R03 Bioénergie international - janvier 2008

Page 1

BOIS-ENERGIE AGRO COMBUSTIBLES BIOGAZ BIO CARBURANTS

Numéro 3

Janvier 2008

Réhabilitation de décharges et biogaz

Dossier spécial Jatropha : opportunités pour lʼAfrique

Plaquettes forestières

Bioénergies au Canada

Prix des granulés de bois

Dossier : utilisation de l’huile de colza carburant

Biogaz : Jühnde, le village des bioénergies

2008, l’année où l’industrie des bioénergies se consolide

Statistiques des bioénergies en 2007

Un baril à 100 dollars, une conscience écologique désormais politiquement correcte et une menace climatique que personne n’oserait plus nier désormais, font que le secteur des bioénergies se consolide à très grands pas et à tous les niveaux de la société. De nombreux projets industriels sont maintenant aboutis, de grands opérateurs se sont lancés sur ce marché, les démarches de qualités sont lancées, et après un hiver atypiquement chaud l’an passé, le millésime 2008 rassemble tous les ingrédients d’une consolidation forte et durable. Sur le sujet des granulés biocombustibles, l’ITEBE fera le point de ce développement le 18 et 19 mars 2008 à Niort lors du pre-

mier Forum français des Granulés Biocombustibles. Cet événement sera l’occasion pour les milieux économiques et politiques de vérifier la véracité de la structuration de cette filière qui fut longtemps décriée par une série de faux arguments alors qu’elle porte à elle seule toutes les caractéristiques d’une énergie très propre, renouvelable, moderne, pratique et durable tant au niveau environnemental que social. L’avenir appartient à ceux qui prennent en compte les réalités naturelles et sociales, en plus des réalités économiques et qui regardent loin. Bonne année 2008 ! Frédéric DOUARD

6€


Marché BIOENERGIE INTERNATIONAL Numéro 3 Janvier 2008 ITEBE – BP 30149 28 boulevard Gambetta 39004 Lons-le-Saunier cedex - France Tél. +33 (0)384 47 81 00 Fax : +33 (0)384 47 81 19 info@bioenergieinternational.com www.bioenergieinternational.com Directeur de la publication : Pierre LOSTRIE

Rédacteur en chef : Frédéric DOUARD

Rédaction : Jeremy Hugues Dit Ciles

Rédaction : François Bornschein

Conception et réalisation : Imprimerie Mourier ZI Lons-le-Saunier Edité par ITEBE association loi 1901 APE 913E - ISSN en cours Prix: 6 euros

Page 2

Bioenergie International N°3, 01-2008 / www.bioenergieinternational.com


Sommaire 4 Biogaz • Bioénergies en Terre Sainte 6 Dossier HVP • Utilisation de lʼhuile de colza carburant

BIOENERGIE INTERNATIONAL Numéro 3 Décembre 2007 Didier Marchal CRA - ValBiom ASBL Correspondant Belgique

10 Afrique • Une région majeure pour les bioénergies • Quelles opportunités pour la sécurité énergétique ? 12 Un village biomasse • Une douche à lʼénergie de la ferme

Lamine Badji ITEBE Spécialiste Afrique

14 Granulés • Un objectif pour German Pellets Gmbh : devenir le numéro 1 mondial 16 Canada • Les opportunités pour les bioénergies

Julien Besson Marketing

17 Granulés bois • Les recettes du succès 18 Dossier plaquettes • Le biot • Camion à plaquettes • Bioforêt : le credo de la qualité • Kotimaiset Energiat Lahti • Déchets élagage Bavière • Plaquettes pour granulés • Fonds vibrants • Cogénération Kawasaki 27 Briquettes • Briquettes de Miscantus 28 Energies renouvelables • Comment atteindre les nouveaux objectifs de lʼUE ? 29 Observatoire 30 Belgique • Conclusions du forum 4es rencontre biomasse

Lennart Ljungblom

Bioenergie International est édité avec l’accord de Bioenergi Förlags Befab AB/Bioenergy International, Kungsholmsgatan 10, SE 112 27 Stockholm). Bioenergy International est disponible en ligne sur www.bioenergyinternational.com Son rédacteur en chef, Lennart Ljunblom est joignable par email : lennart.ljungblom@novator.se

Photographie de couverture : Hangar Bioforêt - Photo ITEBE

Bioenergie International N°3, 01-2008 / www.bioenergieinternational.com

Page 3


Déchet Une plateforme de ressources pour les bioénergies en Afrique

L

a plupart des PME en Afrique et dans les pays en développement qui ont des besoins en énergie ont beaucoup à gagner en regardant de près les potentialités de la biomasse.

Réhabilitation de décharges et biogaz

Bioénergies en Terre Sainte

Dans les secteurs de la transformation du bois (scieries et menuiseries), des huileries et de l’agroalimentaire (poissons, fruits et légumes), les patrons des PME sont demandeurs de nouvelles technologies d’utilisation de biomasse dans la production de l’énergie. Le programme ENEFIBIO a permis la mise en place de cette plateforme d’information professionnelle ouverte à tous. Cette plateforme est libre d’accès (en consultation) après s’être inscrit depuis le site de l’ITEBE www.itebe.org. Les adhérents de l’ITEBE peuvent y accéder depuis l’espace adhérent (avec le login et mot de passe qui leur a été attribué lors de l’adhésion). En cas d’oubli ou de perte du mot de passe, celui-ci peut automatiquement être récupéré à l’aide du lien ‘Mot de passe perdu’ en fournissant l’adresse email qui a servi lors de l’inscription.

FBO

Page 4

Le grand bassin de dissolution et séparation de chez Arrow

A

u cours des dernières années le secteur israélien de l’énergie a développé des technologies innovantes dans un spectre de domaines incluant la bioconversion. De nombreuses sociétés écologiques israéliennes sont des leaders en bioconversion. La méthode Arrowbio est complètement industrialisée depuis 2003. Arrowbio Waste Management Technologies n’a pas commencé son activité comme une société de développement des énergies renouvelables, et n’en n’est techniquement toujours pas une. Cependant l’unité de traitement des déchets située à la sortie de Tel-Aviv dispose d’une capacité de production d’un mégawatt électrique, et d’autres sites à travers le monde sont à l’étude pour porter cette puissance disponible

entre 7.5 et 9 MWé. La centrale du site d’Arrowbio est alimentée par du biogaz, ce gaz riche à base de méthane qui est produit lors de la décomposition des matières organiques. Environ 25% de l’électricité est auto-consommée par les machines sur le site. Les 75% restants sont injectés dans le réseau électrique national et la Israël Electric Corporation la rachète. « Bien entendu, un mégawatt d’électricité renouvelable ne fait pas la différence en Israël où le pic de demande a dépassé 9 700 MWé cet été » mentionne Israël Electric Corporation. Mais avec la croissance des prix du pétrole et des intérêts pour la protection de l’environnement, Israël, comme les autres pays, soutient les projets de développement des énergies renouvelables. »

Les voyageurs qui empruntent l’autoroute entre Jérusalem et Tel-Aviv ne peuvent pas ne pas voir les deux buttes de terres de 50 mètres de haut le long de la route.

Il

s’agit

des

restes

de

l’ancien

site

d’enfouissement technique israélien. Quelques centaines de mètres après ces collines de déchets se trouve Arrowecology, une société qui traite les déchets ménagers grâce à sa technologie moderne Arrowbio et en recycle 90%. En utilisant des techniques hydromécaniques et biologiques, les déchets sont triés et d’importantes quantités de méthane sont produites. L’un des leitmotivs d’Arrow est de boucler la boucle. Yair Zadik, directeur général, explique que cela consiste à réutiliser le plus de déchets possible. Au moins 75% des 100 tonnes qui rentrent dans l’unité chaque jour sont recyclées sous forme de biogaz et sous forme d’amendement agricole. « La société a commencé en 1975 sous le nom de Arrow

Ecology Ltd., une entreprise spécialisée dans le traitement des liquides contaminés comme ceux provenant des raffineries. En 1996, Arrow a développé un procédé breveté dont elle se sert aujourd’hui pour trier et traiter les déchets en ajoutant de l’eau » dit Zadik. Comme l’explique Ori Boulogne, les déchets non triés

Bioenergie International N°3, 01-2008 / www.bioenergieinternational.com


Biogaz

Le biogaz est stocké dans des réservoirs gonflables. Il peut être vendu comme source dʼénergie renouvelable pour les transports ou les centrales thermiques, polluant ainsi beaucoup moins que les énergies fossiles.

Quelques centaines de mètres après ces collines artificielles, Arrowecology traite les déchets ménagers et les recycle.

sont déversés dans un large bassin de dissolution et de séparation. Là, les matériaux non organiques de densité supérieure à celle de l’eau, comme les métaux ou le verre, coulent au fond alors que les matières plastiques flottent à la surface. « Ceci permet d’aspirer tout ce qui n’est pas organique pour un traitement séparé. Au contact de l’eau, la matière organique commence à se biodégrader ; une réaction causée par la présence naturelle de micro-organismes aquatiques. C’est un processus totalement naturel qui ne requiert aucune intervention. » continue Ori Boulogne. Les matériaux qui tombent au fond du bassin sont des mé-

taux ferreux et non ferreux, du verre et d’autres matériaux inertes. Ces matériaux non organiques sont dirigés vers une ligne de traitement où ils sont séparés par une panoplie de technologies : champs magnétiques, courants de Foucault, tris électro-optiques et manuels. Ce qui reste est retourné au bassin de dissolution pour un dernier tamisage. Ce qui en ressort (5% de la masse totale entrante) termine comme déchets ultimes enterrés dans le centre d’enfouissement technique. « Encore une fois, il faut bien insister sur le fait que ces déchets ultimes sont totalement inertes et ne représentent aucune menace pour la société ou l’environnement » assure

Ori Boulogne. Les déchets organiques de faible densité sont transportés jusqu’à un broyeur grossier. Là ils sont encore trempés dans de l’eau pour faciliter la réaction de décomposition. Les matériaux biodégradables sont ensuite pompés vers le système de filtration Arrowbio. Celui-ci est conçu pour réduire le tout à une solution aqueuse dont les matières en suspension sont de la taille de fines fibres. « Ce liquide final, riche en énergie, se compose uniquement de matière organique qui peut maintenant être traitée dans le bio-réacteur pour produire un amendement agricole propre, de l’eau et du biogaz » raconte Ori Boulogne.

A l’intérieur du réacteur biologique, la boue subit encore deux étapes de traitement. Comme dans l’étape de triage, ces deux étapes sont réalisées grâce à la présence naturelle de micro-organismes. Dans le premier bio-réacteur, la fermentation acétogénique transforme les molécules organiques complexes en de simples acides organiques. Ce mélange d’acides organiques est ensuite chauffé à 35°C et pompé dans le réacteur à fermentation méthanogène. Là, se déroule la fermentation anaérobique. « Cette réaction produit des engrais, de l’eau et du biogaz contenant 75% de méthane pur » enchérit Ori Boulogne. Le biogaz est stocké dans des réservoirs tampons gonflables. Il peut être vendu comme source d’énergie propre pour les transports et les centrales thermiques, bien moins polluant que les énergies fossiles. Arrowbio a récemment signé des contrats pour la réalisation de deux unités de traitement en Australie et à Pachuca (Mexique) dont les projets sont actuellement en dimensionnement. Markku BJÖRKMAN

Les bouteilles plastiques deviennent énergie.

Les montagnes du site dʼenfouissement technique à droite.

La filière de traitement chez Arrowecology.

La filière de traitement chez Arrowecology

Bioenergie International N°3, 01-2008 / www.bioenergieinternational.com

Page 5


Dossier bioliq® : un carburant de synthèse à base de biomasses sèches

P

résenté lors du salon de l'automobile de Frankfurt par le centre de recherche de Karlsruhe, ce carburant de synthèse est obtenu à partir de biomasses sèches provenant de déchets agricoles ou forestiers – comme les pailles, foins, écorces, résidus de coupes mais aussi papier et carton. Cette vaste palette de ressources confère à ce carburant un plus grand potentiel que les agrocarburants actuels. Dans un premier temps la biomasse est transformée en un liquide à l'aide d'une pyrolyse rapide. Sous forme liquide ce produit (bioliqSynCrude) est ensuite aisément acheminé vers des installations de production de gaz et de carburant de synthèse. L'agence allemande pour les matières renouvelables (FNR) estime que d'ici 2015 ce carburant pourrait couvrir 15% des besoins en carburant du parc automobile allemand et ce sans concurrence alimentaire et en respectant les valeurs d'émissions fixées par les normes lors de sa combustion dans un moteur. Le centre de recherche de Karlsruhe appartient au réseau Helmholtz, le plus grand réseau de recherche en Allemagne avec ses 15 centres de recherches et un budget annuel de 2,1milliards d'euro. http://www.fzk.de FBO

Utilisation de l’huile de colza carburant Les huiles végétales pures présentent le meilleur rapport énergie renouvelable disponible/énergie non renouvelable mobilisée (respectivement 5.8 et 4.5 pour le tournesol et le colza en circuit court contre 3 et 2 pour le diester et l’éthanol selon une étude ADEME/DIREN 2002 et le rapport DEBAT/CIRAD 2006). ValBiom, l’association wallonne de développement de la biomasse a rédigé en 2006 une série complète de fiches pratiques sur l’huile de colza disponibles sur www.valbiom.be. Nous publions la fiche « Utilisation de l’huile de colza carburant».

L

’huile de colza est une huile végétale définie par la nomenclature combinée (NC 1514) comme pouvant être "raffinée, mais non chimiquement modifiée". Elle est principalement composée de triglycérides, formés d’une molécule de glycérol et de trois acides gras ou chaînes carbonées. Sa formule chimique est C3H5(OOCRi)3 (où R = chaîne carbonée ; i = nombre d’atomes de carbones dans la chaîne). Elle est composée à ~60% d’acide oléique (i =18, avec une double liaison) (cf. figure 1).

Figure 1 : triglycéride

Page 6

Propriétés de l’huile de colza Les propriétés de l’huile dépendent entre autres de la qualité des graines, des conditions de stockage, de la méthode de trituration, etc. La prénorme allemande DIN 51605 fixe la qualité que doit avoir l’huile de colza pour être utilisée comme carburant. Cette prénorme remplace le standard de qualité "RK-qualitätstandard". L’analyse régulière de l’huile est fortement conseillée afin d’en garantir la qualité en tant que carburant. Cependant, tous les paramètres de la pré-

norme ne doivent pas être systématiquement analysés. Beaucoup sont en effet déjà conformes à la prénorme, qui a été spécialement établie pour l’huile de colza. Il faut toutefois analyser les propriétés variables de l’huile (voir tableau 1). La principale différence entre l’huile de colza et le diesel est la viscosité élevée de l’huile. Pour diminuer cette viscosité, un moyen est de chauffer l’huile jusqu’à 70-80 °C. L’huile a alors une viscosité comparable à celle du mazout. Utilisation de l’huile carburant Pour rappel, il existe différents types de moteurs diesel :

- moteur à injection indirecte (105 à 175 bars), - moteur à injection directe, - injection basse pression (180 à 300 bars), - injection haute pression : • injecteurs pompes (1 800 bars et plus), • rampe commune (« Common Rail ») (1 300 à 2 100 bars). Quasi tous les moteurs qui sont commercialisés actuellement rentrent dans la catégorie injection directe à haute pression. L’huile de colza peut être utilisée dans les moteurs diesel en tant que carburant. La figure 2 expose les différentes possibilités pour cette utilisation.

Bioenergie International N°3, 01-2008 / www.bioenergieinternational.com


HVP Les « transformations » des moteurs sont généralement réalisées à l’aide de kits. Ces kits peuvent être montés soimême ou par une société spécialisée. Il n’y a pas de modification du moteur mais une adaptation du système de carburation. Le type de système (et donc de kit) est choisi en fonction du type de moteur. Un fabricant de kits allemand conseille : - Il faut ajouter un peu de diesel à l’huile en hiver lorsque la température est inférieure à 5°C, le diesel servant alors d’antigel. Il est recommandé de rouler au diesel pur si la température est inférieure à 15 °C - La qualité de l’huile est primordiale, surtout en ce qui concerne la teneur en particules et la taille de celles-ci (filtrage nécessaire à un 1 micromètre maximum pour les moteurs de nouvelle génération tels que ‘common rail’ et injecteur pompe) - filtrage nécessaire de 1 à 5 micromètres maximum pour les autres moteurs

formation moteur, il faut mélanger celle-ci avec du diesel en proportions variables, en fonction du type de moteur : en général, les moteurs à injection indirecte et à injection directe basse pression supportent un mélange plus riche en huile (environ 30%) que les moteurs à injection directe haute pression.

a. Sans transformation moteur Pour rouler à l’huile sans trans-

b. Le système « simple réservoir » Un exemple de kit « simple ré-

Production d'huile de palme plus vertueuse

Huile de colza carburant Huile et diesel en mélange

100% huile

Sans transformation du moteur

Avec transformation du moteur

Système “simple réservoir”

unités

servoir » est celui de la société Elsbett. Il est principalement composé (voir figure 3) : - d’un réchauffeur branché sur le système de refroidissement, - d’un filtre supplémentaire avec une bague chauffante électrique, - d’un système de mesure de la température de l’huile. Le moteur démarre à l’huile de colza. Durant les 5-10 premières minutes, la bague

Min

Max

Propriétés caractéristiques de l'huile de colza Densité (15°C)

Système “double réservoir”

Figure 2: Modalités dʼutilisation de lʼhuile de colza carburant

Valeurs limites Propriétés/contenus

F

kg/m2

900,0

930,0

Point d’éclair*

°C

220

-

Viscosité cinématique (40°C) -

mm2/s

Valeur calorifique

kJ/kg

36 000

-

Indice de cétane

-

39

-

Carbone résiduel

% (m/m)

-

0,4

Indice d’iode

g iode/100g

95

125

Contenu en soufre

mg/kg

-

10

36,0

Propriétés variables Teneur en particules

mg/kg

-

24

Indice d’acide

mg KOH/g

-

2,0

Stabilité à l'oxydation (110 °C)

h

6.0

-

Contenu en phosphore

mg/kg

-

12

Contenu en calcium et en magnésium

mg/kg

-

20

Contenu en cendres

% (m/m)

-

0,01

Contenu en eau

% (m/m)

-

0,075

Tableau 1: La prénorme DIN 51605 de lʼhuile de colza carburant

chauffante réchauffe l’huile. Ensuite, lorsque le moteur est suffisamment chaud pour réchauffer l’huile via le réchauffeur branché sur le liquide de refroidissement, le capteur de température coupe le réchauffeur électrique. Ce système est toutefois applicable à un moins grand nombre de véhicules que le système dit "double réservoir" (cf. point suivant).

ace à la croissance de la demande mondiale en huile végétale, c'est surtout le marché de l'huile de palme qui se développe. Les pays exportateurs comme l'Indonésie ou la Malaisie défrichent les forêts tropicales pour y installer des palmeraies : l'extraction de l'huile par pression à chaud des pulpes produit quantité d'eaux usées et de méthane. Le procédé mis au point par l'institut fédéral de recherche agronomique allemand (FAL) à Brunswick permet de composter les enveloppes des fruits des palmiers avec les eaux usées qui s'évaporent sous l'effet de l'élévation de température des tas de compostage. Le procédé mis au point permet aussi d'utiliser les eaux usées comme substrat dans des fermenteurs ce qui produit à la fois du biogaz et du compost. Biogaz qui pourra être valorisé localement pour produire de l'électricité – les palmeraies n'étant bien souvent pas raccordé au réseau électrique. L'étude économique a mesuré un amortissement compris entre 1,3 et 2,4 ans justifié par l'économie en fertilisants, de meilleurs rendements grâce à l'utilisation du compost produit et la vente de certificats CO2. Rapport de l'étude : http://www.forschungsreport.de/ (en allemand)

* point dʼéclair : température minimale pour laquelle un mélange combustible, de pression et de composition données, s'enflamme spontanément sans contact avec une flamme.

FBO

Bioenergie International N°3, 01-2008 / www.bioenergieinternational.com

Page 7


Dossier HVP Chauffage au bois et pollution atmosphérique Début septembre se déroulait au "Festival de l'avenir au naturel" à l'Albenc une conférence sur « Le chauffage au bois et pollution atmosphérique ». Cette conférence, coanimée par l'AGEDEN et l'ASCOPARG a permis de mieux comprendre les problèmes engendrés par la mauvaise combustion du bois dans les appareils anciens ou mal réglés. Le bilan CO2 du chauffage au bois est égal à zéro puisque nous sommes sur un cycle court (photosynthèse) sans déstockage massif de carbone comme avec les énergies fossiles. Par contre, un appareil ancien, mal réglé ou avec du bois humide entraîne une mauvaise combustion et un cocktail de polluants associés (CO, HAP, COV). Un insert neuf permet de réduire jusqu'à 30 fois les émissions d'un foyer ouvert. Les chaudières neuves peuvent produire jusqu'à 80 fois moins de polluants selon le type considéré. Le chauffage au bois avec des appareils performants permet donc d'utiliser une énergie renouvelable et de favoriser le développement local tout en luttant contre le changement climatique si nous l'utilisons correctement, c'est-à-dire dans une chaudière, ou un appareil performant et avec du bois sec.

c. Le système « double réservoir » La figure 4 présente un exemple de système double réservoir pour camion commercialisé par la société Elsbett. Dans ce système, le camion dispose d’un réservoir d’huile (le réservoir initial) et d’un réservoir de diesel de plus petite capacité. Le démarrage et l’arrêt du moteur se font obligatoirement au diesel. Durant les 510 premières minutes, l’alimentation se fait au diesel pendant que le moteur chauffe. Lorsque le moteur est suffisamment chaud, la pompe à huile de colza se met en route et fait basculer l’alimentation du moteur sur l’huile de colza via la vanne. L’huile est alors chauffée par le liquide de refroidissement du moteur. Avant l’arrêt du moteur, il est nécessaire de repasser au diesel manuellement pour purger le système, ce qui permet de redémarrer au diesel. Il existe également des systèmes de purge automatique. Jean-Marc JOSSART Pierre NIJSKENS

Références En Allemagne [Thuneke K, 2006] : • 50 sociétés offrent la possibilité d’adaptation des véhicules pour fonctionner à l’huile de colza, • plus de 12 000 véhicules sont adaptés pour rouler à l’huile de colza (50 % camions, 50 % voitures), En Belgique :

Figure 3: Système “simple réservoir”

Quelques sociétés proposant des kits de carburation à huile • Elsbett – www.elsbett.com (Elsbett a vendu : 2000 kits d’adaptation : 50% camions, 50% voitures) • Bioltec – www.bioltec.com (entreprises de 25 personnes 982 véhicules transformés en 2006) • Pflanzenoeltechnik - www.pflanzenoeltechnik-nord.de (1 465 camions transformés en 2006) • Buesch-pflanzenoele - www.buesch-pflanzenoele.de • Diesel-therm – www.diesel-therm.com Voir la liste plus complète dans le numéro 2 de Bioenergie International.

• les transports en commun De Lijn ont transformé un bus pour rouler à l’huile de colza pure. Celui-ci a parcouru 58 000 km sans problèmes techniques. Ils comptent transformer 70 bus pour rouler à l’huile de colza, • La société de collecte des déchets Shanks a transformé un camion poubelle pour rouler à 100% à l’huile de colza, • L’intercommunale Idelux fait rouler un camion poubelle à un mélange 30/70 (huile de colza/diesel).

Figure 4 : Kit double réservoir

AGEDEN

Page 8

Bioenergie International N°3, 01-2008 / www.bioenergieinternational.com


U ! A E V NOU

Découvrez la nouvelle revue professionnelle francophone sur le BOIS-ENERGIE, les AGRO-COMBUSTIBLES, le BIOGAZ et les BIOCARBURANTS

A chaque numéro, un nouveau dossier complet technique et économique, des thèmes d’actualité, des cartes de professionnels et l’Observatoire des prix des biocombustibles ! 32 pages d’analyses, d’évolution des prix, de tendances, de positionnement des acteurs, de nouveautés : tout cela est dans BIOENERGIE INTERNATIONAL !

———————————————— A B O N N E M E N T ———————————————

Abonnez-vous pour 6 numéros au prix de 30 € TTC en France Métropolitaine (42 € TTC hors France)

Nom et coordonnées (en majuscule svp) ........................................................................................................................................................................... ............................................................................................................................................................................................................................................................... ............................................................................................................................................................................................................................................................... ...............................................................................................................................................................................................................................................................

❒ Je paie mon abonnement en ligne sur www.itebe.org ou

Date

❒ Je paierai à réception de la facture

Signature

sur www.bioenergieinternational.com et je recevrai une facture

❒ Je règle par chèque à l’ordre de ITEBE ❒0 ❒1 ❒2

...............................

Je souhaite faire commencer mon abonnement avec le numéro

A retourner par fax ou courrier à : ITEBE, 28 boulevard Gambetta - BP 30149 - 39004 Lons-le-Saunier Cedex France


Afrique Les agrocarburants en Afrique de l’Ouest ?

L

a plupart des pays de la sous-région ouest-africaine ont élaboré ou sont en train d’élaborer des politiques et stratégies nationales en matière d’agrocarburant. Un partenariat secteur publicsecteur privé commence à se développer dans plusieurs pays, et l’implication d’organismes de coopération sous-régionale permet d’espérer un développement harmonieux d’un secteur qui présente des intérêts très importants pour le développement socio-économique et la protection de l’environnement dans ces pays. Au Burkina Faso, les sociétés DAGRIS et SN CITEC ont élaboré un projet de production de biodiesel à partir d’huile de coton destinée à être incorporée au gasoil. En Côte d’Ivoire c’est la société "21st Century Energy" qui compte investir environ 650 milliards Fcfa (1 million d’euros) sur une période de 5 ans pour produire de l'éthanol. Cela aboutira à une production de 3,5 milliards de litres d’agrocarburant par an, en utilisant la canne à sucre et le maïs. Au Niger, la société IBS Agro Industries a déjà initié l’expérimentation dans la région de Gaya où elle aménage 4 000 ha pour la culture de pourghère pour une usine de production de 25 000 litres d’agrocarburant par jour. Article de Christophe GANDONOU paru dans la revue grain. http://www.grain.org/semences/

Page 10

Une région majeure pour les bioénergies O

n peut constater dans les graphiques ci-dessous qu’il existe de grands potentiels de biomasse partout dans le monde. Les plus grandes ressources se trouvent en Amérique du Sud et en Afrique, principalement dans les régions sub-sahariennes. On ne devrait pas considérer ces valeurs trop sérieusement puisque les technologies, le savoir-faire, le marché, les politiques et l’opinion générale changent en permanence les conditions de ce qui est correct et possible. Sans en tenir compte, voici une petite description. Aujourd’hui le marché le plus développé pour les bioénergies réside en Europe et il y a encore du chemin avant que le potentiel local soit épuisé. Jusqu’à présent l’Europe n’a pas mis en œuvre son agriculture pour produire des biocarburants. Bien que le marché des biocarburants et des matières premières pour le produire soit devenu mondial, l’essentiel va vers le marché européen. Il y a de grands producteurs en Asie du SudEst et au Brésil. Pour le moment l’Afrique n’a pas commencé de production importante mais il y a de nombreux projets en cours. Dans les tableaux ci-contre, les terres disponibles sont présentées pour les différentes régions du monde. On peut remarquer que la surface fo-

Potentiel mondial des bioénergies en 2050 présenté par lʼInstitut Copernic, Université dʼUtrecht, 2004

restière du sud de l’Afrique est aussi importante que celle du Brésil et la zone agricole aussi grande que celle des EtatsUnis. La projection en 2010 prévoit une superficie de deux millions d’hectares pour la canne à sucre et le sorgho. En 2025, cette superficie serait agrandie à 6.8 millions d’hectares dans les régions de la SADC (Communauté pour le Développement de l'Afrique Australe). A l’horizon 2010 il serait possible d’atteindre 10% d’éthanol pour le parc automobile de la région SADC, soit la consommation annuelle de deux millions de m3 d’éthanol. En même temps, quatre millions de m3 d’éthanol pourraient être exportés. Selon le même modèle de prédiction, la part de consommation locale de biocarburant pourrait atteindre 25% d’ici 2025, soit 8 millions

SADC : Communauté pour le Développement de l'Afrique Australe

de m3 d’éthanol consommés en SADC et 28 millions exportés vers le marché mondial. D’après une présentation

de Francis X. JONSSON, Stockholm Environment Institute

Utilisation mondiale des terres pour l’exploitation forestière et l’agriculture, 2004 Pays/région Unités Total SDAC

Superficie tot.

Superficie boisée

Superficie agricole

Superficie cultivée

Millions ha

Millions ha

Part de la sup.

Millions ha

Part de la sup.

Millions ha

Part de la sup.

964

368

38%

433

45%

53

5,5%

Brésil

846

544

64%

364

43%

67

7,9%

Chine

933

163

17%

555

59%

155

16,6%

Inde

297

64

22%

181

61%

170

57,2%

USA

916

226

25%

409

45%

176

19,2%

EU-15

313

116

37%

140

45%

85

27,2%

Bioenergie International N°3, 01-2008 / www.bioenergieinternational.com


Afrique Jatropha curcas :

Quelles opportunités pour la sécurité énergétique en Afrique ? L

e Jatropha curcas est une plante d’origine latino-américaine répandue en zones tropicales arides et semi-arides. Il est aussi appelé Pourghère ou tabanani. Le Jatropha, autant que les autres plantations énergétiques, présente pour les pays africains beaucoup d’enjeux en terme de sécurité alimentaire et énergétique, de développement économique endogène, d’industrialisation décentralisée et d’environnement. Autant de préoccupations qui justifient l’intérêt manifeste de ces pays à l’égard de cette filière longtemps connue pour ses vertus médicinales et de protection des terres contre l’érosion éolienne. A l’échelle mondiale, la flambée des prix du baril de pétrole, les engagements de limitation des émissions de GES et les besoins d’adaptation des populations vulnérables aux effets climatiques resituent la problématique des biocarburants au cœur des modes alternatifs de production et de consommation durable Cultures de Jatropha - Photo ENDA

d’énergie. Dans les pays industrialisés, l’argument biocarburant est basé sur la substitution de combustible pour réduire les émissions de GES. En revanche, les pays Africains se préoccupent de l’amélioration de l’accès des populations aux services énergétiques modernes pour asseoir les bases du développement. La question est de savoir comment le développement de la filière du Jatropha pourrait être porteur de changement économique et social chez les populations rurales ? Comment éviter que les paysans ne soient que des ouvriers agri-

coles dans un contexte d’insécurité alimentaire ? Malgré, les controverses autour du développement de la filière du Jatropha en Afrique, les enquêtes d’écoute et les dialogues politiques avec les acteurs conduits par l’organisation Enda ont permis de déceler des pistes sur lesquelles les politiques et mesures pourraient être bâties avec les objectifs suivants : - Le changement social chez les paysans. Ceci renvoie à une révision de notre perception du paysan « assisté » vers un nouveau type de paysan tourné vers l’entreprenariat local. Ainsi, passe-t-on d’un type d’exploitation familiale de subsistance à un type d’entreprises familiales sinon fermes familiales, donc sans changement du statut des terres. - Le changement de mode d’électrification rurale en adoptant des approches plus intégrées susceptibles de garantir à la fois des revenus conséquents aux agriculteurs à partir des cultures énergétiques locales et assurer la sécurité énergétique locale à partir d’un approvisionnement de proximité : « cultures de plantes énergétiques pour à la fois gagner du revenu et ap-

provisionner les systèmes énergétiques locaux. ». - La satisfaction « d’abord des besoins locaux et nationaux en biodiesel » à partir des processus décentralisés de transformation locale des graines de Jatropha pour créer plus de valeur ajoutée locale, objectif ultime des politiques de décentralisation. - La maîtrise des procédés et techniques par la mise en place de plateforme d’échanges pour une mutualisation du savoir et du savoir-faire. Cependant, il est encore nécessaire de conduire des études détaillées sur toute la filière (production, transformation, distribution, commercialisation) autour du triptyque approvisionnement- technique-marché. Secou SARR, Enda-Tm Partenaire du projet ENEFIBIO enda.energy@orange.sn

Club Energie Bénin

F

ace aux enjeux énergétiques de leur pays, un groupe de jeunes béninois a décidé en août 2006, de former un réseau d ’ é c h a n g e d’informations sur les énergies renouvelables nommé Club Energie Bénin. Le Bénin est un pays de l’Afrique de l’Ouest où le secteur des énergies renouvelables est presque encore vierge alors que le taux d’électrification tourne autour de 25% dans le pays. L’objectif de départ était de partager les informations sur les énergies renouvelables et plus particulièrement sur la valorisation énergétique de la biomasse. Les travaux actuels portent sur la valorisation énergétique des déjections animales (lisiers de porcs et bouses de vache) dans les fermes d’élevage au centre et au nord du pays. Actuellement, le club s’est lancé dans la formation : une session sur les techniques de valorisation énergétique de la biomasse est prévue en janvier 2008. Elle permettra aussi de proposer à des étudiants des thèmes pour leur mémoire de fin de cycle. Le Club souhaite collaborer avec tout groupe ou institution pouvant l’aider au développement de la biomasse énergie au Bénin et au renforcement des capacités de ses membres (formations, documentations…). Comlan Tony KOUTEH Président du Club Energie Bénin energiebenin@yahoo.fr

Bioenergie International N°3, 01-2008 / www.bioenergieinternational.com

Page 11


Un village Le Canada à l'avant-garde de la recherche sur le canola http://www.bulletinselectroniques.com/actualites/ 50922.htm

L

e 2 août 2007 à Saskatoon, le Conseil National de Recherches Canada (CNRC) et Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) ont publié le plus grand nombre de séquences d'ADN du canola Brassica napus (élément important de l'industrie agroalimentaire canadienne, car bien adapté au climat rigoureux). Ces travaux ont permis d'étudier des séquences génomiques exprimées (séquences EST), qui interviennent dans l'adaptation de la plante à son environnement. Ces séquences pourraient ainsi produire des composés d'intérêt pour les biocarburants et les huiles alimentaires. En effet, leur analyse permet de voir de quelle façon s'expriment les gènes dans le canola. Il serait dès lors possible de manipuler ceux-ci pour améliorer le rendement des cultures et produire des semences plus fortes et plus résistantes pour des applications à buts alimentaires et industrielles.

(SUITE PAGE 13)

Page 12

La commune de Jühnde est devenue autonome

Une douche à l’énergie de la ferme Les habitants du village de Jühnde en Basse Saxe n’ont besoin que de leurs cochons, leurs récoltes et de leur installation biogaz pour prendre une bonne douche chaude. Ce village allemand est complètement autonome du point de vue énergie depuis qu’il s’est converti aux énergies renouvelables il y a quelques années. Depuis le début, les villageois ont pris le contrôle de la maîtrise d’œuvre de leur projet bioénergies. Soutenus par la communauté scientifique, ils ont organisé l’implémentation et le financement du projet de leur propre chef.

D

epuis l’automne 2005, la plupart des foyers du village tirent leur énergie pour l’électricité et le chauffage des déjections animales et des ressources renouvelables provenant des cultures des champs voisins. Il n’y a pas longtemps encore, Jühnde était un village très ordinaire avec ses quelques fermes et son épicerie. C’était plus par hasard que des touristes tombaient sur ce village de 760 âmes situé dans les collines du sud du district de Göttingen en Basse Saxe. Maintenant Jühnde est le premier village allemand auto-suffisant en bioénergies. « La situation a complètement changé. Désormais chaque jour nous recevons des visiteurs qui veulent tout explorer en détail » raconte August Brandenburg, ancien maire non salarié de la communauté et aujourd’hui gérant de la société Bioenergiedorf Jühnde eG. Dans certains journaux, il a déjà été baptisé « le baron du biogaz de la Basse Saxe ». Maintenant les habitants se sont habitués à voir ces groupes importants de visiteurs Chinois et Japonais photographiant tous les sites relatifs aux bioénergies. Le système de bioénergie du village a été créé dans le cadre d’un projet originaire du

August Brandenburg, baron du biogaz de Basse Saxe (photo Wenzel)

Centre Interdisciplinaire pour le Développement Durable (IZNE) de l’Université de Göttingen et fut terminé début 2006. L’IZNE a choisi Jühnde, parmi 17 autres villages en 2001, pour devenir le village bioénergie pilote principalement à cause du nombre important d’exploitations agricoles. Dix fermes fournissent toute l’année du purin et des déchets végétaux à l’usine de biogaz. Le système énergétique du modèle de Jühnde est exploité par une société locale de type coopérative. Dans un premier temps les habitants ont été invités à participer à l’étude. Environ 85% des villageois ont décrit l’idée comme ‘bonne’ ou ‘très bonne’.

Le village de Jühnde

Aujourd’hui le projet fourni toute la chaleur nécessaire au village et produit deux fois plus d’électricité qu’il n’en est consommé à Jühnde. Il a été estimé que les foyers participants font ainsi une économie annuelle de près de 750 euros. Les groupes de travail ont fait face à des visions concrètes du futur énergétique de la communauté. La décision prise en commun et la résolution des problèmes liés à la conversion du village aux énergies renouvelables a généré une nouvelle orientation et resserré les liens au sein de la communauté. Compatibilité avec les besoins locaux Le soutien financier provient du gouvernement fédéral à hauteur de 1,32 million d’euros sous la forme d’une subvention du Ministère fédéral de la protection du consommateur, de l’Etat de Basse Saxe à hauteur de 96 000 euros, du district administratif de Göttingen à hauteur de 100 000 euros, de la communauté de Dransfeld à hauteur de 25 000 euros sous la forme de capitaux propres, et de la municipalité de Jühnde à hauteur de 25 000 euros. La société d’exploitation a dû lever un total de 500 000 euros en fonds propres. Le projet a également reçu 437 000 euros de la part du Ministère de

la protection du consommateur à Berlin et des subventions de l’Agence des Energies Renouvelables (FNR) pour accompagner la recherche scientifique au sein de l’université de Göttingen. Cette économie participative a garanti une grande compatibilité entre les besoins locaux et le réseau des acteurs tout en développant les compétences locales. L’un des objectifs formulés dans le projet du modèle Jühnde était de soutenir l’héritage culturel local et de renforcer la vie et l’identité de la communauté. Technologie La centrale biogaz et son unité de cogénération attachée de Jühnde fournit au minimum les besoins du village en électricité et chaleur. Les besoins annuels des 220 foyers connectés sont de 2000 MWh électriques et de 3500 MWh thermiques. La capacité annuelle de l’installation est de 4 000 MWh électriques et de 5 500 MWh thermiques. Cette production évite l’émission de 3 300 tonnes de CO2 par an. De nombreux visiteurs « Le nombre de visiteurs augmente sans cesse. Récemment, environ 50 agriculteurs ont visité le village en une seule journée afin de comprendre

Bioenergie International N°3, 01-2008 / www.bioenergieinternational.com


biomasse comment les bioénergies fonctionnent » raconte Brandenburg, l’ancien maire. Selon le maire, le passage au chauffage alimenté par les bioénergies s’est déroulé sans aucun problème malgré le rude hiver de 2005/2006. « Nous sommes fiers d’être à l’avant-garde de ce développement » ajoute August Brandenburg qui ne cesse de promouvoir le projet malgré ses 76 ans. Enfin lancé Le projet a finalement été lancé il y a un peu plus de deux ans après une période de préparatifs qui aura duré plus de quatre ans. D’abord ce fut la chaufferie brûlant des plaquettes de rémanents forestiers qui a été mise en service. C’est elle qui a d’abord alimenté le réseau de chaleur tout neuf. L’installation biogaz, unique en son genre dans toute l’Allemagne, a ensuite été mise en route. Elle est alimentée principalement par l’ensilage produit dans les champs locaux et en partie avec du purin et du fumier provenant des étables de Jühnde. A l’intérieur de l’unité de biogaz, la matière organique est décomposée en méthane par les bactéries. Le gaz est

consommé dans la centrale cogénération équipée d’un ballon d’accumulation. L’électricité produite est réinjectée directement dans le réseau. « Le bénéfice est suffisant pour faire tourner l’installation » raconte Eckhard Fangmeier, qui dirige la coopérative locale située derrière la centrale. Selon Fangmeier, les habitants sont très heureux, en partie parce qu’ils paient moins cher le chauffage produit par les bioénergies. Pour Fangmeier, le village des bioénergies n’a que des avantages. « L’électricité et la chaleur sont produites à partir des récoltes des champs, des pâtures et des forêts. Et les agriculteurs ont trouvé de nouveaux marchés pour leurs produits. » ajoute-t-il. Sept des neuf agriculteurs de Jühnde fournissent l’unité de biogaz avec un total de près de 12 000 tonnes d’ensilage par an. De nombreux disciples De nombreux villages du sud de la Basse Saxe désirent suivre l’exemple de Jühnde. Plus de 30 villages dans le seul district de Göttingen se sont inscrits pour devenir eux aussi des villages bioénergies. Les villageois de Jühnde se

Fiche technique

L’usine de bioénergies de Jühnde est composée des trois éléments suivants : 1. l’unité de biogaz qui fournit 700 kW de puissance électrique et 740 kW d’énergie thermique à partir de matière renouvelable brute et de purin. Elle a été construite par HAASE Anlagenbau AG, Neumünster (www.haase.de) qui appartient à HAASE Energietechnik AG (fondée en 1981). L’entreprise est spécialisée dans les technologies pour l’environnement et la construction d’usines, se concentrant sur les aspects énergétiques, les technologies d’enfouissement technique (gaz et eau) et du biogaz. 2. La chaufferie biomasse comprend une chaudière bois automatique fabriquée par la société Suisse Schmid Holzfeuerungen. 3. Le réseau de chaleur qui alimente environ 140 maisons. La société d’exploitation, Bioenergiedorf Jühnde eG, qui est à l’origine du projet bioénergies de Jühnde, requiert une implication de la communauté. Tous les agriculteurs et les consommateurs de chaleur, ainsi que la municipalité et l’église, sont membres de la collectivité. La société autorise jusqu’à 25% de membres extérieurs. A l’heure actuelle, la société d’exploitation compte environ 190 membres.

(SUITE DE LA PAGE 12)

Les avantages du canola sont considérables : non seulement il est une source abondante d'huile végétale, mais il occupe aussi une place importante comme source potentielle de matière première pour la fabrication de produits écologiques comme les bioplastiques et le biodiésel. 597.000 séquences EST ont été décodées.

Lʼunité de production de biogaz

Pour en savoir plus : - Ces séquences sont disponibles sur le site GenBank : http://www.ncbi.nlm.nih.gov/ - Tracie Labonté, Relations avec les médias, Conseil national de recherches du Canada Tél. : +1 613-949-8153 email : media@nrc-cnrc.gc.ca

La chaudière à granulés de bois

réjouissent de cette expérience. « L’ambiance dans le village est excellente » dit l’ex-maire Brandenburg. Il y a même des gens qui ont déménagé à Jühnde parce que c’est un village bioénergies. Des revenus supplémentaires Parce que la loi allemande sur les énergies renouvelables garantit un prix de rachat de 17 cents par kWh d’électricité issue de biogaz, Jühnde peut compter sur un revenu annuel d’environ 680 000 euros. En plus de l’avantage évident pour la protection du climat, le projet va avoir des effets positifs pour la région et les habitants de Jühnde : la préservation du sol, le contrôle de la pollution de l’eau, la préservation de la biodiversité, la stimulation des cycles économiques de la région et bien entendu l’indépendance du baril de brut et du gaz naturel. D’après un article original de Markku BJÖRKMAN

Bioenergie International N°3, 01-2008 / www.bioenergieinternational.com

- Relations avec les médias, Agriculture et Agroalimentaire Canada Tél. : +1 613-759-7972 ou 1-866-345-7972 email : media@agr.gc.ca Source http://www.nrccnrc.gc.ca/newsroom/ news/2007/canola07nr_f.html

Eckhard Fangmeier, porte-parole du ministère de lʼEnvironnement de Nordrhein-Westfalen, et Bärbel Höhn, présidente des Verts de Nordrhein-Westfalen

Source : Centre Interdisciplinaire pour le Développement Durable à lʼUniversité de Göttingen. Bioenergiedorf Jühnde eG Eckard Fangmeier, membre du Conseil dʼAdministration et porte-parole Le ministère Fédéral pour la protection du consommateur (BMVEL)

Rédacteur : Mathieu Le Stum, OTTAWA, st-cafr@ambafrance-ca.org

Origine : BE Canada numéro 321 (13/09/ 2007) - Ambassade de France au Canada / ADIT http://www.bulletinselectroniques. com/actualites/50922.h

Page 13


Granulés L'Allemagne innove dans la cogénération à biomasse

U

ne installation innovante de cogénération décentralisée fonctionnant à partir de biomasse a été mise en service le 7 décembre 2007 à Homburg (Land de Sarre / Allemagne). Développé par l'entreprise BISEA et fondé sur des recherches de l'Université de Stuttgart, le procédé consiste à combiner un gazéificateur stationnaire à lit fluidisé et une installation de nettoyage à l'huile de colza. Alors que le premier produit une quantité de goudron moindre qu'un gazéificateur classique à lit fixe, la seconde est en mesure d'éliminer la quasi-totalité du goudron restant (l'huile nettoyante est réintroduite dans le cycle après utilisation). Le gaz ainsi nettoyé peut ensuite être brûlé dans de petits systèmes de cogénération (BHKW). Le procédé BISEA permet ainsi de tirer profit des avantages du gazéificateur à lit fluidisé, notamment celui d'atteindre des puissances du foyer supérieures à 1MW (ce qui n'est pas possible avec des gazéificateurs à lit fixe). L'installation doit produire 3.300 MWh par an et permettre d'éviter l'émission de 2.000 tonnes de CO2 par an. L'innovation permet par ailleurs de régler les problèmes de gestion du bois provenant de la réhabilitation des sites qui, sans traitement préliminaire, ne peuvent plus être stockés dans des décharges. Le projet, mené par l'entreprise BISEA GmbH, a nécessité un investissement d'environ deux millions d'euros. 550 000 euros proviennent du programme innovation pour l'environnement du Ministère fédéral de l'environnement (BMU). BE Allemagne numéro 366 (19/12/2007) - Ambassade de France en Allemagne / ADIT http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/ 52356.htm

Page 14

Développement fantastique pour German Pellets Gmbh

Objectif : devenir le numéro 1 mondial Lʼusine German Pellets à Herbrechtingen, Allemagne

German Pellets Gmbh vient de connaître un succès fulgurant dans l’industrie du granulé. Avec trois usines, la société devrait rapidement faire fonctionner sa capacité de production annuelle de 780 000 tonnes à plein régime. Nous vous présentons ici seulement l’un de ses grands investissements. Il y a une explication à un tel essor. La pénurie de granulé durant l’hiver 2005/2006 a poussé les investisseurs à prendre des décisions claires en accord avec les objectifs européens en termes d’énergies renouvelables.

L

e fabricant de granulés German Pellets Gmbh est en train d’augmenter fortement sa capacité de production. Déjà forte de 500 000 tonnes en début d’année, la société pourra fournir 780 000 tonnes par an dès le mois d’octobre 2007. Ainsi German Pellets va certainement prendre la place de numéro un mondial des granulés de bois. Trois usines German Pellets Gmbh possède trois usines en Allemagne et 155 salariés. La

plus grande, qui comprend le siège, se situe à Wismar (Mecklenburg-Vorpommern), en Allemagne du Nord, au bord de la mer Baltique. La capacité annuelle de cette unité est de 260 000 tonnes. Les deux autres sont dans le sud de l’Allemagne (Baden Württemberg) : une située à Ettenheim produit 150 000 tonnes et la seconde, à Herbrechtingen, produit 125 000 tonnes. Chacune de ces installations est construite à côté de très grosses usines de bois.

Peter H. Leibold Directeur général

Visite de lʼusine de Wismar par une délégation russe en mai 2007

L’unité de Herbrechtingen a augmenté sa capacité de 110 000 tonnes en juillet 2007 alors que l’unité d’Ettenheim va doubler la sienne atteignant 260 000 tonnes en octobre. Ainsi German Pellets deviendra le plus gros producteur de granulé en Europe, dépassant Finnish Vapo Oy, le leader actuel, qui fournit 600 000 tonnes sur le marché.

M. Kuntze de German Pellets et M. Anton Ostachencko http://wood-pellets.com

Bioenergie International N°3, 01-2008 / www.bioenergieinternational.com


Granulés Cependant Vapo a également investi récemment en achetant notamment le fabricant Polonais Enpal, nous serons donc amenés à vous en reparler lors d’une prochaine édition. L’usine de Wismar En mai 2007, l’unité de Wismar a reçu la visite d’une délégation russe dont notre confrère russe, Olga Rakitova, ainsi que plusieurs experts en bioénergies. L’usine est implantée près d’une importante scierie et du port de Wismar. Elle est approvisionnée à 20% en bois rond et à 80% en sciures. 30% du bois vient de Russie, 60% d’Allemagne et le reste de pays comme la Suède. Le terminal de Wismar est équipé d’une unité d’écorçage. L’usine compte huit presses CPM, 3 séchoirs et quatre chaudières d’une puissance totale de 40 MW et dispose d’importantes unités de stockage. Le marché Les granulés produits par German Pellets sont vendus en Allemagne, en Suède, aux Pays-Bas ainsi qu’en Belgique. Les clients principaux sont les centrales électriques et les négociants. Pour le marché domestique, les granulés sont pressés en 6 mm et conditionnés en sacs de 15 kg. Les granulés à usage industriel sont vendus principalement à des clients scandinaves situés de l’autre coté de la mer Baltique : le transport se fait alors uniquement par voie maritime. Aujourd’hui la société est d’abord un producteur cependant German Pellets Gmbh étudie le négoce de granulés pour mieux exploiter son réseau de distribution. La production allemande L’Allemagne compte plus de 30 fabricants de granulés pour une capacité totale de production qui atteindra 1 200 000 tonnes à la fin de l’année 2007. M. Kuntze, responsable achats de German Pellets, estime la consommation européenne annuelle à 4 millions de tonnes. Selon la même source, il y aurait

Le prix des granulés allemands a chuté

E

La zone portuaire de Wismar

Manutention à lʼusine

Vue intérieure de lʼusine German Pellets

2500 distributeurs de granulés en Europe. D’après la société Atlant-NW, dans la seule ville de Hambourg, on compterait au moins huit négociants en granulés. L’Allemagne n’est qu’à ses débuts Il n’y a pas encore de centrales thermiques ni de grosses chaufferies consommant du granulé en Allemagne. Cependant le marché allemand des granulés croît très rapidement. De nouveaux pays La Russie est l’un des pays que German Pellets étudie pour y effectuer de nouveaux investissements. « Nous

Presses CPM

savons qu’il y a des ressources en Russie et que nos installations allemandes peuvent consommer une grande partie des ressources nationales. Aussi nous pensons investir là-bas » nous confie Christian Kuntze. Investissements Selon M. Kuntze, German Pellets a investi environ 25 millions d’euros à Wismar et 30 millions d’euros dans les deux autres usines. Le cours moyen de la sciure en Allemagne est de 60 euros la tonne. En Russie le prix pourrait être plus intéressant. Néanmoins d’autres pays comme la République Tchèque, l’Ecosse ou la

Bioenergie International N°3, 01-2008 / www.bioenergieinternational.com

Suède attirent l’attention de notre investisseur allemand pour y construire de nouvelles usines de granulation. D’après un article original d’Olga RAKITOVA, rédacteur en chef de Bioenergie International Russie Rakitova@yandex.ru

Photo German Pellets

n avril 2007 le prix des granulés a retrouvé le cours à la même date l’année dernière. La raison principale en est l’augmentation de la capacité de production liée à l’hiver doux. En avril, une livraison de 6 t de granulés était facturée, en moyenne, 194 euros la tonne, soit 27% de moins qu’en décembre 2006. Ainsi le coût du kWh d’énergie thermique provenant de pellets revient à 3,9 cents, soit 30% de moins que le fioul domestique ou encore 44% moins cher que le gaz nous explique Horst Dufner. Ce revirement positif des cours du granulé est dû aux investissements massifs allemands dans la capacité de production. De nouvelles usines Deux nouvelles usines d’une capacité totale de 190 000 t sont en construction. German Pellets Gmbh a ouvert sa troisième usine de 160 000 t à Ettenheim. À Odenwald, Bioenergie Mudau Gmbh & Co. KG a construit une usine d’une capacité de 30 000 t. La production allemande pourrait doubler Mi 2006 les 35 usines du pays disposaient d’une capacité d’un million de t. Avec l’actuelle capacité de 1,2 million de t, ce sont près de 200 000 foyers allemands qui pourraient être approvisionnés en granulés allemands. Aujourd’hui le nombre d’installations domestiques à granulés est estimé à 70 000. D’ici la fin de l’année, la vingtaine d’usines en projet pourrait doubler cette capacité et la porter à 2,4 millions de t. D’après une brève originale de Horst DUFNER, chef de projet au salon Interpellets

Page 15


Canada Conférence CANBIO

Les opportunités pour les bioénergies au Canada Les délégations de tout le Canada et de l’international se sont donné rendez-vous du explique que l’exportation des

granulés canadiens a une in-

12 au 14 septembre à Toronto pour discuter du marché des bioénergies. La confé- fluence importante sur le marrence organisée par Canbio en collaboration avec IEA Task 40 et Bioenergy Focus ché mondial. Il poursuit en annonçant que les ventes de

Ontario comptait également un salon exposant essentiellement des technologies fin- granulés vers les centrales de cogénération européennes landaises. Cet événement a attiré 150 participants.

L

a conférence a débuté avec la présentation de Brian McCloy & Associates sur les tendances du marché du bois-énergie : « Avec la montée des prix de l’énergie et la demande croissante d’énergies renouvelables, les opportunités de développer la production de granulés et les centrales cogénération se multiplient. Les usines de pâte à papier canadiennes ont désormais une puissance de production électrique de 1 700 MW en valorisant leurs déchets de bois. La demande croissante de biomasse ligneuse pour la cogénération et les granulés de bois a éliminé la situation d’excédents de biomasse. Cela a conduit à une compétition entre les différents acteurs et la création d’un marché de la biomasse. Les provinces occidentales (Colombie Britannique, Alberta, Saskatchewan) disposent encore de sous-produits de l’industrie de première transformation du bois alors qu’à l’Est, Ontario, Québec et les Maritimes, n’en ont plus. Le

second plus grand gisement de biomasse est constitué des rémanents forestiers qui sont déjà en partie valorisés dans la cogénération des industries de trituration dans l’Est du Canada. Il reste des rémanents forestiers disponibles en quantité importante en bord de route mais leur traitement n’est pas encore couvert à ce jour par les prix de l’énergie. » Des sociétés Finlandaises ont présenté leurs « solutions finlandaises » couvrant les technologies de collecte jusqu’aux chaufferies de petites à grandes puissances. L’Ontario et le Québec progressent doucement Selon Christopher Ree de Suthey Holler Associates, dans le secteur des énergies renouvelables, l’hydroélectricité et l’énergie éolienne vont continuer à rester majoritaires, suivi de la biomasse si l’on s’en tient aux engagements qui conduisent jusqu’en 2025. Il a aussi fait remarquer que le nucléaire va continuer à dominer le marché de l’énergie.

Chargement des granulés pour le transport par navire vers lʼEurope

Page 16

Le Président de l’Association Canadienne pour la Biomasse, Douglas Bradley, a désigné les ressources de biomasse comme les suivantes : la biomasse résultant du bois infecté par le parasite du pin de montagne et les déchets des industries de trituration dans le Canada occidental. A l’est les ressources de biomasse se trouvent dans les rémanents forestiers et les déchets de scierie (principalement les écorces). Problèmes de navires La difficulté du transport des granulés de bois vers l’Europe à travers l’Océan est un problème majeur pour les producteurs. Stefan Melin de Delta Research Corporation a présenté les problèmes rencontrés lors du transport maritime de granulés. Le Canada exporte par bateau plus de 670 000 tonnes de granulés par an vers l’Europe et le Japon. Selon Melin, les plus grosses difficultés sont liées à l’érosion mécanique des pellets due à la manutention, les fortes émissions de monoxyde de carbone et l’absorption d’oxygène et d’humidité. Depuis la côte Ouest, les navires doivent passer par le détroit de Panama, ce qui porte la distance à près de 14 000 km pour atteindre l’Europe. Les routes sont plus directes depuis la cote Est éloignée d’environ 5 000 km des ports européens. L’exportation de granulés John Swaan, Directeur Général de l’Association Canadienne des Granulés de Bois,

vont dépasser les 800 000 tonnes pour l’année 2007. Les pays consommateurs sont la Belgique, les PaysBas, la Suède, le Danemark, l’Irlande, l’Italie et l’Allemagne. L’essentiel de la production du Canada va vers l’Europe, puis les Etats-Unis et enfin la consommation nationale domestique, comme on peut le voir dans la figure ci-dessous. Grâce aux échanges d’informations et de connaissances, le marché des bioénergies devient une réalité au Canada. Alors que le développement se fait doucement sur

Gerry McKenna de Ontario Power Generation décrit la co-combustion de biomasse

le territoire national, les exportations augmentent. John Swaan nous informe que les 26 usines de granulés du Canada devraient avoir produit 1 600 000 tonnes de pellets au cours de l’année 2007. Il s’agit là de chiffres conséquents pour le marché mondial. Maral KASSABIAN

Développement de lʼexportation des granulés canadiens

P.A. des 4 routes 35390 Grand-Fougeray - FRANCE Tél. +33 (0)2 99 08 32 34 Fax +33 (0)2 99 08 32 19 e-mail : contact@ferotec.fr www.ferotec-france.com

Bioenergie International N°3, 01-2008 / www.bioenergieinternational.com


Granulés bois Les recettes du succès Le développement du marché du granulé de bois passe par trois grands objectifs : une qualité de produit constante

et

irréprochable,

une

sécurité

d’approvisionnement toute l’année, la garantie d’un prix stable.

F

abriqué à partir de sciures comprimées sous haute pression, sans adjonction de liant chimique, le granulé de bois est un combustible performant, propre, renouvelable, facile à utiliser et à stocker. Il se présente généralement sous la forme de petits cylindres de 6 mm de diamètre et de 2 cm de longueur en moyenne. Son fort pouvoir calorifique pouvant atteindre 5 kWh/kg*, confère à ce combustible un réel atout énergétique et environnemental. Il est principalement destiné à alimenter les chaudières automatiques ou les poêles à granulés, également appelés poêle à pellets.

comportement lors de la combustion. Ces normes définissent un certain nombre de critères dont le PCI, la masse volumique du produit en vrac, la densité du granulé, son taux d’humidité, son taux de cendre, sa durabilité et d’autres critères liés à la composition des gaz de combustion… En France, devant l’essor de ce nouveau combustible et la nécessité de normaliser la filière afin de garantir au consommateur un produit de qualité, l’institut des Bioénergies, l’ITEBE, a mis en place une norme « volontaire » qui reprend les exigences les plus strictes des normes DIN 51731 et CEN/TC 335 (biocombustibles solides).

Qualité et normalisation Les niveaux de rendement, de sécurité et de confort obtenus lors de l’utilisation du granulé de bois comme combustible, dépendent à la fois de l’avancée technique des appareils et des conduits de fumée, mais aussi de la qualité du combustible. Un granulé de bois de mauvaise qualité peut nuire au bon fonctionnement de l’installation de chauffage et donc au confort de l’utilisateur. Principales conséquences liées à un défaut de qualité : problèmes au niveau du système d’alimentation des poêles voire des chaudières (les vis se bloquent et les moteurs chauffent), encrassement des échangeurs ou des conduits d’évacuation de fumée et surconsommation de granulés de bois. De nombreux pays comme l’Allemagne (DIN 51731) ou l’Autriche (Ö-Norm M7135) ont réglementé très tôt la production de granulés par le biais de normes qui définissent la qualité sur le produit fini. Ces critères recherchés visent à avoir un produit stable, qui a toujours le même

L’exigence d’un niveau de qualité « Premium » Afin de garantir un produit de qualité « supérieur », il est essentiel de réaliser des essais allant plus loin que le simple respect des normes et chartes en vigueur (ITEBE, DIN+, DIN 51731, Ö-Norm M7135…) tant sur les critères chimiques que sur les obligations de moyen. Des « contrôles qualité » et des « tests produits » doivent être réalisés sur chaque site de production (en temps réel) et en laboratoire (sur prélèvements aléatoires). Ils garantissent le meilleur niveau de performance et de fiabilité : un PCI élevé de 5 kWh/kg, une teneur en fines faible et une très bonne tenue des granulés jusqu’à la chambre de combustion. 3 contrôles par jour in situ doivent être réalisés afin de vérifier le taux d’humidité, l’abrasion, la densité, la masse volumique apparente, les diamètres et la longueur. En complément des contrôles journaliers effectués dans chaque unité de production, des échantillons doivent être prélevés et testés en laboratoire afin de valider la constance

© Banc de caractérisation des émissions particulaires des granulés de bois tests au Laboratoire CERIC www.laboratoire-ceric.com

de la qualité des granulés de bois, sur : • les critères chimiques du produit : taux d’humidité, masse volumique, taux de fine, diamètre, Pouvoir Calorifique Inférieur, taux de cendre, carbone (C), hydrogène (H), Oxygène (O), Azote (N), Soufre (S), Chlore (Cl), • la tenue du produit en combustion : températures, émissions gazeuses (CO, CO2, NOx, SO2 et O2), condensats (pH, analyses d’acide…) et émissions de poussière (concentration et répartition granulométrique). L’absence de coordination entre producteurs, fabricants d’appareils et installateurs, constitue également un frein au développement de la filière. Par exemple, il est essentiel d’installer chez le particulier un silo solide, d’une contenance adéquate, comprenant un raccord « pompier », un manche à poussières (dans le cadre d’un silo maçonné) et surtout, une facilité d’accès pour réaliser les livraisons de granulés par camion souffleur dans les meilleures conditions. Le silo doit aussi permettre le stockage des granulés dans des conditions idéales à l’abri de l’humidité.

qui ont fait le choix de ce mode de chauffage, un combustible de qualité, à un prix compétitif et suffisamment stable. La professionnalisation de l’offre en granulés passe en tout premier lieu, par la garantie d’un combustible de qualité supérieure et constante. Mais aujourd’hui, si le marché du bois énergie rencontre encore des difficul-

tés de développement, c’est surtout en raison de difficultés d’approvisionnement du produit. La logistique, peu organisée, entraîne également une forte volatilité des prix, allant parfois du simple au double entre basse et haute saison. Fort de ce constat, il faut : • déployer des compétences et des moyens industriels et commerciaux pour organiser et professionnaliser cette nouvelle filière sur tout le territoire national, • tisser un réseau de partenaires - distributeurs, garants d’une politique axée sur la fourniture d’un produit de qualité • développer un service de proximité pour satisfaire les attentes des particuliers (gamme de produits, disponibilité en vrac et en sac, à disposition ou livré…). Laurence ROBERT Laboratoire CERIC Elsa BÜRGIN

• Choix écologique Produit 100% naturel issu de sciures de bois résineux non traité • Qualité PREMIUM constante testée au laboratoire CERIC supérieure aux normes en vigueur Ö-NORM M7135 et DIN+ • Sécurité dʼapprovisionnement avec un réseau de partenaires et une forte capacité de stockage, répartis sur lʼensemble du territoire national • Stabilité des tarifs garantie sur la saison 2007-2008 sur tout le territoire national

Construire le réseau… Investir dans un appareil de chauffage est une décision engageante pour le futur et il est primordial de pouvoir procurer à tous moments aux particuliers ou aux industriels,

Bioenergie International N°3, 01-2008 / www.bioenergieinternational.com

Page 17


Dossier Première automnale du bois-énergie C’est le nom de la manifestation qu’avaient choisi les acteurs du bois-énergie du Haut-Chablais français les 22 et 23 septembre 2007 au Biot pour lancer leur concept d’offre globale pour les particuliers et les collectivités.

D

eux journées d’inauguration, de portes ouvertes et de démonstrations ont lancé officiellement l’activité en commun des entreprises du bois-énergie du Haut-Chablais en Haute-Savoie regroupées dans le projet N’Ergya. Cette démarche est à souligner car elle associe plusieurs PME dans le but d’offrir une palette variée de com-

bustibles bois de qualité aux communes et aux particuliers de leur région (bûches, plaquettes forestières, bûches densifiées, allume-feu et granulés) mais également toute la palette de services qui va avec et en particulier l’offre en appareils de chauffage. C’est dans ce but que les entreprises ont choisi d’ouvrir des magasins « bois-énergie » où les

Marc Rihouey, responsable de NʼErgya

Déchiquetage chez Foresbois - Photo ITEBE

Page 18

Bioenergie International N°3, 01-2008 / www.bioenergieinternational.com


plaquettes Interview de M. Alain Henry, maire de Vailly et président du Syndicat intercommunal du Haut-Chablais

L Le magasin Foresbois - photo ITEBE

consommateurs peuvent tout en découvrant une exposition de poêles et chaudières modernes, se renseigner sur le combustible bois le plus adapté à leur cas et le commander. Au Biot, l’entreprise qui accueillait le principal de la manifestation, Foresbois est une entreprise de production de bois de chauffage qui a investi dans un hangar pour plaquettes forestières et dans un magasin d’exposition et de vente, tout en bois du pays bien entendu ! D’autres magasins de ce type verront le jour afin d’offrir à la clientèle une vision globale et coordonnée de la filière bois-énergie à une époque où de très nombreux nouveaux consommateurs ne connaissant pas le bois se posent la question des énergies renouvelables. Parmi les entreprises associées au projet N’Ergya, notons également la scierie Maxit qui héberge dans la vallée voisine l’unité de production de granulés et de briquettes du projet et l’entreprise Bobois Energie qui distribue ces granulés en vrac dans la région grâce à son camion souffleur, en plus de produire également du bois de chauffage. Le groupe d’entreprises, en plus de leur complémentarité et de la globalité de produits, a opté éga-

lement pour la qualité à tous les niveaux. N’Ergya est la première entreprise française a avoir souscrit à la Marque de qualité ITEBE Granulés, Bobois Energie est certifiée NF Bois de chauffage pour la bûche et se fera certifier pour la livraison des granulés en vrac en 2008 et l’organisation de Foresbois pour la plaquette forestière donne toutes les garanties d’un produit régulier et sec. Contact : www.nergya.fr

e soutien de la collectivité locale au projet N’Ergya s’inscrit dans ce qu’on appelle les « schémas stratégiques de massifs» pour la mobilisation du bois de montagne. Ici dans le Haut-Chablais, dans un périmètre de plus de 48000ha couvrant 21 communes, nous nous sommes engagés dans une démarche de valorisation forestière territoriale. Ce partenariat public-privé fort a reçu en décembre 2006 le label de Pôle d’excellence rural. Les études de la ressource du HautChablais qui ,au cadastre compte 37% d’espaces boisés, dont 47% d’espaces privés, mettent en évidence une couverture forestière bien supérieure, puisque la forêt avance, et qu’en regard des données cadastrales nous comptons 10 380ha en plus. L’espace forestier réel du Haut-Chablais est estimé aujourd’hui à 28 840ha, pour une production annuelle possible de 126330m3, dont 81% est du bois d’œuvre et 12% du bois énergie (15 350 m3). Dès à présent, ce sont près de 48 000 m3

de bois-énergie qui sont exploitables par tracteurs. Ce potentiel pourrait évoluer vers les 110 000m3 si nous ajoutons des exploitations par câble. Nous espérons qu’avec nos démarches territoriales d’aménagement, pour répondre au problème du foncier privé trop morcelé, pour travailler sur les forêts à rôle de protection, pour initier des contrats d’approvisionnements, démarches qui sont déjà engagées, nous espérons qu’avec ces nouvelles approches tout ce bois sera bientôt disponible pour être transformé en combustible, sans détruire ou défigurer nos massifs forestiers, mais au contraire en les revalorisant. Nous avons tous besoin d’un cadre de vie ludique et équilibré. C’est le projet de territoire que nous avons engagé, aidés par différents services, pour que demain, peut-être, le Haut Chablais soit un territoire tout énergie renouvelable, si nous associons au bois : le solaire et l’hydraulique. Contact : secretariat@sivom-haut-hablais.org

Halle à plaquettes de Foresbois

Bioenergie International N°3, 01-2008 / www.bioenergieinternational.com

Page 19


Dossier Un camion qui a du souffle !

Camion souffleur pour le bois déchiqueté M. Romanet est exploitant forestier sur la commune de Sonnay dans l’Isère. Il a commencé la vente de bois déchiqueté en 2000. Sa clientèle est constituée de chaufferies de petite à moyenne puissance (20 à 150 kW) pour laquelle il a cherché des solutions permettant de livrer des silos hors sol. Il a dans un premier temps équipé une remorque agricole d’une vis sans fin, puis s’est ensuite tourné vers le soufflage.

P

our la réalisation du premier camion expérimental, les objectifs étaient d’équiper un camion de petite taille afin de faciliter l’accès chez les particuliers, et d’optimiser le débit de soufflage du bois déchiqueté afin que la livraison ne dure trop longtemps. Le choix du camion s’est porté sur un véhicule de petites dimensions équipé d’’une benne de 13,5m3. L’encombrement du camion se réduit à 2,23 de largeur et 6 m de longueur pour une hauteur de 2,40 m (4,60 m benne levée). Le PTAC du camion affiche 7,5 t. Le système de soufflage élaboré par M. Romanet combine une vis sans fin à pas inversé et le propulseur souffleur alimenté par un système hydrau-

lique monté sur le moteur du camion. Ce système à fait l’objet d’un dépôt de brevet. À l’heure actuelle, les performances affichées par ce système de soufflage de bois déchiqueté sont de l’ordre de 0,5 MAP/min à 1 MAP/min selon la puissance du souffleur. Il faut compter 25 mn de déchargement de la benne complète pour le plus petit modèle et 15 mn pour le plus grand. Les tests ont été réalisés pour des longueurs maximales de 25 m en tuyaux rigides et 20 m en tuyaux souples et 4,5 m de hauteur. D’autres essais sont en cours pour optimiser cette portée. En tout état de cause, M. Romanet préconise aux maîtres d’ouvrage la mise en place d’une tuyauterie rigide fixe sur laquelle pourra se rac-

Le propulseur souffleur couplé sur le moteur du camion.

corder le camion souffleur avec un minimum de tuyau souple, et d’éviter autant que possible les coudes qui engendrent des pertes de charge importantes. M. Romanet est également ouvert à l’étude de l’installation de son système de soufflage sur des camions existants

et à l’utilisation de son système sur des camions plus grands (10 ou 12 tonnes) . Contact : Yves ROMANET 1600 Chemin des Routes 38150 SONNAY 06 86 27 48 91 - 04 74 84 14 07

ROMANET — camion souffleur — système de soufflage — tuyaux flexibles et rigides 1600 Chemin des Routes 38150 SONNAY –– yves.romanet@wanadoo.fr Livraison dʼun silo hors sol.

Page 20

Tél. 06.86.27.48.91 — Fax : 04.74.84.14.07 Bioenergie International N°3, 01-2008 / www.bioenergieinternational.com


plaquette Bioforêt

Le credo de la qualité Cette entreprise basée en Bourgogne a investi deux millions d’euros pour produire une plaquette forestière irréprochable à partir d’une organisation rationalisée au maximum, d’un cahier des charges rigoureux et d’une stratégie de transparence totale.

L

a société s’est installée en 2004 sur 5,5 ha à Villiers-Saint-Benoît dans l’Yonne. Elle a construit trois hangars d’une superficie totale de 4 500 m2 permettant de stocker les produits finis, et de terminer leur séchage par voie naturelle. L’ensemble des aires de manœuvre et de travail ont été goudronnées. Toute la matière première arrive sur la plateforme en billons de 2 m par les moyens classiques d’exploitation forestière car l’entreprise a choisi de déchiqueter à poste fixe afin de rationaliser cette opération économiquement mais aussi environnementalement, en réduisant les opérations en forêt, leur complexité d’organisation et donc leur durée globale et leur coût. Les bois sont stockés un an minimum sur la plateforme à l’air libre avant déchiquetage pour un premier ressuyage. Une déchiqueteuse à tambour et à alimentation électrique transforme 100 tonnes de rondins en plaquettes chaque jour pour une production annuelle de 20 000 tonnes. Les plaquettes sont ensuite criblées, dépoussiérées avant de rejoindre le stockage automatiquement par un convoyeur à raclettes situé sous le faîte du toit, et qui permet de ranger les produits par catégories

Benne pour livraison pneumatique Photo ITEBE

tions. L’entreprise a d’ailleurs engagé une procédure de certification ISO 14001 qui repose sur le principe de l’amélioration continue des performances environnementales. Les plaquettes sont produites sur la base d’un cahier des charges précis. Elles ont une dimension standard de 25x25mm, une humidité maximum de 25% et un taux de cendres inférieur à 1%. Elles sont de plus exemptes de poussières, de gros morceaux, de corps étrangers et l’entreprise peut même garantir une densité énergétique comprise entre 1150 et 1350 kWh/m3 grâce à son mono-approvisionnement en bois dur.

Benne pour livraison pneumatique Photo ITEBE

guide papier expliquent tous les principes du chauffage au bois déchiqueté de la forêt à la cheminée, les impacts environnementaux, les coûts, les réglementations, le cahier des charges.

dans des places prédéfinies. Quatre mois de séchage naturel vont parfaire ces plaquettes qui pourront alimenter toutes les chaudières, même les plus exigeantes en qualité. Pour la livraison, l’entreprise a investi elle-même dans deux camions, un semi-remorque et un porteur multibennes, dont une souffleuse. L’entreprise a choisi de ne produire des plaquettes qu’avec des bois durs, chêne et charme, largement disponibles dans la région. Une étude de ressource préalable a montré la grande pérennité de ce choix par l’implantation du site qui permet de s’approvisionner très localement, réduisant ainsi les transports, leurs coûts et leurs polluLe stockage des plaquettes - Photo ITEBE

Bioforêt alimente le marché des chaufferies à plaquettes de petites et moyennes puissances, particuliers, communes et réseaux de chaleur. Elle s’est associée à un réseau de bureaux d’études, maîtres d’œuvre et installateurs pour permettre la mise en œuvre de projets clés en main. Des formules de contrats lui permettent de garantir à sa clientèle un produit de qualité sans délai en anticipant le stockage des volumes ainsi contractualisés. Mais l’entreprise a surtout mis en place un marketing poussé, chose encore très rare dans la profession, avec une commerciale et une documentation très complète. Site Internet, brochure et un

Bioforêt joue ainsi le jeu de la transparence totale, expliquant l’ensemble de ses principes, et ceci bien entendu pour créer la confiance avec un marché encore parfois réticent à ce type d’énergie. En conclusion, notre journal salue cette initiative exemplaire, la grande rigueur de travail et la pédagogie de cette entreprise qui réalise un travail énorme très utile à l’image et à la reconnaissance du sérieux pour toute la filière bois-énergie. www.bioforet.com Frédéric DOUARD

Station de criblage des plaquettes - Photo ITEBE

Bioenergie International N°3, 01-2008 / www.bioenergieinternational.com

Page 21


Entreprenariat

Histoire d’un producteur de plaquettes en plein essor

Kotimaiset Energiat En théorie, les capacités des grosses déchiqueteuses offrent de hauts rendements mais pour cela, il faut que la logistique suive. Tommi Lahti de Kotimaiset Energiat présente sa société et sa philosophie.

E

n 2004, un brutal arrêt cardiaque apporta de tristes nouvelles à Tommi et Jussi Lahti. La mort inattendue de Pekka Lahti, le père et fondateur, a laissé un énorme vide dans leur cœur et dans la société. Aussi fallut-il repenser le futur de l’entreprise. Au cours de l’été 2007, les formalités concernant la propriété se conclurent : Tommi Lahti, l’aîné, prit la direction de la société. Entre-temps, Kotimaiset Energiat est devenu l’un des plus importants producteurs de plaquettes de rémanents forestiers en Finlande. La nouvelle génération a pris le pouvoir dans la société. « Les nuages ont parfois des lueurs d’espoirs », raconte Tommi Lahti.

La puissance de déchiquetage L’équipement de Kotimaiset Energiat se compose de neuf déchiqueteuses mobiles Giant fabriquées par le finlandais LHM Hakkuri Oy. Elles fournissent une capacité de déchiquetage légèrement supérieure au besoin. Chaque machine peut produire jusqu’à 100 MAP/heure. Les déchiqueteuses Giant peuvent également produire des plaquettes à partir de matériaux mixtes et très humides. Kotimaiset Energiat a investi dans un parc de camions pour assurer une Page 22

parfaite logistique à tout instant. Le plan d’affaires La nouvelle stratégie de l’entreprise est d’offrir toute une gamme de services de broyage/déchiquetage à tous les clients et chaînes de production d’énergie. Cela inclut les autres producteurs de plaquettes, les chaufferies et centrales thermiques et les petits consommateurs comme les fermes. La qualité du bois déchiqueté est l’exigence première du client. Pendant que les prix du pétrole augmentent, le marché des plaquettes de rémanents forestiers grandit en Finlande. Kotimaiset Energiat compte développer ses parts dans ce marché croissant. La première étape pour permettre cette croissance va consister à mettre en place un réseau national de services pour les clients consommateurs de bois déchiqueté. L’export a lui aussi commencé par petites étapes avec des ventes vers les pays voisins comme l’Estonie, la Lituanie et la Russie.

l’abattage, et sèchent sur place pendant plusieurs mois. Les rémanents « secs » sont déchiquetés en bord de route et transportés directement chez le consommateur final sans stockage intermédiaire. Cette logistique requiert une forte capacité de déchiquetage ainsi qu’une grande expérience de l’exploitation et de la logistique forestière. Un seul homme, mais gros volumes Le choix des déchiqueteuses Giant rend possible le concept du « un homme, de grands volumes ». La production annuelle de la société Kotimaiset Energiat égale sa capacité de production avec ses neuf machines :

environ un million de MAP. Le haut rendement de la logistique forestière, du déchiquetage et du transport permet d’offrir un prix optimisé pour les consommateurs que sont les centrales de cogénération. Le futur « Le futur est resplendissant ! » déclare Tommi Lahti. « Les pierres fondatrices de notre succès sont la logistique, la rentabilité et la production de masse des plaquettes. Nous travaillons en permanence à l’amélioration de nos performances logistiques et de notre rentabilité ». D’après un article original de Dorota NATUCKA

Logistique L’abattage produit d’importants volumes de branches et de cimes. Les rémanents sont amenés en bords de route par les débardeurs pendant

Bioenergie International N°3, 01-2008 / www.bioenergieinternational.com


Déchets verts Valorisation des déchets d’élagage

Compost et bois-énergie L’usine de compostage Hahn Kompost à Pfatter près de Regensburg apporte un renouveau à la valorisation des déchets verts : elle produit à la fois du compost de haute qualité et du bois-énergie en deux fois moins de temps. La clef du succès repose sur de nouvelles technologies produites par Komptech.

H

ahn Kompost situé à Pfatter près de Regensburg en Allemagne, traite environ 25 000 tonnes de déchets verts par an. Cette biomasse est collectée dans des containers disposés dans les centres de tri. Il est également possible de livrer de larges volumes directement à l’usine. Le spectre des produits varie : herbes, déchets de tonte de gazon, feuilles, résidu de ratissage, déchets de fruits, racines, branches jusqu’aux déchets de bois (catégorie A1).

lométrie fine que l’on trouve habituellement dans les produits déchiquetés à haute vitesse.

Déchiquetage à lames acérées Les déchets d’élagage sont d’abord déchiquetés à l’usine de compostage. Des outils très aiguisés sont utilisés dans une déchiqueteuse à vitesse lente de marque CRAMBO. Cette technologie permet de réduire sensiblement la proportion de granu-

Décomposition rapide intensive Le matériau déchiqueté est décomposé de façon intensive en deux étapes. Un compostage en andain triangulaire est utilisé pour la décomposition. La structure grossière du matériau crée une porosité élevée dans les andains, ce qui initie une réaction

Tamisage Le procédé permet aussi de limiter les grosses particules à une taille maximum. Un tamis intégré à la déchiqueteuse empêche les morceaux non calibrés de sortir et les contraint à retourner dans le cycle de déchiquetage. Un système de démontage rapide permet de changer la granulométrie facilement.

de décomposition rapide. Le retourneur d’andain triangulaire Topturn X53 retourne les andains tous les deux ou trois jours, maintenant ainsi la vitesse de décomposition. Les matériaux facilement décomposables comme l’herbe ou les feuilles, sont transformés dans cette étape. Le séchage La décomposition biologique porte les matériaux au cœur des andains à une température de 60 à 70°C. En même temps, l’eau sous forme de vapeur, est évacuée à chaque cycle de retournement d’andain. C’est la combinaison de ces deux mécanismes qui assure le séchage des andains. Le procédé de mélange permet de

sécher l’andain de façon homogène à travers toute la section. La réaction de décomposition est stoppée après dix jours. Alors commence la seconde étape. La part ligneuse Le tamis stationnaire, Multistar 3-SE, qui permet de séparer trois granulométries différentes, extrait la fraction ligneuse du compost, c’est-à-dire le matériau à haut contenu calorifique. Les variations d’humidité dans les matériaux n’influent pas la qualité du travail de tamisage de cette technologie. Une combustion propre Le tamis produit entre 40 et 50% de matériaux ligneux dont la granulométrie est comprise entre 25 et 70 mm. Ce combustible est valorisé comme du bois déchiqueté dans des chaufferies. Le compost dont la granulométrie est inférieure à 25 mm et qui correspond à environ 40% de la masse totale, retourne sur la plateforme à compost, où il est travaillé et conservé jusqu’à l’obtention de la maturité requise. Les morceaux de granulométrie supérieure à 70 mm retournent à la déchiqueteuse. Un usage efficace de l’espace Le procédé précédemment décrit permet de rentabiliser l’espace. Grâce à cette technologie, on a pu augmenter de 30% la quantité traitée par an sur la même surface. D’après un article original de Lennart LJUNGBLOM

Bioenergie International N°3, 01-2008 / www.bioenergieinternational.com

Page 23


Une déchiqueteuse géante

Pour produire des granulés

Anders Ragnarsson et son Magnum Force

I

l n’y a pas que le climat qui se réchauffe. L’opinion publique et les projecteurs des médias font de même en se concentrant sur les problèmes de changements climatiques : comment arrêter ce processus et comment diminuer la consommation mondiale d’énergies fossiles ? Une des réponses de l’industrie suédoise est de créer des technologies efficaces de valorisation des énergies renouvelables comme les bioénergies : rémanents forestiers, bois recyclé et granulés. Skelleftea Kraft (Suède) est le quatrième plus grand producteur d’électricité en Suède et sociétaire de la plus grande centrale thermique cogénération biomasse à Jakobstad, en Finlande. C’est une entreprise qui a compris les enjeux et intérêts de la biomasse et travaille en ce sens. La combinaison granulés/cogénération La société a conçu « Hedensbyn Skelleftea », une usine qui combine la production d’électricité et de chaleur avec celle de granulés de bois. Cette unité produit chaque année 125 000 tonnes de granulés, 300 GWh de chaleur vendue aux réseaux de chaleur et 160 GWh d’électricité. Cette usine de conversion d’énergie, en combinant ces trois produits du bois, permet d’obtenir un rendement de plus de 90% sur l’énergie brute entrante ! La matière première Grâce à la toute nouvelle déchiqueteuse à tambour de 1 000 CV, la Mag-

Page 24

Dans lʼusine dʼassemblage

Dans la gueule du monstre

num Chipper 8400, conçue par Continental Biomasse Industries (CBI) aux États-Unis et le distributeur suédois Allan Bruks AB, Skylleftea va pouvoir produire des mini-plaquettes (fibres inférieures à 5 mm) en large quantité à partir de bois ronds. Ces mini-plaquettes seront faciles à sécher en mélange avec la sciure et permettront ainsi un affinage plus efficace avant le passage en presse. Le marché Le marché potentiel pour les producteurs de granulés est immense. En 2002, le marché européen avoisinait les 2 millions de tonnes de granulés. En 2006, ce sont plus de 5 millions de tonnes qui ont été consommées. La Suède est le plus grand producteur mondial avec 1 460 000 tonnes en 2006. C’est aussi l’un des pays leaders dans l’usage des bio-énergies.

25% de l’énergie primaire suédoise provient de la biomasse. Le gouvernement s’est engagé à rendre la Suède indépendante des énergies fossiles dès 2020. Skelleftea Kraft vend sa chaleur à 17 réseaux de chauffage urbain notamment avec ses trois centrales cogé-

nération biomasse à Malla, Lycksele et Skellaftea. D’après un article original de Mark TAITZ www.cbi-inc.com www.allanbruks.se www.skekraft.se

Lʼentreprise compte 75 salariés

Bioenergie International N°3, 01-2008 / www.bioenergieinternational.com


Manutention Manutention efficace de biomasse solide en vrac par

Fond vibrant Le fond vibrant « Vibrafloor » est une technologie universelle de déstockage des produits vrac, fluides ou cohésifs. Des modules indépendants disposés sur le fond légèrement incliné des silos, navires, wagons et containers, permettent d’en récupérer automatiquement les talus résiduels. Jean-Claude Poncet de Silexport International nous en explique le fonctionnement.

L

e coût de la biomasse est constitué pour l’essentiel de frais de transport et de manutention. Idéalement le combustible est consommé par la chaudière directement sur le lieu de production, sans manutention intermédiaire. Lorsque les lieux de production et de combustion sont éloignés, le matériau est chargé dans des containers Vibrafloor sur le site de production, transporté, stocké, puis alimente directement la chaudière grâce au fond vibrant. Principe de base Un fond vibrant peut être appréhendé comme une couche flexible interposée entre un plancher légèrement incliné et un talus résiduel de matériaux. La mise en vibration de cette couche provoque la déstabilisation du talus résiduel, et son transport progressif le long de la pente vers un convoyeur de reprise. Les vibrations sont toujours initiées au pied de la pente où la charge est la plus faible,

Plancher actif

et où le talus résiduel est le plus susceptible de s’effondrer. En pratique, la couche flexible se compose de modules indépendants, pré-assemblés en usine, et disposés sur le fond du stockage à vidanger. Les modules vibrants permettent de déstocker efficacement tout type de biomasse, plaquette de bois, granulés, sciure, écorces déchiquetées etc. ayant une humidité jusqu’à 40%. Fabrication Un module pré-assemblé est composé d’une tôle en acier spécial reposant sur des ressorts, maintenue sur un cadre métallique par une membrane thermoplastique robuste. L’installation sur site consiste à disposer les modules sur le fond, boulonner un vibrateur électrique protégé par un carter étanche à la poussière, et réaliser les branchements électriques. Les modules sont adaptés à la forme et aux dimensions du stockage. Ils sont d’épaisseur 45 mm, de longueur variable, et d’une largeur

VIBRAFLOOR

préférentielle de 2,2 m. Les coins peuvent être biseautés pour coller au plus près de parois circulaires. L’angle de la pente est choisi selon la granulométrie, l’humidité et le poids spécifique du ou des produits stockés, afin d’obtenir le débit de vidange prescrit. Les parties mécaniques mises en vibration sont supportées par des ressorts et maintenues en place par la membrane thermoplastique, et de ce fait ne transmettent pas de vibrations à la structure. Un fond vibrant n’ajoute aucune contrainte mécanique à la structure, autre que son poids propre de 35 daN/m2. Applications Les containers Vibrafloor sont parfaitement adaptés à la gestion des flux de combustible, puisqu’ils évitent toute opération intermédiaire de manutention des produits. Les planchers vibrants sont également utilisés en silos, et il est envisagé d’équiper des navires autonettoyants de transport de plaquette et de granulés de bois. Le concept est déjà utilisé dans des navires de sucre cristallisé en Australie, de farine en Hollande et d’aliments

pour poisson en Norvège. Usine de granulés Les modules vibrants trouvent leur place dans les usines de granulés mobiles comme celle développée par la société britannique Biojoule, pour déstocker la production de granulés de containers de 40 pieds. Wagons Le transport de plaquettes de bois par chemin de fer se heurte au problème de vidange des wagons. Des prototypes réalisés avec la société Railtrans ont prouvé l’efficacité et l’intérêt technico-économique de wagons Vibrafloor, capables de se nettoyer intégralement en trois minutes, y compris sur produit gelé. L’introduction de fonds vibrants dans les projets de transports et de manutention de biomasse permet des économies substantielles de coûts d’investissements et d’exploitation, tout en garantissant un excellent confort d’utilisation, en toute sécurité. Jean-Claude PONCET Silexport international

Déstockage automatique de biomasse de wagons, navires, silos, containers

Silexport@silexport.fr tél. +33 (0)3 85 44 06 78

www.silexport.com +33 (0)6 80 96 41 44 (cell.)

La manutention efficace de biomasse est essentielle lorsque les temps d'attente des véhicules de transport accroissent les coûts de logistique

Bioenergie International N°3, 01-2008 / www.bioenergieinternational.com

Page 25


Cogénération Les rémanents forestiers produisent électricité et pellets grâce à

Une turbine au gaz de bois Au Japon, le groupe Kawasaki a mis en test une centrale cogénération de petite puissance alimentant une turbine en gaz de bois. Techniques Industrielles et des Nouvelles Énergies (www.nedo.go.jp/ english/introducing/what.html). NEDO, une agence administrative du gouvernement japonais, est la plus grande structure publique d’organisation et de management de la recherche et du développement des technologies industrielles avancées, des nouvelles énergies, des économies d’énergie et de l’environnement. Module de base et flux des matériaux à Niyodogawa-cho L’unité est très compacte et occupe une surface inférieure à 8 mètres carrés. Sa construction s’est achevée en mars 2007. La période d’évaluation technique et économique de la technologie va durer jusqu’en mars 2010. La consommation moyenne pour un fonctionnement de huit heures par jour est de 3,6 tonnes (soit

Figure 1

A

ujourd’hui, la biomasse ligneuse est principalement utilisée dans les centrales à vapeur de grande puissance. Or pour des raisons de logistique, le bois, qui en général est disponible dans les régions montagneuses du Japon, pourrait être valorisé plus facilement dans de plus petites unités. C’est pourquoi il est essentiel de développer les technologies de conversion d’énergies de petite puissance à haut rendement. L’unité Kawasaki Kawasaki Plant Systems Ltd (K-Plant), une filiale de Kawasaki Industries Lourdes, a mis au point cette unité de production d’électricité décentralisée de petite puissance. Ce système à haut rendement énergétique utilise une technologie de gazéification de bois à température relativement basse (650°C) dans un lit fluidisé pressurisé. Le gaz ainsi produit contient des goudrons. Son injection directe dans la turbine gaz dans les mêmes conditions de température et de pression que dans le gazéificateur, permet d’éviter les lourdes opérations de lavage des gaz.

Page 26

450 kg/heure) de bois déchiqueté, de sciure et d’écorces. La centrale est démarrée chaque jour en fonction des besoins du client. La centrale va produire 150 kW électriques à partir de rémanents forestiers et 400 kg/heure de vapeur pour sécher du bois qui va permettre de fabriquer 600 tonnes de granulés par an. Les granulés seront fournis aux hôtels de la station thermale voisine ainsi qu’à une institution pour handicapés. K-Plant est convaincu du grand potentiel de sa technologie, en particulier dans les îles et les plantations. Pour plus d’informations contacter Ichiro KOYAMA Project Development Department Kawasaki Plant Systems Limited koyama_i@khi.co.jp www.khi.co.jp/kplant/

Le contenu calorifique du gaz goudronné à l’entrée de la turbine est faible, environ 1 000 kcal/Nm3. Une partie de la vapeur produite en sortie de turbine est réinjectée dans le gazéificateur. Le reste de la chaleur résiduelle peut être valorisé dans diverses applications comme par exemple le séchage de bois. Le projet Niyodogawa-cho Le travail de recherche et développement de K-Plant sur cette technologie a débuté dès le début des années 1990. Le premier succès fut l’opération pilote à K-Plant Akashi Works en 2004. L’unité en banc d’essai produisait 24 kW électriques derrière une petite turbine à gaz et montra un réel potentiel. Le procédé a depuis été développé et a conduit à l’élaboration d’une unité à Niyodogawa-cho, dans la préfecture de Kochi, dans l’ouest du Japon grâce à la coopération de l’Organisation de Développement des

Figure 2

Bioenergie International N°3, 01-2008 / www.bioenergieinternational.com


La société polonaise Alchemik présente ses

Briquettes de Miscanthus Alchemik est une entreprise polonaise productrice de presses à briquette depuis 1985. L’entreprise a acquis une grande expérience au cours de ces années et a travaillé constamment à diversifier les sources de matières premières compactables dans leurs presses à briquettes.

Parcelle de Miscanthus

Le miscanthus est une graminée vivace qui a fait l’objet de nombreuses études en Europe au cours des 5 à 10 dernières années et qui compte aujourd’hui parmi les cultures énergétiques. On le confond quelquefois avec l’herbe à éléphants (Pennisetum purpureum). La plupart des variétés de miscanthus proposées à la vente en Europe sont des hybrides stériles (Miscanthus x giganteus) originaires du Japon. Il existe aussi de nombreuses variétés d’ornement connues sous différents noms. Le miscanthus peut être récolté chaque année à l’aide d’une récolteuse du type de celle pour la canne à sucre. Sa culture est possible sous climat tempéré comme celui du nord de l’Europe.

L

e développement très rapide du marché des énergies renouvelables ces dernières années, et les retours d’expériences des clients (une source utile d’information pour l’entreprise),ont eu pour conséquence de pouvoir diversifier l’utilisation des équipements fabriqués par la société par le compactage de différentes matières premières sous formes de briquettes, y compris pour des applications dans le secteur du chauffage. Essais Au cours des dernières années, plusieurs essais de production de briquettes à partir de différentes plantes énergétiques ont été réalisés. En raison du grand intérêt suscité par les sources alternatives d’énergie (incluant la sciure) en Pologne, la gamme

des équipements crées par Alchemik a été grandement étendue avec des équipements de préparation de la matière première pour produire de la briquette. A côté des presses à briquettes et des séchoirs à tambour qui font partie de l’offre de la firme depuis plusieurs années, l’offre comprend maintenant des broyeurs fins pour différentes sortes de matières premières, des compacteurs de balles, des systèmes d’alimentation et des installations de dépoussiérage. Pour des raisons de disponibilité, la production de briquette à partir de pailles de maïs et de pailles d’avoine est la plus en vogue même s’il est très difficile de convaincre certains agriculteurs de récolter la paille d’avoine.

Briquetage de Miscanthus x giganteus Durant l’hiver 2005 la firme a récolté quelques tonnes de miscanthus x giganteus pour la production de briquettes et a conduit des tests similaires avec le miscanthus sacchariflorus crée à l’Institut pour la récolte et l’acclimatation des plantes de Bydgoszcz, Pologne. Récoltées pendant l’hiver, ces graminées représentent d’excellentes matières premières pour la production de briquettes. Le miscanthus est stocké en balles sous abri, ce qui permet d’obtenir un bon séchage, élément essentiel pour les transformations ultérieures. Contrairement à la paille, le miscantus x giganteus a une tige très épaisse qu’il faudra broyer en produits plus fins au cours de deux phases successives. La briquette produite à partir de miscanthus x giganteus contient un taux de silices plus faible que la briquette fabriquée à partir de la paille. C’est

pour cela qu’il est moins « contraignant » pour les presses à briquettes durant le processus de briquetage. Les briquettes, en raison de leur faible taux d’humidité sont suffisamment protégées contre l’humidité extérieure pour être stockées durant toute une année sans perte de qualité. Les avantages Le miscanthus a la particularité de s’assécher à l’air libre, les tiges sèches sont alors stockées sous abri, en balles réalisées à l’aide de presses haute densité. C’est le résultat obtenu par M. Wlodzimierz Majtkowski de l’Institut pour la récolte et l’acclimatation des plantes de Bydgozcz en Pologne. La société Alchemik propose à ses clients des presses à briquettes ayant des rendements de 100, 250, 350 kilos par heure (et leurs multiples). D’après un article original de Joanna Piotrowkska Alchemik

Tableau comparatif des propriétés du Miscanthus et du Switchgrass. Source : http://bioenergy.ornl.gov/reports/miscanthus/conclusions.html Miscanthus Miscanthus x giganteus

Switchgrass (panic érigé) Panicum virgatum

PCS (GJ/t)

17,1-19,4

18,3

PCI (GJ/t)

15,8-16,5

Nc

15%

15%

Propriétés physiques/chimiques

Taux d’humidité à la récolte Densité (déchiqueté) kg/m3 Densité (en balles)[balles hautes densité]

70-100

108

130-150[300]

105-133

Cellulose + semi-cellulose

64-71%

64-67%

Taux de cendres

1,5-4,5%

4,5-5,8%

1090°C

1016°C

0,1%

0,12%

Fusibilité des cendres Teneur en soufre

Caractéristiques du Miscanthus, sources : Acaroglu et Aksoy (1998) ; Nikolaisen (1998) ; Hallgren et Oskarson (1998) ; Huisman et al. (1996) ; Moilanen et al. (1996) ; Papatheofanous et al. (1996) Caractéristiques du Switchgrass, source : McLaughin et al. (1996)

Bioenergie International N°3, 01-2008 / www.bioenergieinternational.com

Page 27


Politique Statistiques européennes 2007 pour les bioénergies

À

l’initiative de l’AEBIOM, ce rapport en anglais dresse l’état des lieux de la contribution du secteur de la biomasse dans l’Europe des 27.

Objectifs Énergies Renouvelables de l’UE

Comment les atteindre ? Il y a quelques mois, l’Union européenne a souhaité mettre en place un objectif de 20% d’énergies renouvelables d’ici 2020. La Commission travaille actuellement à une proposition législative pour définir les moyens d’atteindre ces 20%. Il s’agit d’un défi considérable pour l’Europe qui devra faire passer la proportion des énergies renouvelables dans la consommation totale d’énergie de 7% aujourd’hui à 20% en 2020.

A

Au sommaire : * Biomasse : contenu énergétique, unités et outils de conversion * La biomasse dans la politique énergétique européenne * Les ressources et le potentiel de la biomasse * Utiliser la biomasse pour produire de l’énergie (chaleur, électricité) * Le biogaz * Les biocarburants

Retrouvez ce produit en vente dans la boutique des bioénergies www.bioenergie international.com Plus de 70 pages, une centaine de graphiques et de tableaux représentant le mix énergétique européen.

Page 28

fin d’atteindre l’objectif, la Commission envisageait sérieusement une augmentation de la part d’énergies renouvelables de 13% pour chaque État membre. Ce choix est complexe car il implique la mise en place d’un marché des énergies renouvelables. Il signifie aussi que les pays les plus consommateurs doivent faire plus d’efforts pour parvenir au but. Aussi n’est-il pas évident que ce système puisse être appliqué en pratique. Quel type de système choisir ? Pour l’Association européenne de la biomasse (AEBIOM), la directive devrait contenir les outils nécessaires pour augmenter l’usage des énergies renouvelables pour la chaleur. Entre autre cela signifie l’élimination des obstacles, un cadre pour les régimes de soutien, des statistiques valables, etc. La solution idéale serait d’étendre la directive actuelle sur l’électricité et les biocarburants jusqu’en 2020 et de proposer des objectifs concrets concernant le chauffage et la climatisation. L’AEBIOM voudrait voir la mise en place de plans d’actions nationaux qui prendraient en compte la chaleur, l’électricité, les biocarburants ainsi que le rendement de conversion énergétique de la biomasse. Il

n’est pas certain pour le moment que la Commission les intègre. L’AEBIOM s’attend à ce que la Commission opte pour des objectifs de consommation finale d’énergie puisque cela implique que le rendement énergétique sera mieux pris en compte. Pérennité de la biomasse L’Union européenne va devoir importer du bois, des granulés de bois, des cultures énergétiques destinées à la production de chaleur, de l’électricité et des biocarburants pour atteindre cet objectif de 20%. C’est aussi pourquoi l’Union européenne travaille aux problèmes de développement durable car la hausse de consommation de biomasse augmente les risques de dommages pour l’environnement, de compétition avec l’alimentation et d’appauvrissement de la biodiversité. Développement durable et biocarburants La Commission Européenne a récemment consulté plusieurs spécialistes du développement durable des biocarburants pour inclure cet aspect dans la proposition législative en cours. L’AEBIOM a répondu de la manière suivante à la consultation de la Commission le 18 juin

dernier : • Comment concevoir l’impact environnemental des biocarburants ? L’instrument principal le plus correct est de réduire la part d’énergies fossiles dans la production de biocarburants en implémentant une taxe sur le CO2. En effet cette mesure favorise à la fois l’usage des énergies renouvelables et l’utilisation rationnelle de toute forme d’énergie simultanément dans tous les secteurs. • Comment assurer le suivi des effets globaux sur le sol ? La limitation de la production des biocarburants basée sur le rapport prix des aliments/terres disponibles n’est pas pertinente en ce que les prix des produits de base agricoles sont encore peu élevés en Europe. • Devrait-on, et comment, en-

courager l’utilisation des biocarburants de seconde génération ? L’Europe devrait éviter une discrimination injuste entre les soidisant biocarburants de première et seconde génération. • Quelles autres actions sont nécessaires pour porter à 10% la part des biocarburants ? Normes, objectifs nationaux obligatoires pour les biocarburants, avantages fiscaux ou détaxation en combinaison avec les objectifs, réduire la consommation des carburants et augmenter la part des biocarburants, des régimes de soutien efficaces. D’après un article original d’Edita Vagonyte Association Européenne de la Biomasse Vagonyte@aebiom.org

Bioenergie International N°3, 01-2008 / www.bioenergieinternational.com


Observatoire Prix des granulés en France Les prix affichés correspondent à des prix publics TTC collectés auprès de distributeurs et producteurs sur l’ensemble du territoire français. Observations sur le dernier semestre 2007 Pour ce dernier semestre 2007, on note un resserrement des prix dans une fourchette très raisonnable tant pour le vrac ( 59 euros d’écart maximum) que pour le sac (58 euros d’écart maximum). Pour les tarifs en sacs la fourchette va de 230 à 288 euros par tonne et pour le vrac, on peut observer des tarifs allant de 180 à 239 euros par tonne livrée. Autre aspect significatif : il est

désormais possible de s'approvisionner en granulés en sacs au même prix que le vrac chez certains revendeurs puisque les tarifs minimums en sacs et maximums en vrac se chevauchent. Le maintien des prix du granulé de bois sur l'année 2007 à un tarif relativement élevé n'en rend pas ce combustible moins attractif puisque comparativement au gaz, au fioul ou à l'électricité, le prix du kWh entrée chaudière reste parmi les plus bas du marché.

Photo : Crepito

Innovations au salon du chauffage domestique à Stockholm

L

a société Finlandaise NunnaUuni a présenté un poêle masse à granulés de bois. La filiale d’Aritherm, KMP a présenté un produit attendu depuis fort longtemps : un équipement de fumisterie permettant d’installer un poêle à granulés sans cheminée. Ceci n’avait jamais pu se faire en Suède auparavant en raison des normes de santé. Le système, appelé KMP Drag (drag signifie aspiration), est breveté et peut être installé sur les poêles Mysinge et Solberga. L’installation est simple et peu coûteuse. L’opération s’effectue en quelques heures.

De janvier à juin 2007, prix livré dans un rayon de 50 km. Puis prix départ revendeur

Le prix de l’unité en Suède est d’environ 850 euros (TVA de 25% incluse). Un autre avantage du système est que l’entrée d’air du poêle est préchauffée par les gaz de combustion.

Source : Bioenergy International n° 28 Prix de la tonne en vrac, livraison de 5 tonnes par camion souffleur, dans un rayon de 100 km (diamètres 6 à 9 mm) Page 29

Bioenergie International N°3, 01-2008 / www.bioenergieinternational.com


Noyaux d'olives : source d’énergie propre

N

e jetez plus vos noyaux d’olive : ils pourraient bientôt fournir une réponse propre et verte à la production de chaleur et d’électricité grâce à la technologie développée par la startup israélienne Genova, fondée en 2004 et basée à Karmiel. La biomasse ou déchet organique est générée comme produit dérivé par la plupart des industries dans le monde, de type forestier ou agricole. Elle est généralement acheminée dans des décharges où elle pourrit, ou elle est brûlée ; ces deux transformations produisant du méthane, un gaz à effet de serre. Cependant le méthane, s'il est exploité correctement, peut devenir une source d'énergie non négligeable. Dr Wladislawsky s'intéresse particulièrement à la biomasse issue des presses d'olive couramment rencontrées au Moyen-Orient et notamment à la problématique du noyau qui rend l'exploitation plus difficile. Genova, en utilisant une technique innovante qu'elle préfère ne pas dévoiler, réussi à alimenter le processus de conversion de la biomasse en utilisant seulement 10% de l'électricité produite. À titre comparatif « notre processus est efficace à 90% tandis que nos concurrents sont à 50% uniquement », explique Yonat Granot le PDG de Genova. L'entreprise monte actuellement sa première usine pilote. Source : Israel21c 25-09-2007 Origine : BE Israël numéro 60 (22/10/2007) - Ambassade de France en Israël/ADIT http://www.bulletinselectroniques.com/ actualites/51499.htm

Page 30

Les Quatrièmes Rencontres de la Biomasse

« Quelles ressources pour les biocombustibles de demain » Comme chaque année, les Rencontres de la Biomasse sont une occasion de présenter un thème d’actualité dans le monde de la biomasse et d’évoquer des pistes innovantes dont le potentiel de valorisation devrait faire l’objet de futurs développements.

C

ette année, ces quatrièmes Rencontres ont vu la participation de plus de 170 personnes, dont de nombreux représentants du secteur industriel. Entreprises déjà actives dans la transformation du bois ou la fabrication de granulés, professionnels développant ou distribuant des appareils de chauffage biomasse ou sociétés soucieuses de diversifier leur approvisionnement énergétique. Les exposés de la matinée présentaient les matières premières utilisées pour produire des biocombustibles. Si certaines, comme le bois, semblent déjà bien connues du public, l’état des lieux de la fi-

lière bois énergie en Wallonie présenté par Didier Marchal a dressé un bilan de cette filière encore « jeune » dans cette région et démystifié certaines idées reçues qui tendent à décrédibiliser le caractère durable de celle-ci. Le reste de la matinée a été consacré aux nouvelles cultures énergétiques avec la présentation des travaux de l’INRA dans ce domaine et des exposés sur le taillis à très courte rotation (TTCR) et le miscanthus. Cette dernière plante a d’ailleurs fait l’objet d’un intérêt tout particulier puisque divers agriculteurs ont témoigné de leurs expériences et espérances vis-à-vis de cette culture au potentiel si prometteur.

Emmanuel de Maupeou, représentant de la société Bical Biomasse France, participait également aux débats pour présenter les atouts environnementaux et économiques du miscanthus et pour annoncer une future implantation de la société Bical en Belgique. Différents aspects relatifs à la valorisation de ces matières faisaient l’objet des exposés de l’après-midi et de la table ronde qui a suivi. La qualité des combustibles

solides a été discutée autour de l’intervention de Mike Temmerman du Centre wallon de Recherches Agronomiques de Gembloux ; l’occasion de faire le point sur les normes européennes et plus spécialement sur la spécification technique CEN/TS 14961 en cours de normalisation. Le cas particulier de la qualité des granulés a également été présenté. L’exposé d’Alain Moulart, responsable de la section Chauf-

Bioenergie International N°3, 01-2008 / www.bioenergieinternational.com


fage Biomasse au Centre de compétence Forem Formation Environnement de Mons a mis en évidence toute l’importance d’adapter le matériel à la combustion de matières végétales. Il a présenté les mesures réalisées par le Centre de compétences sur des chaudières biomasse et lancé un appel à collaboration. Un bel exemple de diversification d’activité et de développement local a été illustré par la présentation de Martial Chandeysson, directeur de la Coopérative de Blé à Salvagnac. Cette entreprise du Tarn a su profiter de son expérience dans la collecte de céréales et oléagineux et de sa position privilégiée au sein d’une filière d’approvisionnement en matière première pour se lancer dans la transformation de biomasse collectée localement, et dans la production d’agrogranulés et de briquettes végétales. Ces biocombustibles composites commercialisés par Ecovalorys, filiale de la coopérative, sont encore en phase de test et devraient être

disponibles sur le marché en 2008. Ces 4èmes Rencontres se sont achevées par une table ronde au cours de laquelle certains « pionniers » ou acteurs de développement des biocombustibles étaient interpellés par le public. Les nombreuses questions et échanges ont démontré tout l’intérêt suscité par ces cultures ligno-cellulosiques qui, nécessitent encore des recherches et améliorations au niveau de la mécanisation. Cette journée était aussi l’occasion pour certains industriels, producteurs de granulés notamment, de se positionner en tant que partenaires dans de nouvelles filières de valorisation énergétique. Les exposés présentés lors de ces rencontres sont téléchargeables depuis le site www.valbiom.be

Central European Biomass Conference 2008 La deuxième conférence européenne de la biomasse de Graz, Autriche, aura lieu du 16 au 19 janvier 2008 www.biomasseverband.at

Progetto Fuoco 2008 Le salon internatio-

Gaëlle WARNANT

nal du chauffage au bois domestique se

ValBiom asbl// Centre wallon de Recherches Agronomiques info@valbiom.be

tiendra à Vérone, Italie, du 24 au 27 janvier 2008.

Premier forum français des granulés biocombustibles

18 & 19 mars 2008 – Niort – Poitou-Charentes État des lieux technique, réglementaire et économique du marché des granulés de biomasse et de ses applications en France

● ●

Conférences et exposition

• 11 sujets qui font le panorama du marché français en 2008

2 visites thématiques

• usine de fabrication de granulés Archimbaud • usine de fabrication de conduits de cheminées Poujoulat

3 ateliers de travail thématiques • marché des granulés

www.progettofuoco.it

Bioenergy World Europe 2008 Le salon international des bioénergies organisé à Vérone, Italie, du 7 au 10 février 2008 www.bioenergy-world.com

• marché du chauffage par poêles à granulés • marché du chauffage par chaudière à granulés

Horaires : Mardi 18 mars 2008 de 8h30 à 19h30

Mercredi 19 mars 2008 de 8h00 à 17h00

Salon Bois Energie 2008 Le salon du chauffage au bois organisé à Lons le Saunier, France, du 3 au 6 avril 2008 Entrée gratuite offerte lors de la pré-ins-

Organisateur : ITEBE - Institut des Bioénergies - 28 boulevard Gambetta BP 30149 - 39000 LONS-LE-SAUNIER - Tél. +33 384 47 81 00 - info@itebe.org - www.itebe.org

cription en ligne aux rencontres d'affaires. www.boisenergie.com Page 31

Bioenergie International N°3, 01-2008 / www.bioenergieinternational.com



Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.