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« Tout ce que l’Homme est et fait est lié à l’expérience de l’espace » E. Hall dans Anthropologie de l’espace



Je remercie mon directeur de stage, Olivier Merrichelli pour son suivi et ses conseils tout au long du semestre.



sO MMA i r E introduction i/ sociologie et espace : deux notions étroitement liées

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1/ l’ExpériEncE dE l’EspAcE ET AnTHrOpOlOgiE dE l’EspAcE

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2/ un ExEMplE d’inTérAcTiOn EspAcE-sOciéTé

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ii/ le constat du logement en france

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1/ unE sATisfAcTiOn générAlE MAis un MAnquE d’EspAcE

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2/ l’invEsTissEMEnT dE nOuvEAux EspAcEs à HAbiTEr ET un rEn vErsEMEnT dEs cOdEs

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3/ unE prOducTiOn ArcHiTEcTurAlE EncOrE TrOp HOMO gènE

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iii/ une prise en compte des mutations sociétales en projet

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1/ l’indusTriE du «TOuT vErT» 2/ lEs nOuvEllEs sTrucTurEs fAMiliAlEs ET lEs MuTATiOns du TrAvAil 3/ l’invAsiOn dEs nOuvEllEs TEcHnOlOgiEs

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conclusion

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table des illustrations

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bibliographie

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annexes

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i nTrOd u c T iOn il peut paraître évident qu’architecture et société sont deux notions liées. cette dernière, en constante évolution, demande à ce que l’architecte anticipe ces changements afin de concevoir des espaces plus adaptés. « l’architecture se compose de l’ordonnance (ordo), de la disposition (dispositio), de l’eurythmie (eurythmia), de la symétrie (symetria), de la convenance (decor) et de la distribution ou économie (distributio). (…) On doit faire ces travaux en tenant compte de la solidité (firmitas), de l’utilité (utilitas) et de la beauté (venustas) ».1 cette citation de vitruve, encore utilisée aujourd’hui comme préambule à la définition, sans cesse à renouveller, de l’architecture, définit la discipline selon 3 termes : « solidité, utilité et élégance ». peu de personnes extérieures au domaine de la construction savent qu’une réflexion précède la conception architecturale. plus encore, que la discipline englobe des domaines d’études très variés. Ainsi, l’architecte doit maîtriser à la fois les aspects techniques et donc la structure (« solidité »), la fonction (« utilité ») et l’esthétique (« élégance ») nécessaires à la mise en forme d’un projet. pour ce mémoire, j’ai choisi de m’intéresser au terme d’ « utilité », et donc aux usages. depuis toujours, il semble évident que l’architecte répond à des besoins. ces derniers peuvent être très divers, mais sont toujours en lien avec la 1 vitruve, de Architectura, livre i, chap.ii, 1 et chap.iii, 2

société. d’un simple coup d’oeil historique, nous pouvons en effet nous rendre compte que l’architecture est indissociable des sociétés dans lesquelles elle évolue. par exemple, les temples antiques sont le reflet de la société polytheiste de la grèce ou de la rome antique, tout comme les châteaux-forts du Moyen-Âge renvoient au climat de tensions et à la société très hiérarchisée caractéristique de cette époque, ou encore le château de versailles, véritable emblême du régime politique monarchique de droit divin que le roi exerçait. ces sociétés ont utilisé l’architecture pour véhiculer des messages, souvent politiques ou idéologiques, ce qui, à grande échelle, a marqué des villes. pour exemple, rome est marqué par le style baroque qui témoigne du faste d’une époque, par ses formes, ses volumes, sa massivité et sa profusion d’ornementations. l’architecture est donc déterminée par la société dans laquelle elle évolue, et notamment par les contextes socio-économiques ou idéologiques qui, selon leur nature, donnent lieu à des architectures très divergentes. il semble évident que les sociétés sont en constante évolution. Or, l’architecture évolue-telle avec la société qui la produit ? de prime abord, il me semblait que l’architecture évoluait lorsqu’une société faisait face à de grandes périodes, à des évènements exceptionnels. J’avais en tête l’époque des Trentes glorieuses où une réponse architecturale (à savoir les grands ensembles) sont venus faire suite à des problèmes en terme de logement, tant au niveau qualitatif que quantitatif de cette

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période d’après guerre. Aux vues de l’évolution sociologique de la société actuelle, quelles sont les réponses apportées par l’architecture afin de répondre à ces nouvelles questions ? Afin d’affirmer et d’étayer cette question, nous nous limiterons à l’habitat collectif. En effet, l’habitat «regroupe nombre d’exigences et de besoins qui définissent l’Homme»2 et donc de surcroît la société dans laquelle il évolue. de plus, à travers l’histoire, l’habitat collectif, ou du moins l’habitat dense, est le mode d’habitat où de nombreuses hypothèses ont déjà été formulés : le caractère collectif de ces logements permet de poser de manière directe les questions du social. Enfin, situé la plupart du temps au cœur des villes, il est donc lié à l’urbain, lieu de modifications des sociétés par excellence, qui favorise l’essor économique, le progrès technique et la création culturelle. dans un premier temps, nous expliquerons le lien fort qu’entretiennent espace et société en tentant de les définir. Ensuite, nous évoquerons la situation actuelle du logement et les attentes de la société concernant celui-ci. Enfin, nous traiterons les mutations sociétales les plus notables que nous mettrons en lien avec des projets contemporains qui tentent de répondre à ces nouvelles questions.

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J. Krebs, concevoir l’habitat, p. 9


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i/ sociologie et espace : deux notions étroitement liées 1/ l’ E x pé r iEn c E d E l’ Es pA cE E T A n T Hr Op Ol Og i E d E l’ E spA c E

depuis la révolution industrielle, la notion d’espace a pris un sens nouveau. il devient un déterminant dans la conception du projet. les ingénieurs se démarquent alors des architectes. par leur formation plus technique et distante de celle enseignée aux beaux-Arts, ils créent de nouvelles formes d’architecture possibles notamment grâce à la structure métallique. Apparaîssent alors de nouvelles formes d’équipements publics tels que les grands halls de gare, les équipements de spectacles ou des bibliothèques, comme celle d’Henri labrouste par exemple qui fait modèle en terme de fluidité spatiale et de qualités de lumière. l’espace a toujours été un déterminant social : la transformation du monde caractéristique du xixème siècle et notamment le libéralisme économique favorise l’expérimentation de ces nouveaux espaces. les plus pauvres, qui jusqu’alors se partageaient les espaces les plus restreints, découvrent ces grands espaces et les pratiquent. la notion de confort liée aux qualités spatiales se diffuse alors, même si les disparités entre classes sociales ne s’effacent pas, surtout en terme de logements. la spatialité entre donc alors dans la conscience collective et on s’intéresse à cette notion dans de nombreux autres domaines. par exemple, on cherche à démontrer les vertues thérapeutiques de l’espace en terme d’hygiène et de prévention contre la diffusion de certaines maladies. c’est notamment paul Juillerat qui, avec son étude sur les îlots insalubres de paris, détermine alors des « bons espaces » et les caractéristiques que ces derniers doivent avoir sont rassemblées dans une nouvelle science

appelée « hygiène urbaine ». Ainsi, selon lui, « l’extention de la maladie » est dépendante de « la hauteur des immeubles, l’étage de la maison, la hauteur des fenêtres, et la densité de population dans le logement »11. il y dénonce égalemment les conditions de vie déplorables dans les chambres de bonnes. suite à cette redécouverte de la notion d’espace, des spécialistes de diverses professions s’intéressent à ce concept transversal et produisent des études. c’est alors qu’apparaît notamment l’anthropologie de l’espace, c’est-à-dire l’étude des Hommes, de ses caractéristiques (à la fois physiques et psychologiques) et des relations qu’ils entretiennent avec l’espace habité. Ainsi, c’est avec les travaux de claude levi strauss et la publication de Tristes Tropiques que le grand public découvre ces nouvelles pensées. il y décrit une société amérindienne, les bororos, et leur manière de vivre. l’espace de vie de ce peuple est très organisé et réglé en fonction de sa manière de vivre : les hommes sont propriétaires de l’espace central et les femmes des cases disposées concentriquement. suite à l’arrivée des missionnaires catholiques souhaitant les convertir, les bororos vont alors être forcés de quitter leur village et leur territoire pour des campements de fortunes au plan, non plus circulaire, mais quadrillé. ce type d’habitat ne correspondant pas à leur mode de vie couplé à une organisation de l’espace qui leur était inconnue, provoque une 1 M. J. dumont, le logement social à paris 18501930: les habitations à bon marché, p. 40.

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perte de repères totale allant jusqu’à des cas de folie provoquant la disparition de ce peuple. les bororos avaient donc organisé leurs espaces de manière à ce que les actions commandées par leur culture puissent s’y dérouler. dans ce cas, l’espace n’est pas simplement conséquence des intéractions sociales mais bien « producteur » de ces dernières. de plus, face au destin tragique de ce peuple dont c. l. strauss a été témoin, nous constatons que sans ces repères spatiaux, il n’y plus aucune action sociologique qui puisse s’y dérouler. l’architecture a donc une action sur l’Homme.

cases des femmes cases des hommes

schéma de l'organisation spatiale des bororos cases hommes et femmes mélangés

schéma de l'organisation spatiale suite à l'arrivée des missionnaires catholiques

figure 1 : schéma d’organisation spatiale des logements bororos

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il est clair que, pour ces sociétés indigènes isolées, l’espace devient déterminant. En effet, ce dernier structure l’identité d’un groupe autant du point de vue culturel que naturel, et permet toutes les interactions dont le groupe a besoin pour vivre. Espace et culture se nourissent l’une l’autre de manière à ce qu’un changement d’espace induise des changements culturels et vice versa.

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changements culturels changements spatiaux

figure 2: schéma de l’action simultanée d’un changement spatial ou culturel


Or, en observant la société actuelle, il semble que les observations faites ci-dessus peuvent être nuancées. de nos jours, la mondialisation, l’évolution de la mobilité à grande échelle et de l’information, nous montrent que l’Homme peut s’adapter à un espace donné, tout en concervant ses caractéristiques culturelles.

il existe donc une intéraction entre espace et société. la mondialisation, le développement des moyens de mobilité et la diffusion de l’information, amenuisent l’intéraction entre ces deux notions. il apparaît que l’espace est un déterminant pour une société, mais il reste adaptable et appropriable en fonction des besoins de l’Homme.

En effet, de plus en plus de personnes vont vivre dans un autre pays, une autre culture. ils peuvent alors conserver les activités sociétales qui les caractérisent, en s’appropriant leur espace par exemple. Le simple fait spatial n’influe pas forcément sur les intéractions sociétales. En effet, à plus petite échelle, geoge perec pose la question de savoir si « lorsque, dans une chambre donnée, on change la place du lit » est-ce que l’on « change la chambre ? »1. perec pose ici la question de l’appropriation. On pourrait, sans changer d’espace, mais en se l’appropriant, changer les intéractions sociétales qui s’y déroulent. souvent à l’adolescence, un enfant ressent le besoin de réorganiser son espace de vie afin d’avoir de nouvelles pratiques dans celui-ci. En effet, la chambre est, pendant l’enfance, l’espace du jeu alors qu’à l’adolescence, cette dernière devient une pièce autonome, plurifonctionnelle, car elle est à la fois une pièce de l’intime et de réception, comme une cellule annexe à l’habitation. c’est alors que l’on constate l’arrivée dans la chambre de mobilier habituellement réservé au salon, comme un canapé, accompagné d’une table basse afin d’y recevoir des amis. 1

g. perec, Espèce d’espace, p. 18

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2/ u n E xE M p lE d ’i n Té rA c Ti On E s pA cE - sO ci é Té

dans Anthropologie de l’espace, françoise paul-levy & Marion segaud tentent de classer les différentes interactions société – espace en deux grands groupes qu’elles nomment « reformulations ». d’abord, on trouve les « reformulations endogènes » qui sont les changements spatiaux-culturels inhérents à la société elle-même, c’est-à-dire lorsque la société évolue en son sein, sans suivre d’autre intermédiaire que les bouleversements sociaux-culturels ou économiques qui s’exercent sur elle. On peut alors prendre l’exemple de la réorganisation du foyer après la seconde guerre mondiale. En effet, à cette époque, les circonstances sociales font que la famille ressent le besoin de se recentrer sur elle-même. On constate alors un changement de statut des pièces telles que la salle à manger ou le salon qui, deviennent des lieux de réunion de la famille, et non plus des espaces de réception. A contrario, viennent les « reformulations exogènes » qui sont les bouleversements sociaux provoqués par des facteurs extérieurs qui conduisent à des changements. ce facteur est le plus souvent lié à un souverain qui, par la force, provoque volontairement des bouleversements sur la société ou l’espace. On peut alors reciter l’exemple des missionnaires catholiques qui relogent les bororos. ces intéractions sont souvent violentes, et en lien avec un roi, un chef d’Etat.

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Figure 3 : affiche éditée par le SFIO promouvant les avancées sociales que le parti a apporté à la france


la mise en place de lois qui régissent le logement ou influent sur la société, ainsi que des contextes économiques particuliers provoquent des changements sur l’espace habité. En 1912, la loi bonnevay autorise la création d’offices d’habitations à bon marché (HBM) et impose une surface minimale aux pièces qui doivent être d’au moins 9m2 afin d’éviter la création de logements insalubres.

figure 4 : la maison aluminium composée de panneaux de un mètre (1949)

de la même manière, en 1936, suite à une série de mouvements sociaux, le front populaire alors au pouvoir, donne le droit à tous salariés de profiter de 15 jours de congés payés annuels. cette avancée provoque de grands changements dans la société : les vacances, jusqu’alors réservées à une élite bourgeoise, se démocratisent. On assiste alors à un fort développement du tourisme balnéaire ou encore à la naissance du camping favorisés par le développement des transports. de nombreuses photographies, et affiches de cette époque témoignent de cette évolution et promeuvent le parti alors au pouvoir (cf. figure 3). Enfin, suite au contexte d’après guerre et au manque criant en logements, Jean prouvé, développe une architecture de préfabrication industrielle à base de coques, de portiques et de panneaux d’un mètre de large qui influence sur l’espace habité et la future production architecturale. On assiste à une architecture standardisée et homogène provoquée par la systématisation des modes de constructions (cf. figure 4).

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ii/ le constat du logement en france 1/ u n E s AT i s fA c Ti O n g é n é r A l E M Ai s un M A nqu E d’ E s pA c E Au premier abord, il peut paraître plus évident que de nos jours, la qualité de l’offre en logements satisfait la plus grande majorité de la population en terme de confort et de possibilités d’usages. En effet, de plus en plus de règles régissent la construction de logements depuis de nombreuses années, ce qui a permis d’améliorer le confort des bâtiments. Afin de mesurer le taux de satisfaction en terme de logement, il est intéressant de se pencher sur les études qui interrogent les français sur leur espace habité. selon l’insEE, 76% des habitants vivants dans des logements construits après 1990 se plaignent d’aucun défaut dans leur logement contre 50% pour les immeubles construits avant 1950. plus les logements sont récents, plus ces derniers semblent confortables. il semblerait, selon une enquête menée en 2001 par leroy Merlin, que la sécurité et le confort soient les deux facteurs essentiels à l’habitat mais Monique Ebel et philippe simon soulignent que cette définition est floue car « la définition du confort est spécifique à chaque personne » 11 . cette nécessité de sécurité est visible à Marseille où la constrution de résidences fermées se multiplie depuis quelques années. selon françois bellanger, la « principale attente exprimée par les français semble être l’espace »2. ces études nous montrent bien que les usagers parlent de besoin et non pas d’architecture. peu importe les dispositifs mis en œuvre par l’architecte, le seul besoin essentiel semble être l’espace. plus on en possède, plus 1 M. Ebel et p. simon, Entre confort désir et normes, le logement contemporain 1995-2012, p. 13 2 f. bellanger, Habitat, questions et hypothèses sur l’évolution de l’habitat, p . 24

l’éventail des possibles est large au sein de son logement. ce besoin d’espace n’est donc pas être un besoin d’espace en trois dimensions au sens auquel nous pourrions l’entendre : cette demande concerne uniquement un besoin de surface au sol et non de hauteur ce qui exclut des surfaces en double hauteur par exemple, qui pourraient améliorer de manière significative la qualité de l’espace de vie. ce dernier va à contrario de la surface des logements qui, pour plusieurs raisons, diminue d’années en années. En effet, pour les logements collectifs construits entre 1949 et 1981, la surface moyenne était de 68m2 et est passée aujourd’hui à 60m2, surement dû à l’augmentation du foncier3. de plus, une réponse pragmatique à ce besoin entrainerait un étalement urbain, voire une augmentation de la surface bâtie du territoire : c’est à l’architecte d’organiser l’espace de manière à donner une illusion d’espace supplémentaire.

3 M. Ebel et p. simon, Entre confort désir et normes, le logement contemporain 1995-2012, p. 154

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2/ l’invEsTissEMEnT dE nOuvEAux EspAcEs à HAbiTEr ET un rEnvErsEMEnT dEs cOdEs cette recherche du « plus d’espace » se fait ressentir au cœur des villes, notamment dans les quartiers anciens. En effet, bon nombre de personnes cherchent à aménager les combles de leur logement, et notamment les anciennes chambres de bonnes qui s’intègrent à l’appartement du niveau inférieur, en transformant ce dernier en duplex et ainsi profiter d’une pièce supplémentaire (qui est souvent aménagée en chambre pour un adolescent). On constate égalemment la création d’appartements lumineux et fluides en décloisonnant ce dernier niveau de service qui deviennent alors des espaces très recherchés et prisés, notamment des classes aisées. Au début du siècle dernier, p. Juillerat ou encore le docteur Héricourt décrivent pourtant ces pièces comme l’« une des hontes de notre civilisation, un des plus gros scandales de l’hygiène [...] »1. En effet, ces dernières avaient pour caractéristiques d’être étroites, peu confortables, simplement éclairées d’une lucarne. cet exemple montre, selon moi, que l’on assiste bien à une recherche d’espace en milieu urbain (quitte à réemployer des espaces de service qui avaient pour fonction de loger les domestiques des appartements bourgeois) et à un renversement des codes, de la bourgeoisie notamment, qui investit des espaces encore insalubres il y’a peu (cf. figure 5). On assiste à la réhabilitation et l’intégration des chambres de bonnes dans des projet de logement de prestige. Ainsi, Jean-paul lubliner crée un triplex dans un immeuble de sept étages 1 M. Eleb et A. debarre, l’invention de l’habitation moderne : paris, 1880-1914, p. 534

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près de Montmartre où il combine l’aspect typique des immeuble de la butte montmartroise avec un style plus contemporain pour concevoir des surfaces et des volumes impressionnants. les photos ci-contre nous montre bien que le niveau mansardé était très cloisonné, et ne profitait pas des qualités de lumières et de vues caractéristiques des derniers niveaux de ces immeubles d’habitation (cf. figure 4).

figure 4 : photographies avant et après travaux du projet de Jean-paul lubliner à Montmartre


pièces d'eau 27M2

12M2

espaces de vie

17M2

11M2 55M2

espaces nuit

13M3

10M2 20M2

12M2

0,19 m2

N

figure 5 : plans de la rĂŠhabilitation de chambres de bonnes en appartement de sylvain brioude

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3/ un E pr O d u c Ti On A r cH iT E cT u r A l E En cO rE T rO p HO M O gèn E

En parallèle, lorsque l’on demande aux français de décrire la « maison de leur rêve » il apparaît alors que, d’une manière commune, ces derniers évoquent de très grands espaces fluides non cloisonnés. On peut expliquer cet attrait commun pour le loft par les magazines et autres émissions grand public d’architecture et de décoration qui relaient, pour beaucoup, ce type d’habitat non applicable au grand public. Or, le loft est une habitation aménagée dans d’anciennes usines ou anciens ateliers qui permettent de profiter de grands volumes et d’une lumière naturelle qui provient souvent d’une verrière en toiture. Or, sur des sites internet comme marie-claire déco par exemple, on retrouve des projets de studios de 36m2 dans un style « loft ». le loft devient le nouveau style d’habitat des classes aisées qui remplace l’appartement bourgeois traditionnel et fait modèle. ces derniers habitent des espaces qui, à la base, n’étaient pas destinés à être des logements (comme les chambres de bonnes ou des usines par exemple) : le but étant de choisir son habitat en fonction des qualités spatiales qu’il propose et non plus du quartier dans lequel il se situe comme c’était le cas auparavant. ils cherchent à détourner les codes, mélanger les styles, à l’échelle du choix du logement comme de la décoration ce qui crée le phénomène de gentrification. Ce semblant de fluidité spatiale fait modèle, attire et fait vendre. On retrouve, à l’heure actuelle, un grand nombre de logements proposant un « décloisonnement » de l’espace, notamment sur les plans proposés par les promoteurs im-

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mobiliers. En effet, ces derniers s’appuient sur la volonté des français pour concevoir leur plan de logement afin de les vendre au mieux. le décloisonnement du logement ne répond pas seulement au goût français pour les lofts et les espaces fluides, d’autres logiques entrent en jeu : celles de l’économie et de la réglementation. Ainsi, les plans du maître d’oeuvre sont, en grande partie, définis par une logique d’économie de moyens et de respect de la réglementation pMr. cette dernière a pour but de faciliter la mobilité des personnes en situation de handicap. sa mise en application entraîne « une tendance générale à la réduction de la taille des séjours et à une augmentation des surfaces dédiées aux circulations et aux pièces d’eau et chambres »1 ce qui a donc pour conséquence la suppression de la pièce d’accès au logement. On entre alors directement dans les pièces de vie, avec pour beaucoup, une vue directe sur le séjour. de la même manière, les cuisines sont très souvent ouvertes sur la pièce de vie, ce qui permet de limiter la mise en place de cloisons. Or, une séparation, même partielle (avec un bar par exemple) serait souhaitable. On remarque aussi la systématisation de la bande jour / nuit ou une tripartition du plan. En effet, on retrouve une « bande jour » regroupant les pièces d’agrément, distinctement séparées d’une « bande nuit », composée des pièces plus « intimes ». généralement, cette séparation public / privé est marquée par les pièces d’eau et de service, comme on peut le voir sur les plans de logement de vinci.

1

Romain Levy, interview de M. Eleb, film Innovations de la série « Architecture de l’habitat », 2000


N

0

1

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espaces nuit pièces d'eau espaces jour

Organisation tripartite du plan

figure 6 : plan de logement du constructeur vinci, résidence le lavandou à Toulon

espaces jour

N

espaces nuit 0

1

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pièces d'eau / espaces de service

figure 7 : p lans de logements de Kaufmann and broad / immeuble «Adela»

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il semblerait alors que les français pensent que tous les griefs envers leur logement peuvent se résoudre par une augmentation de la surface au sol et un décloisonnement de l’espace. cette solution n’est, en soi pas fausse, mais il semble impossible d’agrandir significativement le logement de tous aux vues des prix du foncier et des problèmes d’étalement urbain auquel nous faisons face aujourd’hui. les classes aisées réhabilitent d’anciens espaces laissés à l’abandon pour les transformer en loft qui font alors modèles et les espaces décloisonnés semblent alors être la seule solution pour l’habitat. ces derniers ne répondent pas seulement aux goûts français pour les grands espaces, mais suivent de nombreuses réglementations et autres logiques économiques. quels sont donc les projets qui prennent en comptes les modifications sociétales afin de proposer des espaces différents au sein du logement ? quels sont les dispositifs que les architectes mettent en œuvre pour répondre à ces questions ?

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iii/ une prise en compte des mutations sociétales en projet selon françois bellanger, « beaucoup de sociologues et de démographes nous alertent sur les mutations profonde de notre société »1. (in Habitat(s) / françois bellanger). Afin de comprendre les mutations sociologiques de notre société et d’observer les dispositifs architecturaux que les architectes mettent place, j’ai choisi, pour la suite de mon développement, de ne traiter qu’une liste partielle de 4 grands changements sociétaux, à savoir la prise en compte de l’environnement en projet, les mutations au sein du groupe familial, les mutations du travail, et l’invasion des nouvelles technologies. la prise en compte de ces mutations, en soit très différentes les unes des autres, demandent aux architectes de mettre en place des dispositifs architecturaux. ces derniers «décrivent la manière dont l’architecture nous transforme et nous organise»2.

1 2

f. bellanger, Habitat(s), p. 32 A. guiheux, l’Architecture dispositif, p. 79

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1 / l’ i ndus Tri E du « TOu T v E rT »

A la fin du XXème siècle, des études démontrent que l’air à l’intérieur des logements est souvent plus pollué que l’air extérieur. A cela s’ajoutent plusieurs affaires de santé publique (par exemple l’amiante) qui provoquent une prise de conscience collective sur l’importance de la qualité sanitaire des logements produits. les français, comme la majorité des pays d’Europe ont donc réalisé que la planète était une ressource épuisable et que, pour la préserver, il fallait régler certaines questions environnementales. Ainsi, on trie ses déchets, on filtre son eau, on achète des produits biologiques, on économise l’énergie autant que faire se peut et on se renseigne sur l’impact environnemental de son logement. ces nouveaux agissements sont devenus des habitudes pour de nombreux français, certainement en lien avec les nombreuses campagnes de sensibilisation du ministère de l’environnement ou autres campagnes de publicitaires qui surfent sur cette vague environnementale. cependant, comment la question environnementale peut-elle entrer en considération dans le logement ? de nombreux textes de lois jouent un jeu important de nos jours et ont pour but de limiter l’impact environnemental des nouvelles constructions. Même si les architectes ont toujours conçu des projets en accord avec leur environnement, ces derniers les obligent donc à « négocier »11 avec lui, notamment en recherchant « de la bonne orientation , de l’aération naturelle, de l’écou1

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A. Masboungi, bien habiter la ville, p. 10

lement naturel des eaux, et de la reconvertibilité »2. c’est la rT2012 qui entre en vigueur actuellement et qui vise notamment à réduire les consommations énergétiques, les émissions de gaz à effet de serre, à encourager le développement des nouvelles technologies et contribuer à l’indépendance énergétique nationale. son principal but est de limiter les ponts thermiques et donc, d’encourager les architectes à une réflexion sur l’enveloppe des bâtiments. Même si l’isolation par l’intérieur reste possible grâce à de nouvelles techniques qui permettent de conserver de bonnes performances thermiques, on voit apparaître des projets innovants en terme de traitement de la façade. Avec son immeuble de logements sociaux rue rené-boulanger à paris, frédérique schlachet utilise un assemblage de prémurs, qui sont des panneaux préfabriqués en usine composés d’un isolant (cf. figure 8, 9). Outre les bonnes performances techniques obtenues grâce à cette technique, l’utilisation de ces panneaux a d’autres avantages, comme par exemple leur facilité de mise en œuvre (surtout dans le contexte particulier dans lequel se situe la parcelle d’intervention) une très bonne finition de l’enduit, une modénature innovante ainsi qu’un style moderne très urbain.

2

in ibid


figure 8 : façade sud du projet de logements sociaux de f. schlachet à paris

figure 9 : façade ouest du projet de logements sociaux de f. schlachet à paris

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s’en suivent des dénomination, comme la HqE (Haute qualité Environnementale) qui n’est ni un label ni une réglementation, mais une démarche volontaire du maître d’oeuvre concernant la qualité environnementale d’un bâtiment. ce genre de projet peut être soutenu par l’AdEME, association créé au début des années 90 qui, a une action de conseil et peut éventuellement soutenir financièrement ce type d’opération. de plus, la prise de conscience écologiste se retrouve dans le choix de son logement. la presse et une litterature spécialisée s’empare du phénomène et il n’est pas rare de retrouver sur les rayons consacrés à l’architecture des livres aux titres évocateurs comme « la maison biologique » ou « Ecostructures » ce qui a permis la démocratisation de ces nouveaux bâtiments et a créé un certain engouement pour ces derniers qui sont devenus « en vogue ». Ainsi, des bâtiments comme ceux d’Edouard françois sont pour moi très représentatifs de cette tendance écologiste. En effet, sans aborder les qualités en terme de développement durable qu’il met en œuvre dans ses bâtiments, ces derniers sont plus une image, la représentation commune de ce que le public entend par architecture environnementale. Avec Eden bio, il met en œuvre la végétation en façade qui vient participer à l’architecture du projet (cf. figures 10, 11, 12). De plus, il créé un parcours végétal au moyen des coursives en bois où vient s’accrocher une végétation abondante. celles-ci devient le symbole d’une vie privilégiée, protégée des nuisances de la ville. par ailleurs, le bois, comme sur les cour-

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sives, est très présent dans le projet, signe son grand retour auprès des maîtres d’oeuvres et d’ouvrages : il attire car il est symbole de cette architecture durable et saine. Avec les images du projet de « calanques » de Jean nouvel à Marseille dans le quartier de saint-Just, ce dernier pousse la végétation à son paroxysme (cf. figure 13). En effet, on ne voit qu’elle et celle-ci vient totalement cacher l’architecture qui est alors reléguée en arrière plan. faut-il cacher toute architecture pour qu’elle nous semble « environnementale » ?


figure 11 : maquette du projet «Eden bio» d’E. françois

figure 10 : la végétation qui s’accroche aux coursives et aux escaliers en façade

figure 13 : vue du projet «les calanques» de J. nouvel à Marseille figure 12 : façade de «l’Eden bio» d’E. françois

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la prise en compte de valeurs écologiques et environnementales dans l’inconscient collectif a accentué selon moi le désir de vivre dans un logement type individuel groupé. l’autonomie et la proximité avec la nature de ce type de logement sont pour moi, les caractéristiques qui les rendent attractifs. des architectes se sont alors emparés du phénomène et ont tenté de rassembler ces attraits et de les transposer à un habitat urbain, de plus grande densité. Avec le projet « les loggias », KOZ architectes tentent, d’attribuer au logement urbain quelques unes de ces caractéristiques : outre l’utilisation du bois et du vert qui joue le rôle de rappel à la problématique environnementale, les architectes ont su trouver des porosités pour créer des loggias, afin que chaque appartement puisse profiter d’un espace extérieur et de vues vers le paysage et l’environnement proche ou lointain tout en étant un minimum protégé des nuisances de la ville (cf. figures 14, 15). De plus, ils créent des porosités en plan, afin d’occuper la parcelle d’une manière juste et de proposer des espaces de jardin communs, afin que les habitants profiter d’un espace de nature privé. ici, les loggias et de larges ouvertures en retrait sont mises en place côté sud, ce qui permet de profiter d’une bonne qualité de lumière tout en se protégeant. face à cette façade, un stade offre un grand vide, et donc des vues lointaines qui sont une plus-value donnée au logement. Ainsi, il me semble aujourd’hui difficile de penser le logement sans espace extérieur, privé ou commun. ce dernier, couplé avec une offre de vue sur son environnement proche ou lointain

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connecte l’habitant à son environnement. la prise en compte de l’environnement en projet passe donc égalemment par un renouvellement des frontières entre intérieur et extérieur. c’est bow-wow qui met en place ce dispositif pour des logements à la rue rebière à paris, dans le cadre de la ZAc porte pouchet. les architectes mettent en place des balcons de taille variable à chaque fenêtre donnant ainsi la possibilité à l’habitant d’aller à l’extérieur à chaque ouverture (cf. figure 16, 17). On a donc une impression d’extention de l’espace habité, et donc un sentiment d’avoir gagné de la surface habitable en rendant plus floue les limites intérieur-extérieur.


figure 15 : loggia de la façade sud du projet de KOZ

figure 14 : façade des «loggias» de KOZ architectes

figure 17 : l’espace interieur de l’immeuble de logements de la rue rebière s’ouvrent vers l’espace extérieur

figure 16 : les balcons mis en place par bow-Wow à la rue rebière

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Tout comme à la porte pouchet, les ZAc (Zone d’Aménagement concerté) sont de véritables opportunités à l’expérimentation architecturale. En effet, la ZAc est une zone dans laquelle « une collectivité publique ou un établissement public y ayant vocation, décide d’intervenir pour réaliser ou faire réaliser l’aménagement ou l’équipement des terrains (…) en vue de les céder (…) ultérieurement à des utilisateurs publics ou privés »1. Ainsi, il apparaît des ZAc, comme celle de clichy-batignolles, qui prennent alors en compte la question environnementale à plus grande échelle : celle du bâtiment et celle du quartier, et donc de la ville car cette dernière est labellisée « éco-quartier ». paris met donc en œuvre avec cette zone d’aménagement une véritable politique de développement durable : tout est pensé en terme environnemental, de l’impact des bâtiments sur ce dernier, à l’utilisation d’éco matériaux, jusqu’au développement de la biodiversité dans les parcs créés et à la gestion des eaux et des déchets (cf. figures 18, 19, 20, 21). il semblerait que la question environnementale se soit développée dans un idéal commun et dans la volonté d’habiter un logement durable. Outre les dispositifs architecturaux existants pour limiter l’impact environnemental des nouvelles constructions, cette nouvelle approche a créé une production fortement tournée vers l’utilisation du bois, et de la végétation, et d’un renouvellement des relations intérieur / extérieur. de plus, cette prise en compte, relativement nouvelle, a semble-t-il amélioré de manière significative la qualité des logements proposés.

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En effet, ces nouvelles contraintes amènent à de nouvelles réflexions basées sur un recentrement sur l’Homme, et donc plus grande prise en compte de la société en projet.


figure 19 : schéma de la collecte pneumatique de la ZAc clichy batignolles

figure 18 : plan des espaces verts mis en place à la ZAc clichy-batignolles

figure 20 : schéma du système géothermique de la ZAc clichy batignolles

figure 21 : schéma du circuit de l’eau de la ZAc clichy batignolles

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2/ lE s n O u vEl lE s sT r uc Tur E s fA M i l i A l E s E T lE s M uTAT i O n s d u T r AvA il En travaillant sur le même thème que bow-Wow, c’est-à-dire la dillatation de l’espace et la diminution des limites entre intérieur et extérieur, lacaton et vassal, pour leur projet à la cité manifeste de Mulhouse agissent sur d’autres mutations sociétales. En effet, ces derniers proposent des logements dont la surface est largement supérieures aux typologies habituelles grâce notamment à des procédés constructifs innovants et des économies réalisées sur la mise en œuvre. A Mulhouse, cette dillatation spatiale passe donc par un agrandissement notable des surfaces proposées auquel s’ajoute de grands espaces de loggias. de plus, ils proposent ici de laisser la possibilité de « choisir » son entrée dans son logement (cf. figures 22, 23, 24). Effectivement, la mise en place d’une double entrée laisse le choix à l’habitant de pénétrer, soit par son jardin, soit par son garage. les logements étant organisés en duplex inversés, on retrouve en rez-de-chaussé un garage couplé à un chambre et pièce d’eau, les espaces de vie étant situés à l’étage (et inversement). le système de double entrée permet d’avoir des pratiques différentes au sein d’un même logement et que celles-ci se déroule sans déranger l’intégrité d’un des groupe et de préserver leur intimité. En effet, à l’heure actuelle, il semble évident que le rapport de notre société au travail a radicalement changé. En effet, la réforme des 35 heures établie sous le gouvernement Jospin est venue souligner la longue histoire de la réduction du temps de travail en france.

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cette dernière provoque alors une augmentation du temps passé dans son logement. On constate alors une volonté à l’aménagement intérieur, à faire de chez soi un lieu apaisant après sa journée de travail. de plus, il apparaît une augmentation notable du nombre de personnes qui travaillant à leur domicile. A cela s’ajoute les divers changements contemporains au sein de la famille. le changement de la société, l’allongement de la durée de vie, les phénomènes variables de cohabitation puis décohabitation, le mélange intergénérationnel au sein d’un même logement, les mariages plus tardif, l’augmentation du nombre de divorces font partis des nombreux facteurs qui entraînent un fort bouleversement des structures familiales ou en créé de nouvelles. le logement doit pouvoir répondre à ces nouveaux besoin, et s’adapter à la situation familiale qui n’est pas stable (cf. figure 24). suite à leur projet, lacaton et vassal, qui s’intéressent à l’appropriation que les habitants font de leur projet, nous apprennent que ces derniers n’en utilisent souvent qu’une pour accéder au logement. l’organisation en duplex inversés et la possibilité de la double entrée laisse l’avantage à l’habitant d’avoir un espace de « studio » complétement autonome au logement principal. On peut même imaginer l’aménagement d’une pièce de travail, qui, là aussi, pourrait être autonome.


figure 23 : façade du projet de lacaton et vassal à la cté manifeste de Mulhouse

figure 22 : lacaton et vassal laissent le choix de l’entrée aux habitants de la cité manifeste de Mulhouse

figure 24 : plans de logements qui évolue en fonction de la structure familiale

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cette autonomie laissée à un espace annexe au logement permet d’avoir des usages divers qui peuvent se dérouler sans perturber l’intégrité de la structure familiale tout en en préservant son intimité. Aussi, ce type de dispositif peut éventuellement servir lorsque les familles subissent le retour au domicile familial d’un jeune adulte par exemple, ou la mise en place d’un espace de travail autonome au logement. Alexandre chemetoff, pour son projet de 102 logements à blanquefort-la-rivière conçoit des habitations d’un type nouveau guidées par une réflexion visant à répondre aux actuels problèmes d’étalement urbain. En effet, il donne à l’habitat toutes les caractéristiques du logement individuel dans une zone à densité élévée. Ainsi, tout comme lacaton et vassal, l’habitant a la possibilité d’entrer et sortir du logement par deux endroits différents. l’une des deux entrées permet d’accéder au logement par les espaces publics tandis que l’autre, accessible depuis une rue étroite privative, donne sur les espaces privés. de plus, la construction d’un garage sur l’avant cour, qui donne sur la rue, peut, si l’habitant le souhaite, servir d’espace de travail autonome et donc de répondre aux nouvelles problématiques du travail à domicile (cf. figure 25). Enfin, l’extention du logement est possible, car l’architecte a pensé en amont à la possibilité d’une extention sur le garage, rendant alors le logement évolutif et adaptable au mode de vie de l’habitant (cf. figure 26). cette prise en compte de la compléxité des nouvelles structures familiales a été un facteur déterminant pour le projet de charles Henri Ta-

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chon dans le 18ième arrondissement de paris, rue du nord. En effet, il y créé une cellule autonome, près de l’entrée qui vient casser la partition jour/nuit du plan du logement traditionnel (cf. figure 27). Il dessine donc un duplex T5 où l’on trouve 3 chambres au niveau supérieur, et une chambre, couplée avec une salle de bain qu’il place dans l’épaisseur de l’escalier du niveau inférieur. ce type de dispositif permet alors de répondre à la « cohabitation », phénomène très actuel lorsqu’un enfant ayant pris son indépendance doit revenir au domicile familial pour diverses raisons. il propose donc un couchage et une pièce d’eau séparés des autres espaces de nuit. la proximité avec l’entrée du logement et la distance avec les autres chambres permet à cette personne de vivre sur un rythme différent des autres membres de la famille, sans les déranger. charles Henri Tachon répond donc, par cette organisation spatiale innovante, au phénomènes de cohabitation multigénérationnelle.


figure 26 : le caractère évolutif des longères de blanquefort en construisant sur le garage

figure 27 : c.H Tachon met en place une cellule autonome dans ses plans de logements à paris

figure 25 : multiplicité des entrée des T2 de A. chemetoff à blanquefort-la-rivière

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une prise en compte des bouleversements au sein de la famille et des nouvelles façons de travailler amènent donc à de nouvelles réflexions sur l’espace et la plus libre circulation des individus d’une même structure familiale. l’une des réponses possibles, en terme de logements collectifs, est la mise en place d’une circulation par coursives. ces dernières fonctionnent comme des rues semi-publiques qui favorisent les échanges avec son voisinnage et fluidifient la transition entre la rue et son logement, qui n’est alors plus coupée par la traversée d’espaces sans qualités, trop souvent non éclairés par la lumière naturelle. de plus, ces dernières, améliorent considérablement les qualités de l’espace d’entrée au logement et donc son seuil, on constate que l’espace habité se prolonge sur ces dernières. A cannes, cAb architectes cherchent à prolonger l’espace privé dans l’espace public via l’utilisation des coursives. celles-ci, s’éloignent des logements par des dispositifs ingénieux notamment la mise en place d’un jardin d’hiver qui vient se placer entre les coursives et l’espace habité afin de rajouter de l’épaisseur et donc d’en préserver l’intimité. sur le plateau de la Haye, nicolas Michelin use des même dispositifs à plus grande échelle. En effet, il conçoit 130 logements sociaux tous accessibles par des coursives desservies par des escaliers situés en avant de ces dernieres et en porte-à-faux sur la façade principale. la coursive, décollée de la façade des logements (là aussi par soucis d’intimité) est remarquable ici par sa largeur qui lui donne un carac-

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tère de terrasse et donc, donne une sensation d’espace en plus non négligeable. Enfin, à Villefranche-sur-Saône, Cédric Petitdidier et vincent prioux architectes poussent cette idée « d’espace en plus » et de facilité de circulation à son paroxysme. En effet, ils ne créent pas d’entrée distincte : toutes les pièces donnant sur la coursive son équipée d’une porte permettant l’accès sur cette dernière. les architectes laissent donc le choix à l’habitant et font disparaître l’entrée ce qui provoque une autonomisation des pièces et fait réponse aux mutations sociétales vues précédemment. cependant, ce système est possible car les architectes ont mis en place un escaliers pour desservir deux logements par étage. la coursive n’est alors plus un espace de circulation horizontal commun mais devient un balcon semi-privé.


figure 29 : logements à nancy de n. Michelin

figure 28 : logements à cannes de cAb architectes

figure 31 : plan de logement à villefranche-sur-saône de petitdidier prioux figure 30 : logements à villefranche-sur-saône de l’agence petitdidier prioux

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Outre l’utilisation de la coursive et donc d’une meilleure circulation des membres d’une même structure familiale, d’autres réponses aux mutations de la famille existent, et notamment par le caractère adaptable des logements.

les mutations sociétales dûes au changement des structures familiales et aux mutations du travail sont donc des facteurs intéressants à prendre dans la mise en place d’un projet de logement.

l’Agence nicolas Michelin et Associés (AnMA) dessinent à nantes des logements en « plots » sans aucun murs porteurs à l’intérieur de l’espace habité. ces derniers sont alors les disposés en façade et autour des circulations verticales. le fait de ne pas avoir de murs porteurs à l’intérieur des logements permet l’adaptabilité de ces derniers. les futurs occupants pourront donc, s’ils le souhaitent, casser une cloison pour agrandir un espace, ou au contraire, créer une pièce supplémentaire. les architectes ont donc pris en compte le caractère évolutif de la famille et créé, des logements capables d’évoluer, afin de répondre à de nouveaux besoins. En plus de son caractère adaptable, nicolas Michelin a réfléchi à ce que toutes les pièces principales soient plus ou moins de surface équivalente, en offrant des chambres de surface allant jusqu’à 16m2 et des séjours proportionnellement de taille plus réduite. ce rééquilibrage s’appelle le plan neutre ou le plan balloi : c’est un dispositif architectural utilisé par certains architectes, qui, devant l’incertitude des évolutions sociétales, permet de laisser le choix au groupe domestique qui va occuper le logement de s’organiser comme il le souhaite. Enfin, l’agence ANMA offre ici des logements de qualité en mettant en place notamment, de grande terrasses offrant la vue sur la loire à tous les habitants.

Or, est-ce que toutes les mutations sociétales ont des effets sur l’espace habité ? faut-il toutes les prendre en compte ?


figure 33 : logements sur l’île de nantes de l’agence AnMA figure 32 : plan d’étage courant des logements à nantes de l’agence AnMA et mise en évidence de l’équivalence des surfaces des pièces

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3/ l’i nvA s i O n d E s nO uv E l l E s TE c H nO l Ogi E s

qui aujourd’hui n’est pas équipé d’un téléphone portable ? En y réfléchissant, il paraît incroyable de voir comment la technologie, qui fait partie de notre quotidien aujourd’hui, a évolué en un laps de temps très court. cette dernière est tellement présente et banale aujourd’hui qu’il semble illogique qu’elle ait un quelconque effet sur nos espaces de vie. pourtant, il y’a peu, l’apparition du poste télévisé au sein du logement a totalement requalifié l’espace du logement. En effet, l’espace dit « de la famille », qui était initialement celui de la salle à manger où on se retrouvait pour prendre les repas, se déplace dans le salon, autrefois espace « de réception ». la télévision provoque alors un recentrement de la famille autour du salon, et donc un déplacement des pratiques. le repas ne se prend donc plus systématiquement dans la salle à manger (qui devient d’ailleurs plus l’espace « de réception ») mais dans le salon, sur le canapé induisant alors une réorganisation spatiale du séjour afin que cette nouvelle pratique puisse s’y dérouler de la manière la plus aisée possible. de plus, ce n’est que très récemment que la technologie s’est entièrement intégrée à nos espaces habités. En effet, celle-ci était jusqu’alors très localisée, dans le salon pour les appareils multimedias, dans la cuisine pour l’electroménager ou encore autour de la prise téléphonique pour les appareils de communication. Or de nos jours, avec l’avénement des appareils portables et de la technologie sans fil, type wifi ou bluetooth, les appareils electroniques sont utilisables dans n’importe qu’elle pièce de la maison.

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l’évolution des nouvelles technologies, en matière d’informatique, de téléphonie mobile, d’accès à internet, etc … couplé à l’augmentation du temps passé dans son foyer et donc la nécessité de nouveaux loisirs a provoqué l’entrée en masse de nouveaux matériels dans le logement. selon l’insEE, « un peu plus de 64 % des ménages déclarent avoir un accès à internet à leur domicile en 2010 contre 56 % en 2008 et seulement 12 % en 2000 ». Outre le fait que, suivant la catégorie sociale, le niveau de diplôme et la génération des personnes, ces chiffres varient, il semble évident qu’ils confirment l’évolution fulgurante constatée plus haut. c’est ainsi que les frontières entre appareils électroniques et habitat se sont amenuisées pour finalement disparaître. Dans certains ménages, on retrouve plusieurs postes de télévisions : dans le salon, comme dans la cuisine ou le salon, on peut regarder la télévision. de même pour l’ordinateur : avec l’arrivée de l’internet sans fil, s’est développé un interêt pour l’ordinateur portable qui a maintenant les mêmes capacités qu’un poste fixe. Toujours selon l’insEE, « En 2004, 69% des jeunes de moins de 17 ans ont accès à un micro-ordinateur à la maison ». les jeunes générations restent donc les plus équipées et semblent même préférer l’ordinateur à la télévision. l’invasion de ces nouveaux outils dans le logement ne provoque, en soi, pas de grands changements en terme d’espace.


figure 34 : la domotique, une technologie réservée à l’habitat individuel ?

figure 35 : projet de laurent Heckly à cachan qui intègre la domotique dans la conception du projet

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cependant, du fait que ces derniers s’intègrent à nos espaces de vie et notre environnement, ils provoquent de nouveaux usages et donc de nouveaux besoins. par exemple, depuis une dizaine d’années, on assiste à un fort engouement pour des télévisions de plus en plus plates, de plus en plus grandes et avec une qualités d’image de plus en plus réaliste. plus récemment encore, la 3d arrive dans le logement, et des consoles de jeux vidéos nous propose d’évoluer nous même dans un espace fictif à travers la télévision. comment ces nouvelles pratiques peuventelles influencer nos espaces de vie ? plus étonnant encore, l’arrivée de la domotique transforme les relations que l’on entretient avec son logement. En effet, ces nouvelles techniques permettant l’automatisation de la maison du point de vue du confort, de la sécurité et de l’énergie sont en plein essor. la publicités et autres schémas explicatifs des moyens mis en œuvre représentent, en majorité, une maison individuelle (cf. figure 34). La domotique est donc plus destinée à équiper ce type de logements. cependant, à cachan, laurent Heckly fait de cette technologie un moteur de projet et propose des appartements « intelligents » qui, grâce à la domotique, permettent au locataires de visualiser leur consommation en chauffage, en eau et en électricité mais aussi de la contrôler à distance. On assiste à une démocratisation de la domotique, qui était plutôt réservée à certaine élite habitant en maison individuelle. Même si l’on ne constate pas de véritable engouement pour ce genre de technologies au-

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jourd’hui, celles-ci renouvellent complétement le rapport que l’on a avec son logement puisque l’on peut intéragir avec lui sans être à l’intérieur de ce dernier. il y’a peu, une émission sur france inter expliquait que la domotique pouvait permettre de donner une autorisation d’entrée unique à une personne, sans être dans son logement. les frontières qui délimitent le « chez soi » s’ouvrent et même s’effacent grâce à la technologie, et même si on ne peut pas encore transporter sa maison via l’utilisation d’un smartphone, cela laisse présager de grands changements pour les décennies à venir. il faudra peut-être bientôt réorganiser le logement en fonction de ces nouvelles technologies. une mutation sociétale n’est donc pas forcémment toujours productrice de changements spatiaux. Elle peut se développer tout en conservant l’espace habité d’origine jusqu’à ce que l’activité sociétale ne puisse plus s’y produire.


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c Onc l usiO n Malgré l’amenuisement des relations entre espace et société, ces deux notions restent tout de même liées. « la structure du groupe domestique et des relations familiales d’une société est inscrite dans le plan des habitations qu’elle produit »1. certains architectes et promoteurs, soucieux de faire évoluer le logement, réfléchissent aux nouvelles questions qui surgissent au regard de notre société et tentent d’y apporter une réponse en terme de logement. cependant, les français portent peu d’attention à ces nouveaux espaces et on assiste à une production en logement très homogène, guidée par des logiques économiques ou une réglementation de plus en plus restrictive. L’offre en logements devrait être très diversifiée afin de répondre à une société en constante évolution et aux besoins de plus en plus variés. comment innover dans la contrainte ? patrick bouchain en fait son thème de prédilection. Selon lui, « il suffit parfois de dénommer les choses d’une certaine façon pour avoir le droit de les faire, de les décréter provisoires ou éphémères, pour lever les critiques et les interdits et pour ouvrir le champ de l’expérimentation. » l’architecture est une science, et celle-ci doit être en constante évolution pour répondre à l’évolution de la société. pour autant, toute science évolue par l’expérimentation, il faut donc trouver un moyen de contourner les lois qui dictent à l’architecte son dessin afin d’innover et donc, d’ouvrir le champ des possibles. 1 Entre confort, désir et normes, , le logement contemporain (1995-2012) Monique Eleb – philippe simon

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Ainsi, bouchain s’interesse à la loi qu’il faut, selon lui « interpréter ». dans criticat, il donne l’exemple de deux articles du code civil : « Toute personne, aussi bien seule qu’en collectivité, a droit à la propriété » « Toute personne a droit a un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation, l’habillement, le logement, les soins médicaux, ainsi que pour les services sociaux nécessaires : elle a le droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d’invalidité, de veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté ». par extension de ces articles, l’habitat ne devrait-il pas être adapté aux usages de chacun ? l’homogénéité de la production actuelle de logements ne s’oppose t’elle pas à la diversité des modes d’habiter de la société ? comment l’architecte peut-il alors interpréter la loi de manière à faire en sorte que de nouveaux dispositifs architecturaux voient le jour et réinterrogent la question du logement ? comment l’architecte peut-il créer des logements adaptés aux futurs usagers ? là aussi, patrick bouchain développe l’une des réponses possibles. il faut, selon lui, « construire autrement » en faisant participer les futurs usagers à la réflexion du projet. Pour les ensembles à Boulogne-sur-mer (cf. figure 36), l’architecte,


accompagné notamment de sophie ricard qui va habiter sur place afin de faire face à la réalité de ce quartier trop marginalisé et défavorisé, met en place un chantier participatif hors du commun où l’habitat est adapté en fonction des besoins et envies de chacun. l’urbanisme et l’architecture de cet ensemble pavillonnaire ouvrier est totalement différente grâce à la réflexion et une prise en compte de l’Homme comme moteur de projet.

figure 36 : les façades colorées du projet de p. bouchain à boulogne sur mer

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TAbl E dE s i l l u sTrAT i O n s : fig 1 : capon bastien, 2014, schéma d’organisation de l’espace habité des bororos. fig 2 : capon bastien, 2014, schéma de la double intéraction espace / société. Fig 3 : affiche éditée par la SFIO pour commémorer les 20ans du parti / < http://histoire-socialiste. over-blog.fr/article-nous-partons-en-vacances-1956-108629312.html> Fig 4 : photographie de la maison aluminium de Jean Prouvé par Patrick Seguin / < http://www.patrickseguin.com/fr/designers/jean-prouve/architecture/metropole-aluminium-house.php> Fig 5 : Capon Bastien, 2014, plan de réaménagement d’un étage de chambres de bonnes / < http:// www.batiactu.com/edito/chantier-isover-37818-p5.php> fig 6 : capon bastien, 2014, plan d’un étage courant d’un immeuble de vinci / plan à télécharger sur <http://www.vinci-immobilier.com/appartement-neuf-le-lavandou-cap-eden-tr2-21236> Fig 7 : Capon Bastien, 2014, plan d’un appartement de Kaufman & Broad / plan à télécharger sur < http://www.ketb.com/immobilier-neuf/maison-contemporaine/adela.aspx> Fig 8 et 9 : Schlachet, Frédérique, 2013, photographie de son projet de logements à Paris < http:// www.archdaily.com/80890/social-housing-in-paris-frederic-schlachet-architecte/> Fig 10 et 11 : Ogonowska, Patrycja, 2010, photographie du projet «Eden Bio» d’E. François à Paris < http://www.archdaily.com/89635/eden-bio-edouard-francois/> fig 12 : capon bastien, 2014, façade est du projet d’E. françois «Eden bio» fig 13 : Amétis, 2013, vue du projet de Jean nouvel de «calanques» à saint-Just à Marseille fig 14 : capon bastien, 2014, coupe du projet de «loggias» de KOZ architectes Fig 15 : Koz Architectes < http://www.koz.fr/indexhibit/index.php/projects/les-loggias/> fig 16 : capon bastien, 2014, plan d’un étage courant du projet de bow How à la rue rebière Fig 17 : AXXA Studio, 2013, < http://www.brunnquell-andre-archi.fr/galerie.php?id=27&photo=./ photos/27/rebie_768_reyAtelierybow_Wow_61474_ybrunnquellyAndre_769_yy_ydavidyboureauy4878.png> fig 18 à 21 : schémas explicatifs des éléments techniques mis en place à la ZAc clichy batignolles < http://www.clichy-batignolles.fr/leco-quartier> fig 22 : capon bastien, 2014, plan de logement du projet de lacaton et vassal à la cité manifeste de

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Mulhouse fig 23 : Hic et nunc (Aquí y Ahora), photographies des logements de lacaton et vassal à la cité manifeste de Mulhouse < http://hicarquitectura.com/2014/05/aeb-09-lacaton-vassal-duncan-lewisjean-nouvel-shigeru-ban-cité-manifeste-mulhouse/> fig 24 : capon bastien, plan de logements qui évoluent en fonction de la structure familiale, d’après «comment je fais évoluer mon logement» document de présentation du programme de l’opération de logements îlot KZ à Evry (91), fléxibilité et réversibilité proposées par Frédérique Monjanel. (2008) fig 25 et 26 : capon bastien, plan de rez-de-chaussé des logements de A. chemetoff à blanquefort la rivière, document pdf à télécharger sur http://www.semi-blanquefort.fr/programmes/liste-des-programmes/maisons-et-jardins.html fig 27 : capon bastien, 2014, plan de niveau du projet de charles Henri Tachon, document à télécharger sur son site < http://www.chh-tachon.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=48&Itemid=86> Fig 28 : Scoffier Richard, 2010, Porter équiper, article paru dans D’A, > http://richardscoffier.com/ assets/d-a-220-porter,-équiper.pdf> fig 29 : chalmeau stéphane, 2010, photographies du projet de 130 logements à nancy de l’agence ANMA, < http://www.anma.fr/FR/projet/128logementssociaux> Fig 30 : Petitdidier et Prioux, photographies de leur projet à Villefranche sur Soane, < http://www. petitdidierprioux.com/travaux.php?detail=4> fig 31 : capon bastien, 2014, plan de logement du projet de petitdidier et prioux Fig 32 : cf. fig 29 fig 33 : capon bastien, plan de logements de AnMA à nantes Fig 34 : < http://domotiquepro.canalblog.com/albums/la_domotique_en_image/index.html> Fig 36 : < http://strabic.fr/Patrick-Bouchain-ma-voisine-cette,48>

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b ibl iO g rAp HiE : ouvrages généraux : l’architecture moderne, une histoire critique / Kenneth Trampton les bâtisseurs d’avenir / Jean Michel leniaud ouvrages spécifiques : Tristes tropiques / claude levi strauss Entre confort désir et normes, le logement contemporain (1995-2012) / Monique Eleb – philippe simon Architecture dispositif / Alain guiheux contre l’architecture / franco la cercla une histoire de l’Habitat (1945-1975), 40 ensembles « patrimoine du xxième siècle » éditions beaux -Arts sociologie de l’architecture / florent champy Anthropologie de l’Espace / françoise paul-levy, Marion segaud Espèces d’Espaces / g. perec Habitat(s), questions et hypothèses sur l’évolution de l’habitat / françois bellanger Ecostructures, expression d’une architecture durable / A. Terranova, g. spirito, s. leone, l. spita bien Habiter la ville / sous la direction d’Ariella Masboungi / éditions le Moniteur concevoir l’Habitat / Jan Krebs / éditions birhäuser sites internet : http://www.memo.fr/article.asp?ID=THE_ART_027 http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/ip1011.pdf http://data.over-blog-kiwi.com/0/53/23/65/201312/ob_ce1a26d0a739e24ec4524db22bd91809_ bou-presentation-01-re.pdf

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Ann ExEs : lOgEMEnTs sOciAux ruE rEné-bOulAngEr / frédériquE scHlAcHET / pAris (10EME) EdEn biO / EdOuArd frAnçOis / pAris (20EME) lEs lOggiAs / KOZ ArcHiTEcTEs / pAris (12EME) 22 lOgEMEnTs ruE rEbièrE / bOW WOW / pAris (17EME) ciTé MAnifEsTE / lAcATOn ET vAssAl / MulHOusE 102 lOgEMEnTs / AlExAndrE cHEMETOff / blAnquEfOrT-lA-rivièrE lOgEMEnTs ruE du nOrd / cHArlEs HEnri TAcHOn / pAris (18EME) lOgEMEnTs sOciAux / cAb ArcHiTEcTEs / cAnnEs lA bOccA 130 lOgEMEnTs sOciAux / AgEncE nicOlAs MicHElin & AssOciés / nAncy 30 lOgEMEnTs / AgEncE pETiTdidiEr & priOux / villEfrAncHE sur sAônE HAbiTEr lEs quAis / AgEncE nicOlAs MicHElin & AssOciés / nAnTEs

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lOgEMEnTs sOciAux ruE rEné-bOulAngEr frédériquE scHlAcHET / pAris (10EME)

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EdEn biO frAnรงOis / pAris (20EME)

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lEs lOggiAs KOZ ArcHiTEcTEs / pAris (12EME)

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22 lOgEMEnTs ruE rEbièrE bOW WOW / pAris (17EME)

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ciTé MAnifEsTE lAcATOn & vAssAl / MulHOusE

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102 lOgEMEnTs AlExAndrE cHEMETOff / blAnquEfOrT-lA-rivièrE

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lOgEMEnTs ruE du nOrd cHArlEs HEnri TAcHOn / pAris (18EME)

& 4 1"$ & 4 / 6 * 5 $ ) ". # 3 & "6 50 / 0 . &

60


lOgEMEnTs sOciAux cAb ArcHiTEcTEs / cAnnEs lA bOccA

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130 lOgEMEnTs sOciAux AgEncE nicOlAs MicHElin & AssOciés / nAncy

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30 lOgEMEnTs sOciAux AgEncE pETiTdidiEr & priOux / villEfrAncHE sur sA么nE

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HAbiTEr lEs quAis AgEncE nicOlAs MicHElin & AssOciés / nAnTEs

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