ACTU
Retour sur Nördik Impakt Orelsan, rappeur en ligne de mire DOSSIER
La face cachée de l’opéra EN COUV’ BAZART
NUMÉRO 19 - BAZART mag’ hiver 2010
Emmanuel Kerner, univers onirique et étrange
Emmanuel Kerner Portrait en page 36
ÉDITO
SO MMA IR E JANVIER / FEVRIER / MARS 2010 - N°19
IL A NEIGÉ SUR TOMORROW... Il a neigé et la Normandie s'est quasiment arrêtée. Je dis quasiment parce qu'il y en a un qui n'a pas su s'arrêter et qui m'a embouti ma bagnole jusqu'à la banquette arrière. T'imagines le coffre écrabouillé et même le toit, plié en pointe ! Il paraît que c'est normal qu'il m'a dit le ferrailleur. Ah oui, parce que comme elle était plus toute jeune, ma voiture, c'est non réparable et c'est direct à la casse. J'ai pas récupéré un rond. Et là, un refrain s'est rappelé à ma mémoire saturée des messages publicitaires de nos chers constructeurs automobiles : Prime à la Casse. Avec cette prime, je pourrais peut-être envisager de racheter un nouveau véhicule. Quoi ? Il faut acheter une voiture neuve ? Ah bah, je peux pas, mon banquier ne veut pas me faire crédit, il me dit que j'ai un boulot trop précaire... Voilà pourquoi aujourd'hui je marche à pied, je ne travaille plus, j'avais besoin de ma voiture. Je ne sais pas comment ce sera demain mais cet hiver, il a juste neigé sur la Normandie.
Association ADNi 16 rue Louis Blanc - 76620 Le Havre Tél : 02 35 43 62 79 - Fax : 02 35 22 64 38 info@normandie-web.com
Directrice de publication : Nadège Faucin Administration : Chantal Legrand - Rédaction : Valérie Berthoule, Nadège Faucin, Claire Lorphelin, Chantal Legrand, Antoine Vulliez, Guillaume Masson Publicité : Christophe Michel - Graphik : Nadyou Illustration : Leslie Bigo - Impression : Rotimpres. La rédaction décline toute responsabilité pour les omissions et/ou erreurs qui se seraient glissées malencontreusement dans le magazine. La rédaction n’est pas responsable de la perte ou de la détérioration des textes, fichiers ou photos qui sont adressés pour appréciation. La reproduction, même partielle, de tout matériel publié dans le magazine est interdite. Bazart mag ‘ votre magazine de Normandie - ISSN 1957-5211. Dépôt légal à parution.
ACTU Retour sur Nördik Impakt à Caen Focus Jazz en Basse-Normandie 3 questions à Orelsan L’actualité dans votre région
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TOUR DES SALLES Le Mc Daid’s au Havre Le Passage à Fécamp Le Théâtre Montdory à Barentin La Galerie à Arromanches Les Yeux d’Elsa au Havre Le Quai des Arts à Argentan
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DOSSIER : LA FACE CACHEE DE L’OPERA Le Barbier de Séville à l’Opéra de Rouen Bruno, chef constructeur des décors Jenny, costumière Frédéric, chef de chant Agnès, chef maquilleuse Arnaud, machiniste cintrier D’autres métiers Retour sur la première et la dernière
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EXPOSITION Agenda des expositions La Une de Bazart : Emmanuel Kerner
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PORTRAIT Association Porc-Epic Moot and The Happy Makers Jean-François Glabik Transat Vidéo
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ACTU RETOUR SUR : NORDIK IMPAKT, A CAEN
A l’occasion de ses 10 ans, le festival de musiques électroniques Nördik Impakt retrouvait son lieu historique, multipliait les scènes dans la ville et proposait une programmation bétonnée faisant la passerelle entre les précurseurs, les stars actuelles et les valeurs montantes du mouvement kaléidoscopique. Nördik Impakt, 11e du nom, au départ et à l’arrivée.
Concert d’ouverture : souterrain du Château ou le cloître Lieu sacré et sacré créateur ! de l’Abbaye aux Hommes.
© Virginie Meigné
Pour le lancement de son édition, Nordik a frappé fort en invitant le père de la musique électroacoustique, et grand-père, en quelque sorte, de la musique électronique : Monsieur Pierre Henry. L’événement a eu lieu dans l’Eglise Notre-Dame de la Gloriette. L’édifice religieux faisait partie des endroits insolites du centre-ville de Caen que le festival a investi au même titre que des appartements privés, le parking
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Pierre Henry
Retour à l’église. Dans le chœur, se dresse un orchestre d’enceintes de toutes tailles. Puis le maître arrive. Première surprise : l’homme âgé aujourd’hui de 82 ans semble très affaibli. Deuxième surprise : le programme a changé. Le compositeur jouera Histoire naturelle et Pierres réfléchies en lieu et place d’ Une Tour de Babel et de Six cent soixante-six d’après L’Apocalypse de Jean. Depuis sa régie installée
dans l’allée centrale, le chef d’orchestre s’apprête à diriger ses pupitres d’enceintes pour une expérience qui s’avérera à la fois sonore et sensorielle. Plongés dans cette atmosphère, il n’y a plus qu’à fermer les yeux. In fine, les deux pièces ne nous laisseront pas la même impression. La première, plus dense, appelle davantage d’images mentales que la seconde. Si Histoire naturelle nous fait penser à la guerre du Vietnam, Pierres réfléchies est une oeuvre plus difficile à décrypter. Le compositeur clôturera le concert avec son illustre morceau, Psyché Rock , en guise de rappel. Les cloches résonnent à l’intérieur de l’église et tout le monde repart ravi. Le grand monsieur a impressionné son auditoire, toutes générations confondues. A l’image de Margot, une étudiante, qui a poussé un ami à venir. “Si l’on s’intéresse aux musiques électroniques, il faut connaître Pierre Henry !”
Dj Pone
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Le Peuple de l’h
Ebony Bones
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Le Zénith
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de Caen
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Soirées de clôture : Parc expo scènes rave et club du hall du ou Zénith ? Les deux ! Parc Expo, n’est pas en reste. Les Trois jours après, changement radical d’ambiance pour la clôture du festival. On jubilait à l’avance des nouveautés de l’édition 2009 : deux soirées de clôture à la place d’une seule et un terrain de jeu agrandi. D’une part, le festival a réinvesti les murs du Parc Expo de Caen (après une parenthèse dans la salle du Cargö en 2008). D’autre part, il a lancé une nouvelle formule en programmant en parallèle des concerts sur la scène du Zénith. Concerts où les courants musicaux actuels flirtent joyeusement avec l’électro. R é s u l t at d e c e t t e p re m i è re expérience au Zénith : un public bien au rendez-vous et des groupes en grande forme (Le Peuple de l’Herbe, Dub Pistols, Pony Pony Run Run, Ebony Bones, Etienne de Crécy en tête). Un petit bémol tout de même : le son de la salle, plutôt m a u va i s. D e l ’ a u t re c ô t é , l a programmation techno/electro des
aficionados ont la banane. En ce qui nous concerne, notre préférence va au set de DJ Pone, ici sans ses compères de Birdy Nam Nam. Durant les deux soirées, le public circule régulièrement entre les salles voisines jusqu’à la fin des concerts du Zénith. A 4h, tous les festivaliers ou presque sont encore sur les dancefloors. Certains font une pause pour aller jouer à Space Invaders sur les ordis antiques mis à la disposition des festivaliers, la déco 2009 déclinant le thème du pixel art et des jeux vidéos 80’s. La deuxième nuit, on s’inclinera pendant le set de Kevin Saunderson, donc bien avant les 9 heures du mat’ annoncées, la fatigue ayant raison de nous… En tout cas, les petits-enfants de Pierre Henry a u ro n t a s s u r é c e t t e a n n é e. Vivement l’impakt 2010 ! Article et photos : Valérie Berthoule
Etienne de Crécy
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ACTU FOCUS JAZZ EN BASSE-NORMANDIE
Le jazz passe à l’action Bigarrée et remuante, la scène jazz bassenormande n’en est pas pour autant visible et suffisamment structurée. C’est pourquoi, tous les ans, au mois de mars, les acteurs de ce domaine s’associent autour du Focus Jazz pour proposer une programmation de concerts de formations régionales, nationales et internationales. Un bon début !
© Source : Focus Jazz
JB Culot 5tet
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n mois de jazz en BasseNormandie : en voilà un généreux programme ! En même temps, mieux vaut en profiter car les occasions de voir ce style de musique à l’honneur ne sont pas nombreuses. Evidemment, il y a Jazz sous les Pommiers, l’une, si ce n’est la plus grosse référence en la matière. Mais à la différence de son aîné, Focus Jazz ressemble davantage à une compilation de programmations qu’à un festival. “Ce ne sera jamais un festival”, explique Samuel Loviton, président du Collectif Jazz de Basse-Normandie, “Je le vois plutôt comme une auberge espagnole, avec une ambiance sympa !” Portée par le Collectif Jazz de BasseNormandie et pilotée par un comité d’acteurs du milieu du jazz et des pratiques musicales, l’opération est organisée en partenariat avec des structures qui établissent leurs propres choix, en essayant, pour l’occasion, de concentrer leur programmation de jazz sur le mois de mars. Parmi ces structures, on trouve aussi bien des grandes scènes (Théâtre de Caen…) que des collectifs de musiciens (Camion Jazz…) ou des bars (La Poterne…) répartis sur les trois départements, et en particulier sur le Calvados. Dans le cadre de cette quatrième édition, citons la venue de Macéo Parker dans les salles de musiques actuelles de la Luciole à Alençon et du Cargö à Caen, ainsi que celle de l’Orchestre National de Jazz au Théâtre de la Renaissance à Mondeville.
locale et d’en montrer la vitalité. Dans cette optique, il peut proposer aux diffuseurs partenaires un panel de groupes régionaux afin que ces derniers puissent intégrer leur programmation via une aide éventuelle au plateau. Cette année, par exemple, une formation régionale comme le quintet Renza-Bô participera à l’édition. “La scène régionale est plutôt riche, il y a un vivier de musiciens et les esthétiques sont variées : elles vont du jazz traditionnel comme le swing jusqu’à des formes très contemporaines. Cependant, cette musique reste encore confidentielle en termes de diffusion. Par exemple, nous n’avons pas de scène identifiée jazz à la différence de certaines villes comme Nantes ou Tours. Le jazz est encore une musique nomade en Basse-Normandie.” Focus Jazz serait ainsi une première pierre dans un chantier visant à mettre en place un réseau jazz plus structuré en Basse-Normandie. “A terme, nous aimerions voir se développer la place du jazz dans les programmations des salles de musiques actuelles, faire de l’enseignement et de la sensibilisation dans les écoles de musique ou encore constituer une base de données et rendre compte de l’économie de ce domaine pour sensibiliser les institutions et trouver ainsi des financements.” Fo c u s J a z z o u l a v o i e d e l a sédentarisation ? Valérie Berthoule
Musique encore confidentielle
>> Du 1er au 31/03, en Basse-Normandie
U
Pour le Collectif Jazz de Basse-Normandie, à l’initiative du projet, le principal objectif est de faire un éclairage sur la scène
C/0 : focusjazz.com
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ACTU 3 QUESTIONS A…
2009 ou l’année Orelsan ! Un premier album remarqué, un vieux morceau qui fait polémique, le soutien d’artistes renommés, les pressions des politiques et des associations féministes… On avait des questions à lui poser au p’tit gars de Caen !
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dans la mesure où je ne peux plus vraiment trouver de dates. Après l’été, j’ai dû faire quelque chose comme 10 concerts sur les 30 prévus au départ, entre les annulations et les options non confirmées. Etre déprogrammé est une chose, le problème c’est lorsqu’on commence à vouloir interdire : comme faire pression pour que mon album soit retiré des bacs par exemple… Franchement, si on y était arrivé, là effectivement, ça m’aurait atteint ! D’un autre côté, pour revenir aux concerts, cela tombe plutôt bien car j’avais envie de me poser pour faire un nouveau disque.” B.M. : 2010 année compo, alors ? Tu évoqueras la polémique dans ton prochain album ? O. : “Oui année compo. Je vais rester à Caen 6 ou 7 mois et m’enfermer chez moi pour écrire. Le premier disque s’appelait Perdu d’avance, en partie parce que je pensais que ça n’allait pas marcher pour moi. Au final, ça a quand même un peu marché ! Et puis cet album c o rre s p o n d a i t à u n e p é ri o d e couvrant mes 15-25 ans, j’en ai 27 maintenant. Je ne suis plus vraiment un adolescent, je suis en train d’assumer mon passage à l’âge adulte (rires) ! Le prochain disque devrait prendre cela en compte.
Quant à la polémique, je pense que j’en parlerais : peut-être pas de mon expérience ni des faits, mais
plutôt de mon point de vue sur la surmédiatisation, la censure, les gens qui veulent imposer leur morale, etc. Bref, quelque chose d’un peu réfléchi… si j’y arrive !” B.M. : Ce mois-ci, tu t’es retrouvé parmi les finalistes du Prix Constantin et tu as représenté la France aux MTV Europe Music Awards… Même si tu n’as pas terminé à la première place, comment as-tu réagi à ces sélections ? O. : “J’étais très content. Même si pour les MTV Music Awards le nombre de votes dépendait du nombre de clicks des internautes, - c’est donc celui qui allait motiver le mieux sa “fan base” qui allait gagner- , ça m’a fait plaisir car je regarde cette émission depuis que je suis tout petit. Pour le Prix Constantin, et la sélection au Fair 2010 également, ce sont des professionnels qui ont jugé que mon disque était suffisamment bon pour faire partie de ces sélections. C’est u n e re c o n n a i s s a n c e d e m o n travail… Et une sorte de réponse aux personnes qui m’ont jugé sans écouter mon disque !” Propos recueillis par Valérie Berthoule C/0 : myspace.com/orelsan
© Thomy Keat
Bazart mag’ : Tu viens de passer une année très animée, voire même turbulente. Quel bilan en tires-tu ? Pas trop amer après tout ce battage politico-médiatique ? Orelsan : “C’est une super année malgré tout. J’ai appris plein de choses, notamment sur la vie d’artiste. Je ne suis pas amer. Pour moi, toute cette polémique autour de la chanson (NDLR : Sale Pute) vient de gens mal informés, de mauvaise foi ou bien qui cherchent à se faire de la pub. Bien sûr que les concerts annulés, les pressions, le fait de lire ou d’entendre des choses sur toi qui ne te ressemblent pas, ce n’est pas très agréable, mais au bout du compte, je n’ai pas été atteint personnellement. Il ne faut pas prendre pour argent comptant ce que disent des gens qui n’ont pas écouté les chansons ou qui ne les comprennent pas. Je prends plus cela comme un apprentissage. Quand tu fais de la musique, il faut se préparer à être exposé à des choses parfois négatives. L’autre fois, j’étais à Rennes, il y avait une manifestation contre moi, les gens étaient agressifs. Sur le mur de la salle de concert, il y avait écrit : “Orelsan on va te couper les couilles et te péter les dents !”. J’avais l’impression d’être dans un western (rires) ! Aujourd’hui, la tournée est quasiment terminée
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ACTU
Spice Havre
Tâches d'opinions
Blue tickets La boite de production de spectacles Blue Koala située au 76 rue Victor Hugo au Havre a ouvert sa toute nouvelle billetterie au 76bis de la même rue. Horaires d’ouverture du lundi au vendredi de 10h à 18h30 non stop. L’occasion d’aller chercher vos billets et/ou de vous renseigner sur la programmation à venir. Blue Koala propose actuellement : Feu la mère de Madame de Feydeau, Hugo Lippi, Nabucco de Verdi, Olivia Ruiz ou encore Roberto Alagna. C/O : blue-koala.com
Source : vieillescharrues.asso.fr
Source : Memorial de Caen
A partir du 29 janvier, le Mémorial de Caen ouvre un nouvel espace dédié aux dessinateurs de presse du monde entier. Grâce au soutien de la fondation Cartooning for Peace présidée par Plantu et de la Mutuelle Générale de l’Education Nationale, 70 dessinateurs russes, chinois, israéliens, palestiniens, américains etc. exposeront leurs oeuvres. L’occasion d'aborder cinq thèmes de l’actualité : conflits armés, menaces climatiques, droits de l’homme, inégalités Nord/Sud et censure, tabous et interdits, à travers une multitude de regards et d’opinions parfois contraires. C/O : memorial-caen.fr
Bax vobiscum ! AMC et les Tontons Tourneurs producteurs de tournées d'artistes musicaux, lancent le label BAX Records. Le premier artiste à lancer le catalogue de la maison sera l’artiste normand Liléa Narrative et son épatant électro hip-hop sur son deuxième album Echantillodrome. S’en suivra le tout premier album de Wine, groupe rock-folk normand. Deux noms de la scène musicale dont nous avions déjà fait l’éloge et qui laissent présager à ce label un beau sillon tout tracé. C/O : baxrecords.com
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Depuis deux mois, l’épicerie culturelle E.Caux Culture a réouvert ses portes au 80 rue de l’Eglise dans le quartier de l’Eure au Havre. Vous y trouverez toute une gamme de produits exotiques ou locaux en vente. Vous avez également la possibilité de vous y restaurer pour déguster un plat atypique et diététique. A noter qu’une programmation autour de différents thèmes devrait être dévoilée sous peu. C/O : envols.fr/epicerie-culturelle-2
Jeunes charrues Le célèbre festival des Vieilles Charrues qui se déroule tous les ans à Carhaix en Bretagne au mois de juillet ouvre, cette année encore, sa scène Jeunes Charrues aux régions voisines dont la Basse-Normandie. L’inscription en ligne se fait grâce à un formulaire à remplir, trois morceaux de musique à télécharger et un visuel de présentation à fournir. La date limite d'inscription pour la Manche est le 19/02 et pour le Calvados le 07/03. Les formations retenues seront conviées à des soirées-concerts sur leur territoire, à des formations et pour les 10 meilleurs à monter sur la scène Jeunes Charrues. C/O : vieillescharrues.asso.fr/jc
Comment ai-je pu croire au Père Noël ? Si je vous dis “essai philosophique”, cela vous effraie ? Alors, “essai philotroquoi ?”, cela vous inspire ? Pas de panique car tout le génie de l'auteur, Gilles Vervisch, originaire de Rouen et professeur agrégé de philosophie, réside dans l’habileté à raisonner sur des sujets tout sauf simples de façon très concrète. A la réflexion “Le moi existe-t-il ?”, l’auteur se base sur des exemples de la vie quotidienne tel que “Comment être soi-même dans une soirée où l’on ne connaît personne ?” Chaque réflexion est ainsi abordée avec légèreté la rendant presque attachante. Une beau voyage à s’offrir pour une introspection “fun”. Tarif : 18€. C/O : maxmilo.com
Noir c'est noir ! En octobre est sorti le recueil d’histoires Aaaargh je meurs aux éditions Même Pas Mal. Ce recueil est composé de plusieurs bandes dessinées en noir et blanc ayant toujours un fond noir. Comme le précisent les concepteurs eux-mêmes, “Le noir peut-être drôle, triste, provocant, touchant...”, autant de dérivés bien exploités et dessinés par une flopée d’auteurs dont quelques normands tels que Kokor, Stéphane Douay... Recueil de 160 pages au tarif de 12€ disponible en librairie ou sur leur site. C/O : meme-pas-mal.fr
I Love LH comes back ! Forte de son premier succès il y a deux ans, la compilation I Love LH 2 a vu le jour. Mettant en avant les artistes musicaux du Havre et de ses alentours, cette compilation est en distribution gratuite lors de soirées-concerts I Love LH des groupes participant dans différentes salles locales (Au Siroco à St Romain de Colbosc (76) le 16/01). Sous format digipack, cette galette regroupe 20 groupes sans barrières de styles ni de courants musicaux dont Mass Confusion, Fenouil et les Fines Herbes, Schlagolofofs, Mary*... ! Devant le succès obtenu l'année précédente, des t-shirts et badges au logo bien distinct sont également disponibles. C/O : welovelehavre.com
Du 12 au 16 février, les rues de Granville s’animent autour de son évènement annuel : le carnaval. L’année dernière, 120 000 visiteurs se sont émus au fil des rues. Cette année encore, venez parcourir les 3,5 km de défilé en appréciant les 34 structures motorisées, les 1 500 carnavaliers en déambulation et une quinzaine de groupes musicaux et fanfares. Tout au long de la semaine, des moments forts sont programmés dont l’une des plus grandes cavalcades d’Europe et une bataille de confettis avec plus de 4 tonnes de petits papiers. C/O : carnavaldegranville.fr
Femmes des années 2010
© Cendres Delort
Folies au pluriel Les étudiants de la licence professionnelle de Médiation culturelle vont mettre à profit leur formation par l’intermédiaire de l’association Art & Fac en organisant pour la treizième année le festival Les Pluriels. Du 30 mars au 3 avril, les villes de Rouen et de Mt St Aignan s'agiteront autour de spectacles pluridisciplinaires sur le thème des folies. Rendez-vous avec Les Courtivores, Les Tambours de Brazza, Shakapunk, Dj Aeon Seven etc. dans différents lieux tels que le cinéma L’Ariel, la Maison de l’Université, le Hangar 23 etc. C/O : myspace.com/lespluriels
Gran'Carnaval
Le Radar à Bayeux accueille à partir du 15 janvier et jusqu'au 10 février, une installation plastique nommée Reproduction interdite. Créée par la Cie Voyelle et mise en oeuvre par Cendres Delort, cette installation s’inscrit dans le festival Graine de mots. A partir d’entretiens menés auprès d’une quarantaine de femmes âgées de 18 à 86 ans, elle interroge sur l’image, la place et le rôle de la femme au 21ème siècle. C/O : cendresdelort-voyelles.fr
Sauvons le Normandy L’association Esp’Art située au Havre et présidée par Jérôme Petit souhaite réhabiliter le ciné-théâtre Le Normandy. Ce grand édifice artistique et culturel de la rue Aristide Briand qui a connu ses heures de gloire de 1934 à 1991 est abandonné de tous. Un appel à souscription est lancée pour assurer sa rénovation. Si la somme atteinte n'est pas suffisante, l’association s’engage à reverser à chacun les sommes récoltées. Tous à vos chéquiers ! C/O : Association Esp'Art – 1 rue Fénelon – 76600 Le Havre assoespart@aol.com
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ACTU
Spring
Sortie tout droit de l’imaginaire de Leïla Fréger, auteure caennaise, Nina est une petite fille pleine de surprises. C’est au cœur d’un album intitulé Les aventures de Nina, illustré et musical en 4 volumes que vos enfants découvriront l’univers de cette fillette qui n’a pas la langue dans sa poche. Composé de 3 livrets (1 livre à lire, 1 à raconter, 1 à regarder) et d’une bande-son, chacun de ces volumes évolue avec l’enfant et propose de façon ludique et pédagogique une nouvelle manière de raconter les histoires. Mais Nina cherche toujours un éditeur, à bon entendeur! C/O : leprojetnina.canalblog.com
La Brèche, centre des arts du cirque situé à Cherbourg-Octeville annonce son tout nouvel événement Spring créé en partenariat avec des structures culturelles de Basse-Normandie. Pendant 3 semaines, du 19 mars au 10 avril, quinze spectacles seront présentés sous chapiteau ou en salle et nous feront découvrir le cirque nouveau. En sus, des invités anglais nous feront partager leur talent d’outre-Manche. C/O : labreche.fr/spring/
Architecturez-vous ! Haute et Basse-Normandie se réunifient pour la première fois autour du 5ème mois de l'architecture en Normandie. Pendant tout le mois de mars, vous pourrez découvrir des réalisations architecturales, urbaines et paysagères qui jalonnent votre quotidien. Une cinquantaine d'événements, autour des thèmes “parcours “et “renouvellement urbain”, seront proposés dans différents lieux dont une journée portes ouvertes des agences d'architectes sur toute la Normandie le 10 mars. Programme complet disponible à partir de mi-février. C/O : mdahn.fr
© Abdel Benbadryef
Danse d'ailleurs En ce début de printemps, du 17 mars au 2 avril, venez découvrir les danses d'ailleurs à travers des spectacles, films, stages et rencontres programmés à Caen et à Cherbourg. Lever de rideau cette année sur les jeunes auteurs et sur la création avec des artistes venus du Japon, de Corée, du Vietnam mais aussi du BurkinaFaso, d’Afrique du Sud etc. qui interrogent l’avenir du monde et ses dérives. C/O : ccncbn.com
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Aataba / Taoufiq Izeddiou
© pitinome
Nina se la raconte !
E S C A L E S
U R B A I N E S
La ville d’Equeurdreville-Hainneville (50) s'anime du 3 au 17 avril autour des cultures urbaines. Cette année, l’honneur est donné aux pratiques musicales avec le groupe MAP, Ministère des Affaires Populaires (le 3 avril à l’Agora à 20h30), des ateliers/master-classes (rap, djing, body drumming etc.) et une scène ouverte accessible aux stagiaires. Les autres disciplines culturelles sont loin d'être oubliées avec une mini-battle (danse) organisée par les enfants et une glisse urbaine organisée par Junior association. Grâce à la mise en place d'une radio éducative pendant le festival, les jeunes pourront aller à la rencontre des artistes professionnels. C/O : Mairie d'Equeudreville-Hainneville 02 33 53 96 35
En chanson Le printemps dans l'Orne s'annonce riche en chanson. Pour les 5 ans de cet évènement annuel qui se déroulera du 2 au 31 mars, de nombreux artistes de la chanson seront présents. Les fidèles tels que Sanseverino, Renan Luce, Les Blérots de R.A.V.E.L etc. fouleront pour la deuxième fois la scène de l'O.D.C. Dans d’autres univers, Les Fatals Picards, Sandra Nkaké, La Casa etc. nous feront découvrir leur talent. Enfin, les internationaux tels que le malien Boubacar Traoré, le brésilien Marcio Faraco et d’autres nous feront voyager à travers le monde. C/O : odc-orne.com
Qui fait Quoi au FRAC HN ?
Macédoine
Avec cette oeuvre originale de l’artiste Erwan Venn qui rappelle sans ambiguité “Trafic”, le bâtiment qui abrite le FRAC Haute Normandie situé à à Sotteville-lèsRouen, nous pouvons découvrir l’équipe, le fonctionnement et les missions de ce Fonds Régional d'Art Contemporain. A destination des enfants, ces jeunes lecteurs trouveront des réponses claires et précises sur le fonctionnement d'une structure d'exposition d’art contemporain. Enfin, les créateurs en herbe pourront, grâce à des stickers à coller dans l’oeuvre, mettre en scène l'équipe. En vente au FRAC HN. C/O : frachautenormandie.org
Le printemps balkanique lance un coup de projecteur cette année sur la République de Macédoine. A partir du 31 mars et jusqu'au 28 mai, venez découvrir les richesses de ce pays situé dans la péninsule des Balkans. Musique, littérature, théâtre, contes, arts plastiques, art contemporain, cinéma, danse contemporaine, conférence, gastronomie et artisanat seront au rendez-vous dans différents lieux de Basse-Normandie (Café des images, Cinéma Lux, ACTEA etc.). Programme complet début mars à retrouver sur le site internet de l’association Balkans Transit. C/O : balkans-transit.asso.fr
En quelques mots... La ville de Bayeux renouvelle son événement autour des mots du 24 janvier au 11 février : le festival Graine de mots. Placé sous le signe de la rencontre et de l'échange autour des arts de la parole, venez apprécier ces rendez-vous de théâtre, de conte et de musique dont Molière malgré lui par la Cie Zibaldoni et Comédiens et Compagnie, A nos héros par Nicolas Bonneau, Zaza Fournier etc. Cette année pour 3 spectacles achetés, le 4 ème est gratuit ou vous pouvez offrir un spectacle à une personne de votre choix. Tarif par spectacle de 6 à 18€. C/O : grainedemots.fr
Source : Temps de cuivre
Un hiver sous les cuivres 14 concerts dans 14 lieux différents du 16 au 31 janvier 2010, cette 6ème édition du festival Les Hivernales des Cuivres va nous faire découvrir en Normandie des créations artistiques croisant les cuivres et les cordes. Entre l'ouverture Du symphonique dans les tuyaux et la Grande rencontre des cuivres qui clôture l'événement, les différentes dates sont à retrouver dans votre agenda favori et sur le site internet de l’association Temps de Cuivres. C/O : tempsdecuivres.com
Orchestre recherche autres cordes
L’orchestre de chambre Cordes en Seine composé d’amateurs et de professionnels propose à des musiciens motivés de les rejoindre. Transporter la musique dans des lieux reculés, inhabituels, distraire un public novice ou averti ou encore aller à la rencontre des élèves en milieu scolaire telles sont les actions menées par cet orchestre situé à St Vigor d'Ymonville (76). C/O : candidatures au président de l'association : Jacques Mahnich - jacmahnich@yahoo.com cordesenseine.free.fr
Exclusivement féminin La ville de Saint-Lô s’accorde une semaine de danse et de chorégraphie version exclusivement féminine du 19 au 22 janvier. La salle Le Normandy, le Musée du Bocage et le théâtre accueillent plusieurs spectacles et compagnies dont Focus Exit par la Cie Ecorpsabulle, Le Bain par la Cie Les Baigneurs, Leçon de Choses par la Cie Pastatrace et Sables Mouvants par la Cie Ecorpsabulle. C/O : Théâtre de Saint-Lô – 02 33 57 11 49
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Le tour des salles
© Valérie Berthoule
LE MC DAID’S AU HAVRE
So irish, so rock ! Au Havre, le Mc Daid’s est considéré comme une institution pour tous les amoureux des petits concerts rock et de la Guinness ! Et en 14 ans d’existence, le pub a accueilli du beau monde ! u Mc Daid’s, il y a l’odeur du bois et des bières fraîches ! L’ambiance y est chaleureuse et le cadre, à l’avenant. Des fresques et des inscriptions d’inspiration celtique recouvrent les murs du pub qui s’étend sur 3 niveaux. Avec les boiseries, cela lui donne un cachet ancien qui sied à merveille. Ce décorum est l’œuvre du propriétaire et gérant des lieux, Laurent Chatel. Vous aurez peut-être l’occasion de le croiser derrière le comptoir où il officie également en tant que serveur. Après avoir racheté cette a n c i e n n e d i s c o t h è q u e, l u i e t ses frères ont conçu le Mc Daid’s de A à Z avec l’aide de collaborateurs irlandais.
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Le bar du centre-ville havrais tient son nom d’un pub éponyme implanté à Dublin, lui aussi sur 3 niveaux. Et il faut savoir qu’entre le patron du Mc Daid’s et les Iles Britanniques c’est une grande histoire d’amour. “Une partie de ma famille habite en Irlande et en Angleterre. Je suis très souvent là-bas”, confie Laurent Chatel avant d’ajouter, “J’ai toujours adoré le concept du pub, l’ambiance des concerts de musiques traditionnelles irlandaises et puis la musique anglaise est ma passion depuis tout gamin.”
Pointures et groupes en devenir Depuis son ouverture en mars 96, le pub accueille des concerts de rock, de punk, de métal, de blues, de jazz, de folk, de traditionnel irlandais, etc. Les formations se produisent le week-end et en semaine dans la salle du sous-sol, d’une capacité d’accueil de 200 personnes et parfois au rez-de-chaussée pour les sets acoustiques. Le plus souvent, ce sont les associations organisatrices de concerts ou les groupes qui contactent Laurent Chatel, le Mc Daid’s étant présent dans le dictionnaire du rock.
Mais il lui arrive aussi de repérer des artistes en premières parties dans les salles normandes ou parisiennes et d’en faire venir en date off (NDLR entre deux dates d’une tournée). En 14 ans, le pub a vu défiler du beau monde : Moon Martin, le groupe de rock Eiffel, les musiciens de Rory Gallagher ou le jazzman Jeff Gardner parmi tant d’autres… Et un certain Mickey 3D y a fait ses premiers pas sur scène. “Je le connaissais car il était déjà venu avec son premier groupe. Au bout du compte, on a fait 25 entrées !” Le Mc Daid’s est également une scène sur laquelle passent nombre de groupes de la région. A l’instar de Tahiti 80 qui a fait ses débuts ici. Interrogé sur ses meilleurs souvenirs de soirées, le patron hésite longuement. “Difficile à dire… Il y en a eu tellement.” Il réfléchit à nouveau, puis reprend d’un air cette fois assuré : “En fait, la plus belle date a lieu tous les ans… le 17 mars !” Yes sir ! Valérie Berthoule
C/0 : 97 rue Paul Doumer, Le Havre 02 35 41 30 40
LE PASSAGE A FECAMP
Lieu de passage Outre une offre culturelle variée, mêlant cabaret, théâtre ou chanson, Le Passage se distingue également par l’originalité de ses ateliers, et un compagnonnage d’artistes unique ! mplanté à Fécamp, le théâtre Le Passage se trouve dans un lieu idéal. A la fois calme, relativement reculé, il est également propice à l’effervescence créative ! L’ancien orphelinat dans lequel s’est installé le Passage y contribue également, grâce à sa structure offrant des ressources insoupçonnées. En plus du Petit théâtre, la salle principale de 160 places, L’Embarcadère permet de présenter des spectacles cabarets intimistes, avec une proximité rare entre public et artistes. Plus récemment, il y a deux ans, c’est l’ancienne épicerie Salsou, située juste en face du théâtre, qui a été aménagée en atelier. Celui-ci possède d’ailleurs une vocation sociale affirmée, en accueillant différents services hospitaliers, des mineurs délinquants… Deux co-directeurs d’un genre particulier sont à la tête du t h é â t re d ep u i s 2 0 0 3 , c h a c u n
Source : Théâtre Le Passage
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ayant une expérience d’artiste. Respectivement metteur en scène et comédien, Claude-Alice Peyrottes et Patrick Michaëlis ne sont pas seulement impliqués dans l’aspect “administratif” que peut revêtir une telle fonction, mais ils sont aussi et surtout investis activement quant au travail des artistes qu’ils peuvent accueillir, nouant une vraie relation de confiance avec eux.
Un compagnonnage original Plus que des résidences “classiques”, c’est un véritable compagnonnage qu’offre Le Passage : “Nous pouvons donner des conseils sur une mise en scène, faire des propositions lors des répétitions, d’autant plus s’il s’agit d’une jeune compagnie, mais nous laissons toujours le dernier mot aux artistes. Nous pouvons également les aider pour leur communication ou sur des points plus administratifs comme la comptabilité.” explique Patrick Michaëlis.
D’autres initiatives permettent de valoriser le théâtre : “Afin de donner une nouvelle dimension à la structure, nous avons voulu créer l’événement avec des spectacles hors les murs, sous chapiteau.” Pari réussi avec par exemple la venue du spectacle InStallation, de Suisse, qui a fait le plein de spectateurs, grâce aussi à la mutualisation des moyens avec d’autres salles normandes. La programmation de ce début 2010 est marquée par trois temps fort. Pour le premier, ce sont trois pièces de différentes compagnies qui sont proposées et autant de regards portés sur l’œuvre de Ionesco. Deuxième évènement, la saison de la Turquie est l’occasion de mettre en pratique un des leitmotiv de l’équipe du Passage : “amener de l’ailleurs, montrer d’autres langues, couleurs, cultures…“ Il sera ainsi question d’expos et de théâtre offrant un point de vue différent du monde. Enfin, durant une semaine, du théâtre, du cinéma et des lectures seront organisées autour de la personne de Charlotte Delbo, résistante déportée à Auschwitz, écrivain et femme de théâtre. En somme, quelques illustrations parfaites de cette volonté affichée : “placer le théâtre au cœur de la ville… et de la vie !” Claire Lorphelin C/0 : theatrelepassage.fr
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Le tour des salles THÉÄTRE MONTDORY À BARENTIN
Théâtre et Cie
Source : Théâtre Montdory
Le théâtre municipal de Barentin a pour vocation de plaire à un public large. Il joue pour cela la carte de la polyvalence : expos, concerts, théâtre, danse et cinéma se partagent l’affiche. e théâtre Montdory a déjà une certaine expérience de la culture ! Il fut en effet construit dans les années 50, sous l’impulsion de l’ancien maire André Marie, qui fut par ailleurs Ministre de la Culture et brièvement Président du Conseil. Cette initiative permet de fait, aux habitants de Barentin et de la région, de bénéficier très tôt d’une structure culturelle d’importance. Depuis, les municipalités successives ont toujours eu le souci de préserver ce lieu et de faire perdurer le vœu de cet illustre élu. Les Barentinois et les habitants alentours peuvent ainsi bénéficier de cette polyvalence et de cette proximité rares, des particularités revendiquées par le directeur Christian Pédron, “surtout pour ceux qui ne disposent pas toujours d’un moyen de transport, notamment le soir !” L’unique salle, d’une jauge confortable (450 places), bordée de deux balcons, passe ainsi tour à tour de
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salle de théâtre, à salle de cinéma ou de concert. Celle-ci est d’ailleurs mise à disposition des collèges et lycées pour la projection de films aux élèves. Les expos, les Peintres italiens en mars par exemple, sont installées à l’espace attenant, l’espace André Siegfried. Les différents spectacles s’organisent alors selon un savant mélange de genres, de divertissement et de culture, afin de permettre à tous de s’y retrouver.
Le best off d’Avignon
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Source : Théâtre Montdory
Le foyer à l’étage
La programmation reflète l’orientation souhaitée par le directeur, en poste depuis vingt ans, qui a eu le temps de construire une programmation cohérente et de fidéliser le public. Il explique : “Mon souhait était de proposer une offre diversifiée, en incluant des spectacles qu’on ne voit pas ici, de sortir de plus en plus de la région. C’est un travail de recherche permanente, mais on a la satisfaction de programmer des spectacles dont on est fiers.” Dans cette optique, depuis trois ans, le théâtre propose une sélection de
pièces jouées lors du festival d’Avignon, choisies par le directeur et son équipe parmi une soixantaine de pièces vues. Etalé sur plusieurs semaines, en mars et avril, ce “best off” permet une ouverture, la découverte par le public de pièces de grande qualité qui ne sont pas moins accessibles, comme Roméo et Juliette, la version interdite, par la Compagnie L’Enfant Bleu, ou encore le one man show Ce soir dans votre ville de Warren Zavatta. Le théâtre a également un rôle de coproduction de spectacles ; il a ainsi contribué cette saison à monter la pièce Macbett par la compagnie Caliband Théâtre. Enfin, le cycle de conférences “Connaissance du monde” permet un voyage original à travers le monde entier : de l’ouest américain au Cambodge, des auteurs viennent commenter leurs films et ainsi faire partager l’envers du décor aux spectateurs. Cette saison encore, le théâtre Montdory a un programme chargé… Et pas une ride ! Claire Lorphelin
C/0 : 02 32 94 90 23
LA GALERIE, A ARROMANCHES
VanLuc©
Il est interdit de ne pas toucher !
rromanches, haut lieu du Débarquement, son musée, sa plage, ses pontons… et sa galerie ! Installée dans le plus vieil hôtel de la ville, tout près de la plage, la petite boutique apporte une note fraîche et légère à ce cadre marqué par la grande Histoire. Dans cet écrin sobrement nommé La Galerie, Caroline Denis et VanLuc, tous deux artistes et galeristes, exposent depuis dix ans le travail de plusieurs artistes “coups de cœur” ainsi que leurs propres créations en proposant œuvres originales et reproductions. Les abat-jours vintage de Caroline et les célèbres vaches de VanLuc côtoient notamment les personnages en papier mâché de Fayrouz Ammari et les poissons de François Denis (poissons qui nous sont familiers à Bazart, puisqu’ils ont fait la couverture d’un numéro !)… Aujourd’hui, VanLuc et Caroline Denis souhaitent également ouvrir leurs portes à de nouveaux artistes aux concepts affirmés. Dans cet univers artistique coloré, chaleureux et rigolo, on y croise aussi bien des jeunes de centres aérés que des classes primaires ou des couples avec des poussettes ! Il faut dire qu’avec les conditions qu’il propose (autorisation de toucher les œuvres, coin de détente pour les enfants…), l’endroit charme par la simplicité et la décontraction qui y règnent. “Quand on met les pieds dans une galerie, il est primordial de s’y sentir à l’aise”, souligne VanLuc. “Comment voulez-vous rendre l’art contemporain accessible si vous accueillez le public dans un lieu clos, froid, où il est interdit de toucher les oeuvres ?” Bien dit ! Valérie Berthoule >> Actuellement à la Galerie, expo autour des créations à double signature C/0 : Ouvert tlj sf le vendredi, 11h-13h/15h-19h 22 rue du Maréchal Joffre, Arromanches-les-Bains 02 31 10 02 92 – la-galerie.net
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Le tour des salles LES YEUX D'ELSA - LE HAVRE
Les intuitions de Rhamsa
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ouverte à de nombreux sujets, même celui qui lui vaut de vives critiques, l'ésotérisme. Son seul frein, la politique. “Je n'y touche pas”, dit-elle timidement. De retour cours de la République, où elle avait installé ses livres il y a 10 ans, Rhamsa se trouve à deux pas de la faculté et voisine de trois bouquinistes. Cela ne lui fait pas peur, au contraire. “Les étudiants trouvent sur tout un quartier une offre complète de livres d'occasions”. D'occasions certes mais pas sans valeur affirme cette licenciée en lettres. “J'aime les livres qui ont vécu, j'aime leur passé, je n'aurai pas pu vendre des ouvrages neufs” dit-elle. Les Yeux d'Elsa est choisi depuis six ans comme douze autres librairies en France afin d'accueillir Les Belles Étrangères : une manifestation de rencontres d’écrivains d’un même pays ou d’une même aire linguistique. Rhamsa espère encore d'autres mixités. “J'aimerais que les étudiants des quartiers des hauts du Havre s'approprient aussi le lieu”, nous dit-elle. Telle une réponse à sa demande, un jeune franchit la porte, s'essuie longuement les pieds, devance une petite dame âgée tenant précieusement un “Bellemare” dans ses mains, croise un fan d'histoire de
France qui vide le rayon. Il va directement vers une petite table ronde au fond de la bouquinerie, prend le journal qui semblait l'attendre et s'installe confortablement... On s'attend presque à le voir chausser ses pantoufles... Rhamsa sourit et semble rassurée. Les Yeux d'Elsa suit son cours... Nadège Faucin
C/0 : yeuxelsa.com 115 cours de la république, Le Havre (76).
© Nadia Younsi
u d é bu t d u c o u rs d e l a République la façade des Yeux d'Elsa réalisée par l'artistepeintre Pascal Déchenaud, s'affiche et invite les nombreux passants dans cette bouquinerie depuis la fin de l'été. “J'étais bien dans ma rue d'Etretat, mais c'était une rue étroite où je mourais commercialement à petit feu...” nous annonce-t-elle. Elle visite ce lieu où auparavant elle se faisait masser et se fie à son intuition. C'est également son intuition qui la pousse en 1990 à quitter l'Algérie afin de passer une année sabbatique en France. Elle fait doucement durer cette année au sein de son café littéraire créé en 1996, véritable ode aux histoires d'amour, celle d'Elsa et d'Aragon bien sûr mais aussi celle de Rhamsa avec cette ville et ses habitants. En 1998, une association de fidèles se crée pour aider et soutenir cette structure. “Ils ont apporté une nouvelle vie au café littéraire en y insufflant des nouvelles idées de rencontres” nous confie Rhamsa. Au point d’être dépassée par l'ampleur des Yeux d'Elsa, avoue-t-elle. Tous les mois c'est une quinzaine de rendez-vous qui sont proposés au public. Des cafés littéraires, histoire, concert, poète, allemand et depuis peu le café des sciences. La programmatrice est
© Nadia Younsi
La bouquinerie havraise Les Yeux d'Elsa est retournée aux sources le long du cours de la République dans un local où oeuvrait l'association de yoga Se Ressourcer... Des signes qui ont encouragé Rhamsa Berrehil, la créatrice de cette structure, à quitter sa rue d'Etretat. Rencontre avec cette femme qui se fie depuis 13 ans à son intuition avec succès.
© Denis Lepagneul Mairie Argentan
LE QUAI DES ARTS À ARGENTAN
Embarquement immédiat pour la culture Une nécessité. C'est le mot qui revient le plus souvent lorsque l'on évoque l'ouverture du Quai des Arts en septembre 2009, lieu de culture et de soutien à la création implanté à Argentan, au coeur du département de l'Orne.
a r t a n t d u c o n s t at d ' u n manque d'accès à la culture dans le bassin d'Argentan en Basse-Normandie, il fallait créer un véritable lieu pluridisciplinaire, remplaçant une salle des fêtes cinquantenaire, obsolète et inadaptée à une programmation de spectacles vivants. Huit ans plus tard, le Quai des Arts est inauguré. Un long chantier pour un projet réfléchi autant sur la forme que sur le fond. Située à côté de la gare, d'où son nom, choisie lors d'un concours lancé par la municipalité, la structure, à l'architecture imposante mais ouverte, s'étend sur une surface totale de 2600 m2. Elle se compose d'une grande salle, le Quai A d'environ 700 places assises et de 1000 debouts avec une scène de 192 m2 (troisième plus importante de la région) et d'une deuxième salle baptisée logiquement Quai B, polyvalente et fractionnable en deux. Outre l'espace administratif, les artistes profitent d'une salle de
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répétition, ainsi que de loges “tout confort” individuelles et collectives. Enfin, à côté de la salle, un ancien bâtiment SNCF a été réhabilité en résidence d'artistes et accueille cette saison trois compagnies.
Favoriser les rencontres Le Quai des Arts se positionne comme une offre complémentaire, travaillant en synergie avec la médiathèque, le conservatoire, des associations locales et le cinéma de la ville qui propose des séances spécifiques en rapport avec les spectacles. À l'échelle de la région, de nombreux partenariats sont développés avec des festivals (Les Boréales, Spring, le Printemps Balkanique...) ainsi qu'avec d'autres théâtres afin d'accueillir leurs créations et ainsi ancrer cette nouvelle salle dans son territoire. “On a choisi de ne pas faire une programmation uniquement de têtes d'affiche […] ce que l'on essaie de faire, c'est soutenir des compagnies régionales et des créations” explique
Isabelle Boscher, conseillère municipale en charge de la saison culturelle. Avec une programmation axée sur les esthétiques du corps en mouvement, l’un des pans de l'action culturelle du Quai des Arts est d'essayer de casser l'image élitiste que peut avoir le spectacle vivant. La programmation est ouverte à un public hétérogène notamment grâce au rendez-vous Autour du Spectacle qui abolit la frontière artistes/spectateurs. “On sait bien que pour le public c'est beaucoup plus difficile d'acheter un billet pour une création que pour un spectacle connu. C'est pour cela que l'on fait de l'accompagnement, des ateliers et des rencontres” précise Isabelle Boscher. Il faut permettre à tout le monde de profiter du voyage. Antoine Vulliez
C/0 : rue de la Feuille, Argentan (61) Billetterie ouverte du lundi au vendredi de 13h30 à 17h30 02 33 39 69 00 - quaidesarts.fr 19
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On associe souvent un spectacle à ceux qui sont sur le devant de la scène. Po u r t a n t , i l y a t o u t e une équipe qui s’affaire en coulisses pour lui donner vie. Pour mettre en lumière ces métiers de l’ombre, on a choisi de le faire à travers un lieu, l’Opéra de Rouen Haute-Normandie, et une production, celle du Barbier de Séville, chef d’œuvre de l’art lyrique.
Dossier réalisé par Valérie Berthoule Photos : Valérie Berthoule Illustrations : Leslie Bigo Maquette : Nadia Younsi Merci à Laurent, Fabrice et Gaby de m'avoir permis d'entrer dans les coulisses de l'Opéra de Rouen ! 21
Avant d’entrer dans les arcanes du Barbier de Séville, voici quelques points de repère sur l’activité de création de l’Opéra de Rouen. n plus de l’accueil de spectacles, le Théâtre des Arts produit en moyenne entre 3 et 5 opéras par an. Il dispose pour cela de ressources : pour la partie scénographique, un atelier de fabrication de décors et un autre de costumes, pour la partie musicale, un orchestre et un chœur. Parmi les œuvres lyriques produites par l’ODR*, on peut citer La clémence de Titus, Le carnaval des animaux, Orphée aux enfers et Pierre et le loup. La trilogie Beaumarchais fait sûrement partie des productions les plus lourdes de l’ODR, avec, sur une même année, deux nouvelles adaptations, Le Barbier de Séville de Rossini et Les noces de Figaro de Mozart, et une création, un opéra jamais monté, L’Amour Coupable composé par Thierry Pécou. Cette production en trois volets est à l’initiative de l’ancien directeur de
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*Opéra de Rouen
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l’opéra, David Bizeray. C’est lui qui a fait appel à un seul metteur en scène Stephan Grögler et à trois chefs d’orchestre Luciano Acocella pour le Barbier, Oswald Sallaberger pour les
Noces et Jean Deroyer pour l’Amour Coupable. Et maintenant place à l’acte I de la trilogie !
C/0 : operaderouen.com
Il barbiere di Siviglia est un opéra bouffe en 2 actes composé par Gioacchino Rossini en 1816 sur un livret de Cesare Sterbini, d’après l’œuvre littéraire de Beaumarchais. La pièce narre les aventures du Comte Almaviva qui, pour conquérir sa bien-aimée Rosina, enfermée et prisée par son tuteur Bartolo, va se faire aider par l’homme à tout faire de la ville, un certain Figaro…
Avant de se mettre à l’ouvrage, les équipes techniques de l’opéra ont étudié les axes de la scénographie. En voici un aperçu avec l’équipe artistique.
Les décors : Stephan Grögler, metteur en scène, scénographe : “Pour moi, le plus important dans ces trois opéras, c’est toute la mécanique de l’histoire qui se met en route : des gens qui se cachent, s’enferment, sautent par la fenêtre, espionnent… plusieurs intrigues qui se passent autour de l’action principale. Je voulais donc un décor très épuré qui serve le jeu d’acteurs et l’action. D’où un décor fait presque uniquement de portes et de fenêtres et une mécanique visible.”
très définis qui créent réellement les espaces (chambres, salon, corridors).”
Les costumes : Véronique Seymat, décoratrice, créatrice des costumes : “On voulait que ce soit très coloré, dans des tons très vifs, contrastés, très XVIIIe siècle espagnol. Je me suis beaucoup inspirée des tableaux de Goya où les costumes ont souvent des contrastes très forts.”
- A l’atelier déco rs pendant 8 mois : 6 à 11 personnes - A l’atelier cost um pendant 3 mois es : 9 personnes - Sur le plateau et da 70 personnes pe ns les loges : 60 à ndant plus d’1 m du montage au oi démontage, don s, t 30 personnes lors de s représentation s
Les lumières : S.G. : “Avec Cyril Mulon, le créateur lumières, on a travaillé sur quelque chose de très construit, avec des axes
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is e au re ch erch e et la m de et es al ss lo co es es rt qu onstruire des po po in t de te ch ni ur po es m is an de la fabriquer des méc m e n t su r fabrication à partir le r ci le le s d é pl ac e r fa un problème maquette réalisée pa n s so pa et t e es èn n’ scène… Ce metteur en sc t pas ! es tr au s le équipe. Mais il n’es ie le , pour Bruno et en ou R de ra ec la pa rt de l’Opé Dans les ateliers rigé pendant plusieurs en lie n av projet. “Je du a di chef constructeur liers, artistique suivre les al ét m de e sé po m e mois une équipe co peintres, sculpteurs, ne fais qu rter des s, po er ap si ui et s en soudeurs, m l’exception plan A e. gi lo tri la chniques. de te s in ns etc. pour les beso ils ont conçu l’ensemble solutio néral, , y, le régisseur gé des tables élévatrices nette, des caissons- C’est Gab entre les créateurs des décors n ur des décors : une to st èm e de ga le ri es qui fait le lie sy pl an ch ers avec un placer les éléments, et l’atelier.” ent du spectacle, qui construit dé rmitt ur et roulettes po nêtres, Cet inte t pour le théâtre, avoue préférer fe re at qu et es rt une dizaine de po antier a été long et égalemen décors d’opéra pour leur côté s ch principalement. Le nstructeurs ayant créé fabriquer de Aujourd’hui, cela fait 20 ans co mineux. . très technique, les on tage, on volu uno travaille dans le spectacle vivant m u ’a qu us “J . es ai que Br ce milieu, de s prot ot yp 0 % du ré su lt at ! J’ u par hasard dans nt , je ne 10 pe à un rs é sû riv s Ar pa t ai ili té n’ ét “Ava su rp ri s pa r la st ab go ût rapi de m en t. m êm e ét é pl ut ôt r si ça marchait sur le il y a pris tout ce que pouvait faire un s , ca des grandes portes a toujours une petite réalisais pa cors. D’ailleurs, je n’allais pas y dé il ue de r iq atelie n’était pas papier, en prat de spectacles, ce tionnement.” ir nc vo fo t le en r m su ai de vr itu rt tion ince sable de la construc truc !” Le travail du respon t du chantier, dès la trop mon on a commencé en am
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iché au neuvième et dernier étage du théâtre, l’atelier de fabrication des costumes est une véritable ruche. Ca brode, ça coud, ça coupe dans la matière alors que s’enchaînent les séances d’essayage. Dans l’atelier, tous les croquis sont affichés au mur. Depuis deux mois, l’équipe d’abeilles menée par Patricia, la chef costumière, travaille à flux tendu, chacune à son poste. Parmi les filles de l’atelier, il y a Jenny. Intermittente du spectacle, la costumière travaille souvent pour l’Opéra de Rouen, et plus particulièrement cette saison, à l’occasion de la trilogie Beaumarchais. Le rôle de Jenny consiste à coudre, monter le costume, selon le patron réalisé par Patricia d’après les directives de la créatrice, Véronique Seymat. “Véronique a dessiné les maquettes et choisi en amont tous ses tissus. Ensuite, Patricia fait les coupes, adapte par exemple les lignes de l’époque aux morphologies actuelles tout en gardant l’apparence historique.” Et c’est à partir
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de là que Jenny et les autres filles de l’atelier entrent en jeu. Cependant, si son métier laisse peu de place à la créativité, “On peut éventuellement faire des tests, par exemple sur les froufrous de la robe de Rosina : c’est peut-être là, la seule part de créativité”, en tout cas la costumière apprécie celle de Véronique Seymat, et notamment “son souci du détail pour chacun des costumes et son choix pour des matières plutôt nobles qui sont souvent agréables à travailler !” Parmi les costumes des chœurs et des solistes, la pièce en compte une quarantaine au total, Jenny a travaillé entre autres sur les jupe et jupon de la robe jaune/rose de Rosina ainsi que sur la veste prune du comte Almaviva… sa préférée semble-t-il !
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out comme les techniciens, Frédéric est un homme des coulisses. Chef de chant intermittent du spectacle, il accompagne au piano les chanteurscomédiens des répétitions jusqu’à la générale piano* avant que le chef d’orchestre et les musiciens de l’Opéra de Rouen ne prennent le relais. Au-delà du fait de remplacer l’orchestre, le rôle du chef de chant consiste à apporter un soutien aux chanteurs, aussi bien sur la langue que l’intonation ou l’intelligence du texte par exemple, et à servir d’oreille correctrice. Le Barbier de Séville étant à ce titre une
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œuvre extrêmement technique et virtuose pour les voix. “Pour moi, il y a vraiment une idée de direction derrière le titre de chef de chant. Il faut être comme un chef au piano. Avec le mot ‘accompagner’, on pense que l’on suit les chanteurs alors qu’au contraire on les porte le plus souvent.” Le chef de chant travaille pour cela en étroite collaboration avec le chef d’orchestre puisqu’il est là pour prêcher sa parole. “Il y a un facteur humain très important dans cette fonction dans la mesure où l’on fait vraiment tampon entre le chef, ses exigences, et les chanteurs.”
Mais ce n’est pas la seule casquette de Frédéric sur cette production puisqu’il occupe par ailleurs la fonction de chef d’orchestre assistant, et qui plus est, celle de musicien sur le temps des représentations, accompagnant au piano-forte les chanteurs pendant les récitatifs*… “Même sans cela, ne pas être dans la lumière n’est pas quelque chose de frustrant dans le sens où l’on fait un métier utile et passionnant. On est au cœur du travail des chanteurs et de la direction musicale.” Cela dit, la direction d’orchestre le titille un peu. Une aspiration plutôt logique et légitime vu ses fonctions ! *dernière répétition avec le piano seul et première dans son intégralité *chant déclamé pendant les passages narratifs
rrivées dans les derniers sur la production, les filles de l’équipe perruque/maquillage n’ont pas une minute à elles. Du milieu de l’après-midi jusqu’aux dernières minutes précédant le spectacle, elles voient défiler dans leur loge l’ensemble des comédiens (solistes et choeurs). Agnès, la chef maquilleuse, et ses deux consoeurs, Emmanuelle et Céline, travaillent en liaison avec Virginie et Céline, les coiffeusesperruquières. Posées sur une table, les maquettes dessinées par Corinne, la réalisatrice m a q u i l l a g e, p e r m e t t ro n t a u x maquilleuses de suivre ses modèles. Celle-ci a pu laisser libre cours à son imagination après que la créatrice des costumes et décors lui ait donné l’esprit de ce qu’elle voulait. Ensuite les maquilleuses, qui ont chacune leur patte, passent à l’œuvre. Agnès : “Même si on ne voit pas le travail sur les détails à distance dans la salle, il faut que le maquillage soit aussi esthétique de près comme de loin.”
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Juste avant la générale, le lendemain de la pré-générale, le metteur en scène et la créatrice des costumes viendront demander aux maquilleuses de moins vieillir la soliste interprétant Berta afin de mettre davantage en valeur son jeu “plutôt touchant”. Mais il faut que le maquillage reste cohérent avec la perruque. Ils discutent. Chargée de maquiller l’interprète, Agnès procède aux ajustements voulus. Une fois les personnages maquillés, en perruque et habillés, elle fait les derniers raccords. Aucun changement n’est prévu entre les scènes, juste quelques retouches pendant l’entracte. Ce que la maquilleuse intermittente préfère dans son boulot c’est le contact avec les interprètes avant le spectacle. “C’est un moment privilégié pour nous : nous sommes les dernières personnes qu’ils voient avant de monter sur scène… Et il faut parfois savoir faire preuve de psychologie !”
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m trompeur, e vous fiez pas à ce no i prend votre manteau à i qu Arnaud n’est pas celu éâtre, le cintrier est celui th Au ! ion l’entrée du vestiaire tre ou changer de posit raî qui fait apparaître, dispa scène sur des porteuses. -dessus de la les décors accrochés au s salles de spectacle et du métier utre Mais à la différence d’a naud est rarement au niveau des t, Ar an av ait manœuvrer tel qu’il s’exerç surplombe la scène pour certaines i qu l gri du ou es ell er de pass pté en cas d’implantation t avec l’une cette machinerie. Exce en em nn lème de fonctio De porteuses ou de prob plateau, pas du cintre. du u ea niv au e st re il d’entre d’elles, ige le ballet des perviseur, le cintrier dir etc.) Car, à su ée m m no e hin ac m sa es, nd noir, fenêtres, cadr éléments de décor (fo est entièrement informatisé. Après tre l’Opéra de Rouen, le cin m ise en sc èn e, Arna ud de e as ph la t an nd pe le m on tage, émoires selon ts de décors dans des m ène. Alors en m ve ou m les tre gis re en en sc s voulues par le metteur les positions et vitesse ier, il y a toujours l’appréhension du ét évidemment, dans le m ique, de porteuses qui se crochent mat or inf e nn mais pas de bug ou de la pa s dégâts sur le plateau… ns B ! de re fai t ien ra ur po i qu et pla s ultra sécurisés et des panique : il y a des câble s, Arnaud est en régie de scène. Du ion Pendant les représentat des bouts, quand il jette un œil au e spectacle, il n’en voit qu régie. D’ailleurs, depuis son arrivée la ns da llé des Arts en retour vidéo insta technique du Théâtre op éra in e ip qu l’é ns da an un un il y a Arna ud n’ a ja m ai s vu ta nt qu e pe rm an en t, ra pas encore pour cette fois ! se extenso… Eh bien, ce ne
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L’électricien, l’électro dans le jargon, a pour principale mission d’effectuer la mise en place et les réglages des projecteurs et de leurs accessoires. Pendant les représentations, Julien veille à ce qu’il n’y ait pas de problème avec le matériel et conduit le projecteur de poursuite du premier acte.
Reynald, Mickaël et Philippe, alias les “machinistes-comédiens” (ici avec Bruno, à g., comédien interprétant Monsieur Loyal) ! Sur le Barbier, ils ont été techniciens à double emploi : au déchargement et au rechargement du décor, mais aussi sous les feux des projecteurs, tantôt valets tantôt figurants pour actionner les décors !
L i s t e r, p r é p a r e r e t veiller à la présence et l’emplacement sur le plateau des accessoires du bain de Rosina, des instruments des musiciens, de la crème à raser et autres outils de Figaro… c’est l’affaire de Barbara, chef accessoiriste. Jean-Michel est régisseur de plateau. Responsable des décors, c’est lui qui supervise les placements et changements des équipements sur le plateau, et qui coordonne le travail des machinistes pendant les montages, répétitions et représentations.
Régisseur de production, Aurélien est l’autre “chef d’orchestre” de la pièce. La conduite du spectacle (lumières, décors) est notée sur ses partitions. Pendant la représentation, c’est lui qui donne les tops, du lever de rideau aux saluts. Et ce n’est que l’une des nombreuses tâches dont il a la charge avec Denis, son binôme, dans la gestion de la production.
Marie est l’une des habilleuses du spectacle. En amont, elle prépare les costumes en loges. Pendant, elle est là pour aider le comédien dans ses changements, toujours prête à réparer n’importe quelle couture ! En aval, elle s’occupe de l’entretien des costumes.
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RETOUR SUR LA PREMIERE…ET LA DERNIERE !
Que restera-t-il de ce Barbier de Séville dans nos esprits ? Des costumes qui siéent magnifiquement aux comédiens, le ballet rythmé des imposants décors… Et la liste est encore longue ! u bout d’un mois passé au cœur de la machine, on en connaît les hommes et les rouages. Pourtant, lors du spectacle, la magie reste intacte ! Comme un grand puzzle qui a pris forme sous nos yeux, les différentes pièces s’assemblant harmonieusement au fur et à mesure, cette production a accouché d’une mécanique bien huilée. Comment ne pas être ému quand on voit le très beau résultat et quand on sait l’implication, et même l’affect, qu’ont mis artistes, techniciens et artisans dans leur “bébé” ? Affichant complet sur presque toutes les représentations, la pièce soulève à la fois l’enthousiasme d’un public d’initiés comme de néophytes : mise en scène très vivante, pièce légère, airs connus brillamment exécutés tant par les chanteurs que les chœurs et l’orchestre… Pas besoin d’être calé en matière d’opéra pour apprécier le spectacle !
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Figaro se lâche ! Chaque scène est applaudie, des “bravo” jaillissant des quatre coins de la salle. Parmi elles, la présentation de Figaro,
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avec le fameux Largo al factotum et son air ultra célèbre. Eh bien, “en vrai”, cela vaut le détour : le baryton Tassis Chritoyannis apporte à son personnage toute la malice et l’élégance qu’il faut, dans son chant, ses postures, mimiques et mouvements. Mais les autres interprètes ne sont pas en reste. Tous semblent être taillés pour leur rôle, tant au niveau du jeu théâtral que de la voix. Les scènes “chorales” ne peuvent alors qu’en imposer. Pour la dernière (représentation), les solistes allaient se lâcher, l’interprète de Figaro en tête : il interpelle le maestro avec humour, abuse de la crème à raser sur Bartolo, etc. ! Et voilà, l’aventure se termine… Après d’ultimes saluts largement ovationnés, les techniciens commencent à démonter le décor. Un dernier verre dans le foyer du théâtre et il est déjà temps de quitter un lieu qui fut un peu notre deuxième maison et de dire au revoir à une très chouette équipe, côté techniciens bien sûr, mais aussi côté artistes ! >> A venir : Les noces de Figaro en fev/mars, L’amour coupable en avril
Bruno : “J’ai bien aimé la pièce, je suis content du résultat. De la scénographie, je n’en avais vu que la maquette et les photos de la maquette. Et bien, l’ensemble mis bout à bout donne quelque chose de vivant et de sympa : le mécanisme, les décors, les lumières, etc.”
Jenny : “J’ai adoré : c’était beau, léger et accessible. Le décor est à la fois simple et complexe, léger et lourd en machinerie et en costumes. Il y a un gros boulot à tous niveaux. C’est un sacré travail d’équipe ! Quant aux costumes, ils sont super beaux et magnifiquement mis en valeur !”
Frédéric : “Pour cette première, ça a très bien fonctionné pour les chanteurs : tout était en place entre les exigences de la mise en scène et celles de la direction musicale. C’est toujours perfectible évidemment, mais ça va devenir meilleur encore je pense. Et le spectacle était vraiment bien !”
Agnès : “C’est l’un des plus jolis spectacles que j’ai vus depuis longtemps : les décors toujours en mouvement, les costumes très chatoyants, une belle distribution... Le maquillage, lui, n’était pas évident à faire vu que l’éclairage passe sans cesse des tons foncés aux tons chauds.”
Arnaud : “Pour nous, tout s’est bien passé. Le public a l’air d’avoir vraiment apprécié le spectacle. Ca nous fait particulièrement plaisir dans le sens où c’est un peu notre bébé, sa réussite nous tient à cœur ! Sur l’écran du retour vidéo, j’avais l’impression de voir la maquette !”
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Exposition
Authouart Le Havre (76) Galerie Hamon Authouart est intrigué par Obama, la pièce maîtresse de son exposition est une oeuvre intitulée I have a dream.
> lithographie - du 01/02 au 28/02
Philippe Durand Caen (14) FRAC Photographies réalisées à Bamako et à Beyrouth. Vernissage le 11/02 à 18h30. Rencontre avec l'artiste le 23/03 à 19h00. © Steele et Tomczak
> photographie du 12/02 au 18/04
Mémoire de verre Rouen (76) Musée départemental des Antiquités De l'archéologie à l'art contemporain autour de six artistes du verre, Jean-Pierre Umbdenstock, Antoine Le Perlier, Perrin et Perrin, Joan Crous et Vladimir Zbynovsky.
> verre - du 02/02 au 26/05
Enregistrements - Lisa Steele et Kim Tomczak Hérouville St Clair (14) Wharf
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Ces deux artistes de Toronto présentent des adolescents photographiés de dos auxquels ils ont posé des questions sur leurs angoisses, leurs ambitions et leurs récents cauchemars. Ces réponses apposées aux images révèlent une grande solitude. Vernissage le 23/01 à 12h00.
> photographie et vidéo - du 25/01 au 13/03
En bref...
Le tableau de chasse Gilles Saussier
Yves Garandel et ses amis Nd de Gravenchon (76) Galerie du parc > peinture - du 16/01 au 10/04
Caen (14) Arthothèque
© Véronique Ellena « Le Pandoro », 2008
© Yves Garandel - Lumières
Gilles Saussier entreprend une archéologie critique de ses propres images de la révolution roumaine prise à Timisoara en 1989.
> photo - jusqu'au 20/02
Identité(s), Territorialité(s) Sotteville lès Rouen (76) FRAC
Natures Mortes Véronique Ellena Lillebonne (76) Juliobona > photo - jusqu'au 02/04
Regard analytique ou critique de différents photographes sur les notions de territoire et de géographie.
> photo - jusqu'au 28/02
Salon du Manoir du Tourp Omonville la Rogue (50) Manoir du Tourp Exposition d'oeuvres d'artistes du Cotentin qui ont participé à un concours d'art pictural. A l'issue de l'exposition, le jury sélectionnera le lauréat du concours.
> peinture - du 23/01 au 07/03
Du sol au plafond Pierre Célice
Peintres architectes
Evreux (27) Musée d'Evreux > peinture/dessin du 07/02 au 15/05
Exposition de la Société des Architectes Polonais en France.
St-Martin de Boscherville (76) Abbaye de St-Georges
> peinture - du 05/02 au 28/03
Nâzim Hikmet Fécamp (76) Le Passage Sa vie et son oeuvre présentées par l'association Elele.
> poésie - jusqu'au 31/03
Terres de Bâtisseurs St-Côme-du-Mont (50) Parc naturel régional des marais du Cotentin Patrimoine, architecture et éco-construction.
> architecture - jusqu'au 30/09
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Exposition
Geneviève Asse Rouen (76) Musée des Beaux-Arts Geneviève Asse est un grand peintre abstrait français. Dans ses oeuvres, il semble qu'elle ait capturé dans la nature une lumière vivante qu'elle laisse évoluer sur la toile.
Atlantique, verticale rouge
© LANGLANDS & BELL, “League of Nations, Geneva”, 1993. Collection Frac Basse-Normandie
> peinture - jusqu'au 28/02
L'artiste dans la ville Saint-Lô (50) Musée des Beaux-Arts et C.C. Jean Lurçat Les oeuvres présentées soulignent l'implication de l'art contemporain dans ses rapports poétiques et parfois complexes avec l'architecture.
> exposition collective - jusqu'au 28/02
Anges et Superhéros dans la bande dessinée Avranches (50) Scriptorial Cette exposition s'articule autour de trois questions : comment la bande dessinée contemporaine transfigure-t-elle les figures du superhéros et de l'ange ? Peut on encore sauver l'humanité, mission du superhéros ? Et que veut dire “sauver le monde” pour un superhéros en ce XXIe siècle ?
Yslaire, XXe ciel.commémoires 1900 © 1999, Yslaire.
> bande dessinée - du 06/02 au 30/05
Les marins normands à la conquête du monde Rouen (76) Musée Maritime Fluvial et Portuaire Découvertes et explorations XV-XIXe siècles.
> histoire - jusqu'au 02/05
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Exposition
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CARTE BLANCHE A EMMANUEL KERNER - COUV’ BAZART
L’étrange univers de Monsieur Kerner Quand il n’est pas en train d’illustrer pour Libé ou le New York Times, d’officier comme DJ pour les nuits rouennaises ou d’enseigner à Paris, il dessine des petits personnages inquiétants pour ses projets à lui. Rencontre avec Emmanuel Kerner, un univers agité, un gars cool ! ne forme qui évoque un rideau. Un personnage b i z a rro ï d e e s p i o n n a n t derrière un arbre. Un paysage étrangement désertique. Un personnage féminin qui peut faire penser à une héroïne de tragédie shakespearienne ou grecque. Une lumière jaune qui n’est pas sans rappeler celles de la scène. C’est un peu flippant, oui, mais en même temps joyeusement coloré ! Nous voilà dans l’univers d’Emmanuel Kerner, qui s’est inspiré, pour la couverture, du dossier sur l’ODR de ce numéro. Dans l’univers onirique du dessinateur, les personnages sont souvent dentés ou grimaçants et le décor plutôt hostile. Eh bien, on peut vous confirmer que l’homme est beaucoup plus rassurant que ses œuvres ! Lui est posé et décontracté. Il avoue toutefois un goût pour la marge, les freaks, l’underground, et une tendance à porter un regard un peu grinçant, ironique ou monstrueux sur les choses.
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Illustrateur…international ! Cela dit, il est arrivé que des éditeurs jeunesse fassent appel à lui pour des sujets plus “rassurants”, très éloignés de son univers. “Les petits animaux
mignons, je sais les faire mais je ne me retrouve pas plus que ça dans cet univers. Mon style passe bien pour des dessins sur Halloween, des extra-terrestres, des pirates, des super-vilains, etc.” L’illustrateur a travaillé sur huit livres jeunesse, parmi lesquels un ouvrage de la série Sagesses et Malices chez Albin Michel Jeunesse. Une histoire où il est question de petits curés tentés par le diable. “Là, c’était parfait : je pouvais dessiner des diables et des curés avec de drôles de tronches ! J’étais très content du résultat, l’éditeur aussi.” Son trait, Emmanuel Kerner le promène également dans les colonnes des grands titres de presse. Pour Libération, où ses dessins sont publiés depuis quatorze ans dans les pages société, faits-divers et livres, mais aussi dans le Monde, l’International Herald Tribune, le New York Times ou encore le Washington Post.
Dessinateur tout-terrain Peut-être avez-vous aperçu l’oiseau au Salon du livre jeunesse de Rouen ou au festival de BD de Darnétal l’année dernière… A moins que ce ne soit au Vicomté, à Rouen, où il est à l’oeuvre derrière les platines tous les week-
ends, faisant partager ses petites pépites soul, funk ou disco ! Installé depuis deux ou trois ans à Rouen, ce Parisien n’a jamais vraiment quitté sa ville d’origine. Entre son travail d’enseignant dans des écoles d’art à Paris, ses commandes, ses créations personnelles et son activité de DJ résident, ce touche-à-tout ne tient pas en place ! Actuellement, Emmanuel Kerner prépare un projet d’exposition pour le mois de février à la Rose des Vents, magasin de friperie et de brocante à Rouen, avec une série de dessins adaptés au lieu notamment. Mais l’idée de ne pas se limiter au seul support papier se fait de plus en plus présente. Celui qui a expérimenté tour à tour le design textile, la sérigraphie ou la gravure, pendant ou après ses études, voudrait diversifier ses techniques : faire de la sérigraphie sur t-shirts, sur affiches, toucher à la céramique “et faire des personnages en volume !”, ou encore adapter ses personnages pour de la décoration intérieure… Même dans la création, le garçon cultive l’art de varier les plaisirs ! Valérie Berthoule >> Expo à la Rose des Vents, à Rouen, en février C/0 : wmaker.net/imprimante/kerner2
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Portrait MUSIQUES ACTUELLES : ASSOCIATION PORC-EPIC
our Michaël, Ghislain et Guillaume, l’interview tiendra lieu de pause. Malgré la bonhomie et la décontraction affichées, la fatigue transparaît aussi dans les traits de nos interlocuteurs. L’échelle du temps semble trop courte pour eux. Anciens de l’Agora, l’ex-salle de musiques actuelles du Havre, Michael Guerrier, Ghislain Foezon et Guillaume Lebouis sont aujourd’hui à la tête de Porc-Epic, une petite structure associative qui soutient les artistes en découverte et la création musicale de la région à plusieurs niveaux : label, management d’artistes, programmation de soirées, promotion, antenne régionale du Printemps de Bourges. Rien que ça ! C’est à eux que s’en sont remis des artistes comme Sheraf, Aña et Radiosofa. Michaël : “On est de plus en plus sollicités par les artistes. Dans la région, il y a beaucoup de groupes, quelques lieux, mais peu de choses entre les deux, c’est-à-dire des structures spécialisées dans l’encadrement des artistes : tourneurs, managers…” Au moment de la rencontre, les membres de l’association étaient en train de préparer la sortie du second album de Sheraf, le huitième de Porc-Epic. “Pour son premier disque, on a eu beaucoup
© Valérie Berthoule
Manager, programmateur, label… Porc-Epic enfile plusieurs casquettes pour se mettre au service des découvertes dans les musiques actuelles.
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de retours. Il y a eu des chroniques dans Rock&folk, Magic, Libé… C’était très étonnant pour un disque qui a été peu diffusé. On a dû en vendre 150, 200”, indique Guillaume. “Même si le marché n’est pas en forme, de notre côté, on n’est pas dans cette économie-là. On diffuse à quelques centaines d’exemplaires. Cela reste un support idéal pour faire connaître un artiste.”
La puissance du port du Havre Tout commence en 2003 avec la sortie programmée de la compilation de musiques actuelles, La puissance du port du Havre, dont l’objectif est de faire découvrir des groupes de la région. Guillaume et quelques autres montent alors l’association pour porter le projet. Emballés par ce travail et ses retombées (environ 300 disques écoulés), ils décident de poursuivre sur leur lancée en sortant peu de temps après l’album d’Aña, un duo trip-hop de Brionne, puis le premier album electro-pop du Havrais Sheraf. Les sorties d’albums
appelant les présentations sur scène, l’association vient à élargir son champ d’activité à l’organisation de soirées. Aujourd’hui, Porc-Epic programme des artistes découvertes et d’autres qui le sont déjà un peu moins (La Casa, Hocus Pocus), aussi bien dans des petits bars à l’instar du Be Pop Café, que dans des grandes salles, comme celle des Docks Océanes où Porc-Epic a coproduit les éditions du festival Zik’ O Docks avec la structure Blue Koala. Mais le temps n’est pas extensible. Et les moyens non plus. A l’exception de l’opération Bourges pour laquelle l’association reçoit un financement et la promotion qui lui apporte des fonds, tout le reste s’appuie sur sa volonté et ses envies. L’équipe a donc décidé de passer moins de temps sur la partie promotion pour se recentrer sur ses activités musicales. Et ainsi avoir (peut-être) la possibilité de se réconcilier avec l’échelle du temps. Valérie Berthoule
C/0 : myspace.com/porcepicmusic
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MOOT AND THE HAPPY MAKERS
n sept albums et cinq groupes différents, MoOt s’est essayé dans sa vie de musicien à plusieurs styles. Après une dizaine d’années en tant que batteur d’un groupe punk rock (!), retour aux sources pop rock, avec un album moins énervé mais tout aussi pêchu ! La veine rétro sixties se prête en effet à souhait aux mélodies légères et pétillantes fleurant bon l’insouciance des années 60… En 2008, MoOt commence à composer et enregistrer quelques morceaux, “pour en garder une trace”, s’occupant lui-même de tous les instruments. Devant les encouragements qu’il reçoit, l’album Life is talkin’ misery se dessine peu à peu. Mais comme tout musicien de scène qui se respecte, MoOt cherche à le faire vivre en concert. Il fait alors appel à plusieurs musiciens, entre autres ceux qui l’avaient déjà accompagné sur d’autres projets. Quelques musiciens apportent également leur touche perso, comme la violoniste Anne Stephenson ou le trompettiste Ludovic Fécamp.
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“Nous sommes tous pour cet album dans une optique rétro, dans la nostalgie de groupes comme les Doors, les Beach Boys, les Pink Floyd, bien sûr les Beatles…” explique MoOt, l’architecte du projet. Les textes, écrits également par lui, décrivent des sentiments qu’il a vécus à certains moments de sa vie, ou racontent des sortes de saynètes, de mini romans, des histoires gaies ou graves, mais toujours optimistes, agrémentées de notes pop joyeuses.
Cinq garçons dans le vent Ce n’est pas en France qu’ils vont commencer à tourner mais dans quelques pays frontaliers et au Royaume-Uni. Et bien sûr, quoi de plus naturel pour un fan des Beatles que d’aller se produire à Liverpool, dans le légendaire Cavern Club, qui a vu le groupe mythique faire ses débuts ! “Nous n’avions pas forcément envie de tourner ici, en fait on avait surtout envie d’aller jouer dans la cour des Anglais, d’être directement en contact avec eux. Et les retours ont été très positifs !” L’expérience s’est déroulée sur sept concerts, pour lesquels ils partageaient l’affiche
avec un autre groupe normand, havrais plus précisément : The Poustifly. Un groupe atypique, d’influence sixties aussi, composé uniquement… de pompiers passionnés de musique ! En miroir à cette expérience scénique, un concert prévu en mars réunira MoOt and the Happy Makers, des élèves de l’école dans laquelle plusieurs membres du groupe enseignent, The Poustifly, et un groupe venu tout droit de Liverpool. Même si la musique n’est pas l’activité principale des membres du groupe, elle n’en est pas moins considérée par eux : ils s’appliquent en effet aussi consciencieusement que des musiciens “professionnels” à créer des morceaux. Ils le démontrent également à travers leurs prestations scéniques, d’où se dégage un petit je-ne-sais-quoi de Liverpool, et d’où l’on repart un peu nostalgique d’une époque passée… Claire Lorphelin >> 14/01/10 : 20h, au News Bar (Acoustic Show), Le Havre (76) 06/03/10 : La Forge (76) C/0 :myspace.com/ mootandthehappymakers
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Portrait SCULPTURE : JEAN-FRANCOIS GLABIK
Avec ses sculptures de métal et de papier, Jean-François Glabik nous raconte les histoires de son monde filiforme et tout en couleurs. omment cela peut-il bien tenir debout ? Des corps lourds, courbés, parfois contorsionnés, montés sur des jambes longilignes et des pieds reposant à peine sur leur socle : pour un observateur néophyte, ce résultat est un mystère. Monsieur Glabik, lui, semble prendre un malin plaisir à jouer avec les lois de l’apesanteur et à combiner lourdeur et fragilité dans une même silhouette. Une partie des statues a été installée dans le salon. Les dernières en date ne sont pas encore vernies. Vient l’heure des présentations. Ici la femme arbre, alias La plantureuse, là les personnages de la série Abbey Road en hommage aux Beatles, plus loin les femmes aux talons aiguilles chères à Almodovar et Les manichéens assis sur leur perchoir, ou encore, face à nous, deux amoureux réunis sous le nom du Béguin, etc. Les sculptures en métal habillées de papier et de résine portent pour la plupart des noms désuets, petite lubie de leur inventeur.
© Valérie Berthoule
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Glabik face à Don Quichotte, grande source d’inspiration pour lui
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La pomme bleue
élancé, filiforme, épuré. On me l’a souvent fait remarquer même si, à mes débuts, je ne connaissais pas Giacometti !”, admet-il. “De toute manière, je pense que, sans le savoir, on est influencé par toutes les images vues à la télé, sur le web, etc.” Son inspiration, le sculpteur la puise un peu partout pour raconter ses histoires : aussi bien dans les scènes du quotidien que dans l’histoire, la musique, le cinéma, la littérature aussi... “Je me suis également intéressé à des postures de danse, de cirque, bien que j’en fasse moins actuellement : je m’attache davantage aux sentiments humains, aux attitudes.” Pour le moment, Jean-François Glabik est dans sa phase “Y’en a marre !”. Ses Agités du bocal, inspirés par la crise financière, sont là pour en témoigner : “Ce sont des hommes d’affaires qui tournent en rond, cherchent où ils vont, d’où ils viennent. Des types qui courent avec leur attaché-case, comme Madoff, Kerviel et compagnie !”
Un quelque chose de Giacometti
L’art de la récup’
Le plasticien normand axe son travail sur le mouvement, les courbes, le grand format ou les compositions à plusieurs personnages… En observant ces silhouettes poétiques, on pense aux sculptures de Giacometti, les aspérités en moins, la couleur en plus. “C’est vrai que j’aime ce qui est
Cet autodidacte originaire de Basse-Normandie, aujourd’hui domicilié dans l’Eure, a entamé une deuxième carrière après celle d’instituteur. Très productif, le plasticien, également peintre à ses heures, a réalisé plus de Hommage à Almodovar
© Valérie Berthoule
Melting pot
500 œuvres en 5 ans. “Il travaille dans son atelier huit heures par jour”, signale Marie-Madeleine, son épouse. D’ailleurs, cette dernière y est pour beaucoup dans cette affaire puisqu’elle joue également le rôle de coach, de secrétaire et d’assistante d’atelier ! A ses débuts, Jean-François Glabik s’est essayé à tout : le bois, la pierre… Avant de se fixer sur le
métal. “A la différence de la terre, par exemple, le métal me permettait de faire un travail filiforme et très ajouré.” Et pour se démarquer, le sculpteur a opté pour la couleur, empreinte de son passé d’instituteur lorsqu’il menait des séances d’arts plastiques, et pour le papier de récupération. “Mon papier provient la plupart du temps de brochures d’offices de tourisme, de commerces, ou de magazines… comme Bazart !” Eh oui, il y a du Bazart dans certaines œuvres de Jean-François Glabik ! Mais pour lui, c’est le recyclage d’abord et le tri sélectif ensuite ! Il choisit ses papiers en fonction de leur couleur ou de leur texture par
exemple. Au final, il est quasi impossible d’en reconnaître l’origine, le détournement est parfait. L’entretien se termine. “Serait-il possible de m’envoyer plusieurs exemplaires du prochain numéro ?”, demande notre hôte avant de lever le doute, “Rassurez-vous : ce n’est pas pour les transformer en sculptures !!” Valérie Berthoule C/0 : glabik.fr
Où le retrouver ? Une partie du travail de Jean-François Glabik est en exposition permanente à Rouen, à l’Espace Magenta, et à Paris, dans le II e arrondissement, à la Live Gallery. Il expose régulièrement dans des salons normands (Elbeuf, Isneauville…), ainsi qu’à Paris (salon des artistes français au Grand Palais, Grand Marché de l’Art Contemporain de la Bastille). On le retrouve aussi dans des événements culturels en Normandie : il est, entre autres, passé par le festival Archéo-jazz à Blainville-Crevon, la Biennale de sculpture de Ouistreham et celle des jardins de Bois-Guilbert. Au Pavillon Charles Bertrand, Cabourg (14), du 10 au 15/08 Au festival Archéo-jazz, Blainville-Crevon (14) en juillet Le baiser
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Portrait
© Antoine Vulliez
ARTS VISUELS : TRANSAT VIDÉO
L'association Transat Vidéo vient de fêter ses 15 ans, et autant d'années passées à promouvoir et à aider la diffusion d'œuvres audiovisuelles, sous toutes leurs formes et sur tous les territoires. lle n'est pas si loin cette époque où l'association sillonnait les routes de Basse-Normandie avec son matériel de projection nomade afin de faire découvrir ce qu'est la vidéo en tant qu'art. Fondée en 1994, l'association Transat Vidéo a désormais 15 ans, âge où l'on a envie de s'émanciper et crier au monde entier que l'on existe. Travailleurs de l'ombre, ses trois membres, Brent Klinkum, son directeur et fondateur, Luc Brou et Tiphaine Guyon, militent pour une forme d'art méconnue, et leurs actions ne manquent pas. À l'origine basée au Centre d'art contemporain d'Hérouville Saint-Clair, installée à Caen depuis quelques années, Transat Vidéo reste pourtant
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plus reconnue hors de la région avec par exemple sa participation depuis sept ans au Festival du Film international de la Rochelle. Mais les nombreux partenaires locaux, comme le cinéma Lux, le FRAC Basse-Normandie, le Théâtre de Caen ou encore l'Esam, école supérieure d'arts et médias, permettent à l'association de pallier l'absence d'un lieu de diffusion, l'obligeant certes à s'adapter à la structure qui l'accueille, à sa thématique et à son contexte, mais lui offrant par la même occasion d'élargir son public en touchant celui des autres.
La "vidéo", un terme galvaudé ? En constante évolution, l'association possède désormais un fonds de plusieurs milliers de vidéos, auquel s'ajoute le soutien d'Arte qui donne gracieusement accès à ses archives de documentaires. “Au début Transat diffusait essentiellement ce qu'on appelait dans les années 80 "l'art vidéo", aujourd'hui avec la démocratisation et la facilité pour accéder aux nouvelles technologies, on peut désormais parler "d'images en mouvement"” souligne Tiphaine
Guyon. Mais Transat Vidéo ne fait pas que de la diffusion et propose aussi des expositions, comme lors des festivités organisées pour ses 15 ans, où le public a pu découvrir des vidéos certes, mais aussi des installations interactives, de la p h o t o grap h i e o u e n c o re d e s performances, des films, des documentaires et des concerts, toujours en mélangeant des artistes français et internationaux. “L'objectif est de montrer la diversité des pratiques associées au domaine de l'image. C'est difficile de fédérer tout le monde” sourit Tiphaine “mais chaque personne touchée, c'est déjà une petite victoire”. Et pour se faire, de nombreux projets sont en cours, parmi lesquels la conception d'un nouveau site internet, plus complet, permettant d e c o n s u l t e r l ' i n t é gra l i t é d u catalogue des artistes et des œuvres diffusées, la création d'un jingle par des étudiants de l'Esam pour une meilleure visibilité de l'association ou encore la distribution, grâce à l'édition d'une collection de DVD. Antoine Vulliez
C/0 : transatvideo.org
© Andrea KEEN Grand Paysage, Giverny" (de la série "Fleuve"), 2003-2009
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S P M E T IN 05 AVRIL R P ' G A M T TIE LE R R O A S Z A
ACTU :
ACTU TOUR DES SALLES EXPO DOSSIER PORTRAIT
Normandie Impressionniste Retour sur Spring en Basse-Normandie
© Clément Bagot
TOUR DES SALLES :
La Source à La Guéroulde Le Centre Culturel Juliobona à Lillebonne
ET TOUJOURS DANS VOTRE MAG'... : Vos expositions, l'actualité en bref, une couverture artistique... Vos remarques, conseils, avis, coups de coeur, coups de gueule etc. sur : info@normandie-web.com
Katel
PORTRAIT :
Les Tontons Tourneurs Katel