R E P O R TA G E S D ’ A R C H I T E C T U R E
Édition Île de France 2018-2019
SHIGERU BAN 6, rue de Braque 75003 Paris Tél. 01 70 71 20 50 europe@shigerubanarchitects.com www.shigerubanarchitects.com
"EN TANT QU’ARCHITECTE, JE NE FAIS PAS DE DISTINCTION ENTRE LES PROJETS LIÉS AUX SITUATIONS D’URGENCE ET LE TRAVAIL RÉALISÉ POUR LES GRANDES MULTINATIONALES.." SHIGERU BAN
Diplômé d’architecture à la Cooper Union, Shigeru Ban fut aussi assistant d’Arata Isozaki. Installé depuis 1985 à Tokyo, il enseigne depuis 1996 à la Nihon University. à la fois architecte, designer, scénographe, Shigeru Ban développe une architecture qui tend à harmoniser les différents rapports architectoniques, spatiaux, sociaux et environnementaux de chacune de ses réalisations. Les Paper Tube Structure (P.T.S), tubes de carton utilisés comme structure, vont permettre à Shigeru Ban d’évacuer les contraintes et les tensions structurelles au profit d’espaces dynamiques et souples. Shigeru utilise ce matériau pour la création de lieux spécifiques sans rompre avec l’histoire de l’architecture. En effet, dans ses différentes réalisations, on peut percevoir certaines réminiscences d’éléments de l’histoire de l’architecture telles que l’agora grecque pour la galerie d’Issey Miyake à Tokyo en 1994 ou la référence aux modernes pour la Paper House et la Furniture House. Mais la référence s’arrête là, le plan rigide, souvent quadrangulaire, est totalement libéré dans son élévation. Le module P.T.S, utilisé à la fois comme élément structurel et comme élément mobilier, dissout la rigidité du plan par des compositions sinusoïdales qui fluidifient l’espace. L’ensemble peut ainsi s’ouvrir sur l’environnement, y participer comme un fragment. Ce matériau pauvre utilisé avec virtuosité pour des réalisations luxueuses, fut aussi une réponse efficace pour résoudre le problème du logement des victimes du tremblement de terre de Kobé en 1995. Avec ce projet, Shigeru Ban répondait à une urgence : fournir aux victimes du tremblement de terre de Kobe de 1995 des abris provisoires décents. Le programme réclamait une structure bon marché, rapide à assembler et pouvant être construite par n’importe qui. La proposition
de Ban se composait d’un soubassement en caisses de bière remplies de sable, de murs constitués de tubes en carton (108 mm de diamètre, 4 mm d’épaisseur), d’un plafond et d’un toit en toile de tente. Avec ce système, le stockage est réduit au minimum et, comme Ban l’a mis en œuvre au Rwanda, il est même possible de fabriquer sur place les tubes en carton. La surface au sol (16 m2) est identique à celle des abris de base du HCR pour l’Afrique ; de plus, compte-tenu des propriétés thermiques des tubes en carton, ce type de cabane est actuellement développé sous forme de prototypes adaptables à de nombreux pays. Dans le Parc Minamikomae à Kobe, plus de vingt unités ont été construites. La Paper Log House concurrence les autres types d’abris d’urgence, non seulement en terme de coût, de rapidité et de facilité de construction mais encore en terme de recyclage après usage et de simplicité de stockage. Au cours de ce siècle, la nécessité d’un grand nombre de logements bon marché est devenue évidente. Aujourd’hui, des conflits ethniques et régionaux éclatent partout dans le monde, générant des vagues de réfugiés. En outre, le problème mondial des sans-abri et les fréquents désastres sont en train de donner naissance à une minorité significative. La façon dont les architectes servent la société, en particulier les minorités, peut jouer un rôle important dans la détermination de notre époque « Même dans des lieux de catastrophe, je veux, en tant qu’architecte, créer de belles constructions, émouvoir les gens et améliorer leur vie. Si je n’étais pas dans cet état d’esprit, il me serait impossible de créer des œuvres d’architecture, et d’apporter, dans le même temps, une contribution à la société.»
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SHIGERU BAN ARCHITECTES
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LA SEINE MUSICALE B O U LO G N E
BILLANCOURT
2018
Figure de proue de l’Ile Seguin, la Cité Musicale résout le paradoxe de s’inscrire en parfaite continuité du projet d’aménagement urbain de Jean Nouvel tout en constituant un signal, un emblème de la culture des Hauts-deSeine, un geste à part. Sur la pointe aval, la base bâtie s’incline et laisse émerger un nid de bois tressé aux formes arrondies. Ce dernier se détache de la silhouette générale de l’île et affirme sa présence. Il annonce la spécificité d’un programme public et culturel prestigieux : à l’intérieur, on aperçoit la coque irisée de l’auditorium et l’activité de ses foyers. A ses côtés, une voile argentée le protège de l’ensoleillement direct. Cette voile solaire, photovoltaïque, toujours en mouvement, s’oriente en suivant la course du soleil, permettant une production énergétique optimum. Le programme s’organise le long du Grand Foyer, colonne vertébrale du projet. Lieu d’accueil du public, ce Grand Foyer est un espace généreux et fonctionnel qui dessert les programmes publics : la Grande Salle, l’Auditorium, l’Espace Entreprises et le Pôle de répétitions/d’enregistrement. Il est pensé comme une extension de l’espace public à l’intérieur de la Cité Musicale. On y trouve des commerces, cafés et restaurant ouverts à tous. Il est flexible et largement dimensionné, pour accueillir une grande variété d’événements occasionnels. La Grande Salle de la Cité Musicale est faite pour répondre aux programmations les plus ambitieuses. Elle s’inscrit dans la tradition des grandes salles populaires parisiennes tout
en étant un véritable outil scénographique permettant la plus grande variété de spectacles : concerts, comédies musicales, spectacles vivants, conventions, etc. La salle est simple, fonctionnelle, confortable, ultra-modulable. Sa jauge est de 4000 places assises ou 6000 places en assis/debout. Par des dispositifs scéniques qui permettent une extrême modularité, la salle peut être adaptée à toute sorte d’évènements et de jauges. L’Auditorium de 1150 places, conçu spécifiquement pour accueillir un orchestre symphonique ou de musique contemporaine est le lieu de l’excellence acoustique, pensé avec la précision d’un instrument. C’est une salle de concert dite « en vignoble » typologie retenue autant pour des critères acoustiques que scénographiques. Les auditeurs sont répartis sur plusieurs terrasses tout autour de la scène créant ainsi une grande proximité géographique et sensorielle, entre les musiciens et les auditeurs. Acoustiquement, les surfaces composant les différentes terrasses permettent les réflexions précoces de l’orchestre vers l’auditoire intensifiant ce sentiment d’intimité avec les musiciens. La Cité Musicale est un lieu d’émotion, de pratique et d’écoute, de découverte de toutes les musiques. Elle est aussi une architecture inscrite dans un dispositif urbain ouvert à tous les publics. Elle peut accueillir des manifestations variées : artistiques, politiques, festives, commerciales, etc. Elle sera un nouveau symbole de la Vallée de la Culture et du Grand Paris, un geste architectural de stature internationale.
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