Printemps Été 2013
ENVIE DE LIRE n•35 Les coups de coeur des bibliothécaires
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ENVIE DE LIRE
Vous tenez entre les mains un recueil éclectique de propositions de lectures concocté par vos dévoués bibliothécaires. Vous y trouverez aussi bien des nouveautés que des classiques, des essais que des bandes dessinées ou des romans, sans oublier la science-fiction ou les polars, bref, tout ce qui fait la diversité des collections que les bibliothèques municipales mettent à votre disposition. Nous, bibliothécaires passionnés de lecture, partageons avec vous nos coups de coeur dans ces textes que nous vous laissons découvrir et dont nous espérons qu’ils vous donneront...
ABBOTT, David Cote R ABBO
Leçons singulières Paris, Rivages, 2012. 298 p.
EVI
A cinquante-huit ans, Henry Cage vient d’être débarqué de l’entreprise de management qu’il avait lui-même fondée. Toute son existence, qui tournait autour de sa brillante carrière, s’effondre. Il est attaqué en pleine rue par un inconnu, qui le terrorise et le fait chanter. Il n’a plus de nouvelles de son fils Tom et enfin il reçoit une lettre de Nessa, son ex-femme qui, atteinte d’un vilain cancer, demande à le voir. Désormais sans repères, il devra trouver au fond de lui la force de comprendre ses manquements, de retrouver ceux qu’il a oubliés tout au long de sa vie. Et surtout laisser ses sentiments le submerger, le contraindre à redevenir l’homme qu’il avait oublié d’être durant sa vie passée. Ce livre retrace les tourments d’un homme retournant à l’état d’homme, d’un homme qui avait omis d’aimer, aveuglé par la soif de réussite, de pouvoir et d’argent. Un très beau roman, où les sentiments enfouis reprennent le dessus et où l’amour gagne. MCM
ALLIOT, David La tortue d’Eschyle et autres morts stupides de l’histoire Cote 904 TOR Paris, Arènes, 2012. 261 p. CIT
Mourir c’est forcément une chose par laquelle il faut passer et autant le faire dignement, pour autant qu’on ait le choix. Les auteurs de ce recueil ont rassemblé les morts les plus stupides de l’histoire, dont celle du poète et philosophe Eschyle qui donne son titre à ce livre : son crâne chauve et lisse fut pris pour un rocher par un aigle qui tenait dans ses serres une tortue. Il la lâcha pour en casser la carapace et se repaître de sa chair. On ne sait pas si la tortue fut bel et bien fendue mais le crâne d’Eschyle, lui, le fut. Le poète belge Emile Verhaeren fut tant bousculé par une foule d’admirateurs venu le raccompagner à la gare qu’il tomba sur les rails et fut broyé par le train qui devait le ramener à Paris. Augustin Trébuchon avait traversé toute la première guerre mondiale sans blessure ni séquelles, lorsque, le 18 novembre 1918, à 10h55, à cinq minutes de l’armistice, il fut abattu par une dernière salve allemande. Voilà quelques exemples de morts stupides mais il y en a bien d’autres qui vous feront frémir ou sourire, qui vous réjouiront ou vous révolteront, mais que vous lirez sans vous lasser, je suis prête à le parier… DM
AGUS, Milena Cote R AGUS
Mon voisin Paris, Liana Levi, 2009 (Piccolo ; 60). 51 p.
EVI
Peu de pages pour dire le printemps à Cagliari, la vacuité d’une jeune mère, sa mélancolie infinie, son enfant qui ne parle pas, son voisin, un autre enfant en quête d’amour… et pourtant ces pages sont intenses et pleines de vie. On devine une sensibilité à fleur de peau. Pour se délester de la pesanteur de la vie, la jeune mère s’amuse à imaginer le suicide parfait. Un jour le voisin entre dans sa vie et petit à petit les regards sur le monde changent. On part d’un sentiment de détresse pour finir vers un bonheur tout en délicatesse. L’écriture simple, sans artifice permet de s’y immerger facilement. Un livre tout en demiteintes, un tableau impressionniste dont les personnages vagabondent devant nous, se perdent et se retrouvent. CD
AGUS, Milena Cote R AGUS
La comtesse de Ricotta Paris, Liana Levi, 2012 (Littérature). 118 p.
BUS CIT EVI JON MIN PAQ Titre original Italien : La contessa di Ricotta. R5 AGUS
CIT EVI JON PAQ
Milena Agus brosse ici le portrait de trois soeurs qui cohabitent entre désirs, frustrations, amours et peines de cœur dans leur palais délabré. La comtesse de Ricotta, maladroite « au coeur de Ricotta » dont le fils attardé se découvre des talents de pianiste, Maddalena, la sensuelle en mal d’enfant qui vit avec Salvatore et Noémi la vieille fille qui finit par se trouver un amant bien hésitant. Voici le décor planté, et après ? Ceux et celles qui aiment les histoires, les intrigues seront déçus car il ne se passe presque rien ou si peu. Vous vous trouverez par contre plongés dans un univers à la fois hors du commun et en même temps très ordinaire. Un roman d’atmosphère donc où l’action est accessoire, il se joue ailleurs, dans l’espoir et les rêves de chacune des comtesses. Y aurait-il un clin d’œil à Tchekhov ? Car là aussi le rêve lie les trois sœurs, pas de héros et très peu d’action juste des êtres extrêmement humains qui voient leur vie peu à peu leur échapper. CD
AUDUR AVA OLAFSDOTTIR Cote R AUDU
Rosa Candida Paris, Zulma, 2010. 332 p.
CIT EVI JON SER
Un roman d’initiation tout en douceur et avec beaucoup de tendresse. Amljotur, un très jeune homme, commence sa vie d’homme en rompant les amarres. Suite au décès brutal d’une mère très complice, il décide de partir pour le continent afin de s’abandonner à une passion, la botanique. Derrière lui, un frère autiste, un père en demande d’affection, un pays âpre et exigeant et un bébé « surprise » auxquels, de loin, il donne toute son affection. Amljotur, si intiment lié à la terre par son amour des roses, reste d’une fraîcheur de pensée à toute épreuve, d’une innocence héritée de l’enfance. Il se rend dans un monastère pour soigner un jardin ancestral et y planter une variété de roses sans épines. Une métaphore subtile pour parler de ce jeune homme qui se révèle d’une belle humanité. CD
CIT STA
BALLIOL, Anne ; HOPTON, Ralph Y Comment dormir Cote 808.87 BAL Toulouse, Monsieur Toussaint Louverture, 2009. 154 p. EVI
Ne vous attendez pas à un livre de savoir vivre comme ceux que pourrait écrire Madame de Rothschild, il s’agit là d’une satire sur comment se comporter dans la chambre à coucher pour « plaire à l’unique personne dont le mécontentement vous affecte le plus ». Écrit en 1936, ce petit livre rouge est un bijou d’humour, teinté d’un très léger machisme, mais sans qu’il ne soit dérangeant. Toute personne ayant dû un jour ou l’autre partager sa chambre, son lit, lira ces pages avec délice. Il est question de comment se déshabiller, comment se comporter au lit, comment se lever, quelle conversation avoir le matin, comment rentrer (discrètement) d’une « soirée entre hommes » bien arrosée ou d’une soirée entre femmes « modernes ». On y apprend aussi le bon usage de la salle de bain, du camping, et des wagons-lits et j’en passe. Si ce soir vous ne savez que faire dans votre lit, lisez ce livre avec votre compagne, votre compagnon, vous passerez un excellent moment ! RL
BANKS, Iain Cote R BANK
L’homme des jeux (Le cycle de la Culture ; 2) Paris, Laffont, 2005 (Ailleurs et demain). 390 p.
CIT MIN STA SER
Jernau Morat Gurgeh est sans doute l’un des joueurs de jeux de toute la Culture les plus réputés, au point qu’il se surprend à espérer de nouveaux défis. Sans qu’il en comprenne réellement les motivations, il est envoyé dans l’Empire Azad pour participer à son jeu sacré en tant que représentant de sa civilisation. Or, si la Culture est une utopie devenue réalité après des milliers d’années d’évolution aussi bien d’un point de vue social que technique, l’Empire Azad est tout son contraire : la primaire loi du plus fort y domine. Contrairement à toutes les prédictions, il s’avère que Jernau progresse dans les différentes manches du tournoi jusqu’à finalement grandement inquiéter ses hôtes. Il faut dire que le jeu est au cœur des luttes pour le pouvoir puisqu’il contribue à organiser toute la classe dirigeante en fonction des résultats obtenus par les joueurs. Ce palpitant space opera constitue une très bonne entrée dans le fameux Cycle de la Culture de Iain Banks. JM
BARICCO, Alessandro Cote R BARI
Emmaüs Paris, Gallimard, 2012 (Du monde entier). 134 p.
BUS CIT EVI JON MIN PAQ STA SER
Le narrateur a 18 ans, tout comme ses trois amis. Ils sont pratiquants comme leurs parents, leurs grands-parents. Ils jouent chaque dimanche leur musique à la messe, offrent leurs services à l’hôpital pour changer les poches d’urine et de sang des vieillards, l’un d’eux se destine même à devenir prêtre. Ce sont de bons garçons, protégés par leur foi. Ils sont tous amoureux d’Andre, une jeune fille riche et belle. Emmaüs renvoie au passage de la bible où les disciples côtoient le Christ sans le savoir. Comme cela arrive souvent dans la vie, on ne prend conscience de la beauté ou du poids des expériences que lorsqu’elles sont passées. Ces jeunes au contact d’Andre s’ouvrent peu à peu à ce que leurs familles leur taisent : la drogue, la mort, le suicide, l’avortement. Baricco qualifie ce livre de très « personnel » car il évoque sa jeunesse dans une Italie catholique, la perte de sa foi et le besoin actuel de rechercher partout l’intensité dans le monde des hommes, sans Dieu. RL
BERRY, Steve Cote R BERR
Le monastère oublié Paris, Cherche midi, 2012 (Thrillers). 593 p.
BUS CIT MIN PAQ STA SER Titre original anglais : The emperor’s tomb. R2 BERR
BUS PAQ
Cotton Malone reçoit un appel à l’aide de son amie Cassopée Vitt. Celle-ci est à la recherche d’un objet qui lui permettra de libérer le fils d’un scientifique russe enlevé par les sbires d’un ministre chinois. Alors qu’il se lance à la recherche de son amie, Cotton Malone se trouve mêlé à une lutte de pouvoir entre ministres de l’Empire du milieu. L’enjeu de ce combat est une découverte faite 2000 ans avant notre ère sous le règne de Qin Shi, le premier empereur de Chine, et qui donnera à celui qui la maîtrise un pouvoir immense dans le monde d’aujourd’hui. FG
BESSON, Philippe Cote R BESS
De là, on voit la mer Paris, Julliard, 2013. 204 p.
CIT EVI JON MIN PAQ STA SER
Louise est une romancière de 40 ans qui vit à Paris avec son mari François. Ne parvenant pas à se concentrer dans la capitale, elle part en Toscane, à Livourne, dans la maison d’une amie pour rédiger son nouveau roman, abandonnant son mari qui subit cet éloignement, résigné. Depuis la terrasse inondée de soleil et brûlante de chaleur, elle contemple les bateaux et la mer, cherchant un second souffle pour terminer son livre. Lorsque le fils de sa gouvernante sonne à sa porte, elle est immédiatement attirée par sa beauté et sa jeunesse. Au moment où elle s’abandonne avec ce jeune homme, elle apprend que son mari a eu un grave accident et qu’il est plongé dans le coma. A son chevet et jusqu’à son réveil, elle affrontera les mensonges accumulés durant des années et signera un étrange pacte avec lui. Une fois encore, l’auteur parvient à décrire les états d’âme de ses personnages, les hésitations, les doutes, dressant un magnifique portrait de cette femme prête à tout pour retrouver la liberté. PB
BOCQUET, Fred Cote R BOCQ
La Ricarde Genève, Faim de siècle et cousu mouche, 2011. 241 p.
CIT EVI JON PAQ
Bernard Gautier (sans h) est vendeur de chaussures et fraîchement divorcé. Il avance dans la vie sans passion et sans douleur, mais aussi sans doute ni questionnement. Participant au concours organisé par une assurance, le voici devenu l’heureux, mais surpris, propriétaire d’une caravane. C’est à la Ricarde, camping autogéré fréquenté prioritairement par des fonctionnaires de l’Éducation Nationale, qu’il va installer l’engin pour deux semaines de vacances estivales. Lui qui n’a jamais campé doit rapidement intégrer les codes maîtrisés par tous ses congénères qui, eux, se retrouvent ici chaque année. Entre l’apéro chez Bébert, le piquet de surveillance du camping et le concours de pétanque, Bernard tente de se faire une place et d’éviter les faux pas. Sans la flasque Camille qui, comprenne qui pourra, s’entiche de notre héros, les vacances manqueraient néanmoins de ce petit quelque chose qui transforme des vacances agréables en séjour mémorable. Dans cette langue truculente et haute en couleurs qui est sa marque de fabrique, Fred Bocquet nous emmène dans une histoire contée avec un humour décapant, et aussi, malgré les moqueries, une certaine tendresse pour le héros et, avec lui, tous les losers du monde. DM BRONSKY, Alina Cote R BRON
Cuisine tatare et descendance Arles, Actes sud, 2012 (Lettres allemandes). 330 p.
CIT EVI JON MIN PAQ
Difficile de trouver une héroïne aussi exaspérante que Rosalinda. Elle est sûre de sa beauté, de son intelligence, et mène à la baguette tout son entourage. Même sa voisine de l’appartement collectif peine à lui tenir tête. Nous sommes encore en URSS, dans les années 1980. Rosalinda a l’art de déjouer les pannes de toutes sortes, que ce soit d’eau ou d’électricité. Elle est aussi la reine de la débrouille pour l’alimentation et les vitamines! Lorsque sa fille Sulfia lui annonce qu’elle est enceinte, elle fait tout pour la faire avorter. Mais lorsque l’enfant paraît, elle se prend d’amour pour cette petite fille, la prénomme Aminat en souvenir de sa grand-mère tatare, et décide qu’elle seule est capable d’élever cette enfant. Face à cette terrible mère, Sulfia tente de résister en prenant la fuite. Peine perdue! Rosalinda, persuadée de faire ce qui est bien, ne s’arrête jamais. On pourrait en pleurer, Alina Bronsky nous fait sourire malgré tout avec cette femme en lutte perpétuelle, aveuglée par son ego, mais d’un optimisme contagieux! FA
camping car © Marie-Thérèse GUIHAL ; Boules de pétanque © dirk_sabbe
Photo de la femme : Š Philip Date
CAMPREDON, Julien L’attaque des dauphins tueurs Cote R CAMP Toulouse, Monsieur Toussaint Louverture, 2011. 125 p. EVI JON
Jacques et son ami, le docteur Bonanit, convoquent le diable pour pactiser. Dès la première nouvelle, la description du Malin à la tête de confiseur et aux bottes crottées nous donne le ton. Jacques demande la jeunesse en échange de la condamnation à devoir n’utiliser qu’une seule police de caractères : la Times New Roman. Le docteur, lui, acquerra un petit niveau de golf (le diable ne peut pas faire plus) mais il aura une mémoire de poisson. Partant de cet absurde pacte, les situations cocasses s’enchaînent et le lecteur n’en peut plus de rire. Les autres nouvelles sont aussi loufoques, comme celle où un amateur de librairies suit les conseils d’une quatrième de couverture en délayant un livre uruguayen dans un bol d’eau chaude pour obtenir 423 volumes cartonnés. Tout ce qui est écrit dans les livres étant vrai, la prophétie se réalise mettant alors notre bibliophile en fâcheuse posture dans son appartement devenu subitement trop petit. Quant aux dauphins tueurs, je ne vous en dirai rien… RL
CAPUS, Alex Cote R CAPU
Léon et Louise Arles, Actes sud, 2012 (Lettres allemandes). 312 p.
BUS CIT EVI JON MIN PAQ Titre original allemand : Léon und Louise. R3 CAPU
CIT JON MIN SER
1918. Léon avait dix-sept ans lorsqu’il a rencontré Louise dans un village de Normandie. Au retour de leur premier week-end d’amoureux, une bombe explose sur le chemin, les blessant tous les deux. A sa sortie d’hôpital, Léon n’aura de cesse de rechercher Louise. Hélas, il n’apprendra rien sur ce qu’est devenue son amoureuse. Dix ans ont passé, Léon vit à Paris avec sa femme Yvonne et leurs deux fils. Un jour dans le métro, il aperçoit le visage de Louise. Il n’en faudra pas plus pour réveiller un amour qui ne s’est jamais éteint. A travers ce beau roman sensible qui constitue également le portrait d’une époque, Alex Capus retrace l’histoire de son grand-père, l’attachant Léon, dont les hasards de l’histoire ont bien malmené les sentiments. DM
CAPUTO, Philip Cote R CAPU
Clandestin Paris, Cherche midi, 2012. 732 p.
BUS CIT EVI JON PAQ
Gil Castel a perdu sa femme dans l’attentat du 11 septembre 2001. Inconsolable, il décide de s’installer seul avec son chien en Arizona près du ranch de son cousin, à quelques kilomètres de la frontière mexicaine. Entouré de paysages grandioses, il lit Sénèque, chasse la caille et apprend à connaître sa famille. Il n’est pas non plus insensible au charme de Tessa, la voisine éleveuse de bétail. Souvent, on évoque Ben, le grand-père de Gil qui avait tué un Mexicain dans sa jeunesse puis participé à la Révolution mexicaine pour finalement devenir un shérif respecté. Quand le cousin de Gil surprend des trafiquants de drogue sur ses terres, il regrette qu’on ne règle plus les problèmes comme à l’époque de cet ancêtre. Son flingue le démange. Un jour que Gil se promène, il tombe sur un clandestin épuisé, affamé. Il décide de l’aider. Le ranch sera alors très convoité par une figure importante d’un cartel de drogue mexicain. RL
CHAIX, Nathalie Cote R CHAI
Grand nu orange Orbe, Campiche, 2012. 215 p.
BUS CIT EVI JON PAQ SER
Dans ce roman librement inspiré des dernières années de Nicolas de Staël, Nathalie Chaix raconte par touches sensibles et poétiques les affres de la relation passionnelle qui unit le peintre à Jeanne Mathieu. Bien tous deux mariés, leur relation tumultueuse emporte tout, les égarant un temps loin de leurs réalités respectives. Si Jeanne se laisse prendre dans cette folle passion, elle finit par réaliser qu’elle doit à tout prix prendre de la distance car cette relation menace de l’engloutir toute entière tant elle est exigeante et sans demi-mesure possible : « Je ne suis pas à lui. Je ne suis à personne ». Et cela Nicolas ne peut l’envisager ni le supporter : elle l’obsède au-delà de toute raison. Comme jamais il se lance dans une fièvre créatrice, peignant sans relâche à un rythme effréné jour et nuit. Mais deux ans après leur première rencontre, il se défenestre… JM
CARLSON, Ron Cote R CARL
Cinq ciels Paris, Gallmeister, 2012 (Nature writing). 257 p.
BUS CIT EVI JON STA
Trois solitaires, un pont provisoire à construire au-dessus d’un vertigineux canyon destiné au tournage d’un film. Nous sommes dans les Rocheuses, Idaho ; Darwin le contremaître a engagé Arthur, un colosse, un pro de la construction et aussi Ronnie, un jeune voleur à la tire. Ces trois hommes si différents, déchirés par les épreuves passées vont devoir s’apprivoiser, apprendre à se respecter et s’unir pour ce chantier hors du commun, dans une nature aride et inhospitalière. Mais chacun d’eux doit faire avec son passé. D’abord silencieux, ils tenteront de communiquer et s’uniront vraiment face aux dangers et à ceux qui veulent empêcher le projet. Nature grandiose et impitoyable, conditions de vie précaires, mais aussi grande complicité et petits bonheurs, bagarres sanglantes et amour naissant émaillent ce roman d’aventures, attachant et sans compromis. MCM
CARLSON, Ron Cote R CARL
Le signal Paris, Gallmeister, 2012 (Totem). 230 p.
BUS CIT EVI JON STA
Chaque année, Mack et sa femme font un trek dans les montagnes du Wyoming. Mais Mack a sombré dans l’alcool et le ranch qu’il possède croule sous les dettes. Et puis Vonnie n’est plus que son ex-femme et cette randonnée sera la dernière. Dans des paysages grandioses et sauvages, des forêts majestueuses, ils se retrouvent, comme avant, au temps de l’amour. Mais cette dernière balade tourne au drame lorsqu’ils sont poursuivis par des braconniers surpris dans leurs basses œuvres. Une course-poursuite impitoyable va s’engager et leur complicité renaître devant le danger et la terreur subie face aux tueurs. De plus Mack doit retrouver une balise, pour honorer un dernier contrat avec un intermédiaire douteux. Cette aventure passionnante en pleine nature sauvage est servie par une belle écriture, des personnages attachants et des descriptions à couper le souffle. MCM
CHOPLIN, Antoine Cote R CHOP
La nuit tombée Lyon, Fosse aux ours, 2012. 121 p.
CIT EVI JON PAQ STA SER
Tchernobyl n’est pas nommée, sauf sur la quatrième de couverture, mais on devine très vite que la « zone » dont il question dans ce livre, c’est les abords de la centrale qui sont gardés par des soldats pour empêcher quiconque d’y pénétrer. Nous sommes deux années après la catastrophe. Gouri a décidé d’aller là-bas pour récupérer une porte de sa maison qui est griffonnée de souvenirs liés à sa fille malade. Il part de Kiev où il s’est réfugié pour être écrivain public et récolter les paroles des témoins de cette catastrophe. En route, il s’arrête chez un couple d’amis qu’il n’a pas revu depuis sa fuite. Le mari est la plupart du temps alité. Allergique à la lumière, perdant sa peau, il agonise depuis des mois. Il veut lui raconter qu’à l’époque, des camions militaires embarquaient des « patriotes volontaires » pour aller recouvrir de terre les maisons contaminées, mais aussi les champs… Ce labeur dura des mois jusqu’à ce que la maladie commence à les enterrer, eux. Certes, ce livre est un roman, mais aussi un cri sur ce qui se passa en 1986, en 2011, et, peut-être, il y a quelques minutes… RL Cote 803 CIN
501 écrivains : un tour du monde de la littérature Paris, Omnibus, 2011. 640 p.
BUS CIT EVI PAQ STA SER
En quelques 650 pages un tour du monde historique de tout ce que la littérature a de meilleur. Classés chronologiquement, les articles, plus ou moins longs selon l’écrivain, contiennent une biographie et presque tous sont agrémentés d’une photo ou d’une illustration. D’Homère à Chimamandia Adichie, la jeune auteure nigériane, nous traversons une période qui va du 8ème siècle avant J.C. Jusqu’aux écrivains qui comptent aujourd’hui. Une anthologie de 501 écrivains est forcément subjective : pourquoi tel auteur et pas tel autre ? Pourquoi un long article pour celui-ci (deux pages pour Proust ou pour D.H. Lawrence) et un très bref pour celui-là (seulement une demi-page pour Zweig ou Pessoa) ? On pourrait reprocher également à cet ouvrage de s’être centré avant tout sur la littérature occidentale. Mais tant pis, en musardant dans ses pages, quelles découvertes nous faisons et quelles envies de nouvelles lectures ce livre suscite ! J’ai pris grand plaisir à le feuilleter et à m’y plonger et je suis certaine que vous y prendrez plaisir également. DM
CLARET, Alain Cote R CLAR
L’ange au visage sale Paris, Laffont, 2003. 336 p.
PAQ
Craven s’est réfugié dans un petit village des Alpes avec sa femme, Janet, et sa fille, Séléna, pour fuir un lourd passé. Alors qu’un loup vient rôder autour de leur maison, comme s’il voulait leur transmettre quelque chose, un mystérieux avocat leur envoie un message leur demandant de le contacter à propos de leur fils disparu, Jason. Janet décide d’aller à Paris rencontrer cet avocat pendant que Craven part à la recherche du loup. Or, durant cette séparation, une avalanche emporte tout le village et Janet se retrouve poursuivie par de mystérieux tueurs… Récit teinté de fantastique, l’Ange au visage sale nous emmène dans de sombres complots dont Craven et sa famille sont le centre, mais l’auteur arrive à maintenir un suspense qui tient en haleine jusqu’à la dernière ligne. FG
CUSSET, Catherine Cote 848.03 CUS
Confessions d’une radine Paris, Gallimard, 2003 (Blanche). 138 p.
CIT EVI JON MIN PAQ STA SER
Dans ce court récit, Catherine Cusset dévoile un trait de son caractère : la radinerie ! Dans de nombreuses petites chroniques, tout y passe : les chapardages de son enfance, son effroi au moment crucial de régler la note au restaurant, surtout si ses amis ont mangé pour plus cher qu’elle, sa recherche pour trouver un appartement parisien pas cher, qui va se révéler le plus « pourri » de toute la capitale. Au-delà de son aspect anecdotique, ce livre donnera au lecteur l’occasion de sonder son propre rapport à l’argent. FB
CLAVEL, Fabien Cote R CLAV
Les déchus (Nephilim, l’intégrale ; 1) Saint Laurent d’Oingt, Mnémos, 2012. 2 vol.
PAQ SAT
Les Néphilim peuplent la Terre depuis bien avant les humains. Ils sont rattachés aux puissances des éléments et possèdent des pouvoirs magiques mais ont été déchus et comptent maintenant de nombreux ennemis. Jennifer, une jeune femme victime de cauchemars récurrents, va se rendre compte progressivement que sa réalité a été construite de toute part par des forces qu’elle ignore et c’est grâce à l’aide de la confrérie de l’Hepta, qui compte sept néphilims, qu’elle prendra conscience de ses pouvoirs et qu’elle pourra survivre aux attaques des nombreux ennemis qui veulent sa perte. Dès lors, elle apprendra à utiliser et maîtriser les pouvoirs qui se révèlent à elle et qui annoncent une nouvelle ère dans le combat qui est maintenant aussi le sien pour restaurer la puissance des Néphilims. FG
Š Arman Zhenikeyev
photo de paysage originale : Š xandert ; alien : Š chrisharvey ; photomontage : bpoeta.net
DECK, Julia Cote R DECK
Viviane Elisabeth Fauville Paris, Minuit, 2012. 154 p.
BUS CIT EVI PAQ
Elle a quarante-deux ans. Elle se balance dans un rocking-chair, une enfant endormie dans ses bras. Mais qui est vraiment la narratrice de ce roman étonnant ? Son prénom est Elisabeth, mais peut se changer au fil des phrases en Viviane. Et qu’a-t-elle fait de cette journée, pourquoi cette absence dans ses pensées ? Aurait-elle enfoncé un couteau dans le corps de son psychanalyste ? Jamais personne n’a fait attention à elle. Personne ne la remarque jamais. Même les policiers qui la convoquent ne croient pas à sa culpabilité. Elle se met alors à suivre les personnes qui ont un lien avec l’enquête, les interroge. Tout reste flou en elle. Seuls les itinéraires qu’elle emprunte dans Paris sont lisibles, clairs, nommés. Ce premier roman de Julia Deck gardera son mystère jusqu’au bout. Puis nous saurons exactement ce qu’a fait Viviane Elisabeth Fauville. MCM
DICHARIO, Nick La vie secrète et remarquable de Tink Puddah Cote R DICH Paris, Gallimard, 2012 (Folio science-fiction ; 420). 321 p. CIT EVI JON MIN PAQ
Quelques années avant le début de la guerre de Sécession, Tink Puddah voit ses parents déchiquetés par des chiens en train de pister un ours et se retrouve seul sur Terre. Recueilli par la famille du chasseur, l’extra-terrestre à la peau bleue est exploité et rejeté par les humains. Après moult péripéties, il trouve un relatif apaisement dans un petit village. Il meurt assassiné d’une balle dans la tête. Personne n’a envie d’entamer une enquête. Le pasteur s’aperçoit avec stupéfaction que ce drôle d’étranger était aimé de tous, bien plus que lui, l’homme de Dieu ! Piqué au vif, le révérend se prend à enquêter sur la vie de Tink Puddah et même à le considérer comme un nouveau messie. Entre parabole et enquête policière, DiChario signe un premier roman fort réussi. FA
DICKER, Joël Cote R DICK
La vérité sur l’affaire Harry Quebert Paris, Fallois, 2012. 669 p.
BUS CIT EVI JON MIN PAQ STA SER
Le premier roman de Marcus Goldman a été un succès phénoménal : on le reconnaît dans la rue, sa vie mondaine est trépidante et il s’est même montré un temps avec une actrice en vue. Mais, pressé par son éditeur de rendre enfin le manuscrit de son prochain roman, il est saisi par l’angoisse de la page blanche. Il va se décider à quelques mois du délai de reddition, à partir dans le New Hampshire chez son ancien prof de littérature, Harry Quebert, qui pourra lui prodiguer attention et conseils. C’est là que Marcus découvre par hasard qu’Harry a eu une liaison, 33 ans plus tôt, avec une très jeune fille, Nola. Il avait 34 ans, elle en avait 15. Elle a disparu trois mois après leur rencontre et plus personne ne l’a jamais revue. Lorsqu’on retrouve son cadavre enterré dans le jardin avec le manuscrit du roman à succès de Quebert, Les origines du mal, tout accuse l’ancien professeur. Ne croyant pas à sa culpabilité, Marcus n’a pas le choix : s’associant aux services de police, il va creuser le passé pour découvrir le vrai coupable. Ce gros roman, qui n’est pas qu’un polar, se dévore d’une traite : sa construction entre passé et présent et ses multiples rebondissements tiennent le lecteur en haleine jusqu’à la chute finale. Impeccable ! DM DONZEL, Maxime ; MARGERIE, Géraldine de Dress code Cote 395 DON Paris, Laffont, 2012. 175 p. CIT SER
Vous ne savez pas comment vous habiller pour tel ou tel événement ? Ce guide du bon vêtement au bon moment est fait pour vous. Que vous partiez en weekend à la campagne, que vous sortiez pour danser ou que vous vous rendiez à un enterrement, les deux auteurs vous éclairent aussi bien sur la tenue adéquate que sur le faux pas à éviter. Le tout est agrémenté de magnifiques photos et les textes sont hilarants. Vous n’aurez sans doute pas l’impression d’avoir appris énormément, si ce n’est sur les goûts des auteurs - ennemis du pantacourt, du chapeau de cow-boy en paille et des Crocs (grands lauréats du « prix de l’abomination visuelle 2010 ») - car qui songerait à porter une cravate à motifs et des bretelles tape-à-l’œil pour un entretien d’embauche dans la finance ? Peu importe, si vous aimez le ton décalé branchouille des magazines féminins et l’humour pas toujours très fin mais efficace, vous allez passer quelques heures fort agréables avec ce livre. DM
DUPUIS, Sylviane Poème de la méthode Cote 841 DUP Chavannes-près-Renens, Empreintes, 2011 (Couvertures EVI peintes). 77 p. Pour décrire l’horreur du deuil, ou l’horreur tout court, la « méthode » - celle de la raison - a certainement échoué. Reste alors le poème, c’est ce que nous propose Sylviane Dupuis. Le parcours sera dur, passant en courts poèmes des guerres et génocides du 20e siècle à la perte de l’être cher. Et la lumière au bout de ce chemin sera celle du noir, celle d’un tableau de Pierre Soulages. Il y a donc bien une méthode dans ce parcours que nous propose Sylviane Dupuis, la logique de la poésie qui résiste au monde, en vers courts et percutants mais jamais secs. FD
ERDRICH, Louise Cote R ERDR
Le jeu des ombres Paris, Albin Michel, 2012 (Terres d’Amérique). 253 p.
BUS CIT EVI JON MIN PAQ STA SER
Irene soupçonne Gil, son mari, de lire son journal intime. Elle décide de continuer à écrire un faux journal, nommé « carnet rouge », juste pour lui. Manipulé, Gil tombe dans les pièges tendus par sa femme. Parallèlement, Irene tient un vrai journal, « le carnet bleu », dans lequel elle se livre et commente son couple qui va à vau l’eau. En écrivant dans son faux journal, elle veut pousser son mari à quitter le foyer. Leurs trois enfants sont pris dans cette spirale de mensonges et de manipulations. Vont-ils résister à la violence que leur père maîtrise de moins en moins ? Comment vont-ils supporter de voir leur mère boire de plus en plus ? L’auteure, comme dans tous ses livres, évoque également ses origines indiennes à travers les parents de Gil et Irene. Elle montre comment sa fille s’intéresse à ses grands-parents, aux traditions oubliées et on comprend qu’elle sera celle de la famille qui les perpétuera. Entre vérités en fausses confidences, le lecteur se délecte de ce procédé d’écriture. Ce roman aurait pu être une banale histoire de couple vieillissant s’il n’avait été écrit par une des plus grandes auteures américaines. RL
FERRARI, Jérôme Cote R FERR
Le sermon sur la chute de Rome Arles, Actes Sud, 2012 (Domaine français). 201 p.
BUS CIT EVI JON MIN PAQ STA SER
Matthieu et Libero sont les nouveaux gérants du bistrot à l’ancienne d’un petit village corse. Ces deux amis ont quitté Paris et leur vie d’intellectuels pour retrouver leur île. Les jeunes patrons transforment le café en un endroit chic et branché et bientôt, toute la jeunesse et les touristes des environs se pressent dans le nouveau lieu à la mode. Mais le succès sera bientôt terni et avili par la drogue, le sexe, des vols et des bagarres, et Matthieu et Libero eux-mêmes se déchireront en essayant de sauver le navire qui « prend eau de toute part ». Déchéance, décadence d’une entreprise construite sur une terre meuble, à l’image de notre monde arrivé au bout de son histoire ? Prix Goncourt 2012. MCM
CIT MIN SER
FRAGOSO, Margaux Cote R FRAG
Tigre ! Tigre ! Paris, Flammarion, 2012. 407 p.
CIT EVI JON MIN PAQ STA SER
Peter Curran joue à la piscine avec les deux fils de sa compagne. Fascinée par la complicité qui se dégage du trio, Margaux, sept ans, s’approche et demande si elle peut se joindre à eux. C’est le début d’une relation qui va durer une quinzaine d’années. Entre un père alcoolique, exigeant, peu aimant et une mère dépressive, la petite Margaux ne trouve pas sa place dans sa famille. Elle découvrira en Peter un meilleur ami, un père, quelqu’un qu’elle aime et dont l’amour est devenu si important qu’elle fera tout pour qu’il subsiste. Ainsi lorsqu’il commence à l’embrasser sur la bouche elle sent que c’est une chose déplacée, mais elle cède. Comme elle finira par céder à ses demandes de fellation de plus en plus pressantes et, l’adolescence venant, à vivre une vraie relation avec cet homme qui lui a toujours promis de l’épouser un jour. Fascinant et terrifiant, ce livre l’est. Dangereux, ai-je pu lire. Je ne suis pas d’accord : la pédophilie peut prendre plusieurs visages, évitons tout manichéisme pour rester vigilant. Reste que ce témoignage est très fort et que chacun qui le lira sera averti. La nature humaine est décidément complexe, et, parfois, bien vicieuse. DM
GENEVOIX, Maurice La mort de près Cote 940.4 GEN Paris, Table ronde, 2011 (La petite vermillon ; 359). EVI JON 140 p. Maurice Genevoix a été lieutenant d’infanterie dans la Meuse entre août 1914 et avril 1915 jusqu’au moment où trois balles vont abréger sa guerre. Grièvement blessé, il s’en sortira (physiquement) mais sera traumatisé par la violence qu’il a vue et subie. Entre 1916 et 1923, pour tenter de guérir de cette Guerre, il écrit cinq livres qui témoignent de ce carnage. Par la suite, il ne souhaitera plus évoquer cette période. Il veut oublier, passer à autre chose. Maurice Genevoix a 82 ans quand il publie La mort de près. Apaisé, proche de la mort, l’auteur veut revenir sur sa courte mais traumatisante expérience de Poilu. Avec cette fois-ci le recul nécessaire, il se regarde, jeune soldat, s’enlisant dans la boue, se faufilant entre les balles, servant sa patrie. Même si la peur est présente à chaque page, l’auteur n’est plus l’écrivain de jadis qui hurlait son horreur mais entre les scènes de batailles, il nous offre des temps de respiration et de réflexion sur la condition humaine. Nourri de son expérience, l’auteur nous prouve ici qu’il est possible de retrouver de la sérénité, même après avoir vécu le pire. RL GILBERT, Elizabeth Cote R GILB
Désirs de pèlerinage Paris, Calmann-Lévy, 2012. 313 p.
CIT Titre original anglais : Pilgrims. R2 GILB
CIT
Elizabeth Gilbert est l’auteure du célèbre Mange, prie, aime qui a donné lieu au film éponyme et que je n’ai pas lu. A ce titre, je ne me donc serais pas forcément intéressée non plus à son recueil de nouvelles si je n’avais pas été attirée par sa couverture fleurant bon les grandes plaines du centre des ÉtatsUnis. Les douze histoires qui composent ce recueil se passent presque toutes dans ces petites villes américaines que l’on voit souvent dans les films, dont le centre névralgique se situe entre la station essence et la taverne. Si vous aimez l’ambiance ranch – rodéo – stetson et éperons, vous serez servi ! Elizabeth Gilbert a l’art de nous emmener en quelques mots du Wyoming au Texas avec des histoires qui mettent en scène des héros ordinaires. Même si certaines d’entre elles se terminent de manière un peu abrupte à mon goût, j’ai aimé l’atmosphère et n’ai pas regretté le voyage ! DM
GILMORE, Mikal Cote 364.66 GIL
Un long silence Paris, Sonatine, 2010. 565 p.
BUS CIT EVI JON MIN PAQ STA SER
Gary Gilmore est condamné à mort en juillet 1976 et fusillé début janvier 1977. Si l’exécution de la peine est si rapide c’est que Gary a renoncé à faire appel. En réclamant sa mise à mort accélérée, il est devenu célèbre. Dans ce témoignage enfin édité en français, Mikal, le plus jeune frère de Gary, nous raconte comment la violence d’un père peut briser une vie. Mikal est le seul de la famille à avoir échappé aux coups car il est né au moment où la situation professionnelle du père s’était stabilisée. Amoureux fou de ce quatrième fils, il s’en occupe et lui réserve un amour exclusif. Gary est, lui, le souffre-douleur. Très tôt, il apprend à s’exprimer par la violence. Après avoir passé par les maisons de correction, il est arrêté à 18 ans pour vol à main armée. A sa libération, 12 ans plus tard, la prison aura fini le travail de destruction commencé dans sa famille ; c’est un homme plein de haine pour la société qui se vengera sur deux innocents. La triste histoire d’un monstre qui n’aurait pas dû le devenir… RL
GOGOL, Nikolai Vasilievitch Les âmes mortes Cote R GOGO Paris, Seuil, 1992 (L’école des lettres). 452 p. CIT EVI JON MIN PAQ STA SER
Dans les années 1820, Tchitchikov parcourt la Russie afin d’escroquer les propriétaires fonciers. Personnage attachant, manipulateur, il parvient à acheter des « âmes mortes ». Les « âmes » sont les serfs mâles qui déterminent la valeur d’une propriété. Comme les recensements ne se font que tous les cinq ans, les propriétaires continuent à payer des taxes sur des « âmes » décédées entre temps. Sous prétexte de soulager ces pauvres propriétaires, notre héros achète à vil prix ces morts afin de s’enrichir en se faisant passer pour un riche propriétaire. Aux censeurs choqués par l’image de cette Russie peu reluisante, Gogol répondait que ce « poème » n’était qu’une caricature, un simple roman comique (et il l’est !). L’exagération découle toujours d’une certaine réalité et aujourd’hui le plaisir de cette lecture tient justement dans les descriptions ironiques de ces notables oisifs, stupides ou menteurs. Les petites gens ne sont pas oubliées et Gogol insiste beaucoup sur leur mauvaise hygiène, leur propension à se saouler et également à mentir. Un classique russe à déguster comme du caviar. RL
Tchitchikov and Sobakevich after dinner Š Marc Chagall, 1923
Photo originale : Š Sanja Gjenero, 2006
Goodbye Berlin
HERRNDORF, Wolfgang Cote R HERR
Paris, Magnier, 2012. 328 p.
BUS CIT EVI MIN PAQ STA SER Titre original allemand : Tschick. R3 HERR
CIT EVI MIN STA SER
Les vacances d’été ne s’annoncent pas très bien pour Maik Klingenberg, 14 ans : sa mère est en clinique pour suivre une cure de désintoxication et son père est parti en « voyage d’affaires » en compagnie de sa secrétaire. Alors que Maik est résigné à l’idée de devoir passer ses vacances d’été tout seul au bord de la piscine familiale, Tschick débarque pour le sauver de l’ennui. Tschick, c’est ce copain de classe immigré russe issu d’une famille pauvre avec qui il n’avait jusque-là pas de contact particulier. Mais il se trouve que Tschick et Maik sont les seuls de la classe à ne pas être invités à l’anniversaire de Tatiana, la plus belle fille au monde selon Maik. Tschick propose alors de l’emmener malgré tout à la fête, à bord d’une voiture « empruntée »... SKH
HUGUENIN, Jean-René Cote R HUGU
CIT
La côte sauvage Paris, Points, 2001 (Points ; 119). 171 p.
CIT JON
Un roman magnifique poignant qui parle de nostalgie, celle de devoir quitter l’enfance, mais aussi d’amour âpre et exigeant, de nature décrite avec beaucoup de sensualité. Le roman s’ouvre sur le retour d’Olivier après deux ans de service militaire dans la maison de son enfance où vivent sa mère et ses deux sœurs, Anne et Berthe. Entre Anne et Olivier, une complicité de toujours, beaucoup de tendresse et un amour qui n’ose dire son nom. Un amour comme une fulgurance habité d’une grande fragilité, celle héritée de l’enfance que l’innocence préserve. Un intrus dérange par le nouveau rôle qu’il s’assigne, celui de futur mari d’Anne. Il s’agit de Pierre, le meilleur ami d’Olivier. L’intrigue se déroule et se dénoue sur le temps des vacances estivales où tout ne devrait être que légèreté. Ce texte éblouissant m’a emportée dans sa justesse de ton, sa qualité narrative toute de sensualité contenue. CD
HOBB, Robin Cote R HOBB
La déchirure (Le soldat chamane ; 1) Paris, Pygmalion, 2006. 8 vol.
CIT EVI JON MIN PAQ SER Titre original anglais : Shaman’s crossing. R2 HOBB
CIT
Le destin de Jamère est déjà tout tracé : de par sa position dans la fratrie, il sera soldat de la prestigieuse Cavalla. C’est à ce titre que son père le forme depuis son plus jeune âge pour qu’il endosse sa future fonction d’officier en faisant honneur à sa famille. Alors qu’il a 15 ans, son père l’envoie passer quelques jours avec un guerrier nomade, dans le but de le former également aux techniques de l’ennemi. Or, lors d’une expérience chamanique, Jamère est propulsé dans un autre monde où il rencontrera la mystérieuse femme-arbre. En échange de sa vie, c’est toute une partie de lui-même qui appartiendra à cette magicienne. A partir de là, contre son éducation, il développera une sensibilité toute particulière envers la destruction de la nature par l’industrialisation galopante. Ce premier signe du déchirement intérieur de Jamère entre deux visions de l’avenir n’est qu’un début car les projets de la femme-arbre sont autres… Ainsi commence la série du Soldat chamane qui déploie petit à petit toute la richesse de conteuse de Robin Hobb jusqu’à réellement tenir en haleine sur les derniers volumes. JM
HUY, Minh Tran Cote R HUY
La double vie d’Anna Song Arles, Actes sud, 2009 (Domaine français). 191 p.
CIT EVI MIN SER
S’inspirant d’un fait réel l’auteure tisse une histoire faite de passion amoureuse, de blessures d’enfance, de quête des origines et de besoin de s’inventer un monde plus juste. C’est avec beaucoup de sensibilité et d’empathie que l’auteure nous amène petit à petit à rencontrer ses personnages. Un roman envoûtant sur la passion, celle qui unit Paul, le narrateur, à Anna, mais aussi celle qui unit Anna à son piano, à son pays, à ses origines fantasmées car absentes. Cette absence entre ici en résonance avec le sentiment d’abandon de Paul, enfant (ses parents meurent brutalement d’un accident). Les deux enfants vivent et dépassent chacun à leur manière cette déchirure qui les rapproche. Anna se tourne vers la musique avec toute l’exigence que cela requiert. Paul, lui, ne vit que dans sa passion amoureuse et transcende l’idéal qu’Anna a toujours cherché, même si pour cela il doit mentir. CD
JORDAN, Toni Cote R JORD
Tu pourrais rater intégralement ta vie Paris, Ormesson, 2010. 268 p.
BUS CIT JON MIN PAQ STA SER
Grace compte tout, elle ne peut plus s’arrêter, c’est un toc. Quand elle rencontre Seamus c’est parce qu’il l’a vue à la caisse du supermarché lui prendre sa banane dans son caddy pour la glisser dans le sien avec neuf autres bananes. Intrigué par son attitude, il veut la connaître. Elle lui avouera plus tard que sa vie est réglée par les dizaines : elle possède dix pantalons, dix jupes, dix hauts à manches courtes, dix à manches longues, elle mange dix grains de raisin chaque matin, prend une douche de dix minutes, etc… C’est à l’âge de 8 ans, pour oublier le malaise familial, qu’elle se met à compter. A 35 ans, ses troubles obsessionnels l’empêchent d’exercer son métier d’institutrice. L’arrivée du jeune homme va bouleverser ses habitudes, elle se risque même à faire l’amour avec lui, et oubliant de compter… Le lendemain, elle regrette cette perte de contrôle momentanée et ses angoisses redoublent d’intensité. Seamus arrivera-t-il à la convaincre de se faire aider ? Un livre drôle qui, par ailleurs, décrit très bien les symptômes de cette maladie. RL
JOYCE, Rachel Cote R JOYC
La lettre qui allait changer le destin d’Harold Fry arriva le mardi... Paris, XO, 2012. 363 p.
BUS CIT EVI JON MIN PAQ STA SER
Un matin, Harold Fry reçoit une lettre d’une ancienne collègue, qui lui annonce sa mort prochaine due à un cancer. Très surpris par le message de cette femme qu’il n’a pas revue depuis de longues années, il se décide à lui répondre et sort pour poster sa réponse. Mais il dépassera la boîte aux lettres, puis le bureau de poste et les limites de la ville et se mettra à marcher, marcher sans se retourner. Il va marcher pendant quatre-vingt sept jours, parcourir près de mille kilomètres entre le sud de l’Angleterre et la frontière écossaise pour rejoindre son amie mourante. Vêtu d’un imperméable, de simples chaussures de ville aux pieds, il va affronter la route, la souffrance, la solitude, s’exposer à son passé, ses doutes, conduit par cette simple pensée : Je vais marcher et elle va vivre. Je vais la sauver. Puis, étrangement un homme se joint à lui, puis un autre, des groupes se mettent à l’accompagner, les médias alertés s’emparent de l’affaire « Harold Fry ». Les marcheurs se mettent à lui parler, le considérant comme un gourou ; lui les écoute, écoute leur solitude ou leurs mobiles loufoques. Ce roman est l’aventure extraordinaire d’un homme ordinaire, le voyage initiatique d’un vieil homme dépassé qui va se surpasser. MCM KEELT, Arthur Cote R KEEL
Le merle Nantes, Atalante, 2004. 169 p.
CIT JON
Un célèbre spécialiste du langage vit seul dans les montagnes de Styrie. Un jour, ceux qui sont désignés comme les nouveaux maîtres du monde, ayant libéré l’Autriche du nazisme - on peut imaginer qu’il s’agit d’un Russe, d’un Américain et d’un Anglais - annoncent au scientifique que des extraterrestres ont laissé un message menaçant dans le désert de Mojave ainsi qu’une cage dont la nature du matériau est inconnue et où est enfermé un merle. Arthur, le linguiste est chargé, sous haute surveillance, de déchiffrer le message du merle. S’ensuit un récit corrosif, totalement décalé, décapant, drôle et joyeusement subversif. L’humanité en prend ainsi pour son grade. Un exemple ? « En considérant que l’âge du monde mesure une année, l’homme apparaît le 31 décembre à 21h et le sapiens à 23h46. En même pas un quart d’heure, il a tout foutu en l’air. C’est dire qu’il est décidément nocif. Les plutoniens n’étaient pas plus cons que moi. Ils l’avaient compris tout de suite ». CD
KING, Stephen Cote R KING
Salem Paris, Lattès, 1994 (Suspense et Cie). 408 p.
CIT PAQ STA SER Titre original anglais : The stand. R2 KING
CIT
L’écrivain à succès Ben Mears revient à Jerusalem’s Lot (Salem), ville du Maine où il a passé son enfance et sa jeunesse. Ben Mears cherche d’abord à acheter la sinistre demeure de Marsten House perchée sur la colline, mais la maison inhabitée depuis des années suite au décès tragique de ses occupants vient d’être achetée par deux hommes inquiétants qui se prétendent antiquaires… Dès lors les habitants de Salem sont confrontés à des événements de plus en plus terrifiants et surnaturels… Ben Mears, revenu à Salem pour exorciser un traumatisme d’enfance survenu à Marsten House, devra affronter ses démons. Chaque nuit de nouveaux habitants de Salem sont possédés par des symptômes aussi mystérieux qu’effrayants. Ben Mears est-il de taille à lutter contre le MAL ? Un excellent roman, angoissant à souhait, qui dépeint aussi la triste réalité des villes de banlieues américaines, déshumanisées, gangrenées par la solitude et transformées en cités dortoirs. CLR LE TELLIER, Hervé Cote R LETE
Electrico W Paris, Lattès, 2011. 285 p.
BUS CIT EVI JON STA
Vincent est journaliste pour les pages « société » d’un quotidien français. On l’envoie à Lisbonne pour réaliser un reportage sur le procès d’un tueur fou. Un photographe, Antonio, l’accompagne. Très vite on comprend que ce n’est pas le reportage qui importe mais la relation entre les deux hommes : ce qu’ils vivent et se racontent. Amours croisées, amours passées, rencontres à venir, toutes racontées dans les neuf chapitres qui portent chacun le nom d’un personnage. Lisbonne est également la ville de l’enfance d’Antonio, le lieu où il a aimé celle qu’on appelait « Canard ». L’auteur aime également cette ville et le lecteur le ressent. Vincent, à qui on reproche souvent de ne jamais finir ce qu’il commence, veut retrouver Canard, pour faire plaisir à Antonio. Electrico W est décrit comme une ligne de tramway de Lisbonne, sauf qu’en portugais la lettre W n’existe pas. Il s’agirait alors d’une référence au livre W ou le souvenir d’enfance de Perec, grande figure de l’OULIPO qui regroupe des écrivains (dont Le Tellier) utilisant la contrainte formelle comme stimulant de l’écriture. RL
LEWINSKY, Charles Cote 832 CH LEW
Un Juif tout à fait ordinaire Genève, Tricorne, 2011. 75 p.
CIT
Un petit livre pas comme les autres qui ouvre une réflexion sur la différence et la manière de la vivre et de la fuir, de l’aimer et de la haïr. Un Juif reçoit une invitation d’un enseignant pour intervenir dans une classe afin de décrire ce que c’est qu’être juif. Un monologue plein de colère s’ensuit car toutes les frustrations, les souffrances refont surface… Avez-vous déjà tenté l’expérience de vous mettre dans la peau d’une personne à la culture différente, n’appartenant pas à la culture dominante ? Exercice périlleux car, à la fois proche mais néanmoins autre, vous êtes obligé de vous réajuster constamment au regard d’autrui. Et lorsque cette différence est vécue par une mémoire souffrante, tout cela s’avère encore plus difficile car pour se protéger, l’attention est portée à toute éventuelle nouvelle blessure. Je pourrais dire que c’est là le propos de ce livre, une invitation presque impérieuse à laquelle pourrait se frotter le lecteur. Un livre précieux pour comprendre que rien n’est gagné d’avance pour faire face au rejet de l’autre pourtant riche de sa différence. CD LIU, Bo Lin Cote 779 LIU
Caché dans la ville Wanchai, Thircuir, 2011 (Thircuir ; 4). 93 p.
CIT
Liu Bolin est né en 1973 dans la province de Shandong. Initialement sculpteur, il obtient une licence et un master en Beaux-Arts de l’Académie de Pékin où il vit depuis 1999. Il est internationalement connu pour ses photos de lui-même dissimulé dans des paysages, devant des étals de magasins ou des bâtiments. En novembre 2005, le quartier où se trouve son atelier est rasé, officiellement pour des raisons de restructuration immobilière nécessaires pour créer le site des Jeux Olympiques. Liu Bolin décide d’immortaliser l’instant en se fondant littéralement dans le paysage : son corps entier est peint par des assistants pour se camoufler devant les ruines de son atelier, semblant symboliser la manière dont le gouvernement a rayé du paysage ce quartier d’artiste et ses résidents. Cette photo est la première d’une longue série qui démontre que l’homme est devenu transparent dans la société. Aujourd’hui, Liu Bolin est mondialement connu pour son message, la galerie Paris-Beijing à Paris a accueilli une exposition de ses œuvres en début d’année 2013. DM
© Liu Bolin, “Art Books, Verona” (2012) / Courtesy Eli Klein Fine Art
Š David Flam, 2007
LOUP, Douna Cote R LOUP
Les lignes de ta paume Paris, Mercure de France, 2012. 162 p.
BUS CIT EVI JON PAQ SER
Comment choisir un livre sur l’étagère de la bibliothèque ou du libraire ? En ce qui me concerne si je ne connais pas l’auteur je suis attirée par le titre, la couverture et, une fois le livre en main, par l’écriture, son souffle, sa musique et ce bien avant le sens même du texte. Et là, attirée par le nom de l’auteure et par le titre, je n’ai pas été déçue. L’histoire est défendue par une très belle langue totalement originale et avec une attention toute particulière à la musique et à la poésie des mots. L’histoire ? Une vieille dame de 85 ans raconte sa vie à une jeune visiteuse, la narratrice. Une vie foisonnante qu’elle livre au fil des pages par bribes, pas à pas, mot à mot. On tourne tout à coup les pages avec tendresse et avec la plus grande attention pour répondre à cette vie racontée avec pudeur et amour. CD
MacDONELL, Nick Cote R MACD
Le prix à payer Paris, Flammarion, 2013. 345 p.
CIT
Le prix à payer est un roman d’espionnage qui se passe entre les États-Unis et la Somalie. Mike Teak, diplômé de Harvard, a été recruté par les services secrets américains. Une mission de routine dans un village somalien où il doit rencontrer un certain Hatashil – un guerrier devenu chef des rebelles – tourne au fiasco et le village est totalement détruit par des missiles. Il en sortira indemne mais marqué à jamais. Simultanément, dans la prestigieuse université, Susan Lowell vient de remporter le prix Pulitzer pour un livre vantant le courage de Hatashil. Et un des étudiants, David Ayan, né en Somalie, tente d’intégrer un des clubs d’étudiants les plus secrets. Entre le monde universitaire et la realpolitik, Nick MacDonell signe un très bon roman, haletant, où se mêlent amour et corruption, trahison et violence. Une fois encore il dresse un portrait cinglant d’une Amérique cynique et destructrice. PB
MacNAB, Tom Cote R MACN
La grande course de Flanagan Paris, Autrement, 2012. 616 p.
CIT EVI
Charles C. Flanagan, hâbleur, flambeur, a décidé d’organiser la plus grande course de tous les temps, une course spectaculaire, du jamais-vu, la traversée des États-Unis. Printemps 1931, c’est encore la grande Dépression, des milliers de concurrents du monde entier, dont 121 femmes, convergent vers la Californie et s’inscrivent à cette course démentielle avec l’espoir de gagner de fabuleux gains ou juste de sortir de la misère, en ces temps de crise économique. Ils devront courir cinq mille kilomètres d’affilée en trois mois, par étapes de 80 km. De vrais athlètes, coureurs de fond côtoient de pauvres diables inexpérimentés, sous-alimentés et tous croient en leur chance de rallier Los Angeles à New York. Mais dès le départ, les moins endurants abandonnent et seul un millier de coureurs réussiront à terminer les premières étapes. D’état en état, les forcenés avancent malgré des conditions extrêmes : pluie, neige, déserts implacables, dédits des sponsors ou pressions de mafieux. Au prix d’énormes souffrances, d’un courage surhumain, le défi sera pourtant gagné : 862 concurrents parviennent à fouler les allées de Central Park. Des amitiés, des alliances se nouent au fil des jours, et à travers des personnages d’exception, c’est la volonté d’avancer, de continuer, la ténacité de ces sportifs hors normes, mêlée au dépassement de soi qui font de cette odyssée un hymne à la résistance du genre humain. Une lecture inoubliable. MCM MAKINE, Andréi Cote R MAKI
Une femme aimée Paris, Seuil, 2013. 362 p.
CIT EVI JON MIN PAQ STA SER
L’histoire de Catherine II de Russie vue par le regard sensible d’un jeune cinéaste qui cherche le vrai visage de cette femme, au-delà des préjugés et les légendes. Un va et vient subtil s’installe alors entre Oleg Erdmann, le cinéaste des années Brejnev et l’impératrice Catherine II de Russie. Un jeu de miroirs où les fêlures de l’une répondent à celles du narrateur, Oleg Erdmann. Un roman historique certes mais qui transcende l’Histoire pour nous prendre par la main et nous amener à l’histoire humaine, juste humaine. Un roman magnifique, foisonnant d’une grande sensibilité, d’une belle écriture aussi. CD
MAILER, Norman Cote R MAIL
Le chant du bourreau Paris, Laffont, 2009 (Pavillons poche). 1300 p.
CIT EVI
Après avoir lu Un long silence de Mikal Gilmore (voir résumé de Roane plus haut), j’ai eu envie d’en savoir plus sur l’affaire Gilmore. Norman Mailer a extirpé de 15 000 pages de dossier les quelques 1300 pages de ce récit pour raconter l’affaire Gary Gilmore, le 2ème frère de la famille, condamné à mort pour meurtres en 1977. Mailer s’est principalement attaché aux derniers mois de Gilmore, depuis sa dernière sortie de prison, en 1976, jusqu’à son exécution. Recueilli par sa cousine, puis ses oncle et tante en Utah, Gilmore tente de retrouver une vie normale. Il trouve un travail chez un patron compréhensif. Il tombe amoureux de Nicole, une jeune femme de 20 ans, divorcée et déjà mère de deux enfants. Gary a en lui une telle violence qu’il a de la peine à la contenir. Il explose à la moindre contrariété et son agressivité finit par effrayer sa compagne, qui veut le quitter. Il ne le supporte pas et tue deux innocents employés d’une station-service et d’un motel. On suivra dans les moindres détails l’arrestation, le jugement, sa volonté de ne pas faire appel à la condamnation à la peine capitale. Gilmore a passé presque toute sa vie adulte en prison et il n’en peut plus. Un récit intéressant quoiqu’excessivement fouillé. On y voit l’évolution des relations de Gary et Nicole et le rôle des journalistes qui désirent récupérer l’affaire, une affaire qui va engendrer énormément d’argent. DM MARAI, Sandor Les braises Cote R MARA Paris, Albin Michel, 2009 (Les grandes traductions). 186 p. CIT EVI STA SER
Henri s’apprête à recevoir son vieil ami Conrad, qu’il n’a plus revu depuis 40 ans. Ils sont vieux tous les deux désormais, et il est temps qu’ils règlent enfin leurs comptes. Ils étaient, en dépit de leurs différences, les meilleurs amis du monde, durant toute leur enfance, puis, plus tard, à l’Académie militaire. Alors qu’Henri, fils d’officier, papillonnait dans les soirées mondaines, Conrad, n’avait aucun moyen et vivait une vie de grande austérité. Devenus adultes, leurs relations ont perduré, Conrad étant invité chaque soir à la table d’Henri et de son épouse, Christine. Mais, un jour, tout a basculé et leurs chemins se sont séparés. Le dîner de ce soir sera l’occasion d’une ultime confrontation, l’occasion d’exprimer les non-dits qui ont gâché leur existence. Un roman très sensible dans la lignée de Schnitzler et de Zweig. DM
MARS, Kettly Cote R MARS
Saisons sauvages Paris, Gallimard, 2011 (Folio ; 5333). 328 p.
CIT PAQ
Années 1960 en Haïti. Duvalier est le maître du pays. Les tontons macoutes font la loi. Sans nouvelles de son journaliste de mari depuis son arrestation, Nirvah se résout à demander audience au secrétaire d’état. Elle vient de se précipiter dans la gueule du loup, car le secrétaire, fasciné par sa beauté, n’a de cesse d’en faire sa maîtresse. Peu à peu, elle se laisse séduire par les avantages certains et la sécurité que lui procure cet homme. Mais lui, complexé par ses origines modestes, n’est jamais satisfait. Il étend son emprise sur les enfants. Lorsqu’elle ouvre enfin les yeux, il est trop tard pour tout le monde. Kettly Mars nous livre un huis clos terrifiant sur la fascination du pouvoir. FA
MARTHALER, Claude Cote 796.6 MAR
L’insoutenable légèreté de la bicyclette Genève, Olizane, 2012 (Objectif terre). 189 p.
EVI MIN STA SER
VELO, VOLE, ENVOL, LOVE. Le vélo est un monde. Que serait le monde sans le vélo ? Claude Marthaler en connaît un rayon. Fort des milliers de kilomètres avalés au guidon de son (terrible) engin, il a pu contempler, observer, analyser et croquer ses semblables, ses frères et sœurs les vélocyclistes. Entre histoires improbables ou réellement vraies, laissons-nous emporter (rouler) dans les arcanes vélocyclopédiques. Pour amateurs, curieux et fondus de la petite reine. MCM
MAVRIKAKIS, Catherine Cote R MAVR
Les derniers jours de Smokey Nelson Paris, Wespieser, 2012. 329 p.
CIT EVI PAQ STA
Dans ce roman, quatre voix alternent pour évoquer la mort imminente d’un condamné. Pearl était femme de chambre dans un motel et c’est elle qui a découvert les corps des deux enfants et de leurs parents. Quelques minutes avant cette macabre découverte, elle avait parlé au meurtrier, le trouvant sympathique. Pour tenter d’oublier, elle avait fui Atlanta. Quand elle se décide enfin à rendre visite à sa fille restée dans la région, c’est justement au moment de l’exécution, 20 ans plus tard... Ray Ryan est le père de la mère de famille assassinée. Il est en route pour assister avec son fils à la mise à mort. Dieu est avec lui et lui parle sans interruption de la vengeance et l’apaisement qui s’en suit. Sidney Blanchard est noir, comme le meurtrier, mais après avoir purgé une longue peine, il a été innocenté. Sur la tombe de son idole, Jimi Hendrix, il hurle un chant plaintif qui relate sa vie. Et parmi les voix, il y a celle du meurtrier, Smokey Nelson, qui attend la mort comme une délivrance. « Après des années d’attente, on venait enfin le chercher ». RL MAYNARD, Joyce Et devant moi, le monde Cote 828.03 MAY Paris, Rey, 2011. 462 p. BUS CIT EVI JON MIN
Jeune fille précoce élevée par des parents qui l’ont poussée vers l’écriture, Joyce Maynard raconte, près de quarante ans après, l’événement qui a bouleversé toute sa vie. En 1972, alors âgée de 18 ans, elle écrit pour le New York Magazine un article qui lui valut un courrier important et enthousiaste. Parmi ses correspondants, le grand Jerome D. Salinger, 53 ans qui vit reclus depuis quelques années sur la Côte Est. Leur correspondance se poursuit, Joyce tombe amoureuse et part s’installer chez Jerry. Pendant neuf mois, ils vivront selon son mode, il la façonnera comme il veut qu’une femme soit, intellectuellement, bien sûr, par ses conseils, ses mises en garde voire ses directives, celles d’un grand écrivain à un futur écrivain. Physiquement aussi, Jerry lui enjoint la prudence envers toute médication (il ne jure que par l’homéopathie) et toute nourriture industrielle : il ne mange presque que les produits de son jardin : courges et petits pois - ce qui ne va pas régler l’anorexie de Joyce. Le conte de fées se termine lorsque Jerry, lors d’un voyage, congédie brusquement et sèchement la jeune fille. Ce n’est pas pour dénigrer le génie des lettres américaines mais plutôt parce que leur relation l’a détruite et a changé sa vie qu’elle a eu besoin de la raconter. DM
MISKE, Karim Cote R MISK
Arab Jazz Paris, Hamy, 2012 (Chemins nocturnes). 298 p.
BUS CIT EVI MIN PAQ
Ahmed est un Marocain solitaire du 19e arrondissement de Paris, fan de polars, et particulièrement d’Ellroy. Lorsque sa voisine Laura est assassinée, Ahmed, déconnecté de la vie, sent bien qu’il pourrait être le suspect idéal. La rencontre avec les deux policiers chargés de l’enquête le rassure : ce n’est pas le cas. Pour les beaux yeux de la flic juive Rachel, il se met à reprendre goût à la vie et au risque. Grâce au libraire arménien et au psy qui l’avait suivi lors de son internement psychiatrique, il accepte de replonger dans son passé douloureux. Au-delà du personnage d’Ahmed, l’auteur s’attarde sur les jeunes du quartier, les frères tentés par l’extrême, les sœurs en lutte pour garder leur liberté, les dérives de toutes les religions, quelles soient chrétiennes, mormones, musulmanes ou juives. Il y a des accents à la Fred Vargas dans ce roman. L’auteur mène de main de maître une intrigue qui va et vient de Brooklyn à Paris. FA
MOUAWAD, Wajdi Cote MOUA
Anima Montréal, Leméac, 2012. 394 p.
CIT EVI MIN PAQ
Une œuvre à plusieurs voix, celles des animaux sauvages ou domestiques, témoins impuissants de la furie des hommes. Ce sont eux qui assument le rôle narratif nous rapportant le parcours suivi par Wahhch à la recherche de l’assassin de sa femme, non pour punir mais pour se trouver face à face et comprendre, appréhender ce visage de la violence. Ce meurtre a ouvert en lui une faille qui fait ressurgir des violences enfouies, liées à ses véritables racines. Parole est donc donnée à ceux qui d’habitude en sont privés, les autres espèces animales qui tissent avec Wahhch des liens invisibles, une mutuelle fraternité. Privé d’avenir, la souffrance creuse en Wahhch une vacuité poreuse qui le défait autant qu’il le relie à son passé et aux souffrances endurées par toutes les espèces vivantes. Pour moi un coup de cœur, un roman poignant d’une grande sensibilité, à l’écriture pétrie de poésie et qui vous habite pour longtemps. CD
Š Julie Kertesz, 2005
MUKASONGA, Scholastique Notre-Dame du Nil Cote R MUKA Paris, Gallimard, 2012 (Continents noirs). 222 p. BUS CIT EVI JON MIN PAQ STA SER
Notre Dame du Nil est un lycée très bien, pour jeunes filles très bien, évidemment vierges, et de bonnes familles rwandaises. Il y a pourtant une subtilité dans le règlement de l’école. La majorité des élèves sont Hutus. Un quota de 10% est prévu pour les Tutsis. Pour ces dernières, l’accès à l’enseignement secondaire est tributaire de leur mérite et de leurs bonnes notes, quelle que soit la notoriété de leur père. Au début, tout commence bien, avec les blagues de potaches, l’enseignement un peu borné des religieuses, et le sacro-saint pèlerinage aux pieds de Notre-Dame du Nil. Peu à peu, ce qui était plaisanterie tourne à la persécution de moins en moins voilée. Il y aurait eu agression de jeunes filles Hutus et de la statue. Impuissantes, les jeunes Tutsis ne savent comment répondre à la ferveur du Blanc un peu dérangé qui voit en elles la réincarnation d’Isis, alors que leurs « copines » Hutus laissent la haine grandir à leur encontre. Ce roman remarquablement bien écrit fait froid dans le dos. Il montre, hélas, que bien avant 1994, le mécanisme du génocide était déjà en marche. FA NOORT, Saskia Cote R NOOR
D’excellents voisins Paris, Denoël, 2011. 392 p.
CIT EVI JON
Peter et Eva sont mariés depuis quinze ans et toutes leurs tentatives pour avoir un enfant ont échoué, jusqu’à ce qu’enfin Eva tombe enceinte après une énième FIV. Malheureusement la petite Lieve ne survivra pas, Eva tombe en dépression et le couple tente de surmonter son terrible chagrin. Installés dans leur nouvelle maison d’un quartier résidentiel, ils font la connaissance de leurs voisins, Steef et Rebecca, sous le charme desquels ils tombent immédiatement et avec qui ils passent de plus en plus de temps. Ceux-ci leur font part de leur secret : ils sont échangistes et le libertinage est leur meilleur gage d’épanouissement. Si Peter et Eva sont curieux, ils hésitent encore à être initiés à ce mode de vie… Eva y trouverait bien un moyen de donner un second souffle à son couple, mais Peter craint d’être jaloux à l’idée de partager sa femme. Une fois le pas franchi, on ne peut plus revenir en arrière et prétendre que ce qui est arrivé n’a jamais eu lieu… Un roman sulfureux, tordu, au suspense haletant, pour lecteur averti. DM
NOTHOMB, Amélie Cote R NOTH
Ni d’Eve ni d’Adam Paris, Albin Michel, 2007. 244 p.
BUS CIT EVI JON MIN PAQ STA SER
Ce roman autobiographique d’Amélie Nothomb se situe chronologiquement juste avant Stupeur et tremblement où on la voit expérimenter le travail en entreprise nipponne. Ici, elle étudie et donne des cours de français à Rinri, un jeune Tokyoïte. Au début, la communication est laborieuse, Rinri semblant incapable de prononcer le moindre mot compréhensible en français. Mais bientôt, les progrès se font jour, motivés par l’attirance de l’élève pour son maître ! Dans Ni d’Eve ni d’Adam, on suit Amélie dans son adoration pour le Japon qu’elle redécouvre avec délices. On observe aussi cet amour promis à… pour le savoir, lisez ce petit roman plein d’humour ! FB CIT STA SER
O.BRIEN, Tim Cote R OBRI
A propos de courage Paris, Gallmeister, 2011 (Totem : 11). 261 p.
CIT JON STA SER
Marqué par son expérience au Vietnam, Tim O’Brien a voulu raconter sa guerre et celle de ses compagnons d’infortune. On va vivre avec le lieutenant Jim Cross, avec Rat Kiley, avec Kiowa, ceux qui furent les frères d’armes du narrateur. Certaines images ne s’en iront jamais, comme celle de l’homme qu’O’Brien a tué, avec ses sandales en plastique et ses yeux, l’un fermé, l’autre en forme d’étoile. Celle de ce soldat qu’une grenade a explosé et dont ses camarades ont dû ramasser les morceaux de corps éparpillés. Celle du bon Kiowa, englouti dans un champ d’excréments. O’Brien écrit pour supporter ces images, pour qu’elles ne le polluent plus. Pour qu’elles ne l’empêchent pas de vivre et de trouver un sens à sa vie, comme pour Norman Bowker qui, dix ans après son retour du Vietnam, s’est pendu. Voici un livre terrible, certes, mais indispensable et magistralement rendu par un écrivain qui y fait part de sa réalité. DM
OE, Kenzaburo Cote R OE
Arrachez les bourgeons, tirez sur les enfants Paris, Gallimard, 2012 (L’imaginaire ; 625). 233 p.
BUS CIT EVI JON MIN PAQ
Au Japon, pendant la deuxième Guerre mondiale, un groupe d’enfants d’une maison de correction et leur éducateur fuient les bombardements. Ils cherchent un village de montagne qui veuille bien d’eux. Mais ils ne rencontrent que des paysans hostiles qui pensent qu’un mauvais enfant doit être supprimé « dès le bourgeon ». Le narrateur a sous sa protection son jeune frère que leur père s’est empressé de placer pour s’en débarrasser en cette période de guerre. Les enfants trouvent enfin refuge dans un hameau en échange de travaux, soit enterrer des animaux victimes d’une mystérieuse épidémie. Pendant la nuit, un des enfants mourra. Son décès s’ajoute à celui de deux villageois. Paniqués, les habitants décident de partir pendant que les enfants prennent possession des maisons abandonnées. Un soldat déserteur, un jeune réfugié coréen et une petite fille pleurant sa mère morte vont se joindre aux jeunes garçons. Se mettent alors en place les règles de vie d’une petite société. Les ex-délinquants retrouvent leur insouciance d’enfants jusqu’au retour des villageois… RL OLIVIER, Jean-Michel Cote R OLIV
Après l’orgie Paris, Fallois Age d’homme, 2012. 233 p.
BUS CIT EVI JON MIN PAQ STA SER
Une satire très efficace de notre société d’abondance, d’artifice et de consumérisme triomphant. Le roman a la forme d’une confrontation entre un psychanalyste et une jeune fille, Ming Hanes, à la fois victime et actrice de ce monde à la dérive. Le récit de Ming est un cocktail de ses fêlures, de ses aspirations bafouées, de sa lucidité, de sa perversité et des presse-people. Fellini n’est pas loin. La décadence donc est au cœur du livre et l’auteur n’offre au lecteur aucune concession. Cette comédie aux couleurs sombres secoue quelque peu le lecteur car le trait qui a l’air forcé appartient bien à notre monde aux parfums aussi luxueux que dangereux. Un miroir aux alouettes où plus d’un ou d’une se brûlent les ailes. CD
OSORIO, Elsa La Capitana Cote R OSOR Paris, Métailié, 2012 (Bibliothèque hispano-américaine). 333 p. BUS CIT EVI JON MIN PAQ Titre original espagnol : La capitana. R6 OSOR
CIT JON MIN PAQ
L’auteure rend hommage à Mika de Etchebéhère, figure méconnue de la guerre civile espagnole où elle a commandé une brigade républicaine. Née en Argentine d’une famille juive qui avait fui les pogroms d’Europe de l’est, elle a depuis toujours le cœur à gauche. La rencontre avec Hipólito conforte son engagement. Ils vont ensemble en Patagonie, puis à Berlin. L’incendie du Reichstag en 1933 les fait revenir à Paris. Ils rejoignent ensuite en Espagne les communistes du POUM (Partido Obrero de Unificacíon Marxista). Hipólito se fait tuer au début des combats; Mika est choisie comme capitaine par les miliciens. Son intelligence des autres la fait respecter de tous, bien qu’elle soit femme et étrangère de surcroît. Ceci, ainsi que la lutte interne entre communistes staliniens et non-staliniens, explique peut-être qu’elle soit oubliée des livres d’histoire. L’auteure construit son roman autour des carnets qu’a laissés Mika et des témoignages de ses amis. Il n’est absolument pas chronologique, et reflète ainsi l’internationalité et la vie foisonnante de cette militante hors du commun, morte en France en 1992. FA OSORIO, Elsa Cote R OSOR
Luz ou le temps sauvage Paris, Métailié, 2012. 351 p.
CIT EVI JON MIN STA SER Titre original espagnol : A veinte anõs, Luz. R6 OSOR
EVI JON
Plusieurs ouvrages ont été publiés sur les enfants disparus pendant la dictature argentine dans les années 1976-1983, et sur la lutte des grand-mères de la Place de Mai. Nombre de ces enfants ont été adoptés par les familles de leurs bourreaux, mais ignorent tout de leur adoption. C’est le cas de Luz. Devenue mère, elle se met en quête de ses origines. Elle a perdu celui qu’elle pense être son père à l’âge de sept ans. Son « grand-père » a toujours tout dirigé, y compris le remariage de sa « mère ». La rencontre avec son époux l’amène à se poser des questions, car lui vient d’une famille d’opposants. Peu à peu, on découvre le cynisme des administrateurs de la dictature : les détenues politiques enceintes étaient ménagées jusqu’à l’accouchement. Puis on se débarrassait d’elles. Les papiers étaient falsifiés pour que l’enfant soit déclaré né d’autres parents. Difficile, dans ces conditions, de retrouver une quelconque trace. Heureusement pour nous, l’auteure a choisi la voie romanesque. Dans sa quête Luz n’est pas seule. Une putain au grand cœur en mal d’enfant ne l’a jamais oubliée… FA
OTSUKA, Julie Cote R OTSU
Certaines n’avaient jamais vu la mer Paris, Phébus, 2012 (Littérature étrangère). 142 p.
BUS CIT EVI JON MIN PAQ STA SER
Elles ont été mariées par procuration à des Japonais exilés aux États-Unis. Elles ne connaissent d’eux que leur nom et une photographie, imaginent avec peine leur vie là-bas, leur futur de Japonaises exilées pour fuir une condition déjà misérable. Ignorantes de leur destinée, elles racontent dans un long chant leurs espoirs d’une vie meilleure, la traversée du Pacifique, leur arrivée et la découverte du mari, souvent un homme fruste, souvent plus vieux qu’elles, leur vie de labeur, d’humiliation ou d’indifférence. Puis c’est la guerre et le chœur nostalgique des femmes raconte l’ostracisme, la xénophobie : elles et leur famille sont devenues l’ennemi, les traîtres de l’Amérique, elles et leur famille seront déportées dans des camps spéciaux en plein désert. Le chœur de ces vies sacrifiées est une longue plainte, un étonnant apologue pour ces femmes déracinées pour le pire. La condition humaine peut être un gâchis, elle est souvent une infamie. MCM
PACCALET, Yves Cote 304.2 PAC
L’humanité disparaîtra, bon débarras ! Paris, Arthaud, 200. 198 p.
CIT MIN PAQ STA SER
Écrivain, biologiste et philosophe, Yves Paccalet est en déprime. Après les échecs répétés de la conférence de Stockholm, du programme des Nations Unies pour l’environnement, de l’appel de Rio, du protocole de Kyoto, et et… Yves Paccalet n’y croit plus ! La planète entière, asservie à l’idéologie de la croissance, n’en peut plus, elle s’essouffle, et s’asphyxie. « L’humanité est comme une droguée – avide et déjantée, esclave des biens matériels, en souffrance de consommation… » Bref si vous voulez vous remontez le moral ce n’est peut-être pas le bon livre quoique parfois la balle rebondit mieux lorsqu’elle touche le fonds ! Un coup de gueule donc pour secouer la morosité ambiante. CD
PASTOR, Annie Cote 659.1 PAS
Les pubs que vous ne verrez plus jamais Paris, Desinge & Hugo, 2012. 158 p.
BUS CIT EVI JON MIN STA SER
Avant, on les appelait les « réclames ». Elles mettaient en scène la classe moyenne et elles véhiculaient l’idée d’une accession au bonheur par la consommation. Cette anthologie de publicités est découpée en une dizaine de chapitres dont les armes, la cigarette (« Soufflez-lui au visage et elle vous suivra n’importe où »), l’alcool (« Ne prenez jamais la route aussitôt après un repas sans un petit verre de Cointreau »), l’image de la femme (« Le matin de Noël elle sera plus heureuse avec un [aspirateur] Hoover »), le racisme… Même si certaines de ces images atteignent l’âge vénérable de 100 ans, la plupart n’ont pas plus de 70 ans, et celles qui datent des années 60 ou 70 ne sont pas les moins consternantes. Sociologiquement précieuses, elles sont le reflet d’une société où les sirops anti-tussifs pour enfants contenaient un cocktail de morphine, cannabis, codéine, héroïne…, où l’épanouissement de la femme se trouvait dans le bonheur de son homme et où le petit Noir rêvait de devenir blanc. Bref, pour certaines choses, c’était mieux avant. Pour d’autres pas. DM PERUTZ, Leo Cote R PERU
Le tour du cadran Paris, Bourgois, 2012 (Titre ; 155). 247 p.
CIT
Stanislas Demba est un jeune étudiant sans le sou à Vienne. Il vole trois livres à la bibliothèque pour les revendre, mais le dernier acheteur, méfiant, appelle la police. Demba est menotté mais parvient à s’enfuir. S’ensuit une longue errance à travers la ville en quête d’argent, d’aide et dans l’espoir de récupérer sa petite amie. Mais comment fonctionner lorsqu’on ne peut pas utiliser ses mains et que l’on doit sans cesse les cacher dans les plis de son manteau ? Stanislas va à de multiples reprises passer pour un drôle d’hurluberlu à cause des stratégies élaborées pour fonctionner sans ses mains. Entre neuf heures et vingt et une heures, son titre en allemand, on suit les aventures du pauvre Demba qui a l’art de s’engager dans des situations inextricables. Ce roman a un charmant côté suranné (il a paru pour la première fois en 1918) et il se lit d’une traite. DM
PublicitĂŠ Tobacco Duke of durham - le pouvoir de calmer les enfants...
Š Mat Hayward
L’affaire Vargas
PESSOA, Fernando Cote R PESS
Paris, Gallimard, 2012 (Folio ; 5484). 171 p.
CIT EVI
Pessoa aimait Conan Doyle et Edgar Allan Poe et parmi les milliers de pages manuscrites retrouvées après sa mort, il y avait quelques ébauches de polars. L’affaire Vargas est sa nouvelle policière la plus aboutie, même si de nombreux mots n’ont jamais pu être déchiffrés et que certains chapitres restent inachevés. Il va manquer aux inconditionnels du genre une intrigue forte et des rebondissements. Ici, tout réside dans le raisonnement intellectuel. Dans la première partie on nous décrit les faits : la mort d’un homme certainement liée à la disparition de plans de sous-marin. L’hypothèse du suicide est avancée jusqu’à l’apparition d’un certain Quaresma, un simple médecin retraité, qui va se présenter spontanément à la police pour apporter son aide. Il procède par déductions psychologiques. Pessoa l’appelle « le déchiffreur ». Il est intéressant de constater qu’en 1912 déjà, on nous propose un enquêteur à l’apparence insignifiante (comme son créateur, semble-t-il), un peu alcoolique, qui raisonne froidement, longuement, et qui finit par nommer le coupable. RL POLLEN, Bella Cote R POLL
L’été de l’ours Paris, Belfond, 2012 (Littérature étrangère). 403 p.
BUS CIT EVI JON MIN PAQ STA SER
En pleine guerre froide, un diplomate tombe du toit de l’ambassade anglaise à Bonn. A-t-il trahi son pays ? C’est ce que les services secrets laissent croire à sa veuve Letty. Désemparée, elle décide de retourner dans le seul endroit où elle se sent bien, une île des Hébrides au large de l’Écosse, emmenant avec elle ses trois enfants. La plus grande, Georgie, se conforme à son rôle d’aînée et tente d’oublier le voyage qu’elle a effectué avec son père à Berlin Est. Alba, la cadette, a la haine contre le monde entier et persécute facilement James, le petit dernier de la famille. James n’a jamais été comme les autres. A 9 ans, il ne sait pas lire, mais est persuadé que son père s’est perdu et qu’il va revenir. Le jour de la disparition de son père, un cirque avec un ours venait d’arriver à Bonn. Or il se trouve qu’un grizzly a échappé à son dresseur et rôde dans l’île… Il est rare de tomber sur un roman à suspense qui mette du baume au cœur, alors précipitez-vous sur celui-ci. FA
POPESCU, Marius Daniel Cote R POPE
La symphonie du loup Paris, Corti, 2007. 399 p.
CIT EVI JON
Attention, ce récit vous plonge dans un état quasi hypnotique et ce grâce au procédé d’écriture, à des phrases toupies qui s’étirent pour exploser en de multiples échos. L’attention portée à d’infimes détails nous plonge dans un univers d’auteur foisonnant, dans un désir de vérité, une quête presque hors des mots à force de mots. Un rythme narratif puissant, ample s’empare du lecteur ou de la lectrice pour l’emmener dans la vérité de l’auteur. Ce roman qui a du souffle est autobiographique, vous marchez de la Roumanie, où l’auteur est né, à Lausanne où il vit entouré de sa famille. Ici il ne s’agit pas de lecture mais d’immersion, de plongée en apnée dans un monde à découvrir et à écouter. CD
RHEIMS, Nathalie Cote R RHEI
Laisse les cendres s’envoler Paris, Scheer, 2012. 254 p.
BUS CIT EVI JON MIN PAQ STA SER
Dans ce roman au titre magnifique, Nathalie Rheims parle de sa mère, de sa relation avec elle ou plutôt de la non-relation qu’elles ont entretenue. Alors qu’elle a 13 ans, sa mère l’abandonne en quittant abruptement le domicile familial, pour aller vivre avec un artiste sculpteur conceptuel. Portrait sans concession, elle parle de son père, Maurice Rheims, quasiment toujours absent, mais aussi des autres membres de cette famille au nom célèbre pour qui le silence et la distance sont les seules réponses. Tout au long de ce livre poignant, dominé par une écriture épurée, sobre et sans emphase, elle va chercher à comprendre pourquoi sa mère est partie, pourquoi elle ne l’a presque plus vue, comment les liens filiaux se sont distendus à tel point qu’ils se sont rompus. « J’ai perdu ma mère. Elle a disparu il y a plus de dix ans. Mais, lorsque j’y pense, je ne ressens aucun chagrin, pas la moindre émotion. Tout reste plat comme une mer gelée… ». Avec ce récit violent, à la froideur parfois clinique, Nathalie Rheims signe un livre très personnel et intime. PB
ROTH, Philip Cote R ROTH
Némésis Paris, Gallimard, 2012 (Du monde entier). 225 p.
BUS CIT EVI JON MIN PAQ STA SER Titre original anglais : Nemesis. R2 ROTH
BUS CIT EVI JON MIN PAQ SER
Pendant la deuxième guerre mondiale, à Newark dans le New Jersey, une terrible épidémie de polio sévit, tuant les enfants les uns après les autres ou les laissant sévèrement handicapés. Heureusement, des personnes de bonne volonté restent bien droits à la barre. Parmi eux Bucky Cantor, un jeune maître de sport, directeur pendant cet été fatal d’un terrain de jeux. Il maintient le moral des garçons, réconforte les parents, jusqu’au jour où l’amour de sa vie, Marcia, le supplie de la rejoindre pour le reste de l’été. Lui qui se culpabilisait déjà énormément de ne pas avoir rejoint l’armée en raison d’une très mauvaise vue, va s’en vouloir encore plus d’abandonner les enfants de son quartier. Voici un roman grave qui clôt l’œuvre du grand Philipp Roth. FB
SÀ MOREIRA, Régis de Cote R SAMO
La vie Vauvert, Au diable vauvert, 2012. 119 p.
CIT EVI
La vie, tout un programme ! Un roman construit en cascade qui nous promène dans les pensées des personnes qui se croisent, se frôlent, parfois se parlent. Qui enfant, n’a pas imaginé ce jeux de deviner ce que pense telle ou telle personne ? La vie tisse sa toile où chacun, chacune est relié par un fil ténu, souvent invisible. On rebondit ainsi d’une pensée à l’autre et tout s’enchaîne naturellement, cet homme qui regarde tel autre lequel pense à quelqu’une d’autre. On passe ainsi du mari, à la psy, au chien, aux voisins… une symphonie totalement aléatoire. Les pensées se bousculent donc du coq à l’âne à partir d’une rencontre, d’une allusion, d’un nom. Un livre délicieux plein de poésie et de tendresse. Il me fait penser à l’univers de Satie. CD
SARAMAGO. José Cote R SARA
Relevé de terre Paris, Seuil, 2012. 360 p.
BUS CIT EVI JON MIN PAQ STA SER Titre original portugais : Levantado do Chão. R69 SARA
JON
Publié pour la première fois en 1980, ce roman extraordinaire suit la vie de trois générations de paysans dans la province de l’Alentejo tout au long du vingtième siècle. La famille Mau-Tempo (Mauvais-Temps) va traverser la monarchie, la dictature de Salazar, en passant par la guerre des Colonies jusqu’à la Révolution des Oeillets. Les Mau-Tempo vivent dans une pauvreté absolue. Sans terre, ils doivent se louer comme serfs pour travailler pour les Latifundia. Maltraités, souvent affamés, ils errent dans les grandes plaines arides pour subsister. Cette famille d’ouvriers agricoles vit une vie précaire, confrontée aux durs éléments climatiques, une terre pauvre et surtout au pouvoir sans partage des grandes familles de propriétaires et d’une Église sans pitié aucune. Peu à peu, ces damnés de la Terre mèneront des combats violemment réprimés pour gagner quelques escudos, fomenteront des grèves qui finiront dans le sang. Torturés dans les geôles du despote, ces illettrés se rassemblent pourtant et unissent leurs voix. Cette chronique vivante est servie par le style incomparable de José Saramago : de longues phrases sans presque de ponctuation, des digressions, les commentaires ironiques du narrateur et les adresses au lecteur font de ce texte un bonheur de lecture. Un très grand roman. MCM SCHIRACH, Ferdinand von Crimes Cote R SCHI Paris, Gallimard, 2011 (Du monde entier). 215 p. CIT PAQ Titre original allemand : Verbrechen. R3 SCHI
CIT
CIT MIN
C’est dans son quotidien que Ferdinand von Schirach a puisé son inspiration pour écrire ces onze nouvelles. Avocat au barreau de Berlin depuis une vingtaine d’années, il a défendu ou eu connaissance d’innombrables affaires qu’il décrit ici ou qui l’ont inspiré. Même si la mort est au bout du chemin, on lit ces récits avec un certain sentiment de compassion, comme l’a sans doute voulu l’auteur, qui décrit les faits avec impartialité et la distance nécessaire à l’exercice de sa fonction. Compassion ou, du moins, compréhension pour ce bon docteur qui a fini par tuer sa femme à coups de hache. Pour ce jeune homme qui a trucidé un client de son amoureuse qui s’adonnait à la prostitution. Pour ce jeune schizophrène poussé par une force irrésistible à égorger des moutons. Dans bien des cas, c’est un concours de circonstances qui a amené au crime et pas forcément la nature monstrueuse de son auteur. Ce livre se lit d’une seule traite, que l’on soit amateur de polar ou pas. DM
SENDER, Ramón Jose Cote R SEND
Requiem pour un paysan espagnol Arles, Actes sud, 1990 (Babel ; 25). 109 p.
CIT EVI PAQ Titre original espagnol : Réquiem por un campesino español. R6 SEND
CIT EVI SER
Dans un petit village espagnol, Mosén Millán a organisé une messe de requiem pour Paco du Moulin, mort il y a un an. Le prêtre attend, l’enfant de chœur aussi. Pour tromper l’ennui, il chante la romance de Paco « Dans les monts, ils le cherchaient, mais ils ne l’ont point trouvé… ». Mosén se souvient de Paco, du choc qu’a eu l’enfant en découvrant que des gens pouvaient mourir dans une grotte, sans feu ni lumière. Les heures passent, personne ne vient, à part le cheval de Paco et les deux « ducs » du village, ceux qui possèdent les terres, et que Paco, devenu maire, a défiés. Le prêtre se rappelle aussi quand la peur a changé de camp, l’assassinat des paysans, la fuite de Paco et ce que lui, l’homme de Dieu a fait à Paco. En quelques pages, et sans la nommer, Ramón Sender a écrit le drame de la guerre civile espagnole. Un classique à (re) découvrir. FA
SHEPARD, Sam Cote R SHEP
Chroniques des jours enfuis Paris, 13e note, 2012 (Récits). 349 p.
BUS CIT EVI
Au long des autoroutes américaines, l’auteur conte et décompte par petites touches des instantanés de la vie dans le grand Far West. L’auteur, Sam Shepard, c’est le grand acteur à la belle gueule et homme de théâtre. Des morceaux de vie, des racontars, des dialogues surprenants, des poèmes, des histoires qui se rejoignent au cours du récit, ce livre inclassable est porté par une très belle langue, des propos riches, une imagination débordante ou une lucide exploration des mœurs des hommes si seuls, si grands, si petits. MCM
STASSART, Gilles Cote R STAS
Tribulations plastiques Aries, Rouergue, 2012. 117 p.
EVI
A travers la vie de Kwiny, un canard en plastique « made in China », c’est la société avec toutes ses dérives que l’auteur analyse. Quand on fait connaissance avec le canard, on comprend que c’est une contrefaçon… mais sous couvert américain. Son transport en Occident dans un cargo est l’occasion de dénoncer un trafic de femmes en fuite qui payent très cher leur voyage. Jouet naufragé, il se retrouve dans le ventre d’un cachalot attaqué par des baleiniers. Je ne vous raconterai pas comment il devient le sex-toy de la fille du président, ni pourquoi, après une collision entre le vélo d’un enfant africain et une moto du « Paris-Drakkar », il est vendu à un prix exorbitant dans une vente aux enchères d’objets d’art primitif contemporain. Après cette heure de gloire, il finira sur une plage, souillé par un dégazage sauvage. Lisez ce petit roman qui dénonce avec beaucoup d’humour la mondialisation, le colonialisme actuel, les délocalisations, le sexe, le marché de l’art, le luxe et j’en passe. RL
SUHNER, Laurence Vestiges (Quantika ; 1) Cote R SUHN Nantes, Atalante, 2012 (La dentelle du cygne). 575 p. PAQ
Une colonie humaine s’est installée sur la planète Gemma et plusieurs bases extraient des richesses minières des entrailles de cette planète glaciaire, alors que d’autres abritent des scientifiques qui mènent des expériences de tout ordre. Or, des relevés révèlent des ruines cachées sous l’épaisse couche de glace, probablement révélatrices d’une civilisation extra-terrestre bien plus ancienne, qui pourrait être la même que celle qui a mis en orbite autour de Gemma un mystérieux vaisseau dans lequel personne n’a jamais réussi à pénétrer. Une expédition est donc montée pour percer la glace et aller explorer ces ruines, mais cette découverte va exciter l’intérêt de plusieurs personnes qui ne poursuivent pas que des buts scientifiques. Roman suisse romand, le premier volume de Quantika promet une belle trilogie de science-fiction pour les amateurs du genre. FG
Navette : Š Paul Moore ; Photomontage : bpoeta.net
Š C.Bluesman
Une autre époque
SULZER, Claude Alain Cote R SULZ
Paris, Chambon, 2011. 265 p.
BUS CIT EVI JON MIN PAQ STA SER Titre original allemand : Zur falschen Zeit. R3 SULZ
BUS CIT EVI JON MIN PAQ STA
Le narrateur est un jeune homme de 16 ans qui vit avec sa mère et le compagnon de celle-ci. Depuis toujours, il a, dans sa chambre, une photo de son père qui s’est suicidé avant sa naissance. Un jour, il est comme attiré par cette photographie, par le visage de son père, son regard, la lumière qui l’irradie et il scrute l’image à la recherche d’un détail ou d’un indice qui expliqueraient son geste irrémédiable. Il remarque alors, au poignet du disparu, une montre qui attire son attention et, en sortant la photo de son cadre, le nom du photographe – André – et son adresse à Paris. En questionnant sa mère, peu loquace sur le passé, le narrateur apprendra que le photographe était le meilleur ami de son père et que sa mère lui avait offert cette montre après son décès. Décidé à mieux comprendre l’histoire de son géniteur et à percer ce qui l’a poussé à se donner la mort, il fuguera à Paris. En alternant les voix du père et du fils qui ne l’a pas connu, Alain Claude Sulzer signe un livre poignant sur la quête de soi, la différence, la violence de la société et la réhabilitation de la mémoire d’un être aimé. PB TAYLOR, Glenn La ballade de Gueule-Tranchée Cote R TAYL Paris, Points, 2012 (Points ; 2843). 351 p. CIT EVI JON
La « bouche des tranchées » était une forme grave de gingivite fréquente chez les soldats bloqués trop longtemps dans les tranchées. Des dents noires, une l’haleine fétide, un handicap avec lequel Early Taggart devra grandir. Jeté dans une rivière par sa mère à moitié folle, un père absent, il n’aurait pas dû vivre si une femme en mal d’enfants ne l’avait pas sauvé. Rejeté par ses camarades, il apprend à se débrouiller seul. Il aime creuser des trous, grimper partout et excelle dans l’art de viser. Très vite sa mère adoptive lui offre un fusil pour chasser le gibier avec elle. C’est tout naturellement qu’il sera un jour amené à tuer pour défendre les mineurs révoltés et ses valeurs. Il doit fuir et se cacher. Commencent alors ses années de fuite, de vie dans la nature. Il tentera une reconversion (brève mais réussie) dans le journalisme en changeant d’identité et d’apparence. Mais ses dents seront toujours un problème. A part la nature, seul un harmonica « hérité » de son père lui apportera des moments d’apaisement. RL
TERZANI, Tiziano Cote 070.9 TER
Le grand voyage de la vie Paris, Points, 2010 (Points ; 2376). 536 p.
CIT EVI
Imaginez un jardin. Deux hommes assis sous la fraîcheur des ramures d’un arbre ; sous leurs pieds, l’herbe douce et rêche à la fois. Deux hommes assis face à face. Un vieil homme et son fils. Complices, aimants, parfois émus. Des mots entre eux, des mots pour dire la vie. Des mots pour dire, dévoiler, comprendre les sens d’une vie. L’homme âgé conte ses souvenirs de grand journaliste, celle d’un passionné de la Chine, envoyé spécial du Spiegel. Ce sont les derniers jours du père : un cancer dévore ses entrailles. Il faut lire la vie de Tiziano Terzani, qui entre deux spasmes de douleur, offre ses derniers mots à Folco, son fils, et à nous, ses contemporains. La grande classe. MCM
Les dangers de la télé pour les bébés
TISSERON, Serge
Toulouse, Erès, 2009 (1001 BB. Du côté des parents ;
Cote 302.23 TIS
99). 134 p.
CIT JON
Nous avons tous remarqué combien les petits enfants sont obnubilés par l’écran de télévision. Mais que se passe-t-il donc dans leurs petites têtes ? Et ces heures passées devant le dieu TV ne sont-t-elles pas nocives ? Serge Tisseron, psychiatre et psychanalyste, répond par l’affirmative : la télévision, comme tous les autres écrans, n’apporte rien à l’enfant de moins de 3 ans, au contraire : à cet âge, il ne peut se développer qu’en interaction avec d’autres humains et par le jeu. Selon certaines études, la télévision ralentirait même le développement du langage. Dans un texte clair, le spécialiste remet les choses à leur juste place, sans toutefois tomber dans une diabolisation des écrans. Pour tout parent, éducateur ou personne intéressée, ce petit livre sera d’une grande aide. Il fait partie de la collection 1001 BB consacrée aux tout-petits. FB
TROOST, J. Maarten La vie sexuelle des cannibales Cote 919.6 TRO Paris, Hoëbeke, 2012 (Étonnants voyageurs). 339 p. CIT JON STA
Si vous rêvez de vivre sur une île perdue au milieu du Pacifique, avec une eau turquoise merveilleusement tempérée et des couchers de soleil romantiques sur les cocotiers, lisez ce livre ! Maarten Troost a passé deux ans à Tarawa, capitale des îles Kiribati, avec, comme nous tous, des idées préconçues plein la tête. Or, la réalité, c’est ceci : une chaleur constante d’environ 38° C, de l’électricité deux heures par jour quand tout va bien, une densité de population défiant toute imagination, pas de déchetterie, une mer infestée de requins. La nourriture ? Du poisson trois fois par jour et des boîtes de conserve périmées. Un approvisionnement en eau qui dépend des pluies (la dernière averse datant d’il y a plus ou moins douze mois), pas de café, pas de librairie, de bibliothèque ou de vendeur de CD. Autant dire que quand la flotte d’Air Nauru qui ravitaille hebdomadairement l’archipel envoie par erreur les caisses de bière destinées à Kiribati sur une autre île, la majorité de la population a envie de se pendre. Raconté par Troost, qui a indéniablement le sens du récit, tout ça est à mourir de rire, pour nous qui vivons avec un maximum de confort. Ou comment apprécier vraiment ce qui nous semble être acquis ! DM URECH, Marie-Jeanne Cote R URE
Le train de sucre Vevey, L’Aire, 2012. 127 p.
JON SER
Ce petit livre délicieux parle de trois amis qui se retrouvent chaque jour sur la terrasse d’un café, dans une ville qui certes n’est pas nommée, mais comme les hommes boivent du thé très sucré à même le trottoir, portent des bonnets malgré la chaleur, on devine aisément que nous sommes en Orient, en Égypte peut-être ou ailleurs et peu importe, finalement. Ces trois hommes ont mis leurs économies dans une cargaison de sucre qui doit parcourir 10 000 km en train alors que le cours du produit oscille dangereusement. Chaque jour pour tromper leur angoisse, ils se racontent une histoire. Ce texte fonctionne comme des récits enchâssés, des poupées russes avec des histoires proches du conte et riches en enseignement. En contrepoint au voyage du sucre, celui immobile des trois compères qui nous entraîne dans leur imaginaire. CD
WILLIS, Connie Cote R WILL
Blitz : 1. Black-out Paris, Bragelonne, 2012 (Bragelonne SF). 665 p.
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En 2060, les historiens doivent, pour valider leur diplôme, effectuer un voyage dans le temps. Nos héros ont choisi l’Angleterre de 1940. Ils doivent vivre l’histoire, mais ne peuvent intervenir dans le passé. Or rien ne se passe comme prévu. A cause d’une épidémie de rougeole, Merope doit rester avec les enfants évacués. Michael aide malgré lui des soldats anglais à quitter Dunkerque et se retrouve à l’hôpital. Polly subit des bombardements alors qu’ils n’étaient pas prévus à la même date. Ils se retrouvent tous pris au piège. En dépit de l’idée peu originale pour qui a déjà lu de la même Connie Willis Le grand livre, la description de Londres et des Londoniens pendant le Blitz est menée de main de maître. A conseiller à tous les amateurs de romans historiques, bien plus qu’aux accros de SF. FA
WOMERSLEY, Chris Les affligés Cote R WOME Paris, Albin Michel, 2012 (Les grandes traductions). 319 p. BUS CIT EVI
Quinn Walker a dû fuir son village après qu’il ait été découvert, le couteau dans la main, auprès du cadavre ensanglanté de sa jeune sœur de 12 ans. Il avait seize ans et, après avoir traîné ses bottes dans d’autres parties de l’Australie, il s’est engagé dans l’armée. 1919, le voici de retour sur les terres de sa famille. Son frère aîné est parti vivre en Nouvelles-Galles du Sud, et sa mère est en train de mourir de la grippe espagnole. Dès que son père a quitté la maison, il file à son chevet. Non, il n’est pas l’assassin de Sarah, il a tout vu, mais la réalité est trop horrible pour qu’il la dévoile ! En attendant il a été recueilli par la jeune Sadie dont la mère vient de mourir. Dans une cabane de fortune loin de tout, elle tente d’échapper au shérif qui veut la placer en orphelinat en attendant que son frère Thomas rentre à son tour de la guerre. Dans le chaos provoqué par l’épidémie de grippe, ce duo improbable vole pour manger, se cache et lutte pour sa survie. Et surtout, Quinn veut faire savoir la vérité sur la mort de sa sœur bien-aimée. DM
BANDES DESSINÉES
La cote des BD étant variable d’un site à l’autre, nous ne l’avons pas mentionnée. Vous pouvez vous renseigner auprès de votre bibliothèque.
ADAM. Peggy
La Gröcha Genève, Atrabile, 2012 (Bile blanche)
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Au fil des albums, Peggy Adam poursuit une œuvre qui explore l’intime, la famille et la condition féminine en variant les approches de manière radicale. C’est ici au travers d’une histoire teintée de science-fiction qu’elle aborde ces thématiques auxquelles elle ajoute un regard critique sur son pays d’adoption. La Gröcha nous présente une Suisse d‘un proche futur, victime d’une épidémie qu’un gouvernement autoritaire tente de contenir à force de contrôles et de laissez-passer. L’argument SF se limite à cela pour mieux plonger dans le drame d’un couple dont la fille a disparu dans des circonstances obscures. Le magnifique lavis noir utilisé pour le dessin va nous conduire des tourments d’une société sur le déclin à celui d’êtres en quête d’une impossible rédemption. FD
CHABOUTE, Christophe
Un peu de bois et d’acier Grenoble, Vents d’ouest, 2012
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Avec Un peu de bois et d’acier, Christophe Chabouté réussit une prouesse pour plusieurs raisons. Tout d’abord en choisissant comme personnage principal un banc public, mais aussi en réalisant un album sans texte qui tient le lecteur en haleine d’un bout à l’autre. Au fil des pages, du récit et des saisons, nous découvrons les personnes qui déambulent dans ce parc public et qui utilisent ce banc : un couple de personnes âgées qui viennent déguster des gâteaux, des jeunes qui l’utilisent comme terrain de skateboard, des musiciens, un clochard qui en fait son lit, pour le plus grand énervement d’un policier, ou un homme qui semble attendre quelqu’un, son amoureuse ? Ce récit, qui peut sembler simpliste durant les premières pages, s’avère poétique et touchant, tout en finesse et en douceur. Une belle réflexion sur la vie et le temps qui passe. PB
La gröcha - Adam, Peggy © Les éditions Atrabile, 2012
Š Futuropolis, 2012
COSTE, Xavier
Egon Schiele : vivre et mourir Bruxelles, Casterman, 2012
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Dans cette bande dessinée, on suit le parcours tumultueux du grand peintre autrichien Schiele. Né à Vienne en 1890, le jeune homme manifeste très tôt des talents d’artiste. Son ascension vers la notoriété sera néanmoins jalonnée d’embûches, l’opinion publique tolérant mal le caractère érotique de ses toiles, très audacieuses pour l’époque. Sa vie amoureuse détonne elle aussi, le peintre n’étant pas, loin s’en faut, un modèle de sagesse ! Approcher un peintre par le biais d’une BD, voilà qui est original et très plaisant. FB
DENIS, Jean-Claude
Zone blanche Paris, Futuropolis, 2012
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Dans les premières pages, un couple retrouve Serge Guérin, au pied d’un arbre dans une forêt. L’ensemble du récit permettra de mieux connaître cet homme et de comprendre les circonstances qui ont causé sa mort. Cinquantenaire, vivant seul à Paris, Serge Guérin était un homme ordinaire si ce n’est qu’il était électro-sensible, c’est-à-dire qu’il avait des troubles de la concentration et de la mémoire qui lui causaient des migraines et des insomnies. Cherchant à tout prix à retrouver repos et sérénité, il s’était fait escroquer par un homme qui lui avait promis la zone blanche, à savoir un lieu vierge de toute onde et donc d’effets néfastes pour sa santé. Un soir, son destin bascula. Une panne d’électricité plongea son quartier dans l’obscurité, pour son plus grand plaisir. Ne pouvant rentrer chez lui, à cause de la panne de son digicode, il se réfugia dans un hôtel et fit la connaissance d’une femme, Claire, avec laquelle il passera un bien étrange pacte. A partir d’une histoire banale, Jean-Claude Denis signe une intrigue hitchcockienne, avec une pointe de satire sociale et technologique. PB
DUBA, Pierre
Un portrait de moitié Claire Saint-Jean de Védas, 6 pieds sous terre, 2012
STA SER
Ce livre est inspiré par un comte de Philippe Morin, Moitié Claire, qui évoque symboliquement le développement de la sexualité d’une jeune femme. Claire a environ 35 ans, elle vit seule à la campagne, ses compagnons étant partis les uns après les autres, et elle ressent ce manque affectif comme une douleur. En chapitres distincts, sans lien temporel ou chronologique, Pierre Duba dresse le portrait de cette femme, de sa complexité, de son identité intérieure et secrète, de ses désirs. Au fur et à mesure apparaissent ses souvenirs et ses doutes : son enfance heureuse, les paroles maladroites de sa mère, l’éveil à la sexualité, la souffrance de se sentir différente, la sensation d’abandon. Peu à peu, le lecteur entre dans ses rêves, dans son imaginaire, dans ses désirs. Il y a la Claire adulte et la Claire enfant, innocente et remplie de rêves érotiques. Avec des dessins magnifiques, entre photographies et peinture, Pierre Duba capte avec justesse les errements de cette femme à la dérive. PB
DUCOUDRAY, Aurélien ; VACCARO, Eddy
Championzé Paris, Futuropolis, 2010
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Cette bande dessinée retrace la vie mouvementée et le destin tragique de Louis Fall, qui sera surnommé par la suite Battling Siki. Né en 1897 à Saint-Louis, dans cette ville coloniale française du nord du Sénégal, il quitte très vite l’Afrique, grâce à une riche danseuse qui lui propose de lui faire découvrir le monde, l’emmenant jusqu’à Marseille. Ne pouvant l’accompagner en Allemagne par faute de visa, il vivra de petits boulots jusqu’à sa rencontre, à 15 ans, avec un entraîneur de boxe. Il deviendra champion de France, puis d’Europe et enfin du monde en 1922. Critiqué par les puristes à cause de sa technique particulière, sa vie sera surtout l’histoire des injures racistes insoutenables dont il sera la cible. Avec des dessins crayonnés en noir et blanc de toute beauté, Siki, qui est étrangement tombé dans l’oubli des palmarès de boxe, retrouve sa juste place. Un dossier en fin de volume prolonge la légende. PB
Un portrait de moitiÊ Claire - Duba, Pierre Š 6 pieds sous terre, 2012
La conversion - GNEHM, Matthias © Les éditions Atrabile, 2012
DUFRANNE, Michel
Triangle rose Toulon, Quadrants, 2011 (Astrolabe)
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Un adolescent doit réaliser un travail sur la seconde guerre mondiale et décide pour ce faire d’interviewer son arrière-grand-père qu’il connaît peu. Petit à petit, il découvre son histoire. Au début des années 30, Andreas habitait à Berlin. Ce jeune homosexuel menait une brillante carrière en tant que dessinateur de publicité. Lui et ses amis se souciaient peu de la politique, leur vie était faite de rire et de bons moments. Seulement voilà, en 1933 la NSDAP, parti d’Adolf Hitler, sort victorieux des élections. Le parti qui prône « les valeurs familiales » commence à traquer les homosexuels dans tout le pays s’appuyant sur le paragraphe 175 de la loi allemande qui condamnait l’homosexualité masculine. De jour en jour, la vie d’Andreas va basculer. AM
GNEHM, Matthias
La conversion Genève, Atrabile, 2011 (Flegme)
CIT EVI MIN STA
Le narrateur de cette bande dessinée, Kurt Koller, revient dans le village de son enfance afin d’écrire un article sur l’urbanisation. Durant le trajet en train, il se remémore l’histoire de sa jeunesse. Adolescent, introverti et timide, il tomba amoureux de Patrizia, une jeune fille de son âge qu’il n’osait aborder. Pour l’approcher, il décida de rejoindre un groupe biblique qui se réunissait plusieurs fois par semaine. Derrière la convivialité de ce groupe se cachait le pasteur Obrist, un personnage charismatique et persuasif. Le jeune homme cède aux discours dogmatiques du pasteur, se convertit, malgré l’incompréhension de sa famille pour cet excès de religiosité. En plaçant l’histoire dans une petite ville de Suisse allemande à l’architecture austère, comme si celle-ci était propice à des dogmes religieux sectaires, Mathias Gnehm restitue avec beaucoup de justesse les questionnements adolescents sur l’amour et la religion. Les dessins crayonnés en noir et blanc conviennent parfaitement aux propos. PB
MONTGERMONT, Fanny
Clair-obscur dans la vallée de la lune Paris, Dupuis, 2012 (Aire libre)
CIT JON PAQ STA
Joan Johansson, une jeune Américaine, arrive au Chili, seule, pour un voyage touristique. Elle est accompagnée sur place par José Suarez, un guide taciturne qui semble cacher un secret qui le ronge et l’empêche de vivre pleinement. Au fil des pages et de leurs pérégrinations dans le nord du pays, où s’étend le désert le plus aride du monde, dans la région de l’Atacama, le passé de José va resurgir et son secret sera peu à peu dévoilé. Le voyage touristique devient initiatique, tous deux étant à un moment charnière de leur vie. Ces quelques jours ensemble, entourés de paysages à couper le souffle, vont changer leur manière d’appréhender les choses et le futur. En alternant des images du passé et du présent, cette bande dessinée oscille entre des souvenirs tragiques et une insouciance salvatrice. PB
MOON, Fabio ; BA, Gabriel
Daytripper = Au jour le jour Paris, Vertigo, 2012 (Vertigo deluxe)
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Y a-t-il un temps pour vivre et un temps pour mourir ? Et si oui, à quel âge ? Brás est chargé de la tâche ingrate d’écrire les nécrologies dans un journal. Son père est un célèbre écrivain. Sa mère l’appelle « Petit miracle » car, lorsqu’elle a accouché, São Paulo était dans le noir ; elle a chanté, le bébé a crié et la lumière est revenue ! Brás, la nuit, rêve à sa vie réelle ou imaginaire. En dix chapitres, à des âges différents qui ne suivent pas l’ordre du temps, il raconte la rencontre avec son ami Jorge, celle avec sa femme, la naissance de son fils, le jour où il est devenu écrivain. Chaque chapitre se termine par sa propre mort réelle ou imaginaire. Cette superbe BD onirique, œuvre de jumeaux brésiliens a reçu aux Utopiales 2012 de Nantes le prix de la meilleure bande dessinée. FA
Clair-obscur dans la vallÊe de la lune par Alcante Montgermont Š Dupuis, 2013
Le fils de l’ours père - PRESL, Nicolas © The Hoochie Coochie, 2011
PRESL, Nicolas
Le fils de l’ours père Paris, Hoochie Coochie, 2011
STA SER
Cette bande dessinée, écrite avant les trois tomes publiés chez Atrabile (Priape, Divine colonie et Fabrica), est une œuvre totalement achevée et le premier jalon de l’écriture si caractéristique de l’auteur. Un chasseur croise en pleine forêt un ourson, mais est obligé de tuer sa mère qui surgit, furieuse. Le chasseur et sa femme recueillent le jeune animal orphelin et s’occupent de lui comme s’il était leur propre enfant. En marge du monde, il grandit, devient savant, ce qui pousse le chasseur à se transformer en montreur. Ils font fortune jusqu’au jour où, piqué par le bâton d’une jeune fille, l’animal se retourne pour se défendre et lui arrache une oreille. On ampute une patte de l’animal et le chasseur est emprisonné. A sa sortie de prison, quelques mois plus tard, le chasseur découvre sa femme enceinte, d’un amour à la fois incestueux et zoophilique. En noir et blanc, avec des dessins déjà parfaitement maîtrisés, Nicolas Presl explore la relation père/fils, le symbolique, le mythique et la tragédie classique. PB
PRESTON, Caroline
Le journal de Frankie Pratt Paris, Nil. 2012
CIT EVI JON PAQ STA
Attention vous tenez entre les mains le premier scrapbook littéraire ! En 1920, Frankie Pratt, jeune femme d’à peine 18 ans, quitte sa mère pour aller étudier à l’Université de Vassar fréquentée par des jeunes filles de la bonne société. Frankie est d’origine modeste mais reçoit une bourse pour Vassar. Son rêve : devenir journaliste. Avant son départ sa mère lui offre un journal intime. Frankie va consigner dedans tous les événements de sa vie sous forme de textes manuscrits et dactylographiés, cartes postales, photographies, tickets, morceaux de tissus, publicités, etc. Ce journal, véritable roman d’apprentissage, nous plonge dans une époque où les jeunes filles, bien qu’universitaires, étaient avant tout destinées au mariage. Mais Frankie ne l’entend pas de cette oreille, même si comme toutes les jeunes filles de son âge elle rêve à l’amour. Ce récit drôle et touchant fait voyager le lecteur dans le temps grâce à son incroyable iconographie, patiemment collectée par Caroline Preston. Un régal pour tous les amateurs de vintage ! CLR
RIFF REB’S
Le loup des mers Toulon, Soleil, 2012 (Noctambule)
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Comme tous les week-ends, Humphrey Van der Weyden traverse la baie de San Francisco en ferry pour rejoindre son ami avec qui il parle littérature et philosophie. Mais durant ce voyage dans un épais brouillard, son bateau sombre à la suite d’une collision avec une autre embarcation. Van der Weyden se réveille sur une goélette à destination du Japon pour la chasse aux phoques… Dans le monde bien élevé de Van der Weyden, ça se passe comme ça : on n’a qu’à demander et le capitaine du bateau vous ramène à bon port. Sauf que ce capitaine-ci est Loup Larsen, qu’il est violent et autoritaire et qu’il a bien l’intention d’utiliser le gentleman comme main d’œuvre. Les soirées sont dédiées à des joutes oratoires dans lesquelles l’intellectuel n’est pas toujours celui qu’on croit… Une très bonne BD adaptée librement du roman de Jack London, dont le dessin et les couleurs rendent à merveille l’atmosphère tendue et houleuse de la situation. DM
SCHUITEN, François
La douce Bruxelles, Casterman, 2012
BUS CIT EVI JON MIN PAQ STA SER
Léon Van Bel, machiniste-mécanicien, est proche de la retraite et ne vit que pour la locomotive à vapeur qu’il conduit, la 12.004, qu’il surnomme tendrement La Douce. Mais les jours de cette locomotive sont comptés, à cause des inondations de plus en plus fréquentes qui recouvrent ce pays imaginaire et elle sera remplacée par un téléphérique, symbole de modernité. Pour tenter de retrouver cette somptueuse locomotive de plus de vingt mètres avant qu’elle ne soit dépecée par des ferrailleurs, Léon embarque clandestinement à bord du téléphérique, en compagnie d’une jeune femme mutique qu’il a rencontrée dans des circonstances tragiques. La Douce est le trait d’union entre deux mondes, la vapeur et l’électricité, le rail et le monde aérien, mais aussi l’archaïsme et la modernité. Les dessins en noir et blanc, épurés, dépeignent avec justesse ce monde finissant. En fin de volume, un dossier apporte quelques informations complémentaires sur cette locomotive de légende. PB
Le loup des mers - RIFF REB’S © MC PRODUCTIONS, 2012
Juarez - SERGEEF, Nathalie ; ROUGE, Corentin © GLENAT Éditions, 2012
Juarez
SERGEEF, Nathalie
Grenoble, Glénat, 2012
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Cinq cadavres de femmes sont découverts dans le désert de Ciudad Juarez au Mexique. Rien d’extraordinaire pour les policiers dépêchés sur les lieux, ce ne sont que cinq corps de plus qui s’ajoutent à la liste de centaines de femmes assassinées ou disparues. Le lendemain arrive un dénommé Gaël à Ciudad Juarez. Gaël est un homme mystérieux qui n’aime pas parler de son passé et que personne ne connaît. Il est venu mener l’enquête sur la disparition de sa sœur dont la photographie est affichée aux murs à côté de celles de nombreuses autres. Il est prêt à tout pour la retrouver. Cette bande dessinée est basée sur des faits réels. Depuis 1933, des centaines de femmes ont été assassinées, dans cette ville séparée par le Rio Grande de sa voisine américaine El Paso,. Les autorités corrompues ne sont pas d’une grande aide aux familles des victimes qui tentent de découvrir la vérité dans une ville gangrenée par le trafic de drogue et la violence quotidienne. AM
VANISTENDAEL, Judith
David, les femmes et la mort Bruxelles, Lombard, 2012
CIT MIN STA SER
David, la soixantaine, vit à Berlin avec sa seconde femme Paula et leur fille Tamar, âgée de neuf ans. Il apprend qu’il est atteint d’un cancer du larynx au moment même où il devient grand-père : sa fille Miriam issue de son premier mariage accouche d’une petite Louise. Son médecin traitant, un ami de longue date se veut rassurant : il va s’en sortir. Le récit de la maladie de David est structuré de manière très personnelle dans des chapitres pleins de douceur et de poésie. Malgré la tristesse qu’évoque la thématique, cette bande dessinée est remplie d’humour et de tendresse. Les dessins en aquarelle décrivent avec une grande justesse l’expression des sentiments des différents protagonistes. SKH
INFOS UTILES
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CES RÉSUMÉS VOUS SONT PROPOSÉS PAR : Anabel Matute • Caroline Langendorf Richard • Catherine Demolis • Dominique Monnot • Florent Dufaux • François Gerber • Françoise Aellen • Françoise Bonvin • Joëlle Muster • Marie-Claude Martin • Philippe Bonvin • Roane Leschot • Simone König Hauenstein DISPONIBILITÉ DES DOCUMENTS : Existe en gros caractères Existe en livre lu en français •
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COORDINATION CORRECTIONS GRAPHISME & ILLUSTRATIONS IMPRESSION www.ville-ge.ch/bmu/
Dominique Monnot Dominique Monnot & Philippe Bonvin Bruno Fernandes / bpoeta.net Centrale Municipale d’Achat et d’Impression Ville de Genève
“ Il en est des livres comme du feu dans le foyer. On va le prendre chez le voisin, on l’allume chez soi, on le communique à d’autres et il appartient à tous. ” Voltaire