Camille Matignon

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CAMILLE MATIGNON COMMfeMORATION DE L'ILLUSTRE SAVANT FRANQAIS A LA SOCitTfe ROUMAINE DE CHIMIE EN

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OU 12 MARŞ 1930

SOClâTE ROUMAINE DES SCIENCES BUCAREST — ROUMANIE A

KXTRAIT DU „BULLETIN DE CHIMIE PURE ET APRUQU&E1* TOME XXXVII, N-OS 1 - 5

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FAITS DANS

LE „LABORATORUL DE CHIMIE ANORGANICA» BUCUREŞTI, SPLAIUL INDEPENDENŢII, 85

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1. G. G. Longinescu et M-elle Dr. Gabriela Chaborski: Recherche de I’acide chlorhydrique en presence des acides bromhydrique et iodhydrique. Bulletin de la Section scientifique de rAcademie Roumaine, N-os 5—6,1920. 2. G. G. Longinescu et Dr. G. P. T/ieodorescu: Separation des metaux du second groupe analytique. Bulletin de la Section scientifique de rAcademie Rou­ maine, N-os 7—9, 1920. 3. G. G. Longinescu et M-elle Dr. Gabriela Chaborski: Mâthode simple pour la recherche de l’acide nitrique. Bulletin de la Section scientifique de 1’Academie Roumâine, No. 10, 1920. 4. G. G. Longinescu et I. N. Longinescu: Contribution â l’etude des Solutions considerees comme des melanges binaires de liquides. Societe Roumaine des Sciences 1923. Tome XXVI, N-os 1-3. 5. G. G. Longinescu et C. N. Theodosiu : Expâriences de cours montrant d’une maniere simple l’inflammabilite de l’acide iodhydrique et de l’hydrogâne sulfure. Societe Roumaine des Sciences, 1923. Tome XXVI, N-os 1—3. 6. M-elle Dr. Gabriela Chaborski: Recherche du chrome en presence du manganese par voie humide. Societe Roumaine des Sciences, 1923. Tome XXVI, N-os 1—3. 7. G. G. Longinescu et M-elle Dr. Gabriela Chaborski: Methode simple pour la recherche du sodium et du potassium par voie humide. Societe Roumaine des Sciences, 1923. Tome XXVI, N-os 1—3. 8. G. G. Longinescu: Sur le rapport entre la temper;ature de fusion et la temperature d’ebullition. Societe Roumaine des Sciences, 1923.. Tome XXVI, N-os 4—6. 9. G. G. Longinescu et M-elle Dr. Gabriela Chaborski: Recherche du calcium en presence du baryum et du strontium. Societe Roumaine des Sciences, 1924. Tome XXVII. N-os 1-3. 10. G. G. Longinescu et C. N. Theodosiu: Experiences de cours montrant l’absorption des gaz et des vapeurs par le charbon vegetal. Societe Roumaine des Sciences, 1924. Tome XXVII, N-os 1-3.

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11. G. G. Longinescu et M-elle Eufrosina Petrescu: Recherche du fer, du manganese et du chrome sans emploi d’acide nitrique. Societe Roumaine des Sciences, 1924. Tome XXVII, N-os 1—2. 12. G. G. Longinescu: Petru Poni. Bulletin de la Section scientifique de l’Academie Roumaine, 1925. N-os 9—10. du

13. G. G. Longinescu et M-elle Gabriela Chaborski: Separation des m£taux groupe analytique. Societe Roumaine des Sciences, 1926. Tome XXVII,

14. G. G. Longinescu et M-elle Margareta N. Bădescu: Sur la separation de l’acide chlorhydrique d’avec Ies acides bromhydrique et iodhydrique. Societe Rou­ maine des Sciences, 1926. Tome XXIX, N-os 1—3 15. G. G. Longinescu et M-elle Margareta N. Bădescu: Sur la separation qualitative et quantitative de l’acide chlorhydrique d’avec Ies acides bromhydrique et iodhydrique. Bulletin de la Section scientifique de l’Academie Roumaine, 1927. X-me ann6e. No. 6.

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CAMILLE MATIGNON Ne a- Saint-Maurice-aux-Riches-Hommes (Yonne) LE 3 JANVIER 1867

Eleve A l’Ecole Normale issg—1889 Licencie es-sciences Mathematiques ET ES-SCIENCES PHYSIQUES 1887-1888 Agrege

des

Sciences Physiques 1889

Preparateur

a l’Ecole des Hautes-Etudes, College de France 1889-1893

Docteur Laureat

t

MAITRE

de

es-sciences

College

du

de

Physiques 1892

France. Prix Saintour 1893

CONFERENCES A L’UNIVERSITE DE LlLLE 1893-1898

Directeur des Travaux pratiques de Blanchiment, TEINTURES ET APPRETS A L’iNSTITUT INDUSTRIEL DU NORD 1894-1897 OFFICIER D’ACADEMIE 1895 Prix Kuhlmann Laureat Professeur

de la

FacultE

de l’Academie des

des

Sciences

de

Lille 1895

Sciences. Prix Jecker 1896

Cours de Blanchiment, Teintures A L’lNSTITUT INDUSTRIEL DU NORD 1897

du

Professeur

adjoint a l’Universite de

et

Apprets,

Lille 1897

MAITRE de CONFERENCES A LA SORBONNE ET CHARGE DE DEUX CONFERENCES SUPPLEMENTAIRES POUR LA PREPARATION A L’AGREGATION 1898 Professeur Professeur

remplaqant au

a l’Ecole

College

de

France 1898

Normale Superieure

de

Sevres 1900

OFFICIER DE L’lNSTRUCTION PUBLIQUE 1901 Professeur

Membre

du

Jury

supleant au

College

de

France 1903

de l’Agregation de l’Enseignement DES JEUNES FlLLES 1905

Professeur

titulaire au

College

de

Secondaire

France 1908

CHEVALIER DE LA LEGION D’HONNEUR 1908 des

Membre de la Commision d'Examen pour l’admission Candidats a l’Ecole d’Application d’Artillerie Navale Charge Membre

de

Missions

du

Conseil

par le

Service

de

hui

Sânte 1914

de l’Institut d’Optique

1914

Membre de la Commission Superieure des Inventions Interessant la Defense Naţionale 1916 President du Jury du Certificat d’Aptitude a l’Enseignement Secondaire des Jeunes Filles Membre

du

Comite Directeur Membre

Charge

de la

de missions en

de l’Association

Commision

de l’Azote

Angleterre (1917

et

1918)

1916

France-Russie 1916 1917

et en

Italie 1917

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BULETINUL DE CHIMIE PURĂ ŞI APLICATĂ

Vice-President de

la

Societe

de Chimie Industrielle,

Redacteur en chef de „Chiaue et Industrie" 1918 Charge de missions en Allemagne 1919 Membre du Conseil de la Federation Naţionale des Associations de Chimie de France 1919 Membre du Conseil de l’Union Internationale de Chimie 1919 Membre du Conseil d’Hygiene Publique et de Salubrite du Departement de la Seine 1920 Membre de la Commision Interministerielle des Engrais 1922 Membre de l’Academie des Sciences, Arts et Belles-Lettres DE DlJON 1922 Membre d’Honneur de la Societe Scientifique du Chili 1923 Membre du Comite de Perfectionnement DE L’lNSTITUT OCEANOGRAFIQUE 1923 OFFICIER DE LA LEGION D’HONNEUR 1923 Laureat de l’Academie des Sciences. Medaille Berthelot 1924 Laureat de l’Academie des Sciences. Prix La Caze 1924 Membre d’Honneur de la Societe de Chimie de Roumanie 1925 Membre de l’Academie des Sciences 1926 CoMMANDEUR DE L’ORDRE DE LA COURONNE DE BELGIQUE 1927 Vice-President de la Societe Scientifique de Bruxelles 1928 GRAND-OFFICIER DE L’ORDRE DE SAINT-JACQUES-DE-L’EPEE 1928 Charge de missions en Allemagne et en Belgique 1928 Membre du Comite de Direction de la Maison de la Chimie 1928 Membre correspondant de l’Academie de Leningrad 1929 Membre du Comite des Poudres 1929

President

de la

Federation Naţionale de

des

Associations

de

Chimie

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France 1929

Membre du Conseil d’Administration de la Societe Chimique de France 1929 DoCTEUR „HONORIS CAUSA" DE L’UNIVERSITE DE^LlEGE 1930 President de la Societe Chimique de France 1932 President de la Societe Archeologique de Sens 1932

Vice-President du Conseil d’Hygiene Publique et

de

Salubrite

Seine 1932 „Honorary Fellow" de la Royal Chemical Society, London 1933 Membre d-Honneur de la Societe Chimique de Pologne 1933 President de la Confederation Naţionale DES SOCIETES SCIENTIFIQUES FRANQAISES 1933 Membre du Conseil Superieur d’Hygiene Publique de France 1933 Membre d’Honneur de l’Association des Chimistes DE SUCRERIE ET DlSTILLERIE 1934 du departement de la

Mort subitement a Paris, le îs Marş 1934 AU COURS D’UNE REUNION DES PROFESSEURS DU COLLEGE DE FRANCE

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CAMILLE MATIGNON par

G. G. LONGINESCU Commemoralion de Villustre savant frannais â la Societe roumaine de Chimie en siance du 12 marş 1935.

Les annees passent l’une apres l’autre et chacune nous arrache soit quelque chose de nous-memes soit quelqu’un qui nous tenait de preş. Elles nous enlevent pere ou mere, freres ou amis. Elles passent, s’evanouissent â jamais et ne nous rendent pas ce qu’elles ont ravi â notre âme. Mais le souvenir confere la vie â ceux que recele la tombe; le souvenir fait revivre les morts, il ressuscite ceux â qui nous devons la vie, de meme que nos freres et amis. Par le sou­ Camille Matignon venir nous revivons, 1867 - 1934 â notre gre, tout notre passe, tel que nous l’avons v6cu. Nous vivons alors preş de ceux qui ne sont plus et nous les revoyons tels qu’ils 6taient. Cette nuit, â une heure et quart, un mois s’est ecoule depuis que mon frere bien-aim£ Nicolas, inspecteur g£n£ral de l’enseignement, est parti pour cet au-delâ d’ou personne n’est revenu.


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Dans six jours, il se sera ecoule un an depuis que l’illustre savant Camille Matignon, dont nous celebrons la memoire, nous a quittes, c’est-â-dire le 18 marş 1934. Meme cause, meme effet, quel que soit le lieu, quel que soit le jour. Meme maladie, meme denouement, â Bucarest et â Paris, il y a un mois, il y a un an. Une ăgale consternation a etreint le coeur de ceux qui sont restes apres ces chers disparus, mais le souvenir Ies fait revivre dans nos coeurs. Le labeur ardu qu’ils ont deploye pendant toute leur vie nous demande de nous incliner, â cette heure, devant eux. Et c’est aussi une dette de gratitude contractee envers eux, pour l’activite si probe avec laquelle ils s’etaient vou£s â l’ascension de notre chere Roumanie et de sa sceur aînee la France glorieuse. Ce sentiment de gratitude nous a assembles ici â cette heure, de meme qu’ailleurs un aussi vif sentiment de reconnaissance a reuni hier d’autres amis. Du fond du coeur je dis : Que Dieu leur soit misericordieux ! Qu’il Ies place parmi „Ies Justes", parce que l’un et l’autre ont fait ie bien en ce monde, parce qu’ils ont aussi honore le travail et accompli leur devoir jusque preş de la mort. Mais en parlant d’eux, mes yeux s’embuent de larmes ! Souvenirs personnels.

Je connaissais Camille Matignon depuis longtemps, tant par ses ecrits que par l’6change de notre correspondance. J’ai eu ensuite l’agr6ment de le connaître en personne. Le 25 juin 1925, nous etions ensemble â notre laboratoire de Chimie Inorganique et, â cette occasion, il s’est entretenu avec mes assistants. Le charme de sa parole nous a tous s£duits. II ne m’a pas ete donne de le voir de mes yeux, car je suis reste priv6 de la vue, il y a 26 ans, â la suite d’un glaucome mal soign6 par un soidisant oculiste, aussi depourvu de capacite que de conscience. Mme Badescu-Bernaz, assistante â ce laboratoire, qui a eu, avec Mme Potamian, le plaisir de faire faire en ete une pro-. menade â Matignon dans le jardin du Cişmigiu, alors dans toute sa splendeur, a trace de lui le portrait suivant: „De haute taille, legerement voută, mais d’allure juvenile et alerte de parole, Matignon semblait d£fier son âge : il avait 58 ans. Une râie â droite stiparait des cheveux blancs, longs, ebouriffes, qui se prolongeaient vers la gauche et se terminaient par de 16gers frisons. Le front etait haut et legerement bombe. Les yeux verts, profonds, scrutateurs, pleins de feu, trahissant de


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d6sir de tout voir et de tout connaître, et sur lesquels d’epais sourcils projetaient leur ombre, s’abritaient derriere un pince-nez retenu par un cordonnet noir. Une moustache retombante et une barbiche completaient cette figure, qui des le premier coup d’oeil, attirait la sympathie. La voix pleine et bien timbree, un doux sourire, un rire d’une sonorite prenante, ajoutaient encore au charme qu’il repandait autour de lui. Quand il riait, ses yeux n'apparaissaient plus que comme deux tranchants d’epee aux lueurs vertes ; Ies frisons et la barbiche, fremissants ,cooperaient â l’expression enjouee du visage. Quand on lui racontait quelque chose qui l’interessait plus particulierement, il assurait, d’un geste brusque et caracteristique, l’equilibre de son pince-nez, penchait legerement la tete, rejetait ses bras derriere Ie dos, car il se tenait plutot debout, puis, le visage tendu, l’esprit en arret, il ecoutait avec une attention suivie“. La sympathie que Matignon eveillait autour de lui etait encore avivee par l’amenite de l’accueil, la courtoisie de ses manieres et sa delicatesse d’esprit. Galant homme il l’etait aussi, naturellement: ayant aperţu, avenue de Ia Victoire, Mmes Badescu-Bernaz et Potamian, qui lui avaient ete presentees au banquet de la veille, il traversa la rue et, se decouvrant, il leur demanda, puisqu’elles allaient se rendre au laboratoire, si elles voudraient bien lui permettre de Ies y accompagner. inaubliable est demeuree cette visite que Matignon a faite â notre laboratoire de Chimie Inorganique. Comme nous nous plaignions de ce que notre laboratoire se trouvât en un etat peu recommandable et que ce fut meme une honte pour la capitale de Ia Grande Roumanie, Matignon m’a fait une reponse bien plus empreinte d’amertume que ma propre reflexion: il nous a dit que son laboratoire du College de France etait en un etat bien plus deplorable. Soit dit en passant, des docteurs americains, envoyes en mission en Europe, visitaient Ies hopitaux de Paris. — Nous avons, dit l’un d’eux, des hopitaux plus vastes, plus beaux et mieux pourvus d’installations modernes. — Oui, repondit albrs le ' Directeur de l’hopital frangais, mais en aucun on ne trouverait, comme dans celui-ci, de la poussiere laiss^e entre Ies planches par la chaussure d’un Laennec. Matignon pouvait en dire autant de son laboratoire. II est dans un etat lamentable, mais c’est-lâ qu’ont travailR Thenard, Ballard, Berthelot et beaucoup d’autres qui sont devenus des gloires de la chimie frangaise. II y a peu de temps de cela, on avait monte pour lui un laboratoire tout neuf, mais c’etait trop tard.


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Mutatis mutandis, pouvons-nous dire, nous aussi, puisque c’est dans notre pauvre laboratoire, pompeusement denomme „Laboratoire de Chimie Inorganique“, que l’enseignement de solides principes de chimie analytique et de chimie experimentale a ete dispense, pendant trente ans, â piusieurs milliers d’etudiants dont plus de douze sont devenus professeurs â l’Universite ; piusieurs centaines d’entr’eux sont professeurs dansl’enseignementsecondaire; un grand nombre sont ingenieurs dans des fabriques; tous enfin sont des chimistes et physiciens d’elite dont notre pays peut etre fier. Âpres cette digression un peu longue, revenons â Camille Matignon. Au congres de 1 'Union Internationale de Chimie, quia eu lieu â Bucarest en 1925, l’amphytheâtre du laboratoire etait plein de savants du monde entier et l’attention de tous etait absorbee par Ies discours qui y etaient prononcăs. Ermil Pangrati, recteur de l’Universite, y prit la parole. Camille Matignon et Charles Moureu etaient assis l’un preş de l’autre. Les deux Membres de l’Institut de France se regardaient, puis leurs regards se porterent sur Pangrati-, Ieur attention etait concentree sur lui; on voyait qu’ils l’ecoutaient avec une profonde admiration. Pangrati parlait le franţais en perfection. „Nous devrions, nous aussi, parler un tel franţais, dit l’un d’eux. Helas 1 tous les trois dorment aujourd'hui l’eternel sommeil. Avânt son depart de Bucarest, Camille Matignon a ecrit les lignes suivantes dans le Livre d’Or de notre laboratoire : „Les hommes realisent rarement leurs reves; je viens d’en traduire un en realite : celui de visiter la Grande Roumanie, d’y trouver nos bons amis, les savants de Roumanie, et, en particulier, le Professeur Longinescu, dont le nom et les travaux m’etaient depuis longtemps connus et dont j’etais un admirateur. A mes voeux de sânte pour le tres sympathique et savant professeur, je joins mes vceux pour que le nouvel Institut devienne le grand Institut de Chimie de la Grande Roumanie et qu’il soit dans le monde entier le propagandiste de l’activite et des succes de la Science Roumaine". Depuis lors j’ai eu la joie de recevoir de Camille Matignon beaucoup de lettres qui toutes ont un parfum d’exquise courtoisie. La derniere lettre reţue de lui est datee du 29 juillet 1933. Je lui avais envoye un exemplaire de mon ouvrage intitule l’Air liquide, travail que j’ai fait paraître jtendant l’£te de l’annee susdite. II m’a repondu par la lettre de remerciements, qui suit: „Je vous adresse mes bien vifs remerciements pour l’envoi de votre publication sur l’Air liquide, dans laquelle vous avez


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grandement rendu justice aux savants franşais. J’ai ete fort sensible â la dedicace aimable que vous y avez joint, car, moi aussi, •Pco /l.ru«Ut IgaJUt

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Cyf/Ujiu^u^ -4r ţftuudtf iA~ Fac-simile des lignes ecrites par Ccimille Matignon dans le Livre d’Or du Laboratoire.

je n’ai pas oublie ma visite â votre laboratoire et le voyage en Roumanie, qui m’a laiss£ de tres agreables souvenirs.


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Voulez-vous, â l’occasion, me rappeler au bon souvenir de votre neveu?“ Par tout ce que je dis et reproduis, j’exprime raon deşir de rendre hommage â Pamabilite que Matignon nous a toujours temoignee. Je tiens aussi â montrer par lâ â notre jeunesse le bel exemple qu’elle doit imiter. Malgre ses innombrables et lourdes occupations, il trouvait encore le moyen de leur derober quelques instants pour repondre â des lettres et surtout pour s’y epancher en remerciements. II est d’ailleurs â remarquer que tous Ies savants d’Occident ne se derobent jamais â ce devoir de courtoisie. Dans une dizaine de jours tout au plus, j’ai constamment reţu des reponses â mes lettres; ce laps' de temps prouve l’empressement que Matignon mettait â repondre. Faut-il l’avouer: dans notre pays, presque personne ne repond â une lettre ni ne remercie. On dit d’habitude que le niveau de civilisation d’un peuple se reconnaît â la quantite de savon ou d’acide sulfurique qu’il emploie, et, aujourd’hui, au nombre de telephones, de postes de radios et d’aeroplanes. D’apres moi, le degre de civilisation d’une personne ou d’un peuple ressort de la ponctualite et de l’empressement mis â repondre â une lettre.

C’est par ses ecrits que j’ai lie connaissance, il y a 30 ans, avec Matignon. J’ecrivais alors des „Chroniques scientifiques" au journal Voinţa Naţională. Je devais en ecrire une pour le mois de fevrier 1904. La chance voulut que le numero de novem­ bre 1903 de la Revue Generale des Sciences me tombât sous main. J’y remarquai un article intitule Aluminothermie, ecrit par Matignon. II etait alors maître de conferences â la Faculte des Sciences de Paris; moi j’etais professeur â un lycee de Bucarest. Rarement j’avais Iu un article si interessant et si clair. Je pus donc le resumer avec une facilite surprenante. En 1905 Partide publie a ete reproduit dans le premier volume de mon ouvrage intitule Chroniques scientifiques. Plus tard, j’ai encore ecrit, toujours d’apres cet article, un chapitre sur VAluminothermie, dans le Manuel de Chimie et Mineralogie du Dr. C. /. Istrati et G. G. Longinescu. Depuis lors, des dizaines de milliers d’eleves ont appris en Roumanie Ies lignes que Matignon a ecrites en 1903. Grande a ete sa joie quand je lui ^ai offert en 1924 le livre en usage dans nos lyc^es, ainsi que le recueil de mes Chroniques scientifiques. II y a lu lui-meme, exprimees en roumain, ses propres pens^es, bien qu’il ne connut pas la langue roumaine.

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Apres la 4-eme edition en roumain du Cours elementaire de Chimie et Mineralogie par Ie Dr. C. /. Istrati et G. G. Longinescu, la maison Gauthier-Villars de Paris a fait paraître en 1913 la 2-eme edition franţaise. C’est encore dans la Revue Generale des Sciences (No. du 15 marş 1914), que Matignon a publie un compte rendu flatteur pour Ies deux auteurs, mais surtout pour moi, qui avais ecrit la preface contenant des vues p£dagogiques alors tout â fait neuves. „Enseigner Ia Chimie c’est non seulement exposer d’une fagon methodique l’ensemble des faits connus dans le domaine chimique, mais c’est encore donner au lecteur ou â l’auditeur l’idee de la methode suivie dans ies recherches. De lâ decoule la necessite de faire usage de Ia methode inductive pour aborder l’etude d’une Science experimentale. Toute autre methode d’exposition est un contre-sens... „... L’ouvrage de MM. Istrati et Longinescu, dont nous devons une bonne traduction â M. Adam, est congu dans cet excellent esprit: ii part du connu pour arriver progressivement â l’inconnu. Les premiers chapitres, comme bien l’on pense, ne font mention ni des hypotheses, ni des theories, ni des equations chimiques. Les connaissances qu’ils contiennent reposent exclusivement sur des experiences choisies de fagon â constituer, en mem'e temps qu’une demonstration suffisamment probante, une operation facile â r£aliser... „... Voilâ vingt ans que j’expose les memes idees et Ia merae faţon de faire aux canditats et candidates que j’ai eu â preparer â I’agregation, â Lille, â la Sorbonne et â VEcole de Sevres-, c’est dire que j’applaudis sans reserve la methode suivie par Ies savants roumains dans la rădaction de leur excedent trăite de chi­ mie et, si j’avais un reproche â leur adresser, ce serait precisâment de ne pas l’avoir toujours suivie. Est-il vraiment bien n^cessaire de placer Ia preparation des corps au debut de leur etude, et ne serait-il pas logique de traiter cette question, quand les propriătes physiques et chimiques du corps ont ete bien etudiees? 11 est presque toujours impossible de bien comprendre > Ies differentes phases d’une preparation sans faire constamment appel â la connaissance des proprietes physiques et chimiques de l’^lement ou du compose â isoler. Exposer la monographie d’un corps en commengant par la preparation, c’est renverser, il me semble, l’ordre naturel, car Ies mtlthodes definitives d’elaboration des especes chimiques n’ont 6t6 etablies, dans la plupart des cas, qu’avec une parfaite connaissance de leurs proprietes. „Les auteurs ont fort justement introduit, lorsque cela deve-


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nait utile, Ies notions de mineralogie indispensables â l’etude de la chimie minerale... „... Je ne saurais dire avec quel plaisir j’ai retrouve dans cet ouvrage Ies editions si soignees de la maison Gauthicr- Villars; le contact permanent avec Ies periodiques scientifiques, Ies ouvrages d’enseignement superieur, Ia plupart du temps mal imprimes, fait d’autant plus apprecier une impression aussi soignee et aussi nette“. Camille Matignon etait alors professeur au College de France depuis six ans, et moi, depuis six ans aussi, j’etais professeur â l’Universite de Bucarest. Je serai toujours reconnaissant â l’illustre savant frangais de ce qu’il a £crit plushaut et monadmiration pour lui est allee grandissant â mesure que je me suis rendu compte de son immense activite scientifique,didactique et industrielle, et quand je lisais Ies tres nombreuses etudes qu’ils a publiees dans des revues en tous genres, Camille Matignon en habit d’academicien, surtout dans celle de (photographie offerte au Laboratoire Chimie et Industrie, de chimie Inorganique). etudes qui attestent 61oquemment sa haute compătence. Chaque mois, pendant 17 ans, Matignon a £crit un Editorial pour cette derniere revue dont il etait redacteur en chef depuis sa fondation. Le dernier article de Matignon, publie en marş 1934, etait consacre au grand chimiste Dumas, mort depuis 50 ans. Vingt ans se şont ecoulds depuis lors. Le manuel roumain en est â sa 16-eme edition. Entre temps, la chimie a fait de si grands progres qu’il a fallu refaire entierement le cours. Aujourd’hui, le

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manuel comprend des chapitres sur rammoniaque synthetique, sur l’acide azotique synthetique et sur de nombreuses Industries nouvelles. La methode d’enseignement est tout autre. Des Ies premieres legons, nous avons du parler d’isotopes, de protones et d’electrones, de la structure de l’atome, de l’hydrogene lourd et de l’eau lourde, connaissances que personne ne soupgonnait il y a une trentaine d’annees. Dans ltedition actuelle l’etude d’un corps commence par ses emplois, pour montrer â l’eleve l’importance du corps qu’il aura â etudier. La So'ciâte Roumaine de Chimie doit beaucoup de reconnaissance â Matignon pour le concours qu’il lui a prete en une circonstance penible ou la sinc6rite a fait d£faut. En 1928, de grandes fetes avaient lieu â Paris, pour celebrer la ntemoire de Marcelin Berthelot. Notre president d’alors, le regrette Emil Severin, 6tait empeche d’y participer, parce qu’on alleguait, entr’autres pretextes, que la Societe Roumaine de Chi­ mie ne serait pas reconnue officiellement par V Union Internatio­ nale. II n’y avait plus qu’un jour pour l’admission ou l’exclusion de notre Societe. Emil Severin s’adresse alors â Camille Matignon, membre du Comite de Direction de la „Maison de la Chi­ mie". Indigne, Matignon sicrie que „la France ne peut refuser l’hommage que la Societe fondee par le Docteur Istrati, gloire de la Science roumaine, veut rendre â une gloire de la Science frangaise". Le lendemain, Emil Severin pouvait, en compagnie des representants des autres nations, defiler, comme delegue de notre Soctete, devant le president de la Republique frangaise, qui l’enveloppa d’un regard empreint de sympathie, jusqu’au moment oii il remit notre adresse au ptesident des fetes. Depuis 3 ans Emil Severin n’est plus parmi nous, mais la Societe Roumaine de Chimie ne l’oubliera jamais.

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Le savant, sa vie, son oeuvre. Camille Matignon est mort ă Paris le 18 marş 1934, ravi â ses collegues par sa maladie de coeur, pendant qu’il parlait au College de France de la necessite de crăer une chaire d’Histoire et d’Antiquites nationales. A ses obseques, le 22 marş, trois membres de l’lnstitut, des savants de grand renom, Ies presidents des diverses societes dont il etait membre, des collaborateurs ainsi que le cute et le maire de sa commune natale, prononcerent des discours, brillants de forme et riches de pensees, oii ils magnifierent le grand dispăru. Judejt

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gnon fut nomme maître de conferences â Ia Faculte des Sciences de Lille. II n’y resta que cinq annees, pendant Iesquelles il eut vite fait cependant de se faire apprecier par Ies milieux lillois, aussi bien scientifiques qu’industriels, tout en continuant divers travaux de thermochimie et en amorgant l’histoire du carbure ou acethylure de sodium... Matignon fut nomme en 1898 maître de Conferences â Ia Sorbonne, en meme temps que charge de conferences supplementaires pour Ia preparation â l’Agregation. Berthelot, qui n’avait pas oublie Matignon, profita du retour de son eleve â Paris, en 1898, pour se faire remplacer dans le cours qu’il professait au College de France, et c’est ainsi que Matignon reprit pied dans cet etablissement. C’est â cette circonstance que je dus de faire sa connaissance, puisque, preparateur de Bertheloi â cette epoque deja lointaine, je devenais par le fait meme celui des cours de son suppleant. Nous ne nous doutions certainement pas, ni l’un ni I’autre, que nous nous y retrouverions un jour comme collegues... Son verbe elegant, ses manieres persuasives, son tour enthousiaste, vehement parfois, retenaient l’attention des auditeurs auxquels on ne menageait d’ailleurs pas la vue de nombreuses exp£riences. Dans ces cours, Matignon developpa principalement Ies applications de la thermochimie â la Chimie gene­ rale et â la Chimie organique... „...A partir de 1903 et jusqu’â sa mort, Berthelot se fit rem­ placer completement par Matignon, qui developpa largement I’etude des possibilites des reactions, toujours du point de vue thermodynamique. A cet egard, il avait trouve dans l’aluminium le metal repute passif par excellence, et montră que son activite devient tres grande lorsqu’on le sort des zones de temperatures passives... II a montre tout le parti qu’on peut tirer de la grande reactivite de Taluminium pour preparer, soit des elemenţs, soit des combinaisons binaires, y compris Ie carbure d’aluminium qu’on peut obtenir au four Perrot. Pendant la periode de sa maîtrise de conference â Ia Sorbonne, Matignon entreprit une vaste etude des metaux rares... De cette faţon, Matignon put ainsi montrer la parente des metaux rares avec le calcium, Ie magnesium... Ce fut une contribution remarquable et des plus homogenes que l’on ait produites jusqu’ici dans ces domaines peu explores. L’enseignement que donnait Matignon au College de France, comme suppleant de Berthelot, l’avait n£cessairement porte â r6fl£chir sur la thermodynamique des reactions chimiques. II avait deja fait allusion â ce sujet des 1899, â propos de la variation d’entropie dans Ies systemes heterogenes, puis, en 1905, â propos de la prevision des reactions chimiques formant un sys-


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teme monovariant. II developpa ces idees en 1908 et publia, par Ia suite, de nombreux cas de verification. Ses cours et ses travaux se penetraient ainsi reciproquement. L’essentiel se resume en une loi de Le Chatelier-Matignon, en raison de ce que Ies premiers fondements en avaient ete etablis par Af. Le Chatelier et Ies de-

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veloppements theoriques et pratiques par Matignon. Cette date de 1908 est precisement celle oii Matignon fut choisi par l’assemblee des professeurs du College de France. Des lors, il complete la loi precedente par une etude de la loi de volatilii et par des etudes vartees dans le domaine des equilibres, avec divers collaborateurs, M. Meyer, Mile Marchal, M. Frejaques, M. Gire, etc. II verifie, avec Ies donnees et Ies


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moyens presents, Ies vieilles lois de Berthollet sur Ies deplacements des gaz, des corps gazeifiables par Ies corps plus fixes. Le glucinium, dernier ne des produits industriels, fut, de sa part, l’objet d’une etude approfondie. Apres quelques annees, on voit Matignon se preoccuper des questions d’essence moins theorique... C’estainsi qu’il consa­ cre ses leşons â l’azote et aux syntheses auxquelles se prete cet element: production d’acide azotique, d’ammoniaque, de cyanure, d’uree ; â l’industrie des verres, de l’aluminium, â celle des petroles, â l’industrie des composăs phosphores, â la potasse, â l’application des principes de la physico-chimie â l’industrie... Mati­ gnon pensait que Ies problemes industriels de Chimie minerale de grande envergure, qu’il fallait envisager pour la restauration economique du pays, pouvaient parfaitement etre â leur place dans un cours du College de France, et, parmi ceux-lâ, Ies ques­ tions qui touchent â l’agriculture et aux engrais azotes, phos­ phores ou potassiques, retinrent vivement son attention. Juste hommage au milieu qui l’avait vu naître, puisqu’il etait fils de cultivateurs. II avait voulu attendre en quelque sorte l’epanouissement de sa Science, pour rendre â coup sur des Services eminents â l’agriculture... II fut elu membre de 1’Academie des Sciences en 1926; il etait depuis longtemps membre du Conseil d’Hygiene departemental de la Seine et ii en fut le president l’an dernier. 11 contribua activement â la creation de la Societe de Chimie industrielle... Matignon devint le redacteur en chef de ce grand periodique : Chimie et Industrie... 11 etait en meme temps vice-president de la Societe de Chimie industrielle. 11 fut successivement le president de la Federation naţionale des Societes scientifiques oii sa place etait toute marquee. 11 faisait pârtie du Conseil d’Administration de la Maison de la Chimie, consequence bien naturelle de la part si grande qu’il avait prise â la celebration du centenaire de Berthelot. Aussi le Conseil de la Societe Chimique de France fut-il particulierement heureux lorsqu’il y a deux ans il voulut bien accepter la presidence... 11 y deploya, comme partout ailleurs, des qualites de competenc'e et d’autorite incomparables ; il se donna de tout coeur â notre Societe. Nos seances annuelles vibrferent litteralemenţ sous le souffle de ses allocutions, de ses discours... Sa cordialite, son ing6nieuse dialectique et sa grande loyaute. assuraient a ses avis une efficacit6 irresistible de persuasion, puis de conviction. Matignon avait gardă de son origine bourguignonne des attaches solides. N’etait-ce d’ailleurs pas dans sa province qu’il avait trouvă sa compagne d’elite ? 11 aimait â y retrouver Ies ca-


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marades et Ies souvenirs du passe. II fut aussi president de la Societe Arheologique de Sens, non pas president de surface, mais du fond du cceur. Et precisement il exprimait dimanche dernier son avis, â propos d’une chaire d’Histoire et d’Antiquites nationales, au sein de l’assemblee du College de France... Peu d’instants apres, il etait foudroye au milieu de ses collegues atterres! Sa derniere parole, comme toute sa vie, voulait la gloire de la petite et de la grande Patrie. 11 avait plus que vecu au College de France et pour le Col­ lege de France; il lui avait donne son dernier souffle... „... Nous mesurons tout le vide que la disparition de notre collegue cree dans la Science et l'Industrie frangaises, mais qu’est notre peine â c6te de celle de Madame Matignon, â cote de celle de ses enfants ? Notre sympathie comprend leur grande douleur et nous Ies prions de trouver dans notre hommage ltelan d’une sincere compassion". Extraits du discours prononce par M. L. Hauzeur, president de la Societe de Chimie Industrielle.

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„... Je salue tres bas celui qui fut un des createurs, et qui, jusqu’â sa mort resta un des animateurs de la Societe de Chimie et Industrie... Son passage â Lille et sa collaboration avec Bertlielot influencerent profondement son esprit. lmpregne dans sa jeunesse des idees de son maître, Camille Matignon etait reste, â son image, un esprit encyclopedique... Des 1911, il prend un brevet pour l’obtention economique de l’hydrogene, en vue de la synthese industrielle eventuelle de l’ammoniaque, et un autre pour la preparaţion simultande des azotures de silicium, aluminium et glucinium, demontrant ainsi, pour la premiere fois, l’existence de I’azoture de glucinium... En collaboration avec M. Frejaques, il etudie ensuite, de 1913 â 1920, Ies catalyseurs Ies plus varies, toujours en vue de la synthese de l’ammoniaque... Dans le meme domaine, Camille Matignon met au point un pro­ cedă de fabrication de l’uree â partir du carbamate d’ammoniaque... II etablit, en collaboration avec M. Kac karoff, un procede de fabrication simultande de l’acide nitrique et de l’acide sulfurique... Dans le domaine des engrais, l’activite du maître n’est pas moins feconde et elle a un but pratique et utilitaire : fabrication economique d'acide phosphorique, preparaţion de phosphates assimilables, etablissement de nouveaux engrais rationnels, sans parler de ses remarquables dtudes economiques... En sa qualite de President de notre groupe des Industries minerales, il presida, avec quelle autorite souriante, nombre de nos


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conferences, apportant toujours dans la discussion l’appui de ses avis eclaires et precis... „... C’est en leur nom â tous que je deşire rendre ici un su­ preme hommage â l’Eminent Savant, au grand Animateur dispăru, et que je prie sa familie de bien vouloir accepter l’expression de nos condoleances emues“. Extraits du discours prononce par M. H. Moureu, Sous-Directeur du Laboratoire de Chimie Minerale au College de France, au nom des collaborateurs du Professeur Matignon. „...Nul n’a sans doute pu apprecier plus que moi-meme, au cours des heures d’intimite vecues ensemble, l’affabilii souriante de l’homme et sa bonte vraie que cachait parfois une vivacite un peu impatiente, qui n’etait que Ia manifestation d’une trop grande sensibilii. De familie terrienne, modeste, arrive grâce â son seul merite, apres une ascension ininterrompue de plus d’un demi-siecle, â l’une des situations scientifiques Ies plus enviables, il gardait au faîte des honneurs, la simplicite de ses origines et savait, mtme aux instants douloureux que chacun de nous rencontre sur sa route, conserver la serenite que donne la poursuite d’un ideal. Toujours avide de connaître, toujours preţ â s’iniresser â une noble cause, il est mort au travail, au milieu de ses pairs, dans ce College de France qui lui dtait si cher et auquel il avait con­ sacre plus de quarante annees de son existence. Madame, Vous avez ete la compagne fidele de Ia vie de notre Maître, partageant avec Iui Ies heures de joie comme celles de tristesse. Nous devinons tout le vide immense que la disparition de cette vie ardente va cier dans votre existence. Les colla­ borateurs de votre mari s’inclinent avec une respectueuse sympathie devant votre douleur et celle de vos enfants. Mori cher Maître, A I’heure ou vous m’avez marquă tant de confiance en m’appelant tres jeune â diriger sous votre haute autorii le service dont vous aviez la charge, je ne puis oublier que vous avez su remplacer une immense affection qui venait de mitre brutalement ravie. A cet instant critique de mon existence, ou jitais frapp6 dans les fibres les plus cheres, vous m’avez, avec une sollicitude paternelle, appori tout Ie iconfort de votre appui moral. Soyen-en remerci. Vous voici, au terme de l’ultime etape, revenu en toute simplicii dans votre village natal au joii nom 6vocateur, Saint-Maurice-aux-Riches-Hommes, dans cette terre de Bourgogne que vous avez tant airrie et â laquelle vous restez fidele jusque dans la mort.


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Travailleur infatigable, chr£tien ardent, âme enthousiaste, votre noble et pure figure de savant demeurera dans notre souvenir fidele... „... Dormez en paix, mon cher Maître, au nom de vos collaborateurs, je vous dis non pas adieu, mais au revoir“. Extrait de l’allocution prononc6 par Yabbe Destrot, cure de Saint-Maurice-aux-Riches-Hommes. „... Je veux seulement vous rappeler que s’il a &te un grand savant, il a ete aussi un grand chretien, et qu’il a illustre le vieil

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rw- flafauc. uatdri mijii. fti ----- CAUaJZhcjy,____ î Photographie offerte â Madame Margareta Bădescu-Bernaz.

adage : „Un peu de Science eloigne de Dieu, beaucoup de Science ' y ramene... Cher Monsieur Matignon, je ne vous dis pas adieu, mais au revoir dans un monde meilleur“. Extraits du discours prononce par M. M. Courtois, maire de Saint-Maurice-aux-Riches-Hommes. „... Comme tous Ies vrais savants, Camille Matignon 6tait modeste et bon. Arrive au sommet de la gloire, il n’oubliait pas son pays natal ou il aimait â venir se reposer chaque annee...


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Camille Matignon, au nom des habitants de Saint-Maurice et en mon nom personnel, je vous adresse notre supreme et respectueux adieu. Puissent notre sympathie et nos condoleances etre un allegement â l’affliction des votres“. Extraits du discours prononce par M. Jean Perrin, membre de l’Institut, au nom de la Societe Arheologique de Sens.

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„... Jusqu’au terme de sa vie, il a travaille sans relâche; c’est devant sa chaire de professeur et, en quelque sorte, Ies armes â la main,qu’il est tombe vaillamment; tels Ies chevaliers d’autrefois ' s’endormant de leur dernier sommeil au champ d’honneur... I] portait dans Jes yeux, non moins que I’etincelle du genie des sci"ences, la flamme ardente de la bonte. On ne pouvait le voir sans s’attacher â lui. Notre gouvernement connaissait bien ce don prodigieux, quand il l’envoyait dans Ies divers Congres scientifiques de toutes Ies nations de 1 'Europe, afin de leur montrer et de leur faire aimer le vrai, le fier visage de la France eternelle, sous Ies traits de ce missionnaire, d’une Science universelle et d’une si bienveillante autorite“.

Je suis d’autant plus sensible â la grande perte que Ma­ dame Matignon et ses enfants ont subie, il y un an, que, le sort cruel m’a dechire le coeur par deux fois, en l’espace de deux mois: le 12 fevrier par la mort de mon frere Nicolas, et ie 30 marş par celle de mon autre frere Demetre (deux semaines seulement apres cette commemoration). Je sais bien qu’aucune consolation humaine ne peut apporter un allegement, si faible fut-il, â une telle douleur. Dieu seul, source de toute bonte, peut donner la force necessaire de Ia supporter jusqu’au bout. Que Madame Matignon veuille bien trouver la serenite d’âme dans 1’imperissable gloire des travaux scientifiques de Camille Matignon. En m’inclinant devant Ie portrait du grand savant franţais, j’adresse au bon ami de notre chere Roumanie Ies vers de Mihail Eminescu: Fie-ţi îngerii aproape, Somnul dulce. Que Ies anges soient preş de vous Et le sommeil doux.

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16. G. G. Longinescu et Th. I. Pirtea: Sur le dosage de l'aclde chlorhydrique en presence des acides bromhydrique et iodhydrique. Bulletin de chimie pure et appliquee. Tome XXXI, N-os 4—6, 1928. '

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d"0r\Q‘n?scu: ^,^SSOCj'fitîon rnoI6ctilaire. Son passe, son pr£sent, son

18. M-elles G. L. Chaborski et Margareta N. Bădescu: DesagrGgaltion du bioxyde d’âtain et de la cassit6rite â l'aide de vapeurs reductrices. Bulletin de chimie pure et appliquâe, Tome XXXII. N-os 1—6, 1929. 19. G. G. Longinescu: Molecular association. Chemical Reviews, voi. VI. No. 3, September, 1929. 20. G. G. Longinescu et Th. I. Pirtea: Sur le dosage direct de l’acide brom­ hydrique en presence de l’acide chlorhydrique. Bulletin de la Section scientifique de l’Academie Roumaine. XlI-me anmâe, N-os 7—10, 1929; Bulletin de chimie pure et appliquee, Tome XXXII, N-os 1—6, 1929. 21. G. G. Longinescu et Th. I. Pirtea: Methode simple pour la recherche des traces d’acide chlorhydrique en presence d’acide bromhydrique. Bulletin de la Section scientifique de l’Academie Roumaine, XlII-me annee, No. 7,1930; Bulletin de chimie pure et appliquee, Tome XXXII, N-os 1—3. 22. G. G. Longinescu et /. N. Longinescu: L’association moteculaire et la pression interieure. Bulletin de chimie pure et appliquâe. Tome XXXIII, N-os 1—3,1930. 23. G. G. Longinescu t Uber einige neuere Methoden in der analytischen Chemie Bulletin de chimie pure et appliquee. Tome XXXIV, N-os 1—6, 1931. 24. I. N. Longinescu : Relation entre le systâme periodique et Ies classifications chimiques. Bulletin de chimie pure et appliquee. Tome XXXIV, N-os 1—6, 1931. 25. G. G. Longinescu et I. I. Prundeanu: Recherche qualitative et quantitative de l’acide chlorhydrique, en presence de l’acide bromhydrique, comme acide perchromique, oxide^chromique et chromate de baryum. Bulletin de chimie pure et appliquee. 26. G. G. Longinescu et Th. I. Pirtea: Recherche de l’acide nitrique comme fuchsjne. Bulletin de chimie pure et appliquee. Tome XXXIV, N-os 1—6,1931. 27. /. N. Longinescu: Recherches de chimie compar6e, I, II. Bulletin de chimie pure et appliquâe. Tome XXXIV, N-os 1-6, 1931. 28. /. N. Longinescu: Recherches de chimie compare: III, IV. V. Bulletin de chimie pure et appliquee. Tome XXXV, N-os 1—6, 1932. 29. G. L. Chaborski et E. Petrescu: Methode de separation pour Ies metaux du second groupe analytique. Bulletin de chimie pure et appliquăe. Tome XXXV, N-os 1—6, 1932. ^30^G* Gxxx^NSCU i P6°f193^Ul EmîI SeVerin‘ Bul,etin de chimie pure et ap31.1. N. Longinescu: Recherches de chimie comparee VI. Bulletin de chimie pure et appliqu6e. Tome XXXVI, N-os 1—6,1933. 32. Theodor I. Pirtea: Methode zur indirekten Bestimmung der Halog enwasserstoffsăuren. Zeitschrift fur Analytische chemie, Seite 263, Bd. 96, 1934. 33. G. G. Longinescu et /. /. Prundeanu: Quelques expâriences nouvelles du cours de chimie Inorganique. Buletin de chimie pure- et appliquee. Tome XXXVII, 1934. N-os 1—6. 34. G. G. Longinescu et Ecaterina /. Prundeanu: Dosage de l’acide bromhy­ drique en presence de l’acide chlorhydrique (sous presse).

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