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Kaspar Hamacher

Corps à corps artistique

Le bois, Kaspar Hamacher le brûle, le fend, le taille, le cisèle, le creuse, le sculpte, pour faire naître des œuvres d’art et du mobilier artistique, autant de pièces uniques qui s’exportent un peu partout dans le monde et que l’on a pu apprécier récemment au CID Grand-Hornu. Élevé dans les Cantons de l’Est, l’artisan-sculpteur aujourd’hui quadra a trouvé son bonheur dans un corps à corps avec le bois. Un travail physique et artistique qui l’«équilibre».

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MOTS : SERVANE CALMANT PHOTOS : JO MAGREAN COURTESY LE GRAND HORNU

Comment est né cet amour pour le bois ? « Je suis né près d’Eupen, à la lisière des Hautes Fagnes. Mon père, garde-forestier, avait une maison en plein milieu des bois. Les arbres, j’ai appris à les observer, à les connaitre. Je travaille donc un matériau que j’aime, que je respecte. Vous savez, dans le monde de l’art et du design (Kaspar est diplômé de l’Académie des Beaux-Arts de Maastricht - nda), on ne m’a pas poussé à travailler le bois. Au contraire, on me disait d’essayer plutôt le verre. Le seul qui m’a encouragé à travailler le bois, et à le travailler de mes mains, c’est Casimir Reynders (ce designer belge fabrique lui-même ses meubles depuis au moins 25 ans - nda). Il m’a aidé à affiner ma démarche, entre artisanat et design. »

Travailler de ses mains, un choix qui définit votre parcours ! «J’ai l’habitude de dire que je me sens plus artisan que designer. Un designer dessine des plans que d’autres exécutent. Je me connais : je ne serais jamais satisfait ! J’ai vraiment besoin de créer de mes mains et de contempler mon travail fini. Vous savez, je ne suis pas très équilibré dans ma tête. Mon équilibre, c’est ce travail très physique avec le bois qui me l’apporte ! Le soir, je me sens parfois fatigué mais mentalement je vais mieux ! » Il rit.

Vous avez vécu deux ans à Bruxelles, pourriez-vous retourner vivre en ville ? « Non. Je n’aime pas l’énergie que dégage la ville. Même pour aller chercher un clou au magasin, c’est le parcours du combat à cause des embouteillages. A Eupen, qui semble loin de tout, tout est aussi plus accessible ! »

Quel est votre rapport au bois ? « Je lui donne une autre fonction que la simple planche qui sert à construire une maison. Quand je le travaille, quand je construis des tables ou des bancs, je m’intéresse au cœur du bois, à ses nœuds aussi, en essayant de mettre en évidence ce que personne ne voit. »

Avec le bois, vous faites aussi du mobilier… « Oui, je ne voulais pas créer des œuvres iconiques que personne ne touche ! J’aime créer des tables ou des bancs, parfois sculpturaux, parfois moins, mais avec lesquelles on vit. Vivre avec la nature. Vivre avec mes pièces. J’amène la nature dans le lieu de vie des gens. C’est ça ma démarche… »

Le bois vous résiste-t-il parfois ? Qui dicte le travail de l’autre ? « Ah, ça… Parfois, c’est l’arbre, à travers sa forme, qui dicte mon travail ; parfois, ce sont mes idées qui me confortent dans le choix de tel ou tel arbre. Mais quand j’utilise la technique du bois brûlé, parce que j’aime beaucoup son rendu visuel, c’est plutôt moi qui m’exprime ! »

Votre style a-t-il évolué ? « J’ai toujours aimé révéler la dualité du bois, c’est-à-dire sa force et sa fragilité. Au début, je cherchais à rendre le bois plus léger. Mais j’ai tendance aujourd’hui à vouloir créer plus grand, plus monumental, plus sculptural. »

www.kasparhamacher.be

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