NUMÉRO 23 - BAZART mag’ hiver 2011
LA UNE
ACTU
RENCONTRE
M.U.K.
Fermeture du Cabaret Electric L’animal : un homme comme les autres ?
The Lanskies Le Rave
Peintre en sentiments
“Burlesque” de M.U.K. Portrait en page 04
ÉDITO HAPPENING ! Tout heureux d'être invité à un happening (une première pour moi), je tenais fébrilement mon carton depuis plusieurs jours. Je ne connais pas du tout l’artiste mais je suis fier d’être de ceux qui participent à l’événement. Le moment tant attendu arrive... Nous ne sommes que quelquesuns, ce coté privé, réservé me ravit. Je suis parmi les privilégiés. Réunis dans cette salle, on est là debout sans pouvoir se mettre à l’aise ou ôter nos blousons. Nous ne sommes pas au spectacle... pas de sièges, pas de vestiaire. En attendant l’artiste qui se fait désirer, j’entends chuchoter dans le groupe sur les inspirations potentielles. Soudain, extinction des néons et allumage d’une poursuite, le groupe s’écarte et l’artiste entre en scène, une chaise de bureau à la main. Son premier geste est de poser la chaise sur ses pieds en plein centre du disque lumineux. Recul de deux pas, réflexion puis renversement de la chaise pendant que la poursuite descend pour ovaliser l’éclairage et étirer les ombres de cette chaise retournée. Aussitôt, quelques personnes se mettent à applaudir fortement permettant à l’artiste de saluer et de sortir. C'est terminé ! What's happened ? Association Curieuse Idée 16 rue Louis Blanc - 76620 Le Havre Tél : 02 35 43 62 79 - Fax : 02 35 22 64 38 info@normandie-web.com
SO MMA IR E JANVIER / FÉVRIER / MARS 2011 - N°23
ACTU La Une de Bazart : M.U.K. P.04 L’actualité de votre région P.06 L’Archipels, musique caraïbéenne P.10 Retour sur le festival Jazz en Ouche P.12 Festival Culture Maghreb P.13 Retour sur le spectacle Graves épouses/animaux frivoles au Théâtre de l’Ephéméride P.14 La fermeture du Cabaret Electric au Havre P.16 Retour sur Les singeries du Muséum de Rouen P.17 Théâtre : L’animal, un homme comme les autres ? P.18
CHERCHEZ LA SORTIE Le Théâtre de la Boderie à St-Honorine-La-Chardonne La Fabrique des Savoirs à Elbeuf Le Matahari à Evreux L’Usine Utopik à Tessy-sur-Vire L’Espace Les Vikings à Yvetot Le Niouzz à Caen La Double Croche à Lisieux
EXPOSITION Agenda des expositions
D i r e c t r i c e d e p u b l i c a t i o n : Chantal Legrand Rédaction : Valérie Berthoule, Marie Lemé, Chantal Legrand, Antoine Vulliez, Christophe Michel, Publicité : Christophe Michel - Graphik : Nadyou Impression : Rotimpres.
P.19 P.20 P.21 P.22 P.24 P.25 P.25
P.26
RENCONTRE Une épicerie sociale à Grand-Couronne Le RAVE The Lanskies
P.31 P.32 P.34
La rédaction décline toute responsabilité pour les omissions et/ou erreurs qui se seraient glissées malencontreusement dans le magazine. La rédaction n’est pas responsable de la perte ou de la détérioration des textes, fichiers ou photos qui sont adressés pour appréciation. La reproduction, même partielle, de tout matériel publié dans le magazine est interdite. Bazart mag ‘ votre magazine de Normandie - ISSN 1957-5211. Dépôt légal à parution.
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ACTU CARTE BLANCHE À M.U.K. - COUV’ BAZART
Ce titre en forme de jeu de mots est en réalité une trouvaille de Fred, l’artiste de la couv’. Plutôt doué en aphorisme, le garçon l’est également avec un pinceau à la main. Ses toiles, il les signe de l’acronyme M.U.K. pour “myself under karma” : tout est là, ou presque !
amais un entretien n’en aura davantage raconté sur une personne que sur son travail. Et la personne en question est u n j e u n e p e i n t re d e R o u e n p r é n o m m é Fre d , a l i a s M . U. K . Rapidement, on découvre la nature hypersensible d’un jeune homme, et artiste donc, qui connecte ses antennes sur tout ce qui l’entoure. Il questionne sans cesse le monde autant que ses propres actes et
J
pensées. Durant ce long entretien, les réflexions fusent. Et pour peu que l’on veuille le suivre sur cette voie, l’échange peut se révéler ô combien passionnant ! Exigeant vis-à-vis de lui-même, le garçon avance, dans la vie comme dans l’art, avec une humilité non feinte. Le jeune artiste de 29 ans peint depuis près de dix ans, mais nous apprend sans détour qu’il n’a jamais vendu une seule de ses toiles. Il ne le
souhaite pas. D’une part parce qu’il est très éloigné des lois commerciales en vigueur, on sent chez lui une démarche d’affranchissement vis-à-vis du marché de l’art. Deuxième raison invoquée, non sans une certaine g ê n e c e t t e fo i s : i l n e p e u t s e détacher de ses travaux. Mais Fred se soigne, content de nous apprendre qu’il vient d’offrir un de ses tableaux à un organisme de bienfaisance aux
4 Bodystroïka
Mirage
Aphorisant !
es. Souvent bien sentis Quand il ne peint pas, Fred écrit des aphorism parviennent à l’esprit” et bien écrits, il considère ces “cadeaux qui imerais juste un jour comme quelque chose de très précieux. “J'a ture s ou des sins et pou voir réa lise r un pet it livre ave c des pein il n’es t pas à ses nd que lque s-un s de mes aph oris mes.” Et qua joue et compose de la tableaux et à ses aphorismes, le Rouennais produit trois maxis. De musique sous le nom de Fre(e)d. Il a déjà auto son de cho ix pou r ses bell es mél odie s qui form ent une ban detableaux… A découvrir !
Etats-Unis, Friends of the Pittsburgh Urban Forest. Ce don fait sens pour l u i . I l c o rre s p o n d a u x c a u s e s importantes à ses yeux. “J’essaie de t ro u ve r u n e a l t e rn at ive e n n’accordant de valeur matérielle aux choses.” D’aucuns le taxeraient de zig un peu new age, ils auraient tort !
Rencontres heureuses et expériences douloureuses C’est seul que Fred a construit son apprentissage dans la peinture. Il n’y a ni école, ni maître à détecter dans le parcours de cet autodidacte. C’est u n e re n c o n t re c ep e n d a n t , q u i déclencha l’acte de peindre. Une rencontre sur une carte postale envoyée par sa petite amie de l’époque. Une rencontre avec un
peintre et son œuvre. Basquiat. “C’est lui qui m’a ouvert la voie. Je me suis alors lancé dans la peinture, 24 heures sur 24, pendant 4 ans !” Par la suite, il allait un peu délaisser les pinceaux pour ses histoires d’amour et la musique. Il a repris goût à la peinture il y a un an environ… grâce à une autre histoire d’amour ! Dans les œuvres de M.U.K., la joyeuse p ro f u s i o n d e s c o u l e u rs e t d e s matières contraste avec les histoires qu’elles racontent. Les personnages représentés apparaissent comme meurtris, voire abîmés par la vie. A écouter Fred, on se rend compte progressivement que nombre de ces histoires sont inspirées par ses p ro p re s ex p é ri e n c e s. D e s expériences douloureuses, liées par
exemple à la relation aux parents ou bien à la relation amoureuse. On comprend mieux alors l’acronyme M.U.K., “myself under karma.” Mais les choses viennent à évoluer. Ce travail, réalisé au départ dans la souffrance, Fred aimerait (enfin) prendre du plaisir à le faire. “Je l’ai vécu comme quelque chose d’exutoire, mais ça ne devrait pas l’être selon moi. J’ai longtemps cru q u e p re n d re d u p l a i s i r d a n s l a création était un truc d’ego.” Le k a rm a p e u t é ga l e m e n t ê t re synonyme de bonheur, il le sait à présent. Et ça tombe bien puisqu’il est sur la voie… de l’épanouissement ! Valérie Berthoule
C/0 : myspace.com/freedmusic
Couv’… burlesque Le tableau en couv’ du magazine, intitulé Burlesque, ne raconte pas d'histoire particulière, mais il reste toutefois l’un des préférés de son auteur. “C’est un chaos qui a l’air joyeux.” Étonnamment ou pas, c’est la seringue qui intrigue. “La seringue comme… promesse d'un monde. Ici, la drogue c’est tout ce q u i n o u s e n t o u re, n o u s e s t proposé, des choses auxquelles souscrire, adhérer, financer, acheter…” Du burlesque sérieux, en somme !
5 Statue Libertine
Burlesque
ACTU
Lire à la Plage primé
Le FRAC, Fond Régional d’Art Contemporain de Basse-Normandie à Caen, projette du 20 janvier au 6 février de 14h00 à 18h00 plusieurs films sur le thème du paysage. Au programme : du 10 au 23 janvier projection de A journey that wasn’t de Pierre Huyghe, du 24 au 30 janvier projection de La tempête de Hugues Reip, Alonquin Park, Early March de Mark Lewis et 1619 de Laurent Grasso, du 31 janvier au 6 février projection du programme Transat Vidéo & Argos / Centre for Art and Media. Entrée libre. C/O : frac-bn.org
Un dimanche à Bamako L’association Testa Duende située à Mon-Saint-Aignan organise un voyage artistique à Bamako au Mali du 21 février au 06 mars 2011. Un programme riche en couleur avec un stage de danse animé par Mariamni Diarra et Timothé Ballo (4 heures par jour), un stage de musique animé par Bagaoussou Koné et Lamine Balani (3 heures par jour) et des animations et excursions dont la participation à des fêtes traditionnelles et aux répétitions du ballet du district de Bamako. Tarif : 600€ (hébergement et pension complète compris, billets d'avion et frais personnels non compris). Information et réservation : assoduende@gmail.com
A bicyclette
Mes Souliers à Caen Le centre d’animation Beaulieu-Maladrerie à Caen, TANDEM, fête ses 10 ans en 2011. Pour cette occasion, de nombreux événements seront proposés en mars 2011 aux adhérents du centre mais également à tous ceux qui veulent participer à cet anniversaire. Ainsi, entre le 17 et 20 mars, venez nombreux découvrir des spectacles pour enfants, des concerts, des expositions, des démonstrations etc. Et grand temps fort, le 17 mars, le célèbre groupe normand Mes Souliers Sont Rouges se reforme le temps d'une soirée au Zénith de Caen. Réservez dès maintenant au 02 31 29 54 54. C/O : caentandem.com
© Atelier Guidoline
Projections
L’événement Lire à la Plage, représenté par la Bibliothèque départementale de la Seine-Maritime, qui se déroule depuis 5 étés consécutifs, a reçu le prix de l’innovation par l’Institut National de France. Cet événement estival se déroule pendant 8 semaines sur une douzaine de plages du département (Dieppe, Etretat, Fécamp, Le Havre, St-Valéry-en-Caux etc.). Il permet un accès gratuit à la lecture dans un cadre agréable, un moment de détente original et apprécié par les Seinomarins comme par les touristes de passage. C/O : seinemaritime.net
Début novembre, Guidoline a ouvert son atelier de bicyclettes à Rouen au 51 rue Molière. Ouvert le mercredi et le samedi de 15h à 20h, cet atelier associatif a pour objectif de promouvoir et d’aider à l’utilisation du vélo en ville. Composé de bénévoles, cet atelier ne répare pas votre vélo mais vous apprend à le réparer ! Vous recevrez des conseils et disposerez d’outils adaptés pour réparer et entretenir votre vélo. Guidoline organise également tout au long de l’année des événements tels que des courses, des tournois de bike-polo, roller racing etc. Tarif adhérent : 15€ / an. C/O : guidoline.com
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Médiéval, génial ! Francisco Orozco anime un stage de musique et de chant médiévaux sur le thème de l’art des troubadours au prieuré de Graville au Havre. Si vous êtes chanteurs et/ou musiciens, quelque soit votre niveau vous pouvez obtenir le dossier d’inscription sur simple demande au 02 35 43 69 40. Le stage se déroule le vendredi 11/02 de 18h à 21h, le samedi 12/02 de 10h à 22h et le dimanche 13/02 de 10h à 18h. Un récital de fin de stage est programmé le dimanche 13/02 à 18h (gratuit). Tarif : 90€ (+ adhésion à l’association 17€). C/O : lesamisduprieuredegraville.org
A la scène comme à la ville La compagnie Artis de Rouen propose deux stages de théâtre ouverts aux initiés ou non, des stages de théâtre utiles pour notre quotidien. Les 29 et 30 janvier, le stage “Théâtre et développement personnel” vous apprendra à pratiquer l’expression théâtrale pour se sentir mieux (respiration, relaxation, échauffement corporel, lâcher-prise etc). Les 26 et 27 mars, le stage “Théâtre et improvisation” maintiendra votre imagination en alerte (training corporel, écoute, construction rapide de situations et de personnages, réveil de l'imaginaire). Stage de 14h00 à 18h30 le samedi et le dimanche à la Salle St Nicaise, derrière l'Hôtel de Ville de Rouen. Tarifs : 85€/personne. C/O : lacompagnieartis.com
Dansons ! Le théâtre de Saint-Lô met à l’honneur la danse pendant la semaine du 25 au 28 janvier. Rendez-vous avec quatre jours de danse, six spectacles, onze représentations dans trois lieux de Saint-Lô : le Théâtre, le Normandy et Art Plume. Sont programmés Du gris et puis... par la Cie Robin Juteau, Lifelike par la Cie Silenda, Rencontre(s) par le CCNC/BN, J’arrive ! par la Cie De Fakto, L’Oiseau de feu par la Cie Arts’ Fusion et Paupière par la Cie Itra. Tous à vos agendas ! C/O : theatre@saint-lo.fr – 02 33 57 11 49
Combat Rock Le 12 décembre à la Librairie de l’Armitière à Rouen s’est déroulé le lancement officiel du livre/DVD “Exo 7 – Combat Rock”. Pour les fervents admirateurs de la salle de concert l’Exo 7 située à P e t i t Quevilly, sa fermeture il y a un peu plus d'un an, a fait grand bruit. Pour rendre h o m m age à près de 30 ans de concerts, 300 b é n é vo l e s, mu s i c i e n s, techniciens, photographes, journalistes, graphistes, internautes, partenaires, anonymes etc. témoignent de leur attachement à cette salle à travers des anecdotes résolument rock. Le livre est accompagné d'un DVD, dans lequel les groupes régionaux rendent hommage à leurs aînés. Disponible à la librairie l’Armitière au tarif de 35€. C/O : contact@exo7combatrock.fr
Le secret d’Emma Après le roman Nina et ses sœurs, Karine Lebert auteure normande et correspondante de presse pour Paris Normandie, sort son deuxième roman Le Secret d’Emma . Amateurs d’histoire d’amour, d’amitié et de vengeance, ce roman est pour vous : Emma, fille d’un bourrelier, et Armelle, fille de pêcheurs, sont les meilleures amies du monde et aiment à se moquer d’Angélique, la riche fille du maire propriétaire du haras La Licorne. Ces chamailleries restent sans conséquence jusqu’au jour où le père d’Emma est victime d’une fatale chute de cheval. Avant de mourir, il lui révèle qu’il ne s’agit pas d’un accident… Tarifs : 19€. C/O : deboree.com
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ACTU
Tous cuivrés
© Le Laboratoire des émotions
Du 22 janvier au 20 mars, dans 20 lieux culturels de Haute-Normandie, les Hivernales des Cuivres vous font découvrir les cuivres dans tous leurs états. Une dizaine d'artistes et d'intervenants dont l'Ensemble Vocal du Conservatoire de Rouen, Le grand Ensemble Temps de Cuivres, le Quatuor Salade de Cuivres etc. vous proposent de multiples rendez-vous dont Awake, Au temps de Giovanni Gabrieli, Opéra de cuivres ou bien encore un hommage à Claude Nougaro et Ray Charles. Tarifs : 5/17€. C/O : tempsdecuivres.com
Transeuropéennes Événement incontournable de nos débuts de printemps, le festival Les Transeuropéennes, organisé par la CREA (Communauté d’agglomération RouenElbeuf-Austreberthe) se déroulera cette année du 11 au 26 mars. Les différentes communes accueilleront de la musique, de la danse, du théâtre, des expositions etc. autour du thème “Pays d’Europe Centrale et de l’est”. Cette année, l’invité d’honneur est David Reinhardt, le petit fils de Django. C/O : la-crea.fr
Un printemps en chanson Retrouvez pour sa 6ème édition, l’événement le Printemps de la Chanson dans le département de l’Orne. Flers, L’Aigle, Alençon, Tourouvre, Chanu, Domfront, Bagnoles de l’Orne, Sées, Argentan etc., toutes ces villes du 61 accueillent du 11 mars au 07 avril, une multitude d’artistes chantants. Les artistes déjà attendus se dénomment : Asa, Tété, Zaz (complet), Florent Marchet, Amipagaille, Brigitte, Arno, Grand Corps Malade, Camélia Jordana, Méli-Mélodie etc. Programme détaillé à partir du 02 février. C/O : odc-orne.com
Échec et mat Le Wharf à Hérouville-St-Clair présente son tout premier open d'échecs “Ceci étant”, le samedi 29 janvier de 16h à 20h et le dimanche 30 janvier de 9h30 à 21h. Organisé en partenariat avec le Café des Images et la Comédie de Caen, le Wharf souhaite mettre en lien le monde de l’art et le monde des é c h e c s d o n t l e s j o u e u rs s o n t souvent considérés comme de véritables artistes. Amateurs, artistes et joueurs avertis, venez expérimenter votre talent ! Programmation en parallèle : cinéma, concert et conférence. C/O : wharf-art.com
Changement de direction au FRAC HN Le 15 novembre dernier, Véronique Souben a pris ses fonctions de directrice à la tête du Fonds Régional d’Art Contemporain de Haute-Normandie. Cette historienne de l’art spécialisée dans l’art contemporain, ancienne conservatrice du musée Marta Herford en Allemagne, succède à Marc Donnadieu qui a été nommé conservateur du Lille Métropole Musée d’Art Moderne et d’Art Brut à Villeneuve-d’Ascq. Pour sa première exposition au FRAC HN, du 14 mai au 10 juillet, Véronique Souben a choisi de montrer le travail de l’artiste britannique Darren Almond. C/O : frachautenormandie.org
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En musique Suite aux 18 concerts proposés sur la scène du stand de la Région à la Foire Internationale de Caen, les meilleurs artistes bas-normands ont été récompensés. Le mardi 23 novembre, Pascale Cauchy, vice-présidente en charge de la culture, a remis le Prix Région BasseNormandie à TBK (electro jazz funk). Le groupe a reçu un chèque de 1 500 €. Avec The Shellys (pop), le “coup de cœur” de la Région BasseNormandie, ils seront présents à la prochaine Fête de la musique, le 21 juin, dans le parc de l’Abbaye-aux-Dames. C/O : myspace.com/funkytbk myspace.com/theshellys
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ACTU MUSIQUES DU MONDE : CRÉATION À L’ARCHIPELS
Outre-mer et métissage
rchipels, Maison des Arts et C u l t u re s d u M o n d e e n Normandie, tend à mettre en valeur les arts et les artistes relevant de la diversité culturelle à travers de nombreuses actions, aussi bien pédagogiques qu’artistiques, notamment en accompagnant les créations dans leur élaboration et leur médiation. Dans ce cadre, l’association porte pour cette saison 2011 le projet de Philippe Gouyer-Montout, qui forme avec Frantz Féréol le duo Philo et les Voix du Tambour, autour du bèlè, cette musique traditionnelle martiniquaise à base de chant et de tambour. Ces deux chanteurs percussionnistes, qui résident actuellement en Haute-Normandie, sont les seuls représentants dans tout le Grand-Ouest de ce genre musical peu médiatisé en métropole. “La musique traditionnelle n’est pas quelque chose de passéiste, il faut voir au-delà de l’image de la folklorisation. Le bèlè a été marginalisé comme beaucoup de musiques traditionnelles engagées. M a i s s o n e n ra c i n e m e n t d a n s l e quotidien des Martiniquais lui a fait retrouver toute sa place aujourd’hui, telle une prise de conscience pour ce pays de la nécessité de garder son identité culturelle et de la revendiquer” explique Jean-Claude Lemenuel,
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directeur d’Archipels et ethnomusicologue, spécialiste des musiques du monde. “C’est donc un travail sur la mémoire, celle de son village de pêcheurs, l’Anse Dufour, sur ce qu’il a vécu, ce qu’il lui a été transmis et sur la notion de métissage issu de l’esclavage et de la colonisation”.
Création à étapes Au final, c’est une création pluridisciplinaire, mêlant musique et projection vidéo, qui sera présentée au public. “Avec cette création, nous espérons sensibiliser le public à toute une somme de questions très actuelles, entre histoire, mémoire et musique”. Le projet, qui s’inscrit dans le cadre de l’année des outre-mer français, a lieu en deux temps. Liée à la mission de contrat urbain de cohésion sociale, la première résidence en février, centrée sur l’aspect musical de la création, se déroulera entre les quartiers de la Guérinière et du Chemin Vert à Caen. Des rencontres auront lieu avec les artistes, et des actions pédagogiques, notamment avec la bibliothèque de la Grâce de Dieu, seront mises en place avant un premier concert tout public. Dans un second temps, au mois de mars, la Maison de l’Étudiant de l’Université de Caen Basse-Normandie accueillera une formation, en partenariat avec l’IUFM, à destination des élèves enseignants et enseignants sur le métissage et la musique des Antilles. Au-delà du spectacle, c’est donc un véritable projet pédagogique qui est mis en place autour des cultures d’outre-mer. Antoine Vulliez >> Du 7 au 11/02 et du 7 au 10/03
C/0 : asso-archipels.org
Philippe Gouyer-Montout
Frantz Féréol
Photos © Marie-Céline Nevoux
Autour du bèlè, "Témoignage, hommage, voyage", ces trois mots structurent une réflexion autour de la mémoire, de l'histoire et du métissage.
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ACTU RETOUR SUR LE FESTIVAL JAZZ EN OUCHE
Le Festival Jazz en Ouche prend son envol ! Fort du succès de sa première édition, le festival Jazz en Ouche en a remis une couche en proposant cette année pas moins de 11 concerts en 5 jours, du 23 au 27 novembre 2010.
out est parti du constat que sur les quelque 250 festivals qui existent en Basse-Normandie, aucun n’avait lieu en Pays d’Ouche. Ce pays qui s’étend sur 47 communes, a la particularité de se partager entre le département de l’Orne et celui de l’Eure, réunissant donc les deux régions, Basse et Haute-Normandie. “Dès le départ, il n’était pas question que le festival se déroule uniquement sur la ville pôle, à l’Aigle, mais il fallait aussi qu’il anime les communes environnantes” explique Serge Delavallée, directeur du Festival et Maire adjoint à la culture de l’Aigle “On veut que les habitants s’approprient petit à petit ce festival, qu’ils en soient acteurs”. Avec Jazz en Ouche, le jazz va donc à la rencontre des gens, en couvrant tout le territoire, du gymnase de Rugles à la ChapelleViel en passent par Rai, en leur proposant de découvrir toutes les facettes de cet univers musical.
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Photos : © Antoine Vulliez
Rencontres musicales
Ben l’Oncle Soul
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Et comme ce fut le cas avec Caravan Palace en 2009, c’est une nouvelle fois une bonne pioche pour le festival qui a programmé en ouverture, Ben l’Oncle Soul, actuellement en pleine ascension. Dans l’archicomble salle Ve r d u n d e l ’ A i g l e , l e j e u n e phénomène français, au style rétrogroovy-soul inimitable et à la bonne humeur communicative, a assuré le
spectacle en faisant - littéralement c o rp s ave c l e s s p e c t at e u rs e n descendant de scène pour danser au milieu de la foule, a organisé un flash-mob durant le rappel qu’il a luimême filmé et s’est même prêté au jeu des dédicaces après le concert. Le public, de 7 à 77 ans, était ravi ! “On a une programmation qui couvre un éventail très large, entre le jazz, le bl u e s e t l e s mu s i q u e s a f ro a m é ri c a i n e s, q u e l e s p u ri s t e s peuvent trouver trop éclectique. Il y a encore quelques années le jazz était réservé à une élite, maintenant beaucoup de groupes s’en inspirent”. Très variée, la programmation passe donc de Soul Gospel, au jazz-électro du surréaliste Aronas, sans oublier le be-bop du roi René Utreger ou encore l a wo rl d - mu s i c d e l ’ O rc h e s t re National de Barbès. “Chaque soir c’était un public différent, allant des néophytes, aux spécialistes du genre, en passant par les familles”. Toute cette semaine a également été rythmée par des conférences, master class, rencontres avec les scolaires et concerts “découverte” dans les cafés de la ville grâce à l’association Anni’Ouche. Jazz en Ouche deuxième édition, a donc fait le plein de spectateurs et vous donne rendez-vous l’année prochaine. Antoine Vulliez
C/0 : jazzenouche.com
FESTIVAL CULTURES DU MAGHREB
près seulement une année d’existence, l’association Trait d’union, qui a pour objectif la reconnaissance de l’égalité des droits et de la citoyenneté aux populations issues de l’immigration, pour marquer les esprits, a décidé de créer en 1993 un festival dédié aux cultures du Maghreb dans sa pluridisciplinarité. “Le Maghreb n’est pas ici considéré comme une entité géographique, il représente d a n s n o t re esprit un concept de brassage et de mixité, tel qu’il a su l’être historiquement” précise Younès Ajarraï, directeur artistique du festival. “Ainsi, nous ne programmons pas uniquement des artistes maghrébins”. Cinéma, musique, danse, théâtre, poésie, arts plastiques sont représentés, mais pas seulement. “Nous avons toujours voulu un festival qui ne se limite pas à donner, à entendre et à voir, mais aussi qui donne à réfléchir en programmant une série de rencontres. En cela, le festival a toujours constitué un acte d’intervention dans le débat public et politique”. L’édition 2011 marque le 10e anniversaire de cette biennale qui propose pour l’occasion à l a fo i s u n e
Source : Trait d'Union
Pour sa 10e édition, le festival confronte le passé au futur, pour mieux comprendre les influences de l'immigration dans la création artistique, entre "héritages et mémoires vives".
rétrospective et une prospective sur l’apport de l’immigration et ses enjeux dans les domaines de la création.
A
Héritages et mémoires vives
© Collection Association Génériques
Telle est la thématique de cette année où tous les anciens parrains (dont l’écrivain poète Abdellatif Laâbi, qui est également le parrain de l’association)
et marraines sont invités aux côtés de nouveaux auteurs. Cette rencontre entre ces pionniers et ceux qui font la création contemporaine est un des aspects majeurs du
Gaada
festival qui, entre tradition et modernité, propose une programmation variée avec des manifestations à Caen, mais aussi dans toute l’agglomération, à l’IMEC* par exemple ou encore dans les bibliothèques. Parmi les événements phares, après Paris, l’exposition “Générations : Un siècle d’histoire culturelle des Maghrébins en France” réalisée par l’association Génériques et la Cité nationale de l’Histoire de l’Immigration sera présentée à partir du 23 mars au Scriptorium de l’Hôtel de Ville de Caen. On y découvre la vie sociale, politique et culturelle de cette communauté, à travers un parcours sonore et visuel riche en iconographies. Cette exposition est le véritable épicentre de cette édition. Autour, auront lieu des rencontres afin d’évoquer comment de nombreux créateurs ont participé à l’enrichissement de cette culture mosaïque française, et de montrer que la nouvelle génération y contribue toujours aujourd’hui, aussi bien dans les domaines artistiques, que dans le sport ou la politique. Antoine Vulliez >> Du 25/03 au 16/04 dans l’agglomération caennaise C/0 : tunion.org *Institut mémoires de l’édition contemporaine
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ACTU RETOUR SUR LE SPECTACLE GRAVES ÉPOUSES/ANIMAUX FRIVOLES
Et s’il ne restait que des fe
Engagée depuis 25 ans dans un théâtre tourné vers les auteurs européens et des œuvres qui résonnent avec notre époque, la compagnie Ephéméride revient avec son nouveau spectacle Graves épouses/ animaux frivoles, adapté du texte du dramaturge anglais Howard Barker. Une pièce intrigante, baroque et très incarnée.
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e soir-là, nous étions à la Fabrique Ephéméride en périphérie du Val-de-Reuil, dans l’Eure. Cette ancienne fa b r i q u e d e p â t e à p a p i e r e s t aujourd’hui un lieu de résidence, de spectacle et d’atelier dirigé par la compagnie Ephéméride. Sur la scène, trois personnages : deux femmes et un chien mécanique. Autour d’eux, un décor de tissus déchirés. Que s’est-il passé ? On ne le saura jamais. Le monde a vraisemblablement basculé, les rôles se sont inversés : la maîtresse de maison est devenue prisonnière et esclave de son ancienne servante. Le mari de cette dernière semble tout régir, mais on ne le verra jamais. Seul le chien incarne le mâle présent. Nous sommes dans un monde de femmes. Tout au long de la pièce va se jouer une lutte à plusieurs niveaux entre les deux protagonistes : lutte des mots, lutte des corps, lutte des esprits, lutte autour d’un homme (l’une pour s’y soustraire, l’autre pour le garder), lutte pour le pouvoir.
C
Un auteur intrigant et exaltant La pièce pose plusieurs questions : le rapport de violence qui s’installe entre les individus pour sentir qu’ils sont bien vivants (dans un monde où les rapports humains sont de plus en plus virtuels), l’absence d’homme au pouvoir, la s é d u c t i o n d u p o u vo i r, e t c . L a “bizarrerie” du sujet pourrait dès le départ en laisser quelques-uns sur le bord de la route. Pourtant, et au vu de l’attention des autres spectateurs, il n’en est rien. Cela, en grande partie, grâce au jeu très incarné des deux interprètes ainsi qu’à la mise en scène intelligente de Patrick Verschueren, où rien ne parasite cette confrontation, où tout l’accentue, à l’instar du décor dépouillé. L’énergie déployée par Delphine Ledoux et Natasha Mashkevich est impressionnante. Reste le choix du chien mécanique : il faut du t e m p s p o u r s ’ y f a i r e. P a t r i c k Verschueren aurait voulu qu’il soit incarné par le public, lequel se serait alors trouvé pris à partie dans ce jeu de pouvoir entre les deux rivales. Mais
mmes ?.. l’auteur, Howard Barker, tenait coûte q u e c o û t e à s o n c h i e n . Pat r i ck Verschueren : “Vu que je ne voulais pas d’un jouet qui aurait pu paraître ridicule, j ’ a i d é c i d é q u e c e c h i e n s e ra i t humanisé. Barker a aimé l’idée… et cette histoire de chien était la condition sine qua non pour obtenir les droits d’adaptation !” Pourquoi Barker ? “Je le trouvais intrigant et exaltant à la fois. Le caractère baroque de ses œuvres en fait un ovni dans le théâtre anglais actuel, même si elles comportent également une dimension sociale”
Un théâtre dans son époque
directrice : adapter des auteurs contemporains et des textes en phase avec les préoccupations de notre époque. “Pour moi, le théâtre doit être dans l’actualité. On ne s’interdit pas pour autant de mettre en scène des classiques, mais à condition qu’ils aient un écho dans notre époque.” Après avoir présenté GE/AF fin 2010 à Berlin puis dans ses murs, la compagnie E p h é m é ri d e vo u d ra i t re l a n c e r ses représentations en France, et en Normandie notamment, à partir de la rentrée, et l’emmènera dès le mois de mai dans les Balkans. L’Europe encore et toujours !
d’Europe permet d’avoir une vision plus large que sa propre culture et d’avoir une distance par rapport à celle-ci. Et avec l’Europe, le territoire à explorer est suffisamment grand !” Depuis 25 ans, la compagnie ne change pas sa ligne
Photos © Moussa Camara
Avant Barker, la compagnie a adapté des auteurs tels que le Macédonien Jordan Plevnes, le Belge Jean-Marie Piemme, ou dernièrement, l’Anglais Mark Ravenhill en mettant en scène Some Explicit Polaroïds , qui montre l’évolution politique et sociale de l’Angleterre sur quinze ans. Il s’agit à chaque fois d’auteurs européens. “S’ouvrir vers les autres cultures
Valérie Berthoule
C/0 : Fabrique Ephéméride Ile du roi, Léry, Val-de-Reuil theatreephemeride.com 15
ACTU MUSIQUES ACTUELLES : FERMETURE DU CABARET ELECTRIC
Exclus du jeu !
© Valérie Berthoule
En juin prochain, la scène de musiques actuelles de l’espace Niemeyer au Havre fermera définitivement ses portes, laissant sur le carreau non seulement l’équipe gérante, mais aussi les musiciens, associations et public de la région havraise. Entretien avec Philippe Renault, directeur (dépité) du Cabaret Electric.
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Bazart Mag’ : A quel moment la fermeture vous a-t-elle été signifiée ? Philippe Renault : C’est un peu par défaut que l’on a appris qu’il y aurait très peu de chance pour nous de poursuivre l’activité. A partir du moment où a été actée la décision de dédier les espaces du Petit Volcan et d u C ab a re t E l e c t ri c à l a f u t u re médiathèque, il était évident qu’il y aurait une fin ici. Malgré tout, on avait l’espoir d’être “relogés” ou d’imaginer t r è s rap i d e m e n t u n p ro j e t p o u r continuer notre travail. B.M. : On a entendu parler du Fort de Tourneville, tout comme du Magic Mirror dans le quartier des Docks. Un peu difficile de s’y retrouver… P.R. : …et la Ville a tout fait pour cela. C’est une espèce de jeu de construction au fil de l’eau, sans véritable ligne directrice et stratégie claire de sa part, qui aboutit à cette situation. A un moment, la municipalité parle du Magic Mirror comme projet de remplacement pour la Scène Nationale et le Cabaret. Et à un autre, elle dit que les musiques actuelles montent au Fort de Tourneville. Or, pour notre part, on n’est ni dans le Magic puisque l’on n’est pas dans une gestion privée, ni à Tourneville puisqu’un autre opérateur porte le projet, en l’occurrence la Papa’s Production (NDLR : organisatrice du festival Ouest Park). Les pions se sont mis en place et on s’est retrouvés, de facto, exclus du jeu. B.M. : La situation vous donne-t-elle l’impression d’un gâchis ? P.R. : Effectivement, ce couperet est vécu comme une injustice et comme un beau gâchis parce qu’un projet de service public sur un territoire n’a de
valeur que dans la durée. Or, on n’a pas l’impression d’avoir pu le mener à bien, de montrer le bien-fondé de notre action puisqu’on a passé les deux premières années à restructurer, ayant récupéré le lourd passif du délégataire précédent, et les trois dernières à défendre les intérêts du lieu face à une fermeture. Et malgré cela, on sort un bilan en tous points positif cette année. L o rs q u ’ o n va re n d re l e s cl é s, l a p u i s s a n c e p u b l i q u e p a i e ra l e s conséquences de la fermeture, les licenciements en grande partie, mais ne paiera en aucun cas un passif lié à l’activité des années précédentes. On a atteint un équilibre budgétaire. Sur le p l a n a r t i s t i q u e, l e s a c t e u rs reconnaissent le travail effectué. Les retours du public sont positifs, se traduisant en termes de fréquentation par une augmentation de 30% la saison dernière. Le travail d’action culturelle commence à se mettre en place et à prendre du sens, au même titre que l’accompagnement des groupes amateurs et professionnels. Les studios de répétition eux, ont un taux de remplissage de 80% et on recense 700 musiciens qui fréquentent les locaux. B. M : U n ave n i r e s t p e u t - ê t re envisageable avec ce futur projet au Fort de Tourneville. P.R. : Je ne suis pas dans l’état d’esprit de dire : après nous, le déluge. Même si un certain nombre de questions entourent encore à l’heure actuelle le projet Tétris porté par la Papa’s, j’espère que quelque chose verra le jour. Sinon, le Havre devra encore attendre 10 ans avant d’avoir une scène de musiques actuelles digne de ce nom. Propos recueillis par Valérie Berthoule C/0 : cabaretelectric.fr
LES SINGERIES DU JEUDI AU MUSÉUM DE ROUEN
Avec les Singeries du Jeudi, le Muséum de Rouen tente une opération séduction auprès des jeunes. Quatre soirées et autant de façons décalées de (re)découvrir ses collections. Retour sur la première session en octobre.
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Femme sans tête et femme à barbe C’est tout d’abord un aboyeur public qui interpelle les visiteurs pour évoquer l’histoire de plusieurs animaux
extraordinaires, tous ici empaillés. Les salles suivantes nous font entre autres découvrir l’exposition de photos anamorphosées qui filent joyeusement la frousse, ainsi que de petites bêtes monstrueuses conservées dans le formol, seulement visibles à la lampe torche. Les bêtes étranges laissent alors place aux hommes étranges. Scène à l’appui, un savant vient nous conter l’histoire de la famille d’un explorateur et de leur lapin contaminés par une araignée maléfique, avant de présenter celle de la femme sans tête. Plus loin, un homme se dénude sous nos yeux pour dévoiler un corps tout habillé de tatouages, chacun représentant une scène ou des portraits de personnages bizarres. La balade nocturne se termine par la rencontre avec la femme à barbe qui narre l’histoire abracadabrante de ses ancêtres inventeurs de la barbe à papa. La petite heure est passée très vite. C’est frais, rigolo et joliment mis en scène. Et même si on n’a pas vraiment le temps de s’attarder dans les salles pour profiter davantage des collections, ces Singeries du Jeudi constituent une approche séduisante pour découvrir le muséum. Sans ça, certains ne seraient peut-être pas venus spontanément dans les lieux. ie Berthoule © photos : Valér
ui dit jeudi, dit soirées pour les étudiants. Et pourquoi ne pas la commencer en faisant un tour au muséum d’histoire naturelle ? La suggestion peut paraître incongrue : c’est bien l’un d e s d e r n i e r s e n d ro i t s o ù l ’ o n imaginerait passer la soirée ! Pourtant, l’équipe du Muséum de Rouen a visiblement bien monté son coup. De l’animation à venir, on en connaît seulement le thème : “bêtes de foire et êtres monstrueux”. Malgré le mystère qui entoure cette soirée, le public est bien là pour cette première singerie. A l’extérieur, la file d’attente s’étend audelà des grilles d’entrée. Parmi les visiteurs, on trouve en majorité des jeunes, ainsi que des familles. Une fois constitué, un petit groupe part toutes les 5 ou 10 minutes. Dans les différents étages et pièces, chaque convoi allait rencontrer des personnages et des animaux hauts en couleurs tout droit sortis des réserves du muséum. Au programme de cette petite heure de visite : des saynètes théâtralisées, des petites histoires é t ra n g e s , u n e at m o s p h è re e n clair/obscur et une bonne dose de rire.
Après ce bon petit début de soirée, on va où maintenant ? En boîte ? Valérie Berthoule >> Prochains rendez-vous : Le 27/01, Les gélules 4 couleurs de M. et Mme Li Le 17/03, la Sea Shepherd Conservation Society et son combat pour la protection des océans. Sur réservation. Tarif : 2/3 euros gratuit pour les étudiants
C/0 : 198 rue Beauvoisine, Rouen 02 76 52 80 51 – museum@rouen.fr
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ACTU THÉÂTRE : L'ANIMAL, UN HOMME COMME LES AUTRES ?
La bête a bon dos D’abord interdit par le Tribunal d’instance de Cherbourg en juin dernier, L’animal : un homme comme les autres ? est enfin présenté au public en février.
l’origine de ce spectacle, un sujet de droit médiéval peu connu : les procès d’animaux. Ces derniers ont régulièrement eu cours au Moyen-Age, et ce, jusqu’au XVIe siècle. Ce qui peut paraître aujourd’hui absurde était tout ce qu’il y a de plus sérieux à l’époque, avec magistrats et avocats. De vrais tribunaux en somme. Plusieurs ont été répertoriés en Normandie, dont un bannissement de sauterelles à Alençon, ou encore le procès d’une truie à Falaise au XIVe siècle. Que reprochait-on à ces animaux ? Ils étaient reconnus capables de vols et de destruction, et leur responsabilité était entière, comme celle de l’homme, devant Dieu. Logique qui renvoie directement à la question philosophique : et si les animaux avaient une âme ?
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Sur un texte d’Eugène Durif, c’est Karelle Prugnaud, de la compagnie L’Envers du Décor, connue pour son travail sur le rapport à l’animalité et son théâtre assez provocant, qui est chargée de la conception avec sur scène l’acteur Xavier Berlioz. L’animal : un homme comme les autres ? est (re)programmé par le Trident, scène nationale de Cherbourg-Octeville, dans le cadre de ses “Assemblées des honnêtes curieux”. “Ce sont plus des expériences plastiques et théâtrales que des spectacles stricto sensu” explique Mona Guichard, sa directrice, “le but est ici de proposer des rapports aux œuvres qui soient différents. J’avais envie que le public puisse approcher au plus près les artistes, d’être au milieu de leur univers et pas uniquement dans un rapport passif. Ici le spectateur est souvent acteur”. Ces rendez-vous donnent l’occasion d’investir des lieux du patrimoine ou insolites (parcs, sousmarins, serres…). Le choix s’était donc n at u re l l e m e n t p o r t é p o u r l a représentation - en juin 2010 dans le cadre de “Toi cour, moi jardin” - sur le Tribunal de grande instance qui donne alors son accord. Mais le jour même du spectacle, le couperet tombe : le tribunal annule cette requête sur ordre du Président de la Cour d’appel de C a e n . L ’ ab s e n c e d e d e m a n d e d’autorisation d’ouverture le soir, en dehors des heures habituelles, est le motif invoqué. “C’est une excuse pour
une censure administrative. Associer la justice à un cochon a dû les déranger. Il n’y a pourtant aucune fantaisie, il s’agit d’un pan de notre histoire”. L’affaire fait d’ailleurs grand bruit dans la presse avec des papiers dans Rue89, le Nouvel Observateur. Aujourd’hui le public pourra enfin y assister, mais cette fois-ci dans le réfectoire de l’Abbaye du Vœu. Antoine Vulliez >> Le jeudi 10/02 à 19h30 et 20h45. Abbaye du Vœu à Cherbourg.
C/0 : trident-scenenationale.com
© Karelle Prugnaud
© Jill Smith
(Re)présentation
Cherchez la sortie LE THÉÂTRE DE LA BODERIE À STE-HONORINE-LA-CHARDONNE
Le théâtre de la vie… au bout du chemin Dans ce petit coin du bocage ornais, la comédienne et metteuse en scène Marie Martin-Guyonnet a fait de La Boderie un lieu plein d’échanges et de croisements où se mêlent théâtre, sport et nature. l y a 14 ans, quand elle est arrivée dans ce petit hameau situé aux portes de la Suisse Normande, à Sainte-Honorine-la-Chardonne, Marie Martin-Guyonnet savait déjà parfaitement ce qu’elle allait faire de l’ancien fief seigneurial qu’elle venait d’acquérir. “Je ne voulais en aucun cas rester seule au bout de mon chemin.” Son chemin, la comédienne et metteuse en scène parisienne allait l’ouvrir sur le champ des possibles. Progressivement, elle y a créé et développé trois types d’activité : artistiques, sportives et agricoles. A présent, le corps de ferme compte une salle de théâtre, un dojo pour les cours d’aïkido et des gîtes d’accueil dans le cadre du réseau Accueil Paysan. Dans les champs alentours, on aperçoit le cheptel d’ânes que Marie et son compagnon élèvent et mettent à la disposition des scolaires et d’autres publics pour des randonnées. C’est donc ici que Marie a structuré et développé une vie théâtrale. Non seulement pour elle, en montant sa
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propre compagnie professionnelle. Mais aussi pour les autres, la salle de théâtre servant de lieu de création pour les artistes en résidence et d’accueil pour l’atelier amateur de la Boderie et leurs activités, telles que le rendez-vous de lecture-spectacle “1 heure avec…”
Réinventer le monde du travail A la Boderie, le spectacle vivant se confronte à la vie. L’instigatrice du projet cherchant perpétuellement à créer des passerelles entre le théâtre et le monde qui nous entoure. Preuve en est avec la dernière pièce qu’elle a mise en scène, L’augmentation , une adaptation de l’œuvre de Georges Pérec qui a déclenché chez la metteuse en scène un questionnement sur le monde du travail et les manières de le réinventer. Autour de cette thématique, Marie a alors imaginé une manifestation prévue sur trois jours au printemps avec des spectacles de théâtre, de danse, des projections de film, des débats et des ateliers, une manifestation pour laquelle elle a
© Théâtre de la Boderie
© Valérie Berthoule
L'Augmentation de Georges Pérec, derniere pièce mise en scène par Marie Martin-Guyonnet.
convié acteurs locaux, artistes et experts pour animer l’événement. Le projet, conséquent à préparer, lui tient vraiment à cœur. Mais pour l’instant, elle est occupée par ses deux dernières pièces qui sont jouées au Guichet Montparnasse. Trois jours par semaine depuis début novembre, elle se rend à Paris pour les représentations d’Un cœur simple de Flaubert et de L’augmentation de Pérec. Marie doit faire ses valises. Mais avant cela, elle doit encore aller faire de la clôture pour ses ânes. C’est beau la vie d’artiste tout de même, non ?! Valérie Berthoule >> Lecture-spectacle “Une heure avec…” le 02/02 et le 05/04 à 20h30 (ouvert à tous). Journées autour du thème “Réinventons le travail” fin mai.
C/0 : La Boderie, Sainte-Honorine-la-Chardonne (61) 02 33 65 90 46 – laboderie.fr 19
Cherchez la sortie LA FABRIQUE DES SAVOIRS À ELBEUF
Un musée à l’usine © Jean-François Lange
C’est en octobre dernier que la Fabrique des Savoirs a été inaugurée à Elbeuf. Avec ce grand pôle culturel, l’ancienne cité textile de la région renoue ainsi avec son patrimoine industriel. Le musée d’Elbeuf fait partie des structures qui ont rejoint les murs de ce nouvel équipement.
© Valérie Berthoule
nouveau site. Il s’agit de collections ornithologiques, textiles, archéologiques pour l’essentiel, et un peu de beaux-arts. “Cela va du petit coquillage à la grosse machine de fabrication textile de 4 tonnes”, indique le directeur du musée, Nicolas Coutant. l y a encore 40 ans se dressaient icimême les bâtiments Blin&Blin, l’une des usines les plus florissantes de l’industrie textile d’Elbeuf depuis sa création en 1871. Puis la crise du secteur est passée par là. A l’image de la ville, le quartier Blin a été touché de plein fouet. Actuellement en pleine réhabilitation, il s’engage désormais vers le domaine universitaire avec l’IUT, et le domaine culturel avec la médiathèque et, depuis peu, la Fabrique des Savoirs, en lieu et place des établissements Blin&Blin. Le Musée d’Elbeuf, tout comme le C e n t re d ’ i n t e rp r é t at i o n d e l’Architecture et du Patrimoine (CIAP), les Archives patrimoniales et la MJC, est venu s’y installer. Plus de 45 000 objets ont ainsi déménagé des anciens locaux de l’Hôtel de Ville vers les espaces d’exposition et les réserves du
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Des machines à tisser impressionnantes Dans ce nouveau lieu porté par la CREA*, la Seine constitue le fil rouge entre tous ces domaines. “On part de la colonne vertébrale du territoire, c’est-àdire son fleuve, puis on décline le p a rc o u rs à t rave rs p l u s i e u rs dimensions : géologique, archéologique, industrielle… Ce, en faisant le lien entre l’histoire du territoire elbeuvien et les problématiques actuelles comme la biodiversité ou l’économie.” Sur les deux étages d’exposition permanente, et au fil de la seine donc, o n d é c o u v re e n t re a u t re s u n e c o l l e c t i o n d ’ i m p re s s i o n n a n t e s machines utilisées pour la fabrication drapière, divers objets du quotidien issus d’une villa gallo-romaine, un ensemble de vêtements liturgiques
datant du XVI au XIXe siècle ou encore une belle galerie d’animaux empaillés. Le parcours muséographique, entre esthétique industrielle et référence aux milieux naturels, réussit véritablement à mettre en valeur les collections ainsi que l’histoire d’une ville et de ses habitants. Un lieu où l’on fabrique du savoir, mais où l’on sait aussi fabriquer de la mémoire. Valérie Berthoule >> Exposition “Au fil des œuvres”, jusqu’au 27/02 Les rencontres du jeudi, les 13/01, 10/02 et 10/03 Visite autour des collections gallo-romaines, le 05/02 Atelier pour enfants, “Ecritures, initiation à la calligraphie”, le 23/02 Visite autour des collections textiles, le 19/03 C/0 : Musée ouvert du mardi au dimanche, 14h-18h 7 cours Gambetta, Elbeuf la-crea.fr – 02 32 96 30 40
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*Communauté de l’agglomération Rouen Elbeuf Austreberthe
LE MATAHARI À ÉVREUX
Source : Matahari
Le soleil des nuits ébroïciennes
on, le Matahari ne tient pas son nom d’une danseuse (et espionne) célèbre, mais la référence reste orientale. En malais, Matahari signifie l’œil du jour, autrement dit le soleil. C’est de là qu’est parti l’ancien gérant, passionné par la culture indonésienne, en montant son bar il y a bientôt 13 ans. On retrouve ce thème du soleil indonésien et de la culture du sud-est asiatique dans la très jolie décoration de cette ancienne serrurerie métallerie. Repaire des gourmands, le café restaurant du centre-ville d’Evreux est aussi celui des musiciens, m é l o m a n e s e t a u t re s a m at e u rs d ’ a r t gr â c e à s a programmation régulière de concerts et d’expositions. L’équipe du Matahari se trompe rarement dans ses choix. Pour preuve, Diving with Andy, Syd Matters, Nervous Cabaret sont passés par là. Elle mise surtout sur les talents du cru normand, comme Radiosofa. Et si la part belle est faite aux groupes de rock (la couleur musicale locale), le lieu cherche aussi à varier les plaisirs. On l’a vu dernièrement s’ouvrir à la danse avec l’organisation d’une soirée salsa, est évoquée aussi l’idée de monter un événement autour du blues ou du jazz… Avec tout ça, l’astre n’est pas près de cesser de rayonner ! Valérie Berthoule
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>> Prochaines expos : Extérieur nuit, photos d’Emmanuel Rivola en janvier Photos sur l’Inde de Pascale Goswami en février
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C/0 : matahari-bar.fr 21
Cherchez la sortie
Atelier de Patrick Serc
L'USINE UTOPIK À TESSY-SUR-VIRE
Ça carbure ! Au départ c’était un projet un peu fou : transformer d’anciennes serres en centre de création contemporaine, en un lieu d’échanges, de rencontres, où le public côtoie les artistes, le tout en milieu rural. Une utopie ? Non, aujourd'hui c’est tout ce qu'il y a de plus concret ! e suis quelqu’un qui, quand il trouve qu’il n’y a pas assez de projets culturels, décide de les créer”. Voici une phrase qui résume parfaitement l’état d’esprit de Xavier Gonzales, artiste plasticiensculpteur, qui, loin de sa Catalogne natale, a eu le coup de foudre pour ces anciennes serres horticoles de 1300 m2 à l’entrée de Tessy-sur-Vire, au cœur de la Vallée de la Vire. “Je cherchais un atelier. C’était en hiver et il faisait froid, et tout à coup le brouillard s’est levé, les rayons du soleil ont traversé les vitres, c’était comme une cathédrale de lumière”. Puis il y a eu l’appel à projets lancé en 2008 par la Région Basse-
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Normandie pour créer des relais culturels régionaux en dehors des grandes villes. Sur le papier, ces derniers doivent assurer des missions précises : être des lieux de résidence de création, de représentation, de ressources techniques et administratives, de médiation et de coordination pour les acteurs culturels du territoire en question. “Cela correspondait exactement à ce que j ’ e s s aya i s d e m e t t re e n p l a c e : décentraliser l’art contemporain et collaborer à pallier ce système de culture à deux vitesses qui veut que l’art soit réservé à la ville”. Dirigée par Xavier et soutenue par l’association ADN - Art et Design en Normandie, l’Usine Utopik devient ainsi le premier de ces relais, inauguré en novembre 2009 avec comme spécialisation les arts plastiques, le livre et la lecture. Depuis la structure a été rejointe par c i n q a u t re s ( L e Q u a i d e s A r t s d’Argentan, 2Angles à Flers, Les Amis de Saint-Céneri, l’association Chorège e t l a m é d i a t h è q u e à Fa l a i s e , l’association Musique expérience pour le Pays de la baie du Mont Saint-Michel) avec chacune leurs domaines de prédilection, créant ainsi un maillage culturel cohérent sur l’ensemble du territoire régional.
Directement de l’artiste au spectateur L’Usine Utopik dispose de plateaux techniques consacrés à la sculpture (métal, bronze et pierre), d’espaces d’exposition, de représentation et d’ateliers à louer aux artistes ou pour l’accueil en résidence, fer de lance du projet : “Je trouve que dans l’art contemporain, les artistes deviennent tous des loups solitaires. Il n’y a plus ce phénomène d’émulation, quand les a r t i s t e s é t a i e n t re gro u p é s, s e confrontaient autant les uns aux autres qu’avec le public et se stimulaient”. Pour cette première année, douze artistes étaient en résidence, dont trois écrivains. Pour 2011, la jauge est ramenée à six, sélectionnés par un appel à candidatures international. Payés, nourris, logés et avec une bourse Atelier de Virgil Debar
Salle principale, exposition de Médéric Jeanne en octobre 2010
les artistes plus naturellement. L’Usine veut également s’ouvrir à d’autres disciplines en organisant des rendezvous pérennes comme un concours de courts-métrages ou encore la création d’un festival de poésie électronique. Une réflexion est aussi en cours avec la Région pour mettre en place une formation professionnelle en art contemporain à destination par exemple des élèves de CAP chaudronnerie qui, connaissant déjà les outils et les techniques, pourraient
apprendre à créer avec les métaux. A p r è s u n a n d ’ ex i s t e n c e e t d e nombreux projets sur les rails, pour Xavier c’est un rêve éveillé “J’ai encore du mal à croire que j’ai pu créer un lieu comme celui-là, comme je l’ai rêvé, c’est ça la véritable utopie”. Antoine Vulliez C/0 : La Minoterie, Tessy-sur-Vire Ouvert mercredi, samedi et dimanche de 14h30 à 18h 09 77 69 13 99 usineutopik.wordpress.com
L’Artotek
Xavier Gonzales, directeur de l'Usine Utopik
Avec celle de Cherbourg, l’Usine Utopik possède la deuxième artothèque du département de la Manche. On en rappelle le principe : en échange d'une s o u s c ri p t i o n a n nu e l l e, particuliers, collectivités ou entreprises peuvent emprunter des œuvres tous les mois. La collection rassemble 180 œuvres (peintures, gravures, sculptures, photographies…) de 63 artistes, pour la grande majorité basn o rm a n d s. Po u r X av i e r Gonzales, l’artothèque reste “un o u t i l i n d i s p e n s ab l e p o u r démocratiser l'art contemporain, permettant de faire rentrer l’art chez les gens plus facilement”.
Photos © Antoine Vulliez
pour l’achat de matériel, ces artistes savent qu’ils peuvent être interpellés à tout moment par le public, là est tout l’intérêt de ce lieu. “Les artistes qui v i e n n e n t d o ive n t é ga l e m e n t s’impliquer dans la vie de la région. Tout l’enjeu est de faire un travail en direction du public et surtout des jeunes. Ils suivent tout le processus de création de l’artiste, de la naissance du p ro j e t à s a c o n c r é t i s at i o n ave c l’exposition. Ils peuvent ainsi mettre un visage sur les œuvres”. La création prochaine d’un centre de ressources avec accès Wi-Fi et des ouvrages sur l’art en libre consultation concrétisera un peu plus la volonté de faire de ce lieu de passage, un lieu de vie. Le public s’appropriera ainsi l’espace avec un coin pour s’asseoir, prendre un café et ainsi discuter avec
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Cherchez la sortie L’ESPACE CULTUREL LES VIKINGS À YVETOT
La culture de la variété © Ville d'Yvetot
Depuis plus d’un demi-siècle, l’espace culturel Les Vikings d’Yvetot, en Seine-Maritime, porte une tradition de spectacles de variétés. Pour autant, le public de la région n’est pas réfractaire aux autres propositions. Concert de Quentin Mosimann
a n d e rn i e r, o n f ê t a i t l e cinquantième anniversaire de la salle de spectacle Les V i k i n g s. A l ’ a u b e d e l a retraite, son directeur et régisseur général, Philippe Thomas, a assisté à sa construction et fréquente les lieux depuis son enfance.”Dans les années 60 et 70, la salle a accueilli tout le gratin du show-business : Brel, Piaf, Johnny, Sheila, etc.” Depuis les années 60, l’espace culturel municipal véhicule en effet une image de salle de variétés, davantage orientée vers des têtes d’affiche populaires. Philippe Thomas le confirme : “La programmation populaire marche très b i e n . O n fa i t l e p l e i n ave c d e s humoristes comme Anne Roumanoff, Franck Dubosc ou Elie Semoun, des troupes de théâtre comme celle de Jean Avenel, ou des chanteurs comme Barbelivien.” Selon le directeur, la programmation dite “culturelle” ou de découverte aurait du mal à mobiliser le public yvetotais. “Le public est très dur à ce niveau-là. Les gens veulent voir des têtes connues, ils veulent se
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d é t e n d re ave c d e s s p e c t a cl e s d’humour.” Philippe Thomas évoque alors les exemples de villes proches qui ont réussi le pari d’allier spectacles populaires et propositions plus pointues dans leur programmation, Juliobona à Lillebonne et le Rayon Vert à Saint-Valéry-en-Caux.
Le succès d’Aldebert Un autre élément entre également en ligne de compte : la capacité d’accueil de la salle. Pas évident de remplir les 900 places de la jauge même si celle-ci est modulable selon les formes de spectacle. “Avec 900 places pour 11 000 habitants, une petite ville rurale c o m m e Y ve t o t e s t s û re m e n t suréquipée. J’interviens aussi en tant que membre du comité des fêtes. Quand on programme un spectacle, on vise souvent le très populaire pour remplir la salle et ainsi pouvoir rentrer dans les frais.” Cela étant, pour le directeur, amener les gens vers de la découverte est p o s s i bl e, e n m i s a n t s u r l e développement de l’action culturelle. “Il
y a un travail de fond à mener sur le long terme en direction des jeunes. La ville a un fort potentiel de scolaires.” D’ailleurs, parmi les souvenirs récents de ses belles années passées aux Vikings, il cite la venue du chanteur Aldebert dans le cadre d’un concert pour le jeune public. Spectacle qui a affiché complet. “Parents et enfants ont adoré ! Il faut dire, qu’en amont, Aldebert avait fait des ateliers avec les scolaires. Cela prouve que ce genre d’artiste peut marcher ici. C’était à la fois recherché et très accessible. Moi c’est la culture qui me plait !” Valérie Berthoule >> Prochains rendez-vous : Didier Barbelivien le 16/01,
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Boujou bien de la troupe Jean Avenel le 06/02, l’Orchestre du Grand Turc le 12/02, Batignolles le 19/03, café chantant le 22/03, Marcel Amont le 30/03, Il faut sauver le chêne d’Allouville avec Georges Beller le 10/04 C/0 : Rue Pierre de Coubertin, Yvetot - 02 35 56 46 51
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LE NIOUZZ À CAEN
Un lieu à se mettre sous la dent !
e me suis installée dans ce quartier, car je vis ici depuis très longtemps et je ne trouvais plus à C a e n d ’ e n d ro i t q u i m e convenait” explique Corine Thoiron. “J’ai voulu créer un véritable lieu de vie. Pour moi un bistrot c’est ça, il faut qu’il s’y passe toujours quelque chose pour toucher un public varié”. Peintures,
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dessins ou photographies, tous les mois une exposition vous propose de découvrir un artiste. Côté musique, folk, pop, blues, il y en a pour tous les goûts. Tous les concerts sont acoustiques, ce qui correspond à l’ambiance conviviale du lieu. Décoration chaleureuse, lecture à disposition, jouets pour les enfants, fauteuils confortables, on s’y sent comme à la maison. Le Niouzz est également référencé comme “café repaire” pour l’émission de Daniel Mermet, “Là-bas si j’y suis” sur France Inter, et propose des soirées-débat. “On rebondit sur l’actualité, mais pas obligatoirement à chaud. On se laisse du temps pour travailler sur les dossiers et ainsi proposer des débats de qualité en s’appuyant sur des intervenants compétents et spécialisés”. Cafégalerie la journée, bar-concert le soir, n’oublions pas que le Niouzz c’est aussi
un restaurant où tous les midis en semaine vous est servie une cuisine familiale de saison, car c’est pas tout ça, mais la culture, ça creuse ! Antoine Vulliez C/0 : 15 bvd Leroy, Caen 02 31 34 95 28 leniouzz.over-blog.com
© Antoine Vulliez
Installé dans le quartier Vaucelles, le Niouzz est un bar-restaurant comme on aimerait en voir plus souvent. Entre deux verres et un bon petit plat, expositions et concerts rythment la rive gauche de l'Orne.
Corine Thoiron
LA DOUBLE CROCHE À LISIEUX
Scène ouverte !
© Antoine Vulliez
Salle de concert, la Double Croche est également une école de musique où l'accompagnement prime, des premiers accords à la première scène !
a Double Croche, qui rythme la vie des Lexoviens depuis 2007, est née à la fois d’une envie et d’une nécessité. “Il y a une scène musicale très importante à Lisieux, mais qui est méconnue, voire ignorée. Il n’y avait pas de locaux pour répéter, pas d’aides, pas de lieux de diffusion autre que les bars” explique Sylvain Legendre, coordinateur de la salle qui est gérée par l’association éponyme. Du rap à la chanson française, en passant par le blues, le reggae et évidemment le rock sous toutes ses formes, du punk au métal, l’éclectisme de la programmation des concerts confirme cette volonté d’ouverture à tous les groupes, tous les styles et donc
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tous les publics. Et pour cela, cette s t ru c t u re m i s e b e a u c o u p s u r l a pédagogie en proposant, en plus des master-class et des ateliers jazz avec le Conservatoire de Lisieux, des cours de musique (guitare, basse et piano, sans oublier un partenariat avec J.M. Tallet, l’école de batterie voisine) et surtout un accompagnement pour les musiciens. “Nombreux sont les groupes qui font leur première scène ici. On les conseille, des stages sont organisés pour se perfectionner et on les programme en première partie d’artistes confirmés”. Unique dans le paysage, la Double Croche permet donc à la musique de vivre, mais aussi de se développer, et elle remplit parfaitement son double rôle. Antoine Vulliez C/0 : 63 rue du Général Leclerc, Lisieux - 02 31 62 02 08 myspace.com/ladoublecroche
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Exposition Sylvain Dubuisson - Diogène - Unité d’habitation 2009 © VIA
Nous - Vincent Barré et Sylvain Dubuisson Rouen (76) Musée des Beaux-Arts Tous les objets du quotidien sont revisités, bousculés avec des couleurs et des matières innovantes et des résonances poétiques accentuées.
> sculpture / architecture - jusqu'au 06/03
Musées du monde - Heidi Wood Caen (14) Artothèque Heidi Wood travaille sur l'exploitation des pictogrammes dans la création d'identité visuelle pour les villes dans l'industrie du tourisme. Il dresse un inventaire en dessin des objets contenus dans les musées des villes et les juxtapose aux formes schématisées créant ainsi une charte visuelle de chaque ville.
Phasme feuille - source : Muséum d’Histoire Naturelle du Havre
> dessin - du 14/01 au 13/03
Joachim Mogarra Cherbourg-Octeville (50) Le Point du Jour Son travail se situe entre la photographie, le collage, le roman-photo et le ready-made. Il en découle des œuvres proches de l'actualité. Joachim Mogarra aime aussi le texte, l'occasion de réfléchir sur le rapport entre le texte et l'image. La Tapisserie de Bayeux, 2009
> photo - du 19/02 au 15/05
Pas vus, pas pris Le Havre (76) Muséum d'histoire naturelle Supercheries dans le monde animal : que symbolise la couleur rouge chez la plupart des insectes ? Comment la mante religieuse surprend-elle son assaillant ? Les apparences des êtres vivants sont parfois trompeuses.
> découverte - du 05/01 au 19/06
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Et aussi... Collection FRAC Basse-Normandie
Le jardin des éclats Granville (50) Musée d'art moderne Richard Anacréon Poèmes muraux de Hisashi Okuyama. Ce poète d'origine japonaise puise son inspiration à partir d’œuvres d’art ou de paysages qu'il affectionne. Visite commentée le 06/03.
© D.R.
> poèmes - du 05/02 au 17/04
Tessy-sur-Vire (50) Usine Utopik Le réel est ici tronqué, surdimensionné, rêvé, analysé sur le mode macro ou de la simple maquette. Avec Lilian Bourgeat, Delphine Coindet, Dewar & Gicquel, Véronique Joumard, Gauthier Leroy, Didier Marcel, Myriam Mechita, Bruno Peinado, Pascal Pinaud, Alain Séchas, Kristina Solomoukha, Taroop & Glabel. Vernissage le 14/01 à 19h et visite commentée le 02/02 à 18h30.
> objet - du 14/01 au 20/02
Visions d'Antarctique Rouen (76) Archives départementales
Marc Giai-Miniet St-Etienne-du-Rouvray (76) Le Rive Gauche + C.C. Jean Prévost
Exposition historique sur l’exploration du pôle Sud par un équipage français. Conférence “L'Antarctique, hier et aujourd'hui” le 21/01 à 18h et “Regards de scientifiques des XXe et XXIe siècles” le 11/03 à 18h.
Curieux des mythes et des symboles, Marc Giai-Miniet peintre et graveur produit également des céramiques. Il fabrique depuis quelques années des “boîtes” qui semblent compléter son univers “borgésien et kafkaien”.
> photo - jusqu'au 31/03
Nos ancêtres les hommes Omonville-la-Rogue (50) Le Tourp
> peinture - du 13/01 au 17/02
Découvertes archéologiques dans la Hague.
Orlan, Self-hybridation. Masque Mbangu moitié noir moitié blanc et visage de femme euro-stéphanoise avec bigoudis, 2007. Photographie. Adagp 2010. Collection Frac Basse-Normandie
> archéologie - jusqu'au 29/05
Double Face Valognes (50) Galerie Marie Laurencin Hôtel Dieu Entre sculpture, objet, image et peinture, ces œuvres explorent des cultures et des temps différents. Avec Duane Michals, Orlan, Bruno Peinado, Andres Serrano, Taroop & Glabel, Patrick Tosani.
> objet - du 15/02 au 01/04
Napoléon Bonaparte Le Havre (76) Maison de l’Armateur Ses entrées dans la ville du Havre.
> histoire - jusqu'au 18/04
He Yifu : Peintures et calligraphies chinoises Avranches (50) Scriptorial d'Avranches > peinture - jusqu'au 27/02
La gravure à Bologne Caen (14) Musée des Beaux-Arts > peinture - jusqu'au 27/03
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Exposition Embarquement pour le rire ! René Goscinny René Goscinny enfant © archives Anne Goscinny
Le Havre (76) Espace André Graillot Astérix, Lucky Luke, Iznogoud ou Le Petit Nicolas etc., ses œuvres nous sont familières, mais que sait-on de cet homme et de ses passions ?
> dessin - du 15/01 au 17/04
Ça cARToon @ La Bohême I've got a rabbit in my head
Deauville (14) Galerie la Bohême Sculptures et peintures du monde de la BD, des comics et des mangas. Par Taling & Johanne 8.
> peinture / sculpture - jusqu'au 28/02
Gérard Garouste et les enfants de La Source Louviers (27) Musée de Louviers Cette double exposition présente un ensemble d'œuvres de Gérard Garouste, peintures, gravures et sculptures, ainsi que des œuvres réalisées à La Source par des enfants encadrés par des artistes.
Kézive, la ville mensonge © Adagp, Paris 2010
> peinture/sculpture - jusqu'au 06/02
Ecritures de Lumière Michael Wittassek Flers (61) Galerie 2angles Vernissage le 15/01 à 18h30.
> installation - du 15/01 au 06/03
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Et aussi... Peintres et sculpteurs Tourgéville (14) Galerie de Tourgéville
© Marcos Lopez - Il Piccollo Vapore
Avec Francis Chirot, Pascal Masi, Brigitte Sarrat, Philippe Valensi, Markko, Nanski, Yves Quellec, Olivier Vincent et la participation de peintres cubains.
> peinture / sculpture jusqu'au 07/02
Avant / Post Bernard Piffaretti Tinta Roja (encre rouge) Marcos López Lillebonne (76) C.C. Juliobona “L'idée est de Remarquer. Répéter. Exagérer... Mon esthétique est Baroque... Une Argentine en carton peint...”
> photo - du 10/01 au 15/04
Sotteville-lès-Rouen (76) FRAC Haute Normandie > peinture - jusqu'au 23/01
Les mystères de la chambre noire Omonville-la-Rogue (50) Maison Jacques Prévert Jacques Prévert et la photographie.
> photo - jusqu'au 29/05 Mitelli, Le Vendeur d’éventails
Marcel Laquay St-Martin-de-Boscherville (76) Abbaye St-Georges
Scoli Acosta Caen (14) FRAC Basse-Normandie
La Gravure à Bologne Caen (14) Musée des Beaux-Arts > estampe - jusqu’au 27/03
Scoli Acosta poursuit des recherches sur une “esthétique de la débrouillardise”. Ses œuvres révèlent la poésie des objets du quotidien recyclés. Performance et vernissage le 25/02 à 18h30.
© Scoli Acosta - Big Well Nada - Vue d'exposition, Miami 2008 Courtesy Galerie Laurent Godin, Paris
> objet - du 26/02 au 13/04
C’est un artiste très attiré par le paysage, il capte la lumière avec une vision et une sensation qui obligent à compter avec la nature, le climat, la gravité de la vie.
> peinture - du 05/02 au 20/03
Z.A.P. (Zone d'Architecture Plurielle) St-Etienne-du-Rouvray (76) Centre Georges Brassens + La Ruche Sur le thème du renouvellement urbain. Avec Thomas Bénard et Juliette Berthon, Edwige Brocard, Julie Gauthier-Anota, David Jouin, Anne Lemarchand et Sophie Mari.
> architecture - jusqu'au 31/01
Au fil des œuvres Elbeuf (76) Musée d'Elbeuf Fil et tissu revus par la création d’aujourd'hui.
> art textile - jusqu'au 27/02
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Exposition De la terre aux étoiles - Lucien Rudaux Saint-Lô (50) Archives départementales Sa passion pour l'astronomie le pousse à imaginer des panoramas de planètes, faisant ainsi de lui un précurseur de l'art astronomique.
Ensemble de 4 éléments Requins Résine polyester, fibre de verre, peinture polaroid, pigments, chaux
> photo - jusqu'au 30/04
Star(e) not war Bayeux (14) Le Radar Avec Jean-Luc André, Martha Colburn, Damien Deroubaix, Leo Fabrizio, Micha Laury, Hervé Leforestier, Philippe Mayaux, Sophie Ristelhueber. Vernissage le 16/02 à 18h30 et visite commentée le 16/03 à 18h30.
> objet/peinture - du 15/02 au 25/03
Du dessin animé à la 3D Alençon (61) Hôtel du Département Cette exposition présente l’envers du décor des films d’animation.
Key set-up Jérémy ©1982 Les artistes associés
Le chantier (Yunnan, 2010)
> dessin - jusqu'au 30/01
Une Chine, mille visages Nicolas Bansaye Le Havre (76) Muséum d'histoire naturelle Carnet de voyage : les minorités du Yunnan et du Sichuan. Animations et rencontres le 03/02 à l'occasion du Nouvel an chinois.
> photo - du 05/01 au 19/06
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Rencontre L’ÉPICERIE SOCIALE À GRAND-COURONNE
Au cœur de l’épicerie sociale
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retrouver le plaisir de cuisiner” explique Ivane Petit, responsable de la division action sociale. “Outre la nourriture, nous voulons associer les bénéficiaires à la vie culturelle. Des places à 1 € leur sont allouées pour les spectacles de la commune” indique Ivane. “De plus, les artistes ont désormais pris l’habitude de faire une rencontre ou une répétition à l’épicerie sociale. Cela crée un lien privilégié et donne aux gens l’envie d’assister au spectacle” ajoute Annick Lelièvre, adjointe au maire et viceprésidente du CCAS. “Les bénéficiaires participent aussi en se chargeant de tenir la buvette ou de préparer les cocktails qui suivent les représentations”. L’association a également mis en place de nombreux ateliers, qui prennent place dans le coin accueil de l’épicerie ou dans d’autres locaux : cuisine, jardinage, décoration, relaxation et le dernier né, l’atelier “estime de soi“, qui permet à un gro u p e d e d i a l o g u e r ave c u n e psychologue. C’est la force de l’épicerie sociale, que de vouloir toujours plus. Les responsables ont par exemple l’ambition de créer une gamme bio et commerce équitable, “pour s’ancrer dans les pratiques d’aujourd’hui”. “Nous allons encore devoir exister pendant un moment” conclut Jacques, entre tristesse et fierté. Marie Lemé
© Marie Lemé
épicerie est née en 2004 d ’ u n e v ra i e vo l o n t é mu n i c i p a l e ” ex p l i q u e Ja c q u e s D e fo r t e s c u , président de l’association. “Pendant un an, nous avons travaillé avec le CCAS et l’Association nationale des épiceries sociales et solidaires (ANDES), pour monter un projet solide et définir des quotas propres à chaque situation”. Pour devenir bénéficiaires, les demandeurs déposent un dossier qui est ensuite é t u d i é p a r l e C CA S. To u t e s l e s semaines, les bénévoles se rendent à l a b a n q u e a l i m e n t a i re p o u r approvisionner le stock. Le mardi et le vendredi, l’épicerie accueille jusqu’à 270 bénéficiaires. “Nous sommes dans une épicerie traditionnelle, les gens prennent leur panier, font leurs courses, pèsent leurs fruits et légumes et passent à la caisse !” s’exclame Jacques. “Cela nous distingue de nos “cousins“ les Restos du cœur : on peut choisir, ce ne sont pas des colis tout prêts”. Chaque famille a un budget attribué et se sert, parmi les denrées non périssables certes, mais peut aussi remplir son panier de produits laitiers, de légumes frais et parfois de poisson. “Nous avons des familles dont la culture est très axée sur la cuisine. Nous voulons leur permettre de
© Marie Lemé
A Grand-Couronne, le Centre communal d’action sociale (CCAS) et l’association Maison de la solidarité apportent toute l’année l’aide alimentaire indispensable aux habitants en difficulté. Ils cherchent à élargir sans cesse leurs actions, en particulier sur le plan culturel. Rencontre avec Annick, Ivane et Jacques, trois des bonnes âmes qui font bouger l’épicerie sociale et solidaire.
C/0 : Réseau des épiceries sociales et solidaires en Haute-Normandie : adress-hn.org Épicerie sociale de Grand-Couronne, 2 rue Lefort 02 35 68 02 38 31
Rencontre MUSIQUES ACTUELLES : ASSOCIATION LE RAVE
Un rave éveillé Le RAVE signifie Réseau des arts vivants électriques. Ce projet expérimental regroupe un collectif d’associations de musiques actuelles dans le bocage ornais. Ses objectifs : sauvegarder et renforcer les initiatives sur ce territoire rural pour ensuite développer l’offre de concerts et les pratiques amateurs. ituée dans l’ouest de l’Orne, la petite ville de Flers se trouve à 70 km environ des agglomérations de BasseNormandie que sont Caen, Saint-Lô et Alençon. Alors évidemment, les associations et autres initiatives de cette région rurale qui œuvrent dans les musiques actuelles ne bénéficient pas des mêmes conditions que leurs consœurs implantées dans le giron d’un pôle de musiques actuelles. Manque de visibilité, manque de diffusion, de coordination, de structuration, de moyens matériels et financiers sont autant de handicaps pour brider un réel développement des musiques actuelles dans cette partie de l’Orne. Et pourtant, les initiatives ne manquent pas… Po u r p a l l i e r l e s m a n q u e m e n t s, quelques protagonistes desdites associations ont imaginé un projet visant à regrouper tous ces porteurs de projets au sein d’une même association. Le RAVE, pour “Réseau des arts vivants électriques”, est né officiellement en septembre 2009. Rafaël Garnier en est l’un des instigateurs. “Il y a une multitude d’initiatives amateurs et bénévoles dans cette zone qui couvre un périmètre de 40 km autour de Flers. Or, si l’identité culturelle de ce territoire existe, elle reste floue pour les institutions et relativement invisible.
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N’ayant pas de SMAC* à proximité, beaucoup de jeunes vont sur Caen ou Rennes par exemple, pour voir des concerts. Il nous fallait donc trouver une autre manière d’animer notre territoire.”
Une SMAC informelle Le réseau du RAVE est composé d’une dizaine d’association (pour l’instant) et de quelques locomotives comme Muzic Azimut, connue en Normandie pour son
Les Ramoneurs de Menhirs
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Concrete Knives
festival éponyme qui a lieu chaque automne à Flers. A ses côtés, on trouve par exemple Foksa près de Carrouges et son festival Blizz’art, les AJT’s, un collectif de groupes dans le Domfront, les BRC sur Flers dans l’organisation de concerts, Zazatmosphère et son festival à la Chapelle d’Andaine, Zik’Orne porteur d’un festival également dans le pays domfrontais, FockNiouzes, une webradio de Flers qui diffuse des groupes régionaux, ou encore Le Cercle d’Emeraude, un café culturel à Athis-del’Orne, etc. Premier objectif de cette mise en réseau : être plus reconnaissable et plus fort devant les collectivités, déjà en proie à la rigueur budgétaire actuelle, afin d’obtenir des aides financières essentielles à la sauvegarde et au renforcement de ces associations. “Il y a un engagement des jeunes, dans l’initiative ou les activités sur le terrain, mais le bénévolat, bien que nécessaire, a ses limites. Certains acteurs, on le sent, commencent à être usés et d’autres ne sont pas loin de baisser les bras. Cette reconnaissance des institutions est donc primordiale !”
Po u r s o n l a n c e m e n t , l e R AV E a bénéficié d’une subvention de la Région basse-normande. Maintenant, Rafael et ses camarades se donnent jusqu’au m o i s d e m a i p o u r d é c ro c h e r d e nouvelles aides auprès de certaines collectivités jusque-là sensibles au projet et avec lesquelles un dialogue est mené depuis quelque temps.
Un agenda des concerts Po u r l e m o m e n t , l a p re m i è re concrétisation, rendue possible grâce à l’aide de la Région est l’édition chaque trimestre d’un agenda tiré à 5000 exemplaires répertoriant les concerts des associations membres ainsi que sa diffusion dans des lieux culturels et institutionnels. Toutefois, ce premier pas encourageant, en termes de communication et de coordination, devra en appeler d’autres (investissement et mutualisation des moyens de production, etc.). D’où le besoin de financement. A terme, l’objectif étant de développer l’offre de concerts (groupes régionaux en découverte, groupes confirmés et têtes d’affiche), fidéliser le public ornais et
encourager les pratiques amateurs sur le bocage. “L’idée est de devenir une sorte de SMAC informelle, non pas regroupée sur une grosse ville du secteur, formule qui ne serait pas adaptée au milieu rural, mais faite par les habitants du territoire e t d é p l oy é e s u r l e s s c è n e s d e s différentes communes : dans les salles communales, chapiteaux, etc.” Le chemin est encore long pour voir le projet atteindre ses ambitions mais les éveilleurs sont motivés et conscients de la tâche à accomplir… pour enfin faire vivre leur RAVE. Valérie Berthoule >> Prochains concerts : Les Ramoneurs de Menhirs le 28/01 au Cercle d'émeraude, Athis-de-l'orne Carte Blanche à Concrete Knives et Chocolate Donuts le 19/02 au Forum, Flers Tattie jam le 26/03 au Cercle d'émeraude C/0 : Le RAVE 31 rue du commandant Charcot, Flers lerave.org – 02 33 65 40 73
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*scène de musiques actuelles
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Rencontre THE LANSKIES
Hot Hot West
006, St Lô. Sortie de boîte un samedi soir. Une voix conte fleurette à une jeune fille et a c c ro c h e a u p a s s age l e s tympans de Florian, guitariste. Dès le l e n d e m a i n m at i n , L ew i s E va n s, originaire de Liverpool, passe une répèt’ “test” et devient le chanteur des Lanskies accompagné aujourd’hui par Augustin à la basse, Marc à la guitare et Sylvain à la batterie. Quant au nom “The Lanskies”, les explications diffèrent, de la plus bad en référence à Meyer Lansky associé du mafieux Lucky Luciano, au délire sur David Lansky, série TV des années 90 avec Johnny Hallyday. Voilà qui résume l’état d’esprit du groupe, aussi sérieux que décalé. Au départ c’est grâce à MySpace qu’ils enchaînent les concerts. “On a créé le buzz et plein de contacts. Très vite après les concerts locaux, on est tombés dans le réseau très branché parisien”. 2008 marque leur victoire au tremplin des Vieilles Charrues et fin 2009 leur prestation à la Maroquinerie à Paris fait sensation.
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Aujourd’hui, c’est face à Éric Naulleau sur TPS Star, en acoustique dans les studios de Ouï FM, en tournée en Chine, aux Transmusicales de Rennes ou encore dans Tracks sur Arte, que leur pêchu single Bank Holiday résonne et la gestuelle syncopée de Lewis harangue un public toujours plus nombreux. Explication de ce succès ? Il suffit de l’écouter. Percutant, entêtant, tout comme l’album, ce morceau est un concentré d’énergie, “pour moi l’écriture c’est très impulsif, instinctif, évoquant les choses du quotidien” explique Lewis, qui peut aussi entonner un Soldiers, personnel et mélancolique. Une orientation certainement plus marquée dans leur prochain album.
Hot Wave in Hot West Côté influences c’est un véritable melting-pot, chaque membre du groupe ayant ses références selon sa génération. 15 ans séparent le benjamin de l’aîné. “On est très influencés par la Cold Wave-New Wave, Cure et ses dérivés des années 80, la Brit-pop des
© Antoine Vulliez
Quoi de plus approprié qu'un jour férié - a Bank Holiday - pour rencontrer The Lanskies. Retour sur la formation du groupe et sur la sortie de l'album qui connaît un succès retentissant. années 90, sans oublier le folk cher à Lewis et des productions plus récentes comme Bloc Party ou Arctic Monkeys” confie Florian. Et pour synthétiser tout ça, Lewis a trouvé un terme : la “Hot Wav e ” . “ C ’ e s t u n m o t q u e j ’ a i complètement inventé qui nous c o r re s p o n d b i e n . Ç a m ’ a mu s e b e a u c o u p d e vo i r q u e d ’ a u t re s revendiquent désormais ce style”. Alors la Normandie, Terre du Rock ? Difficile de penser autrement quand les Inrocks évoquent Caen comme le Manchester français. “Il y a une dynamique ici que l’on ne retrouve pas forcément dans toutes les régions et une grande majorité de groupes rock viennent du coin. On sent qu’on fait partie d’une scène qui commence à s’exporter, avec des groupes comme Kim Novak, Chocolate Donuts, Da Brasilians… la Normandie c’est le Hot West !”. Antoine Vulliez
C/0 : thelanskies.com myspace.com/thelanskies