L’indÊpendant Magazine
Troc, broc, coloc Ces bons plans q ui rap p r o ch e n t
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EFJ2 • Octobre 2012 • L’indépendant magazine
ans un monde financiarisé à outrance, certains font tout pour se soustraire aux contraintes de l’économie. La nouvelle génération surfe sur le canapé du voisin avec le « couchsurfing », certains jeunes n’hésitent pas à vivre avec des personnes âgées tandis que d’autres échangent leurs objets pour épargner quelques sous. Des solutions toutes issues du système « D », pour remédier à un pouvoir d’achat en berne. Un retour aux valeurs traditionnelles avec Internet comme médiateur ? Une réinvention de l’hospitalité, de la cohabitation entre générations et du troc ? On croit avancer, on cherche de nouvelles solutions. Et si on redécouvrait l’Amérique ? johnny itiCshon
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roc top et toc, c’est le grand plongeon dans les nouveaux modes de consommation. Dormir sur le canapé d’un Anglais, un plateau diététique à domicile, des nouveaux seins au Brésil : si «le changement c’est maintenant», voilà plusieurs années que certains Français s’y sont collés. Grand retour aux sources, fini le «vous en rêviez? Internet l’a fait!» Sans rire, le web n’est pas le père du troc. Pas la peine de jeter le portable non plus, les pigeons voyageurs ont déjà pris leur retraite. jules-alois amand
ochee Thieirrsar yproR pre brasseri
Du consommable...
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’autre... On le craint et on le désire à la fois. Et voilà qu’aujourd’hui, on se jette dans la gueule du loup : on monte dans sa voiture, on dort sur son canapé. On quitte un confort en perte de vitesse et la convivialité apparaît alors comme un remède à nos maux. La crise aura réussi à faire émerger de nouvelles tendances en faisant d’Internet la reine des bons plans et en suscitant en nous des envies simples, basées sur l’échange ou le partage. Mais du tourisme médical à la protection de l’environnement, consommons-nous mieux ou moins qu’avant ? inès Kheireddine
brèves
4. alimentation 4. Les produits de la ferme disponibles en ville 5. Cultiver le jardin de son voisin 6. La diététique livrée chez vous
7. logement 7. La colocation, une aventure périlleuse 8. Trouver un logement en faisant la fête
9. transport 9. Autolib : un succès encombrant 10. Le covoiturage, un transport convivial
11. santé 11. Les dérives de l’automédication 12. Tourisme chirurgical : destination bistouri
13. voyages 13. Couchsurfing : une vague qui prend de l’ampleur 14. « Appart’hôtel » : un créneau qui séduit les particuliers 15. Echange d’appartements : Un nouvel horizon pour les vacances
...au biodégradable Une semelle en plastique biodégradable, du tissu en coton et en lin biologique, après i... Nike et Adidas, Puma vient d’annoncer la Chez so ines à pain font sortie d’une collection de vêtements et de Mixeurs, yaourtières et mach de l’utilitaire à la chaussures écolos. Pour piétiner la nature, désormais partie intégrante tes, faire-soi-même la conscience tranquille et se vêtir en maison. Pour 60 % des adep matière recyclable, il faudra attendre 201 3 ! e l’on mange ». 44% ses plats, c’est « savoir ce qu er son pain revient d’entre eux trouvent que cuisin eter en boulangerie. 4 fois moins cher que de l’ach
...ou sur le net
16. mode de vie 16. Le livre numérique lutte pour s’imposer 17. Le look des adolescentes sous influence
18. serviCes 18. Jeunes et vieux au risque de la cohabitation 19. Echange de services : un troc solidaire
20. bons plans 21. Vide-greniers, le shopping ludique à petit prix 22. Boutique Emmaüs : le recyclage pour faire face à la crise 23. La deuxième vie des portables
Toutes les photos de ce numéro spécial ont été créditées au mieux, selon les sources. Ce magazine n’est pas diffusé en dehors du cadre de l’école EFJ.
a pu ouvr r de la Gouttedans le quartie ce à la charité d’Or à Paris grâ du s. 176 abonnés des internaute le.com ont site Internet Ulu s allant de 5 à envoyé des don en pro de la 400 €. Cet anci n a pu récolter communicatio er son rêve. 8 500 € et réalis
Imaginer des aliments dénués d’emballage ou plutôt dotés d’un conditionnement qui se mange. C’est le but du projet Wikicell conçu par David Edwards, professeur à Harvard. Observant la structure du grain de raisin, de l’œuf ou de la noix de coco, il a crée des aliments dont la pellicule extérieure se lave et se déguste, exactement comme un fruit.
916 000 C’est le nombre de CliCs néCessaires à un artiste pour touCher un smiC. la plate-forme en ligne deezer Cumule plus de 1,5 millions d’utilisateurs premium qui payent jusqu’à 10 € pour de la musique illimitée. une aubaine pour les interprètes ? pas si sûr. sur 0,6 Centime d’euros, le Chanteur ne touChe que 0,12 Centime d’euros.
leurs courses sur Les Français préfèrent faire Selon une étude Internet qu’en grande surface. des personnes Ifop/Wincor Nixdorf, 74 % b chaque semaine et interrogées achètent sur le we uls les magasins de 71% y prennent du plaisir. Se devant les achats « loisirs culturels sont encore online ».
Pas si net...
naître 150 « En trois mois, la France a vu sont des associations Cannabis social clubs ». Ce ommateurs de autogérées par plusieurs cons regrouper pour cannabis qui ont décidé de se e. Ce modèle planter et partager une récolt ges locaux et des s’inspire des systèmes d’échan d’une agriculture Associations pour le maintien espagnoles. Pour paysanne (AMAP) belges et l clubs » demeurent l’instant, les « Cannabis socia de cannabis étant assez confidentiels, la culture toujours prohibée.
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AlIMenTATIOn
AlIMenTATIOn
PRoduiTs fRAis
Quand la ferme s’invite en ville Depuis quelques années, la production et la consommation de produits bio n’a cessé d’augmenter. C’est le cas des Amap (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne) qui instaurent un circuit court entre consommateur et producteur.
Potageons nos jardins Potirons et betteraves vont bientôt être de retour sur les étals des marchés, mais nombreux sont ceux qui préféreront les faire pousser eux-mêmes. Plus économique, partager son potager séduit en effet de plus en plus de personnes.
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ntrez dans le jardin de votre voisin, plantez y des choux, patientez quelque temps, profitez-en pour faire connaissance avec le propriétaire, puis le temps venu, récoltez et partagez votre panier de légumes autour d’une belle tablée. Et si c’était ça la nouvelle recette pour jardiner ? Plusieurs structures ont en effet vu le jour, proposant de mettre en relation des propriétaires de jardin en mal de savoir-faire avec des amateurs du sécateur en manque de terrain à cultiver. Le site plantezcheznous.com est l’un des premiers à avoir mis en place une structure concrète qui facilite le contact entre demandeurs et chercheurs. Coordonnées, lieu, taille du terrain, tout y est pour faciliter l’échange le plus rapidement possible. A l’origine, Chantal Perdigau, une ingénieure en environnement de 26 ans. « J’avais dans mon entourage plusieurs personnes qui aimaient jardiner mais qui n’avaient pas le terrain adéquat pour le faire, alors que d’autres n’avaient plus l’envie ou la possibilité d’entretenir le leur », explique-t-elle. Un an seulement après le lancement du site, Chantal Perdigau comptabilise « un peu plus de 1000 inscrits dans 65 départements et environ 400 potagers créés. » Hervé, qui
a mis son jardin à disposition d’un jeune couple il y a maintenant six mois, n’imaginait pas manger un jour des récoltes de son propre potager. « Je n’y connaissais rien, et je n’avais pas le temps. Maintenant, je peux en profiter sans la contrainte de l’entretien », ajoute-t-il.
Partager pour mieux manger
Pour certains adeptes, le jardin partagé est avant tout un moyen de faire des rencontres tout en échangeant des connaissances autour d’un loisir devenu le n°1 des Français. Pour d’autres, créer un potager permet aussi de manger sainement à moindre frais. Aurore, mère de quatre enfants vivant en banlieue toulousaine, a rapidement vu l’intérêt économique que représentait le fait d’avoir son propre potager. « Nous n’avions pas de jardin, alors lorsque j’ai vu sur le site une annonce proche de chez nous, j’ai tout de suite contacté la personne. » Trois mois après, Aurore et ses enfants commençaient à semer leurs premières graines dans le jardin d’un retraité. « Pour le propriétaire, c’est une présence en plus et pour nous des frais en moins », explique-t-elle « car à six, le panier de légumes frais nous revient presque deux fois moins cher que si nous
allions au marché. » Bien plus qu’un simple passe-temps, les jardins partagés sont donc également une réponse à la crise économique et sociale que l’on connaît actuellement. A cela s’ajoute une volonté accrue des Français de manger mieux alors que l’Etat tente de sensibiliser régulièrement la population sur les méfaits de la malbouffe. benjamin helfer
A l’OrIGIne, les «JArDIns OUvrIers» même si ouvrir son propre jardin à la culture communautaire est récent, d’autres initiatives du même genre le sont beaucoup moins. en france, il existe en effet des « jardins ouvriers » mis en place au lendemain de la révolution industrielle de 1850. désormais, on en compte deux millions en europe dont 200 000 en france. depuis 2007, il existe même un Conseil national des jardins collectifs et familiaux, chargé de promouvoir la protection du patrimoine végétal et un jardinage respectueux de l’environnement.
Ce mode de consommation pas comme les autres, fonctionne sur le principe de la confiance et de la responsabilité, comme nous explique Hélène Constanty une des gérantes de l’association. « L’inscription à l’association donne le droit d’avoir un panier par semaine durant toute la saison agricole, ce qui représente environ 29 semaines dans l’année. »Pour que producteur et consommateur s’y retrouvent, le règlement d’une partie de la récolte par ces derniers est effectué avant le début de la saison. « Ce système permet à Sophie, notre exploitante, de payer tous les coûts engendrés par la plantation et lui évite les problèmes de trésorerie. En échange, elle s’engage à fournir une fois par semaine les produits fraîchement ramassés de son exploitation, et à nous les apporter au foyer évangélique de Grenelle. Sophie est présente à chaque
Selon les saisons, le contenu du panier varie
distribution pour répondre aux éventuelles questions et elle est aidée par un adhérent différent d’une distribution à l’autre, pour remplir les paniers. » C’est ce principe d’implication dans le fonctionnement de l’Amap qui a séduit Pierre, enseignant à la retraite. « J’aime manger intelligemment. C’est aussi bien la démarche écologique et citoyenne que gustative qui m’a poussée à m’inscrire chez les volontaires. On est une communauté, on participe à la pérennité de notre agriculture locale tout en passant de bons moments. Ça rend service à tout le monde.» Aujourd’hui, l’association des volontaires compte une cinquantaine de paniers qui font le bonheur d’autant de famille. antoine barbesange
© vitaforma.fr
PARTAGE
Un jardin communautaire récemment inauguré à Asnières-sur-Seine, en banlieue parisienne.
InflUer sUr Ce QU’On MAnGe aujourd’hui, le réseau des amap d’ile-de-france (amap-idf) représente 185 structures qui fournissent des produits frais à environ 30 000 « consom’acteurs ». soutenu par le conseil général de la région, ce mode de consommation éco-citoyen dynamise un secteur agricole en difficulté dans les zones urbaines. il génère un chiffre d’affaires de 1,5 million d’euros par an et permet aux 123 paysans du réseau de continuer à produire localement et de rentrer dans leurs frais.
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© Benjamin Helfer
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’est en plein XVème arrondissement, au foyer Igrenelle rue de l’Avre, que l’Amap des volontaires s’y est installée depuis septembre 2006 quelques mois après ça création. Nous sommes lundi soir, il est 19h, et c’est le jour de la distribution. En traversant la cour, les adhérents viennent les uns après les autres chercher leur panier de la semaine. « On a de la chance, il ne pleut pas c’est déjà ça » s’exclame un des membres en faisant la queue. Dans une ambiance bonne enfant et familiale, chacun s’affrète à regarder le contenu de son cabas. Pomme de terre, carotte, haricot, tomate, courgette, betterave, poireau, salade, le panier manque de déborder dans un étonnant mélange de couleur et contient environ 8kg de ces légumes de saison. Pour Sylvie 35 ans et mère de 2 enfants, l’adhésion à l’Amap lui permet d’avoir des produits frais et de qualités chaque semaine. « C’est quand même bien mieux que de faire ses courses au supermarché » dit elle en souriant. « J’ai des très bons produits et en plus je sais d’où ça vient. On connaît la productrice et c’est ça qui est rassurant. »
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lOGeMenT
A doMiCiLE
la diététique à votre service Les pizzas et les sushis sont couramment livrés à domicile. Mais l’apparition de livraisons de repas diététiques entraîne un renouveau dans le secteur alimentaire, notamment grâce aux nombreux avantages de ce nouveau service. Un tableau avec les contacts de chacun est également disponible pendant les soirées
CoLoCATioN
Une soirée, un verre et un coloc
Trouver chaussure à son pied en dehors du web n’est pas toujours évident. Les jeudis de la colocation facilitent la rencontre.
Les plateaux-repas diététiques à réchauffer ont désormais un aspect gastronomique.
« J’ai tout de même perdu trois kilos sans réellement y faire attention. » Les gourmands sont attirés par la souplesse des actions de « Menus Services ». Le côté pratique est très recherché par les affamés dans le service de livraison à domicile. « Je n’avais pas le temps de cuisiner, ni le temps de faire les courses. J’ai simplement décidé de remplacer mon déjeuner de midi au bureau (livraison classique pizzas, pâtes, sushis) par un plat préparé de Menus Services » lance Arianne, cliente depuis un an. En effet, dans les grandes agglomérations, nombreux sont les particuliers à manquer de temps pour cuisiner. Dans ces cas, les pizzas et les plats chinois sont souvent la solution de facilité, mais les consommateurs sont d’avantage tentés de se tourner vers une nourriture équilibrée. Arianne est d’ailleurs fière de pouvoir dire « Je n’ai pas de programme particulier, mais j’ai tout de même perdu trois kilos sans réellement y faire attention. » Si en plus c’est bon pour la ligne… arthur sCrima
lA DIéTéTIQUe, le renOUveAU De lA lIvrAIsOn à DOMICIle la livraison à domicile a connu jusqu’en 2002 une immense croissance. malgré une légère baisse jusqu’en 2006, ce secteur d’activité connaît depuis 2008 un véritable renouveau, notamment avec l’apparition des repas diététiques. un service qui ne coûte cependant pas forcément plus cher que les pizzas, nems, sushi, fajitas, ou hamburgers… la pizza d’ailleurs représente 60% de la restauration livrée à domicile à elle seule ; avec un chiffre d’affaire de 2,35 milliards d’euros, 13.000 pizzerias, et 3 milliards de pizzas commandées chaque année (source : senavia).
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reedom, un pub irlandais à deux pas des Champs-Elysées. Une odeur de bière flotte dans la salle. Les individus venus décompresser après le travail sont installés sur les canapés en cuir et la musique des Rolling Stones couvre le commentateur du match de foot diffusé. Un jour avant le week-end, l’ambiance est détendue. Une belle jeune fille aux longs cheveux bruns attend au fond du pub. Fiona, 20 ans, accueille avec un sourire éclatant les personnes venues ce soir pour trouver un colocataire. Avec ses sœurs, Vilma et Maïwenn, elle organise les jeudis de la colocation. Des soirées qui permettent de rencontrer son futur colocataire autour d’un verre. « Quand on recherche sur internet, on sélectionne par appartement. Mais il est beaucoup plus important d’avoir un bon feeling avec la personne », explique Maïwenn. Depuis 11 ans déjà, ces rencontres ont lieu une à quatre fois par mois à Paris. L’idée de rencontrer son colocataire avant d’emménager vient de Fred de Bourguet. Créateur de colocation.fr, il était auparavant l’organisateur de ces rencontres. Mais, après que le site a été vendu en septembre 2012, les trois sœurs ont décidé de leur propre chef de continuer les soirées. A droite, au bar, Jules, 23 ans, un informa-
ticien originaire de Lyon sirote sa pinte. Sur sa chemise il porte un badge avec son nom et la ville où il souhaite habiter. Comme la plupart des personnes présentes, il veut vivre dans Paris intramuros. « Cela fait trois semaines que je cherche une colocation. Je ne suis pas pressé de trouver quelqu’un tout de suite, mais comme je viens de Lyon, je veux étendre mon réseau ici. »
Idéal féminin
A première vue timide, il est intarissable lorsqu’il s’agit de partager sa vision d’une colocation idéale : « les meilleurs appartements sont ceux qu’on partage avec des filles. Elles sont les colocs parfaites, mais aussi très exigeantes dans la sélection ». Alors que c’est la deuxième soirée pour Jules, Katie, une étudiante australienne, est novice. Elle est venue avec Nicolas, son « potentiel futur colocataire », qu’elle a rencontré sur un site dédié. Katie a déjà visité son appartement plus tôt dans la journée, mais ils sont quand même venus à ce rendez-vous. « On s’entend bien mais rien n’empêche de continuer la recherche », explique Nicolas qui vient de reprendre ses études. « D’ailleurs, ça nous permet de rencontrer des gens ». Il est un des rares individus qui propose son logement ce soir-là. A 39 ans, il a adopté une véritable philosophie autour de la vie à
plusieurs : « Je la pratique depuis dix ans déjà. Je suis célibataire, j’ai un grand appartement et le partager avec quelqu’un évite que je me sente seul. » Pendant la soirée, on tourne, on discute, on boit, mais avant tout, on cherche avec qui on va habiter. A la fin, Jules s’est rapproché de son idéal : il a rencontré deux filles intéressées. Nicolas et Katie sont repartis ensemble : peut-être reviendront-ils la prochaine fois, mais, cette fois-ci, juste pour boire un coup. ann-marie KorneK
MAnGer seUl : C’esT OUT après la Colocation et le Covoiturage, voici maintenant le Colunching. au lieu de passer sa pause midi en solitaire, pourquoi ne pas déjeuner en compagnie d’inconnus ? on se retrouve dans un restaurant proposé par le site de Colunching et c’est l’occasion d’élargir son réseau professionnel ou privé. pour participer, il suffit juste de s’inscrire sur le net, mais attention, il faut faire vite, car les places sont limitées.
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Une déduction fiscale non négligeable Le site « Les Menus Services » propose à ses clients de se faire suivre par un diététicien, qui leur prescrit ensuite un menu adapté à leur demande, suivie d’une livraison à domicile. C’est Alain Balandreaud qui depuis 2003 assure le développement de cette entité. Il demande alors à ses diététiciens de réaliser un réel suivi des repas. Tous les mois, les diététiciens attitrés contactent les clients pour s’assurer de leur satisfaction. Ils vérifient aussi que les prestations conviennent aux attentes. Mais la qualité des produits diététiques n’est pas le seul avantage du service de livraison de repas sain et équilibré. Les clients se voient accorder une déduction fiscale, lorsqu’ils déclarent avoir recours à ce service. Ainsi, un déjeuner à la carte (entrée, plat, garniture, laitage, dessert et pain) à 13,15 euros, passera à 9,20 euros après la déduction fiscale. Des forfaits à la semaine sont même proposés.
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haque semaine, il est possible de commander les repas de la semaine suivante aux jours choisis, d’être libre de ses envies, et de respecter une nutrition saine et équilibrée. Garder la motivation de suivre des repas diététiques n’est plus difficile. La diététique fait désormais envie. On est loin de l’image des légumes vapeurs fades et sans consistance. Elle se positionne maintenant sur le goût d’ingrédients frais et savoureux. Lundi : tomates mimosa, foie à la dijonnaise, riz à la créole, Saint-Moret, tartelette ananas, et mardi : mousseline aux légumes, canette aux airelles, spaghettis, pont l’évêque, et une pomme. Tous les deux alléchants, c’est à la portée de tous. C’est la particularité de « Menus Services ». Cette entreprise propose d’apporter aux clients cette touche de santé lors des repas. La livraison de repas à domicile n’est plus occasionnelle, mais bien hebdomadaire ou quotidienne, et surtout diététique !
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TrAnsPOrT
voiTuRE éLECTRiquE
Un nid pas si douillet Appartager.com, colocation.com, easycoloc.com… Face à une demande de plus en plus importante, des sites de colocation n’ont cessé de se créer sur la toile ces dix dernières années. On y trouve des annonces par milliers, et pourtant, trouver son bonheur, particulièrement à Paris, relève du parcours du combattant.
AveC OU sAns sOlIDArITé
Autolib’ dans les embouteillages
la colocation n’est pas encore encadrée spécifiquement par la loi. il existe deux formules. plusieurs contrats pour un même logement : en cas de départ, les autres baux sont toujours valables. ou bien, un seul bail co-signé par plusieurs personnes, accompagné d’une clause de solidarité qui désigne les colocataires comme indivisibles. le propriétaire peut ainsi exiger la totalité du loyer.
Le groupe Bolloré surfe sur l’écologie pour tous. La révolution Blue Car système d’auto partage est proposé à tous les habitants d’Île-de-France. Seul bémol, le trafic parisien est toujours encombré.
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Pas d’âge pour la colocation C’est un fait, le vivre ensemble attire étudiants, salariés et même seniors, en quête de prix moins élevés pour un logement bien souvent plus confortable et plus spacieux. Le calcul est simple : pour un loyer similaire, on peut opter pour une chambre de bonne de 15m2 ou pour
le groupe bolloré a lancé une application pour iphone. elle vous informe en direct de l’emplacement d’une blue Car la plus proche, d’une place de parking ou d’une borne libre. téléchargeable directement sur votre téléphone portable, un nouveau système vous permet maintenant de réserver à l’avance votre voiture et votre place de parking.
S © Héloise Gallien
Caroline et ses colocs ont invité leur amie Fériel pour une soirée crêpes.
une chambre dans un appartement avec une cuisine, une salle de bains, et parfois même un salon. Selon Marine Nourion, l’intérêt de la colocation est souvent de bénéficier de plus grands espaces de vie
« Trouver un appart en coloc c’est 100 annonces, 20 réponses, 2 visites. » commune et de pouvoir ainsi recevoir plus facilement. Cependant, choisir correctement son colocataire est primordial car ce mode de vie qui paraît si attrayant peut vite se transformer en cauchemar. Camille, 20 ans, a choisi ce système, principalement pour des rai-
sons financières : « J’ai trouvé ma colocataire sur un site, on ne se connaissait pas, mais nous nous sommes rencontrées trois fois avant de chercher un appartement ensemble. Une fois installée, elle a totalement changé de caractère, elle ne respectait pas les règles de base et ne participait jamais aux tâches ménagères. » Vivre en communauté, ça s’apprend, et ce à n’importe quel âge. En effet, les seniors sont de plus en plus nombreux à se lancer dans l’aventure de la colocation. Un site spécialisé dédié aux plus de 40 ans s’est même créé en 2009 : partage-senior.com. Pour les seniors souvent touchés par la crise, c’est une bonne alternative aux maisons de retraite. La cohabitation leur offre une meilleure qualité de vie et évite l’isolement. héloïse gallien
http://dicodelauto.yakarouler.com/autolib%E2%80%99-le-bilan-apres-6-mois/
on utilisation augmente de 5% par semaine. Le phénomène Autolib’, au départ un pari risqué, se révèle plus que gagnant. Près de 530 180 personnes ont déjà loué une voiture depuis le lancement du projet. Ce service proposé par le groupe industriel Bolloré et choisi par la mairie de Paris en partenariat avec quarante-sept communes environnantes, compte de plus en plus d’adeptes. Il est lancé dans les rues d’Île de France avec 250 voitures le 5 décembre 2011 par Bertrand Delanoë, maire de Paris. Un système d’auto partage et de transport propre en fait sa force. Son ambassadrice, la fameuse « Blue car », est reconnaissable grâce à son design pauvre et sa carrosserie sans peinture. Elle est disponible aux quatre coins de Paris.
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près avoir passé une année seule dans un 13m2, Caroline, jeune étudiante de 20 ans, a choisi de partager un appartement avec deux filles de son âge : « Je me suis rendu compte que j’avais besoin d’une transition entre ma vie avec mes parents et ma vie d’adulte. La colocation m’a permis de tisser de nouveaux liens, tout en me responsabilisant. » Cependant, pour Caroline, la recherche a été plus que périlleuse : « J’ai passé un mois à arpenter les sites Internet, mais la plupart étaient payants et les annonces étaient saturées de demandes. Quand j’ai enfin trouvé mes deux colocataires, il a fallu dénicher un appartement. Sur cent annonces, il doit y en avoir vingt qui répondent et seulement deux qui acceptent d’organiser une visite d’appartement. » En effet, Marine Nourion, directrice de l’agence du Canal dans le 10eme arrondissement de Paris remarque que les propriétaires sont peu à accepter la cohabitation. Ils pensent souvent que des colocataires vont faire plus de bruit qu’une famille et ne vont pas rester assez longtemps dans l’appartement. « C’est dommage car les colocataires ont la plupart du temps de très bons dossiers puisqu’ils peuvent avoir plusieurs garants », remarque la directrice de l’agence du Canal, « notre rôle est alors de rassurer les propriétaires en les renseignant un peu plus sur ce type d’habitat ».
l’APPlI IPhOne
Virginie, 33 ans, se gare et branche la borne de recharge électrique à son véhicule. Elle habite en banlieue, mais travaille en plein centre de Paris. Grâce à Autolib’, elle se sent libre dans ses déplacements. Elle nous explique ce qui l’a poussé à l’utiliser. « Le côté écolo m’a séduit. Il y a encore quelques années, je voulais acheter une voiture électrique. Dès que j’ai entendu parler d’Autolib’, j’ai voulu essayer car il y a des bornes juste à côté de mon lieu de travail ! Je n’ai pas été déçu. D’où mon abonnement premium (abonnement à l’année) ».
Malgré le bilan positif d’Autolib’ les sceptiques persistent et signent. Romain, 23 ans, en stage à Neuilly-sur-seine a testé une fois et sans aucun doute c’était la dernière. Il passe devant le stand Bolloré
Le 1er décembre 2011, près de 1 100 préabonnements avaient été enregistrés. Une semaine plus tard, la barre des 6 000 était dépassée. À ce jour, le réseau compte environ 35 000 abonnés, 6 000 premiums pour un parc de 1 750 véhicules, 670 stations et 3 900 bornes de rechargement. Les 3 000 Blues cars annoncés sont prévus pour la fin d’année 2012. Devant l’engouement suscité par Autolib’, selon Vincent Bolloré, l’équilibre Financier du projet a été revu pour l’année 2014. Initialement annoncée pour 2018, la barre des 80 000 abonnés n’est plus très loin.
au salon de l’automobile sans même y jeter un regard. « Allez comprendre. En quoi rajouter des voitures dans Paris, qui est déjà encombré, va éviter les embouteillages ? j’ai dû prendre une Autolib’parce que j’étais en retard. Je n’ai pas gagné de temps, j’en ai même perdu. Il faut connaître la carte des bornes et des places de parking par cœur pour s’y retrouver pour peu cher. De la
Deux ’Autolib’ prêtes à être utlisées.
« Toutes les médailles ont deux faces.»
poudre aux yeux. » Un rapport déposé par Europe Ecologie Les Verts l’année du lancement d’Autolib’ dénonçait un coup marketing et un leurre écolo de la part de Bolloré. Malgré une batterie unique au monde, le problème est l’électricité nucléaire utilisée et la recharge des batteries qui prend plusieurs heures. « Comment rester insensible quand on connaît les pics critiques de consommation hivernaux qui surchauffent le réseau.» précise le rapport. Les embouteillages persistent et l’élimination de CO2 ne faiblit pas. Autolib’ remplace surtout le recours aux taxis. Difficile de prouver la réussite écologique du projet. Le nombre de voitures en ville a même augmenté. Xavier le besChu de Champsavin
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CovoiTuRAGE
AuToMédiCATioN
Gare à vos soins
la vitesse supérieure est enclenchée
La vente des médicaments sans ordonnance et l’automédication en règle générale connaît une progression inquiétante depuis quelques années. Pour Jean-Luc Audhoui, membre du conseil de l’Ordre des pharmaciens, ces pratiques ne sont pas à prendre à la légère.
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Particulièrement présent sur Internet, le covoiturage explose ; le site BlaBlaCar.fr (ancien covoiturage.fr), leader du marché, relève plus de 200 000 nouveaux utilisateurs lors de la période juillet/août 2012, tandis que les plates-formes inter-entreprise et inter-municipalité fleurissent sur la Toile. Avec seulement 40% des lieux de travail desservis par les transports en commun et une hausse constante des prix de l’essence, les salariés sont à la recherche d’un moyen de transport économique particulièrement en zone peri-urbaine et rurale. Laure Wagner du site BlaBlaCar.fr explique qu’en effet, « un salarié qui parcourt 20km/jour peut faire jusqu’à 2100 euros d’économie par an. » Consciente du boom de ce mode voyage, la société d’autoroute Vinci a déjà mis en
économie, convivialité et écologie, principales motivations de covoiturage.
place une quinzaine de parkings gratuits aux abords de péages – le but étant de sécuriser l’espace et d’éviter les traversées de voies sauvages des piétons pour rejoindre un véhicule. La société compte d’ores et déjà doubler le nombre d’aires de covoiturage d’ici à 2 ans.
« Toujours sympa de pouvoir discuter »
Les boîtes d’intérim surfent également sur la vague du covoiturage, comme Synergie à Saint Germain en Laye où, parallèlement à l’offre de mission, une solution motorisée est proposée aux intérimaires qui ne possèdent pas le permis de conduire. Idem à l’agence Crit Intérim de Cergy Saint Christophe ; Chourouk, 23 ans, accomplit des missions ponctuelles depuis 5 ans : « Pour moi, le covoiturage c’est un vrai bonus, on peut presque dire que je gagne de l’argent car quoi qu’il arrive, j’effectuerai ces trajets. Et puis, c’est toujours sympa de pouvoir discuter en route. » Enfin, les mairies et les collectivités se sont également engouffrées dans la brèche, en
proposant leurs propres dispositifs de covoiturage, à l’instar de la mairie de Levallois qui enregistre quelques milliers d’utilisateurs inscrits en 2ans et demi. mathilde guillaume
AU PIeD levé. pour pallier les principaux inconvénients du covoiturage, comme le faux-bond de dernière minute, l’application blablacar sur smartphone permet de trouver un véhicule au débotté. « il s’agit du même système de moteur de recherche que sur notre site internet, mais les conditions sont plus souples et permettent à une personne qui quitte plus tard son lieu de travail, à cause d’une réunion par exemple ; de pouvoir rejoindre son domicile », indique laure Wagner.
LPI : Si les médicaments sans ordonnance se vendent mieux qu’avant, n’y a-t-il pas un paradoxe entre votre rôle de conseil et votre métier de commerçant ? JLA : Notre déontologie nous pousse à considérer la personne avant tout en tant que patient. Notre mission première est le conseil et le préscription du bon remède si besion est. Celui qui vient nous voir est d’abord un malade avant d’être un client. L’accès libre, à ne pas confondre avec le «libre-service», doit se faire dans un cadre clair pour que la sécurité prime. La pharmacie ne doit pas être une «superette» mais un espace de santé disponible et accessible facilement.
LPI : Que pouvez vous dire du business qui entoure ces sites de vente en ligne ? JLA : J’appelle ça du grand banditisme. Ce sont des laboratoires clandestins, des routes similaires à celles de la drogue et un trafic sur internet à grande échelle. Sur le web on peut aussi bien trouver de l’herbe que des champignons hallucinogènes ou des drogues de synthèse. Les brule graisse, dopants et autres excitants sont du même tonneau. Tous ces produits, souvent contrefaits, sont d’ailleurs interdits à la consommation. fabian lossa
«pasLaêtre pharmacie ne doit une “superette”» Jean Luc Audhoui se méfie de l’automédication.
LPI : La fréquentation des forums médicaux en ligne est en perpétuelle hausse. Ce phénomène encourage-t-il l’automédication ? JLA : Très clairement. Et c’est un vrai fléau puisque rien ne remplace le diagnostic d’un professionnel de la santé face à un cas particulier. Plus grave encore, ce sont les sites qui proposent des médicaments en ligne au rabais. Il faut savoir que la plupart d’entre eux sont des contrefaçons toxiques ou des médicaments présentés comme des génériques qui ne sont rien d’autre que des drogues de synthèse dissimulées sous le terme de médicament. Ici encore, les complications peuvent être très graves et conduire la personne directement à l’hôpital.
MéDOCs en TOC plus de 50% des médicaments vendus sur internet sont des contrefaçons. d’où des saisies impressionnantes comme celles réalisées entre le 25 septembre et le 02 octobre. en partenariat avec interpol, les douanes de 100 pays, dont la france, ont saisi plus de 3,7 millions de médicaments contrefaits, donc dangereux. un butin record estimé à 8,10 millions d’euros. en france, la prise s’est élevée à 427 000 produits dont 151 000 dopants et autres excitants type viagra.
EFJ2 • Octobre 2012 • L’indépendant magazine
EFJ2 • Octobre 2012 • L’indépendant magazine
« Jusqu’à 2100 euros d’économie par an »
© sdea
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u cœur de l’esplanade de la Défense, une pancarte annonce le parking Centre Vinci. En bas des marches, outre le service de location de moto avec chauffeur, un espace est désormais dédié au covoiturage. Henri, chef de projet sécurité à Manpower, est à l’affût depuis quelques minutes, fixant la cage d’escalier à la recherche de son conducteur : « Je l’ai rencontré via mon ancien covoitureur et collègue, qui a été muté cet été. » Stéphane, ingénieur électronique à Neuilly-sur-Seine, passe par la case métro avant de rejoindre leur lieu de ralliement. Henri a donc pris l’habitude de patienter chaque soir : « Le matin c’est plus simple, on habite à une dizaine de minutes l’un de chez l’autre, à Saint Rémy en Chevreuse. » Qu’importe l’attente pour ce dernier, il préfère cela aux transports en commun en solitaire : « On fait le trajet ensemble quotidiennement, on est vraiment devenu proche ; c’est l’avantage aussi du covoiturage, les rencontres. »
LE PETIT INDéPENDaNT : La vente de certains médicaments en accès libre depuis 2008 a favorisé l’automédication des Français. Que pensez-vous de cette pratique ? JEAN-LUC AUDHOUI : J’ai toujours eu beaucoup d’achats de médicaments contre les maux de ventre ou de tête. Mais je remarque que les somnifères et anti-douleurs sans ordonnance sont de plus en plus demandés. Cette forte tendance à l’automédication m’inquiète car bon nombre d’idées reçues circulent encore. L’aspirine par exemple, n’est pas la meilleure substance à utiliser en cas de fièvre ou de douleur. Mon rôle de pharmacien m’ordonne une mission de conseil pour prévenir au mieux les problèmes d’interraction entre les molécules qui peuvent avoir des conséquences néfastes. De plus les patients ignorent souvent s’ils sont allergiques à telle ou telle substance ce qui peut entraîner de dangereuses complications. Troubles homonaux, douleurs à l’estomac, migraines ou plus graves encore, les conséquences emmènent souvent les malades à l’hopital. En outre, l’automédication est un comportement qui doit être de courte durée. A long terme, cette pratique peut se révéler très risquée.
© Cécile Debise.
Autrefois réservé aux auto-stoppeurs et aux étudiants, le covoiturage connaît depuis quelques années une croissance exponentielle. Les salariés sont de plus en plus nombreux à s’en emparer, à la recherche d’économie et de convivialité.
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hôTELLERiE
TouRisME MédiCAL
Implants dentaires sans frontière Chaque année, 3 millions de personnes dans le monde se font soigner loin de chez eux. Hongrie, Tunisie, Brésil, Inde et bien d’autres pays proposent aux ressortissants étrangers de se faire opérer par des chirurgiens qualifiés.
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Un avis mitigé Dans son vaste cabinet parisien, le Dr. Yves Attal, chirurgien dentaire, explique que le tourisme médical ne doit pas être pris à la légère. «Dans la plupart des cas, les tarifs attractifs cachent un manque considérable d’expérience de la part du chirurgien.» Il ajoute que de plus en plus
Louer un « appart’hôtel » plutôt qu’un hôtel classique attire de plus en plus les clients. Les particuliers se ruent sur le concept arrivé des Etats-Unis et deviennent l’ennemi numéro un des hôteliers.
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La Hongrie est, comme la Tunisie, une destination spécialsée en chirurgie dentaire.
de bistouris français sont confrontés à une clientèle fuyante, prête à partir à des milliers de kilomètres. Un choix économique trop souvent pris aux dépens du danger. «Ces cliniques sont comme un contrat douteux. Pour être sur, il faut vraiment tout lire et étudier, jusqu’à la moindre petite ligne en bas de page», ajoute le Dr. Attal. Souvent, les packs proposés aux touristes ne prennent pas en compte le suivi et la convalescence nécessaires post-opératoires. Il apparaît difficile de consulter son chirurgien à des milliers de kilomètres, dangereux de reprendre l’avion après plusieurs heuresd’intervention. Michelle, retraitée, soutient que rien au monde ne l’aurait découragé. «Oui j’avais bien sûr pensé aux complications post-opératoires, mais pour quatre implants, je me suis dit qu’il n’était pas la peine de m’inquiéter. Je me suis alors rassurée en me disant que ça ne pouvait pas être pire.» conclut-elle. Mais tout le monde n’a pas l’assurance de Michelle et beaucoup de français sont
encore réfractaires à cette nouvelle tendance par peur du risque qu’elle importe.
jules-aloïsamand
Un sAInT ChIrUrGIen tourisme médical inclut également et surtout tourisme esthétique. l’amérique latine en a d’ailleurs fait sa spécialité. avec des prix défiants toute concurrence, c’est essentiellement au brésil qu’il se fait le plus important. une augmentation mammaire coûte là-bas environ 2 000€, soit 6 000 de moins qu’en france. mais ce n’est pas tout. dans un pays où le culte du corps est roi, la chirurgie esthétique va même jusqu’à injection de graisse dans les fessiers, ou les mollets. des pratiques moins courantes pour les européens en recherche constante de minceur.
Si les « appart’hôtels » obtiennent petit à petit du succès auprès des Français passant leurs vacances à l’étranger, le marché hexagonal est en pleine expansion. Le nombre de logement en France a augmenté de 35,7%, entre 2007 et 2009. Le parc d’« appart’hôtels » est passé de 407 à près de 600 résidences. En revanche, la Fédération française de l’hôtellerie (FFH) calcule « à 10% la diminution de l’occupation des chambres d’hôtels ». Mais le directeur d’Adagio City, Laurent Basnier, estime que 93% du marché français n’appartient pas aux hôteliers, mais à des particuliers séduits par le boom de la formule. Sur internet ou en agence de voyages, l’« appart’hôtel » chez l’habitant est facile à trouver à Paris, Carcassonne, ou encore Avignon. Prix abordable, une nuit pour deux personnes coûte une trentaine d’euros. La seule différence avec les promoteurs professionnels est que l’hôtel appartement ne propose pas tous les services tels que la réception, une piscine… La clef du succès ? Les avantages y sont nombreux : plusieurs pièces à vivre, salon, cuisine à disposition… Ania, 29 ans, chef de clinique à Lille y trouve son compte : « les hôtels appartements sont largement moins chers qu’un hôtel classique. J’apprécie le côté pratique pour organiser les allers et venues, et les repas, surtout quand tu n’as pas envie de
©Parisapparthotel.com
rès de 30% moins chers qu’un hôtel classique au confort semblable, les « appart’hôtels » deviennent la proie des amateurs de bonnes affaires. Le fonctionnement d’un hôtel appartement se rapproche d’un hôtel classique. La seule différence : le client est plus libre. Kévin, 20 ans, Parisien, est déjà adepte. « J’apprécie le fait de se sentir dans un appartement avec des services tout en étant dans un club de vacances ». En Espagne, il a pu profiter d’une piscine, et d’animations.
Avec son coin cuisine, ici, la cliente n’a pas besoin d’aller au restaurant.
manger au restaurant, midi et soir ». Idéal pour vacanciers ou hommes d’affaires, les hôtels appartements peuvent décevoir avoue Ania. « Ils ne sont pas tous du niveau auquel on croit s’attendre. Il faut être vigilant en lisant les annonces. Et puis pour nous les filles, qu’il n’y ait pas de séchoir à cheveux peut-être rédhibitoire. Un minimum d’organisation s’impose ».
Un marché qui dérange
Cet engouement ne ravie pas l’hôtellerie professionnelle, même si les usagers loueront volontiers à nouveau un « appart’ hôtel » pour leurs futurs déplacements. L’Umih, le syndicat professionnel des métiers de l’hôtellerie et Laurent Duc, le président de la FFH, sont en colère face à l’explosion des « appart’hôtels ». Laurent Duc différencie « les résidences de toursime ou hôtelières qui ont un permis de construire prévu à cet effet » de la location par un particulier. L’Umih et la FFH acceptent « le propriétaire est Français possédant l’hébergement en France et qui déclare ses revenus ». Laurent Duc souhaite que le loueur « n’échappe pas à l’impôt
français ». L’Umih, lancera une action contre le « para-commercialisme » des propriétaires d’hôtels appartements d’ici la fin de l’année 2012, et espère que l’Etat fera en sorte que les promoteurs répondent à la fiscalité française. En plus de faire face aux professionnels, les particuliers devront faire face à la crise. redouane bennour
MOIns Cher QU’Un hôTel la location d’un appartement hôtel se veut économique et avantageuse par rapport à une nuit dans un hôtel classique. a paris le coût moyen d’une nuit d’hôtel oscille autour de 200 euros par jour pour une chambre double, alors que le prix d’un appartement varie autour de 119€ par jour. a prague, le premier « appart’hôtel », lui, est à 33 euros la nuit pour deux, à 20 minutes du centre…
EFJ2 • Octobre 2012 • L’indépendant magazine
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hristine, Ilham et Michelle rêvaient depuis toujours d’une dentition parfaite. Voilà déjà 5 ans qu’elles se sont fait opérer par le Dr. Wissem, chirurgien dentiste au «Centre Dentaire Avicenne» en Tunisie. Christine, la voix sereine, explique qu’elle a trouvé l’adresse sur le net: «Sur le site, tout avait l’air correct alors j’ai foncé.» Reçues dans un hôtel 4 étoiles, accueillies dès l’aéroport et suivies tout au long de la remise sur pied, les trois femmes sont conquises. A peine âgée de trente ans, Ilham explique qu’il y a 5 ans, ses dents de devant était écartées et laissaient apercevoir des «dents du bonheur». Pour réaliser l’opération, il s’agissait de réduire l’espace entre les deux dents de devant et décaler les autres pour rééquilibrer la mâchoire supérieure. Coût total de l’intervention : 6 000€ en Tunisie. Ilham aurait du payer 26 000€ sur le sol français. «Même avec une bonne mutuelle, jamais je n’aurais eu les moyens de réaliser mon rêve» conclut la jeunefemme. Dans les pays d’Afrique du Nord, les frais dentaires sont considérablement réduis par le coût de la main d’œuvre. Pour attirer le plus de clients possible, les cliniques à l’étranger prônent le rapport qualité prix. D’après le centre dentaire «ce sont des tarifs moins élevés pour une qualité égale». Moins cher et toujours mieux, c’est le mot d’ordre de laclinique. Selon The Economist, si 3 millions de personnes à travers le monde profitent de ce nouveau mode de soins, 25 millions sont attendus d’ici 2015. En raison de tarifs de plus en plus attractifs, on constate déjà une augmentation du tourisme chirurgical de 45% depuis 2007.
le particulier fait de l’ombre aux professionnels
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Plus de neuf cents mille Américains se sont déjà laissé séduire par le canapé d’un étranger. Ici, La Bocca de Bertrand Lavier.
vACANCEs PAs ChER
le voyage vers de nouveaux horizons
CouChsuRfiNG
Casey fenton, un jeune webmaster américain s’achète un jour billet d’avion low cost pour l’islande. plutôt que de dépenser ses économies dans des nuitées d’hôtel, il a l’idée un peu folle d’utiliser la base d’emails des étudiants sur place pour demander l’hospitalité. il reçoit cinquante réponses positives, et de là échafaude le concept du couchsurfing. le principe : voyager en dormant gratuitement sur les canapés du monde entier.
france, diva des divans. Né aux Etats-Unis, le couchsurfing a pour principe la réciprocité et la gratuité. Dormir sur le canapé d’un inconnu ? La France s’y met en douceur…
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on canapé, Freddy, Parisien de 38 ans, l’a déjà partagé avec plus de soixante-dix personnes de nationalités différentes et ses expériences dans cette communauté dépassent les quatre cents. Son profil est l’un des plus visités lorsqu’on recherche un hébergement sur la capitale via le site internet Couchsurfing.org (« couch » : canapé en anglais). Les informations personnelles sont publiées à la vue de tous les internautes : Freddy bénéficie d’un atout majeur : un appartement à deux pas des Champs-Elysées. Le sexe du surfeur lui importe peu, mais il n’accepte ni les fumeurs ni les animaux.
réciprocité. Les adhérents ne doivent pas seulement profiter du domicile de l’hôte, mais « découvrir et faire découvrir selon que l’on visite ou que l’on reçoit ». Malheureusement, cette charte n’est pas toujours appliquée, surtout par les Français. Il n’est pas toujours évident de laisser un inconnu « squatter » son canapé !
Freddy a une devise: «J’essaie d’accueillir des voyageurs du monde entier et rencontrer le plus de gens possible». Il se dit disponible 24/24. En somme, c’est un Parisien ouvert et disponible, qui aime le partage et l’aventure, conscient de la demande mondiale. « Couchsurfeur » depuis 2002, Freddy est un pionnier à Paris. Ce réseau sans but lucratif est méconnu et déconcerte les habitudes françaises. Pour Evelyne, globetrotteuse de 45 ans, cette nouvelle façon de voyager va se développer : « Les facteurs financiers et humains en seront les raisons majeures ».
«Je ne pense pas que je laisserais mon appartement à un inconnu, on ne sait pas sur qui on peut tomber ! Je ne veux pas rentrer un jour et trouver mon appartement vide ! » S’exclame Louise, 22 ans. En couchsurfing à Vérone, la jeune bretonne s’était étonnée de constater que son hôte, musicien, avait en elle une confiance aveugle et qu’il partait deux jours en concert, lui laissant la clé de son appartement !
Ce système, principalement axé sur les échanges culturels prône un système de
« Il suffit d’un canapé,
d’un micro-ondes et de l’envie de partager un repas ! »
Pourtant, il semble que depuis 2009 les mentalités évoluent. La France est désormais la troisième destination choisie par la communauté. Avec plus de 100 000 inscrits en 2012, l’Hexagone rattrape doucement son retard sur les Etats-Unis et l’Allemagne.
Ophélie, jeune bordelaise, pratique le couchsurfing depuis 2010. Une expérience positive au Brésil lui a donné envie de poursuivre : « Lorsqu’on reçoit un surfeur chez soi, on retrouve toujours un peu d’aventure, d’exotisme dans son quotidien. On fait des rencontres intenses, car on rentre complètement dans l’intimité de la personne, ces liens sont très enrichissants. Il suffit d’un canapé, d’un micro-ondes et de l’envie de partager un repas. Je l’ai conseillé à mes parents, ils envisagent dans un premier temps de tester l’échange de maisons et pourquoi pas le couchsurfing avec des gens du même âge ! » L’essayer c’est l’adopter ? elsa tordjman
Échange appartement contre… appartement. Le concept est en passe de devenir un véritable phénomène. Que ce soit pour passer des vacances à moindre coût ou pour allier plaisir et convivialité, l’idée séduit de plus en plus de Français.
«N
ous pouvons passer nos vacances à l’étranger tous les ans et à chaque fois dans un pays différent sans nous soucier des dépenses ! C’est formidable ! » s’exclame joyeusement Catherine Hennebois, 54 ans. Cette mère de trois enfants échange sa grande et belle maison du Sud de la France contre celle d’une autre famille depuis maintenant cinq ans et semble ravie de ce choix plutôt atypique. « Grâce à ce système, on passe de meilleures vacances car on peut manger dans des restaurants et faire plus de sorties, par exemple ». Le concept d’échange de maison ou d’appartement encore mal connu en France, fait pourtant de plus en plus d’adeptes. Le principe est simple : deux familles échangent leur maison durant les vacances, s’épargnant ainsi les frais d’hôtel. Le phénomène prend tellement d’ampleur que des sites fleurissent sur la toile et attirent chaque jour de nombreux intéressés. À titre d’exemple, les sites trocmaison.com, échangedemaison.com ou encore homelink.fr qui permettent à des milliers de personnes de consulter et de poster des annonces puis de se contacter. Les affinités et le dialogue font le reste. D’ailleurs la barrière de la langue est rarement un problème bien que les échanges se fassent avec des familles vivant à l’étranger : « Nous sommes allés en Norvège en juillet et l’autre famille a peu bougé, elle voulait simplement profiter de la maison et se balader dans le village», ra-
conte avy28 sur le site Doctissimo.fr. Pour ceux qui veulent tenter l’expérience sans se retrouver seuls face à d’innombrables inconnus, il existe une agence, la seule en France, qui met en relation les familles en fonction des critères et des disponibilités : « L’agence Bovilé s’occupe, entre autres, de toutes les démarches administratives. Elle met en relation les clients compatibles et, avec leur accord, on finalise le projet. » précise Michel Boyer le fondateur de l’agence. L’avantage de faire appel à cette agence est de bénéficier d’un accompagnement durant la planification de l’échange ainsi que d’un réel suivi après le séjour. « Nos clients sont surtout attirés par le fait qu’on s’occupe de tout et il y a beau-
coup de bouche-à-oreille. Grâce à cela, on a une augmentation de 15 % chaque année », ajoute-t-il. Pour d’autres, le côté convivial est ce qui séduit le plus : « Au début j’en discutais sur Internet avec des contacts espagnols sans pour autant me prendre au sérieux, puis un jour on s’est dit que ce serait sympa d’échanger nos appartements et de découvrir l’univers de l’autre. » raconte Sandrine Pingeot, aide soignante en région parisienne. « D’ailleurs je ne pense pas que j’aurais le courage de confier mon appartement à de parfaits inconnus. Cela me fait peur. », ajoute-t-elle. Des réticences qui ne découragent pas des milliers d’audacieux. nassima Kadri
Un COnCePT QUI séDUIT selon une récente enquête réalisée par le groupe pap (particulier à particulier), 58% des français accepteraient de louer leur domicile pendant les vacances en leur absence. parmi eux, 11 % affirment avoir déjà échangé son appartement ou sa maison durant leur séjour et 46% considèrent que cela leur permettrait de compléter leurs revenus. en revanche 31 % des sondés se disent contre cette pratique..
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Genèse DU COUChsUrfInG
échange entre une maison en Bretagne et un appartement en Italie.
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MODe De vIe
MODe De vIe
édiTioN
l’ebook pas encore à la page
les ados suspendus aux blogs
Depuis l’arrivée des livres numériques sur le marché français, leurs ventes piétinent. Ce, malgré la multiplication des supports et les efforts des éditeurs.
Les blogueuses sont devenues en cinq ans prescriptrices et précurseurs des nouvelles tendances vestimentaires. Leur influence dépasse désormais celle des magazines féminins. Mais quel rôle jouent-elles vraiment sur la consommation des 15-25 ans ?
Ça augmente… un peu
Mais avec l’arrivée de liseuses à bas prix, comme la Kindle d’Amazon à 99 euros, les ventes de livres immatériels ont grimpé en flèche, progressant de 80% par rapport à l’an dernier. Malgré cela, la hausse n’est
les ebOOks C’esT à lA vIe, à lA MOrT avec les ebooks, il n’est plus possible de léguer ses livres à sa descendance. tout particulièrement dans le cas de l’utilisation d’une liseuse d’amazon. la compagnie affirme en effet que le contenu du Kindle ne peut être cédé ou transféré. ainsi, l’acquisition d’un livre numérique pour une dizaine d’euros est plus proche d’un emprunt à long terme, que d’un achat définitif. néanmoins, il est toujours possible de céder sa liseuse. à charge pour les héritiers de se la partager.
Une Kindle, la liseuse d’Amazon lancée en novembre 2007 s’est vendue à plus d’un million d’exemplaires, tous modèles confondus.
toujours pas visible sur le marché. Ainsi, certains acteurs du livre pensent que le prix des œuvres virtuelles doit encore
Avec l’eBook le sac de Sarah est plus léger
baisser, pour devenir vraiment attractif. Bernard Strainchamps est libraire en ligne chez Feedbooks, une start-up spécialisée dans les livres numériques. Selon lui, le problème se situe au niveau des éditeurs : « les diffuseurs français proposent une offre […] à un tarif souvent prohibitif, car ils souhaitent que leur réseau de distribution papier reste rentable. »
Le livre papier semble donc avoir encore un long avenir devant lui. Car même si quelques librairies souffrent de ventes en baisse, elles invoquent la crise et la concurrence d’autres acteurs tels qu’Amazon. Pas de risque donc de voir mourir l’héritage de Gutenberg de si tôt. Toujours selon le libraire : « le seul péril identifié à ce jour, c’est qu’à terme les éditeurs devront améliorer la qualité des bouquins. » On pourrait donc bientôt voir arriver des livres aux couvertures plus travaillées, ou avec une meilleure qualité de papier. Mais les ouvrages virtuels ont encore le temps de se développer. Après tout, quarante ans après l’invention de l’imprimerie, les rayons des bibliothèques ne croulaient pas sous les livres. johnny itiCsohn
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es blogueuses de mode ont pris le pouvoir. Assises au premier rang des défilés, elles sont devenues l’arme ultime des marques pour gagner en crédibilité. Les blogs auraient une influence deux fois supérieure à celle des magazines féminins. Les journalistes les détestent et les qualifient de « virus ou d’épidémie ». Coachées par ces blogueuses, la plupart des « adulescentes » ou « young adult » leur sont entièrement et quotidiennement dévouées. A quoi ressemble une blogueuse de mode? Son cliché parfait, ce serait une grande sœur bienveillante qui, chaque jour, se photographie dans des tenues mélangeant H&M et HERMES, sur fond de service à thé et de macarons. En fait, la plupart d’entre elles vont filmer leur interminable séance de maquillage devant la webcam de leur salle de bains, puis vont se photographier sur leur canapé, ou encore dans le parc de la rue d’à côté. Tout ça dans des poses lascives, en nuisette ou survet Lacoste. Et pourtant, ce sont elles qui ont pouvoir de vie ou de mort sur une marque et transforment en or la tenue qu’elle vont poster. Et même si la plupart n’existent que depuis cinq ans, leur influence a dépassé celle de VOGUE, institution historique née en 1892 ! « Leurs bons plans sont utiles pour se refaire une garde-robe à moindre frais ailleurs que dans les bennes à ordures vêtements de la Croix Rouge » reconnaît Marie, 21 ans, fervente fidèle des blogs de mode. Sophie, 25 ans, quant à elle, vient y rechercher « le mode d’emploi de la mode du quotidien. La plupart des magazines se bornent à présenter du luxe inaccessible pour beaucoup ». Car la blogueuse est une vraie police du style qui épingle avec humour les fashion faux-pas. La blogueuse est le révérend Moon version fashion. Julia, manager chez YSL, va jusqu’à affirmer que ces blogs sont « des précurseurs de tendance. Les marques invitent d’ailleurs les blogueuses pour recueillir leur avis sur la prochaine collection».
http://www.laurenceborel.com/2011/11/13/ guest-post-the-rise-and-influence-of-bloggers/
©Wikipedia
andis qu’aux EtatsUnis, un livre sur cinq est un eBook, dans l’Hexagone on en est encore très loin. Le trimestre dernier, les ouvrages numériques ne représentaient que 1% des ventes de livres. Déjà en 2010, alors qu’un bien culturel sur dix acheté en France provenait légalement du web, les livres virtuels peinaient à s’imposer. Pour ta nt, ces œuv res ne manquent pas d’arguments. Le prix d’abord. En France, un livre numérique coûte en moyenne 20% de moins que le format papier. Ainsi, un ouvrage physique à 19 euros est vendu à 15 euros. Le support ensuite. Si l’eBook plaît aux jeunes, c’est principalement grâce aux terminaux : tablettes, ordinateurs, liseuses et surtout téléphones portables. Sarah, 16 ans, lisait déjà des livres avant de passer au numérique, maintenant elle assouvit sa soif de lecture sur son smartphone, avec lequel elle lit deux ou trois livres par semaine : « je ne voulais pas trimballer un gros bouquin dans mon sac tous les matins en allant à l’école. Désormais j’ai quinze romans différents sur mon portable. Du coup c’est super léger ! » Pouvoir emporter sa bibliothèque partout avec soi : un vieux fantasme de bibliophage maintenant réalisable. Les œuvres virtuelles souffrent du téléchargement illégal : un manque à gagner non négligeable. Près de 20% des lecteurs d’eBooks déclarent d’ailleurs se procurer leurs ouvrages de façon illicite, d’après un sondage Opinion Way.
Sacrilège : Bryanboy à côté d’Anna au défilé D&G 2011
« Certains blogs, dont celui de Bryan Boy, comptent deux fois plus de visiteurs que le site de VOGUE. Or, 60% de ces blogs n’existent que depuis 2008. Et leurs adeptes ont entre 14 et 25 ans» d’après Elham, styliste. Nicolas L., journaliste au Figaro Madame explique leur succès « par leur indépendance liée à l’absence d’impératifs financiers. Le blog ne coûte rien. Ce qui le met à l’abri, au moins au début, de toute corruption ». Pour éviter le suicide de son magazine, la rédaction peut supprimer un article ou en couper des passages, alors que la blogueuse, elle, ne s’autocensure pas. C’est cette liberté de ton direct et sans chichi, qui attire les e-fashionistas. Toujours d’après Nicolas L., le blog « est un médiateur entre les happy few et la petite bourgeoisie universelle. C’est la mondialisation du rare. Car les adolescentes appa-
reillées en permanence de leur iPhone ou iPad, sont devenues des mutantes ». D’où ces lolitas de 25 ans, qui sous l’influence de la blogosphère, s’habillent en héros de manga avec frous-frous, nœuds, rubans, et ombrelle. Les marques courtisent désormais ces « nouveaux » media en leur proposant des expériences originales pour favoriser leur relais sur ces précieux billets. Ainsi en 2010, les Galeries Lafayette ont proposé à des blogueuses de créer leurs vitrines. Et en 2012, Bulgari a invité des blogueuses dans son spa à Milan. Résultat : les Galeries ont une publicité gratuite de leurs vitrines sur les blogs, et pour Bulgari, les blogueuses se sont photographiées en « tenues du jour » dans son spa. ségolène piaton
Une PrODIGe AMérICAIne en 2008, du haut de ses 13 ans, avec ses grosses lunettes et ses cheveux gris, l’américaine tavi gevinson lance son blog de mode style rookie. elle se photographie dans des looks hyper pointus et commente les derniers défilés. son jeune âge, mais aussi ses goûts prononcés interpellent. son blog attire plusieurs millions de lecteurs. très vite, la Cendrillon du web 2.0 se retrouve au premier rang des défilés. tavi gevinson contribue en 2010 à créer une ligne de vêtements avec la maison rodarte. aujourd’hui tavi a 16 ans et n’a pas perdu de son influence qu’elle doit à une simple page web.
EFJ2 • Octobre 2012 • L’indépendant magazine
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servICes http://www.communique-de-presse-gratuit.com/yakasaiderfr-entraide-et-services-entreparticulier_91225.html
Troc et solidarité se marient dans une foule d’échanges possibles.
LA CoLoCATioN
Quand jeunes et seniors font bon ménage Depuis quelques années, la difficulté de se loger pour les étudiants est presque aussi préoccupante que la peur de vivre isolé chez les personnes âgées. Une angoisse qui les amènent à partager une maison commune.
L’Association Générations et cultures à crée des binômes féminins.
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e logement intergénérationnel, un « phénomène de société », explique Guillemette Jeanson, l’une des représentantes de l’association Ensemble 2 générations. « La colocation intergénérationnelle répond à deux phénomènes de société, l’isolement des personnes âgées qui souhaitent rester à domicile et le problème de logement des étudiants ». Cette pratique a fait naître en juillet 2010 le binôme Souleymane Diop, 26 ans, Sénégalais étudiant en master de commerce à Paris, et François Courgé, 87 ans, retraité veuf depuis un an, habitant Roissy-en-Brie. Aucune de ces deux personnes n’imaginait vivre cette expérience. En arrivant à Paris, Souleymane se retrouve confronté à la difficulté que rencontrent la plupart des étudiants : le logement. François Courgé, lui, trouvait sa maison de 180m 2 trop grande. Entre ses vieux meubles contenant chacun une histoire et les photos de famille sur les murs, il s’inquiétait de s’y retrouver isolé. Ce duo a alors fait toit commun.
Un partage de culture
Au début de cette colocation le duo a fonctionné selon la charte de l’association, le senior fournit à l’étudiant une chambre indépendante, un coin pour lui dans la cuisine, le frigo chacun prépare son repas. L’étudiant, lui, accepte quelques containtes comme le fait de ne pas pouvoir recevoir ses amis. Au fil du temps, la confiance s’est installée. Les barrières et les appréhensions sont tombées. « C’est une relation beaucoup plus humaine que d’autres formes de colocation », explique Souleymane « il est un
peu comme mon grand-père, malgré la différence de couleur de peau ». Le logement intergénérationnel est une aubaine pour Souleymane. Pour François Courgé cette cohabitation est une solution idéale qui le sort de son isolement et lui permet de retrouver une vie sociale. « J’ai horreur de la solitude mais je ne me sentirais pas mieux dans une maison de retraite que chez moi avec la compagnie d’un étudiant », exprime-t-il. Un partage de connaissances s’opère entre les deux colocataires. François Courgé affirme même mieux pouvoir parler de l’Afrique, lui qui n’y est jamais allé, grâce à sa cohabitation avec Souleymane. « Maintenant je cuisine et mange du tchep » ajoute-t-il. Quant à Souleymane, il prétend pouvoir parler de l’histoire de France mieux qu’un Français grâce à son logeur :
« j’ai de la chance de côtoyer cette bibliothèque vivante » dit-il. « Je profite de sa sagesse et moi je lui apporte un peu de jeunesse et de la vivacité ». Souleymane assure une présence bienveillante et rend quelques services à son logeur. En échange il ne paye pas de loyer. Bien que beaucoup de choses les séparent comme l’âge et la culture, une véritable amitié s’est nouée entre les deux hommes. Même si ces expériences sont généralement concluantes, la colocation reste compliquée pour certaines personnes âgées qui demeurent encore méfiantes. De nombreux enfants restent craintifs vis-à-vis de l’entrée tardive de cet «intrus » dans la vie de leurs vieux parents. marina itsiembou
PléThOre De CAnDIDATs 2 millions de personnes de 75 ans vivent isolées, selon une étude datant de 2010 de l’insee. pour cette rentrée universitaire, ils sont 1,5 millions d’étudiants à la recherche d’un logement. selon une étude d’ipsos, face à cette difficulté, 88% d’étudiants évoquent le coût du loyer, le faible nombre de logements disponibles et les trop grandes exigences des propriétaires.
le troc reprend du service À échelle réduite, le troc existe toujours sur le Net et est rebaptisé « échange de service ». De plus en plus de particuliers, amateurs ou professionnels recherchent des services en échange des leurs.
T
rès facile d’utilisation pour des personnes ayant peu de moyens ou n’ayant pas une grande connaissance d’Internet, servisphere.com est sans inscription pour les services gratuits, des particuliers peuvent s’inscrire et demander un salaire ou un chèque emploi service. C’est ainsi que Pierre 81 ans et Ahmed 26 ans se sont rencontrés. « Cela fait déjà un été qu’Ahmed vient tous les jours chez moi pour me tenir compagnie, me sortir et me faire à manger. J’étais seul et mal en point, j’avais besoin de quelqu’un à plein temps ». Ahmed venait d’arriver de Turquie quand il a posté son annonce sur le site. « Pour trouver un travail, j’ai besoin de parler français, Pierre m’apprend la langue et ça ne coûte pas d’argent ». Les deux hommes passent donc tout leur temps ensemble grâce a ce système : « J’étais professeur de philosophie. Apprendre la langue à un débutant malgré mon âge est une chose facile, nous dialoguons beaucoup et il apprend vite ». Sur un site comme troc-services.com, pour bénéficier de services, il faut avoir des Sols, une monnaie d’échange virtuelle. On en obtient 20 dès l’abonnement, les autres se gagnent en parrainant d’autres membres. Elle n’a pas de cours légal, mais permet de garantir un service de qualité.
Thierry, 30 ans, est un mordu de deux roues. Sur sa moto dans son garage, il explique que c’est le plaisir de transmettre aux autres qui l’a poussé à poster une annonce sur le site : « Je trouve que c’est une démarche constructive, je sais faire de la guitare et j’aime l’apprendre aux autres ». Thierry aime sa moto et rêvait de pouvoir la bricoler lui-même « J’attendais du service en retour d’apprendre la soudure de l’aluminium pour créer un réservoir et pouvoir le faire moimême par la suite ». Ce système lui a profité, Thierry est devenu ami avec le garagiste qui l’a aidé. « Nous avons parcouru la France en moto avec sa bande. Pour faire simple, l’échange de service m’a amené à faire des rencontres, c’est le côté humain que je retiens de cette expérience ».
Un système plus ou moins contrôlé
Il y a aussi des risques de déconvenues. Un administrateur explique : « Nous contrôlons les transactions des particuliers, s’il y a d’autres travaux pour le même client, le membre rémunéré doit déclarer sa paye ». Pour les services gratuits, il faut faire confiance à la personne à qui l’on s’adresse « Nous n’avons aucun contrôle sur les échanges gratuits, c’est aux membres concernés de vérifier la qualité ». Servisphère.com existe uniquement grâce à ses partenaires et n’est aucunement financé par la publicité.
« Nous sommes uniquement un site de mise en relation, nous ne prenons aucune commission sur les services rendus». Le manque de contrôle peut amener à des mécontentements : « J’ai prêté mon scooter à un homme pour 2 jours, il devait changer ma serrure, mais il n’est jamais venu », explique Jeanne avec regret. Le virtuel ne permet pas tout, surtout dans un domaine qui repose sur les relations humaines. arthur letang
les Offres les PlUs PrOPOsées 15 catégories de services sont disponibles sur troc-services.com. les plus prisés sont l’installation informatique avec 5167 offres, les réparations en tout genre avec 3851 offres et enfin le baby-sitting avec 2724 offres. le site propose 60392 services différents. les services peuvent êtres très variés et insolites. on peut proposer des visites chez le vétérinaire, des massages ainsi que la relève du courrier en passant par des aides à la toilette et l’hygiène.
EFJ2 • Octobre 2012 • L’indépendant magazine
Source : www.generationsetcultures.fr
éChANGEs
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bOns PlAns Dans le bric-à-brac du 104 rue d’Aubervilliers, les visiteurs chinent pendant qu’une employée établit une facture.
LEs vidE-GRENiERs
vider son grenier pour remplir son portefeuille
À l’heure où le pouvoir d’achat baisse, acheter et revendre à prix réduit est devenu le bon plan par excellence. Les vide-greniers séduisent de plus en plus de monde cherchant à faire des économies.
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La vente a lieu au parc de Sainte-Perrine ce dimanche à 11h. Le soleil, un peu timide, réchauffe les lieux de ses rayons. Véronique, installée à son stand avec le sourire explique : « Le fait que cela se passe dans le 16e arrondissement de Paris est agréable, la population, parfois un peu snob est toujours très aimable et négocie un peu moins que dans les autres quartiers de la capitale. » Car, même si les prix sont bas et les occasions en or, la négociation fait partie du jeu : 3€ au lieu de 4 pour un jean, 15€ au lieu de 20 pour une chaise, tous les moyens sont bons pour faire baisser les tarifs. Dans les allées improvisées, les passants se saluent et comparent leurs achats. Christophe, étudiant en histoire à la Sorbonne remarque, assez fier de sa trouvaille:
BRoCANTE
emmaüs invente le magasin social L’Appartement du Centquatre, filiale d’Emmaüs, est un bon filon pour s’habiller et se meubler pas cher. Une révolution dans l’achat ?
Vide-grenier, avenue de Versailles dans le 16e arrondissement de Paris
« La vie à Paris est chère, encore plus quand on est étudiant. Alors chaque vendredi je regarde sur des sites spécialisés où et quand s’organisent des vide-greniers. De cette façon, je peux trouver des meubles pour mon appartement, comme aujourd’hui, il me fallait une commode et j’ai trouvé celle-ci à 30€. »
« On ne vient plus juste pour flâner… »
Ils sont de plus en plus nombreux à venir avec une idée en tête. Une poussette, un service à assiettes, des vêtements définis… « On peut trouver de tout dans un videgrenier et de cette façon on s’aperçoit qu’il y a de plus en plus de gens qui viennent rechercher quelque chose de précis et plus pour juste flâner dans les allées. », note Lou, exposante de 24 ans aux yeux pétillants et la mine avenante. Véronique repart satisfaite, le portefeuille plus lourd. En revendant des vieux CD, quelques meubles et des vêtements de ski
qu’elle n’utilise plus, elle a amassé un joli pécule de 200€. aleXandra besson
Une PrATIQUe réPAnDUe DAns TOUT l’hexAGOne en six ans, à nantes, le nombre de vide-greniers a doublé. alors qu’en 2005 on en comptait cinquante, en 2011, la mairie en a dénombré cent-deux. la municipalité nantaise s’est dite impressionnée par l’expansion du phénomène. le vide-grenier est devenu un moyen pratique et ludique pour faire des économies : « il suffit de demander une autorisation au maire et de remplir un registre avec les identités des exposants et une photocopie de leur carte d’identité », explique Caroline, assistante du maire.
15 heures. A l’intérieur du Centquatre, un lieu culturel où tous les arts se rencontrent, le magasin Emmaüs Défi est sur le point d’ouvrir ses portes à une foule semblable à celle d’un premier jour de soldes. En attendant, les futurs acheteurs regardent les danseurs de hiphop s’échauffer en musique tandis que les techniciens montent la scène. « Du mercredi au samedi, c’est toujours la cohue », clame Habiba, la responsable de la boutique qui vient de donner le feu vert. Si le lieu ne désemplit pas, c’est qu’Emmaüs Défi est un endroit privilégié pour faire de bonnes affaires, dans une décoration d’appartement au style inclassable : des spots de lumière, des cadres vides accrochés aux murs, du papier peint fleuri et des graffitis rappellent le temps du Flower Power. Au plafond, les vêtements suspendus sur un fil évoquent le sud de l’Italie. la bonne pioche Ce bric-à-brac soigné qui mêle linge de maison, habits, livres et meubles à petits prix, propose une nouvelle manière de consommer en mettant le recyclage au cœur de sa politique. « La fréquentation d’Emmaüs Défi a augmenté en raison de la crise économique. Les gens portent aussi un plus grand intérêt pour la récupération, la rénovation et le recyclage », affirme Martine, bénévole depuis deux
ans. « Le vintage rencontre un fort succès et la frénésie de consommation des années quatre-vingt-dix est en baisse. » Elle constate également que la clientèle s’est diversifiée : « Les gens s’interpellent en arabe ou en mandarin, les étudiants du Cours Florent cherchent des déguisements, les antiquaires sont à l’affût de pièces intéressantes et les nounous martiniquaises gâtent les enfants. »
travailleurs en situation de précarité, des étudiants qui ont du mal à joindre les deux bouts aux touristes et aux chineurs, tous sont séduits par ce moyen de consommation. Nathalie, le ventre rond et les bras déjà chargés de grenouillères, fouille activement dans une malle en osier, espérant trouver des chaussons en laine : « Il y a quelques années, il était impensable d’habiller un nouveau-né
« C’est du cristal et c’est à deux euros ! » Il y a dix ans, on comptait deux à trois catégories de clients. Emmaüs Défi a aujourd’hui à faire à un très large panel. Saida, 65 ans est la reine des bons plans. Elle vient ici une fois par semaine depuis deux ans. Elle scrute un bibelot, un dauphin en verre, met ses lunettes, lit la pastille puis se précipite en direction de la caisse: « C’est du cristal et c’est à deux euros ! » Dans une pièce baptisée le salon, Mélina, en visite pour la première fois, s’interroge sur une crosse de hockey qu’elle imagine déjà aux murs de sa chambre. Aurore, 27 ans, fraîchement diplômée, à la recherche d’un emploi pense à l’essentiel : « je ne fréquente que les enseignes pour les petites bourses. Je compare souvent les prix avant d’acheter. Là, je cherche une écharpe pour l’hiver. » Des
avec des vêtements déjà utilisés mais les mentalités changent. Aujourd’hui, on se contente du nécessaire. » inès Kheireddine
COlleCTe eT réCUPérATIOn 255 300 tonnes de produits sont collectées chaque année par les groupes emmaüs. leur savoir-faire offre une seconde vie à 80% d’entre eux. pour collecter et recevoir de la marchandise, 191 structures agissent dans 87 départements et répondent ainsi à trois axes du développement durable : social, environnemental et économique.
EFJ2 • Octobre 2012 • L’indépendant magazine
EFJ2 • Octobre 2012 • L’indépendant magazine
Même peu cher on négocie
© Inès
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éronique, assistante dentaire de 47 ans, prépare son huitième vide-grenier : « Les particuliers n’ont le droit qu’à deux vide-greniers par an, c’est ainsi que fonctionne la loi française. Si on dépasse les deux évènements, on doit obtenir une licence de commerçant. » Cette femme à l’organisation méticuleuse sait comment fonctionnent les vide-greniers et possède une liste afin d’être sûre de ne rien oublier : une grande table où exposer les objets à vendre, une glacière à portée de main afin d’avoir de quoi se sustenter, une calculatrice, un cahier pour faire l’inventaire et son plus beau sourire. Un vide-grenier se prépare sur des semaines quand on est exposant. « Il faut se renseigner avant car, en général, les emplacements sont payants. De la même façon, on ne peut pas venir la bouche en cœur, car on peut se retrouver dans un emplacement pas terrible, tout dépend de l’heure d’arrivée. » Véronique se présente sur place une heure voire une heure et demie avant, pour avoir le temps de bien s’installer, de faire connaissance avec ses voisins et surtout de prendre ses marques.
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TéLéPhoNiE
la double aubaine des mobiles d’occasion
Au fond des tiroirs, on les croyait finis. Pourtant, les vieux portables entament une nouvelle vie grâce à la crise et créent de l’emploi.
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onsidérés comme ringards, obsolètes, les vieux téléphones portables n’ont pas dit leur dernier mot. Dans les Deux-Sèvres, une PME profite pleinement de ce nouveau marché. Les Ateliers du Bocage sont spécialisés dans le retraitement de déchets bureautiques et de téléphones. Richard Gatard, conseiller commercial de l’entreprise, est formel « Il faut considérer que 1000 téléphones recyclés par mois équivalent à une création de poste. En un an, ce sont six emplois à plein temps qui ont été créés dans l’entreprise.» Les téléphones proviennent de dons des particuliers. Les Ateliers du Bocage réparent et effacent les données des appareils pour les vendre ensuite à des opérateurs téléphoniques. Cependant, leurs principaux clients restent les particuliers, qui revendent leurs anciens mobiles en bon état pour en obtenir un meilleur prix. En règle générale, les ventes ont lieu sur Internet par l’intermédiaire des sites spécialisés (leboncoin, ebay…) Les poids lourds du secteur comme Bouygues ou Orange sont eux aussi présents sur le secteur, même si de l’aveu de Bouygues Télécom : « Ce marché en plein développement ne représente qu’une part minime de nos ventes ». Les Français semblent malgré tout attachés à leurs vieux mobiles. Un brin paradoxal à en croire les files d’attentes devant les boutiques Apple pour la sortie de l’Iphone 5 le 21 septembre dernier. Mais Richard Gatard l’assure : « Le plus dur pour nous c’est de trouver des donneurs, la demande de mobiles d’occasion est en forte hausse et nous avons besoin de ces dons pour y répondre ».
Une clientèle hétéroclite
Samuel, employé chez Phone Repair Center, explique qu’il n’y a pas de client type pour le marché de l’occasion : « On voit vraiment des personnes de tous âges et de toute condition. Des étudiants qui cherchent à faire des économies, des employés et parfois des gens qui semblent “ avoir des moyens ”, la crise touche tout le monde…. En revanche peu de personnes âgées, elles emmènent leurs portables jusqu’au bout ».
Première étape de la nouvelle vie du téléphone : le recyclage
L’acheteur de mobiles d’occasion n’est pas obligatoirement réticent aux nouvelles technologies. Les prix prohibitifs des smartphones dernier cri ont fait émerger une nouvelle clientèle qui se reporte sur
« Dur de trouver des donneurs »
des modèles high-tech moins chers et à peine moins récents tel que l’Iphone 4. Les opérateurs comme Bouygues tentent d’attirer ces nouveaux clients : « Nous reprenons les vieux téléphones en échange de bons de réductions pour acheter un nouveau mobile chez n’importe quel opérateur, c’est une formule qui a beaucoup de succès en ce moment ». Si nos vieux téléphones ne relanceront pas la croissance, ils contribueront à faire des économies, et, comme aux Ateliers du Bocage, à créer de l’emploi. olivier le henaff
les TéléPhOnes POrTAbles en ChIffres
23 millions, c’est le nombre total de téléphones portables vendus en france en 2011. un chiffre en constante augmentation. 1 million d’appareils repris l’année passé 800000 mobiles
d’occasion vendus directement par les opérateurs ou auprès de spécialistes et sur les places de marché (leboncoin…)
1/3 un tiers des consommateurs se déclarent intéressés par le recyclage ou le rachat de mobiles (source : etude ipso)
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