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Alexandre Lowie
Un créateur singulier
Passionné par les techniques d’ébénisterie anciennes, il donne un nouvel élan au mobilier contemporain. Avec une nouvelle éthique, Alexandre Lowie prône l’artisanat jusqu’à l’excellence et la perfection.
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MOTS : AGNÈS ZAMBONI
PHOTO : FABIEN MARCHAND
Ebony Fold, table console et bureau en rare ébène blanc, citronnier, ébène et laiton. Création Alexandre Lowie. © Alexander Popelier
Quelles sont les particularités de votre statut ? « Sur la base d’un enseignement destiné à la copie de meubles anciens et suivi à l’école Saint-Luc de Tournai, je me suis ensuite dirigé vers des formes épurées et fonctionnelles. Après une expérience dans l’atelier parisien d’Aisthésis au Viaduc des Arts, qui m’a permis de maîtriser d’autres techniques, j’ai décidé de voler de mes propres ailes. Pendant quelques années, j’ai dû conserver un travail alimentaire. Et depuis 6 ans, je dessine et fabrique les meubles que je conçois, réponds à des commandes d’architectes et développe une clientèle privée avec des pièces uniques réalisées sur-mesure. J’utilise des bois rares et précieux, des matières nobles. Je crois qu’en Flandre je suis le seul à posséder ce niveau d’exigence. Je ne me définis pas comme designer mais plutôt comme ensemblier et décorateur, à la façon des années 1930. Mes modèles français sont Jules Leleu, JeanMichel Frank ou Jacques-Emile Ruhlmann ».
Comment abordez-vous vos projets ? « Mes créations intègrent toujours 3 à 5 matériaux dont je ne maîtrise pas parfaitement les techniques. Par conséquent, je fais appel à d’autres artisans et spécialistes. Ce matin, je suis allé voir une architecte pour un projet de bibliothèque, commandé il y a déjà 3 mois. Après la présentation de mes dessins, je vais planifier mon travail et contacter mes collaborateurs qui maîtrisent les techniques en relation avec les matières utilisées (cuir, métal…) mais je démarrerais la fabrication, seulement dans un an. Je laisse du temps à mes projets pour qu’ils mûrissent, évoluent afin d’aboutir à un résultat optimal. Je n’hésite pas à rencontrer plusieurs fois mes clients pour mieux comprendre leurs désirs et créer un objet durable et solide, pendant 50 ou 100 ans, transmis aux générations suivantes. Autre exemple, une cliente architecte m’a commandé un meuble de rangement et aujourd’hui ce projet s’est transformé en tête de lit : la rénovation de l’appartement où il devait prendre place ayant changé. Finalement, cette tête de lit en loupe de noyer, laque, aluminium et cuir, conçue comme un paravent, occupera une place centrale dans la chambre.
Comment arrivez-vous à évoluer ? Il y a 2 ans et demi, avec 10 autres artisans de pointe nous avons fondé le groupe Gabriel. Cette association m’a permis d’échanger des contacts pour trouver des matériaux. Nous mettons en commun nos carnets d’adresses, avec des rencontres virtuelles et mensuelles sur zoom et des réunions en présentiel, tous les 2 à 3 mois : un networking très spécifique et efficace. D’autre part, je loue un petit espace aux Ateliers Zaventem, une pépinière de créatifs sous l’égide du designer Lionel Jadot. J’y travaille un jour par semaine. Sur les 8 à 9 heures passées sur ce site, 5 sont consacrées au travail et le reste du temps, à des échanges très stimulants. J’ai collaboré avec l’atelier Niyona de haute maroquinerie qui a réalisé le gainage en cuir de ma tête de lit en cours. L’Atelier 185, qui maîtrise la fabrication des couteaux avec lames en acier damassé, a travaillé sur les piètements de tables pour un restaurant ».
Long Play, meuble destiné à un collectionneur de LP’s rares, en bois de citronnier massif, placage de citronnier, laque bleue, acier et roues en laiton. © Alexander Popelier
Mocassin, meuble à chaussures en loupe d’amboine, érable moucheté, inox, nubuck et ardoise belge. © Thomas Dhaenens
Quelles créations en préparation ? « Je termine la fabrication d’un meuble à chaussures inspiré par le style Art déco. Recouvert d’un placage en loupe d’amboine, il fait penser à un bloc de marbre taillé. Ce rangement bas, qui sert aussi de banquette, est caractérisé par la présence de hublots avec un éclairage intégré. Autre idée en gestation, avec des chutes de placage bois, j’essaie de réaliser des objets plus esthétiques que fonctionnels. Et mon rêve ultime, c’est de fabriquer une pièce de maîtrise avec tous les acteurs du groupe Gabriel, qui va bientôt s’étoffer, pour montrer ce que l’on est capable de faire. La Michelangelo Foundation m’a référencé sur leur site et sélectionné pour une publication car mes créations présentent une combinaison de savoir-faire assez exceptionnelle ».
Alexandre Lowie expose à la Shak Gallery, 59, rue Darwin, à Bruxelles jusqu’à fin octobre 2021.
www.alexandrelowie.be www.shalgallery.com
www.artlumiere.be
02 354 11 07 mail@artetlumiere.be
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