janvier — juin 2023 numéro 4
Comment attribuer un prix littéraire à huit ans
L'égalité de genre passe à la caisse
La poésie sauvera-t-elle le monde ?
www.ville-ge.ch
nota Genève, ville de culture
Au sommaire !
FILMARcito, un continent de cinéma à hauteur d’enfants
Les Concerts du dimanche au Victoria Hall, au-delà de la musique classique
Le Théâtre de Carouge, des personnages qui sont nous
16
En
jeu 24 À fond les
La rentrée littéraire dans la tête d’une bibliothécaire Espaces
62 Trop pratique
Nota est le magazine des Bibliothèques municipales de la Ville de Genève. Il paraît trois fois par an à la mi-janvier, la mi-juin et la mi-août.
Rue de la Tour-de-Boël 10 Case postale 3930
1211 Genève 3 webbmu@ville-ge.ch
Directrice de la publication
Véronique Pürro, directrice des Bibliothèques municipales
Rédaction, iconographie Nic Ulmi Conception graphique Atelier Delcourt
N° 4 janvier — juin 2023
Comité éditorial : Florent Dufaux (responsable des ressources technologiques et numériques), Laura Györik Costas (responsable de la médiation culturelle), Jean-Pierre Kazemi (chargé de communication, responsable de la publication), Véronique Pürro (directrice des Bibliothèques municipales), Nic Ulmi (rédacteur responsable Nota)
Police de caractère Alex Dujet
Impression Imprimerie du Moléson Tirage 2'500 exemplaires
ISSN 2813-3668
Gratuit
Lisa Frisco — p. 2 : Sofía Caponnetto et Eliana Fernández — p. 4 : plotcomstudio — p. 5 : Pierre Montavon — pp. 6-7 : Carole Parodi — pp. 8-11 : Olga Fabrizio — pp. 12-15 : Lisa Frisco — p. 16 (escalier) : David Wagnières — pp. 16-27 : Lisa Frisco — p. 30 : Amin Ben Driss — p. 32 : Georges Seguin (Okki) / Wikimedia Commons (haut), Éditions Zoé / Romain Guélat (bas) — p. 33 : DR — p. 35 : Maurice Haas — p. 37 : Lisa Frisco — pp. 46-49 : Lisa Frisco — pp. 50-53 : Mundaneum — p. 53 (haut) Erol Ahmed / Unsplash — p. 54 : Dave Pattern / Flickr (haut), Lisa Frisco (bas) — pp. 62-63 : Frank Mentha — 4e de couverture : Unsplash
Crédits images — Couverture :
Connexions
Onze aventures culturelles dominicales
2
L’égalité de genre passe à la caisse
Un jury d’enfants couronne un roman
Le Théâtre des Marionnettes de Genève, un antre de sortilèges intergénérationnels 8
12
Le dimanche à tous les étages
Comment les partenariats agrandissent la culture
20
Interview croisée avec Sami Kanaan et Véronique Pürro manettes
En rayon
30 La poésie entre en ébullition
36
mieux brasser les générations
46 La Jonction se réaménage pour
En coulisses
50 L’histoire secrète du rangement des bibliothèques
Et pour finir
56 Agenda hiver-printemps
2023
Et plus, sur catalogue-bm.geneve.ch/nota
Édito Le pari
d'une bibliothèque sans amendes
Passée presque inaperçue, car en vigueur depuis le début du COVID dans le cadre des mesures de protection sanitaire, la suppression définitive des amendes pour retard décidée à l'automne 2022 par le Conseil administratif de la Ville de Genève est pourtant une évolution importante pour les Bibliothèques municipales (BM). Elle marque en effet un changement de paradigme.
Lorsque l'on emprunte un document (livre, périodique, CD, DVD, jeu vidéo) dans une bibliothèque, la seule « contrainte » est de le rendre dans les temps et en état d'être à nouveau emprunté. L'amende était jusqu'alors le moyen de rappeler cette nécessité à celles et ceux qui n'avaient pas respecté le délai d'emprunt. La suppression de cette pénalité ne nous priverait-elle donc pas d'un levier important pour le retour des documents ?
Comme d'autres bibliothèques, nous avons fait le pari que les personnes qui nous fréquentent ont pleinement conscience que nos documents constituent un bien collectif et qu'ils doivent pouvoir circuler pour pouvoir à nouveau être pris par d'autres.
Les BM comptent plus de 30'000 usager-e-s qui empruntent régulièrement des documents (jusqu'à 30 par personne). Or, pour de nombreuses personnes, en particulier les familles qui ont parfois plusieurs dizaines d'emprunts en cours, les amendes cumulées dues aux petits retards représentaient un montant conséquent et par là même un véritable frein pour revenir en bibliothèque. En mettant fin au système des pénalités de retard nous avons ainsi supprimé une barrière non négligeable pour la très grande majorité des retardataires occasionnel-le-s qui retournent leurs emprunts dès réception des premiers rappels.
Seule une infime minorité reste sourde aux rappels reçus et attend la réception de la facture des livres non rendus pour retrouver le chemin de l'une de nos bibliothèques. Avec la suppression des amendes, ces quelques grand-e-s retardataires, qui auront reçu pas moins de 4 rappels et cumulé 6 semaines de retard, ne pourront désormais plus rendre les documents une fois la facture émise. Le résultat attendu est de rappeler que nos documents constituent un bien collectif et que les retards conséquents engendrent non seulement un travail administratif important et inutile, mais privent les autres usager-e-s de documents souvent attendus avec impatience.
Rendre les documents empruntés est le principe de base sur lequel s'appuient les bibliothèques de lecture publique pour offrir des collections riches, variées et renouvelées. Alors que tous nos services sont gratuits, nous sommes ravi-e-s d'avoir pu lever la barrière des amendes et de permettre ainsi un accès facilité à toutes et tous.
Véronique Pürro, directrice des Bibliothèques municipales
On change de rythme, on garde le tempo
Le début de l’année civile donnait jusqu’ici le coup d’envoi de la programmation culturelle des Bibliothèques municipales, orchestrée autour d’un thème choisi par les médiateurs-trices et les bibliothécaires qui portent cette programmation, en résonance avec l’actualité.
Cette année marque un changement de rythme. Notre programmation culturelle thématique suivra désormais la cadence de l’année scolaire, démarrant en septembre 2023 pour se prolonger jusqu’en juillet 2024. On parlera dès lors d’une saison culturelle thématique et non plus d’une année thématique. Ceci a l’avantage d’être en adéquation avec le calendrier des écoles, mais aussi avec l’agenda des autres institutions culturelles genevoises. Nos expositions autour du thème pourront également durer de la mi-septembre à fin juin, pour une belle visibilité sur 9 mois et une fréquentation encore plus importante de la part des écoles.
Pour s’ajuster à ce nouveau rythme, notre programmation thématique commence donc l’année 2023 par une ellipse de quelques mois. Dès le 2ème semestre, elle reprendra sa vitesse de croisière pour des variations autour d’un même thème sur deux années civiles, suivant le rythme des écolier-e-s et des étudiant-e-s.
En attendant de vous dévoiler le nouveau thème pour la saison 2023-2024, ce premier semestre se compose des partitions suivantes :
— la programmation des dimanches, avec une large place donnée à différents partenaires culturels qui sont présentés dans ce numéro de Nota ;
— celle des semaines thématiques : Semaine de l’égalité, Semaine contre le racisme et Semaine livres, petite enfance et familles ;
— les actions de médiation culturelle récurrentes proposées par les bibliothécaires ;
— la programmation régulière du 4e étage de la bibliothèque de la Cité, avec un atelier autour du numérique tous les mercredis et un samedi par mois.
La partition en elle-même n’est pas très compliquée : on change de rythme, on garde le tempo…
Laura Györik Costas, responsable de la médiation culturelle
1 Édito
Telle un corps céleste dans une galaxie d’entités culturelles, la bibliothèque de la Cité s’associe à deux théâtres, à une salle de concerts classiques et à un festival de cinéma pour convertir le repos dominical en aventure
nota n°4 janvier – juin 2023 2 Connexions
t Image du court métrage Abril de Sofía Caponnetto et Eliana Fernández (Uruguay, 2021), inclus dans le programme « Place à l'art » de FILMARcito
FILMARcito, un continent de cinéma à hauteur d'enfants
Qu'est-ce que c'est ?
FILMARcito (avec son suffixe « -cito » qui signifie « petit » en espagnol) est le volet jeune public du festival FILMAR en América Latina. Lancé à Genève en 1999, consacré au cinéma et aux cultures d'Amérique Latine, le festival propose « des œuvres ancrées dans les réalités sociales et politiques du continent ». Il « met en lumière les minorités, dont les cultures autochtones, indigènes et afro-descendantes ainsi que les communautés LGBTIQ+ » et se donne pour mission de refléter « la richesse, la diversité et les mémoires du continent latino-américain ». De la musique, des conférences, des tables rondes et des propositions gastronomiques complètent le programme.
Qu'est-ce qu'il vient faire aux Bibliothèques municipales ?
À la bibliothèque de la Cité, FILMARcito présente une sélection de films d'animation déjà proposés dans le cadre du festival, regroupés autour de fils conducteurs thématiques et accompagnés d'ateliers. « L'idée, c'est d'ouvrir le domaine du cinéma et de le mettre en relation avec d'autres langages, en faisant notamment un lien entre le monde des images en mouvement et celui des livres d'une bibliothèque. Les ateliers ont pour but de mettre les publics en mouvement, de faire en sorte qu'on ne soit pas seulement spectateurs et spectatrices », annonce Rossella Mezzina, responsable de la programmation et de la médiation culturelle pour le jeune public du festival.
Dimanche 12 février 2023, le rendez-vous « Les quatre saisons » propose le long métrage argentin El gigante egoísta (2020) de Norman Ruiz et Liliana Romero, basé sur le conte du même titre de l'écrivain anglais Oscar Wilde (1888). « C'est l'histoire d'un
géant qui n'aime pas jouer avec les enfants et qui veut changer l'ordre des saisons. Aujourd'hui, elle fait évidemment écho au dérèglement climatique que nous vivons. » La projection est suivie par un atelier mené par l'art-thérapeute Jackie Beaver, « portant sur les émotions qui sont liées aux quatre saisons et au temps qui passe, avec des techniques de collage et de dessin » .
Dimanche 26 mars, le rendez-vous « Le monde et ses couleurs » compte un partenaire de plus, l'association Noircir, promotrice entre autres du projet « Noircir Wikipédia », qui vise à « combler le manque de références, d'articles et d'informations sur l'Afrique et sa diaspora, sa culture et ses personnalités notables » dans l'encyclopédie en ligne. Le programme rassemble des courts métrages qui explorent notamment l'afrodescendance, très importante dans le continent latino-américain. Les descendant-e-s d'esclaves noir-e-s représentent en effet près de la moitié de la population du Brésil, entre un quart et un tiers de celle de la Colombie et environ 15% de celle de l'ensemble du continent. Le rendez-vous, qui a lieu pendant la Semaine contre le racisme en Ville de Genève, se prolonge en un atelier avec l'artiste afro-cubaine Pau Mar, qui propose la fabrication de tampons à imprimer en matériaux recyclés « tous différents, comme un reflet de notre diversité » .
Dimanche 2 avril, « Place à l'art » se demande enfin si l'art peut sauver le monde et/ou nous faire du bien. La projection de courts métrages est suivie par un atelier avec la céramiste Julie Gindre, qui propose aux enfants de façonner des paysages et des décors inspirés — ou pas — des films projetés.
Onze aventures culturelles dominicales
3 Connexions
Les Concerts du dimanche au Victoria Hall, au-delà de la musique classique
Qu'est-ce que c'est ?
Les Concerts du dimanche au Victoria Hall forment une petite saison de 8 rendez-vous répartis entre septembre et avril et traduisent « la volonté de diversifier par des propositions audacieuses et variées les publics de la musique classique », signale Ève-Anouk Jebejian, conseillère culturelle au Service culturel de la Ville de Genève et programmatrice de ces rendez-vous. Les concerts sont proposés à un « prix très doux » et à un horaire (17h) propice à la sortie en famille.
Qu'est-ce qu'ils viennent faire aux Bibliothèques municipales ?
« Il peut y avoir des obstacles psychologiques, des craintes ou des complexes quand il s'agit de franchir la porte du Victoria Hall. C'est une salle très chargée au niveau de son architecture et de sa scénographie, avec ses dorures et tous les clichés du classique », explique la programmatrice. Qu'est-ce qui freine, au juste, le public potentiel ? « On peut avoir l'impression qu'il faut être habillé-e d'une certaine façon, qu'il faut connaître à l'avance ce qu'on va écouter, qu'il faut maîtriser des codes : des fois il faut applaudir, des fois il ne le faut pas, c'est compliqué… Aujourd'hui, ces représentations sont largement fausses, et nous tenons à ce qu'elles le deviennent de
plus en plus. En venant à la bibliothèque de la Cité avec des “amuse-bouche” de nos Concerts du dimanche, nous disons : vous êtes les bienvenu-e-s, on a envie de vous voir au Victoria Hall, venez prolonger le plaisir, c'est juste à côté. »
Dimanche 29 janvier, le Victoria Hall présente une collaboration entre l'ensemble genevois Contrechamps, spécialisé dans le répertoire du 20e et 21e siècle et la création spécialisé dans le répertoire du 20e et 21e siècle et la création d'œuvres contemporaines, et ses concitoyennes du trio punk Massicot. On plonge là « dans des sons auxquels on ne s'attend peutêtre pas dans ce lieu, un peu plus transgressifs et expérimentaux, un peu “citron pour les oreilles”, si je puis dire, mais qui peuvent se révéler super jouissifs si on arrive à sortir pendant un moment de la musique tonale à laquelle nous sommes habitué-e-s », promet Ève-Anouk Jebejian. Avant ce concert, la bibliothèque de la Cité propose un atelier intergénérationnel où il s'agit de « Dessiner en résonance avec la musique ». « Est-ce qu'on créera le même dessin au son d'une musique punk expérimentale et d'une œuvre lyrique de l'époque romantique ? », interroge Béatrice Laplante, la médiatrice culturelle de l'ensemble Contrechamps (et hautboïste) qui anime cet atelier.
Dimanche 19 février, les comédiens Bastien Blanchard et Antoine Courvoisier livrent, dans un spectacle appelé Le Promptu, des imitations d'acteurs, actrices, chanteurs et chanteuses célèbres, dans un style à mi-chemin entre le cabaret et la télé années 80… Exceptionnellement, cette proposition des Concerts du dimanche n'est pas suivie d'un rendez-vous au Victoria Hall, en raison d'un changement de dates. Ça arrive.
Dans un tout autre registre, l'organiste titulaire de l'orgue du Victoria Hall, Diego Innocenzi, apporte, dimanche 5 mars, des tuyaux et d'autres bouts de son instrument à la bibliothèque pour présenter « L'orgue dans tous ses états ». « Quand on pense à l'orgue, on a souvent des associations d'idées religieuses ou mortuaires, on voit un engin impressionnant qui fait un peu peur… Mais Diego est très bon pour mettre de la jeunesse, de la vie, du fun dans cet instrument », assure Ève-Anouk Jebejian. Le public de la bibliothèque est invité à suivre l'organiste au Victoria Hall, où l'Orchestre de Chambre de Genève le rejoint sur des musiques de Joseph Haydn et Francis Poulenc.
4 Inspiration nota n°4 janvier – juin 2023
i Diego Innocenzi et l'orgue du Victoria Hall
Le Théâtre de Carouge, des personnages qui sont nous
Qu'est-ce que c'est ?
La spécificité du Théâtre de Carouge réside dans la priorité donnée au théâtre dit « de répertoire », qui va, en gros, du 17e siècle de Molière au 20e de Samuel Beckett. « Nous jouons des textes classiques, nous défendons viscéralement leur contemporanéité et nous voulons montrer que non seulement les personnages qui les habitent sont parmi nous, mais que ces personnages, c'est nous, parce qu'ils sont tellement humains. À l'opposé de l'idée selon laquelle les pièces du répertoire classique seraient poussiéreuses, nous pensons que les mots, la langue, le vocabulaire très riches d'un auteur comme Marivaux sont nécessaires pour penser, réfléchir, bâtir ensemble un monde meilleur. C'est pour cette raison que lorsqu'une classe d'élèves sort d'un spectacle en récitant des alexandrins, pour nous c'est le bonheur », note Camille Girard, chargée des partenariats scolaires et culturels.
Qu'est-ce qu'il vient faire aux Bibliothèques municipales ?
« Nous sommes avant tout un théâtre de création. Il nous arrive d'accueillir des troupes en tournée, mais le plus souvent nous fabriquons nos spectacles d'A à Z. Nous pouvons donc raconter l'histoire incroyable, et la plupart du temps méconnue, de comment on crée une pièce, par où on passe, à travers quelles errances… Dans la période que nous vivons, morose, violente, bourrée d'anxiétés, le spectacle vivant est un événement qui rassemble, qui fait battre les cœurs à l'unisson, qui crée une véritable communion entre les personnes qui y participent, le public, les comédien-ne-s, les technicien-ne-s. De tels moments où on peut vivre ensemble, il n'y en a pas tant que ça : ils sont fédéra-
teurs, formateurs, nécessaires. Notre but est donc de partager avec le plus grand nombre nos spectacles, mais aussi l'histoire merveilleuse de leur fabrication. »
Dimanche 22 janvier, le premier rendez-vous fait exception : ce n'est pas un making of, mais un atelier d'écriture plongeant dans l'univers du « théâtre de l'absurde ». L'auteure théâtrale Valérie Poirier invite les participant-e-s à écrire une scène en empruntant une situation aux pièces de Samuel Beckett, dont le Théâtre de Carouge monte alors En attendant Godot (1952) : l'histoire d'une journée qui se répète en boucle au milieu de nulle part, en attendant quelqu'un qui changerait tout mais qui n'est jamais là…
Les autres dimanches de ce partenariat, la bibliothèque accueille les metteurs et metteuses en scène de trois spectacles joués au théâtre. Le 5 février, Robert Sandoz vient raconter comment il a transformé en spectacle théâtral le film La règle du jeu de Jean Renoir (1939), une pelote d'intrigues sentimentales sur fond de chasse, d'aviation et de « bourgeoisie prisonnière de ses propres règles, au point de s'y perdre », note le programme. Le 19 mars, Jean Liermier vient présenter sa mise en scène d'On ne badine pas avec l'amour d'Alfred de Musset (1834), drame classique où l'amour se sabote entre les ressentiments et les évitements. Et le 23 avril, Anne Schwaller vient raconter comment elle a monté Une maison de poupée d'Henrik Ibsen (1879), où une femme tente de dépasser la situation d'infériorité ordinaire dans laquelle elle est maintenue par son mari et de devenir une personne à part entière.
5 Connexions
t L'équipe de la pièce La règle du jeu au Théâtre de Carouge (photo: Pierre Montavon)
Le Théâtre des Marionnettes de Genève, un antre de sortilèges intergénérationnels
Qu'est-ce que c'est ?
Le TMG est « l'un des rares théâtres européens exclusivement dédié à la création marionnettique ». Fondé en 1929 sous l'impulsion de la marionnettiste Marcelle Moynier, il propose ses spectacles à des publics allant de 2 ans à l'âge adulte, ce qui en fait « l'un des plus intergénérationnel des théâtres » .
Qu'est-ce qu'il vient faire aux Bibliothèques municipales ?
« Nous adorons partager avec le public les coulisses de nos créations et la fabrique d'un spectacle : ce qui se passe dans la tête des artistes, comment on manipule une marionnette, comment on construit la scénographie… Le fait d'être dans une bibliothèque nous permet aussi d'évoquer les inspirations littéraires qui sont souvent présentes dans les spectacles et la manière dont on adapte un texte en passant de l'écrit à la scène », explique Isabelle Matter, directrice du TMG. Ce partenariat dominical prolonge un lien avec les BM qui dure depuis plusieurs années. Un souvenir marquant à ce propos ?
« Le moment où j'ai vu l'équipe du spectacle Les petits cochons 3, le retour, de Claude Inga Barbey, revenir d'une “Rencontre coulisses” en bibliothèque avec une horde de spectateurs et spectatrices qui les avaient suivies jusqu'au théâtre pour voir la représentation de 17h. »
Retrouvez, dans le catalogue des BM (catalogue-bm.geneve.ch) :
« Le géant égoïste » et autres contes d’Oscar Wilde
Les disques de l’ensemble Contrechamps
L’album Kratt (Bongo Joe, 2020) du groupe Massicot
Les disques de Diego Innocenzi
Les livres de Valérie Poirier
En attendant Godot de Samuel Beckett
Le film La règle du jeu de Jean Renoir
… et les DVD de deux mises en scène de Jean Liermier :
On ne badine pas avec l’amour d’Alfred de Musset
Une maison de poupée d’Henrik Ibsen
Dimanche 26 février, la « Rencontre coulisses » tourne autour du spectacle Sur les dents, d'Olivier Périat. « L'histoire raconte l'amitié problématique entre un loup qui a perdu ses dents et une petite fille qui fait office de Chaperon Rouge. Le duo peut vivre ce lien parce que le loup est devenu inoffensif, mais à partir du moment où il retrouve ses dents, est-ce que leur amitié reste possible ? Le spectacle se demande, avec de la distance et de l'humour, quelle est notre vraie nature et jusqu'où on peut dépasser ses préjugés. Il a été écrit en pui sant dans plusieurs contes et rend hommage à ces récits parfois très mystérieux, qui sont formateurs dans la vie des enfants et ras sembleurs pour tout le monde, parce qu'on y trouve toujours plein d'éléments communs qu'on peut reconnaître. »
nota n°4 janvier – juin 2023 6 Connexions
Les rendez-vous
Atelier Di 22.1/13h30
En attendant Godot
Atelier d’écriture avec Valérie Poirier
→ BM Cité / Salle conférence 2e étage
○ Adultes, dès 15 ans Durée : env. 2h30
△ Sur inscription : bmgeneve.agenda.ch
Atelier Di 29.1/14h et 14h45
Dessiner en résonance avec la musique Avec l’Ensemble Contrechamps
→ BM Cité / Le Multi
○ Tout public dès 6 ans Durée : env. 30 min.
△ Sur inscription : bmgeneve.agenda.ch
Projection / atelier Di 5.2/14h
La Règle du jeu : un film culte devient théâtre
Rencontre avec Robert Sandoz
→ BM Cité / Le Multi
○ Tout public dès 14 ans Durée : env. 1h30
△ Sur inscription : bmgeneve.agenda.ch
Projection / atelier Di 12.2/14h
FILMARcito
Les quatre saisons
→ BM Cité / Le Multi
○ Jeune public 6-8 ans Durée : env. 2h
△ Sur inscription : bmgeneve.agenda.ch
Spectacle Di 19.2/14h
Le Promptu
Cabaret avec Bastien Blanchard et Antoine Courvoisier
→ BM Cité / Le Multi
○ Tout public dès 12 ans Durée : env. 1h
△ Sur inscription : bmgeneve.agenda.ch
Rencontre Di 26.2/14h30
« Rencontre coulisses » autour de Sur les dents
Avec Olivier Périat et le TMG
→ BM Cité / Le Tronc commun (2e étage)
○ Jeune public dès 5 ans Durée : env. 1h
△ Sur inscription : bmgeneve.agenda.ch
Conférence Di 5.3/14h
L’orgue dans tous ses états
Avec Diego Innocenzi
→ BM Cité / Le Multi
○ Tout public
Durée : env. 1h
△ Sur inscription : bmgeneve.agenda.ch
Rencontre Di 19.3/14h
Comment mettre en scène On ne badine pas avec l’amour
Rencontre avec Jean Liermier
→ BM Cité / Le Multi
○ Adultes, dès 14 ans
Durée : env. 1h30
△ Sur inscription : bmgeneve.agenda.ch
Projection / atelier Di 26.3/14h
FILMARcito
Le monde et ses couleurs
→ BM Cité / Le Multi
○ Jeune public 6-12 ans
Durée : env. 2h
△ Sur inscription : bmgeneve.agenda.ch
Projection / atelier Di 2.4/14h
FILMARcito
Place à l’art
→ BM Cité / Le Multi
○ Jeune public 4-8 ans
Durée : env. 2h
△ Sur inscription : bmgeneve.agenda.ch
Rencontre Di 23.4/14h
Comment mettre en scène
Une maison de poupée
Avec Anne Schwaller
→ BM Cité / Le Multi
○ Adultes
Durée : env. 1h30
△ Sur inscription : bmgeneve.agenda.ch
7 Connexions
o Dans les coulisses du spectacle Sur les dents au Théâtre des Marionnettes de Genève (photo : Carole Parodi)
KOYAMA, KEN RAGNAGNA ET MOI
2021, BD
Margot est atteinte du syndrome d'Ehlers Danlos. Elle parle dans ses vidéos de son handicap et de son quotidien afin de nous ouvrir à la différence. Féministe et défenseuse des droits LGBTIQ+, elle aborde également ces autres thématiques sur un ton résolument militant et avec une vision intersectionnelle.
LE PODCAST, NOUVEL ELDORADO FÉMINISTE ?
Arte radio, 2017 Sur YouTube
L'égalité de genre passe à la caisse
PRAZ, ANNE-FRANÇOISE ; BURGNARD, SYLVIE (ÉD)
GENRE ET BIEN-ÊTRE : QUESTIONNER
LES INÉGALITÉS
Seismo, 2011
Le podcast est à la mode. Il est léger, facile à réaliser, souvent mené sur un ton personnel. Il semble aussi être un espace de liberté médiatique pour les femmes et les questions féministes. Plusieurs podcasteuses (Charlotte Bienaimé, Lauren Bastide, Victoire Tuaillon, Géraldine Sarratia, Marty & Adama et Mélanie Wanga) débattent du sujet et parlent de leurs pratiques.
Ponction de sang, coup de poing dans les entrailles, chloroforme : quand Ragnagna débarque, elle ne fait dans la dentelle. Ragnagna a toujours fait partie de personnes menstruées et, contre toute attente, pourrait bien être leur meilleure alliée car, malgré tout, comprend mieux que personne. Mais vous, la connaissez-vous vraiment ? Elle partage un bon bout de existence, alors autant apprendre à l'apprivoiser !
Une femme peut-elle être cheffe d’orchestre ? La BD est-elle un univers masculin ? Le féminisme est-il uniforme à travers le monde ? Comment les enjeux de pouvoir sur les corps des femmes se manifestent-ils à travers l’habillement ou le déshabillement ? Le numérique redéfinit-il le genre ? Les femmes élues sontelles prises au sérieux dans leur fonction politique ? Comment prévenir le sexisme et le harcèlement dans l’espace public ? Pourquoi les menstruations sont-elles considérées comme « sales » ? Et au fait, comment se fait-il que les inégalités salariales entre les genres perdurent de nos jours ?
TINCELIN, ADEL ON N’A QUE DEUX VIES : JOURNAL D’UN TRANSBOY
L., FRED ESTHER A LES PIEDS SUR TERRE
Cet ouvrage propose une approche originale, conjuguant les apports de l’économie du bien-être et des études genre pour analyser l’impact des rapports sociaux de sexe sur l’accès au bien-être. Il questionne les indicateurs de mesure des inégalités et s’intéresse aux mécanismes qui expliquent leur persistance, dans les domaines les plus divers : l’argent au sein du couple, la santé des personnes âgées, les mobilités urbaines, l’expérience de la parentalité, le marché du travail.
SAGNIÈRES, CLAIRE UN GAI MARIAGE LESBIEN
UNE FILLE QUI DÉCOIFFE
hauts, 2011
Cambourakis, 2019
L’auteur relate son parcours de transition, transformations liées à son identité de genre, aux mots, au monde, à la sexualité et à la parentalité. évoque le déconditionnement et la désidentification qu’il a traversées.
Autour d’elles, 2014
Émilie a de quoi se faire des cheveux : sa tignasse est envahissante qu'elle lui joue bien des tours. Lasse d'être cantonnée au rôle de femme-sandwich pour les perruquiers perruquières, elle décide de partir en voyage ; mais la vie plus simple pour elle en Afrique où on la prend divinité. C'est à son retour qu'elle rencontre créateur de mode, que sa chevelure inspire.
Depuis 2015, le service Agenda 21—Ville durable, chargé de la politique de la Ville en matière d’égalité, et les Bibliothèques municipales explorent ensemble ces questions dans le cadre de la Semaine de l’égalité. À la fois sérieuse et ludique, mêlant réflexion, approches artistiques et recherche de solutions, la manifestation est orchestrée autour du 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, et se focalise chaque édition sur une facette de la problématique.
SOLDANI, FRANÇOISE
Talents hauts, 2012
Esther débarque à Paris où ses pieds démesurés rendent les déplacements en métro périlleux et lui interdisent les escarpins. Ingénieuse, elle lance une collection de chaussures dont tout Paris raffole.
LACOMBE, BENJAMIN LONGS CHEVEUX
Talents hauts, 2006
Depuis les années 1970 jusqu’en 2013, entre la France et la Suisse, deux jeunes femmes lesbiennes s’aiment et désirent avoir un enfant sans père. Mais comment faire, 30 ans avant la loi du mariage pour tous et toutes en France ? Elles vont être confrontées aux problèmes de nationalité et de droit sur l’insémination des lesbiennes.
« En 2021, le questionnement sur la liberté des femmes dans l’espace urbain faisait écho au programme culturel des bibliothèques sur le thème de la rue et au plan d’action municipal “Objectif zéro sexisme dans ma ville”. L’année dernière, la thématique des injonctions enserrant les corps des femmes était en résonance avec les actions menées par la Ville autour de la précarité menstruelle et des tabous rattachés aux règles. Cette année, le focus sur les inégalités économiques est lié aux débats autour de l’AVS et au lancement au niveau national de la Stratégie Égalité 2030, qui pose l’autonomie financière des femmes comme une priorités », signale Stéphanie Monay, chargée de mission dans le domaine de l’égalité femmes-hommes et des questions LGBTIQ+ au sein du service Agenda 21–Ville durable.
C'est l'histoire de Loris, un petit garçon aux cheveux longs que l'on prend souvent pour une fille. Pourtant les héros aux cheveux longs ne manquent pas : Tarzan, les Indiens d'Amérique, Louis XIV... et surtout, le père de Loris, guitariste de flamenco.
LAG, CHRISS PAROLE DE KING !
2BST Films, 2015, DVD
LA VOIX DES FEMMES : OLYMPE DE GOUGES, HUBERTINE AUCLERT, MARGUERITE DURAND, MADELEINE
PELLETIER - LA CITOYENNETÉ
POLITIQUE DES FEMMES EN FRANCE, TEXTES FONDATEURS
Si les drag queens occupent le devant de la scène des cabarets, peu de gens connaissent les drag kings qui se servent des codes de la masculinité pour jouer avec ceux de la féminité. Parole de King part à la rencontre de 22 drag kings sur scène, en coulisse, dans des ateliers, et nous fait découvrir ces personnages extraordinaires et attachants venus de toute la France.
durable
Monsieur le Président
depuis toujours
Le Bateau ivre, 2017 À l’heure où les enjeux sur la parité font encore débat, l’autrice éclaire, textes fondateurs à l’appui, ce que fut le suffragisme féminin, à l’époque où les femmes, considérées comme mineures, étaient exclues du droit de vote. Pour illustrer son propos, elle retient quatre figures de femmes dont trois sont contemporaines du courant suffragiste radical qui s’est développé sous la Troisième République et rassemble plusieurs textes pionniers dans la lutte pour l’accès des Françaises à leurs droits civiques.
VALENTI, CATHERINE LES FEMMES QUI S’ENGAGENT
SONT DANGEREUSES
Gründ, 2017
Une histoire de l’engagement au féminin à travers le portrait de 27 femmes emblématiques, de Marie Curie, première femme à recevoir le Prix Nobel de physique en 1903, à Inna Shevchenko, jeune militante ukrainienne,
Madame le Président depuis 1971
Orchestrée par le service Agenda 21—
Ville
et les BM avec une constellation de partenaires, la Semaine de l’égalité explore cette année les inégalités économiques, entre nos existences intimes et notre vie en société
59 HAUT LES CORPS, À BAS LES TABOUS ! 38 AUX URNES, CITOYENNES ! AUX URNES, CITOYENNES
70 AUX URNES, CITOYENNES ! AUX URNES,
VIVRE AVEC Sur YouTube
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LES CORPS, À BAS LES TABOUS !
HAUT LES CORPS, À BAS LES TABOUS !
FRED ÉMILIE,
a a a a nota n°4 janvier – juin 2023 8 Connexions
a pied à pied, coûte que coûte.
assignée garçon à la importante pour Camille. camarades d'école qui n'acgenre, elle espère se elle devient rapidement d'énergie. Mais secret...
CAMILLE
L'INTIME
menstruations et esthétiques, sexualité réclamer pour tous ces forment le cœur du projet dynamique de libération diktats sociaux pour apaisée, gratifiante et
transition, les genre, le rapport parentalité. Il désidentification
leur place dans les sphères publique et privée, la société contemporaine. Et comment lutter contre les stéréotypes.
Actes Sud-Papiers, 2019 Dans cette pièce de théâtre, cinq femmes parlent du corps des femmes : malaises, culpabilités, préjugés. Les Filles de Simone saisissent l’anatomie féminine, objet des canons de beauté, des hontes : corps malmené par luimême et par le corps social, médiatique ou politique.
notre rapport au corps et à la sexualité, tout en revenant sur les personnalités et évènements de la pop culture, leur influence et leur capacité à fédérer et à bouleverser une époque. Décryptage d’un féminisme pop nuancé.
GOTMAN, ANNE PAS D’ENFANT : LA VOLONTÉ DE NE PAS ENGENDRER
Du Monopoly féministe à la dénonciation de la taxe rose
Maison des sciences de l’Homme, 2017 Anne Gotman s'appuie sur une série d'entretiens pour déterminer les raisons, les motivations et les interprétations sociologiques, démographiques et féministes de la volonté de ne pas enfanter.
MURPHY, JULIE
MISS DUMPLIN
Michel Lafon, 2016
L’édition 2023 se penche sur les manières dont les inégalités économiques frappent le monde du travail, mais touchent aussi au plus intime dans les relations de couple, un sujet creusé jeudi 2 mars lors d’une conférence de l’essayiste française Titiou Lecoq, auteure de Libérées ! Le combat féministe se gagne devant le panier de linge sale (2017) et de Le Couple et l’Argent (2022). La Semaine plonge aussi, à travers une exposition imaginée par la Bibliothèque Filigrane, dans l’histoire étonnante et méconnue du Mouvement du salaire au travail ménager, actif à Genève dans les années 1970, dont les traces sont conservées par les Archives contestataires
Willowdeen ne s'est jamais préoccupée de son corps. Elle est ronde, et alors ? Pas besoin d'être slim pour s'assumer. Jusqu'au jour où elle rencontre Bo. Mais au lieu de se sentir pousser des ailes, Will commence à douter. Un seul moyen de retrouver confiance en elle : s'inscrire au concours de beauté local. Entraînant dans son sillage tout un groupe de candidates faites pour tout sauf défiler, Will va montrer au monde, et surtout à ellemême, qu'elle aussi a sa place sous les projecteurs.
NIKKI, LUNA
J'AIME MON CORPS
Bayard Jeunesse, 2021
Un album pour apprendre aux enfants que leur appartient, avec des mots simples et forts confiance aux plus jeunes, et les armer contre maltraitances.
NSFAOU, LAURA ; BRUN, BARBARA
DIALLO, FATIMATA
SOUS MON VOILE
Seuil, 2015
NAVIE ; LAINÉ, AUDREY
MOI EN DOUBLE
Le programme fait le grand écart, collant aux problèmes pratiques lors d'un atelier qui aiguille les femmes dans le parcours à obstacles du système de retraite, mais s’aventurant aussi dans l’imaginaire. Samedi 11 mars, des ateliers d’écriture avec l’institut décadréE invitent ainsi à inventer des utopies et des dystopies où les inégalités auraient été supprimées dans un monde idéal ou, au contraire, aggravées jusqu’à répandre tout leur potentiel toxique dans des scénarios de cauchemar.
Delcourt / Encrages, 2019, BD
À une époque de sa vie, Navie était en obésité morbide. Elle raconte sa souffrance quotidienne, ses efforts pour ne rien laisser paraître, sa lutte pour perdre du poids, apprendre à s'accepter et vaincre sa dépendance à la nourriture. Un témoignage rare et fort sur le regard que l’on porte sur soi, sublimé par le dessin d’Audrey Lainé.
Et ce n’est pas tout. « Lors d’une grande table ronde, jeudi 9 mars, on se demande combien vaut le travail des femmes et combien ça coûte d’être une femme, compte tenu de la “taxe rose” [“une différence de prix entre des produits étiquetés pour femme et pour homme, au détriment des consommatrices”, merci Wikipédia] et des frais liés au travail de l’apparence, plus lourds pour les femmes en raison des injonctions à être et rester “belle”», détaille Stéphanie Monay. Une rencontre littéraire, samedi 11 mars, fait dialoguer l’autrice Ed Wige avec Noémi Schaub de Paulette Éditrice, qui publie son roman Lait Milch Latte Mleko, pour une conversation entre drame et humour autour de la création et de la précarité.
En clôture de la semaine, un jeu de société géant créé par Jeanne Graf, Enora Leclerc et Louise Nelson, appelé Ceci n’est pas un jeu de loi, mais le jeu des oies fâchées aux becs pointus, revient aux sources féministes et anticapitalistes du Monopoly. La première version de ce dernier « a été brevetée par l’Américaine Elizabeth “Lizzie” Magie en 1904 sous le nom The Landlord’s Game (Le Jeu du propriétaire foncier). Son intention était de dénoncer “la nature antisociale
LE CHEMIN DE JADA
Cambourakis, 202
Jumelles, Iris et Jada ont pourtant une peau différente. Lors d'une partie de cache-cache prolonge jusqu'à la nuit tombée, Jada s'aventure forêt et découvre que sa beauté est réelle même n'est pas semblable à sa sœur. Un album sur liation, la sororité et l'acceptation de soi qui codes du conte africain.
Témoignage d'une jeune lycéenne de Bamako qui rêve d'une vie d'étudiante à Paris. Un mois après son arrivée en France, elle doit accepter de renoncer partiellement à son rêve lorsqu’elle décide de porter le voile. À l’hostilité et la mise à l’écart qu’elle ressent face à son choix, Fatimata répond par l’incompréhension à l’égard d’une société qui l’attirait pourtant, et par la volonté de la quitter.
DWORKIN,
du monopole” », rappelle Cassandre Poirier-Simon, programmatrice culturelle aux BM. Lizzie Magie attira l’attention de la presse quelques années plus tard en publiant une parodie de petite annonce matrimoniale où, pour dénoncer la situation de dépendance dans laquelle se trouvent les femmes, elle se vendait au plus offrant en tant que « jeune esclave » 1. Le jeu proposé pendant la Semaine de l’égalité « récapitule, sous la forme de quiz, de cartes, d’images d’archives et de pastiches de tests psychologiques, une histoire du féminisme à Genève autour des questions liées à l’argent ».
ANDREA SOUVENEZ-VOUS, RÉSISTEZ, NE CÉDEZ PAS : ANTHOLOGIE
Syllepse, 2017
Andrea Dworkin demeure plus d’actualité que jamais alors que les femme-x-s du monde se mobilisent pour combattre la violence masculine. Cette anthologie révèle une extraordinaire écrivaine, qui nous entraîne dans les recoins de la misogynie, du pouvoir masculin, de la fétichisation des corps, de la violence, du racisme, de l’exploitation.
1 Mary Pilon, The Monopolist : Obsession, Fury, and the Scandal behind the World’s Favorite Board Game, New York : Bloomsbury, 2015. Pour un résumé du livre : Mary Pilon, « Monopoly’s Inventor : The Progressive Who Didn’t Pass ‘Go’ », The New York Times, 13 février 2015,
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Des livres et des perceuses
Quel est le lien entre tout cela et le monde bibliothécaire ? « Tout part du livre. La collaboration a commencé en 2011 par la réalisation de bibliographies pour le jeune public, dont l’enjeu était d’identifier et de suggérer des ouvrages qui s’adressent aux filles et aux garçons en évitant les stéréotypes de genre », répond Paul Ghidoni, programmateur culturel aux BM. Assez vite, le travail se recentre et s’élargit : « Depuis une dizaine d’années, ces bibliographies sont devenues des objets destinés avant tout aux adultes et aux familles, proposant aussi bien des livres documentaires que des romans et des BD, des CD et des DVD, des jeux vidéo et des contenus en ligne. » La Bibliothèque Filigrane de l’association F-information, qui anime un espace d’accueil et d’orientation pour femmes et familles à la Servette, et la Bibliothèque de l’Université de Genève participent à ces sélections de titres, qui sont devenues une référence en Suisse romande.
Cette recherche de pistes de lecture donne des idées. C’est ainsi que la bibliographie se double depuis 2015 d’une semaine d’événements, et que le réseau des partenaires institutionnels et associatifs se densifie. Une collaboration au long cours se noue par exemple avec le deuxième Observatoire, qui propose des ateliers pour des classes allant du primaire au secondaire II (postobligatoire). Le programme 2023 inclut ainsi « un jeu de rôle où les élèves vont découvrir quels privilèges et quelles discriminations économiques touchent les individus selon leur genre », annonce Stéphanie Monay.
« Au sein du secondaire II, les écoles qui sont demandeuses de ces ateliers sont surtout celles de formation professionnelle et de culture générale, ainsi que les classes d’ACCES II, qui préparent les jeunes migrantse-s à intégrer les structures scolaires genevoises », ajoute Paul Ghidoni. Dans un autre registre, un atelier avec l’association Tool-X-Pool propose de prendre en
mains des outils de bricolage. « Les femmes, et plus généralement les personnes qui n’ont pas été socialisées en tant qu’hommes cisgenres, n’ont souvent pas appris ce maniement et dépendent de leur entourage ou d’une aide professionnelle, qui a un coût. Savoir bricoler et réparer permet d’accroître son autonomie financière », commente Stéphanie Monay.
Quel est l’impact de la manifestation ? « Il est parfois difficile de savoir si la Semaine de l’égalité touche un public plus large que celui des personnes déjà convaincues de l’importance de ces questions. Mais son inscription dans les Bibliothèques municipales lui donne une visibilité auprès de publics divers », note Cassandre Poirier-Simon. La Semaine est aussi un moment privilégié pour nouer ou renforcer des liens, affûter des outils d’analyse et d’action, produire des savoirs nouveaux à travers les échanges, comme le souligne Stéphanie Monay : « Avec nos tables rondes, nous ne sommes pas dans une logique de débat contradictoire. Nous souhaitons plutôt que les interventions se nourrissent mutuellement et complexifient notre compréhension des choses. Même une personne convaincue a besoin d’en apprendre davantage pour agir. C’est là, je pense, la grande plus-value de la Semaine. »
www.semaine-egalite.ch Musique en tout Genre Semaine de l’égalité en Ville de Genève 5-8 mars 2015 «Où sont les femmes ?» www.semaine-egalite.ch SEMAINE DE L’ÉGALITÉ EN VILLE DE GENÈVE 3 -10 MARS 2018 HABILLE TON GENRE ! (DÉS)- Bullesd’egalite SEMAINEDEL’ÉGALITÉ ENVILLEDEGENÈVE www.semaine-egalite.ch 8–12mars2016 UNREGARDD’UNAUTREGENRE SURLABANDEDESSINEE SEMAINE DE L’ÉGALITÉ EN VILLE DE GENÈVE «NENOUSLIBÉREZPAS, ONS’ENCHARGE!» UN VOYAGE À TRAVERS L’ÉGALITÉ, LE GENRE ET LES FÉMINISMES DANS LE MONDE 6-12 MARS 2017 www.semaine-egalite.ch Programme et bibliographie de la Semaine de l’égalité 2023, en ligne dès la mi-février : www.ville-ge ch/egalite nota n°4 janvier – juin 2023 10 Connexions
Numérique, c’estgenre?tonquoi
B.A.-BA DU SEXE ENTRE MEUFS ET PERSONNES QUEER
Goater, 2020
Ce guide plein d'humour, de classe et d'intelligence s'adresse aux femme-x-s et à toutes les personnes qui les aiment, quelques soient leur genre ou leurs identités. Les illustrations, les nombreux témoignages et les exemples concrets en font un livre tout aussi excitant que les techniques qu'il contient !
NOAR, VIRGINIE LE CORPS D’APRÈS
François Bourin, 2019
Le Corps d'après est le récit d'une grossesse, d'un enfantement, et d'une lutte. Contre les injonctions, le bonheur factice, le conformisme, les corps asservis. Au bout du chemin, pourtant, jaillit la vie. Celle qu'on s'invente pied à pied, coûte que coûte.
SONT DANS
LA PLACE
OKADA, YUKI ADIEU MON UTÉRUS
Akata, 2019, BD
Yuki Okada, mangaka cancer du col de l'utérus ans. Chamboulée et perdue, comment réagir et affronter impose... Très vite, elle comprend choix. Mais entre les avis dical, comment savoir ce chemin sera semé d'embûches, mais trouvera un écho chez
PADJEMI, JENNIFER FÉMINISMES & POP
Du 4 au 14 2022mars www.semaine-egalite.ch
Stock, 2021
La journaliste Jennifer dont la télévision et les réseaux notre rapport au corps et sur les personnalités et évènements influence et leur capacité époque. Décryptage d’un
Les archives des éditions 2015-2019 (avec leurs bibliographies en PDF) : www.ville-ge.ch/egalite/2020/archives.html
Olga Fabrizio, une dessinatrice face à l’éventail des identités
MATHIEU, THOMAS ; BOUTANT, JULIETTE LES CROCODILES : TÉMOIGNAGES
SUR LE HARCÈLEMENT ET LE SEXISME ORDINAIRE
Le Lombard, 2014, BD http://projetcrocodiles.tumblr.com
Après une publication papier, le Projet Crocodiles, qui dénonce en BD le sexisme au quotidien, reprend du service sur Internet après deux ans de pause ! Parce que les violences et le harcèlement sexistes sont toujours d'actualité, Juliette Boutant et Thomas Mathieu continuent à illustrer les témoignages des internautes. Les histoires sont à la fois choquantes et tristement banales, mais visent à favoriser les prises de conscience.
MILLER, BARBARA FORBIDDEN VOICES
Education 21 : Filme für eine Welt, 2013, DVD
Depuis le début de la collaboration entre les BM et les service Agenda 21–Ville durable autour de l’égalité, l’illustratrice Olga Fabrizio crée les visuels des événements et des bibliographies. « La première affiche, en 2015, demandait “Où sont les femmes ?” La Semaine était alors complètement centrée sur l’égalité entre femmes et hommes. Ensuite, elle a progressivement intégré d’autres enjeux liés à l’inclusion», se souvient-elle. Au cours des années suivantes, la diversité des identités de genre et des orientations sexuelles arrive sur le devant de la scène. La notion d’intersectionnalité devient incontournable, soulignant le fait qu’une même personne peut subir plusieurs discriminations simultanées, liées au genre, à la classe sociale, à la couleur de peau. Le mouvement body positive s’affirme, dévoilant les discriminations qui frappent les corps selon leur morphologie… Autant de défis pour l’illustratrice.
Leurs voix sont opprimées, interdites et censurées.
Mais Yoani Sánchez, Zeng Jinyan et Farnaz Seifi ne se laissent pas intimider par leur régime dictatorial. Ces femmes courageuses représentent une nouvelle génération de résistantes modernes connectées à Internet. A Cuba, en Iran et en Chine, ces pionnières font chanceler le monopole de l'information de l’État grâce à leurs blogs.
« Dans une affiche, on symbolise généralement les choses en prenant un élément qui raconte un tout. Mais avec cet élargissement de la problématique, ce n’était plus possible de mettre un seul personnage, car cela revenait à exclure d’autres identités. Du coup, est-ce qu’il fallait dessiner une ribambelle de personnages ?
En 2017, plutôt que des figures humaines, j’ai représenté des revendications sous la forme de petites pancartes sur une carte du monde. En 2018, j’ai découpé des personnages sur des cubes empilés comme dans
MIROIR, MIROIR
https://soundcloud.com/miroir-miroir
un jeu d’assemblage : l’idée du mélange des genres commençait à prendre forme », raconte Olga Fabrizio.
Un podcast sur la représentation du corps portée par les médias, la société ou le regard des autres. Jennifer Padjemi reçoit des auteur-e-s, artistes ou témoins pour apprendre à regarder le corps autrement qu'à travers les stéréotypes, dans le but d’abattre les standards de beauté actuels. Pour un nouveau regard sur votre reflet dans le miroir.
MRS ROOTS
http://mrsroots.fr
Derrière les couleurs vives de ses affiches (« une fois j’ai voulu faire du pastel, ça a déçu tout le monde », glisse l’illustratrice), la Semaine de l’égalité explore des réalités souvent très dures. « J’aime mettre des éléments qui dégagent de la joie et de l’humour, j’aurais du mal à montrer le côté cruel des inégalités. Lorsque j’ai annoncé que je pensais partir dans le côté positif du sujet, on m’a répondu : “Tant mieux, nous en avons besoin”. Il y a quand même parfois un personnage en cage et des moments plus souffrants, mais ils sont plutôt dans les pages intérieures de la bibliographie. L’affiche, c’est le moment où on se saisit de ce qu’on a comme pouvoir, et on le montre. »
Laura Nsafou est une blogueuse, écrivaine et militante afroféministe. Sur Mrs Roots, elle met à l'honneur la littérature et les auteur-e-s africain-e-s et afro-descendant-e-s, tout en abordant des enjeux qui touchent particulièrement les femmes noires. Pour elle, l'usage afroféministe des réseaux sociaux a permis de mettre en lumière et de transmettre l'histoire des femmes noires en Europe. À travers son blog, elle y contribue grandement !
Semaine de l’égalité en Ville de Genève
ELLE-X-S !
du 27 février au 8 mars 2021 www.semaine-egalite.ch
1er au 9 mars 2019
Semaine de l’égalité en Ville de www.semaine-egalite.chGenève
Du 28 février au 8 mars 2020
deSemainel’égalité
68 NUMÉRIQUE, C’EST QUOI TON #GENRE ? 69 NUMÉRIQUE, C’EST QUOI TON #GENRE ?
Semaine de l’égalité en Ville de Genève
www.semaine-egalite.ch
en Ville de Genève
MOON, ALLISON ; DIAMOND, KD
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nota n°4 janvier – juin 2023 12 Connexions
Un jury d’enfants couronne un roman
À 8 ans, on peut déjà décider d’un tas de choses. Par exemple, qui gagnera le prix littéraire Coup de cœur des jeunes lectrices et lecteurs de la Ville de Genève. Pour la septième édition de ce concours, 131 classes des degrés 5P et 6P, regroupant 2’519 enfants de 8 et 9 ans, choisiront cette année l’histoire de Dolorès Wilson, une jeune femme qui fait chaque jour un nouveau métier et qui devient une super-héroïne en mangeant des piments à la chantilly. Ou celle de Théo, un garçon dans la lune qui joue avec les mots. Ou celle de Marie-Aude Brosse, une joueuse de jeux vidéo si acharnée qu’elle finit par tomber dedans.
Comment ça se passe ? Pour commencer, en juin de chaque année, un comité composé du Service des écoles et institutions pour l’enfance de la Ville de Genève, des Bibliothèques municipales et du Cercle de la librairie et de l’édition Genève se réunit pour faire une première sélection. Chaque membre du groupe se pointe avec une demi-douzaine de suggestions. Les romans proposés doivent être francophones (non traduits), publiés au cours de la dernière année, assortis de manière à varier les auteur-e-s et les maisons d’édition. Il faut que les protagonistes des histoires soient aussi bien des filles que des garçons.
« Le choix doit tenir compte des gros écarts dans la maîtrise de la lecture qu’il peut y avoir à cet âge-là. On voit des enfants qui peuvent lire tout Harry Potter, d’autres qui viennent tout juste de se mettre à la lecture et qu’il ne faut pas effaroucher, au risque de les
perdre en route », ajoute Céline Barnet, bibliothécaire aux Eaux-Vives et membre (pour trois ans, selon le tournus) du groupe de sélection. À côté de ces critères, il y a de la place pour les sensibilités : « Il faut que les histoires m’émeuvent, qu’elles me fassent rire, qu’elles m’interpellent, que d’une façon ou d’une autre elles viennent déclencher des choses à l’intérieur du ventre ou du cœur », confie Catherine Yersin du Chien bleu, une des deux librairies, avec Payot, représentées cette année au sein du comité.
La sélection reflète surtout une volonté d’encourager la découverte et d’élargir les horizons. « Certains livres marchent tout seuls, ils n’ont pas besoin de nous pour circuler. Nous aurons donc tendance à en mettre en avant d’autres, plus originaux, moins courus d’avance », explique Anne Damon, bibliothécaire à la Jonction. Au-delà des best-sellers qui bénéficient d’une promotion à grande échelle et d’un buzz international, le Coup de cœur a en effet pour vocation d’agrandir le territoire du plaisir de lire.
131 classes à travers la ville
Et ensuite ? Les membres du comité de sélection lisent pendant l’été la douzaine de romans retenus et se retrouvent fin septembre pour ramener le choix à trois titres. Puis, entre décembre et mars, les classes entrent en scène. « Nous passons le relais : nous avons fait notre partie du boulot, à partir de là ce sont les enfants qui deviennent les juré-e-s », se réjouit Catherine Yersin. Une vaste chorégraphie commence, prenant toute la ville : les classes se déplacent dans les bibliothèques, parfois les bibliothécaires et les libraires se rendent dans les écoles, les livres sont dévoilés dans des présentations accrocheuses comme des bandes-annonces live, mêlant la lecture à voix haute, le quiz et la mise en scène. « Et à la fin de chaque présentation, nous disons : “Pour en savoir plus, lisez ce livre…” »,
Lire trois romans, élire démocratiquement le meilleur des trois, explorer le monde des bibliothèques et des librairies, découvrir comment le texte peut se transformer en mise en scène… Avec le Coup de cœur des jeunes lectrices et lecteurs, 131 classes font le tour de la planète lecture
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o Présentation des livres finalistes à la bibliothèque des Pâquis par les bibliothécaires Gaëlle Saïd et Christel Hamm (photo : Lisa Frisco)
complète Anne-Claude Ghirardi, bibliothécaire à la Jonction. Les équipes s’éclatent, au passage, à imaginer et à jouer ces scènes. En effet, note Céline Barnet, « rendre un livre vivant, c’est toujours magique ».
Le public embarque sans se faire prier. « À cet âge-là, les enfants sont déjà à l’aise avec la lecture, mais gardent en même temps un côté émerveillé très fort, qui les motive à accueillir avec enthousiasme ce qu’on leur propose. On entend souvent dire que les enfants ne lisent pas. Nous les découvrons, au contraire, avides de lecture, et nous les entendons repartir en disant : “Oh non, déjà fini…” », constate Anne-Claude Ghirardi. Parfois, le contenu des présentations touche une corde. « Quand quelque chose les fait réagir, les enfants se confient. Lorsque nous présentions le livre qui a gagné le prix l’année dernière,
Je m’appelle Wlodjimyerz, il y en a qui venaient vers nous en disant : “Moi aussi, à l’école, mon prénom c’est difficile” », raconte la bibliothécaire.
Trois exemplaires de chaque livre sont donnés à chaque classe à l’issue de la présentation. Les élèves se les passent, lisent, discutent et votent pour désigner en avril le favori de leur classe. En mai ou juin (le 23 mai cette année) le résultat est annoncé lors d’une cérémonie au Palais Eynard, siège de de l’exécutif municipal, en présence des autorités et de trois classes, qui proposent à leur tour une mise en scène des livres finalistes. Et ce n’est pas fini. Chaque enfant qui a participé au projet reçoit un bon d’achat de 20 CHF, valable dans toutes les librairies partenaires dotées d’un rayon jeunesse. C’est d’ailleurs par ce cadeau final, en fait, que toute cette histoire a commencé. Lisez ci-dessous…
D’où vient le Coup de cœur des jeunes lectrices et lecteurs ?
« En 2005, la Ville avait commencé à distribuer des cadeaux aux enfants lors de la fête des écoles à la fin de l’année scolaire. Nous leur offrions des jouets, puis des livres. Bien souvent, nous retrouvions ces livres même pas ouverts, encore sous leur plastique, au marché de Noël de jeux et jouets de seconde main que nous organisons début décembre pour les enfants.
J’ai été chargée de réfléchir à un projet de promotion de la lecture auprès des enfants qui remplacerait cette distribution systématique. Le résultat de la refléxion menée avec les Bibliothèques municipales a été le prix Coup de cœur, avec un bon d’achat de 20 francs par élève, qui ancre davantage ce cadeau dans un lien avec le monde du livre, tout en continuant à soutenir les librairies.
Après accord auprès de la Direction générale de l’enseignement obligatoire, nous proposons aux enseignant-e-s de participer avec leur classe sur une base volontaire. En effet, notre service s’occupe, entre autres, des fêtes et manifestations qui ponctuent l’année scolaire mais n’est pas responsable du contenu des programmes, qui est du ressort du
Canton. Il ne saurait donc être question d’imposer aux classes de prendre part au Coup de cœur. Le succès s’est fait sentir assez vite : de 62 classes inscrites en 2016, nous avons plus que doublé ce nombre pour arriver à 131 cette année. »
Quels sont les objectifs ?
« Il s’agissait, bien sûr, d’inciter les enfants à lire à un âge crucial du point de vue de leur motivation et de leurs capacités dans le domaine de la lecture. Mais nous étions aussi en plein dans la question des droits des enfants, de leur participation et de la possibilité de s’exprimer en tant que jeunes citoyen-ne-s. On souhaitait donc qu’il y ait un échange de points de vue entre les enfants pour choisir collectivement un livre après en avoir débattu : tenter de convaincre l’autre avec des arguments, composer avec le fait que la majorité choisit peutêtre autre chose que ce qu’on aurait voulu, tout ceci représente un apprentissage très intéressant à cet âge-là. Il y avait enfin l’idée que pour faire la promotion de la lecture, il fallait aussi emmener les enfants dans ces lieux de culture que sont les bibliothèques, plutôt que de leur envoyer les livres dans les écoles. »
Y a-t-il des changements en perspective ?
« L’année dernière, nous avons invité pour la première fois l’autrice du livre primé à la cérémonie de clôture. Cette année, le comité de sélection inclut pour la première fois une enfant, une jeune fille de 10 ans qui a énormément enrichi les débats. En ce qui concerne la suite du Coup de cœur, le projet pourrait aller encore plus loin, mais les bibliothèques ne peuvent pas augmenter indéfiniment le nombre de classes qu’elles accueillent. Dans la structure actuelle, je crois qu’on peut aller jusqu’à 135140 classes au grand maximum, sur les quelque 200 que compte actuellement la Ville… Pour la petite anecdote, je signalerais encore que, depuis qu’on a lancé le Coup de cœur, je vois moins de romans pour enfants arriver sur le marché de Noël. Et lorsqu’il y en a, on voit en général qu’ils ont été lus. »
3 questions à Anne Béguin-Ossona, Service des écoles et institutions pour l’enfance
nota n°4 janvier – juin 2023 14 Connexions
Les 3 romans finalistes
Dolorès Wilson : cinq histoires d’une super-héroïne
Texte de Mathis, images d’Aurore Petit (Montreuil : Editions les Fourmis rouges, 2022)
« C’est déjanté, loufoque… Dans la sélection du Coup de cœur, nous n’avons jamais eu un livre qui l’est autant » (Anne Damon, bibliothécaire à la Jonction)
« C’est joyeux, c’est drôle, c’est une héroïne, c’est farfelu… Je me dis que les enfants ont besoin de ce genre de choses » (Caroline Langendorf, bibliothécaire aux Eaux-Vives)
Marie-Aude Brosse
De Denis Baronnet et Roxane Lumeret (Paris : Seuil Jeunesse, 2022)
« Une jeune fille joue avec sa PlayStation sous sa couverture à 3h du matin. Son père arrive : “Ce n’est pas possible, demain tu as école ! ” Et il jette la console par la fenêtre. La jeune fille se lève, va dans la chambre de ses parents, prend le téléphone de son père et le balance par la fenêtre aussi… Après ce début, qui questionne le rapport aux écrans des adultes autant que des enfants, il y a un côté Alice au pays des merveilles : Marie-Aude entre dans le jeu vidéo et rencontre le héros, entre rêve et réalité. Le titre est un jeu de mot sur le titre du jeu Mario Bros… »
(Anne Damon, bibliothécaire à la Jonction)
Théo, t’es où ?
Des histoires à dormir debout
De Jeanne Taboni Miserazzi (Paris : Oskar, 2022)
« Le roman met en scène un petit garçon dont les parents sont très loin et qui vit avec son grand-père une aventure autour des mots. Ils vont écrire des histoires ensemble, ce qui va être pour Théo une manière de se valoriser à l’école, parce qu’il est toujours dans la lune. Tout d’un coup il se dit : je suis dans un endroit qui s’appelle l’imagination, et je crée quelque chose que je redonne ensuite aux autres… » (Céline Barnet, bibliothécaire aux Eaux-Vives)
u Les trois livres finalistes du Coup de cœur des jeunes lectrices et lecteurs 2023 (photo : Lisa Frisco)
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Les trois livres finalistes sont dans le catalogue des BM en ligne : catalogue-bm.geneve.ch
Depuis 2019, la bibliothèque de la Cité s’ouvre les dimanches après-midi entre novembre et avril.
À un autre jour, en partie.
À un autre monde, aussi… Reportage.
« Un ami avait acheté un château dans le Gard et nous avait proposé d’aller y jouer. Nous avons annoncé la soirée à la criée en distribuant des flyers sur le marché d’Uzès : Venez nous écouter ce soir ! Et prenez une chaise, parce que sur place il n’y en a pas… 200 personnes sont venues, avec leurs chaises. C’était notre premier concert. » Ainsi la musicienne Caroline Cohen Adad, joueuse d’alto, raconte-t-elle les débuts du Quatuor Terpsycordes. En ce dimanche après-midi de novembre, dans l’espace Le Multi au rez-de-chaussée de la bibliothèque de la Cité, l’ensemble s’amuse à rembobiner les 25 ans de son histoire et à les partager avec un public qui, profitant du partenariat entre les BM et les Concerts du dimanche, rejoindra ensuite les musicien-ne-s au Victoria Hall pour les voir sur scène1
Tout autour et au-dessus, dans les étages, la bibliothèque vit sa vie dominicale. À quoi ressemble-t-elle, en ces moments suspendus ? À un autre jour, en partie. À un autre monde, aussi… Au premier, l’étage des arts et de la littérature adultes, des trios de collégien-ne-s planchent sur des paragraphes rédigées à l’encre bleue sur des feuilles quadrillés. Leur tâche du jour : disséquer Le Roman de Renart, un recueil d’histoires d’animaux écrites il y a environ mille ans : « Nous avons décidé de venir dans ce lieu calme et de profiter de son ambiance studieuse pour travailler », expliquent Joane, Nina et Zacharie. « Nous nous retrouvons ici parce que c’est central, à équidistance des endroits où nous vivons, et parce que c’est plus tranquille que chez nous, avec moins d’éléments perturbateurs », explique un autre groupe, qui préfère garder l’anonymat.
Un peu plus loin, deux grandes personnes partagent les extrémités d’une table, chacune dans sa bulle. À l’un des bouts, une dame prénommée Nicole se concentre entre des ouvrages sur la grammaire italienne. « À des périodes de ma vie où je dois me remettre à étudier des choses, je viens ici : à la maison, c’est plus difficile », explique-t-elle. À l’autre bout, un monsieur appelé Dante lit un magazine. Il est un habitué des lieux depuis longtemps, plutôt en lisant sur place qu’en empruntant. Y a-t-il quelque chose qui le frappe aujourd’hui ? À son avis, « par rapport à il y a 10
À quoi ressemble-t-elle, en ces journées suspendues ?
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ans, les gens lisent moins ». C’est peut-être vrai, ou peut-être pas : entre les impressions et les statistiques, la réalité fait souvent le grand écart. D’ailleurs, l’ambiance est détendue, mais les compteurs tournent et les équipes courent. En cet après-midi du 20 novembre, entre 13h et 17h, la bibliothèque de la Cité comptabilise 456 visiteurs et visiteuses et 1’058 prêts.
Des escargots sur le nombril
Au même étage, une jeune femme appelée Tamara inspecte les bacs des DVD. Que cherche-t-elle ? « J’avais une envie particulière : j’ai tapé “Post Tenebras Lux” dans le catalogue en ligne. C’était la devise du collège Calvin où j’ai fait mes études et j’y ai repensé dernièrement en entendant l’expression “post-Covid”. » Un des résultats de sa quête est dans ses mains : Post Tenebras Lux, film mexicain de 2012 où une famille quitte la vie urbaine et bascule dans un monde inquiétant entre nature et ténèbres… « Je suis surprise qu’il y ait autant de jeunes. Autrefois, on voyait surtout des personnes âgées qui lisaient des journaux », remarque Tamara en parcourant les lieux du regard. Ses parents, Guiomar et Massimo, sont là avec elle. « Dans la bibliothèque de votre quartier, vous croisez souvent des gens que vous connaissez. Ici, c’est davantage la découverte », observe Guiomar.
Au 2e, l’étage de la littérature jeunesse, une petite fille parcourt assidûment une histoire d’escargots. « Elle aime qu’on lui lise et relise les albums, jusqu’au moment où elle les connaît par cœur. Il ne faut pas faire de modifi-
Le dimanche à Connexions 17
tous les
étages 17
cations dans le récit, sinon elle nous rappelle à l’ordre », prévient sa grand-mère, assise sur le rebord de la pataugeoire de coussins verte que les bibliothécaires appellent « le nombril ». La petite referme le livre et le retourne : on peut recommencer. Il y a un âge comme ça, où le monde doit être à la fois infiniment immuable et infiniment nouveau…
Au 3e , l’Espace musique, des visiteurs et des visiteuses ont le nez plongé dans les CD, certain-e-s embarqué-e-s dans une flânerie curieuse, d’autres dans une quête acharnée. C’est ici — au passage — qu’on trouve la discographie presque complète du Quatuor Terpsycordes : une dizaine d’albums naviguant dans cinq siècles de musiques, du baroque à la musique contemporaine, en passant par le tango nuevo d’Astor Piazzolla et La Jeune Fille et la Mort de Franz Schubert. Terpsycordes jouait cette dernière œuvre lors d’une tournée au Pérou, « pendant le tremblement de terre à Lima, en 2007 : tout le monde courait se réfugier dans la rue, il n’y avait presque personne dans la salle, nous étions sur scène sous un lustre de cristal qui tanguait dangereusement », raconte Girolamo Bottiglieri, premier violon du quatuor.
1 Sur ce partenariat et la programmation qui en résulte, lire l’article « Onze aventures culturelles dominicales » dans ce numéro de Nota, pp. 2-7.
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L'ambiance est détendue, mais les compteurs tournent. En cet après-midi dominical, entre 13h et 17h, la bibliothèque de la Cité comptabilise 456 visiteurs et visiteuses et 1'058 prêts.
La révélation du violon
Au quatrième, l’étage des activités numériques et de la collection de jeux vidéo, des enfants sont engagés dans une course-poursuite qui mêle réel et virtuel, se faufilant entre les grandes capsules en bois qui abritent les consoles de jeu et les paysages bariolés qui défilent sur les écrans. Un peu à l’écart, un jeune couple s’embrasse, des livres posés sur les genoux, dans une des petites alcôves vitrées donnant sur le passage qui conduit à l’ascenseur suspendu entre les Rues-Basses et la Vieille-Ville. Dans ce bâtiment qui appartient simultanément à deux parties de la ville comme à deux univers parallèles, on peut trouver paradoxalement un espace d’intimité dans une vitrine.
Vers 16h30, alors que le quatuor a quitté les lieux pour se préparer au concert, on retrouve deux spectateurs devant l’entrée de la bibliothèque. Nathanael, 12 ans, et son père Fridrich ont accepté qu’on les accompagne au Victoria Hall et qu’on les prenne en photo en chemin pour donner à voir ce nouveau « parcours du dimanche » qui connecte depuis le mois de novembre les deux lieux de culture.
« Mon premier concert classique, c’était la Neuvième symphonie de Beethoven au Bâtiment des forces motrices, l’été dernier », raconte Nathanael. Une révélation : « Pendant le concert, j’ai décidé que je commencerais le violon. Mon père s’est immédiatement mis à me chercher un instrument et une professeure. »
Le violon sera celui d’une tante, que le père part récupérer dans sa Slovaquie natale. « À l’époque, c’était le régime communiste. Il n’y avait pas beaucoup de rock, mais il y avait énormément de classique. On se donnait rendez-vous à un concert classique si on voulait sortir avec une fille », se souvient-il. Quant à la prof, ce sera Caroline Cohen Adad du Quatuor Terpsycordes. Entre les rayonnages de la bibliothèque et les dorures du Victoria Hall, une boucle est bouclée.
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Interview croisée avec Sami Kanaan et Véronique Pürro
Comment les partenariats agrandissent la culture
Un festival de cinéma, deux théâtres et une saison de concerts classiques entrent dans une bibliothèque… Ce n’est pas le début d’une blague, mais une réalité devenue habituelle aux Bibliothèques municipales.
C’est aussi le reflet d’un mouvement plus vaste qui traverse la culture, à Genève comme ailleurs, mêlant musées et théâtres, artistes et scientifiques, sanctuaires du patrimoine et laboratoires de la création, innovations culturelles et enjeux de société. On plonge dans cette effervescence avec Sami Kanaan, Conseiller administratif en charge du Département de la culture et de la transition numérique (DCTN), et Véronique Pürro, directrice des Bibliothèques municipales.
Quelle est la place des partenariats dans la politique culturelle de la Ville de Genève ?
Sami Kanaan : « Le partenariat est aujourd’hui un pilier de la politique culturelle parce qu’on est beaucoup plus riches en travaillant ensemble, que ce soit au sein d’une discipline, entre les disciplines, entre les domaines du patrimoine et de la création (la création est le patrimoine de demain, tout comme le patrimoine est la création de hier…), entre le numérique et le physique, entre les différents services de la Ville de Genève et la “société civile” à l’extérieur de l’administration.
À l’époque où je suis entré en fonction, il y a près de 12 ans, c’était encore cloisonné, à l’intérieur du Département comme vis-à-vis de l’extérieur, et les col-
laborations qui existaient étaient ponctuelles. Aujourd’hui, il reste un potentiel énorme pour aller plus loin, mais on voit que l’ouverture et la curiosité sont plus fortes. Bien sûr, il y a des injonctions qui poussent dans cette direction, comme les politiques transversales entre les départements du Conseil administratif dans des domaines tels que l’enfance, la vieillesse, l’environnement ou l’inclusion numérique. Mais les équipes concernées se rendent bien compte par ellesmêmes que c’est passionnant.
Ces partenariats se font aussi, de plus en plus, avec des acteurs et actrices en dehors du secteur culturel. La culture a toujours été en prise avec les débats de société, mais aujourd’hui, même si elle le voulait — ce qui n’est pas le cas —, elle ne pourrait échapper à la confrontation avec les enjeux du changement
i La BM Cité accueille FILMARcito, volet jeune public de FILMAR en
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América Latina (photo : Lisa Frisco).
climatique, de la lutte contre les discriminations, de la diversité culturelle… À ce propos, nous avons la chance d’avoir également des scientifiques au sein notre département : je pense au Muséum d’histoire naturelle et au Conservatoire et jardin botaniques (CJB), avec qui nous pouvons aborder les enjeux de la biodiversité, ou au Musée d’ethnographie (MEG) pour les questions de la décolonisation de l’espace public et des musées. »
Y a-t-il un lien entre cette politique et l’actualité culturelle et sociétale du monde ?
Sami Kanaan : « Je mentionnerais trois exemples. Un signal fort a été donné récemment avec le Programme d’action climat et environnement (PACE) de notre département. C’est une impulsion qui vient d’en haut, mais je suis impressionné par le degré d’implication avec laquelle nos services y répondent. Dans les musées, des accents ont ainsi été mis sur le matériel d’exposition recyclable et sur les sessions de sensibilisation auprès des jeunes, les théâtres ont tous voulu faire des bilans carbone…
Sur le thème de l’héritage raciste, esclavagiste et colonial dans nos cultures et nos sociétés, j’ai initié en 2020 une étude sur l’espace public genevois menée par des professeurs de l’Institut de hautes études internationales et du développement, qui a soulevé pas mal de vagues, mais qui dans l’ensemble a été bien accueillie, car elle est à la fois méticuleuse dans ses analyses et réfléchie dans les solutions suggérées. Maintenant nous travaillons sur la suite, qui va continuer à impliquer plein de services de la Ville — avec le MEG en première ligne — et de partenaires, notamment des ONG qui luttent contre le racisme et pour la diversité culturelle, avec lesquelles nous allons créer un groupe de conseil permanent qui nous accompagnera dans cette démarche.
Un exemple qui implique directement les Bibliothèques municipales, c’est celui de la culture numérique. Les BM participent au réseau qui est en train de se mettre en place pour œuvrer à l’inclusion numérique (c’est-à-dire pour améliorer l’accessibilité, développer les compé-
tences et faciliter les usages pour toutes et tous dans ce domaine), avec d’autres acteurs et actrices de l’administration cantonale et municipale et de la société civile. »
Quelle est la place des Bibliothèques municipales dans cette politique de partenariats ?
Sami Kanaan : « Elle est fondamentale, notamment parce que les bibliothèques ont une connaissance directe de la réalité et des sensibilités du public à travers leur travail sur le terrain. Au sein de notre département, c’est peut-être le service qui a la plus grande diversité de publics, aussi bien sur le plan des âges que sur celui des profils éducatifs et socio-économiques. On dit souvent que les BM sont un des premiers services auxquels les gens accèdent quand ils s’installent à Genève (en dehors évidemment de ceux qui sont liés aux obligations administratives). C’est un lieu bienveillant, d’accès gratuit, précieux… C’est d’ailleurs ce qui fait que les BM sont sollicitées pour plein de projets. Le Prix P’tits Mômes, avec les crèches et les autres lieux de la petite enfance, et le Coup de cœur des jeunes lectrices et lecteurs, avec les écoles primaires et les libraires, sont de beaux exemples dans le domaine du livre jeunesse. »
Quel est l’enjeu des partenariats du point de vue des BM ?
Véronique Pürro : « Si on regarde nos axes stratégiques, il y en a en tout cas deux dont la mise en œuvre passe par des partenariats. Le premier vise à positionner et à faire reconnaître les BM comme de véritables actrices culturelles, ainsi qu’à renforcer leur visibilité au sein des institutions culturelles. Le deuxième, sur lequel nous travaillons en ce moment, porte sur les liens à créer avec de nouveaux publics. Les partenariats — c’est une évidence — permettent à l’ensemble des entités impliquées de se faire connaître et de toucher d’autres publics, c’est du winwin. Le pari, c’est qu’on ne se limite pas à s’échanger les publics entre partenaires, mais qu’on élargisse en touchant véritablement des personnes que jusque-là on n’atteignait pas.
Un de nos atouts, c’est le fait que nous avons une collection de documents (livres, mais aussi musique, films, contenus numériques…) qui se veut encyclopédique, et qui nous permet donc d’aborder tous les thèmes. Ceci nous ouvre un champ de possibles inépuisable, que nous explorons grâce à la créativité de notre équipe de médiation culturelle, de nos bibliothécaires et des autres acteurs et actrices culturelles qui nous donnent des envies et des idées de collaboration.
En ce qui concerne le lien avec des questions culturelles ou sociétales d’actualité, je citerais la réflexion que nous avons initiée sur la musique. La dématérialisation des supports et la transformation des pratiques d’écoute questionnent l’avenir de la musique en bibliothèque, et d’après les scénarios sur lequel nous sommes en train de plancher, cet avenir se construira notamment à travers nos partenariats. »
Quelles sont les particularités des BM dans ce mouvement où tout se met en lien ?
Véronique Pürro : « Le fait que la relation avec notre public est ancrée dans un lien de proximité, ce qui présente un intérêt particulier pour les autres institutions culturelles. Je pense par exemple au partenariat que nous avons noué avec la Comédie, un théâtre qui rayonne évidemment au-delà des Eaux-Vives où il s’est installé en 2021, mais qui voyait un intérêt dans le fait de se rapprocher d’une entité comme notre bibliothèque, qui est enracinée avant tout dans le quartier.
Un autre élément important, c’est la diversité. Nous avons des partenariats avec des acteurs et actrices culturel-le-s et dans d’autres domaines, par exemple avec le Service des écoles et le Service de la petite enfance de la Ville pour les prix autour du livre jeunesse, mais aussi avec le service Agenda 21—Ville durable pour la Semaine de l’égalité. Nous travaillons avec les Concerts du dimanche au Victoria Hall, mais aussi avec des partenaires de proximité. La bibliothèque des Minoteries, par exemple, collabore avec la Maison de quartier de Plainpalais, le
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Club d’aîné-e-s du quartier et le Centre de la Roseraie pour l’accueil de personnes migrantes. »
Sami Kanaan : « Ce qu’on pourrait également souligner comme l’une de vos valeurs ajoutées, c’est le fait que l’échange avec le public et l’implication active des personnes qui fréquentent les lieux font partie de votre cœur de métier en tant que bibliothèques. C’est quelque chose qui se fait aussi de plus en plus ailleurs, car des personnes qui ne viendraient pas dans un musée pour des motifs classiques iront en revanche au MEG pour des ateliers de danse et de musiques du monde, ou à l’Ariana pour un atelier de céramique et d’arts de la table… découvrant ensuite, une fois sur place, l’intérêt des collection montrées. »
À quoi peut-on s’attendre dans l’avenir proche ?
Sami Kanaan : « Le Covid a accéléré certaines choses : à une époque, on avait l’impression qu’entre patrimoine et création il y avait un abîme, alors que maintenant, le fait que des artistes fassent des résidences de création dans des musées paraît une évidence. Il y a encore un gros potentiel à développer dans la collaboration entre sciences et culture, aussi bien dans la vulgarisation d’enjeux compliqués, comme le Muséum et le CJB vont de plus en plus le faire, que dans l’encouragement de la créativité artistique autour de questions scientifiques. Dans un autre registre, il y a des partenariats à trouver sur des aspects organisationnels, par exemple la mise en commun de ressources et la recherche de synergies dans la gestion des œuvres au sein des musées. Aujourd’hui, de telles approches ont toutes leurs chances, car les équipes de ces institutions sont moins dans une logique territoriale qu’autrefois.
Un autre niveau dont on pourrait parler, c’est celui des partenariats intercommunaux, qui dans le domaine bibliothécaire s’incarnent dans cet outil assez incroyable qu’est le bibliobus, la bibliothèque circulante développée en collaboration avec l’Association des communes genevoises. L’année dernière, à l’occasion du déménagement des bibliobus de la Zone industrielle des Charmilles au secteur Praille — Acacias — Vernets (PAV), les communes concernées se sont reposé la question de savoir si elles tenaient toujours à ce service.
La plupart ont répondu que oui, alors que certaines ont renoncé, comme Bernex, car elles ont ouvert entre-temps leur propre bibliothèque. »
Véronique Pürro : « À propos du PAV et du quartier d’habitation qui émerge dans ce secteur industriel, nous sommes en train d’évoquer la création d’une bibliothèque dans le périmètre du carrefour de l’Étoile. Cette discussion prend place dans le cadre plus général d’une réflexion avec le Service culturel de la Ville sur les équipements culturels à prévoir dans ce territoire, qu’on imagine prendre forme à travers des partenariats. Les nouvelles bibliothèques qui commencent à apparaître en perspective, y compris hors du territoire de la Ville : voilà un sujet pour un prochain numéro de ce magazine… »
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En avoir plus
Sur la Semaine de l'Égalité, lire également l'article « L'égalité de genre passe à la caisse » dans ce numéro de Nota (pp. 8-11).
Sur le partenariat entre les Bibliothèques municipales et les Concerts du dimanche au Victoria Hall, lire l'article « Onze aventures culturelles dominicales » (pp. 3-7) et le reportage « Le dimanche à tous les étages » (pp. 16-19).
Sur le Coup de cœur des jeunes lectrices et lecteurs, lire l'article « Un jury d'enfants pour couronner un roman » (pp. 12-15).
t Le Victoria Hall accueille le public des Bibliothèques municipales dans le cadre des Concerts du dimanche (photo : Lisa Frisco).
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Vous l’avez peut-être remarqué. Depuis janvier de cette année, Mario, Luigi, Bowser, ou encore Link, Pikachu et les étranges calamars de Cité-Clabousse ont fait irruption aux Minoteries avec leurs aventures rocambolesques, à un jet d’étagère seulement d’Emma Bovary et d’Astérix. Les figures mythiques de Super Mario, Zelda, Pokémon et Splatoon, quatre blockbusters de Nintendo, viennent d’acquérir une place de choix dans cette bibliothèque du quartier de Plainpalais.
Six ans après celle de la Cité, c’est la deuxième BM à se lancer dans le prêt de jeux vidéo, avec une toute nouvelle collection dans laquelle on trouve bien sûr les fleurons de l’éditeur japonais, ou encore FIFA (EA Games) et Assassin’s Creed (Ubisoft), mais aussi, et
Après plusieurs décennies de tergiversation autour de ses potentiels méfaits, le jeu vidéo a acquis ses lettres de noblesse en tant qu’industrie culturelle et créative de premier plan. En phase avec leur époque, les BM renforcent leur offre avec une nouvelle collection en prêt aux Minoteries, toujours plus de titres et de consoles en accès libre à la Cité, ainsi qu’une multitude d’évènements pour aborder cet univers rassembleur.
surtout, une ribambelle de titres moins connus, pour tous les âges et sélectionnés avec soin par des bibliothécaires passionné-e-s.
Comment ça, des jeux vidéo en bibliothèque ?
« C’est un bien culturel de première importance, peut-être le plus sollicité au monde. Il a donc toute sa place en bibliothèque, au même titre que les autres supports », explique Sandra Woelffel, bibliothécaire Jeunesse qui a monté la nouvelle collection des Minoteries avec ses collègues Laura Krähenbühl, Guillaume Delapierre et Bastien Géroudet. Selon elle, il est important que l’institution propose gratuitement et au plus grand nombre ce divertissement qui reste coûteux pour les ménages — jusqu’à une centaine de francs selon les jeux, sans parler de l’équipement. Difficile, en effet, de faire l’impasse sur une industrie culturelle qui brasse plus de 150 milliards de francs par an
À fond
Une demande croissante du public
En 2017 déjà, la bibliothèque de la Cité, fraîchement rénovée, faisait office de pionnière en intégrant pour la première fois des jeux vidéo aux BM dans le cadre d’une réflexion sur le numérique et le renouvellement de ses publics. Bien que nichée au dernier étage, à l’Espace le 4ème, la collection a si bien trouvé sa demande qu’elle ne cesse de croître avec désormais quelques 850 jeux vidéo pour Playstation, Switch, Xbox ou Nintendo 3DS disponibles au prêt ou à essayer in situ. En plus de la possibilité de jouer en autonomie, c’est aussi sur cet étage que la zone de gaming propose différentes animations autour du jeu vidéo, dont les sessions « Viens avec papy ou mamie si tu veux jouer » qui connaissent un franc succès.
Qu’on ne s’y trompe pas : si seules quelques caissettes suffisent à stocker la collection de la Cité, c’est uniquement parce qu’un jeu rendu ne passe pas un jour sans être à nouveau emprunté. « Le taux de rotation est identique voire supérieur à la bande dessinée, un de nos produits phare, c’est dire si cela répond à la demande du public », se réjouit Jérémie Théodoloz, le bibliothécaire qui a rendu tout cela possible avec un groupe de collègues issu-e-s de différentes BM. A la Cité, la zone de jeu est devenue si populaire le mercredi et à la sortie des écoles que la bibliothèque a décidé de mettre trois consoles supplémentaires à disposition en 2023.
C’est en réponse à la demande croissante que la BM Minoteries a emboîté le pas. En 2019, elle avait constitué un petit stock de jeux vidéo réservés à l’utilisation intra muros, un après-midi par semaine et lors d’animations ponctuelles. Plus que réceptifs et réceptives, les ados ont vite demandé à pouvoir les emprunter à la maison… Avec cette nouvelle collection de 150 titres, leur vœu s’exauce enfin.
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les manettes
Texte : Pauline
Cancela
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Photos : Lisa Frisco
Des jeux vidéo en bibliothèque ?
Une petite révolution
à proportion quasiment égale entre les sexes et dont la moyenne d’âge est désormais de…. 39 ans ! Si le jeu vidéo continue d’être associé à des problématiques d’addiction ou de violence, ce n’est de loin qu’une des nombreuses facettes de l’incroyable diversité d’expé riences qu’offre aujourd’hui l’univers du gaming
« La plupart des jeux proposent des contenus de grande qualité, avec une vraie recherche esthétique, une histoire, de la musique, de l’interaction, bref c’est un média qui rassemble plusieurs disciplines déjà présentes en bibliothèque, avec des gameplays très variés », raconte encore Sandra Woelffel. Entre les jeux d’aventure (Zelda), d’action (Hades), de course ), de combat (Tekken), les « beat them Streets of Rage 4), les jeux de plateforme (Super ), de réflexion (Tetris), les jeux de rôle (Xenoblade ), de simulation (Sims), de stratégie (The Diofield Chronicle), de sport (FIFA), de rythme (Guitar )… la liste est longue comme le bras. Aux yeux des bibliothécaires, cette variété ne demande qu’à
De l’importance du choix…
est arrivé, il a d’abord suscité la méfiance. C’était le cas pour le roman, puis pour la bande dessinée, dont on craignait qu’ils plongent la jeunesse dans la décadence. Pour le jeu vidéo c’était la même chose pendant longtemps », se souvient Jérémie Théodoloz. Aujourd’hui, les recherches mettent en avant l’importante pratique sociale qu’il est devenu et tous ses aspects positifs : stimulation de l’imaginaire, socialisation, expérimentation, diversité des apprentissages, etc.
« C’est vraiment quelque-chose de convivial, on l’observe beaucoup en bibliothèque, où les personnes se retrouvent entre ami-e-s. On constate aussi que jouer aux jeux vidéo, que ce soit sur console, PC ou smartphone, va très souvent de pair avec la consommation de nombreux autres biens culturels », poursuit-il.
A l’image de l’adolescent-e asocial-e vissé-e sur son ordinateur a donc succédé celle, plus réaliste et réjouissante, des quelque deux milliards de joueurs et joueuses de la planète — un-e humain-e sur quatre —,
Dans cette diversité, il n’est pas toujours facile de s’y retrouver. La plus-value d’une bibliothèque réside donc dans sa politique d’acquisition et les conseils experts des bibliothécaires qui testent tous les jeux avant de les mettre en circulation. « Nous allons chercher la qualité avant tout, des jeux qui proposent une véritable histoire, un beau design, une expérience inédite, auxquels on a du plaisir à jouer », résume Anna Leckie, bibliothécaire et programmatrice d’activités dans le domaine du numérique à l’Espace le 4ème « On ne prend rien qui incite à la haine, ni qui propose de la simulation de guerre réaliste », ajoutent
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chaque jeu par les entreprises éditrices. On a donc techniquement fait en sorte qu’il ne soit pas possible d’emprunter un jeu qui dépasse l’âge de l’enfant d’après ses coordonnées enregistrées dans notre système lors de l’inscription », prévient Jérémie Théodoloz.
Enfin, le maintien d’un équilibre entre jeux très commerciaux et jeux indépendants est vital pour les BM. Les grosses licences, dits jeux « triple-A », comme Assassin’s Creed, Pokémon ou FIFA, côtoient donc des titres moins connus et aux budgets bien inférieurs, dont le super Overcooked (un jeu de coopération culinaire) ou Call of the Sea (un jeu d’aventure fantastique).
Pour des raisons matérielles et logistiques, l’offre de prêt des BM se limite pour le moment aux jeux « physiques », c’est-à-dire les petites cartouches qui se jouent uniquement sur console et en local (offline). Mais, alors que le marché a pris son envol ces dernières années avec l’apparition des jeux dits « dématérialisés », tel Fortnite, une petite sélection de titres uniquement numériques est en accès libre sur place, avec notamment une grande variété d’indépendants.
les Minoteries proposent régulièrement des sessions découverte sur une thématique donnée pour le jeune public, des ateliers de création de jeux ou de consoles, des apéros gaming et, évidemment, des tournois.
« Les jeux vidéo faisant intégralement partie de notre patrimoine culturel numérique, je pense que c’est notre rôle non seulement de les proposer gratuitement, mais aussi de proposer un discours sur cet univers », confie Cassandre Poirier-Simon, programmatrice culturelle spécialisée dans le numérique au sein des BM. Les conférences et les animations organisées, outre qu’elles sont sympathiques, visent également à doter le public des outils pour développer une connaissance critique de la discipline. C’était par exemple le but de sHeroes en 2019, une exposition des BM qui questionnait les imaginaires de genre dans les jeux vidéo.
Pour cette media designer, la littératie des jeux-vidéos est tout simplement un impératif en bibliothèque. « C’est important que le public puisse s’interroger sur les représentations qui sont véhiculées par l’industrie et que les enfants puissent mettre leur propre pratique en perspective, comprendre comment un jeu est fait, tout ce que cela implique… bref, ne pas rester spectateur ou spectatrice hypnotisé-e. Et ça, on ne l’apprend pas à l’école. » Rendez-vous aux BM, donc.
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Ce jeu de réflexion indépendant a gagné plusieurs prix pour son gameplay unique, « malin et inventif ». (Cassandre Poirier-Simon, programmatrice culturelle spécialisée dans le numérique aux BM)
Overcooked 2
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Un jeu de coopération en mode gestion culinaire. « On doit faire la cuisine dans des situations pas possibles et collaborer entre joueurs et joueuses pour faire en sorte de servir tout le monde, c’est super marrant ! » (Bastien Géroudet, BM Minoteries)
Lovers in a Dangerous Spacetime
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Dans ce jeu coopératif, on se plonge dans un vaisseau spatial pour répandre l’amour dans toute la galaxie. « Un bon exemple de jeu convivial, où finalement le plus important du jeu se passe dans les discussions entre joueurs et joueuses. » (Jérémie Théodoloz, BM Cité)
It Takes Two
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Voici un jeu multiprimé dans lequel on incarne les divorcés Cody et May en quête de raviver leur amour. « Un jeu de coopération très sympa à tester lors d’apéros entre amie-s ! » (Anna Leckie, BM Cité)
Metroid Dread
12 +
Un jeu d’aventure en deux dimensions qui propose de suivre les aventures de la chasseuse de prime Samus Aran sur la planète ZDR. Un coup de cœur « pour son héroïne, son univers, son ambiance et ses kilomètres de dédales à explorer ». (Sandra Woelffel, BM Minoteries)
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9 coups de cœur des spécialistes jeux vidéo aux BM
Road 96
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Embarquez dans l’aventure avec des adolescent-e-s qui tentent de fuir la dictature de Petria ! Voici « un excellent jeu narratif indépendant, que ce soit du point de vue de son histoire, de ses personnages ou de sa bande-son ». (Sandra Woelffel, BM Minoteries)
Street of Rage 4 12+
Un classique du genre beat them all, qui n’a pas pris une ride. « On nettoie à plusieurs la ville du crime avec un graphisme proche de la bande dessinée. Moi j’adore ! »
(Laura Krähenbühl, BM Minoteries)
Unravel Two 7+
Un jeu de plateformes et d’aventure qui met en avant la coopération. On y incarne des petits êtres tissés de laine et reliés par un fil, les « Yarny ».
« J’ai pu le tester en prévision d’une animation et si j’avais une Switch, je l’aurais emprunté ! Il est très beau et c’est difficile d’arrêter tant on a envie de connaître la suite. »
(Bastien Géroudet, BM Minoteries)
The Legend of Zelda : Breath of the Wild 12+
Ce jeu d’aventure est un iconique de la licence Zelda sorti en 2017. Il est « graphiquement magnifique, très libre et propose une ambiance unique ». (Sandra Woelffel, BM Minoteries)
Retrouvez les rendez-vous jeux vidéo des BM dans l’agenda de ce numéro
Retrouvez les jeux vidéo à emprunter dans le catalogue des BM en ligne : cataloguebm . geneve . ch
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Dans ces pages : 5 poèmes courts d’auteur-e-s vivant-e-s, choisis par Roane Leschot (et disponibles dans le catalogue des BM)
Un cœur libre
Je suis une Betty Page postcoloniale. Une vénus nègre aux lignes extravagantes ayant fait exploser sa ceinture de bananes à la face de ses anciens maîtres.
L'oeil fauve, je culbute tes réflexes de missionnaire blanc et je trempe ma poitrine garçonne dans la salive de tes préliminaires. Sous ce téton pointu, c'est un cœur libre que tu mordilles.
Lisette Lombé, Brûler, brûler, brûler (Paris : l'Iconoclaste, 2020)
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La poésie entre en ébullition
La poésie commence par les comptines de l’enfance et grandit jusqu’à devenir un outil pour changer le monde. Au passage, elle adoucit la vie, aiguise nos sens, rafraîchit notre regard. Aujourd’hui, elle se renouvelle sur papier, mais aussi dans des blogs, dans des performances, dans le rap et le slam. À la bibliothèque des Eaux-Vives, Roane Leschot vient de pousser cet univers de vers sur le devant de la scène. Elle livre ici ses explications et quelques exemples choisis.
« La poésie sauvera le monde »
« Les poète-sse-s ont une importance particulière dans des périodes de crise, sous des dictatures et des régimes totalitaires, dans des moments politiquement et socialement difficiles. La poésie se porte bien quand ça va mal parce qu’elle est une manière de diffuser des cris de révolte, mais aussi parce qu’elle peut apporter une douceur qui fait du bien face à la dureté du monde. Dans les années 2000, on allait avec les Bibliothèques municipales à la prison de Champ-Dollon, et ma collègue sur place m’expliquait que la poésie était le genre le plus emprunté en prison… On peut imaginer que le regain de poésie auquel on assiste aujourd’hui est lié au fait que nous vivons un état de crise. C’est un peu ce que suggère Jean-Pierre Siméon dans son livre La poésie sauvera le monde (2015).
Lorsque j’ai débuté comme bibliothécaire responsable aux Eaux-Vives, en 1997, j’ai repris le flambeau du fonds de poésie qui s’y trouvait et je me suis dit qu’on pourrait le faire vivre en invitant des auteur-e-s pour
des lectures. Lors d’une soirée avec Yvon Le Men et Charles Juliet, deux grands poètes contemporains, j’ai remarqué qu’ils ne disaient pas seulement leurs propres poèmes, mais aussi ceux d’autres auteure-s. Depuis ce soir-là, je n’ai cessé de constater que les poète-sse-s prennent souvent ce rôle de passeurs et passeuses des créations d’autrui, et que la poésie est une chose qui se transmet. C’est sans doute une raison qui explique la place que prend la poésie à des moments clés dans l’histoire de nos sociétés.
Ce rôle de la poésie s’explique aussi, en partie, par son lien avec l’oralité. Il y a pas mal d’histoires comme celle du poète russe Osip Mandelchtam, opposé au régime, qui avait composé en 1933 une Épigramme contre Staline et dont les poèmes suivants ont été appris par cœur par sa femme, Nadejda, pour les diffuser en échappant à la censure. On peut détruire des livres, enfermer des auteur-e-s, mais au moment où un texte est appris par cœur et répandu oralement, le pouvoir ne peut plus rien pour le stopper. »
« La poésie s’accorde bien avec l’enfance »
« Lors de la rénovation de la BM Eaux-Vives en 2022, nous avons décidé de mettre en avant la poésie en évitant qu’elle se retrouve perdue dans les rayons. Jusque là, elle était classée par langue d’origine, selon le système de Dewey (le grand maître à ranger des bibliothèques de lecture publique)1, et si quelqu’un nous demandait où elle se trouvait, il fallait lui montrer toute une série d’endroits. Nous avons donc extrait la poésie de ce classement et nous l’avons regroupée en un lieu où elle a une visibilité. J’ai l’impression que le public traîne assez souvent là-devant, qu’il furète, butine, se trouve tout à coup face à un livre qu’il va emprunter même s’il n’était pas venu expressément pour le chercher. Il s’agit, je crois, moins de personnes qui viennent avec des demandes précises que de curieux et curieuses de la vie.
1 Lire l’article « L’histoire secrète du rangement bibliothécaire » dans ce numéro de Nota
On imagine peutêtre que la poésie vit dans une bulle, un univers parallèle d’une préciosité surannée… Tout faux, explique Roane Leschot, bibliothécaire responsable à la BM EauxVives : en pleine effervescence, la poésie est autant en prise avec nos rêves qu’avec nos réalités.
31 En rayon
(Sans titre)
Poème tu ne résous rien tu cadences seulement le pas à pas engourdi sur la route étroite où se heurtent les vœux discordants que propage le verbe imparfait
Alexandre Voisard, Derrière la lampe (Chavannes-près-Renens : Empreintes, 2012)
(Sans titre)
Tu dois te remettre à l’heure heureuse La tendresse ne s’achète pas comme un chien Et l’obsolescence de l’amour n’est pas encore programmée Ne peux vraiment tu pas Au lieu d’aller pleurer dans les toilettes pour dames
Valérie Rouzeau, Sens averse (Paris : La Table ronde, 2018)
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La fenêtre de novembre
Une bonne poignée de feuilles tout en désordre s’échappant soudain de l’arbre (un oiseau les aura aidées) Ainsi de mes années
Claude Tabarini, Au jardin des légendes (Genève : Héros-Limite, 2020)
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C’est rare, d’ailleurs, qu’on lise un livre de poésie dans l’ordre, de A à Z : on feuillette, on picore. Plusieurs auteurs — dont Georges Haldas, ou plus récemment Jean-Pierre Siméon — ont parlé d’un “état de poésie” dans lequel se mettente les poète-sse-s et dans lequel cela nous met lorsque nous lisons : une forme d’acuité face à ce qui se dit, d’éveil par rapport à ce qui se passe. Dans un poème, tout n’est pas dit, tout n’est pas compréhensible à la première lecture, et c’est une des caractéristiques extraordinaires de la poésie : elle permet des respirations, nous pousse à revenir et à relire. Dans Poésie, art de l’insurrection (2007), Lawrence Ferlinghetti écrit que “le poème est un miroir qu’on promène le long d’une grande rue pleine de délices visuels” et qu’ “ un vrai poème peut créer un calme divin dans le monde ”…
Dans le nouveau rayon poésie aux Eaux-Vives, nous avons placé côte à côte le fonds adultes et le fonds jeunesse, où on trouve beaucoup de beaux livres avec des poèmes illustrés. Lors des ateliers hors-murs du programme “De parc en parc”, l’été dernier, nous avons vu le plaisir qui se dégage d’une approche intergénérationnelle de la poésie. Les enfants aiment jouer avec les mots, les rimes, les sonorités, l’aspect musical des phrases. Les comptines, c’est déjà de la poésie : on commence très jeune à donner du rythme, à faire chanter les vers. La poésie s’accorde bien avec l’enfance. »
choses qui se passent sur les radios, même sur des chaînes assez classiques comme France Culture, avec des émissions et des podcasts de poésie3. Et il y a des textes poétiques qui vivent essentiellement sur scène, sous une forme orale, dans des performances où le corps prend parfois une place importante. Le superbe recueil Lettres aux jeunes poétesses, publié en 2021 par les éditions L’Arche, regroupe une vingtaine d’auteures francophones représentatives de ces différentes pratiques actuelles.
Et il y a la musique, aussi. Aux Eaux-Vives, nous avons organisé pas mal de rencontres avec des artistes qui rapprochent poésie et chanson, comme Véronique Pestel, Sophie Solo ou Guillaume Pidancet. Parfois, la chanson conduit à la poésie. C’était le cas pour moi lorsque j’ai découvert Louis Aragon à travers Jean Ferrat qui avait mis ses poèmes en chansons ; Aragon était d’ailleurs ravi de cette manière de populariser la poésie, loin du cliché d’un art de bonne famille à réciter dans les salons bourgeois… Mais les chansons peuvent être elles-mêmes de la poésie : c’était le cas avec des artistes comme Georges Brassens ou Allain Leprest, qui étaient poètes en tant que paroliers, et c’est le cas aujourd’hui avec le rap.
« Bien sûr, il y a les classiques. Mais la poésie n’est pas écrite que par des gens morts, il y a aussi des vivant-e-s qui en font ! Il existe pas mal de maisons d’édition qui publient des auteur-e-s d’aujourd’hui et qui marchent semble-t-il assez bien, par exemple L’Iconoclaste avec sa collection Iconopop, où on trouve la poétesse et slameuse2 belgo-congolaise Lisette Lombé. Mais le livre n’est plus la seule manière de diffuser des poèmes : la poésie est aussi très présente en ligne, sur des sites et blogs poétiques, sans forcément être éditée en papier. Il y a pas mal de
Il y a donc plein de choses qui se passent, ça vit, la poésie est en ébullition. Et c’est vrai qu’il y a aujourd’hui le terreau pour ça, pour slamer, pour se révolter, pour faire prendre conscience qu’il y a des choses à faire, pour tenter de changer ce monde. Au festival de la Bâtie 2022, on a pu voir un spectacle de l’artiste afro-féministe française Rebecca Chaillon entre la performance, la poésie, le texte militant… Parfois, lorsqu’on lit et qu’on entend les slogans dans une manifestation, on n’est pas loin du slam et de la poésie engagée. »
2 Le slam est une forme de poésie conçue pour être scandée en public, souvent engagée, proche du chant ou du rap.
3 Par exemple « Poésie et ainsi de suite » : www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-compagnie-des-poetes
Dans le catalogue des BM
La poésie dans le catalogue des BM : genevebm.com/poesie-bm
La poésie dans le catalogue de la BM Eaux-Vives : genevebm.com/poesie-eaux-vives
Le magazine Le Matricule des anges (disponible aux BM Cité et Eaux-Vives), qui fait une large place à la poésie contemporaine.
« La poésie n’est pas écrite que par des gens morts »
nota n°4 janvier – juin 2023 34 En rayon
(Sans titre)
Dans la nuit qui a faim prendre tes doigts un à un dans ma bouche raisins tant aimés que je laisse à leur grappe pour demain
José-Flore Tappy, Hangars (Moudon : Empreintes, 2006)
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La rentrée littéraire dans la tête d’une
bibliothécaire
Question indiscrète : qu’est-ce qui se passe dans la tête d’une bibliothécaire qui affronte la deuxième rentrée littéraire de la saison, celle de janvier ? Comment choisit-elle, à partir d’une liste de 700 titres, ce qui va atterrir sur ses rayons ? Pour tenter de comprendre, on se pose pendant deux heures à côté de Dominique Monnot, bibliothécaire responsable de la collection Adultes à la Servette, on la regarde naviguer dans la banque de données professionnelle Électre et on lui demande de formuler ses pensées à haute voix. Voici le résultat — non exhaustif — de cette observation…
José Eduardo Agualusa, Les vivants et les autres (Paris : Métailié)
■ Le livre. Une tempête isole l’île de Mozambique au moment où elle accueille un festival littéraire africain. Les écrivain-e-s, coupé-e-s du monde, sont confronté-e-s à leurs personnages au cours d’une semaine qui brouille les frontières entre réalité et fiction.
● Que faire ? « Je prends. D’Agualusa, j’ai beaucoup aimé Théorie générale de l’oubli, que j’ai mis en bandeau et qui sort beaucoup 1. L’éditrice, AnneMarie Métailié, a fait découvrir au public francophone beaucoup de romans latino-américains et lusophones (Agualusa vient d’Angola, pays africain dont le portugais reste une des langues officielle). »
Henning Ahrens, Les péchés des pères (Paris : Gallmeister)
■ Le livre. Gerda, 65 ans, accueille les familles des personnes défuntes dans son village et prend soin des corps jusqu’à ce qu’ils soient enterrés. Un jour de 1962, l’homme qui se présente à sa porte, effondré de douleur, est un ancien fiancé qui l’a abandonée autrefois pour épouser une femme riche. Il est aussi un tyran domestique et a été un nazi convaincu…
● Que faire ? « Je ne connais pas l’auteur, mais il est édité chez Gallmeister, une super maison spécialisée dans la littérature étrangère et surtout américaine. C’est souvent assez trash, mais ce sont de très bons textes. Celui-ci est traduit de l’allemand… Je mets une option dessus. »
Carlos Manuel Alvarez, Tomber (Montréal : Mémoire d’encrier)
■ Le livre. Une famille cubaine se déchire, sans trop comprendre pourquoi.
● Que faire ? « C’est un livre qui a déjà eu son lectorat dans le monde — succès international, traduit dans une dizaine de langues… — et je trouve intéressant d’entendre une nouvelle voix qui raconte le Cuba d’aujourd’hui de l’intérieur. »
1 Dans le langage des bibliothécaires, « mettre en bandeau » signifie envelopper une partie de la couverture dans un bout de papier qui attire l’attention ou qui souligne les qualités du texte en quelques phrases manuscrites. Et un livre qui « sort » est un livre qui est emprunté.
nota n°4 janvier – juin 2023 36 En rayon
Deux fois par an, en septembre et janvier, une grosse vague de romans déferle sur le monde du livre. Comment choisir ?
37 En rayon
Maud Ankaoua, Plus jamais sans moi (Paris : Eyrolles)
■ Le livre. Constance est engagée comme avocate dans un cabinet prestigieux, à une condition : elle doit d’abord faire le chemin de Compostelle en solo… Maud Ankaoua compte déjà deux best-sellers au rayon feel-good, Kilomètre zéro : le chemin du bonheur (2017) et Respire ! (2020).
● Que faire ? « Je vais le prendre parce que ses livres sortent, même si ce n’est pas ma tasse de thé. »
M. J. Arlidge, Action ou vérité (Paris : Les Escales)
■ Le livre. Héroïne d’une série de polars anglais, la DI (detective inspector) Helen Grace enquête sur des crimes frappant Southampton pendant une vague Covid et découvre qu’ils sont reliés en un puzzle machiavélique.
● Que faire ? « Nous avons deux ou trois livres de cet auteur qui sortent bien, 8 à 10 fois par année chacun. Donc évidemment, je vais le prendre. »
Patrick Autréaux, La Sainte de la famille (Lagrasse : Verdier)
■ Le livre. Le narrateur n’a aucun souvenir de sa vie avant le jour, à l’âge de cinq ans, où sa grandmère est décédée. Mais une grave maladie et la lecture de Thérèse de Lisieux, mystique du 19e siècle déclarée sainte, lui ouvrent les coulisses de cette période perdue.
● Que faire ? « Les éditions Verdier, c’est quand même une littérature exigeante, donc je sais que ça ne va pas faire un tabac, sauf si je le “vends” en le proposant à des personnes attachées à une certaine qualité d’écriture. L’auteur était autrefois chez Gallimard. Son dernier livre chez Verdier, Pussyboy, est sorti 10 fois l’année passée, c’est pas mal. Je mets une option dessus. »
T. C. Boyle, Parle-moi (Paris : Grasset)
■ Le livre. Une étudiante californienne, Aimée Villard, est engagée pour s’occuper de Sam, un chimpanzé qui a appris à parler en langue des signes. Lorsque l’université décide d’arrêter l’expérience et d’enfermer le grand singe avec ses congénères, Aimée refuse de laisser tomber…
● Que faire ? « Je prends, c’est sûr. Le premier livre de T. C. Boyle, Water Music, un roman qui se passe vers 1800 pendant l’exploration du fleuve Niger, est vraiment génial, je l’ai mis en bandeau et il sort très souvent. Aux bons soins du Dr Kellogg se passe dans le sanatorium créé à la fin du 19e siècle par ce médecin, célèbre pour avoir inventé les corn flakes et pour ses idées tarées en matière de soins. La belle affaire, c’est l’histoire de trois bras cassés qui doivent s’occuper d’un champ de marijuana où évidemment, rien ne se passe comme prévu… C’est un auteur qu’il faut avoir et dont les livres vont être empruntés. »
Chico Buarque, Ces gens-là (Paris : Gallimard)
■ Le livre. Compositeur et chanteur de bossa nova, auteur de théâtre et de poésie, romancier, Chico Buarque publiait en 2019 ce livre (Essa gente en V. O.), considéré comme la première œuvre littéraire majeure qui se confronte au Brésil des années Bolsonaro.
● Que faire ? « Voyons : ”Un quartier de Rio de Janeiro… Alors que Bolsonaro vient d’arriver au pouvoir, la ville périclite…” Ah, ça m’intéresse ! »
nota n°4 janvier – juin 2023 38 En rayon
Philippe Claudel, Crépuscule (Paris : Stock)
■ Le livre. Un meurtre est commis dans un village où rien ne se passe, aux frontières d’un empire colonial au bord de l’effondrement…
● Que faire ? « Bon, ça, on prend, c’est sûr. Depuis son premier roman, on les prend tous. Il y a des auteur-e-s comme ça, comme Philippe Besson ou Yasmina Khadra : on prend leurs livres, on ne se pose pas la question, car il y a à la fois la qualité et la demande du public. »
Didier Cornaille, Les arrosoirs de Casamance (Paris : Presses De La Cité)
● Que faire ? « Ça, c’est du roman du terroir. On tâche d’en acquérir régulièrement, mais si possible en sortant du schéma typique où on est en Provence ou dans les Cévennes, avec une lavandière qui tombe amoureuse d’un sabotier qui doit partir à la guerre en 1914-18… Notre public qui cherche du terroir ne veut pas toujours des histoires de guerre, et celui-ci n’en parle apparemment pas. Ça se passe à La Louvrie, un village paisible en Mayenne, c’est le monde rural qui se fait envahir par l’urbanité, ça peut être intéressant. »
Frédéric Couderc, Hors d’atteinte (Paris : Les Escales)
■ Le livre. Un écrivain allemand perd son grand-père et découvre un écheveau de secrets. Il plonge alors dans une enquête sur le programme nazi Aktion T4, visant à exterminer la population jugée « déficiente » sur le plan physique ou mental, et sur un criminel de guerre resté impuni…
● Que faire ? « Les éditions des Escales ont pris de l’ampleur sur le marché avec de bons textes qui se situent dans une sorte de zone médiane, ni trop simples, ni trop exigeants… Mais sur tout ce qui est nazisme et Seconde Guerre mondiale, il y a quand même déjà pas mal de choses. Je le mets en stand-by. »
Mia Couto, Le chasseur d’éléphants invisibles
(Paris : Chandeigne)
■ Le livre. Un recueil de nouvelles explorant de façon poétique les enjeux de société dans le Mozambique contemporain.
● Que faire ? « C’est une maison d’édition spécialisée dans la littérature lusophone, Mia Couto est un très bon auteur mozambicain, peut-être un peu sous-coté par le public. À la Servette nous n’avons qu’un seul livre de lui, son dernier, Le cartographe des absences, qui a eu beaucoup de bonnes critiques et qui est dehors en ce moment. Le public ne va pas me demander son nouveau livre dix fois par jour, mais je mets quand même une option dessus. »
Constance Debré, Offenses
(Paris : Flammarion)
■ Le livre. Un jeune homme commet un meurtre gratuit, quelque part dans une banlieue. Le but de l’acte, de son point de vue, est que les choses s’arrêtent et que le monde se taise…
● Que faire ? « On prend ses livres depuis son premier, Play boy, qui raconte sa métamorphose de femme riche, avocate, fille de la famille Debré, qui tout à coup lâche tout ce qu’elle fait, se découvre lesbienne, consomme des corps de femme à tout va. Dans Love Me Tender, elle raconte comment son ex-mari l’a séparée de son fils. Dans Nom, comment elle a dû se dissocier du nom de sa famille. Dans celui-ci, elle ne parle apparemment plus d’elle. Ce n’est plus de l’autofiction, mais vu qu’elle est avocate, je pense qu’elle a quelque chose à dire sur la justice. Je vais le prendre. »
39 En rayon
Qu'est-ce qui se passe dans la tête d'une bibliothécaire qui affronte la rentrée littéraire de janvier ?
Jonathan Dee, Sugar Street
(Paris : Les Escales)
■ Le livre. Un homme jette son passé : ses privilèges, son identité sociale, son nom… Tout, sauf 168’548 dollars en espèces, avec lesquels il s’installe dans une ville inconnue pour tout recommencer.
● Que faire ? « L’auteur a eu beaucoup de critiques positives pour son premier roman Les privilèges. Je l’avais quand je travaillais à la Cité, il ne sortait pas du tout. Voyons si maintenant, ça va mieux… Hmmm, ça ne fait pas un tabac. Mais celui-ci s’annonce comme “une réécriture urbaine de Walden ou la Vie dans les bois de Thoreau”. Intéressant. »
Jean-Laurent Del Socorro, Morgane Pendragon
(Paris : Albin Michel)
■ Le livre. Surprise : contrairement à ce qu’annonçaient les prophètes, ce n’est pas Arthur qui sort l’épée plantée dans le rocher, mais Morgane, fille cachée du défunt roi Uther Pendragon, dont elle hérite le royaume et dont l’épopée ne fait que commencer. ● Que faire ? « Ça, je prends. Je ne connais ni l’auteur, ni le titre, mais il est dans la collection Imaginaire chez Albin Michel, dont mon collègue François Gerber, ancien bibliothécaire responsable aux Pâquis et grand connaisseur de fantasy, m’a assuré qu’on peut la prendre les yeux fermés. Pareil pour la collection Exofiction chez Actes Sud, dont je vais prendre celui-ci : Quality Land 2.0. Le secret de Kiki de Marc-Uwe Kling. Une dystopie comique, pourquoi pas. »
Carla Demierre, L’école de la forêt (Paris : José Corti)
■ Le livre. Arole et Bleuet sont sœurs, elles ont grandi dans une communauté qui se veut pleine de sagesse mais qui est remplie d’enseignements oppressants et de misogynie. Elles partent se loger dans une forêt, où elles se mettent à reconstituer leur passé. Car au lieu d’écouter les leçons, elles ont tout noté et enregistré.
● Que faire ? « C’est une auteure genevoise, elle habite aux EauxVives, donc je pense que je vais le prendre. En plus, elle est publiée chez Corti, une maison qui ne se vend pas comme des petits pains, mais qui fait dans la qualité. »
Bernardine Evaristo, Des racines Blondes (Paris : Globe)
■ Le livre. Une histoire d’esclavage à l’envers, où l’Afrique a conquis le monde et où Doris, jeune Anglaise exploitée sur une plantations de canne à sucre, renoue avec ses racines blondes.
● Que faire ? « C’est l’auteure de Fille, femme, autre… donc oui, je vais le prendre. Malheureusement il est à nouveau publié chez Globe, qui a de bons textes, mais qui édite avec des caractères tout petits… »
Anne Fabregoul, La bouquineuse des possibles (Paris : Kiwi)
■ Le livre. Capucine crée une bibliothèque pour ados appelée La Fabrique des possibles. Elle espère ainsi redonner du sens à sa vie qu’elle trouve trop fade, comparée à celles qu’elle vit en plongeant dans des fictions.
● Que faire ? « Il y a tous ces romans feel-good avec des titres comme “La petite librairie du bonheur”, “Noël à la petite librairie du bonheur”, “Le café de la petite librairie du bonheur”… Nous avons par exemple La libraire de la place aux Herbes d’Eric de Kermel, où les gens viennent se confier et la libraire les aide à résoudre leurs problèmes avec des livres. D’un côté, je me demande si au bout d’un moment, il ne faut pas arrêter. De l’autre, je me dis que pour le public qui veut des choses légères, ce sont peut-être de bonnes options… »
nota n°4 janvier – juin 2023 40 En rayon
« Je ne me pose pas de questions : c'est une auteure de policiers suédoise, la grande mode du polar nordique perdure… On prend. »
Camille Froidevaux-Metterie, Pleine et douce (Paris : Sabine Wespieser)
■ Le livre. Autrice d’essais marquants qui explorent avec une approche féministe la question du corps et de sa réappropriation, la philosophe et politologue Camille Froidevaux-Metterie franchit un seuil en publiant son premier roman.
● Que faire ? « On reste quand même dans le sujet : ça parle d’une femme qui veut avoir un enfant sans passer par une vie de couple, et de comment les autres femmes autour d’elle réagissent à sa grossesse. Je vais sûrement le prendre. »
Camilla Grebe, L’horizon d’une nuit (Paris : Calmann-Lévy)
■ Le livre. Yasmin, fille d’une famille recomposée vivant aux abords de Stockholm, disparaît près d’une falaise et son corps n’est pas retrouvé. La police enquête et chaque membre de la famille livre sa version du drame, dans une forêt de faux-semblants qui s’épaissit jusqu’au rebondissement final.
● Que faire ? « Je ne me pose pas de questions : c’est une auteure de policiers suédoise, la grande mode du polar nordique perdure… On prend. »
Colleen Hoover, À tout jamais (Paris : Hugo)
■ Le livre. Lily quitte un mari violent et retombe par hasard sur un amour d’adolescence…
● Que faire ? « Il y a des jeunes filles, entre l’âge où on sort un peu de la collection Jeunes et celui où on commence à entrer dans la collection Adultes, qui s’intéressent actuellement à la dark romance, un genre que je n’ai pas trop envie de proposer où, en gros, une femme est kidnappée et tombe amoureuse de son
kidnappeur. Pour ce public, j’essaie plutôt de proposer d’autres titres, qui sont dans les codes actuels de la romance tout en étant moins dégradants pour les femmes et sans ce côté syndrome de Stockholm. Je prendrai donc Colleen Hoover, que je connais, qui écrit de la romance non problématique et dont tous les livres sortent tout le temps. »
Arnaldur Indridason, Le roi et l’horloger (Paris : Métailié)
■ Le livre. Dans l’Islande du 18e siècle, colonisée par le Danemark, le roi déchu Christian VIII se lie d’amitié avec un horloger et découvre les joies et les cruautés de la vraie vie hors de son palais.
● Que faire ? « Incontournable : c’est un auteur mondialement connu de romans policiers islandais, je sais que ça va sortir sans arrêt. »
Kirsten Innes, Reine d’un jour (Paris : Métailié)
■ Le livre. C’est l’histoire, ou plutôt c’est la myriade d’histoires contradictoires de la chanteuse Clio Campbell, météore (purement imaginaire) de la pop britannique, qui vient de se suicider à 51 ans.
● Que faire ? « Ça ne marche pas trop, les biographies fictives de personnages qui n’ont pas existé… Rien à voir avec les romans basés sur des faits biographiques réels, comme celui-ci : Patrick Grainville, Trio des ardents, au Seuil, une histoire vraie entre les artistes Alberto Giacometti, Francis Bacon et Isabelle Rawsthorne. »
On connaît l’œuvre des deux premiers, alors que les peintures de la troisième restent entièrement à découvrir.»
41 En rayon
Comment le monde des livres pour enfants a-t-il changé au fil des décennies ?
Jacqueline Bochatay, responsable depuis près de 40 ans de l’espace Jeunes à la Servette, se souvient.
Une bibliothécaire sur la mer des albums
Quand Jacqueline Bochatay était petite, la littérature pour la jeunesse était faite de romans, de bandes dessinées, de séries de petits ouvrages illustrés : « Il y avait Martine, la gentille fille formée pour être un jour une bonne maman et une bonne épouse. Et Caroline, qui vit comme une grande et qui fait ce qu’elle veut », raconte-t-elle. Petit à petit, « une énorme mer de livres est arrivée », transformant ce domaine de l’édition en « un monde nouveau ». L’ère des albums commençait : des grands formats où l’illustration prenait ses libertés, ouvrait des univers artistiques, s’envolait.
« J’étais en émerveillement devant cette richesse, cette manière sensible d’aborder toute sorte de sujets », se souvient la bibliothécaire, qui s’apprête aujourd’hui à quitter ses fonctions de responsable de l’espace Jeunes à la Servette pour prendre sa retraite. « Je suis tombée là-dedans un peu par hasard. Après le collège, je ne m’étais inscrite nulle part. Je voulais être prof d’histoire, enseignante, je ne savais pas trop quoi. Puis j’ai fait un stage d’été dans ce métier auquel je n’avais pas du tout pensé. » En 1979, la trajectoire de la jeune femme croise ainsi le monde bibliothécaire et s’y fixe à jamais. « C’était un coup de chance, grâce à mon frangin qui m’avait dit : “Vas-y, toi qui aimes tellement lire…” »
Qu’est-ce qui l’attache à ce monde de papier ?
« J’avais envie de travailler avec les jeunes. Ça, c’était évident. Et je découvrais que je pouvais le faire dans un cadre plus libre qu’en étant enseignante. » Jacqueline se forme à l’École bibliothécaire, comme on l’appelle alors, et entre en 1985 aux Bibliothèques municipales
comme « animatrice » : « On faisait des bibliographies thématiques, on installait des expositions, on créait nous-mêmes des spectacles de marionnettes… Après deux ans, la collègue qui gérait les espaces Jeunes de la Servette et de ce qui était alors la bibliothèque de la Madeleine me dit : “J’ai trop avec ces deux postes, j’aimerais plutôt faire de l’animation.” J’ai pris la Servette, elle a pris l’animation. C’était la souplesse de l’époque, on pouvait s’échanger les postes comme ça. »
Au bord de la planète
De 1987 à 2023, Jacqueline mène donc ce lieu blotti jusqu’à l’année passée dans une rue tranquille, juste à l’écart d’une des artères qui connectent Genève à la planète. Elle organise des rencontres avec des auteure-s, développe les visites pour les classes d’école, puis pour les enfants des crèches qui commencent à s’installer dans le quartier. Pendant ce temps, le monde change, et les livres jeunesse aussi. « Aujourd’hui, on aborde plus facilement des thèmes sociétaux : la situation des sans-abri que les enfants voient peut-être tous les jours dans la rue en allant à l’école, le racisme, la guerre, la dégradation de l’environnement… Le fait que les enfants sont exposé-e-s à des informations sur ces situations incite les auteur-e-s à les introduire dans leurs livres, pour aider les jeunes à les affronter. Ce n’est pas qu’autrefois, les histoires étaient forcément toutes roses et douces, mais on passait plutôt par le personnage d’un animal qui rencontrait des problèmes… Aujourd’hui, pour parler des sans-abri, on va montrer des sans-abri. »
nota n°4 janvier – juin 2023 42 En rayon
Sur le point de quitter les lieux, la bibliothécaire est « sûre d’avoir fait le bon métier, un des plus beaux qui soient ». Elle est ravie que « durant toutes ces années, la littérature jeunesse a trouvé la place qu’elle mérite aux Bibliothèques municipales : nous étions une toute petite équipe, mais déjà avec beaucoup de public, et nous avons réussi à faire évoluer la situation pour mettre en valeur ce premier accès à la culture qui a l’avantage d’être simple, pas du tout intimidant ». Elle est heureuse que la bibliothèque reste « un lieu libre pour les jeunes, qui peuvent prendre sans jugement ce dont ils et elles ont envie » et un espace où « on a la chance de rencontrer des gens de toutes les origines et de contribuer un peu à leur intégration ». Avec tout ça, conclut-elle, « j’ai vécu des moments extrêmement fantastiques ».
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Un demi-siècle en
7 albums
Choisis par Jacqueline Bochatay et disponibles dans le catalogue des BM
Tomi Ungerer Jean de la Lune
(Paris : Ecole des loisirs, 1969)
« Il y a de l’humour mais ce n’est pas tout en douceur, c’est percutant, ça peut même être dérangeant par rapport au cadre établi bien gentillet. » En effet. Quelques mois avant sa mort en 2019, le dessinateur alsacien Tomi Ungerer déclarait : « Je fais des livres pour enfants pour amuser l’enfant que je suis et pour faire sauter les idées reçues à la dynamite. » Dans cet album devenu classique, un personnage littéralement lunaire tente de s’intégrer sur Terre, avec un résultat mitigé…
Leo Lionni, Pezzettino
(Paris : Ecole des loisirs, 1977 Version originale anglaise : 1975)
Pezzettino, dont le nom signifie « petit morceau » en italien, se demande s’il est « un petit bout de quelqu’un d’autre », et il cherche à savoir de qui… « Leo Lionni est un auteur-illustrateur italien installé aux États-Unis, qui a marqué la littérature enfantine mondiale et qui dessine par taches. C’est vraiment un style de peintre, mais les enfants comprennent très bien et sont attiré-e-s par ses dessins. »
Steven Kellogg, Le Têtard mystérieux
(Paris : Ecole des loisirs, 1982. Version originale anglaise : The Mysterious Tadpole, 1977)
« Un garçon met une petite bête dans sa baignoire, mais la bête devient tellement grande qu’il doit finir par l’amener dans la piscine municipale… Un album d’un auteur américain avec une quantité énorme de choses qui se passent dans les images. C’est prenant et complètement entraînant. »
nota n°4 janvier – juin 2023 44 En rayon
Claude Boujon
Toutou dit tout
(Paris : Ecole des loisirs, 1991)
C’est l’histoire d’un chien et d’un enfant qui, pour des raisons mystérieuses, tire tout le temps la langue… « Comme beaucoup à cette époque, Claude Boujon travaillait seul texte et images. C’est vraiment une œuvre, dans laquelle tout se tient. On peut lire le texte et on peut aussi lire l’image, dans laquelle on trouve d’autres éléments de l’histoire, qui ne sont pas dans les mots. »
Philippe Corentin
Machin Chouette
(Paris : Ecole des loisirs, 2002)
La vie quotidienne d’un chien, racontée du point de vue (très critique) d’un chat. « L’auteur est mort en novembre dernier à l’âge de 86 ans. Les auteur-e-s d’albums vivent souvent longtemps et continuent de travailler jusqu’à des âges impressionnants. Sans doute la littérature jeunesse les garde-t-elle jeunes. »
Emmanuelle Houdart Mortel
(Montreuil : Editions les Fourmis rouges, 2021)
John Burningham
C’est un secret !
(Paris : Ecole des loisirs, 2010 Version originale anglaise : It’s a Secret !, 2009)
Une petite fille réussit à se faire inviter à une soirée par son chat. Évidemment, ça se passe sur les toits… « Parfois on pleure, parfois on rit, il y a tout ce qu’il faut dans ces albums. »
« Pour beaucoup de parents, les albums sont aussi une façon d’introduire une discussion sur des sujets qu’on ne sait pas trop comment présenter, comme le divorce ou la mort de quelqu’un dans la famille. » Ce livre étrange, qui explore les imaginaires de la mort, du plus familier au plus mystique, représente de ce point de vue un choix audacieux. « C’est une auteure un peu plus difficile d’accès, qu’un-e enfant seul-e n’arrivera peut-être pas à décoder sans l’aide d’un-e adulte pour tout décortiquer. »
45 En rayon
La Jonction se réaménage pour mieux brasser les générations
La bibliothèque du quartier a rouvert en décembre après des travaux légers, mais potentiellement décisifs pour favoriser la circulation et la découverte. Petit tour guidé
nota n°4 janvier – juin 2023 46 Espaces
« Passerelle » : le mot évoque un pont suspendu au-dessus d’un fleuve, entre les parois d’une gorge, à travers une forêt… Dans le langage des bibliothèques, c’est une rangée d’étagères où voisinent des livres destinés aux jeunes et aux adultes. Trois de ces passerelles sont apparues lors du réaménagement de la bibliothèque de la Jonction, fin 2023. Elles ont pour but de décloisonner les mondes, croiser les imaginaires, brasser les générations.
« On a cessé depuis longtemps de fermer la porte entre les espaces Jeunes et Adultes, on l’a agrandie il y a une dizaine d’années, et les publics ont commencé à circuler. Avec ces travaux, nous avons voulu renforcer ce côté intergénérationnel », explique l’équipe du lieu. La Jonction va ainsi quelques pas plus loin dans la logique du « site unique », consistant à ne plus proposer aux jeunes et aux adultes deux bibliothèques colocataires, mais véritablement un seul lieu.
Tout le monde par la même porte, les petit-e-s dans un cocon
Jeunes et adultes ne débarquent plus par des entrées séparées. Tout le monde part désormais à droite en arrivant sur le palier. Ceci permet aux tout-petit-e-s de ne plus être dans un lieu de passage, mais de bénéficier d’un espace clos comme un cocon.
Des gradins ont poussé un peu plus loin dans l’espace Jeunesse, pour faciliter les rencontres de classes et la lecture entre parents et enfants. La moquette qui tapissait autrefois cette partie du lieu a fait place à un parquet, pour homogénéiser le sol et souligner la continuité.
Des espaces de lecture disséminés
L’ancienne salle de lecture a basculé dans la fiction, accueillant les romans des sections adultes et jeunes adultes (dès 15 ans) et en langues étrangères. Le grand vide au milieu de cet espace perd du coup ses proportions géantes, mais peut les retrouver à l’occasion pour des ateliers, conférences ou spectacles, car les étagères qui l’occupent sont sur roulettes.
L’espace de lecture et de travail qui a disparu ici se retrouve en partie ailleurs, réparti le long des fenêtres. « Aujourd’hui les bibliothèques ne sont plus forcément conçues comme des lieux tranquilles, mais nous réfléchissons à un nouveaux mobilier pour créer des coins destinés aux personnes qui aiment être isolées », relève l’équipe. La bibliothèque s’est rouverte avant que tous les aménagements soient terminés : les transformations se poursuivent de manière discrète.
La BD, les contes et les DVD sur des passerelles
« La bande dessinée était fractionnée à différents endroits. Maintenant tout est ensemble : la BD franco-belge, les petits formats, les comics, les mangas, les ouvrages documentaires sur la BD », se réjouit l’équipe.
Pareil pour les contes, ajoute Dominique Beltrami, responsable des bibliothèques de quartier: « Ils étaient éclatés en plusieurs endroits, et du coup peu visibles, alors qu’ils sont une colonne vertébrale de la littérature et qu’ils font partie d’un bagage commun. On peut réunir toutes sortes de publics, et notamment des enfants et des grands-parents, autour de cette collection. »
47 Espaces
Ados gagnant-e-s, adultes aussi
« La mixité des espaces facilite la transition des ados de la partie Jeunes vers la partie Adultes. Le pari, c’est qu’en étant amené à naviguer à plusieurs endroits, le jeune public se familiarise avec l’ensemble de l’espace et continue, en grandissant, à s’approprier toute la bibliothèque », explique Marie-France Croisier, responsable des infrastructures et de la logistique. Les adultes devraient y gagner aussi, complète Dominique Beltrami : « Les parents ne devront pas toujours choisir entre rester dans l’espace Jeunes avec leurs enfants et aller ailleurs dans la bibliothèque chercher quelque chose qui leur parle. Désormais, on peut aussi se retrouver ensemble devant un pan de collection où tout le monde peut découvrir quelque chose qui l’intéresse. »
nota n°4 janvier – juin 2023 48 Espaces
La vie autour de soi
Lieu de découvertes intergénérationnelles, espace d’immersion studieuse ou d’interaction ludique entre enfants, la bibliothèque est aussi un endroit où on peut « briser la solitude en étant juste là, avec de la vie autour de soi », note Dominique Beltrami.
C’est également un espace voués aux rencontres entre adultes, souligne l’équipe : « De tout temps, les mamans s’y retrouvent après l’école, certaines gardant à tour de rôle les enfants des autres. D’autres usager-e-s recherchent plutôt la discussion avec les bibliothécaires. Nous savons qu’il y a des personnes pour qui cet échange avec nous sera la seule conversation de la journée. Et nous avons des retours émouvants qui nous disent à quel point nous avons pu être important-e-s à certaines périodes de leur vie. »
49 Espaces
50 janvier – juin 2023 nota n°4 En coulisses
Un télescope : c’est avec cet objet pointé habituellement vers les étoiles que Paul Otlet imagina, il y a un un siècle, qu’on pourrait lire un jour des livres à distance, « exposés dans la salle des grandes bibliothèques, aux pages demandées d’avance » 1. L’inventeur belge de ce premier ancêtre du Web se distinguait par son regard étonné derrière des lunettes rondes, par son appel à laisser L’Afrique aux Noirs 2 au moment où le roi Léopold II s’emparait du Congo, ainsi que par ses projets utopistes, visant à améliorer l’humanité en permettant de tout savoir sur tout. Dans le futur, annonçait-il en 1934, les livres seraient téléphotés, c’est-à-dire consultables depuis chez soi à l’aide d’un meuble appelé « mondothèque », doté d’un écran « double, quadruple ou décuple » .
Avant d’imaginer cet Internet en papier, avant de créer à Bruxelles un lieu appelé Mundaneum où tout le savoir humain serait répertorié dans des millions de fiches, avant de rêver d’une Cité Mondiale vouée à « la connaissance pour la Paix » qui verrait (peut-être) le jour à Genève, Paul Otlet avait inventé en 1905 une nouvelle façon de ranger. Appelé « Classification décimale universelle » (CDU), son système orientera le public dans d’innombrables bibliothèques du monde, dont les BM à Genève, qui l’utiliseront jusqu’en 1977, avant de basculer vers un système plus ancien, la Classification décimale de Dewey.
Car Otlet n’avait pas imaginé son rangement à partir de zéro. Sa classification perfectionnait un système existant, breveté en 1876 par l’Américain Melvil Dewey, qui avait — il faut le dire — une biographie nettement moins engageante. Après avoir créé le premier système moderne de classification bibliothécaire et s’être penché sur toutes les connaissances et tout l’imaginaire de l’humanité, Dewey poursuit sa carrière en s’adonnant au harcèlement sexuel en série et en affichant un racisme et un antisémitisme si flagrants, même pour l’époque, qu’il est poussé en 1905 à quitter ses fonctions dirigeantes dans le monde biblio-
L’histoire secrète du rangement des bibliothèques
thécaire américain3 . Ayant entaché ainsi son propre nom, l’homme reste à ce jour en disgrâce. Son œuvre classificatoire vit en revanche un regain de popularité en bibliothèque, car son système est plus simple à naviguer que celui de Paul Otlet, mieux adapté à des lieux où le public se balade librement dans les rayons en piochant ce qu’il veut.
Le principe de plaisir
Un cocktail de chiffres et de lettres collé sur le dos ou sur la couverture : c’est ainsi que le système Dewey marque les livres d’une bibliothèque. Les chiffres, d’abord, indiquent le domaine où le livre est situé. Exemple ? Le surf : je découvre, je me lance, je pratique appartient à la classe 700, « Arts, Loisirs et Sports », plus particulièrement à la division 790, « Loisirs et arts du spectacle, sports », plus précisément à la section 797, « Sports nautiques et aériens », et encore plus spécifiquement à la sous-section 797.3, « Autres sports aquatiques ». Les lettres livrent une version abrégée du nom de l’auteure, Véronique Bury : la cote de ce livre sera donc 797.3 BUR.
Le visionnaire
Paul Otlet, inventeur il y a un siècle d’un Internet en papier, et le peu recommandable
Melvil Dewey ont créé la classification en vigueur dans nos bibliothèques.
Les trois princes de Serendip sont venus ensuite la chambouler…
En réalité, seulement la moitié des livres des BM sont identifiés de cette manière. Pourquoi ? « Parce que les bibliothèques de lecture publique sont des bibliothèques de plaisir. C’est ce qui les distingue des bibliothèques scientifiques ou patrimoniales. Et le plaisir, c’est la fiction, c’est-à-dire les romans, les bandes dessinées et les albums jeunesse », explique Isabelle Marchini, responsable du catalogage aux BM. Le problème, c’est qu’en suivant
1 Paul Otlet, Traité de documentation : le livre sur le livre, théorie et pratique, Bruxelles : Mundaneum, 1934 En ligne : genevebm.com/otlet-traite-documentation
2 Paul Otlet, L’Afrique aux Noirs, Bruxelles : Ferdinand Larcier, 1888. En ligne : genevebm.com/otlet-afrique
3 Anne Ford, « Bringing Harassment Out of the History Books Addressing the troubling aspects of Melvil Dewey’s legacy », American Libraries Magazine, 1er juin 2018. En ligne : genevebm.com/dewey-harcelement. « State Librarian Dewey The Real Issue Involved in the Demand for His Removal », New York Times, 15 février 1905. En ligne : genevebm.com/dewey-antisemitisme
51 En coulisses
la classification, le plaisir de la fiction serait interrompu par toutes sortes de choses.
Exemple. Prenons un roman traduit de l’anglais, Où es -tu , monde admirable ? de Sally Rooney. La classification Dewey le placerait dans la classe 800 (Littérature), division 820 (Littératures anglaise et anglo-saxonne), section 823 (Fiction) : sa cote serait « 823 ROON ». Prenons maintenant le roman francophone La vie clandestine de Monique Sabolo : classe 800 (pareil), division 840 (Littérature française), section 843 (Fiction), cote « 843 SABO ». Les deux livres seraient séparés non seulement par d’autres romans, mais également par des essais anglais et allemands (section 824 et 834) et par des analyses littéraires allemandes et françaises (830 et 840)… Pour éviter un tel saucissonnage, les romans sont extraits de la classification décimale et regroupés entre eux. Sally Rooney et Monique Sabolo sont ainsi voisines au rayon fiction, où leurs cotes sont simplement ROON et SABO. Ouf.
Aux frontières de la fiction
398.2, « Littérature populaire orale (contes, légendes, ogres, ouvrages généraux sur les mythes) » : c’est sous cette cote « improbable », note Isabelle Marchini, que la classification Dewey place les contes, dans une sous-section de la section Folklore. Improbable pourquoi ? Parce que du coup, Cendrillon se retrouve perdue dans le grand tiroir 300 des sciences sociales, quelque part entre les cotes 380 (« Commerce, communications, transports ») et 399 (« Coutumes de la guerre et de la diplomatie »)… « Mais les contes, c’est clairement de la fiction. Plusieurs bibliothèques les ont donc sortis de la classification décimale pour les regrouper dans un pôle à eux. » Que dire alors des mythes, qui sont, si on veut, des fictions auxquelles on croit ? Les BM les rangent parfois avec les contes dans la section Folklore (398), parfois avec les croyances spirituelles dans la division 290, celle des « Autres religions ».
Où commence, où s’arrête la fiction ? Telle — on le voit — est la question. « Annie Ernaux, lauréate 2022 du prix Nobel de littérature, réfute la notion de roman pour ses ouvrages, qui sont des récits collant de très près au réel. Mais le public les emprunte plus facilement lorsque nous les rangeons avec les romans », constate Valérie Bonferroni, responsable de la ges-
Dans le catalogue des BM
Sur Paul Otlet :
Un livre, Françoise Levie, L’homme qui voulait classer le monde : Paul Otlet et le Mundaneum, Bruxelles : Les Impressions nouvelles, 2008
Un film documentaire en DVD, Françoise Levie, L’homme qui voulait classer le monde, Nivelles : Memento, 2003
tion des collections aux BM. La même réflexion touche la poésie et le théâtre, éparpillés à plusieurs endroits de la classe 800 (Littérature) selon leur langue originale : « Un groupe de travail planche en ce moment sur l’opportunité de regrouper ces deux domaines avec la fiction, pour qu’ils aient plus de chances de trouver leur public. » La classification, on le voit, est moins une science exacte qu’un nuage de possibilités, un réseau de chemins tissé pour trouver ce qu’on cherche, mais aussi pour multiplier les chances de faire des découvertes.
Les trois princes de Serendip
C’est l’histoire de trois princes tamouls de l’île de Sri Lanka (Serendip en vieux persan) qui, en voyageant, tombent par surprise sur des informations qu’ils ne cherchaient pas, mais qui se révèlent essentielles à l’accomplissement d’une quête dans laquelle ils ne savaient pas qu’ils étaient embarqués. S’inspirant de ce conte, connu sous le titre Voyages et aventures des trois princes de Serendip, l’écrivain anglais Horace Walpole (fondateur par ailleurs du roman gothique à
Sur la classification Dewey : Annie Béthery, Guide de la classification décimale de Dewey, Paris : Cercle de la librairie, 2013
52 nota n°4 janvier – juin 2023 En coulisses
53 En coulisses
54 janvier – juin 2023 nota n°4 En coulisses
base de sang, manoirs hantés et clairs de lune) invente en 1754 le mot « sérendipité », qui désigne le fait de découvrir, « par accident et sagacité », des choses qui se révèlent importantes, mais auxquelles on n’avait pas songé.
la forme de hashtags (mots-clés cliquables) et de commentaires sur des sites tels que Babelio, réseau social francophone centré sur les livres. « Certaines bibliothèques le font déjà, pour améliorer l’indexation et pour introduire des recommandations données par les lectrices et les lecteurs. »
Une bibliothèque de lecture publique est idéalement un haut lieu de la sérendipité. Il faut, bien sûr, qu’on y trouve ce qu’on cherche, naviguant entre les domaines en sachant toujours où on est. Mais il faut aussi que son rangement donne envie de flâner, favorisant la rencontre fortuite avec des livres que, sans le savoir, on espérait trouver. Ce processus s’engage de façon plus ou moins spontanée selon les âges. « J’ai toujours trouvé impressionnante la manière dont les enfants arrivent à découvrir ce qu’ils ou elles veulent, même si ce n’est pas défini à l’avance et si la classification d’une bibliothèque ne leur parle absolument pas », remarque Isabelle Marchini. Pour encourager l’exploration, certaines bibliothèques laissent les enfants vagabonder dans l’ordre alphabétique, d’autres pratiquent le « préclassement », groupant la littérature jeunesse par thème ou par émotion (les animaux, l’amitié, les étapes de la vie…).
Les univers parallèles du numérique
Pour maximiser les chances de rencontrer son public, chaque livre devrait donc idéalement être rangé à plusieurs endroits. Et en réalité, c’est bien ce qui se passe, non pas physiquement mais virtuellement, grâce l’indexation (c’est-à-dire à l’information sur les contenus) accessible via le catalogue en ligne4 Exemple ? L’ouvrage L’art de parler avec des crétins se trouve physiquement dans la sous-section « Relations interpersonnelles » (158.2) du rayon psychologie, mais il est également indexé sous « Rhétorique » (qui est, justement, « l’art de parler ») dans le catalogue en ligne.
Le numérique ouvre des portes vers des univers parallèles. « Les métadonnées des bibliothèques (c’est-à-dire les informations qu’on trouve dans les catalogues en ligne) sont utilisées par Google et par les algorithmes de recommandation pour améliorer leur système de réponses. Les moteurs de recherche sont friands de ce genre de données, bien structurées, bien décrites et bien classifiées », relève Florent Dufaux, responsable des ressources numériques aux BM. À son tour, la classification bibliothécaire peut s’enrichir d’informations livrées par le public sous
Le catalogage numérique permet par ailleurs aux bibliothèques scientifiques et patrimoniales de continuer sans problème à utiliser un système de classement physique déjà en vigueur dans les monastères au Moyen Âge: « Les livres sont classés par grandes thématiques, et à l’intérieur de celles-ci, par format et par numerus currens, c’est-à-dire selon l’ordre d’arrivée, avec un répertoire qui permet de savoir où se trouve chaque ouvrage », signale Florent Dufaux.
Des crimes qui font du bien
Pendant ce temps, la planète tourne, des savoirs et des imaginaires surgissent, les manières de comprendre la vie se modifient. Et la classification bibliothécaire bouge pour suivre le pas. Un exemple parmi d’autres : les livres sur la langue des signes étaient rangés sous la cote Dewey 302.222, qui correspond à la « Communication non verbale (y compris les roulements de tambour, les signaux de fumée ; la gestuelle, le langage corporel ; le langage des fleurs » … Un classement très réducteur, selon Isabelle Marchini : « Celle des signes est en fait une langue à part entière. Nous la rangeons donc désormais avec les autres langues dans la classe 400 », plus précisément à la section 419, « Langage structuré autre que le langage parlé et le langage écrit » .
« Il y a par ailleurs des nouveaux termes qui apparaissent, comme cozy mystery, qui désigne des romans policiers feel-good, sans rien de glauque, avec de l’humour. Des bibliothécaires nous ont signalé que le public recherche cette catégorie, et nous ont demandé d’introduire ce terme dans l’indexation au sein du catalogue », reprend Isabelle Marchini. La même chose pourrait se passer pour la cli-fi ou climate fiction, sousgenre de la science-fiction focalisé sur le changement climatique, ou pour le solarpunk, courant du roman d’anticipation centré sur des visions optimistes d’un futur où tout tournerait à l’énergie solaire.
Que conclure ? « Chaque bibliothécaire a sa classification idéale et aurait même envie d’en réinventer une », note Virginie Bonferroni. Le rangement parfait est un exploit d’équilibriste, à la fois une sorte d’utopie et un mal nécessaire… « Je suis quand même convaincue que plus c’est classé, moins on découvre », glisse Isabelle Marchini. D’ailleurs, comment rangez-vous vos livres chez vous ? Valérie ? « Je ne les organise pas du tout, je me lâche un peu. » Florent ? « J’ai un système chaotique. » Isabelle ? « Je fais des piles, je compte sur ma mémoire. » Voilà.
Mais il faut aussi que son rangement donne envie de flâner, favorisant la rencontre fortuite avec des livres que, sans le savoir, on espérait trouver.
d’un livre D’une naissance ordinaire à une vie bibliothécaire » dans Nota N° 1.
4 Sur l’indexation, voir l’article « Voyage
55 En coulisses
Empruntez un-e bibliothécaire !
Désormais également à la Servette et aux Minoteries (et toujours à la Cité)
Vous possédez (ou non) un ordinateur, une tablette, une liseuse ou un smartphone ? Vous avez besoin d’aide, car vous souhaitez emprunter un livre numérique, mettre en page un document, transférer des photos, utiliser votre tablette, faire une recherche en ligne ou sur le catalogue des bibliothèques municipales… et vous ne savez pas comment faire ? Venez nous poser vos questions !
En vous inscrivant, vous bénéficiez de l’aide d’un-e bibliothécaire pour une session de 40 minutes. N’oubliez pas de mentionner le sujet de votre demande lors de l’inscription !
Minoteries
Les vendredis de 15h à 18h.
Inscription : au bureau du prêt ou au 022 418 37 40
Servette
Les mardis, jeudis et vendredis de 14h à 15h.
Inscription : servette.bmu@ville-ge.ch ou 022 418 37 80
Cité
Selon les horaires d’ouverture de la bibliothèque.
Inscription : bmgeneve.agenda.ch
56
printemps2023
Janvier
Ma 17.1.23
10h Rencontre
Autour des livres Partageons nos lectures
→ BM Eaux-Vives
○ Adultes, dès 16 ans
△ Inscription eauxvives.bmu@ville-ge.ch
Me 18.1.23
15h30 Atelier
Atelier de création de contes animés Avec l’application BlinkBook
→ BM Cité / Espace le 4e
○ Jeune public, 5-8 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
Di 22.1.23
13h30 Atelier
En attendant Godot
Atelier d’écriture avec Valérie Poirier
→ BM Cité / Salle de conférence
2ème
○ Adultes, dès 15 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
Me 25.1.23
15h30 Atelier
Les plateformes !
Une découverte jeu vidéo
→ BM Cité / Espace le 4e
○ Tout public, dès 8 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
Sa 28.1.23
11h Atelier
Les supers-pouvoirs de ma carte de bibliothèque
→ BM Cité / Espace le 4e
○ Adultes
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
14h Musique
Création d’un bâton de pluie et sieste musicale
→ BM Cité / Espace le 4e
○ Petite enfance, familles, dès
1 an et 1/2
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
Di 29.1.23
14h et 14h45 Atelier
Dessiner en résonance avec la musique
Avec l’Ensemble Contrechamps
→ BM Cité / Le Multi
○ Tout public, dès 6 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
Février
Me 1.2.23
10h Lecture
Lire avec bébé
Des pages de plaisirs partagés
→ BM Pâquis
○ Petite enfance, 0-2 ans
△ Inscription paquis.bmu@ville-ge.ch
10h30 Lecture
Pirouette Cacahuète
Au bonheur des mots pour les tout-petit-e-s
→ BM Eaux-Vives
○ Petite enfance, 0-4 ans
15h30 Jeux vidéo
Création d’un jeu
d’arcade
Atelier jeu vidéo avec Marion Bareil
→ BM Cité / Espace le 4e
○ Jeune public, dès 8 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
Je 2.2.23
17h15 Rencontre
Et toi tu lis quoi ?
Viens en parler, en discuter ou juste écouter
→ BM Saint-Jean
○ Jeune public : ados dès 12 ans
18h Rencontre
L’Heure du coup de cœur
L’autre club littéraire
→ BM Servette
○ Adultes
△ Inscription servette.bmu@ville-ge.ch
Sa 4.2.23
11h Lecture
Lire et relire
Pour le plaisir de partager
→ BM Cité / Le Tronc commun (2e)
○ Petite enfance, dès 3 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
17h15 Projection « Délicieux », film d’Éric Besnard (2021)
Les projections de la Servette
→ BM Servette
○ Tout public, dès 12 ans
Di 5.2.23
14h Rencontre
« La Règle du jeu » : un film culte devient théâtre
Rencontre avec Robert Sandoz
→ BM Cité / Le Multi
○ Tout public, dès 14 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
Me 8.2.23
9h50 Lecture
Lire avec bébé
Des pages de plaisirs partagés
→ Ludothèque des Pâquis (50 r. de Berne)
○ Petite enfance, 0-2 ans
15h30 Numérique / atelier
Création d’un jeu de cache-cache
Programmation avec Futurekids
→ BM Cité / Espace le 4e
○ Jeune public, 8-12 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
Sa 11.2.23
14h30 Atelier Les bibliothèques sont vos alliées !
La recherche d’information documentaire et en ligne
→ BM Cité / Espace le 4e
○ Jeune public, 9-12 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
Agenda
hiver — Pour plus d’informations sur
institutions.ville-geneve.ch/fr/bm/agenda 57 Et pour finir
tous ces rendez-vous :
Di 12.2.23
Ma 21.2.23
10h Rencontre
Autour des livres
Partageons nos lectures
→ BM Eaux-Vives
○ Adultes
△ Inscription eauxvives.bmu@ville-ge.ch
14h Projection / atelier
FILMARcito
Les quatre saisons
→ BM Cité / Le Multi
○ Jeune public, 6- 8 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
Me 15.2.23
10h30 Lecture
Prix P’tits Mômes 2023
Présentation des albums et lecture
→ BM Pâquis
○ Petite enfance, dès 2 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
10h30 Lecture
Prix P’tits Mômes 2023
Présentation des albums et lecture
→ BM Servette
○ Petite enfance, dès 2 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
15h Atelier
Crée un film en Stop Motion
→ BM Cité / Espace le 4e
○ Jeune public, 8-12 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
Di 19.2.23
14h Spectacle
Le Promptu Cabaret avec Bastien Blanchard et Antoine
Courvoisier
→ BM Cité / Le Multi
○ Tout public, dès 12 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
11h et 15h30 Jeux vidéo
Viens avec papy ou mamie si tu veux
jouer !
Une découverte jeu vidéo
→ BM Cité / Espace le 4e
○ Tout public, dès 8 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
Me 22.2.23
10h30 Lecture
Prix P’tits Mômes 2023
Présentation des albums et lecture
→ BM Pâquis
○ Petite enfance, dès 2 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
10h30 Lecture
Prix P’tits Mômes 2023
Présentation des albums et lecture
→ BM Saint-Jean
○ Petite enfance, dès 2 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
13h Numérique / atelier Fabrication
d’une borne d’arcade (partie 1)
Avec le Fablab Onl’Fait
→ BM Cité / Espace le 4e
○ Tout public, dès 8 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
Je 23.2.23
10h Atelier Lire avec bébé
Des pages de plaisirs partagés…
→ BM Saint-Jean
○ Petite enfance, 0-2 ans
△ Inscription saintjean.bmu@ville-ge.ch 022 418 92 0
Di 26.2.23
14h30 Rencontre
Rencontre
coulisses autour de « Sur les dents »
Avec Olivier Périat et le Théâtre des marionnettes de Genève
→ BM Cité / Le Tronc commun (2e)
○ Jeune public, dès 5 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
Mars
Me 1.3.23
Sa 4.3.23
10h30 Lecture
Prix P’tits Mômes 2023
Présentation des albums et lecture
→ BM Minoteries
○ Petite enfance, dès 2 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
11h Lecture
Lire et relire
Pour le plaisir de partager
→ BM Cité / Le Tronc commun (2e)
○ Petite enfance, dès 3 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
13h Numérique / atelier Fabrication d’une borne d’arcade (partie 2)
Avec le Fablab Onl’Fait
→ BM Cité / Espace le 4e
○ Tout public, dès 8 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch1
10h Lecture
Lire avec bébé
Des pages de plaisirs partagés
→ BM Pâquis
○ Petite enfance, 0-2 ans
△ Inscription paquis.bmu@ville-ge.ch
10h30 Lecture
Pirouette Cacahuète
Au bonheur des mots pour les tout-petit-e-s
→ BM Eaux-Vives
○ Petite enfance, 0-4 ans
15h Jeux vidéo
Jeux vidéo aux Minoteries
Tournoi Mario Kart 8
18h30 Jeux vidéo À fond les manettes !
Une soirée pour découvrir et tester des jeux vidéo
→ BM Cité / Espace le 4e
○ Tout public, dès 8 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
Sa 25.2.23
13h, 14h et 15h Jeux vidéo
Testez nos jeux vidéo !
Une après-midi de découverte
→ BM Cité / Espace le 4e
○ Tout public
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
→ BM Minoteries
○ Tout public, dès 8 ans
△ Inscription minoteries.bmu@ville-ge.ch 022 418 37 40
15h30 Numérique / atelier
Crée un dinosaure
robotisé
Robotique avec Futurekids
→ BM Cité / Espace le 4e
○ Jeune public, 5-8 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
Je 2.3.23
18h Rencontre
L’Heure du coup de cœur
L’autre club littéraire
→ BM Servette
○ Adultes
△ Inscription
servette.bmu@ville-ge.ch
17h15 Projection
« Luca », film
d’animation d’Enrico
Casarosa (2021)
Les projections de la Servette
→ BM Servette
○ Jeune public, dès 6 ans
Di 5.3.23
14h Conférence
L’orgue dans tous ses états
Conférence avec Diego
Innocenzi
→ BM Cité / Le Multi
○ Tout public
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
Ma 7.3.23
15h Lecture
Prix P’tits Mômes 2023
Présentation des albums et lecture
→ BM Cité / Le Tronc commun (2e)
○ Petite enfance, dès 2 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
nota n°4 janvier – juin 2023 58 Et pour finir
Me 8.3.23
9h50 Lecture
Lire avec bébé
Des pages de plaisirs partagés
→ Ludothèque des Pâquis (50 r. de Berne)
○ Petite enfance, 0-2 ans
10h30 Lecture
Prix P’tits Mômes 2023
Présentation des albums et lecture
→ BM Servette
○ Petite enfance, dès 2 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
15h30 Numérique / atelier
Création d’une bande dessinée numérique
→ BM Cité / Espace le 4e
○ Jeune public, 8-12 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
Je 9.3.23
10h30 Lecture
Prix P’tits Mômes 2023
Présentation des albums et lecture
→ BM Cité / Le Tronc commun (2e)
○ Petite enfance, dès 2 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
Sa 11.3.23
14h Atelier
Un espion dans ma poche
Les données personnelles sur son smartphone
→ BM Cité / Espace le 4e
○ Adultes
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
Di 12.3.23
14h Événement
Ceci n’est pas un jeu de loi, mais le jeu des oies fâchées aux becs pointus Jeu de société
→ BM Cité / Le Multi
○ Adultes, dès 16 ans
Me 15.3.23
10h30 Lecture
Prix P’tits Mômes 2023
Présentation des albums et lecture
→ BM Minoteries
○ Petite enfance, dès 2 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
10h30 Lecture
Prix P’tits Mômes 2023
Présentation des albums et lecture
→ BM Saint-Jean
○ Petite enfance, dès 2 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
15h Lecture
Les lectures du mercredi
Partir à l’aventure des mots
→ BM Servette
○ Jeune public, dès 4 ans
15h30 Jeux vidéo
Crée ton jeu vidéo avec Super Mario Maker 2
→ BM Cité / Espace le 4e
○ Tout public, dès 10 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
Je 16.3.23
17h15 Rencontre
Et toi tu lis quoi ?
Viens en parler, en discuter ou juste écouter
→ BM Saint-Jean
○ Jeune public : ados dès 12 ans
Ve 17.3.23
10h Rencontre
Lire avec bébé
→ BM Cité / Le Tronc commun (2e)
○ Petite enfance, de 0 à 2 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
Di 19.3.23
Ma 21.3.23
10h Rencontre Autour des livres
Partageons nos lectures
→ BM Eaux-Vives
○ Adultes, dès 16 ans
△ Inscription eauxvives.bmu@ville-ge.ch
Me 22.3.23
15h30 Jeux vidéo
Mini-jeux, grandes émotions !
Une découverte de jeux vidéo
→ BM Cité / Espace le 4e
○ Tout public, dès 8 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
Je 23.3.23
10h Atelier
Lire avec bébé
Des pages de plaisirs partagés…
→ BM Saint-Jean
○ Petite enfance, 0-2 ans
△ Inscription saintjean.bmu@ville-ge.ch
022 418 92 01
16h30 Lecture
Prix P’tits Mômes 2023 Présentation des albums et lecture
→ BM Eaux-Vives
○ Petite enfance, dès 2 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
Sa 25.3.23
11h Atelier
Les supers-pouvoirs de ma carte de bibliothèque
→ BM Cité / Espace le 4e
○ Adultes
14h30 Jeux vidéo
Mini-jeux, grandes émotions !
Une découverte de jeux vidéo
→ BM Cité / Espace le 4e
○ Tout public, dès 8 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
Di 26.3.23
14h Projection / atelier
FILMARcito
Le monde et ses couleurs
→ BM Cité / Le Multi
○ Jeune public, 6 -12 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
Me 29.3.23
10h30 et 15h30 Lecture
Prix P’tits Mômes 2023
Présentation des albums et lecture
→ BM Jonction
○ Petite enfance, dès 2 ans
Avril
Sa 1.4.23
11h Lecture
Lire et relire
Pour le plaisir de partager
→ BM Cité / Le Tronc commun (2e)
○ Petite enfance, dès 3 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
Di 2.4.23
Me 5.4.23
10h Lecture
Lire avec bébé
Des pages de plaisirs partagés
→ BM Pâquis
○ Petite enfance, 0-2 ans
△ Inscription paquis.bmu@ville-ge.ch
10h30 Lecture
Pirouette Cacahuète
Lecture et présentation des albums du Prix P’tits Mômes
→ BM Eaux-Vives
○ Petite enfance, 0-4 ans
15h Numérique / atelier Réalité virtuelle avec Futurekids
→ BM Cité / Espace le 4e
○ Jeune public, 12-16 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
15h Jeux vidéo Jeux vidéo aux Minoteries
Beat’em all cartoon
→ BM Minoteries
○ Tout public, dès 10 ans
△ Inscription minoteries.bmu@ville-ge.ch
022 418 37 40
Je 6.4.23
18h Rencontre
L’Heure du coup de cœur
L’autre club littéraire
→ BM Servette
○ Adultes
△ Inscription servette.bmu@ville-ge.ch
Me 12.4.23
9h50 Lecture
Lire avec bébé
Des pages de plaisirs partagés
→ Ludothèque des Pâquis (50 r. de Berne)
○ Petite enfance, 0-2 ans
Rencontre Comment mettre en scène
14h
« On ne badine pas avec l’amour »
Rencontre avec Jean Liermier
→ BM Cité / Le Multi
○ Adultes, dès 14 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
14h Atelier
Produire mes propres semences — mais comment ?
Avec Layla Kasme, ProSpecieRara
→ BM Saint-Jean
○ Tout public
14h Projection / atelier
FILMARcito
Place à l’art
→ BM Cité / Le Multi
○ Jeune public, 4-8 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
59 Et pour finir
Je 13.4.23
14h Rencontre
Vacances en Galaxie Pop Visite augmentée de l’exposition
→ BM Cité / Le Multi
○ Jeune public, dès 9 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
Ve 14.4.23
14h Rencontre Vacances en Galaxie Pop Visite augmentée de l’exposition
→ BM Cité / Le Multi
○ Jeune public, dès 9 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
Di 16.4.23
14h Conférence
Secrets de cor
Avec Christophe Sturzenegger, corniste, pianiste et compositeur
→ BM Cité / Le Multi
○ Adultes
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
Ma 18.4.23
10h Rencontre Autour des livres
Partageons nos lectures
→ BM Eaux-Vives
○ Adultes, dès 16 ans
△ Inscription eauxvives.bmu@ville-ge.ch
Me 19.4.23
15h Lecture
Les lectures du mercredi « Robinson »
→ BM Servette
○ Jeune public, dès 4 ans
Sa 22.4.23
11h Atelier
Les supers-pouvoirs de ma carte de bibliothèque
→ BM Cité / Espace le 4e
○ Adultes
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
14h Numérique / atelier
Crée un film en Stop Motion
→ BM Cité / Espace le 4e
○ Tout public, dès 8 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
Di 23.4.23
14h Rencontre
Comment mettre en scène « Une maison de poupée »
Avec Anne Schwaller
→ BM Cité / Le Multi
○ Adultes, dès 14 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
Me 26.4.23
15h30 Jeux vidéo
Casse-têtes Une découverte de jeux vidéo
→ BM Cité / Espace le 4e
○ Tout public, dès 8 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
Je 27.4.23
10h Atelier
Lire avec bébé Des pages de plaisirs partagés…
→ Ludothèque 1,2,3… Planète ! » (42, av. d’Aïre)
○ Petite enfance, 0-2 ans
17h15 Rencontre
Et toi tu lis quoi ?
Viens en parler, en discuter ou juste écouter
→ BM Servette
○ Jeune public : ados dès 12 ans
Ve 28.4.23
10h Rencontre
Lire avec bébé
→ BM Cité / Le Tronc commun (2e)
○ Petite enfance, de 0 à 2 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
Di 30.4.23
14h Atelier
Exploratoire jubilatoire Atelier voix participatif
→ BM Cité / Le Multi
○ Tout public, dès 10 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
Mai
Me 3.5.23
10h Lecture
Lire avec bébé
Des pages de plaisirs partagés
→ BM Pâquis
○ Petite enfance, 0-2 ans
△ Inscription paquis.bmu@ville-ge.ch
10h30 Lecture Pirouette Cacahuète Au bonheur des mots pour les tout-petit-e-s
→ BM Eaux-Vives
○ Petite enfance, 0-4 ans
15h Atelier Fabrique ta photographie en cyanotype
Avec le Fablab Onl’Fait
→ BM Cité / Espace le 4e
○ Tout public, dès 8 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
15h Jeux vidéo
Jeux vidéo aux Minoteries
Mario Kart Live : Home Circuit
→ BM Minoteries
○ Tout public, dès 8 ans
△ Inscription minoteries.bmu@ville-ge.ch 022 418 37 40
Je 4.5.23
18h Rencontre
L’Heure du coup de cœur
L’autre club littéraire
→ BM Servette
○ Adultes
△ Inscription servette.bmu@ville-ge.ch
19h Jeux vidéo
Apéro jeux vidéo
→ BM Cité / Espace le 4e
○ Adultes
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
Sa 6.5.23
11h Lecture
Lire et relire
Pour le plaisir de partager
→ BM Cité / Le Tronc commun (2e)
○ Petite enfance, dès 3 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
14h Numérique / atelier
Sécurité numérique et mots de passe
→ BM Cité / Espace le 4e
○ Adultes △ Inscription bmgeneve.agenda.ch
Me 10.5.23
9h50 Lecture
Lire avec bébé
Des pages de plaisirs partagés
→ Ludothèque des Pâquis (50 r. de Berne)
○ Petite enfance, 0-2 ans
Ma 16.5.23
10h Rencontre
Autour des livres
Partageons nos lectures
→ BM Eaux-Vives
○ Adultes, dès 16 ans
△ Inscription eauxvives.bmu@ville-ge.ch
Me 17.5.23
14h30 Numérique /atelier
Retro-gaming
Atelier de création d’un jeu vidéo
→ BM Cité / Espace le 4e
○ Jeune public, 9 -12 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
15h Lecture
Les lectures du mercredi
Attends que la lune soit pleine
→ BM Servette
○ Jeune public, dès 4 ans
Sa 20.5.23
11h Atelier
Les supers-pouvoirs de ma carte de bibliothèque
→ BM Cité / Espace le 4e
○ Adultes △ Inscription bmgeneve.agenda.ch
14h Atelier
Google Detox
Atelier de sensibilisation aux données personnelles et à la recherche d’information en ligne
→ BM Cité / Espace le 4e
○ Adultes
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
nota n°4 janvier – juin 2023 60 Et pour finir
Me 24.5.23
10h30 Lecture
Le moulin à histoire aux Minoteries
Journée suisse de la lecture à voix haute
→ BM Minoteries
○ Tout public
11h Lecture
Lire et relire, pour le plaisir de partager
Journée suisse de la lecture à voix haute
→ BM Cité / Le Tronc commun (2e)
○ Petite enfance, dès 3 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
12h et 16h30 Lecture
Faim de lectures
Journée suisse de la lecture à voix haute
→ BM Cité / Espace le 4e
○ Adultes, dès 15 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
14h Atelier
Abracadabra… je lis des mangas ! Atelier de lecture à haute voix
Journée suisse de la lecture à voix haute
→ BM Cité / Espace le 4e
○ Jeune public, dès 10 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
14h30 Lecture
Lectures sans fin, jukebox d’histoires pour petits et grands
Journée suisse de la lecture à voix haute
→ BM Eaux-Vives
○ Tout public, 0-111 ans
15h et 17h Lecture
Le moulin à histoire aux Minoteries
Journée suisse de la lecture à voix haute
→ BM Minoteries
○ Tout public
15h Lecture
Journée suisse de la lecture à voix haute
→ BM Saint-Jean
○ Tout public, dès 5 ans
16h15 Rencontre
Le Petit rendez-vous et le livre
Découvrir l’art au MAMCO au fil d’albums (dans le cadre de la Journée suisse de la lecture à voix haute)
→ Musée d’Art Moderne et Contemporain (MAMCO, 10 r. des Vieux-Grenadiers)
○ Jeune public, dès 5 ans accompagné-e d’un-e adulte
△ Inscription http://weezevent.com/ petit-rendez-vous-et-le-livre
Je 25.5.23
17h15 Rencontre
Et toi tu lis quoi ?
Viens en parler, en discuter ou juste écouter
→ BM Servette
○ Jeune public : ados dès 12 ans
Ve 26.5.23
Juin
Sa 3.6.23
14h Atelier / numérique
Esacono Avec le Fablab Onl’Fait
→ BM Cité / Espace le 4e
○ Adultes
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
Di 4.6.23
10h Lecture
Lectures juke-box
Dans le cadre de la Semaine livres, petite enfance et familles
→ Bois de la Bâtie
○ Jeune public, 4-8 ans
Me 7.6.23
10h Lecture
Lire avec bébé
Des pages de plaisirs partagés
→ BM Pâquis
○ Petite enfance, 0-2 ans
△ Inscription paquis.bmu@ville-ge.ch
10h30 Lecture
Pirouette Cacahuète
Au bonheur des mots pour les tout-petits
→ BM Eaux-Vives
○ Petite enfance, 0-4 ans
10h Rencontre
Lire avec bébé
→ BM Cité / Le Tronc commun (2e)
○ Petite enfance, de 0 à 2 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
Me 31.5.23
15h30 Jeux vidéo
Des Mondes enchantés
Une découverte de jeux vidéo
→ BM Cité / Espace le 4e
○ Tout public, dès 8 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
15h30 Numérique / atelier
L’instrument de musique
Atelier de robotique avec Futurekids
→ BM Cité / Espace le 4e
○ Jeune public, 8-12 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
Je 8.6.23
18h Rencontre
L’Heure du coup de cœur
L’autre club littéraire
→ BM Servette
○ Adultes
△ Inscription servette.bmu@ville-ge.ch
Sa 17.6.23
11h Atelier
Les supers-pouvoirs de ma carte de bibliothèque
→ BM Cité / Espace le 4e
○ Adultes
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
14h Atelier
Des applications pour accompagner vos randonnées
→ BM Cité / Espace le 4e
○ Adultes
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
10h et 11h Rencontre /atelier
Magali Bardos, auteure et illustratrice
Dans le cadre de la Semaine livres, petite enfance et familles
→ BM Cité / Le Tronc commun (2e)
○ Petite enfance, dès 3 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
14h30 et 15h30 Spectacle
Prix P’tits Mômes 2023
Le spectacle !
→ BM Cité / Le Multi
○ Petite enfance, dès 2 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
Me 14.6.23
9h50 Lecture
Lire avec bébé
Des pages de plaisirs partagés
→ Ludothèque des Pâquis (50 r. de Berne)
○ Petite enfance, 0-2 ans
Ma 20.6.23
10h Rencontre Autour des livres
Partageons nos lectures
→ BM Eaux-Vives
○ Adultes, dès 16 ans
△ Inscription eauxvives.bmu@ville-ge.ch
Me 21.6.23
15h30 Numérique /atelier Apprendre à coder avec les lapins crétins
→ BM Cité / Espace le 4e
○ Jeune public, de 8 à 12 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
Je 22.6.23
17h15 Rencontre Et toi tu lis quoi ?
Viens en parler, en discuter ou juste écouter
→ BM Servette
15h30
Splatoon 3
Une découverte jeu vidéo
→ BM Cité / Espace le 4e
○ Tout public, dès 8 ans
△ Inscription bmgeneve.agenda.ch
○ Jeune public : ados dès 12 ans
Me 28.6.23
15h30 Jeux vidéo
L’appel du large !
Une découverte de jeux vidéo
→ BM Cité / Espace le 4
○ Tout public dès 8 ans
○ Inscription bmgeneve.agenda.ch
Jeux vidéo
61 Et pour finir
Les bibliothèques municipales
Un réseau de 7 bibliothèques ouvertes du mardi au samedi offrant plus de 600’000 livres, CD, DVD et jeux vidéo et de nombreuses prestations entièrement gratuites pour tous les publics.
nota n°4 janvier – juin 2023 Trop pratique
Des espaces conviviaux de lecture, d’écoute et de consultation, un espace pour découvrir le numérique, des zones de travail, du wifi, des postes internet et des iPads en consultation, l’accueil de groupes, de classes et de crèches.
Des événements culturels, rencontres avec des auteure-s, expositions, concerts, lectures, conférences, ateliers et formations.
De nombreux livres, revues et journaux, films, albums de musique… disponibles en plusieurs langues.
S’inscrire
L’emprunt de documents (livres, CD, DVD, jeux vidéo) à domicile ainsi que l’accès aux ressources numériques à distance nécessitent une inscription préalable dans l’une de nos bibliothèques (voir conditions sur notre site internet).
Emprunter
Empruntez jusqu’à 20 documents et 10 magazines sur l’ensemble du réseau pour une période de 28 jours.
Prolonger
Prolongez jusqu’à 3 fois vos emprunts auprès des bibliothécaires, par téléphone ou via votre espace personnel en ligne.
Réserver
Réservez des documents auprès des bibliothécaires, par téléphone ou via votre espace personnel en ligne.
63 Trop pratique
Des bibliothécaires qui vous orientent dans vos recherches d’informations et vous conseillent selon vos envies ou vos besoins.
du
La bibliothèque vous accueille !
Bibliothèque hors murs — Bibliobus
022 418 92 70
(répondeur 24h/24)
Info auprès des communes ou sur www.bm-geneve.ch
Bibliothèque de Saint-Jean & Espace Sport
Avenue des Tilleuls 19
1203 Genève
022 418 92 01 adultes
022 418 92 02 jeunes
022 418 37 66 sport
Mardi 14h30 18h30
Mercredi 10h 18h30
Jeudi 14h30 18h30
Vendredi 14h30 18h30
Samedi 13h 17h
Bus : 7, 11, 9 / Arrêt Miléant
Bus : 6, 10, 19 / Arrêt Charmilles
Bibliothèque des Eaux-Vives
Rue Sillem 2
1207 Genève
022 418 37 70
Mardi 14h30 18h30
Mercredi 10h30 18h30
Jeudi 14h30 18h30
Vendredi 14h30 17h30
Samedi 13h30 17h30
Bus : 2, 6, E, G / Arrêt Vollandes
Bibliothèque de la Jonction
Boulevard Carl-Vogt 22
1205 Genève
022 418 97 10 adultes
022 418 97 12 jeunes
Mardi 14h30 18h30
Mercredi 9h30 18h30
Jeudi 14h30 18h30
Vendredi 14h30 18h30
Samedi 13h30 17h30
Tram : 14 / Arrêt Jonction
Bus : 4, 11, D / Arrêt Jonction
Bus : 2, 19, 35 / Arrêt Sainte — Clotilde
Bibliothèque des Minoteries
Parc des Minoteries 5
1205 Genève
022 418 37 40
Mardi 14h30 18h30
Mercredi 10h 18h30
Jeudi 14h30 18h30
Vendredi 14h30 18h30
Samedi 10h 13h30
Tram : 12 / Arrêt Augustins
mardi au samedi
Bibliothèque des Pâquis
Rue du Môle 17
1201 Genève
022 418 37 50 adultes
022 418 37 52 jeunes
Mardi 14h30 18h30
Mercredi 10h 18h30
Jeudi 14h30 18h30
Vendredi 14h30 18h30
Samedi 13h 17h
Tram : 15 / Arrêt Môle
Bus : 1, 25 / Arrêt Navigation
Bibliothèque de la Servette
Rue Veyrassat 9 (entrée rue de la Servette 87)
1202 Genève
022 418 37 80 adultes
022 418 37 82 jeunes
Mardi 15h 19h
Mercredi 10h 18h
Jeudi 15h 19h
Vendredi 15h 19h
Samedi 10h 17h
Tram : 14, 18 / Arrêt Servette
Bus : 3, 11 / Arrêt Servette
Bibliothèque de la Cité & Espace musique
Place des Trois-Perdrix 5
1204 Genève
022 418 32 00
Mardi 10h 19h
Mercredi 10h 19h
Jeudi 10h 19h
Vendredi 10h 19h
Samedi 10h 17h
Tram : 12, 14 / Arrêt Bel-Air
Bus : 2, 10, D, 4, 5, 7, 19, 36 / Arrêt Bel-Air
nota n°4 janvier – juin 2023 64 Trop pratique
La Bibliothèque de la Cité est aussi ouverte le dimanche de novembre à avril, de 13h à 17h.
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