Trésors d’archives 10 siècles d’histoire à Saint-Omer Catalogue de l’exposition présentée à la Bibliothèque d’Agglomération du Pays de Saint-Omer du 18 septembre 2020 au 6 janvier 2021 Commissariat | Matthieu Becuwe, responsable du pôle archives à la Bibliothèque d’Agglomération du Pays de Saint-Omer (BAPSO) Directeur de la publication | Joël Duquenoy, Président de la Communauté d’Agglomération du Pays de Saint-Omer (CAPSO) Textes et choix des illustrations | Julie Ballanfat, Matthieu Becuwe et Laurence Courtecuisse Relecture et corrections | Rémy Cordonnier et Mélissa Minet Conception graphique et mise en page | Florian Duponchelle, service communication de la CAPSO Crédits photographiques | BAPSO et Wikimédia Commons Impression | Nord Imprim ISBN : 978-2-9553126-9-8
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l’histoire
des archives de saint-omer
Depuis l’époque médiévale, les archives de la commune de Saint-Omer sont conservées dans la halle échevinale, jusqu’à sa destruction en 1832. Elles sont entreposées dans une pièce, devenue ensuite la chambre d’audience du conseil. Mais, on s’aperçoit que les latrines, situées en-dessous de la salle, occasionnent de l’humidité, ce qui altère les documents. En 1756, on décide alors de transférer les archives anciennes dans une petite salle dépendant de l’argenterie, où est
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déposée la caisse municipale (ou trésor). Ainsi, les documents de l’administration communale sont conservés dans les pièces de l’argenterie et du greffe situées dans l’aile ouest de la halle échevinale.
L’ancienne halle échevinale de Saint-Omer (1830).
Dessin. Reproduction par Auguste Boitel, entre 1890 et 1910. BAPSO, 41 Fi 10/128 (Fonds Auguste Boitel).
TRÉSORS D’ARCHIVES L’HISTOIRE DES ARCHIVES DE SAINT-OMER
Un premier inventaire des archives aurait été réalisé vers 1590, toutefois celui-ci n’a jamais été retrouvé. Les archives, en grand désordre au 18e siècle, sont classées à partir de 1756 par l’avocat et greffier principal P. J. Gaillon. De 1784 à 1788, un répertoire des titres est rédigé par JacquesAugustin Hausoulier et Charles-François-Marie Boulet, commis au greffe, sous la direction de Gaillon. Il comprend alors trois volumes, mais, qui laissent de côté tous les registres et les pièces se trouvant dans la chambre de l’argenterie et celle du greffe (registres, pièces justificatives des comptes…). En lien avec ce répertoire méthodique, on installe dans la salle des archives, un ensemble de 300 tiroirs portant l’inscription de leur contenu. Ils sont répartis sur tous les côtés de la pièce. On réutilise également une grande armoire à tiroirs et à volets (comprenant 50 tiroirs). Sont conservées dans ces meubles, appelés « layettes », les archives de la ville, dont notamment la très belle série des chartes et privilèges. Première page du répertoire des titres (1784-1788).
On y installe plusieurs meubles munis de 350 tiroirs, appelés « layettes », pour les ranger.
BAPSO, ms. 931.
Or la Révolution passe par là. Un tri est réalisé (papiers utilisés pour la fabrication des cartouches) et l’on peut aujourd’hui déplorer la perte de plusieurs fonds : les archives des anciennes corporations, des registres de bourgeoisie, des demandes d’urbanisme, les anciens procès criminels… Suite à la démolition de la halle échevinale, jugée trop vétuste, en 1832, les archives sont transportées, dans leurs tiroirs et avec leurs casiers, dans l’ancien collège des Jésuites français. Puis elles sont transférées dans le nouvel hôtel de ville, édifié entre 1835 et 1840, et entreposées dans une grande salle voûtée, située juste à côté du théâtre aménagé dans le bâtiment. Cette proximité avec la salle de spectacle fait peser sur les archives un risque important d’incendie tout au long du 19e siècle.
Les anciennes armoires en bois, « layettes » (18e siècle).
Aujourd’hui, en salle de consultation des archives.
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TRÉSORS D’ARCHIVES L’HISTOIRE DES ARCHIVES DE SAINT-OMER
les archives de l’ancien siège échevinal. Ces dernières disparaissent, pour l’immense majorité, dans l’incendie des Archives départementales à Arras en 1915 (en même temps que le fonds de l’abbaye de Saint-Bertin). En outre, un grand nombre de documents du fonds communal, datant de la deuxième moitié du 19e siècle et du début du 20e siècle, ont été détruits, en particulier ceux concernant les deux Guerres mondiales.
Le nouvel hôtel de ville (avant 1867).
Photographie de Joseph Delattre. BAPSO, 3 Fi.
Aux 19e et 20e siècles, la gestion des archives de Saint-Omer est quelque peu désordonnée. À partir de 1842, le secrétaire en chef de la mairie et une commission, composée de trois membres de la Société des Antiquaires de la Morinie, en assurent la surveillance. Toutefois, en l’absence d’un service municipal d’archives, les conséquences sur l’organisation et la conservation de ces documents sont lourdes. Le classement des archives anciennes est alors très imparfait et celui des archives modernes quasi-inexistant. De plus, en 1889, les Archives départementales du Pas-de-Calais y prélèvent
L’histoire des archives de Saint-Omer est indissociable de celle de la bibliothèque. En effet, c’est en 1895 que les archives anciennes, conservées jusqu’alors à la mairie, intègrent la bibliothèque communale. Celle-ci est installée depuis 1805, rue Gambetta, au premier étage du bâtiment des classes du collège des Jésuites français datant de 1590. Jugé vétuste, ce bâtiment est reconstruit de 1893 à 1895 par l’architecte calaisien, Ernest Decroix. Il est destiné à abriter à la fois la bibliothèque et les archives anciennes. Le nouvel édifice accueille sept classes au rezde-chaussée, la bibliothèque au premier étage et les archives au deuxième. Lors des deux Guerres mondiales, les archives ne sont pas touchées. En 1918, elles sont évacuées par train vers Bordeaux avec les livres précieux (1100 caisses). En 1939, les archives sont d’abord entreposées dans la chapelle des Jésuites, pour
L’ancien collège des Jésuites français (ca 1892).
Photographie. BAPSO, 41 Fi 10/109 (Fonds Auguste Boitel).
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TRÉSORS D’ARCHIVES L’HISTOIRE DES ARCHIVES DE SAINT-OMER
être ensuite envoyées au château de Trévarez en Bretagne, puis au château des Vaux (Eure-etLoir) en 1942-1943.
Dans la deuxième moitié du 20e siècle, les locaux de la bibliothèque arrivent à saturation. Un projet de restructuration et d’extension est lancé en avril 1995. Le nouvel équipement est inauguré le 24 juin 1997, passant de 1 000 à 4 000 m². Autour d’un jardin, on trouve ainsi, l’aile patrimoniale qui correspond au bâtiment de l’ancienne bibliothèque (1895), un nouveau hall d’accueil (20e siècle) et une médiathèque installée dans une aile de l’ancien collège des Jésuites (17e siècle). Le 1er juillet 1997, la gestion de la bibliothèque passe de la ville de Saint-Omer au District (intercommunalité), qui devient la Communauté d’Agglomération de Saint-Omer (CASO) en 2001, et la Communauté d’Agglomération du Pays de Saint-Omer (CAPSO) en 2017.
La bibliothèque, salle patrimoniale (septembre 1925).
Photographie des maisons J. David et E. Vallois réunies. BAPSO, 2 Fi.
Aujourd’hui, le service des archives de la Bibliothèque d’Agglomération du Pays de SaintOmer conserve les archives relatives au territoire communautaire. Il veille sur plus d’un kilomètre linéaire de documents allant du 11e siècle à nos jours : les archives de la commune de Saint-Omer (du 12e siècle à 1945), les archives du chapitre de la collégiale-cathédrale de Saint-Omer (du 11e siècle à 1789), les archives du Gros des notaires de SaintOmer (du 16e au 18e siècle), des archives privées, de la presse ancienne, des fonds iconographiques (photographies, cartes postales, cartes et plans…) et un fonds local.
La façade de la bibliothèque (aile patrimoniale), rue Gambetta (2018).
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moyen âge 11 -15 siècles e
e
Le document le plus ancien (1052) Au
7e
siècle,
Omer,
troisième
évêque
de
Thérouanne, fonde le monastère de Sithiu, sur une terre donnée en 649 par un seigneur local nommé Adroald. C’est du nom d’Omer en latin, Audomarus, que dérive le nom des habitants de Saint-Omer, les « Audomarois ».
Ce monastère est réparti sur deux sites : une église consacrée à la Vierge sur une hauteur, et un monastère dédié aux apôtres Pierre et Paul, installé plus bas sur les rives de l’Aa. Vers 670, l’évêque Omer décède au cours d’une tournée pastorale, à Wavrans-sur-l’Aa. L’abbé Bertin se rend alors sur place avec ses religieux pour rapporter à Sithiu le corps de l’évêque, et le fait inhumer dans l’église d’en haut ou de la SainteVierge, comme celui-ci l’avait demandé dans son testament.
Charte de reconnaissance des reliques de saint Omer par l’archevêque de Reims (3 mai 1052).
Pièce sur parchemin. BAPSO, ms. 1577.
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TRÉSORS D’ARCHIVES MOYEN ÂGE 11E - 15E SIÈCLES
Rapidement, l’église prend le vocable de Saint-Omer et le monastère, celui de SaintBertin, du fait que l’évêque et l’abbé y soient respectivement inhumés. Vers 820, l’abbé Fridugise décide de diviser le monasterium de Sithiu en deux communautés, en confiant l’église à un collège de trente chanoines, et l’abbaye aux soixante moines de la communauté primitive. Cette réforme est considérée comme l’acte de naissance de la collégiale de Saint-Omer et de l’abbaye de Saint-Bertin. Le 3 mai 1052 a lieu une cérémonie solennelle d’ouverture de la châsse des reliques d’Omer en présence de l’archevêque de Reims et de l’évêque de Thérouanne, Drogon. À cette occasion, on procède à l’examen attentif du corps du saint, qui est ensuite présenté à la foule venue assister à l’ostension des reliques. Un acte authentifié, qui relate brièvement ces évènements et en mentionne les principaux témoins, est alors déposé dans le coffre en bois renfermant le corps de saint Omer. Cette charte de reconnaissance des reliques est actuellement le plus ancien document conservé aux archives. À partir du 15e siècle, les reliques sont déposées dans un reliquaire en argent, protégé par une châsse en bois au sein du petit autel, situé dans le chœur de l’église. Ce reliquaire disparaît avec le mobilier de la cathédrale lors de la Révolution française. Le parchemin qui s’y trouvait, en aurait été soustrait à cette occasion, puis remis à la bibliothèque au début du 20e siècle.
Le cénotaphe de saint Omer en la cathédrale Notre-Dame de Saint-Omer (entre 1890 et 1910). Photographie d’Auguste Boitel. BAPSO, 41 Fi 10/92 (Fonds Auguste Boitel).
L’autel des reliques (petit autel), abritant celles de saint Omer, de saint Erkembode et de sainte Austreberthe en la cathédrale Notre-Dame de Saint-Omer (début 17e siècle). Dessin à l’encre sur papier. BAPSO, dépôt des Archives départementales du Pas-de-Calais, 2G 2785.
La vie de saint Omer est aussi évoquée par les reliefs de son cénotaphe, élevé au 13e siècle, en pierre de Marquise, et placé aujourd’hui dans la nef de l’édifice. Il reprend la forme d’un tombeau-mausolée, où le saint est représenté en gisant, mitré et revêtu de ses habits sacerdotaux. Sur le soubassement, des arcatures sont ouvertes sur l’intérieur du coffre, actuellement vide, où des reliques du saint étaient peut-être à l’origine offertes à la vénération des fidèles.
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La charte de commune de Saint-Omer (1127) La charte de Saint-Omer est le premier privilège communal original conservé, non seulement de l’Artois, mais de la Flandre entière. Elle s’inscrit dans un mouvement de développement des institutions urbaines qui touche les villes d’Europe, en particulier dans les provinces du nord de la France et de la Flandre, du 11e au 13e siècle. Cette région est, en effet, le théâtre d’un des plus importants phénomènes d’urbanisation, lié au dynamisme économique de ces localités marchandes. Au sein de ces centres urbains, les marchands souhaitent pouvoir organiser et administrer eux-mêmes leur cité. Ils se constituent en association (guilde, hanse) et sollicitent des droits et privilèges auprès de leur suzerain. Acquis sous la contrainte ou plus souvent âprement négociés, ceux-ci sont détaillés dans une charte de franchise communale. Ce document est précieusement conservé, car il est le garant de leur autonomie administrative, judiciaire et commerciale.
Le tombeau de Guillaume Cliton, comte de Flandre, en l’abbaye de Saint-Bertin (1742). Dessin à la plume sur parchemin. BAPSO, Archives communales de Saint-Omer.
À Saint-Omer, cette charte communale est concédée le 14 avril 1127, par le comte de Flandre Guillaume Cliton (1102-1128), fils du duc de Normandie et petit-fils de Guillaume le Conquérant. Dans un contexte de guerre de succession et afin de s’assurer du soutien des bourgeois de Saint-Omer, le comte de Flandre octroie des privilèges, sans commune mesure avec ceux qu’obtiennent au même moment les autres cités flamandes. Cette charte peut ainsi être considérée comme le point d’aboutissement du programme politique des bourgeoisies flamandes. Elle reconnaît la ville comme un territoire juridique distinct, pourvu d’un droit spécial pour tous les habitants, d’un échevinage particulier et d’une grande autonomie communale. Ce document règle aussi les rapports de la commune avec son suzerain et affirme ses droits, ses privilèges et ses libertés. La communauté des bourgeois constitue dès lors une personne de droit public, véritable vassal du comte avec qui elle échange des serments d’égal à égal. Ces privilèges sont alors reconnus et confirmés par les souverains successifs.
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Charte de Louis IX (Saint Louis), roi de France, confirmant les privilèges accordés à la commune de Saint-Omer (mars 1229). Pièce sur parchemin avec sceau de Louis IX, en majesté, sur lacs de soie verte et rouge. BAPSO, Archives communales de Saint-Omer, layettes AB XIV n°1b.
TRÉSORS D’ARCHIVES MOYEN ÂGE 11E - 15E SIÈCLES
La charte communale de Saint-Omer de 1127 est représentée par deux exemplaires originaux établis primitivement sur une grande feuille de parchemin l'un en dessous de l'autre. Cette grande feuille a ensuite été découpée en son milieu à l’endroit où a été écrit en majuscules le
mot CHIROGRAPHUM. Le rapprochement bord à bord des deux actes permet de vérifier leur authenticité, au même titre que les sceaux de Guillaume Cliton qui y sont apposés.
Charte communale de Saint-Omer, octroyée par Guillaume de Normandie, comte de Flandre (14 avril 1127).
Pièce sur parchemin, munie d’un sceau équestre de cire rouge qui représente le comte à cheval, bouclier au bras, lance au poing, avec une bannière trilobée. BAPSO, Archives communales de Saint-Omer, layettes AB XIII n°1a.
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TRÉSORS D’ARCHIVES MOYEN ÂGE 11E - 15E SIÈCLES
Saint-Omer, cité marchande prospère (1200–1350) En 1300, Saint-Omer est une grande place commerciale
et
l’une
des
cités
les
plus
importantes de la région. Elle dispose notamment d’une halle commune, qui est le lieu de réunion des marchands et surtout un espace de stockage
et de vente de leurs produits. Toutefois, pour commercer au-delà de la Flandre et de l’Artois, il faut s’inscrire à la hanse de Saint-Omer, association professionnelle de marchands établie depuis 1215. Cette oligarchie marchande comprend, au milieu du 13e siècle, entre 400 et 500 personnes, chaque membre payant deux cents livres pour entrer dans cette confrérie privilégiée. Celle-ci a donc un contrôle quasi illimité sur le corps échevinal et l’économie de la ville.
Lettre confirmant la donation de la halle des marchands à la ville de Saint-Omer (1302).
Pièce sur parchemin avec les sceaux d’Othon, comte de Bourgogne, et de son épouse Mathilde (dit Mahaut) d’Artois, sur lacs de soie rouge tressée. BAPSO, Archives communales de Saint-Omer, layettes BB CXXIX n°9.
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TRÉSORS D’ARCHIVES MOYEN ÂGE 11E - 15E SIÈCLES
La prospérité de Saint-Omer est en premier lieu liée à la draperie, où les marchands audomarois tiennent une place majeure et pour laquelle ils obtiennent de nombreux privilèges (achat, vente, circulation des draps…). Le commerce et l’industrie de Saint-Omer doivent également beaucoup aux nombreux commerçants étrangers qui fréquentent le marché de la cité. Beaucoup de ces derniers sont anglais car la laine anglaise alimente les ateliers de la ville. Entre 1313 et 1325, Saint-Omer reçoit donc l’étape des laines anglaises, lieu où les marchands sont obligés d’apporter leurs produits pour y être vendus. C’est pourquoi, le 4 mai 1313, le roi de France Philippe IV octroie aux marchands anglais des privilèges pour commercer librement et en toute sécurité à Saint-Omer. Ces avantages sont confirmés par la comtesse Mahaut d’Artois, qui leur permet en plus de bénéficier de la location d’entrepôts à des prix avantageux.
Registre de la hanse marchande de Saint-Omer (1241 à 1375).
Registre en parchemin, reliure du 19e siècle. BAPSO, ms. 889, f°6.
À cela, il faut ajouter le commerce du grain car les bons rendements de l’Artois en font un véritable « grenier à blé » de l’Occident médiéval, dont la consommation augmente avec la croissance de la population. À Saint-Omer, le siège de ce commerce est le Grand Marché où se rencontrent les paysans et les gens de la ville, qui font leurs provisions pour la semaine ou pour l’année. Les poissons d’eau douce et de mer alimentent aussi ce marché audomarois. Ces derniers y sont amenés par nefs de Calais, Gravelines ou Dunkerque, ou par charrettes du Boulonnais et du Ponthieu, pour être vendus en demi-gros ou au détail. En 1282, les marchands audomarois obtiennent du roi de France, le « privilège des harengs de Gravelines » qui leur permet d’acheter le poisson, de le saler et de l’emporter par terre ou par eau, sans limitation, de nuit comme de jour. Saint-Omer est également un centre de négoce de vins. On y trouve des crus d’Île-de-France, du Rhin, de Gascogne, de Saintonge… Ce commerce est alors entre les mains d’une quarantaine de marchands qui profitent de ce marché lucratif. En 1276, la ville reçoit d’ailleurs le privilège des « vins du Beauvaisis », qui lui permet de convoyer gratuitement les tonneaux, sans avoir à passer le péage de Bapaume.
Lettre de Robert, comte d’Artois, dispensant les bourgeois de Saint-Omer du droit de péage de Bapaume pour les vins du Beauvaisis (juillet 1276). Pièce sur parchemin avec sceau équestre de Robert, comte d’Artois, sur lacs de soie rouge tressée. BAPSO, Archives communales de Saint-Omer, layettes BB CLXXXI n°1.
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La chapelle de Notre-Dame des Miracles, sur le Grand Marché, à Saint-Omer.
Dessin d’Edmond Durin, début du 20e siècle. BAPSO, série Fi (reproduction).
La dévotion à Notre-Dame des Miracles Le culte de la Vierge Marie est introduit dans la région dans la seconde moitié du 7e siècle par l’évêque Omer. Vers le 10e siècle, une statue dédiée à la Vierge est érigée sur une colonne installée sur la place du Grand Marché, où une chapelle en bois est construite par la suite. Plus tard, le comte d’Artois Robert II autorise la construction d’une chapelle en pierre. Les travaux s’étalent de 1280 à 1285 et on commande une nouvelle sculpture en chêne de la Vierge, mesurant 1,25 m. Celle-ci est placée sur un retable donné en 1606 par l’évêque de SaintOmer, Jacques Blase. En 1344, est créée la confrérie de Notre-Dame des Miracles, qui s’engage à promouvoir le culte et à donner des messes en son honneur. En outre, ses membres défilent, lors des processions, avec leur bannière et la statue de la Vierge. Une statue en argent est ainsi réalisée en 1617, pour être remise à cette confrérie. En 1784, le roi de France ordonne la démolition de la chapelle de Notre-Dame des Miracles, afin de faciliter les mouvements de troupes sur la place d’armes de la ville. Celle-ci a lieu l’année suivante et la statue est transportée solennellement dans la cathédrale le 23 juin 1785. Grâce à une souscription, un autel en bronze doré et en marbre est construit en 1875 pour l’accueillir.
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À partir des 14e et 15e siècles, on prend l’habitude de revêtir somptueusement la sculpture, et depuis, la garde-robe de Notre-Dame des Miracles ne cesse de s’enrichir. En 1870, deux couronnes sont confectionnées pour orner la Vierge et l’Enfant Jésus. Elles sont présentées à la bénédiction du pape Pie IX. La Vierge des Miracles est ainsi solennellement couronnée lors d’une fête donnée le 18 juillet 1875. Au programme de cette cérémonie exceptionnelle, il y a des chants, de la musique, des cortèges, des banquets et des illuminations. En juillet 1925, une importante procession est organisée dans les rues de Saint-Omer dans le cadre des fêtes du cinquantenaire du couronnement de NotreDame des Miracles.
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La statue en bois de Notre-Dame des Miracles.
Photographie, fin 19e siècle. BAPSO, ms. 1861.
TRÉSORS D’ARCHIVES MOYEN ÂGE 11E - 15E SIÈCLES
Image de dévotion en l’honneur de Notre-Dame des Miracles (1698).
Gravure sur cuivre avec rehauts de couleur. BAPSO, série Fi.
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La figure du cours de l’Aa entre Saint-Omer et Wizernes (1459) Les archives communales de Saint-Omer conservent un document iconographique exceptionnel, réalisé au milieu du 15e siècle. Il s’agit d’un dessin topographique, mesurant plus de trois mètres de long, figurant le cours de la rivière Aa depuis la ville de Saint-Omer jusqu’à Wizernes.
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En remontant le cours d’eau sont ainsi représentés : une partie de la ville de SaintOmer derrière ses fortifications et l’abbaye de Saint-Bertin, l’abbaye de Clairmarais, Arques (le château et l’église), Blendecques (le château de Blancbourg, l’abbaye Sainte-Colombe, l’église paroissiale et le château de Mautrayant) et Wizernes (pont d’Ardennes). De très nombreux moulins sont également dessinés le long de cette rivière. La ville de Saint-Omer et l’abbaye de Clairmarais (en haut à gauche). BAPSO, Archives communales de Saint-Omer, ms. 1489.
TRÉSORS D’ARCHIVES MOYEN ÂGE 11E - 15E SIÈCLES
Blendecques, le lieu du litige à proximité des moulins de l’abbaye de Clairmarais (détail).
BAPSO, Archives communales de Saint-Omer, ms. 1489.
Ce dessin est l’œuvre d’Olivier Bissot, tailleur d’images, et de Pierre Pol, peintre, tous deux très actifs à Saint-Omer, qui perçoivent cent sous pour être allés, à trois reprises, « figurer et pourtraire » le cours de ladite rivière. Ils sont mandatés pour ce faire dans le cadre d’un procès qui oppose de 1448 à 1459, les mayeur et échevins de la ville de Saint-Omer à l’abbaye cistercienne de Clairmarais. Le litige tire son origine de l’écouage de l’enfant de Guillaume le Foulon, retrouvé mort noyé dans la rivière d’Aa près d’un moulin à Blendecques. Son corps est d’ailleurs représenté au centre de la figure, gisant dans la rivière à côté du moulin à eau. L’écouage correspond à la visite judiciaire et à l’inspection des cours d’eau et chemins, ainsi qu’au droit de prendre et de lever les corps des personnes décédées de mort non naturelle. Ici, il est réalisé en février 1448 par les officiers de l’abbaye de Clairmarais, dont dépendent les moulins de Blendecques. Les religieux soutiennent, en effet, qu’ils ont droit de juridiction dans cette partie, située à la limite de la banlieue de Saint-Omer. Le Magistrat de Saint-Omer affirme au contraire qu’il a toute justice sur toute l’étendue de la cité audomaroise et de sa banlieue.
En mai 1448, les procureurs du duc de Bourgogne et de la ville de Saint-Omer déposent une plainte à l’encontre de l’abbaye de Clairmarais à la prévôté de Montreuil-sur-Mer. Le procès est instruit au cours des années 1448 et 1449, et la sentence rendue par le lieutenant du prévôt, le 23 juin 1450, au profit de la ville de Saint-Omer. Elle est confirmée le 19 janvier 1451 par le clerc du bailliage d’Amiens au siège de Montreuil. Cette même année, les religieux de Clairmarais font appel du jugement devant le parlement de Paris. En juin 1459, sur le conseil des messieurs de la cour de Parlement, le dessin du cours de l’Aa est apporté à Paris, par le clerc du registre criminel de Saint-Omer, afin d’être montré au procès. La sentence en appel du parlement de Paris est rendue le 13 septembre 1459 en faveur du Magistrat de Saint-Omer, et condamne les religieux de l’abbaye de Clairmarais à lui verser la somme de deux cents livres.
La figure du cours de l’Aa entre Saint-Omer et Wizernes (1459).
Dessin à la plume et gouache, sur papier, réalisé par Olivier Bissot et Pierre Pol. BAPSO, Archives communales de Saint-Omer, ms. 1489.
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TRÉSORS D’ARCHIVES MOYEN ÂGE 11E - 15E SIÈCLES
Les armoiries de la ville de Saint-Omer La croix à double traverse apparaît pour la première fois comme emblème de la ville de Saint-Omer en 1209, sur un sceau aux causes de l’échevinage de Saint-Omer. Celui-ci, plus petit que le grand sceau communal, est utilisé pour authentifier les actes et les transactions. On peut y voir sur l’avers, le saint patron de la ville, revêtu des insignes épiscopaux, bénissant de la main droite, debout entre deux fleurs de lis. L’évêque Omer, selon l’inscription qui l’entoure Ymago Beati Audomari Episcopi, est accompagné en contre-sceau de la sainte croix, à double traverse, authentifiée par l’inscription Signum Sancte Cruci. La traverse principale représente les bras de la croix du Christ tandis que la petite traverse supérieure rappelle la planchette fixée au-dessus de la tête du condamné, où était inscrit le motif de sa condamnation.
assurer la propriété exclusive à ceux qui les auraient déposées. Il s’agit accessoirement de produire une recette fiscale complémentaire. Le blason de la ville de Saint-Omer est inscrit par ordonnance du 8 août 1698 dans le registre de la généralité d’Amiens (26e volume de l’Armorial général, f°77).
Sceau aux causes de Saint-Omer (1435).
Désaveu des officiers de la ville, qui avaient empêché de passer la cervoise destinée aux besoins du chapitre (16 décembre 1435). Pièce sur parchemin, scellée par un sceau sur double queue (autrefois munie d’un 2e sceau). BAPSO, Archives communales de Saint-Omer, layettes LXXXI n°31.
Sceau aux causes de Saint-Omer (1209).
Reproduction extraite du Grand cartulaire de Saint-Bertin, 18e siècle. BAPSO, ms. 803, volume 2, p. 91.
Par la suite, le sceau aux causes est redessiné, et saint Omer est figuré non plus bénissant mais tenant un écusson chargé de la double croix, expression complète et définitive du blason audomarois, comme on le voit notamment sur l’empreinte appendue à un acte de 1435. Les armoiries de Saint-Omer acquièrent un caractère officiel au 17e siècle, lorsqu’elles sont reçues et enregistrées à l’Armorial général de France. Cet armorial est dressé de 1696 à 1700, en vertu de l’édit royal de novembre 1696, sous la supervision de Charles René d’Hozier, juge d’armes de France et généalogiste du roi. Son objectif est de réunir toutes les armoiries en usage par les particuliers et les communautés publiques dans l’ensemble du royaume et d’en
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Les blasons des villes sont supprimés lors de la Révolution française, mais sous la Seconde Restauration (1815-1830), Louis XVIII autorise les communes à reprendre leurs anciennes armoiries. Le conseil municipal de Saint-Omer se réunit le 10 décembre 1814 pour formuler une demande de réintégration et la ville obtient l’autorisation de reprendre son ancien blason « de gueules à une croix à double traverse ou croix patriarcale d’argent », par lettres patentes du 25 novembre 1815.
TRÉSORS D’ARCHIVES MOYEN ÂGE 11E - 15E SIÈCLES
Brevet d’enregistrement des armoiries de la ville de Saint-Omer par Charles d’Hozier (1698).
Pièce sur parchemin. BAPSO, Archives communales de Saint-Omer, layettes AB XXXVII n°3.
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période moderne
16 -18 siècles e
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Saint-Omer, une ville des Pays-Bas espagnols Un très beau document illustre la période où SaintOmer fait partie des Pays-Bas espagnols. Il s’agit d’un recueil, où ont été regroupées les copies de plusieurs documents relatifs au renouvellement de la Loi, c’està-dire ce qui concerne l’élection et la composition du Magistrat de la ville (mayeur, échevins…). Il contient :
Recueil de textes touchant le renouvellement de la Loi de la ville de Saint-Omer (entre 1598 et 1633).
Cahier de 54 folios en papier, conservé dans un portefeuille en velours de couleur pourpre. BAPSO, Archives communales de Saint-Omer, layettes AB XXXVII n°7.
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la copie de l’ordonnance touchant le renouvellement de la Loi de la ville et banlieue de Saint-Omer, donnée par Philippe, duc de Bourgogne, le 9 décembre 1447 (f°1 à 28). En effet, en 1446, de nombreux dysfonctionnements et abus sont relevés au sein des instances dirigeantes de la commune (corruption, népotisme…), incitant les commissaires du duc de Bourgogne à intervenir. L’ordonnance du 13 août 1447, signée par Philippe le Bon le 9 décembre suivant, institue une réforme de l’administration urbaine, en particulier du recrutement du Magistrat. Cette dernière provoque un remaniement de la Loi mais surtout une réorganisation du mode d’élection. L’objectif est donc d’éviter le cumul et la concentration du pouvoir entre les mains de quelques familles et les carrières à vie afin d’éviter les abus. un extrait de l’ordonnance de Philippe II d’Espagne du 31 juillet 1556 sur le renouvellement de la Loi (f°28 à 29).
TRÉSORS D’ARCHIVES PÉRIODE MODERNE 16E - 18E SIÈCLES
les textes des serments que doivent prêter les différents membres du Magistrat et officiers lors de leur élection ou nomination (f°30 à 54). Ce recueil est utilisé par l’administration communale lors des cérémonies solennelles du renouvellement de la Loi. Ceci explique que ce document soit conservé dans un luxueux portefeuille en velours pourpre, brodé de fils d’or et d’argent, aux armes de la ville de Saint-Omer sur le plat supérieur, et à celles d’Albert de Habsbourg, archiduc souverain des PaysBas, et de son épouse Isabelle d’Espagne, sur le plat inférieur. Albert (1559-1621), archiduc d’Autriche, est le fils de l’empereur Maximilien II d’Autriche et de Marie d’Autriche. Il est nommé gouverneur des Pays-Bas de 1595 à 1598. Il épouse le 6 mai 1598, sa cousine, l’infante Isabelle (15661633), fille de Philippe II d’Espagne, qui lui apporte en dot les Pays-Bas. Albert devient ainsi archiduc souverain des Pays-Bas en 1598 avec son épouse Isabelle d’Espagne, dans un contexte politique difficile. Le pays est déchiré par une guerre civile et le couple tente de consolider leur autorité par la force. En outre, ils réforment aussi le droit et développent l’économie. Albert décède, sans héritier, le 13 juillet 1621. L’infante Isabelle est alors désignée comme gouvernante générale des Lettre de l’archiduc Albert Pays-Bas.
Recueil de textes touchant le renouvellement de la Loi de la ville de Saint-Omer (entre 1598 et 1633). Cahier de 54 folios en papier, conservé dans un portefeuille en velours de couleur pourpre. BAPSO, Archives communales de Saint-Omer, layettes AB XXXVII n°7.
d’Autriche (1559-1621) et de son épouse Isabelle d’Espagne (15661633), souverains des Pays-Bas, relative à la convocation des députés aux États d’Artois à Arras (4 novembre 1605). Pièce sur papier. BAPSO, Archives communales de Saint-Omer, correspondance du Magistrat, année 1605, pièce 11.
Portraits d’Albert (1559-1621), archiduc d’Autriche, et de son épouse l’infante Isabelle d’Espagne (1566-1633), souverains des Pays-Bas (1ère moitié du 17e siècle).
Huile sur panneau par Frans Pourbus le Jeune. Bruges, Groeningemuseum. © Wikimédia Commons.
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TRÉSORS D’ARCHIVES PÉRIODE MODERNE 16E - 18E SIÈCLES
Saint-Omer devient définitivement française (1677-1678)
La victoire de Cassel entraîne la chute de SaintOmer. En effet, un premier assaut des Français est mené le 17 avril, à l’est de la ville, puis, les assiégeants ouvrent une brèche importante dans le mur d’enceinte de la cité.
Durant le 16e siècle et les trois premiers quarts du 17e, Saint-Omer est sous la souveraineté des rois d’Espagne, successeurs des ducs de Bourgogne. Mais, à partir de 1635, s’engagent des conflits entre l’Espagne et la France. La cité audomaroise est alors assiégée une première fois par les troupes françaises en 1638, puis, de nouveau en 1677. Entre 1667 et 1678, le roi Louis XIV entreprend plusieurs campagnes militaires dans les provinces des Pays-Bas espagnols, dont la guerre d’Hollande de 1672 à 1678. Au cours de celle-ci, la ville d’Aire capitule le 31 juillet 1676 et le château d’Arques tombe le 5 mars 1677. Cet évènement annonce ainsi le début du siège de SaintOmer, conduit par le duc d’Orléans, frère du roi Louis XIV. Le 14 mars 1677, le duc d’Orléans fait encercler la ville par 25 000 hommes et pilonne les remparts à partir du début du mois d’avril. Guillaume d’Orange, chef militaire des Provinces-Unies, s’engage alors à secourir SaintOmer à la tête d’une armée de 32 000 hommes qu’il établit près de Cassel, entre Noordpeene et Zuytpeene. Afin d’éviter que les troupes du prince d’Orange viennent en aide aux Audomarois, Philippe d’Orléans, assisté des maréchaux de Luxembourg et d’Humières, va à leur rencontre et les vainc le 11 avril 1677. L’armée de Guillaume d’Orange connaît une sévère défaite, totalisant 5 000 tués ou blessés et 2 500 prisonniers. Philippe de France, duc d’Orléans (1689).
Gravure. BAPSO, Album de Monnecove, inv. 2107, f°82r.
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Prise de Saint Omer dans le grand Escallier de Versailles (1725).
Gravure de Louis Surugue de Surgis, d’après une peinture d’Adam Frans van der Meulen et des ornements de Charles Le Brun. BAPSO, CPE 591-27. Cette planche est tirée d’un recueil présentant la décoration de l’escalier des Ambassadeurs, à Versailles, avec ses peintures d’Adam Frans van der Meulen, dont la prise de Saint-Omer.
Trois jours plus tard, le 20 avril, Saint-Omer se rend après un mois et demi de siège. Dès le soir, les députés de la ville sont envoyés pour signifier la capitulation. Quant aux trois états de la ville - clergé, noblesse et tiers état -, ils ne le font que le lendemain, le 21 avril. Enfin, le 22 avril 1677, le roi Louis XIV signe la capitulation à Thérouanne. Cet acte de capitulation a été rédigé sur le modèle de celui accordé à Lille par le roi, dix ans plus tôt. Il se compose de quinze points, annotés par le conseil du souverain. Ceux-ci montrent notamment la volonté de la population audomaroise de conserver ses droits, privilèges et libertés et de bénéficier à nouveau de ses biens confisqués par la guerre.
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Le 23 avril, à la suite du départ de la garnison espagnole, les troupes françaises entrent dans la ville. Sept jours plus tard, le 30 avril 1677, le roi Louis XIV visite sa nouvelle conquête, avant de se rendre à Béthune, via Aire, le lendemain. La prise de Saint-Omer n’entraîne toutefois
pas la fin des combats, qui se poursuivent encore durant un an et demi. Ce n’est qu’avec la signature du traité de Nimègue, le 17 septembre 1678, que la cité audomaroise devient officiellement partie intégrante du Royaume de France.
Capitulation sur les articles proposez par les trois Estats de la ville de St-Omer (22 avril 1677).
Pièce sur papier. BAPSO, ms. 1718.
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L’église Sainte-Aldegonde et la chapelle Saint-Éloi (fin 18e siècle – 1ère moitié du 19e siècle).
Dessin à la mine graphite sur papier. BAPSO, Album de Monnecove, inv. 2143 II, f°120r.
Saint-Omer, une importante cité religieuse Établie entre la collégiale Notre-Dame et l’abbaye de Saint-Bertin, la ville de Saint-Omer s’agrandit peu à peu entre la fin du 9e et le début du 10e siècle, et se structure en un réseau de paroisses. Ces dernières sont au nombre de neuf vers 1100, dont six intra-muros. Les plus anciennes sont celles de Sainte-Aldegonde, fondée avant ou dès 1042, et de Saint-Denis, créée avant 1088. Celles de Saint-Jean, SaintMartin-en-l’Isle et Sainte-Marguerite, sont déjà établies en 1097. La paroisse du Saint-Sépulcre est évoquée pour la première fois dans une bulle papale en 1123, où l’on trouve également mention des trois paroisses suburbaines : SaintMartin-hors-les-murs, Sainte-Croix et SaintMichel. Aux siècles suivants et jusqu’à la fin de
l’Ancien Régime, aucune nouvelle paroisse n’est fondée. La population des faubourgs du HautPont et de Lyzel dépendent des églises urbaines de Sainte-Marguerite et de Saint-Martin-enl’Isle. En outre, dès l’époque médiévale, plusieurs congrégations religieuses s’installent à SaintOmer et dans ses faubourgs : les Franciscains vers 1224, les Clarisses vers 1290… Leur nombre va alors s’accroître, particulièrement entre 1564 et 1626, période de la Contre-Réforme. Face à la montée du protestantisme, Saint-Omer devient un véritable bastion du catholicisme. Outre de veiller à expulser les suspects d’hérésie, elle accueille les religieux catholiques en exil, comme les Clarisses d’Anvers en 1581. C’est aussi un centre majeur de l’enseignement et de la formation du clergé, sous l’impulsion des évêques Gérard d’Haméricourt et Jacques Blase, qui fondent le collège des pauvres de Saint-Bertin en 1561, celui des Jésuites wallons en 1566 et le Collège de Saint-Omer en 1604, qui deviendra par la suite le Séminaire. C’est également dans ce contexte que les Jésuites anglais s’y établissent en 1593. De ce fait, dans la seconde moitié du 17e siècle, on estime que 30% du territoire urbain de Saint-Omer est occupé par le clergé. Ce dernier possède alors des propriétés de mainmorte, échappant aux successions et exemptés de l’essentiel des taxes (droit de guet, droit d’issue…). Ainsi, en 1655, par la réalisation du plan Titelouze, indiquant les établissements religieux, le Magistrat peut justifier son
L’église Saint-Martin-en-l’Isle (fin 18e siècle – 1ère moitié du 19e siècle).
Dessin à la mine graphite sur papier. BAPSO, Album de Monnecove, inv. 2143 II, f°120r.
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TRÉSORS D’ARCHIVES PÉRIODE MODERNE 16E - 18E SIÈCLES
opposition aux demandes d’installations nouvelles communautés religieuses en ville.
de
Toutefois, leur importance dans la cité audomaroise perdure au moins jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, bien que les Jésuites la quittent après l’arrêt du 6 août 1761 ordonnant leur dissolution. Quant aux autres congrégations, réunissant plus de 500 religieux, elles feront
de même à la suite de la Révolution et de la confiscation de leurs biens.
Plan et Situation de la Ville de Saint Omer avec Rues, Fregarts, Rivières, et la grandeur des maisons de Religion tant d’hommes que de femmes, comme aussy des Paroisses et Colleges, contenus en Icelle, dit plan Titelouze (1655). Encre et rehauts de couleur sur papier. BAPSO, CPE 564-11 bis.
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Saint-Omer devient un siège épiscopal (1559) La cité de Thérouanne, siège d’un immense diocèse établi au 8e siècle qui s’étendait de Boulogne à Ypres, est détruite par les troupes de Charles Quint en 1553. Cet évènement, au cours duquel sont rasés la cathédrale et son complexe épiscopal, conduit de fait à la suppression de l’évêché de Thérouanne.
Grand Dieu de Thérouanne, conservé dans la cathédrale Notre-Dame de Saint-Omer. Photographie, 20e siècle. BAPSO, 2 Fi.
Dès les années 1553-1554, le Magistrat de SaintOmer entame, avec l’appui des États d’Artois, d’importantes démarches auprès de l’empereur Charles Quint pour accueillir l’ancien siège épiscopal à Saint-Omer. Toutefois, Philippe II, souverain des Pays-Bas depuis l’abdication de Charles Quint en 1555, souhaite réorganiser le territoire ecclésiastique pour mieux contrer les progrès du protestantisme. Il veut notamment augmenter le nombre d’évêchés pour offrir un meilleur encadrement des fidèles et opérer une rapide reconquête des âmes séduites par le message calviniste. Il demande ainsi au pape le fractionnement de l’ancien diocèse de Thérouanne en trois évêchés. Le pape Paul IV crée donc les nouveaux diocèses de Saint-Omer, de Boulogne et d’Ypres le 12 mai 1559, par la bulle Super universas orbis ecclesias, promulguée le 31 juillet 1559. Elle est suivie par
Cathédrale de Saint-Omer, élévation de la façade sud. Projet de restauration (1843).
Dessin à l’encre et aquarelle de Matthieu-Prosper Morey, architecte. BAPSO, ms. 929.
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TRÉSORS D’ARCHIVES PÉRIODE MODERNE 16E - 18E SIÈCLES
la bulle De statu ecclesiarum du 11 mars 1561, qui définit la circonscription et la dotation du diocèse de Saint-Omer. Sur une proposition du roi Philippe II, Gérard d’Haméricourt, abbé de Saint-Bertin, en devient le premier évêque (1563 à 1577).
La bulle de 1559 fait donc de la collégiale NotreDame de Saint-Omer, une église cathédrale. La statue dite du Grand Dieu de Thérouanne, provenant de la cathédrale disparue et transférée à la demande des chanoines de Saint-Omer dans leur église, en est l’un des symboles.
Bulle De statu ecclesiarum du pape Pie IV définissant la circonscription et la dotation de l’évêché de Saint-Omer (11 mars 1561).
Cahier sur parchemin, muni d’une bulle de plomb. La bulle représente d’un côté, les effigies de saint Pierre et saint Paul, et de l’autre, le nom du pape PIUS PAPA IIII. BAPSO, dépôt des Archives départementales du Pas-de-Calais, 2G 85.
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Saint-Omer, une place forte Entre le 9e et le 13e siècle, l’accroissement urbain de la cité audomaroise va s’accompagner d’une évolution de son système de défense, ne se composant à l’origine que d’un fossé et d’une palissade en bois autour de l’église Notre-Dame. Cette fortification s’étend peu à peu, jusqu’à enclaver 100 à 110 hectares en 1200. Au 13e siècle, la superficie de la ville se stabilise et ses limites vont se matérialiser par des remparts, hérissés de tours, au nombre de soixante-dix au milieu du 14e siècle.
Plan des fortifications de Saint-Omer (18e siècle).
Encre et rehauts de couleur sur papier. BAPSO, série Fi.
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Afin de répondre aux évolutions militaires, ces fortifications vont être régulièrement modifiées. Ainsi, au 15e siècle, l’emploi intensifié du canon, oblige à transformer les tours semi-circulaires en boulevards, plateformes placées en avant des remparts pour accueillir des batteries de canons. Au 16e siècle, les fortifications verticales évoluent vers des fortifications horizontales. À Saint-Omer, sur les bases des remparts médiévaux, la totalité de l’ouvrage de défense est réaménagée. Il est désormais jalonné de bastions (ouvrages bas et pentagonaux faisant avant-corps sur l’enceinte). Au nombre de dix en 1635, dont le plus grand est le bastion d’Egmont, ils permettent de couvrir les angles morts et de résister davantage au
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Plan de la maladrie dicte la magdalaine lez la ville de St Omer et de quelques lieux circonvoisins (détail des fortifications) (1643). Dessin à la plume et gouache, sur papier. BAPSO, Archives communales de Saint-Omer, plan n°2.
choc du boulet métallique. À partir du second quart du 17e siècle, pour remédier aux progrès de la portée des canons et retarder l’avancée des assaillants, on construit des structures de plus en plus éloignées de l’enceinte : les demi-lunes, des ouvrages à cornes ou « forts », dont le fort SaintMichel édifié en 1666… À la fin du 18e siècle, Vauban ajoute aussi quelques améliorations, essentiellement à l’ouest de la ville et au système d’inondation.
de la cité, en bâtissent le long du rempart. Elles sont réutilisées par les Français en 1677, avant l’édification de la caserne de la Barre à partir de 1701. D’autres casernes vont être construites, notamment celle d’Albret, achevée en 1677, et l’Arsenal à partir de 1782.
Pour accéder à cette place forte, des portes terrestres ou des portes à l’eau, appelées « waterportes », ponctuent l’enceinte. Objet régulier de travaux pour ne pas être des points faibles de la défense de la cité, leur nombre fluctue au fil des siècles : huit au 14e siècle (quatre terrestres et quatre à l’eau), elles ne sont plus que six en 1677 (quatre portes terrestres et deux portes à l’eau). Au 16e siècle, en tant que ville frontière, la protection de Saint-Omer est aussi assurée par la présence de garnisons. Les soldats sont logés chez l’habitant, qui a l’obligation d’héberger les troupes. Mais, au cours du 17e siècle, leurs effectifs s’accroissent et des problèmes de logistique et de discipline surgissent. Aussi, dès 1660, on décide la construction de baraques en bois pour isoler les soldats de la population, et en 1675, les Espagnols, alors en possession
Règlement de Don Carlos de Gurrea, duc de Villahermosa, lieutenant-gouverneur et capitaine général des Pays-Bas, concernant le logement des gens de guerre à Saint-Omer (1676).
Placard, papier, à Saint-Omer, chez Pierre Geubels, imprimeur juré à l’enseigne de Saint Ignace. BAPSO, Archives communales de Saint-Omer, layettes CCXXXV n°7
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À l’aube de la Révolution : la rédaction du cahier de doléances (31 mars 1789) À l’été 1788, face à la crise financière et au malaise politique qui affectent le royaume, Louis XVI convoque les États-Généraux. Cette assemblée exceptionnelle des représentants des trois ordres (noblesse, clergé et tiers état), composant la société française, n’a pas été réunie depuis 1614. Dans son arrêt du 5 juillet 1788, le Conseil d’État sollicite l’avis des administrations municipales sur le mode de convocation des États-Généraux et sur les élections des députés. La municipalité de Saint-Omer se met alors en relation avec celles d’Abbeville, Aire, Aix-en-Provence, Arras, Cambrai, Carcassonne, Chalon-sur-Saône, Clermont-Ferrand, Dieppe, Hesdin, Honfleur, Laon, Lens, Libourne, Limoges, Lunéville, Nantes, Paris, Quimper, Rouen, Saint-Quentin, Sommières et Tours. En novembre 1788, le Magistrat de Saint-Omer demande au roi que « la ville soit autorisée à envoyer aux États-Généraux des députés égaux, en nombre et en autorité, à ceux du Clergé et de la Noblesse réunis ». Une querelle s’engage alors entre le tiers état et la noblesse d’Artois. Pour apaiser les mécontents, le roi décide, par décret, le 27 décembre 1788, que le tiers état aurait autant de députés que le clergé et la noblesse. C’est dans ce climat tendu que les États d’Artois se réunissent le 29 décembre 1788 à Arras. Les délégués du tiers état expriment trois demandes : le doublement de la représentation du tiers état aux États d’Artois et le vote par tête ; le rétablissement des communes dans leur droit antique et constitutionnel de choisir leurs députés ; la répartition des impôts et des charges sur tous, sans distinction d’ordre, ni exemption pécuniaire. La noblesse et le clergé reçoivent, sans surprise, ces demandes avec réticences. Les différents corps et communautés composant le tiers état de Saint-Omer se rassemblent à plusieurs reprises au cours du mois de mars 1789 pour formuler les doléances propres à chaque corporation. Le 31 mars 1789, ses délégués se réunissent à l’hôtel de ville de Saint-Omer et rédigent le cahier de doléances, plaintes et remontrances du tiers état de la ville et faubourgs de Saint-Omer, qui est la synthèse des cahiers
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rédigés dans les assemblées primaires. Ce cahier est, avant tout, l’expression des vœux des principaux rédacteurs : des juristes et des commerçants. Les revendications audomaroises sont donc celles d’une bourgeoisie aisée et travailleuse, soucieuse avant tout de ses intérêts. Un projet de cahier de doléances du tiers état pour la province d’Artois est adopté lors de l’Assemblée Générale des trois ordres à Arras le 26 avril 1789. L’essentiel des doléances des Audomarois est retenu. On désigne ensuite les huit députés du tiers état d’Artois qui se rendront aux États-Généraux à Versailles. Toutefois, SaintOmer n’en obtient aucun.
Ordonnance des mayeur et échevins de la ville et cité de Saint-Omer convoquant les habitants qui composent le tiers état à s’assembler pour rédiger les cahiers de doléances et élire leurs députés (23 mars 1789). Placard, papier. BAPSO, Archives communales de Saint-Omer.
TRÉSORS D’ARCHIVES PÉRIODE MODERNE 16E - 18E SIÈCLES
Cahier de doléances, plaintes et remontrances du tiers état de la ville et faubourgs de Saint-Omer (31 mars 1789).
Papier, 20 pages. BAPSO, Archives communales de Saint-Omer.
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période contemporaine
19 - 20 siècles e
e
Les vestiges d’un monument historique : l’abbaye de Saint-Bertin Dès le début du 19e siècle, avec l’entrée dans la révolution industrielle, les intellectuels et les artistes prennent conscience d’un changement d’ère historique. Ils mettent ainsi en garde la société contre les dommages causés aux monuments historiques et leur perte irrémédiable. En effet, depuis la fin du
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18e et le début du 19e siècle, les démolitions de monuments se succèdent, et l’abbaye de SaintBertin n’est pas épargnée. En effet, cette dernière a déjà vécu de nombreuses vicissitudes depuis la Révolution. Ce bien ecclésiastique, mis à disposition de la nation le 2 novembre 1789, est abandonné par ses religieux le 16 août 1791. S’ensuit alors sa Plan des terrains provenant de l’abbaye de Saint-Bertin adjugés à Pierre Charles, le 25 germinal an 3 (14 avril 1795). Encre et rehauts de couleur sur papier. BAPSO, Archives communales de la ville de Saint-Omer.
TRÉSORS D’ARCHIVES PÉRIODE CONTEMPORAINE 19E - 20E SIÈCLES
et d’assurer leur sauvegarde. Cette décision annonce la naissance prochaine du service des Monuments historiques, en 1837. Ludovic Vitet est le premier à occuper cette fonction, à partir de l’automne 1830. Lorsqu’il accomplit une visite du Pas-de-Calais, Saint-Omer va être la ville « où [son] cœur […] a le plus saigné », comme il l’indique dans son rapport de 1831. En effet, il découvre Saint-Bertin comme un « terrain déjà couvert d’un monceau de décombres ». Son rapport, associé aux écrits de Victor Hugo, de Charles de Montalembert ou de la toute jeune Société des Antiquaires de la Morinie, née en 1831, commence alors à émouvoir la population audomaroise. Les premières mesures concrètes pour sauver la tour de l’église abbatiale sont donc prises.
Abbey of St Bertin – St Omer. Interior, looking west (ca 1830).
Gravure par John Coney. BAPSO, Album de Monnecove, inv. 2107, f°14r.
vente comme bien national : l’abbaye devient la propriété de Pierre Charles en 1795, et, l’église, sauf sa tour, appartient à monsieur Libersalle en 1799.
C’est ainsi qu’en février 1833, le préfet du Pas-de-Calais nomme une commission pour la conservation de la tour, qui a bénéficié notamment de travaux entre 1811 et 1845. Toutefois, c’est seulement en 1842, qu’elle est classée monument historique. Pour les bâtiments disparus, leur mémoire perdure, quant à elle, à travers des œuvres, comme celles de John Coney et de Louis Francia, et à travers les découvertes réalisées lors des fouilles en 1831, en 1833-1834 et en 1843-1844
À partir de ce moment-là, l’abbaye de SaintBertin est peu à peu dépecée : le site est divisé en parcelles à céder, ses plombs et fers monnayés… avant d’être racheté par la ville de Saint-Omer en 1811. Celle-ci cherche alors à en tirer parti, notamment en prélevant des matériaux, comme en 1824 pour le nouvel abattoir, et en occupant l’espace vide de l’enclos. Ainsi, le 18 novembre 1830, le conseil municipal de Saint-Omer décide la démolition de l’église abbatiale, invoquant les craintes des propriétaires voisins vis-àvis de l’état des ruines et l’argument social de donner des emplois pendant l’hiver. Cette tâche, accomplie par une centaine d’ouvriers, s’achève le 25 décembre 1830. Cette même année, le 21 octobre 1830, le ministre de l’Intérieur, François Guizot, propose au roi Louis-Philippe, la création d’un poste d’inspecteur général des Monuments historiques. Ce dernier sera chargé de recenser les lieux, avec une importance historique ou artistique,
Ruines de l’abbaye de Saint-Bertin, à Saint-Omer (ca 1854).
Photographie. BAPSO, 3 Fi.
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TRÉSORS D’ARCHIVES PÉRIODE CONTEMPORAINE 19E - 20E SIÈCLES
Le démantèlement des fortifications à Saint-Omer : l’entrée de la Haute Meldyck et le moulin de Saint-Bertin (ca 1892). Photographie d’Auguste Lormier. BAPSO, 41 Fi 7/23 (Fonds Auguste Boitel).
Les grands aménagements urbains au tournant du 20e siècle À la fin du 19e siècle, la municipalité de SaintOmer souhaite étendre la ville. Toutefois, étant enserrée par le marais à l’est, seule la disparition des fortifications pourrait faciliter ce projet. On s’y attelle dès 1871, mais il faut attendre le 2 avril 1891 pour que soit signée une convention de démantèlement entre l’État et la commune, en partie grâce à l’entremise d’Alexandre Ribot, alors ministre des affaires étrangères. Ce grand personnage politique, natif de Saint-Omer, tient, en effet, à l’émancipation de sa commune natale. Les travaux de démantèlement des fortifications de la ville s’étalent ainsi de 1892 à 1899. Débute alors une période de grands travaux qui vont considérablement modifier les abords de
la ville. Néanmoins, les conditions naturelles du site, la cession tardive de terrains par l’État et l’essor des communes limitrophes vont limiter cette expansion. Tout d’abord, le conseil municipal décide de conserver une partie du front ouest des fortifications pour y aménager un jardin public. Les travaux débutent en 1893 et se terminent en 1899. Un jardin à la française est agencé au pied des fortifications préservées. Au-delà de celui-ci, un jardin à l’anglaise et un parc animalier sont créés. Dans le même temps, le quartier du port fluvial est réorganisé. La disparition de l’enceinte fortifiée est en effet immédiatement suivie de la rectification du chenal du canal de Neuffossé, de l’aménagement d’un quai de déchargement, de la mise en place d’un nouveau réseau de voies et de la création d’une nouvelle gare entre 1902 et 1904. Cette dernière est inaugurée en grandes Le jardin public à Saint-Omer (ca 1900).
Photographie. BAPSO, 2 Fi.
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TRÉSORS D’ARCHIVES PÉRIODE CONTEMPORAINE 19E - 20E SIÈCLES
pompes le 12 juin 1904 par Gaston Doumergue. Le quai du Commerce est, quant à lui, construit entre 1895 et 1897 à partir de pierres de taille récupérées des fortifications afin de dynamiser l’économie locale en satisfaisant les besoins du trafic fluvial. Il prolonge alors un embryon de quai aménagé en 1832 au nord de la porte de Lyzel. Un pont-levis enjambant l’Aa est élevé en face de la porte à l’eau du Haut-Pont, seul vestige des fortifications préservé avec les remparts du front ouest.
La municipalité va également réaliser l’implantation de boulevards périphériques sur le tracé des anciens remparts : le boulevard de Strasbourg, la rue de Thérouanne, le boulevard Vauban et le boulevard du Midi (devenu boulevard Clémenceau en 1929).
La nouvelle gare de Saint-Omer (1902).
Affiche publiée par Le Mémorial Artésien. BAPSO, 6 Z 16 (Fonds Allan-Brogniart), cliché C. Peterolff.
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En-tête de la facture de la fabrique de lingerie de mademoiselle E. Huret, 46 rue d’Arras à Saint-Omer (1905).
Impression sur papier, avec indications à l’encre. BAPSO, 15 Z 10.
Une activité industrielle florissante aux 19e et 20e siècles : la lingerie Outre la fabrication des pipes et les brasseries, l’industrie textile occupe aux 19e et 20e siècles une place prépondérante dans la cité audomaroise, avec le commerce de la laine, les manufactures de draps, la broderiepassementerie-bonneterie et surtout la lingerie qui reste le fleuron de Saint-Omer. Celle-ci fait son apparition vers 1823. Presque soixante ans plus tard, en 1882, 1 500 personnes travaillent dans cette industrie pour un produit annuel de 4 millions de francs. Cette branche est alors le premier producteur industriel de l’Audomarois. Au 19e siècle, en complément d’une myriade de petits ateliers, quelques grandes entreprises de lingerie se partagent le marché audomarois, concentré principalement dans le quartier des rues Allent, de Valbelle, Carnot et de l’Arbalète. Entre autres, l’entreprise Dreyfus, créée en 1857, devient en 1897 la société Caton et Bidard. Spécialisée au départ dans la bonneterie et la broderie, elle se diversifie pour proposer de la lingerie pour femme et enfant. La maison Brillaud, quant à elle, ouvre un commerce de lingerie en 1859 et devient une manufacture en 1865. Enfin, la famille Bernard constitue
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une branche importante de l’industrie lingère audomaroise avec de nombreuses ramifications familiales. Tout débute en 1865 avec Jules Bernard, fabricant de lingerie, rue de l’Arbalète. Ses enfants fondent ensuite avec leurs conjoints respectifs plusieurs sociétés dans cette activité. C’est le cas de la Société Bernard-Machin, créée en 1911, place du Vainquai, par Édouard Bernard et son beau-frère Paul Machin. La SARL Bernard-Machin, spécialisée dans les bavoirs et les layettes pour enfants, est dissoute en 1935. Celle-ci est reprise par Michel Bernard, petit-fils d’Édouard, qui la dirige de 1936 à 1956, date de cessation définitive de l’activité.
Carte de visite de la fabrique de lingerie Bernard-Machin (20e siècle). Impression sur carton. BAPSO, 4 Z 4 (Fonds Bernard).
TRÉSORS D’ARCHIVES PÉRIODE CONTEMPORAINE 19E - 20E SIÈCLES
La muse de la lingerie et ses demoiselles d’honneur, lors de la fête du 27 juin 1909.
Mademoiselle Élise Leroy (maison Bidard), muse de la lingerie, entourée de ses deux demoiselles d’honneur, mesdemoiselles Yvonne Cops (maison Van Dyck) et Léonie Rose (maison Meens). Photographie Surelle. BAPSO, 4 Z 29/23 (Fonds Bernard).
Au cours du 20e siècle se développent de nombreuses autres usines de lingerie. Parmi les principales fabriques, on trouve celles des familles Hamy en 1907, Bourdrel en 1910, Duhamel en 1920, Quivrin en 1927, Scalabre en 1954… De ce fait, lors de l’entre-deux-guerres, cette industrie emploie près de 2 500 personnes. Témoin de cette activité florissante, une grande fête est organisée par les fabricants de lingerie
le 27 juin 1909. À cette occasion, la muse de la lingerie et ses deux demoiselles d’honneur, employées par les maisons audomaroises, sont élues par près d’un millier d’ouvrières. En 1948-1950, vingt-cinq affaires de lingerie occupent encore 1 500 ouvrières à Saint-Omer. Toutefois, face à une concurrence internationale accrue, l’industrie de la lingerie audomaroise est marquée par un déclin à la fin du 20e siècle.
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Le marais, un atout du territoire Réparti sur quinze communes, le marais audomarois occupe 3 730 hectares (dont 40% sur Saint-Omer) parcouru par 700 km de voies d’eau ou watergangs. Dès le 7e siècle, les moines de l’abbaye de SaintBertin tentent de dompter ce marais. Ils luttent contre les inondations, ouvrent et curent les fossés et colonisent ces terres hostiles. Ils se voient d’ailleurs confier la gestion des wateringues (organisation veillant au drainage des zones humides), qui ont été instaurées par Philippe d’Alsace, comte de Flandre en 1169. C’est aussi à cette époque que l’on creuse le Grand Large et la rivière du Haut-Pont, afin de faciliter l’écoulement des eaux vers la mer. La mise en valeur du marais s’étend ainsi sur plusieurs siècles, permettant de bénéficier d’un bon rendement des sols. Au 15e siècle, l’émergence de la poldérisation (le polder est une surface entourée de digues, afin d’éviter l’inondation par les eaux, drainée et mise en valeur) offre la possibilité de valoriser les marais bas. Sa poursuite, entre les 17e et 19e siècles, conduit à la création d’un réseau de fossés parallèles et d’étroites bandes de terre appelées « lègres ». En parallèle, les aménagements continuent, avec notamment la construction, au 17e siècle, du canal de Calais et de l’écluse de Gravelines empêchant la remontée de l’eau de mer vers l’Audomarois. Mais la Révolution française remet en cause le système des wateringues, qui sont alors confiées à des associations de propriétaires. Ceux-ci, en s’acquittant d’une taxe, financent les travaux
de curage et d’entretien par la 7e section des wateringues. Tout cela fait du marais audomarois un lieu de maraîchage, le dernier en France aujourd’hui, où cinquante sortes de légumes sont cultivées, dont son emblématique chou-fleur, valorisé par sa confrérie créée en 2004. D’ailleurs, au 19e siècle, l’arrivée du chemin de fer va favoriser son exportation.
Le déchargement des choux-fleurs à Saint-Omer (2e moitié du 20e siècle). Carte postale. BAPSO, 40 Fi 1907 (Collection Gracia).
C’est aussi un espace de loisirs, animé dès le 18e siècle par des cafés et des guinguettes. Dans les années 1900, Saint-Omer est appelée « la petite Venise du Nord ». Les maraîchers y trouvent une activité parallèle qui leur permet d’arrondir les fins de mois, en transportant les visiteurs sur des bateaux traditionnels, l’escute et le bacôve. Aujourd’hui encore, le marais audomarois est un haut lieu touristique, notamment grâce à la préservation de sa faune et sa flore au sein des 104 hectares de la réserve naturelle des étangs du Romelaëre. Cela lui vaut ainsi de nombreuses reconnaissances (Ramsar en 2008, UNESCO en 2013…). Plan des lègres, situées le long de la rivière de Bonneghem, appartenant au Magistrat de la ville de Saint-Omer (1767).
Encre et gouache sur papier. BAPSO, Archives communales de Saint-Omer, n°107.
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Plan des pâtures communes de Saint-Omer, situées à la sortie du faubourg du Haut-Pont vers Saint-Momelin (1652).
Encre et gouache sur papier. BAPSO, Archives communales de Saint-Omer, layettes CXCVI n°11.
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Les troupes écossaises sur la Grand’Place de Saint-Omer (1914).
Photographie sur plaque de verre. BAPSO, 43 Fi (Fonds Descelers), numérisation C. Peterolff.
Saint-Omer au cœur des deux conflits mondiaux
la place, accueille des réfugiés et installe des hôpitaux militaires, notamment à l’ancien collège des Jésuites anglais (rue Saint-Bertin). Soucieux de protéger ses habitants, il fait supprimer l’éclairage
Au cours du 20e siècle, la ville de Saint-Omer connaît la tourmente des deux conflits mondiaux. En effet, lors de la première Guerre mondiale, elle se trouve à 50 km du front. Elle devient alors le Grand Quartier Général des Armées Britanniques (GQG) d’octobre 1914 à avril 1916, grâce à sa localisation privilégiée. Après son départ, Saint-Omer reste toutefois une base arrière des armées britanniques en raison de la proximité du front d’Ypres et par la présence de l’aérodrome du plateau des Bruyères (à Longuenesse), utilisé par l’aviation anglaise. Aujourd’hui, la présence des 2 874 tombes au cimetière militaire de Longuenesse, nous rappelle l’importance des troupes du Commonwealth à Saint-Omer. Au cours de ce conflit, le maire audomarois, Edmond Lefebvre du Preÿ est notamment très impliqué dans la gestion des troupes britanniques à Saint-Omer : il organise le ravitaillement de
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de nuit en ville en protection de l’incursion des
Coupes du cimetière militaire du Commonwealth à Longuenesse (1921).
Tirage sur papier, réhaussé de couleurs, d’A. J. S. Hutton et de C. A. Green. BAPSO, Archives communales de Saint-Omer.
avions ennemis et recense toutes les caves de la ville susceptibles d’abriter la population en cas de bombardements. Cette rigoureuse gestion de la ville en temps de crise lui vaut d’être cité à l’Ordre de la Nation et lui permet de poursuivre une carrière politique à l’échelle nationale.
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Après l’armistice du 11 novembre 1918, SaintOmer pleure ses morts : 54 civils tués dans les bombardements et 596 Audomarois tombés au combat. Vingt-et-un ans plus tard, le 3 septembre 1939, débute le second conflit mondial. S’engagent alors neuf mois d’une « drôle de guerre », avant que l’armée allemande déclenche une grande attaque contre la France à partir du 10 mai 1940. Treize jours plus tard, le 23 mai 1940, celle-ci arrive à Saint-Omer, défendue par des soldats français et anglais. Après une résistance courageuse, les troupes allemandes s’emparent de la ville.
À Saint-Omer, c’est le 10e régiment de dragons et le 24e régiment de lanciers polonais qui combattent l’armée allemande. Appuyés par les Forces françaises de l’intérieur, les alliés progressent depuis le sud-ouest de la ville jusqu’à la Grand’Place, lieu où un peu plus tard la population audomaroise acclamera ses libérateurs. Mais au lendemain de la libération et une épuration modérée, la ville de Saint-Omer doit encore faire face à diverses difficultés, tout en amorçant sa reconstruction. Affiche de la Libération de Saint-Omer (ca 5 septembre 1944).
Par sa proximité avec la Grande-Bretagne, la cité audomaroise, comme l’ensemble du Nord et du Pas-de-Calais, est alors placée en « zone interdite », soumise à un régime sévère en tant que zone d’opérations militaires. Elle devient un lieu de cantonnement important, avec une Kreiskommandantur, installée à la Chambre de commerce (place Victor-Hugo). La population audomaroise connaît alors quatre années de privations, de réquisitions, d’actes de résistance et de bombardements qui durent jusqu’au 5 septembre 1944. Trois mois après le débarquement en Normandie, des troupes britanniques, américaines, canadiennes et polonaises libèrent le Nord-Pasde-Calais.
Impression sur papier. BAPSO, Archives communales de Saint-Omer.
Les troupes allemandes défilent sur la place Victor-Hugo, à Saint-Omer (1940-1944). Photographie. BAPSO, 3 Z 43/8 (Fonds Raymond Dufay).
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Mai 68 dans l’Audomarois Les évènements de mai-juin 1968, déclenchés par une révolte de la jeunesse étudiante parisienne, gagnent le monde ouvrier et la plupart des catégories de la population sur l’ensemble du territoire français. L’Audomarois n’échappe pas à ce bouillonnement. Dans le cadre de l’avis de grève générale lancé le 11 mai par différentes centrales syndicales pour soutenir les étudiants, un rassemblement est programmé à Saint-Omer le lundi 13 mai 1968, à la salle des concerts, place Saint-Jean. Ce meeting est organisé par un cartel syndical, dont le Syndicat National des Instituteurs, la Fédération de l’Éducation Nationale, la Confédération générale du Travail (E.D.F. et P.T.T.), la Confédération Française Démocratique du Travail et Force Ouvrière (papetiers), et le cartel des services publics de Saint-Omer. Cette journée va alors être marquée par l’ampleur de la manifestation et surtout par la participation des lycéens et lycéennes (500 personnes).
Défilé dans les rues de Saint-Omer (mai 1968).
Photographie. BAPSO, 3 Z 172/99 (Fonds Raymond Dufay).
Le premier débrayage touchant le secteur privé est celui de la C.G.C.T. (Compagnie Générale des Constructions Téléphoniques) à Longuenesse. Plus de 1 500 personnes, des jeunes filles pour la plupart, cessent le travail le 20 mai à 15h30. Le mardi 21 mai, plusieurs centaines d’ouvrières de la C.G.C.T. défilent dans les rues de Saint-Omer.
L’arrivée des verriers à la sous-préfecture de Saint-Omer (vendredi 24 mai 1968).
Dessin de Jack Robert, 1984. BAPSO, 3 Z 171 (Fonds Raymond Dufay).
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TRÉSORS D’ARCHIVES PÉRIODE CONTEMPORAINE 19E - 20E SIÈCLES
Le mouvement des grévistes gagne chaque jour en ampleur et en puissance. Les bateliers, se trouvant sur le canal de Neuffossé, arrêtent aussi le travail et constituent des barrages avec leurs péniches en différents endroits. Le vendredi 24 mai est une journée de manifestations sans précédent pour la région audomaroise. Près de 2 000 personnes viennent sur la place Saint-Jean pour assister au meeting de l’intersyndicale. Et le soir même, le personnel de la Verrerie-Cristallerie d’Arques organise un rassemblement regroupant entre 4 000 et
5 000 personnes sur l’Esplanade. Y participent également, les enseignants, les travailleurs et employés des services publics et nationalisés. Après les annonces du gouvernement et les accords obtenus, les grévistes vont peu à peu reprendre le travail. Après le 7 juin, en dehors de l’enseignement secondaire (la grève au lycée Ribot s’achève le 12 juin), seule la grève des bateliers, comme mouvement social de l’arrondissement de Saint-Omer, est signalée pour le secteur privé. Tract national d’appel à la grève pour le 24 mai 1968.
Impression sur papier. BAPSO, 3 Z 172 (Fonds Raymond Dufay).
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