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Les quatre albums finalistes (commentées par Marianne Cosandey de La Souris verte)
Les canards sauvages, d'Adèle Jolivard (éditions Les fourmis rouges)
100 canards préparent une fête dans un tronc d'arbre. Il faut pousser les meubles, acheter à manger, engager un groupe de musique ou un-e DJ… Les adultes plissent les yeux devant le foisonnement fou de détails minuscules, les enfants s'y plongent interminablement avec délectation. Marianne Cosandey : « C'est un livre qui déclenche beaucoup d'échanges et d'interactions. Cette richesse d'éléments qui apparaissent seulement si on regarde de tout près, les énumérations sans fin… les enfants adorent. »
Léon s'ennuie, de Violette Vaïsse (éditions L'agrume)
Léon est un petit renard qui est en fait un jeune garçon. Il est puni et il croit qu'il s'ennuie, mais est-ce vraiment vrai ? À voir la manière dont il met sa chambre sens dessus dessous en vivant des aventures imaginaires, on se le demande… Marianne Cosandey : « L'ennui, c'est un concept bien particulier, assez difficile à comprendre pour les plus jeunes. Parfois un enfant vient vers nous, on sent quelque chose dans cette veine-là et on lui demande
“Qu'est-ce que tu voudrais faire ? ” Si sa réponse est “Ben, ch'ais pas…”, alors on lui dit “En fait, tu t'ennuies…” À ce moment-là, l'enfant commence à comprendre que, lorsqu'on ne sait pas quoi faire et qu'il n'y a rien qui va, alors on s'ennuie. »
Pelote et repelote, de Sabine de Greef (éditions L'École des loisirs/Pastel)
C'est l'histoire d'un petit mouton dont les vêtements se font et se défont. Mais la laine, quand on est un mouton, n'est pas une chose qu'on met, c'est une chose qu'on est… Pour les adultes, le texte peut sonner un peu décousu, mais les enfants hurlent de joie en entendant des mots pleins de syllabes : « Tu me détricotes, tu m'emberlificotes, tu m'embobines » … Marianne Cosandey : « Les enfants aiment cet animal qui se construit, qui se déconstruit et qui finalement reprend sa vie en main. Pour ce livre-là, on ne leur explique rien du tout, on les laisse avec ça et ça leur va très bien. »
En me promenant avec Kiki, de Davide Cali et Paolo
Domeniconi (éditions Cambourakis)
Tristan se balade en ville avec Kiki, son tyrannosaure de compagnie. Le duo croise des gens qui, l'instant d'après, ne sont plus là, si ce n'est pour un accessoire qui dépasse entre les dents de l'animal… Les enfants adorent, pour les adultes c'est un peu troublant. Marianne Cosandey : « Quand le livre est arrivé, des collègues disaient : “C'est horrible ! ” Mais les enfants voient les choses différemment : Kiki est clairement un ami imaginaire. On les entend commenter “Moi aussi des fois j'ai mon dinosaure”, ou “J'ai déjà vu des dinosaures dans la rue qui mangent les gens”… Kiki peut bien manger tout le monde, parce que les enfants savent très bien que, de toute façon, des dinosaures, il n'y en a pas. »
4 Mondes Dans 4 Bo Tes
Jaune pour Léon, bleu pour Pelote, rouge pour Kiki, orange pour Les canards : quatre bacs en plastique s'ouvrent successivement pour déployer sur scène les univers du Prix P'tits Mômes. Les comédien-ne-s et marionnettistes Laure-Isabelle Blanchet et Olivier Carrel font vivre ces livres en clôture du concours. Comment ?
Léon s'ennuie
« Ce personnage qui met le bazar dans sa chambre, c'était délicieux à faire. L'histoire se déroule dans cet espace restreint, nous avons donc recréé fidèlement la chambre de Léon dans tous ses détails en miniature. Faire vivre la marionnette là-dedans, c'était jouissif. »
Pelote et repelote
« L'histoire est basée sur un ouvrage de couture, avec un personnage qui se construit et se déconstruit. L'idée, c'était de faire apparaître petit à petit le petit mouton qui sort de la page du livre et qui se met à marcher, puis de le voir se détricoter et retricoter en s'emmêlant dans les fils de son pull pendant la représentation. »
En me promenant avec Kiki
« On est dans l'imaginaire d'un enfant avec des pulsions un peu agressives : dans sa réalité fantasmée, il y a ce dinosaure qui mange tout le monde… Nous nous sommes demandé si notre petit public n'allait pas avoir la trouille, car c'est une chose de lire le livre, où le moment de la dévoration n'est pas montré, c'en est une autre de le voir en action. Alors on a décidé de jouer les moments où la bête dévore les gens en théâtre d'ombres. Ce qui permet d'imaginer que l'enfant est lui-même en train de faire du théâtre, jouant dans sa chambre avec ses maquettes de maisons et ses personnages Playmobil. »
Les canards sauvages
« Ce livre a été plus compliqué à adapter parce que les illustrations sont des plans larges où ce qui est drôle, c'est d'aller regarder de tout près les petits détails, ce qui n'est évidemment pas possible dans un spectacle. L'idée était de déployer ce monde en sortant d'un panier tout ce que les canards — avec leur bec en pince à linge — rassemblent pour faire la fête, avec boule à facettes et tout le bazar. »