JOURNÉE D’INAUGURATION – DIMANCHE 28 JUIN 2015
Inauguration du Stade des Charmilles par Madame Gustave Hentsch – 28 juin 1930
PRÉAMBULE DE LA DONATION À LA VILLE DE GENÈVE L’histoire du Parc Gustave & Léonard Hentsch a commencé le 28 juin 1930, lors de l’inauguration du Stade des Charmilles par Madame Gustave Hentsch, épouse du principal acteur de la création de cette enceinte dédiée au Servette FC.
Pendant près de 70 ans, ce stade aura vu évoluer les plus grands clubs de Suisse et d’Europe. Il restera à jamais ancré dans le cœur des Genevois, qui dimanche après dimanche « sont montés aux Charmilles » pour célébrer le dieu football. Son grand âge, le développement et la densification urbanistique du quartier, l’évolution de la sécurité dans la conception des stades modernes ainsi que les exigences liées aux retransmissions télévisuelles auront pourtant eu raison de lui. Dès les années 80, Monsieur Léonard Hentsch – fils de Gustave –, président de la Fondation Hippomène, détentrice des biens immobiliers du club à travers la Société Immobilière du Servette FC à
Châtelaine et à Balexert, s’est employé à trouver une solution à la construction d’un stade sur un autre site. Un projet en partenariat avec l’UEFA, qui désirait établir ses quartiers généraux à Genève, ayant avorté à cause du regrettable refus des autorités cantonales de l’époque d’accorder un déclassement, la Fondation Hippomène s’est alors convaincue que le meilleur emplacement possible se trouvait dans le quartier de la Praille, sur le site des anciens abattoirs, propriété de la Ville de Genève. Après une négociation difficile, soumise aux résistances de certains acteurs des pouvoirs publics et à deux référendums, une fondation mixte – la Fondation du Stade de Genève – fut créée en 1998 reprenant intégralement les buts de
“ Aujourd’hui, 85 ans jour pour jour après son inauguration, ce lieu si cher aux Genevois leur revient sous la forme d’un parc public, témoignant de l’engagement de la famille Hentsch en faveur du Servette, du quartier des Charmilles et de notre Cité. ”
la Fondation Hippomène ; une fois le financement bouclé, les travaux purent commencer. Au Conseil de fondation siégèrent dès le départ l’État de Genève, la Ville de Genève, la Commune de Lancy, la Fondation Hippomène, le Crédit Suisse et le groupe Jelmoli. Le nouveau Stade de Genève, d’une capacité de 30’000 places, fut finalement inauguré en avril 2003 par Madame Léonard Hentsch avec deux ans de retard sur les plans initiaux, l’opposition à cette enceinte cherchant toujours par divers recours à en retarder la réalisation. C’est parce que la Fondation Hippomène a pris la décision, souveraine et sans contrepartie, d’offrir à la Ville de Genève la surface correspondante à l’ancien Stade des Charmilles, assainie et réaménagée à ses frais en parc public, que celle-ci a
finalement accepté de participer à cette opération en mettant les terrains de la Praille à disposition sur la base d’un droit de superficie. Il est important de relever que cette donation a été faite sans échange d’avantages pécuniaires ni d’obtention de droits à bâtir supplémentaires et que les déclassements et autorisations de construire négociés postérieurement, le furent selon des procédures parfaitement régulières et transparentes. Aujourd’hui, 85 ans jour pour jour après son inauguration, ce lieu si cher aux Genevois leur revient sous la forme d’un parc public, témoignant de l’engagement de la famille Hentsch en faveur du Servette, du quartier des Charmilles et de notre Cité. En acceptant cette donation, la Ville de Genève devient dépositaire de cet héritage dont elle assume et garantit dorénavant la pérennité.
LA LÉGENDE D’HIPPOMÈNE
Créée en 1943 par Gustave Hentsch et dédiée à la pratique du sport, la Fondation Hippomène porte le nom d’un héros de la mythologie grecque, incarnation de la volonté de gagner. L’histoire raconte en effet que, pour épouser la jeune chasseresse Atalante, rapide comme le vent mais cupide, ses prétendants devaient la battre à la course sous peine d’être exécutés. Ne souhaitant pas subir le même sort, Hippomène reçut d’Aphrodite, déesse de l’amour et de la beauté, trois pommes d’or qu’il fit tomber durant la course afin de distraire son adversaire. S’étant arrêtée pour les ramasser, Atalante fut battue et Hippomène devint son époux.
DISCOURS D’INAUGURATION
“ Heureux qui comme Ulysse, a fait un beau voyage ! ”
Madame la Maire, Chère Famille, Chers Amis L’histoire du Parc Gustave & Léonard Hentsch a commencé pour moi il y a 22 ans, à la mort de mon père en 1993. A cette date, j’ai accédé à la présidence de la Fondation Hippomène ; une fondation qui, depuis de nombreuses années, intrigue les Genevois, en particulier ceux qui s’intéressent au Stade des Charmilles ou fréquentent l’Espace Hippomène. Héros de la mythologie grecque, Hippomène désirait conquérir le cœur d’Atalante mais, pour ce faire, devait la battre à la course. C’était une question de vie ou de mort car les vaincus étaient exécutés. Hippomène ne voulant pas subir le même sort que ses prédécesseurs s’adressa à Aphrodite, déesse de l’amour, qui lui donna trois pommes d’or qu’il fit tomber en chemin pendant la course pour distraire la belle. Atalante, que l’on disait cupide, s’empressa de se baisser pour les ramasser, laissant Hippomène gagner la course et devenir ainsi l’élu de son cœur. C’est en souvenir de la sagacité d’Hippomène mais aussi de sa vitesse d’exécution que mon grand-père Gustave donna le nom de ce héros à sa fondation qui devint juridiquement propriétaire des infrastructures du Stade des Charmilles et des terrains d’entraînement du Servette FC à Balexert.
Voilà donc pour la petite histoire de cette grande légende ! Au fil du temps, le Stade des Charmilles s’est agrandi pour finalement porter sa capacité à 30’000 places. Pendant 70 ans, il a vu évoluer les plus grands clubs de Suisse et d’Europe, devenant un lieu mythique qui restera toujours profondément ancré dans le cœur des Genevois, qui dimanche après dimanche « sont montés aux Charmilles » pour célébrer le dieu football. L’inauguration du Stade par ma grand-mère a eu lieu le samedi 28 juin 1930, il y a exactement 85 ans, jour pour jour, et c’est avec plaisir que j’inaugure à mon tour le stade « enfin » transformé en parc public : le Parc Gustave & Léonard Hentsch. Si je me permets de dire « enfin » aujourd’hui, comme dans l’éditorial du Journal du Parc qui vous été adressé et qui a été largement distribué dans la presse du week-end, c’est parce que cela fait en effet près de 15 ans que mon équipe et moi-même travaillons à concrétiser la transformation complète de ce stade, devenu vétuste et impraticable, en un parc aéré de 3.8 ha pour le mettre à la disposition de la population genevoise et des habitants du quartier. Et 15 ans, c’est long !
Le résultat est aujourd’hui devant vous. À vous désormais de le juger. Dès le début de ce projet, nous avons été confrontés à plusieurs problèmes que nous avons voulu attaquer de front en y apportant, dans la mesure du possible, des solutions intelligentes : Pour illustrer cela, je citerai pêle-mêle simplement quelques-uns des défis qui se sont présentés à nous : • • • •
Le développement et la densification urbanistique du quartier, L’évolution des modes de vie et de l’habitat, La pénurie de logements à prix abordables, L’accessibilité à de grandes surfaces de détente en zone constructible, • La mobilité, les modes de communication et les incroyables avancées technologiques dans ce domaine, • Une jungle quasi-inextricable de lois, règlements et normes en tout genre, dont nous nous disons souvent victimes mais qui, à force de les appliquer sans questionnement, nous poussent à nous demander si nous n’en sommes pas un peu les complices. Face à ces problèmes et ces défis, j’ai eu dès le début à cœur de dégager trois lignes de force pour ce projet.
Premièrement, il m’est apparu – très tôt et très clairement – que nous ne pourrions pas reconstruire un stade de football à cet endroit. Inutile de vous rappeler que je ne me suis pas fait que des amis en soutenant cette idée ; une dizaine de manchettes de la Julie et de La Suisse en atteste !
“ Le résultat est aujourd’hui devant vous et vous pourrez juger par vous-même de ce qui a été accompli pendant ces 15 dernières années. ”
Je persiste à penser que le projet de réaliser un nouveau stade avec l’UEFA à Balexert – un projet porté par mon père Léonard Hentsch et Monsieur Carlo Lavizzari dans les années 80 – aurait été une magnifique occasion de régler plusieurs problèmes en même temps. Tel ne fut pas le cas et rien ne sert de s’attarder sur le pourquoi et le comment. Tout au plus, apprenons de nos erreurs pour ne pas les reproduire.
Benoît Genecand, Conseiller national, chef de projet 2008 - 2015
Esther Alder, Maire de Genève
En termes de football, on peut dire tout de même que ce fut un magnifique auto-goal ! Je salue à ce stade, et sans jeu de mots, les efforts et le sérieux des démarches entreprises actuellement par un certain nombre de citoyens genevois emmenés par Didier Fischer ici présent, ayant à cœur de ranimer la braise qui rougeoie encore dans le cœur des Servettiens. Rien ne ferait plus plaisir à mon grandpère Gustave, ancien gardien et capitaine des Grenats, de voir son club revivre et sortir des pages des faits divers pour revenir dans celles du sport qu’il n’aurait jamais dû quitter. En tout cas, sachez, Monsieur Fischer, que si vous le souhaitez, vous aurez mon appui. Un appui qui s’inscrit dans la droite ligne de notre longue tradition familiale : à savoir, se mettre au service de la collectivité, en particulier pour nos jeunes à Balexert et pour leur centre de formation et d’entraînement. Deuxièmement, je voulais construire ici des logements plus facilement accessibles à des primo-habitants et à des bas revenus ; je suis en effet convaincu que l’accès à la propriété de son logement est l’un des piliers d’une société libérale responsable ; je suis également convaincu que pratiquer des loyers contrôlés par des coopératives est plus équitable, car derrière les prix souvent exorbitants des logements, il y a tout d’abord le prix du terrain
au m2, et c’est ce m2 en particulier que l’État peut contrôler puisqu’il est maître du jeu en matière de déclassement de zone.
“ … je voulais redonner à ce lieu un esprit de quartier où il fait bon vivre, où les habitants peuvent s’y promener… ”
Aujourd’hui, un grand nombre de zones industrielles n’ont également plus leur raison d’être et pourraient très bien accueillir de nouveaux « logements à mixité Intégrée ». Nous devons encourager leur mise à disposition et leur financement. A ce propos, je vous renvoie au Journal que nous avons publié, car il contient beaucoup de détails sur notre vision du « Vivre la ville en ville » et du comment « Habiter autrement ». L’État et les milieux immobiliers pourraient s’en inspirer.
Et enfin troisièmement, je voulais redonner à ce lieu un esprit de quartier où il fait bon vivre, où les habitants peuvent se promener et se détendre à l’abri du bruit, en particulier celui de l’Avenue de Châtelaine. Sur ces trois points, nous avons, je crois, apporté une réelle contribution. Le travail pourtant n’est pas terminé. Il existe encore dans ce quartier de nombreuses zones qui mériteraient que l’on s’y attarde et que l’on réfléchisse à leur avenir, notamment en matière de construction de logements à prix contrôlés. Je peux citer à titre d’exemples la SIP, située de l’autre côté du Chemin des sports, ou l’immense espace occupé par les anciennes usines presque totalement désaffectées d’Hispano Suiza. Au moment de vous remettre, Madame le Maire, les clés du Parc et d’en transmettre la propriété à la Ville de Genève, qu’il me soit permis de citer pour conclure le poète du Bellay : Heureux qui comme Ulysse, a fait un beau voyage ! J’ai personnellement adoré chaque instant de ce magnifique voyage, au cours duquel ce fut un privilège pour moi de
rencontrer et de travailler avec de nombreuses et de magnifiques personnalités qui, par leur savoir-faire, ont enrichi ce projet et m’ont aidé à le réaliser. Les remercier toutes et tous, ici et maintenant, serait toutefois une gageure. Énumérer la longue liste des contributions, de la plus petite à la plus importante, est impossible tant ce projet a été complexe à mener. Je dirai simplement que sans l’apport essentiel de quatre personnes, ce projet n’aurait jamais pu se réaliser : • Jean-Claude Jacquet, chef de projet de 2000 à 2008, • Benoît Genecand, mon compagnon de la Constituante, chef de projet de 2008 à ce jour, • Jean Golinelli, responsable du pilotage et de la promotion d’une grande partie du projet immobilier, • Maître Dominique Burger, ancienne Bâtonnière, qui, en plus de ses compétences juridiques exceptionnelles en matière immobilière, a su par son talent et son sens de la diplomatie me contenir lorsque « je montais les tours et que le lait menaçait de déborder » !
Qu’ils soient ici solennellement remerciés par un Maître d’ouvrage exigeant, borderline et tyrannique, souvent soupe au lait, volontiers pointilleux, animé par un souci du détail et doté d’une énergie atomique pour contester toute norme ou règlement lui apparaissant comme absurde, fréquemment exaspérant mais dont l’action a toujours cherché à tendre vers l’excellence, sans compromis, en n’acceptant jamais de « non » comme réponse. A vous quatre en particulier et à tous les autres, je dis simplement MERCI. Ce fut, c’est et ce sera toujours pour moi un plaisir de travailler avec vous ! Aujourd’hui, je suis fier d’avoir « enfin » réalisé ce Parc au nom de mon père Léonard, de mon grand-père Gustave et de toute ma famille. Je suis également fier de le léguer à la Ville de Genève qui saura, j’en suis sûr, valoriser cet héritage avec la même motivation que fut la nôtre à le construire, et avec le même de souci de pérennité que ce lieu mérite.
Jean-Claude Jacquet, chef de projet 2003 - 2007
COUPÉ DU RUBAN
Félicie Vielle, Ariane Tréppoz, arrière-arrière petites-filles de Madame Gustave Hentsch
3ème, 4ème et 5ème générations des descendants de Gustave et Marguerite Hentsch
L’équipe de blossom – organisatrice des festivités
FESTIVITÉS
EN SOUVENIR DES VOITURES PIC-PIC...
LES DIEUX DU STADE
Les Dieux du Stade réalisés par Zaric : NANABOZHO, le lièvre-gardien et ANNUBIS, l’attaquant-chacal
CLIN D’ŒIL À LA MACHINE À COUDRE ELNA
LÂCHER DE BALLONS
PATRIMOINE IMMOBILIER
Husler & Associés Paysagistes
L’équipe du projet
Maître Dominique Burger
L’équipe du Parc
Zaric
DONATION
“ EN ACCEPTANT CE PARC, LA VILLE DE GENÈVE DEVIENT DÉPOSITAIRE DE CET HÉRITAGE DONT ELLE ASSUME ET GARANTIT DORÉNAVANT LA PÉRENNITÉ. ”
TÉMOIGNAGE DU PASSÉ
L’histoire du Parc Gustave & Léonard Hentsch, c’est celle d’une famille, d’un site et d’une passion pour le sport. Mais c’est aussi l’aboutissement d’un projet visionnaire qui aura permis la création d’un nouveau parc public sur l’emplacement de l’ancien Stade des Charmilles et la sauvegarde d’une partie importante du patrimoine immobilier de l’industrie genevoise. Le pavé provenant du plancher de l’usine Tavaro en est le témoin le plus emblématique. Il symbolise à lui seul l’épopée commerciale d’une entreprise qui aura vu son produit phare, la machine à coudre Elna, révolutionner la pratique de la couture domestique et rencontrer un succès mondial. En rénovant, en transformant et en réhabilitant les ateliers de Tavaro en immeubles d’habitation et en un centre d’activités événementielles et culturelles, l’Espace Hippomène, Bénédict Hentsch, initiateur du projet, rend ainsi hommage à l’une des aventures industrielles genevoises les plus marquantes du XXe siècle.
1930
TIMELINE
Inauguration du Stade des Charmilles le 28 juin 1930, construit à l’instigation de Gustave Hentsch.
1900
Gustave Hentsch, capitaine du Servette FC.
1958
Inauguration du bâtiment Elna
1997
Accord trouvé entre la Ville, l’Etat et la Fondation Hippomène pour construire un nouveau stade à la Praille. Décision par la Fondation Hippomène de réaliser un Parc en lieu et place du Stade des Charmilles.
1943
Création de la Fondation Hippomène par Gustave Hentsch pour favoriser la pratique du sport à Genève. La Fondation détient la parcelle des Charmilles et les terrains d’entraînement du Servette FC à Balexert.
1981
Refus par l’État de construire un nouveau stade à Balexert en collaboration avec l’UEFA.
2003
Rachat de la faillite Tavaro par Bénédict Hentsch, présentation d’un masterplan pour la réhabilitation de toute la zone (stade et bâtiments).
2003
Inauguration du Stade de Genève. par Mme Léonard Hentsch
2003-2008
Déclassement des zones du site qui deviennent zone de développement et rénovation du bâtiment administratif Elna et de l’Espace Hippomène, anciens ateliers de Tavaro.
2010-2014
Concours, transformation et construction des bâtiments (Factory, Residence, LMI du Parc) ; concours et réalisation du Parc.
2015
Inauguration du Parc Gustave & Léonard Hentsch.
2016
Donation du Parc Gustave & Léonard Hentsch à la Ville de Genève.
SITE HISTORIQUE
SITE A L’INAUGURATION DU PARC EN 2015
CONCEPT ET RÉALISATION GRAPHIQUE blossom communication www.blossom-com.ch RÉDACTION DES TEXTES Bénédict Hentsch Philippe de Weck CRÉDITS PHOTOGRAPHIQUES ET IMAGES DE SYNTHÈSE Reto Albertalli, Luca Fascini Stéphane Gros, Imagina, Keystone Eric Lafargu, Ris_Chabloz Architectes Mike Sommer, Marcus Veith Gérald Viossat ILLUSTRATIONS ET SCULPTURES Mix & Remix Zaric PHOTOLITHOGRAPHIE Bombie IMPRESSION ABP Project Juin 2016
WWW.PARC–HENTSCH.CH – AVENUE DE CHÂTELAINE – 1203 GENÈVE