Epace conçu, espace vécu

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Bilyana Katsarova

Espace conçu, espace vécu Comment les intentions de l’architecte sont vécues par les habitants, à travers l’exemple de la Cité des Etoiles à Givors ?

Rapport d’étude L3 Année universitaire 2013/2014 Professeur référent : Corine Védrine ECOLE NATIONALE SUPERIEURE D’ARCHITECTURE DE LYON

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Sommaire I

II III

III

IV

VI V VII

Introduction 3 - L’usager et l’architecture : itinéraire d’une réflexion - Question de recherche - Annonce du plan d’étude Préface: L’Usage et l’Architecture 4 La Cité des Etoiles et les intentions de Jean Renaudie pour le projet 6 A/Contexte et présentation du projet La ville de Givors Lancement du concours de la rénovation Le programme du projet et son organisation B/ Intentions et réflexions architecturales de J. Renaudie pour le projet en ce qui concerne : - Le rapport du projet architectural et la ville - La logique de la complexité - Le rejet de la simple juxtaposition architecturale - Le rejet de l’angle droit - « La dimension cachée » dans la complexité - La nouvelle façon de penser le logement - Les relations sociales et la vie en communauté Les Perceptions et les commentaires des habitants de la Cité des Etoiles en ce qui concerne : 19 - L’immeuble et la vile : proximité et multifonctionnalité - La mixité sociale au sein de l’ensemble - Les espaces publics - La fonctionnalité et l’esthétique extérieure - Le logement : Conclusion 28 - Les points communs et de décalage entre les intentions de l’architecte et le vécu des habitants - Thème d’ouverture : La lecture inconsciente de l’espace architecturé et l’architecture comme art Bibliographie 30 Annexes 33 Résumé 34

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Introduction Au début de ma licence à ENSAL j’avais l’illusion qu’en tant que futurs architectes nous serons renseignés de la recette pour la conception de la bonne architecture. Je pensais qu’il s’agissait d’une architecture qui cherche à être esthétiquement séduisante, que la qualité architecturale est dans une large mesure quelque chose superficielle et perceptible comme une joie pour les yeux. Avant, ayant la conscience d’un simple consommateur, j’étais impressionnée par les bâtiments qui n’étaient que visuellement esthétiques. Ce point de vue a bien évidemment évolué avec le temps passé à l’ENSAL où nous avons fait connaissance, plus ou moins, de ce que les architectes cherchent, afin de concevoir une architecture de qualité. Pourtant les concepteurs de l’espace intègrent parfois des idées fortes et même utopiques, ils provoquer avec des formes innovantes et des concepts audacieux. Mais toutes ces intentions qu’ils appliquent dans leurs travaux sont-elles vraiment perceptibles et compréhensibles pour les futurs habitants et où reste la place de l’usager dans leur architecture?

Im.(2) Guggenheim muséum, Bilbao

La conception d’un bâtiment représente un processus long et complexe mais quelle est la qualité d’après la perspective la plus importante – celle de l’usager? Comment les individus et les groupes sociaux perçoivent-ils les formes spatiales, conçues par les architectes? Comment réagissent-ils aux espaces architecturés et comment le cadre spatial modifie leur style de vie ? Im. (3)

Im (4) Habitat 67, Montréal

Ce sont les questions sur lesquelles je voudrais mettre l’accent dans le présent rapport et je voudrais les problématiser à travers l’exemple du projet « La Cité des Étoiles » à Givors, conçu par Jean Renaudie. Je voudrais m’intéresser des points de vue des usagers et de voir jusqu’à quel point leurs perceptions coïncident avec les idées du concepteur. Ce questionnement me semble important parce que la critique de l’habitant est vraiment une indication révélatrice de la qualité architecturale d’un bâtiment. Je considère à l’aborder en présentant brièvement dans un premier temps l’évolution historique du rapport usage et architecture. Dans un deuxième temps, nous allons examiner l’immeuble de J. Renaudie en analysant les intentions qui l’ont amené à l'élaboration du projet. Ensuite, nous allons voir ce que pensent les habitants de la Cité des Etoiles, à la base des interviews réalisées avec eux. En conclusion nous essayerons de résumer les points communs et les points de décalage entre les intentions de l’architecte et le vécu des résidents et voir ensuite si ces conclusions pourraient nous amener à la découverte d’une autre recherche possible.

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Préface L’Usage et l’Architecture Brève description de cette relation dans le temps Le questionnement concernant l’usage et le rapport de l’homme avec l’architecture a été traité plusieurs fois à différents stades du développement humain : depuis Vitruve à des anthropologues et les ethnographes du Post-modernisme. Selon les anciennes théories architecturales développées encore par l’auteur romain du De Architectura (Vitruve), les trois niveaux principaux qu’il désigne : Firmitas, Utilitas et Venustas ont toujours définit l’architecture. Il paraît, donc, que depuis même à l’aube de l’architecture cette problématique de l’usage est prise en considération. C’est également à ces concepts-la que se réfère Alberti à la Renaissance dans l’élaboration de son traité De Re Aedificatoria (en 1452) en les modifiant comme : Necessitas, Commoditas, Voluptas. Ces trois notions restent objet de recherche également pour les théoriciens de XXème siècle. Avec le Mouvement Moderne la trinité reste encore valable sous la forme de : fonction, forme, structure. Les architectes de cette époque, par exemple, ont mis l’accent sur les pratiques domestiques du quotidien dans leur recherche de conception ce qui les approche parfois beaucoup au pur fonctionnalisme. Mais à propos de cette critique Gropius par exemple, qui est architecte exemplaire du mouvement moderne, explique que les concepteurs de cette génération comprenaient le fonctionnalisme plutôt comme une approche rationnelle, qui tient compte des problèmes psychologiques de la société. C’est pour cela que leurs œuvres ont eu l’ambition d’être fonctionnels « au sens physique et psychologique […] Nous voulions répondre aux besoins affectifs comme aux besoins pratiques. » 1

Im. (5)

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Dans l’époque du Post-modernisme, pourtant, il est porté un autre regarde sur l’architecture provoqué par une nouvelle sensibilité de l’appréhension de la ville, de l’habitat et de l’architecture et cela est lié à l’évolution des sciences sociales. Depuis les années 60s une dimension culturelle et anthropologique se redonne à l’architecture. Une pensée chaude de l’humanisme se nait en opposition à l’esprit froid du fonctionnalisme du mouvement du Modernisme. Dans la conception architecturale on revient sur les notions un peu oubliées de l’importance de l’histoire et des contraintes contextuelles de chaque projet.

Walter Gropius, discours du 2 octobre 1955 prononcé à la Hochshule fur Gestaltung d’Ulm, cité par Claude Schnaidt in Autrement dit, Ecrit 1950-2001, op.cit., p.549

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Les sociologues comme par exemple Henri Lefebre introduisent le concept de l’appropriation de l’espace par les habitants. L’idée à permettre à l’usager d’adapter l’environnement architectural en fonction de ses besoins et son mode de vie se concrétise. Alors que comme l’évoque H. Fathy la quête de moindre coût de production du Modernisme provoque une standardisation qui empêche la création d’un aspect personnel à l’habitation, propre à l’usager et « s’oppose nécessairement à la diversité individuelle et locale » 2(p.119). Dans l’époque du Post-modernisme en revanche, se développe l’idée d’un rapport plus sensible avec l’environnement; viennent les notions des expériences sensorielles nécessitant la vue, le toucher, l’ouïe et l’odorat. L’architecture se tourne d’autant plus sur le choix des matériaux, des masses et des formes pour créer des ambiances différentes sollicitant le confort de l’usager.

Le point de vue des sociologues pour la relation usage et architecture La thématique à laquelle je m’intéresse - l’usage et comment l’habitant perçoit l’architecture, est traitée par plusieurs sociologues et Jean-Michel Léger entre autres l’aborde aussi dans son ouvrage «Usage ». Il le caractérise comme « un stock de références sociales et morales »3 et il développe encore que quand il s’agit d’une perception personnelle, cela intègre un aspect assez subjectif fortement dépendant de la situation. D’après lui, la critique de l’architecture donne lieu à des significations croisées en termes de commodité, de perception esthétique, d’ambiance, de goût, de service, d’image publique et tout cela prédispose une « satisfaction » élevée, moyenne ou faible des usagers. Un bâtiment peut être jugé de manière très différente par les individus différents et l'évaluation dépend de nombreux facteurs tels que par exemple leur métier, leur mode de vie ou leur âge. En même temps J.M Légers considère que l’usager approprie toujours son habitation pour assurer un bon confort : « Créativité vs conformité : le couple est toujours convoqué lorsque l’habitant entreprend de modifier son logement pour le rendre conforme à son usage. » 4 Leger cite des exemples de nombreuses maisons conçues par des architectes célèbres (Gropius, Aalto, Candilis) pour démontrer comment elles aussi se trouvent transformées, de sorte que ses habitants les adaptent à leurs propres besoins : par un élargissement des éléments intérieures ou par construction d’un escalier extérieur par exemple. L’auteur souligne une affirmation importante : « Les architectes concepteurs ne doivent pas 2

Usage et Architecture_Daniel Pinson (p.119)_ l’Harmattan_1993 p.198 Usage_Jean-Michel Léger, p.37_Paris_Ed. de la Villette_Impr.2012_ 91 pages 4 (op.cit_p.38) 3

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prendre d’espace non conventionnels en quête de spatialité nouvelle, mais il faudrait couper les mains des architectes qui négligent l’accompagnement des gestes quotidiens et de l’appropriation, car ces acteurs placent l’habitant sinon dans des vraies conditions d’inquiétude. » 5 Il est clair, donc que le confort du futur habitant est primordial pour la qualité d’une architecture. Toutefois, pour faire nous questionner si c’est vraiment valable, l’auteur Leger ajoute à la fin de son ouvrage une citation d’un guide d’architecture de Londres : « people can addapt to anything.”6 (Les gens peuvent s’adapter à tout). Moi, par contre je ne partage pas cette affirmation. Il est vrai, que l’individu peut s’adapter à n’importe quelle condition, de s’approprier l’espace et de la faire répondre à ses besoins mais ce n’est pas l’objectif de la bonne architecture. Nous allons voir, donc, dans la suite du rapport quel est le cas avec l’immeuble de J. Renaudie – comment le trouvent les résidents, s’ils le subissent ou bien l’architecte a leur assuré un bon confort et une ambiance agréable à vivre.

II La Cité des Etoiles et les intentions de Jean Renaudie pour le projet Pourquoi les «Etoiles » à Givors?

Im. (6) Cité des Etoiles, vue de l’ensemble

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J’ai choisi d’analyser cet exemple car il s’agit d’un projet intrigant qui pourrait être qualifié même comme une expérimentation architecturale. La conception innovante a également une valeur sociale assez présente car il s’agit d’un projet de logements sociaux. En plus, la conception de l’immeuble est entreprise dans la période de Post-modernisme qui est la période au cours de laquelle on met beaucoup d’attention sur l’individu et son bien-être (comme nous l’avons vu dans la section précédente). Donc, je vois ce projet comme un choix convenable de cas particulier à analyser parce qu’il peut révéler des donnés intéressantes, en service de la problématique que j’ai choisie. Premièrement, le projet que j’anticipe observer est intrigant parce qu’il s’agit d’un habitat social. Les architectes, confrontés à un tel programme s’interrogent nécessairement sur les pratiques quotidiennes, sur les besoins et sur l’influence que peut avoir le cadre spatial sur ce type d’habitants qui

(op.cit_ p.42) (op.cit_ p.63)

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sont en plus socialement défavorisés. Quand il s’agit d’un habitat collectif particulièrement, la conception architecturale est encore plus difficile car le concepteur doit prendre en considération les diversités des besoins des individus, qu’il ne connait pas préalablement. Alors, nous pouvons se demander si les propositions de l’architecte prennent véritablement en compte les modes de vie ou les attentes des destinataires ? Il sera donc particulièrement intéressant à voir quelles sont les réflexions de Jean Rénaudie (architecte du bâtiment «Les Etoiles à Givors ») par rapport aux attentes de ses futurs habitants et quelles sont les solutions architecturales qu’il propose.

Jean Renaudie et son parcours en quelques mots

Im (7) Projet “Casanova” – Ivry-sur-Seine

Im (8) Centre commercial Jeanne Hachette

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Jean Rénaudie, quant à lui, dans sa carrière comme architecte, a dessiné plusieurs projets de logements sociaux. Bien qu’il soit contemporain au mouvement Moderne il sort de son idéologie et préconise une architecture «organique qui laisse place au hasard et à la diversité »7. En correspondance avec la reforme de 1968 de l’enseignement de l’architecture, avec ses collègues de l’agence ATM (Montrouge) il a l’ambition de rechercher une relation entre l’architecture et les sciences humaines et sociales. Ils essayent d’introduire un autre type de réflexion et un regard différent sur la production de l’espace et l’influence qui en provient sur le mode de vie de l’individu. Il s’agit de l’ambition qu’il a, de procurer une autre sensation dans l’habitat des individus, ce qui explique sa façon de concevoir des formes architecturales assez complexes qui s’imbriquent les unes aux autres. Ce qui caractérise ses projets c’est le choix d’abandonner l’angle droit au profit des formes aigues qui donnent la possibilité des multiples interprétations à l’intérieur des espaces mais tous ces concepts seront observés en plus détailles dans la suite du rapport. Jean Rénaudie ne soutient pas les principes architecturaux et urbanistiques de la Charte d’ Athènes. À l’idée de «zoning » que les architectes Modernistes préconisent, il propose plutôt un mélange et une interpénétration des fonctions. Il préfère une continuité du tissu urbain. Ses travaux principaux sont: une étude de village de vacances de 180 habitations à Cigaro (1964), un projet de conception d’une ville nouvelle pour 150 000 habitantes au Vaudreuil prés de Rouen. Au début des années 70’s, déjà avec son nouveau atelier indépendant (qu’il a fondé avec sa compagne Nina Schuch), il réalise l’immeuble «Casanova» dans le cadre de la rénovation du centre de la ville d’Ivry-sur-Seine (voir l’image à gauche). C’est avec ce projet-là qu’il intrigue pour la première fois le public avec la conception d’une forme architecturale favorisant les angles aigues. Le projet à Givors sur lequel nous allons nous intéresser, reprend beaucoup de concepts développés pour ce projet à Ivry-surSeine. En 1978 Jean Renaudie est conféré le Grand Prix national d’Architecture pour l’ensemble de ses travaux dans cette ville, connus aussi sous le nom «Jeanne Hachette ».

BOUDON, Philippe. Architecture et architecturologie. Paris : AREA, 1975

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La Cité des Etoiles à Givors A/Contexte et présentation du projet - La ville de Givors Le projet que j’ai choisi d’analyser fait partie d’une opération de rénovation du Vieux Givors – ville qui se trouve au confluent du Rhône et du Grier, dans une vallée entre les monts Lyonnais et les contreforts du Pilat, à une proximité immédiate de Lyon.8(voir l’image) Du point de vue historique, la ville de Givors était depuis la deuxième moitié du XXème siècle jusqu’à 1960 une ville industrielle, développée dans le domaine de la métallurgie et de la verrerie. Par contre la ville n’évite pas les événements de Mai 1968 et par conséquent plusieurs usines se mettent en grève ce qui provoque une désindustrialisation et ainsi une forte crise économique dans les années 70’s.

- Le lancement du concours de la rénovation Im (9) Photo aérienne de la ville de Givors

Im (10) Photo de l’ancien quartier 8

C’est aussi dans les années 70‘s que le projet de rénovation du Vieux Givors commence. Le site d’intervention est dans le centre-ville, face à la mairie et sur une colline, dominée par les ruines d’un ancien château. A l’époque c’était un quartier vivant et pittoresque mais peu à peu les conditions d’habitation ont périclité et il s’est progressivement dépeuplé. Vu son orientation au nord, les logements étaient toujours humides, dans l’ombre de la colline et insalubres. Le quartier était composé de petits commerces et de maisons individuelles à un ou deux étages, disposées dans des ruelles très étroites, donc peu ensoleillées et toujours humides (voir la photo). Dans les années 60 dans le quartier commencent à s’installer des immigrés avec un statut de marginaux et les conditions à habiter dans le quartier sont devenues encore pires. Donc, en 1965 la municipalité lance une opération de réhabilitation. Plusieurs propositions de projets paraissent mais elles sont tous dans la vague des bâtiments HLM caractéristiques de l’époque : des tours ou des constructions en longueur. Dans les propositions des architectes, la présence de la colline n’était pas prise en compte. Le cabinet d’architectes Bornarel, par exemple, a proposé l’implantation des tours de R + 15 au pied de la colline, en cachant de cette manière la beauté de la topographie et de la nature. Ce qui est assez intéressant et révèle l’attention portée vers les habitants de Givors, c’est le fait que lors du choix de l’architecte responsable des travaux de rénovation, la municipalité a mené plusieurs sondages pour voir quelle est la réception des propositions architecturales par la population. Le commanditaire des travaux tenait donc que les citadins prennent part à la redéfinition et à la restructuration de son centre ville.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Givors

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Jean Renaudie et l’agence ETRA en tète de l’opération Finalement, parmi 26 autres projets la municipalité choisit celui de Jean Rénaudie. Pour le vieux quartier l’architecte a repris les recherches qu’il avait faites pour Ivry-sur-Seine et il a dessiné un projet qui impressionne avec ses volumes dotés des angles pointus qui font penser que le bâtiment représente une superposition des étoiles qui suivent les pentes de la colline. L’architecte voyait cette proposition comme une solution architecturalement convenable, qui s’inscrivait naturellement à la topographie étant dans l’esprit des maisons anciennes du site. Pour l’architecte la présence de la colline était un élément assez important pour le projet et après la première visite du site il a même exclamé : « Si on ne réussit pas avec un support pareil on est les rois des cons » … «Bien intégrer ce morceau de ville au site... Accrocher le bâtiment sur les pentes de la colline Saint Gérald, en la considérant avec les ruines du château comme l'un des éléments forts de ce site, la faire entrer à tout prix dans l'organisation du centre. »9 Im (11) Photo de la maquette du projet de Renaudie

Im (12) Dessin de la proposition de l’agence ETRA

Dans les opérations de la rénovation à Givors il y avait aussi d’autres architectes qui prenaient part. Il s’agit de quatre jeunes architectes du groupe ETRA, lauréats du concours Programme d’Architecture Nouvelle 3 : Eric Dubos, Robert-Bernard Simonet, André Le Meur, Philippe Maillard. Pourtant leur projet en termes de volumétrie globale ne surprenait pas à tel point (voir la photo en bas à gauche). Ils avaient choisi la conception des volumes séparés en structure indépendant, contenant chacun un logement. Les constructions ressemblaient ainsi à des maisons individuelles, un peu dans l’esprit des anciennes habitations qui occupaient le site. Le concept envisagé, comme dans la proposition de Rénaudie, était d’individualiser l’habitat en cherchant des cellules séparées pour chacun, tout en s’opposant des bâtiments HLM du type barres en longueur qui étaient caractéristiques à l’époque. Le registre complètement différent entre la proposition de Rénaudie et celle des jeunes architectes est intéressant et c’est la comparaison entre elles qui fait le projet de Rénaudie ressortir encore plus. La juxtaposition des deux types de constructions montre assez clairement à quel degré celle de l’architecte qui nous intéresse est plus originelle et peut-être un peu utopique, comme je le montrerai dans la suite. En profit de ma problématique choisie c’est justement cet aspect du projet, avec ses concepts architecturaux très audacieux qui m’intéresse. Quelles sont alors les intentions de Rénaudie qui se cachent derrière la volumétrie atypique de son bâtiment et qui justifient les formes des «étoiles » ? Quelle est la place des habitants dans son projet, avant tout, et comment trouvent-ils la volumétrie conçue ?

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"Givors : naguère les étoiles", article de François Robichon, 25 mai 1992

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Ce sont ces questions sur lesquelles je vais m’intéresser et sur lesquelles je vais interviewer les habitants de la Cité des Etoiles. Toutefois, auparavant je ferai une présentation du projet et j’essaierai de comprendre les concepts et les intentions qui dirigent Jean Renaudie pour cette conception.

- Programme et organisation spatiale du projet Pour la rénovation du Vieux Givors la municipalité a eu comme objectif la conception des logements « financièrement accessibles »10 , et une intégration du nouveau quartier en continuité de la ville ancienne avec une exploitation maximale du site et de la colline. Les autorités locales ont eu la volonté de rendre le centre de Givors plus animé et plus attractif par la réalisation du projet de réhabilitation. En termes du programme concret, le projet comprenait la conception des 374 logements, dont 31 Prêts Spéciaux Immobiliers ; 47 logements HLM en accession, 64 logements HLM en location, 232 à Loyer réduit ; 1500 m2 de commerces ; 3000 m2 d’équipements (bibliothèques ; crèches ; théâtres) En ce qui concerne Jean Renaudie, il était en charge de la réalisation des 207 logements, dont 31 PSI, 26 HLM en accession ; 64 HLM en location et 86 PLR.

- Organisation

Im (13) Croquis du projet de Renaudie

Avant de me lancer dans l’analyse des intentions architecturales je ferai une brève présentation du projet réalisé par Jean Renaudie. Passionné par la topographie du site, l’architecte dessine un ensemble des bâtiments dont chaque étage est composé d’une superposition de polygones irréguliers, qui donnent une perception triangulaire à l’édifice (voir le croquis en haut à gauche). Il les implante à flan de la colline en y intégrant même les ruines de l’ancien château. L’ensemble est organisé en neuf blocs entre lesquels circulent des passages publics accessibles aussi bien pour les habitants que pour les citadins de Givors. Au niveau du sol, sous des pilotis il y a des passages piétonniers qui relient la rue et la cour intérieure. La RDC est occupée par des locaux de commerces de proximité et des équipements publics. La Cité comprend une bibliothèque-médiatique municipale, une crèche, un théâtre et un commissariat de police. En ce qui concerne la distribution, chaque block est doté d’une cage d’escalier et d’un ascenseur desservant trois à quatre appartement par plot. La structure du bâtiment « en étoiles » prédispose des larges terrasses-jardin qui prolongent chaque appartement et qui surplombent les uns aux autres. L’architecte a prévu en plus un renforcement de la structure porteur et l’élaboration d’un système d’étanchéité pour que chaque terrasse puisse recevoir une couche de 40 cm. de terre. De cette manière ces espaces extérieurs sont transformés en véritables jardins.

Im (14) Croquis d’intention du projet de Renaudie

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Auteur inconnu _ Label Patrimoine du XX siècle en Rhône – Alpes, consultée le 26.01.2014 : http://www.rhone-alpes.culture.gouv.fr/label/spip.php?article23

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A l’intérieur, dans la totalité de l’ensemble, il n’y a que 2 appartements qui se ressemblent. En termes d’organisation spatiale, les logements dépourvus complètement des angles droits, sont dotés des séjours spacieux et cette perception est renforcée par des longues diagonales qui résultent de la volumétrie des « étoiles ». La surface des chambres pourtant est restreinte au minimum, lassant possible juste l’usage strict du sommeil. Jean Renaudie a assuré également que chaque appartement dispose d’un ou plusieurs coin d’espace sans fonction préétablie, qui s’ouvrent sur le séjour et laissent possible que les habitants y définissent l’usage. Les habitations sont baignées en lumière grâce aux larges baies vitrées et aux plusieurs fenêtres en tailles et formes multiples. L’architecte a porté une attention particulière sur le rapport avec l’extérieur en assurant que chaque appartement finisse par au moins une terrasse extérieur. Im (15) Plan d’un ensemble de trois logements avec une cage d’escalier au mlieu

Suite à cette premier rencontre avec la Cité des Etoiles, nous pouvons déjà comprendre qu’il s’agit d’un projet avec des choix architecturaux non-standards. Il sera, donc, intéressant de voir quels sont les idées de l’architecte pour la conception du projet. Ils se trouvent comme un reflet naturel de ses réflexions sur l’architecture et nous allons les voir dans la suite.

B/Intentions et réflexion architecturales de Jean Renaudie pour le projet à Givors en ce qui concerne: - Le rapport du projet architectural et la ville

Im (16) Modélisation 3D de l’ensemble des appartements

Jean Rénaudie affirme qu’un projet architectural est pensé toujours en rapport avec son contexte et pour sa bonne intégration dans le milieu urbain. Pour lui l’architecture et l’urbanisme sont inséparable : « Je dis souvent architecture, je dis rarement urbanisme, parce que pour moi l’urbanisme est architecture, ils ne peuvent être dissociés ; je vais même plus loin : l’urbanisme et l’architecture sont liés […] ; cela ne peut pas être autrement »11. Cela explique comment l’architecte dessine ses projets, toujours en fonction du contexte afin de compléter les besoins du milieu urbain. Contemporain au courant des modernistes il s’oppose pourtant aux idées développées dans la Charte d’Athènes.

Autrement dit, il ne partage pas l’idée pour la répartition de la ville en différentes zones d’activité distinctes mais pour un vrai mélange des fonctions et des équipements. : « Une ville est un organisme complexe où se mélange un grand nombre de fonctions qui ne peuvent se limiter à quatre. Seule une

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PASSANT, Raymond. Banlieue de banlieue ! Paris : Ramsay, 1986, p301

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méthode d’urbanisme basée sur la détermination et le mélange de ces fonctions multiples peut donner les structures complexes des villes que nous devons créer »12. L’architecte revendique une nouvelle méthode basée sur la détermination de l’ensemble des fonctions de la vie urbaine : « L’idée est donc de trouver des solutions architecturales dans lesquelles on combine le maximum d’activités différentes. C’est une position qui s’oppose à la pratique générale de l’urbanisme actuel, qui consiste à séparer les activités en secteurs spécialisés» 13. Nous pouvons clairement saisir ici son principe de superposition complexe, d’un « combinatoire » des fonctions : « La ville est une combinatoire où, à tous les échelons d’organisation, s’établissent sur une structure complexe des phénomènes de communication dans tous les sens »14.

Im (17) Plan schématique de répartition des fonctions au RDC - Cabinet médical - Commissariat - Bibliothèque - Théâtre - Crèche

Im (18) Schéma de répartition des différents appartements au sein d’un block 12 13

Ces réflexions sont reflétées dans ses propositions des ensembles urbains où les logements «s’entremêlent » avec les bureaux, les commerces, les équipements culturels ou sportifs comme c’est le cas de la Cité à Givors que nous analysons. Cette logique de ne pas suivre une simple juxtaposition, se transcrit aussi dans la répartition des logements. La composition de chaque block représente une combinaison et une imbrication impressionnante des habitations distinctes. L’architecte a cherché de proposer justement une grande diversité, prenant comme référence les anciennes petites villes. « Les villes que l’on trouve agréables, vivantes, – telles que les petites villes que l’on rencontre en Europe – ne sont jamais le résultat d’une organisation simple en termes urbanistiques, d’une juxtaposition simplistes d’éléments […] C’est la combinaison des maisons entre elles qui a créé les villages que l’on trouve agréables, intéressants, sympathiques. L’organisation de nos logements est toujours fonction de celui d’à côté. […]15.

Ensuite, afin de lier les éléments de l’ensemble l’architecte imagine des réseaux de circulation «dans tous les sens », des passages piétonniers qui serpentent aux pieds mais aussi aux sommets des bâtiments.

RENAUDIE, Jean. La logique de la complexité. Edité par Patrice Goulet et Nina Schuch. Paris : IFA, 1992, p16 nterview de Jean Renaudie par Gritti Haumon, Avenir 2000, n°40, 3e trimestre 1977. In : BUFFARD Pascale. Jean Renaudie. Rome : Sodedat 93, Institut Français

d’Architecture, Edizioni Carte Segrete, 1993, p60 14 15

RENAUDIE, Jean. La logique de la complexité. Edité par Patrice Goulet et Nina Schuch. Paris : IFA, 1992, p15). (op.cit_p.22)

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Contrairement à Corbusier par exemple, Jean Rénaudie ne veut pas imposer un parcours prédéfini aux citadins et les laisse libres à choisir leur chemin. Il souhaite multiplier les possibilités de déplacements et ainsi les inviter à l’exploration. : « Pouvoir circuler sur le dos des bâtiments, pouvoir parcourir des terrasses publiques ouvertes à tous, pouvoir grimper des escaliers c’est offrir des choix et cela, c’est pour moi fondamental. C’est aussi permettre aux habitants de percevoir autrement l’endroit où ils vivent »16 Jean Rénaudie a l’ambition de faire les habitants – acteurs des espaces architecturés « car l’organisation complexe des villes n’est possible que si elle construite par le temps et par les habitants eux-mêmes, « elle n’est pas lerésultat, et c’est fondamental, des décisions d’urbanisme ; elle est le résultat d’utilisation, d’intervention des habitants sur la ville» 17

Im (19) Chemins publics

- La logique de la complexité Il est clair même à première vue de l’œuvre de Jean Renaudie que l’architecte cherche une volumétrie compliquée et intrigante mais parfois incompréhensible. Quelles sont, donc, les intensions derrière une telle conception ?

Im (20) Photo du chemin piétonnier

La réponse se révèle quand nous faisons connaissance avec les positions de l’architecte par rapport à l’architecture en générale. Pour lui, « l’architecture est la forme physique qui enveloppe la vie des hommes dans toute la complexité de leurs relations avec leur milieu » 18. Le concepteur a l’ambition de trouver une forme de désordre qui serait, d’après lui, le reflet de la complexité des relations humaines « Redonner à l’acte d’habiter un rôle dans l’organisation de la ville impose de tenir compte de la complexité des relations qu’il implique. A partir de cela, mes objectifs seraient d’aboutir à une combinaison,de refuser la juxtaposition d’une logique strictement arithmétique, d’offrir une grande diversité dans le logement, d’apporter un désordre dans l’organisation de l’espace, de combiner les activités, d’offrir des possibilités d’usages inhabituels » 19. Jean Rénaudie s’oppose à la rationalité mathématique et il revendique la conception des espaces « arbitraires, non conformes »20, qui ne proviennent pas du simple fonctionnalisme mais de l’aléatoire, qui résultent de l’hasard. C’est justement la bonne maîtrise des ses espaces hasardeux qui révèle le talent d’un architecte : « adopter le

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(op.cit_p.17) (op.cit_p.1) 18 RENAUDIE, Jean. La logique de la complexité. Edité par Patrice Goulet et Nina Schuch. Paris : IFA, 1992, p13 19 Op. cit_p.16 17

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BRESSON Sabrina, 2010. Du plan au vécu. Analyse sociologique des expérimentations de Le Corbusier et de Jean Renaudie pour l’habitat social. Thèse de doctorat en Sociologie. Tours : Ecole Doctorale Science de l’Homme et de la Société ; 451p. 22 Op. cit_p.280 13


hasard par faiblesse et facilité comme moyen de composition serait un renoncement ; le diriger, le contrôler, constituent une force indispensable dans la création »21. L’architecte, pourtant, ne doit pas être complètement dépendant de la forme mais à ce que Jean Renaudie appelle «la logique de la complexité ». Autrement dit, il s’agit des relations «composites et entremêlées qui donnent une cohérence à l’ensemble architecturé »22, comme l’a développé Sabrina Brasson dans son thèse dans lequel elle analyse les travaux de Le Corbusier et Jean Renaudie du point de vue sociologique.

Im (21) Schéma de l’imbrication des différents logements

Dans le concept de la diversité et de la complexité, Jean Rénaudie intègre sa position de l’humanisme en architecture parce que d’après lui de cette manière se reflète la pluralité des hommes. Pour lui, l’architecture a «le rôle de satisfaire la diversité humaine » 23 et de faire visible cette diversité. Ainsi, il s’oppose à la standardisation des typologies qui proposent des solutions universelles, aptes à convenir à tous les habitants. «Tant qu’il n’y a pas d’homme type, l’architecture n’a pas le droit de faire un logement type »24

- Le rejet de la juxtaposition architecturale Ayant ces réflexions et ces convictions l’architecte rejet la typologie de la composition architecturale comme une juxtaposition successive des cellules au sein du bâtiment à la manière qu’il est conçu dans les grands ensembles typiques pour le mouvement Moderne. Pour lui, l’individualité de l’habitant disparait quand il y a une organisation des cellules à la manière d’un gâteau d’abeilles. C’est pour cela qu’il est à la recherche d’une combinatoire des formes diverses qui reflètent « la pluralité des hommes »25. L’architecte est encore plus radicale dans ses pensées. Il considère que le rôle du concepteur c’est d’imaginer des espaces diversifiés pour que chaque habitant puisse les approprier de la manière qui lui convient. L’architecture devient, donc, comme un support pour exprimer l’individualité des individus. Im (22) Photo de la Cité Radieuse de Le Corbusier, comme exemple d’une juxtaposition architecturale de cellule d’habitation

21

RENAUDIE, Jean. La logique de la complexité. Edité par Patrice Goulet et Nina Schuch. Paris : IFA, 1992, p16

23

PASSANT, Raymond. Banlieue de banlieue, Paris : Ramsay, 1986, p309 Op.cit_ p.309 25 RENAUDIE, Jean. La logique de la complexité. Edité par Patrice Goulet et Nina Schuch. Paris : IFA, 1992, p16 24

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- Le rejet de l’angle droit La complexité spatiale pour laquelle revendique Jean Renaudie se renforce encore plus par son choix d’abandonner complètement l’angle droit dans son projet. Il considère que l’effet spatial que ce dernier provoque est plus intéressant et donne plus de possibilités. La vue en diagonale qu’on obtient prolonge visuellement la perception de l’espace et provoque des sensations « d’ampleur, de profondeur et donne l’illusion d’une surface plus grande de l’habitation»26 (voir les modélisations 3D à côté .

- «La dimension cachée » dans la complexité Im (23) Perspective1 à l’intérieur du logement

Im (24) Plan du logement avec des cônes de vision

Dans la conception spatiale de son projet, Jean Renaudie n’oublie pas du tout le facteur le plus important pour la bonne architecture et c’est le ressenti de l’habitant. Pour lui, «la dimension crashée »27 d’un espace architecturé est très importante et cela conditionne le confort de l’individu. Il considère que la réalisation des formes non-conventionnelles qui ne sont pas indifférentes « entrainent le ravissement et génèrent du bienêtre »28 (Ibid., p.28). Pour lui, un beau logement n’est pas forcement un grand logement. Ce qui donne de qualité architecturale c’est bien la qualité des formes, de la lumière mais aussi « l’innovation et la rupture des modèles préétablis»29. Pour lui, il est important de donner la perception à l’habitant qu’il se trouve au sein d’un espace architecturé, pensé et imaginé et non dans une simple construction. Pour lui donner cette impression il travaille de manière subtile sur la lumière, le paysage et la qualité de l’espace. L’architecte a la volonté que ses habitations raniment la sensibilité et l’imaginaire des usagers. Ces réflexions de J. Renaudie sont assez intrigantes car elles rompent avec le concept traditionnel du logement et de l’architecture comme tout. Il serait, donc, assez intéressant de voir quelle est la perception des habitants par rapport à ses réflexions et à la volumétrie finalement construite. L’architecte n’est pas pourtant complètement utopique dans ses idées. Il pense également à la construction de ses concepts et il affirme que : « la diversité n’implique pas forcément des difficultés de réalisation»30. Comme nous pouvons le voir à Givors les intentions malgré qu’assez imaginaires s’appliquent pourtant en réalité.

Im (25) Pers.2 à l’intérieur du logement 26

Op.cit _p.34 Terme, introduit par Edward Hall dans son livre du même nom 28 RENAUDIE, Jean. La logique de la complexité. Edité par Patrice Goulet et Nina Schuch. Paris : IFA, 1992, p28 29 Op.cit_p.28 30 Op.cit_p.79 27

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- La nouvelle façon de penser le logement Les concepts de Jean Rénaudie, développés jusqu’à maintenant se reflètent aussi sur une échelle plus petite du projet, autrement dit, dans la composition du logement lui-même. Pour l’élaboration de l’ensemble d’habitation il a l’ambition de proposer des formes d’organisation sociale de demain ainsi que des nouvelles pratiques et formes d’appropriation sociale de l’espace habité. C’est pourquoi il projette un habitat qui doit être capable à regrouper une diversité de groupes sociaux. Pour le réaliser il dessine des formes innovantes, aptes à amener à nouvelles pratiques mais sans négliger les besoins primordiaux de l’habitat. La nouvelle façon de penser le logement se traduit en trois échelles. Premièrement, cela concerne les modes de vie au sein du foyer. Après, il s’agit de repenser comment l’habitation communique pas seulement avec le reste de l’ensemble de l’immeuble, mais aussi avec le milieu urbain alentour, avec les services et les équipements de chaque jour. _ Le séjour Comme nous l’avons déjà vu, Jean Rénaudie joue sur la diversité dans le logement. Il le fait pour inciter la vie commune des futurs habitants et parce qu’il se rend compte qu’il n’existe pas de familles-type et il n’est pas possible, donc, de proposer de logement-type. L’architecture a besoin d’être transformable pour répondre aux différences. Ayant ces intentions, J. Renaudie imagine pour ses habitations des vastes parties communes, composées de volumes désarticulés pour permettre des occupations différenciées. Il est dirigé par l’idée de permettre une « évolution des modes de vie « et ne pas forcer un mode d’habiter préétabli par une « distribution stricte des espaces »31. Pour le faire, il dessine des espaces non clairement définis, avec des angles aigus, en dégageant ainsi des « coins semi-ouverts » qui vont avoir l’usage, que la famille décide à y appliquer. L’architecte partage à ce propos que : « La partie commune est traitée de façon plus large que dans les modèles consacrés. Il y a davantage de fluidité en ce qui concerne l’organisation de l’espace intérieur, ce qui a une certaine influence sur les comportements familiaux. […] L’évolution de la famille vers une plus grande ouverture et une liberté accrue des rapports parents-enfants, que nous constatons déjà et qui va, me semble-t-il, en s’accentuant, ne peut s’accommoder de limites trop contraignantes en termes d’espace. De plus, la souplesse des limites et la quantité d’espace mise à la disposition des habitants répondent au souci de ne pas trop enfermer l’avenir dans des structures jugées acceptables aujourd’hui, mais qui risquent de se trouver très vite dépassées »32 Im (26) Schéma de l’organisation des différents coins distincts au sein du séjour spacieux 31 32

Op. cit. p.32 Op. cit. p 100-101

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_ La cuisine Afin d’assurer une diversité d’organisation de l’habitation il change le concept de la séparation traditionnelle des espaces jour/nuit. D’après l’architecte une telle division « tend à limiter les familles à un comportement unique »33 . Il repense également la place de la cuisine qui selon lui ne doit pas être définie d’après les normes du fonctionnement préétablies mais doit être positionnée en fonction de la logique d’organisation de l’ensemble du logement. _ Les chambres

Im (27) Schéma avec l’espace de la cuisine en rouge

En ce qui concerne les espaces de nuit, ils sont contrairement aux espaces de jour – restreints et réduits à la simple fonction du sommeil. Cela concerne également les chambres des enfants. Il est intéressant que l’architecte décide de ne pas laisser de place à jouer pour les petits dans leur propre chambre. Au lieu d’y être isolés, il souhaite les laisser libres pour qu’ils choisissent leur endroit préféré dans la partie commune où s’amuser avec le reste de la famille. A propos des enfants Jean Renaudie développe : « Ils n’ont pas de problème au niveau de l’utilisation des espaces, et si on les laisse libres d’aller où ils veulent, c’est toujours vers le meilleur endroit qu’ils se précipiteront. Ce type d’organisation qui reste un peu un sujet de découverte quand on entre dans ces appartements, ces plans « désarticulés », font que les enfants participent beaucoup plus à la vie familiale que dans un logement traditionnel où ils s’enferment assez facilement dans leur chambres, ou parce qu’on les y enferme »34 _Le rapport intérieur-extérieur (les ouvertures et les terrasses extérieures)

Im (28) Schéma avec l’espace des chambres en rouge et celui des terrasses extérieures en vert

Les ouvertures et le rapport intérieur-extérieur dans les logements est également une question bien réfléchie par J. Renaudie. Pour assurer une bonne qualité de lumière mais aussi afin de prolonger visuellement et d’offrir des vues à l’intérieur des appartements, il dessine des larges baies vitrées. Appart cela, pour l’architecte la transition entre l’intérieur et l’extérieur est vraiment importante et c’est pour cela qu’il conçoit, comme un interstice, au moins une terrasse extérieure pour chaque appartement qui ainsi le prolonge. Ces espaces extérieurs représentent en plus des vrais jardins suspendus grâce au système d’étanchéité et à la couche de terre de 40 cm. ce qui permet aux habitants à y pousser des végétaux ou des fleurs. L’architecte a cherché à donner ainsi l’impression aux futurs habitants qu’ils aient des maisons individuelles au centre ville. Mais appart cela J. Renaudie considère que de cette manière les terrasses « pénètrent visuellement dans le volume intérieur »35, offrant des vues sur la verdure et de cette manière la nature entre à l’intérieur. De même, l’espace extérieur représente une surface de plus pour l’habitation qui peut être investie par des nombreux usages.

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RENAUDIE, Jean. « Faire parler ce qui jusque-là s’est tu ». Techniques et Architecture, n°312, décembre 1976, p78 RENAUDIE, Jean. La logique de la complexité. Paris : IFA, Patrice Goulet et Nina Schuch (éd.), 1992, p15 35 GAILHOUSTET, Renée. Eloge du logement. Paris : Sodedat 93, Massimo Riposati Editeur, 1993, p49. 34

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Les relations sociales et la vie en communauté

Im (29) Photo des terrasses couvertes en verdure

Pour la conception de l’ensemble des « Etoiles » J. Renaudie porte une grande attention aussi sur les relations sociales qui se constituent dans le bâtiment et sur le rapport entre l’individu et le collectif. En intégrant un mélange des services et des équipements du quotidien, il renforce forcement les conditions de sociabilisassions au sein de l’ensemble. Pourtant, il les pense toujours en fonction du reste de la ville car il n’est pas d’accord avec le concept des « unités de voisinage ». Selon lui celles-ci ne favorisent pas l’ouverture sur l’extérieur (sur le reste de la ville), puisqu’elles intègrent presque tous les fonctions nécessaires et sont donc autosuffisantes. C’est justement ce que l’architecte veut éviter. Pour lui, il est important de constituer des liens entre le bâtiment et le milieu urbain. L’architecte veut garder le rapport social entre l’ensemble d’habitations et la ville également dans l’échelle plus petite entre le logement individuel et le reste de l’immeuble, en réfléchissant aux conditions de vie en communauté et aux effets de la cohabitation sociale. Pour le faire il marie surtout sur les espaces communs, fréquentés chaque jour par les résidents.

Im (30) Croquis représentant les rencontres visuelles entre les habitants

Im (31) Photo du chemin piétonnier passant sous quelques logements 36 37

Dans cette catégorie d’espaces l’architecte comprend aussi les terrasses-jardin, dont chaque logement dispose. Cela est un élément très important de son projet. Les prolongations extérieurs de chaque foyer représentent en effet une frontière entre l’individuel et public mais cette limite n’est par clairement définie – grâce à l’abondance de la verdure elle devient même confuse avec le reste de l’ensemble. Ce brouillage des limites est complètement délibéré de part de l’architecte car pour lui : « La notion d’espace privé ou public peut prendre un autre sens que celui de l’opposition où elle maintenue par des considérations économiques, sociales, politiques et idéologiques » 36. Il imagine les terrasses comme des lieux de voisinage et de contact. (voir le croquis à gauche) Avec cette volonté il les dessine surplombantes les unes aux autres. Ainsi ces espaces deviennent des espaces de transition entre privé et public, des espaces extérieurs de la vie familiale mais aussi des ouvertures vers la vie publique. Un autre espace qui conditionne la sociabilité au sein de l’ensemble représente les passages piétonniers qui circulent à l’extérieur ou l’intérieur, partout dans l’ensemble d’habitation. (photo en bas à gauche) J. Rénaudie reprend comme référence le concept de l’organisation des anciennes maisons et il a dessiné des passages piétonniers publics afin de multiplier l’occasion d’échanges et de rencontre. Les cheminements circulent d’un escalier à un autre, passent par une petite placette ou autre, après ils « traboulent »37 sous quelques logements pour finalement amener le piéton même sur le sommet des logements. Il est vrai, que ces passages sont difficilement repérables mais c’est dans l’esprit de

Interview de Jean Renaudie. AMC, n°45, 1978, p77 Terme introduit par les gens de Lyon qui signifie le passage couvert d’une cour intérieure d’un immeuble à un autre.

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Renaudie : de jouer avec la complexité et de questionner les limites entre public et privé afin d’inciter les rencontres. Après cette analyse détaillée du projet, nous pouvons déjà saisir plus « facilement » le sens de la « logique de sa complexité ». Nous pouvons comprendre la manière de Rénaudie d’envisager le logement et quelle place importante dans ses préoccupations prend le bienêtre de l’individu. Les réflexions de l’architecte pour l’ensemble d’habitations tournent principalement autour les questions de la vie urbaine, la vie collective, familiale et personnelle. Donc, nous pouvons caractériser le travail du concepteur comme un projet social étant donné aussi la diversité des groupes sociaux qu’il cherche à y installer. Dans tous ses concepts déjà développés J. Rénaudie porte une grande attention sur le confort et sur la sensibilité de l’individu. Mais ses intentions sont-elles reçues par les usagers de la manière elles sont pensées être ? C’est à cette question que je vais essayer répondre dans la suite du rapport en Im (32) Photo depuis la rue

s’appuyant sur ce que les habitants ont partagé quand je les ai interviewés.

III Perceptions et commentaires des habitants de la Cité des Etoiles?

Im (33) Photo le sommet de la colline

Apres avoir rencontré et interviewé les habitants je vais présenter dans cette partie du rapport un récapitulatif de leurs impressions. En thermes de méthode employée : la façon dont j’ai questionné les habitants c’était par des entretiens oraux que j’essayais faire les plus naturels que possible. Pourtant, au tout début de chaque interview je devais me présenter et expliquer brièvement que je faisais une recherche sur le bâtiment de Renaudie. En total, j’ai pu faire 15 interviews, dont la majorité était effectuée avec les habitants de l’immeuble. J’ai parlé également avec des personnes qui travaillaient dans différentes parties des zones d’activités des bâtiments de Renaudie, comme par exemple la médiatique, l’office du tourisme ou bien la brasserie qui se trouve d’ailleurs juste en face du site de Renaudie (voir en annexe le tableau récapitulatif des interviewés). La majorité des interviewés discutaient volontiers avec moi et répondaient en détails à mes questions. Afin de donner une image plus globale des impressions des habitants je vais me permettre de faire référence également à l'ouvrage («Faire comme à Givors» Jean-François Augoyard_ed.1983_equipe de sociologie urbaine) et sur quelques articles de presse traitant la problématique du vécu des individus logés dans le bâtiment de Renaudie. Il est vrai que dans le livre la recherche menée par une équipe des sciences sociales de l’université de Grenoble s’appuie sur des donnés récupérées dans une période

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presque immédiate après la réalisation du projet (1979- 1981), mais ce qui m’intéresse dans le rapport sont les impressions globales des individus, plutôt que la date à laquelle elles sont rapportées. C’est pour cela que je me permets à se référer à ces donnés. Et encore plus, il s’agit d’un travail scientifique fait par une équipe universitaire et donc les résultats obtenus doivent être assez aboutis et plausibles et avec lesquels je pourrai compléter ma recherche. Dans la présentation des impressions des habitants je vais essayer de suivre le plan déjà utilisé dans la première partie de mon rapport dans laquelle j’introduis les intentions architecturales de Renaudie. Autrement dit, dans un premier temps je vais m’intéresser de la vision des individus par rapport au positionnement du projet de Renaudie dans son site. Dans un deuxième temps je vais révéler leurs points de vu en ce qui concerne l’importance et le rôle des espaces publics et la particularité de la forme architecturale et ensuite je traiterai leur perception par rapport au thème de la sociabilisation qui est en soi un fil conducteur du projet.

- La cité des Etoiles et la ville /Proximité et multifonctionnalité/

Im (34) Photo depuis la Place Barbusse

Les habitants apprécient bien la multifonctionnalité des fonctions qui s’intègrent au sein de l’ensemble construit. « Oui, oui c’est bien, on a tous ici. On a une bibliothèque, un cabinet de médecin et la banque n’est pas loin non plus. « - partage une dame d’environ 40 ans, habitant dans la Cité depuis 12 ans (voir tableau en annexe – personne7). Il s’avère que les individus approuvent bien les intentions de l’architecte de ne pas chercher une répartition des activités en différentes zones mais au contraire - leur hybridation. En même temps le fait que l’ensemble de bâtiment est au plein centre de la ville n’est pas à négliger. «On est au centre ville mais pourtant on trouve de la tranquillité ici.» dit un homme habitant dans la Cité depuis 15 ans. (Voir tableau en annexe – personne6) Justement aux questions par rapport à la nuisance sonore provoquée par la fréquentation des zones d’activité (le théâtre, la crèche) les interviewés répondaient plutôt unanimement qu’ils n’en se trouvent pas gênés. Certains habitants – plus particulièrement ceux qui habitent dans le bâtiment avec la crèche au rez-de-chaussée, partagent que des fois quand il y a des activités en groupe, organisées en dehors de la crèche ils entendent bien les rires et les cris des petits. Mais appart ces moments ils ne se trouvent pas gênés par l’établissement pour les enfants.

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- La mixité sociale au sein de la Cité des Etoiles:

Im (35) Photo2 depuis la Place Barbusse

Conçue pour répondre aux besoins locatifs des gens en situation financière embarrassante la Cité des Etoile est habitée effectivement par des personnes représentantes des groupes sociaux et ethniques différentes. A cette affirmation ont mené aussi les interviews que j’ai pu effectués. Les habitants qui représentaient l’échantillon de mon sondage étaient relativement différents – d’âge et de nationalité différents. J’ai pu interviewer des algériens mais aussi des français. L’âge relatif que j’ai pu attribuer aux habitants interviewés variait de 25 jusqu’à 70ans et leur professions variaient entre ouvriers/ techniciens/ instituteurs ou retraités. Du plus, lors de mes visites de l’Ensemble de Rénaudie j’ai pu me persuadée visuellement de cette mixité sociale. Il y avait des habitants précipités, notamment des mères avec des enfants ou d’autres individus en âge active. Mais en même temps j’observais aussi des habitants en âge avancé, chargés avec leurs sacs marchand ou des bandes d’adolescents visiblement pas d’origine française, qui se groupait dans des coins dans les passages piétonniers et qui bavardaient en haute voix. En ce qui concerne le point de vue des habitants, par rapport à cette mixité sociale au sein de la Cité, ils l’apprécient. Par contre, lors des interviews la majorité des habitants a avoué de ne pas s’en rendre compte dans le quotidien. En même temps ce que la plupart des interviewés évoquent comme problème récurrent, ce sont les troubles que les jeunes parfois provoquent. Cette constatation est partagée aussi par l’équipe de sociologie urbaine dans le livre «Faire comme à Givors » : « La prédominance d’enfants d’origine maghrébine est souvent soulignée avec les conséquences d’abstentions spatiales qu’on lui attribue : « Mes gosses n’y jouent pas, dit une mère de famille. Il y a trop d’histoires avec les Algériens. »38 Nous pouvons en déduire donc, que la mixité sociale prévue lors de la conception du projet, reste encore présente est relativement bien reçue par les habitants, sauf dans certains cas comme nous l’avons vu en haut.

38

Faire comme à Givors_ Jean-Francois Augoyard_ 1983 _p.30

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- La perception des espaces publics _Les places publiques : Les espaces communs à tous les habitants occupent une place importante dans la conception de Renaudie ayant comme intensions de les organiser de telle manière qu’ils puissent inciter les rencontres et les échanges entre les voisins. Par contre, en réalité pour beaucoup d’habitants il s’agit plutôt de lieux de passage qui « manquent d’ombre l’été et sont trop ventés en hiver », comme il est développé par Jean-François Augoyard39. En plus, le choix du matériel minéral comme couvrement du sol provoque une forte réverbération sonore et représente une forte nuisance pour les habitants qui habitent dans une proximité immédiate : « Dès que des gosses jouent au ballon, il y a un bruit infernal » (Homme, d’environ 70 ans, retraité), « Avec tout de béton, c’est vraiment le lieu idéal pour les jeux de foot, mais c’est tout. » (Homme, d’environ45 ans, habitant depuis 13 ans) Im (36) Photo d’une place intérieure

« On est vraiment à côté de la Place mais on ne peut pas s’asseoir dehors. Il y a plein de gosses qui crient tout le temps, arabes surtout, et qui crient jusqu’à dix ou onze heurs le soir. » ; « Ce sont surtout les gosses qui l’utilisent, on ne voit pas les gens venir s’asseoir Place du Coteau. » 40 _Les passages piétonniers : Les passages piétonniers qui circulent entre les différents bâtiments, très près des terrasses de logements jouent aussi un rôle important dans la conception du projet architectural. J. Renaudie les a dessiné exprès si proches aux espaces extérieurs des appartements, afin de conditionner des rencontres entre les voisins. Par contre, en réalité ce vis-à-vis direct qui s’ouvre depuis les chemins piétonnier vers les terrasses privées ne se trouve pas bien perçu par les habitants : « Ce n’est pas agréable quand en été on déjeune sur la terrasse par exemple et il y a des inconnus qui passent si proche qu’ils peuvent même voir ce qu’il y a dans mon assiette ! C’est pour ça qu’on a mis une sorte de clôture qui empêche que les passants nous regardent. Puis, c’est vrai que c’est pas très souvent qu’il y a des passants, surtout samedi ou dimanche mais bon…» - partage une femme en famille de trois enfants, en apparence de 45 ans, habitante depuis 18 ans. (Voir la photo en bas à gauche )

Im (37) Photo sur les clôtures opaques qui bordent les chemins piétonniers 39 40

En même temps, le vis-à-vis direct vers les terrasses représente un gène aussi pour les passants comme

(op.cit) p. 28 (op.cit_ p. 37)

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il est présenté par Jean-François Augoyard : «En montant l’escalier, j’ai été gêné d’avoir vue directe sur les habitants. D’ailleurs, notre terrasse à nous est mal orientée, on a un vis-à-vis direct et on sait que ce n’est pas très agréable. » ; « Pour prendre les escaliers (qui font partie de la circulation piétonnière qu’on observe) j’y vais avec ma gamine. Comme ca, si on me regarde, je parlerai avec elle. » 41 Je pourrais y ajouter également les impressions que j’ai eues quand j’ai visité le site et quand j’ai monté les passages piétonniers pour visiter le château au sommet de la colline. Effectivement, quand je montais le chemin piétonnier, j’avais l’impression de marcher dans une zone privée, propre aux habitants.

Réactions concernant la fonctionnalité et l’esthétique extérieure de l’ensemble construit : L’expression architecturale de la Cité des Etoile est assez forte et donc il est intéressant de voir comment les habitants perçoivent l’ensemble construit. D’après la plupart de leurs commentaires en fin de compte ils approuvent l’aspect extérieur de l’ensemble : « Ce n’est pas vilain, on aurait pu avoir bien pire » - dit un homme, en apparence de 50 ans, habitant à Givors depuis toujours « C’est beau, vu d’en haut » - partage une femme, de 40/45 ans, habitante depuis 12 ans

Im (38) Photo depuis la rue St. Gerland

41 42

« Oui, ça fait un peu peur à l’extérieur mais on prend l’habitude. » - révèle un ancien habitant de la Cité, en apparence de 50/55 ans « Beaucoup peut-être ont été choqués par cette architecture. On entend encore des gens dire sur le marché « Qu’est-ce c’’ est pointu ! Qu’est-ce que c’est pointu quand même ! » Nous on aime bien. On s’y fiat. Ça a de l’allure, même ! » 42 L’intension générale de l’architecte qui justifie la superposition des appartements en terrasses est d’inscrire de cette manière son projet comme une continuation naturelle de la colline sur le sommet où se trouve le château. Effectivement cette volonté architecturale se trouve perceptible aussi pour les habitants et ils l’approuvent bien. La dame qui travaillait dans l’office de tourisme de Givors tenait à m’expliquer que : « l’architecte a voulu recréer la colline et ce qu’il a obtenu c’est plutôt pas mal. Surtout en été avec toute la végétation sur les balcons, on a l’impression que la colline descend jusqu’à la Mairie.»

(op.cit_ p. 42) (op.cit_p.78)

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- Critique par rapport à l’orientation : L’ambition de l’architecte d’organiser les appartements qui suivent les pentes de la colline selon un principe de terrassement, se trouve plutôt bien appréciée par les habitants surtout parce que cela leur permet d’avoir des vues vastes sur les paysages lointains. Par contre, ce que plusieurs interviewés ont révélé c’est que les appartements qui sont au Nord et qui sont intégrés partiellement dans le rocher sont assez humides et froides. (voir la photo à gauche) «Et c’est pas bon pour la santé. Ils arrivent vite les maux au dos ou les problèmes avec les reins. « - dit l’ancien habitant de la Cité qui y habitait depuis la réalisation du projet mais qui s’est déménagé il y a 9 ans. Im (39) Photo depuis le chemin piétonnier sur la façade humide du bâtiment, cotée nord

- Perceptions des logements: L’un des aspects les plus remarquables dans le projet de Renaudie représente l’espace intérieur et l’organisation spatiale au sein des logements. Alors, comment est-ce que les habitants les trouvent ? En plan général/ De manière générale les habitants trouvent une différence dans le mode d’habiter qui se trouve conditionné par l’architecture particulière de l’espace mais ils le trouvent « plutôt pas mal. » Dans le livre « Faire comme à Givors » nous pouvons trouver l’exclamation d’une femme sur son propre habitat : « Ah, ça change tout ! On ne vit pas vraiment de la même manière qu’avant. C’est plus en long. Il n’y a pas vraiment d’entrée. C’est le séjour-circulation quoi ! Mais en définitive c’est sympathique. » 43 Une autre habitante partage que : « Les enfants ont choisi les pièces triangulaires tout de suite, même celle qui a peur alors que sa chambre est la plus loin. » ; « Ça fait du chemin pour aller engueuler les gosses quand ils font les clowns le soir ! »44

Im (40) Photo de l’intérieur d’un logement

43 44

Lors du sondage en ce qui concerne la perception générale et la fonctionnalité des logements un ancien habitant pense que « A l’extérieur c’est vrai que ça fait un peu peur mais à l’intérieur c’est plutôt pas mal. » Un autre habitant interviewé, en apparence de 65/70 ans ajoute «C’est très agréable. » (Voir tableau en annexe-personne 10) En effet, il m’a expliqué qu’il avait loué à l’époque un appartement dans la Cité, après il s’est déménagé mais il y a un an, il s’est acheté un logement propre à lui dans l’Ensemble de Renaudie. Ce fait, en soi, révèle que l’habitant se sent satisfait de son habitat.

(op.cit_p.86) (op.cit_p.86)

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L’une des particularités des logements de Renaudie c’est que la surface du séjour est exagérée au profit des chambres et de la cuisine qui sont à leurs tours assez petites. Comme nous l’avons vu plus en détail dans la partie précédente du rapport, l’architecte conçoit l’espace de vie assez spacieux parce qu’il apporte une attention particulière sur la vie familiale et il voudrait favoriser les réunions de famille dans une même vaste salle. Afin d’assurer un multiple usage de cet espace, par contre, il le désarticule en sous-espaces par l’intermédiaire des formes trigonales. En ce qui concerne les autres pièces, il les restreint à leur stricte fonction de sommeil ou de préparation de repas. _La cuisine

Im (41) Photo de la cuisine

Plusieurs des habitants interviewés ont avoué qu’ils auraient aimé que la cuisine soit plus grande. Une femme de 40/45 ans, ayant trois enfant a partagé par exemple qu’elle ne comprenait pas pourquoi l’architecte n’avait pas ajouté à la cuisine une partie de l’énorme espace du salon pour qu’on puisse mettre une table à manger dans la cuisine. Elle complète : « c’est fait peut-être exprès pour qu’on ne mange pas dans la cuisine. Mais avec mes trois enfants, surtout quand ils étaient plus petits, ce n’était pas du tout pratiques. Ce n’était pas du tout pratique de porter des assiettes pleines de la cuisine au salon. Ça aurait été mieux si la cuisine était plus grande et comme ça le salon serait toujours propre et on pourrait facilement y recevoir des gens. » Autres interviewés, par contre, partagent que « petit à petit » ils prennent l’habitude que la cuisine est plus petite et ils en retirent même des avantages : « comme ça au moins il y a pas d’odeurs dans le salon. » - dit un habitant d’environ 35/40 ans qui y habite depuis 9 ans. En effet, comme le révèlent les extraits des interviews dans le livre « Faire comme à Givors », ce sont effectivement les coins du séjour proches à la cuisine, qui sont aménagés comme des coins de repas. Il est encore développé que souvent la première chose que les nouveaux habitants transforment dans leur logement c’est la cuisine : « Il était absolument nécessaire de transformer la cuisine et d’y ajouter un coin de repas parce qu’on avait trois petits. » 45 _Les chambres Les avis des habitants se rejoignent aussi sur la question de la surface des chambres. Ils les trouvent tous pas suffisamment grandes et cela représente une contrainte plus particulière plutôt pour les familles ayant des enfants. Contrairement à l’ambition de Renaudie de regrouper toutes les activités de la vie familiale au sein du séjour, les habitants ont envie dans certain cas de s’isoler. Une habitante interviewée, mère des 3 enfants a partagé qu’ils étaient élèves, ils avaient de mal à s’approprier chacun un coin isolé pour étudier et faire leurs devoirs.

Im (42) Photo de la petite chambre

45

(op.cit_p.88)

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_Les séjours

Im (43) Photo du séjour

En ce qui concerne la pièce de vie, comme on pourrait le supposer les habitants apprécient bien le salon spacieux. Ils trouvent que l’espace vaste dans le séjour est l’une des qualités premières des appartements. Du plus les extraits des interviews dans le livre « Faire comme à Givors » témoignent que les habitants arrivent à organiser et adapter l’espace dans la pièce de vie de la manière qui leur convient. « Ce que je trouve comme bien c’est que le salon soit si grand et on peut y aménager plusieurs petits coins, quoi. » « Dans mon appartement j’ai plusieurs fois organisé différemment les meubles, par ce que c’est possible, l’espace le permet. » 46 De plus, lors du sondage une habitante m’a expliqué qu’avant pendant une période donnée son mari travaillait à la maison et donc ils ont dû aménager un coin de travail dans le salon. Nous pouvons ainsi constater que l’intention de Renaudie d’offrir une adaptabilité d’après les besoins évolutifs des habitants, en réalité trouve de l’application. Un autre avantage pour le séjour selon les habitants ce sont les grandes baies vitrées et la quantité de lumière qui pénètre dans la pièce de vie. _Ameublement Les espaces intérieurs des logements qui prennent des formes irrégulières paraissent en premier regard être très difficilement aménageables, mais d’après ce qui nous renseignent les habitants interviewés ce n’est pas toujours le cas : « Ah, j’ai cru que je ne pourrais jamais déménager avec ma salle à manger ! Et bien, en définitive elle ressort mieux » - dame d’environ 35/40 ans, non-employée, habitante depuis 10 ans « Oui, pour meubles, c’est vrai que ce n’était pas évident mais au final on s’est débrouillé. Certains meubles on les a montés par l’extérieur parce que les couloirs sont des fois très étroites. » - homme, retraité, habitant récemment déménagé mais qui a habité la Cité des Etoiles aussi avant Par contre, ce qui les habitant ont parfois évoqué comme un désavantage c’est que des fois il y reste de petits coins et de petits espaces non-utilisés puisqu’ils s’avèrent être trop petits à être aménagés. Pour eux cela représente une perte d’espace.

Im (44) Photo2 d’un séjour avec l’aménagement des différents coins avec différents usages 46

(op.cit_p90)

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_Terrasses extérieures Appart les salons spacieux une autre partie des logements de Renaudie qui est assez réussie d’après les habitants, ce sont les terrasses extérieures qui prolongent chaque appartement. Les habitants apprécient bien le fait de se trouver au centre ville et d’avoir en même temps un jardin planté privé sur lequel on peut avoir des cultures potagères ou d’agrément : « Voyez le séjour, les grandes baies s’ouvrent sur la terrasse, sur votre « jardin ». Imaginez la joie de planter, de surveiller votre arbre.» « Les gens ont tout essayé : des carottes, des tomates, du persil, du thym, des fleurs. Même du maïs ! »47 Les habitants que j’ai pu rencontrés partagent aussi qu’ils sont impressionnés par les terrasses : « Surtout c’est les terrasses. Ils font tout ! » - explique l’habitant de 50/55 ans qui avait habité la Cité longtemps mais qui l’a quitté il y a 9 ans Im (45) Photo1 sur une terrasse extérieure

Im (46) Photo2 sur une terrasse extérieure

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Très souvent les usagers font du barbecue ou déjeunent sur les terrassent et ils disent que « C’est agréable ! » Les habitants révèlent que c’est justement le jardinage ou le petit repas qui devient en même temps une occasion de nouer des liens amicaux avec les voisins proches : « Souvent, surtout en été on se parle de terrasse à terrasse et on se donne des conseils pour le jardinage. « - m’explique une dame qui est habitante de l’immeuble depuis 20 ans. « Quand on fait une barbecue sur la terrasse, il y a souvent un ou deux voisins qui vont crier de leurs terrasses : « Ah, ça sent bon ! » Et donc, voila on a des relations amicales avec nos voisins. » - partage un habitant depuis 18 ans de la Cité, en apparence de 55/60 ans. Par contre, appart ces deux occasions de rencontre entre les voisins que je viens de présenter, les échanges entre les individus habitants près les uns à côté des autres sont rares. L’habitant retraité qui j’ai déjà mentionné m’a partagé : « des fois on se voit et on se dit bonjour, mais je pense que les terrasses sont un peu isolées les unes par rapport aux autres. J’imagine que c’est voulu. » En plus de cela, quand j’étais sur le site et quand j’ai fait le tour entre les différents appartements il n’est pas rare de voir des clôtures opaques ou végétalisées qui bordaient les terrasses extérieures et de cette manière le regard du piéton sur les jardins privés était bloqué. Alors pourrions-nous nous demander si les intentions de l’architecte d’inciter des échanges entre les habitants par la position des terrasses surplombantes les unes aux autres, se reflètent effectivement en réalité ?

(op.cit_p57)

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Conclusion Les points communs et de décalage entre les intentions de l’architecte et le vécu des habitants L’habitant et l’architecture Avec ce rapport nous avons pu voir les réflexions de Jean Renaudie et sa façon de penser l’architecture. En plus, nous avons pu faire la confrontation de ses intentions architecturales contenues dans son projet de la Cité des Etoiles à Givors avec les pratiques des habitants. Ainsi, avons-nous pu faire sortir comme phénomène social la problématique complexe d’habiter et les interactions entre espaces conçus et espaces vécus. Après avoir faite une recherche sur la manière dont les habitants de la Cité des Etoiles trouvent le projet, j’essayerai de résumer sur quels points leurs perceptions et pratiques coïncident avec les intensions architecturales intégrées dans la conception. Comme nous avons pu le constater dans la partie précédente, la volonté de J. Renaudie de chercher une multifonctionnalité et une mixité sociale dans son projet, se trouve bien reçue par les résidents. Par contre, le travail du concepteur sur les espaces publics comme des espaces de convivialité et de rencontres entre les voisins, en réalité ne sont pas perçus comme tels. Comme nous l’avons constaté, il n’est pas rare que les habitants cherchent à s’isoler car ces espaces communs perturbent parfois leur confort par des nuisances sonore ou par des regards non-voulus de part des piétons. Im (47) Photo depuis la Place Barbusse

Par contre, le travail de J. Renaudie sur la lumière, le rapport à la nature et sur l’aménagement des espaces spacieux est le plus souvent considéré par les habitants comme qualité incontestable des logements. Ils arrivent à trouver une multifonctionnalité du séjour en y aménageant plusieurs petits coins de la manière dont l’a pensée l’architecte. Toujours à l’unisson des intentions de l’architecte, les résidents d’un même foyer se regroupent tous dans la même pièce de vie, mais c’est parce qu’ils trouvent les autres comme petites. Ils auraient aimé, en effet, que les chambres et la cuisines soient plus grandes. La volonté du concepteur de prolonger chaque appartement avec au moins une terrasse extérieure, aménageable comme un vrai jardin se perçoit comme une vraie réussite du projet des Etoiles. En même temps, malgré le fait que l’architecte avait cherché une ouverture des terrasses toujours avec l’idée d’inciter les rencontres entre les voisins, les habitants cherchent, pourtant, d’y retrouver plus d’intimité.

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Nous pourrions en déduire, que le projet de Jean Renaudie est vécu dans la plus part des cas de la manière dont il est pensé. Et cela me permet de déduire que J. Renaudie essaye de développer des idées fortes qui paraissent même utopiques et pourtant il s’avère qu’elles sont généralement bien acceptées par le public, ce qui prouve la réussite de son projet. Par ailleurs, la Cité des Etoiles est depuis quelques années classée comme patrimoine du XXème siècle en Rhône-Alpes.

La lecture inconsciente de l’espace architecturé par les habitants Création et perception naïve. Faut-il intellectualiser l’architecture ? Par l’étude effectuée sur la Cité de Etoiles nous avons pu également voir comment dans la plupart des cas les habitants de manière inconsciente arrivent à appliquer les concepts réalisés par l’architecte et à habiter plus ou moins de la façon dont il l’avait pensée. Cette constatation me permet de trouver une analogie entre une œuvre architecturale et une œuvre de peinture. Les amateurs d’un tableau de Picasso, par exemple, ne sont pas toujours renseignés des idées artistiques incarnées dans l’œuvre. Pourtant ils arrivent à la comprendre, à l’interpréter d’une manière qui leur est propre. A mon sens, nous pourrions chercher une telle hypothèse aussi dans l’architecture.

Im (48) Photo de la maquette de la Cité des Etoile

Les habitants qui ne sont pas, dans la plupart des cas très renseignés dans l’architecture, ne cherchent pas à trouver les réflexions architecturales justifiant l’espace projeté. Quand il s’agit de donner des qualifications spatiales des espaces, les interviewés m’ont présentées des caractéristiques comme : « à l’intérieur c’est agréable. » ; « Plutôt pas mal » etc. Il s’agit des caractéristiques assez superficielles comme s’ils ne cherchaient pas à intellectualiser l’espace. Pourtant ils arrivent y habiter et lui attribuer des fonctions, comme il était projeté par l’architecte. Cela amène à la question que nous pourrions nous poser : Faut-il intellectualiser l’architecture ? Peut-on simplement approprier un espace et le rendre sien sans creuser forcement dans la logique de la conception ? Il serait intéressant donc, d’analyser et d’observer éventuellement dans une étude supplémentaire les moyens d’appropriation des habitants de l’espace dessiné par J. Renaudie. Comment cela diffère en fonction de l’âge des résidents et les formes particulières de l’architecture de la Cité des Etoiles provoquant l’imaginaire parmi les plus petits habitants?

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Bibliographie : 1/ PINSON Daniel, 1993, Usage et Architecture, édition Harmattan, 190 pages 2/ BONNIN Philippe, 2007, Architecture, espace pensé, espace vécu, édition Paris : recherches, 284 pages 3/ LEGER Jean- Michel, 2012, Usage, édition Paris de la Villette, 91 pages 4/ RENAUDIE, Jean, 1992 , La logique de la complexité, edition Paris IFA par Patrice Goulet et Nina Schuch. 315 pages 5/ AUGOYARD Jean – François, 1983 , Faire comme à Givors , naissance d’un nouveau quartier : formes d’appropriation et structuration de la vie quotidienne

dans le nouveau Vieux Givors, Ministère de l’Urbanisme et du Logement, recherche N :79.61240.00.223.7501, équipe de sociologie urbaine, palais de l’université – place Verdun, 94 pages 6/ GILLES Ragot , 2009 , Utopies réalisées : un autre regard sur l'architecture du XXe siècle, édition Paris : Somogy, 160 pages 7/ BRESSON Sabrina , 2010 , Du plan au vécu. Analyse sociologique des expérimentations de Le Corbusier et de Jean Renaudie pour l’habitat social, thèse de doctorat en Sociologie, Tours : Ecole Doctorale Science de l’Homme et de la Société, 451pages B/ VENDEUVNE Cécile , 2012, Architecture et Usage Usager et Architecture, rapport d’études de Licence en architecture , ENSAL, 28pages

Filmographie BEKA Films , Koolhaas Housewife

Iconographie : Image 1 – Cité des Etoiles, en vue d’oiseau, page de garde, source : http://www.magazine.grandlyon.com Image 2- Guggenheim muséum, Bilbao, page3 , source : http://bspoke.net/2012/03/15/guggenheim-museum-bilbao-spain/ : Image 3- image personnelle, page 3 Image 4- Habitat 67, Montréal, page 3 , source : http://projets-architecte-urbanisme.fr/habitat-67-architecture-et-avant-gardisme-par-mosheImage 5- image personnelle, page 4 Image 6 - Photo de la Cité des Etoiles, page 6 , source : http://rhone-alpes.france3.fr/info/focus--la-cite-des-etoiles-givors-70450249.html : Image 7- Photo du projet «Casanova » de Renaudie, Ivry-sur-Seine, page 7 source : http://movitcity.blog.lemonde.fr/2012/12/08/les-etoiles-de-jean-renaudie-a-givors/ :

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Image 8- Photo du centre commercial Jeanne Hachette, Ivry-sur-Seine, page 7 source : http://jmrenard.wordpress.com/2013/08/17/balade-architecturalea-ivry-sur-seine/ : Image 9- Photo aérienne de la ville de Givors, page 8, source : Google Maps Image 10- Photo du quartier ancien avant les travaux de rénovation du Vieux Givors, page8 source : http://yves.c.free.fr/chansons/vieux-givors.htm Image 11- Photo de la maquette du projet de Renaudie, page 9, source : http://rhone-alpes.france3.fr/info/focus--la-cite-des-etoiles-givors-70450249.html : Image 12- Dessin du projet de l’agence ETRA, page 9, source : http://koukou42.blogspot.fr/2013/06/la-cite-des-etoiles.html Image 13- Croquis du projet de Renaudie, page 10, source : Wilfried Laugero, année d’apparition inconnu, Etoiles de Givors Image 14- Croquis d’intentions du projet de Renaudie, page 10, source : Wilfried Laugero, année d’apparition inconnue , Etoiles de Givors Image 15- Plan d’un ensemble de trois logements avec une cage d’escalier au milieu, fond plan à partir d’une photo personnelle, page 11 Image 16 Modélisation 3D de l’ensemble de trois logements, page 11, source : Leclercq Shannon, Goudard Albin, Godet Rémi, Coulet Alexanne, Colomb Jessy, Ensemble des Etoiles de Givors, 2013, Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon Image 17- Plan schématique de la répartition des fonctions au RDC, page 12, schéma personnel sur fond plan de la source : Wilfried Laugero, année d’apparition inconnue, Etoiles de Givors Image 18- Schéma de répartition des différents appartements au sein d’un block, page 12, source : Leclercq Shannon, Goudard Albin, Godet Rémi, Coulet Alexanne, Colomb Jessy, Ensemble des Etoiles de Givors, 2013, Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon Image 19- Plan avec représentation schématique des chemins piétonniers, page 13, source : Wilfried Laugero, année d’apparition inconnue, Etoiles de Givors Image 20- Photo d’un chemin public piétonnier, page 13, source : photo personnelle Image 21- Schéma 3D, page 14, source : schéma personnel Image 22- Photo de la Citee Radieuse de Le Corbusier, page 14, source http://ombres-et-sentiments.forumactif.com/t4125-briey-la-cite-radieuse-lecorbusier Image 23- Perspective 1 à l’intérieur du logement, p,15, source : Leclercq Shannon, Goudard Albin, Godet Rémi, Coulet Alexanne, Colomb Jessy, Ensemble des Etoiles de Givors, 2013, Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon Image 25- Ibid. p.15 Image 24 – Plan di logement avec les cônes de vision, p.15, source : schéma personnel Image 26 – Schéma de l’organisation des différents coins d’espace au sein du séjour, p. 16,, source : schéma personnel Image 27 – Schéma de l’espace de la cuisine en rouge, p. 17, source : schéma personnel Image 28 – Schéma de l’espace des chambres et des terrasses, p. 17, source : schéma personnel Image 29 – Photo des terrasses couvertes en verdure, p.18, source : http://rhone-alpes.france3.fr/info/focus--la-cite-des-etoiles-givors-70450249.html : Image 30 – Croquis à la main, p.18, source : Leclercq Shannon, Goudard Albin, Godet Rémi, Coulet Alexanne, Colomb Jessy, Ensemble des Etoiles de Givors, 2013, Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon

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Image 31 – Photo du chemin piétonnier, p.18, source : http://www.utopies-realisees.com/fr/pages/5-sites/fiche-site/cite-etoiles,5.html : Image 32 – Photo depuis la rue, p. 19, source : photo personnelle Image 33 – Photo depuis le sommet de la colline, p. 19, source : photo personnelle Image 34– Photo 1 depuis la place Barbusse, p. 20, source : photo personnelle Image 35– Photo 2 depuis la place Barbusse, p. 21, source : http://www.gilleskuntz.fr/?p=2453 : Image 36– Photo d’une place intérieure, p. 22, source : photo personnelle Image 37– Photo sur un clôture opaque, p. 22, source : photo personnelle Image 38– Photo depuis la rue St. Gerland, p. 23, source : photo personnelle Image 39– Photo depuis un chemin piétonnier, p. 24, source : photo personnelle Image 40– Photo de l’intérieure, p . 24, source : http://journal-du-btp.com/2013/09/18/oeil-sur-larchitecture-des-etoiles-a-givors-imagine/ : Image 41– Photo de la cuisine, p . 25, source : http://www.en.lyon-france.com/Accommodation/Rental-Apartments/Un-olivier-dans-les-etoiles Image 42– Photo2 de , p . 25, source : http://www.en.lyon-france.com/Accommodation/Rental-Apartments/Un-olivier-dans-les-etoiles Image 43– Photo3 de , p . 26, source : http://projets-architecte-urbanisme.fr/utopie-realisee-parcours-architecture-lyon-corbusier/ : Image 44– Photo4 de , p . 26, source : http://www.en.lyon-france.com/Accommodation/Rental-Apartments/Un-olivier-dans-les-etoiles Image 45– Photo1 d’une terrasse extérieure de , p . 27, source : photo personnelle Image 46– Photo2 de , p . 27, source : http://www.en.lyon-france.com/Accommodation/Rental-Apartments/Un-olivier-dans-les-etoiles Image 45 et Image 46 p . 27 et p.28, source : photo personnelle

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ANNEXE Tableau récapitulatif des interviews effectuées Numéro de l’interviewé

Sexe

Age approximatif

Enfants

Profession

Période d’habitation

1

Femme

65 ans

retraitée

12 ans

2

Femme

25 ans

2 qui n’habitent plus avec elle non

Elle n’y habite pas

3 4

Homme Homme

45/50 ans 67/70 ans

5 6 7 8 9

Femme Homme Femme Homme Femme

45 ans 50 40/45 ans 50/55 ans 45 ans

2 3 qui n’habitent plus avec lui 3 / 2 3 /

Vendeuse dans la brasserie en face l’immeuble Commerçant Retraité

18 ans - propriétaire Propriétaire depuis toujours 12 ans-locataire Depuis 9 ans y n’habite plus ; avant locataire Elle n’y habite pas

10 11

Homme Femme

65/70 ans 30 ans

/ /

12 13 14 15

Homme Femme Femme Femme

35 ans 45 ans 70/75 ans 35/40

2 3 /

Vendeuse / Non-employée Employé administratif Employée dans l’’office du tourisme de Givors Retraité Employée dans le théâtre Ouvrier Institutrice Retraitée Non-employée

13 ans Depuis la construction avant en location, propriétaire au présent

Depuis toujours mais propriétaire au présent Elle utilise l’appartement de temps en temps 9 ans 17 ans Elle n’y habite pas 14 ans

Note : Pour les cases avec le symbole : « / » , je ne ‘ai pas d’information

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Résumé en français : Le rapport présenté ici a pour objectif d’étudier comment et jusqu’à où les intentions architecturales qui dirigent la conception architecturale se perçoivent par ses usagers. Pour le faire j’ai fait l’étude d’un projet expérimental et utopique qui est celui de la Cité des Etoiles à Givors, conçu par Jean Renaudie. Afin de comparer si les concepts architecturaux restent perceptibles pour les résidents , j’ai premièrement étudié les intentions qui dirigeaient la conception du projet et dans un deuxième temps j’ai exposé les témoignages des habitants, que j’ai révélés après les avoir interviewés. Par cette recherche j’ai eu l’ambition d’observer le rapport espace conçu, espace vécu et d’analyser la place de l’usager dans un projet architectural.

Mots clés : Espace conçu, espace vécu, habiter , logement sociaux, architecture expérimentale, modes de vie, conception architecturale, habitat , conception , perception

Résumé en anglais : The aim of the present report was to observe how the architectural concepts that guide an architectural project are received by its users. In order to observe it I made a research over the Jean Renaudie’s project in Givors, France – Cité des Etoiles and I studied firstly the concepts of the architect and I compared them afterwards with the resident’s impressions by the interviews that I made with them.

Keys words : Social housing, dwelling, architectural experiment, sociology, architectural concept, perception.

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