questions sur certains choix d’arrangements, mais reste que c’était un événement mémorable. (LL) www.pierrelapointe.com

The Mars Volta The Bedlam In Goliath Universal Records

Avec ce quatrième album studio (en à peine cinq ans de délires post-on-ne-sait-trop assez spatiaux), le duo formé d’Omar RodríguezLópez et de Cedric Bixler-Zavala (les deux ex-At-the-Drive-In formant le cerveau de The Mars Volta) prouve encore une fois qu’il est clairement barjo. Après un album conceptuel inspiré d’un étrange journal intime (Frances The Mute), voilà que nos drôles de bonhommes racontent cette fois-ci avoir créé leurs textes sinueux à l’aide d’une médium et d’une planche de Ouija (achetée à Jérusalem!). Leur punk/rock/funk progressif/futuriste est vraiment et toujours aussi avant-gardiste, rappelant parfois la musique de Led Zeppelin, King Crimson, Santana, John Zorn, Frank Zappa, Mike

Patton et même Björk (pour l’électronique et la fantastique voix). On surfe sur leurs délires indéfinissables et infinis, leurs récits mystiques et autres denses mélodies. Faites gaffe avec cette drogue durement musicale (un psychotrope de type tropical), car on pourrait vous/leur mettre la camisole. (KG) www.themarsvolta.com

Saveur Marmelade Bombe au chlore/Dolce Vita Final Records

Après sa formation en 2000, Saveur Marmelade, un trio originaire de SaintJean-sur-Richelieu, a connu un parcours sinueux. Il nous propose un mini-album de deux chansons, Bombe au chlore et Dolce Vita. Saveur Marmelade fait dans le rock garage, aux arrangements simples mais efficaces, cette fois avec harmonica, et aux paroles assez simples. L’enregistrement est d’une assez bonne qualité, mais la voix de Phil Lips, intéressante et versatile, mériterait d’être mieux mise en évidence. Inspiré par le rock et le grunge des années 90, le groupe rappelle inévitablement Vilain Pingouin et autres groupes québécois de cette même décennie, et parfois même Gwenwed ou Les Breastfeeders, en moins léché. Productifs, les gars ont déjà fait paraître début 2008 deux autres chansons, résolument plus rock. À quand un album? (JB) www.saveurmarmelade.com

Dr. Draw Adagio MapleNationWide/Universal

Un rock-violoniste influencé par les grands compositeurs classiques, Chopin, Beethoven et toute la bande. Genre de pendant masculin d’Angèle Dubeau mais pour ados. Eugene Draw naît à Moscou et pratique le violon dès sa tendre enfance. Il développe son style et apprend la performance dramatique auprès de sa mère ballerine. Quand lui et ses parents déménagent au Canada, il entre dans une prestigieuse école de musique, le Royal Music Conservatory. L’institution le contraint trop et il quitte pour jouer dans les rues, où il peut improviser à sa guise. Au fil des expérimentations, son public s’élargit et il est bientôt découvert par les médias canadiens qui le proclament comme l’un des jeunes performeurs les plus prometteurs. Il jouera en première partie de Patti Labelle et lors d’une soirée organisée par Louis Vuitton. Il lance son premier album, The City, en 2003. Il sera suivi de Train 64 en 2006. Adagio, son plus récent effort, est un mélange de pièces au son parfois classique, parfois teinté d’électro. Pour jeunes prodiges rebelles. (MBP) www.myspace.com/doctordraw

Dan Vine Dreams Indépendant

Ça sent les années 80, ça transpire le synthé et c’est rempli de sons semi-kitsch. Dan Vine, DJ techno-disco-super-funky-partydance-yeah. Revivez les plus beaux moments

The Cockroaches The Cockroaches Real Big North Records

Dans la lignée des Howlin’ Hound Dogs, Alley Dukes et autres « cool cats » locaux, The Cockroaches livre un premier album fidèle à ses influences rockabilly, donnant l’impression d’avoir pressé ce disque dans les studios de Sun Records, époque Carl Perkins. Ayant établi un standard de qualité de par leurs prestations endiablées et faisant l’unanimité auprès d’une scène montréalaise capricieuse, leur force est devenue faiblesse sur cette galette, ayant un son plus léché que leurs coiffures, et moins « raw ». Tout de même bien exécuté, cet album étant parfois plus coccinelle que coquerelle, plaira au rockabil’ moyen et séduira sa petite amie. (MR) 19 mars Club Lambi (Montréal) www.thecockroaches.ca


M.

GÉRANT D’ESTRADE - musique

www.myspace.com/mimosamusique

Ondes Souterraines Stéphane Martel

La maudite machine à hype

Faisons un petit voyage dans le temps et transportons-nous en 2005. À l’époque, le web regorge de blogueurs en herbe vantant les mérites d’un petit groupe de Sheffield en Angleterre. Le quatuor en question s’appelle Arctic Monkeys et avec un minimum de débrouillardise, on peut se mettre dans l’oreille ses premiers démos qui circulent librement en format mp3. Sans avertissement, le raz-deel maréeStép médiatique commence à déferler. Partout, on encense ces quatre jeunots hane Mart qu’on qualifie de «nouveaux messies du rock», «meilleurs que les Strokes. Meilleurs que les Libertines». Bref, on n’est pas loin des inventeurs du bouton à quatre trous. On appelle ça de la belle grosse hype. Fast forward en janvier 2006, Whatever People Say I Am, That’s What I’m Not, leur premier opus, apparaît dans les bacs des disquaires et tranquillement, la poussière commence à retomber. On découvre alors que cet incroyable petit groupe de garage était… incroyablement surestimé.

| BANG BANG | VOLUME TROIS • NUMERO 2

Je suis blasé de la hype. Totalement. Blasé de me faire manger tout rond par ce goinfre toujours affamé. Blasé d’observer des gens sous l’emprise d’un nouveau venu avant même d’avoir consommé son produit. Blasé de voir les blogueurs et la quantité exponentielle de sites consacrés aux nouveaux espoirs alimenter la maudite machine à hype qui grossit de jour en jour. Dans notre société d’idoles instantanées, d’American Idol et autres Star Académie, il ne faut pas se surprendre de la force herculéenne de cette damnée machine.

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Avouons-le, la machine à hype est vorace. Elle bouffe tout ce qui possède un minimum de talent et crée des attentes complètement démesurées chez le public. La machine à hype est sans pitié. Combien de fois un artiste sera considéré out (dépassé, si vous préférez) des mois avant la parution de sa première galette? Il est évident qu’on manifeste un intérêt complètement disproportionné envers une tonne d’artistes émergents (incluant Vampire Weekend). Des artistes ayant peutêtre, à la base, un certain potentiel, mais loin d’être prêts à voler de leurs propres ailes. Je n’ai pas assez de mes dix doigts pour compter les pauvres victimes de ce monstre rapace au cours des cinq dernières années. Combien d’artistes s’avèreront à la hauteur de la hype une fois que leur album physique se retrouvera sur les tablettes des disquaires? Combien de faux espoirs dans le lot?

42 - 43

Cette année, la nouvelle coqueluche des médias a pour nom Vampire Weekend. Quatre garçons dans le vent issus de la Grosse Pomme dont les chansons circulent sur le web depuis déjà plus d’un an. Pour moi, Vampire Weekend, c’est comme du yogourt… nature. Je m’explique: recette pas très originale, pas beaucoup de saveur, tombe vite sur le cœur. Honnêtement, je crois qu’il faut avoir grandi dans les années 70 (ou ignorer complètement les années 80 et 90) pour trouver un quelconque intérêt (ou originalité) à cette bande de nerds universitaires. Moi, je suis allergique. Complètement. Ces voix haut perchées, ces courtes pièces débordant de joie de vivre et de bons sentiments, ces mélodies simples, faciles à fredonner, ces musiciens pas particulièrement exceptionnels. Je me demande pourquoi on fait référence à Peter Gabriel (dans Cape Cod Kwassa Kwassa) alors que c’est plutôt une pâle copie du Graceland de Paul Simon qu’on offre en pâture aux auditeurs. Désolé, mais je ne comprends pas du tout les critiques élogieuses et l’enthousiasme débordant (voire délirant) à propos de Vampire Weekend. Faut croire que c’est tout simplement pas ma tasse de thé. Tout comme les Arctic Monkeys, il y a deux ans, je suis convaincu qu’on finira par se rendre compte que ce petit groupe était, finalement, extrêmement surévalué. Pour l’instant, la vague Vampire Weekend continue de déferler sur tous les continents (particulièrement en Amérique), poussée par ce vent de hype.

FÉVRIER 2008

Ondes Souterraines



M.

Hard To Hold On To Milagro/Outside

Ouvrez vos oreilles et pincez-vous le nez car vous avez là un album qui sent fort la pomme de route, la sueur et le fond de tonne! No Barbers Required, enfants bâtards de Hank Williams et Stompin’ Tom Connors, signe un premier album aux accents honky tonk et bluegrass, agréable tel un bon whiskey. Ses chansons, parfois entraînantes, parfois nostalgiques, vous donneront le goût de vous

Méchant Méchant! Mimosa Musique/Local Distribution

Sans vouloir être méchante, il y a quelque chose qui ne passe pas avec l’album de Mimosa. Les ballades ordinaires qui ralentissent le rythme? La voix pas assez mise

www.marah-usa.com

No Hero For Today Démo Indépendant

Il y a toujours quelque chose de spécial dans le fait de découvrir le démo d’un groupe. Surtout quand on sent qu’il s’y trouve un réel talent. No Hero For Today est un jeune quintette de Thetford Mines qui y va pour le mélange de plus en plus courant de punk rock, rock’n’roll et breakdown hardcore/métal. La première comparaison qui m’est venu en tête en écoutant la chose est Silverstein. Une musique jouée avec une passion et un plaisir évidents. Je ne vous dis pas que c’est une véritable révélation pour la scène québécoise, ni qu’on n’est pas déjà saturés de groupe dans le genre, mais si les efforts sont constants et qu’ils multiplient les shows, je ne serais pas surpris de voir ce groupe-là attirer l’attention de bien des gens. Étonnamment bien monté. Une petite touche personnelle ne ferait pas de tort. J’imagine que ça va venir avec le temps. (ACL) www.myspace.com/noherofortoday

Forty Birds Shotgun Therapy Indépendant

Forty Birds n’a rien à voir avec le groupe 400 Lapins… Ce disque de cette nouvelle formation montréalaise nous démontre qu’effectivement il y a du potentiel très agressif malgré un nom très amical envers les moineaux. Rappelant par moments Glassjaw, les pièces de Shotgun Therapy nous enlignent vers un univers musical tourmenté. Avec quelques attaques vocales rappelant parfois Mike Patton dans le grain ou du vieux Incubus, époque pré-S.C.I.E.N.C.E… Oups, dangereux ce que je viens d’écrire… Je vous annonce qu’il n’y a rien de rébarbatif là-dedans. Il est fort à parier que le chanteur Matt Pelletier a probablement été influencé par Incubus à l’époque où Brandon Boyd ne se trouvait pas aussi superbe qu’aujourd’hui. Sans rigoler, jetez une oreille sur la 5e pièce Into the Knife avec sa rythmique chaotique un tantinet Meshuggah. Si vous n’êtes pas convaincus avec cette chanson, je vous paie un roteux à la Belle Pro! (YKT)

23 février - Café Campus (Montréal) 21 mars - Katacombes (Montréal) www.fortybirds.com

FÉVRIER 2008

No Barbers Required

Mimosa

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www.myspace.com/bivouaq

C’est une machine à voyager dans le temps que nous offre Marah avec son sixième album qui transite aller-retour entre le son coquet propre à T-Rex/Bowie (Jesus In The Temple/Can’t Take It With You…), le rock springsteenesque (Blue But Cool), le blues générique façon Big Sugar (Angels Of Destruction!) et le folk tendance soft rock de Wilco (Angels On A Passing Train). Qui trop embrasse mal étreint, cet album aurait mérité d’être davantage unifié. Cela dit, l’alliance créée entre harmonica, cuivres, piano, cornemuse, alouette! viendra aguicher votre oreille, si celle-ci est facile! (MR)

www.kamakazirock.com

BANG BANG

Un petit bijou en carton se dépose sur mon bureau ce matin. Quelle jolie pochette que celle de Bivouaq! Du carton doré et un sceau de cire comme sur les anciennes lettres. Les chansons à l’intérieur ont été faites avec autant de soin que leur emballage. Du folk rock soigné, des ambiances parfois rythmées, parfois mélancoliques. Des collaborateurs de renom ont participé à la confection du disque, notons ici Dany Placard et Francis Mineau (batteur de Malajube). Jérôme Gagné signe des textes intimistes, touchants. Quelques lignes suffisent parfois à tout dire. Avec Rémy Nadeau-Aubin (The Hot Springs) à la basse, Jean-François Mineau à la batterie et Catherine Chevalier à la trompette, Bivouaq vous offre un repaire musical surprenant et invitant. Des nombreux groupes folk qui grattent souvent les mêmes accords, Bivouaq se démarque ne serait-ce que par la voix du chanteur, inimitable, un brin déstabilisante au début. Écoutez son synopsis et voyez le film défiler entre vos deux oreilles. (MBP)

Angels Of Destruction! Yep Roc/Outside

Ça sonne vraiment comme du Sum 41, du vieux Green Day et d’autres bands punk à l’attitude jeune ado révolté. Des textes simples, humoristiques et imagés («t’es juste une agace / exactement comme ta mère» dans Clomysalyne) et des mélodies dans la plus pure tradition jeune punk. Petite pause en plein milieu de l’album qui fait penser à 3 Gars Su’l Sofa mais électrique. L’album est efficace du début à la fin. Kamakazi a trouvé son style et nous le garroche en pleine face, sans détours inutiles, tous spikes dehors. Là est la force de l’album. On aimerait un peu

de l’avant? L’attitude théâtrale trop sage? Un peu tout ça. Les pièces qui se démarquent (Crock’idylle, la très accrocheuse Pourkoi, Vipère, la délicieuse Miss Understood et l’éclatée Folle du rang) auraient fait un mini-album de la mort. Malheureusement, Méchant Méchant! est trop lisse, prudent, et surtout, il ne semble pas y avoir de leader dans le groupe au niveau musical. Dommage, parce que la chanteuse Ines Talbi à l’énergie et le potentiel scénique d’une Gwen Stefani. Cela dit, le groupe a certes énormément de talent et gagnera sans doute en assurance au fil des prestations. C’est original, ç’a de la gueule, ne manque que le facteur expérience. (MBP)

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Le synopsis de notre histoire Touche du Bois

Marah

Tirer le meilleur du pire Slam/DEP

plus de dénonciation, mais on imagine que ça viendra. Pour l’instant, le groupe a tout ce qu’il faut pour accrocher un public jeune qui gagnerait à apprécier le punk francophone. (MBP)

VOLUME TROIS • NUMERO 2

Bivouaq

www.nobarbersrequired.com

Kamakazi

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www.danvineonline.com

égosiller, bras dessus bras dessous, avec vos camarades de brosse au saloon. Cet album enjôlera votre coeur de cow-boy si vous aimez United Steel Workers Of Montreal et Les Fréres Cheminaud. Un must pour votre road trip de Saint-Tite à Nashville, en passant par Montréal le 15 mars au Café Campus. (MR)

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de vos partys de sous-sol du secondaire avec cet album. Sortez le stroboscope et les black lights, enfilez votre t-shirt fluo et vos espadrilles qui allument. Trêve de cabotinage, Dan Vine a enseigné la guitare au Conservatoire de Québec, en joue depuis l’âge de 14 ans et a fait ses découvertes musicales avec le heavy metal et le hard rock. Ses premières amours restent cependant le blues de son idole Stevie Ray Vaughan. Après toutes ces années, la musique que Dan Vine joue n’est pas celle qu’il écoute. Le trance, le techno et l’électro prennent le dessus. En 2005, il démarre un projet avec un clavier, une guitare et deux ordinateurs. Deux ans plus tard, il présente son premier album, Dreams. Pour rétro trance-rêveurs. (MBP)

GÉRANT D’ESTRADE - musique


L.

LITTÉRATURE

der mon sang-froid, à prendre ça cool. Pis sinon, je pouvais compter sur mon méga charisme, il m’a sorti d’emmerdes plus d’une fois. Que voulais-tu faire en écrivant ton livre? Dénoncer les sévices? Te libérer de tes démons? Nourrir tes fantasmes? Je voulais faire du cash. C’est certain que j’ai eu une coupe de hard-on, mais c’était la piasse qui primait. Peux-tu garder tes mains sur le dessus de la table, stp? … (il lève les yeux vers le plafond du bar, en exagérant un soupir du genre “c’était juste une joke”.) Parle-moi de la fois où tu as attaché Richard Martineau… Ah, fuck non! Demande à tes chums, il y en a sûrement une qui peut te le raconter, moé chus pu capable d’en entendre parler.

Edouard H. Bond Les portes du pénitencier

Il était 3 heures de l’aprèsmidi, un pluvieux vendredi de janvier, quand j’ai rencontré Édouard Hardcore Bond dans un bar pas trop sombre et toujours achalandé choisi par moimême. Après avoir lu son livre, Prison de poupées, j’aimais mieux être prudente. Pour tout dire, la plaquette de 122 pages parasite votre tête d’idées 18ans+ dont vous ne pouvez plus vous défaire. Dans le style porno-gore qu’on lui connaît, EHB raconte son infiltration dans une prison pour femmes à sécurité maximale et l’insoutenable réalité des détenues et de leurs tortionnaires. Attention: il s’agit d’un récit violent, très violent, dont l’action repose sur plusieurs scènes de sexe abondamment lubrifiées par des litres de fluides corporels et sur des séances de torture explicites. Rien pour nous rassurer quand on s’en va rencontrer l’auteur… Après les présentations d’usage, on a parlé tranquillement de la sortie du livre. De l’angoisse inévitable. Car si l’auteur d’un premier roman craint souvent un accueil mitigé ou négatif,

[NDLR: J’ai demandé à mes chums de filles pis y’en a pas une qui était au courant. Mais on gage combien qu’on peut tout trouver sur le site du principal intéressé edouardbond.blogspot.com?]

Ed, lui, dit redouter encore plus l’indifférence. Tiens, la bête est plus sensible qu’elle n’y paraît… REC Pour mettre les lecteurs de Bang Bang en contexte, explique-nous comment as-tu réussi à pénétrer l’univers de la prison pour femmes de St-Jean-de-Matha? Ed: Un journal m’a envoyé undercover pour y faire un reportage. On m’a assigné des jobines – cuisinier, aidebourreau, etc. – pis petit à petit, je me suis mis chum avec les détenues pis les gardiennes. Quel genre de crime ont commis les détenues? Des vols, des viols, des meurtres, name it. Pendant que j’étais là-bas, il y avait la cannibale de Repentigny. La plupart sont des méga récidivistes, sinon c’est des chicks dangereuses qui ont réussi à s’échapper de Tanguay ou de Joliette. On peut pu rien faire avec elles à part les envoyer à Matha, à moins qu’on ramène la peine de mort. Est-ce que tu t’attendais à y trouver une situation aussi explosive? As-tu eu peur des fois? Il y avait une certaine tension qui planait dans l’air, mais chus du type à gar-

Est-ce que cette visite de la prison de Matha t’a transformé? De quelle façon? Chus beaucoup plus sensibilisé au sort des prisonnières certes, mais j’ai aussi énormément de respect pour le travail des gardiennes. Elles dealent avec des ultra criminelles, elles n’ont pas le choix de se faire respecter. Veux-tu qu’on sorte les violons? C’est-tu d’une claque que t’as envie? … (rires embarrassés) Et à qui recommandes-tu la lecture de ton livre? À qui la déconseilles-tu? À toute personne intéressée par le milieu carcéral. Sinon, bin ça peut forcément intéresser ceux qui trippent sur le cinéma d’exploitation des années 70 pis sur le S&M. Mais définitivement pas à ta mère. Ça pourrait la faire freaker en tabarnac. STOP À mon grand étonnement, l’enregistrement de l’entrevue s’arrête là. Et moi qui ai passé deux heures à être professionnelle en posant les questions prévues sur un bout de papier. Ça adonne bien parce que la dernière fait une bonne conclusion mais…je n’ai aucun souvenir de ce qui s’est passé après le troisième vin blanc! Ed, as-tu mis quelque chose dans mon verre? (Candide Proulx)


Squirt (du verbe squirter): Éjaculation féminine. Blythe, Pullips et Bratz: C’est des marques de poupées. Les Blythe ont été créées en 1972, pis vendues durant seulement un an. C’est des jouets de collection aujourd’hui, ça vaut une fortune sur eBay. Les Pullips sont des poupées de collection aussi, mais elles ont été créées dins années 2000. Pis les Bratz sont des poupées de marde, vêtues comme des putes, les fillettes en raffolent! tH-35-ix: Une drogue puissante qui stimule à outrance le système nerveux. Une sorte de super cocaïne noire fabriquée artisanalement à prison de Matha. Ça se vend pas cher pis ça aide à passer à travers sa peine.

Le premier chapitre est offert à la lecture en ligne au www.coupsdetete. com.

Vice Magazine The Vice Photo Book Vice Books «How did we go from drunken jokers pissing away our tiny ad revenue to a news – and culture –reporting source

www.viceland.com

Esqu’y’a quelque chose de plus beau que prendre l’apéro, attablé sur la terrasse d’un café le long du canal St-Martin? Oui y’a beaucoup d’autres moments aussi fabuleux dans la vie, mais celui-ci est vraiment pas pire. Je finis mon pastis et vais rejoindre Tony Truant mon Wampas préféré pour qu’on se rende ensemble au petit bar La Féline, le repère des Betty et Billy parisiens. Cachée dans une mini-rue près de Ménilmontant, l’enseigne avec une splendide femme-chat indique l’entrée. Bino le rockabille aux doigts tranchés recousus nous accueille. Je l’ai connu la première des 10 fois où je suis venu ici. Sympathique. Prunelle Caron est assis au bar. Il me rend la pile d’Euros qu’il me doit. Bien. Peut-être qu’il a vu l’ardoise anti-crédit qui dit «Fuck you. Pay me» pis qu’il a eu peur. Mias je suis pas très méchant. Je lui paye un demi (verre de bière en fût, 3 Euros, soit environ $4,50. Mais on s’en fout du taux de change. Je cite Dom Elbo en disant: quand t’es en Europe, un Euro c’est comme un Dollar. Laisse ton cerveau tranquille, il a assez fait de maths à l’école. Tout ce qu’il veut c’est flotter dans le vin pis le fromage). Je commande un Picon-bière pour moi (4 Euros). Je suis pas du tout intéressé par les roses du paki-qui-vend-des-roses-dans-lesbars. Les 2 seules filles à séduire tout près sont camionneuses je pense. Je vais garder mes sous. De toute façon, je suis pas du genre à aller vers une inconnute en disant «euh, tu veux-tu une fleur avec moi?». Quoique, si j’avais une tactique d’approche doublée d’un sens aigü de la conversation, j’irais voir Mots-Croisés Girl, une brune joliment femme, portant une petite robe blanche et noire comme une grille à remplir de mots doux mous durs et mûrs. Ou j’approcherais Bonnette, blonde coiffée d’un bonnet vert, gantée de vert, enrobée de vert sauf pour les épaules et le dos nus, prête à faire des affaires. (Haha quesque je rime, branchez-moi un micro quelqu’un.) Le disc jockey Chic Black nous remplit les ouies de rock pétrochimique. Manu Laine sort de la toilette avec une porte qui barre pas, contourne les onze personnes qui font la file pour venir me donner une claque en criant «Putain Sunny!», 2 mots bien assortis on dirait. Il me paye une pinte (5 Eurozes). Pour le remercier je nous achète du Planteur, mélange rhum-jus de fruits qu’on trouve dans une bassine qui traîne sur le comptoir avec un écriteau au-dessus: «Il fait beau, il fait chaud, buvez du Planteur! 5 Euros.» Une création de Pat Patron, brute rockab qui gère la place.

Edouard Hardcore Bond Éditions Coups de Tête C’est un livre vraiment particulier. Unique. Extrême. Les premières pages sont insoutenables. Comme une épreuve initiatique. C’est l’invasion du domicile d’un petit couple 450. La femme est enceinte. Les trois envahisseurs leur administrent les mauvais traitements d’usage sauf que le réalisme des descriptions, des situations et des dialogues rend la lecture éprouvante. Exemple: «quand l’otage chie dans ses culottes, on le lave dans le garage avec

On retourne à l’intérieur. Tony Truant, ce gredin, s’est sauvé à dos de mobylette. Mais pas avec Mots-Croisés Girl qui est toujours là. De toute façon ça ferme, il est 2 heures. Pat Patron envoie au fond du bar les Cools qui pourront rester tard, quand la grille sera tombée. Nous on fait pas partie des Cools. Alors direction: le Quartier Général (voir archives du Petit Tavernier sur bangbangtemort.com). Ça ferme à 6am mais les pintes sont à 8 Euros. Ishhhh. Ici Sunny Duval qui vous rappelle que les gens dans les bars avec des plaies ouvertes qui saignent pas sont bons à éviter.

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Prison de poupées

Contrairement à souvent, pas de spectacle ici ce soir. Y’a assez de place pour que Nico Bolo danse avec les camionneuses. Même pas besoin d’enjamber l’orchestre coincé entre le bar pis la chiotte. Manu Laine m’emmène fumer sur le trottoir avec Clarisse Parisse. Je discute avec un bonhomme qui me donne un cigare Caraïbéen (que je fume en ce 10 février en écrivant cet article, en buvant une Jenlain blonde à votre santé.)

FÉVRIER 2008

Spéculum Collin: Spéculum, c’est l’instrument frette que t’aimes pas que ton docteur te rentre dans chatte, ou dans le cul, c’est selon. Collin, c’est la marque ou la sorte, je sais pas trop, je trouvais que ça faisait chic.

Bar La Féline 6 rue Victor-Letalle, Paris

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Bullwhip: Un fouet pour le bétail. C’est une arme super dangereuse pis pas évidente à manier. J’ai déjà fait un trou dans un mur pis failli me fendre la face avec le mien.

Je m’en voudrais de passer sous silence la qualité formelle du livre. EHB se livre à un exercice de style porno-trashgore, dont l’action est livrée comme dans un scénario (incluant la bandeson) et rendue avec un humour cruel et déjanté oui, mais auquel on finit par céder. Et il le fait avec une grande maîtrise. En résumé, la lecture de Prison de poupées est une Expérience avec une majuscule. Vous allez être complètement intoxiqués. Bon trip ou bad trip. Mais (rassure-toi Ed) certainement pas indifférents. Impossible. (Candide Proulx)

BANG BANG

Quirt: Un fouet à manche rigide qui finit par deux bouttes de cuir. Bettie Page a souvent été posée par Irvin Klaw avec un quirt.

18 bureaus worldwide – all in just over a decade?» Voilà la question que se pose Shane Smith, l’un des trois fondateurs de la célèbre publication, dans le texte d’introduction de ce livre de 330 pages. Le premier numéro de Vice, alors appelé Voice of Montreal, est paru en octobre 1994. On y voit le cover dans ce livre. Le premier numéro en papier glacé est lui paru en octobre 1998. «This is when we started caring about pictures», dit Gavin McInnes. Puis des images légendaires, ils en ont. Le livre comprend non seulement plusieurs des photos classiques qui ont fait la renommée de Vice et plusieurs que vous n’avez aussi probablement jamais vus, mais aussi des entrevues avec les photographes. Qu’elles soient laides, sexy, troublantes, nues, belles, surréalistes, dégueulasses ou choquantes, les photos nous frappent pratiquement à tout coup. Vous serez aussi contents d’y retrouver quelques-uns de leurs reportages de photojournalisme. Mon préféré demeure celui réalisé sur la pauvreté dans la ville d’Inez, Kentucky. Juste un livre TRÈS le fun et intéressant présenté dans une façon unique au Vice. «This book represents an epic journey for us. Plus, we just like to look at pictures.» (ACL)

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Si vous êtes comme moi néophyte en matière de châtiments corporels ou si vous souhaitez vous familiariser avec les objets qui traînent dans la prison de poupées d’EHB, voici un petit abécédaire que vous pourrez «googl’imager» dans vos temps libres.

la hose.» Puis viennent le deuxième, le troisième, le quatrième chapitre. On s’habitue par la force à cet univers qui passe du cauchemar au film d’horreur, ensorcelé par l’immense talent de EHB. À chaque page, on s’attache de plus en plus à cette voix qu’on entend littéralement sortir du papier, qui nous transporte dans le panier à salade avec une cannibale, nous raconte la fois où Véronique s’est retrouvée dans une chambre de motel avec une bande de motards pas trop appétissants, qui nous susurre des «chérie» à l’oreille entre une double pénétration et une ligne de coke.

VOLUME TROIS • NUMERO 2

Abécédaire: Les outils du SM expliqué par Ed

Gérant d’estrade - LITTÉRATURE

myspace.com/lafelinebar

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L.


B.

Gérant d’estrade - BANDE dessinée

fantasy. La richesse du caractère des personnages et leurs évolutions personnelles rendent la lecture aussi intéressante pour des adultes que pour des enfants. Bien que les couleurs et le style graphique fassent plus «jeune fille», passer outre cette première impression sera une belle expérience pour la majorité des lecteurs. Dans un autre ordre d’idées, le personnage taciturne de M. Henri est à surveiller attentivement dans cet album tellement il se démarque du lot! (fh)

Un tueur sadique à mes trousses Cette histoire total véridique juré-craché ormonte à novembre 2006 — demande-moé pas pourquoi que c’est juste aujourd’hui que je te la raconte, j’en ai aucune fuckin d’idée. Ça commence à Rimouski. Le Cabaret des Auteurs du Dimanche y organisait une soirée de lecture à Cordée. Après avoir donné un excellent spectacle, JeanFrançois Aubé, Mario Bélanger, Ian Lauzon, Martin Perizzolo, Martin Petit pis moi-même sommes allés terminer la soirée dans un bar. Malgré le traitement royal qu’on nous a réservé — because la présence de vedettes dans not’beau groupe —, chuis resté sage. C’est que contrairement aux autres, j’allais pas passer la nuit à l’hôtel, il fallait que j’ordescende à Montréal pour aller vendre mes revues cochonnes à l’Expozine le lendemain. Autour de 4 heures donc, j’embarque dans mon char pis pars à recherche d’une station-service pour tinquer. Chose faite, je quitte Rimouski en prenant la route... 232. Oué, chuis arrivé par la 132, mais à cette heure tardive de la nuit, je confonds. C’est au bout de quarante-cinq minutes que je me rends compte de ma gaffe parce qu’il y a pas mal de côtes à comparer au trajet que j’ai fait pour m’en venir. J’ai pas de carte routière, les rares villages que je croise sont morts, pis la perspective d’ortourner de bord m’enchante pas trop trop. Chuis après me traiter de tous les noms quand j’aperçoie une madame après faire du pouce. Oué ! Une auto-stoppeuse à 5 heures du matin. Mais j’ai rien à perdre, tout à gagner, cette locale devrait pouvoir m’indiquer la voie vers la Sainte-20 qui me ramènera dans le 514. J’arrête dans l’accottement avec le coeur loadé d’espoir. Je sais pas ce que j’avais mangé pour avoir une telle badluck collée au cul, mais je me rends vite compte que la madame est débile léger — tics, défaut d’élocution, physionomie trisomique. Elle a plein de sacs en plastique remplis de canettes vides avec elle. Je lui explique quand même mon problème pis elle me dit que’elle va me diriger. Tout va bien jusqu’à ce qu’elle commence à me dire que son mari va lui câlisser une crisse de volée tantôt parce qu’elle est allée floaber du cash dins slut machines. Je garde ça pour moé, mais dans ma tête, je me dis qu’elle la mérite largement sa claque. On roule un boutte pis elle arrête pas de me parler de son enculé de mari, faque je lui dis poliement « Farme ta gueule », mais ç’en prend plus à une débile léger pour la fermer, faut que j’endure. Elle me fait tourner sur une route, pis une autre, j’ai un flash de Texas Chainsaw Massacre, pis j’aperçoie une pancarte qui indique que chuis en direction Nord. J’arrête le char net sur le point de commettre l’irréparable. « Heille bitch, aux dernières nouvelles, Montréal est au Sud ! » Un peu paniquée, elle me dit de me calmer les nerfs, qu’on est sur la bonne voie. T’sais, j’ai p’us bin bin le choix, faque les dents serrées j’orpars. On arrive dans une plaine pis elle me dit que la maison — le taudis, oué ! — au loin, avec de la lumière, c’est chez elle pis que j’aurai juste à continuer tout droit pour rattraper la 20. Je l’informe délicatement que je vas stopper ma machine une quinzaine de secondes, qu’elle s’arrange pour débarquer dans ce délai, sinon je la pousse à l’extérieur. En arrêtant, je vois une ombre qui fait les cent pas dans maison, j’ouvre la porte, elle sort pis je lui garroche ses sacs. Vrrroum, je décolle. Je dirais « fiouf » mais queques secondes plus tard, j’ormarque par le rétroviseur qu’un pick-up arrive à toute vitesse en arrière. Shot d’adrénaline, son fou furieux de mari s’en vient me faire la peau. Il fait nuit, je sais pas où chuis pis je chauffe un bolide de matante. Il me colle au cul ce qui semble être une éternité. Je me vois kidnappé, torturé, jouet sexuel pis repas au bout d’une semaine... Le psychopathe abandonne finalement — il a quand même une femme à battre — pis moé, je m’ortrouve au milieu de nulle part avec la chienne qui me coule dins veines. La luck me sourira enfin pis je tomberai sur la 20, j’arriverai en retard à l’Expozine pis je vendrai juste quatre exemplaires de Détresses, mais je me coucherai moins niaiseux, sachant maintenant ce que doit orsentir une proie qui se fait poursuivre par un prédateur, utile pour un auteur comme moé.

PLOGUES

www.edouardbond.blogspot.com www.edouardbond.blogspot.com

Magasin Général tome 3: Les hommes Loisel, Tripp, Lapierre & Beaulieu Éditions Casterman

Ce troisième tome de la série la plus franco-québécoise de l’heure est le plus macho à ce jour. Les hommes du village reviennent du bois et se rendent bien compte que la situation a changé depuis l’arrivée de Serge durant leur absence! Naturellement, là où il y a des hommes, il y a de l’hommerie, alors ça ne se passe pas très bien. Seul un événement tragique permettra l’acceptation exceptionnelle du cuisinier parmi la population mâle. À moins que son secret ne finisse par tout déranger une nouvelle fois? C’est à suivre… À noter qu’une édition spéciale contenant les versions crayonnées non coloriées est aussi disponible, comme pour les deux premiers tomes, sous le nom de L’arrière-boutique du Magasin Général. (fh)

Ce que le vent apporte Jaime Martin Éditions Dupuis – Collection Aire Libre

Sur un fond de révolution russe, un étudiant en médecine mêlée aux manifestations se voit contraint d’accepter un poste de médecin dans un endroit reculé afin de se soustraire aux

enquêteurs tsaristes. Mais la population peu instruite n’a pas confiance en ce jeune envoyé de la ville qui devra travailler fort pour surmonter les superstitions de la campagne, sans compter les morts mystérieuses qui surviennent l’hiver lors des périodes de grands vents… Est-ce qu’il restera assez d’habitants à soigner avant qu’ils ne tombent tous sous les griffes de la bête qui rôde dans les parages? Cette histoire est bien digne de la collection Aire Libre: un scénario solide et complet appuyé par un dessin soigné et artistiquement flou par moments. Une belle découverte! (fh)

Lou tome 4: Idylles Julien Neel Éditions Glénat

C’est un quatrième album très attendu que Julien Neel a présenté avant Noël. Depuis ses nombreuses visites au Québec, cet auteur jeunesse a continuellement gagné en popularité grâce à son talent de conteur et de dessinateur. La suite des aventures de Lou en vacances avec ses copines ne déçoit pas trop, tout comme les péripéties de sa mère en tournée promotionnelle pour son livre de

Le crépuscule des Dieux tome 2: Siegfried Jarry & Djief Édition Soleil – Collection Celtic

L’Anneau… Toujours et encore l’Anneau! Les légendes nordiques sont devenues la nouvelle vache à lait des éditeurs depuis l’adaptation cinématographique du Seigneur des Anneaux il y a quelques années et les éditions Soleil se devaient d’embarquer dans la danse. Même si leur collection Celtic est toute désignée pour accueillir cette autre version réarrangée des légendes anciennes, le résultat ne plaira pas à tout le monde. Le scénario touffu se mêle dans les envolées graphiques du dessinateur. Le tout ne se mélange pas très harmonieusement et l’orgie visuelle ne permet pas toujours de sauver l’histoire confuse. Bref, pourquoi faire simple quand on peut tout compliquer les explications sur les Dieux, leurs descendances légitimes (ou non) ainsi que les jeux d’influences qui se déroulent à mesure que l’histoire avance? À mes yeux, c’est un gaspillage de papier et une mauvaise utilisation des compétences des auteurs. Ces derniers pourraient sûrement faire mieux si un sujet vraiment original leur était confié. La question de l’Anneau et ses dérivés est vraiment utilisée à outrance ces derniers temps et l’intérêt s’en ressent. Quelqu’un doit y mettre fin au plus vite! Cependant, il y a peu de chance que ce soit l’éditeur Soleil qui le fasse… (fh)


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VOLUME TROIS • NUMERO 2

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