Dossier du concours international «Festival de Jardins filtrant de Téhéran»

Page 1

‫ﻦ‬

Le Quanat perse

Festival de Jardins Filtrant de Téhéran Concours 2016-2017 / «Quanat.net» Bertrand VAN LAERE - Architecte Paysagiste / Pascal GOUJON - Jardinier Paysagiste & Hydrologue / Octobre 2017


Le Quanat perse

1

Principe schématique du fonctionnement des quanats - Source : Les eaux cachées de Téhéran - Alexandre Houdet - 2016

Dans l’ensemble des régions arides de l’Iran (République islamique d’Iran), des établissements agricoles et permanents sont soutenus par l’ancien système de qanats qui puisent l’eau des sources aquifères en amont des vallées et la font circuler par gravité le long de tunnels souterrains, souvent sur de nombreux kilomètres. Les 11 qanats inscrits au Patrimoine mondial de l’UNESCO qui représentent ce système comprennent des aires de repos pour les travailleurs, des réservoirs d’eau et des moulins à eau. Le système de gestion communautaire traditionnel encore en place permet un partage et une distribution de l’eau équitables et durables. Les qanats fournissent un témoignage exceptionnel sur des traditions culturelles et des civilisations de zones désertiques au climat aride. © Bertrand Van Laere - Architecte Paysagiste - Tous droits réservés - Octobre 2017


Le Quanat perse Le mot qanat vient de qanna en farsi qui signifie roseau, et qui s’apparente à un conduit creux. Un qanat est une série de puits verticaux interconnectés en sous face par une galerie. Le puits mère descend en dessous du bassin aquifère, alors que les autres puits descendent entre 200 et 10m depuis le puits mère jusqu’aux champs. Vu du dessus le qanat se compose de « trous » alignés qui forme la projection du trajet de la galerie. Les bords du cratère sont formés par les déblais provenant du forage du puits, qui protège le qanat de ruissellements non contrôlés ou de chutes d’animaux. Ils permettent également d’accéder ponctuellement au qanat pour l’entretenir. Le qanat fait surface à l’entrée des villes à travers l’intermédiaire de ramification appelées «joobs» qui la traverse.

2

Les qanats ont permis aux grandes villes d’Iran de se développer depuis 3000 ans. Ce système hydraulique encore en état de fonctionnement il y a 50 ans, a été remplacé par des infrastructures modernes, qui arrivent aujourd’hui à leurs limites face à l’accroissement démographique du pays. Ce patrimoine historique caché, qui est à l’origine de la ville de Téhéran, disparaît peu à peu de la mémoire de ses habitants. Un retour vers ce système ancestral d’alimentation en eaux pourrait être une éventuelle réponse à la crise environnementale que traverse aujourd’hui le pays. Toutefois cette solution semblerait être à l’encontre de la politique de l’Iran, qui préfère actuellement faire table rase du passé. © Bertrand Van Laere - Architecte Paysagiste - Tous droits réservés - Octobre 2017


Les jardins remarquables d’Iran Jardin de Fin - Bagh-e Fin : Créateur : Abbas Ier le Grand / Propriétaire : province d’Ispahan / Style : chahar bagh persan (XVIème siècle), avec bâtiments (XIXème siècle) / Superficie : 2,6 ha / Climat : semi-aride / Situation : Fin, Ispahan.

3

L’eau a préservé ce jardin et sa beauté naturelle pendant plus de quatre siècles. Cet endroit exquis se situe à Fin, une banlieue de la ville de Kashan. L’eau est acheminée depuis les montagnes par un quanat souterrain, ou tunnel, et provient également d’une source, le Soleimaniyeh, dont la légende attribue la découverte au roi Salomon. Stockée dans une grande citerne, elle pénètre dans le jardin géométrique par le nord, le point le plus haut, avant d’être acheminée par des canaux carrelés couleur turquoise qui sillonnent le site et les terrasses. A l’ombre du pavillon central, l’eau, immobile et silencieuse, scintille dans quatre bassins carrés semblables à des miroirs donnant sur le firmament comme pour recevoir le ciel dans un acte d’union entre le terrestre et le divin. © Bertrand Van Laere - Architecte Paysagiste - Tous droits réservés - Octobre 2017


Les jardins remarquables d’Iran Jardin de Dolat - Bagh-e Doulat Abad : Créateur : Mohammad Taqi Khan / Propriétaire : province de Yazd / Style : persan traditionnel (XVIIIème siècle) / Superficie : 5,0 ha / Climat : semi-aride / Situation : Yazd.

4

Telle une oasis dans le désert, ce jardin offre un calme réputée pour endurer des étés plus chauds que n’importe quel autre site sur le plateau iranien. Depuis deux siècles, l’eau, «symbole de la compassion divine», est acheminée au jardin depuis Mehriz, une ville située à 35 km de là. Elle est convoyée par le quanat, un ancien système souterrain d’aqueducs conçu pour récolter la neige fondue des montagnes et permettre de cultiver les champs et jardins. En raison de la rareté de l’eau et de son évaporation ultrarapide due à la chaleur intense, le jardin est dépourvu de conduites d’eau ornementales et ne possède qu’un seul bassin. L’intérieur du pavillon d’été, ombragé et orienté vers le nord-ouest, abrite cinq bassins dont l’eau ondule sous la brise amenée par l’élégant badgir, ou capteur de vent avec ses 33 m de haut. © Bertrand Van Laere - Architecte Paysagiste - Tous droits réservés - Octobre 2017


Les jardins remarquables d’Iran Jardin de Printemps d’Ali - Cheshmeh-Ali : Créateur : Fath Ali Shah / Propriétaire : province de Semnan / Style : persan traditionnel (XIXème siècle) / Climat : semi-aride / Situation : Damghan, Semnan.

Jardin du Palais Chehel Sotun «aux Quarante Colonnes» - Chehel Sotoun : Créateur : Shah Abbas II / Propriétaire : province d’Ispahan / Style : chahar bagh persan (XVIIème siècle) / Superficie : 2,7 ha / Climat : semi-aride / Situation : Ispahan.

5

© Bertrand Van Laere - Architecte Paysagiste - Tous droits réservés - Octobre 2017


Les jardins remarquables d’Iran Jardin du Prince - Bagh-e Shahzadeh : Créateur : Naser ad-Douleh / Propriétaire : province de Kerman / Style : chahar bagh persan (XIXème siècle) / Superficie : 3,5 ha / Climat : semi-aride / Situation : Mahan, Kerman.

Jardin d’Orange - Bagh-e Naranjestan : Créateur : Qavam al-Mulk / Propriétaire : province de Fars / Style : persan traditionnel (XIXème siècle) / Superficie : 0,6 ha / Climat : semi-aride / Situation : Shiraz, Fars.

6

Jardin du Paradis - Bagh-e Eram : Créateur : Ilkhan de la tribu Qashqai / Propriétaire : université de Shiraz / Style : chahar bagh persan (XIXème siècle) / Superficie : 23,0 ha / Climat : semi-aride / Situation : Shiraz, Fars. © Bertrand Van Laere - Architecte Paysagiste - Tous droits réservés - Octobre 2017


‫ﻦ‬

Le Contexte

Festival de Jardins Filtrant de Téhéran Concours 2016-2017 / «Quanat.net» Bertrand VAN LAERE - Architecte Paysagiste / Pascal GOUJON - Jardinier Paysagiste & Hydrologue / Octobre 2017


Téhéran, la capitale de l’Iran

Population : 8 846 800 habitants Population de l’agglomération : 15 232 600 habitants Superficie : 68 600 ha = 686 km² Densité :

12 900 hab./km²

Altitude :

1100 m à 2000 m

Vue de la ville de Téhéran située au pied de la chaîne montagneuse de l’Elbourz (Alborz ou Elburz) d’où cette capitale iranienne est située en moyenne à 1500 mètres d’altitude

La ville de Téhéran s’étend sur près de 75 km de long et 45 km de large, des vallées irriguées et ombragées des pentes de l’Elbourz au Nord, regroupant les quartiers résidentiels des riches banlieues de Shemiran, à la plaine aride et polluée du Sud où se trouvent les cités ouvrières, les bidonvilles ainsi que les principales industries (raffinerie, briqueteries, cimenterie, industrie textile et sucreries). Les infrastructures de la mégalopole font défaut d’où la croissance et le gigantisme sont incontrôlées depuis les années 70. Elle conserve un peu de monuments anciens : le palais de Golestan (début du XIXème siècle), les mosquées du Chah (ou Imam) et de Sépahsalar (1830). Le musée archéologique renferme de précieuses collections de l’époque préhistorique à la période islamique. © Bertrand Van Laere - Architecte Paysagiste - Tous droits réservés - Octobre 2017

1


Les Quanats de Téhéran Le coeur historique de Téhéran est stratégiquement géo-localisé dans l’axe du sommet de la montagne Towchal. Les cinq principaux vallons qui absorbent la fonte des neiges des montagnes sont à l’origine du réseau des 600 qanats de la Capitale - 2000 kms - 80000 puits - 10 000 l/d’eau par seconde. Comme toutes les anciennes villes d’Iran, Téhéran possède aussi des qanats. Le réseau souterrain court du pied de la montagne jusqu’au coeur de la ville, où l’eau fait surface et coule dans des canaux aériens. De l’avis des experts, les qanats de Téhéran drainent 10 000 litres d’eau par seconde. Comme ils sont en grande partie laissés à l’abandon, bouchés ou déviés, l’eau est inutilisable.

2

Cartographie de la ville de Téhéran avec quanats drainés et orientés du Nord au Sud voire d’Est et d’Ouest au Sud depuis la chaîne montagneuse de l’Elbourz (Alborz ou Elburz) © Bertrand Van Laere - Architecte Paysagiste - Tous droits réservés - Octobre 2017


Les jardins remarquables d’Iran Le Merhgerd conduit à lui tout seul 200 litres d’eau par seconde, soit un peu plus de 17 000 mètres cubes d’eau par jour, de quoi alimenter 115 200 habitants. Toutefois, cette galerie vieille de 3000 ans, a été en partie bouchée puis déviée vers les égouts dans les années 70, pour la création du métro de la ville. Cette eau pure, qui provient directement des montagnes, est actuellement déversée dans les eaux usées et acheminée dans d’immenses marécages en contrebas de la ville. Une partie de cette eau est cependant utilisée en amont du métro pour alimenter les jardins de certaines institutions. En effet le lycée d’Alborz, les banques E-Melli et E-Maskan, l’ambassade de Russie et l’Opéra Vahdathall, possèdent tous un droit d’eau ancestral sur le Merhgerd qui leur permet de pomper entre 900 et 1300 mètres cubes d’eau par jour.

3

Plan cartographique du Merhgerd traversant une partie de la ville de Téhéran - Source : Les eaux cachées de Téhéran - Alexandre Houdet - 2016 © Bertrand Van Laere - Architecte Paysagiste - Tous droits réservés - Octobre 2017


Le 12ème district municipal de Téhéran

16 km²

4

0

500 m

N

La municipalité de Téhéran (shahrdari) est divisée en 22 arrondissements ou districts (mantagheh) municipaux, disposant chacun de son centre administratif. Le 12ème arrondissement de Téhéran est bordé par les arrondissements 6 et 7 (rue Enghélab) au nord, 13 et 14 (rue 17-Shahrivar) à l’est, 15 et 16 (rue Shoush) au sud, et 11 (rue Hafez et Vahdat Eslami) à l’ouest. Il compte aujourd’hui 13 quartiers. Évaluée à 248 048 habitants lors du recensement de 2006, sa population compte aujourd’hui environ 361 500 habitants. Ce district se trouve ainsi le célèbre Parc de la Ville (Park-e Shahr) de 35 ha inauguré en 1960 et le Grand Bazar (Marché) de Téhéran très fréquenté. © Bertrand Van Laere - Architecte Paysagiste - Tous droits réservés - Octobre 2017


Le 12ème district municipal de Téhéran Quelques «joobs» du centre-ville sont actuellement encore en eaux et sont les seuls témoins de ce gigantesque réseau souterrain que constituent les qanats. Ils longent certains trottoirs du centre-historique, que compose le 12ème arrondissement de la capitale. Ces canaux à ciel ouvert sont néanmoins extrêmement pollués, à la fois par les passants qui y balancent leurs déchets, mais aussi par les commerces et les restaurants qui y jettent leurs eaux usées ou autres huiles de friture… Cette eau, à l’origine cristalline, n’est plus qu’une masse sombre et visqueuse glissant de manière nonchalante le long des voies de circulations.

5

Néanmoins, les «joobs» sont tout de même le support d’un dispositif urbain qualitatif et nécessaire à cet environnement aride. Ils permettent en effet d’irriguer des arbres plantés à l’intérieur même du canal, qui bordent les routes et les trottoirs de sorte à rafraîchir et à protéger les passants du soleil. Cette végétation insolite, entre air pollué et eau souillée, redonne de la qualité à cette ville grouillante et étouffante, en apportant cette touche de poésie. Un joob salissant dans la ville de Téhéran - Source : Les eaux cachées de Téhéran - Alexandre Houdet - 2016 © Bertrand Van Laere - Architecte Paysagiste - Tous droits réservés - Octobre 2017


Le 12ème district municipal de Téhéran

6

Vue aérienne du Parc de la Ville situé dans le centre de la ville, le parc est un quadrilatère de 26 hectares délimité au nord par la rue du Docteur Bâkhsh, à l’est par l’avenue Kayyam, au sud par la rue Behesht et à l’ouest par l’avenue Vahadet-e Eslami. Il s’étend au nord-ouest du palais du Golestan © Bertrand Van Laere - Architecte Paysagiste - Tous droits réservés - Octobre 2017


‫ﻦ‬

Le Projet

Festival de Jardins Filtrant de Téhéran Concours 2016-2017 / «Quanat.net» Bertrand VAN LAERE - Architecte Paysagiste / Pascal GOUJON - Jardinier Paysagiste & Hydrologue / Octobre 2017


‫ﻦ‬ Synopsis du projet «Quanat.net»

- Reprendre l’eau inutilisée des quanats existants - Créer un jardin mémoriel de la renaissance du quanat en forme de «nun» - Expérimenter la phyto-épuration dans l’espace urbain dense et pollué - Sensibiliser la population iranienne exposée au manque d’eau - Devenir une scène théâtralisée à l’intérieur du puits - Mettre en valeur un point de repère visuel à travers des nouveaux éléments novateurs - Imaginer le croisement en recherche du réseau virtuel «Quanat.net» 3.0 ou 4.0 ou encore 5.0

Symbole de la vingt-cinquième lettre de l’alphabet arabo-persan, linguale, le Nûn correspond au son « n », nun, ‫ ن‬, signifiant qu’elles sont habitées par des Nazrani, des Nazaréens © Bertrand Van Laere - Architecte Paysagiste - Tous droits réservés - Octobre 2017

1


Synopsis du projet «Quanat.net»

Lié au symbole de la 25ème lettre arabo-persane, ce jardin filtrant de Téhéran mémoriel en forme de «nun» transporte petits et grands dans un oasis de verdure. Grâce à son quanat existant, son «joob» (=dispositif urbain de petit canal à ciel ouvert) et sa rigole créés, son bassin et son puits d’eau purifiés, ses gradins de l’amphithéâtre minéralisés et végétalisés, ce lieu «mis en cascade» se transforme en véritable renaissance des quanats perses. Au programme, deux parcours d’eau complémentaires : ce quanat actuel dévié à l’aide de deux pompes de relevage et d’un filtrage naturel stocke l’eau non traitée ou usée vers le bassin d’épuration via la rigole descendante. Parallèlement, ce bassin orné de plantes auto-nettoyantes et équipé d’aérateur, de brumisateur et d’oxygénateur fonctionnant grâce aux panneaux de solaire entraîne son visiteur du monde terrestre dénudé au monde aquatique retivalisé. En suspendant la réplique d’un globe céleste d’Iran depuis l’ombrière en toile d’ombrage rigide ou tissée, ce globe lumineux, qui tourne sur lui-même, flotte à la surface de l’eau de ce bassin. Avec cet objet flottant, la lumière sacrée dirige vers le ciel, l’eau purifiée dirige vers l’espace, progressivement, fait revivre le coeur historique de la Capitale iranienne.

2

© Bertrand Van Laere - Architecte Paysagiste - Tous droits réservés - Octobre 2017


Le plan masse du projet «Quanat.net»

Sol et gradins en brique autodrainante à joints engazonnés ou plantés Réseau du quanat existant d’eaux non traitées ou usées

Bassin d’épuration avec plantes nettoyantes

Puits d’eau purifié vers le retour du quanat propre

Globe céleste flottant / Ombrière en toile rigide ou tissée avec tiges de bambou

3

Rigole descendante avec quatre chutes d’eau Amphithéâtre planté d’arbustes persistants

© Bertrand Van Laere - Architecte Paysagiste - Tous droits réservés - Octobre 2017


Les élèvations du projet «Quanat.net»

4

© Bertrand Van Laere - Architecte Paysagiste - Tous droits réservés - Octobre 2017


Le carnet des matériaux

Aérateur immergé pour puits d’eau

Oxygénateur autonome avec injection d’air pour bassin d’épuration

Brumisateur fixe avec programmateur pour contour de l’amphithéâtre planté d’arbustes persistants

Tiges de bambous de gros diamètre d’une dizaine de centimètres avec plots de fixation inox, crochets et sangle ou câble tendeur inox

Brique autodrainante de type Diabolo finition terre cuite à joints engazonnés ou plantés (Phylla nodiflora et Potentilla verna) pour sol et gradins de l’amphithéâtre

Toile d’ombrage en toile tissée et tricotée en polyéthylène de couleur marron pour ombrière en trois voiles séparées

Toile d’ombrage en toile rigide et colorée au choix libre ou transparente en éthylène térafluoroéthylène (ETFE) pour ombrière en option © Bertrand Van Laere - Architecte Paysagiste - Tous droits réservés - Octobre 2017

5


Le carnet des végétaux

Cercis siliquastrum / Arbre de Judée

Photinia fraseri / Photinia de Fraser

Phalaris arundinacea / Baldingère faux-roseau

Koelreuteria paniculata / Savonnier

Populus alba pyramidalis / Peuplier blanc

Carex acutiformis / Carex des Marais

Phragmites australis / Roseau commun

Jasminum fruticans / Jasmin d’été

Glyceria maxima / Grande glycérie

Sparganium erectum / Rubanier dressé

Matthiola incana / Giroflée des jardins

Iris pseudo-acorus / Iris faux acore ou jaune

Typha angustifolia / Massette à feuilles étroites © Bertrand Van Laere - Architecte Paysagiste - Tous droits réservés - Octobre 2017

6


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.