JOAN MUNDET : UN DUMAS CATALAN QUI FAIT DE LA BD…
Énorme succès dans son pays d’origine et en Italie, Capablanca raconte le destin tragique et picaresque de Joan Muntada, un orphelin mal-aimé qui, ballotté par les évènements extraordinaires qui s’enchaînent autour de lui, deviendra un célèbre bandit de grand chemin catalan. Jonglant avec une connaissance poussée de l’histoire du Siglo de Oro (Le Siècle d’or) espagnol, une technique graphique époustouflante et un sens du feuilleton que n’aurait pas renié Jean-Michel Charlier, Joan Mundet nous lance sur la piste d’un trésor maudit, poursuivi par une bande de personnages aussi attachants que hauts en couleur. Quelque part entre Oliver Twist, Capitaine Alatriste, Le Capitan, La Folie des Grandeurs, Sans famille… Entre Charles Dickens et Alexandre Dumas, Capablanca est la clé de voûte de l’œuvre foisonnante de Joan Mundet, que BD Must espère vous faire découvrir dans son entièreté, au fil du temps.
L’AUTEUR Né à Castellar del Vallès (Catalogne, Espagne), en 1956, Joan Mundet étudie les Beaux-Arts à Barcelone. Il entame une carrière de dessinateur professionnel en 1975, en réalisant ses premières BD pour divers studios.
Joan Mundet sur le stand BD Must à Angoulême en 2020.
La BD belgo-française a encore trop souvent tendance à ignorer ce qui se fait en dehors des limites du Royaume et de l’Hexagone. Pourtant, au-delà des comics et des mangas, il existe d’extraordinaires séries qui méritent d’être découvertes. En plus de faire vivre et redécouvrir le patrimoine de la ligne claire et des séries mythiques de l’Âge d’or, BD Must s’est également fixé pour mission de révéler ces pépites venues des quatre coins du monde. Parmi ces nombreux auteurs révélés par BD Must, Joan Mundet occupe une place de choix. Ce grandmaître de la BD hispanique est une référence en Espagne et en Italie, mais reste injustement méconnu chez nous. Une injustice que BD Must entend réparer en publiant pour la première fois en français, l’intégrale de sa magnifique saga : Capablanca.
Portfolio - El capitán Alatriste
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Illustration de couverture pour un roman de Juan Tazón : “Los caballeros de las sombras”
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INTERVIEW
En 1982, il remporte le Prix Ciudad de Guadalajara et participe à Rock Comics y otros rollos de la radio espagnole Radio 3 RNE. Il publie régulièrement dans le magazine Rambla, et à partir de 1986, il se lance dans l’illustration de roman, tout en collaborant à la revue Cavall Fort.
Quelle a été ta plus grande influence et comment ton dessin a-t-il évolué ? Ma façon de dessiner est toujours restée plus ou moins la même, mais, au fil du temps et de mon développement artistique, j’y ai ajouté ce que j’ai appris en étudiant d’autres dessinateurs, comme Jesus Blasco, Alex Raymond, Jose Luis Salinas, Alberto Giolitti, Arturo del Castillo, Jijé, Franquin, Morris, Albert Uderzo, Jean Giraud et bien d’autres...
À partir des années 1990, il alterne l’illustration avec la peinture et la céramique. Depuis 2000, Joan Mundet est le graphiste attitré du Capitaine Alatriste, le célèbre personnage d’Arturo Pérez-Reverte, qu’il adapte également en BD. Sur scénario de Robin Wood, il illustre également certains récits de la série Dago, un best-seller en Italie. Depuis 2010, Joan Mundet est publié régulièrement dans les revues Skorpio (Argentine) et Lanciostory (Italie).
Quelle est la partie de ton travail que tu préfères ? J’aime l’encrage, car une fois que l’encrage est fait, le dessin est terminé. J’avais l’habitude d’appliquer la couleur avec des techniques d’aquarelle, mais maintenant j’utilise le programme Photoshop. Je pense que les formats numériques sont l’avenir de toute façon.
Outre Capablanca, Joan Mundet est notamment l’auteur — seul ou en collaboration — de romans graphiques salués par la critique, comme : 11-M la novela gráfica (2009, sur les attaques terroristes de 2004 à Madrid), Mil vidas más (2010, Prix national de la bande dessinée de Catalogne 2014. Une chronique des années de plomb sous la dictature de Franco).
Tu es en train de boucler la saga Capablanca, quels sont tes projets, ensuite ? Un western ! Jean Giraud est un dessinateur auquel je reviens toujours et Blueberry est une de mes séries préférées. Quand je les relis, je me souviens pourquoi j’ai voulu être dessinateur de BD. Illustration pour l’Odyssée
Il est également l’auteur de la trilogie Joan Fornells, composée de trois livres totalement indépendants, mais formant néanmoins un tout : Gari Folch (2008 et 2018, un récit autobiographique doux-amer sur les affres de la création BD), Best seller (2014, un drame familial avec les attentats du 11 septembre pour toile de fond), Looking for Nobody (2017, un thriller rock’n’roll).
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Illustration de couverture pour “El puente de los asesinos” (Capitaine Alatriste)
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Illustration de couverture pour un roman de Juan Tazón : “Sabed que mi nombre se perdió”
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Illustration de couverture pour un livre de poche - Capitaine Alatriste
I. LE SIÈCLE D'OR ESPAGNOL (1492-1681)
dépendance aux Provinces-Unies, les Pays-Bas actuels, ou en 1681, date de la mort du poète et dramaturge Pedro Calderón.
Joan Mundet est un passionné et un grand connaisseur du Siglo de Oro espagnol. La très catholique Espagne croulait alors sous les richesses du Nouveau Monde et ses arts rayonnaient partout en Europe. Mais la vie des gens du peuple restait difficile et il n’y faisait pas bon y être protestant, juif ou musulman. Même converti…
C’est l’époque où le castillan s’impose comme langue officielle du royaume espagnol. L’Espagne éclaire l’Europe du rayonnement de sa culture : l’architecture, avec Juan de Herrera (L’Escurial, à Madrid), la peinture, avec El Greco et Velásquez, mais aussi la musique, avec Tomás Luis de Victoria ou Alonso Lobo.
Si l’Italie a eu sa Renaissance, l’Espagne a eu son Siècle d'or. On devrait plutôt parler de «siglos de oro», car la période s’étend de 1492 à 1681. Il marque l’apogée de la puissance politique et militaire espagnole, mais aussi de sa culture.
CAPABLANCA ET LE ROMAN PICARESQUE La littérature espagnole produit également nombre de chefs-d’œuvre, avec Don Quichotte, l'œuvre monumentale de Miguel de Cervantes Saavedra, plus connu sous le nom de Cervantès (Alcalá de Henares 1547 – Madrid 1616), et Lope de Vega (Madrid 1562-1635), auteur de plus de mille pièces de théâtre, dont quatre cents sont parvenues jusqu'à nous.
On le fait débuter en 1492, date de la découverte du Nouveau Monde et de la fin de la Reconquista, avec la chute de Grenade, dernier royaume arabe en Andalousie. Pour certains, il s’achève en 1648, lorsque le royaume ibérique est contraint d’accorder leur in-
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Mouvements d’escrime pour “Le jeu de rôle du Capitaine Alatriste”
Illustration pour un livre de poche - Capitaine Alatriste
CERVANTÈS, LE MANCHOT DE LÉPANTE
On assiste également à la naissance du roman picaresque dont Le Gueux ou la vie de Guzmán de Alfarache, écrit par Mateo Alemán (Séville 1547 — Mexique vers 1614) reste un des plus beaux exemples.
Considéré par beaucoup comme la plus grande œuvre rédigée en espagnol, Don Quichotte est aussi l'un des premiers romans publiés en Europe. S’il est influencé par le roman picaresque, il s’en détache en refusant le récit autobiographique et la narration à la première personne.
Le roman picaresque (de l'espagnol pícaro, qui désigne un voyou astucieux) raconte, sur le mode autobiographique, les mésaventures de marginaux, orphelins, bandits de grand chemin, courtisanes, hors-la-loi de toutes sortes. Bref, tous les ingrédients du grand roman populaire utilisé plus tard par Dumas, Sue, Gauthier, mais aussi Dickens ou Hugo.
La vie de Cervantès lui-même est un véritable roman. Soldat de métier, il perd l’usage d’une main, lors de la bataille de Lépante (1571), gigantesque engagement maritime, au cours duquel la flotte chrétienne détruisit la flotte turque. Il est ensuite emprisonné pour dettes et c’est en prison qu’il entame la rédaction de son chef-d’œuvre. Le premier tome est publié en 1605 et le second en 1615, un an à peine avant la mort de son auteur.
Ces trois auteurs constituent des influences majeures pour Joan Mundet et son Capablanca, qui s’inscrit sans nul doute dans cette brillante tradition. Cervantès fera d’ailleurs une apparition remarquée et décisive dans l’une des prochaines aventures de Joan Muntada.
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Don Quichotte est à la fois un roman de cape et d’épée et une critique féroce de la rigide société espagnole de l’époque, encore engoncée dans des mœurs héritées d’un Moyen Âge pas si lointain. Ces multiples niveaux de lecture en font une œuvre essentielle de la littérature mondiale et lui conservent une modernité étonnante.
intérieure d'un pâté de maisons. Les spectateurs s’y pressent pour assister, debout, au spectacle. Contemporain de Cervantès, avec qui il partage de nombreux points communs, le dramaturge Lope de Vega est célèbre pour ses drames historiques. Comme Cervantès, Lope de Vega est un ancien soldat et, comme lui, il est fasciné par les splendeurs et misères de l’aristocratie de l’époque.
LOPE DE VEGA, LE SHAKESPEARE ESPAGNOL
Comme l’auteur de Don Quichotte, il adopte une approche humoristique pour dénoncer les travers de la société qui l’entoure. Comédies, drames, fables morales… la variété et l’inspiration de son œuvre le rapprochent aussi de son contemporain britannique William Shakespeare, auquel il est souvent comparé.
À l’époque, le théâtre espagnol est en plein essor. À la fin du XVIe siècle, les « corrales de comedias » fleurissent dans les villes. Ces théâtres permanents non couverts sont aménagés dans le patio, la cour Illustration “Alatriste et le Siècle d’Or” édité par El País, Le personnage de dos est Capablanca que j’aime placer dans mes dessins de la série Alatriste
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louer son épée pour survivre et déjouer les intrigues de Cour, dans le Madrid du XVIIe siècle.
II. LE CAPITAINE ALATRISTE Depuis 2000, Joan Mundet est aussi l’illustrateur attitré des célèbres aventures du Capitaine Alatriste, créées par le romancier et journaliste Arturo Pérez-Reverte. De l’aveu même de ce dernier, leur complicité est telle qu’il n’imagine plus son capitaine que sous les traits que lui a donnés Joan Mundet.
UN SIÈCLE D’OR ET DE TÉNÈBRES L'Espagne du Siècle d'Or... Un empire sur lequel le soleil ne se couche jamais, où l'or et l'argent des colonies coulent à flots. Malgré cette opulence, le pays est en crise et se ruine à acheter à l'étranger tout ce que les Espagnols ne veulent pas produire, préférant mourir de faim plutôt que de déchoir en travaillant. Une question d’honneur à l’époque…
Avant de se consacrer exclusivement à la littérature, Arturo Pérez-Reverte (Cartagena, Espagne, novembre 1951) a travaillé 21 ans (1973-1994) comme grand reporter, couvrant les conflits internationaux pour les médias espagnols de presse, radio et télévision.
Des palais extravagants de la capitale à ses ruelles les plus sordides, des cachots de l'Inquisition aux plaines de Flandres, Alatriste met en scène un univers de cape et d’épée qui n’a rien à envier aux mousquetaires de Dumas, la critique sociale en plus.
En 1996, il publie le premier tome de ce qui deviendra un phénomène d’édition mondial : Las aventuras del capitán Alatriste (Les Aventures du capitaine Alatriste). Le livre raconte l'histoire d'un vétéran des Tercios (armées espagnoles) de Flandre, contraint de
Cela faisait longtemps qu'un personnage aussi marquant était apparu dans le monde du roman populaire. Sherlock Holmes, Hercule Poirot, 10
Dessin de couverture - Capitaine Alatriste
Illustration pour un livre de poche - Capitaine Alatriste
d’Artagnan… Diego Alatriste connaît un succès fulgurant et accède rapidement au rang d’icône de la littérature populaire. Son succès est tel que le vieux soldat connaît de multiples vies au cinéma. Incarné par Vigo « Aragorn » Mortensen, le Capitaine Alatriste a coûté près de 24 millions €, ce qui en fait deuxième film le plus cher de l'histoire du cinéma espagnol. Une série en 13 épisodes a également été réalisée pour la télévision et on ne compte plus les produits dérivés.
jaune - 2003), Corsarios de Levante (Corsaires du Levant - 2006) et El puente de los Asesinos (Le Pont des assassins - 2011). Pérez-Reverte prévoit deux autres romans pour mettre un point final aux tribulations du vieux soldat : La venganza de Alquézar (La Vengeance d’Alquézar) et Misión en París (Mission à Paris). Portfolio - El capitán Alatriste
À ce jour, la série compte 7 volumes, dont les chiffres de ventes restent inégalés dans l’histoire de l’édition espagnole : El capitán Alatriste (Le Capitaine Alatriste - 1996), Limpieza de sangre (Les Bûchers de Bocanegra - 1997), El sol de Breda (Le Soleil de Breda 1998), El oro del rey (L'Or du roi - 2000), El caballero del jubón amarillo (Le Gentilhomme au pourpoint
Caricature de Vigo Mortensen, l’interprête du film Capitaine Alatriste
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mondiale de jeune philatélie et l’illustration graphique d’un jeu de rôles sur l’univers du capitaine.
III. FEUILLETONISTES ET ROMAN POPULAIRE Outre son dessin virtuose, Joan Mundet possède un sens du feuilleton qui n’a rien à envier à un Jean-Michel Charlier. Presque toutes ses œuvres sont d’ailleurs publiées dans des magazines de BD italiens en maxi-chapitres de 11 à 13 pages, ce qui fait de lui l’héritier direct des maîtres du roman-feuilleton, comme Dumas ou Defoe. On s’accorde à faire remonter l’apparition du romanfeuilleton au XVIIIe siècle, en Angleterre, avec Daniel Defoe et son Robinson Crusoé. En France, il se développe dans les années 1830 avec l’apparition de la presse populaire bon marché, grâce à Émile Girardin. Recherche pour une couverture - Capitaine Alatriste
Jusqu’alors, les journaux étaient très chers et réservés à un public fortuné. Girardin a alors l’idée d’en faire baisser le prix, en augmentant le tirage. Pour attirer le lecteur, il lance son arme secrète : le romanfeuilleton, de longs romans populaires aux intrigues
LES AUTRES VIES D’ALATRISTE ET DE JOAN MUNDET Depuis 2000, Joan Mundet est l’illustrateur attitré de la série, que ce soit pour les couvertures des romans, les illustrations et les licences. De nombreuses expositions de son travail sur l’œuvre de Pérez-Reverte ont eu lieu partout en Espagne. Outre deux romans graphiques adaptés des deux premiers volumes de la série (sur scénario de Carlos Gimenéz, l’un des scénaristes les plus importants de la bande dessinée espagnole), Mundet a réalisé une série de timbres Alatriste pour la 1re Exposition Illustration - Capitaine Alatriste
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pleines de rebondissements, d’action, de mystère, de drames et de grands sentiments. Si le public plébiscite le nouveau genre littéraire, les élites et la critique se pincent le nez.
pas lire. Bien avant Game of Thrones et les réseaux sociaux, les fans écrivent aux auteurs pour les supplier de tuer ou d’épargner tel ou tel personnage…
HUMANISME ET REBONDISSEMENTS
UN DÉNOMMÉ HORACE DE SAINT-AUBIN
Privilégiant le roman historique et d’aventure, le genre feuilletonesque sera largement repris par la pop culture, avec des sous-genres comme le western, la science-fiction… et la BD, le maître incontesté du genre demeurant le Liégeois Jean-Michel Charlier. C’est dans cette tradition que s’inscrit avec verve, talent et originalité, le Capablanca de Joan Mundet, une saga épique et ibérique, certes, mais à laquelle ses personnages terriblement humains confèrent un caractère universel, propre à passionner le lecteur d’où qu’il vienne.
Il faut dire que, à côté de signatures prestigieuses, on retrouve bon nombre de tâcherons qui contribuent à donner au roman-feuilleton la mauvaise réputation qui lui collera longtemps à la peau. Jusqu’à ce qu’un certain Horace de Saint-Aubin, qui rencontrait un grand succès, fasse son « coming out » et commence à publier ses romans-feuilletons sous son vrai nom: Honoré de Balzac. Honoré de Balzac, Eugène Sue (Les Mystères de Paris), Ponson du Terrail (Rocambole) et Alexandre Dumas père (Les Trois Mousquetaires, Le Comte de Montecristo…) deviendront les maîtres absolus du roman-feuilleton, sans que la qualité de leurs écrits puisse être mise en doute.
IV. DAGO En Italie, la BD se décline le plus souvent en fascicules de kiosques et non en albums. Ses héros sont de véritables institutions qui traversent les générations depuis des décennies, épuisant les dessinateurs qui se succèdent pour assurer la
Leurs productions font tripler les tirages et on organise des séances de lecture pour ceux qui ne savent
Dessin pour le 30ème anniversaire de la création de Dago
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Dago
continuité des séries. Joan Mundet y a effectué ses armes avec Dago, l’une de séries « fumetti » les plus populaires.
art. Ce sont les éditions Bonelli qui, en 1948, ont lancé l'emblématique cowboy Tex Willer. Publié chaque mois sans interruption jusqu'à aujourd'hui, Tex a vendu des centaines de millions d'exemplaires de ses quelque 700 aventures, sans compter les numéros spéciaux et les réimpressions.
En Italie, on appelle la BD « fumetti », ce qui signifie « petites fumées », en référence aux phylactères (bulles de texte) qui sont l’une des spécificités du 9e
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Outre ce cowboy immortel, les personnages de fumetti les plus connus sont : Diabolik, Blek le roc, Alan Ford, Dylan Dog, Pépito et… Dago
la main en 1997 et c’est un autre Argentin, Carlos Gomez, qui reprend le flambeau. Après des débuts fidèles au style de Salinas, l’élève s’affranchit et son sens de la mise en scène et l’expressivité de ses visages donnent un nouveau souffle à la série.
DAGO, INTRIGUES ET TRAHISONS VÉNITIENNES
En 2012, Gomez décide de faire un pas de côté pour se consacrer à Tex Willer. À la demande expresse de Wood, Joan Mundet accepte de reprendre le personnage. Cette décision aura une influence déterminante sur la genèse de Capablanca, comme l’explique Joan.
Le personnage de Dago a été créé par le Paraguayen d’origine australienne Robin Wood et l’Argentin Alberto Salinas. La série est née en 1980, dans le magazine argentin Nippur Magnum, édité par Editorial Columba. L'idée de la série est venue au scénariste Robin Wood lors d'un voyage à Venise. Alberto Salinas en a assuré la partie graphique jusqu'en 1997.
« Alors que je dessinais l'adaptation d'Alatriste en BD, des planches sont parvenues jusqu’à un scénariste uruguayen nommé Robin Wood, une légende de la bande dessinée, qui m'a contacté. Il m'a demandé si je voulais dessiner un personnage pour l'Italie… J'ai dessiné Dago, pendant 3 ans. Puis j'ai décidé d’arrêter et j'ai proposé plusieurs histoires que j'avais en tête à l'éditeur. Ils m'ont donné le feu vert. Je travaille avec eux depuis une décennie et je dessine mon personnage Capablanca depuis cinq ans ». Capablanca est publié dans Skorpio, l’autre magazine des éditions Aurea. Philippe Nihoul, avril 2021
Dago, se déroule au XVIe siècle et raconte les aventures de Cesare Renzi, héritier d’une grande famille de la noblesse vénitienne. Son père démasque un complot contre la République des Doges, fomenté par le Turc Ahmed Bey et le marchand grec Kalandrakis, avec la complicité de deux Vénitiens dont l’un n’est autre que Giacomo Barazutti, le meilleur ami de Cesare. Cesare sera poignardé par ce dernier, capturé et vendu comme esclave par les Turcs qui le baptisent Dago, à cause du poignard fiché dans son dos, lorsqu’ils le découvrent à moitié mort. « Et puis je te donnerai un nouveau nom pour ta nouvelle vie… voyons… je t'appellerai… Dago… Oui ! Magnifique nom. Après tout, ce poignard a été comme une mère pour toi. Il t'a donné une nouvelle vie… maintenant, tu n'as plus de passé… » Assoiffé de vengeance, Dago parcourt le monde pour châtier les comploteurs. Au cours de ses aventures, il sera corsaire, participera au siège de Vienne, tentera d'empêcher le sac de Rome par les lansquenets, rencontrera Cortés, Pizarre, Machiavel, Benvenuto Cellini, Nostradamus, de nombreux papes et souverains et même le comte Vlad « Dracula » Tepes.
DE DAGO A CAPABLANCA Dago était censé être une minisérie, mais le succès en a décidé autrement. La série est publiée par le magazine italien Lanciostory depuis 1983. Salinas, épuisé par les rythmes de parution infernaux, passe Capablanca
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Planche originale de Dago
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