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Doctor K & Al Go-Rhythm,équilibristes du karaoké
Le duo costumé formé par Pascal Knoerr et Antoine Milesi anime des sessions de poussage de voix depuis près d'une décennie, en s'efforçant de mettre de l'ordre dans le désordre, et vice-versa. Les BM leur livrent leur scène à la Fête de la musique pour un blind test et pour une session de karaoké. Quatre questions…
Comment êtes-vous tombés dans le karaoké ?
Doctor K : « À la fin des années 2000, j'ai commencé à travailler au cinéma Spoutnik et au festival Black Movie qui s'y déroulait. L'équipe était autant intéressée par la musique que par le cinéma et — je ne sais plus trop comment — on s'est retrouvé-e-s à faire des karaokés dans les soirées un peu underground qu'on organisait en marge du festival. Pour les vidéos, il n'y avait pas encore YouTube, je devais passer par une entreprise anglaise qui me gravait, en la payant très cher, un exemplaire unique d'un DVD avec les chansons en version instrumentale et les paroles… Mon idée, c'était d'introduire un peu d'anglais. Les rares fois où il m'était arrivé de faire du karaoké jusque-là, j'avais vu qu'il y avait une abondance de chansons francophones, du Claude François en veux-tu en voilà, et je trouvais qu'il y pouvait aussi y avoir une place pour des chansons plus indie rock et pour des personnes qui avaient envie de chanter autre chose. »
Al Go-Rhythm : « J'ai découvert le karaoké en travaillant à Black Movie au milieu des années 2010, à une époque où c'était déjà devenu un peu plus fancy au sein du festival, avec des animateurs et une place à plein titre dans le programme. Un jour… je pense que c'est arrivé avec une veste en fourrure qui traînait dans le bureau, oubliée là par quelqu'un : j'ai commencé à la mettre en faisant un peu l'imbécile, en prenant une grosse voix et en m'inventant un personnage, et tout à coup quelqu'un me dit : “Mais tu pourrais animer le karaoké ! ” Et c'est parti de là… Ensuite, on a été approchés par des gens qui avaient vu nos karaokés à Black Movie et qui voulaient nous engager pour venir animer des soirées ailleurs. » karaokés self service (sans animateurs ou animatrices), on peut se retrouver à entendre “La Queuleuleu” quatre fois dans la soirée… Sans vouloir censurer les gens ou les empêcher de faire des trucs infâmes, on trouve qu'il faut un peu structurer le plaisir. »
Comment vos karaokés se déroulentils ? Y a-t-il un rituel, un répertoire… ?
Al Go-Rhythm : « J'ai toujours le trac au début, je fais des blagues pince-sans-rire, je travaille un personnage qui est un peu au seuil du désagréable, surtout avec les gens qui savent très bien chanter, pour détendre les autres et leur permettre de s'aventurer. Je ne sais jamais comment je vais être reçu, je me demande à chaque fois si je ne vais pas me faire remballer en tombant sur quelqu'un qui a une plus grande… bouche que la mienne. En ce qui concerne le répertoire, nous avons une petite liste pour donner des idées, qui suggère une sorte de ligne éditoriale, mais nous précisons à chaque fois que c'est seulement à titre indicatif. »
Doctor K : « Les gens savent que sur YouTube on trouve tout, on ne peut pas leur mentir en disant qu'on n'a pas tel ou tel morceau… Mais la liste, qui va de la variété francophone à des choses plus pointues en anglais, les oriente un peu en les mettant dans un certain mood. »
Une chose qui vous frappe dans la vague actuelle du karaoké ?
Blind test Ve 23.6 / 19h-21h
Doctor K & Al Go-Rhythm
→ Fête de la Musique, Scène Bastions Uni ○ Tout public
Blind test Sa 24.6 / 17h-19h
Doctor K & Al Go-Rhythm
→ Fête de la Musique, Scène Bastions Uni ○ Tout public
Karaoké Sa 24.6 / 20h30-22h30
Doctor K & Al Go-Rhythm
→ Fête de la Musique, Scène Bastions Uni ○ Tout public
Quelle est votre philosophie du karaoké ?
Doctor K : « Je pense que la vague actuelle de popularité du karaoké coïncide avec une mutation globale de la société où on met l'accent sur le fait de se sentir bien, sur l'importance du lâcher prise… Au milieu de cette mutation, le karaoké a quitté le stade où beaucoup de gens n'osaient pas chanter, se lancer, se produire en public, et suscite chez de plus en plus de monde la vocation de s'amuser de cette manière particulière avec la pop culture. En ce qui concerne notre propre philosophie du karaoké, je dirais qu'on essaie d'une part de mettre un peu d'ordre dans le désordre, en rythmant et en donnant une certaine harmonie à l'enchaînement entre les chansons… et en même temps on essaie de mettre aussi un peu désordre, pour enlever la pression aux gens qui n'osent pas trop monter sur scène. Nous trouvons bien de diriger un peu la chose. Autrement, comme je l'ai vu ailleurs dans des
Al Go-Rhythm : « Ce que j'aime bien, c'est le côté hyper universel : c'est juste un écran et un micro… mais tout ce qui enrobe cet équipement de base peut être très varié. Si on prend les karaokés de Genève, il y a des ambiances et des populations tellement différentes. Au Jame's Pub, aux Pâquis, j'adore entendre toutes ces personnes thaïes qui viennent chanter de la thaï-pop. Dans d'autres univers, on découvre d'autres musiques… »
Doctor K : « Il y a des modes dans les chansons et dans les chorégraphies, avec tout à coup des chansons anciennes qui reviennent par surprise. En ce moment, “La Boulette” de Diam's vit un gros retour de hype… Parfois, on ne comprend pas d'où ça vient, d'autres fois on voit très bien que les gens ont vu un post sur TikTok et s'amusent à reproduire la chose telle quelle. Si on suit un peu TikTok, on voit bien que souvent ça vient de là, il y a une porosité entre les réseaux sociaux et le karaoké. »