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Vos prières donnent la force de chanter
Chapitre 2
Le pasteur Samuel fait partie de mes bons amis depuis ma première visite en Inde, il y a plusieurs années. Son équipe est soutenue par Portes Ouvertes (pour des raisons de sécurité, je ne peux pas vous dire de quelle manière) et il la dirige avec beaucoup de dévouement. Il est modeste, passionné pour Jésus et courageux pour annoncer l’Évangile. Son grand cœur m’a profondément impressionné. Je pourrais l’écouter parler pendant des heures et j’aimerais que vous puissiez l’entendre décrire lui-même la situation en Inde. Il explique ce qui se passe là-bas, ce qu’il tente d’y mettre en place, en quoi notre aide est indispensable et quel en est l’impact. Il exprime également ses réflexions sur la prière du prophète Habaquq : « Jusqu’à quand, Seigneur ? »
Sans plus tarder, laissons-lui la parole. ***
Je me suis retrouvé un jour dans une petite chambre d’hôpital, auprès d’une famille en grande souffrance. Une jeune adolescente était allongée sur le lit. Elle avait été abusée parce qu’elle et ses parents étaient chrétiens. Mes pensées se bousculaient. Je voulais leur dire que les choses allaient s’arranger, que cette épreuve serait bientôt terminée et que
Dieu était un Dieu d’amour… Mais chaque mot que je prononçais semblait se perdre dans le vide. —Elle n’a pas dit un mot depuis l’agression, m’a soudain expliqué sa mère. Elle a pourtant une si belle voix. Elle a toujours aimé chanter. —Est-ce que tu voudrais bien chanter pour nous ? Pour Jésus ? lui ai-je demandé.
Mais la jeune fille a détourné la tête.
Ce matin-là, j’avais reçu trois SMS. L’un d’eux concernait trois chrétiens violemment tabassés à cause de leur foi. Le deuxième parlait de deux pasteurs hospitalisés après avoir été torturés par des fondamentalistes hindous. L’un d’entre eux se trouvait dans un état critique. Le troisième SMS concernait un pasteur handicapé après avoir été agressé par une foule de plus de cent personnes.
Presque tous les jours, je me pose la même question : « Pour combien de temps encore, Seigneur ? Combien de temps encore permettras-tu cette violence contre ton peuple ? »
Ce qui est merveilleux avec la parole de Dieu, c’est qu’on peut y retrouver la plupart de nos prières. Comme moi, le prophète Habaquq a prié : « Combien de temps cette injustice perdurera-t-elle ? » Je peux ressentir l’extrême douleur d’Habaquq. C’est également ma douleur et certainement aussi la vôtre.
J’imagine votre question…
« Que se passe-t-il exactement en Inde ? »
En quelques mots : les nationalistes hindous essayent de transformer tout le pays en « Hindoustan », un État où les chrétiens, les musulmans et les autres non-hindous n’ont plus leur place. Pour y parvenir, ils utilisent les lois nationales et fédérales, l’éducation, les cérémonies de « retour à la maison » (au cours desquelles des non-hindous sont « accueillis » dans la foi hindoue par des rituels), mais aussi la pression populaire et la violence. Ils tentent ainsi de créer un État idéal. Si vous êtes Indien, vous devez aussi être hindou. Et si vous n’êtes pas hindou, vous n’êtes pas non plus Indien. C’est ainsi que les nationalistes hindous voient les choses.
Mais nous, les chrétiens d’Inde, nous aimons notre pays. Nous prions chaque jour pour notre pays. Nous avons ouvert des cliniques et créé des écoles. Le christianisme n’est pas une religion étrangère. Il fait partie de l’histoire de notre pays depuis 2 000 ans. Nous sommes chrétiens et Indiens.
Nous prions pour être davantage acceptés par nos concitoyens. Récemment, j’ai entendu le témoignage d’un chrétien qui s’est fait rouer de coups par les gens de son village, après qu’ils lui ont fait subir des pressions pendant cinq ans. À chaque fois qu’ils le maudissaient et l’injuriaient, il répondait à quel point il était désireux de suivre Jésus. Après cinq ans d’agressions verbales, ils en sont finalement venus aux mains et l’ont tabassé.
Nous entendons de plus en plus parler de cas semblables. Avant d’être agressés physiquement, les chrétiens sont insultés, menacés, méprisés, parfois même chassés de leur village.
C’est le sort qui attend tout hindou qui se convertit à la foi chrétienne.
Et il n’y a nulle part où se cacher. Si vous retirez les représentations des dieux de votre maison ou de votre jardin, si vous cessez de venir au temple et de participer aux rituels hindous, tout le monde le voit. Les gens vous accusent alors de mettre les dieux du village en colère et décident de passer à l’action. Si la majorité de la communauté est contre vous, il y a peu de chances que la police ou qui que ce soit vous vienne en aide.
C’est ce qui s’est passé pour Jitendra. Les villageois ont creusé un canal d’évacuation juste devant sa maison et y ont jeté toutes leurs ordures. « Ils ont transformé notre maison en égout », raconte-t-il. Mais il refusait de retourner à l’hindouisme. Alors, les villageois l’ont roué de coups en lui maintenant la tête plongée dans le canal. « Tout ce que je pouvais faire, c’était prier : “Seigneur, toi seul peux m’aider !” »
Cette prière de Jitendra fait, elle aussi, écho à celle d’Habaquq.
« Jusqu’à quand, Seigneur ? »
Nous trouvons la réponse de Dieu au chapitre 1 du livre d’Habaquq : « Jetez les yeux parmi les nations, regardez, et soyez saisis d’étonnement, d’épouvante, car je vais faire à votre époque une œuvre que vous ne croiriez pas, si on la racontait » (v. 5 – S21). Et dans Habaquq 2 : « L’Éternel est dans son saint temple. Que toute la terre fasse silence devant lui ! » (v. 20).
Cela fait toute la différence. Dieu n’est pas absent. Il est à l’œuvre. Il est au contrôle. Il est souverain. C’est pourquoi nous pouvons prier comme Habaquq :
Car le figuier ne fleurira pas, point de vendange dans les vignes ; la production de l’olivier sera décevante, les champs ne donneront pas de nourriture, le petit bétail disparaîtra de l’enclos, point de gros bétail dans les étables.
Mais moi j’exulterai en l’Éternel, je veux trouver l’allégresse dans le Dieu de mon salut.
L’Éternel, mon Seigneur, est ma force, il rend mes pieds semblables à ceux des biches et me fait marcher sur les hauteurs.
Habaquq 3.17-19
En d’autres termes : « Même si le pire nous arrive, nous pouvons malgré tout nous réjouir dans le Seigneur car il est notre force ».
Le Seigneur est notre force mais notre Père céleste agit toujours au moyen de personnes. Il nous a mis à cœur d’entrer en relation avec nos frères et sœurs étrangers et de travailler ensemble pour changer les choses. Nous ne sommes pas contre l’Inde ou contre les hindous. Nous sommes pour Jésus et désirons témoigner en Inde de son amour sans limite.
Au sein de Portes Ouvertes, nous avons lancé la campagne Impact Inde et vous, lecteurs, pouvez réellement avoir un impact sur le pays.
En réponse à la montée en puissance de la persécution des extrémistes, voici notre souhait : que les chrétiens du monde
entier s’unissent à ceux d’Inde pour doubler, en deux ans, l’impact de Portes Ouvertes au travers des Églises locales.
Cela signifie concrètement que nous, chrétiens d’Inde, vous demandons à vous, chrétiens du monde entier, de vous tenir à nos côtés face à la montée de l’extrémisme hindou. Grâce à vos prières et à vos dons, nous pourrons venir en aide à davantage de personnes en distribuant des Bibles, des Bibles pour enfants ainsi que du matériel d’école du dimanche.
Nous pourrons par ailleurs proposer aux pasteurs, responsables d’Églises, aux femmes, aux jeunes, aux enfants et aux familles des formations pour mieux faire face à la persécution. Nous pouvons aussi leur apporter une aide d’urgence, organiser des programmes d’alphabétisation et réaliser des projets visant à assurer des moyens de subsistance. Ensemble, nous pouvons venir en aide aux chrétiens les plus vulnérables et les plus persécutés en Inde.
Nous désirons doubler notre impact. Cela veut dire, d’une part aider un plus grand nombre de personnes (pour des raisons de sécurité, nous ne pouvons être plus précis quant aux chiffres), mais aussi soutenir davantage ceux aux côtés desquels nous sommes déjà présents. Tout cela n’est possible que grâce à votre action à nos côtés.
Je vous supplie de nous aider. En lisant ce livre, vous manifestez déjà votre solidarité. Je peux témoigner que cela fait une énorme différence d’être soutenu dans notre tâche et accompagné par les prières de milliers de frères et sœurs.
Voici ce qui s’est produit ensuite dans la petite chambre d’hôpital dont je vous parlais un peu plus tôt. Le visage de la
jeune fille était toujours tourné vers le mur. Je m’apprêtais à prendre congé de la famille quand tout à coup, j’ai entendu une douce voix. La jeune fille s’était mise à chanter. Pas pour sa famille. Pas pour moi. Elle chantait pour Jésus :
Jésus, glorifie ton nom au travers de ma vie
Que ma vie te soit agréable
Tu es incomparable
Que ma vie soit un témoignage pour toi
Toute ma vie je veux chanter pour toi
Elle avait été rouée de coups et violée. Son innocence et sa pureté lui avaient été volées, mais sa foi est restée intacte. Elle est restée fidèle à sa décision de suivre Jésus et, sans le savoir, vous avez joué un rôle majeur dans cette histoire. J’espère que vous vous souviendrez toujours de ceci :
C’est grâce à vos dons que j’ai pu lui rendre visite dans cet hôpital, mais ce sont vos prières qui ont donné à cette jeune fille la force de chanter.
Pour aller plus loin
Élie était un homme de la même nature que nous : il pria avec instance pour qu’il ne pleuve pas, et il ne tomba pas de pluie sur la terre pendant trois ans et six mois.
Jacques 5.17
1. Qu’est-ce qui vous touche particulièrement dans l’histoire de cette jeune fille ?
2. Croyez-vous que la prière peut donner de la force à quelqu’un ? Quelles sont vos expériences personnelles à ce sujet ? Connaissez-vous des exemples dans la Bible ?
3. Quand il était sur la terre, Jésus a souvent souligné l’importance de l’unité, mais la plupart des chrétiens persécutés vivent loin de nous. Comment pouvez-vous être unis à eux ? 4. Le prophète Élie a été témoin de réponses extraordinaires à ses prières. Il a prié et la pluie a cessé de tomber pendant trois ans et demi. Il a mis au défi les prêtres de Baal et ils n’ont pas réussi à faire descendre le feu sur leur autel. Par contre, le Dieu d’Élie a envoyé le feu du ciel. Jacques écrit pourtant qu’Élie était un homme de même nature que nous. Qu’est-ce que cela signifie ?
5. Puisque nous avons accès au même Dieu tout-puissant qu’Élie, comment se fait-il que nous ne priions pas toujours avec foi ? 6. Frère André, le fondateur de Portes Ouvertes, disait que la longueur de nos prières avant nos repas était révélatrice de la santé de notre vie de prière. « Si vous devez prier longuement à table, cela signifie que vous n’avez pas suffisamment prié pendant la journée. » Êtes-vous d’accord ? Comment se porte votre vie de prière ? 7. Si vous sentez que vous devez faire des changements dans votre vie de prière, établissez un programme de prière et essayer de vous y tenir pendant au moins les sept jours à venir.