LES ENJEUX ACTUELS D’UN VIDE URBAIN
T E M P E L H O F, UN TERRITOIRE DURABLE ?
| Bénédicte CHEVALIER | Enseignant | Pascal TERRACOL ENSA Paris Val-de-Seine | 2019 UE | Théorie et pratique de la conception architecturale et urbaine DE | Territoires de l’architecture
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“ L’histoire montre que Berlin s’est toujours développée comme une ville plurielle. Le contraste et la variété dont témoignent ses quartiers historiques font l’identité et la qualité urbanistique de Berlin. C’est une ville dans laquelle des éléments opposés se sont toujours articulés, et où les tentatives d’unification sous l’égide d’un principe unique ont toujours échoué. Berlin n’a jamais suivi une seule idée, mais s’est formée simultanément à partir de plusieurs idées divergentes. Thèse et antithèse se répondent ici comme l’inspiration et l’expiration.1
”
1 | Oswald Mathias Ungers, Die Stadt in der Stadt, 1977. | 3 |
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SOMMAIRE
AVA N T- P R O P O S
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INTRODUCTION
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1 | AT T E R R I R P O U R S A I S I R L E T E R R I T O I R E
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1 . 1 | S i t u at i on i n duite d’ u n passé historiqu e et paysager
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1 . 2 | É t u de t y p olo g iqu e et contexte u rbain
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1 . 3 | L’ ap p r é h e n s i on du vide
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2 | E SCALE PRO LO NGÉ E DE 2 010 À 2019
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2 . 1 | L a f e r me t u r e de T em pelhofer Feld
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2 . 2 | L’ é ch e c du p r ojet institu tionnel
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2 . 3 | L e s u s ag e s t e mporaires
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3 | DÉCOLLER POUR UN NOUVEL HORIZON
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3 . 1 | B e r li n e t s on « u rbanism e dou x»
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3 . 2 | Pou r s u i v r e la dépendance ville-natu re
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3 . 3 | L e v i de , dé p art d’ u n u rba nism e u topiqu e
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CONCLUSION
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BIBLIOGRAPHIE
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TA B L E S D E S I L L U S T R AT I O N S
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A V A N T- P R O P O S
Le bateau que je dessinais avant de rentrer en Mise À Niveau Arts Appliqués était seul dans la page, il n’avait ni contexte, ni horizon, ni mer où flotter. Depuis, ma capacité de compréhension et d’appréhension de l’espace a évolué. Mes deux voyages à Berlin témoignent de cette différence d’observation des territoires. Avant d’y retourner en février 2019, j’étais incapable de me remémorer la ville dans son ensemble et je n’avais aucune représentation de Berlin. Les souvenirs de ma première excursion en 2014 ne concernaient que certains bâtiments et mémoriaux, comme des objets ex-nihilo.
En retournant à Berlin, c’était comme si je découvrais la ville pour la première fois. J’ai ainsi compris que mes études en Design d’Espace et en Architecture ont été fondatrices d’un regard plus précis sur l’environnement, qu’il soit bâti ou non. Même si, comme le définit Wernerr Düttmann, « Berlin est une multitude de villes ». En effet, il est difficile d’identifier singulièrement Berlin comme on pourrait se faire l’image Hausmmannienne de Paris. L’autoritaire Karl-Marx-Allee et les zones en friche aperçues depuis le métro aérien constituaient les principaux souvenirs de mon premier voyage. En février dernier, j’ai porté une attention particulière à la notion de vide. L’expérience la plus marquante étant probablement celle de Tempelhof.
| Fig 1 | Le 4 février 2019 à 13h28
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INTRODUCTION
Durant mes premières années d’études en architecture, les cours de fabrique de la ville tout comme l’exposition Capital Agricole m’ont apporté les bases de réflexion concernant la ville durable, l’architecture bioclimatique et les utopies urbaines. Mon premier projet urbain de ce sixième semestre - l’intégration du pôle gare dans la ville de Chantilly - est déclencheur de nombreuses interrogations liées à la relation entre la nature et la ville. Comment mettre en contact plus étroits les habitants avec les cycles naturels de la ville comme de la campagne ? La réflexion sur ce sujet a concrètement débuté en BTS Design d’Espace à l’École Boulle. C’est l’analyse d’un extrait de Campagnes Urbaines de Pierre Donadieu qui m’a fait prendre conscience de la séparation des territoires et de leurs fonctions. Les espaces agricoles au sein de la ville m’ont apparu comme un outil d’urbanisme qui organiserait le territoire dans un objectif de durabilité. Je pense néanmoins que ce sujet est présent dans ma réflexion depuis plus longtemps, il correspond sûrement à un besoin vital de comprendre cette distinction nature et ville perçu au travers de l’habitat. La maison de mes parents dans une petite ville de campagne s’oppose pleinement à l’appartement que j’occupe depuis 4 ans dans le tissu urbain Parisien du XIIème arrondissement. L’essor de la permaculture et l’urbanisation toujours croissante n’ont fait qu’accroître mes questionnements sur notre façon d’occuper le territoire. Aujourd’hui, on peut se
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permettre d’urbaniser les campagnes mais il est impossible de créer des zones agricoles en milieu urbain dense. Cette constatation peut paraître évidente dans notre monde contemporain mais elle soulève selon moi de véritables enjeux de résilience, d’adaptabilité et de réversibilité. La structure multipolaire de Berlin fait face à une gentrification accrue et une accélération de production. Les logements sociaux et leurs infrastructures associées consument petit à petit les espaces ouverts qui font la spécificité de Berlin. L’ancien aéroport de Tempelhof fait donc partie d’un grand territoire ouvert qui perdure dans le temps et qui maintient son opposition à toute reconversion. Tempelhof est la définition même d’une forte disponibilité foncière qui lutte contre le développement urbain malgré la pression politique et économique. Depuis 2010, l’ancien aéroport de Berlin est devenu un immense parc public notamment grâce aux initiatives citoyennes. Le site de Tempelhof est pourtant d’une échelle humaine peu commune et dépasse les espaces publics urbains traditionnels. Après le refus par référendum du projet urbain de reconversion de ses lisières, Tempelhof est en attente d’un projet opérationnel. Hormis le tarmac, il est doté d’un sol libre de toute imperméabilisation. Pierre Donadieu explique que les « campagnes urbaines » ne peuvent se réduire au rôle de réserve foncière pour l’urbanisation. Ses ambitions relèvent d’un projet capable d’améliorer les conditions
de vie urbaine. C’est pourquoi, avec toutes les idéologies urbaines alternatives Berlinoises et les pratiques pionnières à Tempelhof, j’envisage facilement ce territoire comme porteur de cette idéologie de « campagne urbaine ». La corrélation entre ville et campagne pourrait ici prendre place mais quel est l’avenir durable pour ce vide urbain ? Peut-on préserver le vide urbain d’une opération d’urbanisme à court terme et d’intérêt politique ?
LE VIDE URBAIN QUE CONSTITUE L’ANCIEN AÉROPORT DE TEMPELHOF PEUT-IL DEVENIR ACTEUR CONSTRUCTIF D’UNE VILLE DURABLE ?
Dans un premier temps, nous verrons dans quel contexte urbain, historique et paysager le vide urbain s’est installé à Berlin - atterrir pour saisir le territoire. Ensuite, à l’échelle de l’aéroport, nous décrirons quelques actions architecturales et urbaines qui ont été menées - escale prolongée de 2010 à 2019. Enfin, l’avenir de Tempelhofer Feld est encore incertain, quelles peuvent être les ambitions urbaines à l’heure de la ville durable - décoller pour un nouvel horizon.
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|1| ATTERRIR POUR SAISIR LE TERRITOIRE
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| Fig 2 | Blocus de Berlin, 1948
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| Fig 3 | Division de l’Allemagne en Land depuis 1990 Land de Berlin
0
100
200 km
1940
1953
1989
| Fig 4 | Hans Stimmann, 2000 Centre ville de Berlin Carte pleins/vides
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1 . 1 | S I T U AT I O N I N D U I T E D ’ U N PA S S É H I S T O R I Q U E E T PAY S A G E R L’urbanisme de Berlin s’est modulé de diverses manières principalement selon l’époque et le contexte historique. C’est au XIXème siècle que son essor est le plus marquant. Elle devient une véritable métropole industrielle jusqu’à ce que la Première Guerre Mondiale plonge la ville dans une grande crise. Sous la dictature totalitaire d’Hitler, l’architecte Albert Speer est l’un des responsables de nouvelles structures architecturales monumentales reflétant les idées du parti nazi. Après les bombardements de la Seconde Guerre Mondiale, le centre-ville de Berlin est détruit en grande partie. Après un élan de reconstruction rapide qui débute en 1953 où on se voulait d’abandonner le tracé viaire existant se succède une prise de conscience dans les années 60-70 de son importance. Les principes d’urbanisme doux apparaissent dans les années 70-80 suite à la « contestation de l’idéologie urbaine de la démolition ». Ainsi, la rénovation douce s’attache à la « réparation de l’existant et à sa réinsertion dans un cadre urbain qui deviendrait l’objet d’un soin plus grand »1. Dans les années d’après-guerre, en plus d’être divisé en deux par le Mur, Berlin est défini par un territoire devenu trop vaste pour une population nettement réduite. Le
paysage urbain est transformé et composé d’espaces abandonnés, certains de ses parcs ont même été détruits. Alors que la politique urbaine se préoccupait des questions de reconstruction, c’est finalement les habitants qui vont créer une sorte d’urbanisme grâce à leurs actions. C’est dans le centre bombardé que se développe une « culture du vide ». « Des programmes de toutes sortes (marchés, aires de jeu, micro-jardins) s’installent dans les dents creuses »2. On comprend ainsi que la même chose a été possible à Tempelhof. Nous verrons par la suite l’impact des actions citoyennes dans l’immense espace libre qu’il constitue. Depuis la réunification en 1990, l’Allemagne est divisée en différents Land. Le fédéralisme assure aux Land un pouvoir culturel et éducatif important. Ce système institutionnel permet de réduire le périmètre d’action du gouvernement, ce qui favorise l’implication des citoyens. Berlin possède la caractéristique d’être à la fois une ville et une région (le Land de Berlin). La région métropolitaine de Berlin est d’ailleurs trente-sept fois plus grande que le Grand Paris. À cela s’ajoute une réelle différence de densité lorsque que l’on compare les deux capitales Européennes. La densité moyenne de la ville de Berlin est de 3809 habitants/km² contre 21067/km²
1 | Denis Bocquet, Berlin : histoire de l’urbanisme et enjeux contemporains des politiques urbaines, 2008. 2 | Ariella Masbougni. Berlin, le génie de l’improvisation, 2017, p. 21. | 13 |
| Fig 5 | Plan Jansen, 1929 Tempelhof définit en tant qu’espace libre Espaces libres Champs Espaces agricoles, zone coordonnées par la commune Frontières de Berlin
| Fig 6 | Hermann Jansen, Tempelhofer Feld traversé par un « fleuve vert »
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à Paris. Ces différences de superficie et de densité s’expliquent aussi par l’héritage paysager de Berlin. La capitale est dotée d’une structure paysagère de qualité en partie héritée du plan Jansen développé en 1929 sous la direction de Martin Wagner. Le principe étant de « raccourcir les distances entre ville et campagne »3. Ainsi la nature est rendue accessible depuis l’urbain et inversement. Hermann Jansen élabore une grande coulée verte ramifiée pour le territoire étendu de Berlin. Comme on le constate sur la carte, cela donne naissance à de nombreuses îles urbaines. Pour le secteur de Tempelhof, Hermann Jansen propose une trame verte aussi large qu’un fleuve. Berlin accueille donc de vastes espaces verts en son centre. Certains d’entre eux sont historiques comme les parcs du Tiergarten ou le Volkspark Friedrichshain. Tempelhof tout comme le Gleidsdreieck Park font partie des plus récents, ces espaces verts ont pris la place d’infrastructures de transports devenues obsolètes. Ainsi, tout comme les installations olympiques, l’ancien ministère de l’Air et la banque du Reich, l’aéroport de Tempelhof peut être considéré comme un vestige de l’histoire de Berlin qui a su « trouver sa place dans la ville »4 selon Ariella Masboungi.
puisqu’aujourd’hui, la situation reste figée et cet ancien aéroport fait encore l’objet de débats. Les citoyens et les urbanistes n’ont pas su trouver un terrain d’entente. Sa fréquentation est certes très appréciée mais aucun nouveau projet d’urbanisme durable a clairement été énoncé. L’aéroport de Tempelhof est une constituante de la ville de Berlin. Son utilisation n’a pas subsisté, il « reste alors la performance de la forme, des signes physiques, du locus. »5 Les signes physiques du passé étant constitués des monuments historiques et des tracés. Cette forme spécifique s’insère dans le contexte urbain Berlinois, nous allons étudier sa typologie.
Cette expression reste néanmoins à nuancer
3 - 4 | Ariella Masbougni. Berlin, le génie de l’improvisation, 2017, p. 77. 5 | Aldo Rossi. L’architecture de la ville, 1966, p. 57. | 15 |
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| Fig 7 | Berlin à l’échelle géographique 881 km² dont 1/3 en espaces verts
| Fig 8 | Vue aérienne de Tempelhof On comprend la diversité des quartiers qui l’entourent et la densité raisonnée par les espaces verts.
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1 . 2 | ÉTUDE TYPOLOGIQUE ET CONTEXTE URBAIN
À l’échelle géographique, on associe directement Tempelhof aux éléments hydrographiques que sont le Groβer Müggelsee ou le Groβer Wannsee. Ceci n’étant pas anodin puisque même à l’échelle humaine, le champ nous renvoie aux paysages de mer. L’horizon est tellement loin que les pistes sont nommées « Wiesenmeer », ce qui signifie la « mer intérieur ». Il s’agit d’un espace qui semble s’étendre à l’infini. Hermann Jansen l’avait déjà pressenti lors de son élaboration du plan pour les espaces verts où Tempelhof semblait traversé par un fleuve vert. L’aéroport de Tempelhof suit un plan circulaire qui est devenu plus rare actuellement. Auparavant, l’objectif était de regrouper les portes dans un environnement restreint. Aujourd’hui, avec le développement du shopping dans les aéroports, on ne se préoccupe plus des distances. Il est même préférable que l’usager déambule devant le plus de magasins possibles. Ainsi, sa typologie est plus rare et découle de son ancienneté. L’aéroport est composé de sept hangars formant un demicercle de 1230 mètres de long. Les deux pistes de décollage sont larges de 43 mètres, l’une fait 2094 mètres de long et l’autre 1840 mètres. Tempelhof constitue une cellule de 380 Ha soit 40 Ha de plus qu’à Central
Park. Actuellement, il serait impossible de construire ce type d’infrastructure au coeur d’une métropole Européenne. L’aéroport de Tempelhof possède cette particularité d’être en pleine ville, à seulement cinq stations de métro du centre-ville. « Dans cette réduction radicale de la géographie européenne, l’aéroport de Tempelhof aurait été situé Porte d’Italie, s’il avait été placé à la même distance du centre-ville qu’à Berlin. »6 En plus de l’immensité de la superficie, les bâtiments de Sagebiel s’opposent brutalement au tissu urbain environnant. L’édifice construit par Ernst Sagebiel est définit comme une « gigantesque barrette » par Haans Zischler, sa disproportion est frappante. Ainsi, Tempelhof n’atteint pas tout à fait la zone péri-urbaine. Sa définition en reste d’autant plus difficile. Doit-on parler de parc ou de place publique pour spécifier le champ de Tempelhofer Feld ? Ce site est clos, on y rentre que par des passages précis mais pourtant, il ne fait pas l’objet de « protocoles spatiaux précis »7 tel qu’une allée plantée. Tempelhof se rapproche aussi de la place publique en étant un lieu d’expression des opinions. La découverte de ce lieu se rapproche réellement d’une citation de Denis Delbaere : Tempelhof « s’impose à nous comme un espace peu ou pas pensé en tant qu’espace public »8.
6 | Nathalie Roseau. Aerocity : quand l’avion fait la ville, 2012, p. 218. 7 - 8 | Denis Delbaere. La fabrique de l’espace public, 2010, pp. 58, 61. | 17 |
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| Fig 9 | Vue aĂŠrienne de Berlin (NASA 2014) Tempelhof constitue une aire sombre, traversĂŠe par aucune infrastructure
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1 . 3 | L’ A P P R É H E N S I O N D U V I D E
Définitions du vide (Larousse) : _ 1. Se dit d’un contenant, de quelquechose qui ne contient rien. _ 2. Se dit de quelquechose, d’un lieu où il n’y a pas d’occupant; inoccupé. _ 3. Se dit d’un lieu où il n’y a rien ou presque rien, personne ou presque personne; désert. _ 5. Se dit de ce qui n’est marqué par rien de particulier, qui est sans intérêt, sans valeur, sans signification; creux.
Comme nous l’avons vu précédemment, le site de Tempelhof n’est pas inoccupé. Il n’est pas sans intérêt et possède une forte valeur historique et paysagère. La notion de vide ne semble pas convenir complètement à la description de Tempelhof. On le qualifiera désormais d’espace capable, d’espace libre. On peut néanmoins parler de vide infrastructurel, l’expérience en est d’ailleurs frappante. N’ayant pas conscience que Tempelhof ferait l’objet d’étude de mon rapport de licence, ma première découverte du lieu s’est faite avec un regard plus sensible que critique. Avec deux amies, nous logions au nordest du Tempelhofer Feld dans une petite loggia le long de Columbiadamm. Le 4 février au matin, nous sommes rentrées sur les pistes par une des portes à l’est depuis l’Oderstrasse. Après avoir déambulé dans les jardins participatifs d’Allmende-Kontor, nous avons traversé d’est en ouest le champ de Tempelhof. Il faut compter environ 35 minutes à pied pour traverser le territoire. Les distances troublées par la vitesse de déplacement semblent être la spécificité immuable de cette structure urbaine. Ça l’était déjà lorsque Tempelhof était un aéroport et ça l’ai toujours depuis que l’on
parcourt cette immensité à pieds. L’expérience est frappante et de façon absurde on peut parler de vide infrastructurel. Ces 380 hectares au cœur de Berlin ne sont desservis par aucun système de transports en commun. Aucune ligne de métro ne traverse Tempelhof en souterrain et aucune lignes de bus parcoure les pistes. Seuls les modes de déplacements doux sont autorisés. Cet aspect peut paraître évident pour un parc mais cela reste impressionnant. J’étais agréablement surprise que même les transports en commun n’ont pas été autorisés à investir ces parfaites pistes goudronnées. Cette radicalité assumée par la ville de Berlin constitue à mes yeux sa puissance. Cette problématique du déplacement contre la proximité est réellement un problème actuel. Pour une grande majorité, l’évaluation de la pollution reste dans un jugement binaire. Les grandes métropoles sont polluées et la campagne l’est beaucoup moins. Dans le contexte actuel du réchauffement climatique, le réflexe de prendre la voiture est encore beaucoup trop présent dans les villes moyennes. À Beaupréau (49), la ville dont je suis originaire d’environ 7000 habitants, nous sommes loins de la | 19 |
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résilience convoitée. Pour acheter leur pain, de nombreux habitants prennent encore systématiquement la voiture pour faire 800 mètres. Tempelhof, préservé de la voiture le sera-t-il encore longtemps ? La grandeur de l’espace est fascinante, l’horizon semble vraiment loin et le sol est absolument plat. Le premier réflexe que j’ai eu fut de prendre des photos, mais l’immensité est difficile à rendre compte. En cadrant à ras du sol, le paysage se scinde en deux parties distinctes, le ciel et le tarmac. La longueur des pistes nous met à distance des
| Fig 10 | Hiroshi Sugimoto, Seascapes Boden Sea Uttwil, 1993
bâtiments environnants. Dès lors, la photo peut être comparée à un paysage d’océan. Cette correspondance au vocabulaire de l’eau se fait géographiquement mais également physiquement. Ainsi, on peut comparer les photos que j’ai prise à la série Seascapes d’Hiroshi Sugimoto. « Partout où il s’agit de bien-être humain, le resserrement (vertical ou horizontal) ne peut un instant affronter la supériorité naturelle d’une vie harmonieusement liée au sol »9.
| Fig 11 | Le 4 février 2019 à 13h12
9 | Françoise Choay. L’urbanisme, utopies et réalités, 1965, p. 304. | 21 |
|2| ESCALE PROLONGÉE DE 2010 À 2019
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| Fig 12 | Jardin participatif, Allemende-Kontor
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1914
1948 -1949
déclenchement de la première Guerre Mondiale Arrêt brutal de la construction envisagée.
Prévision d’un grand parc de loisirs.
Vente à des prix très élevés de la partie occidentale de Tempelhof. Les investisseurs y envisagent des bâtis disparates et une densité excessive.
1930 Construction de l’aéroport par Paul et Klaus Engler.
1910
1930
1920 Abandon du projet de 1918. Tempelhof sera voué à remplacer l’aérodrome de Johannisthal qui est jugé trop éloigné.
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Tempelhof est dans la zone Américaine. Les Alliés organisent un pont aérien à Tempelhof.
1918
1910
1900
blocus de berlin-ouest
1940
1935 Ernst Sagebiel entreprend l’extension de l’aéroport. La surface passe de 150 Ha à presque 400 Ha.
1950
196
60
2 . 1 | LA FERMETURE DE TEMPELHOFER FELD
La frise ci-dessous dresse l’historique du lieu de Tempelhof. Ce territoire n’a pas toujours été un aéroport et son usage a souvent été bouleversé. Le 8 mai 2010, l’ensemble du site a été ouvert au public. La transformation de ce site singulier en vaste parc public me semblait totalement inédit. L’improbabilité urbaine est fascinante et on idéalise certaines transformations de lieux. Celle de Tempelhof me semblait être une réponse aux enjeux contemporains définissant une appropriation du lieu sans précédent. Néanmoins, le territoire Berlinois ne fait que revenir à son état initial. Au XIXème siècle, le grand champ de manoeuvres militaire que constituait Tempelhof était
également fréquenté par les habitants comme lieu de promenade dominicale. Le site accueillait donc des activités de plein air et devait ressembler à ce qu’il est aujourd’hui. Déjà au XIXème siècle, « ce terrain restait vierge de constructions alors que tout autour des morceaux de ville constituaient progressivement un tissu urbain continu. »10 L’espace ouvert de Tempelhof représente une réelle réserve foncière très convoitée. La question du logement est d’autant plus d’actualité que Berlin connait une forte croissance et un afflux important de réfugiés depuis 2009. La prévision de logements était facile à Tempelhof et l’ancien aéroport a donc fait rapidement l’objet d’une programmation.
1989
chute du mur de berlin
2008 Fermeture de l’aéroport après référendum.
Réouverture de l’aéroport pour des avions courts et moyens courriers.
1970
1980
1975
fermeture de tempelhof Création du nouvel aéroport Berlin Tegel.
1990
2000
1995 Le bâtiment de Sagebiel est protégé en tant que monument historique.
2020
2010 Ouverture du site au public.
10 | P. Smith et B. Toulier. Années 30 Architecture des aéroports, 2000, p. 50. | 25 |
2 . 2 | L’ É C H E C D U P R O J E T I N S T I T U T I O N N E L
Trois ans après la fermeture de Tempelhof, le Sénat du Land de Berlin lance en 2011 un plan d’aménagement visant à développer une zone résidentielle. Il est ainsi prévu de préserver moins des deux tiers du parc, d’y construire autour 6000 logements, une grande bibliothèque centrale et un centre commercial. Le projet immobilier est censé répondre à la demande croissante de logements et introduire une mixité sociale. Cependant il a été démontré que comparé aux quartiers voisins, les logements prévus sur le prestigieux lieu de Tempelhof serait plus chers et contribueraient à la gentrification du quartier. La pénurie de
logements n’est pas excessive comparée à d’autres villes Européennes. « Il y a certes une augmentation du prix des loyers, mais cette crise ne vient pas d’un problème de manque de logement : elle trouve son origine dans la gentrification, l’embourgeoisement urbain, qui entraine notamment l’augmentation de la taille des logements et donc la diminution de leur nombre. »11 Lourdement controversé, ce projet a finalement été abandonné en 2014 suite à un vote législatif populaire. Des habitants et des militants écologiques se sont regroupés afin de préserver le parc. C’est en 2011
| Fig 13 | Masterplan proposé par le Sénat. Une nature très lissée et cloturée, les pistes viennent séparer les masses bâties sans vraiment communiquer avec elles. Les masses bâties sont toutes les même que ce soit au nord, au sud, à l’est ou à l’ouest alors que les quartiers sont réellement différents. Il n’y a notamment aucune considération de la cité jardin à l’ouest. © gross.max. Landschaftsarchitekten und sutherland Hussey architekten
Tempelhofer Freiheit 1
Stage III after the end of the 2017 International Horticultural Exhibition (completion of the parkland), as at April 2011
An interview with Eelco Hooftman of GROSS. MAX., winners of the competition for the design of Tempelhof Parkland During the first stage of the competition you asked who was afraid of the urban void.
But 19th century landscape art is not necessarily a useful source for a 21st century park.
Are you saying that a process of change is inher ent, as it were, in the DNA of Tempelhofer Feld?
John ruskin, the illustrious art critic of the British romantic period of the 19th century, wrote of modern landscape art: “If a general and characteristic name were needed for modern landscape art, none better could be invented than ‘the service of the clouds’.” It is precisely the vast openness of Tempelhof which makes it unique: a 360 degree diorama of the sky, of the Himmel über Berlin (English film title Wings of Desire). at Tempelhof the sky and meteorology play a role that is almost overwhelming.
The vastness of the site at Tempelhofer Feld2 produces am almost overwhelming sense of space. We were surprised how many people in Berlin have an affinity with this essential quali ty of the site. most importantly, of course, the effect is liberating; the independent citizen becomes a creative explorer once again.
The site has been transformed over time, but it has always remained a distinct and coherent entity. We like the idea of metamorphosis, the unfolding of the site over time. The history of the site represents a cycle of development; each phase opens up new uses and program matic possibilities. an important and defining aspect of landscape architecture is that it deals with time and therefore focuses on processes of change, transformation and duration. Land scape architecture helps to shape a world in constant flux and evolution.
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Les voies de la démocratie. 100% Tempelhofer Feld - Loi d’initiative populaire à Berlin (http://www.lesvoiesdelademocratie.org/%C3%A9crire-la-loi/100-tempelhof)
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1 Tempelhofer Freiheit is the name of an urban development project
The site is a palimpsest of time. We should, of course, be bold and add a new contemporary layer. The circulation we have proposed, for example, creates a dynamic orbit. The circular embankment outlines the scale of the former airport building – the second largest building façade in the world – and extends this facade into the future park. The composition also
2 originally the name of the fields of the Knights Templar residing in the vil lage of Tempelhof (Court of the Templars). Later on the site became a mili tary training ground, then the first civilian airport in Europe. since 2008, when aviation operations at Tempelhof airport ceased, the term Tempel
qu’ils fondent « 100% Tempelhofer Feld ». Cette association est à l’origine du processus législatif populaire par lequel les Berlinois ont voté une loi interdisant la construction et la vente du parc. Cette loi y garantie également un accès gratuit pour tout le monde. La constitution du Land de Berlin permet la création et l’acceptation de lois sans avoir le besoin de passer par le parlement. S’agissant réellement d’un morceau de ville et non pas d’une parcelle, les Berlinois n’ont pas voulu laisser le pouvoir d’action à une minorité de parlementaires. Ils ont voulu s’exprimer et leur voix a été entendue grâce à la démocratie directe. Le fait que les habitants aient le droit de décider de l’avenir de leur ville est l’un des arguments fondateur de « 100% Tempelhofer Feld » contre les décisions institutionnelles. Ce referendum combattait également l’idée que les logements prévus par les représentants institutionnels étaient trop chers. Les loyers n’auraient concerné qu’une partie élitiste de la population et le projet ne correspondrait donc pas à la défense d’un logement pour tous. En outre, les logements n’auraient appartenu au Land que pendant 10 ans, ensuite les bâtiments auraient été ouverts au marché. Des groupes immobiliers privés auraient pu racheter les logements et Berlin aurait donc condamné Tempelhof à la spéculation immobilière.
Certaines personnalités soutiennent cette décision tout comme l’a fait Hanns Zischler en 2016. Selon lui, « [...] on lui cherche un autre usage, comme si un monstre pareillement blessé (et d’une blessure aussi monstrueuse) pouvait rapidement guérir, par administration de je ne sais quel concept provisoire. »12 L’histoire du lieu est peut-être l’élément inconscient qui a su stopper toute démarche trop rapide pour laisser le temps réparer le territoire. Dès lors, quand estce que l’on considère qu’un territoire peut surpasser son histoire et assumer sa propre mutation ? Le Sénat a quand même su exploiter les locaux pour différentes expositions, défilés de mode ou pour des causes plus utiles. En effet, l’intérieur de l’aéroport a été aménagé en 2015 pour accueillir jusqu’à 1300 réfugiés. « Les gens qui vivent ici sont censés y rester seulement six semaines, mais en raison d’un manque de logements, beaucoup sont là depuis plus de six mois.» Berlin visait la fermeture de ces hangars en 2019, le simple fonctionnement de ces espaces en toute sécurité étant très couteux. De plus les conditions d’hébergement des réfugiés étaient réellement catastrophiques.
12 | Hanns Zischler. Berlin est trop grand pour Berlin, 2016, p. 154. | 27 |
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hinweise
sehr geehrte damen und herren, liebe besucherinnen und besucher, liebe gäste,
notices
herzlich willkommen auf dem Tempelhofer Feld, dem ehemaligen Flugfeld des Flughafens Tempelhof. Gegenseitige Rücksichtnahme aller Besucher und der Respekt gegenüber Pflanzen und Tieren sind u.a. die Voraussetzung für einen erholsamen und angenehmen Aufenthalt. Bitte beachten Sie deshalb die nachstehenden
E
friesenstrasse
104
platz der luftbrücke
Info-Box / Allgemeine Informationen Info-Box / General Information
Vo l k s p a r k Hasenheide
platz der luftbrücke
U6
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Hinweise, zu deren Einhaltung jede Besucherin / jeder Besucher verpflichtet ist:
104
golssener strasse
Infopavillon / Informationen zur Entwicklung des Feldes Information pavillion / Information about Field Development
104
dear ladies and gentlemen, dear visitors and guests,
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Welcome to Tempelhofer Feld, the former airfield of Tempelhof airport.
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7.30 – 17.00 Uhr 7.30 am – 5.00 pm
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Wiesenmeer – Das Tempelhofer Feld ist ein wertvoller Lebensraum für Tiere und Pflanzen. Sea of meadows – Tempelhofer Feld is an important habitat for animals and plants. Leinenpflicht – Auf dem Tempelhofer Feld sind Hunde an der Leine zu führen. Mandatory lead policy – Dogs must be kept on leads on Tempelhofer Feld.
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Temporäre / mobile Gastronomie Temporary / Mobile Refreshments
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Aussichtsturm – Die Stadt aus einer neuen Perspektive. Observation Point – The city from a new perspective.
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Hundeauslaufbereich Dog exercise area U
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Grillen nur in den ausgewie- senen Grillbereichen. Grilling only in designated BBQ areas.
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Grün Berlin GmbH | Columbiadamm 10, Turm 7 | 12 101 Berlin | T 030 70 09 06 - 0 F 030 70 09 06 -70 | info@gruen-berlin.de | www.gruen-berlin.de
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Stand: Mai 2017 | Design: minigram
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| Fig 14 | Plan actuel de Tempelhof Le territoire est principalement définit par les activités qu’il offre
| Fig 15 | Photo de Raumlabor, 17/05/214
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Skate-Anlage / Granit-Skulptur Skate park / Granite sculpture Windsportbereich für Kitelandboarding und Kitebuggy Wind sports area for kitelandboarding and kitebuggy Radfahren nur auf befestigten Wegen. Cycling only on paved paths. Skaten – Beachten Sie die Hinweise an der Strecke. Skating – Observe the signs along the route. Bolzplatz Soccer field Basketball Basketball Tischtennis Table tennis Boule Lawn bowling Modellautos Model cars
Eingang Entrance Eingang behindertengerecht Handicapped accessible entrance Parkplätze behindertengerecht Handicapped accessible parking
Start- und Landebahnen des ehemaligen Flughafens ca. 2 km Former airport runways and landing strips ca. 2 km Rundweg ca. 6 km Ring path ca. 6 km
2 . 3 | LES USAGES TEMPORAIRES
Situé au coeur d’une capitale Européenne, la fréquentation de Tempelhof est vraiment importante. Une Berlinoise affirme que « jusqu’à 70.000 personnes viennent ici. Ce n’est possible à aucun autre endroit à Berlin »13. On peut alors se poser la question de la nécessité de cette grandeur, est-elle adaptée aux usages qui s’y font ? Si Tempelhof venait à être construit pour répondre à la pénurie de logement, les Berlinois auraient la possibilité d’aller dans d’autres parcs. Cet espace peut être le reflet de notre société actuelle et de ce que qualifie Denis Delbaere de « sociabilité diffuse ». Tempelhof attire-t-il les Berlinois pour qu’ils retrouvent leur « solitude collective »14? Cette hypothèse est loin d’être certaine puisque les caractéristiques de Tempelhof sont tellement singulières qu’elles ne peuvent se retrouver ailleurs. Les Berlinois n’ont pas attendu la fin de l’élaboration du master plan pour développer des alternatives. Cette implication est quand même liée à l’organisation de la démocratie allemande. En effet, ce sont les institutions qui sont à l’origine de plusieurs phases de participation citoyenne. Les citoyens allemands ont une écoute et un soutien institutionnel. Tout cela leur permet de pleinement s’exprimer pour proposer différents usages au lieu. Les concertations
ont débuté en 2007 sur internet puis elles se sont poursuivies par des discussions, des expositions et des conférences. Au total, c’est environ 500 propositions qui avaient été sélectionnées. Les projets se devaient d’être peu couteux et temporaires (facilement démontables et sans fondations). Le Sénat avait présenté ce projet éphémère comme laboratoire d’expérimentations pour le projet définitif. Cependant, aucune considération des usages pionniers n’a été fait dans le masterplan. C’est donc durant une seconde phase que les citoyens ont dû se battre seuls contre les institutions. Le projet institutionnel n’a pas pu voir le jour face aux organisations citoyennes qui ont préféré sauvegarder le site avec leurs usages durables bien que temporaires. Les jardins participatifs ont pris de l’ampleur et sont très appréciés encore actuellement. De nombreuses activités sportives sont possibles sur ce vaste espace : vélo, course à pied, skate, tennis de table, pétanque, cerfvolant. La pratique la plus appréciée restant peut-être le barbecue mis en libre-service, une spécialité en l’Allemagne. Tempelhof développe ainsi de vraies valeurs de partage, de diversité, de liberté et de flexibilité. Ces usages temporaires sont prometteurs pour une transformation de Tempelhof en un territoire durable.
13 | Interview menée par Hugo Flotat-Talon. Vu d’Allemagne, 30/10/2018, 12:30 mn. 14 | Denis Delbaere. La fabrique de l’espace public, 2010, p. 59. | 29 |
|3| DÉCOLLER POUR UN NOUVEL HORIZON
| 30 |
| Fig 16 | Photo de Sabine Wilhelm Zone de prairie au centre de Tempelhof
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3 . 1 | B E R L I N E T S O N « U R B A N I S M E D O U X » 15
« La crise et la période d’austérité ont complexifié le jeu d’acteurs et rompu les coopérations usuelles »16. Les habitants de Berlin sont réticents à la densification de leur ville qui, selon eux, porte atteinte à leur qualité de vie. Berlin possède la mentalité, le bagage, la société et par conséquent la possibilité de maintenir une situation d’attente active. L’environnement social et historique est propice à la considération des usages pionniers et à l’écoute d’une citoyenneté engagée. Le cas de Tempelhof est similaire à une situation en Grèce, néanmoins, la tendance alternative ne résiste pas comme à Berlin. L’aéroport de Spiros Latsis, conjugué aux terres d’Elliniko, n’ont pas pu résister à la politique d’investissement à court terme. Dans un contexte urgent de dette, ce territoire de plus de 600 hectares (soit le double de Tempelhof), a été cédé à Lamba, un promoteur privé. L’architecte militante Natassa Tsironi indique qu’« Athènes compte le moins d’espaces verts par habitant au mètre carré en Europe ». Le gouvernement s’est donc débarrassé de ce qui pouvait constituer le « poumon vert » de la ville d’Athènes. Pourtant les citoyens s’étaient déjà engagés à cultiver cette terre et combler les besoins
alimentaires d’une société de plus en plus pauvre. Le manque de volonté politique et la crise que traverse la Grèce a anéanti toutes ces actions participatives. Cet exemple renforce l’idée que l’urbanisme déployé à Tempelhof possède une « sensibilité au temps [et] à la négociation »17. Depuis une dizaine d’années, le territoire de Tempelhof semble définir la jonction entre l’urbanisme de programme et l’urbanisme de paysage. Le déroulé des évènements urbains, politiques et sociaux entrent en résonance avec ce qu’explique Denis Delbaere. Selon lui, « [...] le site, mixte de données géographiques et historiques, n’est pas un contexte dans lequel il s’agirait d’insérer un programme, fût-il d’espace public, mais constitue la matière même du projet : c’est presque en lui que le programme de l’intervention sur l’espace ouvert serait à déchiffrer »18. De par sa grande échelle, ce site ne peut être pensé seulement avec les méthodes de projet architectural. Tempelhof est en attente d’un projet novateur qui le relie à la ville plus par le sol que par le bâti. C’est comme si Berlin considérait pleinement les théories de M. Corajoud sur l’importance du vide au même titre que du plein dans l’élaboration d’un paysage ou d’une ville.
15 | Denis Bocquet, Berlin : histoire de l’urbanisme et enjeux contemporains des politiques urbaines, 2008. 16 | Ariella Masbougni. Berlin, le génie de l’improvisation, 2017, p. 99. 17-18 | Denis Delbaere, La fabrique de l’espace public, 2010, pp. 123, 124. | 32 |
Cependant, les modalités de participation citoyenne auraient peut-être besoin d’être repensés par le Sénat. Le site de Tempelhof est maintenant dans une situation figée. Le terrain d’entente n’a pas su être trouvé. Actuellement c’est le Planwerk Innere Stadt (plan d’orientation du développement du centre-ville) qui encadre l’évolution du centre-ville de Berlin. C’est l’héritier de l’IBA-Berlin (Exposition Internationale d’Architecture) qui permettaient de se concentrer à la fois sur des constructions neuves dans les friches et sur la réhabilitation des bâtiments plus historiques. Depuis les années 80, Berlin a su donner toute sa place au renouvellement urbain, c’est ce qu’ils ont
appelé la « reconstruction critique »19. Ils ont donné une attention toute particulière au contexte urbain et aux tracés historiques. Aujourd’hui, Berlin se lance dans une re-densification complète des quartiers en centre-ville. Les dents creuses sont reconstruites pour faire face à une forte croissance. Les espaces libres qui faisaient la spécificité de la culture urbaine Berlinoise vont-ils tous disparaître ? Tempelhof pourrait donc assurer une incontestable résistance à la densification. S’il venait à être préservé de façon durable, il serait le symbole d’une qualité spatiale Berlinoise.
19 | Ariella Masbougni. Berlin, le génie de l’improvisation, 2017, p. 28. | 33 |
| Fig 17 | Un berger avec son troupeau sur la partie sud du terrain en 1967
| Fig 18 | Knut Kucznik avec son troupeau de 150 moutons sur les champs de Tempelhof le 19/10/2018
| 34 |
3 . 2 | P O U R S U I V R E L A D É P E N DA N C E V I L L E-N AT U R E
La ville de Berlin est peu dense et bénéficie de 40% de surface d’espaces verts. Tempelhof est un des éléments importants qui assure l’équilibre climatique de la ville. C’est notamment en été qu’il permet le refroidissement des zones construites environnantes. La disparition de ce vide provoquerait le réchauffement de quelques degrés de la ville. Dans un contexte de réchauffement climatique mondial, cet aspect doit réellement être pris en compte. Selon Beate Profé, Tempelhofer Feld est devenu « un des «réfrigérateurs » de la ville. Ceux-ci offrent un apport de fraîcheur aux espaces publics et aux bâtiments et donc réduisent l’effet d’îlot de chaleur dans les tissus urbains »20. Ce privilège bioclimatique au coeur d’une capitale se doit d’être conservé dans tout projet urbain ou architectural. La rationalisation des jardins conçus par l’Homme limite le développement de la biodiversité en ville. Les pesticides utilisés sont coupables d’anéantir la pollinisation des plantes. « Sous la triple impulsion de l’augmentation du prix du pétrole, de l’aspiration des citadins à être entourés d’une nature plus naturelle et de la prise de conscience de la toxicité des produits chimiques », les villes délaissent l’artificialisation des sols au profit d’une diversité des milieux naturels. Tout cela nous permet de suivre une théorie qui date
des années 1980 : « l’ensauvagement des villes » d’après Edward Wilson. Tempelhof peut nous apparaitre comme une vaste surface exploitable pour l’agriculture urbaine. Comme nous l’avons vu précédemment, la culture de cette terre fait partie de l’un des usages pionniers du site. Cependant, son rayonnement est assez réduit et n’est pas du tout entretenu en hiver. En 1992, des moutons ont brouté le champ de Tempelhof pour la dernière fois. Les membres du jardin participatif « AllmendeKontor » ont fait campagne pour l’utilisation des moutons sur le terrain. Ainsi, en octobre 2018, environ 150 moutons du berger Knut Kucznik ont été autorisé à paître environ 200 hectares durant 8 jours. Néanmoins, si on considère qu’une vingtaine de moutons traite 1 hectare de terrain en deux jours, seulement 30 hectares auraient pu être traités par les 150 moutons en une semaine. On comprend que les petites initiatives à Tempelhof ne représentent rien face à l’immensité du lieu. Peut-on vraiment adapter nos pratiques urbaines à un si grand champ ? Le rejet du projet et l’interdiction de la vente gèle toute action et mutation du terrain. « Même si le référendum s’est exprimé, il paraît, du point de vue urbain, bien trop simpliste de laisser le site dans son état sans se préoccuper de sa mutation à long
20 | Ariella Masbougni. Berlin, le génie de l’improvisation, 2017. | 35 |
| Fig 19 | Photo de Raumlabor, 02/08/2014 Jardins participatifs d’Allemende-Kontor, la déambulation y est aléatoire, des petits espaces sont aménagés pour s’y asseoir, prendre le temps de discuter ou même jouer de la musique.
| 36 |
terme ni imaginer d’en tirer le meilleur »21. Au coeur de Berlin, « la nature en ville n’a pas qu’un rôle esthétique ou récréatif. Elle rend de multiples services environnementaux et permet notamment de lutter contre le réchauffement climatique »22. Cette distinction entre espace vert « décoratif » et espace vert « sanitaire » fut développé très tôt à Berlin par Martin Wagner en 1915 dans sa dissertation Das Sanitäre Grün der Stadt, ein Beitrag zur Freiflächentheorie (Le vert sanitaire des villes. Contribution à la théorie des espaces libres). À l’opposé des parcs embellisseurs de la ville, Wagner prônait ce qu’il nommait le « vert sanitaire ». À l’ère du mouvement hygiéniste, ce principe permettait « de garantir la respiration urbaine » et de créer une « végétalisation dédiée à de multiples activités ». Tempelhof rentre parfaitement dans cette définition d’espace vert sanitaire. Le paysagiste Leberecht Migge qui a travaillé avec Wagner dans les années 1920 a rédigé un «manifeste vert». Il prône lui aussi un urbanisme traversé d’espaces libres pour la ville de Berlin. Selon lui, « la végétation urbaine ne devait pas être uniquement consacrée au repos; elle devait également être faite de surfaces agricoles cultivées et
utilisée comme catalyseur pour le recyclage des déchets. La plupart des jardins ouvriers situés à la périphérie - on en comptait cent trente-sept mille à Berlin en 1927 devaient être rapatriés dans la ville, sur les espaces en libres en friche [...] ». « Migge supprimait la polarité de la ville et de la campagne et propageait la conception d’un environnement totalement colonisé et cultivé au service de la société »23. Berlin ne serait pas à ses débuts d’introduction de campagne en ville, ou du moins de culture urbaine de la terre. Peut-on considérer que Tempelhof accueille actuellement les prémisses d’une agriculture urbaine comme Pierre Donadieu a pu l’exprimer ?
21 | Ariella Masbougni. Berlin, le génie de l’improvisation, 2017, p. 101. 22 | L. Estival et M. Musy. Vivons la ville autrement, 2017, p. 89. 23 | F. Hertwerck et S. Marot [O. M. Ungers et R. Koolhaas]. La ville dans la ville, Berlin : un archipel vert, 2013, p. 66. | 37 |
3 . 3 | L E V I D E , D É PA R T D ’ U N N O U V E L U R B A N I S M E ?
« L’explosion des phénomènes urbains ou suburbains a singulièrement brouillé la distinction entre ville et campagne »24 C’est en septembre 1977 que le « concept d’urbanisme pour le développement futur de Berlin » est publié par O. M. Ungers sous le nom de Die Stadt in der Stadt : Berlin das grüne Stadtarchipel. Cette publication renvoie l’image d’un Berlin laboratoire urbain. La métropole est définie comme des « archipels d’îles urbaines, serties dans des mers de verdure ». Ces dernières «ingéreraient les atmosphères de la nature» et les « dispositifs de la campagne ». Cette démarche urbanistique alternative définit un projet visant la dissolution des villes. O. M. Ungers est l’un des pionniers de la définition explicite d’une décroissance des villes. Elle serait étroitement liée à « l’adoption d’une démarche qui réintégrerait et même précipiterait dans le territoire métropolitain l’ensemble de ses extérieurs ou de ses externalités ». La fragmentation de la ville et sa dissolution mixerait d’autant plus les usages et le centre urbain se verrait colonisé par des forêts, des banlieues, de l’agriculture et des infrastructures de transport. Tempelhof est donc étroitement lié à cette théorie puisqu’il est lui-même cette infrastructure au coeur de la ville et qu’il possède le sol perméable
nécessaire au développement d’une forêt ou de l’agriculture. O. M. Ungers suggère également de réintroduire en ville des projets développés par différents architectes dont la trame de Wright pour Broadacre City et les fermes collectives de Le Corbusier. La dépendance entre métropole et nature se veut être intensifiée et rendu explicite. Les auteurs s’opposent à cette pression permanente que la « réparation urbaine » exerce sur tout site libre. Ce systématisme s’oppose au fait que « ces sites sont sans doute en déshérence ». Comme l’affirme Denis Delbaere dans La fabrique de l’espace public, le site « n’est pas un contexte dans lequel il s’agirait d’insérer un programme ». Tempelhof pourrait être le départ d’une mer qui entoure les quartiers urbains. Pour son projet au Parc de La Villette, Leon Krier explique : « Si le parc doit aujourd’hui encore remplacer la nature distante dans les villes, ce sera bientôt la campagne cultivée elle-même [...] qui devra former la limite des quartiers urbains. » Finalement cela revient à recréer les petites villes de nos campagnes. Avons-nous dépassé la limite viable autant pour l’humain que pour la planète ? Contrairement à la France, pays trop centralisé, l’Allemagne est divisée en Land. Politiquement, la fragmentation est réellement performante. L’Allemagne
24 | F. Hertwerck et S. Marot [O. M. Ungers et R. Koolhaas]. La ville dans la ville, Berlin : un archipel vert, 2013, p. 6. | 38 |
pourrait peut-être exploser encore plus ses zones urbaines pour concrètement développer cette idée d’archipel vert. Il suffirait ainsi de développer au mieux les réseaux de transports. Cette théorie rejoint le plan collectif d’Hans Scharoun et d’autres urbanistes réalisé en 1946. Il se compose d’une ville-paysage végétalisée et décentralisée, dont les îles devaient être reliées entre elles par un système d’autoroutes. Aujourd’hui le système de transports serait à réinventer. Tous ces travaux sont précurseurs des sujets actuels qu’on ne prend conscience seulement face au danger climatique.
« La ville est désormais en compétition, notamment pour la qualité de l’environnement, avec la vie à la campagne. Le futur de la ville dépend donc entièrement de la solution qui sera apporté à la dichotomie entre ville et campagne. Sa survie en tant qu’entité sociale, politique, économique et culturelle ne sera possible qui si peuvent y être proposées des conditions de vie et d’environnement analogues à celles qu’on trouve dans des paysages plus naturels »25.
| Fig 20 | Hans Scharoun, archive de l’Académie des Beaux-Arts de Berlin Plan pour la ville de Berlin, les zone urbaine sont des îles au milieu des espaces verts. Les infrastructures semblent être des ponts qui connectent les différents éléments du territoire.
25 | F. Hertwerck et S. Marot [O. M. Ungers et R. Koolhaas]. La ville dans la ville, Berlin : un archipel vert, 2013, p. 38. | 39 |
CONCLUSION
L’espace libre dans un milieu urbain dense, s’il n’est pas hydrographique, soulève de nombreuses questions. L’acceptation du vide par les Berlinois vient peut-être de cette culture de la friche et des différents faits historiques qu’ils ont connu. Ainsi, l’ampleur du territoire que constitue Tempelhof n’est pas redoutée. L’opposition au projet immobilier montre une grande détermination en ce qui concerne la préservation d’une qualité urbaine. C’est une preuve certaine que la société allemande cherche à maîtriser son propre développement. Tempelhof pourrait répondre à beaucoup d’utopies urbaines concernant la proximité de la ville et de la nature. Néanmoins, la ville peut-elle réellement intégrer des sols agricoles ou forestiers ? « L’urbanisme engagé depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, hiérarchisant les rapports entre l’Urbain, la Nature et l’Agriculture, a conduit à l’impasse environnementale actuelle »26. La séparation des zones A (Agricole), U (Urbaine), N (Naturelle et Forestière), AU (À Urbaniser) est systématisée dans la réglementation urbaine. Alors que la mixité sociale et celle des usages est recherchée dans la plupart des projets contemporains, pourquoi l’architecture n’a pas su accorder d’importance à la mixité des terres ? Intégrer
le DE Territoires de l’architecture pourrait me permettre d’explorer ces thématiques liées à la mixité des sols. Durant la licence d’architecture, nous commençons à aborder les notions d’urbanisme principalement par l’aspect réglementaire. Durant la rédaction de ce rapport, j’ai compris que les règles d’urbanisme sont guidées par l’organisation politique d’une société, son histoire et sa mentalité. L’urbanisme de Berlin découle d’un fort héritage historique et social. La démocratie directe dans le land de Berlin joue un rôle primordial pour le devenir de Tempelhof. L’aspect irréversible de toute programmation d’un territoire le fige dans le temps. Ni le Sénat, ni l’organisation citoyenne n’a su pleinement accompagner le site dans une transition durable. Mais peuton programmer sans réglementation ? L’acceptation du temps long et de l’indéfini est une théorie émergente en Allemagne. La réhabilitation du Emscher Park dans la vallée de la Ruhr en est un exemple. « L’IBA Emscher Park n’a suivi aucun plan, ni cadre préétabli. D’ailleurs, d’où ces plans auraient-ils pu venir ? L’IBA a posé des questions sans connaître toutes les réponses [...] »27. Les représentations, étroitement liées à la culture, se doivent d’être évaluées
26 | Extrait du communiqué de presse de l’exposition Capital Agricole, Pavillon de l’Arsenal, du 02/10/18 au 17/02/19. | 40 |
avant toute intervention. Elles peuvent même participer à l’élaboration d’un projet urbain. L’Allemagne est un territoire précurseur dans l’écoute et la lecture de son propre paysage. Je m’intéresse donc aussi au DE Transformation, pour comprendre le patrimoine constructif et représentatif. Tempelhof est-il dans une situation figée par exacerbation du patrimoine ? « [...] le musée, qui était une institution, est devenu une mentalité. » 28
« Aux portes des villes, la réponse aux enjeux environnementaux passe par la mobilisation d’immenses territoires faiblement bâtis, qui seront tout à la fois les espaces de production agricole, de promenade et de biodiversité dont nous avons besoin. » 29
Enfin, les enjeux d’une ville durable existent essentiellement si le gouvernement a le potentiel et la volonté d’y accorder de l’importance. Berlin m’apparait comme une des villes Européenne capable de composer autant avec des espaces denses qu’avec des espaces libres. Dans l’urgence du maintien d’un environnement viable, l’urbanisme doit évoluer au même titre que nos modes de vies. Le Grand Paris tente de copier le modèle Berlinois cent ans après. Néanmoins, le rapport financier des zones foncières est encore supérieur face aux enjeux climatiques. Berlin doit maintenir son objectif de ville archipel, suivi tout au long du XXème siècle depuis le plan Jansen. Le sol perméable de Tempelhof pourrait être le point de départ d’un changement radical des sols urbain.
27 | Prof. Dr. Karl Ganser. Exposition internationale d’architecture et d’urbanisme Emscher Park. Les projets, dix ans après, 2008, p. 6 28 | Françoise Choay. L’Allégorie du patrimoine, 1992 29 | Denis Delbaere. La fabrique de la ville, 2010, p. 130 | 41 |
BIBLIOGRAPHIE
OUVRAGES
CHOAY Françoise, 1965. L’urbanisme, utopies et réalités, Une anthologie, s.l. Éditions du Seuil. CHOAY Françoise, 1992. L’allégorie du patrimoine, Paris, Éditions du Seuil. DELBAERE Denis, 2010. La fabrique de l’espace public, Ville, paysage et démocratie, Paris, Ellipses Édition. DONADIEU Pierre, 1998. Campagnes urbaines, s.l. Actes Sud. ESTIVAL Laurence, MUSY Marjorie, 2017. Vivons la ville autrement, Versailles, Éditions Quae. HERTWERCK Florian, MAROT Sébastien, 2013. La ville dans la ville Berlin : un archipel vert, Zürich, Lars Müller Publishers. MASBOUNGI Ariella, 2017. Berlin. Le génie de l’improvisation, s.l. Direction générale de l’Aménagement, du Logement et de la Nature, Éditions Parenthèses. ROSEAU Nathalie, 2012. Aerocity : quand l’avion fait la ville, Marseille, Éditions Parenthèses. ROSSI Aldo, 1966. L’architcture de la ville, Turin, CittàStudi Éditions. SMITH Paul, TOULIER Bernard, 2000. Berlin Tempelhof, Liverpool Speke, Paris Le Bourget : Années 30 Architecture des aéroports, Paris, Caisse nationale des monuments historiques. UTTKE Angela, NIEMANN Lars, SCHAUZ Thorsten, 2008. Exposition internationale d’architecture et d’urbanisme Emscher Park. Les projets, dix ans après, Essen, Klartext verl. ZISCHLER Hanns, 2016. Berlin est trop grand pour Berlin, Paris, Éditions Macula. TRAVAUX UNIVERSITAIRES
BOURDIER Laure, 2016. Une place publique sur une piste d’atterissage. La reconversion de l’aéroport de Tempelhof. Un projet politique à l’épreuve des Berlinois, Nantes.
EXPOSITIONS
SOA, ROSENSTIEHL Augustin. Capital Agricole, Chantiers pour une ville cultivée, Paris, Pavillon de l’Arsenal, du 2 octobre 2018 au 17 février 2019.
| 42 |
INTERNET
TALON Hugo Flotat-Talon, 30.10.2018. La question des constructions sur l’ancien aéroport berlinois de Tempelhof de retour, Vu d’Allemagne, 12:30 mn. Les voies de la démocratie. 100% Tempelhofer Feld - Loi d’initiative populaire à Berlin (http://www.lesvoiesdelademocratie.org/%C3%A9crire-la-loi/100-tempelhof) https://www.tagesspiegel.de/berlin/ideen-fuer-den-tempelhofer-park-dtm-willehemaliges-flugfeld-fuer-autorennen-nutzen/7285452.html https://tempelhofer-feld.berlin.de/ https://gruen-berlin.de/projekt/tempelhofer-feld https://www.thf-berlin.de/ https://www.stadtentwicklung.berlin.de/ https://www.bz-berlin.de/berlin/tempelhof-schoeneberg/ab-heute-weiden-150-schafe-aufdem-tempelhofer-feld
ARTICLES EN LIGNE
BOCQUET Denis, 2008. Berlin: histoire de l’urbanisme et enjeux contemporains des politiques urbaines.
| 43 |
TA B L E S D E S I L LU S T R AT I O N S
pp. 7, 21, 23
| Fig 1 |, | Fig 11 |, | Fig 12 | : photos personelles
p. 11
| Fig 2 | : Photo de Tony Vaccaro, Hulton Archive, Getty Images. 1948, Blocus de Berlin Ouest. Pont aérien à Tempelhof. «A line of people watch as a supply plane arrives to deliver food and other staples during the Berlin Airlift»
p. 12
| Fig 3 | : Prospective 56, Clipartlogo. Carte de l’Allemagne, division en Land depuis la réunification en 1990.
p. 12
| Fig 4 | : Hans Stimmann, 2000. Physiognomie einer Groβstadt, Berlin, Éditions Skira.
p. 14
| Fig 5 | : Plan Jansen, 1929. MASBOUNGI Ariella, 2017. Berlin. Le génie de l’improvisation, s.l. Direction générale de l’Aménagement, du Logement et de la Nature, Éditions Parenthèses, p. 77.
p. 14
| Fig 6 | : Hermann Jansen, Greater Berlin, Competition 1910 : plan of Tempelhofer Feld (source, Architekturmuseum TU Berlin, Inv. No. 20 558). BORSI Katharina, 2015. Drawing the region: Hermann Jansen’s vision of Greater Berlin in 1910, The Journal of Architecture, 20:1, 47-72, DOI: 10.1080/13602365.2015.1004619.
p.16
| Fig 7 | : SMITH Paul, TOULIER Bernard, 2000. Berlin Tempelhof, Liverpool Speke, Paris Le Bourget : Années 30 Architecture des aéroports, Paris, Caisse nationale des monuments historiques.
p. 16
| Fig 8 | : GEIPEL Finn, AIGP (Atelier International du Grand Paris) Été 2015. Laboratory for integrative architecture, technische universität Berlin. Grand Paris, Grand Berlin, Design and Research Studio.
p. 18
| Fig 9 | : GEIPEL Finn, AIGP (Atelier International du Grand Paris) Été 2015. Laboratory for integrative architecture, technische universität Berlin. Grand Paris, Grand Berlin, Design and Research Studio. Vue aérienne de Berlin prise de nuit par ISS (NASA, 2014)
p. 21
| Fig 10 | : Hiroshi Sugimoto, Seascapes, Boden Sea Uttwil, 1993
p. 26
| Fig 13 | : GROSS MAX, Avril 2011. Landschaftsarchitekten und Sutherland Hussey Architekten. Master plan. Stage III, Exposition Internationale d’Horticulture.
p. 28
| Fig 14 | : https://gruen-berlin.de/projekt/tempelhofer-feld
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p. 28
| Fig 15 | : Photo de Raumlabor, 17/05/2014 https://www.flickr.com
p. 31
| Fig 16 | : Photo de Sabine Wilhelm www.tempelhofer-feld-cms.liqd.net/de/dokumentation/dokumente/thf_ broschuere_160216.pdf
p. 34
| Fig 17 | : SMITH Paul, TOULIER Bernard, 2000. Berlin Tempelhof, Liverpool Speke, Paris Le Bourget : Années 30 Architecture des aéroports, Paris, Caisse nationale des monuments historiques, p. 61.
p. 34
| Fig 18 | : KUCZNIK Knut. https://www.bz-berlin.de/berlin/tempelhof-schoeneberg/ab-heuteweiden-150-schafe-auf-dem-tempelhofer-feld
p. 36
| Fig 19 | : Photo de Raumlabor, 02/08/2014 https://www.flickr.com
p. 39
| Fig 20 | : SCHAROUN Hans, Académie des Beaux-Arts de Berlin. BORSI Katharina, 2015. Drawing the region: Hermann Jansen’s vision of Greater Berlin in 1910, The Journal of Architecture, 20:1, 47-72, DOI: 10.1080/13602365.2015.1004619.
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T E M P E L H O F, UN TERRITOIRE DURABLE ? LES ENJEUX ACTUELS D’UN VIDE URBAIN
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L’A É R O P O RT D E T E M P E L H O F ET SES PISTES
Le vide urbain que constitue l’ancien aéroport de Tempelhof peut-il devenir acteur constructif d’une ville durable ? Depuis sa fermeture en 2008, l’aéroport de Tempelhof à Berlin constitue 380 hectares de vide en plein coeur de la métropole. L’enjeu pour cette capitale Européenne est de préserver ses vides pour prétendre à maintenir une qualité urbaine durable. Grâce aux organisations ciotyennes Berlinoises, ce lieu a su réchapper à son destin de réserve foncière. Tempelhof, préservé de toute construction est devenu une vaste prairie d’expérimentations. Dans une corrélation utopique de la nature et de la ville, cet immense territoire peut répondre aux besoins de biodiversité et de refroidissement urbain. La mixité des sols et les espaces libres pourraient-ils adapter le système urbain aux enjeux environnementaux actuels ?
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