Lettre d'Info 54 (Mars 2019)

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Biovision Lettre d’info, Mars 2019

Le bien-être de nos animaux, c’est notre santé Le principe holistique Biovision : « One Health » – une santé

Un avenir pour tous, naturellement


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Sabla Galgalo Chef de projet « One Health », originaire de Merti, au Kenya

À la santé des animaux ! Au Kenya, les éleveurs du comté d’Isiolo vivent en symbiose avec leurs troupeaux. Mais cette proximité est risquée pour la santé humaine. Par Simon Gottwalt, Biovision

« Si nous voulons améliorer la santé de nos communautés pastorales, nous devons être conscients de l’impact des animaux sur les gens. »

Projets « One Health » à Isiolo (depuis 2016) Des formations adaptées sur les maladies animales, la prévention et l’hygiène alimentaire améliorent la santé des éleveurs et de leurs animaux. La mise en place d’un système d’alerte précoce réduit le risque d’épidémie grave. • Objectifs de la phase de projet en cours : –A grandir le réseau de rapporteurs de maladies animales –A ugmenter la résilience des populations à la sécheresse –A méliorer l’hygiène du lait –A méliorer la prévention des maladies dans les communautés –M eilleure coopération entre les autorités • Budget du projet 2019 : CHF 305 616 • Objectifs de développement durable (Agenda 2030) : Ce projet apporte des contributions directes et indirectes à quatre des 17 objectifs de développement durable : Objectif 1 (Pas de pauvreté), Objectif 2 (Faim Zéro), Objectif 3 (Bonne santé et bien-être), Objectif 15 (écosystèmes terrestres, sol, biodiversité) :

Petite saison des pluies au nord du Kenya : rien ne va plus sur la piste d’Isiolo à Merti. Pendant une demi-heure, nous restons ­coincés avec notre 4x4. L’éclatement d’un lourd nuage a transformé le chemin en ­ruisseau. Mais pour les bergers de la Corne de l’Afrique, l’eau est une bénédiction. Après plusieurs années sèches, la grande ­saison des pluies de mars à mai 2018 a été productive. Et en décembre dernier, même la petite saison humide a rendu les pâturages plus verts que jamais. Danger menaçant Pourtant la pluie n’est pas seulement un ­cadeau : elle favorise aussi certaines maladies. Ainsi, en avril de l’an dernier, la fièvre de la Vallée du Rift s’est répandue dans la zone de notre projet au nord du Kenya. De nombreux animaux domestiques sont morts. Heureusement, contrairement à la grande épidémie de 2006-2007, il n’y a eu que quel­ ques cas chez les êtres humains cette fois-ci. ­Biovision soutient deux projets de santé ­animale et humaine dans le comté d’Isiolo. Je suis arrivé ici pour savoir si et comment notre coopération avec les pasteurs contribue à limiter les dégâts. Les éleveurs ne peuvent compter que sur eux-mêmes Les cinq heures de trajet vers la zone du projet comprennent plus de 200 km de pistes délavées jusqu’à Merti. Dans les villages isolés des environs, il n’y a pas de vétérinaire. Pour la santé de leurs bêtes, les propriétaires ne peuvent en général compter que sur eux-mêmes. C’est pourquoi, dans nos projets « Chameaux contre sécheresse » et « One Health », Biovision aide la population à

i­dentifier les maladies animales les plus importantes. L’accent est mis sur les infections pouvant également être transmises aux gens, comme la fièvre de la Vallée du Rift ou la brucellose. Ces maladies trans­ missibles portent aussi le nom de zoonoses. À titre préventif, les pasteurs apprennent à toucher leurs animaux malades ou les femelles en accouchement uniquement avec des gants. De même, ils font maintenant toujours bouillir le lait avant de le boire et se protègent des piqûres de moustiques transmetteurs. Nomades numériques Par ailleurs, un réseau de rapporteurs des maladies animales a été créé au sein du projet « Chameaux contre sécheresse ». ­ Grâce à une bonne connexion mobile et à une application spécialement programmée, ils peuvent immédiatement signaler les troubles aux vétérinaires. L’application a déjà fait ses preuves : un rapporteur formé par notre partenaire de projet VSF-Suisse* a transmis avec succès aux autorités le soupçon d’une fièvre de la Vallée du Rift. Une meilleure communication permet à ce système d’alerte rapide de sauver des vies et de réduire les coûts. Au bénéfice des animaux comme des humains. « One Health » – une seule santé La visite du projet modèle à Merti m’a clairement montré à quel point la vie des éleveurs et de leurs animaux est étroitement liée. La santé des troupeaux et de l’environnement est indispensable à la santé humaine. Cette approche holistique est appelée One Health (« Une seule santé »). Biovision applique ce principe dans une série de projets (voir pages 4/5).

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* VSF : Vétérinaires Sans Frontières Suisse

Informations complémentaires : www.biovision.ch/onehealth-fr

1 Dans le comté d’Isiolo (Kenya), les villageois-es ont été formé-e-s à la détection précoce des maladies par Biovision et VSF-Suisse.

3 Des agents pathogènes comme la bactérie Brucella peuvent être transmis de l’animal à l’humain par la consommation de lait cru.

2 Les rapporteurs de maladies animales transmettent par téléphone portable aux autorités vétérinaires leurs soupçons de maladies et les photos des animaux malades.

4 La naissance d’un animal comporte un risque élevé d’infection pour les gens.


Prof. Dr. Jakob Zinsstag Santé humaine et animale, Institut suisse de santé tropicale et de santé publique (Swiss TPH)

Meilleure santé Une action précoce évite des maladies et des décès chez les gens comme chez les animaux. Moins de frais Plus la maladie est rapidement annoncée, moins la lutte contre l’épidémie sera chère.

Personnes infectées Animaux infectés

Animaux malades

Les gens cherchent une aide médicale

Personnes malades

Évolution dans le temps d’une épidémie zoonotique typique

La coopération est vitale Humains et animaux sont biologiquement similaires. Leur bien-être est étroitement lié et dépend de leur environnement. Biovision a développé l’approche « One Health » dans divers projets. Qu’est-ce que ça recouvre au juste ? Par Simon Gottwalt, Biovision

L’être humain est un animal. C’est un fait biologique. D’innombrables bactéries et autres microbes le savent bien, passant d’une ­espèce à l’autre – et inversement. Pourtant, médecins et vétérinaires des universités ou des pouvoirs publics vivent dans des silos différents : formation séparée, laboratoires et bureaux différents, échanges rares et souvent teintés d’incompréhension mutuelle. Le rôle clé de la communication L’exemple des projets de Biovision dans le comté d’Isiolo au Kenya (voir page 2) l’a bien montré. L’office vétérinaire, dès qu’il est ­informé d’un cas possible de fièvre de la ­Vallée du Rift par un rapporteur sur le terrain, devrait immédiatement communiquer

cette information au ministère de la Santé. Mais les responsables de la santé animale et de la santé humaine sont situés dans deux ministères différents et l’échange d’informations ne va pas de soi. D’ailleurs, ce n’est pas un problème spécifiquement africain. Les Pays-Bas, notamment, ont subi une importante épidémie de fièvre Q parmi la population en 2007-2010 parce que l’office vétérinaire n’a pas fourni d’infor­ mations en temps voulu. La valeur ajoutée de la coopération Ce genre de carences, c’est précisément ce que veut résoudre l’approche One Health (« une seule santé »). Pour améliorer les soins, il faut prendre en compte les deux types de médecine ainsi que la nutrition et l’environnement. Le professeur Jakob Zinsstag, qui s’occupe de l’approche One Health à l’Institut suisse de santé tropicale et de santé publique (Swiss TPH), résume la démarche : « One Health, c’est lorsque la médecine animale et la médecine humaine travaillent en étroite collaboration pour apporter une valeur ajoutée – meilleure santé humaine ou animale, économies financières, amélioration des services éco­ systémiques. Sans une telle coopération, on ne peut pas créer de synergies. »

Dans le comté d’Isiolo, notre partenaire de projet, l’Institut international de recherche sur les insectes (icipe), collabore avec les autorités pour instaurer des règles claires concernant l’échange rapide de données entre les ministères. Échange interdisciplinaire L’accent est mis sur la collaboration inter­ disciplinaire entre vétérinaires, médecins, spécialistes des sciences sociales, spécialistes des pâturages et autres experts. Ainsi, dans l’est de l’Éthiopie, Swiss TPH met en place dès 2019 un système de surveillance intégré de la santé humaine et animale ainsi que des pâturages, avec le soutien de Biovision. Il permet une détection plus ­rapide des maladies dangereuses (voir graphique). Les coûts sont nettement réduits, car au lieu de trois systèmes distincts, un seul doit être élaboré. Dans la Corne de l’Afrique surtout, il est urgent de mettre en place ce genre d’approche intégrée pour les peuples nomades et leur bétail, car les services « sédentaires » de santé publique ne fournissent guère de telles prestations. D’une pierre plusieurs coups Depuis 2019, Biovision met en connexion la santé des gens et celle des animaux pour la gestion vecteurs intégrés (IVM), c’est-à-dire la lutte contre les tiques, les moustiques et autres insectes vecteurs de maladies. Jusqu’à présent, Biovision se concentrait sur les

Coût de la lutte contre l’épidémie

De nombreuses maladies infectieuses dangereuses se propagent chez les animaux avant de se transmettre aux personnes. Plus on identifie tôt les maladies parmi le bétail, plus des mesures peuvent être prises rapidement, sauvant des vies et économisant de l’argent. One Health apporte aussi beaucoup d’avantages dans d’autres domaines : contrôle des vecteurs, résistance aux antibiotiques, sécurité alimentaire...

Contexte | 5

N

Nous avons comparé le coût de la vaccination des personnes contre une morsure de chien enragé avec les frais liés à la vaccination préventive de masse des chiens en plus du vaccin humain. Grâce à cette étude, nous avons pu montrer qu’il valait la peine, à long terme, non seulement de vacciner les gens, mais également de soumettre les chiens à une prophylaxie de masse. Avec cette double stratégie, la rage pourrait être éliminée localement. Même après cinq ans, l’investissement initial a porté ses fruits, car on a économisé des années de lutte contre la maladie. Cette conclusion claire a été possible uniquement parce que nous avons examiné la transmission de la rage chez les chiens et les humains en tant que système couplé.

Biovision applique une approche holistique et promeut la santé de l’environnement, des plantes, des humains et des animaux, ainsi que l’information (4S+i). « One Health » est une composante de ce système universel, reliant notamment les soins pour les humains et les animaux.

TIO

Il faut encourager de toute urgence une coopération plus étroite entre médecines humaine et vétérinaire, ainsi qu’avec d’autres disciplines. Il est utile de démontrer que l’approche « One Health » apporte une valeur ajoutée mesurable, en tout cas sur le plan financier. Mais comment saisir l’amélioration réelle ? À cette fin, Swiss TPH a développé de nouvelles méthodes intégrées permettant de mesurer et comparer simultanément la santé des animaux et celle des gens. Au Tchad, nous avons étudié la rage, l’une des maladies virales les plus dangereuses chez le chien et l’être humain.

« One Health » pour lutter contre les épidémies

INFORMA

Démontrer la valeur ajoutée

Système de santé universel

Nombre de personnes malades

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Plus l’épidémie est détectée rapidement, plus la morbidité et le coût du contrôle se réduisent.

mesures IVM pour le contrôle du paludisme, donc pour les personnes. Maintenant, avec la nouvelle méthode, on fait d’une pierre plusieurs coups. Les vaches sont traitées avec un bio-insecticide pour réduire les moustiques anophèles qui transmettent le paludisme. En même temps, d’autres agresseurs comme les mouches tsé-tsé et les tiques sont également combattus, ce qui freine la propagation de maladies animales dangereuses. Un système de santé universel Relier des domaines de santé différents n’est pas nouveau pour Biovision. Nos projets ont toujours eu comme préoccupation le bienêtre des animaux et des personnes, ainsi que la santé des plantes et de l’environnement. Pour le professeur Zinsstag, il s’agit d’un changement de paradigme : « La préservation de la santé doit également inclure des facteurs comme la pollution de l’air, le réchauffement de la planète et la fertilité des sols. » Il considère One Health comme un sous-ensemble d’EcoHealth, qui représente un système de santé universel. « Tout est lié à tout : en fait, on le sait depuis longtemps », ajoute Zinsstag. Pour avoir une longueur d’avance sur les microbes, cette vision doit être mise en pratique de toute urgence.

« One Health » dans les projets Biovision 1. Chameaux contre sécheresse, Kenya : mise en place d’un réseau de rapporteurs des maladies animales, meilleure hygiène dans la transformation du lait 2. Prévention des maladies chez les humains et les animaux, Kenya : formation de la population locale aux principales zoonoses, meilleure coopération des autorités 3. Système d’information sur les maladies et la sécheresse, Éthiopie (nouveau) : création d’un système intégré de surveillance de la santé humaine et animale ainsi que des pâturages 4. Contrôle des insectes vecteurs de maladies, Kenya (nouveau) : lutte con­join­te contre les maladies animales et humaines

Simon Gottwalt, biologiste moléculaire (infectiologie), responsable du programme santé animale et humaine chez Biovision


6 | Projets

En long et en large | 7

Rencontre de printemps

Exploit et ­estime Par Andreas Schriber, Biovision

Grand succès pour Biovision Africa Trust (BvAT), l’organisation sœur que nous avons fondée au Kenya : elle est mandatée par la Coopération allemande au développement (GIZ) pour créer un centre chargé de transmettre les connaissances agro-écologiques en Afrique de l’Est. « Cela va multiplier l’activité du Programme de communication paysanne lancé par Biovision, il y a plus de 10 ans, avec le journal rural The Organic Farmer », se réjouit David Amudavi, le directeur de BvAT. Grâce au soutien allemand, de nombreux autres petits paysans vont acquérir des méthodes pratiques pour produire des aliments bios et préserver les sols. Ce nouveau programme renforce et complète des projets concrets mis en œuvre au Burundi, en Éthiopie, au Kenya, au Rwanda, en Tanzanie et en Ouganda – des projets qui aident les gens à s’aider eux-mêmes. Le centre, financé par le ministère allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ), sera établi en Ouganda. Il sera géré par Biovision Africa Trust à Nairobi, avec la collaboration de partenaires comme FiBL, IFOAM et CIAT. BvAT a été choisi face à la rude concurrence d’organisations reconnues. Ce mandat est un bel hommage au savoirfaire de nos collègues kényans.

À Ruvuma (Tanzanie), les paysan-ne-s appliquent avec succès les principes écologiques. Les connaissances nécessaires leur ont été transmises dans le cadre du projet Biovision « Centre de formation en agro-écologie ».

L’agriculture, cause et victime Le changement climatique est enfin reconnu comme un défi immense. Biovision cherche des solutions via l’agriculture. Le grand espoir, c’est l’agro-écologie. Par Fabio Leippert, Biovision

Au niveau mondial, l’agriculture est responsable d’un tiers, ou presque, des émissions de gaz à effet de serre. C’est donc une cause majeure du changement climatique. En même temps, les paysans du monde entier doivent faire face à une sécheresse extrême ou à des pluies excessives. Depuis 2005, l’Afrique de l’Est est durement frappée. Elle a subi cinq sécheresses suivies d’une large insécurité alimentaire.

www.biovisionafricatrust.org Continuer ainsi est hors de question. C’est pourquoi Biovision travaille depuis des ­années sur une transformation écologique et sociale. L’objectif est de promouvoir et renforcer des méthodes agricoles productives mais adaptées aux conditions locales, s’appuyant sur les écosystèmes naturels.

Sur le terrain, Veronika Wamiti (2e depuis la gauche), formatrice de BvAT. Elle se sert d’Infonet Biovision, une sorte de Wikipédia paysan.

Un moyen de soulager le climat L’agro-écologie est une approche qui permet d’atteindre cet objectif. Elle repose sur des principes naturels tels que la diversité, les cycles fermés et le recyclage ainsi que sur

des interactions positives entre la nature animée et inanimée. Les aspects sociaux – valeur ajoutée régionale, besoins culturels en matières alimentaires, égalité des sexes – sont également pris en compte. Plus précisément, les paysan-ne-s ont la possibilité de cultiver simultanément plusieurs fruits et légumes différents (diversification), de lutter biologiquement contre les parasites ou d’utiliser des alternatives naturelles comme le compost et les légumineuses à la place d’engrais artificiels. Tout cela renforce la qualité et la résistance du sol à la sécheresse ou au vent. En même temps, on évite les émissions liées à la production d’engrais.

Les effets du changement climatique sont de plus en plus perceptibles. Une fois encore, les pays les plus pauvres du Sud sont les plus touchés. Mais en Suisse aussi, il faut bouger ! Que pouvons-nous faire avec nos projets ? Et vous, que pouvez-vous faire ? Et nous tous ? C’est le sujet chaud de la rencontre de printemps de Biovision. Nous nous réjouissons de vous accueillir le 28 mai à 19h dans la « kultur- und kongress­ haus aarau ». Vos ami-e-s et connaissances sont également les bienvenu-e-s ! Information et inscription : www.biovision.ch/aarau-fr Tél. 044 512 58 58

Dans les zones semi-arides du comté d’Isiolo (Kenya) l’eau et le bois sont rares.

Impressum

Avocat de l’agro-écologie Biovision milite pour un changement de cap en agriculture, tant au niveau international que dans des États individuels, avec son projet « Plaidoyer pour l’agro-écologie face au changement climatique ». Ainsi, lors de la Conférence climatique de 2018 à Katowice (Pologne), nous avons montré aux décideurs les avantages des solutions agro-écologiques pour contrer le réchauffement et préserver les ressources naturelles. Au Kenya, nous ­appuyons le ministère de l’Agriculture avec des recommandations d’actions concrètes et un dialogue politique débouchant sur un plan de mesures respectueuses du climat dans le système agro-alimentaire. www.agroecology-pool.org

Newsletter 54, Mars 2019, © Fondation Biovision, Zurich Éditeur Biovision, Fondation pour un développement écologique, Heinrichstrasse 147, 8005 Zurich Rédaction Peter Lüthi Production Sabrina Nepozitek Textes Simon Gottwalt, Andreas Schriber, Peter Lüthi, Fabio Leippert, Jakob Zinsstag Langues Cette lettre d’info est publiée en allemand, en français et en anglais. Traduction Daniel Wermus (français), Sue Coles (anglais) Photo de couverture Paysan de Kayunga, Ouganda (Peter Lüthi / Biovision) Crédits photo Peter Lüthi / Biovision, sauf Joachim Pelikan /  Swiss TPH: p. 4; tobias-matter.ch: graphiques p. 4, 5; Simon Gottwalt / Biovision: p. 5; photoart: p. 7 en bas à droite. Mise en page Binkert Partnerinnen, Zurich

Un jeune arbre pousse à Mbita Point, sur le lac Victoria, en mémoire du chef de la communication de Biovision.

Adieu à David Fritz Le 13 décembre 2018, David Fritz a quitté cette vie en présence de sa famille. Depuis le diagnostic de la SLA (maladie de Charcot), il a maintenu ces deux dernières années sa précieuse collabo­ ration à Biovision envers et contre ce mal implacable. Journaliste expérimenté, d’abord chez Reuters puis à la rédaction étrangère de la TV alémanique SRF, David a apporté sa vaste connaissance des médias aux efforts que mène Biovision pour communiquer son ­travail. Son engagement sans relâche et hautement motivé envers les préoccupations de Bio­ vision, sa nature communicative, sa maîtrise de l’anglais et de l’allemand le prédestinaient à cette tâche. David ne considérait pas son poste chez Biovision comme un simple « job ». Il y mettait son âme, son cœur, son esprit. Il s’identifiait complètement à la vision et à la mission de notre ­fondation.

de son calvaire. Nous sommes tous attristés et intensément émus par son destin. En sa mémoire, un arbre a été planté en novembre dernier à la station de recherche de Mbita Point, sur les rives du lac Victoria, au Kenya. C’est un signe vivant d’appréciation et d’attachement de tous les « biovisionnaires » – en Suisse comme en Afrique – qui ont profondément touché David Fritz. Tu as une place dans le cœur des gens de Bio­ vision et de nos amis. Tu as suivi ton chemin, tout droit, sans compromis, courageusement. Nous avons eu la chance de pouvoir, en partie, le partager avec toi. David, tu nous manques. Équipe Biovision

Impression Koprint AG, Alpnach Papier Cyclus Offset (100 % recyclé) La lettre d’info Biovision est publiée cinq fois par an. Elle est comprise comme abonnement pour les dons de 5 francs et plus.

L’équipe de communication et l’ensemble du personnel ont pu apporter un grand soutien à David en tant qu’ami et collègue au cours

David Fritz (1957-2018), responsable de la communication de la Fondation Biovision 2012-2017


Tranches de vie d’Andreas Schriber, directeur de Biovision, Zurich

« Je change le bateau mais pas la flotte » Par Peter Lüthi, Biovision

À Madagascar, on l’appelait « Courant d’air ». C’était en 1991. Andreas Schriber dirigeait pour le WWF la formation d’une rédaction locale du journal Vintsy sur l’écologie et la forêt à Antananarivo. Encore aujourd’hui, ce surnom colle parfaitement au personnage et à sa carrière. Le jeune Andreas a grandi dans l’Oberland zurichois. Après un apprentissage de typographe, il suit une formation de journaliste. Il a pu ainsi combiner deux talents : la ­composition et l’écriture. Après des années passées comme rédacteur et photographe à Zurich, puis à Montreux, Schriber prend un tournant décisif en 1984 : il devient producteur des publications du WWF Suisse à Zurich. Les débats chauds sur la mort des forêts, le nucléaire ou le génie génétique aiguisent son sens de la communication et de la politique. C’est aussi à cette époque qu’il découvre son amour pour l’Afrique. Après des années d’engagement en faveur de l’environnement, il réalise un rêve : il navigue sur un vieux deux-mâts des Caraïbes

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www.facebook.com/biovision

Pour vos dons  : CCP 87-193093-4

jusqu’en Polynésie française. Plus tard, il se marie et devient père d’un fils. Il entre alors à la Télévision Suisse alémanique comme rédacteur scientifique de Menschen Technik Wissenschaft (Gens, technique, science). C’est là qu’il tourne un film sur le premier Suisse lauréat du Prix mondial de l’alimentation : Hans Rudolf Herren. De la rencontre entre ces deux visionnaires aux idéaux semblables germe l’idée d’une ONG qui améliore la vie des gens tout en préservant la nature. Et en 1998, ils fondent Biovision avec des personnes partageant les mêmes visions.

pement. Nous innovons, nous créons de la valeur ajoutée pour toutes les parties con­ cernées », affirme-t-il. Schriber a le don d’anticiper les évolutions cruciales et de changer de cap au bon moment. Dès qu’il est convaincu de la direction à prendre, il définit ses buts avec une rare efficacité et quasiment rien ne l’arrête. Avec un tel pilote, la fondation est devenue une organisation percutante et reconnue.

Grâce à un vaste cercle de donateurs/trices et à des partenaires solides, Biovision repose En 2003, Schriber reprend la direction de aujourd’hui sur des bases saines. Pour le la jeune organisation. Pionnier énergique, ­capitaine, c’est le moment idéal de tester les inspiré et prévoyant, il dirige dès lors la vents et réorienter les voiles. C’est pourquoi Fondation pour un dévelopAndi Schriber veut miser pement écologique. Avec en 2020 sur l’essor « Nous créons de la àdefond sa devise « des actes plutôt l’organisation sœur de valeur ajoutée. » Biovision en Afrique de l’Est : que des mots », il guide Biovision Africa Trust (voir Biovision avec détermination et avec un sens aigu des nouveaux défis : page 6). Il fait de la place à la prochaine « Biovision comble des lacunes importantes génération au sein de l’équipe dirigeante à au carrefour de la protection de l’environ­ Zurich. « Je change le bateau, mais je garde nement et de la coopération au dévelop­ la flotte », sourit-il.

Stiftung für ökologische Entwicklung Fondation pour un développement écologique Foundation for ecological development


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