monsport 45

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monsport

#45/ 2014

3,95€

Londres, New York, Rome, Paris, Bruxelles...

COURIR POUR MIEUX DÉCOUVRIR FRANÇOIS GABART

Confidences d’un skipper prodige TOR DES GÉANTS

Un trail XXL ? LE COLORADO À LA RAME

Et le Grand Canyon en prime DU RUGBY À LA BANQUISE

L’Antarctique selon Richard Parks

monsportmagazine.com

LES GAGNANTS



Editorial

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JUSQU’À LA TOMBÉE DU JOUR L’arrière-saison est un moment particulier. Une passerelle pleine de promesses. On reprend le rythme du travail, on s’efforce de tenir les bonnes résolutions prises durant les vacances, tout en s’évertuant à prolonger l’été… qu’on n’a pas eu ! Bref, on veut faire durer le plaisir. Et on a bien raison ! Le sport est certainement LE meilleur moyen de conserver la forme retrouvée pendant ces quelques semaines de repos. Le dépaysement aussi. Pour s’aérer l’esprit, c’est un must. Mais un must accessible, car souvent le rêve est dans le pré. Pas besoin d’aller à l’autre bout du monde pour se changer les idées. La gentille promenade digestive, le trail champètre, la sortie cyclo sur un chemin de halage, le jogging forestier ou la balade en canoë sur le plan d’eau d’à-côté sont des bonheurs qui s’offrent à tous, assortis de vraies découvertes. En prenant le temps de s’approprier le paysage et d’observer l’environnement, on décolle l’air de rien vers d’autres horizons et l’on s’emplit d’une énergie vivifiante. C’est notre message de rentrée : ne vous enfermez pas dans le train-train quotidien. Bougez-vous, oui, mais bougez bien, en allant chercher exactement ce que vous voulez trouver dans l’exercice. La performance peut-être. Ou simplement la respiration. Quelle que soit votre approche, il faut viser juste. Ne vous trompez pas de tempo, ne vous trompez pas d’effort non plus. Et partagez vos sorties avec “les bonnes personnes”. Ce n’est pas un détail : courir ou pédaler avec quelqu’un - ou quelqu’une - qui n’a pas le même feeling que vous, gâche le plaisir des deux… Et maintenant, plongez-vous dans les pages de ce très riche n°45. Il vous rappelle les vertus de l’eau, vous entraîne sur les routes du Tour et celles de l’Anjou, tout en “introspectant” les entrailles de la terre… et, last but not least, en vous invitant à féliciter les lauréats de notre concours photo. Bonne lecture !

Denis Asselberghs rédacteur en chef

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Sommaire

SOMMAIRE

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monsport MON ACTU

masanté #45 12

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MILLET EXPEDITION PROJECT 4 copains pour une traversée magique

PORTFOLIO

Des hommes, des femmes et des défis

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TOR DES GÉANTS Parce qu’il faut raison garder

AGENDA L’hiver en point de mire

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DOSSIER H2O

JOGGING Bons plans pour vos city trips

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FRANÇOIS GABART Comme un poisson dans l’eau ?

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SURFING GIRLS Des sportives, pas des poupées

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SHOPPING Se couvrir ni trop, ni trop peu

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60 SPÉLÉO Bienvenue chez Barnabé

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ANTOINE ALBEAU 100 km sur un funboard !

RICHARD PARKS Un Gallois sur la banquise

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39 MA SANTÉ

YANNICK AGNEL L’exil US d’un nageur franchouillard

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TRANSPLANTÉS Les jeux de la revanche

DU FLOCON À LA VAGUE Une odyssée pour éduquer

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29 TROPHÉE MER MONTAGNE Quand 2 mondes se rencontrent

70 FAIT MAISON Les biscuits d’Auriana

MES DESTINATIONS

PIXPAGES

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GRAND CANYON Gare au Lava rapid…

PHOTOAWARDS Ils ont gagné !

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ON THE MOVE

76 AVEYRON & LOZÈRE Just for fun, mais quel fun !

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L’ETAPE DU TOUR C’est du sérieux

FROMAGES DE SUISSE Deux recettes assez “sport”

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ANJOU VÉLO VINTAGE Festif comme jamais

GONDOLES, NON MERCI ! Venise en kayak

42 TÉMOIGNAGE D’UN ROOKIE Mon Anjou à moi…

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44 DODTOUR Le raid hexagonal d’un guide transcendantal

54 SYNDIELY WADE Insatiable baroudeuse

16 SURFRIDER FOUNDATION Facebook, voix des océans

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85 ETÉ COMME HIVER… La croisière s’amuse

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Editeur responsable Directeur de la publication Denis Asselberghs denis@rushmore.be Rédacteur en chef Denis Asselberghs Mise en page Direction artistique Emeric de Baré emeric@chello.be Collaborateurs Maxime Aubertin, Auriana Beauté, Louise Biron, Paul Chance, Mark De Geest, DSDB Translations, Laurence Dubois, Sébastien Duval, Raphaël Godet, Nolwenn Patrigeon, Jacqueline Reul, Grégory Rohart, Eric Verschueren Photos Shutterstock, Grégory Rohart, Ivan Nastic, Rafael Domeyko, Phil Bence, Jo Franssen, Vincent Delepeleire, Kevin Robert, Auriana Beauté, Maxime Asselberghs, Raphaël Godet, Red Bull Content Pool + Galeries : Anjou Vélo Vintage (B. Bechard, L. de Serres, F. Berry) - J. Bernard (FWT) Tor des Géants (P. Celesia, E. Romanzi) L’Odyssée du Flocon à la Vague (P. Tolhier, L. Masurel) - CDT Aveyron & Lozère Surfing Girls (Daher, Poullenot, Conlogue, Dupont) + Archives : Macif - Antoine Albeau Syndiely Wade - Richard Parks (Antarctic Logistics & Expeditions + Rob Taylor) Trophée Mer Montagne - Média Vendée Globe Couverture © Shutterstock Publicité (Belgique et international) Maxime Asselberghs Big Bang Agency +32 (0)498 20 71 95 maxime@bigbang-agency.be Distribution & administration info@monsportmagazine.com monsport est une publication Rushmore Communication av. de l’Exposition 424 – BT 20 1090 Bruxelles Belgique +32 2 307 51 56 info@rushmore.be


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Quand la tête va, tout va ! Deux témoignages. Deux personnalités. Laura et Lonnie. Un accident les a diminués physiquement, mais rendus encore plus forts pour fustiger la fatalité et obtenir de leur corps blessé qu’il aille toujours plus loin. Car pour eux, performer n’est pas qu’une revanche sur le destin. C’est l’expression d’un besoin : vivre à 100%... Et c’est ici que le sport s’en mêle pour porter leurs rêves et booster leur courage.

Laura Laakso Véritable héros finlandais (9 titres olympiques entre 1920 et 1928), la statue du coureur Paavo Nurmi s’imposait pour la photo finale. A l’arrièreplan, le stade d’Helsinki.

2.500 km à vélo, 5 semaines à pédaler entre Verbier et Helsinki : rien d’extraordinaire pour les forçats de la Petite Reine. Mais pour cette designer finlandaise de 29 ans installée dans le Valais, la partie n’avait rien d’évident. Opérée du genou à 6 reprises et souffrant d’une paralysie partielle de la jambe droite, Laura avait bien du mérite à tenter l’aventure. Pour tout arranger, elle emportait 35 kilos de bagages. Autant dire que ce ne fut pas simple tous les jours, mais elle a touché au but, récoltant au passage des fonds pour la Fondation KABE qui s’est donnée pour mission de sensibiliser les jeunes à la prévention contre le cancer du sein via des événements artistiques et des programmes éducatifs.


Mes Coups de Coeur Lonnie Bissonnette Tétraplégique après un saut raté en 2004, ce Canadien de 51 ans continue à pratiquer le base jump accroché à son fauteuil roulant ! Son accident lui a laissé un peu de sensibilité dans le bras droit, en tout cas juste assez pour actionner le parachute. On retrouve régulièrement Lonnie dans les compétitions internationales, comme ici, en Chine, dans la province de Hunan où il plonge dans le vide depuis le pont d’Aizhai, un gigantesque ouvrage suspendu à une hauteur de 330 mètres. Bonjour l’angoisse !

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Thomas de Dorlodot Prêt à repartir ! Des nouvelles rassurantes du parapentiste belge* victime d’une chute le 26 juillet pendant l’Adriatic Circle, un défi extrême qu’il avait entrepris avec son équipier Paul Guschlbauer. Thomas a frôlé la catastrophe lors d’un atterrissage en Suisse, quand une turbulence a complètement rabattu sa voile à 25 mètres du sol. A cette altitude, il était trop bas pour actionner son parachute de secours, mais assez haut pour se faire très mal. Relevé avec une triple fracture du sacrum, une vertèbre écrasée, trois côtes froissées et la hanche droite en piètre état, notre homme s’en tire finalement à bon compte. Motivé comme jamais, il se rétablit à toute vitesse, annonçant déjà qu’il sera au départ de l’X-Alps 2015 !

(*) Thomas que nous sommes fiers de compter parmi les 6 athlètes professionnels membres du jury des monsport Photo Awards.


Mes Coups de Coeur

Red Bull Cavemen Plus indoor que ça, tu meurs ! Il est rarement question de sports « souterrains » dans nos pages, mais cette fois nous nous rattrapons avec la spéléo en page 60 et cet étrange triathlon dont les Grottes de Han (dans le sud de la Belgique) résonnent encore. Red Bull en était le parrain et il semble bien qu’un an après, cet event reste un cas unique. Le principe : enchaîner en contre-la-montre du VTT (sur 350 m), du running (250 m) et du kayak (sur 250 m également). Le tout, dans une semi-obscurité, sur un terrain très piègeux, avec, pour tout arranger, une impressionnante liaison en death-ride jusqu’à la rivière. Pour espérer signer un top chrono, il fallait être d’une totale explosivité, en ne s’accordant aucun répit entre chacune des trois épreuves. Il fallait aussi beaucoup de contrôle, beaucoup de technique, et donc une concentration sans faille d’un bout à l’autre du parcours. L’histoire retiendra que la victoire est revenue à Maxime Richard, un kayakiste olympique, devant Bart Stienen, spécialiste du kayak lui aussi, et Jérôme Richard, le frère de Maxime.

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AGENDA

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UN AGENDA

en blanc et vert

JULBO TRAIL SESSION : À HAWAII AVEC 2 PROS Deux fois par an, Julbo monte un concours très exclusif tourné vers une destination de rêve. Destination où le gagnant va pouvoir progresser dans sa discipline favorite sous les conseils d’un professionnel. C’est le principe des Julbo Trail Sessions. La prochaine aura lieu à Hawaii du 22 novembre au 3 décembre, avec, pour encadrer le lauréat, non pas un, mais deux super coachs ! En l’occurrence le Français Julien Chorier et l’Américain Jason Schlarb. Ils travailleront de concert lors d’un trip trail à travers l’île. Et quel trip : 223 km du sud au nord (« from sea to sea ») avec 8.500 m de dénivelé positif, 3 bivouacs et l’ascension de 2 volcans, les Mona Loa (4.100m) et Mona Kea (4.100m). Voilà le menu ! Il est tellement copieux qu’on comprend mieux pourquoi seuls ceux participant à l’une des courses de l’UTMB 2014 pouvaient poser leur candidature. Pour cette fois, c’est raté, vous ne serez pas du voyage, mais tentez votre chance pour une future Julbo Trail Session, car il y en aura d’autres. Il vous suffit de composer www.julbo-eyewear.com/fr/10/session-channel.html, de croiser les doigts… et d’entretenir votre condition physique pour être fin prêt si la fée du sport vous désigne comme l’heureux élu ! UN CONCEPT EN PLEIN ESSOR C’est clair, les Eco-Trails ont la cote. Par la palette de distances et de rythmes proposée, ils font recette auprès d’une clientèle très variée. D’ailleurs, la chasse aux dossards devient frénétique. Il faut se lever tôt pour en obtenir un ! Aussi, nous vous recommandons de ne pas tarder pour l’Eco-Trail de Paris, fixé aux 21 et 22 mars. Viendra ensuite, et c’est une nouveauté, Oslo le 23 mai. Puis, enfin, Bruxelles le 13 septembre. Pour plus de détails > www.ecotrail-events.com

WINGS FOR LIFE WORLD RUN, ÇA CONTINUE Ce n’était évidemment pas un one-shot. L’événement planétaire initiée par Red Bull va connaître une seconde édition le 3 mai 2015. Et toujours selon le même principe : dans une trentaine de villes réparties sur les 5 continents, des joggeurs entament ensemble une épreuve… dont ils ignorent la distance. Démarrant une demi-heure après le départ du peloton, dans chaque ville participante, une voiture-balai roulant à 15 km/h élimine les concurrents au fur et à mesure qu’elle les double. Cette année, il aura quand même fallu pas mal de temps à l’une de ces Catcher Cars pour rattraper l’Ethiopien Lemawork Ketama qui, à Sankt Polen (en Autriche), a parcouru la bagatelle de 78,57 km. L’objectif étant de réunir des fonds au profit d’une association oeuvrant pour la recherche médicale, les promoteurs espèrent un maximum d’inscriptions (il y en avait eu environ 40.000 en mai dernier). Voici la liste des pays adhérant à l’opération. Attention, elle est longue… La Belgique (Ypres), la France (Rouen), l’Allemagne (Darmstadt et Munich), la Suisse (Olten), les Pays-Bas (Breda), la Grande-Bretagne (Silverstone), l’Irlande (Dublin), l’Italie (Vérone), l’Autriche (ville à déterminer), la Norvège (Stavanger), le Danemark (Aarhus), la Suède (Oeland), le Portugal (Porto), l’Espagne (Aranjuez-Madrid),


Mes Rendez-Vous la Croatie (Adriatika), la Géorgie (Kakheti), la Pologne (Poznan), la Roumanie (Bucarest), la Russie (Kolomna-Moscou), la Slovaquie (Bratislava), la Slovénie (Ljubljana), les Etats-Unis (Sunrise, FL et Santa Clarita, CA), le Canada (tbc), le Brésil (Brasilia), le Chili (Santiago), le Pérou (Lima), l’Australie (Melbourne), l’Inde (Sonipat), le Japon (Takashima), Taiwan (tbc), l’Afrique du Sud (Capetown), la Turquie (Alanya) et les Emirats Arabes Unis (Dubai). FWT, DEMANDEZ LE PROGRAMME ! On n’y coupera pas, et les skieurs que nous sommes s’en réjouissent : la neige va tomber et le Freeride Word Tour pourra entamer sa 8e campagne sur les parois les plus folles. Cette saison, les kings du hors-piste extrême vont en découdre dans 5 massifs et autant de 5 pays différents. Le calendrier se concentrera sur 3 mois : • Chamonix Mont-Blanc (FRA) le 24 janvier • Kitzbühel (AUT) le 31 janvier • Vallnord Arcalis (AND) le 14 février • Alaska (USA), site à déterminer, le 14 mars • Verbier (SUI) le 28 mars FIS, LES TEMPS FORTS La Fédération Internationale de Ski (FIS) est, elle aussi, dans les starting-blocks à travers toutes les disciplines qu’elle régit. Le ski alpin sera le premier sous les projecteurs, puisqu’après la traditionnelle ouverture de la World Cup sur le glacier de Sölden (AUT) fin octobre, les filles s’en iront slalomer en Finlande, à Levi, les 15-16 novembre. Ensuite, le cirque blanc traversera l’Atlantique,

direction le Colorado. Les épreuves féminines se disputeront à Aspen (USA) et Lake Louise (CAN). Lake Louise où les garçons seront aussi à pied d’œuvre avant de se rendre à Beaver Creek, près de Vail : une étape importante et riche d’enseignements, puisque les Championnats du Monde se courront sur ces mêmes pentes du 2 au 15 février. Mais n’allons pas trop vite en besogne. Auparavant, tous les acteurs de la World Cup reviendront en Europe. La France donnera le coup d’envoi de cette tournée continentale avec, le même week-end (13-14 décembre), les hommes à Val d’Isère et les femmes à Courchevel. En notant que la grande finale de la World Cup se déroulera également en Savoie : à Meribel, du 16 au 22 mars. Pour les autres dates de la Coupe, une seule adresse : www.fis-ski.com. LA GLISSE EN PRIME-TIME Si le ski alpin est très ancré dans notre culture, ce n’est pourtant pas lui qui réussit aujourd’hui les meilleurs scores d’audience sur le petit écran. Le biathlon le devance largement dans les nations du nord et même en Allemagne où il obtient des indices de popularité sidérants. Pour ces « fondistes francs tireurs », l’hiver commencera à Oestersund, en Suède, du 30 novembre au 7 décembre. Autre super show à ne pas manquer : la Tournée des 4 Tremplins, toujours très suivie pendant la période des fêtes. Comme de coutume, elle se partagera entre l’Allemagne et l’Autriche, d’abord à Oberstdorf les 27-28 décembre, puis à Garmich les 31 décembre et 1er janvier, avant de franchir la frontière pour rejoindre Innsbruck les 3-4 janvier et se terminer à Bischofshofen les 5-6 janvier.

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De l’eau, des reves et des victoires François Gabart, l’interview Surfing girls, attention les yeux Antoine Albeau, très fun, très board Yannick Agnel, entre 2 continents Du flocon à la vague, de la mer à la montagne

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FRANÇOIS GABART << Bizarrement, je ne sais pas trop nager

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Le tour du monde à la voile, en solitaire, sans assistance et sans escale. Il faut se répéter ces mots plusieurs fois pour saisir l’exploit réalisé par François Gabart fin janvier 2013, lorsqu’il remporta la 7e édition du Vendée Globe. Nous avons eu l’occasion d’en discuter avec lui. Des courses au large, de ses envies, de son avenir... Entretien.

par Raphaël GODET

Pendant trois mois, je n'ai rien lâché. Ça m’a surpris. Je ne pensais pas que j’avais autant d’énergie.


Dossier H2O Depuis l’arrivée au Sables d’Olonne, les mois ont passés, la vie a repris son cours normal. Mais n’empêche, comment se sent un skipper après avoir signé une telle performance ? Il m’a fallu un peu de temps pour revenir à mon état de forme et récupérer complètement. Ça m’a pris quelques semaines. Il faut dire que j’étais rincé, à plat… et c’est logique vu le niveau d’exigence du Vendée Globe et sa durée.

A quel moment vous êtes-vous dit « Cette fois, c’est bon, j’ai gagné » ? Sur la ligne d’arrivée. Pas avant ? Non, pas avant. A quoi a ressemblé votre première nuit à terre ? J’ai dormi six heures d’affilée ! Et très bien dormi. C’était top.

Digest FRANÇOIS GABART EN 10 DATES Né le 23 mars 1983 1997 > Champion de France d'Optimist 2004 > Champion du Monde Jeune en Tornado 2007 > Diplôme d’ingénieur (INSA Rennes) 2009 > Vainqueur de la sélection Skipper Macif 2010 > 2e du Figaro Août 2011 > Vainqueur de la Transat B to B 10 novembre 2012 > Départ du Vendée Globe 27 janvier 2013 > Vainqueur du Vendée Globe 13 août 2013 > Vainqueur de la Rolex Fastnet Race avec Michel Desjoyeaux (en classe IMOCA 60)

On a beau naviguer sur des bateaux de très haute technologie, je trouve qu’il n’y a rien de tel que le confort d’une existence « terrestre ». Vous vous souvenez encore de votre temps au moins ? Euh… 78 jours, 2 heures et des poussières… 16 minutes et 40 secondes précisément. Voilà, c’est ça ! Et ce mano a mano avec Armel Le Cléach ?… Ah, c’était énorme ! Quand on a commencé à se bagarrer dans l’Océan Indien, c’est devenu de la pure compétition. Pendant trois mois, je n'ai rien lâché. Ça m’a surpris. Je ne pensais pas que j’avais autant d’énergie. Je me croyais même incapable de supporter tout ça. Chaque jour, tu imagines avoir vécu le pire du pire et tu ne veux pas que ça se reproduise, mais ça revient le lendemain et ainsi de suite… Jusqu’à la délivrance : la ligne d’arrivée. Là, j’étais hyper soulagé, c’est sûr, car on a une telle pression sur les épaules pendant toute l’épreuve. Ça ne s’arrête jamais. Je me disais : fais gaffe, François, tu peux perdre ce Vendée Globe pour un rien. Il suffit d’une connerie et tout s’arrête… Et ça, je vous jure que ça pèse lourd sur le mental et les nerfs.

Rien à voir avec le sommeil pendant la course… C’est le moins qu’on puisse dire ! En mer, je somnolais par intermittence, dix minutes parci, quarante minutes par-là. Au maximum, trois heures… mais c’était rarissime, parce que le bateau, lui, n’a jamais sommeil. Et le bruit à bord, racontez-nous. Le voilier tape beaucoup. Tout le temps, en fait. Le silence, ça n’existe pas. Mais on s’y habitue… Encore qu’il faut être capable d’écouter. Quand quelque chose cloche, qu’une pièce va casser, ça prévient toujours. D’où l’importance d’être à l’affût. Franchement, ça doit être compliqué de reprendre une vie normale après une telle aventure, non ? J’ai lu parfois que je me sentais plus à l’aise sur l’eau que sur terre. Je vous jure que ce n’est pas vrai. Marin ou pas, je suis d’abord un homme fait pour une vie de terrien… Si l’aventure du Vendée Globe est aussi belle, c’est précisément parce qu’elle ne dure qu’un temps. Vous savez, on a beau naviguer sur

des bateaux de très haute technologie, je trouve qu’il n’y a rien de tel que le confort d’une existence « terrestre » (rire)… La famille, les potes, le lit, un bon plat cuisiné… C’est dans la logique de mon fonctionnement. Sentez-vous que le regard des gens a changé ? Depuis ma victoire ? Je crois, oui. Le public a été surpris de voir un gamin remporter cette course mythique (il n’avait que 29 ans - ndlr). Alors, c’est vrai, il arrive qu’on me reconnaisse, qu’on m’arrête dans la rue, qu’on me salue, ce qui n’était pas le cas avant. Ça vous étonne ? Disons que je ne m’y étais pas forcément préparé, mais ça va, je le vis bien. C’est très positif. Et puis, c’est une jolie fenêtre médiatique pour le monde de la voile…

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L’arrivée aux Sables d’Olonne après 78 jours, 2 heures, 16 minutes et 40 secondes.

Gagner le Vendée Globe avant même d’être trentenaire, c’est la classe quand même ! Je ne l’ai pas calculé dans cet esprit-là. Quand on est prêt, il faut y aller, il ne sert à rien d’attendre. C’est ma philosophie. En franchissant la ligne, vous avez déclaré que vous veniez de réaliser votre rêve le plus fou. Alors, à quoi rêvez-vous aujourd’hui ? J’ai encore des projets plein la tête, vous verrez… Avez-vous appris des choses sur vous pendant ces semaines à boucler le tour du monde ? Oui, bien sûr. Déjà, en mer, on réfléchit beaucoup, on se remet en question. On se dit : où j’en suis ? Ai-je bien ou ai-je mal fait ? Et sur le bateau, tu ne peux compter que sur toi… Clairement. Quand tu es dans la m…, tu dois te débrouiller seul, sans rien atten-

dre des autres et sans rien espérer de ton téléphone qui capte rarement... et jamais quand il faut (rire) !

Qu’avez-vous fait après la course ? Après la course, il y a eu une autre course, celle du marathon médiatique.

Après la course, il y a eu une autre course, celle du marathon médiatique. C’était aussi très fatiguant…


Dossier H2O C’était aussi très fatiguant… J’ai essayé de répondre au mieux à toutes les demandes. Ensuite, je suis parti quelques jours en vacances avec ma famille. Ça nous a fait beaucoup de bien. On vous a senti à l’aise avec la presse. Sans doute parce que j’aime partager mes aventures. En tout cas, je prends plaisir à le faire. La voile est une discipline à expliquer au grand public. Si on parvient à faire rêver les

gens en leur racontant les choses simplement, ça donne souvent de bons résultats. Aujourd’hui, la communication est une donnée essentielle du sport professionnel. C’est important d’échanger avec les autres, en envoyant des vidéos, des photos… Parlons-en justement, des réseaux sociaux. Vous semblez adorer ça ? Je « like », je poste régulièrement sur Facebook… Oui, oui, j’aime bien ! Il y a aussi Twitter… Je m’en sers pour raconter des anecdotes à mes followers (il en a pas loin de 10.000 ! ) et

pour chambrer mes camarades de voile, les interpeller. Ça a été le cas avec Armel (Le Cleach). Je lui envoyais des tweets alors que j’étais en pleine mer. C’est un véritable outil de communication ? Complètement. Je vais tous les jours sur Twitter. Et même en mer, donc ? Même en mer… C’est très pratique pour moi de suivre ce qui se dit, ce qui se passe.

Au fait, François, faut-il savoir nager pour gagner le Vendée Globe ? Très bonne question ! Je dirais oui et pourtant on ne demande pas de brevet de natation aux skippers qui s’inscrivent. Ah bon ? Non, ce n’est pas une condition nécessaire, mais c’est quand même recommandé ! Mais vous, vous savez nager ? Bizarrement, non, je ne sais pas trop nager. Disons que je nage aussi bien qu’un Français moyen, c’est-à-dire plutôt mal ! Après… (il réfléchit)… j’ai la forme

physique d’un Français pas trop moyen… ça aide ! La natation ne fait pas partie de votre préparation physique ? Pas vraiment. En Bretagne où je m’entraîne (Port-la-Forêt), on dispose d’une piscine avec un coach qui est là pour améliorer notre technique de nage. Du coup, je progresse petit à petit, mais ce n’est pas un must dans mon travail de mise en forme.

Quand tu es dans la m…, tu dois te débrouiller seul, sans rien attendre des autres et sans rien espérer de ton téléphone qui capte rarement... et jamais quand il faut !

Ça va leur faire bizarre, aux lecteurs, d’apprendre que le vainqueur du Vendée Globe ne sait pas vraiment nager… Au contraire, ça va donner envie à ceux qui ne savent pas nager de faire le Vendée Globe (rire) !

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monsport Quand les meilleures surfeuses de la planète se paient les plus beaux beach breaks.

SURFING

girls

L’hiver, elles taquinent les vagues australes sur de lointains océans. L’été, c’est sur nos plages qu’elles mordent l’écume. Des filles très engagées… Le surf est tout à la fois leur langage, leur passion et leur art de vivre, 52 semaines par an. par Nolwenn PATRIGEON

Vous les avez peut-être admirées sur la côte landaise, à Seignosse-Hossegor où se disputait le 5e Surf Swatch Girl Pro : une compétition ASP 6 étoiles, qualificative pour les Championnats du Monde. Mais qui sont ces sportives de pointe dont l’étendue du talent s’efface souvent au profit d’images racoleuses ? La presse aurait-elle du mal à les prendre au sérieux ? Pour réparer cette injustice, nous vous proposons une galerie de portraits sans people et sans cancan.

BIKINI ET CLICHÉS SEXY Eh oui, c’est ainsi, le surf féminin a du mal à se faire une place crédible face à son homologue masculin. Sur les événements mixtes, les hommes font la Une et bénéficient parfois de meilleures conditions. Sans compter que les féminines gagnent généralement deux fois moins lors des épreuves internationales malgré leur niveau de plus en plus élevé et la solide préparation qu’elles s’imposent. Sans parler de l’ambiguïté très présente dans cette discipline qui

Mais qui sont ses sportives de pointe dont l’étendue du talent s’efface souvent au profit d’images racoleuses ? veut que pour être médiatisées et sponsorisées, les filles ne peuvent se contenter de performer, elles doivent aussi être sexy… Le côté bikini et les clichés de la surfeuse aguichante ont tendance à prendre le dessus. Heureusement, des rendez-vous comme le Swatch Girls Pro offrent une mise en


Dossier H2O

Justine Dupont

Johanne Defay

Coco Ho Courtney Conlogue

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monsport avant positive du surf féminin, lui offrant une jolie visibilité à travers un spectacle haut de gamme. Pendant 4 jours âprement disputés, plus d’une centaine de compétitrices sont jugées sur la qualité de leurs manœuvres et leur degré de difficulté, ainsi que sur leur vitesse et leur puissance. Avec un copieux prize money à la clé, ce qui ne gâche rien…

Crown, et son oncle Derek qui fut Champion du Monde ASP. Figure incontournable dans le monde du surf actuel, Coco est connue pour son enthousiasme communicatif. Hyper connectée sur les réseaux sociaux (plus de 58.000 followers sur Twitter !), elle a récemment remporté le très convoité Open Las Cabos au Mexique.

LES PROTAGONISTES Impossible de citer toutes celles qui aujourd’hui évoluent dans les plus hautes sphères. Elles sont de plus en plus nombreuses, sans doute boostées par l’envie d’obtenir la reconnaissance qu’elles méritent. Nous allons nous limiter à quatre fortes personnalités, douées et particulièrement combatives…

Justine Dupont (23) : la longiligne et blonde Française pointe dans le top 20 au classement WQS (World Qualification Series). Sa spécialité : les grosses vagues, puisqu’elle fut la pre-

mière à dompter Belharra, une vague de plus de 15 m formée dans la baie de Saint-Jean-de-Luz. Respect, Justine ! Johanne Defay (20) : depuis 3 saisons, cette Réunionnaise connaît une sacrée progression. Il y a quelques semaines, elle a réussi à atteindre les quarts de finale au Fiji Women’s Pro. Sa marque de fabrique : la confiance, elle qui déclare sans complexe : “J’ai l’impression que quand les vagues sont bonnes, je peux défier n’importe quelle surfeuse du Tour”. Chères adversaires, à bon entendeur, salut !

Courtney Conlogue (22) : une formidable Californienne. Double Championne et tenante du titre, cette jeune femme à l’allure si décontractée sur terre se trouve être d’une détermination sans faille une fois dans l’eau. D’une grande force physique, elle développe un style athlétique et une impressionnante maîtrise. Courtney aime les conditions de mer difficile. Coco Ho (23) : elle est Hawaïenne. La plus jeune représentante de la légendaire dynastie formée par son père Michael, ancien vainqueur de la Triple

www.swatchgirlspro.com

Heureusement, des rendez-vous comme le Swatch Girls Pro offrent une mise en avant positive du surf féminin, plus « athlétique » et moins fashion.


Dossier H2O

SURFRIDER FOUNDATION ,

L’ocean, l’affaire de tous !

Oui, l’affaire de tous et pas seulement des politiques… qui ne se mouillent jamais ! Or, s’ils sont élus, c’est pour œuvrer conformément à nos souhaits. Dans cette approche, l’environnement doit venir en première ligne, en mettant l’accent notamment sur la protection des eaux. Ce doit être une ultra priorité pour ceux qui sont censés veiller à notre bien-être. Ils ont, en tout cas, été plébiscités pour ça ! par Denis ASSELBERGHS

Voilà pourquoi il faut saluer ici le travail d’une ONG - la Surfrider Foundation - qui avait initié une campagne formidable à la veille du scrutin européen 2014 : « Vote for the ocean ». Concrètement, via une plateforme connectée aux réseaux sociaux, tout

giques essentiels : 1. l’économie circulaire, 2. la qualité de l’eau et la santé, 3. le transport maritime, 4. les changements climatiques, 5. le bénévolat et la citoyenneté, et enfin, 6. l’éducation au développement durable.

Via une plateforme connectée aux réseaux sociaux, tout un chacun avait la possibilité d’interpeller les candidats sur les grands défis que pose la préservation du littoral et de la mer en général. un chacun avait la possibilité d’interpeller les candidats sur les grands défis que pose la préservation du littoral et de la mer en général. De quoi mieux cerner le profil des hommes et des femmes à qui les électeurs allaient donner leur voix… ou pas ! SIX ENJEUX ESSENTIELS Ce concept est facilement applicable et il faudrait y faire appel plus souvent. C’est de la vraie démocratie qui interroge et attend des réponses claires AVANT que des actes ne soient posés. Dans le cas qui nous occupe, la Surfrider Foundation s’était concentrée sur six enjeux écolo-

DÉRANGEANTS ET PAS TRÈS LUCRATIFS Les élections européennes se prêtaient particulièrement à l’exercice, puisqu’il semble bien - et c’est ahurissant ! - que 80% de notre quotidien soient régis par des lois, directives et réglementations prises à Bruxelles. Pour autant, ce principe du questionnement préalable aux instances décisionnaires mérite de s’étendre à d’autres scrutins, nationaux, régionaux et même communaux. Tous les thèmes y ont accès, mais ce sont surtout les dossiers mal aimés des politiques, car dérangeants et peu lucratifs (voire pas du tout), qu’il faut mettre sur la table : tout ce qui touche à la sauve-

garde de la planète… et qui passe joyeusement à la trappe dans les grands hémicycles où siègent nos dirigeants. REPÉRER LEURS TENTATIONS DE DÉRIVES Le dire et l’écrire ne tient pas du militantisme puéril. C’est simplement mettre le doigts sur une possibilité qui nous est offerte de contrôler un tant soi peu nos politiques, en repérant, avant qu’ils n’agissent, leurs tentations de dérives… et Dieu sait s’il y en a ! Donc, bravo et merci à la Surfrider Foundation pour cette belle idée.

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ANTOINE ALBEAU

<< Je suis un vieil ado de 40 balais <<

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Déjà sacré 21 fois Champion du Monde de funboard, le Breton Antoine Albeau est de loin le meilleur véliplanchiste de la planète. Et à 42 ans, ne lui parlez surtout pas de retraite. Enfin, pas encore. Entretien. par Raphaël GODET

Vous avez un look très travaillé… Cheveux longs peroxydés, pantalon baggy, teint toujours bronzé… C’est mon look de tous les jours, ça ! Ceux qui me connaissent vous diront que je ne me la joue pas, je suis comme ça dans la vraie vie. Je suis un vieil ado de 40 balais, et j’aime ça ! Justement, vous allez continuer combien de temps encore ? Je me donne encore deux saisons. Mon corps me fait parfois comprendre que je ne suis plus tout jeune (il sourit). Il faut dire que votre sport est assez brutal… Vous avez raison. Ce qu’on voit à la télé, ce sont des cascades à la verticale des vagues et des vols planés. Sympa, mais le corps souffre énormément. Le dos, les épaules, les genoux, la tête… Il y a aussi les déplacements, continuels et fatigants. Ça fait partie du jeu, on doit aller aux quatre coins du monde pour concourir. Je ne vous explique pas les décalages horaires ! Pour autant, je ne peux pas me plaindre car, je le répète encore une fois, j’ai la chance de vivre de ma passion. Le reste…

C’est mon look de tous les jours, ça ! Ceux qui me connaissent vous diront que je ne me la joue pas, je suis comme ça dans la vraie vie. Antoine, vous avez remporté il y a juste un an votre 21e sacre mondial de funboard à Sylt en Allemagne. Que représente cette énième couronne ? Je me dis que c’en est une de plus, mais pas la dernière !

commencé à 5 ans sur l’Ile de Ré), j’ai compris comment ça fonctionnait. Ma discipline reste confidentielle. C’est dommage... J’ai parfois le sentiment d’être moins méritant parce que je suis moins sous les projecteurs.

Le funboard demande une grosse préparation ? A côté des heures passées dans l’eau, il y a une partie importante d’entraînement « sur terre ». Des séances de cyclo, de VTT, de muscu. C’est le passage obligé pour tenir la planche à de telles vitesses… Justement, Antoine, parlons de vitesse. Racontez-nous ce record que vous avez établi en Namibie il y a 2 ans… (Il coupe) Ah oui, c’est quand même énorme ce que j’ai réussi ! 50 nœuds et des brouettes…

Vous êtes une véritable machine à gagner, en fait. Ça c’est vous qui le dites. Mais… en effet, je gagne beaucoup.

Malgré tout, vous avez contribué à médiatiser le windsurf. C’est certain, les choses ont bougé. On parle un peu plus de nous, ça fait plaisir et, pour l’instant, j’arrive à vivre de ma passion, mais ce n’est pas toujours évident.

52,05 nœuds précisément ! C’est ça, 52,05 nœuds. Une pointe à 96 km/h ! J’ai réalisé un sacré truc ce jour-là. C’est dingue et j’en suis fier !

Clairement, vous êtes l’un des sportifs français les plus titrés. Pour autant, vous n’êtes pas très connu. C’est injuste, non ? C’est comme ça. Vous savez, depuis le temps que je fais de la planche à voile (il a

Ce qu’on voit à la télé, ce sont des cascades à la verticale des vagues et des vols planés. Sympa, mais le corps souffre énormément.

96 km/h sur un bout de planche... Que ressent-on ? C’est simple. Vous prenez votre voiture, vous allez sur une rocade, vous roulez à 90 km/h et vous mettez la tête hors de la


Dossier H2O fenêtre pendant vingt secondes. Choisissez la route la moins plate possible et vous verrez… ça vibre, ça fait un bruit monstrueux. Et là vous aurez une idée assez juste ! (rires) Ce record, c’est un aboutissement dans votre carrière ? Je dirais que oui. J’ai effectivement tout gagné dans ma discipline. Il ne me reste plus qu’à améliorer encore et toujours ce record. J’ai beau avoir 42 ans, la vitesse, je l’ai dans le sang. On peut aller encore plus vite ? Bien sûr ! A combien, d’après vous ? 100 km/h, je pense. Donc, ce record est fait pour être battu ? Complètement. Ce serait même rassurant qu’il soit battu. Ce serait tant mieux pour la voile. A chaque fois qu’un record tombe, cela prouve que la technologie évolue dans le bon sens.

Une pointe à 96 km/h ! J’ai réalisé un sacré truc ce jour-là. C’est dingue et j’en suis fier ! Vous avez quand même mis la barre très haut… Avec de meilleures conditions météo, on devait pouvoir gagner encore quelques km/h… Mais ça veut dire prendre plus de risques et se mettre en danger. Malgré toute votre expérience, ça vous rassure d’avoir encore peur en mer ? Absolument. Je suis un homme. Un homme à bord d’une machine que je maîtrise à peu près. Mais l’eau, elle, je ne la contrôle pas… ou si peu. Qu’est-ce qui vous fera arrêter ? La voile est un des rares sports où un type de 40 balais peut battre un gamin de 30 ans. Voilà pourquoi je suis toujours partant… Plus sérieusement, l’âge me condamne à faire plus attention. Le cerveau suit bien, le corps, c’est plus compliqué… Mais tant que je pourrai, je continuerai. Et puis, franchement, je ferai quoi sinon ?

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Temoignage ‘

YANNICK AGNEL

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«<< La France me manque »

Attention, un témoignage à lire ‘rétroactivement’… Nous avions rencontré le nageur nîmois Yannick Agnel alors qu’il tentait l’aventure américaine, à Baltimore. Depuis, déçu par une baisse de rendement, des performances en deçà de son niveau, le double médaillé d’or olympique et triple Champion du Monde a décidé de rentrer au pays. C’est d’ailleurs lors d’un passage en France que notre reporter Raphaël Godet l’avait interviewé. Mais à cette époque, Yannick était convaincu que le fighting spirit de l’Oncle Sam allait l’aider à devenir encore plus grand (il mesure 2,02 m !) et plus fort que jamais… Comme quoi, certains mythes ont la vie dure ! propos recueillis par Raphaël GODET

Yannick, on a envie de savoir : alors, il est comment Bob Bowman ? (rire) Ça se passe vraiment bien avec lui ! Je me suis habitué à ses méthodes, ses discours… C’est un coach qui a du tempérament, et ça me plaît. Sur quoi travaillez-vous précisément ? On bosse les placements dans l’eau, comment positionner convenablement la tête, par exemple. Je dois encore progresser là-dessus.

Elles ressemblent à quoi, vos journées ? Je me lève à 6 heures chaque matin. J’ai un premier entraînement de 7h à 9h. Ensuite, je rentre à la maison et je fais une bonne sieste, parfois pendant deux heures, histoire de survivre ! (rire) Ensuite, nouvelle séance dans l’eau de 14h à 16h. Puis, musculation de 16h à 17h. Et comme ça tous les jours ? Tous les jours, oui…

Ça représente combien de kilomètres dans l’eau ? Un peu moins de 10 bornes… (il calcule)… Je dirais entre 7 et 8 km. Comment sont les installations là-bas à Baltimore ? Disons qu’elles sont pratiques. Il y a tout à portée de main. Que ce soit ‘trendy’ comme disent les Américains, ça on s’en fiche un peu.


Dossier H2O

L’avantage, c’est que vous pouvez aller au travail à pied… Exact, je suis à la piscine en quatre minutes chrono, c’est bien pratique. Et honnêtement, c’est le top pour pouvoir se lever le plus tard possible le matin. Voilà un bon argument de vente ! (rire) Michael Phelps a passé toute sa carrière à Baltimore aux côtés de Bob Bowman. Vous le croisez ? Oui, on se voit parfois. Mais quand il vient à la piscine, c’est vraiment pour se détendre, c’est plus de la baignade qu’autre chose. Il veut garder la forme. Il arrive aussi que Michael m’invite chez lui. Baltimore, c’est la natation… et ce sont les Ravens, l’équipe de NFL (National Football League). Vous allez aux matchs ? Eh bien, non… Je vais devoir attendre la saison prochaine. Depuis mon arrivée aux Etats-Unis, c’est piscine, piscine et piscine ! Justement, vous passez votre temps à faire des longueurs. Vous ne ressentez jamais de lassitude ?

Toutes ces heures passées à faire des longueurs… et la victoire à l’arrivée.

Honnêtement, parfois je pense : « Mais pourquoi tu fais ça ? » C’est humain. C’est un truc redondant, la natation. Alors, oui, comme tout le monde, j’ai des moments de doute.

Médaillé d’or aux JO de Londres sur le 200 m nage libre et le 4 x100 m.

Honnêtement, parfois je pense : « Mais pourquoi tu fais ça ? » C’est humain. C’est un truc redondant, la natation. Alors, oui, comme tout le monde, j’ai des moments de doute. Mais cette question disparaît rapidement, parce que je sais ce qu’il y a au bout. Donc, tu galères, tu galères, mais il faut tenir bon… Quand tu t’alignes aux

Jeux ou aux Mondiaux de natation, tu te dis que ça vaut vraiment toutes ces heures à s’entraîner et tous les sacrifices que tu peux faire. Ça, j’en suis persuadé !

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Aujourd’hui, avec Bowman, c’est fini.

En de bonnes mains pour un massage (visiblement relaxant !) à l’Austin Grand Prix du Texas.

Vous mangez quoi pour tenir le coup ? Beaucoup d’œufs brouillés pour les protéines, du bacon, des saucisses, énormément de salades de fruits. Pas mal de muffins aussi… j’adore ça. Mais ne l’écrivez pas, hein ! Si Bob Bowman lit ça, je suis mort (rire). Vous cuisinez ? Euh, non, pas vraiment. Dans ce magasin bio, il y a des plats tout faits, c’est vraiment pratique.

La grande différence entre la France et les Etats-Unis ? La mentalité, l’état d’esprit des gens… Et la nourriture aussi ! Vous allez faire votre retour dans une piscine française pour les championnats nationaux. Vous avez hâte ? Un peu, oui ! Ça va être bizarre. Je reviens assez régulièrement chez moi, mais c’est uniquement pour voir mes parents et mes proches. Là, ce sera pour une compétition. Vous vous sentez prêt ? Pas de problème, je me suis bien préparé. Après, il y aura les Championnats d’Europe à Berlin en août (2014). Que viserez-vous ? Plusieurs médailles, jusqu’à six. Mais tout dépendra de ces Championnats de France et des qualifications obtenues.

Vous vous êtes expatrié il y a quasiment un an. Quelle est pour vous la grande différence entre la France et les Etats-Unis ? La mentalité, l’état d’esprit des gens… (il réfléchit)… Et la nourriture aussi ! Comment ça ? Ah, mais c’est un scandale ! Moi qui suis un bon franchouillard qui aime la bonne bouffe, arriver ici et voir ce désastre culinaire… pffff ! Comment faites-vous alors ? Eh bien, j’ai la chance d’avoir juste à côté de la piscine un supermarché qui vend des produits bio. C’est l’endroit où je me fournis régulièrement.

Quand vous pensez à la France, qu’est-ce qui vous manque le plus ? Ma famille et mes amis. Etre à six heures de décalage, ce n’est pas évident, notamment pour les communications. Mais on se débrouille avec Skype et les réseaux sociaux. Vous suivez ce qui se passe ici ? Naturellement. Depuis quelques années, j’ai pris l’habitude de lire les journaux chaque matin. Du coup, quand j’arrive à la piscine, j’ai déjà toutes les infos et je sais à peu près comment ça tourne en France. Et pas que l’actualité sportive. Je m’intéresse beaucoup à la politique.


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JE SUIS WATER RESPONSABLE !

Et vous ?

Au 21e siècle, impossible d’ignorer que l’eau est une denrée qu’il faut protéger. Depuis 2009, l’association Du Flocon à la Vague en a fait son cheval de bataille en agissant tous les jours pour que chacun d’entre nous prenne en compte cette donnée et réduise sa consommation d’eau. Une vocation pédagogique et environnementale qui passe par le sport et le plaisir, mais sans intonation moralisatrice qui pourrait en rebuter plus d’un. Ici l’approche est « think positive » ! Alors, piquez-vous au jeu et devenez vous aussi Water Responsable ! par Nolwenn PATRIGEON

SUIVRE LE FIL DE L’EAU A l’origine de cette idée, Bernard Crépel, ancien membre de l’Equipe de France de ski de bosses, et Albert Delègue, mannequin français aujourd’hui disparu. Passionnés de montagnes et d’océans, ils imaginent un event qui

place le sport - et les sportifs - au cœur d’un dispositif médiatique dont la protection de l’eau est le fil rouge. Ainsi naît en 2009 la première Odyssée du Flocon à la Vague au cœur des Pyrénées. Le principe : les athlètes invités retracent le parcours d’une goutte

d’eau. Elle part des montagnes enneigées, suit le cours des rivières et rejoint l’océan. Le tout agrémentés d’épreuves très variées allant de la pirogue polynésienne à la course d’orientation en nocturne, en passant par le stand-up-paddle ou la via-ferrata.


Dossier H2O UNE WATER BRIGADE D’EXCEPTION Dès le lancement de l’opération, de grands noms du sport se sont associés à la cause en mettant leur notoriété au service du projet. Si Mathieu Crépel (Champion du Monde de snowboard) et Bixente Lizarazu (Champion du Monde de football en 1998 et excellent surfer à ses heures) ont été les premiers, ils sont désormais très nombreux à participer à cette Odyssée qui est le symbole de l’association. On retrouve maintenant parmi les ambassadeurs Tony Estanguet, Marc Lièvremont, Raphaël Ibanes, Paul Henri Delerue, Ophélie David, Guy Forget, Luc Alphand… et encore bien d’autres aux palmarès impressionnants ! Clairement, la majorité de ces personnalités est sensible à la cause défendue, car la nature et les éléments qui la composent sont généralement indissociables de la discipline qu’elles pratiquent. D’ailleurs, tous et toutes

prennent leur rôle très à cœur. Ils ont signé la Charte Water Responsable, réalisés leur propre empreinte H2O et, tout au long de l’année, communiquent sur ce thème avec le grand public, intervenant tantôt dans des établissements scolaires, tantôt dans des entreprises. Car si l’Odyssée du Flocon à la Vague est un événement sportif, sa vocation est bien sûr informative. POUR SENSIBILISER LES GÉNÉRATIONS FUTURES Ainsi, les villes de départ et d’arrivée des Odyssées se complètent d’un village d’animations gratuit, ouvert à tous, avec de nombreux ateliers ludiques et didactiques. Mais surtout, de gros moyens sont mis en place auprès des jeunes à travers les écoles : un volet enseignement dont l’objectif est d’expliquer où et comment consommer moins d’eau. Et, évidemment aussi, comment moins polluer. Durant

l’année scolaire 2013-2014, trente classes de l’enseignement primaire, dix classes de collèges et dix de lycées, soit plus de 2.000 élèves, ont été sensibilisés via l’association. Elle œuvre également au sein des entreprises pour proposer des formations visant à améliorer la relation à l’eau et dresser le bilan H2O, lequel est également disponible pour les particuliers sur Internet et même en application smartphone. EAU RÉELLE ET VIRTUELLE Comment devenir Water Responsable ? Vaste question. Il est d’abord important de prendre conscience qu’il existe ‘un cycle caché de l’eau’ : celui qu’on ne voit pas, mais qui est nécessaire à la production alimentaire, textile, multimédia… Actuellement, on estime qu’une personne en France ou en Belgique consomme par jour 150 litres d’eau ‘réelle’ (pour cuisiner,

Les athlètes invités retracent le parcours d’une goutte d’eau. Elle part des montagnes enneigées, suit le cours des rivières et rejoint l’océan.

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Mathieu Crépel (snowboard), l’un des premiers à se mobiliser pour l’association.

Thomas Lievremont (rugby) et les enfants.

Clairement, la majorité de ces personnalités est sensible à la cause défendue, car la nature et l’eau sont généralement indissociables de la discipline qu’elles pratiquent.

Un chanteur motivé parmi les sportifs : Christophe Willem.

A vot’ bon coeur Emmanuelle Joly (surf) en tyrolienne.

se laver, entretenir sa maison, etc) et 4.000 litres de cette fameuse eau ‘virtuelle’. Un guide diffusé par l’association (il existe en version numérique) donne des conseils pour tendre vers une amélioration sur les deux tableaux. Exemple : on apprend que diviser en deux sa consommation de viande fait baisser de 45% la consommation d’eau virtuelle, ou qu’utiliser dans son habitation des régulateurs de débit réduit de 55% la consommation directe. Une fois intégré ce concept

d’eau réelle et virtuelle, vous découvrez qu’il est facile d’appliquer au quotidien toute une série de gestes bénéfiques. Commencez par calculer votre consommation d’eau sur le site www.empreinteh2o.com ou télécharger l’application pour smartphone Empreinte H 2O. C’est un bon début !... Il vous reste à persévérer, à faire passer le message dans le cercle de vos parents, amis, collègues… et vous serez incontestablement un citoyen Water Responsable !

Les fonds récoltés par l’Odyssée permettent à l’association de soutenir trois causes : • financer les actions pédagogiques de l’association dans le cadre du programme Water Responsable (environ 1.000€/an pour une classe) ; • acheter des jerricans purificateurs au profit de familles africaines n’ayant pas accès à l’eau potable ; • soutenir les sinistrés des Pyrénées touchés par les inondations en juin 2013 (une action à actualiser après le terrible été 2014 !). Pour toute info : www.dufloconalavague.org


Dossier H2O

TROPHÉE MER MONTAGNE

Comme un air de famille

S’il ne se fonde pas sur la même philosophie et ne poursuit pas les mêmes objectifs, le Trophée Mer Montagne a en commun avec l’Odyssée du Flocon à la Vague une belle envie de réunir des athlètes issus de 2 milieux : l’eau et les cimes. C’est en 1994 qu’Eric Loizeau, célèbre navigateur (jadis équipier de Tabarly), imagine cette compétition informelle. Son idée : provoquer une rencontre décalée entre ceux qui font la légendes des 2 univers. Avec, pour ponctuer les 4 journées du Trophée, un ensemble d’épreuves qui éveillent immanquablement « l’instinct » sportif des vedettes invitées. Autre constante : au fil des éditions, les équipes associent toujours un marin et un montagnard. A ce duo s’ajoute depuis 10 ans un enfant de la station organisatrice : une manière de mobiliser les « locaux », une bonne pioche pour les motiver à venir encourager les concurrents. LE CORBIER COMME PORT D’ATTACHE Depuis 2014, année du 20e anniversaire, Le Corbier accueille la joyeuse bande du Trophée Mer Montagne. Son dynamisme et

Eric Loizeau

ses nombreuses infrastructures viennent enrichir le 4e domaine skiable de France : Les Sybelles et leurs 310 km de pistes s’étageant entre 1.150 et 2.620 m d’altitude. Cet hiver, le parrain de la manifestation sera une des fiertés du pays : Jean-Noël Augert, Champion du Monde de slalom en 1970 et détenteur de 3 globes de cristal (en 1969-71-72). Fan de voile, il s’inscrit bien dans l’esprit du Trophée.

gagné le Paris-Dakar avec le team d’usine Mitsubishi ; quant à Aurélien, non content d’avoir remporté deux fois le Freeride World Tour, il brille à présent dans les courses au large. Le 3 novembre prochain, il sera d’ailleurs au départ de la 11e Transat Jacques Vabre sur un Class40 aux couleurs de Race For Water, une association œuvrant pour la préservation de l'eau et des océans.

RIEN QUE DU BEAU MONDE Parmi les guests annoncés pour 2015 : les skippers Eliès, Gabart et Le Blevec, la jolie Clémentine Lucine, détentrice de 5 couronnes mondiales en ski nautique, le vététiste Damien Spagnolo et le médaillé olympique en canoë biplace Franck Adisson. Sans oublier les très éclectiques Luc Alphand et Aurélien Ducroz : le premier, après avoir enlevé la Coupe du Monde de ski alpin, a

UN PACKAGE TRÈS AVANTAGEUX Reste le plus important : les dates du Trophée Mer Montagne 2015. Il se déroulera du 25 au 28 janvier. A cette occasion, Le Corbier propose un package très avantageux avec une forfait ski de 6 jours, l’hébergement et des accès VIP. Infos et réservation sur www.le-corbier.com et, bien sûr, surfez sur www.trophee-mer-montagne.com pour avoir la liste complète des participants.

Pour ponctuer les 4 journées du Trophée, un ensemble d’épreuves qui éveillent immanquablement « l’instinct » sportif des vedettes invitées.

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Les photos gagnantes ! Il y a quelques semaines, nous dévoilions sur notre website la sélection de la rédaction avant présentation au jury. Place maintenant aux résultats de ce concours pour lequel nous avons reçu plus de 300 photos dont certaines de très grande qualité. Tout d’abord, les six athlètes qui composaient notre jury de choc : Ophélie David (skicross, France) Anna Frost (trail, Nouvelle-Zélande) Aurélien Ducroz (ski freeride et voile, France) Cédric Dumont (base jump et wingsuit, Belgique) Thomas de Dorlodot (parapente, Belgique) Nicolas Favresse (escalade, Belgique)

Ophélie

Anna

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LE TOP 15 DU JURY Sur base de notre sélection, les membres du jury devaient attribuer à chaque photo retenue une cote sur 20 selon leurs propres critères, ce qui donne un total sur 120 (élémentaire mon Cher Albert, 6 x 20 = 120)… A l’addition des scores, voici le top 15 du jury : photo 1 H 1er Sylvain Cochard (104/120) photo 2 H 2e Vincent Rocher (96/120)1 photo 3 H 3e Sylvain Cochard (95/120)2 photo 4 H 3e ex æquo Sam Quintelier (95/120) photo 5 H 5e Albane Eichenberger (91/120) photo 6 H 6e Jean-Pierre Baralo (90/120) photo 7 H 7e Vincent Rocher (87/120) photo 8 H 8e Clément Berchet (84/120) photo 9 H 9e Aurèle Nicolet (83/120) photo 10 H 10e Sylvain Cochard (82/120) photo 11 H 10e ex æquo Yves-Alain Enndewell (82/120) photo 12 H 12e Marie-Anne Bols (79/120) photo 13 H 12e ex æquo Nicolas Arkipoff (79/120) photo 14 H 14e Vincent Rocher (78/120) photo 15 H 15e Cyril Heurtault (71/120)

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LE TOP 6 FACEBOOK Parallèlement, nos lecteurs avaient la possibilité de choisir leurs images favorites via Facebook. De ce vote s’est dégagée une hiérarchie assez différente de celle établie par notre jury de stars. Voici le top 6 en ligne. photo 2 photo 16 photo 17 photo 3 photo 18 photo 19

H H H H H H

1er Vincent Rocher (850 likes) 2e Yves-Alain Enndewell (346 likes) 3e Bastien Perez (340 likes) 4e Sylvain Cochard (176 likes) 5e Jeroen Simoens (115 likes) 6e Florian Colley (71 likes)

(1) Vincent Rocher l’emportant via le vote Facebook, il laisse donc la 2e place du vote du jury à Sam Quintelier. (2) Sylvain Cochard abandonne la 3e place du vote du jury à Albane Eichenberger, puisqu’il s’impose déjà dans ce même classement avec une autre photo. Eh oui, très fort, Sylvain !

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Qui gagne quoi ? 1ER PRIX Sylvain Cochard et Vincent Rocher • Un séjour d’une semaine pour 4 personnes en appartement 2 pièces 4/5 personnes ou en studio 4 personnes dans la Résidence ou le Village Club Pierre & Vacances de leur choix • Un smartphone Sony Xperia Z1 • Une paire de lunettes de soleil au choix dans la gamme Julbo 2ÈME PRIX Sam Quintelier et Yves-Alain Enndewell • Une paire de lunettes de soleil au choix dans la gamme Julbo • De la bagagerie Salomon (un trolley Mountain Life et un sac à dos Revo pour l’un, un sac de sport XL et un sac étanche type néoprène pour l’autre) 3ÈME PRIX Albane Eichenberger et Bastien Perez Une paire de lunettes de soleil au choix dans la gamme Julbo See you next year ! Sachez que nous sommes déjà en train de vous préparer des monsport Photo Awards 2.0, avec plus de cadeaux, plus de gagnants... Mais, chut… Nous vous en dirons plus d’ici la fin de l’année.

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‘ ! Surtout ne pas flechir L’Etape du Tour Review Anjou Vélo Le DOD à Daudet Millet Expedition Project Le Tor des Géants Running in the City Portrait Syndiély Wade Shopping de rentrée La spéléo avec Barnabé Fourgous Richard Park, jamais froid !

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ENTRE PAU ET HAUTACAM…

‘ de la deroute ‘ * Les geants

Pédaler avant les pros sur le parcours du Tour de France dans des conditions de course… ou presque, c’est le fantasme de tout cyclo-sportif. Oui, mais du rêve à la réalité, l’itinéraire côtoie quelques géants - Tourmalet et consorts - qui ne se laissent conquérir qu’au prix d’un rude combat. Sans préparation, la partie s’avère, sinon désespérée, en tout cas particulièrement difficile… Une fois encore, près de 2.000 recalés vont en faire les frais ! par Paul CHANCE

(*) Jolies pirouettes de mots empruntées à des chroniques d’Antoine Blondin publiées entre 1954 et 1982.


On the Move Notre envoyé spécial s’est attaqué à cette très convoitée Etape du Tour (c’est son nom déposé, tout simplement) : un morceau de bravoure ouvert aux amateurs patentés. Condition préalable : s’être entraîné sérieusement. Car cette édition 2014 n’a pas dérogé à la réputation des 21 précédentes. Solide réputation !

LA FLEUR AU FUSIL Comme une bande décimée*, ils partirent plus de 11.000, mais ne se virent que 8.453 en arrivant à bon port, sur les hauteurs d’Hautacam. Moins de 5 heures pour les premiers : des anciens ou des néo-pros à la socquette légère. Plus de 11 heures pour les derniers… aux jambes

manches courtes dans la descente du Tourmalet, déplore Jean-Baptiste Wiroth, actif au sein du réseau WTS-The Coaching Company. Dans des conditions comme celles-ci, il faut se passer de l’huile chauffante sur les jambes, porter une casquette sous le casque, une veste contre la pluie, des manches longues ou

Comptez 3 heures 30 à 4 heures d’ascension pour un cyclo moyen. Autant dire que « l’épate du Tour » ne s‘embarrasse pas des rigolos !

L’Etape du Tour, digest 2014 22e édition, dimanche 20 juillet • 148 km entre Pau et Hautacam • Deux difficultés majeures : le col du Tourmalet (17,1 km d’un dénivelé moyen de 7,3% - altitude 2.115 mètres) et la montée finale vers Hautacam (13,6 km d’un dénivelé moyen de 7,8%) • 13.000 inscrits, plus de 11.000 partants et 8.453 finishers • Age moyen : 45 ans • 94 nationalités représentées, 40% d’étrangers • Etape empruntée par le peloton professionnel le jeudi 24 juillet

lourdes. Après une moitié de course (presque) plate et (quasi) sèche, le peloton s’éleva en toute humidité*. C’est que, depuis le pied du Tourmalet, averses, froid et brouillard accompagnèrent cette ascension que la Grande Boucle emprunte avec une belle régularité : déjà 79 fois depuis la création de l’épreuve en 1903. Cette année, le challenge était de taille : comment, sous des seaux d’eau, passer d’une confortable température de 20 degrés en plaine à seulement 6 degrés lorsqu’on évolue à 2.115 mètres d’altitude ? « Qui dit vélo, dit adaptation aux conditions climatiques. Là c’est une affaire d’expérience. J’ai vu des gens en

des manchettes… La plupart des concurrents préparés ont terminé l’étape, mais beaucoup d’autres sont venus la fleur au fusil, sans un niveau physique ou technique suffisant. » ON NE BADINE PAS AVEC LA PETITE REINE Se lancer sur 148 km dont plus de 30 km d’un dénivelé supérieur à 7% transforme le bal des débutants en un requiem pour peloton* : comptez 3 heures 30 à 4 heures d’ascension pour un cyclo moyen. Autant dire que « l’épate du Tour » ne s‘embarrasse pas des rigolos ! « Avec au moins deux entraînements hebdomadaires très ciblés, c’est jouable :

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une séance courte en semaine constituée d’interval training (travail fractionné) et une autre, le week-end, qui sera de plus en plus longue à l’approche de l’épreuve. » Si les bases techniques sont faibles, il n’est évidemment pas inutile d’ajouter un stage pour améliorer le pilotage, l’utilisation des braquets, la gestion d’une ascension en terme d’intensité et de nutrition… C’est la recette de JeanBaptiste Wiroth qui allait montrer l’exemple en terminant à une très correcte 1.491e place.

SAGE DÉCISION Perchés sur les 2.115 m du Tourmalet, certains en avaient déjà Ras le col*, préférant abdiquer plutôt que de risquer la descente. Sage décision. Les chutes se ramassèrent à la pelle dans ce toboggan glissant et glacé. Freiner, virer, s’abriter dans les roues ne s’apprend pas la veille… En revanche, une séance d’activation effectuée dans les 24 heures précédant l’épreuve évite tout passage avide*. Façon de prévenir son

corps des efforts à venir. Et le dernier (effort) ne fut pas le moindre : cette montée, un peu plus courte mais encore plus raide, qui mène à Hautacam. Conclusion ? Avant de découvrir le tracé de l’Etape du Tour 2015 en octobre prochain, les quadragêneurs* - majoritaires dans le peloton - devront se répéter que baisser la tête ne suffit pas pour avoir l’air d’un coureur. Savourer le calice de l’exploit* passe par bien d’autres exigences !…


On the Move

Ils ont dit… « Le plus dur, c’était le Tourmalet, 17 km sans répit avec la pluie, le brouillard, le froid. Dans la descente, c’était terrible ! On a perdu au moins 10 minutes avant d’attaquer la montée sur Hautacam. Ma préparation ? J’ai 6.000 kilomètres au compteur depuis le début de l’année, avec 4 à 5 séances hebdomadaires dont des sorties à jeun, mais aussi de la muscu et de la salle. » Pascal Billot (Nice), classé 2.549e « Je faisais l’Etape du Tour comme entraînement avant le triathlon des Alpes qui se termine par la montée de l’Alpe d’Huez. J’ai abandonné au pied d’Hautacam, préférant me réserver pour cet objectif. J’affûte ma condition physique sur des cycles de 3 semaines chargées, suivies d’une semaine de récupération active. » Joseph - Joe - Ghazal (Paris), non classé

La plupart des concurrents préparés ont terminé l’étape, mais beaucoup d’autres sont venus la fleur au fusil, sans un niveau physique ou technique suffisant.

« L’Etape du Tour est mon objectif annuel depuis 3 ans. Je débute mon programme d’entraînement en janvier : à raison de 3 ou 4 sorties par semaine, j’ai pris le départ avec 3.600 km dans les jambes. Pour autant, je ne pense pas que je pourrais m’aligner sur une étape de montagne longue de 180 à 200 km. C’est sans doute trop pour moi. » Bernard Livet (Nice), classé 5.729e « Je suis accompagné par un coach 10 mois dans l’année. Pour le dénivelé que nous n’avons pas dans le Nord, j’effectue beaucoup de travail en force et en vélocité. Pour m’adapter à la montagne, j’ai réalisé un stage dans le Ventoux à la mi-mai et un autre dans les Cévennes une semaine avant l’événement. » Patrice Sanso (Lille), classé 7.210e

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ANJOU VÉLO VINTAGE

Miroir du cyclisme

L’Anjou Vélo Vintage nous fait tourner la tête ! Sur fond de jazz et de java, la 4e édition cyclote dans une autre époque, à une autre allure. Pulvérisant « façon puzzle » le corporatisme du cyclisme, ce rendez-vous rétro en reflète tous les visages, du dilettante au sportif, en passant par le collectionneur et l’adepte du fixie, sans oublier le « simple » touriste festif. Au final, ça fait du monde : cette année, 3.500 personnes. Nous les avons comptées ! par Paul CHANCE Doit-on se rendre à Saumur comme en pé(da)lerinage ? En chinant dans la boîte à souvenirs du cyclisme de grand-papa, l’Anjou Vélo Vintage nous rappelle quelques principes sacrés, à commencer par l’immortalité et l’universalité de la bicyclette. VOUS AVEZ DIT HIP-HOP ? Pour transcender ce cru 2014, trois trouvailles qui s’ajoutent aux randonnées, salon rétro, animations et autres festivités costumées : les critériums, les battles et un raid de 150 km. Les premiers renvoient à ces courses de village en boucles disputées pour montrer le maillot

(les « tourniquets » dans le jargon cycliste). Sous des trombes d’eau, quelques fidèles se disputèrent le gain d’un jéroboam Bouvet Ladubet et la bise de Miss Maine et Loire… ce qui n’est quand même pas rien ! Les battles évoquent les affrontements de danse hip-hop. Remplacés par des duels de cyclistes sur

Le départ groupé des trois randonnées : un peloton de 3.400 participants qui allait s’étirer pendant plus de 15 minutes !

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Le Rollapaluz : des sprints de 500 mètres sur vélos fixes. Ils animèrent le centre-ville d’Angers.

Etes-vous (Grand) Bi ?

Cette machine n’a pas son pareil pour remonter le temps. Elle nous ramène toujours à nos premiers tours de roue quand nous étions enfants.

Quelques chiffres… Celui-ci d’abord : 3.500, le nombre de participants à un des quatre parcours (2.049 sur la Découverte de 30 km, 1.101 sur la Balade de 55 km, 260 sur la Rando de 90 km et 90 sur la Rétro de 150 km). 79 : les départements représentés, dont l’île de la Réunion. 17 : les nationalités en selle, dont le Japon. 56 : les communes associées à la manifestation. 450 : les personnes mobilisées pour l'organisation.

Les jeunes fixies se mêlent à la partie. Un critérium leur était réservé.

home-trainer, une nouvelle tendance urbaine, ils animèrent le centre de la ville voisine d’Angers la veille de l’épreuve. Enfin, troisième nouveauté : une longue vélochée de 150 km à laquelle prit part une petite centaine de sportifs vrais de vrai. Ils firent écho aux premiers velocemen des années 1870 ; lesquels voulaient prouver les capacités d’endurance de leurs machines en couvrant des kilométrages importants. « La majeure partie des personnes qui ne montent pas à Véloce se figurent que cet exercice est très fatigant (…). Il faut montrer qu’avec le Bicycle, on peut parcourir des distances considérables, avec une fatigue incomparablement moins grande que celle produite par la marche, et dans un temps beaucoup plus court », pouvait-on lire dans Le Vélocipède Illustré, une revue de 1889. Des propos toujours d’actualité.

« Sur un Grand Bi, je peux monter des côtes jusqu’à 6% ! La dimension des roues ? Comme pour les cadres de vélo, elles diffèrent selon la taille de l’utilisateur, de 48 à 57 pouces de diamètre », avance Marco d’un air malicieux, en faisant essayer son géant à quelques aventureux. Des roues avant de 1,20 m à 1,54 m de diamètre donnent une idée de l’équilibre précaire qui allait condamner cette étrange monture à un passage éphémère dans l’histoire du cycle. Le Grand Bi serait né en Angleterre après la guerre de 1870. En une grosse décennie, la b i c yc l e t t e l e s u p p l a n t a . D e s répliques de ces machines toujours aussi spectaculaires sont fabriquées par des artisans et roulées par des passionnés comme Marco qui n’hésite pas à s’aligner sur des cyclosportives au milieu de concurrents équipés de montures dernier cri tout carbone. Bonjour le contraste !

RÉTRO MA NON TROPPO ! « Ici, c’est pour tous les genres de vélos et pas uniquement ceux de course », s’enthousiasme Paul Baruzzo en chevauchant une pièce de musée : un JeanBaptiste Louvet de 1927. Au départ de la Rétro de 150 km, il reçoit les encouragements d’une famille costumée engagée deux heures plus tard pour l’escapade de 30 km sur un des 600 vélos antérieurs

Sûr que les leçons de Grand Bi donnent de la hauteur…


On the Move à 1987 restaurés et mis à disposition par l’organisateur. Plus loin, Louis Rustin, arrière-petit-fils de Louis-Désiré Auguste Rustin - inventeur de la célèbre Rustine prépare son stand d’exposition aux côtés des selles Brooks, du Solex et des cycles Pashley… Comme quoi, ce rassemblement surgit des rivages paisibles de la Loire fait du neuf avec du vieux. Avec du jeune aussi ! Cette année, la turbulente communauté fixie s’est jointe en nombre aux familles, touristes, collectionneurs et autres afficionados de la Petite Reine. Le futur du vélo se trouve-t-il dans son passé ?... En voilà une question pertinente ! Tandis que beaucoup d’épreuves cyclistes peinent à réunir leurs ouailles, l’Anjou Vélo Vintage fédère les communautés et innove en se projetant dans son histoire. « C’est une (rétro-)découverte du vélo autrement », conclut Thierry Gintrand, directeur de la communication au Conseil général et GO de l’Anjou Vélo Vintage. Eh oui, cette chère bicyclette nous ramène toujours à nos premiers tours de roue, quand nous étions enfants. Parties de manivelles débridées dans la peau d’un champion, promenades champêtres en famille, découvertes patrimoniales gagnées à la force du jarret… Cette machine si frêle n’a pas son pareil pour remonter le temps !

Le champion, c’est lui ! « C’est un PX10 ? » me lance un cycliste anglais depuis une terrasse de café à quelques minutes du coup d’envoi du critérium des champions auquel je m’apprête à prendre part aux côtés d’anciennes gloires du peloton. Incollables sur la Petite Reine, ces Britons, tradition royale oblige ! Le Peugeot PX10 reste une référence dans le milieu cycliste. Utilisé par l’équipe Peugeot BP dans les années 60 et 70, il fut roulé par de nombreux cracs : Eddy Merckx, Walter Godefroot, Bernard Thévenet, Tony Bracke, Roger Pingeon, pour ne citer qu’eux. Mais à y regarder de plus près, le PX10 spécialement sorti du musée Peugeot pour l’événement est, en réalité, le PY10 CP de 1978 : un modèle fabriqué à la main par le service-course de Peugeot pour les pros ou les particuliers cherchant du haut de gamme sur mesure. Malheureusement, un vélo de champion ne métamorphose pas un cycliste anonyme en sprinter de gala. Sous des trombes d’eau, mon PY10 s’arracha pour terminer 3e derrière deux Bianchi au-dessus du lot. En notant que David Moncoutié, fraîchement retiré des pelotons, eut l’élégance de ne pas se mêler à la bagarre. Quant à Régis Delépine, vainqueur de Bordeaux-Paris en 1974 puis d’étapes du Tour en 1977, et Roland Berland, double Champion de France (19681980), ils étaient « dans un jour sans », comme l’aurait dit Daniel Pautrat, l’ancien présentateur de TF1, au micro de l’épreuve. Du coup, me voilà médaillé de bronze, bien aidé par les circonstances… et mon Peugeot ! Le PY10 sorti du musée Peugeot : tubes Reynolds 531, freins à tirage central Mafac, pédalier Stronglight, dérailleurs Simplex…

l’Anjou Vélo Vintage nous rappelle quelques principes sacrés, à commencer par l’immortalité et l’universalité de la bicyclette.

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MON PREMIER

Anjou Velo ‘ Vintage

Comme tout le monde, j'ai vu les pignons fixes remis au goût du jour ces dernières années, devenant de véritables objets tendance. Mais pour moi, tout ça, c'était un effet de mode, rien de plus. Jusqu'à ce que j'entende parler de l'Anjou Vélo Vintage et que je me laisse aller à ce formidable voyage... dans le temps. par Maxime AUBERTIN

UN AUTRE ÉPOQUE Dimanche 29 juin, je me présente au départ de la rando de 30 km. Dans ma tête résonne encore « Mr. Sandman » interprété à merveille par les chanteuses de Cherry

Swing, la veille, lors de la soirée guinguette. Et me voici maintenant entouré de sosies de Poulidor, Anquetil, Merckx, Hinault et Fignon. Je me sens littéralement transporté quelques dizaines d'années en arrière,

sans parler des charmantes cyclistes déguisées en Mistinguett ou en pin-up des années 60… Bref, ici, petits et grands, jeunes et moins jeunes, tout le monde joue le jeu. L’effet est bluffant. L’ambiance aussi !

Participer à l’Anjou Vélo Vintage, c’est aussi faire de chouettes rencontres.


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Ici, petits et grands, jeunes et moins jeunes, tout le monde joue le jeu. L’effet est bluffant. L’ambiance aussi ! UN PARCOURS SAVOUREUX Arborant une tenue de circonstance, je m’élance pour 30 bornes. Une grosse heure à pédaler… C’est du moins ce que

je pense. Car dans sa version rando « light », l’Anjou Vélo Vintage s’apparente à une balade pleine de jolies surprises. De châteaux en casse-croûte, de vignes en caves tenues par des producteurs locaux, chacun avance à son rythme, profitant d’une belle vue pour faire une bonne photo ou boire un coup de rouge et déguster quelques délicatesses. En un mot : magique !

DES RENCONTRES GÉNÉREUSES Participer à l’Anjou Vélo Vintage, c’est aussi faire de chouettes rencontres, comme ce jeune couple avec lequel j’ai sympathisé puis déjeuné sur le magnifique site du château de Brézé. Ou cette dame « d’un certain âge » avec laquelle j’ai papoté pendant une poignée de kilomètres après avoir croisé son époux sur un grand-bi. Ou tous ces gens qui semblaient très intéressés par la jolie bécane que l’Anjou Vélo Vintage m’avait prêtée pour l’occasion. Que ce soit sur le parcours ou durant les nombreuses haltes prévues par l’organisation, chacun a envie de partager son bonheur, sa passion, sa curiosioté. Les pauses vin aidant, le fête peut devenir très folklorique pour ceux qui le souhaitent (sic). Je me suis ainsi retrouvé pendant tout un temps à chanter « Allez Robert, allez Marcel… » avec une

bande de jeunes trentenaires, en référence à « Robert&Marcel », les vignerons chez lesquels nous venions de ravitailler. Un grand souvenir ! Oui, c’est sûr : ce ne sera pas mon dernier Anjou Vélo Vintage !

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LE TOUR DE FRANCE

en 465 jours

Il y a juste 2 ans, l’alpiniste français Lionel Daudet bouclait son Tour de France, le « Dodtour » : près de 10.000 kilomètres arpentés en longeant la ligne-frontière, 15 mois à progresser sans moyen motorisé : à pied, à vélo, en kayak, sous terre, sur mer et, bien sûr, dans ses chères montagnes… Du sport, mais aussi des rencontres et du partage. Une combinaison qui fait l’objet d’un livre* et de 4 documentaires TV. par Eric VERSCHUEREN

Vous prenez une carte, vous pointez le doigt sur la France, puis vous suivez des yeux son contour qui borde l’Espagne, l’Italie, la Suisse, l’Allemagne, le Luxembourg, la Belgique… Dans sa jeunesse, Lionel Daudet, un des meilleurs alpinistes français de sa génération (2 fois Piolet d’Or, sorte de Ballon d’Or de la grimpe), a sans doute fait cela des centaines de fois, histoire d’ouvrir davantage sa cage aux rêves. L’idée a germé petit à petit. Et, ce qui devait arriver… arriva : il s’est

lancé. D’abord seul, avec l’aide logistique de sa femme. Puis, accompagné, tantôt d’amis de toujours, tantôt de compagnons de passage. Le départ fut donné du Mont-Blanc le 11 août 2011 et l’arrivée jugée, du même point-symbole, le 15 novembre 2012. La boucle était bouclée. Entre les deux, 465 jours de ‘Bonjour la France’ dont 300 jours d’activité intense, le reste étant consacré à la préparation de ce qui l’attendait les heures suivantes.

« LA BELGIQUE ? UN ENCHANTEMENT » L’exploit semble gratuit, il ne l’est pas. Lionel Daudet voulait retrouver ces lignes de crêtes quasi vierges entre deux pays. Il voulait aussi croiser les gens, mettre en pratique les idées d’égalité, de liberté et de fraternité « que trop de monde néglige ou oublie ». Goûter la nature et ceux qui la peuple. « Le Dodtour, ça a été l’histoire d’un petit bonhomme qui a couru sur la frontière et le littoral, mais, plus encore, ça (*) Le Tour de France exactement Chez Stock

« L’histoire d’un petit bonhomme qui a couru sur la frontière et le littoral, mais, plus encore, une aventure collective où je me suis dit : cette France est merveilleuse. »


On the Move A pied, à vélo, en kayak, sous terre, sur mer et, bien sûr, au sommet des montagnes.

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monsport a été une aventure collective où je me suis dit : cette France est merveilleuse ». Voilà ce qu’a déclaré Lionel Daudet à son arrivée. Même tonalité lorsqu’on lui demande ce qu’il a pensé de la frontière franco-belge : « C’est très varié, un enchantement, mais un endroit finalement peu connu des Français, et c’est un tort ! J’ai trouvé des lieux qui m’ont réjoui. Une belle variété de paysages et beaucoup

quand dans les Ardennes, des chasseurs l’ont pris pour cible… heureusement sans tirer. Il y a eu enfin ce coup de tonnerre qui aurait pu transformer le Dodtour en drame : alors qu’il était dans les Alpes et qu’il se rapprochait de son Graal, Lionel a été frappé de manière indirecte par la foudre. Son coupe-vent a été calciné et il a gardé une brûlure de deux centimètres dans le dos.

Un périple de 66 semaines, accompagné parfois d’amis de toujours ou de compagnons d’un jour.

de marques d’histoire. Sur ce tronçon que j’ai découvert en VTT, à pied et même en kayak gonflable, j’ai vu des écrins de verdure somptueux et de beaux témoignages de tissus industriels. » FRAPPÉ PAR LA FOUDRE Le périple, bien sûr, n’a pas été de tout repos. Dans les parties aériennes, notamment dans les Pyrénées, certains passages ont été très engagés. Lionel Daudet a eu des coups de mou. Il a même failli essuyer des coups de feu,

UN MOIS POUR REDESCENDRE SUR TERRE De son propre aveu, le retour aux affaires courantes fut assez brutal. Il n’y a pas eu de sas de décompression après son finish au Mont-Blanc. Lionel Daudet s’est directement replongé dans le train-train… ce qui n’a pas été sans peine. « Il m’a fallu un bon mois pour réaliser que c’était terminé, explique l’alpiniste. Mais il n’y a pas eu de nostalgie particulière en repensant à tout ce que j’avais vécu sur ce tour des fron-

L’homme aux 8 doigts de pieds amputes‘ Lionel Daudet, 45 ans, a connu dans sa vie d’alpiniste un épisode douloureux. Il aurait pu lui être fatal. Cela se passe en 2002. Le Dod (son surnom) reste bloqué pendant 9 jours dans une voie sur la face nord de l’Eiger. Neuf jours recroquevillé dans son duvet. A sa descente, les médecins doivent lui amputer 8 doigts de pied. Ils étaient complètement gelés. Cette mutilation laisse une trace dans l’âme du grimpeur. Son approche de l’alpinisme change. Les solitaires en quête d’absolu sont terminées. Comme il le dit, il avait « atteint sa montagne intérieure ». Il n’avait plus besoin d’aller plus haut, plus fort. Il se transforme alors en aventurier-explorateur. S’offre des parties de mer incroyables avec Isabelle Autissier, du côté de l’océan antarctique. Part en expé dans les montagnes des pôles. Et toujours avec le souci de laisser l’empreinte écologique la plus minime possible, en privilégiant les modes d’accès les moins polluants. Cet ingénieur de formation, devenu ‘sportifphilosophe’, se lance même dans l’écriture. Le livre sortit en février 2014 pour relater le Dodtour est son 3e opus. Comme pour marquer le changement de cap qui s’opérait dans sa vie, le premier s’intitulait ‘Montagne intérieure’…

tières. J’ai été vite pris par la rédaction de mon livre qui devait être un condensé géographique, humain et sportif de ce périple. » La suite, des projets ? « Encore rien de précis. En tout cas, je ne pense pas que je me réattaquerai à un challenge aussi immense que le Dodtour. J’ai envie de repartir dans les Alpes faire de beaux sommets. Mais pas trop longtemps et pas trop vite. La mode actuelle des montées super rapides ne m’intéresse absolument pas ! »


On the Move Depuis sept ans, pas loin d’une cinquantaine d’expéditions sont passées du rêve à la réalité grâce à une bourse délivrée par Millet et ses partenaires. Le millésime 2014 est désormais connu. Le jury - des professionnels de la montagne - et le public (via Facebook) ont rendu leur verdict : sur les 11 dossiers présélectionnés, 7 ont été plébiscités lors du tour final. Avec un coup de cœur tout particulier pour «Handi Cap au Large». Et un coup de chapeau à la Belgique qui fait son entrée dans le palmarès. Il est important de souligner que pour la première fois, le MXP (pour « Millet Expedition Project ») a ouvert ses frontières. Sur la soixantaine d’inscrits cette année, une bonne moitié provenait de France - normal, c’est le berceau de cette compétition - et le reste… du monde entier. Ce qui vaut de voir apparaître au tableau d’honneur des Espagnols, des Iraniens et, effectivement, une équipe belge. LES LAURÉATS Handi Cap au Large : quatre copains - dont Vincent, paraplégique - veulent traverser l’arc alpin. Passionnés de vol libre et de

MILLET EXPEDITION PROJECT

Et les vainqueurs sont... sport nature, ils rallieront la Méditerranée depuis les Alpes autrichiennes. Comment ? En parapente et en handvélo. Départ de Liezen, arrivée à Monaco.

Première sur le Nanga Parbat : ce sommet pakistanais est réputé pour être l’un des 8.000 mètres les plus difficiles de la planète. Il n’a encore jamais été gravi en hivernale. Trois Iraniens très expérimentés relèvent le défi. Across Antactica : deux avocats parisiens fondus d’ultra-trails et de déserts blancs vont tenter une traversée antarctique passant par le Pôle Sud. Soit 18.000 km à ski et sans assistance. Destination Tian Shan : deux jeunes Françaises veulent relier à pied, à cheval et en speedflying, la ville d’Almaty, au Kazakhstan, à celle d’Issyk Kul, au nord du Kirghizistan. De Tanger au Cap : retrouver le sens du voyage, c’est tout à la fois le rêve et l’objectif d’une journaliste française qui va parcou-

rir l’Afrique à pied, en longeant la côte ouest. Un périple de six à huit mois.

A l’assaut du pic… sans nom : on sait juste qu’il culmine à 6.738 mètres quelque part au Népal… Deux Espagnols, un gars, une fille, vont s’y attaquer. Là aussi, ce sera une première (sans nom ?). Chadar Frozen River : le Belge Patrick de Smet et trois amis de longue date (tous «multisports» et habitués aux treks longue distance) vont remonter puis redescendre la rivière gelée Chadar au Zanskar, dans la Vallée de l’Himalaya. Au total, 240 km à parcourir en 2 ou 3 semaines. Nos 4 compères ont l’intention d’entrer en contact avec le peuple des Zanskari, complètement coupé du monde pendant le long hiver : 8 mois de neige, de froid et de brume. Pour tous les détails sur ces projets ainsi que les récits des plus belles expéditions > millet-expeditionproject.com

Bienvenue au Zanskar, véritable remède à la vaine agitation de nos pays surpeuplés…

Vincent et ses trois copains en partance pour une formidable traversée des Alpes.

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LES LARMES

‘ des geants

Le Tor des Géants. L’un des trails les plus durs au monde. Tracé sur 336 kilomètres dans les montagnes italiennes, avec départ et arrivée à Courmayeur, ce défi sportif s’inscrit en plein dans la tendance actuelle du running qui réclame sans cesse du plus long, du plus fou. Sauf que là, l’escalade a viré au tragique : pour la quatrième édition, en septembre 2013, la mort s’est invitée. Un fait heureusement rarissime. par Eric VERSCHUEREN

Lors de la première nuit, dans la descente détrempée du Col Crosatie, Yuan Yang, un des 706 concurrents, a chuté et heurté de la tête un rocher. Victime d’un important traumatisme crânien, ce Chinois de 43 ans

est décédé sur place malgré l’intervention rapide des secours. Un choc, clairement. Personne ne s’attend à cela en prenant le départ d’un ultra-trail. La discipline est engagée physiquement, mais les organi-

sateurs domptent généralement tous les facteurs de risque. Par contre, face à la malchance (ce qui était le cas avec Yuan Yang), ils ne peuvent rien ou pas grandchose. Idem avec l’inconscience de


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Concentré et économe de sa personne dans toutes les phases de course : le futur vainqueur 2013, Iker Karrera.

grêle, la neige, explique-t-il. J’étais complètement frigorifié et je me suis fait une frayeur. » Basta, Cédric renonce. « Autour de moi, dans le refuge où je me trouvais, d’autres coureurs étaient encore plus démolis que moi. Nous savions que dehors, ceux qui continuaient devaient faire face à de terribles difficultés, sans que l’on sache exactement la gravité de la situation. Ce n’est que le lendemain, en redescendant vers la base de vie*, que j’ai appris la mort d’un coureur, plus tous les abandons et les hypothermies. »

certains qui poussent la machine au-delà des limites, juste pour gagner quelques minutes ou pour terminer quoiqu’il en coûte… PLUIE, GRÊLE, NEIGE… Cédric Hérin n’est pas de cette race. D’un bon niveau, membre du Team +Watt Endurance Shop, ce Corse de 38 ans était sur cette mémorable édition du Tor. Il avait terminé l’épreuve en 2012 avec des tendinites. Bien entamé, mais finisher. Pour le coup, il revenait à Courmayeur optimiste, fort d’une première expérience menée à terme. Mais cette fois-ci, non. Au km 65, après plus de 15 heures de course, il a jeté l’éponge alors qu’il se trouvait encore dans le top 40. « Depuis le départ, nous étions dans la pluie, la

‘ Tor des Geants Quelques chiffres • 336 kilomètres d’une traite • 24.000 m de dénivelé positif • 25 cols de plus de 2000 m • Point culminant, 3300 m • 706 participants en 2013 (dont 38 femmes) venus de 42 pays • 338 « finishers » • Vainqueur : Iker Karrera (Esp) en 70h04

TEMPS LIMITE… 150 HEURES Le taux d’abandons fut relativement élevé sur cette course à boucler d’une traite (le chrono ne s’arrête jamais, si ce n’est après 150 heures, temps limite fixé par le règlement). Près de la moitié des partants, en fait, puisqu’on a seulement enregistré 383 finishers en 2013. Les causes ? Souvent d’ordre musculaire ou de type inflammatoire. Les articulations, surtout les genoux, trinquent comme de pauvres diables martelés par le rocher. Particulièrement dans les descentes… L’HORRIBLE FATALITÉ DU MERCANTOUR Maintenant, point de catastrophisme. Le trail reste une discipline, où malgré l’exigence de l’effort et le cadre naturel rude dans lequel il s’exprime, les accidents graves sont rares. Les organisateurs investissent dans

Les organisateurs domptent généralement tous les facteurs de risque, mais face à la malchance, ils ne peuvent rien ou pas grand-chose.


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monsport un véritable encadrement. Des certificats médicaux d’aptitude sont exigés. Sur le parcours, les contrôles de passage, souvent équipés d’une antenne médicale, jalonnent l’itinéraire à suivre. La préparation physique des coureurs, ainsi que la connaissance du milieu dans lequel ils évoluent, progresse d’année en année. Mais il reste - et restera toujours - les mauvais coups du destin. La poisse. Comme en 2009, sur le Grand Raid du Mercantour, un trail de montagne de 82 kilomètres disputé à la mi-juin. Cette nuit-là, trois trailers étaient morts de froid. Ils avaient été surpris par une tempête de grêle dans le brouillard. Leurs corps n’avaient été retrouvés que le lendemain, en début d’après-midi, à une dizaine de kilomètres de l’arrivée. Au tribunal, la res-

ponsabilité pénale du club-organisateur n’avait pas été retenue, mais il avait dû indemniser les familles des victimes. Autre course ayant connu des décès accidentels : le Grand Raid de la Réunion (170 km pour près de 11.000 mètres de dénivelé positif). Il a fait trois victimes. Deux en 2002, une en 2012. Une crise cardiaque et deux chutes. Sinon, pour clore cette liste noire, certains se rappelleront aussi du célèbre Australien Bryan Smith qui tomba malade, puis mourut sur la Transaustralia 2001, un ultra-running de 65 jours entre Perth et Canberra. « C’EST UNE DROGUE… » Ces faits mortels sont pour la plupart bien connus des pratiquants. Cela fait partie du contexte d’un sport « à risques mesurés ».

Mais comme le dit Cédric Hérin, notre participant au Tor des Géants 2013, ce genre d’épreuve agit comme une drogue. « C’est hors norme, dur, mais superbe. Il y a de la douleur, de la joie, des pleurs, du plaisir. Il y a eu un mort. Mais je reviendrai… »

(*) Sept bases de vie figurent sur le parcours du Tor des Géants. Sur chacune d’entre elles, les coureurs peuvent se changer, manger, dormir quelques heures. Il y a aussi 42 points de « restauration rapide », souvent situés dans des refuges. Un dispositif que l’on retrouve sur la plupart des grands trails dans le monde.

« C’est hors norme, dur, mais superbe. Il y a de la douleur, de la joie, des pleurs, du plaisir. Il y a eu un mort. Mais je reviendrai… »



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C’est une vieille habitude. Quand je voyage, j’ai toujours dans mes bagages ma tenue de jogging. Courir, rien de tel pour découvrir les lieux et les ambiances. Ceci vaut même pour les villes où il n’est, paraît-il, pas « raisonnable » d’aller trottiner vu la densité du trafic et l’absence d’espaces verts. Erreur ! En cherchant, on finit toujours par trouver des petits coins de paradis. En atteste, ce répertoire non exhaustif… par Denis ASSELBERGHS

NEW YORK Central Park, évidemment ! C’est immense et parfait pour transpirer. Mais attention, les chemins sont un peu casse-pattes, car, l’air de rien, ça tourne beaucoup et il y a énormément de faux plats. Profitez de votre passage pour marquer une pause à Strawberry Fields, un carrefour dédié à la paix (d’où cette appellation en référence aux Beatles période ‘peace and love’). Autre bon plan : se rendre à Coney Island

RUNNING in pour un run oxygénant sur la plage qui borde la jetée de Brighton. Ou, dans un genre plus urbain, les berges de l’East River entre les ponts de Brooklyn et de Manhattan, là où Dustin Hoffman faisait son footing dans « Marathon Man », l’affolant film de Schlesinger. LONDRES Hyde Park se prête à l’exercice avec une boucle de 5 à 6 km passant par Serpentine Gallery, Kensington Gardens et Bayswater Road. Mais il y a mieux : Primrose Hill dans le district de Camden. L’endroit est très serein, bien dégagé, avec une superbe vue panoramique sur la capitale de Sa Très Gracieuse Majesté. Seul défaut, c’est raide. Mais on peut bifurquer vers Regent’s Park au relief plus accueillant. De l’autre côté de la Tamise, dans la banlieue sud-est, ne manquez pas Greenwich. C’est un spot idéal avec les jardins du Musée de la Marine, le Parc Royal sous l’observatoire et, dans les hauteurs de ce joli borough,

the city

une gigantesque esplanade à la pelouse so so british !

ROME Il y a bien sûr tout le secteur entourant la villa Medici et les jardins Borghèse. Mais mon cœur - et mes jambes - penchent plutôt pour le Parc Gianicolo au sommet du Mont Janicule que les habitant de la Cité Eternelle désignent comme leur « 8e colline ».


On the Move AMSTERDAM Deux possibilités. La première, assez centrale, mais plus limitée : le magnifique Vondelpark (qu’emprunte le marathon). Le seconde, plus éloignée, mais très rurale et très reposante : le corridor verdoyant qui longe la rivière Amstel.

Ce bel espace planté de pins parasols surplombe le Vatican et le très ancien quartier du Trastevere. Atout principal : c’est extrêmement calme comparé au reste de la ville. Il y a très peu de voitures et vous profiterez d’un point de vue admirable sur le centre historique. En route, vous croiserez la très martiale statue de Garibaldi et l’imposante fontaine de l’Acqua Paola. VALENCE Madrid, Barcelone et Séville sont de bonnes pioches, mais Valence a un attrait supplémentaire pour le joggeur : les formidables jardins de la Turia. Imaginez une sorte de périphérique piétonnier aménagé dans le lit d’une rivière asséchée. Sur 10 km, des pelouses, des pièces d’eau, des palmiers, des roseaux, des plantes aromatiques, des pistes de rollers, des terrains de mini foot, des ponts, des passerelles. Et d’un bout à l’autre, des chemins exclusivement réservés aux promeneurs, runners et cyclistes… L’endroit ne désemplit pas. A toute heure du jour, et jusque bien tard dans la soirée (c’est éclairé), on s’active dans une atmosphère extraordinairement stimulante. Vraiment top ! BERLIN Certes, suivre le tracé du Mur est une expérience intéressante, mais pas très « confortable » vu la circulation automobile, avec tout ce que cela suppose comme pollution et comme risques pour les vulnérables coureurs que nous sommes. Mieux vaut opter pour la Hallesches Ufer sur les rives d’un petit canal. Ou les abords du lac Schlachtensee.

PARIS L’embarras du choix ! Exemple : le Jardin du Luxembourg, pépite du 14e arrondissement avec ses 22 hectares de verdure. Ou le Jardin des Plantes, moins étendu mais tout aussi charmant, et les 6 km de quais de Seine côté Bibliothèque Nationale. Pas mal non plus, le Champ de Mars dans le prolongement de la Tour Eiffel, et le Bois de Boulogne qui conserve d’indéniables atouts, même s’il est trop fréquenté à mon goût. Enfin, si vous voulez plus vaste, plus aéré et plus à l’écart, va pour Vincennes : c’est à l’est de la Ville Lumière que vous surplomberez dans un paysage majestueux entre le château, l’hippodrome, la Cartoucherie, le zoo et le Lac des Minimes. A pied comme à vélo, c’est très roulant et très (très !) agréable.

BRUXELLES Beaucoup de possibilités. D’abord, le Parc Royal face au palais du même nom (royal). S’il n’est pas bien grand (le parc !), il a, par contre, le mérite d’être en plein centre. Dans le haut de la ville, le Bois de la Cambre est plus étendu et, surtout, il se situe dans le prolongement de la splendide Forêt de Soignes. Dans le genre « ça monte et ça descend », je vous recommande trois autres parcs : Duden, de Wolvendael et de la Woluwe. Ce dernier est connecté à une ancienne voie de chemin de fer, aujourd’hui disparue et judicieusement remplacée par un piétonnier (ouvert aux cyclistes, bien entendu) s’étirant sur 6 km. Complètement plat et rectiligne, il relie Stockel à Auderghem. Il vous reste maintenant à programmer quelques city trips… et à ne pas oublier votre équipement !

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SYNDIELY WADE

<< Qu’est-ce qu’on fait maintenant ?

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Oser toujours, céder parfois, renoncer jamais : quand telle est votre devise, votre vie s’embarque vite hors des sentiers battus. Prendre la foulée de Syndiely Wade n’est pas de tout repos, mais cela vous apprend qu’en sport non plus, impossible n’est pas sénégalais ! Il suffit d’essayer… par Laurence DUBOIS

« J'ai grandi à Dakar, sur une presqu'île qui est le point le plus avancé de l'Afrique de l'Ouest dans l'Atlantique. C'est donc naturellement qu'enfant, je me suis beaucoup adonnée aux sports nautiques, notamment la planche à voile. Je faisais

également beaucoup d'équitation et j’ai d'ailleurs remporté quelques concours de sauts d'obstacles. Quand je suis arrivée à Paris pour mes études, j'ai essayé de m'orienter vers d'autres disciplines, mais rien de ce qui se pratiquait dans une

grande ville ne m'attirait. J'avais beaucoup de mal à m'enfermer dans une salle. J'ai finalement tout arrêté. Ce n'est que lorsque je suis partie travailler à Genève que j'ai renoué avec les grands espaces… et le sport.»


On the Move COMME UNE NÉOPHYTE… Syndiely s’avoue un peu trop enveloppée lorsqu’elle s’attaque à son premier marathon. Sans la moindre préparation ! « J’étais accompagnatrice pour un club, sourit-elle. Une fois sur place à Madrid, c’était tellement tentant d’essayer que, quand un membre a proposé son dossard à qui le voulait, je lui ai répondu ‘donne-le-moi’. J’ai emprunté une tenue et j’ai gardé les baskets que j’avais aux pieds. Elles n’étaient pas en toile, mais juste faites pour faire joli avec un jean… Avant, je n’avais jamais couru, rien ! Je me suis dit : on va voir ce que c’est… Et ce fut une belle découverte… Une rencontre avec la souffrance aussi ! Des pieds surtout. Comme mes chaussures n’étaient pas adaptées et que le pied gonfle quand il s’échauffe, elles sont vite devenues trop petites. J’avais les ongles et les doigts de pied en sang… Un cauchemar. Pendant la course, je suis restée avec un des gars du club.

Il me faut absolument un objectif, sinon je crains fort de ne pas trouver la motivation nécessaire pour m’entraîner.

Moi, je voulais m’arrêter après 12 km, lui m’a incité à aller jusqu’au semi, puis jusqu’au 25 e, puis au 30 e… J’étais plus ronde que maintenant. C’est après que je me suis mise au régime, car les kilos en trop sont l’ennemi du marathonien. Finalement, je suis arrivée. J’ai mis six heures (rire !)… Epuisée, évidemment, mais avec l’envie de recommencer… avec de meilleures chaussures ! Dans un marathon, il y a plein de petits détails qui peuvent vous rendre la vie plus supportable. » QUELLE CLAQUE J’AI PRIS ! La machine était lancée. Depuis, le compteur de Syn est passé à dix marathons à raison d’un par an. « Il me faut absolument cet objectif, sinon je crains fort de ne pas trouver la motivation nécessaire pour m’entraîner. Je programme deux sorties par semaine, 1h30 un jour et 10 km ou un semi le week-end. Chaque année

jusqu’en 2012, des soucis aux genoux ont systématiquement contrarié ma préparation. » Vous l’aurez compris : si, chaque fois, Syndiely est allé au bout de ses marathons, elle le doit d’abord à sa volonté. «Le deuxième marathon m’a encore fait souffrir, mais uniquement au niveau musculaire. Je n’ai jamais eu de blessures. Que des douleurs aux jambes ! Ce qui est formidable, c’est que le cerveau est capable de vous sauver. A un moment, le mental prend le relais. C’est valable pour tous les marathoniens. Il ne faut pas s’imaginer que ceux qui terminent devant n’encaissent aucune douleur. Ils se font tout aussi mal pour aller vite et franchir la ligne sans fléchir. C’est un des aspects fascinants du marathon : on y côtoie tous les niveaux et on fait des rencontres. On passe tellement de temps sur la route à penser, à regarder autour de soi. Parfois, on se dit que tout ça

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Au départ, je participe toujours pour voir à quoi ça ressemble. Mais, chaque fois, je me pique au jeu et j’ai juste envie de revenir ! est inutile, qu’on serait mieux sur une terrasse… Puis, on en voit courir d’autres plus mal en point que nous, handicapés parfois, et ça vous fait l’effet d’une gifle. A New York, j’ai vu des handisports boucler la distance avec des béquilles. Quelle claque j’ai pris ! On repart en se demandant qui on est pour se plaindre ainsi. » AUTRE MARMITE MAIS MÊME ENVIE Et voilà pour le marathon, ces 42,195 km qui ne se répètent jamais de la même manière et qui vous permettent d’aller sonder au fond de vous-même. Syn est ensuite tombée dans la marmite - éprouvante elle aussi - des raids par équipes. «C’est tout autre chose, mais tout aussi formidable, car on ne veut pas décevoir les équipières en étant à la traîne et en les pénalisant. Savoir que les copines s’entraînent de leur côté décuple la motivation. L’Arbre Vert est un raid féminin multisports disputé par équipes de trois et composé de course à pied, de trek, de VTT, de canoë, plus quelques autres épreuves comme le tir à la carabine et des parcours-aventure. Ça varie selon le pays d’accueil : l’Ile Maurice l’an dernier, la Malaisie cette année. Au départ, je participe toujours pour voir à quoi ça ressemble. Mais, chaque fois, je me pique au jeu et j’ai juste envie de revenir. Du coup, je suis toujours en train de me dire : hé, Syn, qu’est-ce qu’on fait maintenant ? (rire) » ÇA NE SE REFUSE PAS… Syndiely Wade ignore tout du ski de fond mais se trouve dans l’impossibilité de refuser une invitation au Trophée Mer Montagne. Qu’à cela ne tienne : « J’ai poussé la porte de l’Ecole de Ski Français pour prendre une leçon parce que j’avais une course le lendemain ! » On imagine la tête du moniteur… « C’était l’hiver passé. Pendant quatre jours, ce trophée visite à peu près toutes les disciplines de ski, du kilomètre lancé à la rando en passant par le slalom et le biathlon. Le niveau est assez élevé vu que d’anciens champions olympiques participentt, comme Luc Alphand, et des guides de haute montagne. C’est très dur et très amusant à la fois. Moi, j’ai appris à skier à 23 ans... j’en ai 40… Mais bon, j’y vais en m’appliquant ! (rire) » Une petite dernière pour la route ?... Syndiély a remporté à 2 reprises le Rallye des Gazelles, un raid 4x4 exclusivement réservé aux femmes… Alors, boulimique de l’outdoor, Syn ? « Je suis toujours entre deux défis sportifs. C’est extraordinaire… et je vais toujours au bout ! »


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SHOPPING

Retour aux affaires

L’arrière-saison, la fin du long été (c’est un euphémisme !)… Il est temps de penser à s’équiper pour profiter pleinement des nouvelles conditions météo, avec d’autres plaisirs sportifs à la clé.

SALOMON PARK TEE Fait de ClimaUV® 50+ et d’Actilite® strecth, ce t-shirt, conçu pour la pratique des sports outdoor (en particulier le Citytrail®), conjugue l’aspect et la douceur du coton à un drainage de premier ordre. Plusieurs variantes au catalogue, arborant des motifs très sympas. Egalement pour femme, avec coupe spécifique. Sans oublier une déclinaison à manches longues pour 10¤ de plus. 45€ SALOMON PARK 2IN1 SHORT Lui aussi en ClimaUV® 50+ et Actilite®, ce short de running intègre un cuissard pour un meilleur maintien et davantage de confort. Salomon insiste sur son poids plume (208 gr en taille L) et sa capacité à traiter l’humidité. Divers coloris, pour homme comme pour femme (avec coupes spécifiques). 50€

SALOMON X SCREAM Mettant l’accent sur le dynamisme et l’amorti, la X Scream est une chaussure de trail urbain, certes, mais qui tire son énergie de la montagne. Son chaussant adaptatif va de pair avec un confort et un grip sans faille, quel que soit le terrain. Nombreux coloris. Pour femme comme pour homme. Egalement disponible en version GTX avec membrane en Gore-Tex® moyennant un supplément de 30¤. 110€

SALOMON PARK WP JACKET Une veste de jogging dédiée à l’entraînement par temps frais, venteux ou pluvieux (ou les trois !)… A la fois légère, imperméable et respirante grâce à une construction en ClimaPRO® (10/10 et 2,5l), la Park WP se distingue aussi par sa pochepoitrine avec sortie-écouteurs et un marquage réfléchissant pour être visible devant comme derrière. Plusieurs couleurs, pour homme et femme. 140€

ODLO LOFTONE JACKET Connu pour ses sous-vêtements, Odlo a élargi son activité aux vêtements techniques. Pour preuve, cette veste de running à manches courtes dotée d’une doublure en Primaloft® Eco et d’inserts en jersey pour une évacuation rapide de l’humidité. Grande liberté de mouvement et divers coloris. Pour homme et femme. 160€

THE NORTH FACE WRECK MID GTX Semi-montantes, les Wreck Mid GTX se destinent principalement à l’aventure sur sentiers. Leur membrane en Gore-Tex® est l’assurance d’une imperméabilité au sommet allant de pair avec une très bonne circulation d’air. Pour l’accroche, c’est Vibram® qui s’y colle, tandis que The North Face a multiplié les petites attentions pour offrir un confort et une protection de haut niveau. Plusieurs coloris. Existe en configuration homme et femme. 150€

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TOUR DE COU B’TWIN 700 A l’approche de l’hiver, il serait temps de sortir votre tour de cou pour vous prémunir du froid lors de vos sorties vélo. B’Twin, la marque de Decathlon, en propose un d’une grande efficacité pour un tout petit prix. 15,95€

IMPERMÉABLE B’TWIN 500 Idéal pour rester bien visible grâce à des bandes réfléchissantes et un ton vif, le B’Twin 500 se destine au vélo. Respirant et léger (276 gr en taille L), cet imper dispose d’une poche dorsale compartimentée bien pratique. 29,95€

SAC DE TRAIL KALENJI Conçu pour les traileuses souhaitant emporter quelques affaires et s’hydrater tout en courant, ce sac est la grosse nouveauté Kalenji. Sa contenance va de 7 à 13 litres grâce à une poche à soufflet. Quant à la poche à eau, elle peut contenir jusqu’à 2 litres du précieux liquide. Si vous êtes à la recherche d’un bon rapport qualité-prix, foncez ! Ce modèle est aussi décliné pour homme avec une contenance de 9 litres extensible à 14. 29,95€

GILET KALENJI PROTECT BY NIGHT Kalenji, autre marque de Decathlon, a également pensé aux runners « nocturnes » avec ce coupe vent sans manches. Très lumineux, il garantit une visibilité à 360°. Petit « + » : une poche zippée permet de ranger divers effets. 24,95€

LAFUMA ECRINS 30 Pensé pour le camping par temps doux, ce sac de couchage présente une ‘zone de confort’ autour de 1° et une utilisation conseillée pour des températures allant de +7 à -12°. Jumelable, l’Ecrins 30 est livré avec une housse de compression pour un volume final d’à peine 14 litres. 60€

LAFUMA LD ATAKAMA Une chaussure pour celles et ceux qui partent en rando pendant plusieurs jours sur des terrains moyennement accidentés. Imperméabilité et respirabilité au top grâce à une doublure en Climactive. Vous apprécierez aussi la semelle Vibram® des Atakama, tout comme la semelle intérieure avec support talon en EVA. Divers coloris. 120€


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EIDER AERO SOFTSHELL JACKET Cette softshell minimaliste est ultra respirante. Fabriquée en Windstopper® Light et Mesh (une exclusivité Eider), elle bénéficie d’une coupe près du corps, de ventilations zippées sous les bras, de passe-pouce ou encore de cordons de serrage élastiques au niveau de la taille et du cou. De quoi faire de l’Eider Aero une solide partenaire pour vos activités en montagne… ou ailleurs. 199,95€

EIDER FEEL SWEAT W Pour vous, Mesdames, ce sweat qui se destine tant à la détente qu’à la pratique sportive. Réalisé en Techno Breath Cloudy, il est extensible à souhait et combat efficacement la transpiration. A noter : la petite poche destinée à accueillir des clés. Vendu également en fushia et bleu. 79,95€ EIDER TARGET KNIT JACKET Cette veste en Gore-Tex® Active 3 couches est un véritable bijou. Super légère (moins de 300 g) et super aérée, elle affiche avec beaucoup d’élégance sa poche-poitrine munie d’un zip étanche et sa capuche “élastiquée” bordée de lycra. Coutures thermo-soudées et manchons sont également de la partie. Grand choix de couleurs. Pour homme et femme dans des coupes spécifiques. 349,95€

MILLET LES DRUS XTREME PANT Pour escalader un rocher ou gravir un sommet, ce pantalon en Drynamic® Extrem Cordura est l’arme absolue. Hyper stretch, il se distingue, entre autres qualités, par sa grande robustesse. Transfert d’humidité et séchage supersoniques finiront de vous convaincre. 129,90€

LAFUMA FASTLITE 25 La principale particularité de ce sac à dos de 25 litres, c’est son dos Air Shell non déporté. À la fois super light, confortable et aéré, Lafuma a également soigné le travail côté poches, tandis qu’un compartiment est prêt à accueillir un sac d‘hydratation. Accès par le fond. Porte-bâtons et porte-bidon viennent compléter le tableau. Plusieurs couleurs. 132€

LAFUMA FLOE JACKET Cette veste de randonnée en polyamide à membrane Climactive présente une capuche amovible réglable en 3 points. Sa poche-poitrine est parfaitement étanche, tout comme ses deux poches repose-mains. Ses poignets sont également ajustables via un velcro. La Lafuma Floe Jacket intègre un cordon de serrage au niveau de la taille. Autres coloris disponibles. 142€

www.salomon.com www.decathlon.be www.decathlon.com www.btwin.com www.kalenji-running.com www.thenorthface.com www.eider.com www.lafuma.com www.millet.fr www.odlo.com


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BARNABÉ FOURGOUS

L’explorateur des profondeurs

Lorsqu’il regarde un paysage, Barnabé ne voit sans doute pas la même chose que le commun des mortels… Les montagnes, les collines, les lacs, les rivières, certes, il trouve ça beau, mais ce qui l’attire, ce qui l’intéresse, c’est ce qu’il y a derrière, ou plutôt en dessous… par Nolwenn PATRIGEON

Barnabé Fourgous est aujourd’hui guide de spéléologie et canyoning, secouriste spéléo, mais aussi équipier scientifique de la Fédération Française de Spéléologie. Bref, il passe autant de temps sous terre qu’à la surface, explorant ce qui se trouve sous nos pieds : un univers à part entière que ni vous ni moi ne pouvons imaginer. Certains pensent que c’est l’enfer. Mais pour Barnabé, c’est le paradis ! DÉJÀ TOUT GAMIN… Né dans le Vercors, le jeune Fourgous a vécu la majorité de son enfance en pleine

nature. Son père, gardien du Parc Naturel Régional, lui a transmis sa connaissance de la faune et la flore, assortie de valeurs responsables. Construire des cabanes, sauver les grenouilles de la mare du village et passer des heures entières à chercher dans les forêts du plateau des objets hétéroclites laissés par les nombreux résistants de la seconde guerre mondiale : en fait, petit garçon, Barnabé vivait déjà sa passion sans retenue. Lui qui aura inspiré le personnage portant son nom dans un roman de Daniel Pennac (‘M onsieur

Malaussène’) n’a pas changé 30 ans plus tard… SANS ARRIÈRE-PENSÉE A 35 ans, Barnabé a de nombreuses expéditions internationales à son actif, de la Papouasie au Mexique, en passant par la Nouvelle-Zélande, les pays de l’Est et le Chili. Il détient le record de descente en profondeur sous l’Everest, dans un gouffre en Abkhasi, par - 2.180 m ! Observations géologiques, rapports topologiques, karstologie : la spéléologie est scientifique, mais, pourtant, ce que

Barnabé Fourgous fait partie de ces personnes qui ne recherche pas l’exploit pour en retirer gloire et succès… Non, pas d’arrière-pensée. Juste la passion, pure, gratuite, simple.


On the Move Barnabé apprécie par-dessus tout dans cette pratique, c’est l’humain. Pour lui « la spéléologie est une expérience unique, car se retrouver sous terre est le seul endroit où, depuis des millénaires, rien n’a été transformé. Tout y est encore pur. Il n’y a pas de parasites. Pas la barrière des objets, du confort, de la technologie. » Pas d’artifices derrière lesquels on peut se cacher. « Ainsi, tout est plus fort, plus vrai : la découverte du milieu souterrain, les rapports avec les autres et le fait de se retrouver en immersion totale face à soi. » Pour lui, dans cette nature brute, les liens qui se créent entre les hommes et les femmes s’engouffrant sous terre sont inégalables. Barnabé Fourgous fait partie de ces personnes qui ne recherche pas l’exploit pour en retirer gloire et succès… Non, pas d’arrière-pensée. Juste la passion, pure, gratuite, simple. Cet homme est au comble du bonheur quand il est entre potes, autour d’un feu, à côté d’une nouvelle cavité à explorer. IOWA 2014 La dernière expédition de Barnabé l’a mené à l’autre bout du monde, en Papouasie. Rassemblés par la Fédération

Française, quinze spéléologues aguerris sont partis pendant 3 semaines explorer le massif des Nakanai en pleine forêt équatoriale primaire, à la recherche de gouffres mythiques. Il n’est pas excessif de parler ici d’une véritable expédition : l’aventure était réelle, les émotions et les dangers également. DES PAPOUS FIERS ET SURPRIS Pendant des semaines, plongée en immersion totale dans un milieu naturel inconnu et souvent périlleux, l’équipe fit connaissance avec la population locale :

Sous nos pieds, un univers à part entière. Certains pensent que c’est l’enfer, mais pour Barnabé, c’est le paradis !

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‘ ‘ quoi ?? Speleo... Ramper, escalader, glisser, descendre, remonter, parfois même nager… la spéléologie est une activité sportive qui se déroule exclusivement sous la terre. Le milieu souterrain est constitué de paysages variés avec ou sans présence permanente d’eau et de glace. Passages étroits, galeries accidentées, rivières, puits, grandes salles, vasques, cascades… l’homme, curieux de nature, a depuis toujours exploré tout ce qui l’entoure : les océans, les montagnes, les nouveaux horizons… mais aussi les mondes inconnus qui sommeillent sous terre, n’est-ce pas Barnabé ! Car, avant d’être un loisir sportif, la spéléologie est d’abord une discipline scientifique. Outre l’effort physique et la manipulation de cordes qu’elle exige de tout pratiquant, la spéléo permet l’étude des cavités : comprendre leur genèse, découvrir des roches, analyser la circulation de l’eau dans les terrains, approcher la faune cavernicole, travailler la topographie et fournir de précieuses données aux archéologues. Tout un programme ! Merveilleux programme.

Se retrouver sous terre est le seul endroit où, depuis des millénaires, rien n’a été transformé. Tout y est encore pur. Il n’y a pas de parasites. Pas la barrière des objets, du confort, de la technologie. les Papous, à la fois fiers de collaborer et surpris par la ténacité de ces Français qui voulaient à tout prix savoir ce qu’il y avait sous terre ! La machette était utilisée quotidiennement pour se frayer un chemin dans une végétation plus que dense et le climat, terriblement humide associé à une hygiène rudimentaire, a causé aux membres de l’équipe bien des problèmes de santé (mycoses, blessures, ulcères tropicaux, piqures infectées)… Les conditions étaient donc difficiles, mais la mission tellement passionnante. Au final, de nouvelles galeries auront été découvertes à 500 mètres de profondeur et certains

spéléologues auront réussi à descendre encore plus bas (- 600 m). Des résultats exceptionnels qui seront encore repoussés lors d’une future expé ! Le film retraçant IOWA 2014, sortira cet automne. Réalisé par Phil Bence et Cédric Lachat, ne le manquez pas. Il est déjà programmé dans une vingtaine de festivals dont les fameuses Rencontres du Cinéma de Montagne organisées à Grenoble cette année du 11 au 15 novembre. Plus d’infos sur le blog de l’expédition : http://iowa.papouasie.org


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RICHARD PARKS

rebond favorable

Victime d’une grave blessure à l’épaule, le rugbyman gallois a été contraint d’arrêter sa carrière à l’âge de 31 ans. L’ancien international du ballon ovale s’est alors reconverti dans le sport-aventure. Et de quelle manière ! Puisqu’après avoir grimpé les plus hauts sommets de la planète, il est récemment devenu le deuxième homme le plus rapide à rallier le Pôle Sud en solitaire et sans assistance. Histoire d’une reconversion réussie. par Sébastien DUVAL


On the Move

Livide, épuisé, amaigri et l’épaule droite couverte d’engelures : les photos prises à la fin de son expédition portent les stigmates du combat qu’il a mené pour entrer dans l’histoire du désert blanc. Ses joies, ses peines, ses moments de doute : abandonné à l’immensité glaciale de l’Antarctique, Richard Parks les a filmés jour après jour pour les besoins d’un documentaire diffusé sur une chaîne de télévision britannique. Lorsqu’il en a visionné les rushs, le Britannique, spectateur de sa propre souffrance, a découvert un autre lui-

même. « Ça fait peur à voir. Je ne me rappelle même plus d’avoir tourné certaines séquences. Je ne me reconnais pas, j’ai l’air horrible ! » 29 JOURS, 19 HEURES ET 24 MINUTES Livide, épuisé, amaigri et l’épaule droite couverte d’engelures : les photos prises à

la fin de son expédition portent les stigmates des 29 jours, 19 heures et 24 minutes passés à se battre contre les éléments pour entrer dans l’histoire du désert blanc. Seul le Norvégien Christian Eide a parcouru la distance (1.150 km) plus rapidement que lui. C’était en 2011. « L’Antarctique n’a pas voulu m’offrir un

« Je sais comment récupérer physiquement, j’ai été athlète professionnel toute ma vie, mais l’usure psychologique est difficile à évacuer. »

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monsport Il espère surtout que ceux qui ont suivi sa reconversion se rendent compte qu’il a fait ça pour des raisons simples et honnêtes.

nouveau record », relativise Parks, confronté en décembre dernier à des conditions climatiques particulièrement difficiles. FATIGUE PSYCHOLOGIQUE Quelques semaines après avoir - enfin ! retrouvé ses proches au Pays de Galles, Parks a repris des couleurs et quelques-uns des 12 kg laissés sur la banquise. Assis à la terrasse d’un café, son regard brun plongé dans l’horizon de la baie de Cardiff, il pèse ses mots avec la même précaution que chacun de ses pas dans la neige. Son sourire laisse deviner un être humble, sans a priori, content de pouvoir échanger en Français (qu’il a appris lors d’un bref passage à Perpignan). Mais derrière cette apparente sérénité se cache une fatigue plus discrète et tenace que celle de sa carcasse d’ancien troi-

sième ligne… Le retour à la réalité l’a « heurté comme un mur ». Sollicitations médiatiques, obligations auprès des sponsors, projets personnels… Le « calme » et la « pureté » de son aventure polaire sont déjà loin. « J’ai besoin de me réadapter, explique-t-il. Ce n’est pas évident de faire face au monde réel lorsque l’on s’est focalisé pendant aussi longtemps sur un but unique - aller d’un point A à un point B. J’ai dépassé mes limites mentalement pendant cette expédition, j’ai franchi des portes que je n’avais encore jamais ouvertes. Je sais comment récupérer physiquement, j’ai été athlète professionnel toute ma vie, mais l’usure psychologique est difficile à évacuer. » LE GOÛT DE L’AVENTURE Richard Parks n’en était pourtant pas à son coup d’essai. Il s’était déjà lancé en 2011

dans un défi original baptisé Challenge 7-3-7 : atteindre en moins de 7 mois le plus haut sommet des 7 continents et les 3 pôles (en comptant l’Everest). Deux ans auparavant, une grave blessure à l’épaule l’avait contraint à mettre un terme à sa carrière de rugbyman. « Une période noire, se souvient-il. J’avais l’impression de ne pas avoir terminé ce que j’avais commencé. Je suis tombé en dépression. Il fallait que je sorte de ce trou noir, que j’arrive à canaliser mon énergie pour en tirer quelque chose de positif. » Et voilà que la montagne l’appelle, lui l’ancien joueur de Pontypridd, Leeds et Newport qui n’avait jusqu’alors grimpé que les 1.085 m du Mont Snowdown, le point culminant de son Pays de Galles natal ! Malgré son physique imposant, Parks a très vite assimilé les bases de l’alpinisme, de l’escalade et de tout cet environnement partagé entre roches et glace. « J’ai toujours eu le goût de l’aventure et des activités outdoor, note-t-il. Mais je n’avais encore jamais été aussi haut, aussi loin. Ça m’a demandé beaucoup de travail et je suis très heureux de pouvoir en vivre aujourd’hui. » Il dit avoir beaucoup de reconnaissance envers la communauté des montagnards dont il est parvenu à gagner le respect. Mais, par delà, Richard Parks espère sur-


On the Move Artic Race Avis aux cyclo-sportifs : l’Artic Race se veut plus cool et nettement moins glaciale que l’expé en Antarctique (ne pas confondre, svp !) dont Richard Parks est revenu au prix d’efforts surhumains. Se disputant par étapes (15 jours) au mois d’août dans ce pays magnifique qu’est la Norvège, l’Artic Race va de Hammerfest à Tromsø en passant par le Cap Nord. Donc, audelà du Cercle Polaire Arctique. C’est sans aucun doute la course la plus septentrionale de l’histoire du cyclisme !

tout que ceux qui ont suivi sa reconversion se rendent compte qu’il a fait ça « pour des raisons simples et honnêtes ». UNE PAGE DE TOURNÉE Quels sont désormais ses rapports avec le rugby ? Après lui avoir d’abord tourné le dos « comme à une ex-petite amie dont on n’a plus envie d’entendre parler », Parks arrive maintenant à faire face à ce sport

qui fut sa grande passion. Il n’a plus aucune amertume. « C’est vrai, j’ai réussi à tourner la page. Je peux à nouveau regarder un match pour le plaisir, comme n’importe quel supporter. Le rugby m’a beaucoup apporté et je suis fier de ce que j’ai pu accomplir au cours de toutes ces saisons, mais ça ne me manque pas. Je préfère regarder devant moi. » Pour autant, celui qui a porté à quatre reprises le

maillot rouge de la sélection galloise reconnaît que sa carrière de rugbyman a eu un apport bénéfique sur son existence d’hyper baroudeur. « J’étais le type de joueur qui donne beaucoup de sa personne, sans jamais se ménager. J’ai toujours été habitué à évoluer dans la douleur, hors de ma zone de confort. » Autre point commun : le travail d’équipe. « J’ai peut-être accompli tout seul les 1.150 derniers kilomètres de mon expédition, mais c’est le résultat de plusieurs mois de préparation avec de nombreuses personnes derrière moi, que ce soit mon kiné ou mon attachée de presse… C’est une vraie source de motivation lorsque les choses vont moins bien. » Avant de skier à travers l’Antarctique, le sujet de sa Très Gracieuse Majesté, âgé maintenant de 37 ans, a participé à quelques-unes des épreuves les plus relevées au monde : la Yak Attack (une course de VTT au Népal), le Jungle Ultra au Pérou et un double triathlon Ironman dans le nord du Pays de Galles. On pourrait l’écouter parler pendant des heures, mais sa montre se met soudain à vibrer. Il doit aller boucler ses valises pour partir « décompresser » une semaine à l’Alpe d’Huez. La neige lui manque déjà.

Ce n’est pas évident de faire face au monde réel lorsque l’on s’est focalisé pendant aussi longtemps sur un but unique : aller d’un point A à un point B.

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LE SPORT

a ‘tout coeur Portraits de quelques « revanchards de la vie ». Nous les avons croisés l’an passé à Durban, en Afrique du Sud, où se disputaient les 19e Jeux Mondiaux des Transplantés. En lice, 55 pays et des centaines de participants qui, pendant une semaine, allaient en découdre dans 11 disciplines et 13 épreuves. Avec beaucoup d’émotion palpable. Et, parmi tous les athlètes, une même envie d’exister pleinement.

par Raphaël GODET

Il s’est préparé comme un champion, Alain Fossard. Pour être au top, il en a avalé, des kilomètres sur les routes sinueuses de Dordogne. Hygiène de vie parfaite, pas d’alcool, pas de cigarette, pas de repas trop gras. Il faut dire qu’il attend ce rendez-vous depuis longtemps. Il va défendre les couleurs de l’Equipe de France. L’homme a 60 ans. Engagé sur les épreuves cyclistes, contre-la-montre et course en ligne, il trouvera sur son chemin des concurrents qui ont connu comme lui une greffe d’organe. Greffe du foie, du cœur, d’un poumon, de moelle osseuse... Pour lui, c’était les reins. « En 2005, on m’a diagnostiqué une polykystone rénale. Une maladie héréditaire, explique l’agriculteur de Bergerac. Il fallait absolument que je subisse une greffe, car la dialyse ne suffisait plus. » Aujourd’hui, Alain Fossard va bien. Il a repris le sport « comme si rien ne s’était passé ». TOUS LES 2 ANS A Durban, ils sont plusieurs centaines de greffés comme Alain à se surpasser pour décrocher des médailles. En cyclisme donc, mais aussi en natation, en badmin-

Greffe du foie, du cœur, d’un poumon, de moelle osseuse... Et pourtant, ils ont repris le sport comme si rien ne s’était passé. ton, en golf, en pétanque, en squash, en tennis et tennis de table, en volleyball… L’événement existe depuis1978. Ces World Transplant Games sont organisés tous les deux ans, sous l’égide de la WTGF, la Fédération Internationale. Outre Durban, ils ont eu lieu à Singapour, Budapest, Vancouver, Manchester, Sidney, Kobe, Nancy, Londres, Bangkok,

Gold Coast et Goteborg. En 2015, ce sera Mar del Plata, en Argentine, qui les accueillera. PROMOUVOIR LE DON D’ORGANE Au-delà des épreuves sportives, il s’agit « de mettre en avant des athlètes greffés pour souligner la nécessité des dons d’organes et sensibiliser le grand public à la réussite de ces transplantations » explique l’organisation. Parlant de réussite, en voici une autre : le Vendéen JeanClaude Le Bourhis, 74 ans, qui a décidé de prendre son vélo pour parcourir la France. Sa manière à lui de faire passer le message. Il roule 12.000 kilomètres


Ma Sante‘ par an et dit qu’avec le temps et les rencontres, ça commence à progresser dans les têtes. « Au départ, les gens pensent : il veut quoi, le papy avec son vélo ? Alors, je leur explique, et ils finissent par adhérer à la démarche. » Jean-Claude se rend aussi dans les écoles pour raconter son histoire, sa greffe du cœur. « J’ai trouvé le truc pour toucher les élèves. Je leur explique que ça peut arriver à leur grands-parents, leurs parents ou à eux-mêmes. Ça casse l’ambiance, lâche-t-il en secouant les mains, mais au moins, ça fonctionne ! Etre donneur,

c'est sauver des vies… Pour cela, le premier des gestes, c’est d’en informer vos proches, de leur faire connaître votre volonté. » Il ne mâche pas ses mots, Jean-Claude. Il vous balance du tac au tac : « J’étais foutu, et là, vous avez vu ?

Je suis sur un vélo ! » Sans compter qu’en athlétisme, il fait mieux que se défendre 100 et 1500 m. « J’AI PENSÉ AU PIRE, À LA MORT » Charlotte Rodriguez a aussi beaucoup de choses à dire. Cela se voit et cela s’entend. « Je n’ai aucun problème à raconter mon histoire. Avec le temps, j’ai appris à mettre des mots sur ce que j’ai enduré. » La vie de la jeune Toulousaine de 25 ans a basculé en 2010 quand les médecins lui ont diagnostiqué une leucémie. « L’annonce a été terrible, j’ai pensé au pire, à la mort. » Mais

voilà, Charlotte est une battante. « J’ai accepté la maladie, c’était un premier pas. Il y eut ensuite les séances de chimiothérapie, avec des hauts et des bas. Mon moral dépendait des rechutes. C’était dur, mais je ne voulais rien lâcher. » Septembre 2011, plus le choix : Charlotte doit subir une greffe de moelle osseuse. « C’était le passage obligé si je voulais me sortir de ce fichu truc. » La greffe se passe bien. Certes, aujourd’hui, la jeune femme est encore surveillée par ses médecins, mais le sourire qu’elle vous offre vous rassure sur un point : le plus dur est derrière elle. « Reste quelques séances de chimio jusqu’à la fin de l’année, les médocs, les rendez-vous à l’hôpital…

Puis, Terminé. » Il y a donc une vie après une greffe ! Charlotte en est le parfait exemple. Et c’est vrai qu’à la voir ainsi, à l’attaque, arcboutée sur son guidon, elle respire l’espoir. Charlotte qui se défend aussi bien à vélo qu’elle se bat pour chaque point en tennis de table. « Ces World Transplant Games, ce sont un peu nos Jeux Olympiques à nous. » A cette différence que les champions ici sont encadrés en permanence par des médecins. « Avec la greffe, je dois faire plus attention, c’est forcé. Je me fie à ma petite musique interne, j’écoute ma respiration et je m’adapte.

Ces World Transplant Games, ce sont un peu leurs Jeux Olympiques à eux. A cette différence que les champions ici sont surveillés en permanence par des médecins. Si je sens que je fatigue, je ralentis ». Quand elle a un coup de moins bien, Charlotte pense à son donneur. Elle aimerait tellement le remercier. « Il m’a sauvée la vie, je lui dois tout. J’espère qu’il est fier de moi. » Elle envisageait d’ailleurs de lui écrire une lettre à son retour d’Afrique du Sud.

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FAITES-LE VOUS-MÊME , ,

Un biscuit de recuperation... et un en-cas gouteux ! >

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C’est le grand retour du « Do It Yourself »… Cuisine, bricolage, couture, cosmétique, jardinage, etc. La faute à la crise ? Peut-être pas. Si le « fait maison » est aujourd’hui tendance, c’est sans doute davantage pour une histoire de conscience écologique que pour des raisons économiques. Et si nous avions l’envie de redonner du sens à nos gestes quotidiens ? Rien n’est plus valorisant que de « savoir faire soi-même »… Alors, prêt à vous lancer ?

Un gâteau fédérateur qui comble les papilles de ma fille et s’adapte à ma digestion difficile, tout en calant l’estomac de Jules…

par Auriana BEAUTÉ


Ma Sante‘ « Maman… moi veux gâteau, si-te-plait »… Voilà à peine six mois que mon petit bouchon cause et déjà les sollicitations ‘essentielles’ fusent. Quand on vous regarde comme ça, à deux ans et quelques, avec des joues roses et un air malicieux, vous iriez décrocher la lune… Donc, pas question de lui servir le premier paquet de gâteaux industriels qui passe, aussi bio soit-il ! ET POURQUOI PAS UN BISCUIT FÉDÉRATEUR ? « Mais tiens, y a plus de gâteaux ?! »… La question de Jules, en revanche, paraît moins engageante. Je me la suis aussi posée, cette redondante question. C’était ce midi même en rentrant du yoga, animée d’une jolie fringale. « Eh bien, NON, il n’y a plus de gâteaux ! » Plus pour Jules, ni pour moi, ni pour ma puce. Et je commence à me demander s’il ne faudrait pas réunir les besoins de chacun dans un biscuit ‘tout en un’. Un gâteau fédérateur qui comblerait les papilles de ma fille et s’adapterait à ma digestion difficile, tout en calant l’estomac de mon compagnon, et qui soit FACILE à faire, évidemment ! SECRETS D’ENDURANCE C’est en furetant dans ma bibliothèque que je suis (re)tombée sur le livre des Berg : Secrets d’endurance. Une véritable bible des en-cas énergétiques, gourmands et végétaliens. Je m’arrête, tentée quoi qu’un peu dubitative, sur la page ‘Marche Nordique’. Elle présente une recette de biscuit composé essentiellement de seigle, d’avoine, d’amande et de mélasse. Sans œuf, ni beurre, on se demande comment ça tient. Il n’en faut pas plus pour aiguiser ma curiosité. En adaptant les quantités et les ingrédients (il faut faire avec ce qu’on a dans les placards), le résultat est surprenant. Et délicieux ! A LA LOUPE Sans œuf, donc, et sans produit lacté, ce gâteau est parfait pour les petits bouts auxquels il faut éviter au maximum les produits allergisants. Parmi les composants, le seigle. Ah, le seigle, trop souvent délaissé… Mais aujourd’hui, faisons son éloge, car ses propriétés nutritives sont particulièrement intéressantes. Il

s’agit d’une des céréales les plus riches en calcium, en potassium et en sodium, permettant de surcroît une meilleure satiété que le blé. Le son d’avoine, lui, est riche en manganèse, phosphore, fer et magnésium. Ainsi, les deux céréales de ce biscuit offrent une belle complémentarité. Quant au sirop d’agave, appelé ‘l’eau de miel des Aztèques’, il est particulièrement riche en fructose avec un index glycémique très bas : idéal pour diffuser lentement et éviter l’hypoglycémie. Enfin, la purée d’amandes, outre ses qualités nutritives, a un effet basifiant sur l’organisme. Parfait pour la récup ! A VOS CASSEROLES Dans un grand saladier, mettez six cuillères à soupe de purée d’oléagineux*, 300 ml de lait végétal (riz, soja, épeautre) et six cuillères à soupe de sirop d’agave. Bien mélanger le tout jusqu’à obtention d’une pâte homogène. Ajoutez 200 g de farine de seigle, 250 g de son d’avoine, un peu de cannelle et

quelques poignées de fruits secs. L’ensemble est très collant, pas trop facile à étaler… mais tant pis, il va falloir s’y atteler. Le résultat final en vaudra la peine ! Répartissez en parts égales sur une plaque à enfourner 15 min à 180°C. Découpez les petits gâteaux à la forme qui vous convient avec une roulette à pizza (idéale !) et conservez-les au sec. Au goûter, les yeux des enfants brillent. Ceux de Jules aussi quand il rentre de son trail dominical. Et moi qui n’aime pas trop manger le matin, ces biscuits sont devenus mes alliés pour le coup de barre de 10h. Ils sont ravigotants, eux qui associent idéalement la pratique sportive et cette chère gourmandise à laquelle nous nous laissons cette fois succomber volontiers !

(*) Les amandes sont à privilégier… mais le changement a du bon, et la purée de noisettes est aussi excellente gustativement parlant !

Ils sont ravigotants en associant idéalement la pratique sportive et cette chère gourmandise à laquelle nous nous laissons cette fois succomber volontiers.

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monsport LES TREKKINGS DU BOUT DU MONDE DE GRÉGORY ROHART

Naviguer à la rame dans un environnement aussi magistral est un pur bonheur.

RAFTING SUR LE COLORADO Le Grand Canyon vu d’en bas

De la South Rim, le Grand Canyon est saisissant. Vu d’en bas, il est encore plus beau… Descendre le Colorado en rafting, c’est la chance d’atteindre des zones sauvages inaccessibles par tout autre moyen. Du fun, de l’aventure, pendant 8 jours et 136 miles, avec des étoiles plein les yeux. Arizona, here we are ! par Grégory ROHART Texte et photos

Avec plus de 4 millions de visiteurs par an, le Grand Canyon est le parc national le plus fréquenté de l’ouest américain. Il faut dire que ses lignes architecturales ont fait le tour du monde. Il est immense, il est beau. Comment ne pas l’aimer ? Facilement accessible depuis Flagstaff*, la quasi-totalité des voyageurs se contente de découvrir la South Rim. Or, il est bien plus intéressant d’aller rejoindre le fleuve Colorado pour faire face à 1,8 milliard d’années… et les trésors géologiques qui vont avec !

BRIGHT ANGEL TRAIL Savez-vous que les visiteurs sont à peine 22.000 par an à traverser le Grand Canyon en raft ? Il est vrai que les expéditions commerciales doivent se réserver longtemps à l’avance et que les candidats à un voyage « non commercial » sont la plupart du temps tirés au sort. Mais leur patience est largement récompensée, car naviguer sur le Colorado dans un environnement aussi magistral est un pur bonheur. Pour rejoindre Pipe Creek, point de départ de 8 jours de rafting, il faut d’abord emprun-

ter le Bright Angel Trail depuis le haut de la South Rim. Cet itinéraire de 8 miles rejoint le Colorado 1.300 mètres plus bas en franchissant les gorges d’Indian Creek autrefois occupées par les indiens Zuni. En une seule randonnée, on se rend compte de toute l’histoire minérale du Grand Canyon, mais aussi de la diversité de sa flore et sa faune. Les wapitis, des écureuils terrestres à manteau doré, et toutes sortes de lézards se laissent observer au sol, tandis que le geai de Steller et l’urubu à tête rouge voltigent dans le ciel azur.


Mes Destinations Flagstaff. Dommage… mais, au moins, nous savons qu’ici, en cas de problème, les secours fonctionnent bien ! LE CAMP S’ORGANISE En fin de journée, les rafts s’amarrent sur une plage. Des lignes se forment pour les vider, les tentes se montent pour celles et ceux qui ont décidé de ne pas dormir à la belle étoile. Tous les sacs doivent être bien fermés pour ne pas avoir à batailler le lendemain matin avec un lézard, un scorpion ou - pire ! - un crotale. Lecture, pétanque, jeux de carte, apéro et repas rythment les soirées. Pour la toilette, le fleuve fait l’affaire… mais, attention, les guides ne rigo-

Des guides « couleur locale » très respectueux d’une flore et d’une faune absolument admirables.

PREMIERS RAPIDES, L’ACCIDENT Nos embarcations attendent à Pipe Creek : 5 rafts à rames de près de 6 mètres pouvant transporter jusqu'à 5 passagers. Ajoutez un rafting à moteur pour la logistique, plus 6 guides purs Américains à l’allure baba cool, avec longue barbe et casquette vissée sur la tête… Surprenants au premier contact, ça ne les empêche pas d’être très pros. Ils énumèrent les règles de sécurité, chacun ajuste son gilet de sauvetage et nous voilà partis... Nous abordons les premiers rapides en nous accrochant aux footstraps pour ne pas tomber à l’eau ! Contrairement aux autres rivières, le Colorado n’utilise pas la cotation internationale de 1 à 6 mais une échelle de 1 à 10 pour évaluer la difficulté d’un rapide. Bonne nouvelle : nous venons de nous extraire sans encombre du Granite rapid (niveau 8, quand même !).

D’accord, on est trempé jusqu’aux os, mais l’adrénaline est là et on se sent invincible… jusqu’au Saphire rapid (niveau 6), pourtant sans grand danger. Le raft se fait chahuter par l’arrière. Dave et Jim décollent de leur siège, puis s’emplâtrent sur l’armature métallique. « My leg is broken » lance Dave. Une heure plus tard, il nous quittera en hélico pour l’hôpital de

lent pas avec les produits d’hygiène. Savon biologique indispensable. La nature a un prix qui ne se négocie pas. TONGUES ET BALADES À PIED Aux rapides succèdent des flots plus calmes. De quoi rêvasser… On s’imagine remontant siècles et millénaires, à voler aux côtés du condor de Californie, à monter à

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Grand Canyon pratique FORMALITÉS La France, la Belgique et la Suisse font parties des pays qui participent au programme « Visa Walser Program » (VWP). Donc, exemption de visa. Mais selon l’ancienneté du passeport, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. Voyageurs en possession d’un passeport à lecture optique (avant le 26 octobre 2005), électronique ou biométrique : pas de visa à demander. Par contre, l’ESTA est requis. Cet « Electronic System for Travel Authorization » s’obtient à l’adresse https://esta.cbp.dhs.gov/esta/. Quant au passeport, il est évidemment obligatoire et doit être valide encore au moins 6 mois après la date de retour.

S’Y RENDRE ? Au départ de Paris CDG, US Airways rejoint Phoenix via son hub de Philadelphia. De là, pour rallier le Grand Canyon, le plus rapide et le plus économique si vous ne louez pas de voiture est d’emprunter l’Arizona Shuttle (http://arizonashuttle.com). AVEC QUI PARTIR ? Grand Canyon Whitewater www.grandcanyonwhitewater.com est le spécialiste des voyages en rafting dans le Grand Canyon. L’agence propose des trips en rafts motorisés ou à la rame de 5 à 15 jours.

cheval au milieu des indiens Havasupai quand ils vivaient encore sur les rives de la rivière bleue et verte… « Prend les rames » me lance Chris. Fin du film ! Et place à la marche, puisque chaque journée offre son lot de balades pédestres. Quelques minutes pour atteindre une cascade paradisiaque au milieu de cette terre aride, un bassin invitant à la baignade ou un rocher pour faire un saut de 7 à 8 mètres… C’est un retour aux sources dans des sites plus admi-

Les falaises du Grand Canyon racontent l’histoire géologique du plateau du Colorado.

rables les uns que les autres : Elves Chasm, Deer Creek, Havasu Canyon, Pumpkin Spring, pour n’en citer que quelques-uns. LAVA RAPID, FORCE 10 Cela fait six jours que nous descendons le Colorado. Nous avons franchi des dizaines et des dizaines de rapides, mais


Mes Destinations Nous abordons les rapides en nous accrochant aux footstraps pour ne pas tomber à l’eau !

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Quel age a le Grand Canyon ?

le plus dur reste à venir. Car voici qu’approche le Lava rapid. « C’est le plus redoutable, un classe 10, confirme John, mais ne t’inquiète pas, on y est toujours arrivé »

s’empresse-t-il d’ajouter… Rassurant ! Nous longeons la Hualapai Indian Reservation et le Vulcan’s anvil, un énorme rocher volcanique qui annonce le fameux rapide. L’excitation est palpable dans tous les regards. Le mien aussi. Juste avant d’arriver, on se rend sur un promontoire pour évaluer « la bête ». Les mains deviennent plus moites, les sourires plus crispés. On s’encourage et, après avoir vérifié gilets de sauvetage et sacs étanches, on monte au feu. Mieux vaut y aller un raft à la fois. Les remous sont terribles, ça secoue dans tous les sens, le souffle est court, l’œil tente en vain d’accrocher un point fixe… Chaque guide a sa propre méthode pour défier le Lava rapid : John fier comme un pirate, Chris en position schuss, Jeff les rames en bataille. Soulagement, toutes les embarcations s’en sont tirées sans problème. A l’américaine, on se tope la main pour se féliciter. « We do it ! » crie Tom. Yes, Tom, on l’a fait. Pas vraiment un exploit, mais nous sommes tous conscients d’avoir passé une semaine hors norme. Ce soir, ma nuit sous la voûte scintillante aura le goût suave des jours heureux.

(*) Petite ville sur la Route 66, réputée pour son université et son télescope géant.

Le Grand Canyon et ses 450 km de long ont été creusés par le fleuve Colorado. Sur ce point, tous les géologues sont forcément d’accord. Mais à quand remontent les origines de cette monumentale formation géologique ? Là, c’est moins évident… Pour les scientifiques, le Grand Canyon est un livre ouvert sur l'histoire du plateau du Colorado. Près de 40 couches différentes de roches ont été identifiées sur les parois. Les plus anciennes datent de la nuit des temps : 1,8 milliard d’années, presque la moitié de l’âge de la terre ! Les chercheurs ont d’abord estimé la naissance du Grand Canyon à 5 ou 6 millions d’années. Aujourd’hui, grâce à la thermochronologie par traces de fission dans les cristaux d’apatite, ils sont capables de reconstituer le cheminement thermique et les mouvements verticaux des roches. Par ce procédé, on peut évaluer à quelle période l’apatite est remontée en surface sous l’action du fleuve : il y a 70 millions d’années pour les zones les plus anciennes, dans la partie centrale de la gorge d’Hurricane… même s’il est vrai que le Grand Canyon tel qu’on le connaît aujourd’hui a été creusé par le Colorado il y a « seulement » 5 ou 6 millions d’années…

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Un formidable terrain de jeux où chaque discipline trouve sa place. Canoë, VTT, rando, spéléo, c’est du plaisir XXL dans un environnement éblouissant.


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AVEYRON & LOZÈRE

Que diriez-vous d’une balade en barque sur le Tarn avec passage sous le viaduc de Millau ?

2 terrains de jeux, 8 experiences… ‘

Embarquement immédiat pour le Sud-Ouest de la France. D’un coté, l’Aveyron, l’un des plus grands départements du pays par sa superficie (8.735 km²), à l’image du célèbre et majestueux viaduc de Millau. Un peu plus à l‘est, la Lozère : le département le moins peuplé avec ses 14 habitants au km². Deux terrains de jeux, deux écrins taillés dans la roche. Ils font la part belle aux grands espaces et forment en partie le territoire des « Causses et Cévennes », classé Paysage Culturel de l’Agro-Pastoralisme Méditerranéen au patrimoine naturel de l’UNESCO. En route pour un bol d’oxygène pas comme les autres…

1. BALADE EN BARQUE SUR LE TARN Pour commencer en douceur, que diriezvous d’une balade en barque sur le Tarn avec passage sous le viaduc de Millau ? De début avril à fin septembre, les « Bateliers du Viaduc » se font un plaisir de vous embarquer pour un périple de 9 km au départ du village médiéval de Creissels, direction Peyre, un site troglodytique classé parmi « Les Plus Beaux Villages de France ». Les Bateliers vous transmettront tout leur savoir sur la faune et la flore locale, sans oublier de vous livrer les secrets de cet incroyable édifice qu’est le viaduc, lequel a fêté en 2014 ses 10 ans. www.bateliersduviaduc.com 2. PARAPENTE AU-DESSUS DE MILLAU Pour mieux admirer ce pont à haubans long de 2.640 m et haut de 270 m (360 m avec les pylônes), rendez-vous à « L’Aire

du Viaduc » où, pour vous mettre en condition, vous pourrez déguster de délicieux capucins, sortes de petites crêpes coniques garnies des meilleurs produits de l’Aveyron (roquefort, abricots…), imaginées par Michel Bras (3 étoiles au Michelin). Ensuite, direction les hauteurs de Millau pour un vol inoubliable en parapente. En effet, cette ville de 25.000 habitants est aussi reconnue comme l’une des grandes capitales du vol libre, bénéficiant de courants thermiques ascendants exceptionnels. Les meilleurs parapentistes arrivent même à rejoindre la mer… à 150 km de là ! Plus modestes, nous nous sommes limités à un survol de la « Cité du Gant » accompagnés des vautours (véridique !), tout en profitant d’une vue panoramique allant des Grands Causses jusqu’aux Cévennes. Un pur régal pour les yeux. www.tete-a-lenvair.com 3. RANDO EN VÉLO ÉLECTRIQUE SUR LE CIRCUIT CULTUREL DU LARZAC S u r l e c h e m in d e s p é l e r in s d e Compostelle (GR 65), l’Aveyron est aussi très apprécié des trekkers pour ses GR71 C et D : deux itinéraires de grande randonnée arpentant le Causse du Larzac, au cœur du Parc Naturel Régional des Grands Causses. Pour une première

approche, nous avons opté pour une balade en e-bike (vélo électrique) au départ de la cité médiévale de la Couvertoirade, classée elle aussi parmi « Les Plus Beaux Villages de France ». Emmenés par Xavier Chabanne de l‘Ecole Buissonnière, nous avons pu sillonner une partie de ce haut plateau sur lequel Templiers et Hospitaliers ont laissé de nombreuses traces. Croyez-nous, pédaler dans cet environnement très singulier, au milieu d’immenses plaines arides aux tons vert et jaune parsemées d’imposants rochers ruiniformes, procure un sentiment pour le moins étonnant. En notant que c’est ici-même que sont élevées les brebis lacaunes donnant leur bon lait au Roquefort. www.randolarzac.com 4. VIA-FERRATA À MONTPELIER-LE-VIEUX Qui dit Aveyron et Lozère, dit aussi via-ferrata. Parmi les nombreux sites que comptent ces deux départements, celui du chaos rocheux de Montpellier-le-Vieux (le plus grand d’Europe) est sans nul doute un très bon choix. D’abord souterraine (ambiance humide et glissante garantie), puis très aérienne (ne regardez pas trop en bas si vous avez le vertige), cette via-ferrata va de 700 à 850 m pour un dénivelé de 150 m,

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L’un des hauts lieux du vol libre, bénéficiant de courants thermiques ascendants exceptionnels. même possible d’opter pour une formule de 2 jours avec bivouac (départ à Castelbouc et arrivée à Les Vignes). www.cevennes-evasion.fr avec en prime 4 tyroliennes de 20 à 50 m pour un maximum de sensations. Accessible à partir de 12 ans, tablez sur un timing de 2 heures et surtout prévoyez un peu de temps pour admirer le paysage. Des Grands Causses aux Gorges de la Dourbie en passant par les Cévennes, le point de vue est tout bonnement ébahissant ! www.montpellierlevieux.com 5. PLONGEZ AU CŒUR DE LA GROTTE DE L'AVEN ARMAND Place maintenant à la Lozère. Comme entrée en matière, que diriez-vous d’une plongée dans la grotte de l’Aven Armand ? Cette cavité située à plus de 100 mètres sous terre est ouverte au public depuis 1927. Véritable cathédrale géologique, elle abrite pas moins de 400 stalagmites sur une surface d’environ 2.000 m² (dont le plus grand jamais recensé à ce jour, d‘une hauteur de 30 m) . S’y rendre est une expérience inoubliable, d’autant que des jeux de lumière ajoute encore à la magie de ce décors à couper le souffle. L’accès se fait normalement en funiculaire d’avril à début novembre, mais, si vous le souhaitez, vous pouvez réserver une descente en rappel, moyennant un léger supplément. www.aven-armand.com

6. SPÉLÉO À CASTELBOUC Véritable berceau de la spéléologie (lire à ce propos l’article p.60), la Lozère compte de nombreux spots réputés. Ainsi, le village de Castelbouc, au bord des Gorges du Tarn, est un des hauts lieux de la discipline. De nombreuses grottes y sont recensées, tantôt horizontales, tantôt verticales, avec les rappels et les tyroliennes qui vont de pair. Très bien implanté dans le secteur, Cévennes Evasion pourra vous conseiller selon vos envies et votre niveau, puis vous guider, sourire en prime. www.cevennes-evasion.fr 7. CANOË ET KAYAK DANS LES GORGES DU TARN Les Gorges du Tarn sont également une formidable opportunité pour la pratique du canoë et du kayak. Parmi les parcours proposés, nous avons rallié Saint-Enimie au départ de Castelbouc. Une descente de 7 km alternant rapides et longues étendues planes pour 2 heures de dépaysement total dans une nature splendide au pied des falaises. D’autres itinéraires durent jusqu’à 6h30 et mènent à La Malène ou aux Baumes-Basses. Il est

8. VISITE DE SAINT-ENIMIE, L'UN DES PLUS BEAUX VILLAGES DE FRANCE… Pas en reste, la Lozère peut également se targuer d’avoir plusieurs villages classés parmi « les plus beaux de France ». Exemples : La Garde-Guérin et SaintEnimie. Construite sur les pentes d’un canyon creusé par les Gorges du Tarn, Saint-Enimie est une cité médiévale. Elle doit son origine à un monastère construit au XIe siècle (il n’en subsiste qu’une chapelle et une salle capitulaire). Déambuler dans les rues pavées en galets du Tarn, avec des maisons en pierre calcaire, des placettes noblement restaurées, s’apparente à un véritable voyage dans l’espace temporel. On peut y passer des heures sans voir tourner la montre. Par contre, attention, ça monte ! N’hésitez pas à sortir vos chaussures de rando. Et surtout, n’oubliez pas votre appareil photo ! www.tourisme-aveyron.com www.lozere-tourisme.com www.ryanair.com*

(*) Vols réguliers de Charleroi à Rodez pour les Belges qui nous lisent.


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LES SAVEURS

de la Suisse

Alors que la Confédération Helvétique fête cette année la très officielle création des sports d’hiver il y a 150 ans, que diriez-vous d’un repas confectionné avec des fromages du cru ? Il se compose de deux mets assez « sport »… et assez caloriques - on vous le concède ! - mais bons pour la santé. Car les producteurs suisses le revendiquent : leurs fromages à pâte dure et mi-dure ne contiennent ni additifs, ni colorants. En revanche, on y trouve beaucoup d’éléments nutritifs, calcium, protéines, magnésium, ainsi que des vitamines A et B. par Louise BIRON

On y trouve beaucoup d’éléments nutritifs, calcium, protéines, magnésium, ainsi que des vitamines A et B.

Maintenant, passons au fourneau. Les deux préparations proposées sont extraites d’un excellent petit livre édité par la représentation belge de Switzerland Cheese Marketing SA. Il regroupe 40 recettes imaginées par des cuisiniers amateurs et sélectionnées par MarieClaire Quittelier, un auteur réputé dans le milieu de la gastronomie. LE GASPACHO DES ALPAGES… • Dans de l’huile d’olive, faites revenir pendant 5 minutes un oignon émincé, une gousse d’ail hachée, 4 brins de menthe et du bouillon de poule (un cube). Ceci fait, ôtez les brins de menthe, ajoutez les petits pois (400 g) et les

feuilles de menthe fraîche. Portez à ébullition, diminuez le feu et laissez cuire pendant 10 minutes. Réduisez les pois en purée. Incorporez-y la Tête de Moine AOP râpée. Salez, poivrez et réservez au frais pendant une heure. Saupoudrez de graines de carvi ou de cumin. DES SUCRES LENTS GRATINÉS ! Enchaînons avec le plat consistant : des macaronis aux 3 fromages… suisses, évidemment. • Dans un récipient, mélangez une poignée de persil plat haché, 150 g d’Emmentaler AOC râpé et une Tomme Vaudoise coupée en dés. Complétez avec 2,5 dl de crème fraîche et 75 g de

Tête de Moine AOC en rosettes. Répartissez cette « garniture » sur 300 g de macaronis cuits préalablement. Gratinez au four pendant une quinzaine de minutes… Puis, dégustez joyeusement. D’accord, c’est un peu riche, mais parfait pour les sportifs qui passent leurs journées au grand air là haut dans la montagne !

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LOIN DU CLAPOT DES VAPORETTOS…

‘ ‘ La Serenissime, autrement

Il n’est jamais trop tôt pour préparer ses prochaines vacances, surtout quand elles promettent d’être exceptionnelles et très (très !) exclusives. Mais pas façon palaces, jets privés et restaurants étoilés. Non… nous avons beaucoup mieux à vous proposer. par Denis ASSELBERGHS

Venise est un écrin unique que l’on doit avoir vu au moins une fois dans son existence de ‘terrien éclairé’. Un lieu qui réussira toujours à vous étonner par l’atmosphère qu'il dégage, par la beauté qui l’habite et par le brillant passé dont se nourrissent ses ponts, ses quais, ses places et ses ruelles. Parcourue par 177 canaux, la Cité des Doges vit au rythme des bateaux et, bien sûr, des célèbres gondoles, emblème d’une ville qu’il faut absolument découvrir au fil de l'eau. Mais qui dit gondole, dit aussi touriste pigeon et addition salée (car vous allez la payer très cher, cette balade !). Alors, pourquoi pas le kayak ? Avec son faible encombrement et son excellente maniabilité, il a toute sa place dans cet environnement.

LA LAGUNE, PETIT TOUR À LA CAMPAGNE Avec le kayak, non seulement vous pourrez circuler calmement - et très librement - dans Venise intra muros (en évitant, de préférence, le Grand Canal et son trafic intense). Mais vous pourrez aussi vous diriger sans peine vers la Lagune. Composée de dizaines d’îles, ce sont surtout les lais - des portions de terre émergeantes - qui occupent la majorité de sa surface. Là encore, le kayak montrera

Avec son faible encombrement et sa grande manœuvrabilité, le kayak a toute sa place dans cet environnement.

ses avantages, son faible tirant d'eau permettant de naviguer sans risquer de s'échouer. Ainsi, vous n’aurez aucun problème à vous approcher au plus près d’un écosystème où les oiseaux sont rois. Héron Pourpre, Chevalier d'Italie ou Aigrette Garzette vous accompagneront dans votre cheminement à travers ce labyrinthe naturel. Plus loin, vous aborderez les îles, avec chacune son caractère et son charme. Tout d'abord, voici Torcello qui fut le cœur de l'antique Venise. Il y reste d'ailleurs quelques vestiges architecturaux dont une église imposante et son clocher. Demeure aussi le petit canal qui passe au pied des ruines et que vous aurez le privilège d’emprunter sur cette embarcation taillée sur mesure.


Mes Destinations à ciel ouvert. Un coup de pagaie et vous glissez sur plusieurs mètres, tranquillement, silencieusement, vers l’Arsenal, le Ghetto ou le sestiere du Canaregio… Soudain, on réalise qu'il y a quand même quelque chose de cocasse à naviguer avec le plan des rues posé sur les genoux : « On prend la deuxième à droite… Ah, c’est un sens unique… Attention, il faut céder la priorité au prochain carrefour »… Mais, grâce au confort, à la stabilité et à la facilité des manœuvres, on n'oublie vite ce décalage pour replonger dans la magie d’une Sérénissime qui n’usurpe pas son nom ! Contact pour vivre cette expérience dans des conditions optimales pendant 3 jours, encadrement, équipement et hébergement compris : www.eaurigne.net eaurigine@hotmail.fr 0033 7 87 46 98 37

Ensuite, direction l'île de Burano, un joyau multicolore, avec son campanile qui penche, ses maisons de poupées, ses dentellières et ses pêcheurs ‘à l’ancienne’. Véritable merveille pour l’œil, Burano-lajolie est de surcroît un terrain d’entraînement idéal pour qui veut développer sa dextérité à la pagaie avant de sillonner les eaux plus chahutées de la Sérénissime. DANS LE SAINT DES SAINTS Il n’est sans doute pas utile d’énumérer toutes les bonnes raisons que l’on a de visiter la Cité des Doges. C’est tellement évident ! La liste des monuments, des palais, des œuvres d’art est interminable. Mais pardessus tout, c’est l’ambiance qui laisse une trace indélébile. Longtemps, l'idée, pour s’en imprégner au mieux, était d’arpenter Venise à pied. Mais avec un obstacle majeur : la foule. Une foule immense se déversant en rangs serrés. Des groupes incessants qui engorgent tous les lieux sacrés, les plus belles esplanades comme le plus modeste calli. Affolant ! Alors, que faire ? On peut toujours monter dans une gondole pour une coûteuse promenade sur des canaux trop fréquentés aux abords de la Piazza San Marco. Mais, franchement, il y a mieux à faire : être votre propre… gondolier, pour cheminer là où bon vous semble. Le kayak est parfait pour contempler ce musée

Un coup de pagaie et vous glissez sur plusieurs mètres, tranquillement, silencieusement, vers l’Arsenal, le Ghetto ou le sestiere du Canaregio.

Laissez-vous tenter Le kayak de mer ou de randonnée est une activité en plein essor. Son potentiel est considérable pour explorer des sites difficiles d’accès. Quand on évolue dans des régions assez sauvages, il va de soi que le facteur météo est à prendre en considération compte tenu du danger qu’il peut générer. Or, dans une ville comme Venise et sa lagune, l’impact du climat est faible, il n’y a pas de mer agitée et pas d'isolement important. Faire du kayak ici n’exige ni expérience, ni condition physique particulière. C'est même abordable aux enfants à partir de 8 ans comme aux seniors qui aiment se remuer ! Alors, laissez-vous tenter…

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ET POURQUOI PAS une

Mes Destinations

croisiere‘ ?

Explorer le monde sans limite est devenu un jeu d’enfant. Depuis quelques années, la voie des mers retrouve une place de choix chez les tours operators. Les croisières connaissent un formidable essor. Une seconde jeunesse. L’océan à perte de vue, des destinations à couper le souffle, une profusion d’activités… L’offre des compagnies en vogue fait rêver, et pas seulement les amateurs de chaise longue ! Les passagers ont désormais l’occasion de travailler intensivement leur condition physique. A la traditionnelle piscine s’ajoute maintenant toute une série de disciplines, certaines complètement inattendues. par Denis ASSELBERGHS

OBJECTIF SPORT « Il marcha sur l’eau »… et plus encore ! À bord de ces gigantesques bâtiments, vous avez accès à une variété impressionnante de disciplines sportives. Laissez-vous porter par les flots et profiter d’infrastructures dernier cri. Mur d’escalade, flow rider (un simulateur de surf sur vagues artificielles), golf, patinoire, basket-ball, volley, natation, zip line (une tyrolienne), jogging, tennis… avec, bien sûr, une vue imprenable ! La plupart des navires de croisières avaient déjà des allures de villes flottantes. Mais qui aurait pensé pouvoir y disputer d’authentiques décathlons ? Difficile à imaginer sans l’expérimenter. Il ne coûte rien d’essayer n’est peut-être l’expression adéquate (sic), mais sachez que les tarifs sont très abordables et les formules tellement

fitness, yoga, pilâtes, gymnastique suédoise, thalasso et aquagym. Quant à ceux qui trouvent la plate-forme arrière un peu trop exiguë pour assouvir leur appétit d’exercices, ils n’auront pas trop de peine à trouver des croisières proposant des activités en mer, comme le ski nautique, le windsurf, le kayak ou la plongée. Cela, lors d’escales ou de sorties spécifiquement dédiées à ces pratiques. SUR LA TERRE FERME Parlant d’escales, celles-ci peuvent être axées aussi sur les sports « terrestres »… A la demande, vous vous adonnerez à la randonnée, à l’équitation ou au VTT. Et si vous êtes en attente d’aventures extrêmes, il existe des compagnies tournées vers des rivages très préservés. Respect de l’environnement oblige, les places sont comptées et une

Laissez-vous porter par les flots en profitant d’infrastructures sportives dernier cri. ciblées qu’il serait dommage de ne pas se laisser tenter. Parmi les packages les plus étoffés, nous avons pointé ceux de Royal Caribbean International et Holland America Line. ON BOARD… AND OUT BOARD Pendant la croisière, vous souhaitez simplement vous refaire une santé, sans pour autant vous mettre au sport. Qu’à cela ne tienne : la plupart des compagnies ont élaboré des programmes de remise en forme intégrant

charte de bonne conduite est soumise à chaque croisiériste. Silversea Expeditions et la Compagnie du Ponant sont deux références dans ce créneau très pointu, avec notamment pour destinations l’Arctique, l’Antarctique, l’Alaska et les Galapagos Allez, hop, on se jette à l’eau en profitant des promotions « last minutes » très avantageuses à découvrir sur les sites www.croisierenet.com www.cruisetravel.be




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