Afriques

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ÉDITION INTERNATIONALE : Afrique Zone CFA 1900 F CFA • France 3,80 € • France DOM 4,5 € • Maroc 25 DH • Algérie 220 DA • Tunisie 3,50 DT Mauritanie 1200 MRO • Belgique 3,80 € • Italie 4,5 € • Canada 6,5 $ CAN • Luxembourg 4 € • Suisse 6,5 FS

Hebdomadaire international

HUB AFRICA A CASABLANCA QUAND L’ENTREPRENEURIAT CATALYSE L’EMERGENCE

lesafriques.com

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : ABDERRAZZAK SITAIL

CAMEROUN 500 MDS DE F CFA D’ENGAGEMENTS DE LA BANQUE MONDIALE N° 351 - 14 au 27 avril 2016

Parce que l’information a de la valeur

LA NOUVELLE REVOLUTION FINANCIERE ?



SOMMAIRE

LES AFRIQUES

N° 351 - 14 au 27 avril 2016

Parce que l’information a de la valeur

EDITORIAL Panama Papers Les faits rien que les faits BAROMÈTRE Installé en Côte-d’Ivoire, l’homme d’affaires malien Cessé Komé est sorti de l’informel et a investi récemment 84 millions d’euros BRUITS DE MARCHÉ Union africaine : Pas de second mandat pour Nkosazana Dlamini-Zuma VERBATIM BANQUES & ASSURANCES Les ambitions de la Banque sino-congolaise pour l’Afrique CAMEROUN 500 milliards de f CFA d’engagements de la Banque mondiale SÉNÉGAL Affaire Société Générale et groupe Taraf : nouvel épisode FBN SÉNÉGAL James Bittaye recalé, le Nigérian Olawale Ibidapo aux manettes FIRST BANK OF NIGERIA Bashirat Odunewu débarque à Dakar ENTREPRISES & MARCHÉS DAKAR Signature de convention entre le groupe Holmarcom et le Port autonome MALI La mine d’or de Morila bat de l'aile MALI-AFFAIRE PEARL GOLD Le tribunal de Francfort déboute Reza Pacha MALI-AFFAIRE PEARL GOLD Olivier Couriol enfonce le clou HUB AFRICA Quand l’entrepreneuriat catalyse l’émergence HUB AFRICA AWARDS Le Prix Les Afriques attribué à Wafasalaf POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE CONGO Les dessous d’un hold-up électoral CONGO Sassou Nguesso aime-t-il son pays ? BÉNIN Un gouvernement de 21 ministres sans un sherpa DOSSIER La nouvelle révolution financière ? FOCUS ZONE MENA De la malédiction des ressources à la malédiction de la rente PIED DE LETTRE Éléphants blancs et éléphants gris

La nouvelle révolution financière ?

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Le OneCoin est un tout nouveau type de crypto-monnaie. Créé, il y a à peine quelques mois, il va de succès en succès pour se hisser dans le top 3 de ce marché. Au-delà des gains possibles qu’il permet, ne cessant de s’apprécier, il entend chambouler les transactions financières, voire le futur de la monnaie. 34-39

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Cameroun 500 milliards de f CFA d’engagements de la Banque mondiale La Banque mondiale fait partie des principaux partenaires au développement avec plusieurs portefeuilles dans les secteurs structurants. 15-16

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Hub Africa Quand l’entrepreneuriat catalyse l’émergence

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Hub Africa, qui revendique d’être la première plateforme des investisseurs et des entrepreneurs en Afrique, a inauguré le 7 avril au parc d’exposition de l’Office des changes à 25 Casablanca sa 4ème édition.

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Congo Les dessous d’un hold-up électoral Denis Sassou Nguesso, au pouvoir au Congo depuis 1997, après avoir dirigé le Parti unique de 1979 à 1992, a été déclaré vainqueur par le Conseil constitu-tionnel, au terme d’une journée confuse dans la capitale Brazzaville, où des tirs à l’arme lourde ont retenti. Des sources dignes de confiance assurent que les membres de ce Conseil ont été contraints manu militari à se prononcer… 28-29 14 avril 2016 Les Afriques

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ÉDITORIAL Abderrazzak Sitaïl, Directeur de Publication

Panama Papers Les faits rien que les faits

N

ous assistons depuis quelques semaines à une prétendue méga-révélation autour de comptes offshore au Panama. À qui voudrait-on faire croire que tout ceci est illégal ? Le fait que des multinationales, et autres entreprises, optimisent leur organisation financière n’a rien de nouveau. En citant des noms de grandes personnalités de ce monde, on veut nous faire croire qu’il y a un doute sur leurs activités. Cela est complètement faux pour la majorité des comptes qui sont aujourd’hui ouverts au Panama. Oui, il est tout à fait honnête de se poser des questions sur le légal et le moral, lorsque des peuples subissent de plein fouet une crise économique internationale qui perdure depuis 2008 et qu’à travers des mouvements, tels que Podemos en Espagne, on est amené à demander des comptes à nos dirigeants. Il est temps que tout soit mis sur la table. Par contre, ce qui est beaucoup plus malhonnête, c’est de manipuler et

LES AFRIQUES

Parce que l’information a de la valeur

Groupe Les Afriques Edition & Communication SA au capital de 2’657’600.- CHF Siège Social : Rue du Cendrier 24 - 1201 Genève Suisse Président Administrateur Délégué

Abderrazzak Sitaïl Les Afriques Edition & Communication Europe SARL au capital de 160.000 € 75, avenue Parmentier, 75544 Paris Cedex 11

d’interpréter l’information, en orientant ses lecteurs et en créant le doute sur la moralité de certaines personnalités. C’est inacceptable. Des lanceurs d’alerte ont démontré qu’ils avaient une véritable fonction dans la société démocratique du 21ème siècle. Et il faut l’applaudir. Les affaires Wikileaks et Snowden sont des exemples édifiants. Justement, les enjeux étaient alors plus importants… Quant aux Panama Papers, ils ont fait pschitt ! Ils n’ont été réduits qu’à des discussions de cafés et bars pour savoir qui est riche ou ne l’est pas, ou encore l’est potentiellement. Quels enjeux pour le monde ? Si ce n’est de détourner l’attention du monde sur les véritables problèmes que sont le terrorisme international, la pauvreté, la faim dans le monde…

Rédaction Olivier Tovor, Lomé, Rudy Casbi, Paris, François Bambou, Yaoundé, Mohamed Masmoudi, Casablanca, Carlos Laye, Bordeaux, Abdel Malik (AEM), Dakar, Mohamedou Ndiaye, Dakar, Daouda MBaye, Casablanca, Ibrahim Souleymane, Casablanca.

Responsable e-Marketing Khalid Essajidi

Comité Scientifique François Konan, New York. Politiques économiques. Philippe Bourgeois, Paris. Matières premières et coton.

Responsable Administrative & Financière Khadija Bnika

Révision Hassan Radi Responsable Artistique : Mouhcine El Gareh Maquettiste : El Mahfoud Ait Boukroum

Les Afriques Communication & Edition Maghreb SARL au capital de 1.000.000 DH 219 bis, bd Zerktouni, Casablanca 20330 - Maroc Tél : +212 522 233 477 - Fax : +212 522 233 501

Edition Internet – en français Ismaïla Aidara, Dakar. Mohamedou Ndiaye, Dakar

Directeur de la Publication Abderrazzak Sitaïl

Chroniqueurs François Konan, New York. Economie. Philippe Bourgeois, Paris. Matières premières et coton.

Rédacteur en chef exécutif Daouda MBaye daouda.mbaye@lesafriques.com

Directeur Développement et Marketing Libasse Ka libasse.ka@lesafriques.com

Rédacteur en chef délégué : Ismaïla Aidara, Uemoa. Rédacteur en chef : Achille Mbog Pibasso, CEMAC. Grand reporter : Rodrigue Fenelon Massala.

Responsables développement Mehdi Derraz, Maghreb et Afrique de l’Ouest m.derraz@lesafriques.com

L’ACTUALITÉ AFRICAINE ET INTERNATIONALE SUR : LESAFRIQUES.COM 4 Les Afriques .

14 avril 2016

Responsable Abonnement et Distribution Hasnae Elmadani h.elmadani@lesafriques.com

Publicité commercial@lesafriques.com Base de données Mokhtar Lasmar Abonnement abos@lesafriques.com Diffusion Presstalis, Sochepress, Royal Air Maroc, SN Brussel. Impression GMS Print. Dépôt légal : novembre 2010 Edition internationale Commission paritaire : 1017 C 89135 Edition Maroc B.O.N°5618-26 rabii 1429 (3-4-2008) Crédit photos AFP, DR

© Reproduction interdite sans l’accord écrit de l’éditeur

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BAROMÈTRE

Chiffres

2 000 Fayez Al Sarraj Le Premier ministre libyen Fayez Al Sarraj désigné et soutenu par l’ONU s’est finalement installé à Tripoli après quelques jours de contestation de la part de miliciens non reconnus par la communauté internationale.

MILLIARDS DE Ali Bongo DOLLARS Fonds saoudien pour construire l’économie post-pétrole

Le chef de l’État gabonais fait actuellement face à une crise politique sans précédent. Après la démission du président de l’Assemblée nationale, Guy Nzouba Ndama, neuf autres honorables députés du Parti démocratique gabonais (PDG au pouvoir) ont quitté la représentation nationale.

250 MILLIARDS DE D’EUROS

Patrice Talon Le nouveau chef de l’État béninois, Patrice Talon, a commencé le job suite à la cérémonie de prestation de serment qui s’est tenue dans la ville de Porto-Novo. C’est la consécration d’une ascension fulgurante même si les défis liés aux réformes politiques qui s’imposent sont prégnants.

160 MILLIARDS DE DOLLARS Jacob Zuma Fusion-acquisition avortée d’Allergan-Pfizer

5,19

Le président sud-africain Jacob Zuma a présenté ses excuses publiques à la nation pour la frustration et la confusion qui ont entouré le scandale de la réfection à coup de 23 millions de dollars de sa résidence privée avec des fonds publics.

MILLIARDS DE DOLLARS Emission obligataire de Numericable-SFR

758 Cessé Komé Installé en Côte-d’Ivoire, l’homme d’affaires malien Cessé Komé est sorti de l’informel et a investi récemment 84 millions d’euros, financés à moitié en fonds propres, pour réceptionner le tout nouveau Radisson Blu d’Abidjan. Le joyau a ouvert ses portes le 17 mars 2016 après une période de test de 4 ans. 6 Les Afriques .

14 avril 2016

MILLIONS D’EUROS Investissements APM Terminals dans un nouveau terminal à conteneurs à Tanger Med II

Denis Sassou Nguesso Après sa réelection pour achever 37 ans cumulées au pouvoir, des violences ont éclaté dans le pays. La population fuit Brazzaville.

EN PANNE

EN FORME

Coût de la fermeture des centrales en fin de vie en Europe


Le brut se rebiffe

Agenda

La semaine dernière, c’est un repli inattendu des stocks américains (-4,9 millions de barils contre une hausse prévue de 3,3 millions) qui a donné un coup de fouet aux cours du pétrole. Confirmation de l’Agence américaine d’information sur l'énergie. Ainsi, le cours du baril de WTI s’affichant à 37,49 $, s’appréciant de 4,49%.

Salon de l’environnement et des énergies renouvelables, du 28 avril au 1er mai 2016 à Ouagadougou

Menace sur les sites naturels classés par l’Unesco Dans un récent rapport, l'ONG «Protéger les hommes en préservant la nature», il est ressorti que sur les 229 sites naturels inscrits au Patrimoine mondial, 114 sont concernés par des activités industrielles néfastes. Confirmation de WWF, les forêts humides de Madagascar, le parc national en Espagne et en Mauritanie, la réserve animalière en Tanzanie, le récif de Belize… ces lieux exceptionnels font partie de ces 114 sites.

La qualité des cultures d’hiver plombe le cours du blé A Chicago, les cours du blé ont souffert mercredi dernier. Ils ont été impactés par le bon état des cultures constaté à la sortie de l'hiver. Le boisseau de blé (environ 25 kg) pour mai, le plus actif, valait 4,63 $ contre 4,74 $ la veille. Le boisseau de maïs pour livraison en mai, le contrat le plus actif, a fini la séance mercredi à 3,58 $, contre 3,5675 mardi soir. Le boisseau de soja pour mai, là encore le plus échangé, coûtait 9,08 $ contre 9,0475 précédemment.

Cours des monnaies et devises 100 dinars Algérie (DZD)= 0,926 $ 100 rands Af. du Sud (ZAR) = 6,588 $ 100 kwanzas Angola (AOA) = 0,622 $ 100 livres Egypte (EGP) = 11,25 $ 100 birrs Ethiopie (ETB) = 4,65 $ 100 cedis Ghana (GHS) = 26,11 $ 100 shillings Kenya (KES) = 0,986 $ 100 dollars Libéria (LRD) = 1,111 $ 100 dirhams Maroc (MAD) = 10,406 $ 100 ariarys Madag (MGA) = 0,031 $ 100 ouguiyas Maurit (MRO) = 0,32 $ 100 roupies Maurice (MUR) = 2,854 $ 100 kwachas Malawi (MWK) = 0,146 $ 100 kwachas Zambie (ZMW) = 9,624 $ 100 dinars Libye (LYD) = 73,134 $ 100 dollars Namibie (NAD) = 6,586 $

100 nairas Nigéria (NGN) = 0,502 $ 100 shillings Somalie (SOS) = 0,164 $ 100 leones S. Leone (SLL) = 0,025 $ 100 dinars Tunisie (TND) = 49,762 $ 100 shillings Tanzanie (TZS) = 0,045 $ 100 shillings Ouganda (UGX) = 0,029 $ 100 francs Zone CFA = 0,173 $

La 5ème édition du Salon international de l’environnement et des énergies renouvelables (Siero) se tiendra à Ouagadougou du 28 avril au 1er mai 2016. Thème : financement des systèmes énergétiques durables pour l’Afrique en développement. Tél. : 00226 70294900 00226 78100440

Forum panafricain de renforcement des capacités, du 2 au 6 mai 2016 à Hararé Le 3ème Forum sera l’occasion de la célébration du 25ème anniversaire de la fondation pour le renforcement des capacités en Afrique (Acbf). Cet évènement a pour thème «Renforcer les capacités pour la transformation économique et sociale». E-mail : acbf@icpublications.com

The Africa Road Builders (Acturoutes), le 25 mai 2016 à Lusaka En marge des Assemblées générales de la BAD, la première édition de «The Africa Road Builders» (Acturoutes) sera un grand moment de célébration du renouveau des infrastructures africaines. Site web : www.thearbawards.com

Africa Rebranding Forum, du 13 au 15 octobre 2016 à Bruxelles Rendez-vous majeur des grandes personnalités politiques et économiques du continent, le Forum Rebranding Africa aura pour thème «Relever le défi de l’industrialisation de l’Afrique». Site web : www.rebranding-africa.com.

14 avril 2016 Les Afriques

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BRUITS DE MARCHÉ

Union africaine : Pas de second mandat pour Nkosazana Dlamini-Zuma

Nkosazana Dlamini-Zuma

La présidente de la commission de l’UA Nkosazana Dlamini-Zuma ne briguera pas de second mandat et quittera son poste à la tête de l’organisation panafricaine en juillet 2016 au terme d’un mandat de quatre années. Le bilan de Mme Zuma est jugé mitigé par les observateurs. Son successeur sera connu en juillet prochain lors du prochain sommet de l’Union africaine, prévu à Kigali. Parmi les potentiels successeurs de Mme Zuma figure le nom de l’actuel ministre algérien des Affaires étrangères Lamamra Ramtane qui a déjà assuré la charge de commissaire de l’UA pour la paix et la sécurité. Mais les pays de la SADC tiennent à garder la présidence de la commission de l’UA.

CEA : L’Afrique est en mesure de maintenir sa forte croissance

Le plus grand chef jihadiste du Sud-Mali mis hors d’état de nuire

Les perspectives de croissance à moyen terme de l'Afrique pour 2016 et 2017 restent positives, mais les risques et les incertitudes demeurent, selon Adam Elhiraika, directeur de la Division des politiques macroéconomiques de la Commission économique pour l'Afrique. Dans un exposé sur la vue d'ensemble de la récente évolution économique et sociale en Afrique lors d'une réunion du comité d'experts en marge de la Semaine inaugurale du développement africain, il a dit que la croissance de l'Afrique augmentera en 2017 grâce à une forte demande intérieure de biens et d'investissements. Mais il prévient les experts que des risques visibles, tels que la faible reprise d’une économie mondiale et une économie chinoise au ralenti, des prix bas des produits de base et une dépréciation des devises principales, un resserrement de la politique monétaire aux États-Unis et au sein de l'Union européenne, pourraient cependant entraver la croissance attendue.

Souleymane Keita, considéré comme le plus important chef jihadiste du Sud-Mali a été arrêté près de la frontière mauritanienne et transféré dans la capitale malienne par les forces spéciales des services de renseignements. Le célèbre terroriste s’apprêtait à regagner Tombouctou, pour rejoindre probablement son grand mentor Iyad Ag Ghaly dans la région de Kidal, au Nord-Mali. Le groupe de Souleymane Keita, appelé Ansar Dine du Sud, est composé d’environ 200 personnes selon les services de sécurité du Mali. Il avait aussi été accusé d’être le chef d’un camp d’entraînement militaire.

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14 avril 2016

Terrorisme : La France suggère le partage des renseignements avec l’Afrique En visite officielle en Afrique de l’Ouest, le ministre français du Développement et de la francophonie, André Vallini, a réaffirmé à Dakar l’engagement de la France à promouvoir avec l’Afrique une coopération forte en matière de sécurité. L’autorité a ajouté que pour endiguer la menace terroriste qui frappe tous les continents, depuis ces derniers mois, il faut aller de plus en plus dans des coopérations de sécurité de partage de renseignements. La France est convaincue qu’il y a encore trop de cloisonnements à l’intérieur d’un même pays, d’où la nécessité de décloisonner les services de renseignements entre pays africains. Ce sera d’ailleurs l’objet du Forum international sur la paix et la sécurité en Afrique, prévu au mois de décembre prochain dans la capitale sénégalaise sous l’égide de l’Elysée.


OMVS : 251 M$ pour le financement du projet PIRE La Banque mondiale (240 millions de $) et les Pays-Bas (11millions de $) ont décidé de soutenir la deuxième phase du projet de gestion intégrée des ressources en eau et des usages à buts multiples (PIRE) de l’organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMS). Pour le Haut commissaire de l’OMVS, Kabiné Komara, ce projet comprend des composantes comme l’hydro-agricole, la pêche, l’aquaculture et la santé. Il a démarré sur les chapeaux de roue mais son élan a été freiné par l’apparition de la maladie à virus Ebola en Guinée.

Pêche : L’UE injecte 10,5 millions d’euros pour 7 pays ouest-africains L’Union européenne a décidé de prolonger pour deux autres années le projet Go Wamer de gestion des ressources marines qui concerne le Sénégal, la Mauritanie, la Gambie, la Guinée-Bissau, le Cap-Vert, la Guinée et la Sierra-Leone. Exécuté par le PNUD, le projet intervient ainsi dans les eaux les plus poissonneuses au monde selon l’organisation onusienne. L’écoré-

gion Go Wamer (West African Marine Ecoregion) correspond aux eaux territoriales de ces sept pays ouest-africains. Ce projet régional exécuté par le PNUD a pour objectif de contribuer à la réduction de la pauvreté et au renforcement de la sécurité alimentaire des communautés côtières de l’écorégion, à travers l’amélioration de la gouvernance, la promotion et l’adoption de bonnes pratiques en matière d’utilisation durable des ressources marines et côtières.

CEA : Les 5% de croissance africaine, loin des aspirations du continent La croissance actuelle de l’Afrique, estimée à plus 5 %, n’est pas du goût des Africains, se désole le secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), Carlos Lopes. «La croissance actuelle de l'Afrique ne crée pas suffisamment d'emplois et ne profite pas à une fraction de la population suffisamment large pour pouvoir réduire considérablement la pauvreté», a expliqué Lopes. Il a tenu ses propos dans son discours d'ouverture, à Addis Abeba (Ethiopie), de la session ministérielle de haut niveau de la Semaine du développement de l'Afrique, en présence notamment de plusieurs personnalités dont la présidente de la Commission de l'Union africaine, Nkosazana Dlamini Zuma. Entre autres justifications, le patron de la CEA souligne que cette croissance, qui est portée pour un tiers par la flambée des cours des produits de base et les dépenses publiques, est «fragilisée» par les fluctuations de ces cours. Rappelant que la chute des cours des produits de base a des effets négatifs considérables sur les pays africains, Carlos Lopes indique qu'en 2015, quelque 42 des 46 produits de base suivis par la Banque mondiale s'échangeaient à leur prix le plus bas depuis le début des années 80. Rapport CEA sur la gouvernance : «Évaluer la corruption en Afrique» La Commission économique pour l’Afrique a lancé la quatrième édition du Rapport sur la gouvernance en Afrique (RGA IV), intitulé «Évaluer la corruption en Afrique : la dimension internationale est importante». Le texte estime que les approches actuelles utilisées pour évaluer la corruption sont principalement basées sur la perception et ignorent complètement la dimension internationale de la corruption. La quatrième édition remarque que des méthodes alternatives d’évaluation de la corruption non-assujetties à la perception restent faiblement développées, mais appelle les pays africains à adopter des approches construites sur des critères plus objectifs et quantitatifs et fondées sur des faits. Lors du lancement, le Ministre namibien des finances, Calle Schlettwein a dit : «Les récents indices sur la corruption ne représentent pas une image fiable de la situation en Afrique» . Schlettwein félicité la CEA pour les efforts, le temps et les ressources consacrés à la réalisation de la publication, qu'il décrit comme «Un rapport crucial faisant état de la corruption» .

Libye : La Banque centrale et la Compagnie nationale pétrolière rallient les nouvelles autorités La Banque centrale libyenne (BCL) et la Compagnie nationale de pétrole (NOC) ont annoncé leur soutien au gouvernement d'union nationale en Libye. Il s’agit ainsi d’un nouveau revers pour les autorités non reconnues basées à Tripoli. Ce ralliement de deux des principales institutions économiques intervient quelques jours après l’arrivée à Tripoli en provenance de Tunis du chef du gouvernement d’union Fayez al-Sarraj, homme d’affaires et député tripolitain, et de plusieurs ministres. Dans un communiqué rendu public, la BCL salue l’arrivée du gouvernement d’union et les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU. Ce dernier avait salué à l’unanimité l’installation du gouvernement d’union, dont l’ONU a été le grand artisan. Les 15 pays membres du Conseil avaient aussi renouvelé leur appel aux Etats à «cesser de soutenir ou d’avoir des contacts officiels avec les institutions parallèles qui prétendent être l’autorité légitime mais sont en dehors de l’accord politique libyen». Le nouveau gouvernement d’union a également reçu le soutien des gardes des principales installations pétrolières du pays. 14 avril 2016 Les Afriques

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BRUITS DE MARCHÉ

BOAD : Hausse de 5% du résultat net De passage à Dakar, le président de la Banque ouest-africaine de développement, Christian Adovelande, a annoncé que la banque a enregistré un résultat net bénéficiaire de 8,839 milliards de f CFA en 2015, soit une hausse de 5,24 % par rapport à 2014. En dépit d’une évolution défavorable du cours des devises, le bénéfice dégagé renforcera les fonds propres de l’institution, précise la direction du marketing et des relations publiques. Le produit net bancaire a atteint 32,614 milliards de f CFA, en hausse de 10%. Le total bilan s’établit à 1,783 milliards de f CFA contre 1,658 milliards de f CFA à la clôture de l’exercice précédent, soit un accroissement de 7,6 %. Par ailleurs, la structure financière de la BOAD reste équilibrée, notamment avec des fonds propres effectifs s’élevant à 618,73 milliards de f CFA et représentant 36,6 % du total bilan hors capital non libéré.

Rwanda : 7ème mondial en matière de gestion publique

Investissements : La Côte d’Ivoire, pays le plus attractif en Afrique subsaharienne

Selon l’édition 2014-2015 du rapport mondial sur la compétitivité, le gouvernement rwandais se classe au 7ème rang en ce qui concerne l’efficacité dans la gestion publique. Ce pays des Grands Lacs se retrouve ainsi devant des nations comme la Suisse (9ème) ou le Luxembourg (10ème). Selon le World Economic Forum (WEF) qui a publié ce rapport, le classement du Rwanda s’explique en grande partie par le niveau de gaspillage très bas et la rationalité qui caractérisent les dépenses gouvernementales. «Nous ne sommes pas surpris par ce classement parce qu’il ne fait qu’exprimer la réalité de ce qui se passe chez nous. Au Rwanda, il y a un processus compréhensible en ce qui concerne la gestion et la reddition des comptes, en particulier dans l’usage des ressources publiques», a déclaré pour sa part Anastase Shyaka qui dirige le Conseil rwandais de la gouvernance (RGB). Les Rwandais ont accès à des informations cruciales en ce qui concerne l’action gouvernementale, les décisions de l’exécutif et la façon dont celui-ci établit ses priorités et fait ses choix, a-t-il confié à l’agence Chine Nouvelle. En Afrique, le Rwanda est suivi par l’île Maurice qui se classe (26ème) et l’Afrique du Sud (32ème). Dans l’est du continent, il se classe très loin devant le Kenya qui vient en 51ème position ou l’Ouganda (79ème).

La Nielsen’s Africa Prospects Indicators (API) a confirmé le leadership de la Côte d’Ivoire qui devance le Nigéria au classement des pays les plus favorables aux investissements étrangers au sud du Sahara. Pourtant, malgré la corruption, le poids grandissant de l’économie informelle et les ravages de Boko Haram, le Nigéria a conservé sa place de principal pôle d’attraction des investissements étrangers au sud du Sahara, au cours des dernières années. Surnommé la Chine de l’Afrique par les analystes du Knowdys Consulting Group, le Nigéria continue d’attirer les investisseurs...

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14 avril 2016

La Thaïlande veut désormais investir en Afrique de l’ouest Le président de la Chambre de commerce de Thaïlande, Phairush Burapachaisria, a affirmé l’ambition résolue de son pays de promouvoir la compétitivité du savoir-faire thaïlandais à travers le monde. Il s’agira notamment pour les opérateurs économiques de s’intéresser davantage à l’Afrique de l’ouest, une niche du continent que la Thaïlande n’a jusque-là pas explorée. Les actions du géant économique asiatique se limitant actuellement à la coopération et au partenariat avec l’Afrique de l’Est. Les autorités asiatiques expliquent cette faiblesse des transactions avec l’Afrique de l’ouest par les difficultés de communication entre les deux zones géographiques. Les échanges de produits agricoles et halieutiques intéressent au plus haut point la Thaïlande, un pôle économique asiatique important.


UBA injecte 50 milliards de f CFA pour rénover l’Université de Dakar Tony O. Elumelu, le philanthrope nigérian à Dakar, était à Dakar le 4 avril 2016 sur invitation du président Macky Sall et pour la pose de la première pierre des nouveaux bâtiments de l’Université de Dakar financés par la banque UBA pour près de 50 milliards de francs CFA. Le président de UBA, de Heirs Holdings et de la Fondation Tony Elumelu, banquier, investisseur et philanthrope, Elumelu, classé parmi les plus importantes fortunes africaines par le magazine Forbes, est aussi le promoteur de l’Africapitalisme. Cette doctrine économique prône des investisseTony O. Elumelu ments à long terme par le secteur privé africain dans des domaines stratégiques qui créent une valeur économique et une richesse sociale. Il a ainsi initié et soutenu de nombreuses initiatives dédiées à l’émergence du continent africain. Il a assisté au traditionnel défilé militaire qui a mobilisé près de 5 000 militaires, paramilitaires civil et militaire. Elumelu a également tenu à féliciter lors de son séjour au Sénégal les 6 Sénégalais sélectionnés pour participer au Tony Elumelu Entrepreneurship Programme (TEEP), une initiative de la Fondation Tony Elumelu. 11 entrepreneurs sénégalais ont déjà bénéficié de ce programme de soutien à la jeunesse qu’Elumelu promeut à travers l’Afrique. Ce programme de 100 millions de dollars sur 10 ans a pour objectif d'accompagner et de financer 10 000 start-up du continent et de créer 1 million d'emplois. AFD : Des financements record de 3,1 Mrds d’€ en Afrique sub-saharienne En 2015, l’Agence française de développement (AFD) a procédé à des financements record de l’ordre de 3,1 milliards d’€ en Afrique sub-saharienne, selon sa directrice générale Anne Paugam. Elle a récemment conduit une mission en Afrique de l’Ouest et a révélé que les projets soutenus par l’institution concernent le développement des infrastructures ouvrent l’accès aux services essentiels comme l’agriculture, la santé et l’essor de petites et moyennes entreprises créatrices de richesses. C’est dans ce cadre que l’AFD a adopté en septembre 2015 un plan d’action quinquennal dénommé Plan d’action Sahel dont la mise en œuvre se fera autour d’axes prioritaires comme l’emploi, la démographie et l’intégration des territoires. Dans le cadre de la lutte contre la fièvre jaune, l’AFD a accordé un prêt bonifié de 6,5 millions d’€ à l’Institut Pasteur de Dakar, seule unité Anne Paugam, africaine productrice directrice générale du vaccin contre la AFD redoutable maladie.

Libye : Le nouveau chef du gouvernement s’impose avec l’appui de l’UE Fayez al Sarraj, nouveau chef du gouvernement libyen d’union nationale, a installé avec succès son pouvoir à Tripoli avec le soutien de la communauté internationale. L’Union européenne a saisi cette occasion pour adopter des sanctions contre trois poids lourds qui s’opposent depuis plusieurs semaines à l’installation dans le pays d’un gouvernement d’union nationale formé sous l’égide de l’ONU. C’est ainsi que les présidents des parlements adversaires de Tobrouk (Est), de Tripoli et le chef du gouvernement de Tripoli sont victimes de gel des avoirs et d’interdiction d’entrée dans l’espace européen. Bruxelles a officiellement annoncé ces sévères mesures au lendemain de l’arrivée à Tripoli de Fayez al Sarraj, chef désigné du gouvernement d’union venu de Tunis à bord d’un navire militaire libyen.

Fayez al Sarraj, PM du gouvernement libyen

Le président burkinabé à Paris pour échanger sur les problèmes de sécurité Pour son premier déplacement hors d'Afrique depuis sa prise de fonctions, le chef de l’Etat Burkinabé, Roch Marc Christian Kabore, a été l’hôte de la France du 5 au 7 avril 2016. Au détour d’un entretien avec le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, il a été beaucoup question de coopération sécuritaire entre les deux pays, près de trois mois après l'attentat de Ouagadougou. Kabore a démarré sa visite par un entretien avec François Hollande au palais de l’Élysée. Les deux chefs d’État en ont profité pour signer une convention de prêt de 30 millions d’euros afin de financer le projet de barrage Ziga II, lequel devrait permettre l’approvisionnement en eau potable de Ouagadougou d’ici à 2030. Lors d’un petit déjeuner avec des hommes d’affaires au siège du Medef, l’organisation patronale française, le président Burkinabé s’est notamment prononcé sur les opportunités d’investissement au Burkina Faso, pays dont la France reste un des parte- Roch Marc Christian Kabore, président naires commerBurkina Faso ciaux privilégiés. 14 avril 2016 Les Afriques

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VERBATIM Investisseurs «La Côte-d’Ivoire est l’un des rares pays d’Afrique noire à avoir une balance commerciale positive, un environnement des affaires réellement attractif et de solides réseaux internationaux notamment en Chine, aux Etats-Unis et en France. C’est pourquoi elle accueille une kyrielle d’investisseurs étrangers» Guy Gweth, président du centre africain de veille et d’intelligence économique.

Corruption «Le problème de la corruption en Afrique ne peut être uniquement résolu par les Africains. Pour lutter contre la corruption, l’Afrique a besoin d’institutions et de politiques sur la gouvernance solides qui ne soient pas axées exclusivement sur l’usage domestique, étant donné la corruption qui existe sur le continent» Adam Elhiraika, directeur des politiques macroéconomiques de la CEA.

Force G5 «Je propose la création d’une force G5 du Sahel pour faire face au terrorisme et aux multiples menaces sécuritaires qui secouent cette partie importante de l’Afrique» Mahamadou Issoufou, président de la République du Niger.

Pression «Nous sommes partis du constat que la pression mondiale, exercée sur l’eau cumulée avec l’augmentation de la population et par conséquent de la demande, aura des impacts réels sur la paix et la sécurité à travers le monde» Sunder Wasleakar, président du think-tank Groupe de stratégie de prévoyance.

Dialogue «J’invite la communauté internationale à agir pour la tenue d’un dialogue politique dans le pays. La crise politique, institutionnelle et postélectorale a atteint son seuil critique au Congo-Brazzaville» Charles Zacharie Bowao, chef de la coalition de l’opposition congolaise. 12 Les Afriques .

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Renvoi «Notre nouvelle résolution prévoit que si dans un délai de six mois les pays contributeurs de troupes ou de personnel de police n’ont pas effectivement poursuivi leurs personnels soupçonnés d’atteintes, ils s’exposent à la décision de renvoi par le SG des Nations unies d’unités entières de leur contingent» Parfait Onanga Anyanga, représentant du SG de l’ONU en Centrafrique.

Sécurité «Certains pays interdisent la destination Tunisie alors que nous sommes en sécurité. On peut interdire un endroit parce qu’il y a des risques mais pas tout le pays. Malgré les trois attentats terroristes de 2015, nous n’avons qu’une baisse de 26% cette année» Salma Elloumi Rekik, ministre tunisienne du Tourisme et de l’artisanat.

Sécurité «Avec le soutien attendu de la communauté internationale, je m’engage solennellement à faire de la réconciliation et du règlement de la crise sécuritaire et économique ma priorité» Fayez Al Sarraj, Premier ministre et nouvel homme fort libyen.

Everest «En produisant la marque Everest en Afrique du sud, nous pourrons répondre plus rapidement à la demande avec une plus grande variété de modèles pour nos clients à travers l’Afrique sub-saharienne» Jim Farley, président de Ford Zone Europe, Moyen-Orient et Afrique.

Vivre «L'Euro doit se tenir et va se tenir. La France est un grand pays moderne qui est capable d'assurer la sécurité de ses citoyens et de tous les étrangers qu’elle va accueillir. Nous pouvons faire face à la menace terroriste. Nous allons vivre avec cette menace. Dans cette expression, il y a le mot "vivre". (...) Des matches à huis clos ? C'est une situation extrême. Bien sûr, il faut envisager toutes les possibilités, mais ce n'est pas à l'ordre du jour» Manuel Valls, Premier ministre français.



BANQUES & ASSURANCES

Les ambitions de la Banque sino-congolaise pour l’Afrique

La construction en cours d’un siège moderne à Brazzaville laisse entrevoir les ambitions panafricaines de cette banque dotée au lancement de ses activités d’un capital de 53 milliards de francs CFA.

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oins d’un an après l’ouverture de la première agence de la Banque sino-congolaise pour l’Afrique (BSCA Bank), le 1er juillet 2015 à Brazzaville, cette institution financière à vocation continentale entend se donner les moyens de ses ambitions. Dans cet ordre d’idées, le président congolais Denis Sassou Nguesso a officiellement lancé le 26 février 2016 les travaux de construction de son siège à Brazzaville. Bien que le capital soit majoritairement détenu par la Banque agricole de la Chine (ABC), cette banque dont la vocation est d’assurer le financement de tous les secteurs de l’économie congolaise devrait également mettre un point d’honneur sur le financement des projets de développement à travers le continent africain. Estimés à 30 milliards de f CFA, les travaux de construction de cet édifice de 15 étages prendront fin au quatrième trimestre de l’année 2017. Ainsi, «la BSCA Bank contribuera à l’amélioration substantielle de la qualité des services bancaires au Congo et

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en Afrique, et prendra part au financement sain de l’émergence du pays et du continent», selon le conseiller d’administration, Rigobert Roger Andely. Au départ la BSCA Bank aura une vocation nationale, puis régionale à travers la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) avant de s’étendre à tout le continent. Au plan national, le programme de déploiement prévoit l’ouverture de l’agence de PointeNoire le 1er juillet 2016 suivie d’une seconde agence à Brazzaville en septembre et l’ouverture de manière progressive des agences ou bureaux à l’intérieur du pays en 2017.

Puissance financière Doté d’un capital de 53 milliards de f CFA à la création alors que le plancher exigé par la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) est de 10 milliards de f CFA, la banque sino-congolaise a les moyens de ses ambitions, d’autant que son déploiement nécessitera l’augmentation du capital. Il s’agit là d’un record pour les pays francophones du continent

Gilbert Ondongo, ministre de l’économie, des finances, du budget et du portefeuille public, en discussion avec des partenaires chinois

Doté d’un capital de 53 Mrds de f CFA à la création alors que le plancher exigé par la Cobac est de 10 Mrds de f CFA, la banque sinocongolaise a les moyens de ses ambitions.

d’après le top management de la banque et dont l’actionnaire majoritaire, en l’occurrence la Banque agricole de Chine détient 50% des parts. Classée au 3ème rang en Chine et 5ème au plan mondial, la BAC devance de loin l’Etat congolais qui contrôle 12% des actions, la liste étant complétée par d’autres actionnaires largement minoritaires. Le gouvernement congolais à travers le ministre de l’Économie, des finances, du budget et du portefeuille public, Gilbert Ondongo, a relevé que la BSCA Bank est la onzième banque commerciale installée au Congo. Un pays dont le besoin de financement des investissements se chiffre en moyenne à 5 000 milliards de f CFA par an, alors que le système bancaire dans sa configuration actuelle ne couvre que le 5ème de ce besoin. Raison pour laquelle «nous encourageons cette nouvelle banque à déployer toute sa puissance financière susceptible de contribuer à faire du Congo la première place financière d’Afrique centrale», a-t-il déclaré. Achille Mbog Pibasso, Douala


CAMEROUN 500 milliards de f CFA d’engagements de la Banque mondiale La Banque mondiale fait partie des principaux partenaires au développement avec plusieurs portefeuilles dans les secteurs structurants.

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es engagements de la Banque mondiale au Cameroun se situent autour d’un milliard de dollars, soit à peu près 500 milliards de f CFA. Dans une note économique publiée en février dernier, quelques projets d’envergure réalisés avec l’appui de cette institution financière internationale sont passés en revue par Elisabeth Huybens, la directrice des opérations de cette institution financière internationale. Par ailleurs, en plus de ces fonds dont le décaissement est à l’origine de la réalisation totale ou en cours de certains projets de développement à travers le pays, près de 250 milliards de f CFA sont en attente de décaissement au fil du temps, afin d’accompagner le Ca-

meroun sur le chemin de l’émergence. En d’autres termes, ce portefeuille qui est «large, fort et performant» est notamment orienté dans les secteurs de l’agriculture, de l’énergie, de la santé, sans oublier aussi les secteurs de l’éducation, des mines et des transports. Il s’agit des domaines où l’économie camerounaise a fait montre d’une réelle vitalité depuis quelque temps, et là où elle dispose d’importants atouts pour impulser le développement. Des secteurs d’après la Banque mondiale qui constituent le levier du développement en ce sens que la plupart font partie des projets structurants et dont les effets d’entrainement ont un impact pour tout le pays. Le nombre de porte-

Siège de la Banque mondiale à Washington

Private Equity : Conférence annuelle AVCA du 25 au 27 avril à Addis-Abeba La 13ème Conférence annuelle AVCA, événement phare de l’association qui fournit à l’industrie des capitaux propres et de risque privé en Afrique, avec une plate-forme précieuse pour discuter des opportunités et des enjeux les plus pertinents, aura lieu du 25 au 27 avril 2016 à Addis-Abeba en Éthiopie. En effet, après des débuts modestes en 2003, la conférence AVCA est devenue le plus important forum pour la promotion, le développement et la stimulation de l’investissement privé sur le continent, attirant plus de 600 délégués de plus de 30 pays dans le monde. Des pays, tels que le Botswana, l’Égypte, le Ghana, le Kenya, le Maroc, le Nigéria, le Sénégal, l’Afrique du Sud et la Tunisie, entre autres, l’ont déjà accueillie. Cette année, la manifestation se concentrera l’analyse de rentabilisation pour le private equity en Afrique, en mettant en évidence le large éventail de possibilités d’investissement, les stratégies employées et les réussites. A l’ordre du jour, des débats autour de la prise de décision en période d’incertitude, le financement des infrastructures électriques, des énergies renouvelables, le financement du mid-market, etc. Parmi les conférenciers confirmés, Alassane Ba, directeur général par intérim, Africa50, Banque africaine de développement, Joseph Boateng, chef des placements, Casey Family Programs, Hela Cheikhrouhou, directeur exécutif du Fonds Vert pour le climat, Makhtar Diop, vice-président pour l’Afrique de la Banque mondiale, Frédéric Fléjou, vice-président, AXA Mediterranean Holding, Alcina Goosby, Agent spécial d’investissement, Fonds de retraite commun État de New York, Shaka Kariuki, Co-Chief Investment Officer, Kuramo Capital Management, Maria Kozloski, Global Head & Chief Investment Officer, Private Equity Funds, IIFC, etc. 14 avril 2016 Les Afriques

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BANQUES & ASSURANCES

Fonds Africa50 : Le directeur général enfin nommé

feuilles de la Banque mondiale a non seulement connu un accroissement ces derniers temps, mais il a connu également une diversification, ce qui constitue un avantage pour le Cameroun engagé dans la voie de l’émergence économique. Toutefois, l’accompagnement de ce bailleur de fonds obéit au programme économique adopté par le pays et dont la structuration générale est de nature à attirer les partenaires au développement. Dans ce contexte, le Cameroun pourrait davantage bénéficier de l’accompagnement de la Banque mondiale, d’autant que «nous sommes dans une phase où on redéfinit notre programme d’appui au gouvernement et nous prenons pour guide le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (Dsce)».

Une économie diversifiée Au regard de la conjoncture économique mondiale difficile du fait notamment de la chute du prix de pétrole, la Banque mondiale a salué la résilience de l’économie camerounaise, ce qui a permis à ce pays, certes modeste producteur de pétrole, de résister à la baisse des cours du baril sur le marché international. Une économie diversifiée, dont 16 Les Afriques .

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certains produits de commercialisation de base à l’instar du cacao, du café et du coton sont pour la plupart à l’origine du taux de croissance à 6% alors que les pays dépendant fortement du pétrole dont la capacité de résilience est faible, voire nulle, sont dans la peine, a constaté la Banque mondiale. Une diversification de l’économie qui permet par exemple au Cameroun de faire face à la guerre imposée par la secte terroriste nigériane Boko Haram, et dont des attaques suicides et des incursions dans la région de l’Extrême-nord du Cameroun ont énormément perturbé les échanges économiques et commerciaux entre le Cameroun et le Nigéria, son premier fournisseur. L’implication de la Banque mondiale au Cameroun se traduit notamment, à travers la construction des infrastructures de communication, à l’instar de la route intracommunautaire reliant le Cameroun à la Centrafrique d’une part et le Cameroun au Tchad d’autre part. Une option qui a pour finalité de favoriser l’intégration sous-régionale qui peine à se traduire dans les actes, malgré un discours politique plutôt optimiste. Achille Mbog Pibasso, Douala

Pour diversifier les revenus

C’est désormais le Camerounais Alain Ebobissé qui va présider aux destinées du Fonds Africa50 de la BAD. Le conseil d’administration du Fonds Africa50 a annoncé, mercredi dernier, sa nomination au poste de directeur général d’Africa50. Pour rappel, cette plate-forme d’investissement panafricaine dans les infrastructures était jusque-là dirigée par un directeur général par intérim, en la personne d’Alassane Ba. Pour Akinwumi Adesina, président de la BAD, qui a salué sa désignation, a ajouté que «sa grande expérience et son leadership mondial reconnu en matière de développement d’infrastructures seront essentiels, car nous voulons faire d’Africa50 une société d’investissement dans les infrastructures efficace et fructueuse...».

Soutien de la BAD à 14 pays d’Afrique australe et de l’Est

Des domaines où l’économie camerounaise a fait montre d’une réelle vitalité depuis quelque temps, et là où elle dispose d’importants atouts pour impulser le développement.

La Banque africaine de développement (BAD) a annoncé par le biais de son président la mise à disposition d’une aide de 549 millions de dollars au profit de 14 pays touchés par la sécheresse en Afrique de l’Est et australe. Ces fonds ont pour objectif d’aider des pays touchés par le phénomène climatique El Nino. Il s’agit notamment de l’Éthiopie, du Malawi, du Mozambique ou du Zimbabwe. Dans le cadre d’un plan d’urgence alimentaire, 5 millions de dollars seront d’abord versés, 361 millions de dollars en prêts à court et long terme, ainsi qu’une enveloppe additionnelle de 183 millions de dollars qui sera allouée au cours de l’année 2016. L’institution bancaire panafricaine rappelle que les fortes températures et l’insuffisance des précipitations ont causé une urgence alimentaire qui touche 36 millions de personnes en Afrique australe et de l’Est.


SÉNÉGAL Affaire Société Générale et groupe Taraf : nouvel épisode Dans le bras de fer judiciaire qui l’oppose au conglomérat agroalimentaire SCI & Jumbo (groupe Taraf), propriété de l'industriel libanais Said Taraf, la filiale sénégalaise de la major française pousse les pions, depuis le siège parisien de la multinationale, pour recouvrer des créances, estimées à plus de 15 milliards de f CFA. Exclusif.

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ociété Générale sort le grand jeu et veut gagner à tout prix le procès dans le dossier judiciaire aux ramifications insoupçonnées qui l’oppose au groupe Taraf du Libano-sénégalais Said Taraf. Le contentieux, porté devant la juridiction sénégalaise, en octobre 2015, opposant le directeur général de la Société Générale de Banque du Sénégal (SGBS), Yann De Nanteuil, son prédécesseur, Daniel Teruin, et Michel Khulman, directeur des Risques, au groupe Taraf et les établissements SCI & Jumbo qui commercialise la marque «Jumbo», amorce un nouveau tournant. Selon des informations rapportées aux Afriques, les hauts dirigeants de la major française comptent blinder le dispositif de la riposte pour passer à la caisse l’ex-client de leur filiale, sise à Dakar. Une source proche de

la multinationale établie à Paris a révélé aux Afriques que les cartes sont entre les mains de la SGBS qui détient, par-dévers elle, des documents fiables, attestant que le groupe Taraf, représenté par Said Taraaf, leur doit plus de 23 milliards de f CFA. Les avocats de la SGBS blinderont leur plaidoirie sur des griefs d'abus de confiance et d'extorsion de fonds pour ferrer leur client.

Honneur et leadership en jeu «Yves Nanteuil compte ne pas perdre la face dans ce procès et tout le haut establishment de la multinationale s'est mobilisé et suit l'affaire avec attention pour une question d'honneur et le maintien du leadership de la marque bancaire», a commenté un dirigeant bancaire français. En dehors du prétoire où les avocats des

Yves Nanteuil compte ne pas perdre la face dans ce procès et tout le haut establishment de la multinationale s'est mobilisé et suit l'affaire avec attention.

deux parties doivent en découdre le 19 mai prochain, Les Afriques a appris qu'un gros ponte du palais présidentiel tire les ficelles dans l'ombre pour faire capoter le procès en faveur de la multinationale. Récemment, un rapport d'un cabinet financier a fait état de rapports de plus en plus conflictuels entre certaines banques et leurs gros clients. Au Burkina, la société Méga Monde est en contentieux avec la BCB (filiale burkinabè de Foreign Bank Libya) pour une créance toujours impayée de près de 7 milliards de f CFA. En Côte d'Ivoire, de gros planteurs d'hévéa ont contracté des prêts auprès de la Banque pour le financement de l'agriculture (BFA) sans rembourser le moindre franc, poussant cette banque à mettre la clé sous le paillasson… Ismael Aidara, Dakar 14 avril 2016 Les Afriques

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BANQUES & ASSURANCES

FBN SÉNÉGAL James Bittaye recalé, le Nigérian Olawale Ibidapo aux manettes A la filiale sénégalaise de First Bank of Nigeria (FBN), entre bruits et guerres de tranchées que se livrent, à distance, le haut establishment à Lagos et les dirigeants francophones des filiales, le siège de la holding vient de nommer le Nigérian Olawale Ibidapo.

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es espoirs du banquier de nationalité gambienne, James Bittaye, qui officiait jusque-là comme intérimaire depuis le départ du Béninois Philippe Kpenou, exPDG de FBN Sénégal, partent en fumée. Selon des informations crédibles parvenues aux Afriques, après plusieurs tractations sur l’axe DakarLagos, le Gambien James Bittaye ne sera pas confirmé au finish au titre de PDG de FBN Sénégal. Les dirigeants de la holding bancaire nigériane, établis à Lagos, ont décidé de confier les manettes de la filiale sénégalaise au Nigérian Olawale Ibidapo Latunji, actuellement Head Business Unit Strategy au siège à Lagos. «Avec cette nomination, First Bank of Nigeria réaffirme sa volonté d’imprimer sa culture

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d’entreprise à toutes ses filiales et accélérer l’alignement de ces dernières à la maison mère», nous a commenté une source autorisée. Un coup dur pour le Gambien James Alieu Bittaye qui lorgnait le fauteuil de PDG de la filiale sénégalaise. De sources bien informées, les manœuvres en cours pour faire bloquer la prise effective de fonction du nouveau CEO Olawale Ibidapo Latunji semblent vouées à l'échec au vu des dispositions de la Commission bancaire et du soulagement des Autorités monétaires de voir enfin cette banque, qui a fêté le 5 avril 2016 son 10ème anniversaire, contribuer davantage au financement de l’économie nationale. I.A., Dakar

Dakar, capitale du Sénégal

Maroc : 3ème édition du rendez-vous de l’Assurance de la Fmsar à Casablanca La Fédération marocaine des sociétés d’assurances et de réassurance (Fmsar) va organiser, du 13 au 15 avril 2016, la 3ème édition du Rendez-vous de Casablanca de l’Assurance. Cette fois-ci, la rencontre sera axée autour de «Comment faire face aux risques émergents dans un monde globalisé ?», sachant que c’est la Côte d’Ivoire qui est à l’honneur. Pour Mohamed Hassan Bensalah, président de la Fmsar, le forum, devenu incontournable dans l’échiquier continental, est une opportunité qui s’offre aux professionnels pour débattre de sujets stratégiques, anticiper les évolutions et tendances à venir et explorer les nouvelles filières créatrices de valeur pour les assureurs et les assurés. Au menu de la manifestation scientifique, 6 conférences plénières et 9 ateliers thématiques, animés par des experts nationaux et internationaux, sur des sujets d’actualité et sur les défis de l’industrie de l’assurance et de la réassurance. Plus de 700 professionnels représentant une trentaine de nationalités y sont attendus à un événement qui sera rehaussé par la présence de Mohamed Boussaïd, ministre marocain de l’Économie et des finances, Hassan Boubrik, président de l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale, Mohamed El Kettani, PDG d’Attijariwafa Bank et par l’intervention de Dirk Kempthorne, président de la Global Federation of Insurance Associations, et de Bernard Spitz, président de l’Association française de l’Assurance, ou encore de Boa Roger Eugène Johnson, président de l’Association des sociétés d’Assurances de Côte d’Ivoire (ASA-CI).


Première édition de l'Oxford Business Forum Africa

FIRST BANK OF NIGERIA Bashirat Odunewu débarque à Dakar Bashirat Odunewu, directrice exécutive du groupe FBN en charge des filiales bancaires internationale, a été dépêchée illico à Dakar par le Dr Adesola Kazeem Adeduntan pour dépolluer l'atmosphère tendue et faire bouger les lignes. Exclusif.

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e siège de la holding bancaire First Bank of Nigeria (FBN) passe à la vitesse supérieure. Les hautes autorités du Groupe FBN basées à Lagos ont dépêché dans la capitale sénégalaise Bashirat Odunewu, directrice exécutive en charge des filiales bancaires internationales. Objectif: mettre fin au tumulte qui règne depuis bientôt un an au sein de la filiale du Sénégal. Who's Bashirat ? Pur produit de First Bank of Nigeria, distinguée comme le «Meilleur manager pour le développement des affaires» en 2010 par le Prix spécial du directeur général, cette banquière émérite, qui a plus de 27 ans à son actif, est experte-comptable. Elle a participé à des formations de haut niveau à Harvard University et à la Columbia University. Celle que l'on présente à Lagos comme une égérie aux compétences avérées a été choisie pour

succéder aux amazones Eyitope St Mathew Daniel-Kola-Oyeneyin et Tomi Otudeko. Femme d‘actions et de caractère, Bashirat est donc à Dakar pour installer Latunji Ibidapo Olawale, coopté comme tout nouveau DG de FBN Sénégal. La cérémonie d'installation de Olawale est imminente, même si aucune date n'a été communiquée, pour l'instant. Selon des sources bien informées, une longue réunion s'est tenue mardi 5 avril 2016 dans les locaux de ladite banque, pour dépolluer l'atmosphère et faire passer les grandes orientations du groupe aux nouvelles autorités de la filiale. Le Gambien James Alieu Bittaye vat-il suivre cette nouvelle feuille de route ou rompre les amarres avec la holding nigériane ? Les jours qui viennent nous en édifieront. Ismael Aidara, Dakar

Lagos, capitale économique du Nigéria

L’Oxford Business Forum Africa Forum, tenu les 11 et 12 mars 2016 à Oxford University, a été axé sur le thème «Afrique déraisonnable». Organisé en collaboration avec Africa Said Business School, l'Oxford Business Network for Africa et dirigé par des étudiants en MBA d'Oxford, le forum a rassemblé plus de 30 intervenants venus de start-up novatrices, d'institutions financières et d'entreprises de pointe, d'ONG et de gouvernements. Selon les organisateurs, il a mis à l'honneur les individus qui sortent des sentiers battus pour trouver des solutions et des opportunités qui remettent en question le statu quo et dont les visions et les décisions courageuses ont donné lieu à des réussites exceptionnelles. En effet, en s’appuyant directement sur l'expérience des principaux entrepreneurs africains, le forum s’est focalisé sur la compréhension de la nature interconnectée des activités, sur la diversité des marchés et des clients dans les pays africains et sur les approches novatrices adoptées par les entreprises pour maximiser leur impact.

Australie : lancement d’un fonds d’1 Mrd de $ pour les Energies renouvelables Dépolluer l'atmosphère et faire passer les grandes orientations du groupe aux nouvelles autorités de la filiale.

L’Australie a lancé, mercredi dernier, un nouveau fonds pour les énergies renouvelables. Doté d’un montant d’1 milliard de $, soit 535 millions £, il sera orienté vers l'innovation des technologies propres dans un contexte de changement majeur des politiques climatiques du pays. Malcolm Turnbull, Premier ministre australien, a précisé que le nouveau fonds aura une approche différente des questions environnementales de celle préconisée par son prédécesseur, l’ex-Premier ministre Tony Abbott. 14 avril 2016 Les Afriques

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ENTREPRISES & MARCHÉS

DAKAR Signature de convention entre le groupe Holmarcom et le Port autonome Afin de faciliter l’accès au logement à ses employés, le Port autonome de Dakar (PAD) vient de signer une convention avec le groupe marocain Holmarcom, via sa filiale sénégalaise Peacock Investments.

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eacock Investments, filiale du groupe Holmarcom, et les représentants des travailleurs du Port autonome de Dakar (PAD) ont signé, jeudi 31 mars 2016, une convention portant sur la construction de 691 logements. Dans un document qui nous est parvenu, il est précisé que ces maisons à usage d’habitation, pour le personnel du PAD, seront situées dans la périphérie de Dakar et se composent de deux types de villas économiques, construites sur une superficie de 150 m2. Les responsables rappellent que le groupe Holmarcom, à travers sa filiale Peacock Investments, a obtenu en juillet 2013 un agrément de l’Etat sénégalais pour la construction de 5 000 logements sociaux. Le

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premier projet de la Cité des Fonctionnaires, à Diamniadio, localité située à 30 km de Dakar, porte sur la construction de 2 850 unités sur un terrain de 72 ha, pour un investissement global de 630 millions de DH. Nous apprenons que, selon l’agenda de livraison, Peacock Investments a construit 260 villas, viabilisé 450 lots de terrain et livré 150 maisons. Dans ce sens, Mohamed Hassan Bensalah, président du groupe Holmarcom, a souligné : «Nous sommes fiers de pouvoir accompagner la politique de la République du Sénégal en matière de développement de l’offre de l’habitat social et nous nous réjouissons de la confiance accordée à notre groupe sur place». Abdelmalek El Mekkaoui, Dakar

Mohamed Hassan Bensalah, président du groupe Holmarcom

Atlanta Assurances : lancement de Quin’Zen pour son personnel Au cours de la convention annuelle, dédiée à ses collaborateurs et placée sous le thème «Ensemble pour le Vivre Mieux», le 12 mars 2016 à El Jadida, la compagnie d’assurances Atlanta Assurances a lancé le concept «Quin’Zen du Bien-être». Etalé du 14 au 28 mars, ce un concept inédit, destiné aux collaborateurs de la compagnie d’assurances a pour objectif de leur apporter zénitude et bien-être, pendant leurs journées de travail et au sein même de leur lieu de travail. Pendant cette période, des cours d’Amma massage et de réveil musculaires ainsi que des ateliers de Méditation et de Yoga. FatimaZahra Bensalah, Administrateur directeur général d’Atlanta Assurances, déclarait alors : «Nous sommes convaincus que le bonheur et le bien-être au travail sont intimement liés à la productivité, la rentabilité et l’excellence. Notre approche RH est ainsi axée sur le bien être individuel et le vivre mieux collectif. La tenue de cette convention n’est que la consécration d’une stratégie RH démarrée en même temps que notre stratégie externe axée sur le bonheur et lancée en 2015».

BAD : 549 millions de $ pour 14 pays d’Afrique australe et de l’Est La Banque africaine de développement (BAD) a annoncé par le biais de son président la mise à disposition d’une aide de 549 millions de $ au profit de 14 pays touchés par la sécheresse en Afrique de l’Est et australe. Ces fonds ont pour objectif d’aider des pays touchés par le phénomène climatique El Nino .Il s’agit notamment de l’Ethiopie, du Malawi, du Mozambique ou du Zimbabwé.


MALI La mine d’or de Morila bat de l'aile

Depuis son ouverture en 2000, la mine d'or de Morila, située à 280 km au sud-est de Bamako et détenue par Rangold Resources, AngloGold Ashanti et le gouvernement malien, fermerait ses portes courant 2019.

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près une belle moisson ces dernières années, la mine de Morila dégringole et court un gros risque de fermeture en 2019. L’annonce a été faite par le ministère malien des Mines. A en croire le chef de ce département, la mine a produit, depuis son ouverture, un volume de 209 tonnes d’or. «Ces trois dernières années, la production de Morila a beaucoup baissé passant de 4,7 tonnes d’or en 2015 aux prévisions de production de 2,8 tonnes cette année». Les réserves se sont révélées, exagérées. La mine d’or Morila, codétenue par Rangold Resources, AngloGold Ashanti et le gouverne-

ment malien, devrait fermer en principe en 2019. Un coup dur pour le géant Rangold Resources, le gouvernement malien et AngloGold Ashanti qui réfléchissent sur un nouveau modèle de développement intégré baptisé «Morila Agrobusiness». Un projet ambitieux que les trois actionnaires ont décidé de léguer aux populations du périmètre aurifère. La mine Morila a rapporté dans les caisses du Trésor public du pays, depuis sa création, la bagatelle de 946 milliards de f CFA. Le Mali, 3ème producteur d'or en Afrique subsaharienne, a produit un volume officiel de 50,5 tonnes en 2015. Ismael Aidara, Bamako

Mine d’or Morila au Mali

La mine d’or Morila, codétenue par Rangold Resources, AngloGold Ashanti et le gouvernement malien, devrait fermer en principe en 2019.

Premier Forum mondial de la science à Dakar Lors du Forum mondial pour la science sur le sol africain, tenu à Dakar, le Next Einstein Forum a lancé un appel mondial pour une nouvelle ère de la science et de la technologie en Afrique. Next Einstein Forum Global Gathering 2016 (NEF2016), qui est le premier forum mondial de science et de technologie africain, est organisé par le NEF, une plateforme qui rassemble des leaders de l'industrie, de la politique, de la science et de la technologie. La première édition de cet évènement biennal a permis une conversation vibrante sur la transformation de l'Afrique et du monde en mettant l'accent de manière plus prononcée sur la science, la technologie et l'innovation. Le NEF, une initiative de l'African Institute for Mathematical Sciences (AIMS), en partenariat avec la fondation Robert Bosch Stiftung, a lieu du 8 au 10 mars dans la capitale sénégalaise, et a rassemblé plus de 700 participants, venus de 80 pays, dont 52 % de jeunes et 40 % de femmes.

Maroc : Signature d’une convention entre AEFS et les producteurs de lait L’Association des experts africains de sécurité sanitaire des aliments (AEFS) a signé, jeudi 7 avril 2016 à Casablanca, une convention avec le Bureau de coordination régional des producteurs de lait, des viandes rouges et des produits agricoles, pour les accompagner dans leur mise à niveau. Confirmation de Mokhtar El Hnot, secrétaire général d’AEFS. Quant au Dr Ahmed Essadki, président de l’association, il a déclaré : «Nous espérons, à travers cette expérience, permettre aux coopératives de se prendre mieux en charge». 14 avril 2016 Les Afriques

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ENTREPRISES & MARCHÉS

MALI-AFFAIRE PEARL GOLD Le tribunal de Francfort déboute Reza Pacha Le feuilleton judiciaire entre Reza Pacha et l’homme d'affaires malien Aliou Boubacar Diallo connaît son épilogue. Selon des informations exclusives, le tribunal de la Cour régionale de Francfort vient de débouter Reza Pacha. Exclusif.

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ans nos précédentes éditions, nous annoncions que la bataille politico-judiciaire avait pris des proportions insoupçonnées alors que tout devait se jouer sur la transparence et le respect du droit. De sources crédibles, jointes par Les Afriques, font état de la destitution de tous les administrateurs que Reza Pacha avait mis dans le conseil de surveillance de Pearl Gold AG. Une décision sans appel du tribunal de la Cour régionale de Francfort. Une victoire sans ambages pour l'homme d'affaires malien, après plusieurs mois de divergences entre administrateurs. Ledit tribunal a également annulé le vote «truqué et non transparent» sur le principe de la confiance que Reza Pacha avait obtenu de l'assemblée générale de Pearl Gold AG. «Le tribunal de la Cour régionale de Francfort vient de dire le droit en annulant tous les votes qui avaient per-

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mis à Reza Pacha et à ses hommes d'usurper le pouvoir dans Pearl Gold AG», a commenté un spécialiste du droit, interrogé par Les Afriques. Ce revers, en défaveur de Reza Pacha, met ainsi fin à la vaste entreprise de déstabilisation de Wassoul'Or SA, en vue d'en prendre son contrôle. Ce dernier avait réussi, par des tours de passe-passe, à mettre ses hommes au conseil de surveillance de Pearl Gold AG. En son sein, des subterfuges avaient permis d'installer dans le tour de table du conseil de surveillance de la compagnie des hommes acquis à la cause de Pacha, souffle-t-on. Pour rappel, Pearl Gold AG détient 25% de Wassoul'Or SA, société de l'entrepreneur Aliou Boubacar Diallo, la seule mine malienne du reste majoritairement contrôlée par un Malien. Ismael Aidara, Bamako

Mine d’or au Mali

Wassoul'Or SA, société de l'entrepreneur Aliou Boubacar Diallo, la seule mine malienne du reste majoritairement contrôlée par un Malien.

Casablanca : Franc succès de la 2ème édition du Carrefour africain La 2ème édition du Carrefour africain, tenue à Casablanca le samedi 2 avril 2016, a vu la participation de plus de 1 500 jeunes diplômés, cadres et professionnels ayant entre 2 et 15 ans d’expérience professionnelle. Nous apprenions que plus de 89% des visiteurs étaient originaires des pays de l’Afrique subsaharienne. Véritable lieu d’échanges où des entretiens d’embauche, des présentations de plusieurs entreprises participantes ont permis aux candidats de s’informer sur les opportunités dans près de 25 pays en Afrique, le forum a accueilli des talents africains tout autant brillants que divers, lauréats de grandes écoles de commerce, d’ingénierie et d’écoles privées du Maroc, de plus de 17 pays africains.

Luanda Sul : La minière Txiegi pour la diversification des recettes fiscales Francisco Queiroz, ministre angolais des Mines, a soutenu, samedi dernier à Saurimo, province de Lunda Sul, en marge de l’inauguration de la mine Txiegi, située dans la localité de Luo, à 90 km de Saurimo, qu’elle va contribuer à diversifier les recettes fiscales et générer de l’emploi pour les jeunes. À noter que la mine, qui a nécessité un investissement de 5 millions de dollars américains, s’inscrit dans le cadre du programme d’Endiama et d’autres projets miniers similaires. Compte tenu du fait que les diamants continuent d’être la principale activité minière, ce projet permettra un développement économique et par conséquent contribuera à la diversification de l’économique nationale, a ajouté le ministre de tutelle.


MALI-AFFAIRE PEARL GOLD Olivier Couriol enfonce le clou Deux jours seulement après la décision de la juridiction de Francfort de débouter Reza Pacha dans le contentieux l’opposant à l’homme d’affaires malien Aliou Boubacar Diallo, Olivier Couriol de Martagon Investment Ltd fait le point.

L’

affaire Pearl Gold continue de faire du bruit. Dans un document qui nous est parvenu, Olivier Couriol de Martagon Investment Ltd s’adresse à ses coactionnaires en ces termes, tout en leur enjoignant d’assister nombreux à l’assemblée générale convoquée le 19 mai : «Cette semaine, le TGI de Francfort a rendu sa décision dans le cadre de ma plainte à l’encontre du management de Pearl Gold AG, me donnant totalement raison en annulant les voix de Horizon Resources Gmbh, seul soutien de Reza Pacha, au motif que ces voix ne pouvaient être prises en compte, pour les mêmes raisons qu’il a invoquées pour révoquer les voix qui soutenaient mon initiative. Cette

décision montre la partialité de Pacha, lequel, en toute connaissance de cause, briefé en cela par l’opportuniste Hartmann, qui reste son conseiller encore à ce jour, n’a pas hésité à faire disqualifier plus de 2,6 millions de voix (plus de 10% des actionnaires) hostiles à son management pour des raisons techniques, alors que celles qui le soutenaient, ces 22,4% d’actions de Horizon Resources GMBH, souffraient du même vice de forme, ce que le TGI a confirmé !».

Dirigeant impartial Il poursuit, soutenant : «Un Pacha qui prétend que les membres qu’il propose au conseil de surveillance sont indépendants alors que Go-

Le TGI de Francfort a rendu sa décision dans le cadre de ma plainte à l’encontre du management de Pearl Gold AG, me donnant totalement raison.

ninon, pour ne nommer que lui, est son employé depuis déjà deux années ! Un Pacha qui se présente partout sur internet, et aux journées minières du Mali, comme à celles d’Indaba, comme notre CEO, mais pour faire la promotion de sa prétendue société d’énergie solaire Smart Solar, ou de ses sociétés MGM (Mali Gold Mine) et Enrroxs. Pacha utilise ainsi depuis plus de 18 mois notre société pour ses intérêts personnels. Mais le plus grave c’est que durant cette période, il a multiplié les procédures judiciaires avec notre argent pour asphyxier notre seul actif, Wassoul'Or, et faire en sorte que cette dernière ne puisse lever les finance14 avril 2016 Les Afriques

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ENTREPRISES & MARCHÉS ments nécessaires à son développement, pour se présenter ensuite comme un sauveur auprès des Tribunaux maliens. Malgré tous ses efforts pour mettre Wassoul'Or en redressement judiciaire, la société a payé l’intégralité de ses dettes aux tiers et son concordat a été homologué en appel».

Abandon de créances de 93 milliards de f CFA Et d’ajouter : «Bien entendu, Pearl Gold AG, qu’on peut lire sur son site, reste sur la décision de mars 2015 et au lieu de se réjouir du désendettement de Wassoul'Or et de l’effort consenti par son actionnaire majoritaire Aliou Boubacar Diallo qui a consenti un abandon de créances de 93 milliards de f CFA, soit plus de 141,7 millions d’euros, Pacha, toujours avec notre argent, s’est aventuré dans un pourvoi en cassation à la Cour commune de justice et d’arbitrage en Côte d’Ivoire, et ce, pour maintenir ce contexte d’incertitude juridique ! Je vous renvoie à mes précédents communiqués et rappelle que c’est précisément cet activisme de Pacha qui nous a valu une condamnation de près de 38 millions d’euros, lesquels, en cas de confirmation, seront majorés des frais de

consignation déjà payés par Diallo au Trésor public malien. Bien entendu, Pearl Gold AG ne communique pas sur son site ces informations pourtant primordiales pour ses actionnaires, et ce, malgré nos nombreuses demandes formelles. Pacha se garde bien également de communiquer que Wassoul'Or, malgré le contexte qu’il s’acharne à rendre impossible, a fait son chemin et respecte le concordat homologué par la Cour d’appel de Bamako en date du 14 juillet 2015 ! Il reste sur son communiqué de fin mars 2015, comme si de rien n’était. Un travail considérable a pourtant été apporté à la géologie avec plus de 50 000 mètres de sondages, en vue d’une exploitation de la carrière sur un mode de «selective mining». L’usine a été totalement auditée par les différents équipementiers (Gekko, Falcon, Knelson, Roc Impact, etc.) auprès desquels Wassoul’Or vient d’acquérir beaucoup d’équipements, dans le cadre de la reprise de ses opérations et leur optimisation. Reza Pacha a récemment convoqué une assemblée générale pour le 19 mai, nous l’attendons avec beaucoup d’impatience et vous attendons nombreux». Ismael Aidara, Bamako

Pacha se garde bien également de communiquer que Wassoul'Or, malgré le contexte qu’il s’acharne à rendre impossible, a fait son chemin.

Concentrateur pour la mine Wassoul'Or au Mali

Côte d’Ivoire : 6ème édition du SITA, en avril à Grand-Bassam Roger Kacou, ministre ivoirien du Tourisme, a procédé, vendredi 1er avril à Grand-Bassam, au lancement de la 6ème édition du Salon international du tourisme d’Abidjan (SITA), prévu du 20 au 24 avril 2016. Pour la 6ème édition du SITA, qui a pour thème «Tourisme en région, source de richesses», quelque 300 exposants et près de 25 000 visiteurs sont attendus. Aussi, c’est la Côte d’Ivoire qui sera mis en exergue, en hommage aux victimes de l’attentat terroriste de Bassam. C’est enfin une manière de promouvoir davantage la destination Côte d’Ivoire. Dans ce même ordre d’idées, le SITA 2016 sera aussi marqué par la tenue en Côte d’Ivoire de la 58ème réunion de la Commission de l’organisation mondiale du tourisme (OMT), suivie de la conférence annuelle 2016 des parties prenantes. Des assises internationales qui feront l’honneur d’Abidjan, du 19 au 21 avril, a indiqué le ministre de tutelle.

Reprise des vols Royal Air Maroc sur l’axe Rabat-Bruxelles

Dans un communiqué qui nous est parvenu, Royal Air Maroc (RAM) a annoncé qu’après la reprise des vols entre Casablanca et Bruxelles, la compagnie reprend, à compter du 11 avril, les vols de sa route reliant Rabat à la capitale de la Belgique, à raison de 3 fréquences par semaine (lundi, mercredi et vendredi). La compagnie marocaine de transport aérien rappelle que les passagers des vols annulés peuvent être transférés prioritairement sur ces vols, sans frais supplémentaires, et en fonction de la disponibilité. À noter que ces clients ont la possibilité de demander un remboursement, selon les conditions tarifaires du billet. 24 Les Afriques .

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HUB AFRICA Quand l’entrepreneuriat catalyse l’émergence Hub Africa, qui revendique d’être la première plateforme des investisseurs et des entrepreneurs en Afrique, a inauguré le 7 avril au parc d’exposition de l’Office des changes à Casablanca sa 4ème édition.

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t de 4 ! Hub Africa poursuit sur la voie tracée au départ et étrenne son 4ème Forum à Casablanca pour fêter les entrepreneurs d’aujourd’hui et de demain. Pendant deux jours, les jeudi 7 et vendredi 8 avril 2016, la capitale économique du Maroc a reçu des centaines de chefs d’entreprises de toutes les tailles, allant du grand compte à la start-up en passant par la PME, la TPE, mais aussi des investisseurs, porteurs de projets incubés, des universitaires, au cours de cette manifestation qui est en train de devenir un rendez-vous incontournable des professionnels. Comme l’ont si bien dit les initiateurs, pour ceux-ci, le Forum Hub Africa permettra d’avoir un éclairage 360° sur l’écosystème entrepreneurial. Un écosystème célébré à sa juste valeur par la présence des différents représentants des décideurs africains et marocains du monde politique et économique, notamment la présence de Salah Eddin Mezouar, ministre marocain des af-

faires étrangères et de la coopération. Entre autres événements, le Pitch, le MarketPlace B2B, pour accentuer les contacts et une cérémonie de remise de Prix ou Hub Africa Awards. Pour davantage de succès et chances de concrétisation de ces premiers contacts, un Espace conseil est réservé aux participants qui le désirent. Grosso modo, au cours de cette 4ème édition, les entrepreneurs sont choyés. C’est de bonne guerre, d’autant plus que Zakaria Fahim, co-fondateur de Hub Africa, a coutume de dire que les entreprises sont le véritable moteur de la croissance et de création d’emplois. Parmi les nouveautés de cette année, outre le Sénégal qui est à l’honneur, Maroc Export a été adoubé coorganisateur du Forum Hub Africa, en collaboration avec NGE Export. Parmi les autres partenaires, on compte la banque africaine de développement (BAD) et Afineety (plateforme de crowdfunding au Maroc). Abdelmalek El Mekkaoui, Casablanca

CEN-SAD : du renforcement de la coopération dans la lutte antiterroriste À l’issue d’une rencontre historique qui s’est déroulée à Charm El Cheikh en Égypte, les ministres de la Défense de 27 pays de la communauté des Etats sahélo-sahariens (CEN-SAAD) ont convenu de renforcer davantage la coopération en matière de lutte antiterroriste. La résolution sera d’ailleurs présentée aux chefs d’Etat de la CEN-SAAD. Elle met l’accent sur un partage de renseignements et l’établissement de patrouilles conjointes aux frontières. Il a été aussi retenu l’idée de la construction d’un centre antiterroriste basé au Caire selon le ministre égyptien de la Défense, Sedki Sobhi. Les pays de la CEN-SAAD sont durement touchés par les menaces terroristes. Les violences des jihadistes ont tué des milliers de personnes dans cette région.

L’Afrique émergente, invitée d’honneur du Forum Cercle de Lorraine

Les entreprises sont le véritable moteur de la croissance et de création d’emplois.

Le Cercle de Lorraine, un prestigieux club d’affaires belge basé à Bruxelles, accueillera Guy Gweth, président du Centre africain de veille et d’intelligence économique, le 28 avril 2016. Le forum annuel du cercle va profiter avec succès de l’émergence de l’Afrique tout en contribuant efficacement à son développement économique et social, selon les organisateurs de cette rencontre résolument élitiste et réservée à un nombre limité de personnalités les plus représentatives du monde des affaires en Belgique. Fondé en 1998 à Bruxelles, le Cercle de Lorraine est un prestigieux club belge d’affaires situé dans la capitale de l’Europe. Il a pour objectif de rassembler des personnalités représentatives du monde industriel et financier de la Belgique. 14 avril 2016 Les Afriques

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ENTREPRISES & MARCHÉS

HUB AFRICA AWARDS Le Prix Les Afriques attribué à Wafasalaf La 4ème édition du Forum Hub Africa tire à sa fin. Une manifestation marquée, jeudi 7 avril 2016, par la remise du Prix Les Afriques à Wafasalaf. Une récompense pour magnifier les avancées des principaux acteurs dans la sphère de l’entrepreneuriat en Afrique.

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afasalaf remporte haut la main le Prix du magazine Les Afriques. Le trophée a été décerné, jeudi 7 avril 2016, par Libasse Ka, administrateur-directeur du développement de Les Afriques, à Leila Mamou, présidente du directoire de Wafasalaf, en présence de Zakaria Fahim, président fondateur de Hub Africa, d’Alioune Guèye, commissaire général du Forum, président NGE Impact et co-organisateur, parmi d’autres personnalités. C’est justement l’engagement économique et sociétal envers l’ensemble de ses parties prenantes, à savoir clients, partenaires institutionnels et commerciaux, société civile, etc. de Wa-

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fasalaf, qui a ainsi été sanctionné par ce trophée. Entre autres prix décernés au cours de cette manifestation organisée sous l’égide du ministère marocain des Affaires étrangères, celui de la coopération Sud-Sud à la Marocaine des Jeux et des sports (Mdjs), Prix Hub Africa à la société marocaine des mines Managem, le Prix de la Femme entrepreneur de l’année à Masteryze, le Prix de l’Entreprise innovante à Nielsen, le Prix de la RSE à Lygo, le Prix du Jeune entrepreneur à Easychair et le Prix de l’Entrepreneur de l’année à Itechia. A noter qu’un Prix Coup de cœur a été décerné au défunt Ali Zarhali de Rabat. Abdlmalek El Mekkaoui, Casablanca

De gauche à droite : Leila Mamou, présidente du directoire de Wafasalaf, Badr Benyoussef, directeur du développement de la Bourse de Casablanca et Libasse Ka, administrateurdirecteur du développement de Les Afriques. (Photos : Yassir Quebdani).

Lancement de la 3ème édition d’Atlas Academy Awards À l’occasion de son cinquantenaire, le leader du tourisme et du voyage au Maroc Atlas Voyages a créé les Atlas Academy Awards (AAA), en association avec le cabinet de consulting Artegis. Cette initiative citoyenne a pour objectif de rapprocher le monde de l’entreprise et le monde universitaire, autour du thème du marketing des destinations touristiques au Maroc, afin de permettre aux étudiants et futurs leaders de concevoir et de réaliser des plans stratégiques. Destinés aux étudiants en Master de l’enseignement public et privé, les AAA by Atlas Voyages consistent à leur faire développer des gestes et des postures de recherche active et fructifier des compétences d’écriture scientifique à l’aide de processus pragmatiques. Cette 3ème édition des Atlas Academy Awards fait suite au succès rencontré par les deux premières éditions et regroupera de Grandes Institutions des secteurs public et privé, à raison de 3 étudiants de Master en marketing et un encadrant par institution. Le thème retenu cette année tourne autour des «Pistes de réflexion pour le développement du tourisme interne à Marrakech et la réalisation d’un plan de marketing stratégique et opérationnel adapté pour la période 2016-2020». Une première sélection aura lieu à Casablanca le 16 avril 2016 au sein du siège de la CGEM, conformément au cahier des charges établi. La finale entre les 4 meilleures institutions retenues se déroulera le 28 mai 2016 à Marrakech et sera suivie par l’annonce officielle des résultats et la remise des Prix. À noter que le meilleur plan d’action rapportera 15 000 DH en bons d’achat à ses auteurs ainsi que des weekends à Marrakech ou Agadir, le deuxième Prix consiste en des bons d’achat d’une valeur de 9 000 DH et le troisième aura droit à 6 000 DH de bons d’achat.



POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE

CONGO Les dessous d’un hold-up électoral Denis Sassou Nguesso, au pouvoir au Congo depuis 1997, après avoir dirigé le Parti unique de 1979 à 1992, a été déclaré vainqueur par le Conseil constitutionnel, au terme d’une journée confuse dans la capitale Brazzaville, où des tirs à l’arme lourde ont retenti. Des sources dignes de confiance assurent que les membres de ce Conseil ont été contraints manu militari à se prononcer… Des résultats controversés

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es tirs ont retenti à Brazzaville lundi 4 avril. En dépit d’un calme précaire, une certaine confusion demeurait dans la capitale congolaise. Comment s’en interroger lorsqu’on sait que contrairement à la victoire proclamée du président Denis Sassou Nguesso, au premier tour, ce dernier a été battu à plate de couture, selon les chiffres réels affichés dans les bureaux de vote des principales grandes villes du Congo, notamment à Brazzaville, Pointe Noire, Dolisie, Nkayi, Kinkala, Ouésso ? Aussi, comment peut-on expliquer ces chiffres de 100% attribués au candidat Sassou dans certaines zones, s’étonne un membre de la

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Commission électorale indépendante qui a requis l’anonymat ? La réalité c’est que l’armée encerclait la salle des délibérations avec des chars de combat, pour que Sassou soit proclamé vainqueur, sans l’examen des recours. De tels faits donnent en partie raison au président français Jacques Chirac qui un soir de 1990 lança à Abidjan : «La démocratie serait un luxe pour certains Etats du continent africain». C’est exactement le cas, avec le pronunciamiento électoral que le Congo vient de connaître, à la suite d’une élection présidentielle, organisée à huis clos, le pouvoir en place ayant procédé à la coupure de toutes les communications, plus de 4 jours.

Denis Sassou Nguesso, président du Congo

L’armée encerclait la salle des délibérations avec des chars de combat, pour que Sassou soit proclamé vainqueur, sans l’examen des recours.

C’est à 3 heures du matin que le ministre congolais de l’Intérieur a procédé à la proclamation des résultats provisoires controversés plaçant Sassou vainqueur, dès le premier tour avec 60% des suffrages, devançant largement ses concourants Parfait Kolélas (15,05%) et Jean Marie Michel Mokoko (13,89%). Des résultats contestés et fabriqués, selon les opposants par le ministre de l’Intérieur en «complicité» avec la CENI, contrainte par la force. Thèse confortée par le coordonateur de l’opposition Charles Zacharie Bowao qui, à travers les chiffres de la Commission technique électorale, mise en place par l’opposition, annonce de son côté, samedi 2 avril, un second tour entre Parfait Kolélas qui obtient 30% et Jean Marie Mokoko qui obtient 29%. Si ces chiffres proclamés par l’opposition sont exacts, alors le président sortant ne dépasse pas la barre des 10% et se trouve éliminé dès le premier tour. Le Congo se trouve dans une situation inédite, avec des résultats émanant d’une part du pouvoir et d’autre part de l’opposition. Dans un tel contexte, le recours au juge constitutionnel reste démocratiquement la seule et unique voie, en mesure de départager les différents contestataires. Dans la perspective d’une vague de contestation généralisée, le régime de Brazzaville a décidé le passage en force. C’est ainsi que dans la matinée du lundi 4 avril qu’on a assisté à une sorte d’auto-attaque qui permit au pouvoir de museler toute forme de contestation, occasionnant ainsi le déploiement de l’armée dans tout-


Brazzaville, la capitale. Plusieurs observateurs trouvent que le président congolais Sassou Nguesso, qui cumule 33 ans au pouvoir, a fait fi de la volonté exprimée par le peuple congolais pour s’autoproclamer vainqueur, dès le premier tour.

Les dessous d’une proclamation Après la publication des résultats par le président du Conseil constitutionnel, le juge Iloki, une source proche de cet organe a affirmé : «C’est le plus mauvais jour de ma vie… je suis comme quelqu'un qui sort de l’enfer, on a été pratiquement séquestré… beaucoup de membres du Conseil n’étaient pas au courant de l’ordre du jour». Cette source nous indique qu’«après la séance de vendredi 1er avril 2016, les membres de la Cour devraient statuer sur les dossiers traités au niveau de la cellule technique. A cet effet, le Conseil prévoyait de tenir les premières séances au plus tôt le jeudi pour d’abord examiner le contentieux électoral, puis statuer sur les recours le lendemain, vendredi, pour enfin procéder à la proclamation des résultats, dans la matinée du samedi autour de

10h». Elle poursuit, soutenant que : «Contre toute attente, les membres du Conseil ont été convoqués de toute urgence le lundi. Certains d’entre eux pensaient que c’était juste pour une communication interne, mais à leur grande stupéfaction, le bâtiment a été encerclé par les chars et plusieurs véhicules de l’armée». Les militaires avaient fait irruption dans la salle d’audience du Conseil, munis d’un message clair et dans un ton menaçant, et ont exigé «de proclamer les résultats aujourd'hui», confirme notre informateur. De ce fait, déplore-t-il, aucun membre n’a eu le temps d’examiner le moindre procès-verbal ou feuille de pointage. Ces éléments armés, qui avaient pris d’assaut le siège du Conseil constitutionnel, ont poussé la théâtralité jusqu’à apporter des croissants et des rafraîchissements aux membres du Conseil… leur intimant de dupliquer les résultats dans l’ordre de 2009 et de déclarer la requête de Parfait Kolelas irrecevable. Sans coup férir, le Conseil constitutionnel a dû s’exécuter sans débat et sans avoir examiné à fond les résultats… la suite, on la connaît. Abdelmalek El Mekkaoui, Brazzaville

Aucun membre Jacob Zuma plie n’a eu le temps mais ne rompt pas d’examiner le Accusé d’avoir détourné des deniers publics, le président sud-africain moindre Jacob Zuma s’est adressé vendredi procès-verbal soir au Parlement. Il a décidé de rembourser et fait son mea culpa au juou feuille de gement historique prononcé la veille pointage. par la Cour constitutionnelle. Cette dernière venait de déclarer qu’il avait violé la Constitution et par conséquent devait rembourser une partie des sommes colossales, puisées dans les caisses de l’Etat, qui ont servi pour la rénovation de sa résidence privée. Pour mémoire, les travaux réalisés dans sa propriété de Nkandla, son village natal, dans la région du Kwazulu-Natal, ont coûté 15 millions d’€.

José Eduardo dos Santos s’enquiert du projet intégré agricole de Quiminha

Violences à Brazzaville

Profitant de sa visite sur le terrain, lundi 4 avril 2016, José Eduardo dos Santos, président de l’Angola, a semé les premiers grains de maïs du projet intégré de développement agricole et régional de Quiminha, de la municipalité d’Icolo e Bengo, située dans la province de Luanda. Sur ce chantier, situé à près de 60 km au nord de Luanda, chaque famille de paysans aura droit à 3 ha pour développer son exploitation. Pour rappel, le projet, dont les travaux ont été entamés en 2012, s’étend sur 5 000 ha entre les communes de Cabiri et Bom Jesus et vise à accélérer le développement économique et social de Quiminha, à travers les investissements en infrastructures, l’exploration agricole familiale, la création de production intensive et les installations industrielles d’appui à la production agricole. Outre la production agricole, il y est prévu la production de 22 millions d’œufs et divers types de spéculations pour une production de près de 25 000 tonnes par an. 14 avril 2016 Les Afriques

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POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE

CONGO Sassou Nguesso aime-t-il son pays ? Après une élection présidentielle, pour le moins controversée, le président Denis Sassou Nguesso, qui vient d’être réélu pour un énième mandat, envoie son armée pour pilonner à l’arme lourde et mitrailler, depuis des hélicoptères, le camp de ses adversaires et les populations de Brazzaville, sorties pour exprimer leur désarroi… ciels, il a disparu depuis lundi. Son domicile est assiégé, un minibus de la police est posté devant et des éléments armés sont positionnés tout autour.

Quelles leçons du passé ?

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epuis la proclamation forcée des résultats du scrutin présidentiel, Brazzaville, capitale du Congo, a connu des violences qui ont fait une vingtaine de morts, lundi 4 avril 2016. Des bombardements qui se sont poursuivis le lendemain. Pouvoir et opposition se rejettent la balle. Il faut avouer que sur les procès-verbaux de très nombreux bureaux de vote qui circulent et qui sont repris par différents fils d’information, le candidat Denis Sassou Nguesso arrive loin derrière ses rivaux, notamment le général Jean-Marie Michel Mokoko. Dans une sortie, le gouvernement, par la voix de son porte-parole, Thierry Moungalla, assure mener des «investigations» pour déterminer l’origine des violences dans la nuit de dimanche à

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lundi. Rapidement, des miliciens Nsiloulou opposés au président Sassou Nguesso ont été accusés d’être à l’origine de tout. Des miliciens qui ont combattu Sassou, lors de la guerre civile du Pool entre 1998 et 2003. Pourtant, plusieurs témoignages font état de bombardements à l’arme lourde par du matériel militaire de l’armée régulière et des tirs à la mitraillette depuis des hélicoptères. Le sud de la capitale Brazzaville est déserté par ses habitants… Le mardi 5 avril, c’est le fief de l’exchef de milice, Frédéric Bintsamou, alias Pasteur Ntumi, qui a été pilonné par des hélicoptères. Ainsi à Soumouna ou encore à Mayama, localité voisine, les dégâts ont été importants. Quant au général Jean-Marie Michel Mokoko, arrivé troisième, selon les résultats offi-

Denis Sassou Nguesso, président du Congo

Plusieurs témoignages font état de bombardements à l’arme lourde par du matériel militaire de l’armée régulière et des tirs à la mitraillette depuis des hélicoptères.

Brazzaville va-t-elle retrouver ses allures de ville meurtrie par la terrible guerre civile de 1993-2002 entre Pascal Lissouba et Sassou que d’aucuns déplorent, clamant «Sassoufit !» ? Nul ne souhaite ce scénario apocalyptique au Congo. Il serait louable pour les acteurs politiques d’user des voies de dialogue pour épargner le martyre au peuple congolais qui ne réclame que la paix et le respect des principes démocratiques. Commentant l’actualité congolaise, l’ancien président de l’Assemblée nationale de la RDC, Vital Kamerhe, a jugé nécessaire de faire ce rappel sur le plateau de TV5 Monde : «Il y a eu une guerre civile en 1997 entre le président Lissouba et Sassou, pendant laquelle le président Sassou s’était considéré comme victime de la situation. On pensait qu’après ces évènements douloureux qui ont conduit à plusieurs morts, je croyais que tout cela était resté derrière nous. Je ne comprends pas cette attitude odieuse qu’affiche le pouvoir de Brazzaville envers les opposants et la population, il y a eu une élection au Sénégal, au Bénin… on n’a pas vu les domiciles des opposants encerclés... Ce sont ces pratiques qui tuent la démocratie. Ce que je peux dire au président Sassou est qu’il doit se ressaisir, il doit savoir qu’aucune arme ne peut vaincre un peuple qui est déterminé à prendre son destin en main. Il doit comprendre et laisser le pouvoir pour qu’il puisse sortir par la grande porte». Et toc ! Abdelmalek El Mekkaoui, Brazzaville



POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE

BÉNIN Un gouvernement de 21 ministres sans un sherpa Quelques heures après son investiture à Porto-Novo, le nouveau président béninois, Patrice Talon, a dévoilé la liste de son gouvernement. Une équipe de 21 ministres, sans Premier ministre. Deux têtes fortes, Abdoulaye Bio Tchané et Pascal Irène Koupaki occupent des strapontins stratégiques. Patrice Talon, président du Bénin

nistre délégué auprès de la présidence de la République, chargé de la Défense nationale. Sacca Lafia, ancien ministre de l’Énergie et gros ponte sous l'ère Yayi Boni, lequel a posé ses valises chez Patrice Talon, occupe désormais le portefeuille de ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique. Quant à Aurélien Agbenonci, il hérite du fauteuil des Affaires étrangères. Ce haut fonctionnaire du système des Nations unies occupait jusqu’avant sa nomination le poste de représentant du Pnud en Centrafrique. Après avoir défait l'ancien Premier ministre, Lionel Zinssou, le nouvel homme fort du Bénin, Patrice Talon a cent jours pour rassurer et convaincre le peuple et la communauté internationale de sa feuille de route quinquennale. Ismael Aidara, Cotonou

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ascal Iréné Koupaki et Abdoulaye Bio Tchané, considérés comme deux soutiens de taille pour la victoire du président Patrice Talon, lors du second tour de la présidentielle béninoise, sont récompensés. Ils sont propulsés au rang de ministres d’État. Irène Koupaki hérite du portefeuille très convoité de secrétaire général de la présidence, tandis que l'ancien président de la BOAD s'adjuge le portefeuille du Plan et du développement. Un poste stratégique pour la conception, la coordination et la mise en route des grandes réformes et des chantiers du nouveau président du pays. A la table du gouvernement, deux proches de Patrice Talon font leur entrée, à savoir Me Joseph Djogbenou nommé Garde des Sceaux, tandis que le sulfureux député Candide Azannaï est désigné mi-

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Membres du gouvernement béninois Ministre d’Etat chargé du développement : Abdoulaye Bio Tchané Ministre d’Etat, Secrétaire général à la présidence de la République : Pascal Irénée Koupaki Ministre de l’Intérieur : Sacca Lafia Ministre délégué auprès du président de la République chargé de la Défense : Candide Azannaï Ministre de la Justice : Joseph Djogbénou Ministre des Sports : Oswald Homeky Ministre des Finances : Romuald Wadagni Ministre de la Canté : Seidou Allassane Ministre de la Culture et du tourisme : Ange Nkoué Ministre de l’Agriculture : Delphin Koudandé Ministre du Commerce et de l’Industrie : Lazare Séhouéto Ministre des Affaires étrangères : Aurelien Agbénonci

Ministre de l’Enseignement primaire : Karimou Salimane Ministre de l’Energie : Jean-Claude Houssou Ministre de la Communication et des Tic : Rafiatou Monrou Ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique : Marie-Odile Attanasso Ministre des Enseignements secondaire, technique et de la formation professionnelle : Lucien Kokou Ministre de la Décentralisation et de la gouvernance locale: Barnabé Dassigli Ministre du Travail, de la fonction publique et des affaires sociales : Adidjatou Mathys Ministre des Infrastructures et des transports : Hervé Hehomey Ministre du Cadre de vie et du développement durable : José Didier Tonato



DOSSIER

La nouvelle révolution financière ? Le OneCoin est un tout nouveau type de crypto-monnaie. Créé, il y a à peine quelques mois, il va de succès en succès pour se hisser dans le top 3 de ce marché. Au-delà des gains possibles qu’il permet, ne cessant de s’apprécier, il entend chambouler les transactions financières, voire le futur de la monnaie.

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De 3,35 euros en novembre 2015, il est actuellement à 5,638 euros. Des projections avancent qu’il va atteindre 100 euros d’ici 2 ans. 34 Les Afriques .

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usque-là, la monnaie numérique était surtout connue par la plus célèbre d’entre elles : le Bitcoin. Mais cette dernière a connu des hauts et des bas. En effet, lancée en 2009 à 0,10 centimes de $ l’unité, il est montée jusqu’à 1 200 $ trois ans plus tard, avant de se situer en dessous des 400 $ aujourd’hui. Aussi, pendant un moment, courant 2013, la pérennité du Bitcoin, en particulier, et de la monnaie numérique, en général, a été sérieusement ébranlée. Elles ont en effet été au centre d’affaires de blanchiment et de trafics de drogue. Il a fallu une vigoureuse plaidoirie de Patrick Murck, représentant de la Fondation Bitcoin, chargée de promouvoir cette cryptomonnaie, au cours d’une audition au Sénat américain, consacrée aux «risques» et «promesses» des devises virtuelles. Il martela alors que : «Le bitcoin n’est pas un voile magique pour des transactions illicites». Le Bitcoin a eu à faire avec le FBI, police fédérale américaine, dans la mesure où Silk Roak, site clandestin, qui permettait d’acheter ou vendre de la drogue avec des Bitcoins, a dû être fermé et 26 000 Bitcoins saisis, soit 3,6 millions de $, à ce moment-là. Cet impair a précédé les investissements importants sur ce type de monnaie. Parmi ceux-ci, Richard Brandson, Marc Zukerbergh, Bill Gates qui y ont investi plus d’un milliard de $. Justement, en 2015 Dr Ruja Ignatova, née à Sofia en Bulgarie, licenciée en droit de l’Université d’Oxford et titulaire d’une maîtrise en économie de l’université de Constance, et avec un background parsemé de nombre de sucess-stories, a mis au point une crypto-monnaie, basée sur la réussite et les inconvénients du Bitcoin. Elle l’a dénommée Onecoin et a créé une société Onecoin, enregistrée à Gibraltar (un paradis fiscal), mais avec des démembrements à Sofia, Londres, Hong Kong. De 3,35 euros en novembre 2015, il est actuellement à 5,638 euros. Des projections avancent qu’il va atteindre 100 euros d’ici 2 ans. Une fois membre, on peut acquérir, selon une méthode bien déterminée, le stade de Rookie à Infinity, en passant par

Starter, Pro Trader, Executive Trader, Tycoon Trader, Premium Trader, et Festival Packet, en acquérant respectivement un pack de 110 euros, soit 1 000 tokens (1 token = 0,156 euros), de 550 euros représentant 5 000 tokens, de 1 100 euros = 10 000 tokens, de 3 300 = 30 000 tokens, de 5 500 = 60 000 tokens, de 13 750 euros et de 20 780 euros. Sur ces gros packs, des promotions sont périodiquement offerte permettant d’avoir des splits. Après deux splits, le membre peut se retrouver avec 240 000 tokens, soit 9 600 onecoins. Mais au fait qu’est-ce qu’une crypto-monnaie ? C’est une monnaie électronique décentralisée qui utilise le principe de la cryptographie, afin de valider les transactions. L’algorithme d’une crypto-monnaie permet un nombre fixe de solutions, appelées «Coins». Tout est basé sur les mathématiques et ne peut être changé lorsque le mining a commencé. Avec cette monnaie, qui permet d’éliminer tous les frais de transactions, indépendantes des banques et des gouvernements, on peut vendre des jetons, en conserver et faire doubler son portefeuille ou encore conserver ses jetons et miner des onecoins pour participer à l’augmentation de la valeur du onecoin. Une monnaie numérique qui peut être traduite en cash dans n’importe quelle banque. C’est une création de monnaie, jusque-là domaine régalien réservé aux Etats… Justement, basé sur un système qui a déjà produit un effondrement d’une pyramide, en l’occurrence le bitcoin, le onecoin a aussi ses détracteurs. Ceux-ci craignent le revers de la médaille après le fort engouement derrière cette crypto-monnaie. Tous ceux, qui avaient raté la première vague de la monnaie électronique, voient avec le lancement du onecoin, la chance d’être au début d’une révolution. De 800 000 membres, la première année, le nombre d’adhérents a atteint 1 808 575, au moment où nous rédigeons ces lignes. Mais quid de de l’addiction, du gain facile, du détournements de fonds... ? Daouda MBaye, Casablanca


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DOSSIER

Onecoin Comment ça marche Pour obtenir des onecoins, il faut d’abord être membre. Des règles bien définies lient et régissent la relation entre chaque IMA (Independent Marketing Associate Application) et la société Onecoin. Une société qui fait examiner et auditer régulièrement sa crypto-monnaie par un cabinet indépendant.

Un exemple de tableau de bord

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e onecoin a pris un excellent départ. La société Onecoin Ltd enregistrée à Gibraltar et qui a des opérations à Sofia, Londres et Hong Kong revendique 94 millions d’euros de chiffre d’affaires. Avec ses deux secteurs d’activités, la One Academy,

elle pourra permettre aux membres d’acquérir des formations sur plusieurs niveaux, selon les packs payés, et bénéficier de la production de la pièce onecoin. Selon les packs, ils reçoivent des tokens. Ces derniers permettront d’acquérir des onecoins. Puis, ils recevront des OneLifePoints par jour pour

Packs disponibles Chaque pack rapporte un certain montant après 1 an. Les fonds peuvent être retirés après 3 mois. Starter à 140 € pour 250 € après 3 mois, 1 000 € après 1 an. Pro Trader à 580 € pour 500 € après 3 mois, 5 000 € après 1 an. Executive Trader à 1130 € pour 2500 € après 3 mois, 10 000 € après 1 an. Tycoon Trader à 3330 € pour 7500 € après 3

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mois, 30 000 € après 1 an. Premium Trader à 5500 € pour 25 000 € après 3 mois, 100 000 € après 1 an... A noter que les 30 €, frais d’activation, sont gratuits, accordés aux Rookies, mais qu’on pousse les inscrits à s’exécuter rapidement sachant qu’à partir du lundi 11 avril, les packs d’entrée seront majorés de 10%.


Onecoin surfe sur 3 tendances, à savoir la monnaie numérique, le MLM (Multi-Level Marketing), associé à la puissance de modèle économique que constitue le marketing de réseau et la blockchain.

acheter, sur une plateforme de la compagnie, des produits à bas coûts… Onecoin surfe sur 3 tendances, à savoir la monnaie numérique, le MLM (Multi-Level Marketing), associé à la puissance de modèle économique que constitue le marketing de réseau et la blockchain ou technologie de la crypto-monnaie, la plus prisée de la finance mondiale à l’heure actuelle. Ceux qui veulent multiplier leur argent peuvent s’y mettre sans délai, vu que le plan de rémunération, mis en place par la société Onecoin présente dans 190 pays, permet de rémunérer les membres tous les lundis, leur octroyant des onecoins. Pour adhérer, il suffit de s’inscrire, remplissant identifiant, affiliation, email, mot de passe… sur www.onecoin.eu/signup/thebestmother. Une fois inscrit, le membre opte pour les différents packs proposés. Il a deux possibilités à sa portée pour accumuler des onecoins. Soit, il clique son profil et suit les options, en faisant attention d’opter pour la case gauche ou droite, pour le choix des membres à parrainer, avec au bout le Bonus direct de 10% sur le pack investi pour ces personnes parrainées. Soit, le plan de compensation lui permet de choisir le Bonus Network. Il consiste à établir une pyramide ou arbre «généalogique». Et dès qu’un membre s’inscrit, il faut choisir de le placer soit à droite, soit à gauche. Sur la branche la plus faible, le membre inscrit va recevoir 10 % sur les points d’équipe accumulés. Ainsi de suite, jusqu’aux générations ultérieures… Le système fonctionne sur le principe du Matching bonus, à savoir dès qu’on aide les autres à gagner de l’argent, on en gagne aussi. Et plus one-

coin devient populaire, proportionnellement sa valeur devient importante. Chaque nouveau membre qui rejoint Onecoin fait augmenter la demande et le prix des Tokens (1 token valait 0,156 euro ou 0,151 $, la semaine dernière) sur l’espace d’échange augmente aussi. Afin d’encourager l’entrée de nouveaux membres, pendant les 30 premiers jours après l’inscription un bonus additionnel de 10 % est octroyé sur l’ensemble des ventes directes générées pendant cette période. La seule condition est que vous ayez généré des points d’équipe supérieurs à 5 500 durant les 30 jours qui suivent votre inscription, c’est le bonus de démarrage rapide. Avec les split, il est possible de doubler son compte. Selon le pack choisi, il est possible de faire jusqu'à 2 splits et augmenter la valeur de son pack. Entre autre particularité du onecoin, le membre doit régler sous 15 jours, à défaut de voir son compte suspendu. Pour rentrer dans ses fonds, plusieurs options via les transferts bancaires, par OneCoin ID: 3467331 ou encore par Carte de Credit. Sauf qu’avec la croissance exponentielle du chiffre attendu, gare à l’inflation… susurrent les détracteurs du onecoin. Dr Ruja Ignatova se réjouit de créer une approche active dans le modelage du futur de la monnaie. A-t-elle suffisamment planché sur la rançon de la gloire, quand les membres atteindront le milliard ? Aussi, cet élan de bancarisation des africains qu’elle appelle n’est-il pas un leurre, vu le ticket d’entrée (fixé à 100 €, mais passé à 110 € depuis le 11 avril 2016). Aussi, quid du financement des nébuleuses, la participation aux conférences n’étant que peu sélectives. Abdelmalek el Mekkaoui, Casablanca

Des conférences partout à travers la planète, avec entrée payante (environ 15€)

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DOSSIER

Derrière le OneCoin se cache le Dr Ruja Ignatova Le Dr Ruja Ignatova est la fondatrice et propriétaire du système monétaire appelé OneCoin dont elle est également la responsable de l’exploitation. Cette brillante étudiante, devenue femme d’affaires, peut se prévaloir d’une solide expérience dans le milieu financier mondial.

Ruja Ignatova

Son expérience et ses innovations lui ont valu, en 2012, le Prix de Femme d’affaires de l’année, en Bulgarie. 38 Les Afriques .

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e OneCoin est une crypto-monnaie et un moyen d'échange comme les monnaies normales. Mais il a été conçu dans le but d'échanger des informations numériques, à travers un processus rendu possible par certains principes de la cryptographie. C’est la méthode utilisée pour sécuriser les transactions et contrôler la création de nouvelles pièces. A la tête de cette nouvelle entité (OneCoin) se cache le Dr Ruja Ignatova qui dirige l’entreprise de monnaie virtuelle. Elle est née à Sofia, en Bulgarie, où ses parents étaient étudiants. Elle a grandi à Pleven et Sofia jusqu’en 1990, année où ses parents obtiennent un visa de travail pour l'Allemagne. Alors qu’elle n’avait que 10 ans, Ruja Ignatova a dû déménager avec ces derniers pour vivre dans un pays où elle ne comprenait pas la langue. Une situation difficile au

début, mais la jeune fille a été combative. Brillante élève et étudiante, elle est titulaire d’une licence en Droit de l’Université d’Oxford, d’une maîtrise en économie de l’Université de Constance. Celle qui fut au cours de ses études membre du Parti démocrate chrétien et un leader de la jeunesse du parti a également obtenu un Ph.D en droit de l’Université d’Oxford et de Konstanz. Avant de se lancer dans le OneCoin, cette femme d’affaires s’est forgé une solide expérience dans le milieu financier international. D’abord en tant que partenaire associée chez McKinsey & Company, où elle s’est chargée de projets dans la corporate banking, la private equity ou encore dans la gestion des risques d’exploitation et de liquidité. En effet, le Dr Ruja a commencé par travailler pour McKinsey & Company, une société internationale, qui est également un des leaders mondiaux dans les services de consulting. Elle a aussi à son actif le titre d’ancienne manager de l’un des plus grands fonds de gestion d’actifs en Bulgarie, le FCIS, avec 250 millions d’actifs en euros sous gestion. Elle s’est également chargée de plusieurs projets du groupe Texas Pacific (TPG), un des plus grands fonds de Private Equity dans le monde. Parmi les expériences du Dr Ruja, des projets avec la Deutsche Bank de Francfort, la mise en place des opérations de Russie Investment Banking et la gestion d’un portefeuille de 75 millions euros pour Wealth Funds Global Investment. La fondatrice et manager de OneCoin effectue aussi un travail de conseiller auprès de plusieurs sociétés de crypto-monnaie et a déjà publié 2 livres en allemand et en chinois, dont «Apprendre pour le profit», qui est une partie de l'université virtuelle pour l'e-monnaie. Son expérience et ses innovations lui ont valu, en 2012, le Prix de Femme d’affaires de l’année, en Bulgarie dans la catégorie International Business. Maimouna DIA, Rabat



FOCUS

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Zone MENA De la malédiction des ressources à la malédiction de la rente Le présent document élaboré par la BAD vise à proposer une réflexion critique sur l’économie politique de la région MENA et de nouvelles perspectives comparatives. Elle commence par une question d’intérêt général, à savoir «Comment les ressources naturelles influencent-elles le développement économique et politique ?». (1ère partie)

D Les rentes de la réglementation découlant de l’agitation des marchés peuvent beaucoup aider à comprendre la relation entreprise-État et son incidence sur l’économie politique.

eux faits stylisés ont créé un conflit de courants dans la littérature sur l’économie et la politique des ressources naturelles. Premièrement, dans les pays riches en ressources, les taux de croissance sont souvent systématiquement plus faibles à long terme. Deuxièmement, les institutions des pays riches en pétrole sont faibles. Le consensus empirique, qui s’est maintenu un certain temps, commence à voler en éclats. Certaines études récentes ont jeté le doute sur l’existence d’une malédiction des ressources. Face à cette impasse conceptuelle et empirique, le présent document souligne qu’une étude savante sur la région MENA peut enrichir le débat sur les ressources naturelles et le développement. Si la question a suscité un grand intérêt dans le milieu intellectuel, curieusement, l’expérience du MoyenOrient – région extrêmement riche en ressourcesn’est pas systématiquement mentionnée dans les discours connexes sur l’économie politique et les ressources naturelles. Les États du Moyen-Orient ne sont habituellement pas pris en compte dans l’analyse empirique, en partie du fait d’un manque de données. Une étude appropriée sur l’économie du Moyen-Orient serait pourtant souhaitable, tant pour améliorer notre compréhension des défis qui se posent à la région en matière de développement que pour enrichir la littérature sur l’économie politique qui ne cesse de se multiplier. Un autre objectif clé du présent document est de préconiser un élargissement du champ d’étude de l’économie politique de la région MENA. Pour comprendre l’économie politique de la région MENA, le document souligne le rôle central des courants de revenus «non gagnés», habituellement qualifiés de rente. Le grand nombre des pathologies que présente la région, à savoir chômage, pléthore de fonctionnaires, faiblesse du secteur privé ou insuffisance de transformation politique… s’inscrivent en définitive dans une structure économique dépendante de revenus extérieurs, tirés

soit du pétrole, soit de l’aide ou des envois de fonds des travailleurs migrants.

L’histoire de l’influence des flux de rentes Remettant en question l’accent exclusif que la littérature existante place sur le pétrole, ce document penche pour une conceptualisation plus vaste des flux de rente qui prend en compte, outre le pétrole, les rentes découlant de l’aide étrangère, des envois de fonds de la diaspora et des réglementations gouvernementales. Les flux financiers non pétroliers sont parfois substantiels, en termes de volume et d’impact. Les rentes de la réglementation découlant de l’agitation des marchés peuvent beaucoup aider à comprendre la relation entreprise-État et son incidence sur l’économie politique. La dépendance à l’égard de ces mannes est le «péché originel» du développement dans la région MENA. L’histoire du développement du monde arabe est donc l’histoire de l’influence de ces flux de rentes sur les parcours du développement politique et économique. Disons qu’il faudrait simplement inscrire la malédiction des ressources dans la région MENA dans un contexte plus général de malédiction de la rente. Le présent document préconise une analyse riche et multidimensionnelle, mais rigoureuse, de l’économie politique de la région MENA. L’objectif est de souligner les limites de la littérature mondiale sur les ressources naturelles, les institutions et le développement, de présenter succinctement une analyse critique de l’expérience du Moyen-Orient en matière de ressources, et enfin d’intégrer les renseignements recueillis sur le MoyenOrient dans les publications générales sur la «malédiction des ressources» et le développement. Pour l’élaboration d’un futur programme de recherche en la matière, deux éléments méritent l’attention. Premièrement, du fait d’un manque de données crédibles, le document souligne la nécessité de combiner judicieusement les perspectives théoriques et appliquées découlant de l’histoire, de l’économie et de la science politique. Deuxièmement, pour accroître la ri14 avril 2016 Les Afriques

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FOCUS Corrélation entre richesses et croissances

L’idée que la richesse en ressources d’un pays est généralement une malédiction, plutôt qu’une bénédiction, a suscité une vaste littérature sur l’économie et la politique de la malédiction des ressources. 42 Les Afriques .

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gueur analytique, le champ de «l’économie politique» pourrait être élargi, en s’appuyant sur une littérature de plus en plus riche de l’économie et des sciences politiques qui traite des origines, du développement et de l’impact des dispositions institutionnelles (North, Wallis et Weingast 2009 ; Acemoglu et Robinson 2010 ; Mahoney et Rueschmayer 2003 ; Mahoney et Thelen 2010). Bien que ces approches aient été utilisées dans plusieurs contextes régionaux, elles n’ont quasiment jamais été appliquées aux pays de la région MENA. Dans un premier temps un regard critique sur les documents d’économie et de science politique traitant du sujet, en mettant particulièrement l’accent sur les limites du champ de discussion. Ensuite, une synthèse succincte de l’expérience de la région MENA en matière de développement et préconise une vision élargie des flux de rentes. Les principaux traits qui distinguent l’économie politique de la région MENA de celle des autres pays riches en ressources ne seront pas non plus occultés. Dans une dernière partie, une nouvelle économie politique basée sur une vision élargie des flux de rentes pour la région MENA a été proposée.

L’économie et la politique de la malédiction des ressources Il est peu de faits empiriques qui aient autant réussi à influencer tout un domaine d’études que ne l’a fait la conclusion que les ressources naturelles compromettent les résultats de développement (Auty 2001; Sachs et Warner 1995). L’idée que la richesse en ressources d’un pays est généralement une malédiction, plutôt qu’une bénédiction, a suscité une vaste littérature sur

l’économie et la politique de la malédiction des ressources. On a montré que les ressources naturelles retardent le développement de par les effets du «syndrome hollandais», la volatilité des prix des matières premières, les erreurs de politique, les conflits et la faiblesse des institutions (Collier et Hoeffler 2004 and 2005; Mehlum et al. 2006). La richesse en ressources naturelles s’accompagnerait également de résultats négatifs en matière d’éducation et d’inégalité (Gylfason et Zoega 2001 et 2013). Cependant, trente ans après que le fait stylisé ait été établi et qu’il ait inspiré des études empiriques d’envergure, on n’a toujours pas d’explication définitive de la malédiction des ressources. Même son existence proprement dite est contestée : une recherche menée ces dernières années remet en question l’argument statistique selon lequel les pays riches en ressources sont condamnés à une faible croissance (Lederman et Maloney 2007 ; Brunnschweiler 2008). Cette littérature a également été critiquée pour n’avoir pas tenu compte des variations temporelles dans l’incidence de la malédiction des ressources, du legs historique et des recettes non pétrolières assimilables à une «malédiction des ressources» (l’aide étrangère, par exemple). Une divergence fondamentale existe quant à la meilleure façon de mesurer la richesse en ressources, et on la retrouve en définitive dans les divers résultats empiriques. Aussi, on peut se demander si la malédiction est principalement liée à des facteurs économiques, à une défaillance des institutions ou à l’échec des politiques (Sachs et Warner 1995 ; Ross 2001 ; Mehlum et al. 1996). Si les institutions sont considérées comme ayant une influence in-


La dépendance à l’égard de tels flux de ressources peut fausser les incitations économiques et politiques.

termédiaire, leur qualité peut dépendre des richesses en ressources proprement dites du pays. Cette circularité de la logique qui considère les institutions à la fois comme cause et effet, est soulignée dans la littérature parallèle de la science politique qui étudie l’effet de la richesse en ressources naturelles sur une variable dépendante différente (la démocratie ou l’autocratie) ou sur la longévité d’un régime. Cette littérature vise à déterminer si la richesse en ressources naturelles) compromet la démocratie et 2) explique la solidité des régimes autoritaires. Le cadre analytique de base qu’utilise cette littérature est le paradigme célèbre – mais de plus en plus contesté – de la Théorie de l’État rentier (RST), selon lequel les flux de revenus extérieurs non gagnés d’un pays, et qui profitent principalement au gouvernement, peuvent influencer sa nature politique et économique. La dépendance à l’égard de tels flux de ressources peut fausser les incitations économiques et politiques. Résultat : Les sociétés riches en ressources sont condamnées à avoir des structures politiques peu développées. Le mécanisme clé qui soustend cette corrélation négative entre ressources naturelles et démocratie est l’indépendance fiscale de l’État vis-à-vis de l’impôt, ce qui le soulage des fortes contraintes liées à la reddition des comptes (le fameux dicton «pas de représentation sans impôts»). L’accès direct aux revenus des ressources permet aux élites des États d’obtenir le soutien politique par la répression et le népotisme. La principale fonction d’un État rentier étant d’affecter ou de distribuer les rentes, les incitations finissent par basculer de la production vers la prédation, étouffant ainsi les changements structurels concurrentiels qui auraient permis la mise en place d’une structure sociale plus favorable à la démocratisation – classes indépendantes et alignements hori-

zontaux au sein de la société (Beblawi et Luciani ; Ross 2001). La Théorie de l’État rentier, généralement utilisée pour classer les États riches en ressources, présente plusieurs des principales caractéristiques de l’État rentier. Elle a pendant longtemps servi de principale explication à la faiblesse des institutions politiques dans les pays riches en pétrole. Son influence profonde sur le débat public est brillamment illustrée par le célèbre propos du journaliste du NYT, Thomas Friedman, qui relève que dans les pays riches en ressources, «le prix du pétrole et la cadence de la liberté progressent toujours de façon diamétralement opposée».

Un impact de plus en plus contesté Il est courant dans les discours publics de considérer que la manne pétrolière est à l’origine des troubles politiques de la région. Cette théorie, qui a longtemps été acceptée comme référence, est de plus en plus soumise à l’épreuve empirique (même avant que le Printemps arabe ne brise le mythe de l’exceptionnalité de la politique de ces pays). Des études de cas de plus en plus nombreuses et une multitude d’études ont jeté le doute sur les hypothèses, mécanismes et prédictions empiriques qui remettent en question cette théorie. Bien qu’elle serve à établir une classification générale utile, la RST ne permet pas de saisir les différences, les nuances et le dynamisme des réalités des États rentiers. Le fait est que l’impact des ressources naturelles sur la croissance et la politique est de plus en plus contesté. La présente analyse estime que, face à l’impasse conceptuelle et empirique sur l’économie et la politique de la malédiction des ressources, l’expérience de la région MENA peut apporter un éclairage sur la question de façon générale. De nombreuses études régionales existent déjà sur le sujet. En les rapprochant des grands dé-

Pétrole : manne ou malédiction ?

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FOCUS Gros débat sur la théorie de l’Etat rentier

bats de la science sociale sur les ressources naturelles et le développement, l’on peut aboutir à des résultats brillants. Avant de commencer cette analyse, il y aura tout d’abord une analyse succincte de la dimension institutionnelle de cette littérature, à savoir le débat sur la Théorie de l’État rentier. Le point commun entre la littérature de la science économique et celle de la science politique sur la malédiction des ressources réside dans l’accent mis sur les institutions. L’aspect économique du débat a été suffisamment pris en compte dans deux revues récentes, celles de Van der Ploeg (2011) et de Frankel (2011).

La Théorie de l’État rentier est de plus en plus dans le collimateur du milieu intellectuel pour n’avoir pas su expliquer la complexité de la dynamique Étatsociété. 44 Les Afriques .

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Les limites du paradigme de l’État rentier La présente section est une analyse critique de la littérature sur l’État rentier axée sur la région MENA. Au départ, la notion d’État rentier était utilisée dans les études régionales sur la question pour décrire la stagnation économique de l’Iran face à l’augmentation de ses recettes pétrolières (Mahdavy 1970). Sa première typologie systématique, élaborée par Beblawi et Luciani (1987), s’est également inspirée de l’expérience des exportateurs de pétrole des pays MENA. Bien que la Théorie de l’État rentier (RST) était à l’origine inspirée par la région MENA, l’expérience de cette région a également révélé les limites analytiques du paradigme. Les grands postulats de la théorie sont une traduction de l’expérience proprement dite de la région MENA. Les rentes de ressources ont permis aux élites dirigeantes d’élargir les instruments tant de clientélisme que de contrôle. Sans les rentes pétrolières, il est difficile de maintenir les structures qui peuvent être ré-

pressives de la région, sa fonction publique, les subventions et les systèmes d’assistance sociale. Les cours du pétrole ont également influencé les résultats macroéconomiques –indicateurs de dépenses, d’investissement, de finance, etc. Que ce soit par cooptation ou par la force, la richesse pétrolière a servi aux États d’instrument pour réprimer et créer de nouvelles élites économiques et maintenir les anciens commerçants dans une relation de dépendance. En résumé, il n’est guère d’aspect de l’économie politique de la région MENA qui puisse être étudié sans une profonde compréhension de la manière dont le pétrole influence la relation État-société. Bien que cette caricature générale de l’économie politique de la région MENA soit utile, la Théorie de l’État rentier est de plus en plus dans le collimateur du milieu intellectuel pour n’avoir pas su expliquer la complexité de la dynamique État-société et pour avoir prédit une relation linéaire, uni-causale et déterministe entre pétrole et développement. Les critiques concernant cette théorie portent sur trois principaux domaines de faiblesse, à savoir : les mécanismes, le contexte et la dynamique. Même si le pétrole a une profonde influence sur la relation État-société, les mécanismes éventuels de développement de cette relation peuvent différer. L’impact des rentes de ressources est également fonction du contexte temporel ; l’impact n’est pas le même dans le temps, ni d’un pays à un autre. Aussi, il faut tenir compte du dynamisme de l’économie politique, qui dépend de facteurs tels que les acteurs, les alliances, l’idéologie et les conditions initiales. Alors que la Théorie de l’État rentier et la littérature empirique connexe mettent l’accent sur les


Dans le contexte de la région MENA, l’ampleur des flux de ressources est également un facteur décisif.

résultats finaux, l’attention accordée aux processus politiques intermédiaires est relativement faible. Il faudrait donc dépasser cette approche globaliste et décortiquer le rapport État-société. Le problème réside dans les détails. Ce sont les fondements proprement dits de cette théorie (RST) qui sont remis en question. Tandis que Beblawi (1987 : 51) définit l’État rentier comme un État possédant d’«importantes» rentes extérieures, Luciani propose qu’un État soit considéré comme tel dès lors que ses rentes atteignent 40 % des recettes publiques (Luciani 1987 : 70). D’autres optent pour une catégorisation plus marquée comprenant des États rentiers faibles, moyens et forts. Ce type de définition laisse implicitement supposer que l’effet pervers des rentes croît suivant leur proportion dans les recettes publiques. Ceci ne correspond peut-être pas à une certaine réalité empirique : (Eibl 2010). Même si le lien présumé entre la variation des rentes et les résultats politiques (l’autoritarisme, par exemple) est monotonique, il est généralement agnostique en ce qui concerne les mécanismes théoriques qui sous-tendent cette relation. Pour la littérature empirique, cette difficulté de classification se traduit rapidement en une difficulté de mesure. Pour calculer notamment l’ampleur des flux de rente, le choix d’un dénominateur est très critique. Les études empiriques définissent généralement une échelle de mesure des ressources naturelles (telles que les exportations de pétrole ou de matières premières) par rapport au PIB. Ceci peut influencer le choix surtout dans le cas des pays les plus pauvres dont «les chances de démocratisation sont statistiquement plus faibles». Par ailleurs, la définition du dénominateur par rapport au PIB a, quasiment crée par construction une corrélation négative entre les mesures des ressources et

la variable dépendante (État de droit ou croissance). Une distinction minutieuse se fait parfois entre abondance de ressources et dépendance à l’égard des ressources ; la dernière représentant plutôt la hausse des exportations de ressources naturelles par rapport au PIB ou aux exportations totales (ce qui atténue d’une certaine manière le problème d’endogénéité). Dans le contexte de la région MENA, l’ampleur des flux de ressources est également un facteur décisif. La capacité de distribution d’un État rentier peut être déterminée par l’augmentation de la proportion des revenus des ressources par habitant (Herb 2005). D'autres, comme Haber et Menaldo (2009), proposent une façon différente de mesurer qui est conceptuellement plus proche de la Théorie de l’État rentier, à savoir : la proportion des rentes de ressources par rapport à l’ensemble des recettes publiques. Les données dont dispose la Banque mondiale sur les rentes de différents produits de base ont permis la compilation des mesures étroitement liées au rentiérisme. Bien qu’ils aient contribué à l’enrichissement du débat, ces autres indicateurs n’ont pas permis d’obtenir un consensus empirique. En quête d’un consensus empirique Le débat sur les différentes méthodes de mesure a un impact direct sur les résultats de recherche. En fait, la controverse empirique est largement liée à des questions de programmation et de mesure. Depuis l’étude clé de Michael Ross sur les effets anti-démocratiques des rentes pétrolières (Ross 2001), plus d’une douzaine d’études ont été publiées sur le sujet. Le débat est toutefois loin d’être clos. Contrairement aux conclusions de Ross, Herb (2005) préconise une approche contrefactuelle basée sur une comparaison des États riches en ressources pétrolières par rapport à leurs homologues qui n’en possèdent pas. Sous cet angle, les faits sont moins évidents : plu-

Quelle échelle de mesures des ressources naturelles

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FOCUS Cours du pétrole et liberté politique

Le pétrole n’a affecté les transitions démocratiques qu’après 1970 quand, face à une manne financière inattendue, les gouvernements se sont battus pour accroître leur contrôle sur les recettes pétrolières générées par les sociétés privées. 46 Les Afriques .

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sieurs États ne seraient probablement pas démocratiques même s’ils n’étaient pas dotés de richesses pétrolières. Il peut arriver que des facteurs sans lien avec le pétrole, tels que les caractéristiques institutionnelles, historiques et géostratégiques, soient plus décisifs en ce qui concerne les résultats politiques que les richesses pétrolières (Herb 2002, 2005). Une remise en question empirique plus directe de la thèse selon laquelle «le pétrole compromet la démocratie» vient de Haber et Menaldo (2011). Utilisant un ensemble de données historiques qui remontent plus loin dans le temps, les auteurs démontrent l’absence d’une relation durable entre rentes de ressources et démocratie. La relation entre les rentes et le type de régime peut être sensible au contexte temporel de l’analyse empirique, à l’absence de prise en compte de l’hétérogénéité, et aux cas isolés. Examinant d’un nouvel œil ces défis empiriques, Anderson et Ross (2012) affirment que la malédiction des ressources au plan politique dépend de la période considérée. Le pétrole n’a affecté les transitions démocratiques qu’après 1970 quand, face à une manne financière inattendue, les gouvernements se sont battus pour accroître leur contrôle sur les recettes pétrolières générées par les sociétés privées. Le lien entre ces deux facteurs était certainement plus faible avant les années 70, avant la rupture structurelle du régime des contrats. Ainsi, même s’il existe une relation de cause à effet entre le pétrole et la démocratie, cette relation n’est pas figée dans le temps. Une autre déclaration empirique de la Théorie de l’État rentier – selon laquelle les baisses de rentes devraient coïncider avec les périodes de libéralisation politique – est démentie par les faits. En uti-

lisant les données historiques remontant jusqu’à 1861, Wacziarg (2012) réfute la thèse selon laquelle le cours du pétrole serait inversement lié à la liberté politique (la soi-disant «Première loi de pétropolitique»). En même temps, la littérature empirique sur la malédiction qu’attire le pétrole en politique est confrontée aux mêmes défis méthodologiques dans un grand nombre d’analyses : biais des variables omises, causalité inversée, et absence de prise en compte de l’hétérogénéité. Bien qu’il n’y ait guère de preuves concernant le fait que le pétrole compromet les transitions démocratiques, empiriquement, on s’accorde plus largement sur le fait qu’une fois la transition effective, les chances de survie des régimes autoritaires dans les pays riches en pétrole sont plus grandes. En utilisant des données historiques, Sandbakken (2004) affirme que la richesse pétrolière n’explique que la résilience autoritaire, pas les transitions démocratiques. L’argument selon lequel la malédiction pétrolière s’applique davantage à la stabilité des régimes est confirmé par un ensemble croissant de preuves (Smith 2004 ; Ulfelder 2007). Théoriquement, la richesse en ressources naturelles est assortie d’un éventail d’options théoriques. En fonction du contexte sous-jacent, elle peut mener soit à la démocratie, soit à l’autocratie. Si les élites résistent à la démocratie par crainte d’une redistribution, alors les rentes de ressources peuvent atténuer cette contrainte. Dans les pays riches en ressources, où l’inégalité des revenus privés est assez marquée, par exemple, les richesses pétrolières peuvent atténuer le «coût de redistribution» de la démocratie aux élites (Dunning 2010). La «possibilité radicale» que les richesses en res-


En admettant que ni cette proximité avec les citoyens, ni les alliances ne remplacent une démocratie représentative, elles demeurent néanmoins essentielles pour expliquer la résistance des systèmes face à la volatilité des rentes et aux chocs intermittents.

sources favorisent en effet la démocratie, plutôt qu’elles ne l’entravent, est mieux illustrée par les «démocraties rentières» d’Amérique latine. Le Venezuela est demeuré démocratique malgré sa richesse pétrolière. Effets liés aux conditions La place primordiale que tient le contexte non pétrolier se reflète dans la documentation plus élargie des études de cas. Cette littérature, essentiellement fondée sur des études régionales, est guidée par le besoin de «spécificité». Au-delà des «généralités» associées à l’approche d’État rentier, elle nous invite à mieux comprendre les alliances, les interactions et les microprocessus qui cadrent la relation État-société. Nous sommes confrontés à une réalité plus différenciée et plus nuancée, où le pétrole ne constitue qu’un facteur de médiation, parmi tant d’autres. et dans laquelle, il n’existe pas de lien automatique entre le pétrole et les effets pervers. Les richesses en ressources peuvent induire tant une régression que des réformes. En pratique, selon Hertog (2010), le pétrole peut influencer différemment la relation État-société à des niveaux différents de l’État. Bien que le pétrole accroisse l’autonomie de l’État par rapport à la société, cette autonomie est imparfaite et évolue dans le temps. Si, au début, l’État avait les coudées plus franches pour structurer la politique budgétaire, «les résultats dépendent néanmoins de l’interaction entre les méso et micro-politiques au sein du système saoudien de distribution». Elle est également sous-tendue par des structures de pouvoirs et des relations sociales établies depuis des lustres. Elle montre comment la politique intrafamiliale au sein d’une grande dynastie influence la structure bureaucratique, en la réduisant à un système de «clientélisme segmenté», où l’appareil administratif de l’État s’articule autour de clientèles parallèles verticalement intégrées mais distinctes les

unes des autres. Il ne s’agit pas uniquement de statuquo mais également de réforme. Ainsi, dans les États rentiers, les entreprises publiques ne sont pas vouées à l’inefficacité, à l’improductivité et la corruption (Hertog, 2009). Une autre conception erronée de même nature touche la relation entre rentes et représentation. Le penchant de la littérature RST pour les représentations de type parlementaire minimise le rôle des autres moyens d’expression d’intérêt.

Quel ordre social L’ordre social dans les États autoritaires repose certes sur deux piliers jumeaux qui sont le clientélisme et le contrôle. Cependant, même les régimes les plus répressifs cherchent ardemment d’autres sources de légitimité, et sont tributaires des alliances, des coalitions et des pactes avec de puissants groupes sociaux. Les familles au pouvoir protègent les intérêts des clans tribaux, des familles de commerçants et d’autres groupes possédant un pouvoir de négociation. Elles sont apaisées par les nominations administratives, les contrats dans le secteur privé et les compensations financières. En fait, c’est en partie la sauvegarde des intérêts de cette élite qui soutient l’expansion proprement dite du secteur public. La relation entre les dirigeants et les clans tribaux est fondée non seulement sur la cooptation, mais également sur le dialogue et les consultations. Ainsi, bien que la gouvernance soit personnalisée et centralisée, elle reste accessible. Des structures existantes ont institutionnalisé ces retours réguliers d’information, ce qui permet le retour d’information par des moyens informels et l’interaction. En admettant que ni cette proximité avec les citoyens, ni les alliances ne remplacent une démocratie représentative, elles demeurent néanmoins essentielles pour expliquer la ré-

Le pétrole peut influencer différemment la relation État-société

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FOCUS Le rôle de l’héritage historique du Moyen-Orient

sistance des systèmes face à la volatilité des rentes et aux chocs intermittents. Le pétrole n’est donc pas la seule explication de la résilience de l’autoritarisme ; la capacité des dirigeants à forger des alliances plus élargies avec les couches sociales compte aussi. Les indicateurs de politique utilisés dans une analyse de régression ne peuvent probablement pas permettre de saisir la nature et la solidité de ces alliances. On peut également s’interroger sur le lien présumé qu’établit la théorie rentière entre taxation et représentation.

Héritages historiques

L’absence d’imposition n’exclut pas le besoin de légitimité et la nécessité de répondre aux demandes des populations. 48 Les Afriques .

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Le dicton «pas de représentation sans taxation» traduit une réalité européenne complexe qui ne peut être appliquée aveuglément au contexte de la région MENA, en faisant fi des facteurs structurels sous-jacents qui l’ont engendrée. Les faits démentent l’affirmation selon laquelle les régimes qui imposent peu d’impôts sont moins harcelés en termes de représentation. En effet, «les citoyens des États rentiers ont autant de bonnes raisons que les populations assujetties aux impôts, d’attendre de leurs dirigeants qu’ils gouvernent avec sagesse et dans leur intérêt» (Herb 1999 : 259). L’absence d’imposition n’exclut pas le besoin de légitimité et la nécessité de répondre aux demandes des populations. Même les dirigeants de la région les plus autocrates sont perçus comme étant attentifs à leurs populations et conciliants. Il n’est donc pas surprenant qu’en se basant sur les différences de régimes fiscaux dans les divers pays de la MENA et dans la région dans son ensemble, il soit difficile d’anticiper et d’expliquer les résultats politiques. Dans leur explication des incidences politiques de la richesse pétrolière, les publications sur la Théorie de l’État rentier minimisent

généralement la dimension temporelle. Le moment où un pays découvre sa richesse pétrolière – ou enregistre une envolée des cours – n’est certainement pas sans incidence. Le dispositif institutionnel antérieur d’un État, notamment sa capacité à promouvoir une coalition élargie et plus inclusive, compte pour beaucoup dans la structure des effets de la richesse pétrolière. Ces dernières années, le rôle de l’héritage historique du Moyen-Orient a suscité de l’intérêt dans les communications sur le changement institutionnel à long terme. En tant qu’États successeurs de l’Empire Ottoman, plusieurs États du Moyen-Orient ont hérité d’un pouvoir centralisé dont la principale obsession était d’empêcher l’émergence de groupes autonomes «capables d’initier des actions politiques» (Pamuk 2012 ; Malik 2012). Les marchands nationaux étaient défavorisés : étant donné que l’Empire était basé sur les terres, l’État Ottoman n’était pas fiscalement tributaire des marchands. Bien que ses revenus provenaient principalement de la terre, la naissance d’une aristocratie foncière n’a jamais été autorisée. En sa qualité de principal propriétaire des terres, l’État Ottoman se contentait de déléguer des droits de culture et de recouvrement fiscal. On pourrait peut-être mieux cerner les tendances centralistes de l’État à travers son système militaire basé sur le recrutement de jeunes soldats qui, au départ, n’avait ni le droit de posséder des terres, ni celui de se marier. Étant totalement isolée de la société, il n’y avait aucune chance que la classe militaire s’érige en concurrent potentiel. Cette organisation militaire particulière a tracé une trajectoire institutionnelle fondamentalement différente de celle de l’Europe occidentale, caractérisée par un pouvoir plus fragmenté et des dirigeants fiscalement tributaires des


Ce rappel du passé en vue d’éclairer le présent ne devrait pas être considéré à tort comme une surenchère historique.

marchands. Il est important de souligner que la dépendance, plus forte, de l’Europe à l’égard des élites féodales pour le recrutement militaire a conféré à ces élites un pouvoir de négociation plus important, qui leur permettait de faire pression sur le souverain (Chaney et Blaydes 2012). Cet héritage institutionnel Ottoman, caractérisé par un pouvoir politique centralisé et des marchands faibles, a perduré sous le règne colonial, jusqu’à la veille de l’indépendance, les intermédiaires sociaux dans plusieurs États du Moyen-Orient étaient faibles, d’une part, et les conditions pour une action collective défavorables dans l’ensemble, d’autre part. De l’Afrique du Nord au Golfe, les recettes pétrolières ont laissé à des dirigeants au pouvoir absolu, l’occasion pour mettre en place un dispositif militaire et administratif pouvant assurer la pérennisation du régime. Peu après l’indépendance, toute la région a été balayée par une vague de coups d’état nationalistes. Les nouveaux maîtres du pays ont renforcé leur mainmise sur le pouvoir en se défaisant un peu plus des élites propriétaires terriens, par des réformes foncières et la nationalisation du secteur privé. Dans les pays où les entreprises privées ont échappé aux nationalisations – les pays du Golfe, par exemple – le pétrole a radicalement changé l’équation du pouvoir entre les dirigeants et les marchands, rendant les derniers structurellement dépendants du patronage de l’État. D’une façon ou de l’autre, le mouvement nationaliste a renforcé l’État au détriment des groupes sociaux indépendants (Malik and Awadallah 2013). Cet héritage de pouvoir centralisé peut expliquer pourquoi il n’a pas toujours été possible d’enraciner la démocratie même dans les pays à faibles ressources. Chaney and Blaydes (2012) affirment que le principal obstacle au changement démocratique était les «structures de contrôle» ancrées depuis des

âges, qui ont profondément marqué l’économie politique de la région. Les dirigeants ont de tout temps compté plus sur les armées et les intermédiaires religieux que sur les groupes bénéficiant d’un soutien autonome auprès de la société (la naissance d’un contre-pouvoir était impossible). Ce pouvoir centralisé et cette faiblesse de la société civile hérités du passé avaient demeurés même après l’indépendance, et avaient des effets politiques importants même dans les pays qui ne sont pas riches en pétrole. Ce rappel du passé en vue d’éclairer le présent ne devrait pas être considéré à tort comme une surenchère historique. Il s’agit simplement de souligner la nécessité d’analyser le changement institutionnel dans une perspective plus large qui montre comment l’interaction entre le pétrole et les formations sociales déjà en place peut donner des résultats politiques différents. En résumé, l’impact du pétrole sur la politique est incertain. Il dépend en effet d’un certain nombre de contextes sans lien avec le pétrole, notamment le rôle essentiel des héritages historiques. La rente pétrolière n’est généralement en fait qu’un facteur déterminant qui interagit avec une «configuration de causes» plus large, d’où la nécessité de passer de l’étude des ensembles à une analyse qui prenne également en compte le contexte, les mécanismes et les dynamiques. Autrement dit, il faudrait s’intéresser à toutes les composantes de l’architecture complexe de l’autoritarisme dans les sociétés riches en ressources. Comme le souligne la section suivante, on pourrait éventuellement examiner l’impact des flux de rente dans une perspective plus large qui prend en compte, outre le pétrole, l’aide, les envois de fonds par la diaspora et les rentes générées par la réglementation. Abdelmalek El Mekkaoui (Avec Banque africaine de développement)

Dans les pays, où les entreprises privées ont échappé aux nationalisations, le pétrole a radicalement changé l’équation du pouvoir entre les dirigeants et les marchands

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PIED DE LETTRE

Éléphants blancs, gouffres financiers

Éléphants blancs et éléphants gris

L

e braconnage est en train de causer des ravages dans le continent africain. Si rien n’est fait, alors on assistera à la disparition de ces grands mammifères et bien d’autres et l’Afrique se videra de sa faune. Au Cameroun, des sources dignes de confiance ont rapporté le massacre de plus de 600 éléphants dans un parc national. Ce même désastre est en train d’être vécu dans toute la sous-région de l’Afrique centrale où quatre pachydermes sont massacrés toutes les heures. Ce véritable désastre touche d’autres espèces, telles que de grands fauves, des primates, etc. Des économistes estiment le trafic autour de 19 milliards de $ par an. Un commerce scrupuleux financé par des mafias internationales qui profitent de complicité des fonctionnaires véreux dans

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Daouda MBaye, rédacteur en chef exécutif

les pays victimes. Des braconniers, souvent mieux armés que les gardes-forestiers, pillent une faune à préserver. Pour peu que les pouvoirs en place jouent le jeu d’un développement touristique intégré – que dis-je, d’un écotourisme intégré et inclusif – les populations locales seraient les garants des écosystèmes. Mais qu’attendre de ceux qui engraissent les éléphants blancs ? Lorsque des chantiers, surfacturés, sont bien inscrits sur des registres d’agrégats et que sur le terrain ne subsiste qu’à peine une enceinte, ou encore qu’il existe des routes goudronnées sur le papier mais qui sont réellement restées latéritiques... on parle d’éléphants blancs ! Des pouvoirs qui entretiennent de tels éléphants blancs vont-ils aider à financer une équipe d’enquêteurs devant infiltrer les réseaux et remonter jusqu’aux trafiquants d’ivoire ?




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