Ainsi soit-il !

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AINSI SOIT-IL ! « L’énigme spirituelle » Partie chapitre14 : Le parchemin des Esséniens

Monastère Sainte Catherine au même moment.

Les moines du monastère recueillirent avec compassion tous les exilés qui accompagnaient Jérémy. L’enceinte de l’édifice était beaucoup trop exigüe pour y loger les dizaines de milliers de personnes qui, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, s’y étaient agglutinés tout autour jusque sur les versants les plus escarpés de la montagne. Pour la première fois depuis le début de leur exode, le fils aîné de Joël consentit enfin à prendre du repos dans la chambrée que lui avait aimablement proposé le frère Jean, non sans lui avoir préalablement préparé un frugal repas composé d’un fromage de chèvre, de dattes séchées et d’un verre de lait de brebis. Lorsqu’il s’éveilla, il eut l’impression d’avoir dormi plusieurs jours tant sa fatigue était grande. Certes, il entendit à quatre heures du matin tout d’abord le son de la cloche invitant les douze frères, les douze sœurs ainsi que les retraitants logés dans le monastère, à la prière préalable à leurs tâches quotidiennes mais c’est bien l’odeur du café brulant pénétrant dans ses narines qui le fit sauter du lit. De sa fenêtre, il observa le domaine dans son ensemble, le vaste potager, le sentier rocailleux conduisant au verger situé dans le jardin du cloître et, au loin quelques champs de culture péniblement arrachés à la montagne ainsi que ses oliviers plantés sur ses flancs. Jérémy se dirigea vers le réfectoire en suivant l’odeur du café mêlée à celle émanant des fours à pain et des pressoirs d’huile d’olive, que les senteurs des jardins en floraison, excités par la rosée du matin, embaumaient de leurs nappes parfumées.


Tout droit sortis d’une époque médiévale, les moines tous revêtus de la même soutane à cape impeccablement repassée et d’une blancheur immaculée, croisèrent son chemin sans le regarder. Muni de leur scapulaire noir et d’un livre de prière à la main, les religieux s’étaient alignés en rang par deux et réalisaient déjà leurs processions autour du cloître, concentrés dans leur prière. - Le merveilleux quotidien dans sa banalité ! s’écria-t-il Il admirait ces moines qui avaient fait don de leur vie à Dieu, rompant avec leur famille et le monde moderne, éprouvant ainsi leur foi sans jamais faillir, exécutant des labeurs fastidieux dans les champs, les vergers et les potagers, tout en réservant une partie de leur temps à l’étude. - Quel magnifique compromis entre la prière et la nature, dans le silence ! se dit-il - N’est-ce pas la réalisation concrète des trois renoncements prônés par le roi Salomon lui-même ! Tout ici lui semblait atteindre la perfection divine, la seule objection qu’il fit à cette vie de reclus était cette incompréhensible obligation de célibat qui lui paraissait aller contre nature. Lorsqu’il eut pris son petit déjeuner, il se promena le long des collines pentues afin de s’assurer que ses malheureux compagnons d’infortune avaient pu dormir et se rassasier convenablement. L’organisation mise au point dans le Sinaï avait porté ses fruits et le regroupement qu’il avait conçu selon leurs affinités s’était rapidement transformé en tribus, se différenciant par le nom de leurs chefs et, avait remarquablement produit les effets escomptés en termes de logistique d’approvisionnement. Tout avait été mis en commun pour le bien-être de tous : la distribution équitable de l’eau, des vivres, du bétail et du matériel s’était effectuée sans difficulté par les responsables d’intendance.


Jérémy savait que les maigres provisions seraient insuffisantes à les nourrir tous et que les ressources alimentaires du monastère ne permettraient pas de faire face à un afflux aussi massif de population. - C’est un exode inversé ! songea Jérémy, à la différence qu’il ne disposait pas des ressources de Moïse qui s’était appuyé sur les terres et les pâturages de son beau-père Jethro, dans le pays de Madian, situé dans la péninsule arabique. - Vous êtes Jérémy Davidson, le frère de notre sauveur ! s’écria une jeune religieuse, qui venait à sa rencontre en souriant - C’est bien moi en effet, ma sœur, que peut-on faire pour ces hommes et ces femmes en détresse ! Avant de lui répondre, la retraitante, qui devait avoir dix huit ans tout au plus, s’agenouilla, se signa devant lui puis se saisit de sa main pour la lui baiser. Jérémy, totalement surpris par ce geste inattendu, la retira aussitôt puis releva énergiquement la jeune femme pour lui signifier de ne pas vénérer ainsi le simple mortel qu’il était. - Vous êtes pourtant notre vénérable Jérémy Ben David ! - Qui êtes vous donc ? demanda-t-il, en songeant que la jeune femme connaissait parfaitement l’étymologie de sa généalogie, à travers son nom occidental Davidson qui se traduisait en hébreu par Ben David - Je suis sœur Marie Jésus ! dit-elle en se levant. Bien que les terres cultivables soient plutôt rares autour du monastère, de nombreux champs abandonnés ou laissés en jachère en contrebas par les moines défunts ne demandent qu’à être labourés et semés. Les plantations d’oliviers ainsi que les vergers antiques occupent des espaces immenses dans les collines et pourvoiront aisément aux besoins élémentaires de tous ! répondit-elle enfin avec assurance.


- J’en suis fort aise et cela me réconforte de savoir que ces gens, qui font peut-être partie des derniers terriens, seront sauvés ! dit-il étonné par la vivacité de cette jeune et charmante sœur, dont il se demandait par quelle motivation théologique elle avait pu se mettre si tôt en renoncement. - Je suis en recherche de spiritualité mais je n’ai pas encore fait mes vœux de chasteté ! coupa-t-elle sèchement, devinant instinctivement ses pensées - Je ne vous reproche rien ! balbutia-t-il, se surprenant à rougir devant l’impertinence de la jeune religieuse - Je vous verrai ce soir au réfectoire ou en prière dans la chapelle ! lança-t-elle avec désinvolture, en prenant congé de lui. Jérémy marcha le long d’un sentier pierreux, se demandant encore si la jeune femme était bien réelle ou si elle n’était pas une apparition tant son visage angélique et serein, l’avait troublé. Il s’assit sur un petit rocher à fond plat et contempla le Nord, tentant d’imaginer le sort qu’avait réservé la colère des cieux à ceux qui étaient restés à Massada et, particulièrement à son père, son frère et à Elisabeth. Il mit sa main sur sa cuisse pour se relever lorsqu’il perçut le renfoncement d’un objet mou qui dépassait de la poche latérale droite de son pantalon-bermuda. Il le retira et, constatant qu’il s’agissait d’un morceau de cuir noué par un ficelle, l’ouvrit prestement. – Qu’est-ce que cela ? Mais c’est un parchemin ! s’étonna-t-il Les événements s’étaient enchainés si vite qu’il en avait presque oublié que le manuscrit lui avait été remis par l’un des deux derniers sicaires capturés à Massada, en forme de message posthume de leur chef Pierre Grégoire. Il ne se souvenait même plus comment celui s’était trouvé enfoui dans la poche de son vêtement. - Son père Joël l’y aurait-il glissé subrepticement lors de son départ et, que pouvait-il donc contenir de si précieux ?


Il déroula le parchemin, le posa sur le rocher puis le calla au moyen de deux petites pierres et, constatant que la moitié inférieure volontairement découpée en son milieu était manquante, il se mit à analyser le contenu de la partie haute. Le texte écrit à l’encre noire sur une peau de chèvre, bien que rédigé en un hébreu ancien sans ponctuation, était parfaitement lisible littéralement. A l’avènement du divin enfant Par l’ouverture du livre des sceaux Israël se relèvera de ses cendres Le fils de l’homme soignera les maux Sur la montagne où demeure le Seigneur La Loi de la Sainte fraternité à tous s’imposera Le pont sacré unira les cœurs La nouvelle espérance indiquera Comme le Prince détrôné Au milieu de la vision sombre La mer de cristal, devant lui s’inclinera De la terre asséchée émergera son ombre A la jonction des montagnes profanes L’héritage des hommes resurgira Le voile du commencement et de la fin Par la main sacrée s’ouvrira Le puissant s’affaiblira Le faible se renforcera Le maître d’alliance guidera Le livre des livres sauvera…


Jérémy acheva la lecture du parchemin essénien qui lui sembla incomplet, se demandant encore s’il n’en avait pas rêvé son contenu. Le texte organisé en quatrain était surprenant par ses prédictions particulièrement réalistes dont seuls les deux premiers quatrains lui apparaissaient explicites, sans qu’il ne soit persuadé d’en avoir saisi tout le sens…



TABLE DES MATIERES AINSI SOIT-IL !

Prologue Le testament divin Le complot maléfique La présomption messianique L’improbable fin des temps L’inéluctable accomplissement L’attaque Armageddon Retour vers le passé La préservation des textes sacrés Sur les pas inversés de Moïse Le secret de la jarre d’Hébron Le chemin de la liberté La tablette sumérienne Le parchemin essénien La surprenante décrue La passe de Petra


Le mont sacré La traversée miraculeuse Le code Sinaï La jonction spirituelle La mémoire brisée d’Alexandrie Aux sources de la spiritualité Le secret des pyramides de Gizeh L’énigme systémique Epilogue



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