Erb11 2016 CR - Cyssousport -

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Compte­rendu de "mon" ERB11 (24­25 et 26 juin 2016). "Mon" 7 Majeurs étant terminé, il faut vite publier mon compte rendu de l'épreuve précédente... 2014, je me lance dans ma première longue distance montagneuse au travers du "Raid Provence Extrême". Tout simplement magnifique, magique, je passe ma première nuit blanche sur le vélo dans la nuit noire de la montagne de Lure. Je me régale et termine même 1er de la catégorie "Grands Randonneurs" (sans assistance). 2015, je recommence un "RPE" préparatoire pour le BRM 600 qualificatif au Paris­Brest­Paris.


2016, "mon" RPE n'est pas reconduit.... Je me tourne donc vers la première édition de l'ERB11 (Extrême Ride Bike), plus long que le RPE de 100 km, mais avec 3000 mètres de D+ en moins.... Thomas (vous vous souvenez, le costaud avec qui j'ai fait pas mal de BRM, le RPE 2015, des rides perso et bien sur 70% du PBP) est déjà inscrit, cela me motive encore plus pour faire le tour de la "petite France" soit le tour de l'Aude au plus près de la frontière départementale sans jamais la franchir. A J­7, l'excitation est de plus en plus grande, quant au travail, peu avant midi, un collègue me dit qu'il a vu un accident avec un cycliste le matin même, pompiers, gendarmerie.... et tout et tout, vers 7h40 sur la route entre Aix et Velaux. Thomas prends régulièrement cette route en VéloTaF.... j'y pense.... je prends mon téléphone pour lui envoyer un SmS et j'ai alors un appel en absence de.... Thomas. Le cycliste renversé n'est autre que lui, rien de bien grave (fracture du poignet, et "pizza" à la cuisse), mais alors sa participation à l'ERB11 est plus qu'incertaine, je croise les doigts... A J­4, Thomas est bel et bien forfait, grosse déception pour lui, mais également pour moi de ne pouvoir faire cette belle aventure avec lui. Nous devions en plus co­voiturer avec son camping­car... je dois donc en plus de me faire une raison de ne pas pédaler cette fois ci avec lui, trouver un moyen d'aller à Carcassonne (sachant que le reste de la famille y va le samedi pour une fête de famille dans la montagne noire, et donc le retour en voiture est assuré). C'est comme cela, qu'après une matinée au travail vendredi 24 juin, je pars en vélo/sacoche/sac à dos jusqu'à la gare de Miramas (15 km) pour prendre le train. En arrivant à la gare, il est annoncé 15 min de retard.... le temps de se changer, et le retard passe à 25 min.... puis 40 min.... sachant que j'ai 1 heure de correspondance à Arles.... J'aurai pu aller directement à Arles en vélo, mais il fait chaud et le WE sera déjà bien chargé en kilomètres... Finalement j'arrive à Arles et aperçois sur le quai un gars avec un vélo/sacoche/éclairage.... Je lui demande s'il va à Carcassonne. Réponse affirmative. Je discute donc avec Stéphane (de Bourgoin­Jallieu) en attendant le train. En arrivant à Carcassonne, il fait beau, mais le vent est bien présent. Nous nous rendons à la permanence de l'ERB11 par les rues piétonnes du centre­ville ou nous sommes chaleureusement accueillis par la famille de Bertrand l'organisateur de cette toute nouvelle épreuve. Nous préparons alors les vélos avant d'aller manger un plat de pâtes ensemble à la brasserie juste à côté de la permanence. Certains se connaissent déjà, d'autres se découvrent dans une très bonne ambiance. Après les derniers préparatifs, nous nous rendons en convoi à la porte Narbonnaise ou le départ des 27 valeureux cyclos sera donné à 21h00. Bertrand a fait les choses en grand, speaker extra, quelques personnalités locales et des touristes curieux et médusé par la distance qui nous attend. La question qui reviens le plus souvent est alors : "675 km, vous faites cela en combien d'étape ? ". Chaque partant a droit à sa présentation et à sa photo entre les affiches de l'épreuve. Après un petit briefing de Bertrand, il est 21h00, et toute la petite troupe quitte la place accompagnée d'applaudissements et par les cyclos du club de Carcassonne pour quelques kilomètres.


Je pars tranquille juste derrière Michel, sur son vélo couché, que je rencontre pour la première fois après 1 an et demi de "contact" internet à la suite des lectures de ses comptes rendus des 2 PBP qu'il a fait. J'étais tombé dessus par hasard pendant ma convalescence de ma fracture du col du fémur.... Vraiment sympa de pouvoir échanger dans la "vrai vie" et tellement courageux de sa part de partir sur un tel défi en vélo couché... Mon plan de route est assez simple, j'ai prévu de rouler avec Laurent (de Lyon) qui fait tout comme moi partie du team Cyclosportissimo et d'après ma "feuille" de route, je suis de retour à 23h58 le samedi... Dans la traversé de Carcassonne, Laurent est déjà loin devant, j'embraye pour le rejoindre en encourageant les cyclos que je dépasse alors. Dès la sortie de Carcassonne, j'ai rejoint Laurent et un autre cyclo : Paul (dont j'ai vu la présentation dernièrement sur internet, un rouleur au long cours qui était seulement 15 jours avant sur l'épreuve Vézelay­Barcelone (1000 km), bref un "costaud". Nous abordons donc les contreforts de la montagne Noire tous les 3 sur un rythme correct. La pente se cabre à mesure que le jour se couche. Nous allumons nos lumières avant de monter le dernier tronçon jusqu'au "pic de Nore" (km 40). En haut, le brouillard est tenace, rapide photo, puis équipement pour la descente.... que nous avons du mal à trouver au départ du sommet tellement le brouillard est dense (heureusement nous pouvons suivre la trace GPS de l'aller...). Nous descendons prudemment dans cet épais brouillard, et rapidement nous croisons des petits groupes de cyclos qui forment une guirlande lumineuse dans cette ambiance irréelle. Dans la seconde partie de cette descente, une biche déboule juste devant nous, fait quelques mètres dans la lueur de nos puissants phares et disparait dans la forêt. Ensuite viens la montée du col de la croix dessous. Au cœur de la nuit Audoise, la pente est difficile à appréhender, je suis tout à gauche... je regarde mon altimètre pour voir une pente à 11%, c'est dur, c'est normal... Rapide descente de la montagne Noire en direction des orages ou beaucoup de chats (certains vraiment suicidaire) traversent devant nous... Nous sommes toujours 3 et nous discutons des probabilités de se faire doucher, disons 50% lorsque nous traversons Citou. 10 km plus loin, il ne s'agit plus de probabilités mais de réalité. Arrêt veste de pluie qui ne sèchera pas lors des 80 km suivant. La pluie est parfois forte, mais le vent est plutôt favorable jusqu'aux "Cabanes de Fleury" (km 157), lieu du second pointage photo. Après un arrêt de quelques minutes, nous repartons face au vent avant de bifurquer plein sud. Cette partie est très ventéeavec quelques changements de direction qui nous entrainent à chaque fois dans un face à face avec la Tramontane. Heureusement, nous sommes 3, et prenons à tour de rôle des relais réguliers. Je pense à ce moment­là aux autres cyclos qui sont peut­être une heure derrière en espérant que personne n'aura à faire cette section seul... A la sortie de Narbonne, Laurent se porte à ma hauteur et me dit que Paul ne suis plus, je lève le pied jusqu'à Bagès (km 200) ou l'on s'arrête à l'entrée du village pour attendre Paul et s'alimenter un peu. Au loin, les toutes premières lueurs du jour apparaissent, il est 5h00. 10 minutes plus tard, Paul arrive, il est dans le dur, et accuse le coup (courte récup depuis "son" Vézelay­Barcelone...). Nous repartons tous les 3 sur un petit rythme, il faut que Paul récupère avant le changement de direction de Fitou et le vent de face que l'on aura alors. Quelques kilomètres plus loin, Paul me dis qu'il souhaite rejoindre la gare la plus proche pour rentrer en train. Je lui dis de bien rester dans ma roue, que les jambes allaient revenir et qu'on pensait faire une pause "viennoiserie / café" à Fitou. Il fait maintenant jour, et


apercevons en contre­bas de la route un sanglier dans les vignes. A l'entrée de Fitou(km 244), une station­service viennoiserie­café nous tend les bras. Au menu, pain au chocolat, café... et pain au chocolat.... il faut en laisser pour les suivants... Une demi­heure plus tard, nous repartons.... comme prévu... face au vent fort et régulier. Les 100 prochains kilomètres, dans les Corbières, serons éprouvant, même en descente, si tu ne pédales pas, tu n'avances pas... Malgré tout nous progressons tous les 3 comme si nous avions toujours roulé ensemble. Vers le kilomètre 290, j'ai un gros coup de moins bien, j'ai du mal à suivre mes compagnons dès que la route s'élève... Nous avons tous les 3 envie de faire une pause "alimentation salé", mais nous ne sommes pas sûr de trouver un commerce avant Quillan, 50 km plus loin. Juste avant le col de la Croix du Dessus, en traversant un joli petit village (Duilhac­sous­Peyrepertuse) nous nous arrêtons à la petite épicerie, nous mangeons alors du fromage local en expliquant au commerçant ce que l'on fait.... toujours drôle de dire que l'on roule depuis hier soir pour le plaisirs.... et qu'il nous reste alors 375 km... Cette pause m'aura fait du bien, mais ce n'est pas encore la forme olympique, je m'accroche dans les montées (en laissant un peu trop de jus), je m'économise sur le plat (sans vraiment prendre de relais, désolé les gars...), et j'essaye de prendre un peu d'avance dans les descentes (en ratant les changements de direction...) Finalement, nous arrivons à Quillan (km 350), lieu du pointage ­ ravitaillement, peu après midi. Nous sommes magistralement accueilli par la famille de Bertrand, mais aussi par Michel (le vélo couché) qui, malade a jeté l'éponge (gorgé d'eau !!!) après 100 km dont pas mal sous la pluie. Je ne suis pas très bien, je sais qu'il faut que je m'alimente, mais à la descente du vélo, rien ne me fait envie, malgré le buffet géant dressé dans la salle communale. Après 10 minutes, je me laisse tenter par un abricot, puis un second, un coca, une orange... Nous sommes bien. Après 1 heure, Paul repart, et avec Laurent, nous pensons repartir 2­3 minutes après... Finalement 15 minutes plus tard, nous repartons, ventre plein, chaine lubrifiée, bananes dans la sacoche et bonheur dans les yeux. Merci pour cette pause très conviviale. Nous croisons alors le second groupe (le "groupe des 6", avec Bertrand, Maxime et son short improbable sur une telle distance, Irvin, l'Auvergnat sympa....) Encouragements mutuels et en route dans les gorges de la Pierre­Lys, vers le col de Garavel (km 380), grosse difficulté du parcours. La route commence à monter, et je m'accroche à Laurent, puis j'arrive à maintenir le visuel avec lui sur quelques kilomètres... A Sainte­Colombe, coup de bambou, je suis collé à la route, Laurent s'éloigne, il est trop costaud. Je décide de ne pas m'affoler, de faire la montée à mon rythme, je sais que les jambes vont revenir (l'expérience porte ses fruits), il faut juste être patient. Je sais aussi que je pourrais rouler seul sur toute la fin du parcours, (cela ne me gêne pas trop) ou attendre un peu et intégrer le groupe des 6 qui ne doit pas être trop loin derrière. Je passe le col dans la bruine, belle descente puis succession de petits cols avant la montée vers le col des 7 Frères (km 421), autre belle difficulté du parcours. Ensuite, descente vers Chalabre puis le Lauragais. C'est plat le Lauraguais, non ? Je prévois de m'arrêter à Chalabre pour prendre un jambon­beurre / café au bar des sports (indiqué lors du briefing par Bertrand). En arrivant, contre la barrière, repose 2 vélos/sacoches... Il s'agit de mes anciens compagnons de route qui font aussi une pause sandwich et qui étaient sur le point de repartir... Je commande et mange mon casse­croute en vitesse afin de repartir avec eux, c'est mieux à l'approche de la seconde nuit, car nous


avons pris du retard sur ma feuille de route et à ce moment, nous prévoyons plutôt une arrivée vers 3h00 du matin... Nous attaquons donc le Lauragais. Eh bien le Lauragais n'est pas plat du tout, c'est comme une boite d'œuf ou nous devrions passer par tous les « sommets ». Je suis assez désorienté, et heureusement que la trace GPS existe.... A Belpech, km 516, il est 21h00, cela fait 24h00 que nous sommes partis. Pendant notre pause "coca" / remplissage des bidons, je repense à Thomas qui à fait 760 km en solo lors des dernières 24h00 du Castellet... Bon c'est vrai que le relief et la qualité de l'enrobé ne sont pas comparable, mais tout de même... Le gérant nous dit que Carcassonne est à 60 km.... mais pour nous c'est 160 km via la montagne Noire.... Il ne nous comprend pas... Nous repartons au bout de 20 minutes, la nuit approche, nous avons revêtus nos gilets de haute visibilité, et ne tardons pas à allumer les feux. Nous continuons notre route commune plein nord, toujours sur de la petite route assez vallonnée. Il est presque 23h00 lorsque nous traversons l'autoroute A61 (550 km ont été parcourus, il en reste 125... comme une sortie du dimanche matin entre copains...), nous approchons de la montagne Noire et des dernières ascensions sérieuses. Au cœur de la seconde nuit sur le vélo, je commence à lutter sérieusement contre le sommeil, et annonce à mes 2 compagnons que je souhaite m'arrêter pour dormir un peu (je ne suis pas à 1 heure près, et la sécurité avant tout). Ils me répondent tous les 2 qu'ils sont également plus que tenté par cette idée. Nous nous arrêtons donc à la sortie de la Pomarède, Paul s'installe dans un abri bus, Laurent et moi sous un fourré. Le réveil est programmé pour dans 20 minutes, nous dormons tous les 3 très rapidement, réveil, une banane et c'est reparti. En une demi­heure, nous avons vraiment rechargé les batteries (humaines, car pour les outils technologiques ­ GPS, téléphone, phares, les charges baisses...). Nous repartons donc pour une dernière étape, je n'ai plus du tout sommeil, je suis bien. Se succède alors des montées et des descentes, je n'ai plus très bien la notion de durée. Une heure passe comme cela, puis une seconde heure ou le sommeil commence à me rattraper, surtout dans les descentes, ou le rythme cardiaque descend... Vers 2h30, à Saissac (km 607), nous passons au bord d'une place ou un mariage à lieu, certains fêtard courent à coté de nous pour nous encourager ("c'est le tour de France..."), Un court instant, j'ai peur de me retrouver parterre... Cette agitation soudaine ne suffit pas à éloigner la fée sommeil.... Nous refaisons une courte pause de 20 minutes dont 15 dans les bras de Morphée. Nous repartons vers 2h50 pour la dernière grosse montée de cette folle aventure avant de terminer les 50 derniers kilomètres en descente jusqu'à la cité de Carcassonne. La montée se passe bien, Laurent souvent en tête, puis je prends la tête pour la descente que je connais en partie, il me reste de la batterie de phare, je mets le mode "boost" pour compenser ma vigilance amoindri par l'effort consenti depuis maintenant 32 heures. Les premières lueurs du jour pointent à l'horizon lorsqu'à 5h48, Nous arrivons tous les 3 sur la place de la porte Narbonnaise déserte, cela tranche avec notre départ avec speaker et touristes ébahis. Nous avons fait 674 km et 8745 mètre de dénivelé positif (l'Everest n'est pas loin...) Nous avons franchis 22 cols... Nous avons subi la pluie et les orages,


Nous avons lutté contre le vent fort, Nous avons fendu le brouillard nocturne, Nous avons pédalé par 9°c mais aussi par 25°c au soleil. Mais au bout de 32h48, nous avons réalisé "l'Extrême Ride Bike 11" ­ 1ère édition. Merci à MBT de m'avoir permis de vivre cette belle aventure. Merci à mon neveu​ ​Romain​. Merci à mes 2 compagnons de route, ​Laurent Moulineau et ​Paul Galea pour le partage de cette belle randonnée. Merci à Bertrand et à toute sa famille pour l'organisation sans faille, l'accueil chaleureux et toutes les petites attentions. Une pensée pour Laurent qui moins d'une semaine après, s'est fait voler son vélo avec lequel il a fait tant de route..... Je dédie cette aventure à ​Thomas Dupin​, encore convalescent, mais qui sera bientôt à nouveau sur le vélo.


www.ridebike11.fr


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