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C.E.N. BULLETIN « EUROPEAN CENTRE FOR NUMISMATIC STUDIE S » « CENTRE EUROPÉEN D’ÉTUDE S NUMISMATIQUE S » VOLUME 49

N° 1

JANVIER – AVRIL 2012

Willy GEETS – L’atelier monétaire de là, appartenait au puissant comté de Walem sous Philippe de Saint-Pol, Flandre. Son emplacement géographi1 que favorable sur l’axe Anvers-Bruxelruward de Brabant (1420-1422) * les, à la traversée de la Nèthe, un sousalem, jadis une petite com- affluent de l’Escaut, constituait à travers mune et aujourd’hui fusionnée les siècles une importante source de reavec la ville de Malines, est si- venus, mais en faisait également un lieu stratégique sur le plan militaire. tuée sur la rive gauche de la Nèthe.

W

Walem disposait jadis d’un atelier monétaire relevant du duché de Brabant. En efffet, Philippe de Saint-Pol y frappait monnaie entre 1420 et 1422 en sa qualité de ruward (lisez gouverneur ou régent temporaire). Même les États du Brabant se sont réunis dans ce petit village. Comme vous le constaterez, Walem dispose d’autres atouts que sa forteresse du xixe siècle. Retournons, avant de porter notre attention sur les monnaies, dans le passé pour esquisser la situation de la franchise de Walem, ou Waelhem comme orthographiée à l’époque, et sonder la généalogie de Philippe de Saint-Pol. La franchise de Walem Walem était située au centre du duché de Brabant-Limbourg de l’époque, mais elle se trouvait aussi dans l’ombre de la seigneurie de Malines qui, à ce moment__________ * Une première version en néerlandais de ce texte a paru dans le Jaarboek van het Europees Genootschap voor Munt- en Penningkunde 2008, p. 21-39, reprise en français sous le titre « L’atelier de Walem placé sur la carte numismatique », dans Vie Numismatique 2009, no 7, p. 233-244 et 2009, no 8, p. 267-274. Nous remercions M. J. Druart de nous autoriser à publier une nouvelle version de ce texte. BCEN vol. 49 no 1, 2012

L’histoire de la franchise de Walem [1] est décrite par Alphonse Wauters dans son Histoire des environs de Bruxelles, et Alfons Gielens, conservateur du Rijksarchief à Anvers, a publié un article sur la âeure de la franchise de Walem de 1365. Ces publications nous apprennent qu’à la fin du xiie siècle, Walem était la propriété de la famille Berthout, seigneurs de Malines, Duffel, Geel, etc. 2

Dans un document de 1255, il apparaît que le village disposait dès ce momentlà de ses propres échevins, et que les limites exactes de la franchise de Walem auraient été enregistrées le dimanche après les octaves d’Épiphanie de cette année. Sa superficie était par ailleurs relativement petite : 68 bunder ou environ 84 ha (calculée sur la base de 1 bunder = 400 roeden et 1 roede malinoise = 0,003091 ha). Pour ce qui concerne l’importance socioéconomique de Walem, A. Wauters don__________ [1] Toute personne fascinée par l’histoire de Walem et voulant approfondir sa connaissance régionale peut utilement consulter le site du Heemkundige Kring dr. Croquet à l’adresse www. heemkundewalem.be. L’internaute y trouvera un aperçu complet des informations locales, de la généalogie, des ressources historiques etc., enrichi de liens utiles vers d’autres sites.

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ne quelques statistiques pertinentes : au recensement du Brabant en 1435, il s’avérait que Walem comptait 366 foyers ; en 1480, il y eut 121 maisons et ce chiffre évolua vers 234 maisons en 1525, puis descendit à 12 maisons, 2 brasseries, 7 auberges, 4 affaires de commerce et 1 villa en 1686, pour remonter à 222 maisons en 1846. Cet auteur estime le nombre d’habitants au milieu du xve siècle à plus de 2.000 ; il mentionne qu’il y avait 704 habitants en 1786, 1.102 en 1831, et 1.035 en 1846. La première réduction drastique, puis la réduction continue de la population de Walem du xve siècle jusqu’au début du xixe siècle avaient plusieurs causes, telles que les incendies dévastateurs du 14 juillet 1458 (qui ont détruit 200 foyers), les occupations et troubles sous Charles Quint, les pillages en 1542 par Guelderian Maarten van Rossum, un seigneur de guerre notoire, la destruction presque totale de Walem par les Espagnols le 18 octobre 1576 (le jour de la SaintLuc) en pleine guerre religieuse, la reprise des hostilités en 1621 avec les PaysBas septentrionaux et, enfin, la peste en 1636 à Malines et ses environs. Il est évident que les survivants ont cherché refuge dans des lieux plus sûrs et que Walem a connu par la suite un abandon. Walem et Philippe de Saint-Pol Afin d’éclaircir le lien entre Walem et Philippe de Saint-Pol [2], nous allons nous intéresser aux diverses mises en gage que Walem a subies depuis Catherine Berthout. Elle était fille unique et dernière héritière d’Henri iv Berthout, seigneur de Duffel et de Geel, et elle apporta la franchise de Walem en dot à son 3

__________ [2] La ville de Saint-Pol, située entre Hesdin et Arras dans le département du Pas-de-Calais, a été le lieu principal d’un comté du même nom, dont faisait partie la seigneurie d’Élincourt. La cité d’Élincourt se trouve à 15 km au sud-est de Cambrai.

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mariage en 1353 avec ﬈ierry de Horne, seigneur de Perwez (voir de Cantillon). Leur fils Guillaume n’eut qu’une fille, Marie, qui s’est mariée avec John Stuart, comte de Marr et de Yernac. Lorsque cette comtesse de Marr devint veuve et se trouva en difficultés financières, elle vendit en 1410 « la haute et basse justice de Duffel et Waelhem moyennant vingt mille couronnes de France dont la valeur fut fixée à 41 plaques la pièce » à Antoine de Bourgogne, duc de Brabant (voir De Coster). Cet Antoine (° 1384 – + 1415) était le deuxième fils de Philippe le Hardi de Bourgogne et de Marguerite de Maele, après son frère Jean sans Peur (° 1371 – + 1419). Il a remporté son titre de duc de Brabant d’une manière relativement complexe. En effet, en 1355, Jeanne succéda à son père Jean iii comme duchesse de Brabant. Son mariage avec feu Wenzel de Luxembourg étant resté sans enfants, elle désigna, en 1396, Marguerite de Maele et ses fils comme héritiers officiels. Marguerite était la fille de la sœur de Jeanne et sa parente la plus proche. Lorsque cette succession fut également confirmée par les États du Brabant en 1401, Jeanne passa effectivement l’administration du duché à Marguerite, qui nomma son fils Antoine comme ruward. Après le décès de sa mère en 1405, Antoine reçut en outre la régence de la seigneurie d’Anvers qui était de nouveau réunie au Brabant après en avoir été séparée en 1356. Après la mort de Jeanne, Antoine devint duc de Brabant de plein droit. Il signa la Joyeuse Entrée le 18 décembre 1406. Quelques mois auparavant, il avait conclu un accord avec son frère Jean sans Peur et leur beau-frère commun Guillaume vi, comte de Hollande, Zélande et Hainaut. Sa première épouse était Jeanne de Saint-Pol, fille de WalleBCEN vol. 49 no 1, 2012


rand de Luxembourg, comte de Ligny et de Saint-Pol ; elle lui donna trois enfants, dont le futur Jean iv et notre Philippe de Saint-Pol. Après le décès de Jeanne en 1407, Antoine s’était remarié avec Élisabeth de Görlitz, également de la maison luxembourgeoise. Ce mariage lui valut, en 1411, le titre de duc de Luxembourg, ainsi que la reconnaissance impériale de sa succession au Brabant. Peu après, la lutte pour le pouvoir en France, dans laquelle Antoine supportait son frère Jean sans Peur, prit un virage périlleux. Antoine se sauva de la menace d’encerclement du camp bourguignon par la paix d’Arras, signée le 4 septembre 1414. Par la suite, il restait fidèle au roi de France, au service duquel il mourut à la bataille d’Azincourt contre les Anglais en 1415. En Brabant, son fils aîné Jean lui succéda, alors qu’il n’avait que douze ans. Jusqu’à sa majorité en 1418 (à quinze ans selon le droit ripuaire), Jean était placé sous la tutelle d’un Conseil de régence, dont les membres étaient désignés par les États du Brabant. Ce Conseil a, entre autres, arrangé le mariage de Jean iv avec Jacqueline de Bavière, veuve du dauphin de France et comtesse de Hainaut, Hollande et Zélande, le 10 avril 1418 à La Haye. L’intention était de créer, par ce mariage, une grande concentration de pouvoir, mais il a en fait jeté la base pour l’absorption de ces principautés par la maison de Bourgogne. Par ailleurs, Jean iv se brouilla vite avec Jacqueline, notamment parce qu’il avait insuffisamment défendu les intérêts de la comtesse contre les manipulations de son oncle Jean de Bavière, élu [3] de la principauté de Liège. Aussi Jacqueline demanda-t-elle au pape la dissolution de son mariage. 4

__________ [3] Un élu est un évêque déjà nommé mais pas encore sacré. BCEN vol. 49 no 1, 2012

La politique cavalière de Jean iv provoqua également l’opposition des villes brabançonnes. Quand Jacqueline quitta son mari en avril 1420, les États du Brabant penchèrent en sa faveur et décidèrent à Vilvorde le 29 novembre 1420, que Philippe de Saint-Pol, alors âgé de seize ans, deviendrait le ruward de Brabant. Le Hainaut passa à un membre de la maison luxembourgeoise, et la Hollande et la Zélande à Philippe le Bon, depuis peu duc de Bourgogne et comte de Flandre, de Franche-Comté et d’Artois. La régence de Philippe de Saint-Pol se termina dès les premiers mois de 1422, lorsque Jean iv, les États du Brabant et lui-même conclurent un traité de réconciliation [4], par lequel Philippe cédait son titre moyennant une peyne de 20.000 couronnes d’or. 5

Jean iv fut ainsi restauré en son pouvoir, fût-ce pour une courte période : il décéda déjà le 17 avril 1427, à l’âge de vingt-quatre ans. Philippe de Saint-Pol lui succéda au duché de Brabant-Limbourg ; toutefois, il mourut à son tour subitement le 4 août 1430, âgé à peine de vingt-six ans, suite à une brève maladie, alors que son épouse était en route pour leur première rencontre. La succession au Brabant-Limbourg passa, le 5 octobre 1430, à son cousin germain Philippe le Bon, duc de Bourgogne. Dès lors, le Brabant et la Flandre se trouvaient unis sous une même autorité. Toutefois, à une date qui n’est pas exactement connue, la comtesse de Marr récupéra la franchise de Walem : en effet, le testament de cette dame détermina que les franchises de Duffel et Walem soient retournées à une branche de la famille de Horne. __________ [4] Cette réconciliation a probablement été consacrée par la charte ie nouveau êégiment du 12 mai 1422, par laquelle Jean iv accorda de nouveaux privilèges au Brabant.

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Jean iv et son frère cadet Philippe de Saint-Pol (illustration par Antonio de Succa)

La frappe de monnaies à Walem Des documents contemporains prouvent sans équivoque que Philippe de Saint-Pol a fait battre monnaie à Walem pendant sa régence. Plus tard, il a également frappé monnaie en d’autres endroits, vraisemblablement à Ruminghem (Artois) [5] et à Élincourt [6]. Toute monnaie brabançonne qu’il a émise en tant que duc l’a été à Louvain, postérieurement au 26 août 1429, date de sa première ordonnance monétaire ducale. 6

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Un facteur qui dans ce contexte ne peut être négligé est le fait que les États du Brabant se sont réunis au début de l’année 1422 à Walem. Ils y cherchaient une solution à la colère de l’empereur Sigismund, fort indigné par l’arrestation de chevaliers allemands à Bruxelles. Ce choix de Walem comme lieu de rencontre n’était pas un cas unique : la liste des réunions d’une ou plusieurs entités des États du Brabant par A. Uyttebrouck précise qu’entre 1411 et 1430, ceux-ci s’y sont réunis au moins seize fois [7]. Ce nombre doit être interprété par rapport au total d’au moins 767 réunions sur la 8

En fait, Philippe de Saint-Pol a rompu le monopole monétaire du prince – dans ce cas : le duc de Brabant – en usurpant un droit régalien en tant que ruward. __________ [5] Le double gros vraisemblablement frappé à Ruminghem est traité plus loin dans cet article. [6] Selon De Witte, le monnayage de Philippe de Saint-Pol à Élincourt en tant que comte de Ligny et de Saint-Pol n’a probablement jamais été réalisé vu que les pièces concernées (notamment chaises d’or et kromstaarten) n’ont pas été retrouvées.

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__________ [7] Bien qu’A. Uyttebrouck cite l’ouvrage par A. Wauters dans sa bibliographie, il ne mentionne pas cette réunion à Walem en 1422. Il avoue que certaines réunions ne sont pas reprises dans son livre, ce qui, selon l’auteur, est dû à l’intérêt réduit de l’objet de la réunion. La mention par A. Wauters (voir p. 653, note 3) relative à la réunion en 1422 n’est qu’une référence désinvolte au chapitre « Aides » de la Cour des Comptes du Brabant, sans spécification de la pièce d’archives.

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même période. Celles-ci se sont vraisemblablement tenues à l’abbaye de Roosendael qui appartenait à l’époque à Walem. En tant que seigneur de cette franchise, Philippe de Saint-Pol jouissait très probablement de droits, comme la mise à disposition de chambres et de valets par l’abbaye. La localisation centrale dans le Brabant ancien, la disponibilité de l’infrastructure de Roosendael et, en particulier, la neutralité de Walem à considérer dans le contexte de litiges presque continus entre les principales villes brabançonnes, ont fait de cet endroit un lieu approprié pour ces réunions.

kerken behoef zekere afgebrane hofstee genaempt e munte ge|egen ine regte straete comenhe metter eenhere sye aen Jan Degreve ene ten tweeher dabisse van Roosenaele achter aane Leybeke ene vooraan aan sheeren straete ende warranerene op twee cappuynen sheren cyns ene vyf stuivers erffe}yk er zelver kerken zoner meer commers van op uitgaene ene naerien z zo es e voorschreven Caerle van nuff}e ine qualiteyt voorschreven aarinne gegoeit ene hee z z, gelovene z behoudelyk z geaen op en xxixd apri|is xv o |xxviiij

L’ouverture et la fermeture des ateliers étaient étroitement liées à l’approvisionnement sûr de métal précieux et à son prix. Qu’un atelier ait été ouvert à l’endroit même où les États du Brabant se rencontraient ne saurait être une surprise : les États du Brabant se sont depuis toujours intéressés à l’exercice d’une surveillance des émissions de monnaie par leurs ducs.

e f

Les Scabinaele aktens der vryheyd van Waelhem nous apprennent que Jan

Froymont a vendu, le 29 avril 1578, une ferme incendiée (ene afgebrande ofstee), communément appelée e munte, à l’Église de Walem, et qu’à la même date, celle-ci l’a revendue à Lambert Faes et son épouse. Voici la transcription de ces deux actes :

De Kere van Waelemj

W

ij Schepenen er Vryheyt van Waelem z at op heden datum van esen voor en rossaert ene voor ons comen ene gecompareert is Jan Froymont ene hee wel ende wettelyk bekent vercocht thebende bij title van wettige vercooper Carle van Nuff{e als kerkmeestere der kerken van Waelem ene totter zelver BCEN vol. 49 no 1, 2012

W ij Schepenen z at op heen atum van esen voor en rossaert ene voor ons

comen ene gecompareert is Caerle van nuff}e als kerkmeester er kerke van Waelhem ene hee iner zelver qualiteyt met auctorisatie van myn heere drossaert ene schepenen voorschreven bekent vercocht thebbene wel ene wettelyk gegoeit ene geër Lambrechten Faes ende Cathrina N syne wettige huysvrouwe eene afgebrane hofstee gemeynlyk geheten e munte, gelegen in e regte straete alhier comene metter eenere syde aen Jan Degreve ene, ter tweeer dabisse van Roosenaele achter aan e Leybeke ene vooraan aan sheeren straete ende voorts in aler veughe ene manieren als voorschreven comparant inier voorschreven qualiteyt gecocht ene verkregn hee op heden atum ezer iegens Jannen Froymont navolgene en erffrieve aaraf zynde op heen voor ons gepasseert ene aer eze iegenwoorige getranstipeert gewarraneert op twee cappuynen heen cyns ene vyf stuivers der zelver kerken tsjaers erfelijk ene naerien z zo es z gelovene z behouelijk z in kenisse z gedaen op en xxixd apri|is xv o |xxviiij

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Carte de Walem dessinée en 1941 et montrant « de unte »

regte straete

e munte

et sont Cette reproduits sur la feuille intérieure de la couverture de l’ouvrage Van Waelhem tot Walem, publié par le Heemkundige Kring dr. Croquet. Cette carte n’est pas la copie d’une carte historique de l’époque, mais a été dessinée en 1941 par G. De Bruyne sur la base des résultats de l’étude par A. Goetstouwers. L’exactitude historique de cette carte doit donc être comprise dans ce contexte. Le bien e munte aurait été situé entre l’actuelle Lakenraamstraat (à l’époque Raemstraet ) et l’actuelle Pastorijstraat (à l’époque Noliersstraet ). Sa localisation, comme proposée par A. Goetstouwers, est vraisemblablement fondée sur le texte suivant, également tiré des Scabinaele aktens der vryheyd van WaelBCEN vol. 49 no 1, 2012

hem. Il mentionne la vente, au 5 mars 1609, par Hendrik Ketels, d’un bien appelé e Duyve, en indivision avec e unte, permettant de situer un emplacement de l’atelier tel qu’A. Goetstouwers l’a enregistré en 1941 :

M

1609, 5 meertj

T

ransport oor Henrik Ketels en MargaretaValcx syne huysvrouw ten profyte van een schoon erve met bauwinge aaropgemaekt, boomgaar en een stuk land agter aan gekegen groot een buner alhier in e regte straet genaam e Duyved met 2 anere istincte erven aaraan of neffense gelegen, ’enen genaem e Munted palende aan tschuttershof zuy, e raemstraet noor, e noliersstraet oost en e regte straet westj Folio 61

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Hendrik Ketels et Margareta Valckx avaient acquis ce patrimoine de l’abbaye de Roosendael le 26 mai 1604. Bien entendu, il est tentant de supposer que, dans les documents susmention signifiait nés, le nom de atelier monétaire, bien que ce ne fût pas explicitement mentionné ainsi. Des doutes possibles quant à l’existence et l’exploitation d’un atelier monétaire sont levés par C.-P. Serrure qui écrivit en 1855 être en possession d’un acte authentique du 4 janvier 1423 confirmant l’existence d’un tel atelier à Walem. Il s’agit d’une déclaration des échevins que Jan Uter Helecht avait payé à Heynrich Droegbosch, waradin [8] de la Monnaie exploitée par Philippe de Saint-Pol, une somme en guise de garantie pour Jean d’Arras, maître particulier de cet atelier [9]. Le dépôt équivalait à sessentachentich

e Munted

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pont groeten, drie scellinghe ende eenen penninc (transcription De Coster).

Précisons que cet Heynrich Droegbosch alias Henri Drogenbosch a été waradin à Vilvorde en 1417 (cf. De Witte, p. 190), à Maastricht en 1418/9, et jusqu’au 31 octobre 1421 à Bruxelles, et que Jean d’Arras a été maître particulier de la Monnaie à Bruxelles jusqu’à la même __________ [8] Le waradin, ou garde, figurait parmi les hauts fonctionnaires au sein d’un atelier monétaire. Il défendait les intérêts du prince – dans ce cas Philippe de Saint-Pol – et était nommé à vie directement par celui-ci. Il se préoccupait de l’approvisionnement de métal en suffisance. Il était également responsable de l’inspection des ouvriers (cf. E. Aerts & E. Van Cauwenberghe, p. 13-16). [9] Le maître particulier de la Monnaie se trouvait à la tête d’un atelier suite à un affermage public. Comme meilleur enchérisseur, il devait payer un acompte avant de pouvoir commencer son mandat. C’étaient habituellement de riches marchands, des orfèvres ou des changeurs (voir E. Aerts & E. Van Cauwenberghe, p. 12-13). À coté du maître particulier, il y avait encore le contre-waradin (contregarde), le tailleur de fers (engraveur), l’essayeur, le trésorier, le greffier et les ouvriers. BCEN vol. 49 no 1, 2012

date. À chacun de ces ateliers, la frappe de monnaies avait lieu au nom de Jean iv. Par après et jusqu’à sa mort, celui-ci n’a plus fait battre monnaie. L’acte susmentionné nous permet de conclure qu’Henri Drogenbosch et Jean d’Arras ont travaillé à Walem après le 31 octobre 1421. Il est certain que le monnayage s’est fait au nom de Philippe de Saint-Pol et qu’il a eu lieu au plus tard pendant les premiers mois de 1422, puisqu’un monnayage en son nom après le traité de réconciliation doit être considéré comme étant exclu [10]. 11

Voici la transcription par De Coster de cette déclaration des échevins :

ij cepenen vander ryheyt van W alem ghemeynlic saluyt, met kennessen der waerheyt. ij doen te wetene W

S

V

W

allen lieden hoe dat wij versocht sijn van enen Janne Uter Helecht, anders gheheeten Vander Borch, omme der wittegher waerheyt gherecht ghetughe te ghevene, midsgaders eenen sommen van sessentachentich pont groeten, drie scellinghe ende eenen penninc, die de voers. Jan Vander Borch overgheleegt hee ende betaelt Heynrich Droegbosch, waerdeyn ons Ghenadichs Heeren van Sympol, van siinder Munten toet Walem, als van borchtochten daer de voers. Jan Vander Borch vore bleven was voer Janne d’Arras, den muntmeester vander selver munten ons Ghenadichs Heeren voergh., ende de voers. Jan d’Arras den coeplieden sculdich bleve was, doen de Munte ghesloten wert, met meer anderen costen daer toe dienende. Ende wat wij scepenen voergh. aldus versocht sijn

__________ [10] Une remarque essentielle s’impose néanmoins : dès le 11 octobre 1421, Philippe renonça à la charge de ruward de Brabant au profit de son frère Jean iv. Que l’on ait encore monnayé au nom de Philippe après cette date est dû au fait que Philippe de Saint-Pol jouait toujours un rôle important pendant les séquelles des interventions malheureuses de Jean iv.

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vanden voers. Janne Vander Borch, ende daer by ende mede ghestaen hebben ende de voers. somme hebben syen betalen, als voreghenoemt staet. Soe hebben wij Scepenen voergh. t’oirconden, dese lettere bezeghelt met onsen ghemeynen zegle in ghetughenessen der waerheit. Ghedaen int jaer Ons Heeren, doen men screef m cccc o ende drie en twijntich, den vierden dach in Januario, na costume sHoefs van Camerike. Cet acte [11] du 4 janvier 1423 (1424 n.s.) montre que l’atelier de Walem n’était plus actif depuis quelque temps. 12

De Coster a reproduit un acte d’empirance [12] non daté, mentionnant explicitement les monnaies battues à Walem, sans toutefois donner leur description et illustration. Elles sont indiquées par un nom générique : les deniers appelés en thioiz [13] : johannis tuinen, et les 13

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L’identification de sources bibliographiques chez les auteurs du xixe siècle est souvent incomplète, voire inexistante. Ceci explique pourquoi je n’ai pas toujours retrouvé les documents d’archives cités par De Coster et De Witte. C’était notamment le cas pour l’acte d’empirance dont question ci-dessus. Mes recherches dans les archives de la Cour des Comptes de Bruxelles ont toutefois rapporté un acte de 1434 (n.s.) dans lequel une monnaie de Philippe de Saint-Pol, frappée à Walem, est explicitement mentionnée. Il s’agit d’une évaluation de pièces en or et en argent (voir bibliographie) ; au dos du document figure la date de Janvier m cccc xxxii.

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Voici ce qu’on peut lire sous l’entête

Evauacion ðe monnaies ð’argent, comme 13e article : Item e ðrieanðer ðu ðuc P hiippe forgié à W aem ou autre part a

deniers de Brabant forgiéz par feu le duc [14] Philippe à Waelhem, la pièce à gros et pièce pour v esterins . demi de Flandre (transcription par De Ce texte prouve par conséquent que des Coster). ðrieanðers [15] ont été battus à Walem. 15

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Puisque Philippe mourut en 1430, il va sans dire que ce texte fut publié plus tard, probablement dans les premières années du gouvernement de Philippe le Bon. Remarquons que le mot « deniers » avait de nombreuses significations mais doit être compris ici comme « monnaies ». Sans aucun doute, les monnaies frappées à Walem étaient des doubles gros de Brabant, étant donné qu’à ce moment-là, 2 gros de Brabant équivalaient à 1,5 gros de Flandre. __________ [11] Nous n’avons pu consulter cette source primaire. [12] L. De Coster, p. 187-190. Un acte d’empirance était un document officiel, souvent émanant de la Cour des Comptes, dans lequel on annonçait l’augmentation de la valeur des pièces en or et en argent exprimée en unités de compte, ainsi que les nouveaux tarifs. C’était de facto une dévaluation de l’unité de compte. [13] Traduisez thioiz par diets ou, pour nous aujourd’hui, par néerlandais.

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Cette monnaie avait été créée par Jean iv quelques années plus tôt et avait une valeur nominale de 2 gros de Brabant __________ [14] Ce qui correspondait à 1 gros et 16 mites de Brabant en lieu et place de 2 gros de Brabant (1 gros de Brabant = 3 esterlins). [15] Un drielander est une monnaie en argent de bas aloi battue pour la première fois sous Jean iv. Le nom provient du fait que ces pièces étaient destinées à circuler au Brabant, au Hainaut et en Hollande, soit les trois pays (drie landen) que Jean iv gouvernait depuis son mariage avec Jacqueline de Bavière. Ces drielanders ont été fabriqués avec un aloi de 6 deniers d’argent le roi (en d’autres termes 6/12# 23/24 ≈ 479,2‰ d’argent pur) et taillés à 83 au marc de Troyes (ce qui donne une masse théorique de 2,9488 g). Jean iv frappait aussi des demi drielanders et des quarts de drielander d’un aloi encore plus réduit, avec des masses théoriques de respectivement 2,1470 et 1,0735 g. Pour des détails concernant la distin﬉ion entre argent le roi et argent pur et la signification du terme « denier » dans le contexte d’aloi, nous référons à E. Aerts & E. Van Cauwenberghe, p. 66-70.

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(voir De Coster). L’acte cité ne mentionne ni les demi-drielanders, ni les quarts de drielander, mais cela ne signifie pas que De Coster eût tort lorsqu’il prétend que ces pièces y ont également été frappées : à cette époque, les subdivisions d’une dénomination particulière ne sont souvent pas répertoriées séparément.

Description des monnaies [18] 19

1. Double gros drielander

Le drielander de Walem n’a pas eu une vie longue : dans l’évaluation du 8 mai 1434 (Louvain) sont énumérées, de manière limitative, les pièces considérées par Philippe le Bon comme ayant cours. Le drielander de Philippe de Saint-Pol n’y figure pas, contrairement aux drielanders de Jean iv frappés à Bruxelles et à Valenciennes. Toute pièce non mentionnée était considérée comme billon.

Les monnaies que Philippe a émises à Walem sont des imitations exactes des drielanders, demi-drielanders et quarts de drielander de son frère Jean iv. Comme c’est généralement le cas au cours de cette période, les pièces ne présentent pas de marque d’atelier.

Philippe s’identifie sur les monnaies de Walem comme comte de Ligny [16] et de Saint-Pol (voir ci-dessous).

a Deux écus inclinés qui se touchent, chacun comportant quatre quartiers (l’écu de gauche : au 1er le Brabant inversé, aux 2e et 3e la Bourgogne et au 4e le Limbourg inversé – l’écu de droite : aux 1er et 4e le Brabant, aux 2e et 3e le Limbourg) [19] ; au-dessous des écus et de façon centrale, une fleur de lys ; le tout placé dans une épicycloïde double, dont les angles se terminent en fleurs de lys, et cantonnée de trèfles.

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Plus tard, après la mort de son frère, Philippe se présente comme duc de Brabant sur les monnaies qu’il faisait frapper à Louvain, en exécution de son ordonnance du 26 août 1429 [17]. 18

__________ [16] Ligny-en-Barrois est une ville en Lorraine au Nord-Est de la France (aujourd’hui département de la Meuse). La seigneurie de Lignyen-Barrois passait aux mains des comtes de Luxembourg en 1240. [17] Comme duc de Brabant, Philippe de SaintPol a également fait frapper à Louvain un double gros dont le droit ressemble fort au drielander de Walem. Pour des raisons évidentes, cette pièce ne s’appelait plus drielander, mais double labbaye (ou double braspenning) ; elle porte au revers la légende moneta facta lovanii (monnaie battue à Louvain). BCEN vol. 49 no 1, 2012

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__________ [18] Les photos 1, 2, 3 et 5 ont été prises par l’auteur avec le consentement du Cabinet des Médailles de la Bibliothèque royale de Belgique, grâce au Prof. Dr Johan van Heesch et ses collaborateurs ; la photo 4 a été mise à disposition par la firme Jean Elsen & ses fils. [19] A. De Witte décrit erronément les armoiries de l’écu de gauche comme étant celles de Brabant-Bourgogne. En effet, le lion au 4e quartier a clairement une queue fourchue, même sur ses propres illustrations (planche xxiii).

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La légende autour, entre deux cercles perlés :   Ḧˏ Ḧ  Ḧ  Ḧ  Ḧ  Ḧ  V

r Croix pattée avec au 1er quartier le lion du Limbourg, aux 2e et 3e la fleur de lys de Bourgogne et au 4e le lion de Brabant. La légende intérieure entre deux cercles perlés :   ḦḦˏ⎕ et la légende extérieure confinée dans un cercle perlé extérieur :   Ⴐ  Ⴐ  Ⴐ V

 – n 29 mm – 2,86 g – Coll. Cabinet des Médailles de Bruxelles. De Witte no 452.

r Comme au no 1 mais avec légende intérieure :   Ḧ Ḧˏ et comme légende extérieure :  Ḧ ḦḦ V

 – n 25 mm – 2,12 g – Coll. Cabinet des Médailles de Bruxelles. De Witte no 453. 3. Quart de gros drielander échelle 150%

2. Demi-gros drielander

a Comme au no 1 mais avec légende :   Ḧˏ Ḧ  Ḧ Ḧ Z Ḧ Ḧ  V

r Croix pattée avec au 2e quartier la fleur de lys de Bourgogne et au 3e le lion de Brabant. La légende intérieure entre deux cercles perlés :   Ḧ Ḧ ˏ et la légende extérieure confinée dans un cercle perlé :   Ḧ  Ḧ Ḧ V

 – n 19 mm – 0,87 g – Coll. Cabinet des Médailles de Bruxelles.

De Witte no 454.

Notons ici que les légendes du revers de toutes ces pièces font explicitement référence au Brabant. Ni le volume de ces émissions ni leur aloi ne sont connus en raison du manque d’ordonnance(s) monétaire(s). Le drielander ou double gros devrait au moins être considéré comme

échelle 150%

a Comme au no 1 mais avec légende :   Ḧ ˏ Ḧ  Ḧ Ḧ Z Ḧ Ḧ  V

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très rare, tandis que le demi-drielander et le quart de drielander sont de la plus grande rareté. Les masses des monnaies illustrées sont respectivement 3% et 1,4% en-dessous des masses du drielander et du demi-drielander de Jean iv. Toutefois, pour le quart de drielander, cette différence est de 18%, même si l’exemplaire étudié est sans traces de rognage. Monnaies indûment attribuées à Walem En plus des trois pièces de monnaie susmentionnées, dont on peut conclure avec certitude qu’elles sont issues de l’atelier de Walem, d’autres monnaies de Philippe de Saint-Pol sont connues, au sujet desquelles les numismates sont cependant en désaccord quant au lieu de fabrication. 4. Braspenning (double gros)

La légende, entre deux cercles perlés :  Ḧ ˏ  Ḧ  Ḧ Ḧ  Ḧ  Ḧ  V

r Croix pattée avec au 1er quartier le lion de Limbourg, aux 2e et 3e la fleur de lys de Bourgogne, et au 4e le lion de Brabant. La légende, entre deux cercles perlés :   Ḧ V Ḧ s Ḧ Ḧ  Ḧ  Ḧ  V

 – n 33 mm – 4,62 g. Cette monnaie est une copie du double gros flamand braspenning frappé à partir de 1409 à Gand sous Jean sans Peur, comte de Flandre. De Coster la classe comme issue de Walem, bien qu’aucun document monétaire prouvant l’existence d’un tel double gros brabançon émanant de cet atelier ne soit connu. Il est vrai qu’avant 1417, Jean iv imitait à Vilvorde le double gros flamand appelé enninck ans du même type (De Witte no 443), mais sa légende au revers évoque le Brabant, ce qui n’est pas le cas du braspenning ci-dessus. En outre, la masse de ce double gros diffère considérablement de celle du drielander (également un double gros). En 1890, De Witte cherche à démontrer que ce double gros de Philippe de SaintPol aurait été forgé à Ruminghem (F), à 15 km au nord-est de Saint-Omer, dans le département du Pas-de-Calais. L’auteur ne donne pas de preuve matérielle mais des indications indirectes [20] corroborent cette position et l’hypothèse que cette pièce aurait été frappée en 1423 ou en 1424. 21

échelle 150%

a Deux écus juxtaposés sommés d’un heaume tourné vers la gauche et coiffé une fleur de lys ; l’écu de gauche est composé de quatre quartiers (aux 1er et 4e la Bourgogne, au 2e le Brabant, au 3e le Limbourg) et celui de droite porte le lion de Brabant. BCEN vol. 49 no 1, 2012

__________ [20] A. De Witte trouve cette explication plausible car Philippe le Bon, comte de Flandre et suzerain de Philippe de Saint-Pol, autorise ce dernier le 1er décembre 1422, à frapper les habitants de ses possessions d’une taxe afin d’améliorer sa situation pécuniaire.

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Un simple gros de Philippe de Saint-Pol du même type se trouvait dans le trésor d’Amsterdam de 1915 (voir Schulman), qui contenait aussi un double gros de ce type. À ce jour, ce simple gros est le seul exemplaire connu de l’auteur de cet article. 5. Florin d’or La photo montre que cette pièce a beaucoup souffert d’usure. échelle 150%

a Saint Pierre nimbé debout, tenant une clé dans la main droite et un livre dans la main gauche. À ses pieds, un écu portant un lion grimpant à dextre [21]. La légende entre un cercle et un cercle perlé :  sVs  –  PrVs  22

r Au centre, un écu au lion grimpant à dextre, entouré de quatre écus plus petits avec au-dessus une aigle bicéphale, à droite une croix, au-dessous un écusson comportant quatre quar-

__________ [21] Rappelons qu’en héraldique, les armoiries sont décrites du point de vue du porteur du bouclier, ce qui entraîne une inversion par rapport au spectateur : un lion grimpant à gauche pour ce dernier, se décrit à droite ou à dextre.

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tiers d’un contenu peu clair, et à gauche un lion à queue fourchue grimpant à dextre, le tout dans un quadrilobe. Autour, la légende :    –    –    –  V  – n 22 mm – 3,28 g – Coll. Cabinet des Médailles de Bruxelles. De Witte no 451. A. De Witte prend en 1894 une attitude étrange – lisez ambiguë – en prônant que ce florin d’or aurait pu être frappé à Walem. Le même auteur défend déjà en 1890 la thèse selon laquelle cette pièce aurait été frappée dans une des possessions luxembourgeoises de Philippe. Ce florin n’a pourtant aucun trait brabançon, mais il montre des similitudes avec l’Arnoldusgulden [22] que le duc Arnold de Gueldre fit battre en 1423, et avec les florins d’or de Jean de Bavière, princeévêque de Liège (° 1374 – + 1425). 23

La preuve est ici également indirecte, mais de forts soupçons existent pour conclure que cette pièce n’a pas été frappée à Walem. Il s’agit probablement d’une imitation par Philippe d’une monnaie de Jean de Bavière, fabriquée dans un de ses fiefs luxembourgeois. J.R. De Mey souscrit à l’argument que ce florin d’or au saint Pierre n’a pas été battu à Walem. Il est tenté de l’attribuer à Ligny, étant donné que ce comté se trouvait dans la zone où circulaient les monnaies luxembourgeoises et où il était donc très avantageux de copier une pièce de cet important duché. Toutefois De Mey ne peut offrir d’arguments probants. __________ [22] D’autres noms pour cette pièce étaient clemmergulden ou knapkoek (un terme populaire pour des florins d’or de qualité inférieure qui – de par leur pauvre aloi – étaient fragiles comme de la « couque » (en fr. : du biscuit).

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Il est possible que Philippe ait trouvé son inspiration dans le florin d’or au saint Jean-Baptiste de son frère Jean iv, frappé à Vilvorde en 1417 (De Witte no 442), dont on n’a toutefois retrouvé aucun exemplaire. Le double gros au heaume et le florin d’or au saint Pierre méritent également la qualification « très rare », tandis que – comme on l’a écrit – le simple gros au heaume reste, jusqu’à présent, unique. Il se peut que d’autres documents aux Archives générales du Royaume à Bruxelles apporteront encore des données pour étayer l’hypothèse que ces pièces n’appartiennent pas à la série de monnaies issues de l’atelier de Walem. Je me tiens volontiers à la disposition des lecteurs pour des informations complémentaires (willy.geets@telenet.be).

A. De Witte, Un nouvel atelier monétaire artésien, rn 8 (1890), p. 71-86. A. Gielens, Documenta Campiniae historica. Keuren 3 : Waelhem, Oudheid en Kunst 1936, p. 1-21. A. Goetstouwers, Geschiedenis der Vrijheid Walem, publication de l’asbl Berthouderskring afdelingen Mechelen et Sint-KatelijneWaver, 1979. J. Mertens & P. Vandewalle, Metrologisch vademecum voor Vlaanderen, Brugge 2003. M. Schulman, De muntvondst te Amsterdam, Jaarboek van het Koninklijk Nederlands Genootschap voor Munt- en Penningkunde 1919, p. 1-49 et pl. i. C.-P. Serrure, Vaderlandsch museum voor Nederduitse letterkunde, oudheid en geschiedenis, deel 1, Gent 1855, p. 201-205. A. Uyttebrouck, Le gouvernement du duché de Brabant au bas moyen âge (13551430), Bruxelles 1975.

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S. Daems, W. Marivoet, J. Van Buggenhout & K. Verreth, Van Waelhem tot Walem, historiek van een kleine gemeente met een groot verleden, Walem 2005. L. De Coster, Nouvel atelier monétaire dans le Duché de Brabant, rbn iv (1854), p. 182199 et pl. xii. J.-R. De Mey, Een ten onrechte als Brabants beschouwde goudgulden dient toegeschreven te worden aan Ligny, Jaarboek van het Europees Genootschap voor Munt- en Penningkunde 1988, p. 35-36. A. De Witte, Histoire monétaire des comtes de Louvain, ducs de Brabant et marquis du Saint Empire Romain, Part. 1, Anvers 1894.

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1578 ; Stadsarchief Mechelen, Scabinaele aktens der vryheyd van Waelhem, part. 2 (1578-1641), f o 2, nos de registre 1 et 2 du 29 avril 1578. Stadsarchief Mechelen, Scabinaele aktens der vryheyd van Waelhem, part. 2, dans l’ándex van eenen ontract egister van 1578 tot 1641, no de registre 65, daté du 5 mars 1609.

Evaluacion de plusieurs monnaies d’or - Evaluacion de monnaies d’argent, janvier 1433 (1434 n.s.), Archives Génerales du Royaume, Bruxelles, Chambres des Comptes, Dossiers administratifs, Carton 64 (I), cahier 43. Mémoriaux d’Anthonio de Succa : exposition à la Bibliothèque Royale, Bruxelles 1977, Part. ii : Transcription, plaques.

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Marc PARVÉRIE * – Questions sur l’importation de dirhams d’al-Andalus dans l’empire carolingien

L

e colloque mines, métal et monnaie, autour du cas de Melle. Les voies de la quantification en histoire monétaire du Haut Moyen Âge, qui s’est tenu à Paris du 12 au 14 septembre 2011, a permis de fructueux échanges sur la production métallique et la masse monétaire en circulation. La question de l’importation de monnaies étrangères dans l’empire carolingien, portée notamment par les travaux de Jens-Christian Moesgaard et de Simon Coupland [1], y a trouvé une place de choix. Cependant, quantifier les volumes monétaires en circulation reste particulièrement délicat, notamment en ce qui concerne les monnaies arabo-musulmanes des viii et ix siècles, dans la mesure où le corpus à la disposition des chercheurs est très restreint : avec plus ou moins 80 exemplaires répertoriés, on est bien loin des trésors britanniques et scandinaves comprenant des milliers de pièces ou de fragments ! Pourtant, les découvertes se sont multipliées ces dernières années – lors de fouilles archéologiques ou grâce à la publication de plus en plus systématique des trouvailles faites par des prospecteurs –, de sorte que les quantités sont moins anecdotiques. Elles permettent progressivement d’aborder plus précisément la typo-chronologie des monnaies arabo-musulmanes pénétrant dans l’empire carolingien, les voies d’importation et de circulation, ainsi que sur le degré d’intégration de ces monnaies dans les circuits économiques de l’empire. __________ * e-mail : mparverie@wanadoo.fr [1] Voir Moesgaard 2008a et b, Coupland 2007, ainsi que leur contribution au colloque. BCEN vol. 49 no 1, 2012

Typo-chronologie des monnaies arabomusulmanes découvertes en France Le corpus disponible se compose de trois dinars d’or, d’une quarantaine de dirhams d’argent [2] et d’une quarantaine de fulûs de cuivre (Fig. 1). Mises à part quatre frappes orientales et deux d’Afrique du Nord, il s’agit essentiellement de monnaies produites en al-Andalus entre c. 716 et 864 (ah 98-250). Les monnaies les plus anciennes découvertes en France sont caractéristiques du monnayage dit « transitionnel », utilisé lors de la conquête de l’Espagne wisigothique. Elles pénètrent et circulent en Narbonnaise le long des voies romaines empruntées dans les années 716-719 par les armées de conquête du gouverneur d’al-Andalus al-Hurr ibn bd alRahman al-﬈akafî. Il s’agit de dinars à légendes bilingues frappés en Ifrîqiya [3] et de fulûs de cuivre à l’étoile mentionnant l’atelier d’al-Andalus [4], auxquels s’ajoutent des dirhams orientaux postréforme [5]. La réforme du calife omeyyade bd alMalik de ah 77-79 (696-698), instituant un monnayage trimétallique unifié entiè__________ [2] Entre 34 et 45, dont 34 provenances sont bien attestées. On peut y ajouter, avec plus de réserves, un dirham provenant d’un marchand montpelliérain évoquant sans plus de précision d’une origine régionale (ah 201), d’un dirham percé découvert en Alsace (ah 232), ainsi que la dizaine de dirhams qui aurait été découverte récemment en Charente-Maritime (ah 198, et peut-être 162, 200, 222… voir infra). [3] On ne trouve en Narbonnaise que l’exemplaire ah 97 provenant de Ruscino (66), ainsi que le « fals de Douzens » qui est probablement un dinar fourré ayant perdu sa dorure. [4] Frochoso type xvii. On recense dans la région 4 exemplaires provenant de Ruscino, Salses et Narbonne : Sénac et al. 2010, n 1, 6, 7 et 11. [5] Trois dirhams omeyyades post-réforme frappés à Wâsit (Irak), Taymara et Istakhr (Iran) ont été découverts dans l’Aude, à La Palme, Bizanet et Crèze.

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rement épigraphique, est appliquée par étape en al-Andalus. Des dinars et des dirhams y sont frappés plus ou moins régulièrement, pour les uns entre ah 93

et 106 (712-724), pour les autres de 104 à 129 (722-747), mais aucun d’eux n’a été découvert à ce jour dans le sud de la France.

Fig. 1 – Monnaies arabo-musulmanes découvertes en France

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En revanche, des fulûs de cuivre entièrement épigraphiques sont frappés en grand nombre après ah 101 (720) et probablement jusque vers ah 124 (740). On les trouve jalonnant la voie domitienne jusqu’en basse vallée du Rhône, mais aussi autour de Narbonne sur des domaines agricoles de l’Antiquité tardive1[6]. Probablement ont-ils été frappés en fonction des besoins par des ateliers itinérants « aux armées » pour payer la solde des troupes [7]. 2

Enfin, après un hiatus d’au moins une vingtaine d’années, entre 740 et 760, correspondant à des années de crise, de guerres civiles et de famine en al-Andalus, mais encore à la conquête carolingienne de la Narbonnaise, des monnaies franchissent la marche d’Espagne et les Pyrénées pour circuler en Narbonnaise, mais aussi et surtout en Aquitaine. Il s’agit exclusivement de dirhams de l’époque émirale [8], conservant, par opposition aux nouveaux types abbassides, toutes les caractéristiques des monnaies omeyyades. 3

Le droit présente sur trois lignes la profession de foi musulmane :

‫ﻻ اﻟﻪ اﻻ‬ ‫اﷲ و ﺣﺪﻩ‬ ‫ﻻ ﺷﺮﻳﻚ ﻟﻪ‬

il n’y a de dieu que dieu, l’unique, le sans-égal

La légende circulaire mentionne l’atelier et la date :

...‫ﺑﺴﻢ اﷲ ﺿﺮب هﺬا اﻟﺪرهﻢ ﺑﺎﻻﻧﺪﻟﺲ ﺳﻨﺔ‬ au nom de dieu, a été frappé ce dirham en al-andalus en l’an …

Au revers, on trouve sur quatre lignes la sourate cxii et en légende circulaire la sourate ix, verset 33 :

‫اﷲ اﺣﺪ اﷲ‬

dieu est unique, dieu l’absolu. il n’a jamais engendré n’a pas été engendré non plus et nul n’est égal à lui.

‫اﻟﺼﻤﺪ ﻟﻢ ﻳﻠﺪ و‬ ‫ﻟﻢ ﻳﻮﻟﺪ و ﻟﻢ ﻳﻜﻦ‬ ‫ﻟﻪ آﻔﻮا اﺣﺪ‬

‫ﻣﺤﻤﺪ رﺳﻮل اﷲ ارﺳﻠﻪ ﺑﺎﻟﻬﺪى ودﻳﻦ‬ ‫اﻟﺤﻖ ﻟﻴﻈﻬﺮﻩ ﻋﻠﻰ اﻟﺪﻳﻦ آﻠﻪ وﻟﻮآﺮﻩ اﻟﻤﺸﺮآﻮن‬ muhammad est l’envoyé de dieu ; il l’a envoyé avec la guidée et la religion de vérité, afin qu’en la religion tout entière elle triomphe, n’en déplaise aux associateurs.

Ce sont ces dirhams qui pénètrent et circulent dans l’empire carolingien du milieu du viii jusqu’au milieu du ix siècle. Dix-huit exemplaires étaient répertoriés jusqu’à présent pour l’Aquitaine et huit à dix pour la Narbonnaise (et son prolongement vers les vallées du Rhône et du Rhin). Nous ajoutons à ce corpus six nouvelles monnaies découvertes en Aquitaine. De nouvelles découvertes en Aquitaine La première monnaie (Fig. 2) est un très beau dirham pesant 2,55 g pour un diamètre de 27 mm. Il est daté ah 172 (788, règne de Hicham i). Il a été découvert en septembre 2011 sur la commune de Pompignan (82), à l’est de la chapelle Saint-Clair, en contre-haut de la voie tolzane reliant Toulouse à Agen puis Bordeaux par la rive droite de la Garonne [9]. D’autres monnaies ayant été découvertes le long de la voie tolzane et sur ses marges [10], on peut se demander s’il s’agit là d’un même ensemble dispersé. 4

5

__________ [6] Parvérie 2012. [7] Le point fait débat. Mais l’extrême variété des masses et des modules semblerait plaider en ce sens. Voir Sénac et al. 2010, p. 226-228. [8] Émirat indépendant fondé en 756 (ah 138) par l’omeyyade bd al-Rahmân. BCEN vol. 49 no 1, 2012

__________ [9] cag 82, p. 169, n 142. [10] Parvérie 2010 : Grenade (ah 162), Donzac (ah 198 et 227) et Saint-Caprais-de-L’Herm (ah 190).

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collectionneur périgourdin [12]. Aucun site archéologique n’est connu au lieudit Peymilou. En revanche, il faut noter la présence à trois kilomètres au sud, du gué antique de Prigonrieux/Russel qui a livré un important mobilier métallique du Haut Moyen Âge, ainsi qu’un vase copte du vi-vii siècle [13]. Certains y voient le passage de la voie BordeauxLyon. Cependant, d’après la Table de Peutinger, cette voie suit un itinéraire plus occidental en rive droite de l’Isle, par Coutras et Périgueux. Probablement s’agit-il là d’un itinéraire secondaire [14]. 7

Fig. 2 – Dirham ah 172 (788), provenant de la commune de Pompignan (Tarn-etGaronne). Vives 70 – 27 mm – 2,55 g Le dirham suivant (Fig. 3), découvert en août 2011, provient des environs de Nérac (47), malheureusement sans plus de précision. Légèrement rogné, il pèse 2,25 g pour un diamètre d’environ 24 mm. La date est en partie hors flan et un choc rend illisible l’unité. La lecture 22- est certaine, bien que difficile, et la monnaie est très probablement à attribuer d’après son style à l’année ah 226 (841, règne de bd al-Rahman ii). Une attribution à l’année 222 ne peut pas être écartée, mais le peu de place entre ‫ﺳﻨﺔ‬ (en l’an) et ‫ﻋﺸﺮﻳﻦ‬ (vingt) convient mieux à ‫ﺳﺖ‬ (six) qu’à ‫اﺛﻨﺘﻴﻦ‬ (deux). D’autre part le motif situé entre la deuxième et la troisième ligne du droit semble être un simple demi-cercle (comme sur la Vives 178) et non un demi-cercle pointé (Vives 164)6[11].

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Le premier (Fig. 4), de très belle facture, est daté ah 196 (812, règne de alHakam). Le droit présente un point entre la deuxième et la troisième ligne. Au revers, on trouve un point au-dessus des quatre lignes de la sourate cxii et trois points en triangle au dessous (Vives 98). Ramené par découpe circulaire (rognage) à un diamètre de 23 mm, il ne pèse plus qu’1,95 g.

Fig. 4 – Dirham ah 196 (812), provenant de la commune de Prigonrieux (Dordogne). Vives 98 – 23 mm – 1,95 g Fig. 3 – Dirham ah 226 (841), provenant des environs de Nérac (Lot-et-Garonne). Vives 178 – 2,25 g Deux dirhams proviennent de la dispersion dans les années 1920-30 de la collection Alexis de Gourgues. Découverts au xix siècle à Peymilou, sur la commune de Prigonrieux (Dordogne), ils ont été acquis par ce grand érudit et __________ [11] Merci à Tawfiq Ibrahim pour son aide. BCEN vol. 49 no 1, 2012

Le second (Fig. 5), plus usé, est daté ah 216 (831, règne de bd al-Rahman ii). Le droit présente une lettre ‫ح‬ (a) entre la deuxième et la troisième ligne, et le revers un point au-dessus de la légende __________ [12] Alexis de Gourgue (1801-1885) est le fondateur de la Société Historique et Archéologique du Périgord. Il a rassemblé une importante collection archéologique et écrit de nombreux ouvrages sur la topographie, la préhistoire et l’histoire de la Dordogne. [13] cag 24, p. 140, n 225, fig. 72. [14] cag 24, p. 203, n 340

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(Vives 145). La découpe est moins importante et beaucoup moins soigneuse. Il pèse 2,23 g pour un diamètre de 24 mm. Fig. 6 – Dirham ah 198 (814), provenant des environs de Matha (Charente-Maritime). Vives 104 – 25/26 mm – 2,32 g Fig. 5 – Dirham ah 216 (831), provenant de la commune de Prigonrieux (Dordogne). Vives 145 – 24 mm – 2,23 g Un dirham daté ah 198 (814, règne de al-Hakam) (Fig. 6) a été très récemment découvert aux environs de la commune de Matha (17), à une dizaine de km à l’est de la voie romaine Saintes-Poitiers, avec, semble-t-il, une dizaine d’autres dirhams d’al-Andalus (dont quatre coupés en deux), ainsi qu’un nombre indéterminé de deniers de Charles le Chauve frappés à Melle [15] ! Il s’agirait d’un ensemble de monnaies éparses provenant d’un ramassage de surface sur un même lieu. Nous n’avons malheureusement pu obtenir davantage de renseignements sur cette remarquable trouvaille maintenant dispersée… Sous toute réserve, trois autres dirhams datés ah 162 (Vives 60), 200 (Vives 107) et 222 (Vives 162) pourraient provenir de cette même découverte [16].

Enfin, un autre dirham daté de cette même année ah 198 (814) (Fig. 7) nous a été signalé dans la région de Tarbes (65). Légèrement ébréché, mais de flan large, il pèse 2,5 g. Il présente lui aussi une nette trace de pliure.

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Le dirham que nous avons pu étudier est de belle facture et pèse 2,32 g pour un diamètre de 25/26 mm. Il a été manifestement plié à l’époque en deux puis redressé, laissant une légère fêlure visible au droit. __________ [15] Melle se situe à 40 kilomètres au nord. [16] Le premièr a subi une découpe circulaire nette. Le deuxième semble rogné. Sur le troisième, de flan assez large, le dernier chiffre de la date est illisible. C’est par le style (double grènetis circulaire avec six petits cercles pointés) que cette monnaie peut être raisonnablement attribuée à l’année 222.

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Fig. 7 – Dirham ah 198 (814), provenant des environs de Tarbes (65). Vives 104 – 27 mm – 2,5 g

Quelles sont les voies d’importation ? Les dirhams d’al-Andalus pénètrent dans l’empire carolingien par les cols pyrénéens et suivent à longue distance les grandes voies romaines toujours utilisées au Haut Moyen Âge (Fig. 8). En Narbonnaise, ils suivent la voie domitienne [17], puis poursuivent par la voie d’Aquitaine vers Toulouse et descendent la vallée de la Garonne par la voie tolzane [18]. Certains exemplaires poursuivant 12

13

__________ [17] Trois dirhams à Ruscino (66), ah 145, 155 et 195, ainsi qu’un dirham ah 162 non publié provenant d’un site de l’Antiquité tardive des environs de Narbonne. [18] Marseillette, Lagrasse et Lézignan-Corbières (11) : ah 176, 191 et 207. Grenade (31), Pompignan et Donzac (82), Saint-Caprais-del’Herm (47) : ah 162, 172, 199 y 227, 190.

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envisagée [20] ? Certains érudits locaux et archéologues l’affirment et y voient nécessairement pour le ix siècle, la marque des Vikings. C’est la piste qui a été avancée pour les dirhams retrouvés avec des deniers carolingiens et anglovikings dans le lit de la Loire près d’Ancenis [21]. Les raids vikings ont aussi été évoqués au sujet des dirhams de SaintJean-Pied-de-Port, en raison de la présence de graffiti et de pliures. Cependant, cette découverte est très clairement liée à la voie terrestre passant par le col de Roncevaux. D’autre part, le graffito cruciforme du dirham ah 170, est sans doute une tentative de christianisation d’un objet musulman, plutôt qu’un coup de couteau viking pour tester le métal. Enfin, le pliage de monFig. 8 – Les découvertes de dirhams naies pour en éprouver la teneur en méd’al-Andalus tal fin est une technique trop courante, En Aquitaine, les dirhams franchissent selon Jens-Christian Moesgaard, pour les cols pyrénéens et aboutissent dans les être une preuve absolue d’une utilisaconfins basques du sud de l’Aquitaine. tion par les Vikings. Dans les trésors Les huit dirhams de Saint-Jean-Pied- scandinaves les pliures sont d’ailleurs de-Port (64), trouvés au pied du col de beaucoup plus grossières et anarchiques. Roncevaux et celui de Gouts (40) au pas- De même, le dirham de Matha (Fig. 6) sage d’un gué sur l’Adour jalonnent la semble avoir été soigneusement plié voie Pampelune-Bordeaux. Les dirhams puis redressé. Là encore, si une origine de Tarbes (65) et de Castelnau (32) sont, viking ne peut être totalement exclue, quant à eux, probablement à mettre en elle ne doit pas être privilégiée. Il est relation avec un itinéraire descendant dommage que les monnaies coupées en du col du Somport. De la basse vallée deux de ce petit trésor de Charentede la Garonne, certains poursuivent par Maritime n’aient pas pu être étudiées, le le seuil du Poitou jusqu’à la vallée de la type de coupure aurait sans doute pu Loire, comme le montrent les décou- apporter des données déterminantes. vertes de Matha (17), Chaunay (86), Nous en resterons donc, en l’état de nos Ancenis (44) et Contres (41). connaissances, sur l’hypothèse d’une Toutes les voies d’importation sont-elles importation directe des dirhams d’alterrestres ? Dans les cas de Matha (17) Andalus par voie terrestre transpyréet surtout d’Ancenis (44), on peut se de__________ mander si une voie maritime, le long des [20] Des échanges par voie maritime entre la côtes atlantiques et par les estuaires de péninsule ibérique et l’Aquitaine sont en effet la Loire et de la Garonne, pourrait être attestés au haut Moyen-âge (Rouche 1979, p.

par la plaine languedocienne semblent gagner la vallée du Rhône et peut-être celle du Rhin [19].

15

14

16

257-258). Saget & Ménanteau 2003, p. 47-48. Jens-Christian Moesgaard considère que cette découverte ne peut pas être automatiquement mise en rapport avec les Vikings (Moesgaard 2006, p. 137). [21]

__________ [19] Dirham de Parmilieu (38) et ceux à confirmer de l’Hérault et d’Alsace. BCEN vol. 49 no 1, 2012

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néenne. Si l’existence d’un approvisionnement par l’océan n’est pas à exclure, rien ne l’atteste formellement, et le rôle qu’auraient alors pu y jouer les Vikings ne serait qu’anecdotique. On notera que si ces monnaies parviennent dans l’empire carolingien par les grandes voies traditionnelles de l’iter hispanicus, elles sont souvent découvertes un peu à l’écart de ces mêmes axes, à des points de rupture de charge (cols, gués…) sur des ramifications des grandes voies connues, comme le dirham de Grenade (31) [22], ou sur des itinéraires secondaires, comme ceux du gué de Donzac (82) [23] ou de Prigonrieux (24). Les dirhams d’al-Andalus ne se bornent donc pas à circuler à grande distance, ils semblent pénétrer assez profondément les circuits économiques locaux des marges méridionales de l’empire. 17

18

Sous quelle forme les dirhams intègrentils la circulation monétaire ? Nous avions attiré l’attention dans une précédente communication [24] sur l’existence de dirhams ramenés par une soigneuse découpe circulaire au poids des deniers carolingiens, pour un module à peine supérieur. Dans le tableau suivant (Fig. 9) sont regroupées les différentes indications disponibles de module, de poids et d’aspect des 32 dirhams qui composent notre corpus. Les monnaies y sont classées par leur diamètre et non leur masse, qui ne semble pas un critère parfaitement pertinent. D’une part, plusieurs monnaies de notre corpus, pourtant de flan large ont des masses très faibles en raison d’une très forte usure ou corrosion, voire d’un manque plus ou moins important de 19

__________ [22] Sur l’itinéraire en rive gauche de la Garonne de la voie tolzane, voir Parvérie 2010, p. 147. [23] Parvérie 2010, p. 146-147. [24] Ibidem.

20

métal [25]. D’autre part, les dirhams d’alAndalus peuvent présenter des masses très variables, bien inférieures à la masse théorique de 2,97 g. Passées les premières émissions des gouverneurs omeyyades, il semble bien que les dirhams de la période émirale n’aient plus été frappés à un poids précis, les transactions importantes se faisant alors au poids et non à l’unité [26]. 20

21

Lieu de découverte Saint-JeanPied-de-Port (64) Pompignan (82) Tarbes (65) Saint-JeanPied-de-Port (64) SaintCaprais-deL’Herm (47) Saint-JeanPied-de-Port (64) Saint-JeanPied-de-Port (64) Saint-JeanPied-de-Port (64) Saint-JeanPied-de-Port (64) Saint-JeanPied-de-Port (64) Narbonne (11)

Année

n Masse (en mm) (en g)

Aspect

173

28

2,6

172

27

2,55

198

27

2,5

Plié

177

27

?

Plié

190

27

?

153

27

1,83

?

26

1,13

170

26

1,95

170

26

1,45

Plié

161

25

0,88

Cassé, avec des manques

162

25

?

__________ [25] C’est notamment le cas de cinq des huit dirhams de Saint-Jean-Pied-de-Port qui présentent des masses comprises entre 0,88 et 1,83 g pour un module pourtant supérieur à 26 mm. Parvérie 2007, annexe nos 16 à 22, p. 244-246. [26] Dans les grandes collections privées (collection Tonegawa) et publiques (Paris, BnF), qui sélectionnent pourtant les exemplaires les plus remarquables par leur facture, des masses de 2,2-2,3 g sont assez fréquentes. On trouve au Cabinet des médailles, pour le règne de bd al-Rahman ii (822-852) par exemple, des masses comprises entre 2,17 et 2,88 g, avec une moyenne de 2,36 g (de 2,0 à 2,7 g dans la collection Tonegawa, avec une moyenne de 2,47 g).

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Matha (17)

198

Parmilieu 204 (38) LézignanCorbières 207 (11) Saint-JeanPied-de-Port 150 (64)

25/26

2,32

Plié

25

2,3

24

2,37

24

1,86

Nérac (47)

226

c. 24

2,25

Rogné

Prigonrieux (24)

216

24

2,23

Rogné

Ancenis (44) 198 Prigonrieux 196 (24) Dans l’Hérault 201 (sous réserve)

23

2,03

Rogné

23

Découpe 1,95 circulaire

22

1,69 circulaire

Donzac (82)

227

22

1,45 circulaire

Donzac (82)

199

22

0,99 circulaire

22

Découpe

Découpe Découpe

Ancenis (44) 238

20/22

Castelnau (32)

241

20

Contres (41)

161

?

Grenade (31) 162 ?

11

+ manque Découpe 1,36 circulaire Découpe 1,69 circulaire « Ramené au module ? des deniers de Pépin » Découpe 0,59 circulaire ? Fragment

250 ?

?

164

?

?

Ruscino (66) 195

?

?

Ruscino (66) 155

?

?

Ruscino (66) 145

?

?

Lagrasse (11) 191 Marseillette 176 (11) En Alsace (sous réserve) 232

?

?

?

?

?

?

Percé

Gouts (40) Chaunay (86)

La découpe circulaire concerne, quant à elle, huit exemplaires. Cinq d’entre eux pèsent respectivement 1,36, 1,45, 1,69, 1,69 et 1,95 g pour un module de 20-22 mm. Un autre ne pèse que 0,99 g en raison d’un manque de métal. Enfin, l’exemplaire de Contres est bien dit « ramené au module des deniers de Pépin [27] », mais sa masse n’est pas connue. Nul doute que le but de ces découpes est de se rapprocher de la masse du denier carolingien qui, de 822 à 910, est de 1,55 g, avec des masses moyennes constatées dans les trésors de 1,48 g pour la fin du règne de Louis le Pieux, 1,50 g pour Pépin ii d’Aquitaine – 1,65/ 1,7 g à Melle – et 1,55 g pour la première période du règne de Charles le Chauve [28]. Le dirham de Grenade (31) a quant à lui été ramené à un diamètre de 11 mm pour 0,59 g, masse légèrement inférieure à celle des oboles carolingiennes [29].

23

24

Les dates de frappe s’échelonnent de ah 161 à 241 (778-855), mais la datation de l’entrée et de la circulation de ces dirhams dans l’empire carolingien peut sans doute être précisée. Un terminus ante quem est très certainement donné par l’Édit de Pîtres de 864 qui a fait disparaître totalement de la circulation les espèces plus anciennes, et donc manifestement aussi la fausse monnaie et les espèces étrangères [30]. Par ailleurs, mis à part le « denier » de Contres (ah 161) et « l’obole » de Grenade (ah 162), la circulation de la plupart de ces monnaies dans l’Aquitaine carolingienne est postérieure à 831 et semble se concentrer dans les années 840-850 [31]. Cette 25

Fig. 9 – Tableau récapitulatif des dirhams d’al-Andalus découverts en France

26

Sur les vingt-six monnaies pour lesquelles nous disposons d’informations suffisantes, treize ont un diamètre supérieur à 25 mm, soit le module normal des dirhams d’al-Andalus. Il faut y ajouter cinq autres exemplaires dont un léger rognage abaisse le diamètre à 23-25 mm, pour une masse d’environ 2,3 g.

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__________ [27] Duplessy 1956, p. 122, no 5. [28] Depeyrot 1993, p. 67. [29] Celles de Pépin ii ont des masses très variables, les plus fréquentes se situant entre 0,7 et 0,8 g (Coupland 1989, p. 216). [30] Depeyrot 1993, p. 70 et Grierson 1991, p. 233. [31] La découverte de Prigonrieux (24) peut être datée par un dirham de ah 216 (831), celle

21


période est marquée, en Aquitaine, à la fois par l’affrontement entre Charles le Chauve et son neveu Pépin ii roi d’Aquiquitaine et la multiplication des raids vikings [32]. Sur le plan monétaire, elle se caractérise par un accroissement du nombre d’ateliers et la relative fréquence des oboles, frappées surtout par les ateliers aquitains [33]. Simon Coupland y voit le signe d’une rupture dans la circulation monétaire [34] et donc d’une nécessité de trouver des solutions pour subvenir aux besoins en numéraire de l’économie locale. L’hypothèse d’un recours à des espèces étrangères, notamment de dirhams d’al-Andalus ramenés à la masse des deniers, correspond bien à la situation d’une Aquitaine mal contrôlée par le pouvoir carolingien, désorganisée par les guerres et de plus en plus « fractured into a series of separate regions, each with its own local economy » [35]. 27

28

29

30

Une difficulté subsiste cependant. Comment concilier l’idée de contraction de la circulation monétaire sur une échelle plus régionale voire locale avec un apport manifestement important de monnaies étrangères à longue distance ? Probablement faut-il conserver l’hypo__________ de Donzac (82) est postérieure à 842, celle de Matha (17), avec toutes les réserves qui s’imposent, à 837, et celle d’Ancenis (44) à 853. Le dirham isolé de Castelnau est daté de 855. [32] Sac de Nantes en 843, prise de Toulouse en 844, occupation de la Saintonge en 845, sac de Melle en 848… [33] En Aquitaine, Pépin frappe à la fois des deniers et des oboles à Melle, Dax, Bordeaux, Toulouse, Bourges, Limoges, Poitiers et Cahors, essentiellement entre 845 et 848/9. Charles frappe des deniers et oboles à Melle, Bourges, Toulouse, Agen ; des deniers à Dax, Limoges, Clermont-Ferrand (et des oboles à Narbonne et Arles, sur les marges de l’Aquitaine). Depeyrot 1993, pp. 22 et 42-45 ; Coupland 1989, p. 204-219 ; Grierson 1991, p. 231-232. [34] Coupland 1989, p. 217 : « Because there was a breakdown in circulation, leading to a shortage in the availability of coin ». [35] Coupland 1989, p. 218.

22

thèse d’une importation assez régulière des dirhams d’al-Andalus tout au long du premier siècle de la période carolingienne. Le phénomène serait rendu peu visible par un contrôle assez efficace du pouvoir carolingien sur la circulation monétaire, les espèces étrangères – de même que la fausse monnaie – étant systématiquement retirées de la circulation et refondues, venant accroître ainsi – dans quelles proportions ? – le stock métallique servant à la frappe des deniers [36]. 31

L’utilisation réelle dans les circuits économiques locaux de certains de ces dirhams soigneusement ramenés au module et à la masse du denier ou de l’obole semblerait quant à elle plus limitée dans le temps, plus conjoncturelle et liée aux troubles des années 840-850. Les difficultés d’approvisionnement en numéraire dans une économie manifestement largement monétarisée n’auraient été que partiellement compensées par l’ouverture de nouveaux ateliers et la production plus importante de divisionnaires, ce qui aurait alors nécessité le réemploi de monnaies étrangères, voire la production de fausse monnaie. Ces quelques éléments de réflexions demanderaient à être complétés et précisés par de nouvelles découvertes. D’une part, la chronologie gagnerait à être encore affinée : l’emploi de ces « deniers arabes » [37] dans l’économie locale est-il contemporain des guerres entre Charles et Pépin et des raids vikings sur l’Aquitaine qui marquent les années 840, ou intervient-il dans les années qui suivent alors que la région est exsangue et désorganisée ? D’autre part, les découvertes isolées dont nous disposons ne per32

__________ [36] Les découvertes isolées que nous avons répertoriées n’étant que « le sommet de l’iceberg » (Moesgaard 2006, p. 136). Voir aussi Moesgaard 2008a, p. 171. [37] L’expression « Andalusi pennies » est de Lutz Ilisch.

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mettent pas encore de quantifier la part des dirhams d’al-Andalus dans la masse monétaire en circulation. L’absence d’informations précises sur certaines découvertes, comme celle de Matha qui semblait associer des dirhams – dont certains découpés – à des deniers de Melle pour Charles le Chauve, nous prive malheureusement de données chiffrées essentielles. Nous n’en sommes décidément qu’aux premiers pas sur les voies de la quantification… bibliographie Coupland 1989 = S. Coupland, ﬈e coinages of Pippin i and ii of Aquitaine, rn, 31, Paris, p. 194-222. Coupland 2007 = S. Coupland, Carolingian coinage and the Vikings. Studies on power and trade in the 9 century, London. Depeyrot 1993 = G. Depeyrot, Le numéraire carolingien, Paris. Duplessy 1956 = J. Duplessy, La circulation des monnaies arabes en Europe Occidentale du viii au xiii siècle, rn, p. 101-164. Duplessy 1985 = J. Duplessy, Les trésors monétaires médiévaux et modernes découverts en France, Tome i, 751-1223, Paris. Frochoso Sanchez 2001 = R. Frochoso Sanchez, Los Feluses de al-Andalus, Madrid. Gaillard 1997 = H. Gaillard, Carte archéologique de la Gaule. La Dordogne, [cag 24], Paris. Grierson & Blackburn 1991 = P. Grierson & M. Blackburn, Medieval European Coinage. 1. ﬈e Early Middle Ages (5-10 centuries), Cambridge. Mavéraud-Tardiveau 2007 = H. MavéraudTardiveau, Carte archéologique de la Gaule. Le Tarn-et-Garonne, [cag 82], Paris. Moesgaard 2006 = J.-C. Moesgaard, Les Vikings en Bretagne d’après les monnaies, Journées Numismatiques de Nantes, bsfn, juin 2006, p. 131-139. Moesgaard 2008a = J.-C. Moesgaard, L’importation de monnaies étrangères dans l’empire carolingien, bsfn, 63 année, no 8, Paris, p. 170-171.

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Jean-Luc DENGIS – Triens mérovingien trouvé à Bitburg (Rhénanie-Palatinat, D)

L

a mise au jour de cette monnaie, dont nous disposons seulement de la photo du droit, n’est pas récente puisqu’elle date de 1938 mais, à ce jour, elle n’avait pas encore été publiée [1]. Voilà donc maintenant chose faite. 33

__________ [1] Une première version de ce texte a paru dans Cercle Numismatique Val de Salm. Bulletin n 387, 34 année, avril 2012, s.p., sous le titre « Triens mérovingien trouvé à Bitburg (Allemagne) ».

23


Description

34

Fig. 1 Atelier de Banassac (Lozère, F), vers 620-640. a Anépigraphe Tête diadémée de profil à dr., un collier perlé au cou ; devant le visage, deux croix superposées. r GAVALETANO -/-/BAN Calice à deux anses sur une ligne perlée.  triens : 1,20 g (fig. 1). G. Depeyrot, Le numéraire mérovingien. L’âge de l’or. iv. Les ateliers méridionaux, Wetteren, 1998 (Coll. Moneta 14), p. 71, no 23 (fig. 2).

Fig. 2 C’est donc en 1938 que Peter ﬈ielmann (1901-1977) a découvert ce triens dans la cave de son immeuble à Bitburg (Eifel, Allemagne). Outre cette monnaie qui avait depuis lors été conservée dans le giron familial, l’inventeur a également déterré d’autres monnaies (?) et des petits fers à cheval ; aucun ossement ne fut mentionné à cette époque. Par contre l’ensemble du matériel fut examiné par Markus ﬈iel, archéologue attaché au Landesmuseum de Trèves, qui a fait alors mention d’ossements. Bitburg, de la conquête et de la colonisation jusqu’à la fin des Mérovingiens (475-751) L’histoire romaine de Bitburg a été décrite et commentée dans l’ouvrage de 24

M. Frey, K.-J. Gilles et M. ﬈iel [2]. Nous retiendrons essentiellement que sous le règne de Constantin (307-337), la ville fut ceinte d’un rempart. Protégée par ces murs, la cité a pu traverser les orages des ive et ve siècles et résister aux destructions. Une grande villa comptant plus de soixante-dix pièces y fut mise au jour. Les fouilles archéologiques ont démontré qu’elle fut abandonnée et non détruite. Les Romains installèrent dans la région des colons qui fusionnèrent avec les Germains installés sur ces terres. En 402, la préfecture romaine de Trèves doit, face aux nouvelles invasions germaniques, se replier sur Arles et la région se trouve dès lors délaissée ; quelques soixante-dix ans plus tard, l’Empire romain d’Occident cesse d’exister faisant place au développement de la Gaule mérovingienne. La fortification de Bitburg sert alors de protection pour les populations locales. Au milieu du ve siècle, après la prise de Cologne (Colonia Agrippina), les Francs Ripuaires s’emparent de la région de Trèves. Conquête d’autant plus facile que leur cavalerie et leur infanterie n’avaient qu’à suivre la voie romaine. Tout le long de leur progression, les villae et agglomérations seront détruites et ravagées. À Bitburg, les envahisseurs trouvent des colons romains mais aussi une population germanique issue de la première vague d’invasion ; ceci explique en partie pourquoi la ville fut partiellement épargnée. De cette invasion et de la nouvelle réorganisation sociale, les fouilles archéologiques de 2007-2008 ont mis au jour environ 150 tombes mérovingiennes. De nombreux squelettes présentent des séquelles de coups et blessures diverses. L’étude des mobiliers funéraires a démontré que cette population n’était pas encore christianisée. __________ [2] M. Frey, K.-J. Gilles & M. Thiel, Das Römische Bitburg, Trier, 1995, Stadt Bitburg & Rheinischen Landesmuseum Trier.

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À la fin du viie siècle, une église est construite à Bitburg (au sud de l’enceinte, actuellement place Saint Pierre). Ce nouveau temple deviendra le centre de la nouvelle agglomération où se développa un marché. Placé également sur un nœud de communication, la ville connut un réel essor. Les monnaies d’or y circulaient de même que de nombreuses monnaies romaines. Mais dès le milieu du viie siècle, l’or disparut de la circulation. Le triens mérovingien qui fait l’objet de cet article a été mis au jour à environ 150 mètres des tombes découvertes en 2007-2008.

Jean-Louis MIRMAND ‒ Les émissions monétaires de Banassac (Lozère, F)

B

anassac est l’une des villes qui a frappé le plus de monnaies à l’époque mérovingienne, il faut lui attribuer le dixième des monnaies mérovingiennes parvenues jusqu’à nous [1]. Cette abondance peut s’expliquer par une centralisation à Banassac du ou des ateliers fonctionnant pour la région ou le diocèse. En décrivant cette situation, J. Lafaurie a proposé comme hypothèse, une réforme monétaire et douanière de Dagobert, instituant un atelier de frontière, chargé d’assurer la fonte et la transformation en monnaies mérovingiennes des monnaies d’or byzantines ou wisigothique, circulant en Septimanie et en Provence. 35

Les monnaies nous révèlent une abbaye placée sous l’invocation de saint Martin aujourd’hui à la Canourgue, cette dernière n’est-elle pas le siège épiscopal de cette époque ? __________ [1] J.-L. Mirmand, Catalogue des Monnaies de Lozère, La Canourgue, 2006, p. 81 ; ce texte est accessible en ligne via le lien http://gabalor.blog4ever.com/blog/lire-article-1688552132-blog.html

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La Canourgue (canonica), au départ quartier de Banassac, qu’un texte du xie siècle nous représente comme ayant abrité jusqu’à 5.000 religieux au moment de sa splendeur, ne fut-elle pas le plus riche monastère du territoire gabale de son temps ? L’abbaye de saint Martin est la seule indiquée sur les monnaies, ce qui prouve son importance et sa richesse. Il est possible que Javols, l’antique Anderitum, soit la première capitale du peuple gabale et aussi le premier siège des évêques du Gévaudan. Aucune information archéologique ne démontre le contraire. Il est possible que ce soit Mende, là aussi aucune preuve certaine ne vient l’attester, bien qu’il y ait à Mende la dépouille de Saint Privat, la présence d’une crypte du iiie-ive siècle, et la villa urbana de Sirvens où des chapiteaux paléochrétiens du iiie-ive siècle ont été découverts. Si saint Ilère est désigné par les textes sous le titre d’évêque des Gabales, il faut attendre jusqu’au xe siècle pour trouver le premier évêque qui s’intitule « évêque de Mende ». Pendant cet intervalle la liste des évêques du Gévaudan offre d’énormes lacunes ; on cite seulement saint Frézal, Agenulfe, Guillaume. C’est à Banassac que se trouvent les reliques de l’évêque saint Firmin, l’un des successeurs de saint Privat. C’est à la Canourgue que repose saint Frézal. Sur les premières monnaies d’or des Gabales, on peut lire Gavaletano (ce qui est le cas pour la monnaie décrite ci-dessus), Gabalum ou Gavalorum, ce qui indique une région et non une ville. Elles ont été attribuées à Javols, mais elles ont pu tout aussi bien être frappées n’importe où en Lozère, peut-être à Mende, à Banassac ou ailleurs. Tous ces indices autorisent à penser que le siège épiscopal du Gévaudan fut à Banassac entre le viie et le milieu du viiie siècle, quand Maximinus frappait des monnaies à Banassac, pour le compte de l’abbaye de Saint-Martin, peut être même avant.

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Lucien RENARD ‒ À propos des antoniniens de Julia Domna sans le croissant : complément d’informations

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n 215, au début de son règne seul, Caracalla a procédé à une réforme monétaire qui introduit une nouvelle unité d’argent dans la circulation : l’antoninien, dont la valeur équivaut à deux deniers. Pour bien distinguer cette nouvelle monnaie du denier, on a convenu de faire porter au buste de l’empereur une couronne radiée au lieu d’une couronne de laurier et d’ajouter au buste de l’impératrice un simple diadème dans la chevelure. Ce dernier attribut n’ayant pas été jugé suffisant pour distinguer les deux monnaies d’argent alors en usage, les bustes féminins ont été ensuite complétés d’un croissant, placé à la base et plus aisément distinguable. L’introduction du croissant sous le buste s’est donc faite a posteriori et un certain nombre de monnaies a été émis sans cet attribut. L’article de V. Geneviève et J.M. Doyen [1], récemment publié dans le bcen, a fait une excellente synthèse de ces premiers antoniniens émis au nom de Julia Domna sans la présence du symbole lunaire. Parmi les monnaies recensées par ces deux auteurs, quatre n’ont pu être illustrées : celles du trésor de Marcianopolis (Roumanie) et de la collection Lesbre, ainsi que deux autres conservées au Kunsthistorisches Museum de Vienne, la première au revers VENERI GENETRICI, la seconde au revers LUNA LUCIFERA. Lors d’un séjour récent dans la capitale autrichienne, j’ai pu me rendre au musée et rencontrer le Docteur Klaus Vondrovec, qui m’a reçu avec beaucoup de gentillesse et m’a permis de consulter leur médailler et surtout de publier les illustrations de ces deux rares antoniniens. 36

__________ [1] V. Geneviève & J.-M. Doyen, Les antoniniens de Julia Domna au buste sans croissant émis dans l’atelier de Rome en 215, bcen 48-1 (2011), p. 326-332.

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Le droit de l’antoninien au revers VENERI GENETRICI (mk ro 014854) représentant Vénus debout à g., la main ouverte et tenant un sceptre long, est issu du coin a 7 de l’article de Geneviève & Doyen alors que le revers n’a pas de correspondance avec les autres exemplaires illustrés. Ce nouvel antoninien complète donc ceux déjà recensés pour cette importante émission en portant à notre connaissance un nouveau coin de revers.

Fig. 1

Le second antoninien au revers LUNA LUCIFERA (mk ro 087776) illustrant la lune emportée vers les cieux sur un char tiré par deux chevaux est quant à lui issu des coins a 8 et r 1-2 de l’article de Geneviève & Doyen, les mêmes que ceux utilisés pour la frappe de l’exemplaire du trésor de Jupille.

Fig. 2

Ce complément d’information provenant de l’examen des exemplaires de Vienne confirme deux éléments : Seul le coin a 8 a servi à frapper des antoniniens aux revers LUNA LUCIFERA et VENERI GENETRICI. Sous réserve de découverte d’autres exemplaires qui ne nous sont pas encore connus, cette émission au buste sans croissant avec le chignon plat à l’arrière de la tête, qualifié de coiffure de transition par Hill [2], serait 37

__________ [2] Ph.V. Hill, ﬈e Coinage of Septimius Severus and his Family of the Mint of Rome ad 193-217, London, 1975.

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bien une sorte d’émission « d’essai ». Suivraient ensuite les émissions toujours sans croissant sous le buste mais avec le chignon dans la nuque, caractéristique des émissions ultérieures sous Caracalla. Les monnaies émises avec ce portrait sont à ce jour, et de loin, les plus nombreuses. Elles précèdent enfin les émissions avec le croissant sous le buste dont deux exemplaires seulement sont connus avec le revers VENERI GENETRICI, tous deux issus du même coin de droit d1-2, mais aucune avec le revers LUNA LUCIFERA. La logique voudrait qu’aucun antoninien associant ce dernier revers avec un buste à croissant n’existe.

Jean-Claude THIRY – Un antoninien inédit d’Aurélien à buste exceptionnel frappé dans l’« atelier balkanique indéterminé » e but de cet article est d’ajouter un buste exceptionnel à la série caractérisée par un dauphin à l’exergue du revers. Cet antoninien appartient à la seconde phase de la 1ère émission émise entre la fin 271 et l’automne 272 par un atelier non localisé avec certitude et qui parfois, est situé à Byzance.

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Sylviane Estiot [1] à présenté l’état de la question à propos de la localisation de ce lieu de production qui, fonctionnant parallèlement avec celui de Siscia, aurait servi d’atelier d’appoint pour alimenter en numéraire et ce, avec ceux de Cyzique et de Serdica, les troupes participant aux campagnes orientales d’Aurélien et notamment celle contre Palmyre. 38

__________ [1] S. Estiot, Monnaies de l’Empire romain, xii.1, D’Aurélien à Florien (270-276 apr. J.-C), 2 volumes, Bibliothèque nationale de France, Paris 2004, p. 94-95, en abrégé bnc. BCEN vol. 49 no 1, 2012

L’indice de représentation de l’« atelier indéterminé » dans certains trésors balkaniques [2] appuie l’hypothèse d’une localisation en Pannonie inférieure voire en Mésie supérieure, laquelle abritait la ville de Viminacium qui fut fort active dans la production monétaire de statut provincial à partir d’octobre 239 sous Gordien iii [3] jusqu’au début du règne de Valérien i puis, comme atelier impérial sous le règne commun de Valérien i et Gallien et ce, jusqu’à sa fermeture définitive vers la fin 257. 39

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Cependant, d’autres trésors, géographiquement proches et comportant des proportions sensiblement plus faibles [4], tempèrent la portée des données précédentes et orientent les présomptions de localisation vers l’Illyrie et plus particulièrement vers une ville portuaire qui se situerait sur la côte adriatique [5]. 41

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En effet, la présence d’un dauphin à l’exergue des revers pendant une relativement courte période suggère que l’atelier pourrait avoir eu un rapport direct avec un site maritime. Cependant, devant le manque d’éléments probants et indubitables, S. Estiot a préféré opter pour une appellation générale telle que celle d’« atelier balkanique indéterminé ». Auparavant, Robert Göbl [6] avait présenté cette production comme issue d’une «Moneta comitatensis», suggérant ainsi un atelier accompagnant les troupes, qui se serait finalement fixé à Byzance. Le numismate autrichien s’appuyait notamment sur un passage de l’Histoire 43

__________ [2] bnc, p. 95, de l’ordre d’environ 9%. [3] J.-P. Callu, La politique monétaire des empereurs romains de 238 à 311, (befar 214), Paris 1969, p. 18. [4] bnc, p. 95, de l’ordre d’environ de 3 à 6%. [5] Ibidem. [6] R. Göbl, Die Münzprägung des Kaisers Aurelianus (270/275), Moneta Imperii Romani, mir 47, 2 vol., Wien 1993, p. 60.

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Auguste [7] qui évoque le déplacement d’Aurélien des régions danubiennes vers Byzance après sa victoire sur les Goths commandés par leur roi, Cannabas. Parmi les historiens et numismates qui ont également émis un avis sur la question, citons T. Rhode [8] qui emploie le terme d’« atelier inconnu », F. Manns [9], J.-P. Callu [10] qui fixent la localisation de l’atelier à Byzance et N. Sipus [11] qui le place de façon arbitraire à ﬈essalonique. 44

Fig. 2 – détail du dauphin

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IMP / AVRELI / ANVS AVG

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Buste radié et drapé de la chlamyde à droite, tenant un long sceptre sur l’épaule gauche. [13] 50

Quoi qu’il en soit, lors de l’ouverture de cet atelier, les revers ne portent aucune signature d’officine. La suite de l’émission se déroule comme suit : l’exergue des revers est alors marqué d’un dauphin dirigé vers la gauche ou vers la droite, ensuite une courte phase associe le dauphin avec une lettre d’officine allant de A à " [12]. Par ailleurs, lors de la seconde émission, la signature du revers prendra sa forme définitive inspirée par l’atelier de Rome avec une lettre d’officine de A à Γ. 49

Description de la monnaie ( fig. 2)

Fig. 2

(émission 1, phase 2) __________ A. Chastagnol, Histoire Auguste, Les empereurs romains des iie et iiie siècles, Paris 1994, Divus Aurelianus, xxii, 3. [8] T. Rhode, Die Münzen des Kaisers Aurelianus, seiner Frau Severina und der Fürsten von Palmyra, Miskolocz 1881/82, p. 408 ; R. Göbl 1993, note 119, p. 248. [9] F. Manns, Münzkundliche und historische Untersuchungen über die Zeit der Illyrerkaiser. Aurelianus, Dissertation, Würzburg 1939. [10] Callu 1969, p. 233-234. [11] N. Sipus, ﬈e « Unknown Mint » of the Roman Emperor Aurelian, Numismaticke Vijesti 30 (1987), p. 20-30. [12] À l’exception de la trace de l’officine Δ qui n’a pas encore été retrouvée. [7]

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CONCORDIA MILITVM

L’empereur en toge debout à droite, serrant la main de la Concorde debout à gauche. – / – // dauphin à gauche. Émission 1, 2ème phase, fin 271-automne 272. ric –, bnc –, mir – [14] 51

S. Estiot n’a recensé que deux exemplaires dotés d’un buste exceptionnel combiné avec un revers présentant un dauphin à l’exergue. Il s’agit dans les deux cas d’un buste radié à droite, drapé d’une chlamyde, tenant un long caducée sur l’épaule gauche, assimilant ainsi Aurélien à Mercure. Les deux exemplaires sont associés à des revers différents, d’une part CONCORDIA MILITVM (fig. 3) [15] et d’autre part VIRTVS MILITVM (fig. 4) [16]. Les deux bustes, bien qu’iconographiquement semblables, proviennent assurément de mains de graveurs différents. La remarque est également valable pour les deux revers dont les dauphins et l’épigraphie sont assez dissemblables. 52

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__________ [13] bnc, p. 387, classifie ce buste sous l’abréviation f2bis qui reprend le terme haste au lieu de sceptre. [14] Göbl 1993, p. 60-62, [15] bnc, p. 384, pl. 190, no 149, coll. P.F. Jacquier. [16] bnc, p. 384, Wien, 84174 (Rhode).

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côtoie un autre à buste cuirassé portant une haste sur l’épaule gauche, avec la légende de revers RESTITVT ORIGENTIS (sic) – // A, (fig. 6) [19], cette légende légèrement abrégée est très probablement quelque peu postérieure. 56

Fig. 3 (émission 1, phase 2)

Fig. 4

Fig. 6

(émission 1, phase 4)

(émission 1, phase 2)

Notre type de buste apparaît pourtant dès le tout début de la première émission, lors la phase dont les revers ne portent pas de signature. Cet exemplaire d’inauguration est associé au revers LIBERT AVG (fig. 1) [17]. 54

Ces deux monnaies appartiennent toutes deux assurément à la 1ère émission et devraient, à notre sens, être placées dans une 4ème phase de la 1ère émission pour distinguer chronologiquement les frappes dont les revers sont signés d’un dauphin seul (2ème phase) puis ensuite par un dauphin associé à une lettre (3ème phase) [20]. 57

Fig. 1

(émission 1, phase 1)

La césure de la légende de droit de ce dernier et celle de notre antoninien est identique, le sceptre séparant IMP et AVRELIANVS alors que sur le buste mercurien, la césure se présente de façon différente : le caducée étant décalé d’une lettre et s’insérant entre IM et P.

Fig. 5

(émission 1, phase 4)

L’exemplaire (fig. 5) [18] doté d’un buste avec caducée associé à un revers RESTITVTOR ORIGENTIS (sic) – // A, 55

__________ [17] Freeman & Sear, mbs 22/ii/2002, no 557, coll. privée. [18] Coll. privée. BCEN vol. 49 no 1, 2012

La 1ère phase de la 2ème émission perpétue la frappe des bustes exceptionnels de l’émission précédente. On y trouve le buste au caducée associé à un revers VIRTVS MILITVM – // Γ (fig. 7) [21] ainsi que les bustes drapés portant le sceptre combiné avec des revers signés d’une lettre, IOVI CONSER – // B (fig. 8) [22], CONCORDIA MILITVM, – // Γ (fig. 9) [23], VIRTVS MILITVM – // Γ (fig. 10) [24]. 58

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__________ [19] D. Hollard, Un antoninien inédit d’Aurélien au type RESTITVTORI GENTIS (sic) frappé par l’atelier balkanique indéterminé, bsfn 4, (2004), p. 68-69. [20] bnc, place dans son corpus toutes ces frappes dans une seule et même seconde phase (p. 384-385) mais évoque cependant l’évolution chronologique des signatures dans son commentaire p. 96. [21] Wien 87167 (Rhode). [22] bnc, p. 387, pl. 81,159, Wien 84119 (Rhode) ; mir 278 f2, buste erronément décrit avec caducée. [23] bnc, p. 387 ; mir 275 f, Wien 84140. [24] Emporium, 56, 16-7/xi/2006, no 565.

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Fig. 7

La seconde et dernière phase de cette série reprend deux exemplaires uniques avec buste cuirassé et haste mais dont la cuirasse est exécutée d’une manière plus dépouillée comme on peut la retrouver sur de nombreux exemplaires présentant des droits cuirassés sans ornementation supplémentaire.

(émission 2, phase 1)

Les revers RESTITVT • ORBIS – // A (fig. 13) [27] et IOVI CONSER – // B (fig. 14) [28] sont liés par le même coin de droit, ce qui indique la confidentialité de cette frappe. 64

Fig. 8 (émission 2, phase 1)

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Fig. 9 (émission 2, phase 1)

Fig. 13 (émission 2, phase 2)

Fig. 10

(émission 2, phase 1)

Fig. 14

Un nouveau buste, sur lequel le paludamentum a fait place à une cuirasse, associé aux revers IOVI CONSER (fig. 11) [25] et RESTITVT · ORBIS (fig. 12) [26] enrichit la typologie. 62

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(émission 2, phase 2)

Enfin, cette série comprend également un antoninien unique présentant l’empereur radié et cuirassé à gauche, tenant une haste sans pointe sur l’épaule droite et un bouclier décoré d’une scène de combat contre l’épaule gauche. Ce type est associé au revers CONCORD · MILITVM – // Γ (fig. 15) [29]. 66

Fig. 11

(émission 2, phase 1)

Fig. 15 (émission 2, phase 2)

Fig. 12

(émission 2, phase 1) __________ [25] Au﬌äuser, 8, 9-10/xi/1991, no 605 = Peus, 364, 27-29/iv/2000, no 335. [26] Giessener Münzhandlung, 126, 14/ii/2003, no 2733.

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__________ [27] S. Estiot, Ripostiglio della Venèra, Nuovo Catalogo illustrato, Aureliano, Volume ii/1, Roma 1995 = lv2 9480. [28] Wien, 84136. [29] lv2 9737.

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En conclusion, notre exemplaire complète la seconde phase de l’émission inaugurale et laisse présager qu’elle était certainement plus riche en bustes exceptionnels qu’il n’y paraît. Il serait tout à fait possible que la série à bustes exceptionnels signée par des lettres ne soit que la répétition de celle au dauphin. Dans ce cas, la pauvreté de notre recension actuelle, limitée à deux types, ne trouverait son origine que dans des monnaies non encore retrouvées.

Roland RAYNAUD – Les aurei découpés : supplément 3

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e « feuilleton » [1] des aurei découpés continue, avec une spectaculaire moitié d’aureus pour Maximin ii Daia en tant que césar. Cet exemplaire proviendrait d’une petite collection d’un amateur hongrois âgé et récemment décédé et que son petit-fils, contacté par nos soins, cherche à revendre sur le marché. 67

Maximin ii Daia [2] 68

a [MAXIMINV]S NOB CAES, tête laurée à dr. r [HERCVLI COM]ITI CAESS NOSTR // [A]Q, Hercule nu, debout, de face, tête à g., [ tenant de la __________ [1] Voir les articles des bcen 47 no 2, p. 246263 (catalogue principal) ; — 48 no 1, p. 323 (suppl. 1) et — 48 no 3, p. 388-390 (suppl. 2). [2] © Boszo 78. BCEN vol. 49 no 1, 2012

main dr. une branche d’olivier], de la main g. une massue et une peau de lion. Aquilée, 305-306 – 3,1 g – ., ric vi, no 47b. Axe de découpage : (6 h-12 h). Seulement deux exemplaires complets de cet aureus pour Maximin ii Daia césar sont actuellement connus [3]. Ils présentent une masse moyenne de 5,35 g, proche des 5,45 g théoriques fixés par Dioclétien lors de sa dernière réforme. Cela nous permet d’évaluer la partie manquante à environ 2,25 g. 69

L’axe de découpage est identique, ou presque, avec les exemplaires nos 3, 6 et 9 du catalogue principal, permettant de dater – provisoirement – cette pratique à partir des années 305-306 au plus tôt. La suggestion de datation de cette pratique vers le début du ive s. que nous avions déjà formulée s’en trouve dès lors renforcée. L’intérêt de cet exemplaire est double. Il permet d’une part d’avoir pour la première fois un peu plus de précision sur l’origine géographique des aurei « découpés en deux moitiés ». Nous savions jusqu’alors qu’ils provenaient d’une région précise des Balkans, mais à présent il semble que nous devrions concentrer nos recherches plus particulièrement sur la Hongrie du sud, peut-être vers Pécs dans le comitat de Baranya, un département jouxtant la Croatie. L’hypothèse de la provenance « balkanique » des aurei « découpés en deux moitiés » se __________ [3] Un exemplaire est conservé au Geldmuseum à Utrecht (Pays-Bas), inventaire no ro-10481 (5,125 g, ric 47b) avec des coins différents de droit et de revers mais le style est de toute évidence du même graveur d’Aquilée. L’autre est conservé au Kunsthistorisches Museum à Vienne (Autriche), inventaire no rö-35391 (5,59 g, ,, ric 47b). Nous remercions MM. Paul Beliën et Klaus Vondrovec, conservateurs des médaillers antiques des musées respectifs.

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confirme et nous permet de privilégier désormais son extrême limite nordoccidentale, située quelque part entre la Hongrie et la Croatie. D’autre part, nous remarquons que ce sont souvent des aurei très rares qui sont concernés et plus particulièrement encore lorsqu’il s’agit des émissions les plus tardives du catalogue. Ce détail éclairera certainement le contexte et l’interprétation de cette pratique. La suite au prochain épisode…

Rahmi Hüseyin ÜNAL, Friedrich KRINZINGER, Michael ALRAM & Şule PFEIFFER-TAŞ (éditeurs), Der Münzschatz von Beçin, Verlag der Österreichischen Akademie der Wissenscha﬇en, Denkschri﬇ 396 der Philosophisch-Historische Klasse, Wien 2010. isbn 978-3-7001-6725-9, a4, xxxvi + 556 + 519 p., 79 pl., nombreuses illustrations dans le texte. ₫ 232 + frais d’envoi (5,4 kg !).

C

et ouvrage est le résultat d’une coopération autrichienne et turque, auquel ont travaillé quinze savants de différentes disciplines : archéologues, historiens et numismates, parmi lesquels Michael Alram, Bernhard Prokisch et Nikolaus Schindel sont des noms bien connus dans le monde numismatique. L’Académie des Sciences de Turquie (tüba) a proposé une version en langue turque sous le titre de Beçin Definesi. Le trésor de Beçin fut découvert en trois parties les 9 et 10 août 2000 lors des fouilles autrichiennes, et compte parmi les plus grands trésors de la période ottomane mis au jour en Turquie. Avec un poids de plus de 30 kg, il est composé d’une part de pièces ottomanes (pour la plupart des akçes) d’une valeur totale d’environ 60.000 akçes, et d’autre part de monnaies de différents États européens, représentant une valeur d’environ 34.000 akçes. À part un sultani en or et de quelques manghirs en cuivre, toutes les pièces ottomanes sont

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en argent. Outre des akçes, on retrouve des medinis égyptiens et syriens, des dirhems syriens et des shahis qui proviennent surtout des ateliers orientaux de l’empire. Toutes les pièces européennes sont en argent ou en billon. La majorité de ces pièces, tant en nombre qu’en poids, est fournie par le Saint Empire/Allemagne (155 ex., 3,207 kg), l’Italie/Malte (233 ex., 1,494 kg), l’Espagne et colonies (177 ex., 2,037 kg) et les Pays-Bas (125 ex., 3,006 kg). Le village de Beçin, situé à environ 2 km au sud de la ville de Milas, connut sa gloire au 14 et le début du 15 siècle sous les Beyliks de Menteşe, dont elle fut pendant une certaine période la capitale. À ce moment c’était une petite ville d’environ 2.000 habitants, bien défendue par un mur d’enceinte. Mais dès la période ottomane elle perdait de son importance et au début du 17 s. elle ne comptait plus que 700 habitants qui s’étaient retirés dans la ville haute. En 1956, après un tremblement de terre, les derniers habitants ont quitté l’ancien village et ont fondé le village actuel à peu de distance. Le trésor de Beçin illustre très bien la circulation monétaire en Turquie au début du 17 siècle. Le dernier sultan ottoman représenté dans le trésor est Ahmed ir (1603-1617), mais la plus grande partie des monnaies ottomanes datent du règne de son père Mehmet iii (1595-1603), ce qui est une première indication sur le fait que le trésor fut enfoui au début du règne d’Ahmed ir. Et c’est ici que les pièces européennes nous fournissent des indications plus précises puisque, contrairement aux pièces ottomanes, elles portent une date réelle. La pièce la plus récente est une 2 réales espagnole datée de l’an 1608, d’où la supposition que le trésor fut enfoui vers 1610. À cette époque le numéraire frappé par les Ottomans se composait uniquement de sultanis en or et des petites pièces en argent (akçes, medinis, dirhems). Ce sont des pièces étrangères qui fournissaient le numéraire lourd en argent, pièces que les Turcs appelaient kurus (nom dérivé du BCEN vol. 49 no 1, 2012


grosso italien). Grâce à l’énorme quantité d’akçes on a pu vérifier les dévaluations successives de la monnaie ottomane à partir du règne de Soliman ir, dévaluations qui étaient bien connues par les documents officiels d’époque. Autre fait très intéressant est la constatation qu’une partie assez importante des pièces en circulation était formée de faux (presque 3% des akçes de Mehmet iii sont illégaux), aussi bien pour les pièces ottomanes que pour les monnaies étrangères. Mais on peut déduire de ce trésor que les faux étaient acceptés du moment que le poids était plus ou moins correct et, surtout, que le contenu d’argent était bon. Ce trésor prouve aussi que les pièces fourrées étaient systématiquement retirées de la circulation. Pour détecter ces pièces on trouait les monnaies douteuses ou peu connues ou on donnait une entaille avec la pointe d’un couteau. Un très grand nombre des pièces du trésor étaient trouées, mais parmi elles ne figure aucune pièce fourrée. Ce grand nombre prouve également que les pièces trouées pouvaient circuler librement. Dans la première partie du premier volume de l’ouvrage sont traités l’archéologie et l’histoire du site, un bref aperçu sur l’histoire de l’empire ottoman jusqu’à Ahmed ir, l’histoire monétaire de Sélim ir à Ahmed ir, les monnaies étrangères et leur circulation dans l’empire ottoman. La deuxième partie de ce volume est purement numismatique et les différentes émissions ottomanes sont traitées en détail, ainsi que les pièces étrangères et plus spécialement les faux d’époque. La troisième partie, écrite en anglais, traite de l’aspect métallurgique du trésor. Le deuxième volume est entièrement réservé au catalogue de toutes les monnaies ottomanes et étrangères du trésor. Toutes les monnaies étrangères sont illustrées dans le texte avec leur description, tandis qu’une sélection de pièces ottomanes est illustrée sur les planches à la fin de l’ouvrage. Comme d’habitude, il s’agit d’une édition très soignée de l’Académie des Sciences BCEN vol. 49 no 1, 2012

d’Autriche avec d’excellentes photos dans le texte et sur les planches. Comme les akçes et autres pièces ottomanes sont de taille assez petite, les illustrations sur les planches sont au double de la grandeur réelle. L’ouvrage est d’un très grand intérêt pour tout ceux qui font des recherches approfondies sur la numismatique ottomane, aussi bien que pour les collectionneurs spécialisés dans cette matière. Et même pour les collectionneurs moins spécialisés, l’ouvrage peut être d’une grande utilité pour une identification plus complète d’exemplaires moins bien conservés ou mal frappés, surtout pour les pièces de Murad iii, Mehmet iii et Ahmed ir. Roland Dauwe

Simonluca PERFETTO, Aspetti politicomonetari all’epoca di Carlo v en el Reyno de Napoles, Roma, 2011, 238 p., Ed. Aracne (isbn 978-88-548-4471-1). étude de s. perfetto trouve son origine dans la tentative d’identifier L’ les monnaies émises à Naples et dans la ville de l’Aquila à l’époque de Charles Quint, et surtout dans le souhait de l’auteur d’en interpréter certains symboles, apparemment mystérieux, gravés sur certaines pièces. Pour sa réalisation, une intense activité de recherche a été menée dans les archives de plusieurs villes européennes où une riche correspondance entre l’empereur et ses émissaires dans le Royaume de Naples a pu être repérée. Le volume traite du système administratif du royaume de Naples en tant que partie d’un vaste ensemble, régie par un viceroi. Dans ce contexte, la figure et l’activité du vice-roi don Pedro de Toledo ont été mises en relation avec un réel souci d’assurer la stabilité du Royaume. Mais le volume souligne également la présence d’une féodalité vorace et souvent parasitaire.

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Elle montre également les luttes menées par les communautés citadines pour y échapper, en se plaçant sous la domination directe du pouvoir royal, et ce malgré les lourdes impositions fiscales qui la caractérisaient et les abus des fonctionnaires d’État. La vente des charges et offices publics, érigée en système, est traitée assez extensivement avec l’appui de textes d’archives. Il s’agissait en fait d’une concession à vie, avec une extension, dans certains cas, à un héritier. La vente de l’office de trésorier d’un territoire dans les Abruzzes en faveur d’un certain Jacopo Longobardo contre un paiement de 3.000 ducats d’or avait été autorisée par le Prince d’Orange sur procuration écrite de Charles Quint expédiée de Bruxelles le 16 janvier 1532. Du fait des besoins financiers du moment, l’attitude de la Cour en la matière a été fort contradictoire : d’une part, elle affiche une volonté de rigueur allant jusqu’au retrait de concessions passées sous prétexte d’irrégularités et, d’autre part, elle entérine l’augmentation du nombre de charges aliénables. Ce système a été évidemment aussi pratiqué pour la gestion des ateliers monétaires tout comme pour la perception des impôts. Des riches banquiers et commerçants versaient à l’État de manière anticipative, sous forme de forfait, les montants que celui-ci aurait pu normalement tirer de l’exercice de son pouvoir souverain dans un domaine donné, en obtenant en contrepartie le droit d’exercer ce droit à son propre profit. Dans de telles affaires, les banquiers florentins, particulièrement actifs pendant la période angevine, avaient été remplacés par des familles génoises. Les Doria constituaient désormais l’une des principales sources de financement des guerres de Charles Quint ; parallèlement, un représentant de la puissante famille génoise des Ravaschieri détenait l’office de magister des ateliers monétaires de Naples et de l’Aquila. Les profits devaient être notables du fait de la grande quantité de monnaies qui se frappait à cette époque suite à l’afflux de l’or et de l’argent venant des Amériques. Cependant, dans les zones périphériques septentrionales du

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royaume, il devait y avoir malgré tout une certaine pénurie de liquidités, vu la circulation d’un grand nombre de monnaies locales et de monnaie étrangère, notamment papale. Malgré les abus et fraudes commis tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des ateliers monétaires, la gestion de la monnaie semble avoir été un souci sincère de l’autorité, sans être toutefois constant. Faut-il rappeler la concession gratuite des ateliers de Naples et de l’Aquila à Monseigneur de Granvelle (jeune ministre de Charles Quint) « sans que celui-ci en ait à s’en occuper » : un document daté d’Anvers le 15 juillet 1549, fait en effet état de la revente de cet office peu après à Jean Baptiste Ravaschieri pour onze mille écus d’or. Alors que pendant la période aragonaise (deuxième moitié du xv s.) les ateliers monétaires avaient quelque peu proliféré en Italie du Sud, le passage au xvi s. est marqué par une volonté de centralisation au profit de la ville de Naples et accessoirement de l’Aquila. Le volume aborde les questions relatives au droit d’émission monétaire dans un monde où l’autorité étatique se juxtapose encore au pouvoir féodal. L’auteur montre, par des exemples concrets et accompagnés de figures, l’évolution des symboles placés tant au droit qu’au revers des monnaies, destinés à identifier les acteurs sous la responsabilité desquels l’émission avait lieu : autorité royale ou féodale, atelier, maître d’atelier, graveur. L’auteur focalise son attention sur un symbole formé par un monogramme mystérieux et les tentatives faites jusqu’ici pour en expliquer la signification. De son côté, à l’appui également des abréviations utilisées dans les manuscrits, il avance l’hypothèse qu’il s’agirait des initiales d’une formule de respect à l’adresse du vice-roi et donc indicatif d’une période où tant l’atelier de Naples que celui de l’Aquila furent détenus et administrés directement par la Cour (1546-1548). L’alternance des maîtres d’atelier est décrite, mettant un accent particulier sur les vicissitudes judiciaires qui avaient caractérisé certaines situations. Dans ce con-

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texte figure une description des officiers préposés aux activités de fabrication et de contrôle de la qualité des monnaies, ainsi que de la surveillance du fonctionnement des ateliers. Sont également décrites les normes destinées à assurer un paiement rapide à ceux qui apportaient des métaux aux ateliers monétaires et celles destinées à assurer le règlement des différends pouvant surgir entre public et officiers et entre officiers eux-mêmes. Cette présentation est suivie d’une série assez étoffée de documents d’archives (une soixantaine de pages) qui représentent seulement la pointe de l’iceberg dans la masse de tous les documents examinés par l’auteur. Un catalogue d’une trentaine de pages enrichit le volume avec de belles photos des monnaies frappées à Naples pendant le « vice règne » de don Pedro de Toledo (1532-1553), le catalogue contenant les monnaies frappées à l’Aquila ayant été publié par le même auteur en 2009 aux éditions « Mémoires d’Antan » (Poses, France). Gaetano Testa

en pleine recomposition. C’est en effet à cette époque que firent leur entrée dans le vocabulaire romain, et ce de manière durable, les noms des différents peuples rencontrés par l’armée romaine à cette occasion tels que les Quades, Sarmates (Iazyges), Daces, Marcomans et Germains. La colonne, qui vante les exploits de l’armée romaine et de son imperator, fut en fait inaugurée par Commode, fils héritier de Marc Aurèle. Elle relate les événements datés de 174 à 180 apr. J.-C. soit les campagnes militaires de la fin du règne de l’empereur. L’ouvrage propose de revisiter, scène par scène, l’iconographie spectaculaire de la colonne, riche d’enseignements, où l’on constate une évolution déjà significative des modes de combats de l’armée romaine, utilisant de plus en plus de contingents dits auxiliaires, spécialisés et mobiles afin de répondre à l’évolution des techniques de la guerre de cette époque. À cet effet, on peut néanmoins regretter le réemploi des planches de Petersen, Domaszewski et Calderini qui ont quelque peu vieilli. Cependant, il s’agit des seuls clichés disponibles à l’heure actuelle couvrant l’ensemble de la frise de cette colonne.

Georges DEPEYROT, Les Légions face aux Barbares. La colonne de Marc Aurèle, éd. Afin de rendre une lecture plus aisée, l’auteur propose encore une description Errance, Paris, 2011, 235 p. de la dédicace du monument, des reproe dernier ouvrage de g. depeyrot, ductions des gravures anciennes où figuparu en 2011 aux éditions Errance, rent la colonne, ainsi qu’un récapitulatif est consacré à un monument emblémati- des groupes de scènes, très utile pour que de la Rome impériale : la colonne de mieux appréhender toute la dimension Marc Aurèle. Cet ouvrage se veut la suite symbolique du monument. L’ouvrage naturelle de la description que fit G. De- compte en plus divers éléments de bibliopeyrot de la colonne trajane et de sa frise graphie. relatant les campagnes militaires de l’Opti- Nul doute que ce nouvel ouvrage se révèmus Princeps face aux populations daces. lera un atout pour tous les amateurs d’i-

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L’empereur Marc Aurèle, bien malgré lui, fut également confronté aux réalités de la guerre. Mais, contrairement à son illustre prédécesseur, les conflits qui jalonnèrent son règne furent davantage marqués par des batailles préventives et défensives, non sans pour autant avoir été menées avec succès contre des populations nordiques BCEN vol. 49 no 1, 2012

conographie antique, et romaine en particulier. Nicolas Tasset

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Bruno CALLEGHER, Ritrovamenti monetali di età romana nel Friuli Venezia Giulia, Provincia iii : Gorizia, Provincia iv : Trieste, Trieste, EUT Edizioni Università di Trieste, 2010, 8, 383 p. dont 27 pl.

d’époque théodosienne y sont particulièrement abondants, avec 130 exemplaires identifiables, tous illustrés.

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ancée en 1992 par notre collègue G. Gorini, la série des rmrve compte actuellement treize volumes. Vient s’y ajouter un premier tome consacré à la Lombardie (Prov. de Sondrio), publié en 1997. Cette vaste entreprise, s’inspirant des fmrd initiées voici un demi-siècle par M. R.-Alföldi, nous a fourni en une vingtaine d’années d’innombrables données « brutes » destinées à documenter toutes les enquêtes quantitatives. Nous faisons du reste régulièrement appel à ces sources irremplaçables. Le nouveau volume, rédigé par B. Callegher, couvre deux provinces géographiquement moins étendues que leurs grandes voisines. Le matériel publié provient aussi bien de trouvailles anciennes que de fouilles récentes. La précision des identifications est donc tributaire des informations patiemment recueillies par l’a. La provincia iii (Gorizia) a livré quatre dépôts (certains incertains), dont un ensemble républicain comprenant (au moins) trois aurei des années 46-42 av. J.-C. La provincia iv (Trieste) apporte cinq trésors (dont un douteux), tous d’époque impériale. Mais l’essentiel du numéraire présenté ici a été récolté isolément. Un index particulièrement détaillé nous permet des recherches rapides portant sur les monnaies des nécropoles, mais également sur les différentes dénominations ou sur les ateliers propres à chaque règne. Ce système récemment mis en œuvre nous évite de devoir dépouiller l’ouvrage monnaie par monnaie, comme c’est malheureusement le cas avec les fmrd, afin de déterminer les types nécessaires à une recherche spécifique. On remarquera l’important ensemble votif découvert dans la grotte de Duino-Aurisina : 522 monnaies de bronze émises essentiellement entre la fin du iiième s. et les années 425. Les aes 4

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Jean-Marc Doyen

Jean-Daniel DEMAREZ, Michel GUÉLAT & Pierre-Alain BORGEAUD, Voie romaine, structure artisanale et travail du fer du i au iv siècle à Courrendlin (Jura, Suisse), Porrentruy, Office de la Culture – Société jurassienne d’Émulation, 2011, a4, 167 p. (Cahier d’Archéologie Jurassienne 30).

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es fouilles de 2008 ont permis la mise au jour d’une voie romaine précédée de structures artisanales liées à la métallurgie. Nous mentionnerons brièvement ce volume qui traite essentiellement des structures et du mobilier archéologique, et plus particulièrement de fosses consacrées à la combustion d’os de bœufs destinés à la production de cendres utilisées lors des processus de fabrication du fer. Un bref chapitre, rédigé par J.-D. Demarez est consacré à la numismatique (p. 5557 et catalogue p. 118-121) et ne manque pas d’intérêt. D’une manière générale, les antoniniens du iiie s. représentent la moitié des 46 monnaies récoltées. Viennent ensuite, à parts plus ou moins égales, le bronze sénatorial (13 ex.) et les nummi postérieurs à la réforme de Dioclétien (10 ex.). L’exemplaire le plus récent date de 341-348. Vingt-neuf pièces proviennent d’une zone restreinte correspondant selon toute vraisemblance à un petit dépôt dispersé. L’intérêt de cet ensemble est de montrer l’importance quantitative du bronze sénatorial (essentiellement des asses) après 298 (12/30), soit 40%. On relèvera également l’usage d’une représentation tridimensionnelle de la concentration des monnaies en fonction des dénominations (fig. 72). Jean-Marc Doyen

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