Erb11 2016 CR - Paul GALEA -

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Paul Galea

ERB11 édition 1 J’ai découvert cette épreuve par hasard au travers d’un forum. Après le PBP l’an dernier qui m’a donné goût à la longue distance et au roulage de nuit, je me dis que c’est l’occasion de rempiler pour une belle promenade chez nos voisins Audois. Entre temps, je m’inscris à la BTR et oublie un peu cet ERB11, pensant m’inscrire au dernier moment puisque ne sachant pas trop comment j’allais récupérer de Vézelay­Barcelone. Un petit tour sur le site quelques temps plus tard et je m’aperçois que les inscriptions sont closes ! Mince…


J’envoie un mail à Bertrand, organisateur de ce tour de l’Aude, qui gentiment me rajoute sur la liste des inscrits. Le premier contact par mail m’a montré d’emblée à quel point le personnage est passionné et ultra sympathique. La BTR s’étant bien passée et ne m’ayant pas trop laissé de séquelles (à part deux doigts !), je suis confiant pour cet ERB qui sur le papier est quand même plus « facile ». Le seul truc qui me chiffonne, c’est la météo qui nous attend : les prévisions sont mauvaises avec des orages, de la pluie et du vent annoncés. Une sortie d’une centaine de kms quelques jours avant histoire de se dégourdir les jambes et me voilà en voiture pour Carcassonne vendredi en fin d’après midi. Etant un peu en retard sur ma prévision d’arrivée, je me rends à la cité directement. Tout le monde est déjà présent et Bertrand m’accueille chaleureusement. Un petit passage devant le speaker permet aux participants de se présenter. Sur 37 inscrits, nous sommes seulement 27 au départ. 21h00, tout le monde s’élance pour cette première édition. Sortis de la ville, on se retrouve à trois pour entamer ce périple. Pour l’instant, tout va bien, le ciel est chargé mais il ne pleut pas, la température est agréable et le niveau du groupe est homogène. L’ascension du pic de Nore se fera sans grande difficulté mais un brouillard épais nous accompagnera dans les derniers kilomètres , à tel point que je dois me repérer au GPS pour anticiper les virages ! Le pic ne trahira pas aujourd’hui sa réputation. Photo, coupe vent puis redescente prudente en croisant les autres participants qui montent. La descente nous réservera une agréable surprise puisqu’une biche nous accompagnera durant une dizaine de mètres. La traversée du Minervois jusqu’à la côte sera pénible : alternance de pluie et d’accalmies mais avec en permanence une route trempée et un vent, bien que favorable, usant car latéral par moments. Photo aux Cabanes de Fleury, on en profite pour recharger en eau puis on attaque quelques kilomètres avec 90 km/h de vent de face avant de bifurquer vers le sud. Je commence à être bien entamé à cause de cette météo qui ne nous épargne pas. A Narbonne, je laisse mes compagnons de route filer et je m’octroie une pause. Je n’ai plus de forces, je suis fatigué et mentalement au plus bas. Dans ma tête, je file jusqu’à Port La Nouvelle et je prends le train pour rentrer. Je connais la suite et la perspective de rouler 50 ou 60 kms contre le vent ne m’enchante guère, surtout dans mon état de fatigue. Je repars un peu mieux et reprends Laurent et Cyrille qui se sont arrêtés quelques kilomètres plus loin. Ils me motiveront pour poursuivre. A Fitou, pause dans un point chaud où on dévalise presque le stock de pains au chocolat ! Cet arrêt m’a vraiment requinqué et c’est le ventre plein et le moral au plus haut que l’on reprend notre route contre une tramontane à 90 km/h. Col de Feuilla, Tuchan, la progression est lente et on y laisse pas mal de jus. On décide donc d’un arrêt supplémentaire à Duilhac de Peyrepertuse dans une épicerie afin de prendre des forces pour rallier Quillan où se trouve le ravitaillement. La suite est un peu plus abritée du vent mais la succession de petits cols commence à bien marquer les corps. Cyrille n’est pas bien depuis quelques dizaines de kms mais il s’accroche et serre les dents. Mes deux compagnons du jour sont des guerriers au mental d’acier, c’est vraiment plaisant et instructif de rouler avec eux, d’autant qu’ils ont de l’expérience dans les longues distances.


Quillan nous accueille enfin. Nous sommes à mi­parcours seulement et le plus dur reste à faire : les Pyrénées Audoises et la montagne noire pour terminer. Alors là je dois dire que j’ai été bluffé par le ravitaillement !!! Un buffet gigantesque, une variété dans les plats (faits maison !!) proposés, et un accueil exceptionnel. Les organisateurs sont aux petits soins, souriants, gentils. Bref, on sent qu’ils sont vraiment passionnés par ce qu’ils font. Ma chérie devant me retrouver vers Chalabre, je décide de repartir tout seul, laissant mes deux comparses se reposer un peu plus. Ils me rejoindront plus tard. L’ascension vers Roquefort de Sault est magnifique : une petite route très peu fréquentée mais avec un beau pourcentage moyen. Après plus de 350 kms, elle calme un peu quand même ! Je continue sous une bruine pas trop dérangeante et entame, après le col de Garavel, la remontée vers le plateau de Sault. Je suis en retard sur le planning fixé au départ, à savoir terminer en 27h00. Tant pis, j’étais à deux doigts d’abandonner, donc c’est déjà bien d’être là ! Une descente rapide m’emmène au pied du col des sept frères. Je suis encore loin de Chalabre et Adeline décide de s’avancer à ma rencontre vers Belcaire. Ce col, je m’en souviendrai ! Non pas qu’il soit dur, mais la fin est interminable ! Une sorte de faux plat montant usant qui dure quelques kilomètres alors qu’on croit être arrivé au sommet. Une petite parenthèse coup de gueule en passant pour les concurrents de l’Ariègeoise (qui se déroulait le même jour) : ce sont de véritables porcs ! J’ai découvert une route jonchée de détritus : emballages de barres, tubes de gel…. C’est vrai que remettre dans sa poche un emballage, ça prend vachement de temps ! Ces comportements sont intolérables et c’est en partie à cause de ces gens là que je ne fréquente plus trop ce genre d’épreuves. Bref, je rejoins Adeline et ses parents quelques kilomètres plus loin pour un arrêt bienvenu : je viens de passer plus d’une heure sous la pluie et dans le froid. Ils m’ont apporté un maillot propre (le mien est trempé) et de quoi manger. Je me pose une bonne demi­heure histoire d’attendre Cyrille et Laurent, qui arrive finalement tout seul. Cyrille n’a pas encore bien récupéré et Laurent a préféré tracer pour ne pas se refroidir et attraper mal. Nous poursuivons donc jusqu’à Chalabre pour un arrêt au bar recommandé par Bertrand dans son Road book. Cyrille nous rejoins peu après. La suite nous met en confiance : le Lauragais c’est plat, on va pouvoir se refaire un peu avant d’attaquer la montagne noire en dessert. Alors le Lauragais en fait, ce n’est pas plat du tout. La seule route plate, c’est celle qui relie Castelnaudary à Toulouse, le reste est vallonné, mais plus du genre vallonné usant que vallonné tranquille, surtout après plus de 450 kms ! Cette partie là on l’a vécue comme un enfer : une succession infinie de courtes montées aux forts pourcentages et surtout l’impression de tourner en rond (« mais on n’est pas déjà passé là tout à l’heure ? »). La moyenne s’en ressent et on n’avance pas. Le passage du canal du midi est un soulagement, on va enfin entamer la dernière partie ! La fatigue commence à se faire sentir et les pauses se multiplient : un arrêt de bus, un morceau de pelouse, tout est bon pour dormir un peu. C’et plus prudent car en descente, les trajectoires deviennent de plus en plus aléatoires, et à 50 km/h, le risque est trop grand de se sortir. D’ailleurs avec Cyrille, on n’est pas passé loin de la chute à cause d’une bestiole qui a traversé entre nous deux.


Paradoxalement, la fin m’a semblée moins dure que le Lauragais alors que sur le papier, il y avait plus de d+. Nous arrivons enfin au terme de ces 675 kms à l’entrée de la cité, fatigués mais très contents d’avoir vaincu ce parcours. Je tiens particulièrement à remercier Bertrand et sa famille pour leur accueil vraiment exceptionnel. Des passionnés comme eux, il n’y en a pas beaucoup et c’est vraiment un honneur pour moi d’voir participé à cette première. Je remercie aussi mes deux compagnons de route, Laurent et Cyrille, pour leur bonne humeur tout au long de cette épreuve. J’espère sincèrement qu’on aura l’occasion de rouler ensemble à nouveau. Un énorme merci à ma chérie et à ses parents pour être venus me soutenir et me ravitailler. Je les ai fait attendre pendant des heures…. Et en conclusion, j’ai été surpris agréablement par la difficulté de cette épreuve. Les conditions météo y ont contribué mais aussi certaines portions très peu roulantes. Enfin, je trouve que l’état d’esprit général est vraiment génial. Il y a une solidarité formidable entre les participants, pas de prise de tête, pas de plaintes. Juste des gens simples et humbles qui ne se prennent pas la tête. Merci !


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